:
Madame la présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Tout au long de la pandémie, nous nous sommes concentrés sur les personnes. Nous savions que la pandémie aurait entre autres pour conséquence que les gens ne seraient plus en mesure de payer leurs factures et qu'ils auraient du mal à mettre du pain sur la table. Pendant la pandémie, nous n'avons rien fait d'autre que de pousser le gouvernement à fournir plus d'aide à plus de personnes.
Nous savions au départ que l'assurance-emploi ne couvrirait pas suffisamment de Canadiens. Nous savions qu'elle ne s'applique qu'à 40 % de la population et qu'il fallait donc faire plus. Nous devions inciter le gouvernement à ne pas se contenter d'élargir l'accès à l'assurance-emploi.
Nous avons donc poussé le gouvernement à créer la Prestation canadienne d'urgence et à en fixer le montant à 2 000 $ par personne. Lorsque le a voulu supprimer cette prestation et laisser les familles dans l'incertitude quant à leur avenir, nous avons résisté et nous avons gagné. Cependant, nous ne sommes pas encore sortis de la pandémie. Nous devons encore faire plus.
[Français]
Tout au long de la pandémie, les gens ont eu du mal à payer leurs factures. Ils luttent pour nourrir leur famille et payer le loyer. Nous ne sommes pas encore sortis de la crise, de la pandémie. Les familles et notre économie ont besoin de soutien pour aller de l'avant.
[Traduction]
En août, une fois terminée la prolongation pour laquelle nous nous sommes battus bec et ongles, de nombreuses familles ne pourront toujours pas recommencer à travailler, pour la simple et bonne raison qu'il n'y aura pas d'emplois pour tout le monde. Les Canadiens, les familles, l'économie et le pays lui-même ont besoin que la Prestation canadienne d'urgence soit prolongée.
Quand ils réagiront au portrait économique présenté aujourd'hui, les conservateurs ne manqueront pas de nous resservir le même argument éculé selon lequel les programmes d'aide aux Canadiens doivent prendre fin. Quant aux libéraux, nous savons qu'ils se serviront de ce même portrait économique comme excuse pour couper dans l'aide aux Canadiens et aux familles qui en ont besoin.
Quoique très sérieux, ce portrait nous offre aussi un choix très important: chaque fois que le pays est en difficulté, le gouvernement — qu'il soit libéral ou conservateur — s'empresse de saigner et de pressurer avant tout les familles de travailleurs et les gens ordinaires. Il ne demande jamais aux mieux nantis, à ceux qui sont tout en haut de la pyramide, de payer leur juste part.
Si le gouvernement doit réduire les coûts, il devrait récupérer les milliards de dollars qu'il accorde en allégements fiscaux aux Canadiens les plus riches. Si le gouvernement doit réduire les coûts, et j'estime que c'est le cas, alors il devrait récupérer les milliards de dollars qu'on laisse filer dans des paradis fiscaux. Si le gouvernement doit accroître ses recettes, et j'estime que c'est le cas en cette période difficile, nous savons que des sociétés importantes ont engrangé d'énormes profits au cours de la pandémie, comme Netflix et Amazon, tout en ne payant presque pas d'impôt au Canada. Nous savons que les plus riches, ceux qui sont tout en haut de la pyramide, continuent d'amasser des fortunes, alors nous demandons au gouvernement d'instaurer un impôt sur la fortune applicable aux gens dont la fortune dépasse 20 millions de dollars.
Demandons aux plus riches de porter le poids de la pandémie et non aux familles et aux travailleurs, qui ont du mal à joindre les deux bouts.
[Français]
Nous allons entendre les conservateurs et les libéraux se servir de la mise à jour économique d'aujourd'hui comme excuse pour réduire le soutien dont les gens dépendent encore. Au lieu de chercher des moyens de réduire l'aide à ceux qui en ont le plus besoin, le et son gouvernement libéral doivent cesser de laisser les super riches éviter de payer leur juste part en leur accordant de gros cadeaux fiscaux et en les laissant cacher des milliards de dollars dans les paradis fiscaux. Si le gouvernement doit réduire les coûts, il devrait réduire les coûts des paradis fiscaux pour notre économie. En faisant de meilleurs choix, le gouvernement libéral pourrait faire payer leur juste part aux plus riches.
[Traduction]
Encore une fois, regardons les choix qui s’offrent à nous.
