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Madame la Présidente, permettez-moi de rappeler aux députés que dans une démocratie, le vote est un droit fondamental. Contrairement aux conservateurs, nous croyons que notre démocratie est plus forte quand davantage de Canadiens, et non moins, votent.
Je tiens maintenant à dire quelques mots sur les amendements proposés par des députés de l'opposition officielle à l'étape du rapport. Pour le dire simplement, leurs amendements auraient les effets suivants: le retrait des mesures d'accessibilité, la suppression du mandat qui a été confié au directeur général des élections de communiquer avec les Canadiens à propos du scrutin, le retrait de la possibilité pour un électeur de servir de répondant à un autre et la suppression du droit de vote à plus d'un million de Canadiens. De toute évidence, l'opposition officielle ne veut pas que davantage de Canadiens votent. Malheureusement, cela ne me surprend pas.
Les conservateurs viendront prétendre ici qu'ils sont les champions de la démocratie canadienne, mais je me demande comment ils peuvent légitimement le prétendre, alors qu'ils n'ont jamais cessé de retarder l'examen du projet de loi et de faire obstruction. Soyons honnêtes. Les députés conservateurs ont tenté de bloquer ce projet de loi à des fins purement partisanes. Plutôt que de renforcer la démocratie au Canada, les membres conservateurs du comité de la procédure et des affaires de la Chambre voulaient que les partis politiques puissent faire des dépenses illimitées pendant la période préélectorale.
Grâce au projet de loi , nous uniformisons les règles du jeu politique en faisant en sorte que cette mesure législative amendée aboutisse à des élections plus justes, plus transparentes et mieux sécurisées. Toutefois, les conservateurs ont insisté pour retarder le travail important du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre et freiner ainsi l'adoption d'une bonne loi qui permettra à davantage de Canadiens de voter.
Cet automne, le Comité a invité la à témoigner au début de l'étude article par article, mais au lieu de convenir de la date et de l'heure de cet examen, les conservateurs ont fait de l'obstruction pendant toute la comparution de la ministre, qui a dû attendre sans recevoir la moindre question. Bien franchement, je ne comprends toujours pas pour quels motifs ils ont fait traîner les choses ainsi, si ce n'est pour faire perdre son temps à la ministre, pour retarder l'important travail du Comité et freiner l'adoption d'une mesure législative utile qui permettra à davantage de Canadiens de voter. Je n'arrive tout simplement pas à imaginer comment les Canadiens pourraient appuyer ces jeux et ces tactiques.
De nombreux Canadiens choisissent d'étudier ou de travailler à l'étranger à différents moments de leur vie. L'avancement de la technologie donne aux Canadiens une mobilité plus grande que jamais. Comme on l'a dit à maintes reprises à la Chambre, un Canadien est toujours un Canadien. Qu'il soit né au Canada ou qu'il ait récemment prononcé le serment de la citoyenneté, à titre de citoyen canadien, il a le droit de voter et de faire entendre sa voix au moment des élections. Je ne comprends pas que les députés conservateurs qui siègent dans cette enceinte veuillent empêcher un million de Canadiens de voter simplement parce qu'ils vivent à l'étranger. En dépit des tentatives des députés d'en face, le projet de loi , s'il est adopté, fera en sorte que la citoyenneté canadienne donnera le droit de voter aux élections fédérales, sans égard au lieu de résidence. C'est aussi simple que cela.
Lorsque le comité de la procédure et des affaires de la Chambre a examiné cette mesure législative, les conservateurs ont proposé entre autres des amendements qui auraient exigé le consentement des parents pour que les jeunes s'inscrivent au registre des futurs électeurs d'Élections Canada, réduit les sanctions administratives pécuniaires imposées en cas d'infraction à la loi électorale, limité les moyens dont dispose le commissaire aux élections fédérales et son indépendance dans l'exercice de ses fonctions, et restreint l'utilisation de la carte d'information de l'électeur comme preuve de résidence. Ce ne sont là que quelques-unes de leurs propositions.
Je reviens à un amendement proposé par un député conservateur dans le cadre de l'examen effectué par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Cet amendement exigeait le consentement des parents pour qu'un jeune puisse s'inscrire au registre des futurs électeurs d'Élections Canada. Les députés fédéraux qui sont parents savent que le consentement parental est exigé pour devenir membre de divers groupes et avoir accès à diverses plateformes en ligne, ce qui est certainement justifié. Cependant, en interprétant comme douteux l'intérêt d'un jeune à l'égard du processus démocratique et du système électoral canadien, les conservateurs tentent encore une fois d'ériger des barrières dans l'espoir d'empêcher des gens de participer au scrutin.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre ne s'étonnent pas de cette manoeuvre. Les conservateurs de Stephen Harper ont tenté de semer la peur et la méfiance autour des élections en proposant le projet de loi pour mettre fin à l'utilisation des cartes d’information de l’électeur comme preuve de résidence parce qu'ils estimaient qu'on les utilisait pour voter à plusieurs reprises, ce qui, comme tout le monde le sait, n'est tout simplement pas vrai. En proposant ces amendements, l'opposition utilise les mêmes tactiques de peur et de division que les députés du gouvernement conservateur précédent.
On ne devrait pas s'étonner non plus que les conservateurs aient tenté de faire amender le projet de loi en vue de limiter l'indépendance du commissaire aux élections fédérales. Après tout, ce sont les conservateurs de Stephen Harper qui, à l'origine, avaient limité les pouvoirs d'enquête du commissaire.
Les députés se rappelleront que, grâce au projet de loi , nous rétablissons l'indépendance du commissaire et nous lui donnons les moyens de repérer plus efficacement de potentielles violations de la loi électorale. Nous accordons au commissaire le pouvoir de demander un mandat pour obliger les gens à témoigner et le pouvoir de porter des accusations. Nous adoptons ces mesures pour donner suite aux recommandations formulées après les élections de 2015, où le directeur général des élections a déclaré ceci: « L’impossibilité de les contraindre à témoigner a constitué l’un des plus grands obstacles à l’exécution efficace de la Loi. » Compte tenu de l'argumentaire convaincant du directeur général des élections, je trouve extrêmement préoccupant que tous les députés n'appuient pas unanimement la mesure prévue à cet effet dans le projet de loi .
Ce qui est encore plus curieux, c'est que les députés conservateurs membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre n'ont pas appuyé les amendements soumis par le député de , qui visent à ajouter des peines supplémentaires pour les tiers qui se servent de fonds étrangers pour financer des activités réglementées. Selon l'amendement, les tiers qui sont reconnus coupables d'infractions liées à l'utilisation de financement étranger pourraient être assujettis à une amende cinq fois plus élevée que la somme du financement étranger utilisé.
Je suis surprise que les conservateurs n'aient pas appuyé l'amendement puisque la même proposition se trouve également dans le projet de loi , qui a été présenté par la sénatrice Frum, une de leurs collègues du caucus conservateur. Étant donné que l'amendement proposé en comité porte sur la même peine que celle prévue dans le projet de loi , je me demande si la raison pour laquelle il n'a pas été appuyé, c'est parce qu'il provenait d'un député de ce côté-ci de la Chambre ou parce qu'il renforcerait le projet de loi. Les deux raisons sont complètement inacceptables.
Au cours de l'automne, la nouvelle porte-parole du Parti conservateur en matière d'institutions démocratiques, la députée de , a insufflé un nouveau ton de collaboration à notre travail et je l'en remercie. La collaboration entre les trois partis au sein du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a permis de renforcer le projet de loi. Les députés ne s'entendent pas toujours sur tout à la Chambre; ce sont d'ailleurs les désaccords et les débats qui peuvent produire de meilleures politiques pour tous les Canadiens.
Voilà pourquoi je souhaite souligner certains amendements proposés par les députés de l'opposition, sur lesquels les membres du comité ont été capables de se mettre d'accord. Notons, entre autres, une meilleure protection des renseignements contenus dans le registre des futurs électeurs; une définition plus précise des activités de tiers au Canada et une extension du recours à un répondant afin que tout électeur sur la liste électorale d'un même bureau de scrutin puisse répondre d'un autre électeur.
Cela fait fond sur d'autres amendements importants proposés par les membres libéraux du comité. Je souhaite souligner quelques-uns des amendements présentés par mes collègues de ce côté-ci de la Chambre qui renforcent aussi ce projet de loi. Il y a, entre autres, l'interdiction d'utiliser des fonds de l'étranger en tout temps, pas seulement durant les périodes électorale ou préélectorale; une nouvelle obligation de créer un registre sur les plateformes de médias sociaux de toute la publicité numérique publiée et payée par des tiers, des partis politiques ainsi que des candidats confirmés et des personnes qui désirent se porter candidats durant les périodes préélectorale et électorale et, comme il a déjà été mentionné, de permettre aux employés d'établissements de soins de longue durée de répondre des résidents.
Au cours du débat sur le projet de loi à l'étape du rapport, le député de s'est dit préoccupé par l'utilisation de fonds provenant de l'étranger dans les élections canadiennes. Il a dit:
[L]e projet de loi C-76 doublerait le montant maximal que les tiers sont autorisés à dépenser pendant la période électorale, tout en continuant d'autoriser des contributions illimitées de la part de donateurs et d'autres personnes, des dépenses illimitées de tiers et des dons étrangers illimités en dehors des périodes préélectorale et électorale. […]
Pour terminer, bien que, je l'admets, de modestes améliorations aient été apportées au projet de loi C-76, celui-ci demeure une tentative bien insuffisante de rétablir l'équité dans le processus électoral canadien.
En somme, le projet de loi, tel qu'amendé en comité, interdirait aux tiers d'utiliser des fonds de l'étranger à des fins d'activité partisane ou de publicité, tant pendant la période préélectorale que pendant la période électorale. Je suis fière que le projet de loi interdise l'utilisation de tout argent étranger en tout temps afin de mieux mettre nos élections à l'abri des influences étrangères. Je tiens aussi à informer le député que cet amendement a été appuyé par tous les membres du comité, y compris les gens de son caucus.
Quant aux dépenses préélectorales qui étaient possibles durant une année électorale grâce aux longues périodes électorales, le projet de loi limite désormais ces périodes à 50 jours. Les habitants de ma circonscription, South Shore-St. Margarets, m'ont dit que même s'il est important d'uniformiser les règles du jeu politique pour préserver l'équité de notre système électoral, ils pensent aussi que les règles relatives aux élections à date fixe ne peuvent plus être enfreintes de nouveau. Le gouvernement précédent a truqué le système à son avantage, et de nombreux Canadiens ont été frustrés de la durée excessive de la campagne électorale.
Avant de terminer, je me pencherai sur un autre aspect du projet de loi , celui qui porte sur le vote des membres des Forces armées canadiennes. Les militaires font d'énormes sacrifices pour protéger le Canada et ses élections libres et justes. Pourtant, leur taux de participation est inférieur à celui de la population générale. Le fait que le système électoral des Forces armées canadiennes soit affreusement désuet explique probablement en partie la situation. Les militaires doivent voter dans une base avant le jour des élections. Souvent, ils sont tenus de suivre un processus différent de celui des membres de leur famille. Un tel système était logique lors de sa création, mais ce n'est plus le cas.
C'est pourquoi nous avons collaboré étroitement avec les forces armées et le ministère de la Défense nationale pour moderniser le processus électoral suivi par les militaires. Aux termes du projet de loi , les membres des Forces armées canadiennes pourraient choisir d'utiliser le système électoral réservé aux civils. Certaines des répercussions les plus néfastes que peuvent avoir les politiques gouvernementales touchent particulièrement les personnes qui portent l'uniforme. Nous avons le devoir de permettre à celles-ci de faire entendre leur voix lors des élections.
Je conclus en réaffirmant que cette mesure législative est importante. Le projet de loi , tel qu'il a été modifié à l'étape de l'étude en comité, ferait en sorte qu'il soit plus facile pour tous les Canadiens de se prévaloir de leur droit de vote. Il serait plus simple pour les Canadiens de se présenter aux élections. Les militaires pourraient plus facilement exercer leur droit de vote. Grâce au projet de loi C-76, dans sa version amendée, les Canadiens auraient un système démocratique plus accessible, plus transparent et plus moderne qu'il ne l'a jamais été.
J'encourage tous les députés à appuyer cette importante mesure législative qui moderniserait le processus électoral canadien pour les futures générations.
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Madame la Présidente, je remercie mes collègues. Je leur suis très reconnaissant.
Après les élections, le gouvernement, quand son Cabinet a prêté serment, a affirmé qu'il serait le gouvernement le plus ouvert et responsable de l'histoire. Les ministres ont reçu des lettres leur ordonnant de se conduire d'une manière qui résisterait à l'examen public le plus poussé. Dans son discours du Trône, le gouvernement s'engageait clairement à procéder à une réforme du système électoral.
Ces affirmations ont été démenties presque immédiatement. Dès les premières semaines ayant suivi l'entrée en fonction du gouvernement, il est apparu que les ministres levaient des fonds en secret auprès de leurs propres groupes de pression et d'intérêts en leur accordant un accès privilégié en contrepartie de dons. La promesse d'être le gouvernement le plus ouvert et le plus transparent de l'histoire a aussi été rapidement remplacée par des affirmations répétées maintes fois à la Chambre, par le leader parlementaire en particulier, à l'effet qu'il agissait dans le respect de la loi.
On est passé de « il faut résister à l'examen public le plus poussé » à « c'est une échappatoire, mais ce n'est pas illégal, alors pas de problème ».
C’est important parce que c’est au cœur même du principal problème, et ce projet de loi contient de nombreux problèmes, mais je vais me concentrer sur celui qui me préoccupe le plus, à savoir la question des fonds. Le parti au pouvoir a démontré qu’il a du mal à lever des fonds auprès des simples citoyens motivés par des idées et des choses qui sont tout bonnement importantes pour eux pour le bien du pays.
Pour des raisons qui lui sont propres, le parti au pouvoir compte sur les collectes de fonds auprès de lobbyistes et de parties intéressées, des gens qui ont un intérêt direct dans leurs relations avec le gouvernement. Cela s’étend à des tiers et au recours à des tiers qui agissent aussi pour le compte du gouvernement et qui l’aident à remporter des élections.
La première chose à faire, pour la prédécesseure de la ministre, c'était de donner suite à la promesse d'une réforme électorale, qui figurait dans le discours du Trône. C’était une promesse électorale, même si les libéraux n’en ont pas tellement parlé dans ma région, dans ma circonscription. Je n’ai pas souvenir que mon adversaire libérale ait soulevé le sujet à aucune des tribunes que nous avons partagées. Je ne me rappelle pas en avoir entendu parler en faisant du porte-à-porte. Cependant, je sais qu’il en a été question et que les libéraux en ont fait un élément de leur campagne ailleurs au pays.
Les libéraux ont recherché délibérément le soutien de personnes dont on pouvait s’attendre à ce qu’elles votent traditionnellement pour le NPD. Ces personnes ont voté pour les libéraux et les ont aidés à se faire élire, et elles s’attendaient à ce qu’ils tiennent parole. Nous savons ce qui s’est passé. Sous la ministre précédente, les libéraux ont eu la surprise de découvrir que les partis d’opposition n’allaient pas croiser les bras et les laisser fausser le jeu à leur avantage aux prochaines élections, pas plus que les Canadiens, d’ailleurs.
Le gouvernement a créé un comité spécial, lui a demandé de recommander des mesures et, quand il a compris que le comité n’allait pas lui dire ce qu’il voulait entendre, il a mis en place des consultations parallèles étrangement faussées. Enfin, quand le comité a formulé une recommandation que les libéraux ne pouvaient accepter, ils ont enterré la promesse électorale et ordonné à la nouvelle ministre de présenter un projet de loi moins ambitieux.
