:
Monsieur le Président, on ne doit pas se contenter de raconter ces histoires. Il est temps pour nous d'intervenir, et c'est ce que nous faisons. Selon un sondage d'Angus Reid, 52 % des Canadiennes disent avoir fait l'objet de harcèlement sexuel en milieu de travail, 28 % disent avoir subi des attouchements sexuels non consensuels en milieu de travail, et 72 % des répondants ayant vécu du harcèlement ne l'ont jamais signalé. En fait, ces comportements sont devenus si normalisés que le malaise ressenti par les femmes est normalisé. Les femmes nous disent qu'elles ne signalent pas ce qui leur arrive parce que c'est plus facile ainsi, car souvent, cela ne vaut pas la peine. Elles se sentent embarrassées, et beaucoup craignent les représailles, dont la perte de leur emploi. Le plus décevant, c'est que la plupart des femmes ne croient tout simplement pas que le signalement changera leur situation ou celle des autres.
Il est temps de changer cela. Tous les Canadiens méritent un milieu de travail libre de harcèlement et de violence où l'on ne tolère plus les comportements inacceptables. Le projet de loi serait un outil pour aider à atteindre ce but. Il véhiculerait un message, soit que ce comportement inacceptable en milieu de travail ne sera pas toléré. Cela nous ferait passer, en tant que société, de l'indignation à l'action. Le projet de loi porte sur tous les types de harcèlement et de violence. Il renforcerait le Code canadien du travail pour compléter les lois et les politiques existantes. Il élargirait la portée de la loi pour inclure le personnel travaillant ici-même, tant dans cette enceinte que dans l'autre endroit, ainsi que dans les bureaux de circonscription.
Le projet de loi comporte trois grands éléments: la prévention des incidents, une réaction rapide et efficace aux incidents, et le soutien pour les employés touchés.
[Français]
Il s'agit d'un projet de loi progressiste et révolutionnaire dont tous les Canadiens peuvent être fiers. Cependant, je suis tout à fait consciente que le projet de loi ne s'applique qu'aux employés et aux employeurs assujettis à la réglementation fédérale.
[Traduction]
J'espère que le projet de loi servira d'exemple et établira la norme en matière d'équité et d'harmonie dans tous les milieux de travail du Canada.
Je remercie l'autre Chambre de son étude attentive. Je remercie aussi les témoins qui nous ont fait part de leur expertise et de leurs expériences, dont un bon nombre sont profondément personnelles, ce qui a permis d'éclairer l'étude du comité. Le Comité sénatorial permanent des droits de la personne a pris à coeur les messages des témoins et a proposé des amendements pour faire écho à leurs voix et à leurs histoires.
Le gouvernement appuie un bon nombre des amendements. Par exemple, il appuie l'élimination de l'utilisation des termes « futile », « frivole » et « vexatoire » pour décrire des plaintes dont l'enquête pourrait être refusée. Bien que ces termes soient couramment utilisés en droit, il est indéniable qu'ils revêtent des connotations très négatives.
Il y a quelques amendements que nous ne pouvons pas appuyer, bien que nous en comprenions l'intention. Les préoccupations soulevées ne sont pas passées inaperçues. Le gouvernement estime que les amendements ont déjà été pris en compte dans d'autres lois. Mes collègues parleront plus en détail de chaque amendement.
Les députés peuvent avoir l'assurance que le projet de loi sera utile aux Canadiens. Il permettra de créer de meilleures protections, d'accroître la sécurité au travail et de prendre des mesures plus rapidement pour les employés couverts par le projet de loi. Il entraînera aussi un changement de culture qui aura une incidence sur tous les milieux de travail et sur la société. Je crois d'ailleurs qu'il l'a déjà fait.
Par exemple, lors de nos consultations sur la réglementation, la majorité des intervenants que nous avons rencontrés ont reconnu la nécessité de changer le statu quo, et la plupart se sont dits prêts à travailler en ce sens. En tant que gouvernement, nous devons montrer la voie et prendre au sérieux notre responsabilité à l'égard de nos travailleurs. Nous avons besoin de ce projet de loi pour la simple et bonne raison que les mesures en place en ce moment ne donnent pas les résultats escomptés.
