Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Madame la Présidente, à titre de représentants élus, lorsque nous sommes aux prises avec un enjeu difficile et complexe comme celui du changement climatique, deux possibilités s'offrent à nous: montrer la voie, ou nous contenter de suivre les autres. Nous pouvons tenir compte des faits et conscientiser nos communautés à la nécessité d'agir, nous pouvons nous efforcer de changer les mentalités en faveur du bien public, nous pouvons consacrer notre énergie à renforcer la volonté politique nécessaire pour agir comme il se doit. Cela dit, nous pouvons aussi opter pour la facilité: nous pouvons rejeter les conclusions des experts, verser dans le populisme et nous en prendre aux solutions fondées sur des données probantes sans daigner proposer nous-mêmes d'autres options. Nous pouvons simplement suivre la recette facile pour réaliser des gains électoraux, ou assumer nos responsabilités en tant que dépositaires de l'intérêt public et prendre des décisions difficiles, mais justes.
Je vais me permettre de citer un Américain. Le 12 septembre 1962, le président John F. Kennedy a déclaré ce qui suit à propos de l'idée d'aller sur la Lune:
Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter [...]
Le même genre de leadership s'impose aujourd'hui. La même volonté de consacrer temps et ressources en quantités considérables à la réalisation de grandes choses est nécessaire.
Voici, en revanche, ce que nous avons pu entendre de la part du président actuel à l'émission 60 Minutes en fin de semaine:
Je crois qu'il se passe quelque chose. Quelque chose est en train de changer et ça va changer à nouveau. Je ne pense pas que ce soit un canular. Je pense qu'il y a probablement une différence. Mais je ne sais pas si c'est fait par l'homme. Je dirai ceci: « Je ne veux pas donner des milliards et des milliards de dollars. Je ne veux pas perdre des millions et des millions d'emplois. Je ne veux pas être désavantagé [...] »
Je ne nie pas le changement climatique. Ma ça pourrait très bien revenir en arrière. On parle de plus de... millions d'années.
Il a ensuite remis en question le consensus scientifique voulant que le réchauffement climatique causé par l'homme soit préoccupant, affirmant que les scientifiques ont d'importants objectifs politiques. C'est un manque flagrant de leadership. Je souligne le manque de leadership américain aujourd'hui parce que les Américains ont toujours joué un rôle de premier plan dans bien des domaines importants. Si nous n'avons pas l'engagement des dirigeants américains, si les États-Unis n'aident pas le Canada à donner l'exemple dans le monde en matière de changement climatique et de lutte contre le changement climatique, la partie sera difficile à gagner.
Bien sûr, le même manque de leadership se fait sentir au Canada aussi. Le premier ministre conservateur ontarien Doug Ford a récemment dit avoir pris le pouls des gens de l'Ontario et de l'Ouest et qu'il faut que le arrête de puiser dans les poches des contribuables. Il s'agit là d'un manque de leadership de sa part et, bien honnêtement, d'une ignorance volontaire des faits. Tout député provincial conservateur qui appuie ce genre de contestation de décisions fondées sur des données probantes relativement à la question de l'heure devrait avoir honte.
On constate également un manque de leadership à la Chambre lorsqu'il est question de l'importance des changements climatiques et du fait que William Nordhaus a reçu le prix Nobel d'économie pour son appui à la tarification du carbone et de la pollution. Pratiquement toute l'opposition conservatrice — pas l'ensemble des députés qui en font partie, car certains font preuve de bon sens — affirme que la taxe sur le carbone et la tarification de la pollution ne sont qu'une façon détournée de piger dans les poches des contribuables.
J’ai visité six écoles la semaine dernière, des écoles primaires et secondaires de la région, et j’ai remercié les élèves de Bowmore, de George Webster, d’East York, de Malvern et de Neil McNeil. Lorsque je leur ai demandé si ceux qui causent des dommages à notre environnement devraient payer pour les dommages qu’ils causent, tout le monde a répondu « oui, c'est évident ». Lorsque j’ai demandé si quelqu’un qui profitait d’une activité et qui en imposait les coûts au reste d’entre nous devrait être celui qui paie, ils m’ont répondu « bien sûr ».
Ce ne sont pas seulement les enfants qui le disent. Tous les économistes, tous les climatologues, toutes les personnes qui ont étudié cette question disent la même chose: nous devons nous attaquer à l’externalité négative de la pollution. Nous devons faire en sorte que le pollueur en paie le coût. Nous devons fixer un prix pour remédier à l’échec du marché. Oui, une tarification du carbone, un prix sur la pollution: voilà la façon prudente de lutter contre les changements climatiques. C’est la façon la plus responsable sur le plan financier. C’est le mécanisme de marché par lequel nous pouvons agir avec le plus d’efficacité. Toutefois, les députés n'ont pas besoin de se fier à moi, ni aux enfants de Bowmore; ils n'ont qu'à se fier à la parole du prix Nobel d’économie de 2018 et au travail auquel il a consacré sa vie entière.
Je ne veux pas m’attarder ce soir sur une solution en particulier parce que, franchement, après avoir lu le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et compris l’importance de s’en tenir à un degré et demi, j’en conclus que nous devons parler du problème. Je pense que le problème est évident. Les enfants dans ces écoles trouvent que le problème est évident. Cependant, il n’y a pas assez de Canadiens qui pensent clairement que le problème est évident. Il n’y en a certainement pas assez ici à la Chambre. Nous devons changer cela.
Les présidents des groupes de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat disent que c’est un problème de volonté politique. Nous savons que la science a parlé et que nous pouvons aller sur la lune, pour ainsi dire. J’ai cité John F. Kennedy, sauf que la différence, c’est qu’aller sur la lune était un choix. Nous n’avons pas le choix de nous attaquer aux changements climatiques, comme l’affirment clairement le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et des milliers de scientifiques du monde entier.
Nous devons parler davantage du problème, car il y a des gens dans cette Chambre qui disent que notre solution ne vaut rien, mais qui n’ont pas de solution à offrir. De toute évidence, ils ne comprennent pas l’importance et la nature du problème. Il faut donc parler du problème et intensifier nos efforts.
Je ne peux imaginer un dossier plus important sur lequel axer nos efforts. Nous devons nous efforcer de créer la volonté politique nécessaire. Nous devons faire preuve de leadership. Nous devons dire que, oui, c’est un problème difficile et nous nous attacherons, en notre qualité de dirigeants de nos collectivités et de notre pays, à renseigner les Canadiens qui ne comprennent pas le problème et ne comprennent pas les solutions éventuelles, tout en créant le soutien politique nécessaire pour faire ce qu’il faut.
Nous avons entendu Debra Roberts, du GIEC, déclarer que les quelques prochaines années, pas 2030, pas 2045 et pas un futur éloigné, mais les quelques prochaines années seront les plus importantes de l’histoire de l’humanité parce que les décisions que nous prenons aujourd’hui en tant que dirigeants politiques sur la question du changement climatique se répercuteront sur des générations à venir. J’ai entendu Jim Skea, un autre coprésident du GIEC, déclarer: « Nous savons que les aspects physiques sont là. Nous savons que les aspects chimiques sont là. Nous savons que la science est présente à l’appel et que la dernière case à cocher est la volonté politique. »
À tous ceux à la Chambre qui ont des enfants ou des petits-enfants et pensent aux générations futures, je demande comment il se fait que nous entendions le signal d’alarme que lancent les scientifiques de si nombreux pays. Le consensus de la communauté scientifique est clair et net.
On peut bien voir que la dernière case à cocher est celle de la volonté politique. Nous siégeons dans cette enceinte et ne faisons pas le nécessaire pour bâtir cette volonté politique. Quiconque ne prend pas les mesures nécessaires pour bâtir la volonté politique ne fait pas son travail à la Chambre. Ces personnes prennent la voie de la facilité. Elles attaquent la taxe sur le carbone par le slogan « Sabrer la taxe » parce que cela pourrait leur faire gagner les élections et que c’est facile à vendre. Elles devraient avoir honte d’elles-mêmes.
Ceci est tellement important, et pas seulement pour notre génération. Le rapport du GIEC nous dit que nous verrons d’importants changements. Il y a une énorme différence entre un degré, un degré et demi, deux degrés ou les trois degrés désastreux sur la voie desquels nous sommes, une immense différence. Il ne s’agit pas d'une approche « tout ou rien ».
Cependant, il flotte l’idée que le Canada n’a qu’un petit rôle avec un nombre restreint d’émissions, ou que nous avons un degré élevé d’émissions par personne, mais ne représentons qu’un si petit pourcentage du gâteau que nous n’avons pas besoin de faire quoi que ce soit. Nous ne réussirons pas de toute manière, alors, pourquoi essayer? Les générations futures sont la raison. Chaque étape que nous adoptons pour réduire une tonne d’émissions est importante. Nous devons faire tout notre possible au cours des quelques prochaines années, qui sont les plus importantes de notre histoire, pour changer le discours ambiant et remettre ce débat sur la bonne voie pour que nous puissions faire ce qu’il faut.
C’est si frustrant. En fin de compte, tout revient au leadership politique et celui-ci est encore insuffisant. Nous sommes rares en nombre.
Il est incroyablement important que nous ayons ce débat ce soir pour que les Canadiens puissent voir qu’il y a des leaders politiques qui sont préoccupés. Il y a encore des députés ministériels prêts à intervenir et à affirmer que les changements climatiques sont réels et que nous allons utiliser la méthode la plus efficace et la plus efficiente pour nous y attaquer parce que ce n’est pas seulement ce que les climatologues nous disent, c’est ce que chaque expert qui a étudié la question nous dit. Le temps presse. Le rapport du GIEC dit que dans le pire des scénarios, nous nous retrouverons devant des conséquences désastreuses si nous continuons au même rythme d’ici 2030, qui est dans 12 ans.
Voyant ce que j’ai vu, le manque de leadership de l’autre côté de la Chambre et l’attaque contre les mesures de base, par exemple à l’égard de l’imposition d’une tarification de la pollution comme le gouvernement des députés d’en face a essayé de le faire, je peux dire que si nous ne changeons pas la conversation maintenant, nous allons nous réveiller en 2025 ou en 2028 aux abords de ce désastre et nous n’en aurons simplement pas fait assez. En avons-nous assez fait aujourd’hui? Je pense que la réponse est absolument non.
Nous avons fait d’importants progrès au cours des trois dernières années dans la lutte contre le problème le plus pressant du moment, non seulement pour notre pays, mais pour notre monde. J’ai parlé d’un manque de leadership politique. Toutefois, nous avons eu un leadership en Colombie-Britannique qui a établi la tarification du carbone sans incidence fiscale il y a plusieurs années. Il nous faut seulement voir ce qui fonctionne, en faire une règle pour le reste du pays et, s’il n’en tenait qu’au lauréat du prix Nobel en économie, en faire une règle pour notre communauté internationale.
Voici rapidement quelques motifs pour être optimistes: une tarification du carbone, une tarification de la pollution, des investissements de taille dans le transport en commun, des infrastructures vertes et des énergies propres, des règles rigoureuses sur le méthane et l’élimination progressive du charbon. Ce sont toutes des mesures importantes, et pourtant nous travaillons en ce moment en fonction de cibles qui sont elles-mêmes insuffisantes pour accomplir la tâche. C’est le point fondamental de ce rapport, c’est-à-dire d’affirmer que le gouvernement, en tant que leader politique, doit s’assurer que la cible qu’il vise est la bonne. Il ne nous suffit pas d’espérer limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius; nous devons travailler à atteindre cet objectif au moyen d’un plan concret si nous voulons éviter le pire des changements climatiques.
Qu’est-ce que cela signifie? De quelle façon pouvons-nous faire notre part? Pour commencer, il y a l’Accord de Paris. Oui, il était important que nous signions l’Accord de Paris. L’Accord de Paris prévoit qu’un pays doit revoir tous les cinq ans la contribution déterminée à l’échelle nationale. Je dirais qu’à la suite de ce rapport, le plus grand message de la communauté scientifique est celui des scientifiques qui ont eux mêmes contribué au rapport et qui tirent la sonnette d’alarme en disant que, s’il y a quelque chose à en retenir, c’est qu’il s’agit d’une question urgente, qu’il doit y avoir un sentiment d’urgence. C’est ce que je veux que les dirigeants politiques retiennent de ce rapport. Par conséquent, si nous agissons en fonction de ce sentiment d’urgence politique, nous devons nous assurer que nos objectifs sont conformes à cette cible de 1,5 degré et que, demain, personne ne claquera des doigts en disant que nous n’utilisons plus de combustibles fossiles. C’est impossible. Nous devons nous assurer que nous sommes sur la bonne voie, non seulement pour atteindre nos cibles actuelles, mais aussi pour apporter notre contribution sur les plans international, intergénérationnel et moral à l’échelle mondiale.
Face à l’idée que nous pouvons prendre nos distances par rapport à ce qui est bon, non seulement pour nous mêmes, mais aussi pour la communauté mondiale et les générations futures, nous devons tracer une ligne et dire que c’est assez, qu'il faut croire en la science, qu’il n’y a plus de jeux politiques, que les attaques politiques contre les bonnes idées et les experts doivent cesser, que nous sommes solidaires de ceux qui ont étudié la question, des scientifiques, que nous appuyons les données probantes et que nous allons agir dans l’intérêt du monde dans lequel nous vivons.
Que pouvons-nous faire, mis à part l’établissement de cibles? Je pense que le rapport est un document important, non seulement pour souligner l’urgence du problème, mais aussi pour tracer la voie vers des solutions. Nous savons que les transports posent un problème majeur auquel il faut s’attaquer. Le gouvernement actuel doit mettre en place une stratégie concernant les véhicules à émission zéro comparable à celle des chefs de file mondiaux comme la Californie. Il doit s’attaquer à la modernisation des bâtiments. Si les provinces renoncent à leur responsabilité d’offrir des incitatifs aux particuliers propriétaires de maison et aux propriétaires fonciers commerciaux pour qu’ils modernisent leurs immeubles, afin de s’assurer qu’ils sont résistants et qu’il n’y a pas de pertes d’énergie, nous, comme gouvernement, devons combler ce vide, être les leaders politiques au Canada et veiller à ce qu’il y ait des programmes pour que les particuliers propriétaires de maisons et les propriétaires fonciers commerciaux fassent leur part dans la modification et la modernisation de leurs immeubles.
Il faut reconnaître que les habitudes de consommation ont une énorme incidence. Je sais que personne ne deviendra végétalien demain à cause de mon discours de ce soir. Cependant, je dirai ceci. Quand j'examine les rapports sur les conséquences de notre alimentation sur les changements climatiques, je constate que plus de 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre sont causées par le bétail et l'agriculture; environ 15 % par le bétail à lui seul. Une personne qui consomme, en moyenne, 100 grammes de viande par jour a une incidence deux fois et demie plus importante sur les changements climatiques qu'une personne qui suit un régime à base de plantes.
Nous devons tous changer nos habitudes de consommation si nous nous soucions du sort des générations futures et que nous désirons faire notre part dans le monde. Il est vrai que cette question concerne surtout le gouvernement, mais les citoyens ont eux aussi un rôle à jouer. C'est une situation qui nous touche tous, et nous devons agir en conséquence.
Les scientifiques exhortent depuis très longtemps les dirigeants politiques à agir. D'ailleurs, en 1992, le groupe Union of Concerned Scientists, composé de plus de 1 700 scientifiques indépendants, dont la majorité des lauréats du prix Nobel, a rédigé le « World Scientists' Warning to Humanity », un avertissement des scientifiques mondiaux à l'humanité. J'en cite un extrait:
Il nous faut modifier complètement notre façon de gérer la terre si nous voulons éviter une grande misère humaine.
Passons au mois de décembre de l’an dernier. Plus de 15 000 scientifiques provenant de plus de 180 pays avaient lancé en ces termes un deuxième avertissement à l’humanité:
Depuis 1992, hormis la stabilisation de l’amenuisement de la couche d’ozone stratosphérique, non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. Particulièrement troublante est la trajectoire actuelle d’un changement climatique potentiellement catastrophique, dû à l’augmentation du volume de GES dégagés par le brûlage de combustibles fossiles, la déforestation et la production agricole — notamment les émissions dégagées par l’élevage des ruminants de boucherie.
Ils affirment ensuite:
Les responsables politiques étant sensibles aux pressions, les scientifiques, les personnalités médiatiques et les citoyens ordinaires doivent exiger de leurs gouvernements qu'ils prennent des mesures immédiates, car il s'agit là d'un impératif moral vis-à-vis des générations actuelles et futures des êtres humains et des autres formes de vie.
La semaine dernière, un autre rapport publié par des milliers de scientifiques affirme que le temps presse. Nous n’avons que quelques années pour changer de cap et prendre des décisions à long terme qui nous permettront d’avoir une économie plus propre d’ici 2030 et de pouvoir atteindre la cible de 1,5 degré.
J’ai commencé par deux citations de présidents américains, l’une positive, l’autre catastrophique. Si les États-Unis ne sont pas prêts à faire preuve de leadership sur la scène mondiale, il revient au Canada d’assumer ce rôle, et nous ne pouvons pas le faire à moins de prendre des mesures chez nous.
J’espère que ce débat d’urgence aboutira au moins à deux choses.
La première chose est que nos concitoyens qui suivent ce débat chez eux reconnaîtront que nous devons parler davantage du problème avec nos voisins et dans nos collectivités. Nous devons en reconnaître l’ampleur, l’importance et l’urgence si nous voulons que nos dirigeants politiques agissent, parce qu’au bout du compte, d’après ce que je vois à la Chambre, on fera ce que les citoyens exigent, mais il faut que les citoyens l’exigent. Il faut que les citoyens demandent un plus grand leadership de la part des députés.
La deuxième chose est que les députés de ce côté-ci de la Chambre voient un manque de leadership de la part du Parti conservateur sur cette question, mais pas de la part de tous les conservateurs. Mark Cameron, Preston Manning et moi-même pourrions nommer un certain nombre de conservateurs qui croient aux principes du marché et à la tarification du carbone, mais le chef actuel du Parti conservateur ne croit pas dans ces données scientifiques, et pas assez de députés de l’autre côté se lèvent pour dire qu’ils croient dans les données scientifiques, qu’ils les défendront et qu’ils se rangeront du côté des scientifiques.
S’il y a un manque de leadership de l’autre côté, nous devons redoubler d’efforts de ce côté-ci et déclarer qu’il est plus important de faire ce qui s’impose que de faire ce qui est politiquement rentable.
Quand des milliers de scientifiques dans le monde disent qu'il faut agir maintenant, nous indiquent ce qu'il faut faire et déclarent que si nous ne faisons rien, les conséquences seront terribles, il nous incombe alors d’agir en vrais dirigeants politiques. Il nous incombe d’informer les Canadiens sur l’ampleur, l’importance et l’urgence du problème, sur les solutions au problème, et de faire en sorte d’agir de façon beaucoup plus rapide et immédiate que nous le faisons actuellement.
:
Monsieur le Président, c'est avec beaucoup de plaisir que je me lève à la Chambre aujourd'hui pour prendre la parole dans le cadre de ce débat d'urgence convoqué par des partis concernant la situation du climat et la lutte que l'on doit faire contre la pollution.
D'entrée de jeu, précisons que les 338 députés de la Chambre des communes sont tous en faveur de mesures visant à réduire la pollution. La question n'est pas là. Ce que nous souhaitons, c'est que ces mesures soient positives, constructives, efficaces et qu'elles touchent directement là où on veut agir. Il ne faut pas se gargariser de beaux grands principes, alors qu'en fin de compte, cela ne va strictement rien changer, sinon alourdir l'économie et alourdir le fardeau des travailleurs canadiens qui, comme on le sait, se lèvent de bonne heure le matin pour travailler fort et gagner leur pain quotidien.
[Traduction]
Ce soir, nous sommes réunis à la Chambre des communes pour discuter du dernier rapport déposé aux Nations unies par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il vient d’y être déposé il y a quelques jours.
[Français]
Ce rapport indique qu'il y a urgence d'agir et qu'il faut limiter à 1,5 degré le réchauffement planétaire, sinon ce sera la catastrophe. Tout le monde est conscient qu'il faut agir. Cependant, le rapport indique que la meilleure façon d'agir est d'imposer une taxe sur le carbone, ce qui n'est pas notre point de vue.
J'entends le gouvernement et les autres partis de l'opposition dire qu'il faut absolument imposer une taxe sur la pollution, mais ce n'est pas notre point de vue. Soyons conséquents et logiques. Ils veulent imposer la taxe libérale sur le carbone et en appellent au rapport de l'ONU en le citant comme si c'était la Bible.
Qu'est-ce que propose l'ONU? L'ONU propose une taxe de 5 500 $ par tonne de carbone émise. Qu'est-ce que cela implique? Cela implique une taxe supplémentaire de 12 $ par litre d'essence.
J'aimerais que tous les députés du Parti libéral, du Nouveau Parti démocratique et du Parti vert qui sont d'accord sur le rapport des Nations unies se lèvent pour confirmer qu'ils veulent que le litre d'essence soit 12 $ de plus demain matin. Si c'est ce qu'ils veulent, allons-y, mais je pense que ce n'est pas tout à fait la meilleure chose à faire.
Il faut aussi prendre en compte que cette augmentation ne peut être freinée sans les grands pollueurs mondiaux. La Chine, l'Inde et les États-Unis doivent être parties prenantes à l'effort collectif. J'ai des petites nouvelles pour tout le monde: le Canada ne vit pas de façon isolée.
Si on veut s'attaquer à la question du climat, il faut que l'effort soit général et mondial. Selon nous, la taxe sur la production n'est pas la bonne approche. Afin de réduire la consommation et la pollution, il faut avoir des mesures incitatives qui misent sur la recherche-développement, comme celles que nous avions mises en place lorsque nous formions le gouvernement. On connaît tous les résultats de ces mesures, mais j'aurai l'occasion d'en parler plus tard. Ces mesures seraient prometteuses pour les Canadiens et pour la planète. C'est pourquoi notre parti n'est pas en faveur de la taxe libérale sur le carbone.
Rappelons maintenant les faits. Lorsque les libéraux sont arrivés au pouvoir, le a dit qu'il fallait absolument s'attaquer à cette question et taxer la production de carbone. C'était sa position. Il a également dit que le gouvernement allait travailler avec ses partenaires provinciaux et que, si ceux-ci n'acceptaient pas la taxe sur le carbone d'ici à deux ans, il allait l'imposer. Le premier ministre nous dit ce qu'il pense être bon pour nous, et il l'imposera même si nous ne sommes pas d'accord. C'est l'approche libérale actuelle.
Que s'est-il passé en deux ans et demi? Les provinces qui étaient favorables à la taxe sur le carbone ont tour à tour décidé de faire un pas en arrière parce qu'elles ont constaté que non seulement l'approche libérale est arrogante, mais qu'elle n'est pas bonne pour l'économie. L'Ontario, l'Alberta et le Manitoba s'étaient engagés à imposer la taxe sur le carbone, mais ces provinces ont fait marche arrière. L'Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan ne sont pas d'accord sur cette proposition. Les provinces du Grand Nord, que ce soit le Yukon, le Nunavut ou les Territoires du Nord-Ouest, ont manifesté de très sérieuses réserves concernant cette approche.
Je ne peux pas dire qui est à la Chambre et qui n'y est pas, mais si, d'aventure, des députés du Québec y sont, ils vont se rappeler que l'Assemblée nationale du Québec, en 2011, avait voté sur une mesure qui s'appelle le plafonnement et l'échange, soit la bourse du carbone. Le Québec a décidé, de sa propre autorité, d'avoir une bourse du carbone, comme cela s'est fait en Colombie-Britannique. Si les provinces veulent la taxe sur le carbone, la bourse du carbone, c'est leur droit.
Or le gouvernement libéral actuel leur dit qu'elles peuvent le faire, mais que si elles ne le font pas, il va la leur imposer. C'est pour cela que des millions de Canadiens sont contre cela. Si on prend l'Alberta, l'Ontario, la Saskatchewan, l'Île-du-Prince-Édouard, le Manitoba, cela commence à faire beaucoup de gens qui trouvent que la politique libérale n'a pas d'allure. Il y a une raison à cela. Justement, on va attaquer directement le travailleur canadien, le père et la mère de famille qui se lèvent le matin pour reconduire les enfants à l'école, à la garderie, qui ont besoin de se promener la fin de semaine en auto pour aller aux activités sportives, et qui vont payer plus cher, parce que le gouvernement libéral impose la taxe sur le carbone.
Comment se fait-il qu'on attaque tous les Canadiens, mais que les grands pollueurs, eux, seront moins attaqués? Est-ce que le gouvernement libéral fait deux poids, deux mesures? Pour les grands pollueurs, ceux qui sont dans la production, qui consomment énormément d'énergie, on va adoucir le propos. Cette annonce a été faite le 1er août. Je connais assez le tabac en politique pour savoir que lorsqu'on fait des annonces en été, c'est parce qu'on n'a pas très envie d'en parler. Cela n'est pas sans rappeler les horribles mesures annoncées par le le 18 juillet de l'année passée, alors qu'il menait une attaque frontale contre les PME. Le 18 juillet, il fait une annonce qui attaque les PME, et le 1er août, il annonce que les gros pollueurs seront moins taxés que toutes les familles canadiennes. C'est l'approche libérale, qui mérite d'être sévèrement condamnée.
C'est sans parler du camouflage. Le gouvernement a en mains le chiffre précis du coût pour les familles canadiennes de la taxe libérale sur le carbone. Oui, il va y avoir un coût. Il ne s'en cache pas, mais ce qu'il cache, ce qu'il ne dit pas aux Canadiens, c'est qu'il a l'étude, c'est qu'il a le chiffre. Or, il ne le montre pas. Malheureusement, le Règlement m'empêche d'exhiber un document dans lequel est indiqué l'incidence sur les familles. Le chiffre est caviardé. On ne voit rien du tout. Le gouvernement le connaît et il refuse de le donner aux Canadiens.
Ce sont des gens honorables, que je connais bien, et pour qui j'ai beaucoup de respect d'ailleurs. S'ils n'ont rien à cacher, qu'ils donnent le chiffre. Quand on n'a rien à cacher, quand on est fier de ses positions, on les assume pleinement. Alors, pourquoi le gouvernement libéral continue-t-il de jouer à la cachette avec les Canadiens? C'est parce qu'il sait que cela va coûter cher, que les Canadiens n'en veulent pas, et qu'en taxant tous les Canadiens, mais en faisant une taxe beaucoup moindre pour les grands pollueurs, on va recevoir des claques.
Si, d'aventure, le gouvernement maintient sa mesure de taxe libérale sur le carbone qu'il veut imposer aux provinces, même celles qui n'en veulent pas et celles qui n'en veulent plus à la suite d'élections démocratiques, il devrait au moins avoir l'honneur, la dignité et le sens du respect des citoyens en dévoilant publiquement le coût possible pour les Canadiens. J'invite donc le gouvernement à faire preuve de plus de transparence et de plus de prudence.
Oui, des provinces ont décidé de le faire, soit la Colombie-Britannique et le Québec. Je reviens là-dessus, parce que j'étais présent en 2011 lorsque le débat s'est fait à l'Assemblée nationale. J'étais élu comme député de Chauveau à ce moment, et je dirigeais la formation politique à laquelle j'adhérais. Nous avions décidé de voter contre cette imposition des entreprises et de la taxation de la pollution par le carbone. Nous étions contre. Il y en a qui sont pour et il y en a qui sont contre. Depuis, la population m'a jugé. Cela fait trois fois que je suis réélu. C'est correct ainsi.
J'aimerais quand même profiter de l'occasion pour donner l'heure juste. On entend souvent des préjugés concernant le bilan conservateur. On dit que les conservateurs sont contre les mesures environnementales, qu'ils aiment le pétrole, qu'ils aiment dépenser de l'énergie et faire de la pollution, et j'en passe.
Je sais que d'aucuns vont être très attentifs à mon propos. Selon un rapport du ministère des Ressources naturelles, entre 2005 et 2015, les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 2,2 %. Les chiffres sont têtus. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le ministère des Ressources naturelles qui l'a écrit noir sur blanc. Dans ce même document, on apprend que le PIB a aussi augmenté de 16,9 %.
Alors, les ministres de l'autre côté ont beau se gargariser de beaux grands principes en disant qu'eux, les libéraux, veulent réduire les gaz à effet de serre tout en augmentant l'économie, mais je ne suis pas certain qu'ils y soient parvenus en trois ans. Nous, les conservateurs, nous avons réussi à le faire. D'ailleurs, j'aimerais bien avoir les chiffres des trois dernières années concernant les émissions de gaz à effet de serre.