En fait, comme l’a souligné mon collègue le député de , un projet de loi avait déjà été déposé, à ce moment-là, par la ministre précédente. Pourtant, rien n’a bougé pendant deux ans, jusqu’à ce printemps, lorsque nous avons entrepris l'étude du projet de loi .
Compte tenu de ce bilan en matière d'institutions démocratiques et de réforme électorale, je ne vois pas comment mes concitoyens pourraient s’attendre à ce que je félicite le gouvernement et à ce que j'appuie la mesure législative dont nous sommes saisis. En ce qui concerne les détails du projet de loi et la conduite actuelle du gouvernement, le projet de loi continue de poser de sérieux problèmes.
Des amendements mineurs proposés au comité ont peut-être apporté quelques améliorations subtiles, mais pour l’instant, des entités étrangères et des tiers peuvent toujours financer leurs mandataires canadiens et participer à notre processus démocratique avec des fonds étrangers.
La secrétaire parlementaire a dit qu’on a examiné cet amendement au comité, mais ce n’est pas le cas. Il n’existe aucune disposition prévoyant des vérifications en dehors des périodes électorales et préélectorales. Un tiers étranger peut donner de l’argent à son mandataire canadien, qui peut diffuser de la publicité ou se conduire en opposition à un parti donné ou une question donnée. Rien n’empêche l’entité canadienne d’utiliser cet argent, par exemple, à des fins administratives ou juridiques, ce qui libère ses autres ressources pour participer au discours public dans la sphère politique.
Je trouve cela très préoccupant, et nous n’inventons rien ici. La fondation Tides se vante d’avoir influé sur les dernières élections canadiennes. Sur son site Web, elle se targue d’avoir contribué à faire battre le gouvernement précédent. Elle a envoyé des millions de dollars au Canada. Elle a envoyé des fonds à LeadNow, qui explique dans son rapport sur Stephen Harper comment elle a payé des organisateurs pour qu’ils aillent faire campagne aux dernières élections et comment, dans 26 des 29 circonscriptions visées, les candidats conservateurs ont été battus. Ce n’est pas un secret. La fondation se vante ouvertement de ces activités et de sa capacité d’influer sur des élections canadiennes.
Tant que nous ne débarrassons pas la politique de ces manœuvres et que nous ne prenons pas clairement position, tant que nous ne mettons pas en place de dispositions prévoyant des vérifications dans la période entre les élections, nous ne serons pas à l’abri de ce type d’activité. J’ai pris l’exemple de la fondation Tides, de LeadNow et de quelques-uns des groupes qu’ils ont financés parce que c’est la réalité et que c’est arrivé aux dernières élections. Cependant, qui sait, aux prochaines élections, quelles autres organisations ou quels autres gouvernements pourraient profiter des lacunes de la loi? Le gouvernement a très peu de crédibilité relativement à tout ce dossier et c’est pourquoi je n’appuierai pas le projet de loi.
Je voudrais aussi parler d'autre chose, dans les quelques minutes qu’il me reste. On s’attendait à ce que quatre élections partielles soient déclenchées dimanche dernier. Or, une seule l’a été. Si le projet de loi est adopté, le ne pourra pas déclencher d’élection partielle dans les neuf mois précédant la date fixe d’octobre prochain.
Trois sièges restent à pourvoir depuis la démission de Peter Van Loan, le 3 septembre, celle de Tom Mulcair, le 2 août, et celle de Kennedy Stewart, le 16 septembre. Si le ne déclenche pas rapidement ces élections partielles, elles ne pourront plus l’être si ce projet de loi est adopté. Ce serait vraiment dommage. Les citoyens de trois circonscriptions seraient plus d’un an sans député. Si l’on ajoute à l’interdiction de déclencher une élection partielle dans les neuf mois précédant des élections générales prévues, les six mois de latitude dont dispose l’actuel premier ministre, les citoyens risquent en fait d’être privés de représentation pendant 15 mois. J’espère que cela ne se produira pas et qu’avec le chef d’un parti fédéral candidat dans Burnaby, le premier ministre n’empêche pas délibérément cette élection partielle d’avoir lieu, mais nous devrons attendre de voir ce qui se passera en définitive.
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): Madame la Présidente, je suis heureuse de pouvoir prendre la parole une nouvelle fois au sujet du projet de loi . Mes collègues et moi-même avons tenté sans répit d’intervenir pour améliorer le projet de loi, afin d’offrir aux Canadiens une véritable démocratie et de garantir non seulement l’intégrité du processus électoral, mais aussi, comme l’a précisé mon collègue, le député de , la légitimité du corps électoral. Je crois que ceci fait partie intégrante de la confiance qu’ont les Canadiens envers le processus électoral. Voilà pourquoi nous avons tenté à répétition, pratiquement sans arrêt, de faire adopter près de 200 amendements de ce projet de loi, de manière à ce qu’il établisse de solides règles d'exercice de la démocratie, dans l'intérêt des Canadiens, plutôt que d'être ce qu’il est malheureusement devenu, c’est-à-dire une campagne de relations publiques que le gouvernement utilise pour démontrer qu'il agit dans le sens de la démocratie alors qu'en réalité, le projet de loi comporte d'énormes et très évidentes lacunes.
Compte tenu du travail que nous avons fait au sein du comité, mes collègues et moi, nous pouvons certainement affirmer la tête haute, en regardant les Canadiens droit dans les yeux, que nous avons tout fait pour que les règles électorales soient dignes d'une véritable démocratie entièrement canadienne, au service des Canadiens.
J’ajoute, en passant, que nous avons aussi tenté d’éviter toute possibilité d’ingérence et d’influence étrangères. J’attire de nouveau l’attention de la Chambre sur l'idée que nous sommes en présence d’une campagne de relations publiques de la part du gouvernement. Il essaie de nous faire croire qu’il a modernisé la Loi électorale du Canada et que celle-ci prémunit le pays contre toute ingérence ou influence.
J'occupe mes fonctions actuelles de porte-parole depuis six semaines seulement, alors j'ai eu certainement beaucoup de rattrapage à faire. Cependant, j’ai la grande chance de pouvoir compter sur des collègues fantastiques et un personnel merveilleux. J’ai certainement tenté de faire avancer les choses dans l'intérêt des Canadiens. Nous pouvons assurément être fiers d'avoir fait tout notre possible pour que les règles électorales servent bien la démocratie au Canada.
Avant de poursuivre mon exposé, j’aimerais donner un exemple précis que j’ai sous les yeux et qui est tiré d'une étude effectuée pour l’ancien député de Calgary-Centre. J’aimerais utiliser cet exemple pour montrer que les problèmes qui y sont rattachés ne seraient aucunement réglés par ce projet de loi.
Cependant, je ne peux tout simplement pas commencer à en parler avant de mentionner les deux éléphants dans la salle, ou je devrais dire les deux ânes dans la salle. Je plaisante. Premièrement, il y a les élections partielles. Je ne saurais manquer, aujourd’hui, de souligner le fait qu’une seule des quatre élections partielles a été annoncée. C’est incroyablement malheureux, car plus de 300 000 Canadiens se trouvent sans représentation, comme l’a signalé mon collègue, mais c’est aussi une autre tentative malheureuse par le gouvernement actuel de manipuler et de politiser à ses fins la procédure politique.
J’avoue que j’ai été choquée hier soir à la Chambre quand j’ai vu mes collègues néo-démocrates sauter de joie à l’adoption du projet de loi. Ils font dorénavant face à l’éventualité de ne pas avoir de chef à la Chambre aux prochaines élections. De fait, cela n’est pas seulement fort possible, mais plutôt probable. Je ne vois pas comment ils peuvent être en extase devant une chose qui pourrait faire en sorte que leur chef n’ait pas de siège à la Chambre des communes. Comment peuvent-ils appuyer un projet de loi qui les laisserait dans cet état?
Au-delà de l’affront que cela représente pour eux, et qui suis-je pour me soulever en leur nom ou défendre leurs intérêts, je voulais simplement leur souligner ce qui semblait leur échapper dans leurs cris de joie après le dernier vote hier soir. Je me sens obligée de le mentionner.
Ensuite, ce matin, nous avons eu la surprise d'apprendre la nomination du commissaire aux débats. Je dois m’incliner devant nos collègues libéraux: ils ont été très futés en choisissant l’ancien gouverneur général, une sorte de personnage hybride — élu par eux dans ce poste, mais qui avait été nommé gouverneur général par l’ancien premier ministre. Cependant, cela n’annule pas le processus. Toute personne, qui qu'elle soit, à qui l'on remet une feuille de paroles doit chanter les paroles qui s’y trouvent. Les règles énoncées pour les débats par notre gouvernement actuel sont très précises: deux débats, un en anglais, un en français; les participants répondant à trois de ces critères, dont un est très subjectif. Ce n’est rien de nouveau pour le gouvernement, mais c’est, une fois de plus, un affront à la démocratie.
Mes collègues du comité peuvent vérifier si nous avons déjà vu une liste restreinte ou un nom. Je ne le pense pas. Je le répète, c’est une insulte à la démocratie. Le gouvernement libéral essaie de trafiquer les règles à son avantage. De ce côté-ci de la Chambre, jamais nous n’accepterons cela. Nous nous battrons pour les Canadiens, pour qu’ils aient le droit de dire de quelle manière ils souhaitent entendre les dirigeants potentiels de notre pays. Qu’y a-t-il de plus important, pour les Canadiens, que d’avoir le droit de dire de quelle manière ils souhaitent entendre leurs dirigeants? Cependant, ils en sont privés à cause de la création de ce poste et de ces règles. Les Canadiens sont privés de leur droit de s’exprimer.
Je vais maintenant parler brièvement du projet de loi et de cette étude de cas que je suis sur le point de présenter pour démonter que les problèmes ne sont pas du tout réglés.
Une plainte a été déposée par le groupe Canada Decides. Le premier point concerne la réglementation des tiers. C’est malheureux, parce que l’ingérence étrangère occupe une place importante dans la première partie de la plainte. Je peux confirmer que les règles proposées dans ce projet de loi ne feront rien pour garantir hors de tout doute qu’il n’y aura pas d’ingérence ni d’influence étrangères. C’est ce que nous avons demandé à maintes reprises en comité. Dans nos amendements, nous avons demandé la création de comptes bancaires distincts pour s’assurer que les tiers ne peuvent pas recevoir un million de dollars pour couvrir leurs frais administratifs, et ensuite, ô surprise, utiliser cet argent pour couvrir leurs dépenses électorales. Nous avons tellement insisté pour restreindre les activités afin de nous assurer que les activités politiques allaient être déclarées et faire l’objet de rapports. Malheureusement, en raison de l’opposition du gouvernement, cela ne s’est pas fait. Par conséquent, dans ce cas précis, je ne peux confirmer que ces lacunes ont été corrigées.
J’ai aussi mentionné les exigences applicables avant la période préélectorale et le fait que, par le passé, les tiers pouvaient recevoir autant d’argent qu’ils le voulaient et le dépenser à leur guise. Je peux confirmer que le projet de loi ne fait rien pour corriger cela. De plus, il n’établit pas de plafond pour les contributions provenant de l’extérieur, là encore, avant la période préélectorale.
J’aimerais dire ceci au moyen d’un amendement. Je propose, avec l’appui du député de :
[Français]
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit: « le projet de loi C-76, Loi modifiant la Loi électorale du Canada et d'autres lois et apportant des modifications corrélatives à d'autres textes législatifs, ne soit pas lu maintenant pour la troisième fois, mais bien renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre qui en étudiera de nouveau l'article 378 et l'amendera de manière à empêcher le gouvernement de choisir les élections partielles à tenir lorsqu'il y a beaucoup de sièges vacants à la Chambre des communes ».
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Madame la Présidente, je me réjouis de la tenue de ce débat parce que les libéraux ont finalement décidé d’aller de l’avant et de présenter un projet de loi visant à corriger le travail accompli par le gouvernement précédent. Le terme « travail » est un euphémisme dans ce cas, parce que cela a compliqué la tâche de plusieurs Canadiens lorsqu’est venu le temps de voter.
Comme la secrétaire parlementaire l’a dit tout à l’heure, ce projet de loi, selon ses termes, représente une « refonte générationnelle ». Le titre même du projet de loi, le fait qu’il s’agisse d’une loi sur la modernisation, le confirme. Cela donne clairement aux Canadiens l’impression que ce n’est pas une démarche qui est entreprise très souvent. Nous ne renouvelons pas très souvent les règles électorales qui régissent la façon dont nous participons tous à notre démocratie, la façon dont les partis et les tierces parties y participent et l’expérience des électeurs.
Il y avait un principe de longue date au Canada, à savoir que nous ne changerions jamais ces règles unilatéralement dans cette enceinte, qu’il s’agissait d’une mauvaise pratique et d’un acte de mauvaise foi de la part d’un seul parti qui se trouve à former le gouvernement. Cela pourrait donner aux Canadiens l’impression très nette que le parti au pouvoir établit des règles qui l’aideront aux prochaines élections.
C’est une hypothèse raisonnable. Il n’est même pas nécessaire d’être aussi cynique que certains membres du Cabinet du pour faire cette supposition.
Depuis des générations, lorsque nous modifions les règles électorales, nous le faisons en collaboration. Malheureusement, le gouvernement précédent a rompu cette tradition en se battant contre le principe du répondant, dont il estimait qu’il posait un problème. Les néo-démocrates n’étaient pas du tout d’accord, et les faits leur ont donné raison parce qu’il n’y a pas eu de fraude massive au moment des élections et que ces changements concernaient davantage la privation du droit de vote que la protection de celui-ci.
La façon dont nous en sommes arrivés là avec le gouvernement actuel représente un élément important de cette conversation. Les libéraux ont dit que la barre était très basse et qu’ils voulaient corriger les changements apportés dans la loi sur le manque d'intégrité des élections de Stephen Harper. Ce n’était pas difficile à faire; il fallait simplement réparer une bonne partie des dommages causés par les conservateurs dans le projet de loi lors de la dernière législature.
Le gouvernement a présenté le projet de loi. Cela a pris un an, mais on pouvait lui pardonner puisque c’était un nouveau gouvernement. Puis, pendant deux ans, il ne l’a pas mis à l'ordre du jour et il est demeuré simplement inscrit au Feuilleton. Je me souviens d’avoir demandé à la ministre des Institutions démocratiques de l'époque: « Où est votre projet de loi? Sur quoi d’autre travaillez-vous? »
À l’époque, nous avions fait tout le processus de réforme électorale, comme certains de mes collègues se rappelleront bien. Le comité s’appelait le Comité spécial sur la réforme électorale. Nous avions une participation de tous les partis, y compris un représentant du Bloc et du Parti vert. Nous avons parcouru le pays, et en avons visité tous les coins et recoins. Je vois que la présidence sourit au doux souvenir de toutes ces journées que nous avons passées ensemble sur la route. Ce fut un privilège incroyable, non seulement parce que nous avons pu entendre des experts de partout au Canada nous parler de notre démocratie et de la manière d’en améliorer le fonctionnement, nous parler du vote et des différentes façons de compter les votes, mais aussi parce que nous avons pu voir comment une grande partie de l’Europe et la plus grande partie du monde, de fait, avaient changé avec le temps.
Surtout, nous avons recueilli le point de vue des Canadiens moyens, des Canadiens ordinaires. Nous avons mené un sondage en ligne. Environ 33 000 personnes, sauf erreur, y ont participé. Nous avons organisé des assemblées publiques et recueilli des témoignages dans chaque province, et nous avons aussi eu une tribune libre où les gens pouvaient prendre le micro pour nous dire en quelques mots ce qu’ils jugeaient nécessaire.
