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FOPO Rapport du Comité

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Opinion complémentaire du PCC

Le Canada a des problèmes de pinnipèdes.

Dans les zones où les populations de pinnipèdes ont pu augmenter sans aucun contrôle, ce qui a entraîné l’épuisement des stocks de poissons sauvages en raison de la prédation excessive et empêché les stocks épuisés de se rétablir, les pinnipèdes nuisent aux populations de poissons et aux écosystèmes canadiens.

Pour ce qui est de la côte Ouest, le Comité a reçu des témoignages mentionnant que les taux de prédation par les pinnipèdes chez les saumons quinnat et coho juvéniles ont augmenté de manière exponentielle et entraînent un taux de mortalité allant jusqu’à 40 % pour le saumon quinnat juvénile et environ 60 % pour le saumon coho juvénile qui migre vers la mer[1]. Le Comité a également été informé que, sur la côte de la Colombie-Britannique, les lions de mer mangent plus de 300 000 tonnes de poisson par année, soit plus que toutes les pêches commerciales réunies[2]. La prédation des pinnipèdes en Colombie-Britannique contribue également à ce que de nombreux stocks de saumons et de truites arc-en-ciel soient classés comme menacés ou en voie de disparition, conformément à la définition du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada[3].

Le Comité a aussi été informé des conséquences de la prédation par les pinnipèdes dans le golfe du Saint-Laurent : une étude a révélé que les taux de prédation de la morue ont augmenté de manière exponentielle depuis les années 1970[4]. Malgré les faibles taux de pêche de la morue dans le golfe, le stock ne s’est pas rétabli et il est en déclin constant, avec des taux de production négatifs pour les stocks les moins abondants. La modélisation montre que cette situation est attribuable à la prédation par les pinnipèdes[5]. Des études sur leur régime alimentaire montrent que leur consommation de morue est suffisamment intense pour expliquer ce déclin continu du stock de morue dans le golfe du Saint-Laurent, et la prédation continue pourrait mener à une extinction dans certaines zones du golfe[6].

Les témoignages indiquent également que lorsque les populations de pinnipèdes atteignent des niveaux trop élevés, la concurrence accrue pour une quantité de proies limitée entraîne un retard de croissance, une hausse de la mortalité juvénile, de la famine et une augmentation exponentielle du taux de fausses couches[7].

Les populations de pinnipèdes non contrôlées ont aussi des effets néfastes sur les Canadiens et les communautés côtières. Les pêcheurs canadiens ont besoin d’un accès sécurisé à des pêches durables et bien gérées pour gagner leur vie. L’augmentation de la prédation par les pinnipèdes ne fait que renforcer l’instabilité et l’insécurité des stocks de poisson, qui renforcent à leur tour l’instabilité et l’insécurité des pêcheurs. Alors qu’un déséquilibre persiste dans la prédation par les pinnipèdes, ce sont des communautés entières et des secteurs périphériques tirant profit des activités de pêche qui en subissent les conséquences.

Les produits de pinnipèdes, dont la fourrure, la viande, l’huile riche en oméga-3 et la poudre de protéines, pourraient être des sources de sécurité alimentaire et de revenus pour de nombreuses communautés. Les possibilités de pêche perdues en raison du manque de gestion des populations de pinnipèdes représentent des pertes directes de sécurité alimentaire pour de nombreuses communautés, côtières ou plus éloignées, surtout pour les communautés isolées comme celles du Grand Nord canadien.

Le Comité a reçu un témoignage indiquant que l’interdiction imposée par l’Union européenne en 2009 sur les produits canadiens dérivés du phoque a aggravé outre mesure les conditions de vie des communautés inuites, portant directement atteinte à leur sécurité alimentaire et à leurs revenus[8].

Au cours des réunions du Comité, les membres ont entendu une quantité considérable de témoignages de pêcheurs, de représentants autochtones et de scientifiques décrivant la dévastation des populations de poissons sauvages et des écosystèmes dans les zones où les populations de pinnipèdes n’ont pas été réduites et où on les a laissées croître à des niveaux préoccupants. Les députés conservateurs sont déterminés à fournir ce rapport complémentaire afin de s’assurer que les principales préoccupations soulevées dans les témoignages de la grande majorité des pêcheurs, des représentants autochtones et des scientifiques soient adéquatement prises en compte.

