Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Monsieur le Président, je vous remercie d'acquiescer à notre demande concernant la tenue de ce débat très important ce soir en réponse à la réaction inadéquate du gouvernement face à la crise qui sévit en territoire micmac.
En tant que parlementaires, nous devons agir immédiatement pour protéger les pêcheurs micmacs et leur communauté contre les menaces constantes et les actes de violence qui y sont perpétrés. Nous devons veiller à ce que le gouvernement fédéral agisse sans attendre pour que les Micmacs victimes de violence obtiennent justice.
Il faut leur garantir la possibilité d'exercer pleinement leur droit inhérent issu de traités et protégé par la Constitution d'aller pêcher en toute sécurité afin de s'assurer une substance convenable. Enfin, nous devons nous assurer que le gouvernement est présent et qu'il fournit aux Micmacs suffisamment de ressources pour leur permettre d'exercer leur droit de pêche et de s'assurer une subsistance convenable, comme il aurait dû le faire il y a 21 ans. Compte tenu de l'urgence d'un règlement pacifique et équitable de cette crise, je crois qu'il est important que le Parlement tienne ce débat d'urgence aujourd'hui.
Je veux expliquer pourquoi cette question est si importante. La pêcherie qui a été créée par les Micmacs en Nouvelle-Écosse existe depuis des milliers d'années. Comme nous le savons, les droits des Micmacs issus de traités de paix et d'amitié conclus en 1752 ont été de nouveau confirmés en 1999 par la Cour suprême dans l'arrêt Marshall. Le gouvernement fédéral a eu plus de 21 ans pour négocier la définition du moyen de subsistance convenable avec les Micmacs, une notion qui a été confirmée dans l'arrêt Marshall, mais qui n'a pas été définie.
Ce n'est ni la première ni la seule fois d'ailleurs, que le plus haut tribunal du pays réaffirme les droits constitutionnels des Autochtones de pêcher et de vendre du poisson sur leur territoire. Les arrêts Marshall, Sparrow, Gladstone ou Ahousaht et al. sont autant de décisions de la cour qui réaffirment les droits des peuples autochtones après que ces derniers aient subi des années de mépris de la part du gouvernement fédéral de l'époque.
Nous parlons des droits issus de traités des Micmacs et de leur mise en œuvre. Au moment où l'on se parle, les pêcheurs dans la baie Sainte-Marie tentent de nourrir leur famille et de s'assurer une subsistance convenable avec moins de 1 % des casiers à crabe utilisés. Nous savons que les pêcheurs micmacs sont victimes d'actes de terrorisme intérieur et d'intimidation simplement pour avoir exercé leur droit de pêche issu des traités.
Malgré des actes de terrorisme intérieur, dont l'incendie d'un entrepôt de homard appartenant aux Micmacs, la GRC n'a pas fait grand-chose pour protéger les pêcheurs micmacs et leurs communautés. Nous avons constaté les agressions dont a été victime le chef Sack et les mauvais traitements infligés aux aînés.
Les Canadiens sont horrifiés par ce qui se passe. Nous attendons que le gouvernement fasse respecter la primauté du droit en prenant les mesures qui s'imposent pour protéger le droit des Micmacs de pêcher, un droit inhérent et issu de traités protégé par la Constitution. Or, au lieu de cela...
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Monsieur le Président, j'espère que le son est meilleur maintenant. Merci de vos conseils. Il y a un certain temps que j'ai prononcé un discours à distance, et je me réjouis que nous ayons pu nous organiser pour pouvoir travailler tous ensemble. Je ne peux pas participer à partir des territoires ancestraux non cédés des peuples Hupacasath et shíshálh. Je me trouve sur le territoire des Nuu-chah-nulth.
Bref, je suis en territoire nuu-chah-nulth, un peuple qui s'est lui aussi adressé aux tribunaux, dans le cadre de l'affaire Ahousaht et al. Je le mentionne parce que, en 2009, la Cour suprême lui a donné raison et a confirmé son droit de pêcher et de vendre du poisson. Neuf ans plus tard, alors que les gouvernements conservateurs et libéraux avaient tenté à maintes reprises de porter cette décision en appel et de retarder son exécution, la juge Garson a déclaré ceci:
En général, toutefois, le Canada a la responsabilité, par l'entremise du MPO, de représenter l'honneur de la Couronne. L'absence de mandat et le fait qu'Ottawa fasse obstruction aux suggestions visant l'élaboration d'une pêche fondée sur le droit sont d'importants facteurs pour expliquer l'échec de l'avancement du processus. Ottawa n'a pas permis au personnel régional de participer pleinement et véritablement aux négociations, du moins jusqu'à ce que la Cour suprême du Canada ait refusé la demande d'autorisation pour la deuxième fois. Comme les demandeurs l'ont indiqué à maintes reprises, la Cour ne dispose d'aucun élément de preuve de la participation du personnel d'Ottawa dans le dossier sur cette pêche, à l'exception, parfois, d'une signature sur une note d'information ou de la mention d'une rencontre avec un adjoint ministériel qui n'a pas été coordonnée avec les gestionnaires locaux.
C'est ce qu'a déclaré la juge Garson dans sa décision concernant l'affaire Ahousaht Indian Band and Nation c. Canada en 2018. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de situation où la ministre envoie sciemment ses négociateurs à la table les mains vides. Qu'il s'agisse de l'affaire Marshall, Sparrow, Gladstone ou Ahousaht, où les tribunaux ont rendu des décisions protégeant les droits issus des traités et les droits des Autochtones, le gouvernement envoie constamment ses négociateurs à la table les mains vides. C'est ce qu'a affirmé la juge Garson. Il faut que le gouvernement arrive avec un mandat de négociation pour que les Premières Nations puissent faire valoir leurs droits, et le gouvernement doit les respecter concrètement.
Qu'il s'agisse des Sipekne'katiks, des Ahousahts ou des autres nations, ces communautés autochtones doivent livrer des batailles judiciaires, et les contribuables sont obligés de débourser des millions de dollars pour s'opposer à elles devant les tribunaux au lieu de leur permettre de pêcher comme les pêcheurs commerciaux, pour nourrir leur famille. Au lieu de cela, le gouvernement lutte sciemment contre elles à chaque étape. Ces gens ont besoin de pêcher et d'avoir l'assurance qu'ils peuvent exercer leurs droits.
Aujourd'hui, nous demandons au gouvernement de donner l'assurance nécessaire. Il doit négocier avec un mandat sérieux et avec l'intention ferme de traduire devant la justice les auteurs des actes de violence commis sur le territoire des Micmacs. Nous demandons au gouvernement d'assurer la sécurité des gens de ces communautés et d'appuyer le chef Sack et sa communauté. Au lieu de cela, le gouvernement se contente de prononcer de belles paroles. C'est un miracle que son inaction n'ait pas causé de morts.
Nous avons entendu le gouvernement dire que la GRC appliquera la loi et protégera les personnes, mais quand on parle aux gens de la GRC, ils disent que c'est le ministère des Pêches et des Océans qui est responsable sur l'eau. Nous avons parlé aux gens du ministère des Pêches et des Océans et ils ont dit qu'ils ne sont ni équipés, ni préparés pour protéger les pêcheurs au large et que cette responsabilité incombe à la GRC. Il faut remédier à ces lacunes ce soir. Nous voulons des réponses. Ces communautés veulent des réponses.
Le a déclaré que la police nous avait laissé tomber et a rejeté le blâme sur la GRC. Non, c'est plutôt le ministre, le Cabinet, le du Canada et le gouvernement du Canada qui ont laissé tomber le Canada. Le ministre ne peut pas se dérober à sa responsabilité et la rejeter sur la GRC ou les autres ministères. Sa responsabilité est de fournir un soutien fédéral de manière à ce que les Premières Nations puissent exercer en toute sécurité leurs droits ancestraux ou issus de traités. Je suis outré.
Il s'agit également d'une question d'intérêt international. Voici ce que dit l'article 20 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones: « 1. Les peuples autochtones ont le droit de conserver et de développer leurs systèmes ou institutions politiques, économiques et sociaux, de disposer en toute sécurité de leurs propres moyens de subsistance et de développement et de se livrer librement à toutes leurs activités économiques, traditionnelles et autres. » Cet article n'a pas été respecté. Le Canada devrait avoir honte.
Nous voulons savoir ce que le gouvernement prévoit faire. Nous le demandons depuis des semaines. Le pays le demande depuis des semaines. Nous voulons que le gouvernement s'engage à négocier avec un mandat concret pour tenir compte du droit des Autochtones de tirer de la pêche un moyen de subsistance convenable. Nous voulons que le gouvernement nous donne l'assurance qu'il va confier à ses négociateurs un véritable mandat dans les autres dossiers relatifs aux droits ancestraux, afin d'éviter les violations de la déclaration des Nations unies et du droit international, sans parler de la Constitution du Canada.
J'espère que le gouvernement ira rapidement négocier afin que le pays puisse guérir et s'unir. Les uns aux côtés des autres, les pêcheurs doivent pouvoir tirer de la mer un moyen de subsistance convenable et durable.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de son intervention et mes collègues de leur appui au cours du débat très important d'aujourd'hui.
Nous avons tous vu les images déchirantes, les images incroyablement intimidantes, et disons-le franchement, le terrorisme et la violence contre les Autochtones. Nous avons vu les images d'Autochtones, de Micmacs, agressés physiquement, intimidés et menacés. Les menaces consistaient à brûler les installations, puis c'est ce qui est arrivé.
Je demande à tous les députés de se poser la question suivante: si ces mêmes menaces avaient été proférées à l'encontre de personnes non autochtones, dans une communauté non autochtone, si quelqu'un était venu, les avait agressées physiquement et qu'il avait menacé de brûler leurs moyens de subsistance, aurait-on observé la même inaction que dans le cas des Micmacs?
Si ces menaces avaient été proférées à l'encontre de quelqu'un d'autre, la police serait-elle restée les bras croisés? Si ces menaces avaient été dirigées contre une autre communauté, cette communauté aurait-elle été laissée totalement à elle-même? La réponse est très claire.
En l'occurrence, les Autochtones sont appuyés par un arrêt de la Cour suprême et un droit — un droit issu de traités et protégé par la Constitution — de tirer leur subsistance de la terre. Ce droit a été durement acquis il y a 21 ans. Pourtant, à ce jour, aucun gouvernement fédéral, libéral ou conservateur, n'a voulu faire les efforts nécessaires pour qu'ils puissent exercer ce droit. Vingt et un ans se sont écoulés.
Nous avons entendu les déclarations des ministres. Nous tenons un débat d'urgence pour que le gouvernement libéral passe enfin à l'action. Une décision de la cour a été rendue il y a plus de deux décennies et aucun gouvernement, conservateur ou libéral, n'a fait quoi que ce soit pour que cette décision soit inscrite dans la loi ou pour que le peuple micmac soit en mesure de faire appliquer la décision de la cour.
Ni les conservateurs ni les libéraux n'ont fait quoi que ce soit. Nous allons entendre les conservateurs faire porter le blâme aux libéraux et les libéraux vont affirmer qu'ils passeront à l'action. Cela dure depuis 21 ans et rien n'a été fait.
Nous voulons des réponses aujourd'hui. Nous voulons des engagements dès maintenant. C'est urgent, car comme des intervenants l'ont mentionné précédemment, il y a un véritable risque que cette violence aille en augmentant et que des gens en meurent. On ne peut pas permettre cela. Nous devons agir dès maintenant. Il nous faut un plan clair pour protéger les Micmacs, pour protéger leur gagne-pain et pour mettre fin à la violence.
Il nous faut un plan clair qui établit les mesures à prendre immédiatement. Nous avons entendu l'avis du chef dans la région plus particulièrement touchée par cette violence. Il a dit que la communauté ne veut pas d'un processus interminable. Les gens de la communauté autochtone ont aussi dit très clairement que, pour qu'ils puissent se prévaloir de leurs droits, ils ne doivent pas se faire imposer une décision. La communauté autochtone devrait être consultée pour qu'une décision soit prise en fonction des données probantes et des données scientifiques.
Cependant, comme des intervenants l'ont dit précédemment, il ne fait aucun doute qu'il n'y a pas de risque pour la conservation. L'ampleur des activités de pêche des Micmacs ne représente aucun risque pour la conservation. Il est faux de dire que c'est une question de conservation. Il est évident qu'il s'agit d'un exemple de racisme systémique. Selon un droit constitutionnel confirmé par la cour, les Autochtones ont le droit de gagner leur vie. Lorsque ce droit n'est pas respecté sur le plan juridique, alors la question de la conservation est soulevée. Or, ce n'est pas une question de conservation.
Il est question d'un droit des Autochtones qu'on a violé. C'est un droit qui a été menacé. Ils ont besoin qu'on leur offre la protection qu'ils méritent.
Il nous faut des réponses claires du gouvernement. Quel est l'échéancier? À quel point le gouvernement va-t-il intervenir rapidement pour qu'un processus clair soit mis en œuvre afin de faire respecter un droit constitutionnel confirmé par la cour? Dans quelle mesure peut-on établir rapidement cette définition?
Il faut établir des échéanciers. Il faut élaborer un plan d'action clair pour protéger les Micmacs, notamment dans les activités de la pêche, sur terre et sur les eaux. Il faut faire en sorte que les Micmacs ne soient plus victimes d'actes de violence ou d'intimidation. Il faut que cela cesse. Il faut mettre fin à la violence. Si des gens ont l'audace de penser pouvoir, de quelque façon que ce soit, intimider physiquement ou menacer les Micmacs et mettre le feu aux installations de pêche des communautés autochtones, c'est entièrement la faute des gouvernements libéraux et conservateurs.
C'est l'inaction qui a mené à cette situation. La seule façon de s'en sortir, c'est par des mesures claires menées par la communauté autochtone touchée, c'est-à-dire les Micmacs dans ce cas-ci. Il faut aussi tenir compte de tous les autres exemples. Mon collègue de a parlé des multiples décisions de la Cour suprême du Canada qui ont confirmé les droits des communautés autochtones. Le même scénario s'est répété à tant de reprises. Il y a eu tant de cas, sur des années ou des décennies, où les droits ont été affirmés et confirmés par la Cour suprême: les membres de la communauté autochtone ont le droit et la capacité de vivre de la terre. Pourtant, le gouvernement fédéral n'a pas fait ce qu'il fallait pour que ce droit se traduise en mesures concrètes pour les gens. Cette tendance se poursuit, et il faut y mettre un terme.
Le débat de ce soir vise à obtenir des réponses pour les gens, à protéger les communautés autochtones et à changer la façon dont les choses se déroulent depuis très longtemps. Dans le passé, on a ignoré et négligé les communautés autochtones. On les a laissées tomber à maintes reprises. C'est là un autre échec du gouvernement fédéral par rapport aux peuples autochtones, et cette situation ne peut pas continuer.
Ce que les néo-démocrates réclament est tout simple, et j'espère que nous aurons des réponses du gouvernement, du et des ministres libéraux à la fin du débat. Nous voulons un plan d'action clair. Nous devons ça aux Micmacs, qui ont droit à la dignité et au respect. Or, nous leur avons refusé ces deux choses toutes simples.
Les images qui se rendent jusqu'à nous sont difficiles. J'ai entendu de nombreux Autochtones parler de la peur qui les habite et des menaces qu'ils reçoivent. Le chef d'une bande du coin est venu parler des appels anonymes et des menaces qu'ils reçoivent sur les médias sociaux ou par messagerie texte. Personne ne devrait avoir à vivre ce genre de chose. C'est pourtant la réalité des Micmacs, et ils sont loin d'être les seuls dans cette situation, hélas. Bon nombre de communautés autochtones vivent la même chose.
Nous voulons des réponses — et de l'action. Nous voulons un plan d'action qui permettra de bien protéger ces gens, qui fera respecter leurs droits et qui détaillera la route à suivre pour y parvenir.
En terminant, monsieur le Président, je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime à l'égard de la motion suivante. Je propose que la Chambre a) déclare qu'elle respecte les droits inhérents des peuples micmacs et malécites ainsi que les droits qui leur ont été conférés par le traité de 1752, droits qui leur sont garantis par la Constitution canadienne et qui ont été confirmés dans l'arrêt Marshall rendu en 1999 par la Cour suprême du Canada; b) reconnaisse que la nation micmaque a droit à la protection pleine et égale de la loi contre la violence, l'intimidation et le terrorisme intérieur; c) reconnaisse que la crise actuelle est attribuable au fait que le gouvernement fédéral n'a pas respecté l'obligation qu'il a de négocier de nation à nation avec les peuples micmacs et malécites et n'a pas fait le nécessaire pour qu'ils puissent tirer une « subsistance convenable » de la pêche.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
À titre de , ma priorité absolue est d'assurer la sécurité de nos collectivités. Je tiens à préciser très clairement que le gouvernement condamne fermement toute forme de violence, de harcèlement et d'intimidation contre les Micmacs en Nouvelle-Écosse. Le racisme n'a pas sa place au Canada. Il faut mettre fin immédiatement à la violence épouvantable qui se déroule en Nouvelle-Écosse. De tels actes sont inacceptables, honteux et criminels.
Hier, j'ai parlé au premier ministre McNeil. Nous continuerons de collaborer avec lui, le gouvernement provincial ainsi que la GRC pour garantir la sécurité de tous. Les corps policiers doivent assurer la protection de tous les citoyens canadiens, y compris les Micmacs, et prévenir l'escalade de la violence. C'est pourquoi le a approuvé une demande envoyée par la province vendredi pour le déploiement de ressources policières supplémentaires chargées de maintenir la paix afin que les agents de la GRC de la Nouvelle-Écosse puissent faire leur travail efficacement.
Ces agents supplémentaires maintiendront la loi et l'ordre, appuieront les enquêtes criminelles en cours et tiendront responsables de leurs actes les personnes ayant commis les actes scandaleux de violence et de destruction dont nous avons été témoins. On a déjà procédé à plusieurs arrestations et porté plusieurs accusations, et on s'attend à ce qu'il y en ait d'autres au cours des jours à venir.
Le droit de pêcher est un droit issu de traités qui a été confirmé par la Cour suprême dans la décision Marshall il y a 21 ans. Il y a surtout un droit de vivre et de pêcher en paix sans faire l'objet de menaces ou de racisme. Je sais que certains pêcheurs commerciaux ont eu une saison difficile cette année. Tous veulent être certains que les stocks qui leur permettent de gagner leur vie seront protégés. Le gouvernement libéral va continuer de fonder ses décisions sur la conservation tout en continuant de mettre en œuvre les droits des Premières Nations.
[Français]
Pour bien des gens des communautés côtières partout au Canada, non seulement la pêche fait partie de leur vie de tous les jours, mais elle fait partie de leur identité. C'est complexe et personnel. Surtout, les disputes à ce sujet ne datent pas d'hier.
Depuis 2015, notre gouvernement a pris des mesures concrètes pour rebâtir nos relations avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Malheureusement, la réconciliation n'est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain, surtout quand les injustices durent depuis déjà bien trop longtemps.
Durant la fin de semaine, la et la ont parlé avec le chef Sack et le . Elles se sont aussi entretenues avec l'Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse afin de réaffirmer notre volonté de nous engager à travailler en partenariat avec eux.
Parallèlement, nous écoutons aussi les pêcheurs commerciaux de la Nouvelle-Écosse et d'ailleurs, alors qu'ils nous font part de leurs inquiétudes. Une chose est claire: pour arriver à quelques solutions que ce soit, le dialogue doit se faire dans le calme, sans violence. Ceux qui sont coupables de crimes seront arrêtés et tenus responsables.