Qu'on me permette de dire un mot aux députés à propos d'Hilary Beaumont, journaliste chez VICE News. Mme Beaumont a effectué des recherches très intéressantes. Elle a mené des entrevues avec plus de 40 femmes qui travaillent ici même sur la Colline, y compris d'anciennes et actuelles députées, des lobbyistes, des journalistes, des employées et des stagiaires. Dans son témoignage devant le comité, elle a expliqué avoir rapidement réalisé que les employés de sexe féminin étaient plus susceptibles de subir du harcèlement que leurs homologues masculins.
Les femmes interrogées ont raconté des histoires personnelles concernant des commentaires sexistes, des attouchements et même des agressions sexuelles. Certaines ont dit qu'elles avaient été mises à pied ou avaient raté des possibilités d'emploi après avoir essayé de signaler les abus dont elles avaient été victimes au travail, ici même. Il y a des personnes qui travaillent sur la Colline qui ne savent même pas comment réagir en cas d'incident ni comment signaler celui-ci.
Mme Beaumont a découvert que les mesures actuelles ne protègent pas les employées contre le harcèlement et la violence. Cependant, si le projet de loi avait été adopté, ces femmes auraient reçu un meilleur soutien et obtenu justice. Mieux encore, ces incidents auraient pu être évités. Voilà pourquoi le projet de loi dont nous sommes saisis est si important.
Chaque député de la Chambre a convenu de son importance dès le début. C'était manifeste lors des réunions du comité de la Chambre qui a travaillé très fort pour renforcer la mesure législative. Ces efforts ont mené à des amendements considérables: l'ajout au Code canadien du travail de la définition des termes « harcèlement » et « violence »; l'ajout d'un article exigeant que soit mené, tous les cinq ans, un examen des dispositions contenues dans le projet de loi portant sur le harcèlement et la violence; l'exigence que le ministre du Travail prépare un rapport annuel sur le harcèlement et la violence dans les lieux de travail assujettis à la réglementation fédérale; et pour l'application de la partie III de la loi au Parlement, l'exercice par le sous-ministre des attributions normalement exercées par le ministre afin d'éviter tout conflit d'intérêts.
Ces modifications, qui ont déjà été adoptées, de même que les amendements proposés par l'autre Chambre que nous avons l'intention d'accepter, créent une mesure législative exceptionnellement solide qui, nous pouvons tous en être certains, atteindrait son objectif.
[Français]
Je suis convaincue que le projet de loi , tel que modifié, changera réellement la vie de milliers de Canadiens.
[Traduction]
Elle garantirait une meilleure protection aux employés de la fonction publique et des sociétés d'État fédérales.
[Français]
Il s'agit notamment des personnes qui travaillent dans les banques fédérales, les chemins de fer, les services de transport maritime et de traversier, les compagnies aériennes et ;es aéroports ainsi que la radio et la télédiffusion.
[Traduction]
Il est important de dire que le projet de loi , par ailleurs, protégerait le personnel politique ici et à l'autre endroit, où, trop souvent, nous avons entendu parler ou avons même été témoins de comportements déplacés, souvent pour humilier ou rabaisser une personne ou pour utiliser son pouvoir dans l'intention de l'agresser.
Je demande à mes collègues d'appuyer l'adoption de cet important projet de loi, je dirais même, de ce projet de loi historique. Pour tous ceux qui ont osé dénoncer, pour ceux qui ont eu l'impression qu'ils ne pouvaient pas le faire, déclarons ensemble que nous n'accepterons pas le statu quo et que nous serons des employeurs responsables ici. Soyons un exemple pour le Canada et pour le reste du monde. Nous le devons à nos concitoyens et nous devons au personnel infatigable à notre service à tous d'agir maintenant.
:
Monsieur le Président, je remercie la ministre de son travail dans ce dossier, et je suis très reconnaissante de tout le travail que la ministre de notre cabinet fantôme a réalisé à cet égard.
Je suis très heureuse d'annoncer que nous allons appuyer la réponse du gouvernement, principalement parce que les amendements amélioreront le projet de loi de manière à prévenir la violence ou le harcèlement en milieu de travail. Il est urgent de combattre dès maintenant le harcèlement sur la Colline du Parlement. L'inconduite sexuelle et le harcèlement sexuel n'ont pas leur place dans la société canadienne, tout particulièrement dans le système politique du pays.