Dans une situation économique difficile, il faut faire des choix difficiles, mais, trop souvent, on choisit de couper dans les programmes et les services dont les familles dépendent et dont elles ont désespérément besoin. C’est ce que semblent choisir les gouvernements conservateurs et souvent les gouvernements libéraux. Ils procèdent rapidement à des coupes dans les services et les programmes sur lesquels les familles dans le besoin comptent désespérément.
Je vous propose de choisir autre chose. Au lieu de couper dans les services et les programmes destinés aux familles dans le besoin, le gouvernement devrait couper dans les cadeaux juteux qu’il consent aux plus riches. Le directeur parlementaire du budget vient de parler de 27 milliards de dollars ou plus cachés dans les paradis fiscaux à l’étranger. Nous savons que les Canadiens les plus fortunés s’enrichissent toujours plus. Agissons sur deux fronts: mettons fin à l’évitement fiscal à l’étranger et faisons le nécessaire pour que les Canadiens les plus riches, ceux qui possèdent plus de 20 millions de dollars, paient leur juste part d’impôts. Imposons les fortunes de plus de 20 millions et utilisons cet argent pour financer des programmes au lieu de couper dans les services dont les familles ont besoin.
Pour les néo-démocrates, le choix est clair. Nous serons toujours du côté des travailleurs. Nous serons toujours du côté des gens et nous ne prendrons jamais le parti des grosses sociétés puissantes ni des super riches.
Tout au long de la pandémie, nous avons entendu le et le gouvernement libéral prononcer de belles paroles. Même avant cela, ils ont dit de belles choses, mais, au bout du compte, ce ne fut que des mots vides. Je veux mettre en lumière ces choix et les paroles creuses du .
Nous avons exercé des pressions sur le gouvernement pour qu’il s’engage à venir en aide sans délai aux Canadiens vivant avec un handicap. Le a alors rendu public un plan qui n’a pas servi à tous les Canadiens des mois après qu'il ne se soit aucunement soucié d'aider les Canadiens handicapés. Les libéraux les ont totalement ignorés. Puis, quand ils ont présenté un plan, ils ne venaient pas en aide à toutes les personnes handicapées. En fait, le plan n’aidait même pas la majorité des Canadiens vivant avec un handicap.
Les libéraux avaient le choix. Ils auraient pu inclure dans leur plan des mesures pour tous ceux qui avaient besoin d’aide. Ils avaient le choix de venir en aide à tous les Canadiens handicapés. Le gouvernement libéral avait le choix, et il avait le temps d’élaborer un plan qui aurait permis de venir en aide à toutes les personnes dans le besoin: ceux qui reçoivent des prestations d’invalidité du RPC, les anciens combattants qui reçoivent du soutien, les étudiants et les bénéficiaires des programmes d’aide sociale des provinces ou des territoires.
Le gouvernement libéral a choisi de faire attendre les Canadiens handicapés. Alors qu’il disait à ces gens que l’aide allait tarder, il a pris des mesures immédiates pour venir à la rescousse des grandes sociétés, et ce, sans restrictions. Il n’a même pas limité l’aide à une société qui trichait ouvertement en ne payant pas sa juste part. D’autres pays ont banni ou refusé d’aider des sociétés qui recouraient à des paradis fiscaux à l’étranger, mais pas le Canada. Le gouvernement est venu en aide à de grosses sociétés au lieu d’aider les travailleurs. Il n’a pas limité son aide en plafonnant les primes versées aux PDG à un million de dollars, et il était prêt à donner de l’argent pour soutenir les grandes sociétés.
[Français]
Lorsqu'il s'agit de ses amis bien branchés, le ne s'arrête à rien. Cependant, lorsqu'il s'agit des personnes vivant avec un handicap, celles-ci attendent toujours que le gouvernement agisse.
[Traduction]
Je vais établir rapidement des comparaisons.
Comme je l'ai dit, on a demandé aux Canadiens handicapés d'attendre, alors que les amis du gouvernement au sein de l'organisme UNIS ont reçu 1 milliard de dollars en un clin d’œil. Le gouvernement et le prétendent être féministes, mais nous savons que les femmes ont été touchées de façon disproportionnée par la pandémie. Il ne peut pas y avoir de reprise économique si nous n'acceptons pas que la pandémie a des répercussions différentes en fonction du sexe, et que nous ne mettons pas en place un plan qui tient compte de ces différences. Cela signifie qu'il n'y aura pas de reprise économique sans investissement dans la garde d'enfants...
:
Madame la présidente, les Canadiens qui veulent se renseigner sur la présence des députés peuvent consulter le site de la Chambre des communes. Ils y verront les données de chaque parti et constateront même quel parti, dont je tairai le nom, n'a obtenu que 40 % de présences pendant le dernier mois. Le député qui vient d'intervenir pourrait peut-être défendre ce bilan, un de ces jours.
