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Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir d'intervenir au nom de mes concitoyens d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, mais aussi au nom du Bloc québécois en tant que porte-parole en matière de sécurité publique.
Les armes à feu, c'est un sujet qui n'est pas simple, qui ne fait pas l'unanimité, qui suscite de fortes réactions chez certaines personnes et qui rappelle de fort mauvais souvenirs chez d'autres. C'est un sujet délicat qui mérite qu'on s'y attarde adéquatement. Bien que cela ne plaise pas à tout le monde et qu'il y ait différentes façons de s'y prendre, nous avons la responsabilité sociale de contrôler les armes à feu pour assurer la sécurité de notre population. C'est notre devoir de le faire, en tant qu'élus.
Je dois dire que nous attendions ce projet de loi sur les armes à feu. Nous l'attendions parce que, pendant leur campagne électorale de 2019, les libéraux s'étaient, clairement et sans équivoque, engagés à contrôler les armes à feu. C'est un engagement ferme qui a suscité une lueur d'espoir chez plusieurs personnes.
J'ai une pensée particulière pour les survivants et les survivantes des tueries que le pays a connues dans les dernières années. J'ai une pensée pour les vies qui ont été fauchées par des armes de poing ou des armes d'assaut de type militaire. J'ai une pensée pour les proches et pour les familles de ces victimes. C'est un peu pour elles que nous nous battons, mais aussi pour nous assurer que des drames comme ceux de la grande mosquée de Québec, de Polytechnique et de la Nouvelle-Écosse, et j'en passe, ne se reproduisent plus jamais. J'en passe, mais il y en a d'autres. En fait, au fil des années, il y en a eu trop, trop de vies perdues à cause d'armes à feu qui n'avaient pas leur place dans nos rues, dans nos maisons, ni dans les mains de personnes violentes et instables.
Nous attendions donc ce projet de loi, mais nous ne nous attendions certainement pas à ce qu'il soit si imparfait. Nous constatons que le Parti libéral n'a consulté personne pour la rédaction de son projet de loi, parce que personne n'est content: ni le lobby des armes à feu, ni les familles et proches des victimes des tueries de masse, ni les propriétaires d'armes respectueux des lois et qui se sentent lésés dans leurs droits.
Malheureusement, ce projet de loi est nettement insuffisant. Il ne fait que pelleter le problème vers l'avant ou dans la cour des autres, comme les municipalités de partout au Québec et au Canada. Le projet de loi ne règle absolument rien. Tout au plus apporte-t-il quelques améliorations aux lois actuelles. Il comporte plusieurs lacunes sur lesquelles je vais revenir, mais avant, pour les raisons que je viens d'évoquer et même si le projet de loi est largement imparfait, je tiens à mentionner que le Bloc québécois est d'accord avec son principe.
Je veux réitérer l'importance de légiférer sur le contrôle des armes à feu. Voter contre le principe de ce projet de loi, c'est le jeter aux poubelles avant même de lui avoir donné la chance d'être amélioré et amendé. Le Bloc québécois est donc disposé à travailler et à collaborer avec le Parti libéral pour rendre le projet de loi plus contraignant sur certains points et plus logique sur d'autres. Malgré nos divergences d'opinions sur la façon de nous y prendre, je pense qu'il est primordial de nous rassembler et de travailler ensemble pour assurer un milieu sécuritaire à nos concitoyens et concitoyennes.
Je crois sincèrement au travail collaboratif. C'est peut-être ma naïveté en mes débuts en politique, mais j'y crois et j'espère ne jamais cesser d'y croire. J'espère ne jamais devenir cynique, parce que le but ultime est — je l'espère et j'en suis convaincue — le même pour tous les parlementaires à la Chambre: assurer la sécurité de nos gens. Nous nous parlons à travers nos idéologies, nos politiques et nos guerres de clocher, mais ce que nous voulons au bout du compte, c'est que les gens que nous représentons soient en sécurité. Or, tant et aussi longtemps que des armes qui ont été spécifiquement conçues pour le champ de bataille seront entre les mains de civils dans nos rues et dans nos maisons, personne ne sera en sécurité, malheureusement.
Je veux remercier les membres de PolySeSouvient, avec qui je communique régulièrement. Je veux les remercier de leur long combat. Je tiens à me faire leur porte-parole pour dire à quel point ils sont épuisés de se battre depuis 30 ans et à quel point ils se sont sentis trahis par le premier ministre du Canada, qui n'a vraisemblablement pas tenu parole. À de nombreuses reprises, le chef du Parti libéral du Canada a regardé les victimes et les proches des victimes dans les yeux et leur a promis qu'il interdirait les armes d'assaut de type militaire.
Malheureusement, ce n'est pas ce qu'il fait avec ce projet de loi. Malheureusement, les armes d'assaut ne sont pas bannies, contrairement à ce que le Parti libéral affirme. Seuls quelques modèles populaires le sont. La plupart de ces modèles ne circuleront plus, mais les propriétaires actuels de ces armes pourront les garder à la maison. Le projet de loi n'empêchera pas donc quelqu'un qui possède déjà l'une de ces armes nouvellement prohibées de commettre un crime. C'est une demi-mesure qui, selon moi, fait suite à une autre demi-mesure en mai dernier, celle de l'interdiction de quelque 1 500 modèles d'armes d'assaut de type militaire, alors que des centaines de modèles similaires sont toujours en circulation.