[Traduction]
Il y a 21 ans, la Cour suprême a confirmé le droit des peuples autochtones à une pêche de subsistance convenable. Il y a cinq ans ce soir, les Canadiens ont élu un gouvernement qui faisait de la réconciliation une des principales priorités du pays.
Depuis, nous avons fait d'énormes investissements dans l'éducation. Nous avons fait construire et rénover des écoles et pris des mesures pour favoriser la santé physique et mentale. Nous avons levé des avis d'ébullition d'eau et adopté des mesures législatives historiques pour protéger et revitaliser les langues autochtones et voir à ce que les enfants autochtones soient en sécurité dans leur communauté. Il nous reste encore beaucoup à faire.
Le vrai travail de réconciliation ne peut pas se faire seulement entre le gouvernement fédéral et les peuples autochtones. Le vrai travail de réconciliation doit inclure tous les ordres de gouvernement et, point très important, tous les Canadiens. Pour pouvoir corriger les torts historiques, nous devons adopter une façon de faire qui, en plus de reconnaître les droits inhérents issus de traités, tient compte de leur esprit et de leur objectif dans leur mise en œuvre. C'est pourquoi nous allons travailler avec les pêcheurs commerciaux et l'ensemble des Canadiens pour veiller à ce que cela soit fait de manière juste. Je sais que c'est difficile. Il ne s'agit pas d'un contretemps, mais d'une obligation. Si nous voulons que le Canada soit vraiment le pays que nous pensons qu'il est, c'est ce chemin que nous devons emprunter ensemble.
Je suis heureux que nous puissions être ici ce soir pour participer à ce débat d'urgence afin de discuter ensemble de ces questions, conformément au mandat que les Canadiens nous ont donné lorsqu'ils nous ont élus. Étant donné que nous sommes toujours confrontés aux menaces sanitaires et économiques d'une pandémie mondiale, la Chambre doit continuer à se concentrer sur les questions qui ont une incidence directe sur la sécurité des citoyens et leurs moyens de subsistance. Comme toujours, notre gouvernement est là pour trouver des solutions, résoudre les conflits et bâtir un Canada meilleur qui fonctionne pour tout le monde.
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Monsieur le Président, je me joins à la Chambre à partir de Mi’kma’ki, le territoire traditionnel non cédé des Micmacs. Aujourd'hui, nous discutons de questions très importantes: l'escalade de la violence en Nouvelle-Écosse et les droits issus de traités qui permettent aux Micmacs de pêcher pour se procurer une subsistance convenable.
Je suis ici non seulement à titre de ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, mais aussi de Néo-Écossaise et de membre de toujours de la communauté rurale côtière. Je sais à quel point la pêche est importante pour les familles et les collectivités, pour nos voisins et nos amis qui sillonnent la mer pour gagner leur vie. C'est un mode de vie ici. La pêche fait partie de la culture des Néo-Écossais.
Nous avons tous été témoins de la terrible montée des tensions et de la violence sur la côte Est. Les événements qui se sont produits au cours de la dernière semaine — la violence, les incendies et le racisme — sont dégoûtants. Je sais que les Canadiens des quatre coins du pays pensent la même chose et que la situation actuelle en Nouvelle-Écosse ne peut pas continuer. Les menaces, l'intimidation et le vandalisme dont nous avons été témoins n'ont pas leur place et je les condamne vigoureusement.
La tension grandissante que connaît le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse met en lumière les failles de la mise en œuvre des droits qu'ont les Micmacs, les Malécites et les Peskotomuhkati de pêcher et d'en tirer une subsistance convenable, ces droits étant issus de traités historiques. Cela nous rappelle brutalement qu'il faut en faire davantage et continuer de collaborer. Je ne pourrai jamais trop insister sur la nécessité d'avoir un dialogue respectueux et de respecter les droits issus de traités dans notre quête d'une solution pacifique. Pour ce qui est de l'aspect procédural, je soulignerais aussi que nous prenons tous part à un débat d'urgence à la Chambre des communes.
Les Micmacs ont le droit de pêcher; il s'agit d'un droit issu de traités qui a été confirmé par la Cour suprême. Je tiens à dire clairement que nous ne sommes pas ici pour remettre ce droit en question. Si nous sommes ici ce soir, c'est parce que notre pays a agi pendant des siècles sans tenir compte des droits des Premières Nations. Nous avons établi des réseaux, des institutions et des structures sans tenir compte de ces nations. Je tiens à dire à tous les parlementaires qui participent à la discussion et aux personnes qui suivent le débat que nous avons la possibilité de changer les choses. Le débat de ce soir ne porte pas, non plus, sur les gens qui posent des gestes criminels et déplorables. Il porte plutôt sur ce que nous pouvons tous faire pour contribuer à une solution et trouver des façons de soutenir une pêche viable et fructueuse pour tous les pêcheurs, ceux des Premières Nations comme les pêcheurs commerciaux. Je crois sincèrement que la mise en œuvre complète du droit de pêcher en vue d'une subsistance convenable ne pourra que renforcer le secteur canadien des pêches.
Nous devons aussi poursuivre nos efforts en vue de désamorcer la situation en invitant toutes les parties à prendre part à un dialogue constructif. Dans cette optique, mes collègues et moi avons des rencontres régulières avec les dirigeants autochtones et des représentants de l'industrie de la pêche. Nous les poursuivrons une fois la crise passée.
Pendant ces discussions, nous avons entendu les deux parties s'exprimer. Nous avons appris que les pêcheurs des Premières Nations sont exaspérés parce que les négociations n'aboutissent pas et que la mise en œuvre de leur droit de pêche n'avance pas. Pour leur part, les pêcheurs non autochtones nous ont fait part de leurs inquiétudes à propos de l'avenir de la pêche et de leur gagne-pain.
Au cours des derniers mois, nous avons certainement tous été confrontés à une crise sanitaire sans précédent. De nombreux pêcheurs ont connu une saison très difficile. Je sais que les pêcheurs sont inquiets, en particulier lorsque l'opposition continue d'essayer de les monter les uns contre les autres, en encourageant un climat de confrontation, en disant qu'ils devraient s'inquiéter de l'avenir des stocks.
Par conséquent, soyons clairs. La conservation est à la base de tout ce que nous faisons. Les stocks de homards sont en bonne santé. Le ministère des Pêches et des Océans va continuer de les surveiller et il ne prendra jamais de mesures qui menacent la santé de l'espèce. Je sais que de nombreux dirigeants des Premières Nations avec lesquels je m'entretiens régulièrement approuvent cette approche. Je vais continuer de déployer tous les efforts possibles avec l'industrie pour accroître la transparence, officialiser les lignes de communication et veiller à ce que l'industrie ait de véritables occasions d'exprimer ses préoccupations et son point de vue.
Le gouvernement reconnaît pleinement le droit des Micmacs, des Malécites et des Peskotomuhkati de s'assurer une subsistance convenable de la pêche. Ce droit est issu des traités de paix et d'amitié de 1760 et 1761, et il a été confirmé il y a plus de 20 ans par la décision historique de la Cour suprême dans l'affaire Marshall en 1999. Depuis lors, les différents gouvernements, tant libéraux que conservateurs, ont lancé des programmes et des initiatives pour tenir compte de ce que la cour a reconnu comme étant un droit collectif de s'assurer une subsistance convenable grâce à la chasse, la cueillette et la pêche.
Les programmes des 20 dernières années ont offert une aide financière pour acheter des permis, des embarcations et de l'équipement ainsi que pour obtenir de la formation, afin d'accroître et de diversifier la participation à la pêche commerciale et d'assurer aux Autochtones une subsistance convenable. Même s'il y a eu des progrès, il faut certainement en faire plus. Nous reconnaissons qu'il existe toujours des écarts entre le revenu des collectivités autochtones et non autochtones de la région de l'Atlantique. La violence dont nous avons été témoins cette semaine nous rappelle que nous avons encore beaucoup de pain sur la planche et que nous pouvons accomplir le travail nécessaire ensemble, dans le cadre de la réconciliation.
En fait, ce travail s'accomplit grâce au leadership du , qui a fait de la réconciliation une priorité absolue du gouvernement. Beaucoup de ministres et de ministères se penchent sur le dossier. La réconciliation est pour nous un mandat pangouvernemental, dirigé par le premier ministre. Moi, mon ministère et le gouvernement demeurons déterminés à travailler avec les dirigeants autochtones pour faire respecter leur droit de tirer de la pêche un moyen de subsistance convenable.
J'aimerais souligner, encore une fois, que la priorité du gouvernement demeure, d'abord et avant tout, la sécurité de toutes les personnes concernées. Voilà l'objectif commun de tous. La présence de la GRC dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse a été accrue et des enquêtes sont en cours sur les événements des derniers jours.
Le ministre que je suis et le gouvernement ont la responsabilité de garantir la sécurité de tous les Canadiens et de veiller à ce que toute la population du Canada soit protégée. En septembre dernier, c'était le 20e anniversaire de l'arrêt Marshall. Il est grand temps que nous accomplissions de véritables progrès pour faire respecter les droits issus des traités des micmacs. J'ai la ferme intention de voir à ce que ce soit bel et bien le cas.
Nous pouvons tous convenir que la réconciliation est impérative au pays. Chacun d'entre nous a un rôle à jouer. Ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous pourrons atteindre cet objectif. C'est le moment d'agir. Nous avons l'occasion de jeter des ponts entre les communautés afin que les Premières Nations et les pêcheurs commerciaux puissent pratiquer la pêche ensemble. C'est possible, et cela renforcera notre secteur des pêches.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de qui, depuis des mois, soulève de manière réfléchie cette question à la Chambre. Nous aurions pu éviter un débat d'urgence si le gouvernement s'était donné la peine de se pencher sur la question.
D'entrée de jeu, j'aimerais apporter deux précisions: incendier des bâtiments constitue toujours un crime et détruire les biens d'autrui constitue toujours un crime. Une personne qui commet des crimes doit rendre des comptes à la justice.
J'aimerais soulever un deuxième point. Le simple fait que les députés du gouvernement se sont joints au parti de l'opposition ayant demandé la tenue du débat d'urgence n'augure rien de bon. Ils veulent la tenue d'un débat d'urgence sur la question après cinq ans de négligence. C'est fort inhabituel qu'un gouvernement réclame un débat d'urgence sur un dossier dont il est responsable depuis cinq ans. D'ailleurs, nous avons essayé de trouver de l'information à ce sujet et je pense, sans toutefois être certain, que cela ne s'est jamais produit. Habituellement, on demande un débat d'urgence pour parler de dossiers internationaux que le gouvernement n'est pas en mesure de gérer. Cela dit, le gouvernement libéral fait rarement preuve de leadership.
De nombreux Canadiens et députés à la Chambre ne savent peut-être pas que la Cour suprême du Canada a rendu deux décisions dans l'affaire Marshall. Dans ces décisions, la cour a confirmé non seulement le droit des communautés autochtones de pratiquer la pêche dans le but de s'assurer un moyen de subsistance convenable, mais aussi les règles canadiennes liées à la conservation et la nécessité de les respecter.
Le droit des Autochtones est primordial. Il occupe une place centrale dans la Constitution et son respect est essentiel à l'accomplissement de notre devoir de réconciliation. Au cours des 21 années qui se sont écoulées depuis l'arrêt Marshall, les divers partis au pouvoir n'ont pas réussi à trouver la bonne solution. Lorsque la pêche s'effectue hors saison ou lorsque nous n'avons pas une réglementation adéquate concernant la pêche d'une espèce donnée, les stocks risquent de se détériorer, tout comme le potentiel économique de la région, au détriment tant des Autochtones que des non-Autochtones.
Chose intéressante, les deux parties en cause dans ce conflit, la communauté autochtone et la communauté non autochtone, s'entendent sur une chose: l'inaction du gouvernement libéral est inacceptable. Certains ont laissé entendre qu'une opération de maintien de la paix s'imposait, ce qui devrait signaler aux députés que la situation est inquiétante. Toutes les personnes concernées dans cette affaire méritent le respect et l'attention du gouvernement. C'est l'inaction des libéraux dans ce dossier qui a mené à une intensification du conflit et à des actes de violence.
[Français]
Malheureusement, les tensions en Nouvelle-Écosse montrent les dangers d'un gouvernement qui a peur des décisions, d'un gouvernement qui espère que les problèmes vont se régler tout seuls, d'un gouvernement qui attend. Cependant, la situation qui oppose la communauté micmaque aux pêcheurs commerciaux de la Nouvelle-Écosse ne date pas d'hier. Ce n'est pas un conflit qui va disparaître tout seul.
C'est un débat qui demande le courage d'asseoir les deux communautés à la même table parce que la recherche du compromis fait partie de nos valeurs canadiennes.
[Traduction]
Avant même que le Parlement ne se réunisse, avant que j'aie l'honneur d'assumer mon rôle de chef du parti fondateur du Canada il y a plus d'un mois, le 18 septembre, j'ai personnellement soulevé cette question auprès du , parce que depuis des mois, mon collègue de , d'autres Canadiens, des leaders autochtones, des représentants des pêches commerciales et des dirigeants syndicaux nous faisaient part de leurs préoccupations grandissantes concernant les tensions de plus en plus vives. C'est pour cette raison que j'en avais parlé directement au premier ministre.
J'ai demandé à la d'agir comme médiatrice et de faire preuve de courage politique. Ce soir, elle a demandé la tenue d'un débat d'urgence concernant un conflit qui fait rage dans sa propre province alors qu'elle est responsable de ce secteur et qu'elle n'a rien fait depuis environ un an. Pas étonnant que les gens soient frustrés partout au Canada, et particulièrement dans le Canada atlantique.
Depuis des semaines, des députés de ce côté-ci de la Chambre tirent la sonnette d'alarme et demandent au gouvernement libéral d'intervenir. Nous avons posé plus de sept fois des questions à la Chambre et des dizaines de fois dans les médias. Nous n'avions pas le choix de le faire, parce que, pendant des mois, le gouvernement a préféré rester les bras croisés et attendre que la crise se résorbe d'elle-même. Malheureusement, comme nous le montre également la deuxième vague de la pandémie, les problèmes ne se règlent pas d'eux-mêmes. Pour les régler, il faut du leadership et le gouvernement actuel préfère prendre des photos plutôt que prendre des mesures; il préfère les mots-clics aux gestes posés dans le monde réel. Espérer voir les problèmes s'envoler n'est pas ce qu'on pourrait appeler du leadership.
La a laissé la situation se dégrader, ce qui a mené aux tensions dont nous avons été témoins dans les derniers jours. Aujourd'hui, son inaction a forcé la tenue d'une conférence de presse ou non pas un, mais deux ministres sur quatre ont dû se présenter pour reconnaître qu'ils avaient laissé la situation devenir incontrôlable. Plutôt que d'envoyer quelqu'un négocier, ils ont dit être d'accord avec un des autres partis de l'opposition pour dire que la situation est maintenant urgente, notamment par leur faute. Le gouvernement révèle ainsi toute la faiblesse de son leadership.
Comme nous avons pu l'entendre du ce soir, les libéraux ont en outre préféré présenter ce conflit comme un conflit racial. Il est vrai que nous avons pu voir des gestes de racisme inacceptables, mais il y a aussi des négociations qui n'ont pas été menées à bien à cause d'un débat personnel sur la question de subsistance: la subsistance des Autochtones et le bien-être de ces Canadiens et de leur famille et la subsistance des nombreux pêcheurs commerciaux. Comme l'a dit elle-même la , dans sa province, la Nouvelle-Écosse, cela fait partie de la culture. Elle semble avoir laissé les choses traîner jusqu'à ce que la violence éclate, chose qui inquiète les Canadiens. Le problème n'est pas la façon dont on décrit la situation, mais plutôt le fait qu'il n'y ait pas eu de médiation menant à un accord.
C'est là où il faut faire preuve de leadership. Ce n'est pas facile, mais c'est ce que les conservateurs demandent depuis des mois. À cause de la pandémie, la subsistance est une question qui inquiète toutes les familles, autochtones et non autochtones, ce qui aggrave la situation. Le gouvernement aurait dû comprendre que les tensions s'intensifiaient. Il aurait pu faire preuve de leadership, mais il a plutôt choisi de présenter la chose comme des tensions à caractère racial. Ce n'est pas du tout cela.
Il s'agit d'un conflit où les droits de pêche ancestraux doivent être respectés pour les Autochtones au Canada. Cependant, les pêcheurs commerciaux, leurs représentants syndicaux et leurs dirigeants communautaires ont aussi des inquiétudes parce que si les choses ne sont pas bien faites et que la préservation des ressources n'est pas respectée, la pêche telle qu'elle est pratiquée depuis des siècles, et qui fait partie de la culture, comme l'a dit la ministre, pourrait disparaître, tout comme le bien-être et les moyens de subsistance de nombreuses personnes.
C'est pourquoi nous devons trouver une solution. C'est pourquoi j'ai soulevé la question auprès du . C'est pourquoi le député de a soulevé la question à de nombreuses reprises. Il faut que les deux parties négocient pour trouver un terrain d'entente, avec une solution obtenue par l'intermédiaire d'un médiateur et un plan à long terme pour le bien-être de tous les Canadiens, qu'ils soient autochtones ou non. Plutôt que de reconnaître les conséquences de l'inaction, la préfère lever les bras au ciel et être d'accord avec un autre parti politique sur le fait que c'est une situation d'urgence qui se déroule pendant qu'elle est aux commandes. Les libéraux ont préféré débattre à la Chambre ce soir plutôt que de discuter avec les personnes concernées il y a plusieurs mois. C'est pourquoi les habitants de la Nouvelle-Écosse sont à l'écoute, y compris ma famille, qui est originaire de Fall River, en Nouvelle-Écosse. Ce conflit retient l'attention de toute la région et de tout le pays.
Puisqu'il est plus difficile de faire preuve de leadership en montrant la voie vers un résultat à long terme issu d'une médiation, le gouvernement préfère plutôt tenir plus de discussions et de conférences de presse avec les ministres et qualifier la situation d'urgence même s'il a eu cinq ans pour la régler. Pendant quatre de ces années, chaque député de cette région était libéral. Au lieu de faire de cette situation une priorité, les libéraux ont notamment voulu retirer le juge de la région de l'Atlantique à la Cour suprême, jusqu'à ce que nous nous y opposions.
Remontons dans notre histoire. Comme je l'ai déjà dit au , qui fait preuve de condescendance chaque fois que je soulève la question de la réconciliation, tous les gouvernements de notre histoire ne se sont pas montrés à la hauteur de leurs obligations selon la Constitution et envers les Canadiens autochtones. Nous sommes ici pour trouver une solution si nous le pouvons. Nous avons besoin de moins de discussions, de moins de séances de photos et de moins de mots-clics. Nous avons besoin de véritable leadership qui rassemble toutes les collectivités pour trouver une solution.
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Monsieur le Président, je vais commencer par dénoncer la violence qui a cours dans ma région, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, dans la région de la Baie Sainte-Marie, dans la région de Clare.
[Traduction]
Tout ce que nous avons vu jusqu'à maintenant se déroule dans la circonscription de Nova-Ouest. J'aurais souhaité ne pas me trouver ici ce soir à en parler. J'aurais voulu qu'une solution à la question de la subsistance convenable pour les peuples autochtones eût été trouvée il y a des jours, des mois, voire des années. Au cours de cette affaire, j'aurais pensé qu'on aurait consulté la population de Nova-Ouest, dont l'industrie de la pêche au homard est touchée par cette crise.