C’est le sang vital du parlementaire, la raison d’être même de notre présence ici, d’avoir cet accès libre aux Canadiens. Ils se sont vidé le coeur, ils nous ont parlé des réformes électorales qu’ils souhaitaient. Ils ont appuyé massivement les systèmes de scrutin proportionnel. C’est ce qu’ils nous ont dit, les experts comme le public, lorsqu'ils ont comparu devant nous.
Puis, malheureusement, à la onzième heure, dans un geste des plus maladroits et très cynique, les libéraux ont en quelque sorte mis fin au débat et, pendant des mois, ont refusé de parler de ce qu’ils voulaient faire et du genre de système électoral qui les intéressait. Le avait donné à entendre qu’il aimait bien un système de scrutin préférentiel utilisé en Australie. Cependant, tout au début du processus du comité, les experts nous ont dit que le scrutin préférentiel ne fonctionnerait pas au Canada, que nous aurions un système uninominal majoritaire à un tour à la puissance dix. Cela fonctionnait très bien pour un parti traditionnellement centriste, un parti qui empruntait un peu de tous les côtés, en tout temps. Bon sang, qui cela pouvait-il bien aider? Ah, oui, les libéraux. L’idée a été descendue en flammes dès le départ.
Puis, le manque d’intérêt des libéraux pour faire avancer les choses est devenu évident, au point où la ministre de la Réforme démocratique de l’époque s’est levée à la Chambre pour réprimander le comité lui-même, lui reprochant de ne pas avoir fait son travail. Elle est alors devenue l’ex-, parce que cela avait mal passé.
Nous avons ensuite vu le gouvernement prendre tellement de temps qu’il a dépassé l’échéance qu’Élections Canada avait fixée, qui était le printemps dernier. De fait, Élections Canada est venu expliquer à notre comité que, pour modifier le mode de fonctionnement des élections, il fallait que la Chambre et le Sénat adoptent une mesure législative le printemps dernier. Les libéraux ont dit « très bien », ont vu venir l’échéance et ont déposé le projet de loi le lendemain de celle-ci, une fois qu'elle eût passé.
Le comité s’est mis au travail, les conservateurs ont commencé à faire un peu d’obstruction, et il a fallu tout le printemps et une partie de l’automne avant que le gouvernement cligne des yeux et conclue une entente. C’est tellement agréable de voir les parlementaires se concerter pour trouver une solution. Les conservateurs et les libéraux ont convenu qu’il y aurait plus de dépenses préélectorales, ce qui amènerait plus d’argent dans la politique. Les libéraux étaient à l’aise avec cela. Aujourd’hui, ils sont de nouveau en colère contre les conservateurs et les choses reviennent à la normale, je suppose.
Nous discutions justement, à l’extérieur de la Chambre, de la commission aux débats. Ce même comité l’avait étudiée pendant longtemps et il avait présenté des recommandations claires, que j’ai ici. La deuxième — la plus importante — vise les débats des chefs, qui constituent un volet crucial de notre processus démocratique. De nombreux Canadiens regardent ces débats en français et en anglais pour choisir qui appuyer. Toutefois, cette stratégie s’est avérée un peu difficile lors de la dernière élection, car plusieurs chefs ne se sont pas présentés, ce qui a brouillé un peu le processus. Il y a trois ans, on a donc promis de créer une commission chargée des débats. Toutefois, pendant des mois et des mois, la nouvelle ministre libérale des Institutions démocratiques nous a dit de ne pas nous inquiéter, que si l'on ne nous consultait pas vraiment, c'est parce qu’on allait simplement se servir du rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Nous lui avons répondu qu'il n'y avait pas de problème, du moment que tout serait conforme aux résultats de l’étude et aux recommandations du Comité.
Selon la deuxième recommandation, le commissaire aux débats des chefs doit être choisi à l'unanimité par les partis de la Chambre. Cela semble être une bonne idée. Nous ne voulons pas que la personne qui définira les règles de ce débat crucial favorise tel ou tel parti ou qu’elle soit choisie par un parti et par personne d’autre. En effet, les Canadiens se demanderaient alors s'il s'agit d'une nomination partisane, ce qui ne serait pas équitable. Cette nomination ne doit pas être partisane, surtout si elle correspond au choix d'un seul parti. Autrement, il faudrait se contenter de regarder la ministre des Institutions démocratiques se présenter devant les caméras pour annoncer que le gouvernement a nommé un commissaire, qu'il a pris cette décision seul, qu'il a fixé les modalités de participation au débat et que le commissaire qu'il a nommé décidera des thèmes à débattre et des règles à observer. Les libéraux nous enjoignent unilatéralement de leur faire confiance.
Lorsqu'il est question d’enjeux démocratiques, le gouvernement semble être pris bien souvent d'une espèce de tic. Quand ils doivent décider de collaborer avec les autres ou de gouverner unilatéralement, les libéraux au pouvoir choisissent systématiquement cette dernière option. Je ne sais pas pourquoi. Du point de vue stratégique, c’est plutôt idiot parce que quand ils formulent des recommandations qu’ils sont les seuls à appuyer, ils savent bien qu’on les accusera de parti pris. Ils risquent d’être accusés de fausser les règles. Bon Dieu, je ne sais pas pourquoi ils font cela. Nous n’essayons pas de coopérer au renforcement de la démocratie pour le simple plaisir de collaborer, mais si cela ne nous motive pas assez, faisons-le déjà par stratégie politique. Malheureusement, les libéraux ne comprennent pas que s’ils collaborent avec d’autres partis pour qu’ils appuient leurs recommandations, ils s'exposeront à bien moins de controverse, et les Canadiens accepteront mieux les résultats. Pourtant, les libéraux choisissent toujours de faire les choses unilatéralement et ils prennent chaque fois une grosse claque en plein visage, alors ils cherchent quelqu'un sur qui rejeter la faute.
Nous sommes aujourd'hui saisis du projet de loi , qui présente de grandes lacunes. Le parti au pouvoir a lui-même proposé un grand nombre des 338 recommandations et amendements touchant le projet de loi. Les libéraux ont rédigé le projet de loi, puis ils ont dû le corriger. Pas plus tard qu'hier soir, nous avons voté sur des corrections aux corrections apportées au projet de loi. Le gouvernement a pris trois ans avant de présenter enfin un projet de loi sur cette question, mais celui-ci présentait de nombreux problèmes fondamentaux, dont un grand nombre n'ont pas encore été corrigés. Je vais donner un exemple, qui, à mon sens, illustre bien la situation.
Les Canadiens auraient raison de s'inquiéter si une personne tentait de tricher ou de voler des votes au cours d'une élection, ou encore si elle dépensait de l'argent illégalement. Comment Élections Canada pourrait-il faire enquête là-dessus? Il faudrait que l'organisme puisse contraindre des personnes à témoigner, et le projet de loi renferme des dispositions à ce sujet. Toutefois, contrairement à ce qu'Élections Canada souhaitait, le projet de loi ne lui accorderait pas le pouvoir d'exiger des reçus et des talons de chèque de tous les partis politiques, comme c'est le cas pour les candidats aux élections. Lorsqu'un candidat prétend avoir dépensé de l'argent, il doit prouver à quelles fins l'argent a été dépensé. Or, les partis politiques ne sont pas assujettis à la même exigence.
C'est bien étrange. Comment Élections Canada peut-il mener une enquête et découvrir que quelque chose a mal tourné ou qu'une personne a triché s'il ne peut pas recueillir de preuves? Ce serait un peu comme si la Chambre adoptait des lois pénales destinées à renforcer la protection des Canadiens, tout en empêchant la police de recueillir des preuves. Il n'est pas possible de traduire un accusé en justice en l'absence de preuves.
En fait, les libéraux avaient inclus dans le projet de loi une disposition exigeant la production de reçus et de factures, mais ils l'ont enlevée. Nous avons tenté de la remettre dans le projet de loi, mais les libéraux ont dit non. Le directeur général des élections a déclaré qu'il avait besoin de ce pouvoir pour attraper les criminels. Si un individu qui travaille pour un parti se met à tricher et à voler de l'argent, Élections Canada n'en saura rien, car il ne pourra pas recueillir de preuves. Pour pouvoir tenir une enquête, il faut détenir des preuves.
Parlons de l'augmentation du nombre de femmes au Parlement. Nous nous souvenons tous du programme Héritières du suffrage. C'est un excellent programme. Le gouvernement a décidé de le financer un peu plus. Grâce à ce programme, de jeunes femmes de chacune des circonscriptions au pays viennent occuper les 338 sièges de la Chambre des communes. Elles s'y assoient. L'an dernier, elles ont pu poser des questions au . Elles étaient bonnes. Elles étaient fermes et justes, mais surtout fermes.
Si l'on examine la situation au Parlement, à savoir si celui-ci reflète la population canadienne, si l'on plaçait tous les parlementaires sur les marches du Parlement, la première chose que l'on remarquerait, c'est que les femmes sont peu nombreuses. Elles représentent 26 % des députés. À la législature précédente, c'était 25 %. Leur proportion a augmenté de 1 %. À ce rythme-là, nous atteindrons l'égalité hommes-femmes au Parlement dans 83 ans. Les Héritières du suffrage ont dit: « Ce délai est inacceptable, monsieur le premier ministre féministe. Quand allez-vous intervenir à cet égard? »
L'une des façons d'y arriver est d'encourager plus de femmes et de personnes d'origines diverses à se porter candidats. C'est là un bon moyen. Toutefois, comme dans beaucoup d'autres domaines de la vie, l'argent est le nerf de la guerre. C'est pourquoi nous avons proposé une mesure tirée du projet de loi de notre ancien collègue Kennedy Stewart. Comme d'habitude, les libéraux ont voté contre ce projet de loi, même s'ils avaient indiqué qu'ils y étaient favorables. La mesure concernait le remboursement des dépenses des partis, ce que le public fait très généreusement, et consistait à rembourser à 100 % les partis qui s'efforcent de présenter un groupe de candidats reflétant le pays et qui s'approchent de la parité. Ainsi, les partis qui ne présentent que des candidats masculins, blancs et d'âge mûr auraient reçu moins d'argent public. Il s'agit d'une mesure qui incite à ne pas se contenter de voeux pieux et à tenter de recruter un groupe de candidats diversifié, afin d'avoir une variété de points de vue à la Chambre. Est-ce si radical comme approche? Les libéraux ont voté contre. Ils ont plutôt choisi d'offrir aux candidates féminines d'inclure des frais de garderie pour 30 jours parmi les dépenses électorales admissibles à un remboursement. Cela pourrait leur permettre de recueillir du financement et d'obtenir des services de garderie pour 30 jours. Comme si c'était cela qui empêchait les femmes de se lancer en politique: 30 jours sur 35 jours de période préélectorale.
Voyons donc! Pour un premier ministre soi-disant féministe — et je dis « soi-disant » parce que je n’ai pas beaucoup de preuves qu’il le soit —, on pourrait penser que s’il avait une proposition qui ferait en sorte que plus de femmes soient élues au fil du temps, ce serait bien, sauf s’il se satisfait de 26 %. Cela semble être le cas, puisqu’il a décidé récemment de mettre tous ses candidats sortants à l’abri d’une course à l’investiture. Il a simplement dit: « Ils sont tous protégés », ce qui revient essentiellement à dire qu’il aimerait conserver le statu quo. Je le sais parce que je crois qu’une association d’une circonscription libérale ne tenait pas à ce que son député sortant continue de la représenter et que le Parti libéral lui a répondu dernièrement de rentrer dans le rang ou de prendre la porte. C’est sans contredit un témoignage d’amour à l'intention de la base.
La protection de la vie privée a pris une place énorme dans les échanges que nous avons eus avec les Canadiens. Les néo-démocrates croient que les gens doivent jouir du droit à la protection de leurs données personnelles. Tandis que nous nous engageons toujours plus profondément dans l’univers des réseaux sociaux et dans la cyberéconomie, la vie privée et la protection des renseignements personnels deviennent incroyablement importantes dans le commerce, mais aussi en politique. Voici ce que disent les règles au Canada sur la façon dont les partis gèrent d’énormes bases de données sur l’électeur canadien. Elles ne disent rien. Le droit canadien ne dit rien. Donc, s’il s’agit d’un projet de loi de modernisation, d’une tentative qui n’arrive qu’une fois par génération de rendre nos élections libres et équitables et de protéger notre démocratie sacrée ici au Canada, nous pourrions penser que, puisque nous sommes en 2018, nous y trouverions quelque chose sur ces données et sur la protection des droits des Canadiens.
Voilà la menace qui a été révélée. Elle n’est pas imaginaire. Avez-vous entendu parler de Cambridge Analytica? Cette société a contacté plusieurs députés de la dernière législature, moi compris, et leur a dit qu’ils devraient retenir ses services parce qu’elle pourrait les aider à collecter des données sur leurs propres sites de réseaux sociaux, sur Twitter et sur Facebook. Elle a expliqué qu’elle trouverait les adresses électroniques connexes, ce qui est habituellement impossible. Si une personne nous aime sur Facebook, elle nous aime sur Facebook. Ça n’a rien d’exceptionnel. Toutefois, nous ne pouvons pas trouver son adresse électronique. Cambridge Analytica a déclaré qu’elle nous obtiendrait aussi les adresses des amis de ces personnes, qu’elle pourrait microcibler des personnes qui pourraient avoir des liens avec elles et qui pourraient nous intéresser.
Pour les partis politiques, c’est une manne inespérée. C’est intéressant. Cela ouvre de nouvelles possibilités. Avec les réseaux sociaux, nous pouvons maintenant hypercibler des personnes. L’époque où nous placions des publicités politiques par saupoudrage pour attirer les électeurs est révolue. Le microciblage, voilà où nous en sommes.
Jusqu’à l’an dernier, les libéraux se targuaient d’être capables de microcibler. Ils ont dit que c’est ce qui leur avait permis de remporter les dernières élections. En réalité, ils ont retenu les services de Cambridge Analytica. Ils ont octroyé un contrat public de 100 000 $ pour faire quoi? Est-ce que quelqu’un a vu le contrat? Non, parce que les libéraux ne veulent pas le rendre public. Ils ont embauché les types qui ont été pris dans une affaire appelée Brexit.
On se souviendra du Brexit. La Grande-Bretagne se souvient très bien du Brexit parce qu’elle est plongée là-dedans en ce moment même. Les électeurs anglais ont été hyperciblés. Des bases de données ont été passées au peigne fin. Les mentions « J’aime » et des groupes de partage de Facebook ont été manipulés et ils ne recevaient que plein de mythes et de désinformation sur ce que le Brexit signifiait. Depuis le lendemain du Brexit, le Parlement britannique tente de faire la lumière sur la façon dont ce référendum s’est déroulé.
Je veux que les gens, particulièrement au Québec, s’imaginent ce qui serait arrivé lors du dernier référendum au Québec si nous avions appris après coup qu’il avait été manipulé par des groupes et des organismes extérieurs, qu’un gouvernement étranger avait épluché les profils de données de Québécois et les avait ciblés un par un et avait répandu de fausses informations sur les effets de leur vote au référendum. Comment les Québécois auraient-ils réagi dans ce qui a été, au bout du compte, un vote extrêmement serré sur la sortie du Québec du Canada? Les gens auraient-ils eu des doutes sur les résultats du vote, qu’ils aient gagné ou perdu? Les perdants auraient-ils dit que le vote n’avait pas été équitable? C’est ce qui arrive en Angleterre.