Il y en a aussi qui disent que les conservateurs sont contre les accords comme celui de Paris. Or quelle est la cible de l'Accord de Paris? C'est la même cible, à la décimale près, que celle établie par le gouvernement conservateur précédent. La planète entière a donné raison au gouvernement conservateur précédent sur les cibles de réduction des gaz à effet de serre. Nous ne pouvons pas être contre nous-mêmes.
Il y a quatre ans, d'aucuns déchiraient leur chemise en disant que l'approche conservatrice était insensée, que les cibles n'étaient pas bonnes et que nous n'étions pas assez ambitieux. Pourtant, la planète entière nous a donné raison à la rencontre de Paris, et nous en sommes fort heureux.
J'aimerais maintenant parler d'écoFiducie Canada. Y a-t-il quelqu'un du côté du gouvernement qui peut m'en parler? Y a-t-il quelqu'un du deuxième groupe d'opposition qui peut me parler d'écoFiducie Canada? Y a-t-il quelqu'un du Parti vert qui pourrait m'en parler?
Il s'agit du programme que le gouvernement conservateur avait mis sur pied pour aider les entreprises à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. On y avait investi 1,5 milliard de dollars de l'argent des taxes pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre. Je mets au défi quelconque député, particulièrement mes amis de la région de Québec, de trouver dans un centre commercial trois personnes qui savent ce qu'est écoFiducie Canada. Ce sera très difficile, car personne n'en a parlé. Cependant, nous, nous avons agi.
Je suis très fier de faire partie d'une formation politique qui, lorsqu'elle était au gouvernement, s'est efforcée davantage d'aider les entreprises à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, elle avait créé des programmes qui se voulaient positifs, constructifs, efficaces et concrets, comme écoFiducie Canada, dans lequel on avait investi 1,5 milliard de dollars, pour aider les entreprises à être moins polluantes, plutôt que de taxer les producteurs sans taxer autant les plus grands producteurs.
Dans ma circonscription, il y a CO2 Solutions, une entreprise qui travaille depuis plus de 12 ans avec le ministère des Ressources naturelles et les producteurs de pétrole de l'Alberta pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et leur empreinte environnementale. Son centre de recherche est dans ma circonscription. Cela fait longtemps que je connais ces gens. Lorsque j'étais journaliste, j'avais fait un reportage sur cette entreprise dont je suis très fier, et Stéphane Dion, qui était chef du Parti libéral à l'époque, était d'ailleurs présent. Si je ne me trompe pas, il est aujourd'hui ambassadeur du Canada en Allemagne et auprès de l'Union européenne.
Nous connaissons aujourd'hui les résultats de ce travail. En 10 ans, les émissions de gaz à effet de serre liées à l'exploitation des sables bitumineux ont été réduites de 30 %, notamment grâce à CO2 Solutions et aux efforts de notre gouvernement pour aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, plutôt que de punir les producteurs, mais pas les plus grands.
Voilà pourquoi je n'ai absolument aucune honte à siéger à la Chambre comme conservateur. Je suis fier de notre bilan. Tant et aussi longtemps qu'on achètera pour plus de 10 milliards de dollars de pétrole étranger au Québec, je serai très fier du pétrole canadien que nous devons consommer chez nous, au Canada, et qui est aussi exporté ailleurs dans le monde.
Cela n'a pas de bon sens que notre économie perde 15,6 milliards de dollars par année. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'économiste en chef de la Banque Scotia qui l'a conclu dans une étude, la fin de semaine dernière. Nous perdons 15,6 milliards de dollars par année parce que nous sommes malheureusement captifs du marché américain.
Oui, il nous faut réaliser des projets comme l'expansion de Trans Mountain. L'approche libérale a été de le nationaliser et de prendre 4,5 milliards de dollars de l'argent des contribuables pour les envoyer à Houston. C'était la pire chose à faire. D'autant plus que pas un seul pouce de ce fameux pipeline n'a été fait.
Soyons très vigilants. Méfions-nous de l'appétit vorace des libéraux qui taxent davantage et qui vont chercher encore plus d'argent dans les poches des contribuables. Ils taxent davantage le papa ou la maman qui, la fin de semaine, va conduire son enfant à son activité sportive, ou qui va reconduire son enfant le matin à la garderie ou encore à l'école. Ces gens-là travaillent fort.
Ces travailleurs canadiens seront directement touchés par la taxe libérale sur le carbone. C'est pourquoi, l'une après l'autre, les provinces retirent leur appui à cette approche libérale. C'est non seulement parce qu'elle va taxer davantage les Canadiens, mais c'est surtout parce qu'elle est imposée. Ce n'est pas la chose à faire quand on est justement dans ce monde-là, où on doit être conscient qu'il faut agir pour protéger l'environnement.
[Traduction]
C’est pourquoi je suis très fier de prendre la parole à la Chambre des communes au nom de mon parti pour déplorer le fait que ce sont les citoyens, la famille canadienne, qui devront payer la taxe sur le carbone des libéraux, au lieu d’aider les entreprises à moins polluer, ce que nous avons justement fait lorsque nous étions au pouvoir. Nous avons réduit les émissions de 2,2 %, tandis que le PIB s’est accru de 16,9 %. Oui, nous avons amélioré les choses quand nous formions le gouvernement. Malheureusement, le gouvernement actuel impose un nouvel impôt, par le biais de la tarification du carbone. Il affirme que, peu importe que les provinces soient d’accord ou non, il l’imposera. C’est le pire scénario pour tout le monde.
Le gouvernement n’a aucun respect pour la démocratie. Il n’a aucun respect pour ses homologues provinciaux. Voilà comment se comportent les libéraux dans ce dossier et dans bien d’autres. Ils croient qu’Ottawa a toujours raison. Non, Ottawa n’est pas un endroit où tout est parfait et juste, où tout ce qui vient de la Chambre des communes et de l’actuel gouvernement est parfait. « Ottawa a toujours raison » est peut-être le slogan des libéraux, mais ce n'est pas celui de l’ensemble des Canadiens. Voilà pourquoi, quand nous parlons de la lutte contre les changements climatiques, des moyens à prendre pour traiter cette question sensible et de la réponse que nous y apportons, nous devons faire preuve d’une grande prudence. Qui plus est, nous devons comprendre que le récent rapport déposé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat parle d’une augmentation réelle pour le contribuable, pour le Canadien ordinaire, pour la personne qui se lève chaque matin pour aller travailler fort et qui veut garder son argent pour réaliser ses projets.
Oui, nous voulons protéger la planète. Nous voulons nous assurer de la laisser en meilleur état que maintenant. Nous n’atteindrons toutefois pas cet objectif au moyen d’une taxe sur le carbone.
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Monsieur le Président, je vous annonce d'entrée de jeu que je vais partager mon temps de parole avec l'excellente députée d'.
Je suis très heureux que nous tenions ce débat. Nous, de même que les députés de et de , avons demandé un débat d'urgence sur cette question fondamentale.
En effet, le rapport publié par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies est extrêmement important parce qu'il démontre à notre gouvernement et à l'ensemble des gouvernements de la planète l'importance d'agir ensemble. Il montre aussi que nous devons cesser de faire ce que nous faisons depuis 30 ans: trouver des excuses pour ne rien faire. C'est exactement ce qu'on a vu dans l'ensemble des négociations.
Je suis bien content de voir que, comme ce fut le cas à Kyoto, à Copenhague et à Paris, des gouvernements se rencontrent et débattent de ces questions. Toutefois, au bout du compte, les gouvernements évitent d'en arriver à la seule solution logique et ultimement responsable, à savoir se fixer des objectifs contraignants. On trouve toutes les excuses possibles durant les négociations. L'exemple de la rencontre qui a eu lieu à Paris est probablement le plus probant. On se dit qu'on veut emprunter cette direction mais que, si on n'y arrive pas, il n'y aura pas de dommages. Or cela ne peut plus fonctionner ainsi.
Le Canada ne pourra rien faire seul. En cela, le NPD rejoint l'argument de quelques-uns des députés. La question n'est pas de savoir si nous devons agir seuls. Si nous voulons être un leader mondial dans la lutte contre les changements climatiques, nous devons montrer l'exemple, décider d'agir efficacement sur notre propre problème et travailler avec les nations de la planète pour qu'elles fassent de même.
Où en sommes-nous présentement? Je ne veux pas tenir un débat partisan, mais il y a des choses qu'il faut souligner. L'Accord de Paris proposait initialement de limiter le réchauffement climatique à deux degrés d'ici la fin du siècle. Le Canada a travaillé pour que l'objectif soit plutôt de 1,5 degré. Dans son dernier rapport, le GIEC a confirmé que c'était l'objectif que nous devions chercher à atteindre. Si le Canada veut y arriver, il va falloir que nos émissions baissent à 325 millions de tonnes en 2030. Or, selon le dernier bilan fédéral, nous ne pourrions que les réduire à 500 millions de tonnes. C'est bien loin de l'objectif fixé.
C'est problématique, parce que si nous sommes incapables de répondre aux objectifs fixés à Paris, nous ne pouvons pas exiger des autres pays qu'ils le fassent. En tant qu'économiste, je souscris à certains des propos voulant que, si nous agissons de façon unilatérale, cela pourrait être dommageable pour notre économie. Effectivement, c'est le cas. C'est la raison pour laquelle nous devons tous et toutes agir. Le GIEC n'est pas une organisation canadienne, c'est une organisation internationale.
Nous reconnaissons le besoin d'agir et de nous doter des outils pour le faire. Cela veut dire que nous devons parler de certaines choses et commencer à les promouvoir. Cela peut être une taxe sur le carbone ou un plafond des émissions. Il y a un consensus chez les économistes selon lequel c'est la manière de faire. Mes collègues économistes connaissent probablement l'expression « une taxe de Pigou », c'est-à-dire une taxe qui vise à faire changer les comportements des gens.
Le problème, en ce moment, c'est que rien ne nous incite à modifier nos comportements. Sans de tels mécanismes, les gens vont maintenir le même mode de vie, en apportant peut-être quelques ajustements mineurs qui ne feront rien pour éviter le mur que nous allons frapper tôt ou tard. Au Québec, une grande partie des gens reconnaissent que nous devons conduire des voitures électriques ou, à tout le moins, à faible consommation d'essence. On reconnaît cela et les sondages démontrent qu'on doit aller dans cette direction. Pendant ce temps, nous constatons une augmentation du nombre de VUS vendus. C'est la même chose partout en Amérique du Nord.
Entre ce que les gens reconnaissent que nous devons faire et ce qui est fait en réalité, il y a une marge. Nous ne pouvons pas nous y attaquer simplement en parlant de bonne volonté ou en encourageant les gens.
[Traduction]
J’ai dit que, depuis trois ans, nous n’avons pas fait grand-chose parce que tous les pays du monde, le Canada compris, trouvaient moyen, à chaque conférence, de ne rien faire qui puisse les obliger à agir.
[Français]
J'ai lu dans un quotidien les commentaires de John Sununu qui, à l'époque, faisait partie du Cabinet américain. Il est un des responsables de l'échec des négociations concernant la lutte contre les changements climatiques de 1989. Il a dit que les leaders politiques de l'époque faisaient uniquement semblant de s'intéresser à la question. Ils avaient les bons mots, mais les gestes ne suivaient pas. Dans une interview récente, il a dit que les leaders ne voulaient prendre aucun engagement ferme qui aurait pu les priver de ressources importantes. Selon lui, nous en sommes encore là aujourd'hui.
Eddie Goldenberg, qui était le chef de Cabinet du gouvernement de Jean Chrétien, disait sensiblement la même chose par rapport à la signature du Protocole de Kyoto par le Canada. En 2002, il a dit que, lorsqu'ils ont décidé de signer le Protocole, ils savaient que c'était extrêmement ambitieux et qu'il serait difficile d'atteindre les cibles du Protocole de Kyoto. Selon lui, il était plus dommageable de ne rien faire et il était donc nécessaire de signer le Protocole. Du même souffle, il a dit que le gouvernement libéral de l'époque n'avait pas la réelle intention de faire quelque chose. C'est le problème que le GIEC dénonce rapport après rapport.
Nous savons que nous allons frapper un mur. Nous devons faire quelque chose. La solution ne sera pas unilatérale, de la part d'un gouvernement ou d'un autre. On doit travailler ensemble.
Lorsque tous les gouvernements se trouvent une excuse, expriment des voeux pieux pour lesquels aucun geste concret n'est posé, prétendent qu'on fait quelque chose alors que, dans la réalité, c'est le contraire, j'ai peur pour les générations futures.
J'ai des enfants de neuf ans et de six ans. Ce sont eux qui auront à subir les conséquences des changements climatiques et des événements extrêmes qu'on s'habitue malheureusement à voir de plus en plus. Je fais notamment référence aux feux de la Colombie-Britannique et de l'Ouest américain ainsi qu'aux canicules. Cet été, à Montréal, il y a eu cinq ou six canicules qui ont fait plus de 70 victimes. Cela n'existait pas auparavant.
Mon coin de pays, le Bas-Saint-Laurent, est reconnu pour son humidité et ses brouillards célèbres. Pourtant, cela fait deux étés consécutifs qu'il y a des sécheresses extrêmes. On n'a pas eu de pluie pendant un mois et demi, en août et en septembre. C'était la même chose cet été. Je suis resté à Rimouski tout l'été, et il y a eu de la pluie pendant peut-être quatre ou cinq jours. Depuis deux ans, les agriculteurs peuvent faire qu'une seule récolte de foin par année parce qu'il n'y a pas assez d'eau pour en faire deux. Le fourrage d'hiver n'est plus suffisant dans l'Est du Québec.
L'UPA, l'Union des producteurs agricoles, sonne l'alarme en mentionnant que, cet été, le Québec a connu la sécheresse la plus importante depuis les 50 dernières années. On a besoin d'agir, mais où sont les gestes concrets?
Les conservateurs ont établi des cibles de réduction des gaz à effet de serre, mais ils n'ont rien fait pour les atteindre. Le gouvernement libéral nous dit qu'il s'en va dans la bonne direction et qu'il va appuyer l'Accord de Paris sur le climat, mais il ne change pas les objectifs. Si les conservateurs n'ont pas atteint ces objectifs et que les libéraux sont en train d'échouer également, on n'est pas en mesure d'assurer que le Canada fera sa part.
Je suis persuadé qu'on est un des rares pays qui aborde le sujet dans une instance législative ce soir. Si nous ne faisons rien, comment pouvons-nous donner des leçons aux autres pays pour qu'ils fassent quelque chose? Si nous ne faisons rien, comment pouvons-nous être en mesure de jouer un rôle de leader?
Les transitions vers les énergies renouvelables et une énergie plus verte ne doivent pas être observées en fonction des pertes d'emplois et des coûts pour les consommateurs. Ces transitions peuvent offrir de nouvelles possibilités et être positives, non seulement pour nous, mais surtout pour nos enfants. Si nous n'adoptons pas cette vision-là, nous ne pourrons pas faire grand-chose ou prétendre jouer le rôle de leader, ce que nous tentons de projeter à l'étranger présentement.
J'encourage l'ensemble de mes collègues de la Chambre à cesser de trouver des excuses pour ne pas faire ce qui doit être fait. Je les encourage à réfléchir à ce que nous pouvons faire dès maintenant pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Il faut travailler avec nos partenaires internationaux pour qu'ils profitent également de cette transition que nous devons faire pour les générations futures.
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Monsieur le Président, même si je ne me sens pas dans mon assiette, je me devais d’être présente pour participer à ce débat. Je tiens à remercier mes collègues, ceux de l’autre côté de la Chambre et la députée du Parti vert, d’avoir demandé la tenue de ce débat.
L’urgence ne tient pas simplement au fait que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, nous a dit de nous réveiller, que nous sommes déjà à la marque des 1,5 degré Celsius. L’urgence a été reconnue il y a longtemps. J’ai en ma possession un rapport très épais vieux de 23 ans, publié par le ministère des Ressources naturelles, qui réclamait une intervention rapide à l’égard des changements climatiques. Ce rapport avait été préparé par un expert en agriculture. Il renferme un chapitre important sur les répercussions des changements climatiques qui se faisaient déjà sentir à l’époque dans le secteur agricole canadien.
C’est une crise qui touche tous les coins du pays. Nos collègues du Parti conservateur représentent de nombreux agriculteurs et ils devraient se réveiller et prendre conscience des répercussions avec lesquelles leurs agriculteurs doivent composer.
Dans ma province, nous connaissons des intempéries sans précédent cet automne. Nous n’avons pas d’automne. Nous avions une récolte exceptionnelle, mais elle a perdu beaucoup de sa valeur à cause de mauvaises conditions climatiques plus tôt, en l’occurrence un enneigement précoce et des pluies torrentielles. Ceux qui comptent sur l’industrie de la construction, les travaux d’aménagement paysager et les pépinières sont dévastés. Cela représente deux mois de revenus et ce n’est que le début.
Il s’agit d’incidences que nous pourrions qualifier de « mineures » pour les petites entreprises, mais les effets se font sentir sur toute la planète. Nous n’avons qu’à regarder nos voisins du sud du continent pour saisir la catastrophe qui nous tombe dessus. Nous n’avons pas besoin des chercheurs du GIEC, mais nous devons assurément les écouter.
À maintes reprises, le Canada s’est engagé à respecter Kyoto et les cibles de 2020, qui sont maintenant chose du passé. Le gouvernement Harper s’est retiré du Protocole de Kyoto et les libéraux ont simplement fait fi des cibles de 2020, ce que la commissaire à l’environnement et au développement durable a dénoncé. Allons-nous simplement faire fi des objectifs de 2030? Si nous ne prenons pas des mesures sérieuses, nous aurons beaucoup de mal non seulement à respecter les engagements que nous avons pris à Paris, mais même à respecter les très faibles objectifs du gouvernement Harper qui, fait étonnant, demeurent ceux du gouvernement libéral. Il est temps de faire preuve de sérieux.
Une question a été posée sur les autres pays que nous pouvons prendre comme exemple. L’un de nos partenaires commerciaux, le Royaume-Uni, a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 23 % par rapport aux niveaux de 1999 dès 2012, et il est en voie d’atteindre une réduction de 35 % d’ici 2020. Nous ne basons même plus nos réductions sur 1999. Nous avons progressé vers la cible Harper des années 2000.
Bien que les libéraux aient appuyé cet appel en faveur de la tenue d’un débat d’urgence, malheureusement, leurs engagements sont loin de répondre au besoin urgent d’agir.
Il est très important pour nous de garder à l’esprit, et particulièrement à la lumière des commentaires de nos collègues du Parti conservateur, que le gouvernement fédéral a le pouvoir d’agir sur les changements climatiques. Oui, c’est une bonne idée de travailler aussi en collaboration avec les provinces, les territoires et les Premières Nations, mais le gouvernement fédéral a le devoir d’agir lorsque les provinces et les territoires ne le font pas. Les récentes élections au Canada ont accru le fardeau du gouvernement fédéral, mais c’est le gouvernement fédéral qui s’est engagé à respecter les objectifs de Paris, et il devrait donc être tenu responsable de ses actes.
Quels sont les deux pouvoirs clés? Le plus important, c’est le pouvoir de dépenser. Le gouvernement fédéral perçoit l’argent des contribuables canadiens et décide de la façon dont il va dépenser cet argent. Malheureusement, malgré les engagements pris par le régime Harper et les libéraux par la suite, le gouvernement n’a toujours pas supprimé les subventions perverses pour les combustibles fossiles. Ce serait un début. Les investissements dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique ne correspondent en rien à ceux qui soutiennent l’industrie des combustibles fossiles. Si nous parlons de passer à une économie plus propre, ce serait une première étape simple.
Le gouvernement pourrait-il passer de projets pilotes à d’importants investissements fédéraux pour le déploiement des énergies renouvelables? Nous avons eu assez de projets pilotes. Nous avons tellement de technologies éprouvées, mises au point au Canada et ailleurs, qui peuvent être déployées. Nos collectivités ont besoin de l’appui du gouvernement fédéral pour miser sur ces sources d’énergie.
Nous avons besoin d’aide pour établir le coût des réseaux intelligents et des réseaux interprovinciaux. On parle beaucoup de l’implication de Manitoba Hydro en Saskatchewan pour que cette dernière puisse se débarrasser plus tôt du charbon, d’Hydro-Québec en Ontario et de BC Hydro en Alberta. Ce serait bien que la Colombie-Britannique nous donne un bon prix. Cependant, le gouvernement fédéral pourrait certainement aider.
Si nous examinons le projet de loi , le groupe d’experts a surtout discuté du fait qu’il était peu probable que l’Office national de l’énergie, qui deviendra bientôt le nouvel organisme canadien de réglementation de l’énergie, s’occupe d’un grand nombre de projets liés aux combustibles fossiles, sauf des réseaux interprovinciaux. Par conséquent, le gouvernement doit se préparer, en discuter et tenir une grande consultation sur la façon dont il peut aider à accélérer la mise en place de ces réseaux améliorés.
Le gouvernement doit débourser les fonds pancanadiens maintenant. Nous avons soulevé cette question voilà trois ans. Il a mis de côté cette somme de 1,5 milliard de dollars et plus, puis s’est assis dessus, attendant supposément que les provinces et les territoires décident de ce dont ils avaient besoin. Dans ma province, la première ministre Notley a dit de les envoyer maintenant. Dieu merci, la province a enfin mis en place un programme d’efficacité énergétique et elle est reconnaissante de l’injection d’argent. S’il y avait une façon de faire comprendre à plus de gens que nous devons mettre un prix sur le carbone, il faudrait aussi aider ceux qui ont besoin d’un coup de main pour moderniser ou construire de façon plus propre. Ne pourrait-on pas équilibrer un peu les choses?
On a récemment donné de l’argent aux Territoires du Nord-Ouest. J’ai parlé à des amis et des collègues de là-bas, qui m’ont dit que c’était surtout symbolique. Pensez à ce que coûte la construction de logements et d’édifices éconergétiques dans les Territoires du Nord-Ouest, sans parler du Yukon et du Nunavut. Il y a une foule de gens intéressés, comme des petites entreprises du secteur de l’énergie, à déployer des technologies propres et à construire en mode éconergétique. Faisons évoluer le Code national du bâtiment. Nous avons appris en comité qu’il ne tiendrait pas jusqu’en 2030, mais c'est dès maintenant qu'il faut construire nos logements et nos édifices selon de meilleures normes.
Le secteur des transports est dans la même situation que l'industrie des carburants fossiles sur le plan des émissions de gaz à effet de serre. Une injection majeure d’argent ne suffit pas. Il faut aussi nous assurer que le gouvernement fédéral utilise ses pouvoirs réglementaires et impose des normes plus strictes pour les gros véhicules et, franchement, pour les camions et les VUS.
Le gouvernement Harper avait promis d’utiliser ses pouvoirs réglementaires. En dix ans, il n’a jamais adopté de règlement sur les carburants fossiles. Je suis désolé, mais nous ne pouvons pas l'écouter nous dire ce qu’il a fait; il s’agit plus de ce qu’il n’a pas fait.
Je l'ai déjà dit, ce qui semble retenir l’attention, c’est de savoir s'il faut une taxe sur le carbone et combien elle devrait coûter. Pourquoi ne parlons-nous pas de tout l’éventail de mesures qu’il faut mettre en œuvre simultanément à la taxe sur le carbone? Les Canadiens n’accepteront pas une taxe sur le carbone de 50 $ la tonne, et encore moins de 150 $ la tonne, qu’on dit nécessaire pour maintenir la hausse de température à 1,5 degré Celsius, à moins qu’on mette en place des mesures pour y arriver. Je parle de ceux qui n’ont pas les moyens de la payer, comme les petites entreprises ainsi que beaucoup de propriétaires de maison et de locataires. Beaucoup de propriétaires de petites entreprises louent leurs locaux d’autres personnes à qui appartiennent ces édifices. Ils ont besoin d’aide pour réduire la facture énergétique.
Il faut absolument que le gouvernement fédéral resserre la réglementation pour contrôler le méthane. Quarante pour cent, c’est tout simplement insuffisant. J’encourage tous les députés à assister à une de ces séances d'information techniques qui montrent que nous pouvons réduire beaucoup plus les émissions de méthane si nous le voulons, car la technologie existe. Cependant, nous devons exiger le suivi du méthane en parallèle de la réglementation initiale. Nous pouvons considérablement réduire notre empreinte sur le climat si nous amenons ces industries à réduire plus rapidement leurs émissions de méthane.
Je suis aussi préoccupée par les normes qui seront fixées pour les centrales au gaz naturel. Les gens doivent savoir que les centrales au charbon converties au gaz sont soumises à des normes beaucoup plus faibles que les nouvelles centrales au gaz même si elles émettent aussi beaucoup de gaz à effet de serre. Où est notre calendrier? Quel est le calendrier pour passer simplement à des sources d’énergie plus propres?
Nous devons augmenter les investissements dans le diésel dans le Nord. Les gouvernements du Nord doivent dépenser des centaines de millions de dollars pour transporter ce diésel jusqu’aux localités qu’il pollue.
Quant à l’abandon du charbon, où est le budget fédéral pour assurer une transition équitable pour ceux qui travaillent dans le secteur des centrales au charbon? Il y a un an, l’Alberta a engagé 40 millions de dollars pour recycler et aider les travailleurs dans ce secteur, et c’est tout à son honneur. Le gouvernement fédéral s’est contenté de consulter. Il ne pense même pas avoir un rapport avant la fin de l’année. Nous avons besoin d’une infusion majeure de fonds fédéraux pour aider les travailleurs du secteur pétrolier et gazier et pas seulement les travailleurs du charbon, et pour adopter des énergies renouvelables.
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Monsieur le Président, le rapport de l'ONU dit clairement que notre génération est la première à ressentir les répercussions des changements climatiques et que nous sommes la dernière à pouvoir faire quelque chose. Cela ne concerne pas seulement les futures générations. Cela concerne mes enfants ainsi que les enfants de tout le monde ici et ailleurs au pays. Pour les enfants qui ont aujourd'hui 10 ans, nous parlons de répercussions catastrophiques dans 30 ans, lorsqu'ils auront 40 ans, si nous ne faisons rien.
La lutte contre les changements climatiques ne devrait pas être une question partisane. Cela nous touchera tous, que nous soyons riches ou pauvres, que nous habitions dans le Nord du pays ou dans le Sud, que nous votions pour un parti de gauche ou de droite, que nous vivions en ville ou à la campagne. Nous sommes tous concernés, et nous devons tous unir nos efforts.
Pendant ce temps, il y a un parti, le Parti conservateur, qui n'a aucun plan de lutte contre les changements climatiques. Pire encore, il pense qu'on devrait pouvoir polluer gratuitement. Le coût de la pollution est énorme, et ces coûts sont assumés par les Canadiens. Tout le monde au pays a remarqué les chaleurs extrêmes cet été. Nous avons eu des feux de forêt qui ont duré plus longtemps et qui ont été plus violents que jamais. Nous avons eu des inondations. Nous avons eu des sécheresses. L'Arctique est littéralement en train de fondre.
Nous devons lutter contre les changements climatiques. Nous devrions nous concentrer sur la manière de procéder. Comment pouvons-nous mettre en oeuvre le plan de lutte contre les changements climatiques que le gouvernement a négocié avec les provinces et les territoires, les peuples autochtones, les villes et les villages, les entreprises, les environnementalistes, les hôpitaux, les écoles, avec tous les Canadiens? Nous avons un plan, il faut maintenant le mettre en oeuvre.
L'autre problème avec les conservateurs, c'est qu'ils ne comprennent pas que la lutte contre les changements climatiques peut se traduire en débouchés économiques. On parle ici de billions de dollars. Nous avons une occasion formidable de mieux faire les choses. Nous ne sommes pas sortis de l'âge de pierre parce qu'il n'y avait plus de pierres; l'être humain a fait preuve d'intelligence.
Des entreprises canadiennes font preuve d'innovation, notamment CarbonCure, dont le processus de fabrication du béton permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'entreprise transporte au site de production de béton le dioxyde de carbone produit par des acteurs de l'industrie. Le dioxyde de carbone est ensuite injecté dans le béton, ce qui rend ce dernier plus solide et moins cher à fabriquer. J'ai pu observer l'utilisation de ce procédé dans une cimenterie en Californie, mais celui-ci est aussi utilisé ailleurs dans le monde. Nous voulons de bons emplois. Nous voulons des perspectives économiques. Pour ce faire, il nous faut lutter contre les changements climatiques. Nous devons créer de bons emplois. Nous devons stimuler l'économie et c'est exactement ce que nous faisons.