Fait à noter, il n'existe aucune définition officielle d'arme d'assaut dans le Code criminel, ce qui complique la tâche de l'interdiction.
Par exemple, toutes les armes longues semi-automatiques devraient-elles être considérées comme des armes d'assaut ou seulement les armes longues semi-automatiques avec des chargeurs détachables? La question se pose et mérite un certain éclaircissement.
Le gouvernement a possiblement créé sa liste en fonction des armes utilisées lors des tueries des dernières années afin de marquer un coup médiatique — coup visiblement raté, selon les réactions de différents groupes pour le contrôle des armes d'assaut.
Avec cette interdiction en mai dernier, le gouvernement s'était engagé à déposer un programme de rachat. On a osé croire qu'un programme de rachat des armes d'assaut de type militaire par le gouvernement fédéral aux personnes qui en possèdent de façon légale aurait été obligatoire. C'est ce à quoi on se serait attendu, à l'image de ce qui a été fait en Nouvelle-Zélande, par exemple.
Le programme de rachat lancé par le gouvernement néo-zélandais, pays de 4,8 millions d'habitants, après la sanglante tuerie de Christchurch en 2019, aurait permis aux autorités de récupérer plus de 61 000 armes à feu et plus de 188 000 pièces détachées. Avant l'initiative, la police estimait qu'il y avait entre 55 000 et 240 000 armes à feu nouvellement interdites dans le pays.
Ces armes nouvellement prohibées appartenaient à quelque 32 000 propriétaires d'armes, qui ont reçu des compensations totalisant 100 millions de dollars néo-zélandais — soit environ 87 millions de dollars canadiens — pour s'être conformés à la loi. On voit que le programme a donc relativement porté ses fruits. C'est certainement mieux qu'un programme de rachat volontaire.
Comment avoir la garantie que les propriétaires vont revendre, de bonne foi, leur arme au gouvernement? Les personnes qui se sont procuré des armes de ce type de manière tout à fait illégale ne sont certainement pas celles qui vont lever la main pour gentiment remettre leurs armes au gouvernement, en échange de quelques centaines de dollars.
C'est là où je ne comprends pas la mesure du gouvernement: en ne rendant pas son programme de rachat obligatoire, il le rend complètement facultatif.
Philip Alpers, professeur associé à l'École de santé publique de l'Université de Sydney, en Australie, et expert en contrôle des armes à feu, a étudié les initiatives de rachat. Dans un récent article de Radio-Canada, il soulignait que les programmes optionnels, par opposition aux programmes obligatoires, avaient plus de probabilités de rater leur objectif de renforcer la sécurité dans les communautés. En effet, plusieurs études montrent que les programmes volontaires sont plus susceptibles d'échouer.
Il mentionnait que les programmes de rachat d'armes en Australie et en Nouvelle-Zélande, à titre d'exemple, non seulement interdisaient certaines armes à feu, mais incluaient des sanctions sévères pour ceux qui ne les rendraient pas. Ces programmes, qui intégraient l'émission des sanctions pour ceux qui ne les rendraient pas, ont fait la différence dans les deux pays. À l'heure actuelle, tel qu'il est rédigé, le projet de loi permettrait aux propriétaires de conserver leurs armes si certaines conditions sont remplies, dont l'entreposage sécuritaire. Cela démontre tout de même concrètement l'importance de rendre obligatoire ce programme de rachat.
En conférence de presse, le a déclaré que le gouvernement canadien ne savait pas combien d'armes de type militaire étaient en circulation au Canada et que c'était pour cette raison qu'il n'avait pas rendu le rachat obligatoire. Cela n'a absolument aucun sens puisque, s'il doute que les gens retournent leurs armes, rien ne dit que ces mêmes personnes les enregistreront.
PolySeSouvient a d'ailleurs réclamé qu'il le soit, en mai dernier, à l'annonce du nouveau décret, parce que « chaque arme détenue des mains privées constitue un risque. » Il faut aussi savoir que la majorité des tueurs de masse au Canada étaient propriétaires légaux d'armes. C'est une information à ne pas négliger lorsqu'on prend la décision de rendre un programme de rachat obligatoire ou non.
En mars dernier, épuisé par la lutte qu'il mène depuis tant d'années, le groupe PolySeSouvient a déclaré que si le ne modifiait pas substantiellement son projet de loi, il ne serait plus le bienvenu aux cérémonies de commémoration du drame de Polytechnique. PolySeSouvient y voit « un écran de fumée » qui imposerait un nouveau fardeau aux particuliers; une mesure législative qui cible injustement les propriétaires d'armes à feu responsables, mais non les criminels. Je ne pourrais être plus en accord avec eux.
Le dépôt du projet de loi C-21 était pourtant une belle façon de boucler la boucle de l'interdiction et d'aller de l'avant avec une interdiction législative des armes d'assaut de type militaire, tel que promis par le Parti libéral lors de la campagne électorale de 2019.