Lorsqu'elle a présenté le projet de loi, en janvier dernier, la ministre a déclaré ceci:
Sur la Colline du Parlement, il existe des déséquilibres de pouvoir évidents. Cette situation fait perdurer une culture dans laquelle des gens qui disposent de beaucoup de pouvoir et de prestige peuvent utiliser ces avantages pour s'en prendre à des personnes qui travaillent très fort pour leurs concitoyens. Dans cette culture, les victimes de harcèlement ou de violence sexuelle ne se sentent pas suffisamment protégées pour porter plainte contre leur agresseur. À cet endroit, les comportements abusifs et préjudiciables de ce genre sont acceptés et minimisés, et on n'en tient pas compte.
J'en déduis qu'il s'agit là du motif et du raisonnement qui expliquent la présentation du projet de loi et le fait que nous en soyons aujourd'hui à la dernière étape de l'étude.
Je trouve ces paroles incroyablement profondes, et il est perturbant de les entendre de la bouche d'une ministre, car il s'agit de notre propre milieu de travail. Quand j'y pense, force est de constater que plusieurs députés pourraient d'abord être tentés de rejeter ces propos, rappelant avec justesse que nous n'abusons pas tous de notre pouvoir.
D'entrée de jeu, je suis d'avis qu'il faut garder à l'esprit que c'est notre réputation à tous qui se retrouve entachée lorsque nous tolérons de tels comportements répréhensibles, et qu'il n'y a pas de processus en place pour traiter les plaintes.
Nous ne nous livrons pas tous aux types de comportements reprochés à certains députés. Heureusement, la plupart d'entre nous sont capables d'effectuer leur travail et de témoigner du respect et de la reconnaissance à nos employés pour leur travail. Cependant, une série d'incidents nous a permis de constater que nous devons examiner sérieusement la problématique du harcèlement.
Au cours des prochaines minutes, je présenterai un aperçu à la Chambre de mon expérience des questions entourant le harcèlement sexuel, la violence sexuelle et l'intimidation en milieu de travail. Je souhaite souligner à la Chambre qu'il ne s'agit pas d'une situation isolée. Nous nous sommes attaqués à cet enjeu dans d'autres industries. C'est aussi un sujet brûlant d'actualité. Cela dit, nous pouvons tirer des leçons d'autres secteurs afin d'obtenir les résultats voulus. Je conclurai mes remarques en parlant d'exemples récents pertinents qui, à mon avis, remettent en question la mise en oeuvre juste et complète du projet de loi.
Presque toute ma vie, j'ai travaillé dans des secteurs à prédominance masculine. Grâce à mon expérience dans chacun de ces domaines, j'ai observé une évolution similaire des mentalités par rapport à l'intimidation, au harcèlement et à l'inconduite sexuelle en milieu de travail.
D'abord, il faut tout simplement prendre conscience que certains propos et comportements sont inacceptables. Pour les gens, ce ne sont parfois que des blagues ou des façons de s'amuser. Certains se défendent ainsi: « Bien, je pensais qu'il ou elle appréciait ce que je lui disais. »
On doit tous être sensibilisés au fait que tout le monde ne pense pas de la même manière et que tout le monde n'agit pas de la même manière. La première étape, c'est cela: une prise de conscience.
La deuxième étape, c'est former et éduquer, à savoir que, une fois la prise de conscience du problème faite et la nécessité de modifier son comportement reconnue, la personne concernée doit être formée et éduquée sur la manière adéquate de se comporter. Je suis très heureuse de signaler que c'est ce que nous avons fait collectivement en tant que Parlement et personnellement en tant que députés. Nous avons tous suivi la formation nécessaire. Je félicite le comité et la Chambre des communes d'avoir fait en sorte que nous fassions tout cela, parce que cela nous a amenés à l'étape suivante.
La mesure législative gouvernementale parle, en fait, d'un processus. Beaucoup diront que, pour que des plaintes soient déposées, pour que les problèmes les plus graves soient pris en compte, il faut qu'il y ait une structure en place. Il s'agirait d'un endroit où les personnes pourraient aller et se sentiraient suffisamment à l'aise pour formuler une plainte dans l'espoir de déclencher une quelconque action.
Le dernier élément — le plus important — est qu'il y ait apparence de justice lorsqu'une demande ou une plainte est jugée irrecevable et que, lorsqu'une plainte est jugée recevable, il y ait une conséquence, que des mesures soient prises pour éviter que la situation se répète.