Je suis extrêmement fière de constater que, sous notre gouverne, il s'est créé plus de 600 000 emplois au pays. Le Canada présente l'un des taux de chômage les plus bas depuis des décennies. Il affiche la croissance économique la plus rapide de tous les pays du G7 et il est aussi en voie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Nous devons reconnaître que les changements climatiques entraînent des coûts énormes. Ces coûts sont passés de 400 millions de dollars par année, il y a une décennie à peine, à plus de 1 milliard de dollars. Le rapport des Nations unies précise que le coût total des changements climatiques se chiffre à 50 billions de dollars. Ce sont les gens qui devront assumer ces coûts. Nous devons donc agir. Comme je l'ai dit, nous sommes la dernière génération à pouvoir agir dans le dossier des changements climatiques.
Au nombre des exemples de catastrophes, mentionnons le feu de forêt qui a ravagé Fort McMurray en 2016. Il a coûté près de 9 milliards de dollars. Nous savons qu'il y aura d'autres feux de forêt de ce genre et qu'ils seront de plus en plus dévastateurs. Cependant, si nous agissons, nous pourrons en limiter l'impact.
J'ai participé aux négociations concernant l'Accord de Paris au sein d'une délégation qui comptait des représentants du Parti conservateur et du NPD, la députée du Parti vert, des dirigeants autochtones et des premiers ministres provinciaux, toutes allégeances politiques confondues. Nous nous sommes réunis avec le reste du monde pour dire que nous avions tous besoin d'un plan. Pour la toute première fois de l'histoire, les représentants de chaque pays ont déclaré qu'ils allaient agir pour lutter contre les changements climatiques. En tant que représentante du Canada, j'ai beaucoup insisté pour que l'objectif soit fixé à 1,5 degré. En tant que pays, le Canada se devait d'être ambitieux, non seulement pour les citoyens du pays, mais aussi pour les gens partout ailleurs dans le monde.
Un des moments les plus tristes que j'ai vus dans ma vie s'est produit lors de la 22e Conférence des parties. Au cours d'une conversation, un dirigeant inuit a dit ceci à un représentant d'un petit État insulaire: « Mon territoire est en train de fondre et il entraîne le vôtre sous l'eau. » Voilà ce dont il est question. Il est question des répercussions des changements climatiques qui se produisent partout dans le monde. Nous devons vraiment tous unir nos efforts.
Nous pouvons penser à ce que nous avons fait en tant que gouvernement. Nous avons aidé à négocier l’Accord de Paris. Nous avons fait pression pour limiter la hausse de la température à 1,5 degré. Nous avons insisté pour que soit reconnu le rôle des peuples autochtones dans l’Accord de Paris. Nous avons fait pression en faveur de mesures de marché, puis nous sommes rentrés chez nous et avons fait le dur travail.
Nous avons passé un an à négocier avec les provinces, les territoires et les dirigeants autochtones. Nous avons écouté les Canadiens d’un océan à l’autre. Il est clair que les Canadiens veulent que des mesures climatiques soient prises. Ils veulent des mesures intelligentes qui permettront de lutter contre les changements climatiques, de réduire nos émissions, de créer de bons emplois et de faire croître notre économie.
Parlons de notre plan.
Notre plan vise à éliminer graduellement l’utilisation du charbon. Nous savons que le charbon est non seulement mauvais pour l’environnement, mais extrêmement néfaste pour la santé humaine. Le gouvernement libéral précédent de l’Ontario a éliminé graduellement le charbon et l’Ontario est passé de 50 jours de smog à aucun jour de smog. Cela a eu un impact non seulement sur la santé de la population, avec une diminution du nombre d’enfants asthmatiques et de décès prématurés, mais également sur les coûts en termes de séjours à l’hôpital. Ce fut une bonne chose pour l’environnement, pour la santé et pour l’économie.
Nous faisons également des investissements historiques dans le transport en commun. Ces investissements dans le transport en commun et le train léger sur rail à Ottawa entraîneront la plus importante réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’histoire de la ville. C’est également positif pour les gens qui vivent à Ottawa. Ils pourront se déplacer plus rapidement, à moindre coût et d’une manière plus propre. Nous investissons également dans les véhicules électriques et dans une stratégie de transport, parce que nous savons qu’il nous faut réduire les émissions dans tous les secteurs.
Nous savons également que nous devons réduire les émissions dans notre façon de construire les choses. Nous avons un réseau stratégique sur les bâtiments à consommation énergétique nette nulle. Nous avons également fait des investissements historiques dans le logement social. Nous savons que les gens les plus vulnérables devraient payer les frais de chauffage les moins chers.
Ici à Ottawa, j’ai visité de nouveaux logements sociaux construits selon la norme passive. Les frais de chauffage pour un résident y seront de 12 $, non pas par mois, mais par année. C’est une opportunité énorme.
Nous faisons des investissements historiques dans les énergies renouvelables et également dans l’interconnexion des réseaux. Nous savons que les provinces qui se débarrassent du charbon peuvent être liées aux provinces qui ont de l’énergie propre.
Nous investissons également dans l'efficacité énergétique. Nous appuyons les entreprises, les hôpitaux, les écoles et les résidants du pays qui veulent respecter l'environnement tout en réalisant des économies. La réalité, c'est que cela crée d'excellents emplois pour les entrepreneurs, pour les constructeurs et pour ceux qui produisent les matériaux. C'est bon pour l'économie.
Il y a tant d'occasions que nous pouvons saisir ensemble pour contrer les changements climatiques. Nous devons cependant reconnaître que la pollution a un coût. La pollution n'est pas gratuite. Elle a un coût réel que les Canadiens doivent maintenant assumer.
Lorsque nous avons commencé à chercher des solutions, nous avons donné deux ans aux provinces pour proposer leur plan de tarification de la pollution. Certaines provinces ont relevé le défi et fait preuve de leadership. Les provinces qui avaient un régime de tarification de la pollution étaient la Colombie-Britannique, l'Alberta, le Québec et l'Ontario, jusqu'à ce que le nouveau gouvernement de la province change malheureusement son approche. Elles affichaient la plus forte croissance économique du pays lorsqu'elles luttaient sérieusement contre les changements climatiques. C'est ce que nous voulons. Nous voulons que l'environnement et l'économie aillent de pair.
Nous avons également demandé aux provinces de concevoir leur propre plan et de déterminer ce qu'elles feraient des recettes ainsi obtenues. Toutes les sommes demeureront dans les provinces où elles ont été prélevées. La Saskatchewan, par exemple, pourrait abolir la taxe de vente provinciale. Elle pourrait aussi s'inspirer de ce que d'autres ont fait, en investissant dans les technologies propres et les véhicules électriques, comme le Québec, ou en redistribuant l'argent sous la forme de réductions d'impôt, comme la Colombie-Britannique. Toutefois, ce que nous ne pouvons pas faire, c'est de laisser les grands pollueurs s'en tirer à bon compte. Nous payons tous le prix de la pollution.
Les possibilités économiques sont énormes. Lorsqu'il est établi que la pollution a un coût, les entreprises doivent innover. Elles trouvent des moyens de réduire ce coût en mettant au point des solutions plus propres. Elles peuvent ensuite les utiliser et les exporter. Elles créent de bons emplois au Canada, et elles continueront à le faire. C'est ce que nous voulons.
Nous cherchons toujours des façons de stimuler l'économie, de créer de bons emplois et de respecter la planète. Il suffit d'observer ce qui se passe partout au pays: il y a tant d'histoires formidables d'entreprises qui luttent contre les changements climatiques tout en améliorant leurs résultats financiers.
Prenons l’exemple de VeriForm, un fabricant d’acier de l’Ontario, qui se concentre sur l’amélioration de l’efficacité énergétique. Il a réduit de près de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre et il a économisé 2 millions de dollars. Lorsque j’ai rencontré le propriétaire, il m’a dit que même s’il ne s'était pas beaucoup préoccupé des changements climatiques— mais il s'en préoccupe beaucoup —, il aurait tout de même investi dans ces mesures d’efficacité énergétique parce qu’elles ont contribué à améliorer ses résultats financiers.
Au Québec, GHGSat est une entreprise qui utilise la technologie satellitaire pour mesurer les émissions. Aujourd’hui, partout dans le monde, des gens sont à la recherche de cette technologie. Les agriculteurs du Manitoba et de la Saskatchewan me disent utiliser des cultures résistantes au climat pour l’agriculture sans labour. Ils font partie de la solution. Pourquoi? Parce qu’ils reconnaissent aussi qu’ils sont touchés par les changements climatiques. Tout le monde est touché par les changements climatiques. Peu importe qu’il s’agisse d’un agriculteur de la Saskatchewan ou d’un Inuit de l’Extrême-Arctique, nous ressentons tous les effets des changements climatiques. Nous savons tous que nous devons agir.
En ce qui concerne la tarification de la pollution, nous avons appris la semaine dernière que les lauréats du prix Nobel d’économie sont des économistes qui ont montré que mettre un prix sur la pollution fonctionne. Quel est le meilleur exemple qu’ils ont utilisé pour illustrer cela? C’était la Colombie-Britannique. Qu’a fait la Colombie-Britannique? Elle a mis un prix sur la pollution. Elle a redonné de l’argent sous forme de réductions d’impôt, et elle a été en mesure d’avoir l’une des économies à la croissance la plus rapide au monde tout en réduisant ses émissions. Elle possède l’un des secteurs des technologies propres les plus performants au monde.
Je suis fière que, sous l'actuel gouvernement, nous ayons appuyé le secteur des technologies propres et que nous nous efforcions d’aider les entreprises à trouver des solutions propres. Il peut s’agir d'entreprises familiales ou de solutions qui changent la donne. Nous faisons maintenant plus que notre juste part. Treize des 100 principales entreprises de technologies propres sont canadiennes. C’est une chose dont nous devrions être très fiers, mais je veux que la moitié de ces entreprises soient canadiennes. C’est notre objectif. Notre objectif est de comprendre comment faire ce qu’il faut pour la planète, réduire les émissions et créer des solutions dont le monde a si désespérément besoin.
Parlons de ce qui se passe dans le monde. La COP24 approche. Nous devons définir les modalités d'application de l’Accord de Paris. L’Accord de Paris, c’est comme la voiture, et il nous faut maintenant le moteur. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Chine et l’Union européenne. Malheureusement, les États-Unis ont fait marche arrière dans la lutte contre les changements climatiques.
Qu’avons-nous fait en tant que pays? Nous avons fait un pas en avant. Nous nous sommes engagés à respecter l’Accord de Paris, qui prévoit notamment d’être plus ambitieux. Tous les cinq ans, tout le monde doit rehausser ses ambitions.
Nous nous concentrons également sur l’élimination progressive du charbon et nous aidons les pays du monde entier à le faire. Le Canada et le Royaume-Uni ont créé une coalition, « Énergiser au-delà du charbon ». Il y a des pays et des entreprises du monde entier qui se joignent à nous. Pourquoi? Parce qu’ils savent que nous devons mettre fin à l’utilisation du charbon. Si nous voulons atteindre les cibles de l’Accord de Paris, nous devons le faire, mais il y a une belle occasion à saisir, car le prix des énergies renouvelables a baissé.
Ma collègue du NPD a parlé de la nécessité d’appuyer une transition juste. J’étais à une rencontre avec notre Groupe de travail sur la transition équitable et nous avons discuté de la façon dont nous pouvons le faire. Il s’agit d’un groupe de travail qui s’est rendu dans les localités où nous éliminons progressivement le charbon. Ses membres ont parlé aux travailleurs. Ils ont parlé aux collectivités. Des syndicats et des entreprises ont participé au processus. Comment régler le problème et faire la transition vers une économie plus propre? C’est mieux pour l’environnement, mais c’est aussi une occasion de 30 billions de dollars. Cela ne vient pas de moi. Cela vient du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney. Cela vient du dirigeant de BlackRock. Cela vient d’entreprises du monde entier qui reconnaissent que nous avons besoin de solutions propres. Elles reconnaissent les risques de l’inaction.
Le problème, c’est que nous avons un parti, le Parti conservateur, qui ne veut rien faire. Les conservateurs n’ont rien fait au cours de la dernière décennie. L’urgence dont nous parlons aujourd’hui était une urgence il y a 10 ans. C’était une urgence, et ils ne l’ont jamais prise au sérieux, et maintenant que veulent-ils faire? Ils veulent tuer toutes les actions climatiques.
Des voix: Oh, oh!
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Monsieur le Président, le gouvernement a un plan en matière climatique. Nous avons travaillé très fort sur ce plan et maintenant nous le mettons en œuvre. Malheureusement, le parti d’en face travaille avec les partis conservateurs d’un bout à l’autre du pays, des politiciens qui ne comprennent pas que les changements climatiques ont un coût en ce moment, que nous en payons le prix et que ce sont nos enfants qui paieront le prix fort. Ils ne comprennent pas non plus les possibilités économiques. Ils n’ont aucun plan pour l’environnement. Ils n’ont aucun plan pour l’économie.
Nous devons nous unir en tant que pays. Nous devons faire des changements climatiques une question non partisane. Si nous en faisons une question partisane, nous ne ferons jamais ce que nous devons faire, c’est-à-dire prendre au sérieux les actions climatiques. En fin de compte, nous n’avons qu’une seule planète, alors nous devons trouver comment nous allons la sauver. Nous devons trouver un moyen de faire en sorte que nos enfants ne soient pas confrontés aux problèmes mentionnés dans le rapport, comme les graves pénuries alimentaires, les tempêtes dévastatrices, les réfugiés climatiques, la fonte de l’Arctique qui a des conséquences sur le monde entier. Cela signifierait qu’il n’y aurait plus de récifs coralliens et que les espèces en péril que nous aimons tous au Canada disparaîtraient. Est-ce vraiment ce que nous voulons? Non.
Tout le monde se soucie grandement du sort de notre pays. Tout le monde se soucie grandement de la faune canadienne. Tout le monde se soucie grandement de la neige, que nous soyons des adeptes de motoneige, des skieurs ou des enfants qui aiment faire de la traîne sauvage. Il faut prendre au sérieux la lutte contre les changements climatiques, et nous avons la possibilité de le faire, correctement, ainsi que de créer de bons emplois et de stimuler l'économie par la même occasion.
Je demande à tous les partis de se joindre à nous, de prendre au sérieux les changements climatiques et de nous aider à mettre en oeuvre les mesures que nous avons incluses, après d'innombrables efforts, dans notre plan de lutte contre les changements climatiques et que nous nous efforçons de déployer avec l'aide des Canadiens. La mise en oeuvre se fait de concert avec les municipalités, les entreprises, les hôpitaux, les écoles et les enfants. Nous allons continuer de travailler très fort avec les Canadiens. Je voudrais simplement que le Parti conservateur collabore avec nous.
Brian Mulroney a été le premier à parler de la tarification de la pollution. Il a réussi à régler un des plus graves problèmes de l'époque de ma jeunesse: les pluies acides. Quand j'étais jeune, j'avais terriblement peur des pluies acides. Comment a-t-il réussi? Il a réussi grâce à son leadership politique, à l'innovation, à la collaboration avec les entreprises et à la tarification de la pollution. Je demande que nous collaborions, que nous adoptions des mesures intelligentes, que tous les Canadiens se serrent les coudes et que nous prouvions qu'il est possible d'être un pays dont l'économie est fondée sur les ressources naturelles et qui lutte contre les changements climatiques. L'économie du Canada repose sur les ressources naturelles. Nous voulons acheminer nos ressources vers les marchés, mais il faut le faire de façon durable.
Nous avons l'occasion de présenter les solutions dont le monde entier a désespérément besoin, des solutions qui permettent de créer des emplois de qualité, qui tirent parti des perspectives économiques et qui peuvent être adoptées par tout pays en quête de nouveaux moyens pour lutter contre les changements climatiques. La Chine, par exemple, est à la recherche de solutions imaginées par le Canada. Je profite de mes séjours en Chine pour faire la promotion d'entreprises et de technologies canadiennes. Je pense entre autres au projet de captage et de stockage du carbone développé en Saskatchewan. Je tiens compte de toute solution intéressante et je crois que nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de refuser de collaborer avec telle ou telle personne. Ainsi, le gouvernement continue de travailler de concert avec des agriculteurs, des gens d'affaires et des environnementalistes partout au pays. Nous poursuivrons notre collaboration avec tous ces intervenants, parce que nous n'avons pas d'autre choix et parce qu'il s'agit d'une occasion qu'il faut saisir.
Encore une fois, il nous incombe à nous, ici à la Chambre, d'examiner sérieusement les actions à poser ensemble pour lutter contre les changements climatiques. Pendant une décennie, le gouvernement précédent est demeuré les bras croisés, prenant à la légère les recommandations des chercheurs par rapport aux changements climatiques. Nous devons unir nos efforts dès maintenant. Nous pouvons y arriver. Je suis une optimiste, une optimiste réaliste.
J'ai pu constater que les Canadiens des quatre coins du pays veulent eux aussi agir. Les hôpitaux qui font des économies grâce aux montants que nous avons investis dans la rénovation les investissent dans les soins aux patients. Les écoles qui investissent dans des mesures d'efficacité énergétique affectent l'argent ainsi économisé dans les services aux élèves. Les entreprises qui investissent dans l'amélioration de leur rendement énergétique peuvent réinvestir les sommes économisées dans l'entreprise et les employés. Nous pouvons y arriver. Nous le pouvons, mais il nous faut agir de façon sérieuse et faire front commun.
Nous devons reconnaître que le changement climatique est une réalité et un problème grave, que nous en voyons les répercussions, qu'il a déjà un coût et que nous pouvons agir. Nous pouvons agir pour le bien de la planète, réduire les émissions et créer de bons emplois. Nous pouvons concevoir des solutions canadiennes que nous pourrons exporter dans le monde entier.
Je sais que nous pouvons y arriver, mais je sais aussi qu'il nous faut nous rallier autour d'un objectif commun. Nous en avons le devoir envers les Canadiens. Nous en avons le devoir envers nos enfants. Nous en avons le devoir envers le monde. Nous avons maintenant une possibilité de prendre des mesures sérieuses pour lutter contre le changement climatique. Il est temps de retrousser nos manches, de travailler ensemble et de montrer aux Canadiens ce que nous pouvons faire.
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Monsieur le Président, je heureuse de me joindre au débat d'urgence de ce soir sur le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies.
Le rapport indique ceci: « [...] la communauté internationale a encore la possibilité de limiter l'augmentation moyenne des températures à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux d'avant l'ère industrielle. » Il recommande une taxe sur le carbone extrêmement élevée qui sera appliquée partout dans le monde. Or, même si le Canada met en place une taxe élevée sur le carbone, elle n'aura presque aucune incidence sur la réduction des émissions mondiales. La taxe sur le carbone de 5 500 $ par tonne, qui est recommandée dans le rapport, ferait augmenter le prix de l'essence à plus de 12 $ le litre.
Je dirais que le plan des libéraux ruine l'économie canadienne, où l'environnement et l'économie vont de pair, et compromet la capacité du Canada à être un phare dans le monde. En réalité, les grands pays et les pays en développement ne mettront pas en place une telle taxe sur le carbone, ce qui signifie que leurs émissions continueront d'augmenter. Même si le Canada réduit considérablement ses émissions à l'aide d'une taxe sur le carbone, les émissions mondiales demeureront essentiellement les mêmes.
Je ne comprends pas le double discours de la ministre. D'une part, elle dit qu'il ne faut pas laisser les grands pollueurs s'en tirer à bon compte. D'autre part, qu'ont fait les libéraux au chapitre de l'exploitation du gaz naturel liquéfié sur la côte de la Colombie-Britannique? Ils ont exempté les gazières de la taxe sur le carbone. Qu'en est-il du reste de la population? Qu'en est-il des Canadiens ordinaires? Qu'en est-il des petites et moyennes entreprises? Cette exemption ne s'applique pas à eux.
Le reste de la population doit payer une taxe, tandis que le gouvernement permet aux grands pollueurs de s'en tirer à bon compte. C'est bien que les grandes entreprises soient exemptées de la taxe. Le gouvernement n'exerce pas de pression sur elles. Le Canada serait comme une petite entreprise qui tente de changer le monde, mais sans demander aux autres pays de faire quelque chose avant que son économie soit détruite dans le processus. Ainsi, le Canada subirait de grandes difficultés économiques sans qu'il y ait de gain environnemental pour le reste du monde.
Je trouve vraiment irritant d'entendre des gens dire que « c'est pour nos enfants ». Personne à la Chambre ne se préoccupe davantage de la prochaine génération que les députés de ce côté-ci. Nous sommes tous extrêmement inquiets. Pensons, par exemple, à l'immense dette à laquelle nos enfants seront confrontés dans 30 ans à cause des dépenses effrénées du gouvernement. Les libéraux prétendent que nous ne nous préoccupons ni de l'environnement, ni de nos enfants. L'environnement et nos enfants nous tiennent à coeur, bien évidemment. Toutefois, nous ne parlons pas ici de changements qui seraient progressifs et utiles, mais d'une taxe sur le carbone. Pourquoi en parlons-nous? Ce n'est d'aucune utilité pour le Canada.
La taxe sur le carbone prônée par le ne constitue pas un plan solide pour réduire les émissions. C'est une razzia fiscale qui coûtera des milliers de dollars aux Canadiens et nuira à l'économie canadienne. Elle fait fuir les emplois et les investissements. En fait, quand il est question d'économie, presque toutes les démarches du gouvernement ont des effets négatifs et font fuir les possibilités vers le sud.
Le Canada a tout intérêt à adopter une approche plus intelligente et complète qui tient pleinement compte des répercussions mondiales réelles ainsi que des coûts et des avantages à long terme des politiques. C'est ce que vise à faire le plan conservateur. Je sais que les gens veulent connaître notre plan. Nous allons le leur présenter. Les libéraux devraient expliquer aux Canadiens comment ils comptent faire pour que cela fonctionne, mais ils n'y arrivent pas. Personne ne va nous obliger à dévoiler notre plan de façon précipitée pour respecter un délai arbitraire fixé par les médias ou les libéraux. Nous nous préparons pour les élections de 2019. Nous allons présenter un plan environnemental détaillé et complet d'ici les prochaines élections et j'ai hâte.
Les émissions ont continué d'augmenter en Colombie-Britannique même si elle a la taxe sur le carbone la plus élevée du Canada. Un jeune homme de ma circonscription fait partie d'une table ronde et il va à l'université. Il a réalisé une étude approfondie sur la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique. Selon lui, elle n'a aucunement changé la dynamique de la pollution en Colombie-Britannique. En passant, il a eu une très bonne note. Ainsi, les Britanno-Colombiens paient plus cher l'essence que jamais auparavant et la taxe sur le carbone n'aide en rien l'environnement. Elle ne fait qu'augmenter le coût de la vie des gens qui vont au travail et qui amènent leurs enfants à leur pratique de hockey ou de soccer.
Les libéraux ont admis que le prix de l'essence va augmenter d'au moins 11 ¢ et que nous allons devoir payer 200 $ de plus pour chauffer nos maisons lorsque la taxe sur le carbone aura été mise en oeuvre. La Saskatchewan a donné l'exemple, suivie de l'Ontario, du Manitoba et de l'Alberta. On sait que c'est un problème dans le Nord et sur la côte Est. Les Canadiens s'opposent en grand nombre à la taxe sur le carbone.
La décision du gouvernement d'appliquer une taxe sur le carbone plutôt que de laisser le champ libre aux provinces aura une incidence sur les recettes. Il ne sera pas donné aux Canadiens de voir une taxe sur le carbone sans incidence sur les recettes. Il n'existe aucun programme dont l'exécution ne coûtera pas des milliards de dollars — tout comme le registre des armes à feu. Le remboursement des libéraux ne règle pas la question des coûts considérables engagés par les petites et moyennes entreprises et les agriculteurs.
C'est formidable de prévoir des remboursements pour les Canadiens ordinaires, mais des emplois seront perdus et des occasions pour les Canadiens seront ratées parce que le gouvernement est injuste dans son discours concernant la mise en oeuvre de cette taxe. Avec l'ajout de cette taxe aux droits et aux autres taxes canadiennes qui sont supérieures à celles de nos concurrents étrangers, l'économie du pays continuera de souffrir sous le gouvernement libéral et des Canadiens perdront leur emploi. Les investisseurs étrangers nous trouveront encore moins attrayants. Il faut soutenir l'économie pendant que nous nous efforçons d'apporter les changements nécessaires.
L'environnement est important pour la population de la Saskatchewan. La ministre a parlé un peu de ce qui s'y passe dans le domaine du stockage de charbon. Pourtant, elle n'a pas reconnu le fait que la province fait déjà un excellent travail dans le domaine de l'énergie renouvelable, de la diversification des cultures, de la gestion forestière et de la planification de l'infrastructure, pour ne nommer que ceux-là.
EVRAZ est un grand fabricant de tuyaux de ma province. J'aimerais que la ministre entende ce que j'ai à dire à ce sujet. Cette entreprise fabrique des tuyaux composés à 75 % d'acier recyclé. L'entreprise fait déjà un travail exceptionnel en fabriquant les meilleurs tuyaux du monde. Que fait le gouvernement? Il permet à d'autres pays de nous refiler des tuyaux de piètre qualité au lieu d'encourager une entreprise de la Saskatchewan qui fabrique des tuyaux d'oléoduc d'excellente qualité.
D'ailleurs, lorsque les membres du syndicat apprennent qu'il y a eu une fuite quelque part, ils se demandent aussitôt si le tuyau vient d'ici. Ce n'est jamais le cas. Il provient de la Chine, de l'Inde ou d'un autre pays dont l'acier n'est pas aussi bien fabriqué qu'au Canada. On choisit quand même de pénaliser nos propres producteurs.
La Saskatchewan est peuplée de gens novateurs. Il suffit de voir les équipements agricoles modernes que nous avons; ils ont tous été inventés par des agriculteurs qui ont trouvé des solutions à leurs problèmes, sans ingérence de la part du gouvernement.
Le Canada a la population la plus instruite du monde, et les Canadiens ont une capacité extraordinaire à trouver des solutions à des problèmes concrets. L'imposition d'une taxe sur le carbone n'est pas une solution à nos problèmes; cela ne fait que nuire à notre économie.
Les innovations comme les convertisseurs catalytiques, les épurateurs de dioxyde de carbone, les voitures électriques et les panneaux solaires n'ont pas été inventées par le gouvernement et elles n'ont pas été inspirées par les taxes non plus. Les marchés, les entrepreneurs et les chercheurs sont notre meilleure ressource pour trouver des solutions que les Canadiens ordinaires sont motivés à adopter et à mettre en oeuvre. Nous sommes d'accord sur ce point. Il est important que nous favorisions ces aspects.
Le premier ministre de la Saskatchewan, M. Moe, était le ministre de l'Environnement au moment où le gouvernement fédéral a lancé les consultations et les négociations avec l'ensemble des provinces. Le gouvernement fédéral leur a proposé cinq options pour ensuite les prendre par surprise en leur apprenant qu'elles n'avaient vraiment que deux choix: un système de plafonnement et d'échange ou une taxe sur le carbone.
Ce n'est pas ce que j'appelle mener des négociations ou travailler ensemble. L'approche ne tire pas avantage des façons incroyables avec lesquelles les Canadiens peuvent protéger le climat du pays et du monde. Nous le faisons déjà.
Voici ce que le premier ministre de la province a affirmé:
Il est temps que le gouvernement fédéral prenne un peu de recul pour examiner ce que les provinces font déjà pour lutter contre les changements climatiques.
En Saskatchewan, nous avons publié un plan sur les changements climatiques intitulé « La résilience des Prairies ». Il permettra de véritablement réduire les émissions de gaz à effet de serre sans instaurer une taxe sur le carbone qui coûterait 4 milliards de dollars sur cinq ans à la province étant donné que son économie est axée sur l'exportation et qu'elle exige une grande consommation d'énergie.
Ce plan est rempli de bonnes mesures concrètes. J'ai assisté au sommet de l'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan sur le carbone il y a deux étés car nous savions ce qui se préparait en Saskatchewan. J'invite les députés à consulter le site Web du sommet.
Il s'en est passé des choses en Saskatchewan ces trois dernières décennies. Nous sommes les chefs de file mondiaux en matière de culture sans labour. Les systèmes racinaires dans nos pâturages, où broute le bétail, se développent et s'enfoncent aussi profondément dans le sol que lorsque les bisons parcouraient ces terres. Nous accomplissons des choses phénoménales.
Son nom m'échappe, mais l'un des chercheurs a dit que d'ici 10 ans, si nous continuons à faire ce que nous faisons en Saskatchewan, une province de 1 100 000 habitants, nous compenserons les émissions de carbone attribuables au pétrole en Alberta. Nous sommes exceptionnels et nous faisons de grandes choses. Pourquoi le gouvernement estime-t-il nécessaire de taxer les Canadiens au point où notre économie en souffre? Le Canada n'est pas dans une bulle. On ne peut améliorer notre environnement et maintenir notre économie de manière isolée du reste du monde. Je suis désolée, mais tous ces phénomènes qui se produisent dans le monde ne sont pas imputables au Canada. Devons-nous faire notre part? Absolument, et c'est ce que nous faisons, en plus de multiplier les innovations.