[Français]
J'ai le plaisir de parler aujourd'hui de la mise à jour économique.
Comme le chef du NPD vient de le faire avant moi, j'aimerais mentionner que nous ne pouvons pas affirmer que la stratégie mise en place inclut tout le monde puisque aucune mesure ne vise à aider les personnes handicapées à surmonter la pandémie. Près de 750 milliards de dollars ont été investis pour aider les banquiers, mais aucuns fonds n'ont été déployés pour l'ensemble des personnes handicapées, alors que 3 millions de Canadiens vivent avec un grave handicap. Il faut modifier cette mesure. Le gouvernement doit agir.
Je sais que le chef du NPD et l'ensemble de son caucus continuent de travailler à ce dossier. Nous devons offrir un soutien à toutes les personnes handicapées au pays.
[Traduction]
Je ne reprendrai pas les paroles très éloquentes du chef du NPD, qui a parlé du portrait économique et du fait que le gouvernement ne fait rien à propos des revenus dont le Canada a besoin pour faire des investissements qui aideront les gens. Il a été très éloquent. Ses paroles se suffisent.
Je souhaite, pour ma part, parler de la période que nous vivons actuellement. Le vient d'intervenir à la Chambre et de dire que tout le monde mettait la main à la pâte, que nous étions tous solidaires. Comme on a nommé à la Chambre beaucoup de groupes qui ont été négligés, il est évident que nous ne sommes pas encore tous solidaires et que le Canada ne prend pas les mesures qu'il devrait prendre durant cette pandémie.
Pour bien comprendre ce que nous devons faire maintenant et à l'avenir, nous pouvons examiner les précédents historiques de la grande génération de la Seconde Guerre mondiale. Tout comme aujourd'hui, dans les années 1920, il y avait au Canada d'incroyables iniquités. Il y avait une concentration de richesse qu'on n'a pas revue jusqu'ici. En 1929, cette iniquité avait atteint son sommet. Aujourd'hui, comme nous le savons, car le directeur parlementaire du budget nous en a informés, une tranche de 1 % des Canadiens possède autant de richesses que 80 % des autres Canadiens. La situation était la même en 1929, et c'est une des raisons qui ont mené à la crise des années 1930 et à l'effondrement de notre économie. Ensuite, les Canadiens sont partis outre-mer pour s'engager dans la guerre contre le fascisme. Beaucoup d'entre eux y ont laissé leur vie. Les noms de deux membres de ma famille sont inscrits sur le cénotaphe qui se trouve à New Westminster, devant l'hôtel de ville. Beaucoup d'autres familles partout au Canada ont également perdu des êtres chers.
Les gens de cette génération disaient qu'ils vivaient un moment charnière. Ils ne voulaient pas revenir à « avant » et à ses inégalités et ne voulaient pas revivre le terrible cataclysme économique qu'ils avaient vécu. Ils voulaient bâtir une société meilleure.
Je ne suis pas en train de dire que les gens de cette grande génération étaient parfaits. Ils n'ont rien fait pour remédier au passé colonialiste du pays ni pour se réconcilier avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Ils n'ont pas cherché à lutter contre le racisme systémique. Ils n'ont pas dénoncé ces réalités et ils n'ont rien fait pour les changer, et les effets dévastateurs de leur inaction se font sentir encore aujourd'hui.
Cela dit, même s'il étaient loin d'être parfaits, ils avaient une vision, une vision fondée sur l'investissement public afin que, dans toute la mesure du possible, personne ne soit laissé pour compte et que le pays devienne meilleur. Ils se sont attelés à la tâche.
Chez moi, à New Westminster, la maison où nous habitons, ma famille et moi, a été bâtie en 1948 et elle fait partie des 300 000 logements abordables qui ont été construits d'un océan à l'autre après la Seconde Guerre mondiale par ceux et celles qui formaient cette grande société. Ils ont décidé qu'ils ne reviendraient pas à la normale telle qu'ils la connaissaient. Ils ont décidé de bâtir une société meilleure, plus équitable et plus juste. Ils ont construit des logements abordables et ils ont doté le pays d'un vaste réseau d'hôpitaux et de centres de santé.
Comme nous le savons, la grande génération qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, également sous le leadership de Tommy Douglas, dans un Parlement en situation de gouvernement minoritaire comme celui-ci, a mis en place notre régime de santé universel, qui demeure aujourd’hui un pilier et l’une des choses dont les Canadiens sont les plus fiers.