Pour que le projet de loi soit vraiment accepté et perçu comme une solution utile dans notre culture, il doit y avoir apparence de justice dans l'application. Bien que nous discutions aujourd'hui en partie de cette nécessité dans le processus, il faut demeurer conscients, en tant que députés, qu'il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Il y a loin de la coupe aux lèvres et je ne crois pas que tout se déroulera sans heurts, mais je sais que les députés de tous les partis travailleront afin qu'il y ait apparence de justice dans le traitement des cas qui seront soulevés.
Dans les années 1980, je travaillais dans le domaine de la chimie. J'ai obtenu mon baccalauréat de l'Université St. Francis Xavier. C'était un baccalauréat spécialisé en chimie physique, un domaine où il y a peu de femmes. Curieusement, nous étions autant de femmes que d'hommes. Nous étions six: trois hommes et trois femmes; il y avait donc parité parfaite entre les deux sexes. Si, dans les années 1980, cette université était reconnue pour les soirées organisées par les étudiants — c'était même motif de fierté —, nous ne parlions pas souvent des problèmes liés au harcèlement et à la violence sexuels et nous n'étions pas vraiment conscients de leur existence.
Je me demande parfois si la raison pour laquelle nous n'avions pas connaissance d'un tel enjeu dans ma faculté est parce qu'il y avait une représentation égale des deux sexes dans mon groupe à cette époque. Personne ne parlait de cette notion. À ma connaissance, ce genre d'incident ne s'est jamais produit dans ma faculté, et nous sommes tous passés aux prochaines étapes de notre vie sans trop y réfléchir. Après avoir obtenu notre diplôme, nous avons tous les six choisi des domaines différents. Certains d'entre nous ont poursuivi des études supérieures, et d'autres se sont inscrits à l'école professionnelle. J'ai suivi un programme de deuxième cycle en toxicologie biochimique à l'Université de Guelph et à l'Université de Waterloo, où j'ai vraiment compris que la disparité entre les sexes pose des problèmes particuliers.
Je me suis rapidement aperçue que l'on ignorait les femmes professeures dans la salle du courrier. Elles étaient méprisées à cause de leurs aptitudes intellectuelles, elles étaient négligées et se faisaient rabaisser dans les réunions de faculté, et on ne leur donnait pas nécessairement l'espace dont elles avaient besoin pour faire valoir leurs idées dans le domaine de la chimie. J'ai pris cette affaire très au sérieux et je me suis demandé si je voulais réellement faire carrière dans ce domaine. La vérité, c'est que nos expériences personnelles influencent grandement notre opinion et les décisions que nous prenons. À cette époque, le nombre de femmes dans la faculté de chimie était très faible, et peu pouvaient servir de modèles féminins. Il y avait très peu d'exemples de réussites dont nous pouvions nous inspirer pour poursuivre dans ce domaine.
Le bon côté, c'est que j'étais une très mauvaise chimiste et que, par conséquent, ce ne fut pas une grande perte que je ne poursuive pas une carrière en chimie. Pour ce qui est de ma formation universitaire, il est possible qu'on m'ait fait comprendre que je n'allais par faire de doctorat dans ce domaine. Quoi qu'il en soit, il est certain que la piètre situation des femmes m'a effleuré l'esprit et a pesé dans la balance. Je me suis demandé si je me sentirais appréciée et écoutée. Je n'étais pas nécessairement préoccupée par le harcèlement; je voulais plutôt ne pas être ignorée, intimidée et rabaissée, autrement dit, faire l'objet d'attaques insidieuses toujours possibles.
La présence d'un plus grand nombre de femmes dans les programmes de deuxième cycle en sciences pourrait peut-être améliorer la situation. Toutefois, il est complètement fallacieux d'exercer constamment des pressions sur les femmes en leur disant qu'elles doivent se diriger vers les sciences et mieux y réussir que les hommes parce que cela leur assurera le succès sur tous les plans. Les femmes qui optent pour une carrière scientifique ont besoin d'évoluer dans un cadre solide et de voir les résultats positifs qui en découlent.
On trouve généralement intéressant d'entendre vanter les mérites de l'égalité des sexes au sein d'un comité ou d'une faculté universitaire, mais ce n'est pas vraiment l'enjeu. Il faut plutôt se demander s'il y a une véritable structure institutionnelle pour reconnaître la valeur de chaque personne au sein d'une faculté, sans égard à son sexe. Il faut faire abstraction du genre lorsqu'on évalue les aptitudes intellectuelles.