Quelques jeunes innovateurs de Vancouver sont en train de mettre au point un moyen de retirer le CO2 de l’air et de le combiner à d’autres éléments pour créer un combustible pour les voitures. Nous sommes fantastiques. Nous faisons ces choses au Canada sans être pénalisés. Le gouvernement s’est mis dans une position telle qu’il n’a plus d’autre choix que d’avancer puisqu’il s’agit d’une autre promesse électorale que les libéraux imposeront et ont d’ailleurs déjà imposée à presque toutes les provinces du pays. Les libéraux disent que c’est à cause de notre parti.
Les libéraux doivent écouter les Canadiens. La population de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta, ainsi que pas mal de gens en Colombie-Britannique, sur la côte Est et dans le Nord affirment qu’ils n'ont pas besoin de taxe sur le carbone, ou bien qu’ils n'en veulent pas. Où est le plan international qui nous permettrait de répondre aux attentes de ce nouveau rapport? Où sont les mesures prises en collaboration avec d’autres pays, qui pourraient s’inspirer des idées que nous avons proposées pour la capture du carbone? Ce serait fantastique. Ces idées proviennent de la Saskatchewan. Pourquoi donc détruire notre industrie pendant que les centrales au charbon poussent comme des champignons en Chine, qui n’a pas ce que nous avons?
Les Canadiens ne cessent de dire que notre charbon est le plus propre au monde. Notre pétrole est le plus propre au monde. Si les libéraux veulent changer les choses en matière d’environnement alors que les circonstances ne nous sont pas favorables, non pas par notre faute, mais par celle des autres pays, pourquoi ne pas mettre l’accent là-dessus? Au lieu de cela, le gouvernement veut mettre à bas l’économie canadienne. Il le fait déjà en ayant annulé les projets d’Énergie Est et d’oléoduc vers la côte Ouest.
Les Canadiens sont déjà d'avis que le pays ne s'en remettra pas s'il faut ajouter une taxe à toutes les mesures néfastes du gouvernement. N'oublions pas la jeune génération. La plus vieille de mes 10 petits-enfants — et oui, je suis en train de me vanter — aura 45 ans quand la terrible dette contractée par le gouvernement sera enfin effacée. Si nous laissons les libéraux poursuivre dans cette voie, ils vont anéantir l'économie nationale. Or, quand l'économie va mal, on ne peut même pas penser à innover.
Certains avancent que les changements climatiques pourraient entraver notre capacité à nous nourrir, mais je peux garantir aux députés qu'il va arriver bien d'autres malheurs avant que nous en soyons là, et que ces malheurs risquent fort de compromettre la qualité de vie à laquelle nous sommes habitués et que les Canadiens au bas de l'échelle s'efforcent d'atteindre. La seule conséquence prévisible sera que les Canadiens auront beaucoup plus de mal à subvenir aux besoins de leurs proches et à stimuler l'économie au moyen de mesures qui pourraient servir d'exemples pour le reste du monde.
Nous sommes déjà un exemple pour l'humanité, mais le gouvernement refuse de reconnaître autre chose que ses propres initiatives. Il s'en est passé des choses en Saskatchewan sur le plan environnemental, mais les libéraux font comme si tout ce qui date de plus de cinq ans ne valait strictement rien. Nous n'avons ménagé aucun effort. Personne n'aime l'environnement et ne s'en soucie autant que les Saskatchewanais, qui cultivent la terre, qui chassent, qui pêchent et qui exploitent les ressources minières de manière responsable. Personne ne prend aussi bien soin de l'environnement qu'eux.
On a récemment appris ce qui caractérise cette nouvelle production de marijuana et que nous serons le sauveur du monde dans ce domaine. Toutefois, ce n’est pas très écologique, d’après l’organisme ScienceDirect.
Selon un autre article:
Pour faciliter la culture du cannabis en serre, les producteurs autorisés utilisent souvent des lampes à haute intensité qui consomment énormément d’électricité. Outre l’éclairage, on utilise aussi fréquemment des ventilateurs, des climatiseurs et des déshumidificateurs. […] La production de cannabis représentait 3 % de la consommation totale d’électricité en Californie, ce qui équivaut à la consommation d’énergie d’environ un million de foyers.
Quelles conséquences cela aura sur la production de gaz à effet de serre du Canada?
Antweiler ajoute: « Chaque kilogramme de cannabis produit engendre environ 4,6 tonnes de dioxyde de carbone ».
Outre l’électricité, la production de cannabis exige énormément d’eau. Un seul plant de cannabis peut, selon les experts, exiger jusqu’à 23 litres d’eau par jour.
L’article fait ressortir que la production du cannabis, selon une étude américaine menée en 2012, a représenté 3 % de la consommation totale d'électricité de la Californie, soit l’équivalent de la consommation d’un million de foyers. Chaque kilogramme de cannabis produit environ 4,6 tonnes de dioxyde de carbone, et ce, avant consommation, j’imagine. Un seul plant de cannabis exige jusqu’à 23 litres d’eau par jour.
Où était le souci de l'environnement quand le gouvernement a élaboré son projet de loi sur le cannabis? Quels seront les effets en amont et en aval de cette industrie sur l'environnement au pays? Il semblerait que le dieu argent et, encore une fois, le désir de ne pas manquer à une promesse électorale soient le point de mire du gouvernement. Ce n'est pas de cette façon qu'on fonctionne quand on se soucie véritablement des Canadiens et des jeunes générations qui veulent, comme nous, conserver un pays dont nous sommes très fiers.
Nous ne ménageons pas nos efforts. Alors qu'elle n'avait que 5 ou 6 ans, ma fille est rentrée à la maison un jour en disant qu'elle ne voulait plus jamais utiliser de boîtes à boire parce que, à cette époque, ces dernières n'étaient pas recyclables. Cette génération se soucie beaucoup de l'environnement. Les jeunes agriculteurs font des choses incroyables pour avoir un effet bénéfique sur l'environnement tout en veillant à produire les aliments dont nous avons besoin.
Nous ne sommes pas contre la protection et l'amélioration de l'environnement, de la planète. Les députés libéraux auront beau le répéter tant qu'ils le voudront, les Canadiens ne le croient pas. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. Il s'agit de dire non à une taxe sur le carbone au Canada. Cette taxe n'est pas la solution. Ce n'est pas comme cela que nous pourrons protéger et améliorer l'environnement au Canada ni, du reste — et surtout — à l'échelle de la planète.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Je suis très heureuse qu'elle participe au débat de ce soir, car elle défend ardemment ces enjeux. J'aimerais aussi remercier le député de d'avoir proposé cette motion d'urgence. Il s'agit d'une question qu'il est extrêmement important de débattre ce soir à la Chambre. Je suis heureuse d'avoir appuyé cette motion, puisque cet enjeu me tient beaucoup à coeur et qu'il est aussi crucial pour de nombreuses autres personnes dans ma collectivité et partout ailleurs au pays.
Il est intéressant d'avoir ce débat à la fin de notre journée à la Chambre parce que j'ai commencé ma journée en rencontrant ce matin les gens du Citizens' Climate Lobby. J'ai eu l'occasion de discuter avec eux à de nombreuses reprises au sujet de ce qui constitue, selon eux, les meilleures solutions de lutte contre le changement climatique. Des militants incroyables sont venus discuter avec nous. Ils veulent un régime de redevances et de dividendes applicable au carbone et ils font un travail remarquable de communication et de sensibilisation du public au fonctionnement de la tarification de la pollution. Ce sont les mêmes qui étaient venus dans mon bureau à Toronto il y a trois ans. J'avais discuté avec eux et je suis bien contente des efforts de militantisme qu'ils déploient.
Mes commentaires se veulent positifs, mais nous avons passé par toute la gamme des émotions ce soir. J'espère que les Canadiens nous regardent ou, s'ils ne regardent pas ce soir, qu'ils prendront le temps d'aller voir ce qui s'est passé. Nous avons vraiment eu droit à tous les arguments qui reviennent invariablement lorsqu'on aborde ce sujet. J'ai entendu des présentations fort éloquentes sur la nécessité d'agir, sur les raisons qui font qu'il faut agir immédiatement et sur l'importance du rapport du GIEC pour comprendre la gravité de la situation. En même temps, j'ai aussi pu entendre de scandaleux rejets de la nécessité d'agir, qui me désolent au plus haut point. Je crois qu'il est important de réaliser pleinement que des gens, il y a quelques minutes à peine, ont affirmé que nous ne devrions rien faire et demandé pourquoi il faudrait tarifer la pollution ou faire quoi que ce soit, alors que d'autres pays ne le font pas. Eh bien voilà, leur argument, c'est que, si personne ne fait rien, nous ne devrions rien faire nous non plus. Comment peut-on justifier son inaction ainsi? C'était pénible à entendre.
Tel est le défi, parce que le rapport souligne réellement l’urgence d’agir. Ce n’est pas quelque chose dont nous pouvons débattre pendant des heures et des heures, des jours et des années. Le moment est venu d’agir. En même temps, dans ma province, j’ai vu un premier ministre s’éloigner de la tarification de la pollution, s’éloigner des mesures qui fonctionnaient et qui ne nuisaient pas à l’économie. Notre économie allait bien en Ontario, et elle continue de le faire, mais l’Ontario a fait machine arrière. C’est une question dont il a été très difficile de débattre. Quand j’y pense, cela me montre pourquoi nous devons agir. C’est vraiment la raison pour laquelle le Canada doit jouer un rôle de chef de file.
Le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est un organisme des Nations unies qui évalue les données scientifiques liées aux changements climatiques. Nous avons entendu certaines des terribles mises en garde contenues dans son rapport, mais il a évalué les répercussions d’une augmentation de la température de 1,5 °C ou plus. Nous avons parlé de certaines de ces répercussions, par exemple, 80 % des récifs coralliens disparaîtraient à la suite d’une augmentation de 1,5 °C. À 2 °C, le rapport constate que près de 99 % d’entre eux disparaîtraient. Ce n’est pas seulement que les récifs coralliens sont beaux, mais aussi qu’ils soutiennent la vie marine. Ils font partie de tout l’écosystème dont nous dépendons.
De plus, le rapport parle de conditions météorologiques extrêmes. C’est quelque chose que les Canadiens voudront peut-être noter, car le Canada est précisément mentionné comme une région qui serait touchée par l’augmentation des fortes précipitations à partir d’une hausse de 1,5 °C. Lorsque nous disons que ce changement de température aurait un impact, le Canada est donc désigné comme l’un des endroits où cet impact serait ressenti. Même à Toronto, les inondations ont augmenté. Nous avons été témoins d’une augmentation des événements météorologiques partout au pays.
Cet été, j’étais à Calgary pour un mariage, au cours duquel la fumée était palpable et forte à cause des feux de forêt en Colombie-Britannique. C’était quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant et que je ne pouvais pas voir de loin. C’était comme un brouillard, mais c’était de la fumée dans l’air qu’on pouvait sentir. Nous voyons ce genre d’événements se produire plus fréquemment et ils ont un coût.
Ici, les gens parlent de l’argent et du coût de la tarification de la pollution, mais l’inaction a un coût. Nous ne pouvons l’ignorer. C’est le coût de l’intervention en cas d’événements météorologiques extrêmes de ce genre. Individuellement, il en résulte une augmentation des coûts d’assurance. Ce n’est pas comme si nous avions le choix de rester les bras croisés à ne rien faire. Ce n’est pas gratuit. Par-dessus tout, nous devons en tenir compte.
J’aimerais commencer par parler un peu de la façon dont ce rapport nous a donné de l’espoir, car il montre aussi que si nous agissons, nous réduirons l’intensité du réchauffement planétaire et nous laisserons le temps à la planète de s’adapter; c’est pourquoi le rapport présente une tendance encourageante. En lisant le rapport, qui est dévastateur en partie, je pensais à un film qui est sorti quand j’étais adolescent et qui s’appelait « If You Love this Planet ». On y abordait la question de la guerre nucléaire. Je me souviens d’avoir eu très peur, de m’être sentie dévastée et de ne pas avoir compris ce que nous pouvions faire. J’avais besoin de voir qu’il y avait un plan d’action, un moyen d’améliorer les choses. Il est dangereux que, parfois, nous nous sentions paralysés par la peur au point de préférer ne rien faire parce que nous sommes tout simplement dépassés. Toutefois, le rapport présente quelques idées sur la manière dont nous pouvons agir.
Je parlais avec des gens qui dirigent un groupe appelé Climate Conversations in Phin Park, qui fait partie de la communauté Pocket. Ils disaient qu’ils essaient de combler le fossé dans les conversations difficiles semblables à celles que nous avons eues à la Chambre, où certaines personnes ont peut-être l’impression qu’elles ne veulent pas avoir honte d’avoir fait certaines choses. Ils peuvent se sentir mécontents du ton de la conversation et ils essaient donc de faire office de médiateurs dans ces conversations. C’est important parce que nous devons apprendre à en parler et à nous améliorer. Cela m’a été clairement indiqué ce soir.
Une des choses qu’ils mentionnent, c’est que nous devons rendre ces émissions plus coûteuses. Ils ne parlent pas des coûts individuels, mais du fait que nous devons fixer un prix aux émissions. Au cours des dernières semaines, nous venons de voir le prix Nobel décerné à des économistes qui ont choisi de fixer le prix de la pollution comme une solution, comme un moyen approprié de lutter contre les changements climatiques. C’était génial à voir. J’ai ici un rapport de Clean Prosperity qui montre exactement la même chose, à savoir que la tarification de la pollution est un moyen de lutter contre les changements climatiques. En même temps, le rapport dit que cela ne coûtera pas plus cher aux familles. C’est une chose dont nous avons entendu parler, mais en fait, certains rapports s’y opposent.
La tarification de la pollution internalise le coût de ce que nous faisons lorsque nous procédons à nos activités, et c’est important. C’est une solution commerciale et c’est quelque chose qui influe sur nos décisions de devenir plus efficaces. Qui ne veut pas nous voir plus efficaces dans nos choix individuels et dans nos décisions d’affaires? C’est important. Je suis fière que notre gouvernement le fasse et que nous fixions le prix de la pollution.
Je veux également parler de transport en commun. Nous investissons dans le transport en commun. C'est un sujet qui me tient à coeur; chez moi, je me rends presque partout à vélo. Le transport actif contribue à bâtir des villes conviviales, en meilleure santé et plus sûres.
Il faut aussi investir dans les technologies propres, créer des possibilités d'emploi et faire avancer les choses. C'est ce que nous faisons. Pourrions-nous faire plus? Toujours. Je pense d'ailleurs que c'est le ton que nous avons adopté: il faut faire plus, il faut agir. C'est ce que nous indique ce rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Je suis fière des mesures que nous adoptons et du fait que nous avons le courage d'engager la discussion sur la suite des choses. C'est pourquoi le débat de ce soir est si important. Nous ne pouvons pas nous permettre un non comme réponse, non, nous n'allons pas imposer un prix sur la pollution, nous allons plutôt laisser nos petits-enfants payer ce prix parce que nous n'avons rien fait.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui, et je reconnais que nous sommes actuellement sur le territoire traditionnel des Algonquins. Je leur dis
meegwetch.
Je suis très honorée de prendre part au débat d'urgence de ce soir sur le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Je remercie le Président d'avoir accepté les arguments que j'ai présentés, que le député de et le caucus du NPD ont présentés également.
Je tiens à commencer par quelques citations. « L'humanité se livre sans frein à une expérience inconsciente qui touche l'ensemble du globe et dont les conséquences définitives ne le céderaient en rien sinon à une guerre nucléaire mondiale. » Ces propos sont tirés du résumé du rapport scientifique consensuel d'une conférence ayant eu lieu à Toronto en juin 1988, lorsque le Canada était un chef de file en matière de changements climatiques, travaillant avec l'Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l'environnement. À l'époque, les données scientifiques envoyaient clairement des avertissements, et ces avertissements sont toujours aussi clairs aujourd'hui.
C'était en 1988. Pendant des dizaines d'années, nous aurions pu stopper les changements climatiques et agir avant que les glaciers ne se mettent à fondre, avant que l'Arctique ne nous file entre les doigts, avant que les forêts ne s'envolent en fumée, avant les sécheresses, les réfugiés climatiques et les tornades à Ottawa. Cette chance nous a été offerte dans les années 1990 et nous l'avons ratée. Nous aurions pu nous reprendre pendant la première décennie du XXIe siècle, mais chaque fois que les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme, la société a préféré faire la sourde oreille.
Je suis de plus en plus convaincue que la vision à court terme des partis politiques — et partout dans le monde, pas seulement au Canada — constitue le principal problème. Où sont passés l'audace et le courage? Les politiciens sont entourés de gens qui leur disent: « Vous ne gagnerez jamais d'élections en disant la vérité aux gens. Vous ne pouvez pas leur dire qu'il leur faudrait renoncer au moteur à combustion interne et laisser les combustibles fossiles dans le sol. Voulez-vous leur dire ça? Politiquement, ce ne sera pas très payant. »
Si nous agissions en adultes, nous regarderions les faits en face, notamment sur le plan scientifique, et nous prendrions la résolution de ne pas faire la sourde oreille une fois de plus parce que, cette fois-ci, les scientifiques nous disent qu'une augmentation de 1,5 degré aura des conséquences beaucoup plus dangereuses que prévu. Al Gore a déjà dit que, si nous laissons la crise climatique suivre paisiblement son cours, nous aurons un aperçu bien réel de l'apocalypse.
Nous avons permis aux émissions de gaz à effet de serre de s'accumuler dans l'atmosphère à un point tel que nous en avons déjà modifié la composition chimique. Nous ne pourrons jamais revenir en arrière. Nous sommes en train de quitter la période qui a permis à la civilisation humaine de s'implanter. Nous nous sommes levés et nous avons commencé à marcher sur deux jambes, et en une durée de vie géologique, nous avons réussi à dominer la planète. En un clin d'oeil, l'humain s'est mis à dominer la planète. Nous entrons dans l'ère de l'Anthropocène. Ce que nous faisons à un plus grand effet que toute autre chose sur la planète. On nous dit maintenant, à l'ère de l'Anthropocène, que l'espèce ingénieuse que nous sommes, les homo sapiens, n'a que 10 à 12 ans pour rapidement mettre un terme aux émissions de gaz à effet de serre, multiplier les projets de séquestration de carbone et reboiser le plus de forêts possible. Nous devrons aussi en faire davantage si nous voulons que la température moyenne mondiale n'augmente pas plus de 1,5 degré Celsius par rapport à ce qu'elle était avant la révolution industrielle.
Certaines parties du rapport auraient pu être bien pires. Nous le savons en raison de ce qu'ont dit les gens qui faisaient partie des négociations du GIEC. Il est important de ne pas oublier qu'il s'agit du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Certes, il est composé de scientifiques, mais ils ont été nommés par des gouvernements et il s'agit d'un document négocié. La pression exercée par les États-Unis et l'Arabie saoudite a entraîné la suppression de certaines parties du rapport qui nous auraient prévenus encore davantage. Si nous ratons la cible de 1,5 degré Celsius, ce n'est pas bon et c'est ce que dit le rapport. Toutefois, si nous atteignons les 2 degrés Celsius, la situation est encore plus périlleuse. Ils ont éliminé la partie sur le réchauffement planétaire effréné. Nous ne savons pas quand nous allons atteindre le point de basculement d'accélération effrénée irréversible. À ce moment-là, les conséquences ne nous obligeront pas simplement à affronter de mauvaises conditions météorologiques, mais également à nous préparer à l'extinction de millions d'espèces. Même si l'humain peut s'accrocher à la vie pour le moment, la civilisation humaine peut-elle vraiment survivre dans un monde où la hausse de la température sera de 4, 5, 6 ou 7 degrés Celsius? La réponse est non.
Nous avons une seule chance de réaffirmer que nous étions sincères à Paris, que nous allons limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à au plus 1,5 degré Celsius. Le rapport spécial du GIEC annonce de bonnes nouvelles: aucun élément physique, géologique ou géochimique, ni d’ordre technique ou économique, ne peut nous empêcher d’atteindre le but que nous nous sommes fixé de protéger l’avenir de nos enfants, non pas des futures générations, de façon hypothétique, mais de celui des enfants d’aujourd’hui. Je veux parler de mes petits-enfants que je borde à l'heure du coucher et qui ne sont pas des enfants imaginaires. Nous connaissons tous ces enfants; ce sont nos enfants. Nous avons une seule chance de garantir que tout au long de leur vie, ils profiteront de la même biosphère hospitalière qui a soutenu l’humanité depuis ses débuts.
Il ne s’agit pas ce soir de débattre du plan actuel du Canada concernant le carbone ou le climat. Il ne s’agit pas d’un débat sur le statu quo. Il ne s’agit pas de marquer des points pour ce qu’un parti ou un autre a fait. Nous sommes ici en tant qu’êtres humains, élus par nos concitoyens qui savent pertinemment que si nous ne modifions pas notre façon d’agir en tant qu’espèce, un monde inimaginable nous attend. La bonne nouvelle est que nous avons encore une chance de nous sauver.
La situation me fait de plus en plus penser aux cinq jours en mai 1940 où Winston Churchill, entouré de gens comme lord Halifax et M. Chamberlain, a déclaré: « Il faut se rendre à l'évidence. Nous ne pouvons pas ne pas défendre cette île. Les nazis envahissent. Toute notre armée est coincée à Dunkerque. Il y a 300 000 hommes et nous ne pouvons pas les évacuer parce qu'il n'y a aucun moyen de le faire. » Ils se sont assis et se sont avoués vaincus. C'est dans de tels moments que le véritable leadership politique se fait connaître. C'est à cette occasion que nous avons besoin que le aille négocier en Pologne ou envoie la à sa place et dise: « Nous intensifions nos efforts. Nous allons secourir tout le monde. Nous serons les héros de notre propre histoire. Nous allons faire ce que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat juge nécessaire, c'est-à-dire réaliser des réductions de 45 % d'ici 2030. » M. Churchill, qui était évidemment entouré de détracteurs, a pensé à une solution miraculeuse qui était clairement irréalisable. Il a demandé: « Combien de navires civils y a-t-il à Douvres? Nous pourrions utiliser ces embarcations civiles pour traverser la Manche et secourir plus de 300 000 hommes. » Vraiment? C'était difficilement plausible.
Aujourd'hui, nous devons, de la même façon, nous rendre à l'évidence. Il faut dire aux Canadiens que nous n'avons pas perdu espoir et qu'ils ne doivent pas désespérer ou penser qu'il est trop tard. Ils ne doivent pas tourner le dos aux rapports du groupe d'experts. Ils ne doivent pas paniquer parce qu'on ne peut plus respirer en Colombie-Britannique en été en raison des feux de forêt. Ils ne doivent pas baisser les bras. Nous nous rallierons et nous mobiliserons l'ensemble des petites et des grandes villes, des groupes canadiens, des clubs Rotary et des groupes religieux, et nous informerons les détracteurs qui pensent que les changements climatiques sont un prétexte pour imposer une ponction fiscale, qu'ils font obstacle à l'avenir de la nation et qu'ils doivent s'enlever du chemin.
Malheureusement, nous devons aussi dire à notre propre que ce n'est pas vrai que nous ne pouvons pas changer notre cible avant cinq ans. L'Accord de Paris énonce clairement que tout pays peut, en tout temps, remplacer sa propre cible. Dans le rapport du GIEC, nous pouvons lire que la cible du Canada est environ 50 % trop faible. Nous devons faire deux fois mieux. Je sais que c'est difficile, mais que ne ferions-nous pas pour la vie de nos enfants? Pourquoi ne pas acquiescer à la demande d'aller à la COP24 pour y dire que nous n'attendrons pas cinq ans avant de changer notre cible? La ministre nous a dit que nous allons attendre jusqu'en 2023; c'est impensable. Elle vient de nous dire de « lire entre les lignes ». Aux prochaines négociations sur les changements climatiques, nous devons agir en tant que chef de file mondial en ce qui concerne les cibles que nous devons atteindre. Nous devons demander aux autres pays où ils en sont avec leur cible, leur objectif, car nous n'avons pas l'intention de dire à nos enfants que notre espèce est vouée à l'extinction. Nous n'en arriverons pas là, car nous sommes des êtres humains responsables. Nous sommes des parlementaires canadiens et, ensemble, nous pouvons suivre le chemin que nous a tracé la science du monde.
Le temps joue contre nous. L'histoire joue contre nous. Or, nous avons intérêt à jouer dans la même équipe, bonté divine. Nous ferions mieux de saisir cette chance et d'atteindre notre cible.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'honorable députée de Saint-Hyacinthe—Bagot.
Je suis honorée de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui sur le sujet le plus important de notre ère, alors que nous nous penchons sur le rapport du GIEC. En fait, 91 scientifiques se sont penchés sur 6 000 rapports scientifiques et ils sonnent encore une fois l'alarme. Ce n'est pas la première fois que les scientifiques du GIEC sonnent l'alarme pour dire à tous les gouvernements de la planète qu'il est temps d'agir et qu'il est minuit moins une. À vrai dire, il est minuit et cinq. On dit que dans 10 ou 12 ans, on va frapper le mur.
J'ai écouté une entrevue avec Aurélien Barrau, un scientifique français, qui disait que l'impact était inévitable, mais qu'il n'était pas trop tard pour réduire les effets dramatiques que cela va entraîner. Plus on attend pour mettre en place des mesures pour contrer les changements climatiques, pire ce sera. Il faut que les changements soient rigoureux dès aujourd'hui, le 15 octobre 2018, pour préserver ma génération et les prochaines générations.
On ne prend pas les décisions qu'il faudrait prendre aujourd'hui, voire celles qu'il aurait fallu prendre il y a 10 ou 20 ans, et ce sont les jeunes de mon âge et nos enfants qui seront les plus pénalisés. Cela me démoralise, en tant que jeune Canadienne, car il est question de notre air, de notre eau et de notre planète. Je ne peux pas croire qu'en 2018, comme élue fédérale, je ne sois pas en mesure d'influencer davantage le débat à la Chambre des communes.
On entend des chiffres catastrophiques sur à peu près tout. Un document de 730 pages a été publié dimanche dernier pour sonner l'alarme. Un appel à l'action urgent du GIEC nous dit que c'est le moment ou jamais d'agir et que l'humanité pourrait s'éteindre si on ne fait rien. Qu'est-ce qu'on attend? J'ai du mal à y croire. On nous dit que le réchauffement climatique a déjà atteint 1 degré Celsius. Si on ne fait rien, c'est-à-dire si on ne fait que réduire de 45 % nos émissions de gaz à effet de serre, on ne pourra éviter la catastrophe d'ici 2030, soit dans moins de 12 ans. C'est demain, 2030. Qu'est-ce que cela va prendre pour que le gouvernement agisse?
Il y a quelques mois, le gouvernement a acheté un pipeline à 4,5 milliards de dollars avec l'argent des contribuables. Peu importe d'où vient l'argent, on a acheté un pipeline pour tripler la production de pétrole à partir des sables bitumineux, alors qu'on vient de signer l'Accord de Paris et qu'on dit qu'il faut faire tous les efforts pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Comment se fait-il qu'on ait acheté cela?
On dit qu'il faut limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Quand les gens entendent ces chiffres, 1 degré Celsius, 1,5 degré Celsius ou 2 degrés Celsius, ils se demandent ce que cela signifie concrètement. On n'a qu'à penser aux canicules interminables qu'on a vécues cet été. Les agriculteurs, ceux qui nous nourrissent trois fois par jour — on l'espère pour tout le monde — nous disent que cela a été le pire été depuis 50 ans. Ce sont eux qui permettent à l'humanité de vivre. S'ils nous disent avoir des récoltes difficiles, on a là un effet assez concret des changements climatiques.
Dernièrement, il n'y a même pas un mois, six tornades ont frappé la région de la capitale nationale, Hull et Ottawa. C'est du jamais-vu, et on n'arrête pas d'entendre des histoires pareilles: des séismes à Haïti, des tsunamis, des inondations, des feux de forêt en Colombie-Britannique, etc.
Comment se fait-il qu'on ne réagit pas plus et qu'on ne se dit pas qu'il faut passer à l'action? Le gouvernement parle de changer certaines voitures pour des voitures électriques. Cela prend plus que changer une voiture pour une autre voiture. Cela nécessite un changement de mode de vie, de mentalité. Les comportements doivent changer, et cela ne se fait pas à coup de 1 voiture, 1 000 voitures ou 100 000 voitures. C'est ridicule. Ce n'est même pas 1 % de la flotte au Québec. Qu'est-ce que cela prend de plus?