Je ne mâcherai pas mes mots. Non seulement cela démontre à quel point les libéraux ne sont pas dignes de confiance dans ce dossier, mais cela démontre à quel point ils manquent de sérieux. D'abord, les libéraux ne tiennent pas parole; ensuite, ils continuent de prétendre qu'un programme de rachat volontaire va réellement endiguer le fléau des armes à feu dans le pays. Il ne faut pas charrier.
Le fait que les armes — si les gens décident de les garder à la maison — n'aient pas besoin d'être rendues inutilisables pour être conservées pose aussi un énorme problème. Il aurait au moins fallu que les armes soient démontées avant d'être entreposées, ce qui aurait rendu leur utilisation immédiate beaucoup plus difficile.
Même si la réglementation empêche les gens d'utiliser leur arme nouvellement bannie, s'ils l'ont à portée de main quand un conflit survient, rien ne les empêcherait de commettre l'irréparable.
Ce n'est pas la seule chose à ne pas avoir de sens, dans ce projet de loi.
En ce qui a trait au contrôle des armes de poing, on se souviendra de la campagne électorale de 2019, au cours de laquelle le chef du Parti libéral répétait à qui voulait l’entendre qu’il était celui qui renforcerait le contrôle des armes à feu au Canada, contrairement à son adversaire conservateur qui, lui, le relâcherait. C’était la promesse du moment, faite pour se dissocier de l’autre grand parti.
Une fois au pouvoir, le Parti libéral a cherché comment il pouvait tenir parole pour, à la fois, ne pas trop perdre d’appuis d'un côté et en satisfaire certains de l'autre. Puis, une idée de génie est apparue aux libéraux. Ils se sont dit que, comme ils s'étaient engagés à contrôler les armes, ils allaient pouvoir déléguer cette tâche aux municipalités. Si cela fonctionnait, ce serait tant mieux, ils auraient fait leur travail. Si non, ce ne serait pas leur problème, ce serait désormais celui des municipalités.
Dans le projet de loi C-21, le gouvernement fédéral demande aux quelque 5 600 municipalités canadiennes de mettre en place leurs propres mesures d’entreposage des armes de poing sur leur territoire, c'est-à-dire l’entreposage à domicile ou à l’intérieur des limites municipales. L’interdiction pourrait aller jusqu’au simple transport des armes en territoire municipal. Cela veut dire que les quelque 5 600 municipalités canadiennes pourraient décider de mettre en place des mesures complètement différentes.
Au Québec, il y a quelque 1 400 municipalités. Dans ma circonscription seulement, Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, il y a 56 municipalités et deux territoires autochtones. Chez nous, en parcourant une quinzaine de kilomètres, on peut partir de Sainte-Angèle-de-Mérici, qui se trouve pratiquement à l'intérieur des terres, et se rendre à Sainte-Flavie, qui se situe sur le bord du fleuve, en passant par le village de Saint-Joseph-de-Lepage et par le centre-ville de Mont-Joli, l'une des quatre plus grosses villes de ma circonscription. C’est donc dire qu’en une quinzaine de kilomètres, il pourrait y avoir quatre réglementations différentes sur les armes de poing.
On dirait que le gouvernement a lancé cette idée sans y réfléchir. Il faut dire que, les budgets municipaux, ce n'est pas ce qu’il y a de plus garni non plus. Le gouvernement est prêt à jeter cela dans leur cours sans leur dire quand, ni comment, ni pourquoi. Il laisserait les autres adopter des milliers de règlements totalement disparates et incohérents. Ce serait un vrai fiasco.
Le gouvernement libéral se déresponsabilise totalement. Le constat est clair: il n’a manifestement pas l’intention de bannir les armes de poing.
La Ville de Montréal a rapidement déploré le fait que le gouvernement ratait une occasion en or de légiférer pour établir des règles claires, harmonieuses et efficaces pour l’ensemble du territoire canadien. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a réitéré sa demande et lancé un appel à l'aide au gouvernement fédéral pour un meilleur contrôle des armes à feu quelques jours après qu'une adolescente de 15 ans ait perdu la vie dans une fusillade, dans l'arrondissement de Saint-Léonard. Il s’agissait d’ailleurs du cinquième homicide de l’année sur le territoire de la Ville de Montréal; une victime collatérale qui s’est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment, selon ce que les médias rapportent. Du côté de la Ville de Toronto, plus de 462 fusillades ont été dénombrées en 2020. Le problème des armes illégales, qui se promènent et qui se retrouvent souvent entre les mains de jeunes, est rapidement revenu sur la table. C’est un fléau, en particulier dans les grandes villes du pays.
D’ailleurs, le projet de loi C-21 ne vient pas régler ce problème. On promet de lutter contre la contrebande et le trafic d'armes, mais on ne met pas nécessairement plus de moyens aux frontières. Pourtant, on sait que les armes n’arrivent évidemment pas dans les mains des jeunes par magie. Près de 250 armes prohibées ont d’ailleurs été saisies à Dundee, en mars dernier, et un homme de 24 ans a été arrêté. Il s’était procuré une maison située à cheval sur la frontière américaine, un endroit historiquement reconnu pour la contrebande en raison de son emplacement géographique. Dieu sait dans quelles mains d’autres jeunes ces armes auraient pu se retrouver. Cela montre à quel point le trafic et la contrebande sont réels, et pas seulement dans les grandes villes. Cela se passe dans nos régions aussi, comme à Salaberry-de-Valleyfield.