Le département de la Justice des États-Unis a dit que les dernières élections américaines avaient été manipulées et que les élections imminentes de mi-mandat aux États-Unis sont elles aussi manipulées par des pirates informatiques russes et chinois. La menace est réelle et elle est actuelle. Quand nous examinons ce projet de loi de modernisation et que nous nous demandons quelles protections nous allons…
M. Gérard Deltell: Il y a 23 ans de cela.
M. Nathan Cullen: C’est très intéressant. Le vote a eu lieu le 30 octobre, il y a 23 ans. C’est fascinant. J’aurais bien aimé le savoir avant de prendre la parole parce que l’argument aurait été encore plus fort. Cela remonte à 23 ans aujourd’hui.
Des élections sont en cours aux États-Unis. Les bases de données démocrates et républicaines ont été piratées aux dernières élections. Nous avons vu les courriels qui ont été diffusés, par des agents russes en l’occurrence. Les États-Unis ont mis en garde le Canada. En réalité, nos propres services secrets, le Centre de la sécurité des télécommunications, ont mis en garde le Canada. La a demandé à nos services secrets d’examiner notre processus démocratique et de faire des recommandations. Ils ont présenté un rapport l’été dernier et dit qu’en matière de protection de la vie privée, nos protections ne sont pas suffisantes pour protéger notre démocratie. Le rapport que la ministre a commandé à un organisme canadien dit que les mesures ne sont pas suffisamment solides.
La réponse des libéraux a été de rejeter une à une toutes les recommandations que les néo-démocrates ont présentées pour améliorer les choses. Les recommandations étaient fondées sur les témoignages du directeur général des élections, du commissaire à la protection de la vie privée, de la Civil Liberties Association de la Colombie-Britannique. De fait, pas un seul témoin n’est venu nous dire: « S’il vous plaît, ne faites rien. »
Voici ce que les libéraux ont offert dans le projet de loi . Dorénavant, tous les partis doivent avoir sur leur site Web une déclaration concernant la protection de la vie privée. Rien ne précise quelle doit être la teneur de cet énoncé, si l’énoncé est exécutoire ou si manquer à une promesse aux Canadiens aura des conséquences. Holà, les Canadiens tremblent de tous leurs membres. Que les libéraux sont forts et durs. Nous devons mettre sur nos sites Web une déclaration qui n’est pas exécutoire, qui est virtuellement insignifiante. Voilà ce qu’est la protection de nos institutions démocratiques, d’après les libéraux. Seigneur, s’ils pouvaient, pour une fois, être sérieux à ce sujet.
Au comité, pas un seul témoin n’a déclaré que le statu quo était acceptable. De fait, le directeur général des élections du Canada a déclaré que la plus grosse lacune de ce projet de loi réside dans le respect de la vie privée. Le commissaire à la protection de la vie privée a déclaré que ce projet de loi ne contient rien d’important concernant la protection de la vie privée. Ce sont les experts. Ce sont les chiens de garde. Ce sont les personnes en qui nous avons confiance. Nous devrions leur faire confiance.
Hier soir, quand nous avons voté au sujet de ces amendements visant à améliorer les choses, à encourager plus de femmes à participer, à permettre une meilleure protection de notre vie privée, à encourager une plus grande émancipation, les libéraux les ont rejetés de nouveau, comme ils l’avaient fait au comité. Je ne comprends vraiment pas pourquoi. Ici, nous sommes censés collaborer. Nous ne sommes pas censés avoir des désaccords fondamentaux au sujet du droit des Canadiens de voter lors de nos élections. J’aimerais tant que les libéraux joignent le geste à leurs belles paroles.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je me souviens du moment où l'idée de modifier la Loi électorale a commencé à prendre forme sous le gouvernement précédent. Depuis lors, elle semble être liée au problème de la fraude électorale. Au cours de la législature précédente, nous n'avons cessé d'entendre parler de la nécessité d'imposer de nouveaux règlements pour prévenir la fraude électorale.
Puis, durant le débat sur le projet de loi , l'opposition officielle s'est de nouveau concentrée principalement sur la fraude électorale. Je me demande si ce type de discours peut finir par générer une mauvaise perception dans la population quant au fonctionnement de notre système électoral. L'opposition officielle a choisi d'adopter cette approche. En gros, leur discours tourne autour de la question de la carte d'identification de l'électeur.
En réalité, la question de la fraude électorale n'est pas un problème: c'est plutôt un épouvantail.
Le seul cas récent de fraude électorale dont j'ai eu connaissance est celui des appels automatisés impliquant un bénévole conservateur, Michael Sona, qui a d'ailleurs fait de la prison pour cela. C'était pendant le dernier week-end de la campagne en 2011. En panique, mon directeur de campagne m'a appelé pour me dire que des gens appelaient au bureau de circonscription pour signaler des appels annonçant que l'adresse du bureau de vote avait changé. Je ne sais pas combien d'appels ont été faits dans ma circonscription, mais il y en a eu, ainsi que dans tout le pays.
J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur un article du Globe and Mail concernant la fraude électorale. Il est signé par Denise Balkissoon, qui relate ce qui s'est passé aux États-Unis. C'est pertinent dans la mesure où nos systèmes sont comparables à bien des égards. Voici ce qu'elle écrit:
Cependant, la menace de fraude électorale a toujours été largement amplifiée. Une étude a permis d'établir 31 cas prouvés d'usurpation d'identité entre 2000 et 2014, période pendant laquelle plus d'un milliard de bulletins de vote ont été déposés dans les urnes, aux États-Unis. En août, une enquête du ministère de la Justice sur les élections de 2016 en Caroline du Nord a permis d'établir que, sur un total de près de 4,8 millions de bulletins de vote, 500 provenaient d'électeurs inadmissibles, dont la plupart avaient un casier judiciaire et ne savaient pas que cela les rendait inadmissibles [...]
Autrement dit, ces électeurs de Caroline du Nord n’ont pas essayé d’exercer frauduleusement leur droit de vote. Ils pensaient tout simplement qu’ils avaient le droit de voter, ce qui n’était pas le cas, apparemment, étant donné leur situation.
L’importance qu’on donne à la carte d’information de l'électeur est en fait motivée par le désir de dissuader les gens de voter, d’entraver leur participation au vote. Je vais relire l’extrait que j’ai cité tout à l’heure, de la professeure Carol Anderson, qui a écrit un ouvrage sur le suffrage universel intitulé One Person, No Vote. Voici ce qu’elle a écrit: « Le moyen le plus utilisé pour entraver la participation électorale […] est l’adoption de lois sur l’identification des électeurs. En restreignant le nombre de documents pouvant être présentés comme preuve de résidence, on vise souvent à entraver le droit de vote. »
En empêchant les gens d’utiliser la carte d’identification de l’électeur comme preuve d’identité, la prétendue Loi sur l’intégrité des élections leur complique tout simplement les choses, si bien que certains d’entre eux, frustrés d’avoir à surmonter le moindre obstacle pour exercer leur droit de vote, préfèrent s’abstenir. Nous savons que c’est parfois ce qui se passe dans l’esprit des gens. De plus, la Loi sur l’intégrité des élections interdisait au directeur général des élections de promouvoir la participation des électeurs. Cette autre modification apportée à la Loi électorale du Canada vise aussi à dissuader les électeurs de voter. Je me réjouis que le projet de loi propose une orientation carrément opposée afin d’encourager la participation démocratique, en facilitant l’exercice du droit de vote plutôt qu’en l’entravant. Je vais donner quelques exemples.
Le projet de loi encourage les électeurs à voter, et ce, de plusieurs façons.
Premièrement, il autorise à nouveau l’utilisation de la carte d’identification de l’électeur. Cela ne signifie pas qu’il suffira aux gens de se rendre au bureau de vote et de présenter leur carte pour pouvoir voter. Ils devront faire la preuve qu’ils sont bien la personne qu’ils prétendent être. Généralement, il faut, pour cela, présenter une deuxième pièce d’identité.
Deuxièmement, le projet de loi propose de faciliter l’exercice du droit de vote en permettant aux employés qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée de servir de répondants pour plusieurs résidents à la fois, ce qui tombe sous le sens. Dans un établissement de soins de longue durée, il y a généralement une ou deux personnes qui s’occupent régulièrement d’un certain nombre de résidents. Ils connaissent donc bien ces gens-là, ils connaissent leurs familles, et savent pas mal de choses sur leur vie personnelle. Il est donc tout à fait normal de permettre à ces gens-là de servir de répondants pour plusieurs résidents à la fois. C’est une modification qui tombe sous le sens.
Le projet de loi propose d’autoriser le directeur général des élections à organiser des campagnes de sensibilisation pour encourager les gens à voter. Prétendre que le directeur général des élections va favoriser un parti plutôt qu’un autre fait partie des théories du complot qui ont été avancées pendant le débat sur la modification de la Loi électorale du Canada.
Le projet de loi propose de créer un registre national des futurs électeurs, afin d’encourager les jeunes à participer au processus électoral le plus tôt possible, bien avant d’avoir l’âge de voter. Cela tombe sous le sens. Il y a à peine une heure, j’ai rencontré des élèves de l'école secondaire St. Thomas, dans ma circonscription. Ils devaient avoir 15 ou 16 ans. Quand je leur ai parlé de ce registre, ils se sont montrés très intéressés, tout comme leurs professeurs d’ailleurs, par l’idée de pouvoir s’inscrire avant d’avoir l’âge de voter.
Troisièmement, le projet de loi propose d’accroître la participation électorale en permettant au million de Canadiens expatriés d’exercer leur droit de vote. Ils ne seront plus assujettis à l’obligation de résider à l’étranger depuis moins de cinq années consécutives, et ils ne seront plus tenus d’avoir l’intention de revenir un jour vivre au Canada pour pouvoir exercer leur droit de vote.
Enfin et surtout, le projet de loi propose de simplifier et d’accélérer le scrutin en permettant aux électeurs de voter à n’importe quelle table du bureau de vote, plutôt que d’attendre à la table qui leur a été attribuée.
Nous voulons également faciliter l’exercice du droit de vote en faisant une utilisation plus fréquente des bureaux de scrutin mobiles, pour le vote par anticipation, afin de mieux desservir les collectivités éloignées, isolées ou peu peuplées. Nous voulons encourager les gens à exercer leur droit de vote.
Quant aux personnes handicapées, nous proposons, et c’est bien normal, de leur faciliter les choses. Jusqu’à présent, seules les personnes souffrant de handicaps physiques pouvaient demander de l’aide au bureau de scrutin. Le projet de loi propose que toutes les personnes handicapées puissent demander de l’aide, qu’elles souffrent d’un handicap physique ou intellectuel. Elles pourront se faire aider par une personne de leur choix, ce qui n’est pas possible à l’heure actuelle.
Les personnes souffrant d’un handicap sont généralement accompagnées d’un proche qu’elles connaissent bien. Au bureau de scrutin, elles pourront se faire aider par lui, plutôt que par une autre personne qui leur est imposée d’office, ce qui est parfois intimidant pour certains.
À l’heure actuelle, un certificat de transfert ne peut être dispensé qu’aux personnes souffrant de handicaps physiques, lorsque le bureau de scrutin n’est pas accessible en fauteuil roulant. Le projet de loi permettra de dispenser ce certificat à toute personne souffrant d’un handicap, quelle que soit la nature de son handicap et quel que soit le niveau d’accessibilité du bureau de scrutin. De plus, le commissaire d’Élections Canada aura toute latitude pour définir une procédure de demande de certificat qui ne soit pas trop compliquée pour un électeur souffrant d’un handicap.
La procédure qui permet actuellement aux personnes souffrant d’un handicap de voter à domicile sera maintenue, quelle que soit la nature ou la gravité du handicap.
Enfin, le projet de loi propose de fixer un remboursement maximum de 5 000 $ pour chaque candidat et de 250 000 $ pour chaque parti politique qui prendront des mesures particulières pour faciliter l’exercice du droit de vote des personnes handicapées et pour réduire les obstacles à leur participation au processus démocratique.
Je suis très fier des valeurs progressistes que prône le projet de loi en ce qui concerne l’exercice du droit de vote des personnes handicapées.
Le projet de loi renforce la protection du système électoral contre la fraude, y compris contre les fausses informations véhiculées par les nouvelles technologies numériques, comme c’est arrivé récemment. Plus particulièrement, le projet de loi confère au commissaire d’Élections Canada le pouvoir de demander à un juge une ordonnance exigeant un témoignage, afin de pouvoir diligenter des enquêtes approfondies, et il lui confère également le pouvoir de déposer des accusations.
Le projet de loi renforce la protection du système électoral contre la fraude et il facilite l’exercice du droit de vote. J’en suis très fier, en tant que Canadien et en tant que député.
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Madame la Présidente, je vais commencer par revenir à quelque chose que j’ai formulé tout à l’heure sous la forme d’une question. Le gouvernement du Canada bénéficie de larges appuis concernant un grand nombre de mesures prévues dans ce projet de loi, que ce soit de la part des députés néodémocrates, de la chef du Parti vert ou d’Élections Canada. Nous avons écouté ce que les Canadiens avaient à dire sur l’importance de notre système électoral dans chaque région du pays. Je pense que la ministre a fort bien réussi à faire la synthèse des opinions et à proposer à la Chambre une modernisation de la Loi électorale du Canada, qui avait besoin d’être renforcée.
Aujourd’hui, Élections Canada est connu dans le monde entier en tant que solide chef de file. Beaucoup de pays nous considèrent comme un modèle à suivre lorsqu’il s’agit d’organiser des élections indépendantes, car ils savent qu’Élections Canada s’acquitte parfaitement de sa responsabilité, en toute indépendance.
La ministre a présenté le projet de loi, qui a fait l’objet d’un bon débat avant d’être renvoyé au comité. Contrairement au gouvernement précédent, qui n’écoutait ni les députés de l’opposition ni même Élections Canada, nous avons accepté beaucoup d’amendements. Ces amendements provenaient des conservateurs et des néodémocrates. La chef du Parti vert nous a apporté une contribution précieuse. Les députés de la majorité ont écouté ce que les parties prenantes avaient à dire, notamment Élections Canada, ce qui a permis au gouvernement de présenter un grand nombre d’amendements à l’étape de l'étude par le comité. Nous avons maintenant un bien meilleur projet de loi, grâce à toutes ces contributions.
Les néodémocrates vous diront que leurs amendements ont été plus souvent rejetés qu'acceptés. Or, ce n'étaient pas tous de bons amendements, et ils n’ont pas tous étés rejetés. Certains nécessitaient un examen un peu plus approfondi, par exemple.
Les conservateurs, quant à eux, voulaient revenir à la situation antérieure, ce que nous ne souhaitions pas, tout comme les Canadiens d’ailleurs. Le meilleur exemple, on vient d’en parler, est celui de la carte d'information de l’électeur. Les Canadiens reçoivent une carte d’information de l’électeur, qui leur est envoyée par la poste ou qui leur est remise, avec leur nom et leur adresse. La carte leur indique à quel endroit ils doivent voter. Un grand nombre de Canadiens, dont je fais partie, conservent la carte. Ils pensent qu’ils peuvent s’en servir pour faire la preuve de leur identité. Pourquoi pas? Élections Canada n’y voit pas de problème. Les députés du Parti vert et du Nouveau Parti démocratique n’y voient pas de problème non plus. Stephen Harper et les conservateurs sont les seuls à y voir un problème.
Même avec un nouveau chef, le Parti conservateur n’a pas changé. Quelle est la différence entre le parti de Stephen Harper et celui du nouveau chef? Les conservateurs ne veulent pas que les Canadiens utilisent une carte fournie par Élections Canada, un organisme réputé dans le monde entier pour son indépendance. Pour une raison que j’ignore, les conservateurs ne veulent pas que les Canadiens puissent se servir de cette carte, car ils ne lui font pas confiance. Les conservateurs devraient avoir honte de dénigrer un outil tout à fait impartial et extrêmement important pour la démocratie.