Les néo-démocrates ont construit le système d’éducation à coup de collèges, d'universités et d'écoles secondaires. Nous avons construit des autoroutes et des systèmes de transport en commun. Nous avons mis en place des réseaux d’aqueduc à de nombreux endroits. Nous avons négligé les collectivités des Premières Nations, cela ne fait aucun doute, mais nous avons voulu construire une nouvelle normalité, meilleure que l’ancienne.
Nous sommes à une croisée des chemins semblable aujourd’hui. Comme le chef du NPD, le député de , l’a dit avec éloquence à la Chambre, nous devons construire une nouvelle normalité, une meilleure normalité. Nous devons nous inspirer de la grande génération de l’après-guerre et de la façon dont elle a réagi aux événements de l'époque.
Créer une nouvelle normalité, qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie de ne plus accepter l’idée que nous n’allons pas mettre réellement fin au colonialisme et en réalisant une réconciliation véritable et durable avec les membres des Premières Nations et les Métis.
Pour cela, nous devons nous battre. Le député de est le plus ardent défenseur de cette cause à la Chambre des communes. Nous devons combattre et éliminer le racisme systémique dans toutes nos institutions et dans notre société.
Nous devons nous inspirer de la grande génération pour faire les investissements publics nécessaires en veillant à ce que personne ne soit laissé-pour-compte, que ce soit les personnes handicapées, les collectivités des Premières Nations ou les familles monoparentales. Nous devons faire les investissements publics nécessaires pour que notre nouvelle normalité soit différente et bien meilleure que l’ancienne.
Les statistiques des dernières décennies, après que la grande génération a fini son travail, donnent à réfléchir. Les gouvernements qui se sont succédé, et je parle autant des libéraux que des conservateurs à cet égard, ont taillé en pièces tout ce qui avait été construit après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont taillé en pièces ce financement public, le régime fiscal équitable, dans lequel tout le monde, les riches comme les pauvres, payait sa juste part d’impôt et dans lequel les sociétés rentables ne pouvaient pas placer leur argent dans des paradis fiscaux. Ces sociétés faisaient plutôt des investissements publics ici. Tout cela a été taillé en pièces au cours des décennies suivantes.
Nous vivons actuellement une période de grands sacrifices. Nous voyons les travailleurs de première ligne en santé et les premiers répondants mettre leur vie en danger chaque jour. Nous avons vu la catastrophe de nos centres de soins de longue durée. Nous avons vu comment des gens sont intervenus, mais nous avons également vu les résultats horribles et les milliers de vies perdues au Canada.
Ces vies ne doivent pas avoir été perdues en vain. Cela veut dire que nous devons agir au cours de cette pandémie pour que personne ne soit laissé-pour-compte. Comme le député de l’a dit de façon éloquente il y a quelques minutes, cela commence par les personnes handicapées, qui n’ont reçu aucune aide pendant la pandémie.
Cela signifie également que nous devons participer à la phase de reconstruction. Nous devons créer une nouvelle normalité qui est bien meilleure que l'ancienne. Elle doit répondre aux besoins de tous les Canadiens, assurer une véritable réconciliation nationale avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, et éliminer le racisme systémique qui frappe notre pays, ainsi que tant d'autres.
Nous devons effectuer tous les investissements nécessaires à la reprise. Je parle notamment d'investissements dans la garde d'enfants, l'accès à l'éducation postsecondaire et la création d'emplois découlant de la transition vers une économie axée sur l'énergie propre, dont le député de Burnaby-Sud a aussi parlé avec beaucoup d'éloquence.
Nous devons créer une nouvelle normalité, et le caucus néo-démocrate est prêt à travailler avec tous les députés pour que le Canada soit un bien meilleur pays à la fin de la pandémie qu'il l'était à son commencement.
:
Madame la présidente, je tiens d'abord à mentionner que nous nous trouvons sur le territoire des Algonquins, et je veux encore une fois les remercier sincèrement de leur patience et de leur générosité.
Meegwetch.
Aujourd'hui, pour la première fois de l'histoire du Canada, nous examinons un portrait économique dressé et présenté par le ministre des Finances. Avant, on nous présentait des budgets complets, suivis d'énoncés économiques. Toutefois, je ne critiquerai pas la décision de nous présenter uniquement un portrait économique parce qu'il est difficile de savoir ce que l'on aurait pu faire de plus. C'est toujours plus utile d'avoir un maximum d'informations sur la situation économique, et de faire preuve d'un maximum de transparence. Il ne fait aucun doute que le s'est mis très fréquemment à la disposition de tous les partis à la Chambre en cette période où nous naviguons en mer inconnue.