La gestion des populations de pinnipèdes du Canada par une chasse éthique contribuera à rétablir l’équilibre des écosystèmes et permettra au Canada de donner aux communautés autochtones et côtières le pouvoir de rétablir l’autosuffisance économique et alimentaire grâce à cette chasse.

Le problème de l’augmentation des populations de pinnipèdes et des effets néfastes qui en résultent a été pris en compte dans de nombreuses études menées par le Comité au cours des sept dernières années. En réponse à des séries de témoignages d’experts décrivant les graves menaces que la prédation accrue par les pinnipèdes fait peser sur la durabilité des pêches, la biodiversité et la conservation des poissons sauvages, le Comité a formulé à maintes reprises des recommandations appelant le gouvernement à enfin prendre des mesures pour gérer les populations de pinnipèdes.

Ces recommandations ont été clairement formulées auprès du gouvernement dans les rapports du Comité sur le saumon sauvage de l’Atlantique (2017)[9], la pêche à la morue du nord à Terre-Neuve-et-Labrador (2017)[10], le homard et le crabe des neiges dans l’est du Canada (2019)[11], le bar rayé dans le sud du golfe du Saint-Laurent et la rivière Miramichi (2019)[12], et le saumon sauvage du Pacifique (2021)[13]. Les échecs du gouvernement à mettre en œuvre les nombreuses recommandations formulées par le Comité au fil des années ont entraîné une persistance et une aggravation des dommages et des menaces liés à la surpopulation de pinnipèdes.

Dans son rapport de 2023 examinant les activités scientifiques du ministère des Pêches et des Océans (MPO), le Comité a abordé le manque de gestion des populations de pinnipèdes et la suppression de travaux scientifiques concluant que la réduction des pinnipèdes dans le fleuve Fraser pourrait contribuer au rétablissement de la truite arc-en-ciel, une espèce menacée d’extinction, dans le Fraser intérieur[14]. Les révélations de l’étude scientifique et le refus du gouvernement d’agir après des années de recommandations de la part du Comité concernant la gestion des pinnipèdes soulèvent de très sérieuses questions sur les facteurs qui l’emportent sur les valeurs de conservation et de biodiversité dans le processus décisionnel du Ministère et du gouvernement.

Il y a une surpopulation persistante et croissante de pinnipèdes dans les eaux canadiennes en raison de l’incapacité à appliquer les approches de gestion des pêches basées sur l’écosystème que les ministres successifs de la Pêche et les fonctionnaires du MPO ont vantées. Sur sa page Web intitulée « Principes d’une gestion écosystémique des pêches », le MPO déclare que les décisions de gestion des pêches doivent tenir compte des changements dans l’écosystème, y compris des interactions (p. ex. la mortalité naturelle causée par la prédation) entre les stocks de poisson ciblés avec ses prédateurs, ses concurrents et ses proies[15]. Malgré cet engagement en faveur d’une gestion écosystémique, les témoignages des représentants du MPO n’ont pas permis de valider ou non la nécessité de réduire les populations de pinnipèdes et la prédation pour conserver, restaurer et, dans certains cas, sauver de l’extinction certaines populations de poissons.

Résumé

La population canadienne de pinnipèdes est devenue incontrôlable, passant de 2,5 millions dans les années 1980 à plus de 10,3 millions aujourd’hui.

La seule façon de rétablir l’équilibre de notre écosystème océanique est, comme l’ont fait d’autres pays, d’augmenter les quotas de chasse au pinnipède dans les zones où les populations doivent être réduites. Permettre aux populations de pinnipèdes d’atteindre des niveaux sans précédent pose une sérieuse menace pour la conservation, la restauration, la biodiversité, la sécurité alimentaire et les communautés côtières, dont les communautés autochtones, qui dépendent de la pêche.