Le projet de loi contribue grandement à moderniser le système électoral. Nous rendons ce système plus accessible aux Canadiens souffrant d'un handicap, aux aidants naturels et aux membres des Forces armées canadiennes. Nous redonnons le droit de vote à plus d'un million de Canadiens vivant à l'étranger.
Ce que je trouve intéressant, c’est que nous avons d’un côté les conservateurs, qui sont d'une grande transparence, et de l’autre côté, les néo-démocrates, qui essaient de camoufler leur véritable objectif politique. Permettez-moi de vous expliquer. Les conservateurs ont démontré aujourd’hui, comme ils l’ont fait devant le Comité pendant de nombreuses heures et de nombreux jours, qu’ils veulent non seulement voter contre ce projet de loi, mais qu’ils feront tout leur possible pour l’empêcher de voir le jour. Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour faire obstruction à un projet de loi. Donnez-moi 12 ou 14 députés, et je pourrais retarder un projet de loi pendant des semaines. Nul besoin d’être un génie pour le faire. Les conservateurs ont décidé qu’ils ne voulaient en aucun cas que ce projet de loi soit adopté.
Les néo-démocrates disent qu’ils appuient le projet de loi, mais que le gouvernement ne devrait en aucun cas se servir des outils dont il dispose pour en garantir l'adoption. Si les conservateurs étaient au pouvoir, ce projet de loi ne serait jamais adopté. Nous en débattrions jusqu’après les prochaines élections fédérales. Les conservateurs ont au moins le mérite de se montrer transparents. Les néo-démocrates, eux, essaient de se faire passer pour de grands démocrates, alors qu’ils n’ont aucunement l’intention de faciliter l'adoption de ce projet de loi. Ils devraient avoir honte parce qu’ils essaient constamment de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas.
Ce n’est pas la première fois que les néo-démocrates procèdent de la sorte. Ils laissent entendre que j'aurais milité contre le recours aux motions d'attribution de temps. Ce que les néo-démocrates ne disent pas, c’est qu’à de nombreuses occasions, lorsque notre parti était au troisième rang, à la Chambre des communes, j’ai dit que les motions d'attribution de temps étaient parfois nécessaires. Sans cela, une opposition irresponsable pourrait empêcher le gouvernement de faire ce qui est important pour les Canadiens.
Les néo-démocrates et les conservateurs se demandent pourquoi nous avons attendu aussi longtemps. Nous n’avons pas attendu longtemps. Nous avons mis en chantier ce projet de loi il y a longtemps. Nous lui avons enfin fait franchir l’étape de l’étude par le comité. D’autres projets de loi doivent être étudiés également. Le gouvernement a un programme législatif assez chargé depuis le premier jour de son mandat.
Dès le début, nous avons mis au programme législatif l’allégement fiscal pour la classe moyenne du Canada, mesure contre laquelle les deux partis de l’opposition ont voté. Aujourd’hui, nous voulons renforcer l'institution démocratique qu'est Élections Canada. En fin de compte, c’est précisément ce que fait le projet de loi. Je crois que plus de 80 % des recommandations d’Élections Canada sont effectivement mises en oeuvre.
Plutôt que de reconnaître le projet de loi pour ce qu’il est, une mesure législative qui reflète très bien ce que les Canadiens veulent voir en matière de réforme électorale, une mesure législative qui réunit la grande majorité des recommandations de cet organisme indépendant, l’opposition officielle veut revenir à l’époque de Stephen Harper et empêcher l’adoption de cette mesure législative à tout prix.
Quant aux néo-démocrates, ils se livrent à des manoeuvres politiques: ils donnent l'impression de vouloir que le projet de loi soit adopté, mais ils sont prêts à se joindre aux conservateurs pour appuyer une obstruction systématique qui, au bout du compte, reporterait l'adoption de cette mesure après les prochaines élections fédérales.
J’estime que les Canadiens méritent mieux. Si les députés veulent appuyer une démocratie plus saine, ils doivent non seulement appuyer le projet de loi, mais aussi faire en sorte qu’il soit adopté rapidement.
Les gens d’Élections Canada ont été très clairs quant à leur capacité de donner suite au projet de loi, étant donné les nombreuses heures et les nombreux jours que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre à consacrés à l'étude de cette mesure législative.
Le gouvernement s’est fermement engagé à moderniser la Loi électorale. Que les conservateurs le veuillent ou non, nous allons le faire et nous espérons continuer de profiter de l’appui du Parti vert et de nos estimés collègues néo-démocrates.
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Monsieur le Président, pour faire changement, je vais prononcer la totalité de mon allocution sans crier ni vociférer, pas même une seule fois. Nous verrons si cela donnera le ton pour le reste du débat. Je trouvais que les choses se passaient plutôt bien jusqu’à la dernière intervention, mais les choses ont quelque peu déraillé.
J’aimerais d’abord faire quelques commentaires qui n’ont rien à voir avec le projet de loi .
Je veux d’abord attirer l'attention sur le coquelicot que je porte à la boutonnière. C’est une tradition que les députés perpétuent depuis quelques années, de porter des coquelicots différents de ceux offerts par la légion. Parfois, ce sont des coquelicots autochtones. Parfois, ils ont une autre signification. Celui que je porte est fabriqué par les membres de l’auxiliaire féminin de la légion de Perth, et les fonds recueillis sont versés directement à la légion locale.
Je veux également prendre un moment pour parler d’un sujet qui me tient à coeur, puisque je n’ai pas pu le faire à un autre moment. C’est la question de la liberté de religion et du droit de pratiquer sa religion en sécurité et en paix. Je parle évidemment de la tragédie survenue samedi dernier à la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, en Pennsylvanie. J’ai présidé un comité parlementaire multipartite sur l’antisémitisme; au terme de notre étude, j’ai cosigné, avec mon collègue libéral, un livre sur l’antisémitisme. C’est la pire manifestation antisémite que nous ayons vue ces dernières années sur notre continent. Comme tous les députés, je suis de tout coeur avec les personnes éprouvées.
J'ai un dernier commentaire à faire avant de passer au sujet qui nous occupe. J’ai été informé de cette tragédie par un courriel envoyé par un groupe islamique appelé LaunchGood, qui collecte des fonds pour les gens touchés par ce genre de tragédies. Habituellement, c’est la communauté musulmane qui est frappée par ces drames. Il y a un an, avec un groupe de personnes, dont des députés, j’ai participé à la campagne de LaunchGood pour recueillir des fonds pour un des survivants de la tuerie à la mosquée de Québec. Cette fois-ci, le groupe recueille des fonds au nom des victimes de la tuerie à la synagogue. Cela démontre la générosité et l’esprit qui animent les grandes religions du monde et ceux qui vivent profondément leur foi.
Tout cela n’a rien à voir avec le projet de loi , dont je vais maintenant débattre. Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de . Comme moi, c'est un survivant de la cohorte de 2000. Le nom de sa circonscription sera toujours plus approprié avec le temps, puisque tous ceux d’entre nous qui sont ici depuis l’an 2000 développent une patte d’oie, ou crowfoot, toujours plus marquée au coin des yeux. J’ai eu beaucoup de plaisir à servir avec lui et avec les autres vétérans.
En débattant du projet de loi , je vais me pencher sur plusieurs questions liées à la manière dont le gouvernement a attendu la dernière minute pour enfin se mettre à la tâche. On sent maintenant une certaine panique, parce que le gouvernement craint de ne pouvoir respecter les délais requis pour que cette mesure soit en vigueur avant les prochaines élections. On aurait vraiment pu éviter ce retard. Mais je reviendrai là-dessus si le temps me le permet.
D'entrée de jeu, je parle d’un problème qui s’est manifesté aujourd’hui et qui concerne l’amendement à la motion dont la Chambre est saisie. Cet amendement, proposé par mon collègue néo-démocrate, demande le renvoi du projet de loi au comité pour régler la question des élections partielles.
On fait maintenant campagne en vue d'une élection partielle dans la circonscription située au sud de la mienne, où a servi mon estimé collègue, le regretté Gord Brown. Il était mon voisin de banquette. Il est décédé cette année. Le a attendu la toute fin du délai requis pour déclencher une élection partielle dans cette circonscription. Autrement dit, les résidants de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes n’ont pas de représentant depuis bien trop longtemps. Le premier ministre devrait avoir honte.
Le a négligé de déclencher plusieurs élections partielles pour combler des sièges vacants, notamment celui de Burnaby-Sud, dont le candidat néo-démocrate est le chef actuel du NPD, Jagmeet Singh. Le premier ministre ne peut avoir qu’un objectif pour retarder ces élections partielles, non parce qu’il a été pris au dépourvu par cette situation ou parce que quelque chose l’en a empêché. L’ancien député de Burnaby-Sud, M. Kennedy Stewart, notre ancien collègue, a démissionné le 14 septembre. Toutefois, le 2 août, il avait annoncé publiquement qu'il avait informé par écrit le Président de la Chambre de sa démission. Au mois de mai déjà, il avait déclaré ouvertement qu’il allait démissionner. Quatre mois se sont écoulés depuis. On aurait dû tout de suite déclencher les élections partielles.
Je ne vois qu’une raison de retarder ces élections. Repensez à toutes les déclarations hypocrites du qui se prétend maintenant un grand défenseur de la démocratie. Il a retardé ces élections pour que Jagmeet Singh ne puisse occuper un siège à la Chambre qu’à la dernière minute.
Pourquoi le agirait-il ainsi? Parce que cette tactique neutralise très efficacement les chefs des partis de l’opposition. Nous en avons constaté l’efficacité pendant l’année de mon élection. Cette même année, mon collègue de a été élu. Nous avons été élus le 27 novembre 2000. Des élections surprises ont été déclenchées à la mi-octobre 2000. Notre ancien chef, Stockwell Day, venait d’être élu aux élections partielles du 11 septembre 2000. Il est venu à la Chambre, il s’est mis à participer aux débats, et quand le premier ministre a entendu ses critiques mordantes, il a déclenché des élections pour le neutraliser avant qu’il ne devienne trop efficace.
Le ne peut plus facilement changer la date des élections, mais il a la possibilité de faire tarder les choses, de retarder le déclenchement d’élections partielles afin que Jagmeet Singh ne puisse pas venir ici pour défendre efficacement les causes auxquelles il croit et commence à aller chercher l’appui des libéraux de la gauche, comme notre chef l’a fait de façon très efficace avec ceux de la droite. C’est un affront à la démocratie.
Peu m’importe le nombre de regards sincères que le jette à la caméra lorsqu’il explique sa prétendue motivation. En fait, il sabote un élément vital de la démocratie parlementaire. Il est vraiment nécessaire de nous attaquer à ce problème, d’empêcher ce genre d’abus, particulièrement lorsqu’il s’agit de l’élection de chefs de parti à la Chambre des communes.
Nous avons toujours eu l’habitude de faire preuve d’une certaine courtoisie. À mon avis, Jean Chrétien avait commis un abus flagrant en faisant fi de cette pratique lorsqu’il a déclenché des élections surprises en 2000. Cependant, ce n’était rien comparé à un premier ministre qui semble avoir comme unique but de retarder indéfiniment les élections partielles. C’est déplorable quelles que soient les circonstances, et ce l’est encore plus lorsque c’est le qui agit ainsi.
Je me permets de parler brièvement de l’urgence d’adopter ce projet de loi et de la nécessité de recourir à l’attribution de temps. En novembre 2016, les libéraux ont présenté le projet de loi sur la réforme électorale, mais ils n'en ont jamais fait avancer l'étude. Plus d’un an plus tard, ils proposent le remplacement du projet de loi C-33 par le projet de loi , une mesure qui contient essentiellement les mêmes éléments et quelques ajouts.
Ce retard d’un an n’est pas attribuable à l’opposition, mais bien au gouvernement. Le gouvernement se justifie en disant que l’opposition faisait constamment de l’obstruction au comité et l’empêchait de faire avancer les choses. Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre, auquel je siège, s’est réuni au printemps pour étudier le projet de loi, puis il s’est réuni de nouveau à la mi-septembre, lorsque la Chambre a repris ses travaux.
Le comité ne s’est pas réuni de tout l'été. Il aurait pu se rencontrer. Rien n’empêche un comité de siéger pendant l’été. En fait, il y a quelques années, un autre comité auquel je siégeais, le comité sur la réforme électorale, s’est réuni pendant tout l’été. L’été dernier, bon nombre de comités ont siégé. Certains se sont rencontrés à plusieurs reprises. Le comité qui étudie le projet de loi aurait pu faire de même. Ce n’est pas la faute des partis de l’opposition, c’est la faute du gouvernement.
Si on remonte encore plus loin, le gouvernement aurait pu présenter ce projet de loi beaucoup plus tôt. Il a préféré s’occuper de sa réforme électorale, qui changerait notre mode de scrutin, et il y a eu des audiences à ce sujet. Il a retardé cela pendant une bonne partie de l’année afin de laisser passer assez de temps pour qu’un seul mode de scrutin puisse être présenté et mis en place à temps pour l’élection de 2019, c’est-à-dire le système de vote préférentiel, parce qu’il n’exige pas de redécoupage.
À partir de là, il y a eu un retard d’environ deux ans et demi sur les trois années qui se sont écoulées jusqu’à maintenant. Tout cela est donc dû aux retards causés par le gouvernement. Le gouvernement a essayé de dire qu’il devrait imposer la clôture, limiter le débat sur un projet de loi de 300 pages, parce qu’on s’est traîné les pieds. Ma réponse à cela est que je ne suis pas responsable, pas plus que la population canadienne, d’une crise causée par la mauvaise gestion du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi .
La journée d’aujourd’hui a été particulièrement chargée en émotions sur la Colline parlementaire. Nous venons d’avoir une réunion de comité avec des parents qui ont perdu un enfant à la naissance ou pendant la grossesse. À écouter leurs témoignages, un grand nombre d’entre nous en ont eu les larmes aux yeux.
Cet après-midi, nous examinons un projet de loi qui vise à modifier la Loi électorale du Canada. C’est dire que nous sommes amenés à étudier toutes sortes de choses au Parlement. Ce matin, nous avons écouté les témoignages de gens qui étaient dans la peine et, cet après-midi, nous examinons un projet de loi qui revient pratiquement à donner l’avantage au Parti libéral.
Je me permets de dire, en passant, que je déplore sincèrement qu’un grand nombre de mes collègues soient privés de la possibilité de prendre eux aussi la parole, étant donné que le gouvernement libéral a décidé d’imposer l’attribution de temps pour l’examen de ce projet de loi. Le droit de prendre la parole pendant une durée raisonnable pour relayer le point de vue de ses concitoyens est pourtant un droit fondamental des députés, un principe démocratique sur lequel est fondée la Chambre des communes. Cependant, certains de mes collègues en sont privés.
C’est pour cette raison que notre parti s’oppose catégoriquement à la manœuvre évidente et irrespectueuse des libéraux. Limiter le débat est irrespectueux à l’égard des députés et, surtout, des Canadiens qui veulent se faire entendre sur le sujet en cause.
Je suis convaincu que les Canadiens puniront à juste titre le gouvernement libéral de les avoir contraints au silence sur un sujet aussi important que la réforme électorale. Les élections sont la pierre angulaire de notre démocratie, et la façon dont nous les organisons est déterminante. Pourtant, les Canadiens ont été contraints au silence.
Je suis également convaincu que les Canadiens vont s’opposer fortement au projet de loi dont nous sommes saisis, car ce qui est proposé laisse notre système électoral vulnérable à des ingérences étrangères. C'est à l’avantage du Parti libéral. En effet, beaucoup soupçonnent que lors des élections fédérales de 2015, c'est grâce à une ingérence étrangère que des candidats libéraux ont battu leurs adversaires dans plusieurs circonscriptions clés.