Les rapports successifs de la commissaire à l'environnement depuis deux ou trois ans nous disent que le gouvernement actuel et le gouvernement des dix années précédentes n'ont pas réduit les subventions aux combustibles fossiles. Je pense que ce sont 3 milliards de dollars qui sont versés chaque année aux combustibles fossiles, alors que nous devons réduire notre dépendance. C'est un non-sens. Qu'est-ce qu'on ne fait pas?
Sur 19 ministères fédéraux, il y en a 14, dont le ministère de l'Environnement, qui n'ont pas de plan pour s'adapter aux changements climatiques. C'est ridicule. Ce n'est pas ridicule, c'est absurde. On ne peut pas dire qu'on travaille sur la scène internationale pour devenir un leader mondial alors que même le ministère de l'Environnement n'est pas foutu de se doter d'un plan pour s'adapter aux changements climatiques. On se donne des objectifs qu'on dit ambitieux mais qui sont calqués sur ceux des conservateurs. On a dit des conservateurs qu'ils méritaient le prix fossile à deux reprises. On n'est même pas foutu de dire qu'on est en voie d'atteindre ces cibles. Pourquoi? C'est entre autres parce qu'on n'a pas de modélisation ni d'analyse sur des plans qu'on pourrait mettre en application. Personne ne travaille à mettre en application des plans pour qu'on puisse atteindre les objectifs.
Nous avons accueilli chez nous le scientifique Normand Mousseau, de l'Université de Montréal, au Québec, qui disait que le Canada n'a pas de plan. Non seulement, il n'y a pas de plan, il n'y a même pas d'évaluation sur comment il va atteindre ses objectifs. Si on ne peut pas évaluer les progrès et réajuster le tir, comment peut-on savoir qu'on va atteindre nos foutues cibles? C'est impossible. Les scientifiques disent que c'est de la poudre aux yeux et que ce sont, encore une fois, des beaux mots sans aucune réelle intention de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Comment va-t-on y arriver? Comment va-t-on faire en sorte qu'il n'y ait pas entre 200 000 et 1 milliard de réfugiés de la planète d'ici 30 ans? D'ici 30 ans, je serai encore vivante. J'aurai 66 ans et ma fille aura 34 ans. Est-ce que je veux vraiment que nous vivions cela?
Ce n'est pas moi qui le dis. Aurélien Barrau, un scientifique, dit que dans 30 ans, on risque peut-être de vivre une guerre parce que les gens n'auront plus de territoire. On voit déjà des pays fermer leurs frontières à des immigrants pour plusieurs raisons. Il y a des discours de haine et de peur. Chez nous aussi, des gens veulent qu'on ferme les frontières aux réfugiés. Ce seront des réfugiés climatiques. Ce ne seront plus 1 000 ou 2 000 réfugiés de plus par mois ou par année. Ce seront des millions de réfugiés de plus par année à cause des changements climatiques. Si on ne fait rien, ce ne sera pas l'économie de certaines villes ou de certains pays qui sera touchée, ce sera l'économie mondiale.
Le coût de l'inaction est pire que celui d'intervenir et d'agir pour mettre des plans en application. De grâce, ne faisons pas un débat d'urgence juste pour les apparences et pour dire que nous avons fait un débat. Sinon, il y aura plus de tornades, plus de sécheresses, encore plus de problèmes en agriculture, et encore plus de problèmes avec les transports et l'engorgement de nos routes et autoroutes. Il y aura plus de gens atteints de maladies. On a parlé de la maladie de Lyme cet été, qui a fait un nombre de victimes record, parce que les changements climatiques font que la tique porteuse de cette maladie continue de grimper. En Montérégie cette réalité a été frappante et malheureuse. Des enfants en souffrent et ne peuvent même pas se faire diagnostiquer au pays, parce que les médecins ne disposent pas de l'information nécessaire. Cela a des impacts majeurs dans toutes les sphères.
On ne devrait pas juste avoir un ministère de l'Environnement et il devrait travailler avec le ministère des Finances comme cela se fait dans d'autres pays, en Allemagne, par exemple.
Il faut qu'on intervienne de façon concertée, qu'on arrête de travailler en vase clos et qu'on travaille avec les preuves scientifiques.
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Monsieur le Président, si ce débat a lieu ce soir, c'est parce que le rapport du GIEC nous indique que nous devons en faire deux fois plus, et vite. Nous sommes ici ce soir pour nous dire que nous devons avoir du courage politique. Nous ne sommes pas ici ce soir pour nous dire que ce que nous faisons est suffisant. Nous sommes ici ce soir pour nous dire que nous devons donner un coup de barre.
Mes collègues du NPD le savent, je suis une éternelle optimiste. Je vais donc raconter une histoire, celle d'élus qui ont eu du courage politique. Avant d'être députée, j'ai été conseillère municipale à la Ville de Saint-Hyacinthe pendant six ans. J'étais la présidente du Comité consultatif en environnement. J'étais donc aux premières loges pour observer une municipalité qui a décidé d'avoir du courage politique devant le changement climatique.
Je suis arrivée au conseil municipal en 2009. Le conseil municipal précédent avait décidé de son propre chef d'investir 10 millions de dollars. Pour une municipalité de 50 000 habitants, investir 10 millions de dollars, sans subvention, cela demande du courage politique. Le conseil municipal avait donc décidé d'investir pour se doter d'un biodigesteur afin de transformer les boues d'épuration en biogaz.
Je venais d'être élue et j'ai pu entrer dans un biodigesteur pour voir comment cela fonctionne de l'intérieur. Le procédé est tout simple. La Ville de Saint-Hyacinthe a décidé de transformer les matières organiques en biogaz. Il suffit de mettre les matières organiques dans un silo avec de l'eau. Le biogaz produit chauffe les tuyaux d'eau chaude autour du silo qui chauffent le tout. Ensuite, les bactéries font le travail.
Saint-Hyacinthe est une technopole agroalimentaire. Elle pratique la collecte à trois voies depuis plus de 10 ans. Les citoyens ont donc déjà l'habitude de récupérer les matières organiques. Cependant, la municipalité s'est aperçue que nous avions également plusieurs industries qui produisaient des matières organiques, du lactosérum dans le cas de celles qui produisent du fromage et du yogourt, ou du gras animal dans celui des abattoirs. Ainsi, la municipalité avait beaucoup de matières premières et pouvait aller beaucoup plus loin. La Ville de Saint-Hyacinthe et ses employés sont donc allés visiter des usines de biométhanisation en Allemagne. Ils ont tout inventé à l'interne. Ils ont évidemment reçu l'aide des gouvernements provincial et fédéral, mais il s'agit tout de même d'un projet de plus de 80 millions de dollars pour une municipalité de 56 000 habitants, et ça, c'est du courage politique.
Nous devons opter pour les énergies renouvelables. Comme on l'a dit plus tôt aujourd'hui, nous devons changer nos habitudes. À Saint-Hyacinthe, les citoyens ont changé leurs habitudes en récupérant les matières organiques. Les entreprises ont changé leurs habitudes en établissant des procédures qui séparent les matières organiques des autres déchets et en les apportant ensuite à l'usine de biométhanisation. Les employés municipaux ont changé leurs habitudes.
On l'a bien dit, les gouvernements doivent avoir des visions transversales afin de faire face aux changements climatiques. À Saint-Hyacinthe, les secteurs des finances, de l'environnement, des travaux publics et de l'urbanisme ont tous travaillé ensemble afin de mener à bien ce projet. Aujourd'hui, cette municipalité de 56 000 habitants possède la cinquième usine de biométhanisation au monde. Saint-Hyacinthe est la première municipalité de l'Amérique du Nord à en avoir une. C'est ça, avoir du courage politique, se mettre ensemble pour réussir un projet qui semble impossible au départ. C'est ça, avoir du courage politique, et c'est comme ça qu'on peut changer des habitudes.
Il ne faut pas se dire que toutes les municipalités vont faire comme Saint-Hyacinthe, ce n'est pas cela. Plus tôt, j'entendais dire que les autres pays faisaient comme ceci ou comme cela; eh bien non. Il faut se demander comment on peut mieux agir compte tenu de ce qu'on est et de ce qu'on a.
Saint-Hyacinthe a pu le faire de cette façon-là parce que, en tant que technopole agroalimentaire, elle a de la matière organique comme peu de municipalités peuvent en avoir. Il faut que chacun, chaque gouvernement, chaque citoyen, chaque entreprise se demande ce qu'il peut faire à la lumière de qui il est, de ce qu'il a et de sa volonté d'agir.
Le NPD a choisi, clairement, de donner la priorité à l'environnement. Samedi dernier, j'étais à notre congrès de la section Québec, où nous avons affirmé combien l'environnement est une priorité. C'était le thème de la journée. Nous avons parlé de Saint-Hyacinthe et de son projet de biométhanisation pour lancer le message aux autres municipalités qu'elles peuvent faire des projets semblables, qu'elles peuvent opter pour des énergies renouvelables. Il faut y penser maintenant.
On dit souvent qu'on ne peut pas aller tout de suite vers les énergies renouvelables étant donné toutes les autos qui sont sur nos routes. C'est penser comme hier. Si on veut amorcer dès maintenant la transition, il faut penser à quand il y en aura moins et à quand on pourra les faire fonctionner au biogaz. À Saint-Hyacinthe, le biogaz produit alimente le parc de véhicules municipaux qui fonctionnent au biogaz. Le biogaz chauffe les édifices municipaux. Éventuellement, ce biogaz va servir à tous les autobus de la région. En plus, on a des surplus qu'on vend à des vendeurs de gaz naturel. Ce qui était une dépense à l'origine pour la Ville de Saint-Hyacinthe, c'est-à-dire le fait de disposer de boues d'épuration, à terme, sera une source de revenus importants qui va permettre à la Ville d'aller encore plus loin dans les énergies renouvelables et de penser à d'autres projets. C'est comme cela qu'il faut penser et c'est comme cela qu'il faut se demander ce qu'on peut faire de possible et d'impossible.
C'est là où nous sommes rendus et c'est la raison du débat de ce soir. Cela m'attriste d'entendre la dire que c'est tellement extraordinaire ce qu'on fait. Non, ce ne l'est pas. J'aurai plutôt aimé l'entendre dire, ce soir, qu'elle avait le goût de faire plus à la lecture de ce rapport.
Elle disait qu'elle avait entendu des groupes et rencontré des organisations. Tout cela est bien beau, mais j'aurais aimé l'entendre dire qu'elle avait été ébranlée par le rapport, qu'elle voulait en faire plus et qu'elle voulait aller plus loin. C'est ce que j'aurais aimé entendre ce soir.
Il faut sortir de ce débat en nous disant que oui, nous allons aller plus loin et que oui, nous voulons le faire. Au NPD, c'est très clair que nous voulons donner la priorité à l'environnement et que nous allons être du côté d'un gouvernement qui veut être audacieux.
Nous allons demander ce que nous pouvons faire pour aider et nous asseoir avec les différentes provinces et comment faire pour que cela redescende dans nos circonscriptions. Nous allons demander comment nous pouvons mobiliser les citoyens, les aider et les convaincre de changer leurs habitudes. Oui, ce sera grâce à plein de petits gestes mis ensemble que nous pourrons aller beaucoup plus loin.
Ce goût d'en faire plus, je ne l'ai pas tellement entendu ce soir. J'aimerais l'entendre encore plus. Le débat n'est pas fini, je laisse encore la chance à mes collègues. Nous avons encore le temps et nous pouvons continuer. Il faut avoir ce courage politique. Au NPD, nous l'avons clairement, parce que nous donnons la priorité à l'environnement et nous allons présenter un plan pour aller vers une économie plus verte.
Il faut vraiment penser à tout notre fonctionnement comme société. Plus tôt, ma collègue que j'admire beaucoup parlait de projet de société. Je suis une éternelle optimiste, je l'ai dit d'entrée de jeu. Je pense que les gens ont le goût qu'on leur donne un projet de société qui les fait vibrer. Je pense que les gens ont le goût d'entendre des politiciens qui ont une vision. C'est ce qui m'a amené en politique parce que j'étais désolée du cynisme des gens vis-à-vis notre démocratie et nos politiciens.
Je pense que si nous avons une vision, si nous avons un projet de société et si nous savons inspirer nos concitoyens, ils vont nous suivre dans des choix audacieux qui nous permettront de faire face à nos obligations et de faire face aux changements climatiques.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux d'intervenir à la Chambre ce soir dans le cadre du débat d'urgence sur les changements climatiques. Je vais d'abord parler du rapport qu'a publié la semaine dernière le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC. Le GIEC vise à fournir au monde une opinion scientifique objective sur les changements climatiques et sur leurs répercussions politiques et économiques. Nous savons donc que les conclusions de ce rapport ont une valeur certaine. Les auteurs du rapport ont confirmé que nous sommes la première génération à ressentir les effets des changements climatiques et aussi la dernière génération à pouvoir en enrayer la progression.
Il ne s'agit pas vraiment de faits nouveaux. Nous sommes conscients de l'urgence de la situation environnementale depuis un certain temps déjà, et c'est pourquoi nous prenons des mesures pour protéger l'environnement et pour lutter contre les changements climatiques.
Comment nous y prenons-nous? Dans le budget de 2018, nous nous sommes réengagés à préserver et à protéger les milieux naturels du pays et à lutter contre les changements climatiques. Ce même budget allouait 1,3 milliard de dollars à la conservation de la nature, ce qui en fait le plus important investissement du genre de toute l'histoire canadienne. Le gouvernement fédéral fournira également la moitié du milliard de dollars nécessaire à la création du Fonds de la nature en collaboration avec les provinces, les territoires, des organismes à but non lucratif, des entreprises et divers partenaires. Ce fonds nous permettra de préserver des terres privées, de soutenir les efforts de protection des espèces que déploient les provinces et les territoires et d'aider les peuples autochtones dans la conservation de leurs terres et des espèces qui y vivent.
Que dire du Plan de protection des océans et de son budget de 1,5 milliard de dollars? Ce plan, qui permettra d'améliorer la sécurité du réseau maritime national, de rétablir les écosystèmes marins et d'investir dans de nouveaux procédés de nettoyage, n'a son pareil nulle part dans le monde. Le budget de 2018 prévoyait aussi un investissement de 1,4 milliard de dollars dans le Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone, qui servira à favoriser la croissance verte et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le 8 février, le gouvernement a aussi présenté le projet de loi afin de corriger les lacunes du régime actuel d'évaluations environnementales. Grâce à cette mesure législative, le gouvernement renforcera les règles présidant à l'étude des grands projets de manière à mieux protéger l'environnement, les poissons et les cours d'eau, à regagner la confiance des peuples autochtones et à mieux respecter leurs droits, ainsi qu'à consolider nos assises économiques et à favoriser les investissements. Pour en faciliter la mise en oeuvre, nous avons affecté un montant de 1 milliard de dollars dans le budget de 2018 aux nouvelles évaluations environnementales qui y sont prévues et à la Régie canadienne de l'énergie.
Nous tenons à ce que les Autochtones puissent participer à ce débat politique sur l'environnement. C'est une de nos grandes priorités. Nous adoptons des mesures rigoureuses pour veiller à la tenue de consultations adéquates avec les Premières Nations, selon les directives de la cour, sur la question de l'environnement et de la protection du patrimoine. À cette fin, le gouvernement libéral a participé à la mise sur pied d'un comité consultatif et de surveillance autochtone, qui permet à des représentants autochtones d'exercer une surveillance sur les projets en cours touchant l'environnement. Il a en outre établi un partenariat de parcours économiques qui facilitera l'accès des Autochtones et des communautés autochtones aux programmes fédéraux existants qui peuvent les aider à tirer parti des possibilités économiques.
À la suite de consultations, nous avons pu, après des discussions, parvenir à un accord avec 43 communautés, qui ont signé des ententes sur les avantages mutuels avec les promoteurs du projet d'expansion du pipeline Trans Mountain, dont 33 en Colombie-Britannique. Ce sont donc au total 43 communautés des Premières Nations qui tireront parti de l'utilisation proposée de leur territoire pour le projet d'expansion du pipeline Trans Mountain.
Nous avons entrepris tous ces projets en menant des consultations exhaustives et en bonne et due forme auprès des Autochtones. La cour nous a fait part des lacunes de ces consultations et nous sommes bien déterminés à revenir sur celles-ci et à entamer un dialogue sérieux pour bien cerner les besoins des Autochtones et en tenir compte.
Nous remplissons aussi la promesse de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Je pense que cela mérite d'être abordé. La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones présente de nombreuses demandes, notamment permettre aux communautés autochtones de faire ce qui leur a été interdit pendant 400 ans, à savoir exploiter les ressources abondantes qui se trouvent sur leurs territoires. Voilà ce que nos politiques changent. Voilà l'objet de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Nous contribuons également à inciter les entreprises à procéder à des modernisations positives et écologiques. Nous prolongeons le soutien fiscal pour les investissements dans l'énergie propre. C'est essentiel. Je parle maintenant non seulement à titre de , mais aussi à titre de député de à Toronto, en Ontario. Le gouvernement provincial actuel de l'Ontario abandonne son appui aux rénovations vertes. En revanche, nous avons prévu 123 millions de dollars dans le budget de 2018 pour prolonger le programme de prestations fiscales de 2020 à 2023. Ce programme appuie et favorise l'adoption de matériel écoénergétique et c'est exactement ce que veulent les Ontariens et, d'ailleurs, toutes les entreprises du Canada.
L'étape la plus importante que nous ayons franchie jusqu'à maintenant a été de tarifer la pollution. Nous avons fixé un prix national sur la pollution causée par le carbone qui sera appliqué par toutes les provinces qui n’auront pas mis en oeuvre de régime d’ici le 1er janvier prochain. C’est essentiel, parce que les pollueurs doivent payer. Il faut le répéter et les députés l’entendront à maintes reprises de ce côté-ci de la Chambre. Les pollueurs doivent payer.
De nombreux pays l’ont compris. Toutefois, certains leaders provinciaux ont malheureusement décidé de ne plus agir. Saskatoon a dit non, le Manitoba s’est retiré du régime de tarification et désormais, au grand désarroi des citoyens de ma circonscription, le premier ministre de l’Ontario a annoncé également qu’il se retirait de la lutte contre les changements climatiques. Ce n’est rien d’autre qu’un déni de responsabilité qui menace l’avenir de l’Ontario et, en fait, celui du pays tout entier. En annulant le régime de plafonnement et d’échange, le gouvernement ontarien a annulé en même temps 700 contrats liés aux énergies renouvelables. Au niveau fédéral et de ce côté-ci de la Chambre, notre réponse est toutefois simple. Nous restons fermement engagés à faire payer les pollueurs.
Pour les provinces mettant en oeuvre un système explicite fondé sur le prix, ce dernier doit commencer à un minimum de 10 $ par tonne en 2018 et augmenter jusqu’à 50 $ par tonne d’ici 2022.
Dans l'ensemble, notre plan comprend 50 engagements. Nous demeurons résolus à atteindre ces cibles. Il est important de souligner que, de ce côté-ci de la Chambre, nous axons nos efforts sur l'atteinte de nos objectifs. Nous ne faisons pas seulement en parler, contrairement à certains députés qui ne cessent d'exprimer leur opinion au sujet de notre plan, mais qui n'ont toujours pas proposé de stratégie pour lutter contre les changements climatiques.
L'argument selon lequel la tarification de la pollution nuit à la croissance économique est entièrement faux. L'argent recueilli grâce à la tarification de la pollution est remis aux habitants et aux gouvernements provinciaux. Ainsi, la tarification de la pollution n'a aucune incidence sur les recettes. Pensons à la Colombie-Britannique, par exemple, qui a dévoilé son propre plan de tarification du carbone, en promettant la même chose: la taxe n'aurait aucune incidence sur les recettes en 2008, et chaque dollar recueilli serait remis aux Britanno-Colombiens sous forme de réductions fiscales. Les statistiques indiquent que c'est exactement ce qui s'est produit. La première année, la tarification du carbone a permis à la Colombie-Britannique d'amasser 307 millions de dollars, et 315 millions de dollars ont été remis aux habitants sous forme de recettes. L'année suivante, on a redonné, net, plus de 180 millions de dollars de plus que ce qui avait été perçu.
D'après les travaux de Dave Sawyer, un économiste environnementaliste chez EnviroEconomics, dans ce scénario, la plupart des ménages, à tous les niveaux de revenu, recevraient du gouvernement fédéral un montant qui dépasserait — oui: dépasserait — l'accroissement des dépenses causé par la hausse des prix dans l'économie. Une étude menée sur trois provinces laisse entendre qu'un tel plan favoriserait les ménages, notamment ceux à plus faible revenu. Le montant versé aux ménages augmenterait avec le temps, suivant directement la tarification sur le carbone, qui sera de 20 $ la tonne en janvier, mais qui atteindra 50 $ la tonne en 2022.
Pour le temps qu'il me reste, j'aimerais réaffirmer que l'idée de considérer que l'environnement et l'économie vont de pair n'a rien de partisan. En effet, le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain a pu être approuvé uniquement grâce au leadership de certains premiers ministres néo-démocrates, dont Rachel Notley, en Alberta, qui a insisté pour mettre en place un régime de tarification du carbone et un plafond des émissions liées à l'extraction des sables bitumineux. Le premier ministre Horgan, en Colombie-Britannique, appuie également la construction d'infrastructures destinées à l'exploitation des ressources naturelles afin de stimuler l'économie. En effet, il s'emploie activement à faire construire une raffinerie de gaz naturel liquéfié à Kitimat, en Colombie-Britannique, afin que la province puisse exporter cette ressource vers d'autres marchés. Grâce à l'accord sans précédent qui a été conclu avec le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique et les communautés autochtones de l'Ouest, en vue de la construction d'une raffinerie de gaz naturel liquéfié — la plus propre du monde dans ce secteur —, on pourra créer des emplois pour les Autochtones et aider nos alliés asiatiques, dont la Chine et l'Inde, à réduire leur consommation de charbon, une source d'énergie polluante, pour assurer leur transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Comme nous le savons, et comme l'ONU l'a souligné dans son étude, la semaine dernière, le problème des changements climatiques est pressant non seulement au Canada, mais à l'échelle mondiale. C'est un problème mondial qui commande une solution de même envergure. Nous devons penser à des solutions mondiales, mais aussi agir à l'échelle locale.
Je vais conclure sur une remarque au sujet des résidants de ma circonscription, Parkdale—High Park, qui se soucient énormément de l'environnement. Ils ont exprimé leur consternation à l'égard des gestes du premier ministre Ford, et ils demandent au gouvernement fédéral de renouveler ses efforts. Nous sommes déterminés à trouver une façon de répondre aux préoccupations environnementales des résidants et des entreprises de l'Ontario, et nous sommes fermement résolus à lutter contre les changements climatiques. C'est l'engagement que nous prenons ici et qui est au coeur du débat de ce soir.
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Madame la Présidente, je remercie mon collègue de Parkdale—High Park de partager son temps de parole avec moi.
Je vais prendre part à la discussion de ce soir d'abord et avant tout parce que, comme représentante d'une circonscription où les citoyens suivent de très près les questions qui touchent les changements climatiques, je sens qu'il est de mon devoir de faire part de leurs préoccupations à la Chambre. Je vais essayer de concilier l'urgence de prendre acte du rapport des Nations unies et de faire tout ce que nous pouvons, comme gouvernement et comme pays, pour faire face à ces changements climatiques et la nécessité de tenir compte de tous les points de vue, puisque nous vivons dans une société démocratique.
Je suis un peu estomaquée d'entendre des gens nier les changements climatiques. Je pensais qu'on avait dépassé ce stade. Les changements climatiques sont prouvés, ils sont réels. On n'en est plus à chercher les preuves scientifiques, on en est à s'entendre sur la façon dont on va arrêter ce réchauffement qui s'annonce beaucoup plus important qu'on ne le pensait. Malheureusement, nous avons tous compris qu'il était impossible de le renverser.
Cet été, la manifestation de ces changements climatiques nous a semblé flagrante. Nous avons eu un été extrêmement chaud, particulièrement dans l'Est du Canada, un été très sec qui a causé quelques maux de tête à tous nos producteurs agricoles. Il était très plaisant pour ceux qui aiment la chaleur et les piscines, mais c'était un défi important pour ceux qui produisent la nourriture qui nous alimente tout au long de l'année.
Aujourd'hui, à la période des questions, j'ai été choquée d'entendre un député de l'opposition se plaindre des neiges précoces en Alberta et en Saskatchewan qui mettent en péril les récoltes de céréales, puis demander l'élimination du prix sur la pollution. Comment peut-on ne pas comprendre pas que ces neiges précoces en Alberta et en Saskatchewan sont précisément causées par un réchauffement climatique incontrôlable? À l'heure actuelle, il n'y a aucune façon d'aider les agriculteurs à faire face à ces intempéries impossibles à prévoir.
Comment peut-on être aussi incohérent dans la même question? Comment peut-on à la fois demander d'éliminer le prix sur la pollution et demander d'aider les agriculteurs à faire face aux neiges précoces causées par les changements climatiques? Il y a une incohérence importante dans ce discours.
Notre gouvernement met en oeuvre un plan. Il ne sera pas immédiat, puisqu'il est à peu près impossible de gérer ce genre de changement dans une société comme la nôtre du jour au lendemain. Cependant, depuis trois ans, la ministre et tout le gouvernement font des efforts incroyables pour transformer l'économie canadienne.
Après 10 ans de négligence, il faut investir dans l'énergie verte, dans le transport en commun et dans les infrastructures vertes partout au pays. Je le vois dans ma circonscription, où nous avons reçu un investissement significatif du gouvernement fédéral pour la construction d'un train électrique qui va nous relier non seulement à l'île de Montréal, mais aussi à l'aéroport. Ce sont de telles initiatives qui vont possiblement nous aider à arrêter le réchauffement de la planète.
Je pense que le but de ce débat d'urgence est de s'échanger des idées et des façons de contrôler le réchauffement de la planète. Nos collègues conservateurs ont beaucoup parlé du prix sur la pollution. Peut-on s'entendre pour dire que ce serait une des façons d'arrêter le réchauffement la planète? Il y a plein d'autres idées.
J'en ai entendu une ce matin qui m'a paru un peu farfelue. Quelqu'un a lancé l'idée de revenir au rationnement qui se faisait pendant les guerres, surtout la Deuxième Guerre mondiale, qui a permis de contrôler la consommation d'énergie, de nourriture, de tout. Cela baisse automatiquement les productions. Est-ce que c'est une solution? Ce n'est pas à moi d'en juger, mais c'est une des solutions de rechange que j'ai entendues ce matin.
Je pense que notre gouvernement est vraiment déterminé, non seulement à atteindre, mais même à dépasser les objectifs de l'Accord de Paris. Nous allons travailler très fort pour y parvenir mais il faut vraiment que nous nous donnions, comme pays, la volonté de le faire. Cela prend la volonté de tous, et une éducation de nos concitoyens sur les efforts et les sacrifices nécessaires. Il ne faut pas se leurrer, cela ne se fera pas sans sacrifices. Il va falloir faire des sacrifices pour arriver à cette échéance. Douze ans, ce n'est rien dans l'histoire de l'humanité. Dans 12 ans, mes petits enfants ne seront même pas majeurs. C'est vraiment pour eux, pour leur avenir, que nous devons faire tous les efforts possibles pour atteindre ces objectifs à tout le moins, sinon les dépasser.
Nous, comme gouvernement, faisons les efforts de réduire ces émissions dans tous les secteurs de l'économie canadienne. Nous avons, évidemment, la tarification sur la pollution. Nous avons accéléré l'abandon des centrales de charbon traditionnelles. Nous allons élaborer une norme sur les combustibles propres pour utiliser davantage des combustibles à grande efficience. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons fait des investissements historiques dans des infrastructures écologiques et les transports en commun. Nous avons adopté des règlements visant à réduire les émissions de méthane causées par la combustion du pétrole et du gaz de 40 à 45 % d'ici 2025, et plus encore. Nous voulons vraiment que cette transition vers une économie plus propre, plus verte et, surtout, plus durable, se fasse avec la contribution de tous les Canadiens. Je pense que les Canadiens et les Canadiennes s'attendent à ce que nous le fassions avec eux.
Nous pouvons demander aux citoyens d'abolir l'utilisation des sacs en plastique ou de réduire leur consommation d'énergie, mais comme élus, comme gouvernement, comme parlementaires, nous avons aussi à donner l'exemple par le genre de mesures législatives que nous mettons de l'avant et le genre de politiques que nous défendons. Je crois que l'objectif du débat d'aujourd'hui est que nous puissions en parler, en discuter et mettre en évidence l'urgence d'arriver à une politique cohérente pour l'ensemble du Canada.