Bref, je n'affirme pas aujourd'hui que si davantage de femmes évoluaient dans la sphère politique, la situation serait meilleure. En fait, je n'en suis pas convaincue. Ce serait un bon slogan de marketing, mais je ne crois pas que ce soit une solution aux problèmes et aux enjeux auxquels les femmes sont confrontées dans des domaines où elles ne se sentent pas nécessairement bienvenues et où elles estiment ne pas pouvoir faire carrière.
N'étant pas encore lassée des secteurs dominés par les hommes, j'ai décidé de m'inscrire à la faculté de droit, un milieu très différent. C'était très paritaire. Au cours de ma première année à la faculté de droit Osgoode, il y avait plus de femmes que d'hommes dans la nouvelle cohorte. Les choses étaient certainement en train de changer pour les femmes à cet endroit. Je le répète: c'était un établissement extraordinaire, où les deux sexes étaient traités sur un pied d'égalité. La doyenne était extrêmement efficace, et les excellents cours étaient donnés tant par des hommes que par des femmes. Nous pouvions choisir le secteur dans lequel nous souhaitions nous spécialiser. À cette époque, je n'ai pas perçu de problèmes liés à la violence ou à la discrimination fondée sur le sexe. Un débat faisait toutefois rage, car on se demandait si une personne faisant partie du corps professoral avait été mise de côté. Cet enjeu faisait l'objet de discussions, mais il n'accaparait certainement pas toute l'attention dans ma classe.
Toutefois, la situation est différente dans les cabinets d'avocats. En 1998, après avoir été admise au barreau et occupé un autre emploi d'été, j'ai fait des stages dans des cabinets d'avocats. J'ai pu y constater une véritable différence. C'est là que la stratification a commencé et que je me suis aperçue du déséquilibre de pouvoir dont j'ai parlé au début de mon intervention.
En 2000, un cas absolument scandaleux d’inconduite sexuelle présumée survenu au centre-ville de Toronto a vraiment attiré l’attention sur le problème du harcèlement sexuel et de l’inconduite sexuelle dans le monde du droit à Toronto. Sans entrer dans tous les détails sordides de l’incident, un associé principal a été accusé d’inconduite sexuelle à l’endroit de plusieurs avocates dans un bar. Il était impossible de passer l’incident sous silence parce que tellement de gens étaient impliqués, avaient été témoins des faits ou les avaient rapportés. À l’époque, le cabinet d’avocats a dû régler le problème, et il l’a fait très vigoureusement. Il s’est séparé de l’associé en question et s’est assuré d’avoir dès lors un programme sérieux d’éducation, de sensibilisation et de formation au sein de l’entreprise. Je cite cet exemple parce que je crois qu’on lui doit, en partie, une plus grande sensibilisation au sein de nombreuses entreprises du centre-ville qui ne s’étaient peut-être pas encore attaquées au problème du harcèlement sexuel ou de la violence sexuelle en milieu de travail.
Je travaillais à l’Administration portuaire de Toronto à l’époque. J’y étais conseillère juridique principale et j’ai décidé de tenter de déterminer dans quels domaines nos politiques en milieu de travail étaient déficientes en ce qui concernait les femmes, les hommes et le pouvoir. L’organisme existait alors depuis environ 75 ans et il n’avait pas de politique relative au congé de maternité. Je suppose qu’aucune femme n’avait travaillé pour l’Administration portuaire en 75 ans. L’une de mes premières tâches a été de rédiger la politique, ce que j’ai fait de manière à ce qu’elle ne fasse aucune distinction entre les sexes. Nous sommes devenus l’un des premiers endroits où nos pompiers hommes étaient reconnaissants de pouvoir prendre eux aussi un congé parental pendant la grossesse et après l’accouchement de leur conjointe. Après l’affaire de l’inconduite présumée à Toronto, il était devenu presque impératif que les conseils d’administration veillent à mettre en place des politiques appropriées pour régler les problèmes susceptibles de se présenter en milieu de travail. Avec 100 employés, dont 90 % d’hommes, nous avons entrepris de sensibiliser, d’éduquer et de former tout le monde, de mettre sur pied un processus et, enfin, de montrer que si des plaintes étaient déposées, justice serait rendue. J’aimerais pouvoir dire que ce fut facile, mais ce n’est vraiment pas le cas.