Pour revenir aux armes de poing, on constate donc, encore une fois, que personne n’a été consulté avant le dépôt de ce projet de loi, et certainement pas les villes. L'Union des municipalités du Québec, l'UMQ, a à son tour dénoncé certaines dispositions du projet de loi, notamment le fait de transférer aux villes des responsabilités qui ne leur incombent pas en matière de contrôle des armes de poing. Les villes ne souhaitent manifestement pas avoir à les assumer. L'UMQ ajoutait sa voix à celle de la Fédération québécoise des municipalités, qui avait, elle aussi, déjà dénoncé la manœuvre. D’autres voix s’y sont rapidement ajoutées, dont celle des maires de la Ville de Québec, Régis Labeaume, et de la Ville de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, qui se sont dits déçus des intentions d'Ottawa. Ce n'est pas peu dire.
Puis, l'Assemblée nationale du Québec a voté à l’unanimité une motion demandant la délégation de ce pouvoir au Québec plutôt qu’à ces municipalités. L'idée de mettre en place une seule réglementation au Québec, plutôt que des milliers, est relativement bien accueillie. On voit que cela arrangerait bien le gouvernement fédéral qui, dans tous les cas, se défilerait de sa responsabilité. Cela semble donc être la situation idéale.
Il y a cependant un bémol. Le gouvernement du Québec semble avoir accepté la motion à la va-vite et n’est peut-être pas si enclin à s’embarquer de nouveau dans ce genre de débat, après l’intense négociation sur le registre des armes à feu d’il y a quelques années.
Plus encore, le gouvernement du Québec, comme toute autre province, pourrait déjà légiférer ou réglementer les armes de poing sur son territoire s'il le voulait. Le fédéral n'aurait pas nécessairement à lui déléguer ce pouvoir. On constatera que ce n'est pas dans le programme politique du gouvernement du Québec non plus.
Comme députée du Bloc québécois, je serais normalement en faveur de déléguer plus de pouvoirs à Québec. Cette fois-ci, par contre, je suis bien embêtée. J'ai l'impression que le fédéral se défile. C'est lui qui s'était engagé à contrôler les armes de poing, c'est donc lui qui devrait agir au lieu de pelleter cela dans la cour de qui le veut bien. Il s'agit du simple principe de tenir ses promesses.
Je reviens sur la problématique des armes illégales. La plupart des armes de poing utilisées par les gangs et les groupes criminels sont illégales, qu'elles aient été volées ou non à des citoyens. Il faut donc à la fois diminuer l'accessibilité de ces armes ici et lutter à la frontière américaine contre l'importation d'armes à feu illégales.
Laisser aux municipalités ou aux provinces la possibilité d'interdire les armes sur leur territoire ne règle pas le problème. Il aurait fallu qu'Ottawa interdise les armes de poing à la grandeur du Canada pour avoir un certain effet. Or, Ottawa manque de courage politique et préfère déléguer.
Je tiens à préciser que, depuis le début de cette allocution, je parle des armes de poing et des armes d'assaut de type militaire. Les armes de chasse de calibre 12 et 10, par exemple, ne sont pas visées par l'interdiction de mai dernier ni par ce projet de loi. Les chasseurs peuvent continuer de chasser sans crainte. Tuer un animal pour le manger est tout à fait différent d'utiliser une arme qui a la capacité de tirer des dizaines de balles en très peu de secondes et qui est explicitement conçue pour enlever plusieurs vies humaines rapidement.
On parle également des armes qui sont facilement modifiables pour augmenter leur létalité. Ce sont ces armes qu'on veut bannir et, à ce sujet, je suis tout à fait d'accord avec le gouvernement.
Je rappelle que le projet de loi passe à côté du problème. On voulait interdire les armes d'assaut, non pas pour empêcher les tireurs sportifs de les utiliser à des champs de tir, mais bien pour empêcher des tueries. Malheureusement, on constate que ce projet de loi ne fait qu'empêcher les tireurs sportifs d'utiliser sécuritairement leurs armes sans prévenir les massacres.
Je veux aussi toucher à une autre problématique, créée par ce projet de loi. Nous avons constaté avec étonnement que le gouvernement souhaitait restreindre la pratique du paintball et du tir à microbilles — mieux connu sous le nom anglais d'airsoft — par une disposition qui considérerait certaines répliques d'armes utilisées dans ces activités comme étant des armes prohibées.
Encore une fois, l'approche du gouvernement est improvisée et n'a pas été faite en consultation avec les gens concernés, ce que confirment mes discussions avec la Fédération sportive d'airsoft du Québec. Les propriétaires de boutiques d'armes à feu n'ont pas été consultés non plus. Ces derniers vendent souvent leurs produits à certains corps policiers et, du jour au lendemain, se sont retrouvés avec des centaines d'armes nouvellement prohibées sur leurs tablettes sans que le gouvernement leur dise quoi en faire. Le projet de loi a été déposé assez longtemps après l'interdiction de mai dernier. Même quelques mois après sa présentation, les propriétaires de ces boutiques ne savent toujours pas quoi faire de ces stocks valant des centaines de milliers de dollars et qui dorment.