La situation dure depuis des semaines, que dis-je, des mois. Il y a au moins deux mois, j'ai écrit ma première lettre à la ministre, dans laquelle je soulevais l'enjeu qui nous occupe aujourd'hui. J'ai posé des questions à la Chambre. J'en ai fait mention lors du débat sur l'Adresse en réponse au discours du Trône.
Enfin, maintenant que des menaces ont été proférées et que la violence a pris une ampleur démesurée, les gens semblent s'intéresser à ce qui se passe à Nova-Ouest. Où étaient les autres députés? On se serait attendu à ce que quelqu'un me téléphone à un moment donné pour comprendre réellement la situation.
D'où vient le problème qui retient l'attention à Nova-Ouest? Je peux dire à la Chambre que les personnes que je représente ont peur et s'inquiètent de ce qui est en train de se produire dans leur communauté. Elles se demandent ce qui arrivera ensuite.
Avant d'entrer dans le vif du sujet actuel, je tiens à demander à la ministre et aux gens qui prennent la parole aujourd'hui à la Chambre de bien veiller à ne pas décrire ma circonscription comme étant raciste. Il y habite probablement quelques personnes racistes, comme c'est le cas de beaucoup de circonscriptions. Il est vrai que le racisme systémique existe au Canada, mais ma région n'est pas foncièrement raciste. Ce n'est pas un qualificatif qui puisse s'appliquer à la majorité des résidants.
Parlons maintenant de l'origine de la situation actuelle. Je sais que je n'aurai pas assez de temps pour tout dire ce que je voudrais au sujet de l'évolution future de la situation, mais le ministère des Pêches et des Océans sait depuis longtemps qu'il y a un problème de pêche illégale dans la baie Sainte-Marie qui implique des Autochtones et des non-Autochtones.
Il suffit de penser au cas récent de Sheng Ren Zheng, un citoyen chinois accusé l'an dernier d'avoir vendu des homards issus de la pêche autochtone en Nouvelle-Écosse. Les habitants de Clare me disent que de telles activités se poursuivent encore aujourd'hui. Le ministère des Pêches et des Océans et la GRC doivent continuer de mener leurs enquêtes et rendre publiques toutes les informations qui en découlent.
Les activités illégales font diminuer les stocks de homard d'environ 60 %. Les gens de Clare craignent beaucoup d'éventuelles représailles. Jusqu'à présent, ils se sont tus, mais c'est l'un des nombreux points à soulever qui débordent la question du moyen de subsistance convenable.
Les pêcheurs de la région acceptent l'arrêt Marshall et les droits issus des traités, mais comme il est aussi question de leur gagne-pain, ils voudraient être consultés. Cette question devrait être abordée avec eux dès le départ. Qu'il s'agisse de l'arrêt Marshall 2 ou des comités des pêches qui ont suivi — je pense par exemple à celui présidé par le député de —, tous ont insisté sur la nécessité d'inclure toutes les parties prenantes aux discussions visant à définir la notion de « subsistance convenable ».
J'imagine que le ministère des Pêches et des Océans n'a pas encore compris que, pour tenir des consultations, il ne faut pas seulement parler, il faut aussi écouter, parce qu'il fait exactement le contraire. La ministre elle-même l'a souvent dit. J'ai parlé aux pêcheurs. La ministre a fait quelques appels, mais elle ne comprend pas leurs récriminations, ou en tout cas elle ne fait rien pour montrer qu'elle comprend vraiment ce sur quoi porte la discussion actuelle.
J'ai soulevé plusieurs points dans ma lettre sur l'arrêt Marshall ainsi que sur ce qu'il représente, ou pas. Je crois avoir abordé ce soir ce que je considère être le point le plus important, mais ma lettre complète se trouve sur mon site Web. Avant toute chose, la Cour n'a jamais dit que le droit conféré aux Micmacs par le traité ne pouvait pas être réglementé ni que les Micmacs ont un accès garanti aux pêches à longueur d'année. Tout est là, au paragraphe 2 de l'arrêt Marshall. La Cour a insisté pour dire que les droits issus des traités ont toujours été assujettis à la réglementation et elle précise au paragraphe 24 de son jugement que le pouvoir de réglementer l'exercice du droit en cause a été à maintes reprises confirmé dans l'opinion majoritaire du 17 septembre 1999.
Il existe bon nombre d'avis quant à ce qu'est l'arrêt Marshall et ce qu'il n'est pas. La plupart des pêcheurs et des associations à qui j'ai parlé acceptent le contenu de l'arrêt Marshall 2. Ils ne demandent qu'à négocier, à discuter et à prendre part aux consultations.
La ministre dit que les pêcheurs commerciaux ne sont pas invités à la négociation de nation à nation. Je n'ai pas d'objection à ce sujet, les pêcheurs commerciaux non plus. Rappelons toutefois que, dans la plupart des négociations, il y a une deuxième table de consultation à laquelle participent des experts, qui peuvent ensuite parler de leurs réflexions et des idées qu'ils laissent de côté. À titre d'exemple, pendant la négociation récente de l'ALENA avec les États-Unis, une négociation de nation à nation, on sait que Jerry Dias était assis à la table avec les négociateurs pour représenter les travailleurs.
Les travailleurs du secteur des pêches, sur lequel repose toute l'activité économique de Nova-Ouest, souhaitent simplement avoir un siège à la table, participer à ces négociations et pouvoir, eux aussi, obtenir un revenu convenable pour leur famille.
La tension règne de tous les côtés. J'ai aussi vu des menaces fuser de tous les côtés, bien qu'elles ne ciblent pas tout le monde. Il faut rétablir le calme. Je passe mes journées à parler à des pêcheurs et à leur dire de rester tranquilles pendant les négociations, et je commence franchement à en avoir marre. Je demande donc à tout le monde de faire sa part pour continuer de calmer les tensions.
Ce matin, lors d'un rassemblement à Barrington, Sterling Belliveau, l'ancien ministre néo-écossais des Pêches, a déclaré une chose importante et préoccupante. Il a dit: « Si vous n'êtes pas à la table, vous êtes probablement au menu ». Aujourd'hui les pêcheurs de chez nous craignent vivement que leur industrie soit au menu, car personne ne les consulte et ils ne sont pas invités à la table pour prendre part aux discussions.
Je répondrai volontiers aux appels de tous mes collègues qui se demandent ce qui se passe avec les pêches en Nouvelle-Écosse, mais j'ai besoin que la ministre intervienne. J'ai besoin d'elle ici, sur le terrain, pour qu'elle rencontre les pêcheurs, tant autochtones que non autochtones. En fait, j'ai un camion et j'irai volontiers la chercher pour la conduire et assurer sa sécurité durant la tenue de ces discussions.
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Monsieur le Président, je suis honorée de prendre la parole ce soir durant ce débat d'urgence au sujet de l'escalade de la violence contre les pêcheurs autochtones. Je tiens à dire que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue la députée d'.
Je ne peux faire autrement que de commencer mon discours en condamnant ardemment les gestes criminels qui ont été commis en Nouvelle-Écosse, de même que les manifestations de haine et de racisme à l'endroit des Micmacs et dont nous avons été témoins ces derniers jours. Absolument rien ne justifie cela.
Le 17 septembre dernier, comme on le sait déjà, des pêcheurs autochtones ont lancé leur saison de pêche au homard dans la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Depuis, les affrontements se multiplient, tout comme les actes de vandalisme, les voies de fait, les incendies et bien plus.
Pourtant, les pêcheurs des nations micmac et malécite possèdent des droits ancestraux qui ont été confirmés par une décision de la Cour suprême du Canada en 1999. L'arrêt Marshall a reconnu le droit aux Autochtones de pratiquer une pêche de subsistance, mais dans le respect de la réglementation fédérale. Cependant, la Cour suprême n'a jamais défini les limites d'une pêche de subsistance qui constitue encore aujourd'hui l'une des sources de conflit avec les pêcheurs non autochtones.
Il est bien malheureux de constater que c'est le laxisme des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement qui est à la source du dépérissement de la situation ayant mené à la crise que nous vivons présentement. Si les gouvernements ne s'étaient pas traîné les pieds dans ce dossier, on n'en serait pas là aujourd'hui et nous ne serions pas ici en train d'en discuter. Il est vraiment déplorable de constater l'incapacité du ministère des Pêches et des Océans des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement à appliquer l'arrêt Marshall en mettant en place un cadre réglementaire négocié sur la base d'une relation de nation à nation, en respectant les droits constitutionnels issus des traités et la nécessité d'assurer la conservation de la ressource.
Dans l'arrêt Marshall, la Cour suprême avait reconnu un droit de pêche commercial aux Micmacs en vertu d'un traité signé avec les Britanniques en 1760. Les jugements précédents affirmaient que ce droit avait été atteint dans les années 1780, mais la Cour suprême, se basant sur l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, a plutôt jugé qu'il subsistait en vertu des traités un droit pour les Micmacs de pêcher pour assurer leur subsistance.
Dans sa deuxième décision rendue en novembre 1999, la Cour suprême a précisé les modalités d'application de sa première décision et elle en est venue à la conclusion que les gouvernements fédéraux et provinciaux ont le pouvoir de réglementer, dans les limites de leurs champs respectifs de compétences législatives, l'exercice d'un droit issu du traité lorsque de telles mesures sont justifiées pour des raisons de conservation ou tout autre motif.
L'arrêt Marshall fait état des principaux énoncés de la Cour suprême sur les divers motifs justifiant la réglementation de l'exercice des droits issus de traités. L'objectif prépondérant en matière de réglementation est la conservation de la ressource, et cette responsabilité incombe carrément au ministre responsable, et non aux personnes autochtones et non autochtones qui exploitent la ressource. Le pouvoir de réglementation s'étend à d'autres objectifs d'intérêt public et impériaux, par exemple, la poursuite de l'équité sur les plans économique et régional, ainsi que la reconnaissance du fait que, historiquement, des groupes non autochtones comptent sur les ressources halieutiques et participent à leur exploitation.
Les peuples autochtones ont le droit d'être consultés à propos des restrictions à l'exercice des droits ancestraux ou issus de traités. En d'autres termes, c'est au gouvernement fédéral, et plus précisément à la , de mettre en place la réglementation dans le but d'assurer la prospérité et la conservation de la ressource, le tout en consultation avec les peuples autochtones.
Cela fait maintenant cinq ans que les libéraux sont au pouvoir, sans compter, bien sûr, les autres années qu'ils ont passées au pouvoir depuis 1999. Pourquoi avoir attendu pour mettre en place la réglementation? C'est leur responsabilité. À cause de l'inaction du gouvernement, nous nous retrouvons encore une fois face à une situation conflictuelle entre allochtones et Autochtones, parce qu'en dépit d'une décision de la Cour suprême du Canada, le gouvernement fédéral n'a pas été capable de trouver un cadre pour l'appliquer, et ce, plus de 20 ans après le jugement rendu.
Il est intéressant de lire ce matin, dans un article de Radio-Canada, les propos de M. Martin Papillon, directeur du Centre de recherche sur les politiques et le développement social à l'Université de Montréal. Ce dernier vient corroborer ce que je viens de dire en mentionnant ceci:
Si la Cour suprême permet d'établir de grands principes, elle ne peut pas nous dire quoi faire à chaque fois. C'est au gouvernement, avec les nations autochtones, de trouver des terrains d'entente pour la mise en pratique de l'arrêt Marshall.
Il ajoute:
La mise en œuvre des droits des peuples autochtones, ça ne se fait pas seul, de façon magique. Les gouvernements doivent intervenir [et] négocier de bonne foi avec les nations autochtones pour trouver des solutions.
Il n'y a pas que dans ce dossier que le gouvernement fédéral se traîne les pieds. On l'a vu entre autres avec le dossier des barrages sur les voies ferrées juste avant la pandémie de la COVID-19. Au lieu de penser à une stratégie globale et pérenne, le gouvernement a pris l'habitude d'intervenir seulement lorsque la tension atteint des sommets. La conclusion, c'est que nous sommes témoins d'événements malheureux.
L'article cité plus haut rapporte également ces propos de Jean Leclair, professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal:
Encore une fois, c'est la faillite du gouvernement d'agir de manière à prévenir ce genre d'explosion là. C'est toujours à la pièce, au moment d'une crise. Et donc, bien sûr, c'est un terreau fertile pour la violence et le racisme.
Il est important d'encadrer les négociations plutôt que de faire du cas par cas. On sait bien que chaque dossier opposant le gouvernement aux Premières Nations a ses particularités. Il faut adopter des principes généraux pour encadrer les négociations.
Je sais que je vais me répéter, mais c'est important de le faire. En conclusion, je condamne fermement les gestes criminels qui ont été commis en Nouvelle-Écosse, de même que les manifestations de haine et de racisme à l'endroit des Micmacs dont nous avons été témoins.
Je trouve regrettable l'incapacité du ministère des Pêches et des Océans, des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement d'appliquer l'arrêt Marshall en mettant en place un cadre réglementaire négocié sur la base d'une relation de nation à nation en respectant les droits constitutionnels issus de traités et la nécessité d'assurer la conservation de la ressource.
Pourquoi Pêches et Océans Canada a-t-il attendu jusqu'en 2017, soit 18 ans après l'arrêt Marshall, pour commencer les négociations avec les différentes communautés micmaques et malécites du Québec et des provinces atlantiques? Pourquoi la crise dure-t-elle depuis deux mois? Que fait la depuis le début de cette crise pour apaiser les tensions et régler la situation?
Plusieurs représentants de la communauté micmaque ont même émis des doutes quant à la volonté des agents de la GRC de véritablement les protéger. Comment le va-t-il s'assurer de préserver la confiance du public et notamment des Autochtones envers les forces policières?
Le a déclaré plus tôt aujourd'hui que seules les pêcheries autochtones, ne représentant qu'une infime partie du secteur des pêches, étaient occupées par les pêcheurs micmacs. Est-ce que le ministre dit vrai? Le cas échéant, pourquoi est-ce si difficile de s'entendre avec les communautés micmaques? Le gouvernement craint-il la grogne de l'industrie des pêches commerciales?
Je dénonce l'inaction des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement, à la source de la détérioration de la situation et ayant mené à la crise que nous vivons présentement. Tout cela aurait pu être évité il y a bien longtemps. Il faudrait que le gouvernement fasse ses devoirs et arrête de se traîner les pieds dans ce dossier, comme dans plusieurs autres dossiers.
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Monsieur le Président, je tiens à réitérer que le Bloc québécois condamne fermement les gestes criminels qui ont été commis en Nouvelle-Écosse, de même que les manifestations de haine et de racisme à l'endroit des Micmacs dont nous avons été témoins ces derniers jours. Mes collègues et moi regrettons surtout l'incapacité du ministère des Pêches et des Océans, des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement à appliquer l'arrêt Marshall en mettant en place un cadre réglementaire négocié sur la base d'une relation de nation à nation en respectant les droits constitutionnels issus des traités et la nécessité d'assurer la conservation des pêches.
Nous dénonçons également l'inaction des gouvernements successifs et de l'actuel gouvernement qui, il faut le dire, est à la source de la détérioration de la situation ayant mené à la crise que nous vivons présentement. Bien des choses auraient pu être accomplies bien avant. J'ai d'ailleurs envoyé une lettre à la à ce sujet, afin de l'implorer d'enfin définir ce qu'est la pêche de subsistance dite convenable. Cela pourrait être une solution concrète à ce qui sévit en ce moment, tant en Nouvelle-Écosse qu'ailleurs au Québec et au Canada dans les différentes communautés autochtones.
Malgré ce qu'on entend de la part des ministres concernés quant à l'inaction de la police face aux actes perpétrés, ce n'est pas qu'une question de ce que la police a fait ou n'a pas assez fait dans le contexte actuel. Les tensions entre pêcheurs autochtones et non autochtones perdurent depuis plus de 20 ans. Oui, je salue le fait que l'escalade des événements ait mené à un débat d'urgence, mais la question de la réglementation des droits de pêche découlant de l'arrêt Marshall ne semble pas avoir fait partie des préoccupations les plus urgentes du gouvernement lors de son dernier discours du Trône, ni même lors de la dernière année, voire des quatre années précédentes. Le règlement de cette question ne figurait même pas dans la lettre de mandat de la lors de la dernière session parlementaire.
Est-ce qu'il faut attendre des actes de violence tels que ceux que nous avons vus en Nouvelle-Écosse avant d'agir? Dans ma circonscription d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia en Gaspésie, les tensions sont également bien présentes entre les pêcheurs autochtones et non autochtones et je pense que c'est le cas à bien d'autres endroits. Heureusement, aucun acte violent n'a été commis chez nous, mais c'est justement le temps d'agir pour prévenir ce genre d'événements.
La écrivait sur Twitter cette fin de semaine que son gouvernement continuerait de travailler avec les Micmacs pour mettre en œuvre leurs droits issus des traités. Or, cette crise dure depuis plus d'un mois et, comme le disait si bien ma collègue de , depuis bien plus longtemps que cela. Où était la depuis le début? Qu'est-ce qu'elle a fait pour apaiser la situation?
Il faut dire que le problème n'a pas débuté avec les débordements de violence que l'on connaît dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse depuis le lancement de la pêche au homard le 17 septembre dernier. La difficulté qu'éprouve le gouvernement à trouver des solutions en collaboration avec les Premières Nations est assez évidente, parce que, comme je le disais, 21 ans après l'arrêt Marshall, la situation n'est toujours pas réglée. En point de presse ce matin, quatre ministres libéraux ont dénoncé l'inaction de la police en réaction aux actes d'intimidation et de violence des pêcheurs non autochtones à l'égard des pêcheurs micmacs en Nouvelle-Écosse.
Je pense qu'on peut plutôt mettre en cause la propension d'Ottawa à laisser traîner les choses, comme on l'a entendu dans les dernières minutes, lorsqu'il est question des revendications des Premières Nations en général. Oui, le lui-même a condamné les gestes de violence en Nouvelle-Écosse avant d'ajouter que lui et son gouvernement allaient continuer à travailler à la réconciliation avec les peuples autochtones, mais, au fond, on sait que cela n'avance pas.
C'est maintenant que nous avons besoin de gestes concrets et de clarifier la réglementation. Je pense que c'est ce dont il est réellement question ce soir. C'est cette absence de volonté du gouvernement fédéral de régler la question et d'assumer ses choix qui nuit à la bonne entente dans les zones de pêche partagées par les pêcheurs autochtones et non autochtones.
Cela m'amène à évoquer une situation toute similaire à celle de la Nouvelle-Écosse: la pêche au homard par la communauté de Listigouche dans la circonscription que je représente, et où Pêches et Océans Canada entretient un flou artistique sur la question des droits des Premières Nations, demeure litigieuse. La tension monte chez les pêcheurs non autochtones parce que les négociations se poursuivent, mais n'aboutissent jamais, tant du côté des conseils de bande que du côté des regroupements de pêcheurs. En décidant de gérer elle-même ses activités de pêche, la communauté micmaque nous jette en pleine figure l'impasse dans laquelle les Autochtones et les pêcheurs commerciaux se trouvent depuis 21 ans.