Bien que la recherche scientifique continue soit nécessaire pour soutenir la gestion des pinnipèdes vers des niveaux d’équilibre, il existe une base scientifique solide permettant de prendre des mesures de gestion qui n’ont que trop tardé, à savoir l’augmentation de la chasse au pinnipède dans des populations spécifiques. La gestion des pinnipèdes est également essentielle pour la conservation des moyens de subsistance et des avantages, des cultures et des traditions des pêcheurs.

Une chasse au pinnipède accrue et durable peut rétablir l’équilibre des écosystèmes et fournir des chaînes de valeur pour une utilisation optimale des protéines, des huiles et des peaux. L’augmentation de la chasse et de la production de produits de pinnipèdes bénéficierait largement de la hausse de la demande et du commerce des produits sur les marchés nationaux et internationaux.

Après sept années de recommandations du Comité et de plaidoyers de pêcheurs canadiens et de membres de communautés côtières qu’ils soutiennent, le gouvernement doit agir maintenant pour permettre la réduction rapide des populations de pinnipèdes dans les zones où elles doivent être réduites.

Recommandations

  • - Que le MPO augmente immédiatement les quotas de chasse au pinnipède dans des zones spécifiques où la prédation par les pinnipèdes nuit à la biodiversité, à la conservation ou au rétablissement des stocks préoccupants.
  • - Que le MPO et tout autre ministère fédéral compétent s’engagent avec les gouvernements provinciaux des régions de l’Atlantique, du golfe, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Québec, de l’Arctique et du Pacifique à cibler et à réduire les réglementations fédérales et provinciales qui entravent la récolte, la transformation ou le commerce des pinnipèdes et de leurs produits.
  • - Que le Cabinet donne immédiatement des directives aux ministères fédéraux concernés visant à élaborer et déployer une stratégie diplomatique. Cette stratégie a pour objectif de neutraliser les perceptions erronées, les irritants et les obstacles des partenaires commerciaux du Canada liés au commerce des produits de pinnipèdes, comme les éléments obsolètes et non pertinents de la Marine Mammal Protection Act [Loi sur la protection des mammifères marins] des États-Unis.
  • - Que le gouvernement fédéral reconnaisse les décennies d’incidences économiques et culturelles négatives sur l’industrie de la pêche au Canada et sur les communautés côtières et autochtones causées par les perceptions erronées sur l’industrie canadienne du phoque et les impacts de la surpopulation de pinnipèdes.
  • - Que le gouvernement fédéral élabore un programme éducatif transparent et fondé sur les faits pour s’attaquer à la surpopulation de pinnipèdes et à ses impacts sur les communautés côtières et autochtones et sur l’industrie de la pêche.
  • - Que le gouvernement fédéral améliore immédiatement la science de la pêche aux phoques de concert avec les pêcheurs et les communautés autochtones et côtières.
  • - Que le MPO révise sa politique actuelle sur les phoques nuisibles et son impact sur la pêche, les piscicultures, la pêche récréative et les communautés autochtones et côtières, et qu’il définisse les menaces de sanctions commerciales auxquelles le MPO pourrait s’attendre en réponse à d’éventuelles captures de phoques nuisibles et les communique au Comité.

[1] Murdoch McAllister, professeur agrégé à l’Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel, Témoignages, 9 mars 2023.

[2] Carl Walters, professeur émérite de l’Institute for the Oceans and Fisheries de l’Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel, Témoignages, 1er mai 2023.

[3] Owen Bird, directeur général, Sport Fishing Institute of British Columbia Témoignages, 24 avril 2023;

[4] Murdoch McAllister, professeur agrégé à l’Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel, Témoignages, 9 mars 2023.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Dion Dakins, chef de la direction, Carino Processing Ltée, Témoignages, 24 avril 2023; Carl Walters, professeur émérite, professeur émérite de l’Institute for the Oceans and Fisheries de l’Université de la Colombie-Britannique, à titre personnel, Témoignages, 1er mai 2023.

[8] Aaju Peter, avocate, à titre personnel, Témoignages, 17 avril 2023.

[15] Page Web du MPO, « Principes d’une gestion écosystémique des pêches », consulté le 19 novembre 2023.