Pour en revenir aux répliques d'armes d'assaut, il faut dire que le désir du gouvernement de les éliminer n'est pas sans fondement. En effet, les policiers risquent de faire un usage mortel de la force s'ils croient avoir devant eux une véritable arme lors d'une intervention, ce qui pose également un risque de dommages collatéraux pour des gens innocents. Nous devons cependant à nos forces policières un appui sans faille.
Or, le gouvernement aurait pu s'inspirer de ce qui se fait ailleurs, comme aux États-Unis, où les répliques d'armes pour le tir à billes doivent avoir le bout du canon peint en orange, par exemple, ce qui facilite l'identification des fausses armes. Un marquage clair de ces répliques serait un compromis adéquat et, lors de l'étude en comité, nous demanderons assurément au gouvernement de se pencher sur cette possibilité plutôt que de bannir du jour au lendemain une activité pratiquée par des centaines de Québécois. Je suis d'accord que le gouvernement doit encadrer davantage la vente de répliques d'armes de paintball et de tir à billes, mais cela peut être fait tout en respectant ceux qui pratiquent ces activités de façon sécuritaire.
Après avoir consulté nos concitoyens de partout au Québec, des groupes pour le contrôle des armes à feu, des groupes de défense des armes, des propriétaires de boutiques d'armes, des chasseurs, des tireurs sportifs, des gens qui pratiquent le paintball et le tir à billes et des propriétaires de champs de tir, le constat est clair: ce projet de loi est absolument imparfait.
Je l'ai dit d'emblée et je le réitère: bien que nous ayons le goût de jeter ce projet de loi à la poubelle et de recommencer, le temps file et nous devons nous donner la chance d'au moins essayer. C'est ce que nous ferons en comité parlementaire. Cependant, je vais faire preuve de transparence: si le projet de loi n'est que très peu ou pas du tout modifié et que le programme de rachat des armes d'assaut de type militaire ne devient pas obligatoire, nous voterons tout simplement contre le projet de loi.
Je rappelle que le Parti libéral s'est engagé à de nombreuses reprises à bannir les armes d'assaut et à restreindre les armes de poing. Avec ce projet de loi dans son état actuel, il ne tient ni l'une ni l'autre de ces promesses. Au Bloc québécois, nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement afin d'assurer la sécurité de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
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Madame la Présidente, comme je le disais, le le niera. Il se mettra aussi en colère, comme beaucoup de députés libéraux. C'est ce que feront les libéraux, au lieu de défendre le fond de leur politique, de leur propre mesure législative.
Prenons la réponse donnée cette semaine par le ministre à mon collègue conservateur de Red Deer—Lacombe, lors de la période des questions. Voici ce qu'il a dit:
Il n'y a pas de registre des armes à feu au Canada. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le projet de loi que nous avons présenté exigera que les gens enregistrent en bonne et due forme toutes armes dorénavant prohibées pour que le gouvernement puisse savoir avec précision où elles se trouvent.
D'après ces remarques du ministre, les libéraux ont l'intention de rétablir le registre des armes d'épaule.
Ce n'est pas tout. Le projet de loi rate la cible à d'autres égards et gaspillera des ressources d'autres façons.
Le projet de loi vise à créer un programme d'achat facultatif, ou de rachat comme les libéraux l'appellent, des armes à feu que le gouvernement a rendues illégales l'année dernière. Qu'est-ce qu'Ottawa propose d'acheter? Des armes à feu obtenues légalement, ainsi que des outils et des objets de famille. Bon nombre de ces objets valent des milliers de dollars à cause de leur rareté, de leur âge et de leur calibre.
Le a déclaré, récemment, que le gouvernement ne savait pas combien d'armes à feu seraient visées par son programme de confiscation, mais il a aussi affirmé, parallèlement, que quelque 200 000 armes à feu seraient visées, au coût moyen de 1 300 $ par arme. Dans la fourchette basse des estimations, cela coûtera aux contribuables environ 250 millions de dollars, mais selon d'autres estimations, le programme de confiscation volontaire des libéraux pourrait coûter des milliards de dollars au Trésor public.
De nombreux députés le savent, la dette nationale de notre pays, sous le gouvernement libéral actuel, dépasse la dette sous tous les autres gouvernements qui l'ont précédé depuis la Confédération. Pour les libéraux, quelques milliards de dollars de plus de gaspillés, ce n'est pas très grave, parce que le budget s'équilibrera de lui-même, disent-ils.
Pour une raison ou pour une autre, les libéraux croient qu'alourdir les formalités administratives pour les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi et leur confisquer leurs biens mettra fin, d'une manière ou d'une autre, à la violence liée aux gangs et aux armes à feu, à Toronto. Ils sont tellement convaincus que c'est une solution qui a fait ses preuves qu'ils ont même osé présenter une autre mesure législative terriblement bancale, le projet de loi , qui prévoit des peines plus légères pour les criminels qui commettent des infractions avec des armes à feu. Les libéraux sont laxistes en matière de criminalité. Ils sont plus préoccupés par la défense des soi-disant droits des criminels que par la défense de nos collectivités.