Je vais m'arrêter là. Je suis sûre que mes collègues me poseront des questions mais je ne veux pas parler pour rien dire.
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Madame la Présidente, j'avais hâte d'avoir la possibilité de convaincre mes collègues de la sagesse de la position des conservateurs. Je suis certain que ceux ici présents écouteront ce que j'ai à dire.
Pour commencer, je vais formuler notre position concernant les changements climatiques et la réaction adéquate.
Les conservateurs croient à la science des changements climatiques. Nous avons eu la fierté d'être à la tête du premier gouvernement de l'histoire du Canada qui a vraiment réduit les émissions. Je vois mes collègues réagir à cette information parce qu'ils savent que c'est vrai et ne savent pas quoi en dire.
Les conservateurs croient à la science des changements climatiques et nous y avons réagi de manière efficace. Ce qui frustre le gouvernement, c'est que notre intervention ne suppose pas que le gouvernement va prélever encore plus d'argent dans les poches des gens.
Pour les libéraux, c'est devenu un automatisme. Croire à la science des changements climatiques veut dire croire que la solution est de hausser les taxes des Canadiens ordinaires. C'est là que notre opinion et celles non seulement du gouvernement, mais aussi de tous les partis à la Chambre, divergent.
À notre avis, une approche responsable et efficace pour lutter contre les changements climatiques ne doit pas chercher à utiliser la situation actuelle comme une excuse pour le gouvernement afin de prélever de nouvelles recettes.
Dans le cadre de l'approche responsable que nous proposons de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes beaucoup plus disposés que nos collègues des autres partis à regarder la réalité en face, c'est-à-dire le fait que nous avons toujours recours aux ressources énergétiques et que nous en avons besoin.
Le discours de certains députés laisse entendre qu'ils veulent mettre fin à la mise en valeur des ressources énergétiques canadiennes. Ils s'opposent au transport de ces ressources et à la construction de pipelines qui vont d'ouest en est, par exemple. Or, ils semblent à l'aise avec l'idée d'utiliser du pétrole importé de l'Arabie saoudite pour répondre à leurs besoins en énergie. Nous devons faire des choix.
Je doute qu'il soit possible pour des députés de vivre sans jamais avoir recours aux ressources énergétiques, mais ils pourraient essayer. Je vais soulever quelques points de départ pour ceux qui voudraient tenter l'expérience.
Les candidats libéraux et néo-démocrates avaient des pancartes électorales dans ma circonscription. Il n'y en avait pas beaucoup, mais il y en avait, et elles étaient faites de coroplaste, un produit pétrolier. Les gens ne font peut-être pas le lien, mais c'est une des nombreuses utilisations des produits qui proviennent du secteur énergétique. Le carburant et l'asphalte sont faits à base de produits pétroliers. Même les pistes cyclables contiennent des produits provenant de ressources énergétiques, notamment l'asphalte qui est utilisé pour les construire.
Nous utilisons tous de l'énergie. Nous faisons tous des allers-retours entre Ottawa et nos circonscriptions. Nous profitons tous des ressources énergétiques disponibles. Il nous incombe de cesser de faire semblant qu'il est possible d'arrêter d'utiliser de l'énergie, de transporter des ressources énergétiques et de les exploiter, de voler, et dans certaines parties du pays, de conduire et de chauffer nos maisons. Nous devons trouver de meilleures façons de faire les choses et de créer des incitatifs pour que conduire une voiture, voler et chauffer une maison se fasse de manière plus efficace.
C'est pourquoi le gouvernement précédent a mis en place des règlements sectoriels contraignants fondés sur l'intensité. Certaines personnes ont critiqué cette approche basée sur l'intensité des émissions, mais je crois qu'elle joue un rôle important. Si elle n'existait pas et que nous n'avions qu'un seul règlement absolu contrôlant ce qui est admissible, ou pas, dans les usines, nous créerions un frein au développement.
Cela ne signifie pas que les gens cessent d'utiliser de l'énergie. Limiter l'offre venant du Canada ne limite pas la demande au pays ou dans le monde. Cela signifie simplement que l'exploitation des ressources énergétiques se fait ailleurs.
L'effet de la réglementation non fondée sur l'intensité et des taxes sur le carbone n'est pas le déploiement de technologies plus efficaces pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux, mais plutôt la fuite des investissements vers d'autres pays moins respectueux de l'environnement.
Je sais que le chef du NPD a parlé de l'importation de pétrole d'autres pays. Encore là, il me semble illogique que, en réaction aux préoccupations, de toute évidence, mondiales, relatives aux changements climatiques, on s'empêche d'aménager des pipelines qui permettraient aux Canadiens de vendre des ressources énergétiques plus propres à d'autres Canadiens pour acheter plutôt des ressources énergétiques de l'étranger. Oui, dans un certain sens, on pourrait dire que cela réduira l'empreinte carbone du pays. Toutefois, cela n'a de toute évidence pas d'effet positif sur les émissions mondiales. Entre-temps, cela nuit à l'économie. Cela nous rend stratégiquement plus dépendants d'autres pays qui, dans bien des cas, ne nous aiment pas particulièrement ou ne partagent pas nos valeurs.
Je crois que le débat appelle une approche responsable et prudente. Nous devons examiner comment nous pouvons faire croître l'économie et réduire les émissions. Ce n'est pas sorcier. Cela ne prend pas la tête à Papineau. Il suffit simplement de regarder le bilan du gouvernement précédent. Il faut examiner d'autres mesures et en discuter pour créer des incitatifs supplémentaires et poursuivre sur cette lancée.
Cependant, objectivement parlant, le bilan du précédent gouvernement montre que les émissions ont été réduites alors que l'économie continuait de croître. C'était la première fois dans l'histoire du Canada que les émissions diminuaient. J'entends déjà le contre-argument qu'on nous sert habituellement lorsqu'on dit que les émissions avaient diminué à cette époque. Certains prétendent que la seule raison pour expliquer cette diminution est la récession économique mondiale.
Je vois quelques-uns de mes collègues d'en face acquiescer. Je suis désolé d'anéantir leurs illusions, mais c'est la réalité: l'économie canadienne a continué de croître. Nous nous en sommes relativement bien tirés comparativement au reste de la planète et les émissions au Canada ont diminué alors qu'elles augmentaient à l'échelle planétaire. Nous avons été moins touchés par la récession économique que les autres pays. Malgré tout, nous avons mieux fait que les autres en termes d'émissions. Comment les libéraux peuvent-ils expliquer cette situation en affirmant que c'est la récession seule qui a provoqué la diminution des émissions? Ce n'est pas très crédible.
Ensuite, les libéraux veulent vanter le bilan des gouvernements provinciaux. Ils veulent prétendre que toutes ces réussites sont attribuables aux gouvernements provinciaux, que les gouvernements fédéraux n'avaient rien à y voir. Mes collègues libéraux de l'Ontario sont en pâmoison devant le bilan du gouvernement de Kathleen Wynne. Il y aurait assez de sièges dans ma voiture pour tous les députés du Parti libéral de l'Ontario. Voilà le jugement réservé par la population à l'approche du gouvernement libéral de Kathleen Wynne. Si c'est le genre de bilan que les libéraux veulent présenter lors des prochaines élections et si c'est le genre de leadership qui leur sert de modèle, c'est avec plaisir que nous en débattrons lors de la prochaine campagne électorale.
La réalité est que, si on prend les émissions dans l'ensemble du pays, dans chacune des provinces, on constate qu'il y a eu soit une diminution, soit une augmentation inférieure à celle des 10 années précédentes. En d'autres termes, des progrès ont clairement été accomplis quant à la progression des émissions dans l'ensemble des provinces du Canada. Peut-être est-ce dû à la clairvoyance des différents gouvernements provinciaux, même si, dans de nombreux cas, les politiques qu'ils ont adoptées sont différentes, voire contradictoires.
À mon avis, le gouvernement libéral peut difficilement avancer cet argument. Il doit se rendre à l'évidence: l'ancien gouvernement conservateur faisait quelque chose qui fonctionnait. Ce n'était peut-être pas suffisant du point de vue de notre collègue du Parti vert et de certains autres collègues. Si on compare le bilan du gouvernement conservateur précédent à d'autres, il est clair que l'approche réglementaire sectorielle rigoureuse et contraignante fonctionnait. Le gouvernement libéral préfère toutefois faire de cette situation un prétexte pour imposer de nouvelles taxes.
J'aimerais faire une parenthèse, parce qu'il a été question de pipelines ce soir, pour dire que je ne comprends pas qu'on s'oppose aux pipelines quand il s'agit de promouvoir l'environnement. Cela n'a aucun sens à mes yeux. Puisque nos ressources énergétiques doivent être transportées, il m'apparaît évident que les pipelines constituent un moyen de transport moins polluant. S'ils sont simplement contre le développement, qu'ils s'y opposent, mais il n'est pas logique que cette objection soit liée à la question du transport.
De son côté, le gouvernement actuel s'est montré particulièrement incohérent dans le dossier des pipelines. Les libéraux ont directement bloqué le projet Northern Gateway et ils ont indirectement fait avorter Énergie Est en y assortissant toujours plus de conditions — lesquelles sont toutefois tombées pour le projet Trans Mountain. Les libéraux ont ensuite refusé de faire appliquer la loi afin d'autoriser la construction du pipeline Trans Mountain, qu'ils ont finalement décidé d'acheter — prétendument pour qu'il puisse être construit —, avant de renoncer à faire appel d'un jugement qui met un frein au projet. Le gouvernement agit de manière incohérente depuis le début. L'ancien gouvernement conservateur, lui, a réussi à bâtir quatre pipelines tout en réduisant les émissions. Nous sommes évidemment fiers de notre bilan. Le gouvernement libéral n'arrête pas de dire que l'économie et l'environnement vont de pair. Dix années à bâtir des pipelines, à réduire les émissions et à stimuler l'économie, voilà qui prouve que c'est vrai — à condition que les conservateurs soient aux commandes.
J'aimerais parler d'une chose qui est peut-être un peu hors sujet. Je crois que cela risque d'intéresser les députés. Peut-être pas non plus, mais il me reste 8 minutes et demie, alors j'y vais. Il y a une douzaine d'années, j'ai lu une étude très intéressante sur 10 garderies de la ville d'Haïfa. Je ne sais pas si les députés l'ont lue eux aussi. Il en est question dans le livre Freakonomics. Les employés de ces garderies étaient exaspérés parce que les parents venaient parfois chercher leurs enfants en retard, ce qui les obligeait à rester plus tard eux aussi. Ils ont donc décidé d'infliger une amende — symbolique — aux retardataires. Ce moyen de dissuasion devait inciter les parents à venir chercher leur progéniture à l'heure.
Ce qui est arrivé est très intéressant. On pourrait supposer que si les retards étaient pénalisés au moyen d'une amende, le taux de retard baisserait. En fait, le taux a grimpé en flèche. Les économistes ont essayé de comprendre pourquoi. Si nous imposons une amende aux parents pour un comportement qui n'entraînait pas de conséquence auparavant, pourquoi le font-ils plus souvent? Les hypothèses avancées dans le cadre de l'étude sont fascinantes. La hausse s'expliquait par le fait que l'imposition d'une pénalité symbolique éliminait tout effet de dissuasion sociale ou morale. Autrement dit, une fois que les gens étaient informés qu'ils devaient payer pour leur retard, ils pensaient que le montant en couvrait le plein coût et qu'il était assez bas pour justifier le choix de terminer leur partie de tennis, leur café avec un ami ou leur conversation téléphonique. Les économistes ont conclu qu'il existait deux options si leur but, à strictement parler, était de créer une mesure dissuasive. D'une part, les garderies pouvaient imposer une amende si élevée qu'elle représenterait une mesure suffisamment dissuasive. D'autre part, les garderies pouvaient choisir de ne pas imposer de pénalité et de plutôt miser sur l'existence d'un facteur de dissuasion sociale ou morale.
Si ce cas est intéressant et instructif pour nous aujourd'hui, c'est parce que beaucoup de ceux qui préconisent une taxe sur le carbone, ce que je ne fais pas, réclament une taxe beaucoup plus élevée que ce que le gouvernement a mis en place. Nous craignons que les libéraux prennent cette voie, qu'ils vont systématiquement trouver des prétextes pour augmenter de plus en plus la taxe. Toutefois, si les libéraux imposent aux gens une taxe que ceux-ci doivent payer sans avoir la capacité de modifier leur comportement — les gens n'ont peut-être pas les ressources pour investir dans ces rénovations — et n'ont pas créé les conditions ou les occasions pour effectuer ces transitions, ils n'apporteront pas le genre de changement qu'ils souhaitent supposément apporter. Dans ce cas-ci, je ne crois pas vraiment que ce soit l'objectif de toute façon. Je crois que l'objectif des libéraux, c'est d'augmenter directement les recettes.
Il y a un élément sur lequel il faut vraiment insister, et je vais citer Winston Churchill. Ce faisant, j'espère n'offusquer personne, mais je vais le citer de toute façon. Il a dit qu'il ne suffit pas de faire du mieux que l'on peut. Il faut savoir quoi faire, puis faire du mieux que l'on peut.
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Madame la Présidente, je tiens à vous dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de ce soir.
Ce débat est d'une importance capitale pour moi. Je pourrais parler de cette question passé minuit, jusqu'aux petites heures du matin. Voilà combien cet enjeu est important à mes yeux.
J'ai deux jeunes enfants. L'un a tout juste plus de deux ans et l'autre a trois mois. J'ai également un autre enfant âgé de 14 ans qui va au secondaire. L'un des problèmes qui me gardent éveillé la nuit et qui m'inquiètent est de savoir quel monde nous allons léguer à nos enfants. Je ne parle pas d'un temps lointain. Parfois, quand nous disons cela, nous parlons des générations à venir. En l'occurrence, nous ne parlons pas des générations à venir. La députée de en a parlé plus tôt ce soir. Nous ne parlons pas des enfants de nos enfants ou des enfants des enfants de nos enfants. Nous parlons de nos enfants et de l'impact que nous avons sur le monde dans lequel nous vivons. Dans 50 ans, ils se pencheront sur les décisions que nous avons prises en matière de changements climatiques et détermineront si elles étaient bonnes. Voilà pourquoi il s'agit d'un débat aussi primordial.
Nous sommes ici ce soir parce qu'il y a un peu plus d'une semaine, l'ONU a publié un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui soulignait des informations très importantes à savoir.
Premièrement, selon la tendance actuelle, la température de la planète devrait augmenter de 3 degrés d'ici la fin du siècle. Nous connaissons tous les conséquences possibles d'une hausse de 1,5 degré, alors je n'ose imaginer ce que produirait une hausse de 3 degrés. Selon le rapport, il est absolument essentiel que nous réduisions nos émissions de 45 % d'ici 2030 et que nous parvenions à un bilan nul d'ici 2050. Il s'agit là d'une tâche colossale qui nécessitera des efforts considérables, qu'il nous faudra entreprendre non seulement à l'échelle nationale, avec nos partenaires provinciaux, mais aussi à l'échelle mondiale. Il nous faut adopter des approches qui nous permettront d'atteindre des résultats importants et significatifs.
Les scénarios envisagés et proposés par les scientifiques qui ont rédigé ce rapport mettent en lumière diverses conséquences qui devraient grandement nous préoccuper.
Commençons par les vagues de chaleur. Les scientifiques sont convaincus qu'une hausse de 1,5 degré Celsius provoquerait davantage de vagues de chaleur importantes sur les continents, en particulier sous les tropiques. C'est ce que dit le rapport. Le risque serait encore plus grand avec une hausse de 2 degrés. Songeons-y un instant. Une hausse de seulement un demi-degré Celsius aurait des conséquences bien plus désastreuses.
Qu'en est-il de la destruction de nos écosystèmes? Un réchauffement de 2 degrés détruira des écosystèmes sur environ 13 % des continents, augmentant les risques d'extinction pour de nombreuses espèces d'insectes, de plantes et d'animaux. Le fait de maintenir le réchauffement planétaire à seulement 1,5 degré réduirait ce risque de moitié.
Songeons maintenant aux précipitations importantes. Il existe un risque de telles précipitations, qui se produisent maintenant un peu partout dans le monde. Ce type d'événement devrait s'intensifier davantage avec une hausse de 2 degrés qu'avec une hausse de 1,5 degré dans plusieurs régions de l'hémisphère Nord, dont l'Est de l'Amérique du Nord. Il y a des répercussions dans l'Arctique. On parle d'étés sans glace.
Certaines populations risquent de façon disproportionnée de subir les conséquences néfastes d'un réchauffement de la planète de 1,5 degré ou plus. Ce sont les populations défavorisées et vulnérables qui seront les plus touchées. Je sais qu'on en a parlé à quelques reprises ce soir. Qu'est-ce que cela veut dire au juste? Qu'est-ce que cela veut dire pour nous les Canadiens? Notre climat est assez varié. Nous avons un peu de tout, du temps froid et du temps chaud. La plupart des Canadiens habitent des régions où le temps est assez doux.
Il y a une autre raison pour laquelle cette question est si importante et devrait être importante pour nous dans une optique planétaire outre le simple fait que nous devrions penser aux autres et aux conséquences pour l'humanité partout dans le monde. Il faut penser aux réfugiés du climat et au déplacement de personnes, aux pressions que ces déplacements exerceront sur d'autres pays. Quelle en sera la conséquence? Si on se fie à l'histoire, cela aboutira inévitablement à la guerre. Il y aura plus de conflits dans le monde à cause d'une situation que nous aurions pu contenir, sur laquelle nous aurions pu agir au début.
C'est ce qui nous amène à un sujet souvent abordé ce soir, la tarification de la pollution. Il y a effectivement différentes façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution. Pensons par exemple aux régimes de plafonnement et d'échange ou à la tarification de la pollution. C'est cette méthode que le gouvernement a choisie, car c'est celle que recommandent les scientifiques et les économistes.
J'avoue que cela me dépasse. J'ai un diplôme en économie. Je peux donc apprécier bon nombre des arguments économiques avancés par la droite et par les conservateurs, y compris ici, à la Chambre. Or, ce modèle devrait se retrouver systématiquement dans les interventions des conservateurs, puisqu'il est ici question de mettre un prix sur une chose dans le but de stimuler l'innovation.
Tout à l'heure, la a parlé des pluies acides. Dans les années 1970 et 1980, les pluies acides étaient un problème. Qu'avons-nous fait? Nous avons cru les scientifiques et les experts et nous avons uni nos efforts — tous les partis ensemble — pour trouver une solution. Ce ne fut pas toujours facile, mais nous y sommes parvenus. C'est dans ce temps-là que nous excellons.
Pour une raison quelconque, lorsqu'il s'agit des changements climatiques, nous avons d'énormes difficultés à convaincre ne serait-ce qu'une part raisonnable de la population qu'il s'agit d'un problème réel. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi.
Tout à l'heure, la députée de a soulevé des questions au sujet du cycle électoral de quatre ans et elle se demandait si c'était une partie du problème. Or, ce n'est pas la première fois que nous devons régler des problèmes s'étalant sur plusieurs générations et nous avons réussi à le faire. Pourtant, nous semblons avoir heurté un obstacle dans ce dossier, et ce problème est devenu un enjeu politique et un pion sur l'échiquier politique. La réalité, c'est que nous mettons la vie de nos enfants en jeu en agissant de la sorte.
La a déclaré tout à l'heure que nous sommes la première génération à subir les répercussions des changements climatiques et que nous serons la dernière génération à pouvoir y remédier. J'espère vraiment que nous pouvons tous y réfléchir sincèrement, en dépit de nos divergences d'opinions sur la façon de régler le problème, en dépit du fait que certains veulent des règlements et que d'autres veulent une tarification de la pollution, et reconnaître et convenir que nous devons agir sur-le-champ, étant donné que la situation est extrêmement précaire.
[Le député s'exprime en cri.]
[Traduction]
Le député de m'a rappelé une chose que m'a enseignée la semaine dernière une dame dénommée Cindy Blackstock, qui a défendu les intérêts des enfants en foyer d'accueil au Canada, en particulier ceux d'origine autochtone.
La semaine dernière, lorsqu'elle s'est rendue à Winnipeg pour recevoir le prix Gandhi de l'association canadienne Gandhi, Mme Blackstock a déclaré qu'il fallait toujours examiner les politiques gouvernementales à travers les yeux des enfants, afin de comprendre leurs effets sur ceux-ci. Elle trouvait que nous ne faisions pas cela assez souvent et que nous ne parlions pas suffisamment des enfants dans nos discours. Elle s'est demandé dans combien de discours le mot « enfants » avait été prononcé. Je suis fier de dire que le député de a prononcé le mot « enfants » dans son discours. Je l'en remercie.
Dans la tradition autochtone, nous nous efforçons de penser aux sept prochaines générations. Il est crucial de se projeter dans l'avenir et d'imaginer ce qui se produira dans sept générations. Pour sa part, le député de affirme que notre génération est la première à ressentir les effets des changements climatiques et la dernière à pouvoir agir pour les contrer.
Je crois que nos enfants auront aussi la possibilité d'agir pour améliorer cette situation, qu'ils seront en mesure d'apporter des changements notables. Il n'est jamais trop tard. Alors que les climats changeront considérablement, le mode de vie de beaucoup de gens changera aussi considérablement, au Canada comme dans des pays en développement et ailleurs dans le monde. Les habitants des pays industrialisés souffriront grandement à cause des changements climatiques, mais ils pourront toujours s'efforcer de créer un monde meilleur.
Je m'attarderai maintenant à quelques enjeux auxquels les Manitobains sont confrontés. Je parlerai de ce qui s'est produit dernièrement.
Au cours de la campagne électorale provinciale de 2016, le premier ministre, qui n'était alors que le chef du Parti conservateur, a fait des vagues dans son propre parti en promettant dans sa plateforme de tarifer la pollution. Il avait décidé d'inscrire cette idée dans son programme parce qu'il trouvait que c'était une excellente politique publique. J'étais alors déjà député, et je trouvais aussi que c'était une excellente politique publique. Au cours des négociations, qui se sont poursuivies jusqu'en octobre 2017, M. Pallister a fini par annoncer que la pollution coûterait 25 $ la tonne et que son plan comprendrait aussi d'autres mesures éconergétiques dans le but de sauver l'environnement.
À la même époque, le Manitoba a rendu public un avis juridique qui indiquait que le gouvernement fédéral a le pouvoir d'imposer un prix sur la pollution. Le gouvernement a consacré beaucoup de temps aux négociations, et j'étais fier de la , qui n'avait pas compté ses heures dans ce dossier. Nous avons réussi à obtenir une exemption pour les agriculteurs afin d'éviter qu'ils ne pâtissent de la tarification de la pollution.
Étonnamment, à la suite d'une rencontre toute récente avec les premiers ministres Ford et Moe, premiers ministres de l'Ontario et de la Saskatchewan, le ton semble avoir changé. Au lieu d'afficher une volonté de travailler ensemble, ils ont défendu une position idéologique qui se fonde non pas sur les besoins de nos enfants et du monde, mais sur des motifs électoralistes et des expédients politiques. Il est étrange que le premier ministre Pallister n'ait parlé que de la tarification de la pollution dans sa province. Il savait que c'était très important, et il a donné son avis à ce sujet. Or, par la suite, il était mécontent que nous continuions de parler de la tarification de la pollution. Le premier ministre du Manitoba aimerait peut-être que le climat de sa province devienne comme celui du Costa Rica, mais, au bout du compte, nous devons assurer la stabilité des climats dans le monde entier.
La Colombie-Britannique a adopté un régime de tarification de la pollution qui favorise la lutte contre les changements climatiques. En 2008, la Colombie-Britannique a mis en place un tarif sur l'essence qui a permis de réduire de plus de 10 % le taux d'émissions par habitant dans la province. Fait remarquable, l'économie a connu une croissance malgré la tarification de la pollution. Malheureusement, la croissance ne s'est pas maintenue, mais elle a quand même eu lieu.
Ce qui est dommage à propos d'une bonne politique sur les changements climatiques, c'est qu'elle ne déclenchera pas de défilé. Il n'y aura pas de rassemblement. Il n'y a pas de défilé de la victoire parce que ce n'est pas très excitant. Ce n'est pas une chose pour laquelle nous pouvons dire: « Regardez ce document. C'est ce que nous avons fait. » En réalité, nous constatons souvent que c'est devenu une chose très théorique.
Comme l'ont mentionné mes autres collègues d'Oakville, de nombreuses collectivités ont été détruites par des incendies. Les incendies ont ravagé la vie de nombreuses personnes. C'est ce que les gens ne prennent pas en considération lorsqu'ils réfléchissent à cet enjeu.
Les conservateurs, l'année dernière, dans une motion présentée à la Chambre, ont voté pour appuyer l'Accord de Paris, mais chose incroyable, ils font tout en leur pouvoir pour empêcher les autres d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. D'après ce que j'entends, tout ce que les conservateurs veulent faire, c'est faire en sorte qu'il soit de nouveau possible de polluer gratuitement. Les Canadiens ne veulent pas cela puisque 66 % d'entre eux veulent que nous unissions nos efforts. Nous devons veiller à leur faire payer la pollution. D'après ce que je vois, les conservateurs veulent prendre de l'argent aux Canadiens pour qu'on puisse de nouveau polluer gratuitement.
Un groupe de réflexion conservateur indépendant a publié un rapport qui dit que les ménages canadiens recevraient plus d'argent sous forme de remises que ce qu'ils paieraient pour la pollution. C'est un conseiller de l'ancien premier ministre Stephen Harper qui pense que ce serait une façon équitable, la façon parfaite, pour l'économie de fonctionner.
La semaine dernière, Jason Kenney, le chef conservateur de l'Alberta, a dénoncé les taxes sur le carbone. Cela s'est produit quelques jours à peine avant que l'économiste William Nordhaus, de l'Université Yale, devienne colauréat du prix Nobel de l'économie grâce à son travail démontrant que l'instauration d'une taxe sur le carbone représente le moyen le plus efficace de lutter contre les changements climatiques. Jason s'adressait à une foule turbulente de plus de 1 000 personnes, en compagnie de M. Ford, qui participait lui aussi au rassemblement. Les deux ont affirmé que cette taxe était la pire idée jamais conçue. Le rassemblement est un rappel qu'au moment de la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui nous indique les mesures à prendre, la communauté internationale est loin de déployer assez d'efforts pour réduire ou atténuer les changements climatiques.
Nous avons beaucoup de travail à faire au Canada, et nous n'avons pas besoin que les conservateurs nous mettent des bâtons dans les roues. C'est ce qu'ils sont prêts à faire. Par ailleurs, lutter contre les changements climatiques pourrait permettre au premier ministre Ford de bien paraître auprès de sa base électorale. En effet, CNN a récemment communiqué les résultats d'une petite étude selon laquelle il y aurait une pénurie de bière attribuable au fait que 17 % de la production agricole mondiale est consacrée à la production de l'orge et que le volume des récoltes diminuera de 3 à 17 % en raison des changements climatiques. J'espère que cela secouera le premier ministre Doug Ford puisque c'est un problème qui touchera aussi sa base électorale. En effet, cela réduira la quantité de bière disponible en plus d'augmenter son prix. Elle ne coûtera pas un dollar.
Le gouvernement fait beaucoup. Je pourrais énumérer quatre ou cinq pages de choses que nous faisons pour l'environnement. Pourquoi pas, puisque c'est important. Parlons-en. Nous avons octroyé 5,7 milliards de dollars répartis sur 12 ans, dont 2 milliards pour le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone. Nous avons prolongé le soutien fiscal pour la production d'énergie propre jusqu'en 2025 afin d'encourager l'investissement dans la génération d'énergie propre et de favoriser l'emploi de matériel de production d'énergie propre. Nous avons lancé le Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone, d'une valeur de 1,4 milliard de dollars, pour aider à réduire les émissions dans les provinces et les territoires, en particulier grâce à des investissements dans l'utilisation plus efficace de l'énergie, qui permet aux gens et aux entreprises d'économiser de l'argent. Nous aidons à bâtir une économie propre et à réduire les gaz à effet de serre polluants grâce au lancement du Programme des énergies renouvelables émergentes, lequel financera des projets relatifs aux technologies en matière d'énergie renouvelable. Nous stimulons l'innovation en offrant une aide financière aux entrepreneurs canadiens du domaine des technologies propres et en attirant de nouveaux investissements des entreprises dans les secteurs tels que l'énergie propre, dont 700 millions de dollars pour le financement des technologies propres dans le cadre d'une entente avec la Banque de développement du Canada. Nous sommes un modèle de viabilité grâce à la Stratégie pour un gouvernement vert, puisque nous sommes en voie de réduire de 40 % d'ici 2030 et de 80 % d'ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre causées par le gouvernement lui-même.