Quand on commence à parler de sujets tels que la violence sexuelle, l’inconduite sexuelle, le harcèlement et l’intimidation en milieu de travail, au départ, les gens ont tendance à dire: « Ce n’est pas moi; je ne suis pas comme ça; pourquoi lancez-vous des accusations; pourquoi dois-je participer à ce processus? » Et ce sont toutes de bonnes questions. Toutefois, il revient à la direction, au collectif, de proposer des politiques et de les mettre en œuvre, d’assurer à tout le monde qu’il ne s’agit pas de se mettre à l’affût de personnes à blâmer, mais plutôt de mettre en place un système pour permettre aux gens de se manifester afin que les éléments indésirables au sein du groupe de 100 employés soient dénoncés et que la réputation de l’organisation dans son ensemble ne soit pas remise en question.
Au bout du compte, j’ai passé 20 ans à essayer de faire adopter des politiques pour régler ces problèmes. Je sais que je l’ai déjà dit, mais je tiens à le redire, parce que si nous fondons tout ce que nous tentons de faire au Parlement sur des mesures visant à protéger toutes les personnes ici présentes, si nous disons que nous le faisons en premier lieu pour augmenter la sensibilisation, en deuxième lieu pour former et éduquer et en troisième lieu pour établir un processus solide et pour que justice soit faite, nous sommes sur la bonne voie.
Quelques cas très médiatisés survenus au sein de notre famille parlementaire en 2018, de même que dans le milieu juridique à Toronto en 2000, nous ont menés à notre débat sur ce projet de loi. Le Royaume-Uni a eu le même problème. Une enquête de la BBC sur l’intimidation et le harcèlement à la Chambre des communes du Royaume-Uni a donné lieu à une étude. Le hasard veut que le rapport en ait été publié hier à la Chambre des communes britannique. Nous n’abordons pas les problèmes de la même façon. Nous sommes immédiatement passés du côté législatif de la question pour essayer de trouver le meilleur processus parce que nous croyons que si nous mettons en place ce processus, il va tout régler. La Chambre des communes du Royaume-Uni a adopté une approche différente. Elle a lancé une enquête indépendante menée par une personne impartiale qui a été autorisée à interroger abondamment les personnes qui avaient porté plainte, à parler à tous les députés et à formuler des recommandations. L’auteure du rapport recommande ainsi de prendre le temps de bien faire les choses. C’est un long rapport de plus de 155 pages. Il vaut toutefois la peine d’être lu, non pas pour les détails salaces de ce qui est arrivé à certaines personnes ou pour les allégations à l’endroit d’autres personnes, mais pour que nous ayons une meilleure idée de ce qui aurait pu se produire ou de ce qui pourrait se produire si nous ne nous occupons pas de notre culture de la bonne façon.
Le principal problème qui est ressorti de l’enquête est que les mécanismes en place pour sanctionner les incidents qui se produisaient à la Chambre des communes du Royaume-Uni étaient manifestement inefficaces. L’enquête portait sur l’intimidation, le harcèlement et le harcèlement sexuel. Ce qui est très intéressant, c’est que le rapport recommande un changement fondamental pour rétablir la confiance, le raisonnement étant que des hommes comme des femmes font des allégations d’intimidation et de harcèlement à la Chambre des communes du Royaume-Uni et qu’il convient de prendre le problème au sérieux et de le régler le plus concrètement possible.
Les trois derniers paragraphes, qui précisent qui est le mieux placé pour changer les choses, constituent la partie la plus controversée du rapport et celle dont parlent les médias britanniques. Je vais vous les lire parce que je crois qu’ils nous donnent amplement matière à réflexion.
Voici comment elle conclut son rapport. Elle écrit:
Si un électeur qui était victime d'intimidation ou de harcèlement sexuel au travail leur demandait des conseils, je suis persuadée qu'ils n'hésiteraient pas à l'aider à porter plainte. J'ose donc espérer que les recommandations que j'ai faites recevront l'appui actif des députés, qui seront scandalisés par les comportements abusifs dont certains de leurs collègues ont été accusés, mais qui veilleront aussi à ce que tout processus visant à déterminer le résultat des allégations soit indépendant, efficace et juste envers les deux parties.
J'ai également parlé tout au long de ce rapport de lacunes institutionnelles ou systémiques, et d'une philosophie collective à la Chambre qui a permis, au cours des années, à la culture sous-jacente de violence de se développer et de persister. Or, certaines personnes sont considérées comme particulièrement responsables de cette situation et des critiques qui en découlent. Leur présence est perçue comme peu susceptible de favoriser les changements nécessaires. Ce serait une erreur de ma part de nommer ces personnes, vu le mandat qui m'a été confié pour la présente enquête. Néanmoins, j'ose espérer que les conclusions du présent rapport susciteront une période de réflexion à cet égard aussi.