De ce côté-ci de la Chambre, nous considérons que ce sont les victimes d'actes criminels qui devraient d'abord avoir droit à notre compassion. Nous croyons également que les lois devraient servir à quelque chose, ce qui n'est pas le cas du projet de loi . En outre, le projet de loi rendrait les collectivités moins sûres.
Contrairement aux libéraux, les conservateurs savent que le système de justice doit davantage répondre aux besoins des victimes qu'à ceux des criminels.
Les crimes que les libéraux espèrent empêcher sont commis par des criminels qui ne respectent pas les lois et la réglementation en matière de possession d'armes à feu au Canada. En dépit du décret de mai dernier présenté par les libéraux concernant l'interdiction de certaines armes à feu, il y a eu 462 fusillades à Toronto en 2020. C'est plus qu'en 2018. Après l'interdiction des armes à feu présentée par les libéraux l'année dernière, qui était le précurseur du projet de loi , le nombre de fusillades à Toronto n'a pas diminué; il a augmenté. Pourquoi? Parce que ce ne sont pas les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi qui commettent des crimes avec des armes à feu à Toronto.
En tant que député conservateur, j'étais fier, en 2012, d'appuyer l'abolition de l'inutile et coûteux registre des armes d'épaule. Ce registre avait coûté près de 2 milliards de dollars aux contribuables sans pour autant protéger la population contre les crimes à main armée. Cette mesure ciblait plutôt inutilement les Canadiens respectueux de la loi et accaparait les ressources policières.
Les conservateurs n'ont pas seulement aboli le registre. Ils ont aussi fait adopter des dispositions législatives plus sévères concernant l'utilisation illégale d'armes à feu, un effort que nous avons voulu répéter dans le cadre de la législature actuelle, mais que les autres partis n'ont pas soutenu.
Par ailleurs, les conservateurs ont aussi apporté des changements quand ils étaient au pouvoir, et les données sur les propriétaires d'armes à feu consignées dans le registre des armes d'épaule ont été détruites afin qu'un gouvernement fédéral futur ne puisse pas rétablir ce registre après avoir promis de ne pas le faire. On pourrait dire que le gouvernement conservateur a adopté des mesures il y a une décennie pour empêcher les libéraux de jouer des tours de passe-passe. Je dis cela parce que, durant la dernière campagne électorale, les candidats libéraux partout au pays, surtout dans les circonscriptions rurales, ont promis que, si le Parti libéral obtenait un second mandat, il ne rétablirait pas le registre des armes d'épaule. Toutefois, la réponse du au cours de la période des questions indique, au contraire, que le projet de loi créerait un nouveau registre.
En tant que député de Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest, je représente des milliers de propriétaires d'armes à feu respectueux des lois. Ils ont tous appris comment utiliser leurs armes à feu de manière responsable, comment les entretenir et comment entreposer des armes d'épaule. Ils ont tous été autorisés par la GRC à acheter, à posséder et à utiliser légalement leurs armes à feu.
Ces citoyens respectueux des lois se conforment déjà à des lois parmi les plus strictes au monde en matière de possession d'armes à feu. Ce sont des mères et des pères, des grands-parents, des sœurs et des frères et, dans certains cas, des enfants. Ce sont des amis et des voisins. Ils paient leurs impôts et respectent les règles. Ils aiment bien se détendre à un stand de tir ou en allant chasser le cerf, des oiseaux ou un orignal dans les bois.
Ces propriétaires d'armes à feu respectueux des lois s'efforcent de respecter toutes les lois et les règles en matière de possession d'armes à feu, comme l'a indiqué la GRC. Ils ne relèguent pas la sécurité au second plan lorsqu'ils utilisent une arme à feu. Pour eux, c'est une priorité. J'ai pu le constater, car je suis allé chasser avec eux à maintes occasions.
Les gens ne sont pas obligés de me croire. Ils peuvent se rendre à un stand de tir et le constater eux-mêmes. Tout le monde y considère que la sécurité est une priorité. C'est toujours ainsi. Pourquoi? Parce que ce sont des Canadiens responsables.
Par ailleurs, bon nombre d'entre eux sont légalement autorisés à posséder des armes à feu à autorisation restreinte. Conformément à la Loi sur les armes à feu, la GRC vérifie chaque jour leur nom auprès du Centre d'information de la police canadienne. Oui, c'est bien ce que j'ai dit. La GRC effectue cette vérification chaque jour.
Malheureusement, ces hommes et ces femmes représentent des menaces aux yeux des libéraux. Ce sont pratiquement des criminels à leurs yeux. Le simple fait d'acheter légalement une arme à feu est considéré comme étant dangereux. Le a décidé de s'immiscer dans la compétence des provinces dans une tentative de confisquer aux frais des contribuables des biens achetés légalement.
Les projets de loi et sont boiteux, mal conçus, et ils rendent nos communautés non sécuritaires.
À la suite de la tuerie tragique survenue en Nouvelle-Écosse l'année dernière, le a organisé une réunion avec les parlementaires. Ceux qui se sont joints à l'appel technique du gouvernement portant sur le décret libéral interdisant les armes à feu l'année dernière se rappelleront cet échange. Quand on lui a demandé si l'interdiction annoncée aujourd'hui aurait pu changer ce qui s'était produit en Nouvelle-Écosse et l'accès du tueur à des armes illégales, le secrétaire parlementaire de la sécurité publique a répondu: « C'est pas l'objectif. »
À part de se servir d'une tragédie nationale pour vilipender et harceler les propriétaires légitimes d'armes à feu, à quoi servirait le projet de loi ?