Je me permettrai moi aussi un retour dans l'histoire récente et moins récente. Plusieurs parlementaires ont évoqué ce soir ce droit des Autochtones à pêcher pour s'assurer une subsistance convenable. Ce droit a été confirmé par la Cour suprême du Canada, mais il reste un flou qui crée beaucoup de friction.
En 1999, il y a un peu plus de 21 ans de cela, la Cour suprême prononçait l'arrêt Marshall. Elle statuait que Donald Marshall, accusé d'avoir pêché illégalement l'anguille hors des saisons de pêche déterminées par le ministère des Pêches et des Océans, avait le droit de pêcher en vertu des traités de paix et d'amitié signés par les Autochtones au XVIIIe siècle. La Cour suprême reconnaît donc aux Autochtones le droit de pêcher, de chasser et de cueillir pour s'assurer une subsistance convenable ou modérée.
Cependant, c'est justement cette notion de subsistance convenable ou modérée qui n'a jamais été définie.
Quelques mois plus tard, en novembre 1999, et après plusieurs protestations des pêcheurs commerciaux, la Cour suprême a émis une clarification, couramment appelée Marshall 2. Elle précise que les gouvernements fédéral et provinciaux ont le pouvoir de réglementer la pêche que les Autochtones ont le droit de pratiquer lorsque de telles mesures sont justifiées pour des raisons de conservation de la ressource ou pour d'autres motifs.
Depuis, les Premières Nations et le ministère des Pêches et des Océans ont été incapables de s'entendre sur la définition d'une subsistance modérée. C'est pourquoi les Micmacs ont décidé qu'ils allaient pêcher et vendre leurs prises, selon des règlements qui seront appliqués par des agents de conformité. C'est ce qui se passe quand le gouvernement échoue à mettre des mesures en place. Les communautés définissent elles-mêmes les mesures qui doivent s'appliquer à elles.
Cependant, n'est-ce pas au gouvernement fédéral et plus précisément à la ministre des Pêches et des Océans de mettre en place une réglementation, dans le but d'assurer la prospérité et la conservation de la ressource, le tout en consultation avec les peuples autochtones et les pêcheurs allochtones? Encore une fois, ma collègue de posait cette question tout à l'heure. Comment se fait-il que personne ne soit capable d'y répondre? À qui revient cette responsabilité?
L'an dernier, des pêcheurs de Listuguj ont eux aussi défié le gouvernement fédéral en prenant la mer en septembre afin de capturer des homards pour les revendre plutôt que de seulement les distribuer dans leurs communautés. Les Micmacs plaidaient être dans leur droit en raison du jugement Marshall, alors que Pêches et Océans Canada qualifiait plutôt ces activités de pêche commerciale non autorisée. Le conseil de bande de Listuguj affirmait que le ministère fédéral des Pêches et des Océans avait refusé de lui accorder un permis commercial pour la pêche en automne, sans donner d'explications. C'est d'ailleurs souvent ce que l'on entend lorsque des gens tentent de joindre le ministère: peu d'explications, voire aucune réponse.
La Première Nation a finalement signé un accord avec le gouvernement fédéral en novembre dernier, menant à des négociations officielles sur les droits de pêche qui sont toujours en cours, mais qui, dans les faits, n'avancent tout simplement pas.
En voulant aménager la chèvre et le chou, on déplait à tout le monde. C'est ce qui se passe dans plusieurs dossiers avec les Premières Nations. On n'a qu'à regarder ce qui se passe dans la réserve faunique La Vérendrye pour ce qui est de la chasse à l'orignal. C'est vrai aussi dans les zones de pêche gaspésiennes, parce que les pêcheurs commerciaux non autochtones du sud de la Gaspésie sont eux aussi furieux, car ils ne se sentent pas écoutés non plus. Cela fait huit ans qu'ils demandent d'être entendus par le ministère des Pêches et des Océans sur la gestion des stocks, touchant nécessairement aux ententes négociées avec les Premières Nations.
Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie a essuyé des refus du ministère ou n'a tout simplement pas reçu de réponse. Il déplore que les négociations de gré à gré avec les communautés ne l'impliquent pas, alors que les changements qui sont apportés aux plans de pêche touchent tous les utilisateurs d'une même zone, tant les pêcheurs autochtones que les pêcheurs non autochtones. Il déplore aussi les ententes visant des plans de pêche indépendants pour les différentes communautés, lesquels créent des iniquités selon lui. Il dit constater la création de deux systèmes de pêche parallèles et c'est un peu ce qui se passe en ce moment.
Selon le Regroupement, le gouvernement pose des gestes qui vont à l'encontre de ses propres lois pour la conservation du homard — c'est-à-dire les efforts de réduction de pêche pour augmenter les stocks — en augmentant le nombre de casiers permis dans certaines zones et en augmentant le nombre de permis de pêche dont certains couvrent les mêmes zones que ceux des pêcheurs gaspésiens, soit celles comprises dans la Baie-des-Chaleurs.
Dans les faits, les pêcheurs autochtones et les pêcheurs non autochtones ne s'entendent probablement pas, et c'est justement la responsabilité du gouvernement fédéral de tracer la ligne. Le gouvernement doit impérativement définir ce qu'est la pêche de subsistance, inviter à la table toutes les parties impliquées dans la gestion des pêches et viser un système d'octroi des permis et des règles qui sont clairs et transparents.
Encore une fois, on se retrouve empêtré dans un conflit avec les Premières Nations parce que le gouvernement n'a pas assumé ses responsabilités. Au fond, tout le monde veut la même chose: qu'on ait des directives claires.
Le ministère des Pêches et des Océans est celui qui fait appliquer la Loi sur les eaux navigables canadiennes. Il doit donc avoir le courage politique nécessaire pour prendre position afin de mettre fin à 21 ans d'incertitude et de tensions entre pêcheurs autochtones et pêcheurs non autochtones. C'est ce qui manque à ce gouvernement dans plusieurs dossiers: de la volonté politique.
Une approche collaborative est primordiale pour l'élaboration d'une entente globale à l'image de la Paix des Braves conclue en 2002 entre le Québec et les Cris de la Baie-James. Cela pourrait être une piste de solution.
Puisque mon temps de parole est écoulé, je terminerai mes propos dans mes réponses aux questions de mes collègues s'ils me le permettent.
:
Madame la Présidente, je vous avise que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je m'adresse à la Chambre à partir de ma maison, à Toronto, située sur le territoire traditionnel de la Première Nation des Mississaugas de New Credit. Nous honorons tous les peuples autochtones qui ont pagayé ces eaux et dont les mocassins ont parcouru ces terres.
Pour commencer, je tiens à remercier les communautés micmaques qui ont travaillé très fort pour s'assurer que leurs membres sont en sécurité malgré l'escalade de la violence. Tous les Canadiens ont été horrifiés par la violence vécue par les Micmacs au cours des dernières semaines. Ces derniers ont été attaqués et intimidés parce qu'ils ont exercé leur droit.
[Traduction]
Malheureusement, la destruction des biens et les actes commis pour détruire les moyens de subsistance convenable ont accru les tensions et ont attisé les dissensions. La violence ne mène jamais à la résolution de conflits et les menaces et l'intimidation ne mènent jamais à des solutions durables. Cela doit cesser. Les droits fondamentaux des peuples autochtones, ainsi que ceux issus de traités, doivent être respectés. Cet engagement est au cœur même de l'identité du Canada et est inscrit dans la Constitution.
Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour compléter l'œuvre inachevée de la Confédération. Nous devons accélérer le processus et veiller à ce que tous les Canadiens y participent. Les politiques coloniales racistes ont eu pour effet de priver les gens d'occasions, de les soumettre à du harcèlement perpétuel et de susciter en eux une méfiance justifiée à l'égard de toutes les institutions et de la société civile. Le racisme systémique se manifeste dans l'ensemble de nos institutions et tous les Canadiens doivent savoir qu'il leur appartient d'y mettre fin. Le gouvernement du Canada tient à en arriver à une relation renouvelée avec les peuples autochtones, une relation de nation à nation, de nation inuite à État et de gouvernement à gouvernement, fondée sur le respect, les droits, la collaboration et le partenariat.
Cela fait plus de 20 ans que l'arrêt Marshall a réaffirmé le droit des Micmacs de pêcher pour s'assurer une subsistance convenable. La cour a confirmé le droit issu de traités de Donald Marshall de pêcher. Elle a conclu que son droit issu de traités était protégé par l'article 35 de la Constitution. Le peuple micmac a le droit de se prévaloir de ce droit sans subir de violence et sans faire l'objet de menaces ou de racisme.
Le Canada a réaffirmé son engagement à travailler en partenariat avec les Micmacs pour faire respecter leurs droits issus de traités dans le cadre de la démarche vers l'autodétermination. En fin de semaine, dans nos entretiens avec le chef Sack et l'Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse, nous leur avons assuré que nous sommes d'accord avec eux, que la sécurité de leurs collectivités est la priorité, que la violence est inacceptable et que les auteurs de ces actes de violence seront poursuivis en justice. Nous avons entendu leur frustration à l'égard du respect de leur droit à une subsistance convenable.
L'arrêt Marshall date d'il y a longtemps, mais le début de cette histoire remonte à beaucoup plus loin. En 1760-1761, la Couronne a signé des traités de paix et d'amitié avec le peuple micmac, des traités qui garantissent les droits de chasse, de pêche et d'utilisation du territoire des descendants de ces communautés. Ces traités sont le fondement de notre relation et demeurent en vigueur aujourd'hui. Le Canada et tous les Canadiens ont la responsabilité de comprendre cela et de veiller à ce que ces traités soient respectés et appliqués. Pour y parvenir, le Canada participe actuellement à des discussions sur les droits issus de traités et l'autonomie gouvernementale avec 10 des 13 nations micmaques de la Nouvelle-Écosse. Nous discutons également avec les trois autres nations, mais elles ne participent pas aux pourparlers concernant l'autodétermination.
Le respect des droits issus de traités historiques reconnus dans l'arrêt Marshall fait partie intégrante de ces discussions et constitue une priorité pour le gouvernement du Canada. Depuis des millénaires, les peuples autochtones considèrent le dialogue et la viabilité comme des valeurs essentielles. La nation micmaque travaille dur pour planifier le respect et l'exercice de ses droits dans le cadre d'une pêche viable fondée sur des données scientifiques.
Je suis fière des progrès que nous faisons ensemble pour affirmer les droits inhérents et issus de traités des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans leur accession à l'autodétermination. Ensemble avec nos partenaires, nous avons transformé les relations entre le gouvernement et les peuples autochtones et la façon de collaborer avec eux. Le renouvellement de cette relation a été soutenu par la création des tables de discussion sur la reconnaissance des droits ancestraux et l'autodétermination, qui constituent une nouvelle tribune flexible pour la tenue de discussions sur la façon d'affirmer les droits, les besoins et les intérêts uniques qui tiennent à cœur aux communautés autochtones.
Depuis 2015, nous avons créé plus de 90 nouvelles tables de négociation. Il y a présentement 150 tables de négociation actives au pays pour faire avancer la relation avec les peuples autochtones et soutenir l'avènement de leur vision en matière d'autodétermination. Des progrès considérables sont obtenus de ces tables, mais nous ne pourrons avancer en tant que pays sans la compréhension et le soutien de l'ensemble des Canadiens.
Une partie des pistes de solution a été énoncée dans le discours du Trône, soit la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il n'y a rien d'effrayant dans cette déclaration. La mise en œuvre des droits inhérents et issus de traités des peuples autochtones est la meilleure façon de bâtir un Canada plus fort et plus juste.
Les grands défis que nous avons affrontés jusqu'ici en 2020 nous ont révélé un monde qui a besoin de renouveau. Pour les Canadiens, ce renouveau doit commencer par notre partenariat le plus ancien. Le gouvernement libéral est tout aussi déterminé à s'attaquer aux injustices historiques et au racisme découlant du colonialisme qu'il l'est à exposer le racisme d'aujourd'hui. Les Canadiens ont bien vu pendant cette période difficile et tendue que le racisme, systémique et social, reste encore trop présent dans notre pays. La mort de Joyce Echaquan est un exemple de cette terrible vérité.
Une fois que nous connaissons la vérité, nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas la connaître. June Callwood dit qu'une personne qui observe une injustice participe aussi à cette injustice. Nous devons tous repérer le racisme dans toutes ses formes, le dénoncer et contribuer à apporter les changements concrets qui vont y mettre fin. Il ne doit pas être toléré. Il ne sera pas toléré.
Le gouvernement du Canada reste déterminé à appuyer le droit de pêche de subsistance convenable des Micmacs. Nous allons continuer de mener un dialogue constructif avec les chefs de la Nouvelle-Écosse afin d'assurer l'application de ce droit. Je travaille en étroite collaboration avec ma collègue la afin d'en arriver à une résolution pacifique et de faire avancer les droits des Micmacs.
Le leadership des Micmacs est une source d'inspiration. Je suis convaincue que nous pourrons trouver ensemble une solution qui affirmera leur droit de pêcher et créera la certitude qui permettra au peuple micmac de vivre dans la dignité et la sécurité et à l'abri de la violence. Une résolution opportune et pacifique rendra la Nouvelle-Écosse et le Canada plus forts et plus justes. Wela'lin.
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Madame la Présidente, je me joins à la Chambre aujourd'hui depuis la communauté d'Eskasoni, la plus grande nation micmaque au cœur de Mi'kma'ki, sur le territoire non cédé des Micmacs. J'interviens aujourd'hui en tant qu'unique député micmac de la Chambre, le seul député micmac que la Chambre ait jamais connu, mais aussi en tant que membre d'une grande communauté de pêcheurs. J'ai dit aux habitants de ma circonscription que je chercherais toujours des solutions concertées aux difficultés qui se posent à nous au Canada. J'ai parlé à de nombreux intervenants au cours du dernier mois: des pêcheurs micmacs, des dirigeants micmacs, des associations de pêcheurs et la GRC. Je suis intimement persuadé qu'il y a de la place pour nous tous et qu'ensemble, nous pouvons nous sortir du conflit.
Avant de présenter les solutions que je propose, j'aimerais parler un peu de la manière dont on en est venu à cette escalade.
Les valeurs des Micmacs sont ancrées dans leur langue. Selon le Netukulimk, dans la vision micmaque du monde, nous sommes étroitement liés à l'environnement, et non supérieurs à lui. Comme le chef Seattle, qui n'est pas Micmac, l'a si bien dit: « L'homme n'a pas tissé la toile de la vie; il n'en est qu'un fil. Tout ce qu'il fait à la toile, il le fait à lui-même. »
Cela étant posé, j'aimerais faire un bref historique des traités. En 1605, le grand chef du Grand Conseil des Micmacs, Henri Membertou, a accueilli les nouveaux arrivants français sur les côtes de Port-Royal, dans la partie sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il les a pris sous son aile et leur a montré comment survivre dans notre coin de pays. Une grande amitié entre les Micmacs et les Français a alors vu le jour. Cette amitié était telle qu'en 1755, quand les Acadiens ont été déportés, les Micmacs les ont cachés. Le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Arthur Leblanc, m'a déjà raconté comment sa famille a été sauvée par les Micmacs. C'était une histoire magnifique.
La Chaîne d'alliance des traités au sein des Micmacs, qui couvre la période allant de 1725 à 1778, a donné le coup d'envoi à une série de négociations entre la Couronne britannique et les Micmacs. Les premiers traités entre les deux parties reposaient sur les notions de paix, d'amitié et d'échanges commerciaux. Il y a un mythe tenace voulant que les Micmacs auraient alors renoncé à leurs ressources, qu'ils les auraient bradées. Les Micmacs formaient une puissance de combat considérable. Voici un extrait de l'argumentaire présenté par Donald Marshall en 1999: « Il faut souligner que les Mi'kmaq constituaient une puissance militaire considérable au XVIIIe siècle. Non seulement leurs raids étaient-ils efficaces sur terre, mais les Mi'kmaq étaient des marins accomplis. »
Le paragraphe 35(1) de la Loi constitutionnelle de 1982 se lit comme suit:
(1) Les droits existants — ancestraux ou issus de traités — des peuples autochtones du Canada sont reconnus et confirmés.
Mis ensemble, ce paragraphe et l'article 52, selon lequel la Constitution du Canada est la loi suprême du pays, signifient que les droits des Autochtones et les droits issus de traités sont, une fois reconnus, la loi suprême du Canada.
En 1985, le traité de 1752 a été reconnu dans l'arrêt Simon, qui dit ceci: « Le traité était un échange de promesses solennelles entre les Micmacs et le représentant du Roi conclu pour faire la paix et la garantir. Il s'agit d'une obligation exécutoire entre les Indiens et l'homme blanc [...] » C'est un extrait de la décision.
L'arrêt Marshall est venu ensuite, en 1999. Des députés de l'opposition ont cité une partie des précisions qui ont suivi la décision au lieu d'examiner l'ensemble de la jurisprudence sur les Micmacs et l'ensemble de la jurisprudence du Canada. Rappelons que le droit des Micmacs à une subsistance convenable a été confirmé deux fois plutôt qu'une en 1999. Aujourd'hui, les Micmacs demandent un droit qu'ils ont toujours eu, en fait. Ce droit n'a pas commencé en 1999: cette année-là, la Cour a simplement confirmé qu'il existait depuis longtemps. Les Micmacs ne sont pas en quête de vengeance ni de dédommagements, mais bien de réconciliation, et nous montrons au pays et à nos alliés notre engagement. Je tiens à rappeler à tout le monde que la Cour suprême du Canada a reconnu le droit à une subsistance convenable à deux reprises.
J'ai également entendu des échanges au sujet de la réglementation des pêches. Je tiens à mettre une chose au clair: le droit des Micmacs est de nature constitutionnelle. Cela signifie qu'il est inscrit dans la loi suprême qui régit le Canada. Les seules fins pour lesquelles on peut porter atteinte à un droit issu de traités sont la conservation et la sécurité. Selon le jugement de 2005 dans l'affaire de la Première nation crie Mikisew, avant de porter atteinte à un droit à des fins de conservation ou de sécurité, il faut prouver que l'obligation de consultation qui découle du principe de l'honneur de la Couronne a été respectée. Toute atteinte aux droits doit être compensée. Or, à ce jour, cela ne s'est jamais produit.
Où en sommes-nous aujourd'hui? Qu'avons-nous appris depuis 1999? Avons-nous appris quoi que ce soit de la crise de Burnt Church? Je me souviens avoir observé la crise de Burnt Church quand j'étais jeune. Jamais je n'aurais pensé qu'aujourd'hui, le Sénat du Canada compterait deux sénateurs micmacs nommés au cours des cinq dernières années, et que la Chambre compterait un député micmac.
Lorsque le conflit a commencé à s'intensifier, non pas la semaine dernière, mais à la mi-septembre, je suis allé à Saulnierville avec le grand keptin de la nation micmaque, Andrew Denny, le porte-parole politique du Grand Conseil des Micmacs, qui représente les sept districts du Mi'kma'ki. Nous nous sommes entretenus avec les pêcheurs micmacs, la GRC et la communauté. Nous avons constaté un mélange parfait de frustrations pour créer la situation actuelle.
Certes, nous avons constaté 20 années de frustration à l'égard de la non-application de l'arrêt Marshall, mais nous avons également constaté une très mauvaise saison de pêche en raison de la pandémie de COVID-19, pendant laquelle les pêcheurs n'ont pas fait autant d'argent qu'à l'habitude. En outre, les Micmacs qui, traditionnellement, se rendaient aux États-Unis pour participer à la récolte de bleuets dans le Maine n'ont pas eu cette occasion de faire de l'argent cette année.
