CAAM Rapport du Comité
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Opinion complémentaire du Nouveau parti démocratique du Canada
La ligne 5 et l'énergie au Canada
Le Canada et le monde entier sont au milieu d'une crise climatique. Pour que le Canada fasse sa part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), nous devons établir des objectifs clairs de réduction des émissions à court et à long terme et prendre des mesures significatives pour les atteindre. Tout plan crédible pour y parvenir doit inclure une stratégie pour le secteur énergétique du Canada.
Malheureusement, les gouvernements libéraux et conservateurs se sont montrés incapables de mener la conversation que le Canada doit avoir sur son secteur énergétique. Les deux partis continuent de soutenir et de promouvoir un modèle de développement pétrolier et gazier canadien fondé sur une expansion débridée de l'industrie extractive du Canada.
La révocation unilatérale par l'État du Michigan d'un permis pour la ligne 5 d'Enbridge nous donne l'occasion de réfléchir à ce que le Canada peut faire différemment, tant sur le plan du climat que sur celui de nos relations avec nos voisins américains.
La ligne 5 d'Enbridge est un important oléoduc de pétrole brut qui alimente les raffineries de l'Ontario et du Québec. La ligne 5 transporte 540 000 barils par jour de brut léger et de propane. Il n'y a eu aucune fuite au passage du détroit de Mackinac au cours des 63 années d'exploitation de l'oléoduc, et le tunnel proposé par Enbridge rendrait l'oléoduc plus sûr sans en augmenter la capacité.
La fermeture de la ligne 5 signifie des coûts énergétiques plus élevés et des pertes d'emplois dans les raffineries canadiennes, sans rien faire pour réduire notre dépendance au pétrole et aux produits dérivés du pétrole ou pour réduire nos émissions.
En tant que néo-démocrates, nous reconnaissons l'importance du commerce pour la réussite économique du Canada et le fait que les États-Unis sont notre plus important partenaire commercial.
Le point critique pour l'avenir des relations entre les États-Unis et le Canada est la façon dont nous nous alignons pour créer des emplois propres et réduire les émissions en synchronisation les uns avec les autres. Aucun de nos deux pays ne peut se permettre d'être à la traîne en matière de climat, et nous ne pourrons devenir des leaders mondiaux en matière de climat qu'en travaillant ensemble pour réduire les émissions et décarboniser nos économies.
L'étude de la relation la plus importante du Canada est importante - mais elle devrait se concentrer sur ces questions émergentes de l'avenir au lieu de se contenter de ressasser les vieux débats.
Les néo-démocrates reconnaissent que la demande de pétrole et de gaz ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Même si nous décarbonisons notre chauffage et nos transports, la demande demeurera pour une longue liste de produits pour lesquels l'industrie pétrochimique joue un rôle essentiel, y compris de nombreux appareils qui alimentent l'économie numérique.
Un gouvernement canadien correctement axé sur l'intérêt public aurait un plan pour le secteur de l'énergie qui identifierait un taux d'extraction de pétrole et de gaz durable sur le plan environnemental, fondé sur un budget carbone conçu pour réduire la part des émissions de GES du Canada à un niveau compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.
Ces objectifs seraient, comme il se doit, dictés par la science du climat, mais ils placeraient également le secteur énergétique canadien dans une meilleure position pour suivre le marché. De plus en plus d'économies s'éloignent de l'utilisation des combustibles fossiles pour le chauffage et le transport. Les sociétés d'investissement mondiales, les compagnies d'assurance et d'autres grands acteurs économiques commencent à structurer leurs activités en fonction de la nécessité d'abandonner les combustibles fossiles et de s'adapter aux conséquences du changement climatique que nous connaissons déjà et qui s'accentueront dans les décennies à venir.