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Madame la Présidente, je suis honoré d'intervenir au sujet du projet de loi . Je remercie le député de de partager son temps de parole avec moi aujourd'hui.
Assurer la sécurité des collectivités est l'une des principales responsabilités du gouvernement. Que ce soit chez nous dans notre lit, au parc, au travail ou en classe, nous devrions tous pouvoir vivre sans craindre la violence. À cette fin, le Canada s'est doté de lois en matière d'armes à feu qui comptent parmi les plus strictes au monde.
En fait, les Canadiens propriétaires d'armes à feu font partie des plus ardents champions du maniement sécuritaire des armes à feu et de lois sensées en matière d'armes à feu. À mes yeux, c'est logique, mais lorsque les gouvernements à tendance gauchiste veulent avoir l'air de sévir contre la violence armée et le gangstérisme, les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois en font les frais et deviennent une cible.
Évidemment, le problème de cette approche, c'est qu'en général, les propriétaires d'armes à feu enregistrées ne commettent pas d'actes de violence. Cela signifie qu'une approche crédible pour lutter contre la violence liée aux armes à feu doit viser les criminels et les gangs qui méprisent les lois canadiennes sur les armes à feu et qui utilisent des armes à feu illégales pour commettre des actes violents. Toute autre approche n'est qu'image vertueuse et poudre aux yeux.
La réalité, c'est que la grande majorité des armes à feu utilisées pour commettre des crimes ont été obtenues illégalement. Au moins 80 % des armes à feu ayant servi à commettre un crime au Canada sont arrivées en contrebande des États-Unis. Ce fait n'est pas particulièrement étonnant lorsqu'on considère que le Canada et les États-Unis ont la plus longue frontière non défendue au monde. Nous savons également qu'il est beaucoup plus facile d'acheter des armes à feu aux États-Unis. C'est une réalité qu'il faut prendre en considération dans toute réponse législative canadienne.
Étant donné que le projet de loi ne tient pas compte de ces faits, j'ai été heureux d'appuyer mon collègue le député de , qui a présenté le projet de loi visant à modifier le Code criminel afin d'augmenter les peines pour la possession présumée d'une arme à feu importée illégalement au Canada et d'augmenter la peine minimale obligatoire pour la possession de telles armes.
Au cours de son discours sur son projet de loi, le député a indiqué qu'il a rencontré des dirigeants communautaires et des représentants des forces de l'ordre et qu'il leur a demandé quelles mesures le gouvernement fédéral devait prendre pour rendre la communauté plus sûre. Voici ce qu'il a dit:
À maintes reprises, on m'a dit que des groupes du crime organisé sont derrière les fusillades et que les rues sont inondées d'armes passées en contrebande, qui proviennent de l'autre côté de la frontière. Il s'agit surtout d'armes de poing, car celles-ci sont faciles à passer en contrebande, à dissimuler et à porter sur soi. Cela ne devrait surprendre personne. Ce ne sont pas les agriculteurs, les chasseurs ou les tireurs sportifs qui alimentent la vague de criminalité. Les fusillades sont liées aux activités des gangs, et des personnes innocentes sont prises entre deux feux.
Le projet de loi était sensé, et il aurait constitué une mesure concrète pour s'attaquer au problème grave dont nous parlons aujourd'hui. Cependant, les libéraux s'y sont opposés. Ils ont même contribué à son rejet. Ce projet de loi aurait permis d'imposer des peines plus sévères aux criminels faisant de la contrebande et à ceux reconnus coupables de possession d'armes à feu illégales. Si les libéraux désiraient montrer qu'ils voulaient vraiment s'attaquer à la violence liée aux armes à feu, ils auraient dû appuyer le projet de loi .
Puis, le projet de loi a été présenté immédiatement après le projet de loi . Il a été présenté par les libéraux seulement une journée après le projet de loi . Avec le projet de loi , les libéraux prétendent lutter contre la violence liée aux armes à feu, alors que, avec le projet de loi , ils proposent d'abroger des peines minimales obligatoires liées à des crimes commis avec des armes à feu, comme la possession non autorisée d'une arme à feu prohibée ou obtenue illégalement, le fait de décharger une arme à feu dans l'intention de blesser une personne ou de mettre sa vie en danger et le vol commis avec une arme à feu. Voilà certaines infractions pour lesquelles le projet de loi propose de réduire les peines minimales obligatoires.
À quel point doit-on être déconnecté de la réalité pour présenter un jour un projet de loi qui s'attaquerait à la violence liée aux armes à feu, du moins selon ce qu'on prétend, et le lendemain en présenter un autre qui allégerait les sanctions associées aux crimes commis au moyen d'une arme à feu?
Je m'entretiens très souvent avec des propriétaires d'armes à feu de ma circonscription. Ces gens comprennent à quel point les lois sur les armes à feu peuvent être utiles, à condition qu'elles soient bien pensées.