J'ai communiqué avec les sénateurs micmacs pour leur dire que je pensais que nous pouvions, en tant que Micmacs, dialoguer et déterminer comment nous pouvions procéder pour trouver des solutions. Lors d'une discussion approfondie avec des ministres et des gens de l'association des pêcheurs ainsi que des pêcheurs micmacs, les chefs nous ont dit bien clairement que ce conflit n'est pas une question d'argent ni d'emplois et que ce droit n'est pas à vendre. Il s'agit d'un droit qu'on veut transmettre de génération en génération. C'est une affaire de culture, c'est une affaire de savoir. L'idée de vendre ces droits et d'y mettre fin n'est pas acceptable, peu importe le prix.
Quelle est la solution, alors? Les Micmacs comptent une grande réussite, une réussite à l'échelle nationale. Ils ont le taux d'obtention de diplôme le plus élevé de toutes les nations, soit 90 %, et ce, malgré un taux déplorable d'enfants vivant dans la pauvreté. La raison en est qu'ils ont la responsabilité de l'éducation. Quand il y a reddition de comptes entre les Micmacs et que la responsabilité leur incombe, ils réussissent.
Lorsque nous cherchions des solutions, les sénateurs et moi avons dit que nous devions trouver des principes pour aller de l'avant. Le premier est la durabilité pour l'avenir, ou Netukulimk, dont j'ai parlé. Nous devons également nous pencher sur la mise en œuvre, et non sur la violation ou l'extinction d'un droit quelconque. L'industrie de la pêche nous a dit qu'il y a des gens qui ont peur, c'est pourquoi nous devons envisager une transparence totale de la pêche et travailler sur un modèle qui stimule la croissance économique des Micmacs et des Malécites dans le domaine de la pêche dans l'Atlantique. Il est difficile pour moi de regarder les membres de ma communauté dans les yeux lorsque le taux de pauvreté chez les enfants est de 75 % dans ma communauté, malgré le fait qu'ils ont le droit de s'assurer une subsistance convenable.
Nous estimons que ces solutions représentent la meilleure façon d'aller de l'avant, mais j'ai entendu des questions dans de nombreuses conversations que j'ai eues jusqu'à présent: pourquoi le gouvernement n'en a-t-il pas fait plus en cinq ans? Pourquoi le gouvernement ne l'a-t-il pas fait en 20 ans? L'une des principales raisons est que les gens ne sont pas au courant des droits issus de traités. Ils ne sont pas au courant des litiges qui ont eu lieu relativement aux traités. J'étais le chef de l'enseignement des traités de la Nouvelle-Écosse avant de me présenter aux élections. Je me souviens que Nelson Mandela a fait l'affirmation suivante: « L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. » La sensibilisation aux traités et à l'histoire des peuples autochtones est essentielle pour aller de l'avant. Je le croyais lorsque je remplissais mon rôle antérieur de chef de l'enseignement des traités de la Nouvelle-Écosse et je le crois aujourd'hui, mais je crois aussi que les échecs d'une génération représentent les possibilités de la suivante.
Je suis vraiment fier d'être ici ce soir, d'entendre pour la première fois des débats sur la pêche des Micmacs, et de me joindre aux députés en tant que député micmac. Je suis fier et reconnaissant que les députés prennent part à ce débat. Je voulais non seulement leur donner une chance de faire partie de l'histoire, mais aussi leur donner l'occasion de parler de solutions. Il nous arrive tous de pester contre l'obscurité, mais je veux être le député qui essaie d'allumer la bougie.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme beaucoup d'autres personnes, je suis devenue de plus en plus inquiète au cours des dernières semaines alors que la Nouvelle-Écosse vivait une escalade de la violence et que le conflit s'envenimait. Comme les députés le savent peut-être, la Couronne a signé des traités de paix et d'amitié en 1760 et 1761, ce qui incluait évidemment le droit de pêcher, de chasser et de pratiquer la cueillette pour en tirer un moyen de subsistance convenable. La Cour suprême du Canada a confirmé ces droits dans la décision Marshall de 1999. Le 17 novembre 1999, il a été précisé que ces droits n'étaient pas sans limites et qu'il était possible d'établir des règlements s'il était justifié de le faire à des fins de conservation ou pour atteindre d'autres objectifs d'importance.
Il est important de se rappeler ces événements, et je sais que de nombreux députés les ont répétés. Ces droits existent depuis très longtemps et ont été confirmés. Les pêcheurs de la nation de Sipekne’katik, dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, ont lancé des activités de pêche de subsistance convenable le mois dernier, et des manifestants ont exprimé des préoccupations. Les manifestations sont devenues de plus en plus violentes, et les tensions se sont exacerbées. Nous avons tous vu des images très dramatiques, particulièrement ces derniers jours. Nous sommes bien évidemment inquiets.
Le conflit qui sévit actuellement découle de l'échec de la Couronne et, en l'occurrence, du gouvernement libéral, qui avait promis de mieux faire. Il y a cinq ans, les libéraux ont été élus pour former un gouvernement majoritaire. À l'époque, ils avaient promis de faire mieux. Par ailleurs, je m'entretiens avec le député de depuis de nombreuses semaines parce que je sais que cette situation l'inquiète grandement et qu'il souhaite la prise de mesures sérieuses.
Or, au lieu de mesures sérieuses, quatre ministres ont pris l'initiative sans précédent de demander un débat d'urgence. Ne se rendent-ils pas compte qu'ils sont membres du parti au pouvoir? Ils ont le pouvoir de résoudre cette crise, et il leur incombe de prendre l'avion pour aller le faire, au lieu de parler ici à la Chambre. Des vies et des gagne-pain sont menacés, et il est important de les sauver.
La ministre a dit que nous sommes en pleine pandémie. Or, on a accordé une exemption au pour qu'il rencontre le nouveau premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador. À mon avis, il serait bien plus important de se rendre en Nouvelle-Écosse pour régler ce conflit. On ne peut pas tout faire par Zoom. Parfois, les gens doivent se rendre sur les lieux et consacrer l'énergie et le temps nécessaires à la résolution d'un problème. Il faut agir avec une certaine urgence, et non pas se contenter de discuter du conflit à la Chambre. Le gouvernement réclame la tenue d'un débat national sur un enjeu qu'il a la capacité de régler.
Le Canada doit respecter ses obligations en vertu de l'arrêt Marshall, et l'une des principales étapes est d'entreprendre des négociations en vue de définir ce qui constitue un moyen de subsistance convenable. Le doit veiller à ce que la Nouvelle-Écosse obtienne les ressources qu'elle demande pour gérer les tensions qui ne cessent de monter, pour mener des enquêtes adéquates sur les actes criminels qui sont commis et pour assurer la sécurité de tous.
Nous savons tous que les Canadiens ont le droit de manifester pacifiquement. C'est un droit protégé par la Constitution. Toutefois, le Canada est aussi un pays qui reconnaît la primauté du droit, et les lois doivent être respectées. Lorsque les manifestations ne sont plus pacifiques et qu'elles donnent lieu à des activités criminelles, les auteurs des crimes doivent en être tenus pleinement responsables.
Les politiques inefficaces et le travail inachevé des générations qui se sont succédé constituent une honte pour le Canada et ont eu des conséquences catastrophiques sur un trop grand nombre d'Autochtones dans l'ensemble du pays. Nous devons faire mieux. Grâce aux décisions des tribunaux et à la prise de conscience qu'elles ont suscitée, les Canadiens d'un bout à l'autre du pays comprennent que nous avons beaucoup de travail à faire pour parvenir à la réconciliation. Depuis que la Commission de vérité et réconciliation du Canada a lancé ses appels à l'action, je constate que les Canadiens saisissent vraiment la nécessité de faire mieux.
Alors que nous œuvrons à concrétiser la réconciliation et à corriger les injustices du passé, nous devons éviter de créer de nouvelles injustices. Le gouvernement doit mettre au point un processus de négociation qui comprend la participation de tiers.
Je reviens au processus relatif aux traités mené en Colombie-Britannique dans les années 1990. Ce processus comportait de nombreuses lacunes, mais une des bonnes solutions mises en œuvre était la création de cinq tables formées d'intervenants ayant des intérêts spéciaux. Qu'il s'agisse de chasse, de pêche ou d'autres secteurs, les intérêts spéciaux étaient représentés à la table. La solution était avantageuse pour tous plutôt que d'être à l'avantage d'une seule partie.
À l'évidence, ce n'est pas ce que le gouvernement a fait. Les libéraux rencontrent les Wet'suwet'en, mais ils ne croient pas utile d'inclure les chefs élus dans la discussion. Il y a de nombreux exemples montrant que l'incapacité des libéraux à entreprendre des discussions avec des tiers pour les informer de ce qui se passe, pour leur expliquer la situation et pour leur demander conseil a contribué à braquer l'une contre l'autre des communautés qui ont cohabité et travaillé ensemble pendant des générations. L'incapacité du gouvernement actuel me préoccupe vraiment. Dans le passé, un autre gouvernement libéral avait de meilleures solutions.
La discussion de ce soir est très difficile, le sujet est très préoccupant. Il y a une chose dont je suis très fière et à laquelle je pense souvent. Quand j'ai été élue députée, certaines communautés des Premières Nations m'ont fait lire quelque chose qu'on appelle « Memorial to Sir Wilfrid Laurier ». Cela date du début des années 1900, mais ce qui y est exprimé mérite qu'on s'y arrête. Il n'y avait pas de traités en Colombie-Britannique. De nombreuses questions n'avaient pas été réglées et étaient soumises au gouvernement à l'époque. Voici quelques passages qui me sont particulièrement restés en mémoire:
Nous n'en voulons pas aux [...] colons, mais nous voulons avoir la même chance qu'eux de gagner notre vie [...]. Dans la plupart des cas, ce n'est pas leur faute.
Ils ont pris possession de leurs terres, qu'ils ont améliorées et payées de bonne foi.
On voyait manifestement que l'échec était imputable au gouvernement et non aux populations locales qui vivaient côte à côte. L'autre élément très important qui ressort de ces propos est que, lorsque les colons blancs sont arrivés, on a dit:
[...] Ces gens veulent être nos partenaires dans notre pays. Nous devons, par conséquent, les traiter comme nos frères et former une famille [...]. Ce qui est à nous sera à eux et ce qui est à eux sera à nous. En nous entraidant, nous pourrons être forts et bons.
Lorsqu'on voit les sentiments exprimés dans ces passages, on sait que le gouvernement a un travail important à faire. Nous devons être forts et bons ensemble. Pour cela, il faut s'asseoir et discuter de sujets difficiles pour arriver à une solution.
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Madame la Présidente, je tiens d'abord à dire que le droit de pêcher des Autochtones est incontestable et a été très bien établi. Comme l'a déjà dit un autre député, tous les actes de violence et tous les incendies criminels sont inacceptables. Il s'agit de crimes qui doivent être résolus par les autorités compétentes. La sécurité de tous les Canadiens doit être la priorité de tout gouvernement.
Je suis d'accord également avec le député de , qui a dit clairement que ces actes violents sont inacceptables, comme nous l'avons constaté. Ils ne sont aucunement représentatifs de la grande majorité des braves gens de Nova-Ouest, qui sont travaillants et qui sont d'honnêtes membres de leur collectivité, d'honnêtes résidants de leur circonscription et d'honnêtes citoyens du Canada.
Nous voilà aujourd'hui en train de débattre de cette question à cause de l'inaction de la et du gouvernement libéral. Depuis maintenant des semaines et des mois, ils n'ont toujours rien fait, alors que les tensions continuent de monter dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse. J'ai moi-même entendu le député de plaider la cause de la population du Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse et demander au gouvernement d'intervenir, de faire partie de la solution et de passer à l'action. C'est à cause de l'inaction de la ministre et du gouvernement et de leur refus de prendre les mesures nécessaires pour arriver à un règlement pacifique que nous nous retrouvons dans une situation de conflit entre voisins où les tensions ne cessent de monter.
Alors que le gouvernement devrait intervenir et rencontrer tous les intervenants et les groupes communautaires concernés dans le but d'arriver à une résolution et de calmer le jeu, il choisit la politique de l'inaction; il choisit de différer, de retarder et parfois de tergiverser. Ce faisant, il jette de l'huile sur le feu. L'autre jour, le premier ministre libéral de la Nouvelle-Écosse s'est dit extrêmement déçu de la réaction du fédéral. Il a aussi dit que les positions ne peuvent que continuer de se durcir et qu'il faut amener les parties à se rencontrer pour que chacun puisse entendre ce que les autres ont à dire.
Les droits des peuples autochtones sont bien établis et ne font aucun doute. Il manque toutefois de la clarté de la part du gouvernement. Il faut aussi de solides consultations regroupant des représentants de toutes les parties intéressées, notamment les pêcheurs autochtones, les pêcheurs non autochtones, les dirigeants communautaires locaux, les représentants syndicaux et les autorités locales. Une véritable réconciliation exigera un dialogue constructif et de la compréhension de la part de tous les intervenants. On n'arrivera pas à une véritable réconciliation si on exclut du processus des communautés entières et des parties prenantes. Il est temps de s'asseoir ensemble pour parler. C'est la première chose à faire pour pouvoir avancer.
Je fais miens les commentaires de la députée de . Elle a fait remarquer très clairement que la situation n'a pas suscité de sentiment d'urgence. Les ministres ont laissé traîner les choses et ont attendu, alors qu'ils auraient dû se rendre sur place, pour s'entretenir avec les personnes directement concernées et arriver à une solution pacifique. Ils se sont gardés de le faire. Les consultations et les discussions ont été limitées. Il y a eu beaucoup moins de dialogue que ce à quoi on se serait attendu à ce stade-ci.
Comme le député de l'a souligné plus tôt durant le débat de ce soir, la conservation doit être au cœur de toute décision dans ce dossier et doit être un des principaux éléments discutés. Nous devons faire en sorte qu'il y ait d'abondants stocks de homards et de poissons dans la mer pour que tous en profitent, les Autochtones et les non-Autochtones, et ce, pour de nombreuses générations à venir. La et ses collègues libéraux ont répété ce soir et au cours des derniers jours à quel point la conservation est importante, et nous avons eu l'occasion d'en discuter aujourd'hui à la réunion du Comité permanent des pêches et des océans.
Là encore, quand nous avons proposé un amendement visant à permettre l'étude de la crise et des problèmes dont il est question aujourd'hui, tous les députés de l'opposition ont voté pour, car nous tenions à ce que la conservation fasse partie de l'équation, mais les ministériels se sont opposés à notre amendement et ils l'ont bloqué. Je ne pense pas qu'il soit possible d'avoir une discussion qui a du sens si la conservation en est exclue et qu'elle ne fait pas partie de l'étude à venir.
Même si les temps sont difficiles et que le pays traverse une crise que personne ne veut plus jamais revivre, tous les Canadiens veulent unir leurs efforts, trouver le chemin de la réconciliation et se tourner vers l'avenir. Allons-nous prendre les devants ou attendre d'être mis devant le fait accompli? Voilà la question. Pour le moment, l'attentisme semble être la norme, car ceux qui nous dirigent refusent depuis le début d'agir de manière proactive, de reconnaître que les tensions allaient grandissantes depuis déjà longtemps et de trouver une solution, ce qu'ils disent maintenant faire.
Le potentiel du secteur des pêches est immense. Le Canada a tellement à tirer de l'économie bleue. Nous pourrions prendre toute la mesure de ce que ce secteur a à offrir aux pêcheurs, qu'ils soient autochtones ou non, si seulement nous acceptions de nous asseoir, de trouver une solution et de vraiment trouver le chemin de la réconciliation.
Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai eu le privilège de me rendre à l'Île-du-Prince-Édouard. J'ai rencontré des pêcheurs du coin et eux aussi m'ont parlé du potentiel de l'économie bleue, de ce qu'elle pourrait apporter au Canada si celui-ci investissait de manière stratégique dans ses infrastructures maritimes et de tout ce que pourraient en retirer les gens de la région et du Canada atlantique en général. Au lieu de cela, nous voilà plongés dans une crise, et même si c'est compréhensible, il n'y a plus qu'une seule chose qui compte: trouver une solution.
J'ai beaucoup réfléchi à tout cela. Comme j'ai entendu des arguments très convaincants des deux côtés de la Chambre, une vieille histoire m'est revenue à l'esprit. Cette histoire date d'il y a très longtemps, et je suis persuadé que certains la connaissent aussi.
Voici l'histoire d'un vieux et sage pêcheur qu'on pourrait appeler le maître pêcheur. Un jour, en voyant sur le bord de la mer des pêcheurs qui avait pêché toute la nuit dans un bateau sans prendre un seul poisson, le maître pêcheur leur dit: « Pourquoi n'essayez-vous pas encore de jeter vos filets à l'eau? » Évidemment, les pêcheurs lui répondent: « Nous avons pêché toute la nuit, et nous n'avons rien attrapé. Cependant, comme vous êtes le maître pêcheur, nous allons faire ce que vous dites. » Ils partent donc jeter leurs filets à l'eau, et ils capturent énormément de poissons. En fait, il y en a tellement que leurs filets commencent à se briser et qu'ils doivent demander à d'autres pêcheurs de venir avec d'autres bateaux pour les aider à faire cette pêche exceptionnelle.
Ce qui m'a frappé lorsque j'ai réfléchi à cette histoire, c'est que ce maître pêcheur a demandé à ces pêcheurs chevronnés, qui avaient pêché toute la nuit sans prendre le moindre poisson, d'essayer de nouveau ce qu'ils venaient de faire sans succès. Il savait qu'ils avaient pêché toute la nuit sans obtenir de résultats, mais il leur a quand même dit d'essayer de nouveau ce qu'ils venaient de faire sans succès. Évidemment, lorsqu'ils ont suivi son conseil, ils ont fait une excellente pêche.
Il y a peut-être une leçon à tirer de cette histoire. Je sais que, depuis des générations, nous avançons très peu sur la voie de la réconciliation. Nous n'avons pas bien fait les choses, et divers gouvernements de toutes les allégeances en sont responsables. Nous avons toutefois l'occasion maintenant de faire les choses comme il se doit. Nous devrions peut-être écouter les paroles du professeur, du grand pêcheur qui disait d'essayer encore une fois. Si nous essayons une autre fois, avec la bonne attitude et pour les bonnes raisons, et en discutant avec tous les principaux intervenants, je pense que nous pourrions bien y arriver. Nous pouvons nous tourner vers une économie bleue, qui a un énorme potentiel pour le Canada, pour les pêcheurs tant autochtones que non autochtones de l'ensemble du pays.
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Madame la Présidente, alors que je suis assise ici, dans le territoire non cédé des Micmacs à Truro, en Nouvelle-Écosse, je dois dire que j'ai le cœur lourd. N'empêche que j'ai espoir que, grâce au dialogue, nous réussirons à progresser et aiderons les Micmacs de la Nouvelle-Écosse à faire respecter leurs droits issus de traités, sans que cela entraîne tous les problèmes que nous connaissons à l'heure actuelle, sans attaques racistes et sans préjudice.
En tant que députée et amie de nombreux Micmacs, je suis blessée au vif quand je regarde les images des événements de mardi dernier. J'ai passé la nuit à parler avec des amis qui étaient sur le terrain et qui en ont été témoins. On a fait circuler des vidéos montrant des gens qui hurlent, qui crient des obscénités aux membres de Premières Nations, qui leur disent de remballer leurs tentes et de retourner d'où ils viennent. Ce n'est pas une façon productive de collaborer avec qui que ce soit.