Il n'y a rien eu de parfait. Il aurait beaucoup mieux valu agir plus rapidement, mais personne n'a jamais eu à surmonter une épreuve comme celle-ci, aucun gouvernement et aucune génération avant nous ne l'a fait. Certes, il y a eu la peste noire, mais il n'y avait pas de réunions sur Zoom à l'époque, et il était absolument impossible de se fixer un cap. Je dirais donc que, dans l'ensemble, nous nous tirons aussi bien d'affaire, et même mieux, que tout autre gouvernement ou pays dans le monde. Ce n'est quand même pas peu dire, mais le portrait économique qu'on nous présente est manifestement très morose.
Nous avons maintenant une dette de plus d'un billion de dollars et le déficit cette année s'élève à 343 milliards de dollars. Sortir de cette crise ne sera pas facile. Cela dit, il est évident que notre santé économique est intrinsèquement liée à notre santé personnelle.
[Français]
Comme il est dit dans le rapport, « le chemin vers la reprise demeure incertain et fondamentalement lié aux résultats en matière de santé publique, qui eux aussi sont incertains ». C'est clair maintenant que nous vivons une pandémie.
[Traduction]
Plus rien n'est normal en ce moment. Ces dépenses ne sont pas normales. Tout cela n'a rien de normal. Toutefois, ce n'est pas la catastrophe. Il y a une issue à ce désastre économique, mais celle-ci dépend entièrement du chemin que nous emprunterons pour nous sortir du cauchemar sanitaire dans lequel nous nous trouvons.
[Français]
Il n'a jamais été aussi évident que l'économie passe au second plan par rapport à la nature. C'est la nature qui est le boss maintenant.
[Traduction]
Nous vivons à une époque qui rappelle à l'humanité, si elle avait besoin d'un tel rappel, que ce n'est pas elle qui commande. Nous avons beau avoir les meilleurs plans économiques et financiers, ou encore le meilleur ratio de la dette par rapport au PIB au sein du G7, comme c'était le cas avant la pandémie. Nous avions un bilan reluisant en matière d'emploi, alors que maintenant, nous avons un taux de chômage considérable.
Rien de tout cela n'était prévisible. Un virus microscopique, un parasite, a assailli l'humanité. Il ne s'en prend pas aux animaux. Pour une fois, ceux-ci sont épargnés. Ce virus cible les humains. Nous le propageons en voyageant. Nous le propageons dans nos collectivités. Nous avons appris toute une série de nouvelles expressions et avons dû aplanir la courbe.
La majorité des dépenses décrites dans ce document ont été approuvées à l'unanimité par le Parlement, ce qui est tout à notre honneur. Pour aider des millions de Canadiens à faire face à cette pandémie, nous avons déployé des mesures extraordinaires, des mesures dont le nom nous est désormais familier, comme la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU. Nous avons prévu de l'aide pour les entreprises au moyen du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Nous leur avons aussi offert de l'aide sous la forme d'une subvention salariale. Sans ces initiatives, l'économie serait dans un pire état qu'elle ne l'est maintenant, et le PIB aurait probablement baissé d'environ trois points de pourcentage de plus. C'est ce que nous révèle le portrait économique. Ces résultats encourageants en matière d'économie ont aussi des répercussions positives sur la santé parce que l'économie et la santé sont complètement interreliées.
Je tiens cependant à souligner que l'économie n'a aucune incidence sur l'urgence climatique. En tant qu'êtres humains, nous ne pouvons pas davantage réécrire le code génétique du virus de la COVID-19 que nous pouvons réécrire les règles de la chimie atmosphérique. Nous ne pouvons pas réécrire les règles de la physique voulant que l'urgence climatique représente une menace plus grave à notre survie à long terme que la COVID-19.
Nous pouvons revoir et, potentiellement, réécrire certaines de nos règles économiques parce que c'est nous qui les avons créées. Nous les avons inventées et nous pouvons les réexaminer. Nous pourrions certainement envisager, par exemple, qu'aujourd'hui est le bon moment pour ce faire. Lorsque nous parlons de menaces et de ralentissement économique sans précédent, il y a souvent quelqu'un pour dire, le directeur parlementaire du budget notamment, que la situation actuelle n'est pas comparable à celle de 2008-2009, mais plutôt, vraisemblablement, à celle de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Nos dépenses correspondent davantage à ce qu'on a vu alors. Notre relance ressemblera aussi plus à ce qu'on a vu à l'époque.