La vitesse à laquelle les libéraux essaient de faire adopter ce projet de loi au Parlement, un an avant les élections de 2019, montre bien qu’ils sont pressés de sortir vainqueurs grâce à un petit coup de pouce supplémentaire. Je crois sincèrement que chaque vote exprimé par un citoyen canadien compte. Je vais par conséquent continuer à travailler avec mes collègues conservateurs pour empêcher toute entité étrangère de saper nos institutions démocratiques et notamment cet exercice éminemment fondamental que constituent les élections.
Comme mon collègue de l'a souligné vendredi dernier, le projet de loi fera doubler le montant total maximal que pourront dépenser les tiers pendant la période électorale et il autorisera les contributions illimitées de la part de donateurs et d'autres personnes, des dépenses illimitées de tiers et des dons étrangers illimités en dehors des périodes préélectorale et électorale. Concrètement, cette échappatoire permettra à des organismes de bienfaisance étrangers de donner des millions de dollars en devises étrangères à des organismes de bienfaisance canadiens, et ces millions de dollars, comme mes collègues l'ont mentionné, peuvent être transférés en dollars canadiens à des tiers afin d'appuyer ou de contrecarrer les efforts des partis ou des candidats.
Les Canadiens méritent de savoir d'où provient l'argent destiné aux élections, et il incombe au gouvernement libéral de veiller à ce que les tiers soient totalement transparents et qu'il n'y ait aucune ingérence étrangère indue. Le projet de loi échoue lamentablement à ce chapitre.
Il appartient aussi au gouvernement de veiller à ce que les électeurs non résidents ne soient pas traités de la même façon que les résidents permanents, qui sont touchés quotidiennement par les règlements, les décisions, les réalités économiques et les formalités administratives du gouvernement. Les personnes qui vivent au Canada doivent composer avec tous ces règlements. Permettre aux électeurs non résidents de voter, peu importe depuis combien de temps ils vivent à l'extérieur du Canada ou s'ils ont l'intention d'y revenir, est tout simplement inacceptable.
Jusqu'en 1993, la plupart des non-résidents ne pouvaient pas voter lors d'élections canadiennes. À partir de ce moment, on a accordé le droit de vote, par la poste, aux expatriés qui vivent à l'étranger depuis moins de cinq ans et qui ont l'intention de se réinstaller ici. Je suis tout à fait d'accord avec la règle imposant une limite à moins de cinq ans, mais ce n'est évidemment pas le cas du gouvernement libéral. Je pense encore une fois que les libéraux s'y opposent principalement parce qu'ils cherchent à se donner un avantage.
Par conséquent, la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui ne se contente pas de renouveler le droit de vote aux expatriés à court terme parce que les libéraux pensent que c'est à leur avantage. Selon le projet de loi , quiconque a déjà vécu au Canada pourrait voter. À la suite de la présentation du projet de loi , la mouture précédente du projet de loi C-76, le South China Morning Post a publié un article en novembre 2016 qui disait ceci: « En théorie, [les nouvelles règles] incluraient la majorité des 300 000 Canadiens qui vivent à Hong Kong, dont la plupart sont des émigrants rapatriés et leurs enfants. Beaucoup d'habitants de Hong Kong ont immigré au Canada avant la rétrocession de 1997. Un grand nombre sont maintenant de retour avec une double citoyenneté. »
L'article donne l'exemple de la rétrocession de Hong Kong à la Chine continentale, un événement qui a entraîné l'immigration de nombreuses personnes au Canada et dans d'autres pays. Bon nombre d'entre elles sont depuis retournées à Hong Kong. Le même article fait ensuite état des points de vue divergents de deux habitants de Hong Kong. Le premier est un fonctionnaire qui approche de la retraite et qui a passé 11 ans au Canada avant de quitter le pays en 1995. Il a dit ceci:
Le droit de vote est un honneur qui me motivera à accorder plus d'attention aux nouvelles politiques canadiennes parce que des membres de ma famille vivent toujours au Canada et je passerai plus de temps au pays après ma retraite.
Il indique dans l'article qu'il voterait au Canada au moment des élections s'il en avait le droit.
Le même article établit une comparaison avec un enseignant au secondaire de 39 ans qui vit à Hong Kong, mais qui est né au Canada. Celui-ci a dit qu'il ne voterait pas pour la raison suivante:
J'ai seulement vécu au Canada pendant 10 ans lorsque j'étais jeune. Je ne suis pas très au courant de la politique canadienne et je n'ai pas suivi de près les nouvelles du pays, j'estime donc qu'il serait irresponsable de ma part de voter.
Je suis d'accord avec lui. Ce serait irresponsable, tout comme il est irresponsable de la part du gouvernement libéral actuel de supprimer la règle qui permet uniquement aux non-résidents de voter quand ils résident à l'étranger depuis moins de cinq ans. Cela ouvrira la voie à des abus. Il est irresponsable de laisser voter des gens qui ne sont pas conscients des enjeux nationaux, ne connaissent pas les candidats et ne sont pas au courant de la réalité canadienne parce que leur pays de résidence est leur véritable pays, celui auquel ils sont attachés. C'est le cas de cet enseignant de 39 ans, qui a passé 29 ans de sa vie à l'extérieur du Canada.
Une autre mesure dans le projet de loi qui rendrait le processus démocratique canadien vulnérable aux abus est l'autorisation d'utiliser la carte d’identification de l’électeur comme pièce d'identité. Lors de la dernière élection en 2015, près de 1 million de cartes erronées ont été distribuées, augmentant ainsi énormément les risques de fraude électorale. Je ne peux pas appuyer un projet de loi qui pourrait compromettre l'intégrité de notre système électoral hautement respecté parce que les cartes d'identification de l'électeur sont acceptées comme pièces d'identité, alors que nous savons que parmi les 16 ou 17 millions de personnes qui ont eu le droit de voter lors des dernières élections, plus d'un million avaient des cartes erronées.
Ce que le gouvernement tente d'inscrire dans le projet de loi nuit à l'intégrité des élections et aux principes mêmes de la démocratie. Je tiens à prévenir les Canadiens. Si les libéraux sont prêts à enlever les droits d'autres personnes pour faire avancer leur cause, que seront-ils prêts à enlever aux Canadiens à l'avenir?
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est avec fierté que je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada.
Nous sommes chanceux de vivre dans l'une des démocraties les plus rigoureuses au monde. Le Canada est reconnu pour son profond respect des droits de la personne et des principes d'égalité et de liberté. Toutefois, c'est grâce aux efforts que nous déployons continuellement pour renforcer la démocratie que cette dernière est aussi solide, et c'est exactement ce qui est proposé dans ce projet de loi.
Après un examen minutieux de la Loi électorale du Canada, le directeur général des élections a formulé plus de 130 recommandations sur les moyens d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie. Les comités de la Chambre des communes et du Sénat ont tous deux examiné ces mesures en détail. Le gouvernement du Canada, en tenant compte de l'opinion d'experts partout au pays, a présenté cette mesure législative dans le but de moderniser la Loi électorale du Canada. Ce projet de loi amènera le système électoral canadien au XIXe siècle. Grâce au projet de loi , les Canadiens auront plus de facilité à voter, les élections seront plus faciles à administrer et il sera plus facile de protéger les Canadiens de personnes ou d'organismes qui chercheraient à influencer leur vote.
Un élément essentiel du projet de loi à l'étude vient éliminer les modifications apportées par l'ancien gouvernement conservateur de M. Harper, qui avaient pour effet d'affaiblir les élections et de créer des obstacles à l'exercice du droit de vote. C'est sur la démocratie ouverte et le droit de vote que repose la force du Canada. Toute tentative d'affaiblir notre système électoral affaiblit du même coup notre nation. Nous avons besoin d'un électorat plus engagé, d'une participation accrue aux élections et d'un processus électoral équitable, afin que les décisions que nous prenons ici, à la Chambre des communes, représentent vraiment l'ensemble du pays et que l'institution électorale ait la confiance des électeurs.
Les conservateurs ont tenté à maintes reprises de faire passer leur désir de pouvoir avant la nécessité de protéger et de renforcer les droits des Canadiens. Le projet de loi à l'étude mettra un terme à ces tentatives.
Comme je l'ai déjà dit, la mesure proposée tient compte de plus de 130 recommandations formulées par le directeur général des élections, après les dernières élections fédérales, ainsi que des études approfondies faites par les comités. Je mentionnerai rapidement certains de ces changements.
Premièrement, nous apportons plusieurs changements importants qui contribueront à renforcer la démocratie canadienne et la confiance des Canadiens envers les institutions électorales. Ainsi, nous interdisons les dons provenant de l'étranger et nous interdisons à des groupes de l'étranger de faire de la publicité pendant nos campagnes. Nous prolongeons également la période préélectorale, afin que ces groupes étrangers aient moins d'occasions d'influencer les électeurs à l'approche des élections. De plus, de nouvelles mesures empêcheront la publication de fausses déclarations visant à influencer les résultats électoraux, et éviteront que des robots politiques s'ingèrent dans le processus, comme cela s'est produit dans d'autres pays.
Deuxièmement, nous prenons des mesures pour que les jeunes Canadiens participent en plus grand nombre aux élections. En effet, le projet de loi prévoit la création d'une liste de futurs électeurs, qui permettra à Élections Canada de préinscrire les jeunes de 14 à 17 ans en prévision des futures élections.
Élections Canada administrera la liste et inscrira des jeunes pour leur envoyer de l’information sur le processus électoral jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de voter. De fait, cette semaine, mon fils de 14 ans me posait des questions sur le processus électoral. Ses camarades de classe et lui débattaient de deux questions différentes. Toute sa classe est très engagée dans ce qui se passe sur la scène fédérale et aussi sur la scène provinciale. Cela aidera des personnes comme Arjan à participer davantage et à se préparer à voter, à 18 ans.
C’est un changement dicté par le bon sens, que tous les députés devraient appuyer. Les jeunes sont notre avenir. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour les aider et les encourager à voter, et c’est ce que fera le projet de loi. Beaucoup de travaux et d’études indiquent clairement que, si nous les sensibilisons au processus électoral à un jeune âge, les jeunes sont plus susceptibles de voter lorsqu’ils arrivent à l’âge de voter. À partir de ce moment-là, ils seront plus enclins à continuer de voter.
Troisièmement, nous allons éliminer les obstacles que les conservateurs ont dressés pour empêcher les Canadiens à l’étranger de voter. Le gouvernement conservateur de Harper a enlevé ce droit à plus d’un million de Canadiens. Nous croyons que chaque citoyen a un rôle à jouer dans notre pays, et nous devons nous assurer qu’il pourra faire entendre sa voix.
Quatrièmement, pour accroître la participation et faciliter le vote des Canadiens, grâce à ce projet de loi, nous permettrons aux Canadiens d’utiliser leur carte d’information de l’électeur comme pièce d’identité légitime aux bureaux de scrutin, afin que personne ne puisse voter à cause de règles encombrantes qui visent à empêcher les électeurs de voter.
Enfin, le projet de loi modernisera complètement nos lois électorales, notamment en prolongeant les heures d’ouverture des bureaux de vote par anticipation et en permettant la transmission électronique des bulletins de vote spéciaux. Les bureaux de vote par anticipation devront demeurer ouverts pour une période de 12 heures pendant les quatre jours du vote par anticipation.
Si les trousses de bulletin de vote spécial sont accessibles par voie électronique, l’électeur pourra recevoir son bulletin de vote par voie électronique avec des instructions sur la façon de retourner le bulletin imprimé de manière à garantir l’intégrité et le secret du vote.
Ce projet de loi permettra également à l’électeur de voter à n’importe laquelle des tables d’un bureau de scrutin plutôt que d’attendre à la table particulière assignée à sa section de vote. Cela obligera Élections Canada à prévoir un minimum de technologie dans les bureaux de scrutin pour gérer la liste électorale.
Cela améliorera l’expérience des électeurs en simplifiant le vote et en réduisant sensiblement le temps d’attente le jour des élections, ainsi que les jours de vote par anticipation.
Nous croyons que ces changements sont importants. Nous formons un gouvernement qui encourage les Canadiens à participer au processus électoral et qui cherche à dégager un consensus parce que, comme le dit souvent le , le député de Papineau, il y a plus de choses qui nous unissent qu'il n'y en a qui nous divisent.
J’espère que tous les députés se joindront à moi pour appuyer ces réformes sensées qui renforceront notre démocratie, rendront nos élections plus justes et plus accessibles et, ce faisant, rendront notre pays beaucoup plus fort.
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Monsieur le Président, je me demande ce que je peux dire après cela. C'était un échange à la fois vigoureux et intelligent qui, si j'ose dire, me pousse à me surpasser. Je vais m'y efforcer. Je ne sais pas si j'y arriverai, mais nous savons que les Britanno-Colombiens de la vallée du bas Fraser sont bien représentés.
Je remercie mes collègues de nous donner leur avis à ce sujet. Comme nous sommes à l'étape de la troisième lecture, nous sommes sur le point de renvoyer le projet de loi au Sénat. J'espère qu'il y sera bien accueilli.
En ce qui me concerne, le cheminement se poursuit depuis longtemps. Pour ma part, il a commencé avec la présentation du projet de loi , lors de la dernière législature. À l'époque, on l'appelait la Loi sur l'intégrité des élections. Son titre a fait beaucoup de bruit, évidemment, et bien des gens ont fait des blagues à ce sujet. Nombre d'entre nous estimaient qu'elle manquait d'intégrité à bien des égards. Quelques-unes des modifications apportées étaient certainement acceptables, mais, de façon générale, les dispositions posaient problème. À mon humble avis, nous nous efforçons maintenant de corriger certaines erreurs commises dans le projet de loi C-23.
Il y a quatre grands thèmes dans le projet de loi . Nous parlons de changements apportés aux dépenses faites par les tiers. C'est très important: c'est un sujet dans l'ère du temps en politique, partout dans le monde. Les États-Unis se débattent avec ce problème tous les ans et pas seulement tous les quatre ans. C'est à peu près la même chose en Europe, où il faut suivre à la trace les dépenses des tiers pour voir comment ils entendent influer sur les élections. Ce projet de loi contribuerait à remédier fortement à ce problème, beaucoup plus fortement que ce qui a été fait dans le passé.
Le projet de loi décrit notamment les activités politiques et autres pour lesquelles on est en droit de faire des dépenses. Aujourd'hui, les moyens de communication sont très variés: après les sondages des débuts sont venus des sondages tendancieux et tout ce genre de choses, et il faut aussi faire avec les médias sociaux. Dans le passé, la publicité se limitait aux journaux, à la radio et à la télévision. Maintenant, les médias sociaux véhiculent toutes sortes de publicité et il est devenu beaucoup plus difficile de retracer les dépenses en la matière. Avoir tous ces éléments dans cette mesure législative serait donc d'une grande aide.
Par exemple, dans le passé, nous avons toujours parlé de la question de la publicité. À l'heure actuelle, nous devons nous pencher sur trois éléments de la loi: la publicité électorale, comme je l'ai mentionné; les activités politiques comme les assemblées populaires et des événements du même genre; et les sondages électoraux, qui visent à obtenir de l'information, notamment sur les dépenses de sondage, pour la communiquer aux candidats et aux organisateurs de campagne.