Malheureusement, ici, en Nouvelle-Écosse, le racisme ne date pas d'hier, et ses racines sont profondes. Ce ne sont pas que les Micmacs qui en souffrent; les Noirs de la Nouvelle-Écosse aussi. Honnêtement, les Acadiens ont également souffert. Les Autochtones font l'objet de discrimination et de racisme systémiques. Nous devons changer cela. C'est ce que le gouvernement est résolu à faire.
La Couronne, il faut le reconnaître, a empêché, par le passé, qu'un réel partenariat d'égal à égal s'établisse avec les peuples autochtones et a plutôt imposé une relation fondée sur le colonialisme et empreinte de paternalisme, de contrôle et de domination. Il faut que cela change.
La situation actuelle en Nouvelle-Écosse est très, très difficile à vivre pour tous. Comme mon collègue de et comme moi, les Canadiens regardent cette situation avec une horreur grandissante. Tout le monde est horrifié. Certains parlent d'un conflit sur la pêche au homard, mais, pour les Micmacs, il est question de la survie de leur nation. Nous nous inquiétons tous de la sécurité des Micmacs, des pêcheurs et de tous les Néo-Écossais.
On l'a déjà dit, mais je crois qu'il convient de le répéter: les menaces, l'intimidation, la violence et le vandalisme dont nous avons été témoins dans le Sud de la Nouvelle-Écosse n'ont pas leur place. Pour la suite des choses, il est essentiel d'établir un dialogue respectueux et constructif. Il y a eu un magnifique...
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Madame la Présidente, j'aimerais partager mon temps de parole avec le député de .
En septembre dernier, le chef Terrance Paul a déclaré: « Nous n'enlevons rien aux autres. Nous essayons simplement de récupérer ce qu'on nous a pris. » Je pense que c'est ce qui est au cœur de ce qui se passe. Il y a 20 ans, dans la décision Marshall, le tribunal confirmait le droit issu d'un traité des Micmacs de pêcher pour une subsistance convenable. La mise en œuvre de ce droit repose sur un dialogue qui a été entamé et doit continuer. Je sais que ce dialogue se poursuit depuis plusieurs semaines puisque j'ai participé à des rencontres avec les chefs et que je suis au courant de ce qui se passe. Le moment est venu. Cela aurait dû être fait il y a déjà longtemps, mais le présent est le moment le plus propice pour réparer les torts du passé. Le moment est venu.
Notre engagement à redéfinir la relation entre la Couronne et les peuples autochtones a été souligné dans le discours du Trône. L'un des principaux piliers du nouveau programme législatif est de parcourir le chemin de la réconciliation, ce qui signifie lutter contre la discrimination et travailler à l'établissement d'une meilleure relation et d'un meilleur partenariat avec les Autochtones et les non-Autochtones du pays. Nous avons la chance de créer un environnement qui appuie l'autodétermination, l'autonomie gouvernementale et la croissance économique, et il doit comprendre le rapport symbolique et la relation spirituelle que les Micmacs entretiennent avec la pêche, la chasse et la cueillette. À l'instar de la plupart des Autochtones dans le monde, en tant que colonialistes, nous avons beaucoup à apprendre d'eux à propos de la conservation et de la protection de la Terre mère et de ses créatures.
Les Premières Nations de l'Atlantique ont prouvé à maintes reprises le pouvoir des partenariats grâce à un certain nombre d'initiatives. Je pense notamment au Partenariat pour la santé des Premières Nations de la région de l'Atlantique. Je suis vraiment encouragée par la forte mobilisation des Premières Nations dans cette structure de cogestion, qui leur permet d'améliorer la santé des communautés des Premières Nations. Il reste encore beaucoup à faire.
Je suis tout aussi emballée par l'accord-cadre qui a été signé en juin dernier pour la création d'une autorité de gestion de l'eau dirigée par des Autochtones dans le Canada atlantique, la première au pays. Cet accord-cadre est une étape importante en vue de créer les premiers services d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées entièrement autonomes dirigés par des Premières Nations.
Le système d'éducation micmac de la Nouvelle-Écosse est un autre excellent exemple. En 1997, les gouvernements du Canada et de la Nouvelle-Écosse ont signé un accord avec neuf communautés micmaques, ce qui leur a redonné le contrôle de leur système d'éducation. À l'époque, moins d'un tiers des jeunes de ces communautés terminaient leurs études secondaires; aujourd'hui, plus de 90 % des étudiants micmacs obtiennent leur diplôme, ce qui est supérieur à la moyenne dans la plupart des provinces. Voilà le fruit de l'autonomie gouvernementale et de l'autodétermination. Nous devons faire fond sur cette relation renouvelée entre la Couronne et les peuples autochtones et réparer les torts du passé.
On en a vu récemment un exemple avec le site du pensionnat de Shubenacadie en Nouvelle-Écosse qui a été désigné lieu historique national. Dans le cadre du cheminement vers l'autoguérison, il est important de reconnaître ces écoles et les expériences des anciens élèves et des survivants des pensionnats dans l'ensemble du Canada. Il y avait une aînée dans la Première Nation de Millbrook, Nora Bernard, qui a aidé les Autochtones à être indemnisés pour cette injustice et j'aimerais lui rendre hommage ce soir.
Le racisme environnemental représente un énorme problème au Canada et je suis très fière d'avoir pu présenter mon projet de loi d'initiative parlementaire à ce sujet. Il devrait bientôt entamer l'étape de la deuxième lecture.
Ce soir, nous pensons tous à ce qui se passe dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un dialogue de nation à nation. Le temps est venu. Cela a beaucoup trop tardé. Je me réjouis que les choses aient commencé. Il faut les terminer. Nous devons établir la paix en mer et sur la terre ferme, pour qu'un dialogue ait lieu entre les Micmacs et la Couronne. Je suis contente de faire partie d'un gouvernement qui fait cela, enfin.
Les traités des Micmacs et les droits issus de traités au Canada sont importants. Les peuples autochtones du Canada se sont fait mentir et ont été déçus trop souvent. J'ai le cœur brisé quand je songe à tout ce qu'ils ont vécu et aux années de mauvais traitements qu'ils ont subies depuis l'arrivée des colons. Je suis originaire d'Australie et la même chose s'est produite là-bas, malheureusement.
Si les gens avaient écouté les peuples autochtones au début, ils se seraient beaucoup mieux occupés de la terre. Ainsi, les peuples des Premières Nations ne surexploitent pas un endroit; ils prennent un peu et donnent en retour. Ils honorent la flore et la faune, la nature et ses saisons. Ils honorent la Terre mère et l'île de la Tortue. Il est temps que nous les écoutions afin d'apprendre comment nous occuper des maigres réserves que nous avons, qui vont s'amenuiser de plus en plus si nous n'y prenons pas garde. On n'a qu'à penser aux feux de forêt qui surviennent un peu partout dans le monde parce que l'homme n'a pas prêté attention à l'ordre des choses et ne s'est pas occupé de l'eau et de la terre comme il aurait dû.
Le gouvernement du Canada espère réaliser ce qu'il a commencé lorsqu'il a entamé son parcours vers la réconciliation: il prévoit mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C'est une mesure que j'attends avec impatience. Nous nous sommes engagés à renouveler la relation de nation à nation, la relation entre les Inuits et la Couronne et la relation de gouvernement à gouvernement avec les Premières Nations de l'ensemble du Canada, afin de faire de réels progrès dans les dossiers qui sont les plus importants à leurs yeux.
Wela'lioq.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un privilège de me joindre à tous mes collègues pour discuter de cette question très importante pour tous les Canadiens, mais aussi pour les gens de ma circonscription, Kings—Hants. Je l'ai déjà dit, mais je vais le répéter. J'ai le privilège de représenter trois communautés autochtones de ma circonscription, soit la communauté de Sipekne'katik, qui est au cœur des événements survenus à Saulnierville dont nous discutons ce soir, mais aussi la nation autochtone d'Annapolis Valley et la nation autochtone de Glooscap.
Avant d'aller plus loin, je vais d'abord donner à mes collègues et, en fait, à l'ensemble des Canadiens, un peu de contexte entourant ma relation avec la collectivité de Sipekne'katik. J'ai grandi à Lantz, qui se trouve à environ 10 minutes de la collectivité. Je connais personnellement le chef Mike Sack. J'ai été l'entraîneur de hockey de son fils. Nous avons connu de nombreuses années de succès avec les Penguins d'East Hants. J'ai aussi côtoyé des membres de la collectivité de Sipekne'katik à l'école Hants East Rural High.
Comme je m'y suis rendu à plusieurs reprises, j'ai pu constater les difficultés socioéconomiques de la collectivité. Je sais que le droit à une subsistance convenable qui est issu d'un traité est très important pour elle. C'est évident dans les échanges que nous avons ce soir, mais le chef Sack et le conseil m'ont expliqué au début de mon mandat l'an passé que c'était un dossier qu'ils voulaient voir aller de l'avant.
Ensuite, j'aimerais joindre ma voix à celle de mes collègues pour condamner la violence, la destruction de biens, l'intimidation et, bien franchement, le racisme dont nous avons été témoins. Dans son discours, le député de trouvait très important de souligner que ces actes ne sont pas représentatifs de sa collectivité dans son ensemble. Il convient de le noter.
Je me suis entretenu avec le chef Mike Sack. Je me suis entretenu avec des pêcheurs commerciaux de ma région. Bien sûr, il y en a beaucoup dans Nova-Ouest, mais on pratique la pêche commerciale dans ma circonscription également. Il est important de mentionner que les actes commis par les individus en question ne sont pas représentatifs de l'industrie dans son ensemble; ils ne reflètent pas le point de vue de l'industrie. Il est nécessaire de dénoncer les personnes qui ont commis ces actes, mais il faut également comprendre qu'elles ne représentent pas le point de vue de l'ensemble de l'industrie ni des collectivités dont elles font partie.
Je veux d'abord expliquer ce qui nous a menés au point où nous en sommes et pourquoi nous sommes ici ce soir. On l'a déjà bien expliqué, évidemment, mais l'arrêt Marshall de septembre 1999 de la Cour suprême du Canada a établi le droit issu de traités relatif à une subsistance convenable. La Cour a indiqué qu'il s'agissait d'un droit collectif et elle l'a accordé aux communautés micmaques et malécites. Deux mois plus tard, comme l'a expliqué le député de , la Cour réaffirmait ce droit et précisait que le gouvernement du Canada avait la capacité de mettre en place un cadre réglementaire concernant le critère d'atteinte minimale. Bien sûr, 21 ans plus tard, cela n'a toujours pas été fait, et je crois qu'il s'agit là, à tout le moins, d'un des facteurs ayant contribué aux tensions dont nous avons été témoins au cours des deux dernières décennies.
La question du critère d'atteinte minimale remonte à l'affaire Badger. La Cour suprême du Canada a établi au milieu des années 1990 que si le gouvernement du Canada entendait empiéter sur un droit issu de traités protégé par la Constitution, il devait s'assurer de limiter le moins possible le droit en question. L'empiétement devait être proportionnel à l'importance de l'objectif de politique publique visé. La Cour avait donné la conservation en exemple, mais elle avait laissé la porte ouverte à d'autres objectifs de politique publique majeurs que le gouvernement pouvait considérer comme importants.
À la suite de ce jugement, les gouvernements Chrétien et Martin se sont vraiment efforcés d'assurer l'accès des communautés micmaques à la pêche commerciale. Des centaines de millions de dollars ont été dépensés. C'est bien établi. Je pense qu'à un certain moment, en 1999, la valeur de la pêche commerciale des communautés micmaques s'élevait à environ 3 millions de dollars. Grâce à cette initiative, elle est maintenant bien supérieure à 150 millions de dollars.
Comme les permis de pêche commerciale qui ont été fournis aux communautés micmaques ne portaient atteinte à aucun droit issu de traités existant, la question de la subsistance convenable n'a pas été réglée dans le cadre de ces initiatives. De 2006 à 2015, le gouvernement Harper avait prévu, dans son programme, de fournir des fonds supplémentaires aux collectivités autochtones. Bien que nous soyons partisans à la Chambre, je crois que l'on peut dire en toute objectivité que cela n'était pas une priorité pour ce gouvernement.
Depuis 2015, le gouvernement déploie des efforts considérables pour faire de la réconciliation un pilier de son travail. Toutefois, comme l'ont dit d'autres députés ce soir à la Chambre, il reste beaucoup à faire.
Après avoir parlé au chef Sack ce matin, j'aimerais souligner que, contrairement à de nombreuses communautés micmaques du Canada atlantique, la Première Nation de Sipekne'katik n'a pas obtenu de permis de pêche commerciale dans le cadre de l'initiative Marshall. En outre, elle n'a pas reçu par la suite un financement commercial pour aider ses membres.
Il ne s'agit pas de savoir si le droit à une subsistance convenable existe. Nous tenons un débat d'urgence ce soir principalement pour examiner comment nous allons mettre en œuvre ce droit. L'arrêt Marshall a été prononcé il y a 21 ans. Or, même si, comme je l'ai mentionné, des efforts ont été déployés pour promouvoir les intérêts des communautés autochtones en matière de pêche, nous ne sommes pas parvenus à comprendre plus clairement ce que nous devons faire pour permettre aux communautés autochtones d'exercer ce droit.
J'ai publié des déclarations pour tenter d'aborder le problème puisqu'il touche des communautés autochtones que je représente. Il n'est pas seulement important d'obtenir des précisions pour les dirigeants autochtones de ma circonscription, Kings—Hants, ainsi que de l'ensemble du Canada atlantique. C'est aussi important pour les pêcheurs commerciaux qui tentent de comprendre comment le droit à une subsistance convenable s'exercera, quels types de paramètres seront établis et comment la pêche de subsistance coexistera avec l'industrie de la pêche commerciale. Toutes les parties concernées ont besoin de tels éclaircissements. Cela permettra de réduire les tensions.
Il y a beaucoup de conversations et d'observations sur la possibilité d'inviter les pêcheurs commerciaux à la table de négociations. Je souhaite donc réitérer la position du gouvernement, que j'appuie: il s'agit d'une situation où le gouvernement du Canada traite directement avec des communautés autochtones, et ces négociations doivent être directes. Cela dit, je serais favorable à l'idée, qui m'apparaît importante, que les pêcheurs commerciaux et leurs représentants puissent participer à une table secondaire ou se concentrer sur un autre aspect et dialoguer, afin que nous puissions rassembler toutes les parties et tenter de calmer les tensions.
La dernière semaine a été tout simplement horrible. Nous avons vu des choses terribles, qui ont retenu l'attention des Néo-Écossais et des Canadiens, mais il faut trouver une façon d'établir le dialogue et de calmer les tensions, comme d'autres députés l'ont déjà mentionné ce soir. C'est extrêmement important.
Le député de a également parlé d'options ou de solutions. Je vais mentionner certaines de celles que j'ai entendues en m'entretenant avec les représentants de communautés autochtones. J'ai eu la chance de parler avec le chef Mike Sack, le chef Sid Peters et le chef Gerald Toney, les chefs des trois communautés autochtones que je représente. Ils souhaitent clairement appliquer ce droit au moyen des plans commerciaux élaborés par les communautés dans le cadre de leurs plans d'autogestion. C'est ce qu'ils m'ont indiqué très clairement. Ils savent qu'il doit y avoir une collaboration avec Pêches et Océans et une surveillance; le mot « concertation » a donc été utilisé.
D'autres personnes ont mentionné la possibilité de fournir des permis de pêche commerciale aux communautés micmaques en leur donnant le pouvoir d'octroyer des sous-licences aux membres de la communauté selon les besoins pour qu'elles puissent décider elles-mêmes de la façon dont la ressource sera répartie au sein de la communauté. Des permis supplémentaires pourraient être accordés advenant que la communauté puisse démontrer qu'un plus grand nombre de ses membres ont besoin de se prévaloir de leur droit de subsistance convenable. Deux sénateurs micmacs et le député de ont parlé de la création d'un organe distinct responsable des pêches autochtones. C'est une autre option que le gouvernement pourrait étudier.
En fin de compte, le gouvernement du Canada a la capacité de mettre en œuvre un cadre réglementaire très peu contraignant et je suis d'accord avec les députés qui ont déjà dit que nous ne voulons pas promouvoir une approche descendante. D'ailleurs, le tribunal a clairement conclu dans l'affaire Marshall que la collaboration et la négociation sont l'approche privilégiée. Toutefois, on m'a demandé ma position dans ce dossier à l'extérieur de la Chambre et ce qui m'importe surtout, c'est que nous n'ayons pas à en discuter dans 21 ans. Nous devons trouver un cadre pour aller de l'avant. Si cela signifie, dans le pire des cas, que le gouvernement du Canada doit instaurer un cadre réglementaire dont l'atteinte est minimale afin de pouvoir mettre en œuvre ce droit, je suis d'accord et je veux m'assurer que cela figure au compte rendu.
J'ai de l'espoir. Somme toute, bien qu'il ait fallu 21 ans d'efforts pour que les choses se concrétisent, je crois qu'il s'agit d'un moment décisif où l'attention se porte sur la question. Nous avons un gouvernement qui concentre ses efforts sur la mise en œuvre du droit et sur la réalisation de quelque chose de très positif. Je sais que cela nécessitera un dialogue.
J'ai entendu beaucoup de commentaires dans la Chambre selon lesquels il faut commencer ce travail. Ce travail est en cours. Parfois, ce n'est pas toujours visible en public, mais je sais que la ministre a travaillé...
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux d'avoir la possibilité de participer à ce débat d'urgence. Un grand nombre de mes collègues qui ont eu la chance de visiter le Canada atlantique et, en particulier, Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest connaissent l'existence de nos communautés de pêcheurs traditionnels. Tous les députés de ma région, même ceux qui représentent des circonscriptions ne donnant pas sur l'océan, comprennent qu'une industrie de la pêche viable est essentielle au Canada atlantique. Les quotas, les permis, les zones et les mesures d'application de la loi forment un ensemble complexe de règles et de règlements qui garantissent que les générations futures pourront continuer de pêcher encore longtemps.
Le débat d'urgence s'intitule « Les pêches en Nouvelle-Écosse », mais, dans les faits, il touche tout le Canada atlantique. Par conséquent, qu'est-ce qui fait l'objet de contestations ici, à la Chambre, et dans l'Est du pays? Ce ne sont pas les décisions de la Cour suprême du Canada. Je ne pense pas avoir entendu quiconque dans mon coin de pays remettre en cause la légitimité des décisions Marshall. La violence dont les Canadiens ont été témoins doit être condamnée. Ce point fait aussi consensus.
Cependant, il ne faut pas se méprendre: la et le gouvernement fédéral auraient pu désamorcer la situation tendue sur la côte Est du Canada, notamment en appliquant les décisions Marshall et en invitant les familles de pêcheurs touchées à la table de négociations. Ce n'est pas ce qui s'est produit. Il y a plutôt de la pêche hors saison.
Normalement, le ministère des Pêches et des Océans est très strict sur le respect des saisons de pêche. Ce n'est toutefois pas le cas maintenant, alors même que la saison réglementée est sur le point de commencer. Les gens ne comprennent pas et ils sont inquiets.