J'ai dit à la Chambre des communes il y a quelques mois, et je vais le redire, que le Canada devrait prendre l'initiative au niveau mondial ou du moins servir de catalyseur pour lancer une réflexion, à savoir si le temps n'est pas venu de tenir une autre conférence comme celle de Bretton Woods. Ne devons-nous pas repenser le rôle de la Banque mondiale? Les institutions de Bretton Woods ont été créées à l'époque afin de montrer la voie vers une relance économique soutenue après la guerre. C'était le travail du Fonds monétaire international de fixer les taux de change. Depuis la conférence de Bretton Woods, le FMI ne fixe plus les taux de change. Nous avons changé ces règles. Peut-être devrions-nous en changer d'autres.
Ce qui nous attend est une menace pour la vie de centaines de millions de personnes à l'échelle de la planète, en raison de la famine qui sévira après la pandémie. Je sais que les Canadiens pensent habituellement que nous ne pouvons pas leur demander, surtout en cette période de souffrance partout au pays, de penser aux plus démunis, mais nous devons le faire. Après la crise économique et la crise de la COVID-19, nous serons en meilleure posture que la vaste majorité des autres pays. Si des centaines de millions de personnes meurent de faim partout dans le monde, cela nous touchera sans aucun doute éventuellement. Toutefois, nous avons un rôle à jouer. Nous devons discuter de l'annulation de la dette de tous les pays en développement de façon à ce que les plus pauvres parmi les pauvres aient une chance de survie, combinée à une aide additionnelle en matière de sécurité alimentaire afin d'éviter le décès de centaines de millions de personnes, comme le prédisent déjà les organismes de secours et d'aide alimentaire des Nations unies.
Nous devons aussi repenser à la question de l'équité au Canada. Ce document indique très clairement que Finances Canada comprend la nécessité des services de garde, et je n'ai jamais vu de document provenant de ce ministère qui souligne ce besoin de manière aussi évidente. Il est évident que les gens qui veillent à la prospérité et à la relance économiques comprennent que les parents ne peuvent pas retourner au travail si les écoles sont fermées, si les écoles ne sont pas sûres, si les garderies sont fermées ou s'ils ne peuvent pas trouver de place en garderie.
Il se trouve qu'un certain nombre de députés, hommes et femmes, sont aussi en mesure de le comprendre en ce moment. Les mères sont les plus susceptibles de rester à la maison. Si la situation défavorable et l'inaccessibilité des services de garde amènent les femmes à rester à la maison, cela représentera une menace démographique et économique jamais vue depuis les années 1960. Nous savons que nous ne pouvons pas nous permettre un tel revers économique. Nous savons que cela représente un recul inacceptable pour les droits des femmes. Nous devons assurer l'accès à des services de garde pour tous les enfants, et il faudra des solutions très créatives pour y arriver.
Le document fait état d'une « entente sur la relance sécuritaire », soit 14 milliards de dollars qui n'ont pas encore été affectés et qui n'ont pas encore été dépensés par le gouvernement fédéral pour aider les provinces. Toutefois, 14 milliards de dollars ne seront pas suffisants pour couvrir les sept volets indiqués, qui comprennent les services de garde, les congés de maladie et le renforcement de la capacité en matière de soins de santé, en particulier dans les maisons de soins de longue durée.
Je parlais récemment à Sharleen Stewart, qui est à la tête d'un syndicat qui représente 60 000 travailleurs, y compris des travailleurs des soins de longue durée partout au Canada. Elle m'a dit que la plupart de ces travailleurs ne sont pas encore retournés au travail, car ils ne pensent pas que les maisons de soins de longue durée soient un endroit sécuritaire pour eux.
Tant que les maisons de soins de longue durée seront gérées par des entreprises à but lucratif, nous ne pourrons avoir la certitude qu'on s'occupe bien des aînés ou que les travailleurs qui s'en occupent, les travailleurs de première ligne, sont en sécurité. Cela, c'est sans parler de la nourriture qu'on sert lorsque les propriétaires de ces maisons décident de trouver toutes sortes de moyens de réduire les coûts pour augmenter les profits.
Cette question doit être examinée au fédéral. Il faut trouver une façon d'établir des normes nationales en matière de maisons de soins de longue durée en vertu de la Loi canadienne sur la santé. Ces 14 milliards de dollars ne suffisent même pas à répondre aux seuls besoins des municipalités, qui sont un seul élément de la liste des sept priorités. Il faut faire plus. Nous devons être prêts à dépenser plus.