Au cours de la première décennie de ce siècle, le marché de l'énergie a attiré des investissements massifs dans le secteur canadien du pétrole et du gaz et a récompensé l'adoption du modèle "rip and ship". Alors que les multinationales réalisaient d'énormes profits, les travailleurs de tout le pays qui pouvaient aller travailler dans les champs de pétrole bénéficiaient d'un emploi stable et de salaires élevés.
Ces conditions économiques n'existent plus. Par la suite, nous constatons que l'absence de stratégie a laissé des travailleurs sans emploi, avec des maisons qui ne valent plus la valeur de leur hypothèque et une planète plus proche de la catastrophe climatique.
La période faste étant terminée, les acteurs économiques privés tentent de tirer le maximum de valeur de leurs actifs le plus rapidement possible. La question que les Canadiens devraient se poser est de savoir si les stratégies des entreprises pour le profit à court terme sont vraiment identiques à l'intérêt public à long terme du Canada.
Les conservateurs du Canada répondent à cette question par un "oui". Le thème sous-jacent de leurs déclarations sur les questions énergétiques est que tout ce qui est bon pour les sociétés pétrolières et gazières doit également être bon pour le Canada dans son ensemble. Ils ont donc défendu les allègements fiscaux et les subventions aux entreprises pétrolières et gazières, une réglementation environnementale moins stricte - allant jusqu'à nier la réalité du changement climatique - et des investissements publics massifs dans des projets pétroliers et gaziers privés. La récente décision du premier ministre albertain Jason Kenney d'investir des milliards de dollars de l'argent des Albertains dans le défunt pipeline Keystone XL en est un exemple.
Les libéraux sont peut-être plus réticents à dire "oui", mais leurs actions racontent une autre histoire. Malgré une prétendue refonte du processus d'examen environnemental du Canada, des projets de ressources naturelles controversés, y compris de grands oléoducs orientés vers une augmentation massive de l'extraction, ont été autorisés à aller de l'avant dans le cadre de l'examen environnemental de l'ère Harper, même après 2015. Le gouvernement libéral a soutenu sans relâche le pipeline Keystone XL, un projet fondé sur l'augmentation de l'extraction.
D'autres pays ont réussi à réduire leurs émissions et à stimuler l'activité économique en même temps, mais ils ont un plan. Ils ne comptent pas sur les intérêts particuliers de l'économie actuelle pour assurer spontanément la transition de leur économie vers un modèle durable et performant. Ils attirent les investissements internationaux non pas en dépit, mais parce qu'ils ont un plan d'action climatique clairement articulé.
Le Canada peut le faire aussi, mais nous subissons la complaisance alors que ce dont nous avons besoin, c'est de leadership politique.
La protection des Grands Lacs est une priorité importante pour les néo-démocrates. Nous aurions été heureux d'avoir l'occasion d'entendre les représentants de l'État du Michigan et des communautés autochtones touchées parler de leurs préoccupations. Nous attendons avec impatience l'achèvement rapide du tunnel de remplacement pour répondre à ces préoccupations et continuer à approvisionner l'industrie à Sarnia.
Ce comité a vu d'importants points d'entente entre les parties. Mais le débat de l'avenir consiste à savoir si le Canada continuera à permettre aux grandes entreprises d'augmenter le taux d'extraction du pétrole et du gaz afin de maximiser leurs profits à court terme aussi longtemps que possible, ou si les gouvernements fédéral et provinciaux travailleront enfin ensemble sur une stratégie énergétique qui vise à réduire notre empreinte carbone, à fournir des emplois aux travailleurs canadiens, à imposer des objectifs climatiques stricts à l'exploitation du pétrole et du gaz, à prendre au sérieux les droits des Autochtones et à aligner leurs efforts sur ceux des États-Unis pour renforcer l'action climatique des deux pays.
Pour y parvenir, le secteur public devra faire preuve d'un leadership significatif que les libéraux et les conservateurs n'ont jusqu'à présent pas voulu discuter, et encore moins fournir. Les néo-démocrates sont prêts à ouvrir la voie.