Je n'admets pas que des biens soient détruits. De plus, les communautés autochtones ont des droits qui leur sont conférés par la Constitution et ont été précisés par les tribunaux. Qui plus est, les Autochtones ont le droit, comme tous les autres Canadiens du pays, de vivre en toute sécurité. C'est pourquoi nous pouvons comprendre que les peuples autochtones souhaitent exercer leurs droits et que les pêcheurs non autochtones des provinces de l'Atlantique veulent savoir quelles répercussions des décisions prises dans une capitale lointaine pourraient avoir sur leur communauté et leur mode de vie. On ne leur a pas donné de réponse.
Thomas Sowell, économiste et théoricien de la société, a dit un jour: « Première leçon d'économie, la rareté: il n'y a jamais assez de quoi que ce soit pour satisfaire tous ceux qui en veulent. » Comme nous le savons, la première leçon de politique est trop souvent d'ignorer la première leçon d'économie.
Il y a trop de communautés de pêcheurs qui craignent que le gouvernement fédéral ait un parti pris contre elles et leur mode de vie et leur fasse payer le prix de la négligence du Canada envers les peuples autochtones.
Le 18 septembre, le a parlé de la situation qui s'envenimait avec le ; il a exhorté le gouvernement fédéral à désamorcer les tensions et à trouver une solution.
Les députés des Maritimes voyaient et entendaient ce qui était en train de se passer. Nous suivions les choses de près en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, et nous avons été nombreux à signaler cette situation inquiétante à notre caucus et à la Chambre. La n'a toutefois jamais répondu.
Aujourd'hui, après des jours de violence, de confusion et d'incertitude, nous tenons ce débat d'urgence. C'est un constat d'échec plutôt qu'une preuve de leadership.
Que devons-nous faire maintenant? Le député libéral de en a parlé.
La première étape, pour tous les députés, sera de bien comprendre les deux arrêts Marshall et les droits et responsabilités qui en découlent. La Cour suprême du Canada a dit clairement que les droits issus de traités étaient assujettis à la réglementation fédérale. La Cour a souligné que les priorités relatives à la conservation et la responsabilité de les gérer revenaient au ministre, et non aux communautés de pêcheurs autochtones ou non autochtones.
Le premier ministre libéral de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, demande aussi au gouvernement fédéral de faire son travail. Il a dit: « La façon la plus rapide et la plus efficace de réduire les tensions, c'est que la ministre fédérale, le ministère et les deux parties s'assoient à la table en même temps. » Il a raison.
Les Premières Nations ont le droit d'être consultées à propos de la gestion entourant l'exercice de leurs droits issus des traités, comme l'explique l'arrêt Marshall. De plus, la du Canada devrait parler de sa vision avec les Canadiens, notamment avec les communautés de pêcheurs.
La ministre des Pêches a dit qu'elle discutait avec les regroupements de pêcheurs. Je crois que ce n'est pas tout à fait exact, à moins qu'elle confonde communications à sens unique et dialogue, car il ne s'agit pas d'un vrai dialogue, et les choses sont loin d'être équitables. La ministre a retenu les services d'un ex-employé du ministère aujourd'hui à la retraite pour négocier avec 34 bandes autochtones, mais rien de comparable n'a été offert aux pêcheurs commerciaux.
Pour commencer, la ministre des Pêches du Canada devrait cesser de se défiler et elle devrait commencer à faire appliquer la loi. Les fonctionnaires du ministère ont reçu la formation nécessaire et ils sont tout à fait capables de faire leur travail d'agents de la paix. La GRC n'est pas un substitut acceptable. À vrai dire, j'ai l'impression qu'à partir du moment où les conflits font rage autant sur mer que sur terre, on peut dire adieu à une solution pacifique.
Les habitants du Canada atlantique ont besoin que leurs dirigeants se montrent impartiaux. Le gouvernement doit faire preuve du leadership qu'on attend de lui et reconnaître que l'État a des obligations envers les deux groupes. Il s'agit de deux groupes différents qui ont des attentes différentes, mais ils méritent tous les deux qu'on les respecte.
En terminant, j'aimerais rappeler un point essentiel au gouvernement: les Autochtones font déjà partie des groupes de pêcheurs réglementés par l'État canadien. Les choses ont commencé modestement et ont progressé lentement, mais elles avancent. Les Autochtones se procurent des permis, ils respectent les consignes du ministère des Pêches et des Océans et ils suivent les règles. Quand le gouvernement change les règles du jeu en catimini, il fait tout pour miner les progrès qui ont été accomplis jusqu'ici.
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Monsieur le Président, les reportages et les images du conflit en Nouvelle-Écosse, y compris les camions et les bâtiments incendiés, sont effectivement très perturbants. Les membres de Premières Nations partout au Canada sont fâchés, et avec raison, par la réaction et l'inaction du gouvernement libéral ainsi que par son manque de leadership en ce qui concerne les directives à l'intention de la GRC.
Je serai clair. Même si le gouvernement a sans contredit mal géré cette crise, la violence, le vandalisme, l'agression, les menaces et les tactiques d'intimidation sont inacceptables et ne sont jamais justifiés. La sécurité de tous les Canadiens doit être la priorité du gouvernement. Le et le gouvernement ne prennent pas les mesures concrètes qui s'imposent pour assurer la sécurité de tous les Néo-Écossais dans leurs collectivités et résoudre pacifiquement la situation.
Le sénateur Murray Sinclair, ancien président de la Commission de vérité et réconciliation, a déclaré hier: « Je trouve décourageant que les dirigeants du gouvernement — les dirigeants du pays — n'assument pas leurs responsabilités. »
Il y a un mois, le a soulevé la question directement auprès du . Il nous en a parlé encore ce soir. Il a demandé au premier ministre d'intervenir et de désamorcer les tensions, de trouver une solution. Le chef Sack, qui a lui-même été agressé pendant ces manifestations, a publié une déclaration dans laquelle il dit que les incendies criminels « illustrent la nécessité d'une présence policière accrue dans la région. [...] Je suis convaincu qu'une présence policière adéquate aurait permis d'éviter une telle situation. »
Lors de la période des questions orales, la députée de , qui est la ministre du cabinet fantôme pour la sécurité publique, a demandé au ministre pourquoi il avait mis autant de temps à agir pour protéger la sécurité des Micmacs. Pourquoi a-t-il fallu qu'il y ait un incendie criminel grave pour que le gouvernement agisse? J'ai l'impression que la seule méthode que le gouvernement connaît pour gérer les problèmes, c'est de prendre des mesures une fois que le mal est fait. Comment se fait-il que toutes les parties concernées, ou presque, conviennent qu'il faut passer par un dialogue ouvert et honnête pour trouver une solution, mais que cette façon de faire n'est pas préconisée par le gouvernement?
Je suis d'accord pour dire que la situation est urgente, mais le fait que les ministres ont demandé la tenue d'un débat d'urgence témoigne parfaitement de la tendance du gouvernement à privilégier les mesures symboliques au détriment d'actions concrètes. Dans le cadre de réunions et de discussions avec des peuples autochtones, j'ai pu conclure que ces derniers en ont assez des belles paroles du gouvernement. Ils ont besoin que le gouvernement passe à l'action. Au lieu de débattre de la question à la Chambre des communes ce soir ou de participer à des conférences de presse pour répéter les mêmes réponses toutes faites, les ministres devraient être en Nouvelle-Écosse pour parler avec les gens qui sont sur le terrain.
Bon nombre de personnes ont comparé cette situation à d'autres qui sont survenues plus tôt cette année, mais les similarités se limitent à l'absence de leadership proactif. On a laissé ces problèmes couver pendant longtemps, même si des groupes de tous les camps réclamaient une intervention et du leadership de la part du gouvernement. Or, au lieu de s'attaquer rapidement à ces problèmes latents, le gouvernement les laisse invariablement atteindre des proportions incontrôlables. Puis, au lieu de dialogues respectueux et de négociations pacifiques, nous avons droit à des déclarations partisanes, à des accusations et à de la gestion de crise.
Qu'observons-nous actuellement en Nouvelle-Écosse? Je sais que c'est très loin d'où je me trouve, mais voici ce que j'observe. La , qui habite dans la province où a lieu l'urgence en question, tient maintenant des conférences de presse et réclame des débats de fin de soirée pour tenter de détourner l'attention du fait que son gouvernement et elle gèrent mal ce dossier depuis des mois.
Les Canadiens en ont assez et ils ne sont plus dupes. Il ne s'agit pas d'un nouveau problème. Cela fait cinq ans que les libéraux sont arrivés au pouvoir. Or, à cause de leur incapacité à régler les problèmes, des gens ont été blessés, des biens ont été endommagés et des gagne-pain sont menacés. En outre, les tensions n'ont jamais été aussi élevées entre les pêcheurs autochtones et les pêcheurs non autochtones de la région.
Je ne prétendrai jamais que je parle au nom des Premières Nations. Toutefois, ayant grandi dans le Nord de la Saskatchewan, j'ai appris que l'établissement de relations est précieux et important. À mon avis, tous les Canadiens pourraient tirer des leçons de cette attitude. C'est pourquoi il est contre-productif que les ministres libéraux débattent du sujet à Ottawa au lieu de rencontrer les gens sur le terrain, de développer de véritables relations authentiques et de travailler à trouver des solutions concrètes. Cet enjeu est loin d'avoir besoin de plus de débats politiques. Il faut prendre des mesures.
Dans les deux décisions Marshall en 1999, la Cour suprême du Canada a clairement confirmé le droit des Micmacs de chasser, de pêcher et de pratiquer la cueillette pour en tirer une subsistance convenable, conformément aux traités de paix et d'amitié de 1760 et 1761 avec la Grande-Bretagne. Toutefois, la Cour a défini des restrictions, et le ministère des Pêches et des Océans devait établir des règlements.
Premièrement, voici où l'expression « subsistance convenable » a été employée pour la première fois. Dans la décision Marshall, la Cour suprême du Canada a écrit:
Des limites de prises, dont il serait raisonnable de s'attendre à ce qu'elles permettent aux familles mi'kmaq de s'assurer une subsistance convenable selon les normes d'aujourd'hui, peuvent être établies par règlement et appliquées sans porter atteinte au droit issu du traité.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse a maintenant joint sa voix à celles de nombreuses autres personnes pour demander au gouvernement d'établir une définition de « subsistance convenable » selon les normes d'aujourd'hui et de fournir des lignes directrices à toutes les parties concernées. Le premier ministre McNeil a déclaré que les différentes parties au conflit ne font que continuer de se retrancher davantage dans leur position et qu'il importe de rassembler tous les intervenants dans une même pièce pour que chacun puisse savoir ce que l'autre camp dit. Toutefois, au lieu de chercher à améliorer la communication entre les divers intervenants, le gouvernement a décidé de tenir des conférences de presse et des débats de fin de soirée. Encore une fois, on parle, mais on agit peu.
Deuxièmement, la Cour suprême du Canada a souligné qu'il incombe au ministère des Pêches et des Océans d'assurer une conservation appropriée. Je cite:
L’établissement de périodes de fermeture est un moyen de réglementation qui vise en partie à la conservation de la ressource touchée. Dans les arrêts de notre Cour auxquelles se réfère la décision majoritaire du 17 septembre 1999, notamment Sparrow, précité, et Badger, précité, on a constamment reconnu l’importance prépondérante de la conservation en tant que justification de limites imposées à l’exercice de droits ancestraux ou issus de traités. Comme l’a reconnu le Native Council of Nova Scotia dans son opposition à la requête de la Coalition, « [l]a conservation vient clairement en tête de liste des priorités, et les peuples autochtones acceptent ce fait ».
La aurait pu demander que son ministère entreprenne une étude pour établir si la pêche en période de fermeture menace les stocks de homard, et elle aurait pu faire publier les résultats, mais ses collègues et elle ont plutôt décidé de tenir des conférences de presse et des débats de fin de soirée. Encore une fois, on ne joint pas le geste à la parole.
Soyons clairs. Comme je l'ai dit au début de mes observations de ce soir, bien qu'il est évident que le gouvernement n'a pas su gérer cette crise, la violence, le vandalisme, les agressions, les menaces et les tactiques d'intimidation ne sont jamais acceptables ni justifiées. La sécurité de tous les Canadiens doit être la plus grande priorité du gouvernement. Le et le gouvernement doivent prendre les mesures concrètes nécessaires pour protéger tous les Néo-Écossais dans leurs collectivités et pour résoudre cette situation de façon pacifique.
Dresser des groupes les uns contre les autres n'a fait qu'aboutir à la situation actuelle. Il ne s'agit pas ici des Autochtones contre les non-Autochtones. Le gouvernement fédéral a laissé tomber tous les Néo-Écossais en omettant d'agir et en ignorant la situation pendant cinq ans, et voilà qu'il refuse de rencontrer les parties afin d'arriver à une solution pacifique. Ne nous leurrons pas: le fait que la ministre libérale ait demandé un débat d'urgence est d'un cynisme ahurissant, comme l'a si bien dit le journaliste torontois Chris Selley. La manœuvre est purement politique et, comme ils l'ont fait pour tous leurs échecs, les libéraux qualifieront de partisanerie mesquine toute critique de la part des partis de l'opposition.
En conclusion, j'espère que les députés de tous les partis conviendront qu'il est temps que l'actuel gouvernement libéral commence à faire montre de leadership dans ce dossier. Il est temps que les libéraux aillent au-delà des lieux communs et des vaines promesses et fassent le travail pour lequel les Canadiens les ont élus.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Les Canadiens sont attristés par la violence, les menaces et le racisme dont nous avons été témoins au cours des dernières semaines dans ma province, la Nouvelle-Écosse. Je peux assurer aux Canadiens et à la Chambre que le gouvernement porte toute son attention sur cet enjeu et continuera de travailler de concert avec les Premières Nations pour faire appliquer leur droit issu des traités, protégé par la Constitution, de gagner un revenu convenable grâce à la pêche et pour garantir la sécurité sur le terrain.
Nous comprenons l'importance de maintenir le dialogue et de collaborer. C'est pourquoi la communique régulièrement avec les Premières Nations et les dirigeants de l'industrie afin de trouver une solution. La seule façon d'y parvenir, c'est en désamorçant la situation et en poursuivant le dialogue, et les nombreuses interventions de ce soir vont dans cette direction.
Les événements récents entourant la pêche en Nouvelle-Écosse ont mis ce problème à l'avant-plan. J'aimerais toutefois que ce soit bien clair: la priorité du gouvernement demeure et restera toujours d'assurer la sécurité de toutes les personnes concernées. Nous devons et nous voulons atténuer les tensions afin de sortir de cette impasse calmement et de manière productive. Chacun peut se faire entendre, et nous pouvons mettre en place une pratique de la pêche au homard qui est sûre, fructueuse et durable pour tous les pêcheurs.
Comme tous les Canadiens, et surtout ceux de ma province, la Nouvelle-Écosse, je suis attristé par les événements qui se sont produits dans le comté de Digby et à Pubnico-Ouest. Le gouvernement condamne les actions de chacun des individus qui ont détruit des biens, commis des actes de violence ou proféré des menaces. Ce genre de violence et d'intimidation n'a pas sa place au Canada et je suis persuadé que tous les Canadiens sont de cet avis.
On nous rapporte que des commentaires racistes ont été faits et certains actes ont été commis envers des membres des Premières Nations, ce que je trouve particulièrement troublant. C'est inacceptable. Nous avons tous la responsabilité — et je pense que quelqu'un d'autre l'a mentionné ce soir — de dénoncer ce genre de comportement et de propos. Je m'en voudrais de ne pas souligner que les actions de certains des pêcheurs de Nova-Ouest ne reflètent aucunement les valeurs de la communauté que je connais, qui est composée de gens bien, qui se soucient des autres et qui travaillent dur. Il faut cependant tenir compte des actions de ces individus.
Le gouvernement est bien déterminé à établir des relations de nation à nation et de gouvernement à gouvernement qui sont fondées sur les principes du respect, du partenariat et de la reconnaissance des droits.
De plus, le gouvernement prend son engagement envers la réconciliation très au sérieux et reconnaît ce qu'on dit ce soir, à savoir que les systèmes, les façons de faire et les méthodes utilisés par le passé n'ont pas fonctionné.
Le Canada a commencé les démarches en vue de rectifier ces torts en partenariat avec les peuples autochtones, les gouvernements provinciaux, les gouvernements territoriaux et l'ensemble des Canadiens. À l'heure actuelle, nous collaborons avec les Premières Nations en vue de respecter leurs droits issus de traités de pêcher pour s'assurer une subsistance convenable. Depuis l'arrêt Marshall de la Cour suprême du Canada, un arrêt historique qui a été rendu en 1999 et qui a confirmé les droits issus de traités, l'exercice de ces droits a connu des hauts et des bas.
Au fil des ans, le ministère a mis en place différents programmes et consenti des sommes d'argent dans le but de faire respecter les droits des communautés micmaques et malécites des provinces de l'Atlantique et du Québec, à commencer par l'Initiative de l'après-Marshall. Des programmes arrivés plus tard, comme l'Initiative des pêches commerciales intégrées de l'Atlantique, existent encore pour offrir du financement et du soutien aux communautés visées par l'arrêt Marshall afin qu'elles puissent accroître la capacité de leurs entreprises de pêche commerciale et arriver à l'autosuffisance économique.
Depuis 2017, nous négocions avec des groupes visés par l'arrêt Marshall en vue de collaborer à la formulation de leurs droits par l'intermédiaire des ententes de réconciliation et de reconnaissance des droits. L'an dernier, nous avons signé des ententes de réconciliation et de reconnaissance des droits avec trois communautés des Premières Nations.
Cela ne veut pas dire que nous nous arrêtons là. Nous sommes loin d'avoir terminé. Il reste encore des problèmes que nous devons régler ensemble pour appliquer davantage le traité.
Je voudrais également profiter de l'occasion pour parler des femmes et des hommes qui travaillent fort et qui composent le secteur de la pêche. Leur travail aide les communautés rurales et côtières comme la mienne et leurs prises nourrissent les familles de tout le Canada, fournissant aux Canadiens des produits de la mer durables et de qualité tout au long de l'année.
Je pense à des pêcheurs commerciaux comme Bobby, Herbie, Jeannie, Carla, James, Leonard, Brian, Mike, Gordon, Rocky, Glen et Dwayne dans ma circonscription, Cape Breton—Canso. Ils ont été de grands leaders dans la pêche locale et ils m'ont servi de mentors au sujet du secteur de la pêche, surtout l'année dernière. Ces pêcheurs veulent faire partie de la solution. Je pense à ma famille élargie, qui compte aussi des pêcheurs. Eux aussi veulent aussi faire partie de la solution.
Je suis particulièrement fier des pêcheurs de homard de Cape Breton—Canso, qui n'ont pas eu recours à la violence, mais qui ont plutôt été disposés à écouter et à apprendre comment nous pouvons unir nos efforts et avancer ensemble. Je les remercie de leur leadership.
Oui, j'ai communiqué avec les pêcheurs commerciaux de ma circonscription, et ils ont été clairs. Ils veulent être entendus et faire partie des discussions sur l'avenir de la pêche. C'est le cas des pêcheurs commerciaux de l'ensemble de ma province. Je tiens à souligner que la est déterminée à nommer un représentant spécial du ministère pour favoriser le dialogue et la coopération et que cette nomination s'appuiera sur les consultations menées auprès des Premières Nations et des représentants de l'industrie.