Sur ce, je vais maintenant aborder un point soulevé précédemment par mon collègue de . Bien qu'on mentionne ici des fonds destinés aux personnes handicapées comme s'ils avaient été dépensés, rien n'a encore été fait pour elles. Le document que nous avons ici a été rédigé comme si les choses s'étaient passées différemment ici le 10 juin dernier.
Le 10 juin dernier dans cette enceinte, le gouvernement a accepté de retirer un élément de son projet de loi, un projet de loi qui n'était pas acceptable car il impliquait des mesures de récupération et des sanctions pénales liées à la Prestation canadienne d'urgence, objet de ma principale objection. Le gouvernement a alors proposé un projet de loi portant strictement sur cet élément, soit le paiement unique non imposable pour les Canadiens ayant un certificat valide pour le crédit d’impôt pour personnes handicapées. Pour ce faire, nous devions apporter un changement législatif permettant de communiquer les informations de l'Agence du revenu du Canada afin que la prestation unique puisse être versée aux personnes bénéficiant du crédit d'impôt pour personnes handicapées. N'oublions pas que ce n'est pas l'ensemble des personnes vivant avec un handicap au Canada qui ont besoin d'aide, mais au moins c'était un pas dans la bonne direction.
Je voulais franchir ce pas, et lorsque nous avons demandé le consentement unanime, nous ne l'avons pas obtenu. Honte à ceux qui ont dit non. Nous devions faire ce pas. Le nous a soumis cette proposition aux fins de consentement unanime, et elle aurait dû être adoptée. Nous devons trouver un moyen d'aider les personnes handicapées, et nous devons le faire rapidement. Il y a un certain nombre de domaines qui ne sont pas encore couverts. Il y a des besoins qui ne sont pas satisfaits, et cela dans le contexte de la crise immédiate. Lorsque nous aurons dépassé le stade de la crise immédiate et que nous nous apprêterons à relancer l'économie, nous devrons vraiment voir grand.
Je ne sais pas combien de députés ont remarqué la chronique de Brian Mulroney qui a été publiée il y a quelques semaines dans le Globe and Mail comme une publicité couvrant toute la dernière page du quotidien. J'étais heureuse qu'il réclame la création d'un revenu minimum garanti. Mes collègues sur les banquettes du Nouveau Parti démocratique appuient tous cette mesure, à l'instar des verts. Nous souhaitons ardemment que la Prestation canadienne d'urgence se transforme progressivement et rapidement en revenu minimum garanti. À l'autre endroit, le chef du Groupe des sénateurs indépendants a demandé au Bureau du directeur parlementaire du budget d'examiner ce dossier, et il a découvert que cette mesure serait moins coûteuse que la Prestation canadienne d'urgence. C'est sans compter les économies que l'on pourrait réaliser dans le système de santé public et le système correctionnel. Nous devons mettre en place un revenu minimum garanti dans le cadre de notre prochaine étape de transformation.
Le député de a parlé de ce qui s'est passé à la Chambre à la fin des années 1960 et au début des années 1970, lorsque Tommy Douglas, David Lewis et le gouvernement du très honorable Lester B. Pearson ont posé les fondements de notre filet de sécurité sociale. Nous n'avons pas franchi d'étape de transformation importante depuis.
Nous devons instaurer un régime d'assurance-médicaments. Nous devons instaurer un revenu minimum garanti. Nous avons besoin de ces mesures pour redessiner l'avenir après la pandémie. Nous pouvons reconstruire quelque chose de mieux. Nous pouvons progresser au lieu de revenir à la situation antérieure. Ce sont des idées qui circulent beaucoup ces jours-ci. Elles suscitent une discussion très animée, avec de solides échanges, qui sont loin d'être marginaux puisque Brian Mulroney lui-même, un ancien premier ministre progressiste-conservateur, y prend part en nous proposant certaines mesures. Nous devons voir grand et être audacieux. À cet égard, voici une expression qui me plaît bien: « Le gradualisme crée des améliorations graduelles ».
Chers collègues, ce n'est pas le temps des améliorations graduelles. Nous devons rebâtir l'économie et nous devons le faire sans oublier personne, y compris les plus démunis, peu importe où ils se trouvent dans le monde.