Ils sont conscients des responsabilités qui leur incombent en tant que propriétaires d'armes à feu et ils respectent les règles en vigueur. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est pourquoi le gouvernement libéral continue de s'en prendre à eux, alors qu'il sait pertinemment que ce n'est pas eux, le problème, mais les criminels et les gangs.
Il n'y a d'ailleurs pas que les propriétaires d'armes à feu à qui cela échappe. Les forces de l'ordre se posent des questions elles aussi. Voici ce que la Fédération de la police nationale avait à dire sur le sujet: « La législation courante et coûteuse, comme le décret interdisant diverses armes à feu et le programme de rachat proposé par le gouvernement fédéral ciblant les propriétaires légitimes d'armes à feu, ne tient pas compte de ces thèmes actuels et émergents ni des menaces urgentes à la sécurité publique. »
Le président de l'Association canadienne des chefs de police estime de son côté que « les lois canadiennes sur les armes à feu sont déjà très bonnes. Elles sont très strictes. » Il ajoute ceci:
Beaucoup de gens qui vivent dans le respect de la loi se procurent une arme à feu pour des motifs tout à fait légitimes. La marche à suivre pour posséder une arme à feu au Canada comporte de nombreuses étapes et elle est très rigoureuse. Une fois qu'on a un permis de possession d'armes, l'achat lui-même, le transport des armes, leur entreposage... tout cela est encadré par des lois très strictes au Canada.
Dans ma province, le Manitoba, l'inspecteur Max Waddell, du Service de police de Winnipeg, a déclaré que même si l'interdiction de toutes les armes à feu peut sembler — et j'insiste sur le mot « sembler » — une approche sensée, l'interdiction des armes à feu ne permettra pas nécessairement de mettre fin à la violence armée:
Je vais faire un parallèle. Les drogues illicites sont aussi interdites. Pourtant, nous constatons une augmentation considérable de la présence de la méthamphétamine sur le marché, ce qui cause des problèmes sans cesse croissants [...] C'est la dynamique de l'offre et de la demande qui pousse les criminels à se procurer des armes à feu, que ce soit pour protéger leur commerce de drogues, pour se protéger, pour faire de l'extorsion, ou pour une multitude d'autres activités criminelles.
De plus, le porte-parole du Service de police de Winnipeg, l'agent Rob Carver, n'a pas du tout mâché ses mots. Il a déclaré que le projet de loi « ne changera rien du tout ».
La partie la plus étrange du projet de loi , c'est que, malgré les statistiques démontrant incontestablement que la violence armée est perpétrée par des criminels utilisant des armes illégales, il cible les armes à air comprimé.
Dans les régions rurales du Manitoba, la plupart des gens ont déjà utilisé des armes à air comprimé, ou ont des membres de leur famille ou des amis qui en ont utilisé, par exemple, pour tirer sur des cannettes vides au fond de la cour ou pour faire une bataille amicale en portant des lunettes de sécurité. Sous sa forme actuelle, le projet de loi interdirait toutes les armes à air comprimé, la plupart des armes à balles BB et certains modèles d'armes de jeu tirant des balles de peinture au Canada. Ce projet de loi mettrait un terme à un loisir qui compte plus de 64 000 adeptes partout au pays, en plus de détruire une industrie qui génère 100 millions de dollars dans l'économie canadienne. La moitié des entreprises canadiennes dans le domaine de ces loisirs inoffensifs risquent de fermer leurs portes définitivement, et 1 500 Canadiens en perdraient leur emploi. C'est ridicule et cela ne contribuera aucunement à régler le problème de la violence liée aux armes à feu dans notre pays.
Plus tôt cette année, 36 600 Canadiens ont signé une pétition pour annuler le projet de loi afin qu'il ne mette pas un terme au airsoft et au paintball. Les pétitionnaires demandaient entre autres au gouvernement de reconnaître que ces deux formes de loisirs ne représentent aucun risque pour le public et que de les interdire ne contribuerait pas à améliorer la sécurité publique. Il y avait des signataires pour toutes les provinces et les territoires, mais ce sont l'Ontario, le Québec et les provinces de l'Ouest qui en comptaient le plus.
Les Canadiens sont mécontents, et à juste titre. Pourquoi le gouvernement libéral cherche-t-il à retirer des armes légales des champs de tir et à interdire des jouets? Nous avons besoin d'un projet de loi qui s'attaque à la contrebande d'armes. Nous avons besoin d'un projet de loi qui s'attaque au problème des gangs. Nous avons besoin d'un projet de loi qui empêche les criminels d'avoir accès à des armes illégales. Bref, nous avons besoin d'autre chose que du projet de loi , qui n'est qu'une manœuvre de diversion. Ce projet de loi ne réduirait aucunement l'utilisation illicite d'armes à feu illégales dans le cadre d'activités criminelles. Les criminels n'enregistrent pas leurs armes à feu. Ils obtiennent leurs armes par des voies illégales. Les gangs n'enregistrent pas les armes qu'ils se sont procurées illégalement.
Les libéraux proposent de donner aux municipalités le pouvoir d'adopter des règlements municipaux sur les armes à feu. Pourquoi faudrait-il croire que ce projet de loi contribuera de quelque façon que ce soit à la sécurité publique?