Le deuxième volet du projet de loi vise à réduire les obstacles à la participation et à accroître l'accessibilité au processus électoral. À mon avis, les mesures d'accessibilité mises de l'avant dans ce projet de loi sont essentielles. Je reviendrai là-dessus dans un moment. Par ailleurs, la question de la réduction des obstacles à la participation, en particulier l'utilisation de la carte d'information de l'électeur, est revenue sur le tapis à maintes reprises. Je reviendrai également là-dessus un peu plus tard. Pour ce qui est de la modernisation des services de vote, j'ai déjà fait mention des progrès technologiques. Aujourd'hui, la technologie est de plus en plus présente dans tous les aspects de la vie, pas uniquement dans le cadre de campagnes électorales. D'autres modifications portent sur la protection de la vie privée et des renseignements personnels.
En ce qui concerne les tiers, ce que nous ferions ici, c’est élargir la portée des activités des tiers. Un tiers devra s’inscrire auprès du DGE, ce que nous jugeons nécessaire. S’il dépense plus de 500 $, le tiers devra être enregistré et faire l’objet d’un suivi. Il s'agit aussi des dépenses de publicité, comme je l’ai mentionné, des activités partisanes et des sondages électoraux.
Deux périodes serviraient à mesurer cela. Il y aura une période préélectorale et une période électorale, du déclenchement des élections jusqu’au jour du scrutin. Il est très important de saisir ce qui se passera pendant la période préélectorale dans ce projet de loi, parce que nous voulons suivre l’incidence que cela aura sur les élections elles-mêmes. Les dépenses des tiers me semblent importantes. L’interdiction des dépenses provenant de l’étranger a également été évoquée. Je suis ici depuis 14 ans, et cette question est sérieusement soulevée lorsqu’on parle de la participation étrangère à nos élections. Ce n’est pas courant au point de constituer un problème majeur, mais cela pourrait le devenir. Le libellé du projet de loi réduira considérablement cette activité.
Pour être précis, il s’agira des personnes qui ne résident pas au Canada. Cela inclut les sociétés qui n’exploitent pas d’entreprise au Canada ou qui ne sont pas constituées au Canada et les groupes dont la personne responsable ne réside pas au Canada. Cela définit l’entité par l’entremise de laquelle les dépenses des tiers sont effectuées.
J’aimerais passer à un autre sujet qui est également abordé dans le projet de loi et qui constitue un pas en avant. Il s’agit du registre des futurs électeurs. De nombreuses administrations dans le monde, et même au Canada, s’intéressent aux électeurs avant qu’ils aient atteint l’âge de voter, soit 18 ans. Elles les inscrivent dans un registre pour que, lorsqu’ils atteindront l’âge de 18 ans, cela simplifie le processus. Toutefois, ce que le processus fait vraiment, c’est d’intégrer les jeunes pour qu’ils participent aux élections elles-mêmes. Ce n’est pas comme quand on participe à une élection à l’école. En fait, ils s’inscrivent afin d’être beaucoup plus prêts et beaucoup plus conscients, à l’arrivée des élections, de la façon dont on s’inscrit pour participer. Il s’agit du droit de vote après tout. En vertu de la Charte, les jeunes ont le droit d’exercer ce droit jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 18 ans.
Il y a des provinces et des territoires au Canada qui le font à l’heure actuelle. Je parle de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, de l’Ontario et du Yukon. Ailleurs dans le monde, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Argentine ont tous un processus permettant d’inscrire les jeunes électeurs avant qu'ils aient l’âge de voter.
C’est normal. Au sein des principaux partis politiques à la Chambre, on peut voter pour un chef dès l’âge de 14 ans. Par conséquent, si les partis inscrivent des personnes de cet âge pour voter, Élections Canada, qui est d’accord pour ce faire et qui semble tout aussi enthousiaste que moi à cet égard, devrait certainement en faire autant. D'ailleurs, les représentants de l'organisme participent maintenant au processus. Voilà un autre élément du projet de loi qui était attendu depuis longtemps. Nous allons mettre en place cette mesure.
En ce qui concerne l’accessibilité des bureaux de vote, il faut améliorer les amendements visant à faciliter le vote des personnes ayant besoin d’aide. Nous comptons sur les amis ou les parents pour les aider à marquer leur bulletin de vote. Il serait également plus facile d'agir comme répondant dans les résidences pour personnes âgées. Le droit de vote et l’accès à un bureau de vote sont des droits inaliénables pour les Canadiens et doivent être inscrits dans la loi. L’accès au bureau de vote doit être amélioré grâce à la Loi électorale du Canada.
L’autre aspect concernant les personnes ayant une déficience touche aux dépenses et à la façon dont nous les effectuons. L’argent dépensé pour les personnes ayant des déficiences peut être inclus dans les dépenses électorales, sans être calculé dans le plafond de dépenses. Par conséquent, nous pouvons être remboursés pour les dépenses encourues pour les personnes ayant des déficiences, mais cela ne rentre pas dans le calcul du plafond global des dépenses. C’est le genre de mesure législative qui pourrait aider grandement. Cette mesure peut sembler mineure pour beaucoup d’entre nous, mais elle ne l'est pas si l’on fait campagne pour une personne ayant une déficience.
L’article 5 rétablit le pouvoir du directeur général des élections d’éduquer et d’informer le public. C’était une erreur flagrante dans le projet de loi , l’ancienne Loi sur l’intégrité des élections, qui enlevait ce pouvoir à Élections Canada. Le problème, c’est qu’Élections Canada ne pouvait pas donner d'information au public sur le vote, le processus et la démocratie. Il devait cantonner à un groupe particulier, les jeunes. Il n’y a rien de mal à cela, cela va continuer, mais maintenant Élections Canada pourra aller plus loin et donner de l'information à la population au sujet de la démocratie et du scrutin. Cela aiderait à encourager la participation à la vie démocratique auprès des citoyens canadiens de plus de 18 ans qui n'y participent pas. C'est donc essentiel.
L’autre partie porte sur la carte d’information de l’électeur. Combien de fois voyons-nous des gens placer la carte d’information de l’électeur sur la porte de leur réfrigérateur jusqu’au jour du scrutin? Certains l’apportaient comme pièce d’identité pour aller voter, mais étaient priés de rebrousser chemin parce qu’il ne s’agit pas d’une pièce d’identité. Pour moi, ce n'était pas correct. Par conséquent, je suis heureux de voir que nous rétablissons la carte d’information de l’électeur comme pièce d’identité valide. Le problème avec le projet de loi était qu'à bien des égards il était une solution à un problème qui n’existait pas. Les problèmes entourant la carte d’information de l’électeur étaient dérisoires, mais on n'en a pas moins jugé qu'elle était inutile. Pour moi, c’était une erreur flagrante, alors je suis heureux de voir que la carte retrouve son rôle dans tous ses aspects.
Enfin, je me réjouis de voir que le commissaire aux élections fédérales est de retour à Élections Canada et qu’il ne relève plus du Bureau des poursuites pénales du Canada.
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Monsieur le Président, aujourd’hui, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Des élections impartiales et libres sont le fondement de notre démocratie, ce dont tous les Canadiens peuvent et devraient être fiers. Nous savons tous que chaque citoyen canadien a le droit de voter et que la protection de l’impartialité du système est un devoir civique qui intéresse l’ensemble des parlementaires et des Canadiens. C’est pourquoi le projet de loi est si troublant, car au lieu de renforcer l’intégrité de notre processus électoral, il l’affaiblit.
Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est la proposition visant à permettre que les cartes d’information de l’électeur servent de carte d’identité valide. Lors des élections de 2015, il y a eu de graves problèmes avec les cartes d’information de l’électeur, environ un million de cartes d’information de l’électeur ayant des renseignements inexacts. Cela comprenait des cas de cartes portant le mauvais nom ou dirigeant les électeurs vers le mauvais bureau de vote. Il y a même eu des cas où des cartes ont été envoyées par la poste à des personnes qui n’avaient pas le droit de voter, ce qui est très grave.
Les problèmes vécus lors des élections de 2015 n’étaient pas ponctuels. Selon Marc Mayrand, alors directeur général des élections du Canada, ces problèmes étaient normaux et conformes à ce qui s’était passé auparavant.
Plus récemment, le Toronto Sun a rapporté qu’Élections Canada avait incité une demandeuse d’asile qui n’est au Canada que depuis 18 mois à s’inscrire pour voter. La lettre d’Élections Canada disait à la femme de s’inscrire d’ici le 23 octobre, précisant qu’en s’inscrivant à l’avance, elle s'assurait de figurer sur la liste électorale. Le problème, c’est que cette femme ne devrait pas figurer sur la liste électorale parce qu’elle n’a pas le droit de vote. Son mari, qui n’a pas non plus sa citoyenneté, a dit qu’il ne s’agissait pas d’un incident isolé. Il a dit au Toronto Sun que certains de ses amis, qui sont au Canada grâce à des permis de travail, ont également été invités à s’inscrire pour voter même s’ils ne sont pas admissibles eux non plus.
Élections Canada continue d’éprouver de sérieuses difficultés à s’assurer que ses renseignements sont exacts. Il est absolument insensé de se fier à la carte d’information de l’électeur comme pièce d’identité valide, d’autant plus qu’il existe de nombreuses autres sources d’identification qui sont facilement accessibles et qui ne sont pas sujettes à de telles erreurs.
Selon le système actuel utilisé par Élections Canada, il existe plus de 30 pièces d’identité acceptables. On peut utiliser comme seule source d’identification un permis de conduire, une carte d’identité provinciale ou territoriale ou toute autre pièce d’identité gouvernementale avec photo et adresse. En combinaison, une personne pourrait utiliser une carte d’assurance-maladie, un passeport, un certificat de naissance, un certificat de citoyenneté canadienne, un relevé bancaire, un relevé de prestations gouvernementales, une cotisation d’impôt sur le revenu, un bail de location ou de sous-location résidentiel, une facture de service public, une étiquette sur une ordonnance, ou encore une attestation de résidence d’une école, d’un refuge, d’une résidence pour personnes âgées ou d’une Première Nation. Ce ne sont là que quelques-unes des options possibles.
Ce projet de loi ne traite pas non plus de l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes. Tous les Canadiens peuvent convenir que l’influence étrangère dans toute élection démocratique est une grave préoccupation et nous devons absolument l’interdire. Il est vraiment décevant que le gouvernement ait omis de régler un problème aussi important dans son projet de loi.
Ironiquement, les Canadiens ont probablement entendu parler davantage d’allégations d’ingérence dans les élections américaines de 2016 que de l’influence étrangère qui s’est exercée lors des dernières élections fédérales canadiennes. Au cours de l’élection générale de 2015, des groupes de pression de gauche, dont l’un s’appelait Leadnow, avec l’appui de la fondation Tides des États-Unis, ont ciblé 29 circonscriptions fédérales et dépensé des sommes considérables pour influencer le résultat de nos élections. La fondation Tides a également apporté son soutien à plus de 14 autres tiers enregistrés.
Le problème, c’est qu’en vertu des règles actuelles, cela est en quelque sorte acceptable en raison d’une lacune dans la loi. Mais encore une fois, selon l’ancien directeur général des élections Marc Mayrand, une fois que les fonds étrangers sont utilisés dans le cadre des activités de l’organisation au Canada, ils deviennent les fonds de l’organisation canadienne. C’est ainsi que la loi est structurée à l’heure actuelle, et les organisations peuvent utiliser ces fonds entre les campagnes électorales ou au cours de celles-ci.
En fin de compte, cela signifie qu’en vertu des règles actuelles, les tiers n’ont aucune restriction quant à l’utilisation des fonds étrangers pendant les élections. J’assure à la Chambre que les citoyens de ma circonscription ne pensent pas que cela soit acceptable de quelque façon que ce soit.
Je me demande pourquoi mes collègues d’en face laissent cette échappatoire en place. J’ai l’impression que mettre fin à cette échappatoire serait une priorité beaucoup plus grande pour eux si l’argent ne leur avait pas profité directement lors des dernières élections.
Si un tiers enregistré souhaite intervenir dans une élection canadienne, il ne devrait le faire qu’avec de l’argent recueilli par les Canadiens. C'est particulièrement important en raison de l’augmentation marquée de l’enregistrement des tiers et de leur rôle dans les élections canadiennes.
Ssi on compare les élections de 2011 et de 2015, on voit que les tiers enregistrés ont plus que doublé, passant de 55 à 115 organisations, et les dépenses publicitaires des tiers ont été multipliées par 6, passant de 1,25 million à 6 millions de dollars. Au lieu de s’attaquer à ce problème, le projet de loi l’aggraverait de plusieurs façons.
En vertu de la loi, les plafonds de dépenses des tiers pendant la période électorale seront doublés pour chaque tiers enregistré. Cela signifie aussi que plus d’argent étranger pourrait être utilisé pour les élections canadiennes.
Ce projet de loi est également muet sur les contributions illimitées des donateurs individuels. Comme nous le savons tous, les dons aux partis politiques sont maintenant limités à 1 575 $ par année. Les dons des entreprises et des syndicats, comme nous le savons, sont totalement interdits, comme ils devraient l’être. Cependant, il n’y a aucune limite aux dons à des tiers enregistrés en dehors des périodes préélectorales et électorales, ce qui semble totalement injustifiable. Pendant ces périodes, les tiers peuvent recevoir un financement illimité de la part de particuliers, de sociétés et de syndicats, qu’ils soient étrangers ou canadiens.
Si le but des plafonds des contributions politiques est de faire en sorte que le vote de tous les Canadiens ait un poids égal lors des élections, ces plafonds ne devraient-ils pas être également applicables aux tiers enregistrés? C’est ce qu’on pourrait penser. En ne limitant pas les dons à des tiers enregistrés, certains donateurs, même des donateurs étrangers, pourront se faire entendre beaucoup plus que les autres Canadiens, ce qui est tout simplement inacceptable.
En termes simples, les élections canadiennes devraient porter sur les Canadiens, être menées par les Canadiens et être pour les Canadiens. Le projet de loi ne favorise pas cet objectif et ne devrait pas obtenir notre appui.
Les Canadiens méritent et exigent un processus électoral équitable.
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Monsieur le Président, la tenue d'élections libres et justes constitue un élément fondamental de la démocratie canadienne. Malheureusement, le dossier des institutions démocratiques est un échec sur toute la ligne depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux.
Une des principales promesses qu'ils ont faites aux dernières élections était que les élections de 2015 seraient les dernières à être tenues selon le système majoritaire uninominal à un tour. Il n'y avait pas d'astérisque. Il n'y avait pas d'avertissement. Il n'y avait pas de passage en petits caractères où on indiquait que ce serait les dernières élections selon le système majoritaire uninominal à un tour, à moins, bien entendu, qu'ils n'obtiennent pas le genre de système électoral qui serait à leur avantage, celui qu'ils voulaient, « ils » étant le Parti libéral.
Pas d'astérisque. Pas de petits caractères. Malgré cela, les libéraux sont revenus sur leur parole et ils ont blâmé tout le monde pour leur échec. Ils ont blâmé l'opposition. Ils ont même blâmé le comité. Ils ont blâmé le comité multipartite, qui était parvenu à un consensus. Ils ont blâmé ce comité, qui comprenait des députés libéraux, pour son échec. Ils ont blâmé la population de ne pas être arrivée à un consensus clair sur le choix d'un autre système électoral. Or, l'échec appartient au Parti libéral. Cet échec est, et restera, celui du Parti libéral.
Pendant que les libéraux faisaient piètre figure au comité sur la réforme électorale, ils ont présenté le projet de loi et affirmé qu'il mettrait en oeuvre plusieurs des recommandations formulées par le directeur général des élections à la suite des élections de 2015. Voici les faits. Le projet de loi C-33 a été déposé en première lecture le 24 novembre 2016, il y a près de deux ans. À l'heure actuelle, il en est toujours à l'étape de la première lecture, oublié et négligé. Il y a lieu de se demander pourquoi le gouvernement libéral actuel a jugé bon de le présenter puis de le laisser dormir à l'étape de la première lecture sans jamais le mettre au programme des débats de cette auguste Chambre.