Nous devons intensifier nos efforts et adopter des mesures compatibles avec l'idée que « la lutte contre les changements climatiques ne peut pas attendre. » L'urgence climatique n'attendra pas. Les négociations sur le climat de 2020 ont été remises jusqu'en 2021, mais si nous décidons que les mesures pour lutter contre les changements climatiques peuvent aussi être repoussées jusqu'en 2021, nous jouerons dangereusement à la roulette russe avec l'avenir de nos enfants.
Dans les dépenses qu'il faudra inévitablement continuer de faire à l'avenir, nous devrons miser sur les sources d'énergie renouvelable et sur l'efficacité énergétique pour tous les projets de construction et de rénovation. Il faut que nous nous inspirions des études réalisées dans le monde sur ce qui stimule le mieux l'économie, ce qui permet aux gens de retourner au travail et ce qui apporte de grandes améliorations, notamment les activités aussi simples que de planter des arbres, beaucoup d'arbres.
J'ai examiné ce portrait économique et budgétaire, et je le trouve encourageant. Très peu de gens trouveraient un déficit de 343 milliards de dollars encourageant, mais c'est le portrait économique auquel nous devons faire face. Compte tenu des indicateurs économiques et de notre force en tant que pays, je suis convaincue que nous sommes à la hauteur de la tâche qui nous attend.
Le Canada est très chanceux, puisqu'il jouissait d'une solide santé financière avant la pandémie. Comme de nombreuses entreprises sont encore en difficulté, il faut agir afin d'éviter des faillites. Il faut aussi aider les petites entreprises et voir à ce que les municipalités reçoivent le soutien dont elles ont besoin, ce qui signifie que le gouvernement fédéral doit continuer de dépenser. Autrement, s'il fallait écouter ceux qui agitent constamment le spectre du déficit, le Canada courrait le risque de sombrer dans une grande dépression.
Nous devons donc continuer sur la même voie et jeter un regard critique à la théorie monétaire qui a cours. Nous devons nous demander pourquoi il faut emprunter à des banques commerciales alors que, lorsqu'il est question de la richesse et la dette souveraines, nous pouvons nous prêter nous-mêmes l'argent. Les fonds peuvent provenir du Canada, ce qui nous évitera d'être à la merci des banques commerciales ou des chasseurs d'obligations de New York. Il est temps de nous demander comment agir à titre de nation souveraine. Comment pouvons-nous penser l'avenir avec enthousiasme, au lieu d'agir comme des comptables bornés ou des gens étroits d'esprit et dépourvus de toute vision? Pour y arriver, nous devons aborder la situation de manière aussi positive que possible. Nous devons être novateurs.
Lorsque l'on considère le problème de la réouverture des écoles, nous savons que les écoles ne peuvent pas rouvrir, parce qu'elles n'offrent pas assez d'espace pour la distanciation sociale des enfants. Les écoles sont petites comparativement à l'espace qui sera nécessaire. Nous devons cesser de nous arrêter aux obstacles que posent les sphères de compétences et faire preuve de créativité. Où y a-t-il beaucoup d'espace vide pour les écoliers? Je pense aux centres de congrès qui demeureront vides. Ne pouvons-nous pas pour une fois penser au-delà des limites constitutionnelles et de celles des sphères de compétence, et déclarer qu'il y a urgence? Si nous voulons que les enfants retournent à l'école et que des enseignants reviennent enseigner — ce que souhaitent les enseignants —, quels actifs pouvons-nous mobiliser rapidement? Nous sommes au début de juillet. La rentrée scolaire est censée avoir lieu en septembre. Je ne vois personne proposer un véritable plan. Oui, il nous faut des services de garde; oui, les écoles doivent rouvrir; oui, les gouvernements fédéral et provinciaux et les municipalités doivent collaborer avec les gouvernements autochtones, les Métis, les Inuits et les Premières Nations. Tous les groupes de Canadiens intelligents, innovateurs et créatifs doivent être présents à la table, non pas pour se dénigrer mutuellement, mais pour s'entraider, parce qu'en tant que Canadiens nous savons à quel point nous sommes bénis.
Nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge, et nous avons au moins compris que nous devons écouter les scientifiques. Il faut écouter les recommandations des scientifiques concernant la COVID-19, mais aussi concernant l'urgence climatique. Nous devons nous tourner vers les moyens les plus innovateurs et créatifs pour relancer l'économie.
Je suis contente d'avoir pu exposer quelques-unes de mes réflexions sur le portrait économique d'aujourd'hui, et j'espère que tout le monde a pu les entendre. Nous devrons nous contenter d'un simple cliché au lieu d'un portrait en Kodachrome, qui nous offrirait le spectre complet des couleurs.