C'est incroyable. N'oublions pas non plus le renforcement de la réglementation, la protection des océans, la recherche et les études scientifiques. Car de ce côté-ci, nous croyons en la science.
La liste des mesures que nous prenons est longue. Il ne s'agit pas seulement de tarifer la pollution. Il faut prendre des mesures pour aider l'environnement, économiser de l'énergie, procurer des emplois aux Canadiens et ce, avant tout autre pays. Si l'on regarde ce qui se passe dans le monde, la plupart des pays font trop peu. Le Canada peut être un chef de file, mais les conservateurs doivent cesser de faire de l'obstruction.
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Madame la Présidente, je suis fier de partager mon temps de parole avec la députée de , qui vient directement de l'île de Vancouver pour participer au débat.
Je suis très reconnaissant que nous ayons tous le temps de discuter ce soir dans le cadre de ce débat d'urgence. S'il y a bien une question urgente à aborder, je crois que les changements climatiques représentent probablement la définition même d'une urgence pour le pays et la civilisation. Le consensus scientifique sur la gravité de l'enjeu existe depuis des dizaines d'années, depuis 30, 40 ans ou encore plus. Cependant, les politiciens ont remis les choses à plus tard, jouant du violon pendant que Rome brûle ou replaçant les chaises longues sur le Titanic. Les analogies ne manquent pas et elles sont aussi exactes, douloureuses et exaspérantes les unes que les autres. Les conférences de Rio, de Kyoto, de Copenhague et de Paris ont toutes offert des occasions parfaites pour établir un plan d'action mondial, mais elles ont finalement été gaspillées. Nous devons changer la situation.
Il y a deux semaines, je suis devenu grand-père pour la première fois. Avant, j'ai entendu à maintes reprises que les politiciens aiment beaucoup parler de leurs petits-enfants et de l'avenir que nous leur laisserons. Maintenant que je suis grand-père, je peux affirmer que cette perspective prend un tout nouveau sens à l'arrivée d'un petit-enfant.
Peu de temps après, soit le lundi de l’Action de grâces, deux manchettes ont attiré mon attention. Elles portaient toutes les deux sur le chemin vers un avenir durable. La première annonçait évidemment le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est de cela que nous parlons ce soir. C’est ce rapport qui a suscité ce débat.
Le rapport du GIEC indique que le monde devra réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et avoir une empreinte carbone neutre d’ici 2050, tout cela en vue d’atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius que le Canada a fièrement proclamé et qui a orienté le monde aux termes de l’Accord de Paris. Nous venons tout juste de dépasser l’augmentation de 1 degré Celsius et, dans le cadre des politiques actuelles, nous nous dirigeons vers une augmentation de 3 ou même 4 degrés Celsius.
Nous constatons déjà les premiers effets d'un réchauffement de 1 degré Celsius, à savoir la multiplication des incendies, des inondations, des vagues de chaleur et des phénomènes météorologiques extrêmes de toutes sortes. Ce soir et ces dernières semaines, j’ai entendu des conservateurs affirmer que nous ne devrions pas avoir de taxe sur le carbone puisque la Colombie-Britannique en a une depuis 10 ans et que malgré cela, elle pâtit encore des incendies. À quoi sert donc cette taxe, disent-ils? Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne. Ce genre d’affirmation témoigne soit d’une incompréhension choquante de la façon dont se manifestent les changements climatiques, soit simplement d’un mépris total envers leurs interlocuteurs. Si le monde entier réussissait à être carboneutre dès aujourd’hui, nous en serions quand même à une augmentation de 1 degré Celsius. Ce que nous essayons de faire est de nous protéger d'un avenir beaucoup plus effrayant.
Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dans les latitudes tempérées, la température pourrait augmenter de 4 degrés Celsius les jours les plus chauds de l'été si la température mondiale devait augmenter de 2 degrés. Il est donc tout à fait possible d'appréhender des vagues de chaleur de 44 degrés Celsius dans le Sud de la Colombie-Britannique, où j'habite. Nous atteignons souvent 40 degrés, et c'est déjà très chaud. Pour les gens qui fonctionnent encore en degrés Fahrenheit, 44 degrés Celsius équivalent à 111 ou 112 degrés Fahrenheit. Il s'agit pour le moment du record absolu de température au Canada, mais cela pourrait devenir fréquent. Or, ce scénario ne vaut que si l'augmentation est de 2 degrés Celsius, mais si nous ne faisons rien, elle risque fort d'atteindre 3 ou 4 degrés.
Toujours si on limitait l'augmentation à 2 degrés Celsius, les bancs de coraux disparaîtraient des océans de la planète. Cette partie-là du rapport m'a particulièrement ébranlé. Je ne peux pas imaginer que ma petite-fille ne connaisse rien d'autre des coraux que ce qu'on en dit dans les livres d'histoire.
Le site Climate Action Tracker, qui recense les engagements de tous les pays signataires de l'Accord de Paris, qualifie les efforts climatiques déployés par le Canada jusqu'ici de « hautement insuffisants ». C'est comme avoir un D sur son bulletin. C'est facile de se dire qu'on fait bonne figure quand on a les États-Unis pour voisins — ils auraient sans doute un F, selon moi. Cela dit, le Canada a obtenu la même note que certains pays que de nombreuses personnes aiment critiquer pour leur empreinte carbone, comme la Chine. La majeure partie du monde développé nous devance, comme l'Europe, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Brésil et le Mexique. L'un des pays que j'entends souvent qualifier de paria de la lutte mondiale contre les changements climatiques, l'Inde, se démarque au contraire pour ses politiques et ses réalisations.
Quelles mesures pourraient nous permettre de limiter la hausse à 1,5 degré Celsius? Selon le rapport du GIEC, il faut faire presque tout ce qui est possible pour atteindre cet objectif. La construction rapide de systèmes d'énergie renouvelable, comme les installations de production d'énergie éolienne et solaire, est une mesure évidente dont il est souvent question. Il faudrait que ces installations produisent de 75 % à 85 % de l'énergie mondiale d'ici 2050. Dans le domaine des transports, les combustibles fossiles doivent être délaissés au profit de l'électricité partout dans le monde pour tirer parti du passage à l'énergie renouvelable.
En juin dernier, je me suis rendu en Argentine avec le dans le cadre des rencontres des ministres de l'énergie du G20. Ces rencontres avaient pour thème la grande transition vers un avenir sans carbone. Le ministre de la Chine y a parlé de la décision audacieuse de son pays, soit de passer directement des centrales au charbon à l'énergie renouvelable. La Chine voit grand et entend ériger des lignes électriques à ultra haute tension pour transporter cette énergie propre des déserts de l'Ouest du pays jusqu'au centre industriel de l'Est du pays d'ici 2025. Elle prévoit acheminer cette énergie propre dans toute l'Asie d'ici 2035. Le ministre allemand était d'accord avec cette vision, soulignant que nous pourrions produire de l'énergie propre là où il est le plus facile de le faire — de l'énergie solaire dans le désert d'Atacama au Chili, par exemple — et transporter cette énergie dans le monde au moyen de piles à hydrogène. Le ministre japonais a abondé dans le même sens. Le ministre du Royaume-Uni a parlé du plan d'action en trois points de son pays: des cibles prévues par la loi; des investissements importants dans les technologies propres, dont 2 milliards de dollars uniquement pour les infrastructures de véhicules électriques; et un plan concret pour créer de bons emplois dans le secteur de l'énergie propre. Le ministre canadien, pour sa part, a parlé d'acheter un pipeline. Quoi?
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Au lieu d'investir 4,5 milliards de dollars dans un vieux pipeline, nous pourrions copier le Royaume-Uni et dépenser 2 milliards de dollars sur la construction des infrastructures pour véhicules électriques dans le sud du Canada. À l'instar de la Norvège, nous pourrions fournir de sérieux incitatifs aux Canadiens afin de les convaincre de faire la transition aux véhicules électriques. Nous pourrions investir des milliards de dollars dans d'autres projets de technologies propres dans l'ensemble du pays, ce qui fournirait de bons emplois aux électriciens, aux soudeurs, aux chaudiéristes et aux métallurgistes, qui seraient contents de travailler dans leur localité plutôt que dans des camps éloignés.
Nous oublions souvent que les immeubles produisent 40 % de nos émissions de carbone. Nous devons investir des milliards de dollars dans la modernisation des immeubles. Nous avions un modèle parfait pour un tel programme, c'est-à-dire le programme écoÉNERGIE Rénovation, qui a aidé des centaines de milliers de Canadiens à rénover leur habitation, ce qui a réduit leurs factures d'énergie de 20 %, créé des milliers de bons emplois locaux et réduit les émissions de gaz à effet de serre de trois tonnes par année par maison. Le gouvernement conservateur a annulé le programme et les libéraux l'ont renvoyé aux provinces, mais très peu d'entre elles l'ont rétabli. L'Ontario l'a rétabli, mais Doug Ford l'a évidemment annulé.
Ces mesures sont des investissements. Elles coûtent de l'argent. Comme l'a mentionné Myles Allen, de l'Université Oxford, qui est l'un des auteurs du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat: « Je crois que nous devons lancer un débat pour déterminer qui doit payer pour la pollution et s'il est normal que l'industrie des combustibles fossiles et ses clients profitent des avantages aujourd'hui et s'attendent à ce que la prochaine génération paie pour nettoyer leur gâchis. »
C'est ce qui m'amène à la deuxième manchette de lundi, jour de l'Action de grâces, à savoir l'annonce des prix Nobel d'économie. Les gagnants de cette année sont William Nordhaus et Paul Romer, qui ont été récompensés pour leurs travaux sur la croissance durable. Les travaux de M. Nordhaus sont directement liés au rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il a montré que la tarification du carbone est l'outil le plus efficace pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre.
Je suis de plus en plus consterné par les conservateurs au Canada, à l'échelle provinciale et fédérale, qui s'opposent à la tarification du carbone. Les partis qui adoptent cette position ignorent le fait que la tarification du carbone est la façon la plus facile et la moins pénible de réduire l'empreinte carbone. Elle peut être mise en place et elle est mise en place sans avoir d'incidence sur les ménages à faible revenu, en dépit de ce qu'a déclaré le député de aujourd'hui, à l'instar de nombreux autres conservateurs au cours des dernières semaines.
Quand les conservateurs affirment qu'ils utiliseront d'autres moyens pour lutter contre les changements climatiques, ils ne nous disent pas que ces autres moyens coûteront aux contribuables et aux entreprises du Canada davantage que la taxe sur le carbone. Ils sont prêts à nuire à la fois à l'économie et à l'environnement du pays pour faire des gains politiques de courte durée. Je crains qu'ils attachent plus d'importance aux gains politiques qu'à la planète qu'ils légueront à nos enfants. Je crains qu'ils se contentent encore une fois de renvoyer le tout aux calendes grecques, ce qui obligera ma nouvelle petite-fille et sa génération à subir les conséquences de notre paresse et de notre cupidité.
Je me demande aussi si le gouvernement libéral comprend toute la gravité de la situation. Il est plus que temps d'agir. Nous pouvons y arriver. Nous devons agir dès aujourd'hui. Nous devons agir ensemble, d'un bout à l'autre du pays et dans le monde entier.
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Monsieur le Président, j'ai été élue à une charge publique parce que je souhaitais lutter contre les changements climatiques.
J'ai été élue pour la première fois au niveau régional en 2002 afin de lutter contre l'aménagement d'un gazoduc dans la partie sud de la mer des Salish et contre l'aménagement, par BC Hydro, d'une centrale de gaz naturel près de chez moi. C'est pour cette raison que j'ai été élue à une charge publique.
Plus tard, je suis devenue présidente de l'Islands Trust Council, une administration publique régionale au mandat de conservation créée par le gouvernement néo-démocrate du premier ministre Barrett en 1974 à des fins de préservation et de protection. Cela nous a menés à nous intéresser aux changements climatiques. Comme je vis sur une île, je constate les effets des changements climatiques, que ce soit la sécheresse, l'incidence sur l'aquaculture ou l'acidification des océans, qui se répercute sur les emplois en aquaculture. L'impératif est réel.
Puis, la sombre décennie sous les conservateurs de Harper a vraiment motivé les gens de la côte Ouest à lutter contre l'aménagement du pipeline de Kinder Morgan. La façon de réagir de manière audacieuse aux changements climatiques était de vaincre les conservateurs.
Me voilà maintenant ici, grâce aux bonnes gens de Nanaimo—Ladysmith.
Juste ciel, je suis tellement peinée de constater que nous avons encore autant de retard. Je comprends que la lutte contre les changements climatiques est une urgence à long terme, comme je l'ai compris lorsque je travaillais pour un gouvernement local. Ce devait être notre priorité la plus importante, mais quelqu'un est venu parler d'un besoin criant du refuge pour sans-abri et les changements climatiques sont passés en deuxième, même si nous étions tous des gens bien intentionnés qui voulaient vraiment agir pour lutter contre les changements climatiques.
Le Canada quant à lui, un pays plein de richesses naturelles, n'en fait toujours pas assez. Le gouvernement libéral, malgré toutes ses bonnes intentions, a conservé les mêmes cibles que celles des conservateurs de Stephen Harper. Les libéraux sont doués pour les belles paroles, mais ils n'ont pris aucune des mesures qui s'imposent. Pas plus tard que la semaine dernière, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a confirmé l'urgence d'agir.
L'heure est grave. L'été dernier, la Colombie-Britannique était ravagée par les incendies. Le a amené son Cabinet dans ma circonscription et il y avait tellement de fumée dans l'air qu'on arrivait à peine à y voir clair. Les changements climatiques provoquent des feux de forêt. Partout autour de nous, les effets des changements climatiques se font sentir et les gens de ma circonscription m'en parlent chaque jour.
Le rapport publié la semaine dernière est un recueil de plus de 6 000 rapports scientifiques. Il confirme que nous ressentons déjà les effets des changements climatiques et que nous nous devons d'agir immédiatement, de réduire de façon drastique les émissions si nous voulons éviter les effets les plus graves et les plus dévastateurs pour les écosystèmes et notre mode de vie.
Le Canada a été épargné. Les courants océaniques ont gardé notre climat un peu plus frais, même s'il continue de se réchauffer. Lorsque ces courants ne suivront plus les mêmes configurations, nous serons doublement touchés. Au Canada, il n'y a pas eu de réfugiés climatiques comme dans les pays frappés par la désertification. Nous avons été épargnés en raison de nos abondantes ressources naturelles. Les changements climatiques nous menacent, et il est certainement temps que nous prenions des mesures énergiques.
Selon le coprésident du GIEC, Jim Skea, du point de vue de la chimie et de la physique, il est possible de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, mais, pour ce faire, il faudrait apporter des changements sans précédent.
Jagmeet Singh m'a demandé d'être la porte-parole du NPD en matière d'égalité des femmes. Nous apprenons que, partout dans le monde, les femmes, les aînés et les gens pauvres et vulnérables sont les plus durement touchés par les changements climatiques, mais nous sommes à même de le constater dans notre propre pays, non seulement à l'étranger.
Les femmes doivent aller plus loin pour rapporter de l'eau à leur village. C'est un travail physique pénible qui les prive d'autres possibilités. Cela les expose aussi à de graves dangers, comme le viol. Nous avons beaucoup entendu parler de ces problèmes dans le cadre du groupe ParlAmericas et d'autres associations parlementaires internationales.
On voit cela également au Canada. Des ONG ont fait des études là-dessus. À Toronto, les refuges en cas de vague de chaleur sont fréquentés de façon disproportionnée par les femmes, car elles gagnent moins d'argent. Ce sont elles qui vivent dans des immeubles d'appartements non climatisés et qui n'ont pas de pouvoir pour négocier avec les mauvais propriétaires. Elles sont particulièrement touchées par la chaleur extrême. Elles sont aussi plus susceptibles de vivre dans un appartement au sous-sol, où elles sont plus vulnérables aux inondations, un problème qui peut toucher une ville comme Toronto.
Quelles solutions la Ville de Toronto offre-t-elle à l'égard des changements climatiques? Il y a des remboursements pour les rénovations, mais ils ne sont offerts qu'aux propriétaires de maison, qui, encore une fois, sont plus souvent des hommes, en raison des inégalités salariales que nous connaissons au pays.
Même si nous sommes collectivement déterminés à promouvoir l'équité ainsi que l'égalité entre les hommes et les femmes, nous devons reconnaître que les mesures à l'égard des changements climatiques sont aussi bonnes pour les femmes.
Les saumons ne peuvent pas remonter le courant si la température de l'eau est trop élevée. C'est un problème très grave en Colombie-Britannique. Nous sommes parfaitement conscients que les changements climatiques réduisent les montaisons, alors que le saumon constitue la base de la culture autochtone et de l'économie de la province. L'acidification des océans nuit à l'aquaculture. Puis, il y a le problème des incendies de forêt.
Les changements climatiques ont déjà des effets négatifs sur les choses qui revêtent une importance particulière pour la région côtière de la Colombie-Britannique. Malgré cela, les libéraux continuent de retarder l'adoption de mesures. Nous avons conservé les cibles de réduction des émissions fixées par les conservateurs. Le gouvernement aurait pu au moins s'engager à réduire davantage les émissions et à réglementer ces réductions. Une simple taxation ne suffit pas. Les solutions du marché à elles seules ne nous ont pas permis de résoudre d'autres problèmes sociaux ou environnementaux. La tarification de la pollution fonctionne seulement lorsqu'on réduit les émissions par voie réglementaire. Je suis fort déçue que le gouvernement n'ait pas agi de la sorte.
Le gouvernement n'a pas non plus tenu sa promesse de diminuer les subventions aux combustibles fossiles. Si on éliminait ces subventions pour les accorder plutôt à d'autres secteurs ou qu'on ne faisait pas payer d'impôt aux particuliers à cause d'elles, nous ne stimulerions pas artificiellement l'industrie des combustibles fossiles. Le vérificateur général a conclu que le gouvernement tarde à remplir cette promesse. Le a refusé de révéler la liste complète des subventions, et plusieurs rapports ont été présentés au cours de cette législature pour exprimer des préoccupations à cet égard.
Toujours au cours de la présente législature, la commissaire à l'environnement a découvert que 14 ministères et organismes n'ont pas de plan d'évaluation des risques associés aux changements climatiques. Même la n'avait pas mis en place un plan dans son ministère. Combien d'avis internes supplémentaires seront nécessaires? Le gouvernement a le mandat. Il est prêt à investir de l'argent et à réglementer. Il se qualifie de chef de file en matière de climat. J'aimerais bien qu'il agisse en conséquence.
J'éprouve une étrange nostalgie pour l'époque de Stéphane Dion, Paul Martin et Jean Chrétien. Cela dit, ce n'était encore une fois que de grandes promesses libérales sans lendemain. La situation se répète.
Le très regretté chef du NPD Jack Layton a présenté à la Chambre un projet de loi sur la réduction des émissions. Après maintes tractations et quelques reculs, il a réussi à faire adopter la mesure législative par une majorité à la Chambre. À notre grande tristesse, elle a été bloquée par le Sénat. Sans l'ingérence de la Chambre haute, ce projet de loi aurait pu engager le Canada dans une nouvelle voie.
Sur quoi pouvons-nous compter? Dans ma circonscription, je suis encouragée par les innovateurs qui prennent des mesures pour lutter contre les changements climatiques tout en créant des emplois et en réalisant des bénéfices. L'installation de Harmac Pacific à Nanaimo compte une centrale de cogénération à partir de déchets du bois, qui capture ce qui était des résidus polluants pour en faire de l'électricité. Depuis 25 ans, l'entreprise Canadian Electric Vehicles, à Nanaimo, construit des véhicules électriques, dont des zambonis et des appareils Bobcat.
Le centre autochtone de Nanaimo vient de construire la première habitation multifamiliale abordable de la municipalité depuis le début des années 1990. Sa conception repose sur l'énergie passive. Cette technologie a été développée en Saskatchewan, mais le gouvernement s'en est désintéressé. Elle a été perfectionnée en Europe, puis importée au Canada. Les locataires à faible revenu peuvent maintenant économiser 80 % sur leur facture d'électricité grâce à cette incroyable conception à énergie passive.
Le secteur canadien du bâtiment écologique a 128 milliards de dollars de revenus annuels bruts. Il emploie un nombre plus élevé de travailleurs à plein temps que les secteurs des forêts, des mines, du pétrole et du gaz combinés. Au nom de quelle logique le gouvernement a-t-il choisi plutôt d'investir 4,5 milliards de dollars dans un vieux pipeline qui fuit, qui met grandement en péril la côte de la Colombie-Britannique et qui aggrave les problèmes climatiques et d'énergie fossile? À mon grand désarroi, j'invite tous les députés à saisir l'urgence climatique et à être des meneurs dans les actes, et non pas seulement en paroles.
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Monsieur le Président, je remercie le député de , qui a contribué à soumettre cette motion au débat, de même que mes collègues du NPD et la députée de .
Avant d'aller plus loin, je vous signale, monsieur le Président, que j'ai l'intention de partager mon temps de parole avec le député de .
Le débat de ce soir est extrêmement important. La plupart de ceux qui sont encore ici à cette heure tardive connaissent le contenu du rapport du GIEC. Pour résumer des centaines de pages en quelques mots, je dirai qu'il faut agir maintenant si nous voulons protéger la planète et la préserver — non seulement pour nos enfants et petits-enfants, mais aussi pour ceux qui voudraient se lancer en politique à mon âge, avant que je puisse partir à la retraite. Le danger est imminent à ce point.
Les Canadiens ont bien compris la nature du problème. Ils s'attendent, à bon droit, à ce que le gouvernement prenne la question environnementale au sérieux, notamment en s'attaquant à la menace sans cesse grandissante que posent les changements climatiques. Les changements climatiques sont bien réels, et je suis content que nous n'ayons pas eu besoin de passer trop de temps ce soir à en débattre. Cela dit, même s'il est futile de chicaner sur la source des changements climatiques, nous devons débattre sainement et rigoureusement des solutions qui s'offrent à nous. Il a été question de beaucoup de choses ce soir, mais très peu d'idées ont été proposées pour atteindre notre objectif et éviter les conséquences catastrophiques contre lesquelles le rapport du GIEC nous met en garde. Il faut dire qu'elles y sont particulièrement bien décrites: espèces en péril, déclin des milieux marins, dégradation des écosystèmes où l'humain habite actuellement et où, j'ose l'espérer, il continuera d'habiter pendant des générations.
En tant que député, j'apprécie tout particulièrement le fait que, lorsque le gouvernement fait des annonces en matière de financement à l'Université St. Francis Xavier, qui se trouve dans ma circonscription, j'ai la possibilité de visiter les laboratoires des professeurs qui profitent de nos investissements dans la science. Dans cette université, j'ai pu voir le modèle climatique local mis au point par M. Beltrami et j'ai eu une longue conversation avec M. Andrew MacDougall, qui a retracé pour moi l'historique de la climatologie. J'ai bien compris que les changements climatiques attribuables au réchauffement planétaire seront irréversibles. Même si nous réduisons les émissions par la suite, les conséquences se poursuivront. C'est le message important que nous devons tous comprendre.
Il est essentiel non seulement de réfléchir aux solutions que nous pourrions adopter pour éviter ces conséquences, mais aussi de comprendre que l'inaction entraînera les conséquences les plus graves. Le coût qu'engendrera la solution au problème sera beaucoup moins élevé que celui qu'il faudra payer si l'on fait fi du problème. Nous pouvons agir dès maintenant. Si nous maintenons le cap, les changements climatiques entraîneront des coûts annuels de 5 milliards de dollars. Les coûts liés aux phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations, les feux de forêt, les sécheresses, les vagues de chaleur, les ouragans et les fortes pluies, sont immenses. Des députés en ont parlé en long et en large ce soir. Le Nouveau-Brunswick a connu des inondations récemment. J'habitais à Calgary lorsque, en 2013, cette ville a subi des inondations. Nous savons que, au cours de la dernière année seulement, les vagues de chaleur ont causé des dizaines de morts au pays.
Cependant, il y a d'autres répercussions qui sont peut-être un peu moins directes, mais qui ont aussi une très grave incidence sur nos activités quotidiennes. Je pense que c'est l'un de mes collègues de Winnipeg qui a mentionné une récente étude indiquant que la production mondiale d'orge diminuerait de 17 %, ce qui entraînerait une hausse du prix de la bière. Nous constatons d'énormes changements dans l'océan Atlantique, par exemple le réchauffement des températures océaniques et son impact sur l'un des piliers de notre économie et de notre culture, à savoir la pêche au homard. Il s'agit d'une question importante pour moi. À l'heure actuelle, les choses vont plutôt bien. Cependant, il y a quelques années, les choses allaient plutôt bien dans le Maine, mais l'État a ensuite connu une baisse de, je crois, 22 millions de livres de homard en raison du changement de température océanique. Je ne veux pas que notre région subisse le même sort. Lorsque je vois des études autres que celle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat qui indiquent que la vie marine dans la région du golfe disparaîtra possiblement en raison de la désoxygénation, je crains très sincèrement les conséquences qui se manifesteront si nous n'agissons pas immédiatement.
Selon le rapport du groupe d’experts, l'isthme qui relie la Nouvelle-Écosse au Nouveau-Brunswick est le deuxième endroit en importance en Amérique du Nord pour sa vulnérabilité à l'élévation du niveau de la mer. C'est effrayant parce que non seulement nous ne voulons pas que la Nouvelle-Écosse devienne une île, mais nous ne voulons pas non plus perdre les retombées économiques de 50 millions de dollars par jour qui sont générées actuellement par la voie ferrée qui relie les deux provinces. Ces problèmes ne pourraient être plus sérieux et plus immédiats.
Je suis ravi que nous allions de l'avant avec un certain nombre de mesures différentes qui auront une incidence tout à fait concrète sur les émissions que nous produisons en tant que pays, et notre contribution à la communauté internationale est aussi extrêmement importante.
Ce qui a retenu le plus l'attention ce soir, c'est peut-être le fait que nous allons de l'avant avec la tarification du carbone. Le débat à la Chambre a révélé beaucoup de dissensions. Toutefois, c'est très facile à comprendre. Si nous prenons un peu de recul, il faut comprendre que, aujourd'hui, cela ne coûte rien du tout de polluer l'atmosphère. À l'heure actuelle, au Canada, il en coûte la même chose à une entreprise qui pollue qu'à une entreprise qui a écologisé ses activités. Prenons deux entreprises en concurrence, l'une qui souhaite être respectueuse de l'environnement et réduire ses émissions et l'autre qui s'en fiche tout simplement, pour une quelconque raison: nous avons créé une mesure qui incite à continuer à polluer parce que, dans la même industrie, l'entreprise en concurrence avec la seconde ne tire aucun bénéfice du fait d'avoir assaini ses activités. Lorsque l'on impose une tarification de la pollution, on incite les entreprises à devenir plus écologiques et, parallèlement, on fait en sorte que les avantages profitent aux familles canadiennes pour que les simples contribuables n'aient pas à assumer un fardeau accru en raison de ce plan. Il s'agit d'un élément crucial. En fait, il a été salué par Mark Cameron, l'ancien directeur des politiques de Stephen Harper, qui a indiqué que les familles canadiennes peuvent s'attendre à se porter mieux grâce à ce genre d'approche. Bien sûr, comme nous l'avons entendu aussi ce soir, le professeur Nordhaus, de l'Université Yale, a récemment remporté le prix Nobel d'économie pour ses travaux menant à une conclusion très semblable.
Toutefois, nous ne nous contentons pas de tarifer la pollution par le carbone, nous prenons également toute une série de mesures qui nous permettront d'atteindre — voire de dépasser — les objectifs ambitieux dont nous avons convenu. Nous investissons dans le transport en commun et encourageons les gens à se déplacer sans emprunter leur propre véhicule. Nous investissons dans l’efficacité énergétique. Rien que vendredi dernier, j’ai annoncé en Nouvelle-Écosse qu’une partie de la contribution de 56 millions de dollars que nous apportons au Fond pour une économie à faibles émissions de carbone servira à améliorer le rendement énergétique des logements; cela, rien que pour la Nouvelle-Écosse. Les mesures semblables prises en 2017 ont eu pour effet équivalent de retirer plus de 100 000 automobiles de la circulation en Nouvelle-Écosse. Nous investissons dans les technologies propres, les énergies renouvelables et les infrastructures écologiques. Nous prenons des mesures importantes pour renforcer la protection de la faune. Nous consacrons 1,5 milliard de dollars pour un plan de protection des océans. Nous investissons dans les sciences, qui continueront de nous donner l’information dont nous avons besoin pour élaborer les politiques de l’avenir. Les avantages d’une telle approche sont nombreux et les deux minutes et demie qui me restent ne suffiront pas pour les décrire tous.