Lorsqu'il a témoigné devant le comité, M. Paul Thomas, éminent universitaire spécialiste des sciences politiques, a remis en question les intentions du Parti libéral en ces termes:
Le gouvernement a très mal géré ce dossier, à mon avis, et le fait que le projet de loi [C-33] ait langui au Feuilleton pendant 18 mois montre bien qu’il n’était pas très déterminé à aller de l’avant [...].
C'est exactement ce qui s'est produit, pourtant. Les libéraux ont présenté ce projet de loi pour bien paraître, puis ils l'ont laissé languir.
Ils ont aussi échoué à d'autres égards dans le dossier des institutions démocratiques. Prenons la pratique de l’accès privilégié à des ministres en échange de dons, par exemple, et les manquements à l’éthique du Parti libéral en matière de collecte de fonds. Le gouvernement libéral avait à peine prêté serment qu’il se servait déjà de ses ministres pour recueillir des fonds, faisant appel à des lobbyistes enregistrés pour faire pression sur leurs propres ministres afin d’obtenir des fonds grâce à eux. Plutôt que d’admettre qu’ils avaient tort de faire des collectes de fonds en offrant un accès privilégié à des ministres fédéraux, les libéraux ont tenté de légitimer cette pratique en présentant le projet de loi . Évidemment, fidèles à leurs habitudes, ils ont laissé une énorme échappatoire, ce que nous appelons l’échappatoire du Club Laurier, permettant à leurs donateurs libéraux bien nantis de continuer à avoir un accès sans entrave aux décideurs libéraux, tant que cet accès se produit lors des activités du Club Laurier. Ils auraient tout aussi bien pu appeler cette disposition l’échappatoire du Club Laurier, parce que c’est exactement ce que c’est. Plutôt que de s’attaquer au problème éthique que constitue l'accès à des ministres de premier plan en retour de dons politiques, les libéraux ont simplement présenté un projet de loi pour essayer de légitimer leurs mauvaises pratiques.
Les échecs des libéraux ne s’arrêtent pas là. Ils ont même échoué dans le processus de nomination du directeur général des élections, la personne chargée de veiller à ce que nos élections se déroulent sans heurt et de façon appropriée, sans aucune ingérence.
L’ancien directeur général des élections, qui a eu beaucoup de mérite et de prévoyance, a annoncé qu’il prendrait une retraite anticipée. Il l’a annoncé au printemps 2016 pour permettre à son successeur de se familiariser avec le poste et de se préparer à l’élection de 2019. Toutefois, à la fin de décembre 2016, lorsqu’il a officiellement démissionné et pris sa retraite à titre de directeur général des élections, il n’y avait aucun remplaçant en vue. En fait, il n’y a eu aucun remplacement avant ce printemps, près de deux ans après que M. Mayrand eut annoncé sa retraite
Même lorsqu’ils ont finalement remplacé le directeur général des élections, les libéraux n'ont pas pu faire autrement que d'échouer lamentablement. Les médias ont signalé qu’un nouveau directeur général des élections avait été choisi le 4 avril 2018. Ils ont noté que quelqu’un avait été choisi et que les consultations avaient été faites avec le et le chef du troisième parti.
Pourtant, des semaines plus tard, nous avons appris que le nom qui avait circulé dans les médias et qui avait été annoncé à l’opposition n’était en fait pas celui du nouveau directeur général des élections. C’est plutôt le très compétent directeur général des élections par intérim qui a été nommé comme remplaçant permanent. Je me demande comment les libéraux ont pu attendre près de deux ans pour nommer la personne qui faisait déjà le travail. C’est un autre exemple de l’échec du gouvernement libéral dans le dossier des institutions démocratiques.
Voilà qui nous amène au projet de loi . L'ancien directeur général des élections et son successeur ont tous les deux clairement indiqué qu'il fallait présenter et mettre en oeuvre le projet de loi sans tarder, afin qu'on soit fin prêt pour les prochaines élections. En fait, lorsque Stéphane Perrault, le directeur général des élections — alors par intérim, maintenant officiellement en poste — a comparu devant le comité, le 24 avril 2018, il a déclaré:
Lors de ma dernière comparution en février, j'ai indiqué que la fenêtre d'opportunité pour mettre en oeuvre des changements majeurs à temps pour les prochaines élections générales rétrécissait rapidement. Ce message n'avait rien de nouveau: M. Mayrand et moi-même avions déjà indiqué que les changements législatifs devaient être adoptés avant avril 2018. Cela signifie que nous sommes maintenant au point où la mise en oeuvre de nouvelles dispositions législatives comportera vraisemblablement certains compromis.
Qu'ont fait les libéraux? Ils se sont tourné les pouces pendant près de trois ans avant de présenter enfin le projet de loi le 30 avril 2018, le jour où, selon le directeur général des élections, il aurait fallu promulguer le projet de loi, sanction royale en poche. Les libéraux ne l'ont présenté que le 30 avril, en s'attendant à ce que l'opposition et le troisième parti restent les bras croisés et permettent l'adoption rapide du projet de loi.
Nous ne pouvons pas faire comme si le débat que nous avons dans cette enceinte ne tombait pas sous le coup du couperet de l'attribution de temps. Franchement, je suis choqué, parce que c'est le Parti libéral et le qui ont présenté et appuyé une motion qui aurait modifié le paragraphe 78 du Règlement comme suit:
Aucune motion prévue par un alinéa du présent article ne peut être invoquée pour attribuer un certain nombre de jours ou d'heures aux délibérations relatives à tout projet de loi visant à modifier la Loi électorale du Canada ou la Loi sur le Parlement du Canada.
Nous voilà aux prises avec un projet de loi qui compte 401 articles et 352 pages. En présentant 65 amendements lors de l'étude en comité, le Parti libéral lui-même a admis qu'il était imparfait: il a, en effet, ainsi reconnu qu'après avoir attendu trois ans, il en précipitait l'adoption à la dernière minute pour montrer qu'il avait fait quelque chose. Il a, par ailleurs, essayé de rectifier sa propre mesure législative l'été dernier.
Ce travail reste à faire au Sénat, à l'autre endroit. Je me demande sur quels amendements il va s'appuyer pour répondre aux préoccupations qui ont été soulevées à propos de cette mesure législative.
Cette mesure législative est mauvaise, et nous voterons contre.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux de pouvoir m'exprimer au sujet du projet de loi , Loi sur la modernisation des élections.
Je m’en voudrais de ne pas souligner l’importance de ce projet de loi pour ma circonscription, Oakville. L’un des sujets les plus importants qui ont été soulevés en 2015 était celui des électeurs qui se sentaient privés de leur droit de vote en raison des modifications injustes apportées à la Loi électorale par les conservateurs. Les électeurs étaient mécontents des complications et des exigences supplémentaires liées au vote. Mon bureau reçoit encore des témoignages de Canadiens qui vivent à l'étranger et qui ne peuvent y exercer leur devoir de citoyen.
Par ce projet de loi, nous donnons suite aux promesses que le gouvernement a faites de renforcer la démocratie canadienne. Je suis fier d’appuyer un projet de loi qui rendra l'exercice du droit de vote plus pratique et plus accessible pour tous les Canadiens. Notre démocratie est plus forte lorsque le plus grand nombre possible de Canadiens y participe.
Le projet de loi propose des modifications législatives qui réduiront les obstacles à la participation de certains groupes de Canadiens, notamment les membres des Forces armées canadiennes et plus d’un million de Canadiens vivant à l’étranger. Nous modifions les règles pour les Canadiens vivant à l’étranger en supprimant les exigences établies par le gouvernement Harper selon lesquelles les électeurs non-résidents ne doivent pas avoir résidé à l’extérieur du Canada pendant plus de cinq années consécutives et doivent avoir l’intention de revenir un jour au Canada.
Je trouve ahurissant que certains citoyens canadiens soient toujours incapables de voter dans le système actuel même s’ils sont pleinement admissibles. Il est grand temps que les changements prévus dans le projet de loi soient apportés à la Loi électorale du Canada pour que le système électoral canadien entre dans le XXIe siècle.
Dans mon allocution d’aujourd’hui, j’aimerais me concentrer sur les mesures contenues dans le projet de loi qui contribueront selon moi à réduire les obstacles auxquels se heurtent les Canadiens souffrant d'un handicap et ceux qui prennent soin d’un membre de leur famille qui est jeune, malade ou handicapé et qui aimeraient être candidat à une élection. Le législatif est d'autant plus solide au Canada que l'on trouve à la Chambre des communes des personnes aux points de vue et aux origines variés. Les mesures que contient le projet de loi à cet égard aideraient de nouvelles voix à se faire entendre.
Se présenter aux élections fédérales exige un très grand effort, et je pense que tous les députés en conviendront. Non contents de devoir répondre dans le feu de l'action aux exigences d’une campagne électorale, certains de nos collègues, dans tous les partis, se sont présentés aux élections en élevant de jeunes enfants ou en s’occupant de membres de leur famille malades ou handicapés. Les pressions supplémentaires exercées par ce genre de responsabilités peuvent empêcher de nombreux Canadiens compétents, intelligents et passionnés, de se présenter aux élections. C’est une grande perte pour la Chambre et pour notre pays. En aidant les Canadiens à assumer le coût des services fournis aux membres de leur famille qui sont jeunes, malades ou handicapés, nous pouvons faire en sorte que chaque Canadien soit davantage en mesure de se porter candidat en vue de représenter sa circonscription fédérale.
J’ai hâte de voir comment ces changements permettront de faire entendre des voix nouvelles et sous-représentées à la Chambre des communes. Comme parlementaires, nous avons la responsabilité de créer des lois pour tous les Canadiens. Il est tout à fait logique que la Chambre des communes soit composée de gens qui représentent la diversité des expériences vécues par les Canadiens.
Je rappelle qu’en 2010, le Canada a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. L’une des obligations de la Convention consiste à permettre aux personnes handicapées de participer effectivement et pleinement à la vie politique et publique, sur un pied d’égalité avec les autres citoyens. Cela englobe le droit de vote et le droit d’être élu.
Dans son rapport sur l'élection générale de 2015, le directeur général des élections a souligné que les personnes handicapées représentaient un pourcentage croissant des électeurs et qu'elles devaient surmonter des obstacles particuliers pour aller voter. En collaboration avec un comité consultatif sur les questions touchant les personnes handicapées, Élections Canada a élaboré et étudié divers outils et procédures afin d'aider les personnes handicapées à voter par scrutin secret et de manière aussi indépendante que possible. Le directeur général des élections a aussi fait part de façons d'accroître la participation des personnes handicapées à la vie démocratique, comme assister aux débats et être candidat aux élections, par exemple.
Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre a effectué un examen très rigoureux du rapport du directeur général des élections sur la 42e élection générale. Nombre des recommandations formulées, que le comité permanent a d'ailleurs appuyées à l'unanimité, se trouvent dans ce projet de loi.
Actuellement, la Loi électorale prévoit qu'un fonctionnaire électoral peut seulement aider les électeurs ayant une limitation fonctionnelle. La loi stipule, par exemple que « [l]e scrutateur remet un gabarit à l’électeur ayant une déficience visuelle qui en fait la demande afin de lui permettre de marquer son bulletin de vote. » Au titre du présent projet de loi, les électeurs pourront recevoir une aide, peu importe la nature de leur handicap, que ce dernier soit visuel, intellectuel ou cognitif.
Dans sa forme actuelle, la loi utilise les termes « accès de plain-pied » pour définir l’accessibilité aux bureaux de scrutin, par exemple, l’installation de rampes pour les fauteuils roulants. Cette notion tient compte des besoins des personnes à mobilité réduite. Dans le projet de loi dont nous sommes saisis, l’expression « accès de plain-pied » serait remplacée par la notion d’accessibilité, qui inclurait une vaste gamme de déficiences, dont la déficience visuelle.
La loi continuerait de permettre l’utilisation de lieux ne répondant pas aux critères d'accessibilité établis si le directeur général des élections n’a pas été en mesure de trouver des locaux convenables. Le cas échéant, les personnes handicapées pourraient se prévaloir de diverses mesures. Par exemple, elles pourraient obtenir un certificat de transfert leur permettant d’aller voter dans un autre bureau de vote. En vertu de la loi actuelle, les certificats de transfert sont délivrés à des personnes ayant une limitation fonctionnelle lorsque leur bureau de scrutin n’est pas accessible. L’amendement au projet de loi ferait en sorte que des certificats seraient délivrés, peu importe la nature du handicap et le degré d’accessibilité du bureau de scrutin.
De plus, le directeur général des élections pourrait déterminer, à son gré, de quelle manière se déroulerait le processus de vote. Les personnes handicapées auraient également la possibilité de voter à leur domicile. Ce projet de loi étendrait cette option à toute personne ayant un handicap, quelle qu’en soit la nature ou la gravité.
Le directeur général des élections lance parfois des projets pilotes pour étudier de meilleures façons de servir les Canadiens, par exemple pour rendre les bureaux de scrutin plus accessibles. Ce projet de loi nous ferait revenir au mécanisme en place avant l’adoption de la Loi sur l’intégrité des élections du gouvernement Harper, lorsque les projets pilotes nécessitaient l’approbation des comités concernés de la Chambre et du Sénat et non de la totalité des membres des deux Chambres.
Ce projet de loi élargirait l’aide pouvant être fournie par une personne choisie par l’électeur. En vertu de la loi actuelle, une personne handicapée peut demander à un ami ou un membre de sa famille de l’aider au bureau de scrutin. Ce soutien n’est pas disponible si elle souhaite voter au bureau du directeur général des élections. En vertu de ce projet de loi, si une personne handicapée vote au bureau du directeur général des élections, il pourrait compter sur l’assistance d’une personne de son choix.
Enfin, le projet de loi mettrait en oeuvre la recommandation du directeur général des élections, en conférant à Élections Canada un mandat clair de mettre à l’essai la technologie d’aide au vote à l’intention des personnes handicapées.
J’ai décrit en détail les mesures visant à éliminer les obstacles auxquels se heurtent les électeurs le jour des élections, mais ce projet de loi va plus loin en proposant des mesures qui aideront les personnes handicapées à participer plus largement à la vie démocratique.
Les partis politiques peuvent jouer un rôle important pour aider les personnes handicapées à jouer un rôle actif en rendant leurs campagnes accessibles, en recourant, par exemple, à des interprètes gestuels lors d’événements de campagne. Les documents de campagne pourraient être offerts en braille. Une rampe pourrait être installée pour accéder aux bureaux de campagne. Mais tout cela coûte de l’argent. Pour encourager les partis politiques et les candidats à faire ces aménagements, le projet de loi prévoit le remboursement des coûts liés à l’accessibilité aux documents et aux événements de la campagne, jusqu’à concurrence de 250 000 $ pour les partis politiques et de 5 000 $ pour les candidats.
Le projet de loi contient d’autres mesures qui encourageraient un plus grand nombre de personnes handicapées ou de personnes qui doivent prendre soin de personnes handicapées à poser leur candidature. À l’heure actuelle, les dépenses personnelles supplémentaires associées à ces handicaps doivent être traitées comme des dépenses de campagne. En vertu du projet de loi dont nous sommes saisis, les candidats auraient la possibilité d’utiliser leurs propres fonds pour payer ces coûts, y compris les frais de garde d’enfants et d’autres dépenses pertinentes liées aux soins à domicile ou aux soins de santé. Le taux de remboursement de ces dépenses passerait à 90 % et serait exempté du plafond des dépenses électorales.
Je tiens à féliciter la du travail qu’elle a accompli en collaboration avec la pour que ces dispositions importantes soient incluses dans le projet de loi.