Je sais aussi que, en sillonnant ma circonscription, j'ai entendu beaucoup de préoccupations au sujet de la conservation. Je tiens à ce que ces personnes et tout le monde sachent que nous les écoutons. La conservation fait partie des priorités de tout le monde: le ministère des Pêches et des Océans, les Premières Nations et l'industrie. Toutes les parties veulent que cette ressource soit conservée pour les générations à venir, et je crois que nous avons ce désir en commun. Je tiens à assurer à tout le monde que le ministère des Pêches et des Océans continuera à surveiller les stocks et qu'il mettra en œuvre un plan uniquement s'il assure la santé des pêches.
Je pense que nous pouvons tous convenir que la réconciliation est essentielle pour le Canada. Voilà pourquoi il est important d'y travailler en tout respect. Nous avons tous un rôle à jouer. Ce qui arrive actuellement en Nouvelle-Écosse ne nous aide ni à réaliser cet objectif, ni à faire respecter les droits des Premières Nations issus des traités, ni à permettre des activités productives de pêche respectant les règles. Bien franchement, la situation n'aide aucune des parties impliquées, mais surtout, je sais que cette situation ne représente pas du tout ce qu'est vraiment la Nouvelle-Écosse, ma province natale et mon foyer. Elle ne reflète pas la solidarité des Néo-Écossais.
Les questions qui entourent actuellement la pêche existent depuis longtemps et touchent très personnellement les gens impliqués. Le seul moyen de les résoudre est un dialogue respectueux dans un esprit de collaboration. Nous devons donc continuer à collaborer entre nations et entre gouvernements, mais les différentes parties de l'industrie doivent aussi collaborer pour favoriser une pêche viable et durable pour les années à venir.
Je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir sur une question qui revêt une aussi grande importance, non seulement pour ma circonscription, mais aussi pour ma province et pour mon pays.
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Monsieur le Président, je tiens tout d'abord à souligner que je suis ici à Mi’kma’ki, le territoire traditionnel non cédé des Micmacs. Je ne suis pas très loin du canal Shubenacadie, un cours d'eau utilisé par les Micmacs depuis des milliers d'années.
Même si je sais que les questions relatives à la pêche en Nouvelle-Écosse touchent profondément les personnes concernées sur le plan personnel, je tiens à préciser très clairement que je suis dégoûté par les actes de violence et de racisme qui ont été commis dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse. J'ai terriblement honte des auteurs de ces actes et des personnes qui souscrivent au racisme et à la violence à l'endroit des communautés micmaques. La violence et le racisme doivent cesser.
Les électeurs de ma circonscription, Dartmouth-Cole Harbour, m'ont envoyé une quantité impressionnante de courriels passionnés et pertinents sur ce sujet. J'ai reçu tellement de courriels que je ne serai pas en mesure de répondre à chaque personne individuellement. Les Néo-Écossais veulent l'assurance que le gouvernement protégera les Micmacs du racisme et de la violence, et que leurs droits issus de traités seront respectés et mis en œuvre. Toute cette agitation m'inquiète aussi. Je sais, grâce aux nombreuses conversations que j'ai eues avec les ministres, que ces derniers sont tout aussi préoccupés que moi. Je sais qu'il ne s'agit pas uniquement de belles paroles, car ils prennent des mesures concrètes.
Les pêcheurs micmacs et les communautés des Premières Nations ont été abandonnés par ceux qui devaient les protéger. Je peux affirmer à mes collègues que les habitants de ma circonscription ne veulent pas qu'on leur parle de compétence. Ils veulent que tous les ordres de gouvernement collaborent pour assurer la sécurité de tous.
Je suis heureux que le gouvernement ait acquiescé à la demande d'aide de la Nouvelle-Écosse pour augmenter le nombre d'agents de la GRC présents dans la province selon les besoins. Il faut faire la lumière sur ces dégoûtants actes de violence et punir les coupables. Je suis content de voir que la GRC a déposé des accusations, notamment en ce qui a trait à l'agression contre le chef Sack, mais je veux qu'il soit bien clair qu'il faut en faire plus. Il faut réduire les tensions.
En Nouvelle-Écosse, nous sommes tous visés par les traités. Les traités de paix et d'amitié de 1760 et de 1761 représentent des ententes solennelles spéciales et des engagements durables. Ils affirment le droit issu de traités de chasser, de pêcher et de cueillir afin d'en tirer une subsistance convenable. La décision rendue par la Cour suprême du Canada le 17 septembre 1999 dans l'affaire concernant Donald Marshall a affirmé ce droit issu de traités. Cette décision concernait 34 Premières Nations micmaques et malécites du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de la région de la Gaspésie, au Québec.
En écoutant mes collègues micmacs, dont mon ami le député de , j'ai appris que ce jugement à l'égard d'un traité serait le premier à permettre aux Autochtones non seulement de survivre, mais de prospérer financièrement au Canada.
J'ai appris de la que, à la suite de l'arrêt Marshall, le ministère des Pêches et des Océans a lancé une série d'initiatives et de programmes en vue de faciliter l'application de ce droit issu de traités. Nous savons maintenant que, bien qu'une partie de ces initiatives et de ces programmes aient donné des résultats positifs, d'autres ont échoué. Parmi ces programmes, mentionnons l'Initiative de l'après-Marshall, qui a fourni aux collectivités des Premières Nations des permis, des bateaux et des engins afin d'accroître et de diversifier leur participation à la pêche commerciale et de contribuer à l'acquisition d'un moyen de subsistance convenable pour leurs membres.
Cette initiative a été suivie, en 2007, de l'Initiative des pêches commerciales intégrées de l'Atlantique, qui a offert du financement et du soutien aux communautés visées par l'arrêt Marshall afin qu'elles puissent accroître la capacité de leurs entreprises communautaires de pêche commerciale et atteindre l'autosuffisance économique.
En 2017, le ministère des Pêches et des Océans a commencé à négocier des ententes de réconciliation et de reconnaissance des droits de pêche d'une durée limitée avec les Premières Nations micmaques et malécites de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie, au Québec.
En 2019, le ministère des Pêches et des Océans a signé deux ententes de réconciliation et de reconnaissance des droits de pêche.
Cela dit, je suis bien conscient du fait que la décision Marshall a été rendue il y a plus de 20 ans. Le gouvernement actuel estime et sait qu'aucune relation n'est plus importante pour le Canada que celle qu'il entretient avec les peuples autochtones, il a à cœur de mener à bien le processus de réconciliation et il croit à l'autodétermination des peuples autochtones. Pourtant, aujourd'hui nous avons du mal à mettre en œuvre un droit issu d'un traité.
Nous savons que les membres des Premières Nations de la région de l'Atlantique sont mécontents du rythme des négociations et que certaines communautés ont lancé leurs propres activités de pêche de subsistance convenable et soumis des plans de pêche au ministère des Pêches et des Océans. Or, les actes de violence inacceptables qui ont été commis sur l'eau et sur la terre ferme ne font qu'empêcher la tenue d'un dialogue constructif, un dialogue important.
J'ai communiqué avec la au nom des habitants de ma circonscription, et elle m'a assuré que des discussions sont en cours avec les Premières Nations en vue de mettre en œuvre leurs droits issus de traités. Je sais que le gouvernement est prêt à collaborer avec les Premières Nations sur la façon d'aller de l'avant.
La ministre s'est entretenue à plusieurs reprises avec le chef Sack et l'Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse pour veiller à ce que le gouvernement continue de travailler avec leurs communautés dans un esprit de collaboration afin de mettre pleinement en œuvre leurs droits issus de traités et d'assurer leur sécurité.
Tout au long de notre histoire et encore aujourd'hui, nous savons que les Autochtones sont victimes d'un racisme systémique. Les institutions coloniales comme la GRC et d'autres ministères fédéraux ont été conçues de façon à défavoriser les Autochtones. Il n'est toutefois pas nécessaire qu'elles demeurent ainsi. Dans un véritable esprit de réconciliation, nous savons que nous devons réformer ces institutions. Nous devons travailler fort pour mettre en œuvre ce droit issu du traité. Nous devons rester déterminés à adopter une approche de nation à nation.
Tous les yeux sont tournés vers le Mi’kma’ki.
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Monsieur le Président, je remercie tous ceux qui ont participé au débat de ce soir. D'entrée de jeu, voici ce que je ne sais pas. Je ne connais pas les arrêts Marshall, je ne les ai jamais lues. Je ne connais pas l'unique député micmac de la Chambre, le député de . Je ne pense pas avoir déjà mis les pieds sur le territoire ancestral des Micmacs. Voilà où j'en suis en ce moment. Je ne tenterai pas d'affirmer des choses qui dépassent ma compréhension de l'enjeu très délicat qui oppose les Autochtones et la Couronne en Nouvelle-Écosse.
Deuxièmement, je dois dire avant de commencer que je suis très perplexe. Ce soir, j'ai vu dans le Globe and Mail un article dans lequel le leader parlementaire libéral dit qu'il y aura un vote de confiance demain à propos de l'organisme UNIS. Je suis perplexe. Pourquoi le gouvernement demanderait-il un débat d'urgence s'il bluffe à propos de possibles élections fédérales? Les libéraux tiennent-ils à la réconciliation et sont-ils attentifs à tous les propos réfléchis qui ont été présentés ce soir, ou ont-ils l'intention de nous envoyer en campagne électorale, de glisser ce problème sous le tapis et de le laisser disparaître pendant qu'ils cherchent à obtenir un gouvernement majoritaire? J'aimerais avoir des réponses du gouvernement libéral à ce sujet.
Passons maintenant aux motifs de notre présence ici ce soir. Malheureusement, celle-ci est le résultat direct de l'action et de l'inaction du gouvernement fédéral. La responsabilité, la paix et l'ordre sont les aspects les plus importants du gouvernement et du leadership. Nous sommes témoins ce soir de la faiblesse du gouvernement en matière de leadership, comme l'a si bien dit le député de dans son allocution.
Durant ma courte carrière de député, j'ai vu les libéraux étouffer le débat, faire obstruction, tenter de cacher des documents et, s'ils n'arrivent pas à leurs fins, affirmer que c'est la faute de Stephen Harper, comme nous l'avons entendu à maintes reprises ce soir. Le gouvernement est au pouvoir depuis cinq ans. En fait, ce soir est l'anniversaire de son arrivée au pouvoir. Au lieu d'intervenir dans la crise, les libéraux ont décidé de tenir un débat d'urgence à 1 000 kilomètres de l'endroit où elle a lieu.
La ministre libérale qui a demandé le débat avait déjà le pouvoir de résoudre le problème. Les libéraux peuvent protéger le peuple micmac tout en assurant la durabilité des pêches. C'est leur travail. Demain, je vais demander à la Bibliothèque du Parlement s'il y a déjà eu un débat d'urgence réclamé par quatre ministres qui ont admis faire partie du problème et que le gouvernement du Canada faisait partie du problème. Il pourrait s'agir d'un nouveau précédent dans l'histoire parlementaire.
De ce côté-ci de la Chambre, cela fait un mois que nous demandons au gouvernement de désamorcer la crise des pêches en Nouvelle-Écosse. Le député de a imploré la ministre ce soir de l'accompagner dans son camion. Il était prêt à la conduire pour négocier de bonne foi et trouver une solution. Le a dit que la police était dépassée, mais aucune mesure n'a encore été prise. Il n'y a eu que des gazouillis. Le dit que c'est à la province de résoudre le problème. Il a fallu que la situation s'enflamme littéralement avant que le gouvernement songe à envoyer des ressources policières supplémentaires en Nouvelle-Écosse.
Le chef Mike Sack a dit ceci au gouvernement: « Faites votre travail. […] Ne vous contentez pas de publier des gazouillis sur la situation. » Colin Sproul, de l'Association des pêcheurs côtiers de Fundy, pense que le gouvernement libéral a l'air de quelqu'un qui « se cache sous son bureau ». Voilà donc encore plus de gazouillis et encore plus d'inaction de la part des libéraux, qui font semblant de passer à l'action en tenant ce débat d'urgence où les parties opposées l'une à l'autre sont absentes et où l'on est bien loin de l'endroit où le travail devrait vraiment se faire.
La semaine dernière, la police a été débordée devant plus de 200 personnes. La semaine d'avant, des véhicules et des embarcations ont été incendiés. Cette situation n'a pas empiré soudainement. Elle s'aggrave depuis un certain temps.
Comme la députée de l'a mentionné à la Chambre plus tôt aujourd'hui, les résultats de dizaines d'années d'efforts pour entretenir des relations et résoudre la question des moyens de subsistance se sont littéralement envolés en fumée. Le s'est caché derrière ses déclarations préparées, et la a brillé par son absence.
On dirait que le gouvernement attend de perdre la maîtrise de la situation avant de reconnaître le problème. C'est ce qui s'est produit lors des barrages ferroviaires plus tôt cette année, et lorsqu'on a réclamé une enquête publique sur la fusillade en Nouvelle-Écosse. C'est encore le cas aujourd'hui.
Le gouvernement aurait dû prévoir la situation. Partout au Canada, le problème de la criminalité en milieu rural augmente. Nous en parlons depuis longtemps dans cette Chambre. Il y a un manque important de ressources policières dans les collectivités rurales et éloignées.
À Lillooet, une collectivité que je représente, il y a des groupes sur Facebook où on parle de groupes d'autodéfense. Le maire m'a imploré d'amener le ministre provincial de la Sécurité publique à faire quelque chose, car il y a seulement trois agents de la GRC pour une région de la taille d'un petit pays d'Europe. La municipalité ne savait tout simplement pas quoi faire ni comment intervenir.
Heureusement, les St'át'imc et les services de police des Premières Nations dans ma circonscription ont pu combler une partie des lacunes. Dieu merci, ils sont là. Espérons que Lillooet, le conseil tribal et leur service de police pourront servir d'exemple de ce que la Nouvelle-Écosse pourrait faire, car certains services de police autochtones font vraiment de l'excellent travail.
Les agents de première ligne de la GRC font de leur mieux, mais ils sont trop peu nombreux. En ne veillant pas à ce qu'il y ait suffisamment de ressources de la GRC dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse et à l'échelle du Canada, le met en danger ces collectivités et les gens qui y vivent. Il met aussi en danger les agents de première ligne. Nous avons constaté la hausse des risques, y compris des actes de violence et des incendies criminels. Les peuples autochtones courent également des risques à cause du nombre insuffisant d'agents de la GRC. Il y a des risques de chaque côté. La situation est tout simplement déplorable.
Je ne peux pas m'empêcher de relever certaines similitudes dans ma circonscription. Je représente Mission—Matsqui—Fraser Canyon, qui couvre une région accidentée de 22 000 kilomètres carrés en Colombie-Britannique. Le fleuve Fraser traverse ma circonscription du sud au nord. Comme en Nouvelle-Écosse, une grande partie des personnes que je représente, qu'elles soient autochtones ou non, dépendent entièrement d'une pêche.
Si on le demande aux pêcheurs sportifs, aux guides touristiques et à certaines personnes du secteur commercial, ils répondent qu'ils acceptent l'arrêt Marshall. Il ne leur plaît pas dans toutes les situations, mais ils l'acceptent et ils en tiennent compte. Ils disent aussi qu'ils sont choqués de certaines techniques de pêche employées par les Autochtones, comme l'utilisation de filets maillants, par exemple.
De plus, en discutant avec des Autochtones, j'ai appris qu'ils en avaient contre les pêcheurs commerciaux et les pêcheurs sportifs qui ne respectent pas adéquatement leurs droits. Ils se demandent pourquoi ils n'ont pas droit à un traitement équitable et, dans bien des cas, cela est totalement justifié. Ils ne sont pas traités de façon équitable. Il faut que cela change.
Lorsqu'on prend le temps de discuter avec les deux parties, on comprend que la chose qu'elles ont en commun — bien souvent sans le savoir —, c'est de subir l'incompétence du ministère des Pêches et des Océans quant à la mise en œuvre de mesures significatives pour résoudre les conflits de longue date entre les pêcheurs autochtones et les pêcheurs non autochtones.
Ce qui se passe en Nouvelle-Écosse est le reflet de ce qui se passe à plus grande échelle au Canada. Nous sommes aux prises avec un conflit civil. On constate un manque net et réel de confiance envers nos institutions. La frustration s'intensifie et, en tant que député, je n'ai pas la réponse. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, je n'ai jamais lu les arrêts Marshall, je l'admets. N'empêche qu'il y a de plus en plus d'animosité.
Une voix: N'empêche que vous souriez.
M. Brad Vis: Si je souris, c'est parce que j'essaie de refléter l'ambiance. Ce n'est aucunement le reflet de...
Une voix: Avec un sourire, cela n'a pas de prix.
M. Brad Vis: Monsieur le Président, je réagis aux problèmes. Ce qui se passe en Nouvelle-Écosse fait partie d'un problème qui touche l'ensemble de la société.
Je crains que ce qui s'est passé en Nouvelle-Écosse ne soit qu'un début, que cela n'arrive dans d'autres collectivités ailleurs au Canada si le Parlement ne fait pas ce qui s'impose, s'il ne trouve pas les bonnes solutions de réconciliation et si nous ne fournissons pas aux pêcheurs commerciaux autochtones et non autochtones ainsi qu'à tous ceux qui dépendent collectivement de ces deux groupes les assurances voulues pour trouver une solution. Pour ce faire, la doit s'engager à se rendre sur les lieux dès que possible.
J'ai écrit à la et je lui ai demandé de venir au fleuve Fraser pour rencontrer les électeurs autochtones de ma circonscription, car ils ont besoin d'entendre ce qu'elle a à dire. Ce n'est pas encore arrivé, mais je vais quand même lui demander des comptes et la faire venir à Mission—Matsqui—Fraser Canyon. Demain, elle doit être sur place afin de négocier avec les Micmacs pour trouver une solution pacifique.
Nous vivons dans le meilleur pays du monde. Lorsque de telles choses se produisent, cela entache la réputation du Canada. Je parle de la situation qui nous occupe, mais aussi de la façon dont nous avons traité les peuples autochtones dans l'histoire du pays, du fait que ce traitement a duré aussi longtemps, et que la confiance dans nos institutions s'est détériorée au point que les gens ont recours à la violence.
Il existe des moyens de résoudre la situation. Nous pouvons améliorer les forces de l'ordre locales. Nous pouvons permettre aux peuples autochtones d'exercer leur droit à l'autonomie gouvernementale. Nous pouvons décider ce qu'on fait concernant la décision dans l'affaire Marshall.
Plus tôt dans le débat de ce soir, nous avons entendu le parler des échecs et des réussites des gouvernements successifs. Ensuite, nous avons entendu le chef de l'opposition dire la même chose. Malgré les tensions entre les deux camps, ce soir, nous sommes parvenus à un certain consensus pour dire que, collectivement, à certains moments, indépendamment du parti au pouvoir, nous ne nous sommes pas montrés à la hauteur de ce que nous devions accomplir. C'est une leçon pour nous tous. Nous devons nous consacrer à ce qui importe avant toute chose et prendre de véritables mesures pour résoudre les problèmes concernant les moyens de subsistance des Autochtones et des autres pêcheurs.
Comme je l'ai dit au début, je n'ai pas toutes les réponses et je ne suis pas spécialiste de ce qui se passe en Nouvelle-Écosse. Cependant, je crains que les tensions en Nouvelle-Écosse ne soient représentatives de celles qui existent partout au Canada. J'implore le gouvernement de bien faire les choses, de collaborer avec le député de pour négocier sur le terrain et de faire ce qui est le mieux pour les Autochtones.