Nous pensons avant tout aux avantages environnementaux dont nous bénéficierons en évitant les conséquences dont j'ai parlé. Toutefois, il importe également de préserver la biodiversité. Personnellement, je trouve important de préserver les récifs de corail où vivent 25 % des espèces marines mondiales. Il y a aussi les avantages sociaux et économiques. L’abandon des centrales à charbon a entraîné une réduction des taux d’asthme chez les enfants. L’élimination du smog rend les collectivités plus vivables. Il y a aussi des enjeux relatifs à la salubrité des aliments et des enjeux récréatifs, sans compter les enjeux touchant la sécurité nationale et les migrations.
L'adoption d'un plan de protection de l'environnement responsable présente également des avantages économiques très directs et évidents. Selon Mark Carney, de la Banque d'Angleterre, le potentiel économique sur les marchés du monde entier s'élève à 23 billions de dollars. Je veux qu'on en tire parti ici. Il y a déjà des entreprises qui travaillent dans le domaine de l'énergie renouvelable et investissent dans les infrastructures vertes. L'entreprise McKay Meters dans le comté de Pictou, par exemple, a obtenu un brevet pour pouvoir fixer des bornes de recharge pour véhicules électriques aux parcomètres partout dans le monde. Nous avons des chercheurs comme David Risk, de Flux Lab, qui a mis au point des instruments permettant de détecter les fuites dans les infrastructures énergétiques du monde entier qui ne pouvaient être détectées auparavant. On parle de l'équivalent de la production tout entière de la Norvège. Nous avons des entreprises comme le Trinity Group of Companies chez nous, qui, en plus d'améliorer l'efficacité énergétique des maisons et de permettre aux gens d'économiser, aident des familles à rester unies. Son équipe m'a raconté l'histoire d'un couple âgé qui avait eu des problèmes de santé et craignait d'être obligé de quitter sa maison. Le mari a dû cesser de travailler. C'était vraiment touchant de voir la joie sur le visage de ces entrepreneurs qui ont permis à ce couple d'économiser assez d'argent sur leur facture d'électricité pour payer ses dépenses. C'est une expérience que je n'oublierai pas de si tôt. Ils aident des familles à rester unies, ils créent des emplois et ils prennent soin de l'environnement.
Pour conclure, le rapport du GIEC est un appel à l'action. Nous ne serons pas dissuadés par ceux qui cherchent à susciter la peur en répandant de la fausse information sur les ambitions que nous pourrions avoir. Nous n'abdiquerons pas la responsabilité qui nous incombe du fait que nous formons le gouvernement à ce moment-ci de notre histoire collective. Nous irons de l'avant avec un plan ambitieux pour protéger l'environnement et le préserver non seulement pour nos enfants et nos petits-enfants, mais aussi pour ceux qui siègent en cette assemblée aujourd'hui et qui méritent un environnement sain autant que n'importe qui d'autre.
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Monsieur le Président, c'est tout un privilège de pouvoir participer à ce débat.
Il faut parfois chercher une inspiration différente. Aujourd'hui, alors que nous débattons des changements climatiques, je pense à mes concitoyens pontiçois et pontiçoises qui ont été affectés récemment par les inondations de 2017 et par les tornades de 2018. Je pense à l'avenir de nos enfants et de nos communautés, tant rurales qu'urbaines.
[Traduction]
Je suis frappé par l'énorme importance de ce débat. Je pense à mes enfants et à ce qu'ils voudront que je dise sur cette question.
Bon nombre de mes concitoyens sont en colère ces jours-ci. Ils sont fâchés parce qu'ils estiment que le débat sur les changements climatiques devient malheureusement toxique. À vrai dire, c'est parce que les députés de l'opposition, en particulier les conservateurs, convainquent les Canadiens qu'ils doivent craindre une discussion entre personnes raisonnables sur la tarification de la pollution par le carbone. Ils créent un climat de peur et sèment la discorde au sujet de la survie même de l'humanité. C'est inacceptable.
En tant que représentant des braves gens de Pontiac, je ne tolérerai pas que ce débat devienne toxique, du moins je ne contribuerai pas à la création d'un tel climat parce que les enjeux sont trop élevés. Le débat doit être positif. Nous avons tous entendu parler du rapport du GIEC.
[Français]
Les faits sont impossibles à nier. Nous savons tous que les effets des changements climatiques sont dévastateurs et qu'il faut agir maintenant, et oui, notre gouvernement est en train d'agir avec toute une gamme de mesures. Nous mettons un prix sur la pollution, nous investissons dans le transport collectif et nous freinons l'utilisation des produits polluants du carbone.
[Traduction]
Le charbon disparaît progressivement, ce qui est un énorme pas en avant pour le Canada. Il y a tant d'investissements dans le logement et dans le transport en commun. Le temps est venu de sortir de ce cycle sans fin de critiques à propos d'une supposée taxe sur le carbone qui nuirait à l'emploi et qui s'appliquerait à tout.
Le discours du gouvernement précédent, celui de Harper, connaît une deuxième vie actuellement. C'est extrêmement malheureux étant donné que le Canadien moyen sait que la tarification du carbone n'éliminera pas des emplois. Au contraire, la tarification de la pollution crée des emplois et stimule l'économie alors que nous passons à une économie à faibles émissions de carbone. Nous pouvons créer des emplois pour la classe moyenne. Nous pouvons aider les villes à devenir plus résilientes pour se protéger contre les inondations et les incendies. Nous pouvons y arriver, et ce, sans déchirer la toile de l'unité nationale.
Cependant, il semble devenu extrêmement rentable sur le plan politique de s'adresser à la base du parti et de ressasser les discours déplorables sur les « taxes sur le carbone nuisibles à l'emploi ».
[Français]
Moi, je préfère parler des réussites et des projets à venir. Je vais mettre l'accent sur les très belles initiatives dans Pontiac. Je vais d'abord parler des petits projets locaux, comme la Véloroute des Draveurs, une piste cyclable de 21 kilomètres. C'est une des plus importantes annonces dans la Vallée-de-la-Gatineau depuis le début de notre mandat en 2015.
Cette véloroute est devenue une attraction touristique incontournable dans la Vallée-de-la-Gatineau. C'est un investissement fédéral d'un demi million de dollars. Cela amène des familles à utiliser leurs bicyclettes et à faire du plein-air. C'est le genre d'investissement en infrastructure que notre gouvernement appuie. Il y a la piste cyclable à Chelsea sur le chemin Notch et sur le chemin de la Mine. C'est la communauté dans laquelle je vis. Nous sommes tellement heureux d'avoir appuyé ce projet-là. Bien sûr, la piste cyclable fera partie de l'extension du chemin Pink, à Gatineau.
C'est un autre exemple de projet en infrastructure axé sur le développement durable et axé sur une économie et une vie communautaire de la prochaine génération, où le carbone sera diminué et où la qualité de vie sera augmentée.
[Traduction]
Il y a aussi des projets d'envergure et de nombreux projets vraiment intéressants à venir. En compagnie de mon collègue le député de , ainsi que du maire et de conseillers municipaux de Gatineau, j'ai été fier d'appuyer un projet important de train léger proposé pour Gatineau. Ce projet pourrait avoir un effet transformateur sur l'économie régionale dans son ensemble, tant dans les régions rurales qu'en milieu urbain. C'est le genre de projet de transport en commun visionnaire qui n'est possible que grâce au plan fédéral pour les infrastructures, lequel est assorti d'un budget de 180 milliards de dollars sur 10 ans. Sans ce plan, un tel projet n'aurait pas été possible.
Maintenant, les villes de Gatineau et d'Ottawa, les gouvernements du Québec et de l'Ontario et le gouvernement fédéral discutent sérieusement des infrastructures transformatrices pour la région. Nous avons ces conversations à l'heure actuelle. Est-ce que, individuellement, ces projets — une petite piste cyclable, un projet important de train léger et l'expansion d'un service d'autobus en milieu rural comme Transcollines — peuvent améliorer les choses? Non, peut-être pas si on les prend séparément. Toutefois, si on les met ensemble, on peut atteindre notre objectif. Voilà le genre d'engagement qu'il faudra prendre dans le budget.
Parlant de l'engagement que nous avons pris dans le budget, le gouvernement a pris une mesure sans précédent, celle d'investir 1,3 milliard de dollars sur quatre ans afin de veiller à ce que nous fassions avancer les choses et que nous conservions les espaces protégés et les espèces menacées. C'est une grande initiative. Comme le souligne avec raison le GIEC, elle est liée aux changements climatiques, car la crise que l'on connaît actuellement quant à l'extinction des espèces se trouve exacerbée par ces changements climatiques. Elle fait partie du même problème.
Nous assumons nos responsabilités sur le plan financier. Nous mettons en place des mesures axées sur le marché qui sont absolument nécessaires pour que les Canadiens puissent se dire que nous avons commencé à changer les choses grâce aux projets locaux et que nous avons commencé à changer notre façon de consommer au quotidien. Je sais que nous allons pouvoir dire que nous avons mieux fait. Devons-nous tous collectivement aller plus loin? Certainement. Personnellement, je dois en faire plus et j'ose croire que tous les députés sont du même avis.
Modérons le discours voulant que la tarification de la pollution détruira en quelque sorte le tissu du pays et mettra sens dessus dessous l'économie. Ce ne sera pas le cas. Le Canadien moyen le sait. Je mets les députés conservateurs au défi d'aller frapper aux portes des bonnes gens de Pontiac qui ont été victimes des inondations et qui ont perdu, au cours du dernier mois, des parties de leur maison. Je les mets au défi de frapper à leurs portes et de leur dire que les changements climatiques ne leur coûtent rien en ce moment. Cela coûte déjà cher aux Canadiens et, oui, nous devons tarifer la pollution, car c'est le seul moyen d'atteindre notre objectif.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de . Je souhaite souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé des peuple algonquin et anishinabe.
C'est avec plaisir que je participe à ce débat d'urgence. Si j'ai l'air un peu fatigué, c'est que je suis arrivé ce matin sur un vol de nuit et il est maintenant 23 h 25. Cependant, je ne manquerais jamais l'occasion de parler et de transmettre un message des habitants de Courtenay—Alberni qui trouvent cette question très préoccupante. Il s'agit manifestement de la question la plus importante, pas seulement pour les gens de ma circonscription et du pays, mais aussi pour la population du monde entier.
Le rapport récent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat est un urgent appel à l'action face à la menace la plus grave qui pèse sur la planète: les changements climatiques. Des milliers de scientifiques et d'experts de partout dans le monde préviennent que, si aucune mesure majeure et sans précédent n'est prise immédiatement, il sera impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celcius et les conséquences seront dévastatrices pour les gens vivant dans les écosystèmes de toute la planète.
Le Canada n'arrive même pas à atteindre ses modestes cibles de réduction des émissions. Maintenant, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat nous indique que nous devons réduire nos émissions actuelles de 45 % afin d'éviter la catastrophe. L'heure est grave, et, après un été de températures à la hausse, de fortes inondations et de terribles incendies de forêt dans ma province, la Colombie-Britannique, les Canadiens subissent déjà les répercussions des changements climatiques. Si nous ne nous décidons pas maintenant à lutter contre les changements climatiques, le coût sera catastrophique: des familles perdront leur maison et leurs biens à cause de phénomènes météorologiques extrêmes, des agriculteurs perdront leur récolte et tous les Canadiens assisteront à la disparition des espèces et des écosystèmes qui composent le patrimoine naturel du Canada.
Ce problème est bien réel. Le directeur parlementaire du budget a déclaré que les répercussions des tempêtes violentes et des phénomènes météorologiques violents nous coûteront environ 1 milliard de dollars par année. Nous savons que ce montant augmentera à environ 5 milliards de dollars d'ici 2020, ce qui est seulement dans deux ans, et il pourrait passer à plus de 50 milliards de dollars d'ici 2050. Non seulement nous creusons la dette fiscale, que les futures générations devront assumer, mais nous leur laissons aussi une énorme dette environnementale. Nous devons agir de façon beaucoup plus responsable.
Les scientifiques du monde entier ont clairement et fermement affirmé que des mesures immédiates et énergiques s'imposent pour assurer la sécurité et la viabilité de l'environnement. Les Canadiens s'attendent à ce que nous fassions mieux et que nous unissions nos efforts dans ce dossier. C'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui. Il est très important que nous travaillions de concert pour trouver des solutions.
Pensons à ce qui se présentera à nous si la planète se réchauffe de plus de 2 degrés par rapport à l'époque préindustrielle. L'océan Arctique pourrait être exempt de glace en été. Ce pourrait être une fois par siècle si on est à 1,5 degré Celsius, mais une fois par décennie si on est à 2 degrés Celsius. Nous pourrions voir les récifs de corail diminuer de 70 % à 90 % s'il y a un réchauffement de 1,5 degré Celsius, mais ils pourraient disparaître presque complètement, soit à 99 %, si la température du globe augmente de 2 degrés Celsius. La situation devrait tous nous inquiéter vivement.
Je pense à ma propre collectivité à Port Alberni. Au cours des quatre dernières années, il y a eu trois inondations qui devraient survenir aux 100 ans. L'Alberta a aussi connu d'immenses inondations et, comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a eu les nombreux incendies qui ont ravagé la Colombie-Britannique et l'Alberta au cours des dernières années. Il y a eu une sécheresse en 2014 et on s'inquiétait du sort des saumons qui devaient remonter les rivières. Plusieurs espèces de saumons auraient pu disparaître; les saumons sont en difficulté. Chaque année, chaque jour, on entend parler de leurs problèmes. Ils peinent à remonter les rivières, car les températures plus chaudes réchauffent l'eau des rivières et compliquent la tâche aux saumons, en particulier au saumon rouge.
Nous avons déjà parlé des feux de forêt. Dans ma circonscription, on arrivait à peine à respirer, mais certaines personnes ne croient toujours pas aux changements climatiques et à leurs effets. Pendant presque deux semaines, il était difficile de respirer. La médecin hygiéniste a affirmé que c'était comme fumer cinq cigarettes par jour, mais il y a encore des gens qui dorment et qui ne réalisent pas l'urgence de la situation.
L'acidification des océans est perceptible dans ma circonscription. Comme l'a affirmé ma collègue du Québec plus tôt, nous connaissons la pire année depuis 50 ans quant aux effets de la météo sur l'agriculture, y compris dans ma circonscription.
Nous pouvons regarder ce que les autres partis ont fait par le passé. Les conservateurs ont muselé les scientifiques, s'en sont pris aux organismes environnementaux et n'ont pas fait preuve du courage et de la volonté nécessaires pour régler ce grave problème.
Les conservateurs ont fait d'énormes déficits environnementaux. Le Parti conservateur fait campagne en promettant de gérer les finances de façon responsable, mais ils laissent aux générations futures de lourds déficits à éponger.
Les libéraux ont fait deux grandes promesses. Ils ont promis, d'une part, de lutter contre les changements climatiques et, d'autre part, de réformer le système électoral. De toute évidence, ils ont brisé leur promesse dans les deux cas.
J'ai dit plus tôt que j'ai demandé à la ministre, en juin 2016, pourquoi elle n'a pas rempli sa promesse de mettre fin aux subventions à l'industrie des combustibles fossiles. Elle a plutôt décidé d'appuyer la décision du Cabinet et du gouvernement d'acheter un oléoduc en mauvais état. Non seulement les libéraux n'ont pas tenu parole, mais ils ont fait le contraire de ce qu'ils ont dit. C'est très inquiétant. Ils croient que nous devons posséder un oléoduc pour lutter contre les changements climatiques. Dans ma région, personne n'est dupe.
Nous pouvons suivre l'exemple de certains pays qui ont pris des mesures concrètes, comme la Suède et le Royaume-Uni. La Suède a connu une croissance économique de 50 % tout en réduisant ses émissions de 25 %. Nous savons que le Royaume-Uni affiche un bilan très similaire. Nous devons prendre des mesures audacieuses.
Je me souviens de la visite d'Al Gore à Victoria, en 2007. Il a dit que nous devions prendre des mesures audacieuses. Il a dit que c'est bien beau de recycler, de faire du vélo et de faire toutes ces autres choses qui peuvent faire une différence, mais que 90 % du travail devra être réalisé par ceux qui font les choses à moitié, les grandes industries et les grands émetteurs. Il a dit que nous devons mettre en place des règlements qui vont réellement réduire les émissions, ainsi que des incitatifs pour encourager les investissements dans l'énergie propre. Il avait raison. Je vais reconnaître le mérite du parti de l'opposition en Colombie-Britannique, c'est-à-dire le Parti libéral. C'est lui qui a mis en place une taxe sur le carbone lorsqu'il était au pouvoir. Comme moi, Gordon Campbell était présent lors de la visite d'Al Gore. Il l'a écouté, et il a convenu, comme lui, qu'il fallait faire preuve de leadership. Je l'en félicite.
Nous avons besoin de ce genre de leadership maintenant, mais plus rapidement encore. Si nous voulons réduire les émissions de 45 %, nous devons agir de toute urgence. Nous pouvons le faire. Nous pouvons investir dans l'énergie géothermique, solaire et éolienne, comme le font d'autres pays, et dans l'électrification. Je suis ici avec mon collègue. Nous sommes le seul parti à avoir un porte-parole en matière d'électrification. Nous pouvons essayer de créer un réseau d'électrification dans tout le pays, d'être éconergétiques, d'encourager la transition vers les véhicules électriques et de délaisser les carburants fossiles. Nous devons travailler avec les administrations locales et les Premières Nations pour les aider à accélérer le processus.
Mon collègue de a parlé du cyclisme et j'apprécie son travail aussi dans ce dossier. Mon projet de loi, le projet de loi encourage le gouvernement à élaborer un plan. Il nous faut à vrai dire un plan pour promouvoir le cyclisme dans notre pays. C'est une des très petites initiatives, mais 95 % des municipalités ont voté en sa faveur et le gouvernement libéral n'a toujours pas honoré cet engagement. Les municipalités demandent juste une simple stratégie et des fonds pour pouvoir orienter leurs efforts. Nous savons qu'il y a différentes façons d'aborder cette question, mais, quoi qu'il en soit, il faut agir vite.
J'ai eu la chance que des habitants de ma circonscription m'envoient des messages. Vendredi, alors que je visitais des entreprises de ma collectivité, j'ai rencontré Tyler Cody, propriétaire d'Osprey Electric. Cet entrepreneur se spécialise dans les technologies solaires et les technologies efficaces sur le plan énergétique. Il veut vraiment contribuer. Il sait que, si les gens ont un incitatif, ils vont se tourner vers l'énergie solaire. Les choses pourraient avancer cent fois plus vite si un petit incitatif était offert aux propriétaires d'habitation qui veulent participer à la lutte contre le changement climatique. Son gérant m'a envoyé un mot disant ceci: « Le Canada est un des seuls pays avancés dont le gouvernement fédéral n'offre aucun incitatif pour favoriser l'adoption de l'énergie renouvelable ni dans le secteur commercial ni dans le secteur résidentiel. Cela veut dire qu'il n'y a aucun programme de prêt à taux d'intérêt faible ou nul, aucun remboursement de taxe, aucun crédit d'impôt. Les entreprises et les propriétaires de maison qui veulent faire la transition doivent se débrouiller seuls. C'est un peu gênant en fait. » Autrement dit, un petit peu d'aide pourrait faire beaucoup.
John Standen m'a envoyé un mot sur Facebook me disant que nous devons nous mobiliser, que ce n'est pas dans 20 ans que les gens seront en danger, c'est maintenant. Il veut que agissions. Il ne veut pas que nous perdions plus de temps.
Claire Schuman, de Parksville, a dit que les politiques ne sont pas utiles si on ne les transforme pas en mesures concrètes. Elle a ajouté que, au lieu de mettre l'accent sur le pipeline dont le gouvernement a fait l'acquisition, il faudrait s'employer immédiatement à réduire notre empreinte carbone et cesser d'attendre.
Voilà ce que demandent mes concitoyens. Voilà ce que demandent les Premières Nations. Ils demandent au gouvernement de faire preuve d'audace et de courage et de cesser d'attendre. C'est pour cette raison que nous tenons ce débat d'urgence. J'espère que, dans les jours précédant la réunion très importante prévue en décembre, le gouvernement fera des propositions audacieuses, qu'il accélérera la mise en oeuvre de son plan et qu'il reviendra avec des cibles mesurables, car nous devons prendre la situation au sérieux. Il y va de l'avenir de nos enfants, de notre planète et de notre écosystème. Tout est en jeu.
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Monsieur le Président, j'ai entendu mon chef parlementaire mentionner que notre Parlement était probablement l'un des premiers du monde à tenir un débat d'urgence là-dessus à la suite du rapport du GIEC. C'est vrai que cette initiative est peut-être une bonne nouvelle.
Je suis très heureux d'être ici au nom des gens de Longueuil et de Saint-Hubert. Par contre, je dois dire que ce n'est pas un hasard si nous nous retrouvons ici. Je suis à la Chambre depuis 12 heures, et bien qu'il soit minuit moins vingt, pour ce qui est du réchauffement climatique, il est minuit moins une.
C'est pourquoi mon collègue de parlait de mobilisation. À Montréal, il y a eu de grandes manifestations. Chacune d'entre elles était deux fois plus importante que la dernière. J'ai eu la chance d'être aux trois manifestations avec ma fille et ses amies. Les gens s'étaient mobilisés pour demander aux politiciens provinciaux de parler davantage de cette question dans la campagne électorale, parce qu'on n'en entend pas assez parler.
Cet été, j'ai été bouleversé par M. Hulot, un politicien français du gouvernement Macron qui a donné sa démission en direct à la radio, ce qui a évidemment créé une commotion. C'était le Steven Guilbeault français, pour ainsi dire. Voici une partie de son allocution:
Je ne comprends pas que nous assistions globalement, les uns et les autres, à la gestation d'une tragédie bien annoncée dans une forme d'indifférence. La planète est en train de devenir une étuve. Nos ressources naturelles s'épuisent. La biodiversité fond comme la neige au soleil et ce n'est pas toujours appréhendé comme un enjeu prioritaire. Pour être très sincère, mais ce que je dis vaut pour la communauté internationale, on s'évertue à entretenir, voir à réanimer, un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres. Donc, non, je ne comprends pas comment après la conférence de Paris, après un diagnostic imparable qui ne cesse de se préciser et de s'aggraver de jour en jour, ce sujet est toujours relégué dans les dernières priorités. La pression du court terme sur les dirigeants et le premier ministre est si forte qu'elle préempte les enjeux de moyen et long terme. C'est cela la vérité parce que sur le bureau d'un premier ministre, il y a des exigences sociales, des exigences humanitaires qui légitimement relèguent toujours sur le côté les enjeux de long terme qui prennent notre société de court. J'espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde.
Personnellement, cela m'a bouleversé. Je me rappelle avoir écrit sur Facebook que j'avais été ému aux larmes en écoutant son entrevue. Évidemment, un troll s'est amusé à dire que c'était encore de la récupération politique, mais j'ai vraiment été ému aux larmes. Comme plusieurs de mes collègues, je suis extrêmement perturbé de voir des jeunes perdre espoir et d'entendre des grands chroniqueurs dire qu'on est cuit et que c'est fini. C'est pitoyable, c'est pathétique et c'est notre faute. Nous devons agir là-dessus et surtout sortir de nos débats à courte vue.
Plus tôt, j'ai dit que nous étions en guerre. Il est temps que chacun réalise pleinement que tous les pays du monde sont en guerre contre le réchauffement climatique, un monstre qu'on a créé sans le savoir au départ. J'ai 55 ans, et quand j'étais petit, on m'apprenait à l'école que l'océan était si grand qu'il était impossible de le polluer. Je n'ai pas inventé cela, je l'ai entendu à l'école. Aujourd'hui, on constate qu'il y a des continents entiers de contenants en plastique qui nuisent à la vie aquatique, entre autres. L'insécurité à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui a été créée par ce comportement insouciant qu'on a eu pendant des années. Aujourd'hui, par contre, on n'a plus d'excuse pour ne rien faire. C'est documenté.
Je reviens donc à la charge: pourquoi ne créons-nous pas un poste de commissaire? Au Québec, il y a un commissaire au développement durable associé au vérificateur général. Pourquoi ne créons-nous pas un poste de ce type, un poste dont le mandat dépasserait la longueur des nôtres? Nous avons des mandats de quatre ou cinq ans. Assurons-nous qu'il y aura un entrelacement du personnel. Cette personne, choisissons-là de façon unanime en décidant d'arrêter de nous chicaner. C'est une vérité et nous ne pouvons que convenir que la science est là, que la planète se réchauffe et que nous allons cuire et bouillir comme une grenouille qui ne s'est pas rendu compte que l'eau de son bain se réchauffait.
Pourquoi ne nommons-nous pas quelqu'un? Pourquoi ne mandatons-nous pas quelqu'un pour s'occuper de cela? Pourquoi ne pas créer une assemblée ultime internationale, où plusieurs personnes auraient exactement le même mandat? Pourquoi le Canada ne serait-il pas un leader? Nous avons été un leader dans le cadre de la Coalition pour la diversité culturelle. Pourquoi n'amenons-nous pas un concept comme celui-là? Pourquoi ne nommons-nous pas un ou une super ministre, pas un ou une ministre de l'Environnement, mais bien un ou une ministre de la guerre au réchauffement climatique? Nous sommes dans une situation de guerre.
À cet effet, je ne peux que déplorer la situation. Bien sûr, le gouvernement libéral a de belles intentions. Je l'entends. Toutefois, comme le décrivait M. Hulot, dans la vraie vie, c'est bien beau de parler de nos objectifs, mais il y a une province qui n'est pas contente parce que son pipeline n'a pas été agrandi. Qu'est-ce que qu'on va faire? On va acheter le pipeline. On tripote toutes sortes de solutions à court terme. Surtout, les bottines ne suivent pas les babines, comme on le dit chez nous.
Le voit clair, de toute évidence, mais, finalement, il ne soutiendra pas la grappe industrielle de l'électrification des transports. Pourtant, la grappe MOST 21, à Québec, qui était associée à l'aérospatiale, était très prometteuse. Pourtant, on ne la soutiendra pas. Le avait promis l'installation de bornes au Canada. Il avait promis cela pour 2018, mais il n'y en a à peu près pas. On a l'impression que tout est retardé. C'est très concret.
Évidemment, les conservateurs savent très bien que nous trouvons que la taxation du carbone est une bonne idée. C'est bien beau, c'est bien, mais, concrètement, que fait-on? Va-t-on inciter les gens à électrifier leurs transports? Pour le moment, il semble qu'on va attendre longtemps. Je me souviens d'avoir interpellé le ministre des Transports à ce sujet. Le NPD a effectivement un portefeuille officiel pour l'électrification des transports, car c'est une de ses priorités. Un mouvement industriel se développe et il y a du savoir-faire et de la compétence. Des gens ont décidé d'y mettre toute leur énergie professionnelle. Malheureusement, ces efforts sont tous un peu épars, ils ne sont pas rassemblés. Propulsion Québec essaie de réunir tous ces intervenants industriels de ce domaine. L'Institut du véhicule innovant, à Saint-Jérôme, essaie de catalyser des savoirs et des compétences pour présenter de beaux projets qui fonctionnent parfaitement, comme l'autobus de la compagnie électrique Lion, un autobus scolaire électrique vendu aux États-Unis.
Toutefois, le gouvernement fédéral n'offre pas suffisamment de soutien. C'est ce qui est triste. On peut bien se gargariser avec la notion qu'on est conscient du réchauffement climatique, mais, dans les faits, qu'est-ce qu'on fait? Je demanderais aussi au gouvernement où en est le fameux rapport. Le gouvernement avait demandé à Mobilité électrique Canada et à d'autres intervenants dans l'électrification des transports de tenir plusieurs rencontres, à raison d'une par mois pendant presque un an. Le rapport n'est toujours pas paru. Pourtant, nous en avons bien besoin. Le gouvernement fera-t-il preuve d'assez de transparence pour déposer ce fameux rapport à la Chambre?
Évidemment, ce rapport nous aurait éclairés quant à cette structure qu'on peut espérer. Comme l'a dit la aujourd'hui, l'électrification des transports est aussi une occasion d'affaires. Je peux dire que cela me fâche constamment de voir à quel point on ne célèbre pas nos réalisations au pays. Je peux parler de Bathium Canada, à Boucherville, qui a fabriqué et conçu, à partir des brevets d'Hydro-Québec, les piles qu'il y avait dans les 4 600 voitures électriques de Paris. Ce ne sont pas des blagues. Le RAV4 électrique en Californie est fait à Woodstock, en Ontario. Personne ne l'a jamais vu.
Pouvons-nous célébrer nos intervenants, nos entrepreneurs, et nous assurer que les bottines suivent les babines dans toutes nos belles intentions environnementales?