Pour déterminer la meilleure façon de procéder aux changements culturels qui seront nécessaires, et la meilleure façon de mettre en oeuvre les recommandations du présent rapport, il se peut que certaines personnes veuillent se demander sérieusement si elles sont bien placées pour déclencher un renouveau et si elles sauront faire le nécessaire pour concrétiser les changements qui seront dans l'intérêt de la Chambre, en tenant compte à la fois de sa réputation et de son rôle d'employeur de ceux qui sont à juste titre considérés comme sa ressource la plus importante.
L'auteure du rapport a dû s'exprimer sans ménagement à propos de la direction de la Chambre des communes de son pays, mais ces choses devaient être dites.
Voici un passage du rapport que j'ai trouvé très intéressant à propos des raisons pour lesquelles une telle culture avait pu s'établir: « l'intimidation et le harcèlement, sexuel ou autre, ont pu se faire une place et sont tolérés et dissimulés depuis longtemps grâce à une culture de déférence, de servilité, d'acquiescement et de silence qui part d'en haut. » Voilà des propos importants auxquels nous devrions nous attarder afin de veiller à ne pas favoriser pareille culture ici.
Le comité exécutif de l'administration de la Chambre des communes du Royaume-Uni a répondu en disant que le rapport « est une lecture difficile pour nous tous. L'intimidation et le harcèlement n'ont pas leur place ni à la Chambre des communes ni à la direction des services numériques parlementaires. Nous acceptons sans réserve qu'un changement s'impose et, en tant qu'équipe de direction, nous sommes bien déterminés à tirer des enseignements du rapport. Nous nous excusons des manquements antérieurs et nous avons bien l'intention d'améliorer notre culture. » C'est de loin la meilleure réaction que le comité exécutif pouvait avoir à l'égard d'un tel rapport: présenter des excuses pour ce qui s'est passé et s'engager à améliorer les choses.
Comme je l’ai dit maintes fois dans mon intervention, une loi ne suffit pas à mettre fin à la situation. Il faut qu’il soit visible que la justice est rendue en suivant un processus qui fonctionne. De plus, en faisant fond sur ce que le rapport dit, nous devons nous assurer que les personnes qui appliqueront la loi sont irréprochables, qu’elles sont tout à fait en mesure de dire qu’elles ont les mains propres et qu’elles peuvent contribuer à favoriser ce changement de culture.
Étant donné la couverture médiatique à laquelle nous avons eu droit dans le passé au sujet de la conduite à la Chambre des communes, on scrutera certainement la façon dont les problèmes seront réglés et ce qui se dira. Ce qui m’amène, et j’en suis gênée, à parler d’une affaire qui s’est produite cet été.
Cet été, donc, les médias ont appris par un blogueur que, d’après un éditorial paru il y a de nombreuses années, le se serait rendu coupable d'une conduite déplacée. L’auteure de l’éditorial précisait que les faits remontaient à des années. Elle était jeune et il était encore plus jeune. Dans son article, elle se demandait s’il était approprié, pour un homme qui possède une notoriété et des pouvoirs considérables, d'avoir eu un comportement qu'elle qualifiait d'inapproprié.
Ce que je trouve intéressant, au sujet de cette affaire, et ce qui explique mon propos sur la culture d’acquiescement, de déférence et de servilité, c’est que l'histoire circule depuis des mois. Beaucoup de gens la connaissaient, mais personne n’avait de réaction ou de réponse quant à ce qui s’est vraiment passé. Donc, l’histoire a pris de l’ampleur, ce qui nous amène à nous demander s'il y a d’autres rumeurs qui circulent, mais ne nous permet pas de savoir si un mécanisme adéquat existe pour traiter ce genre d’allégations et pour que justice soit faite.
Les médias sont tout à fait au courant de cette affaire. Ils savaient ce que contenait l’éditorial. Ils ont refusé de l’utiliser. Après des semaines de tergiversations, le a fini par publier une déclaration disant que la femme en question n’avait pas le même souvenir que lui de ce qui était arrivé et que, dans ces situations, chacun se rappelle les choses différemment. La réponse était malheureuse et je vais expliquer pourquoi à la Chambre.
Cette réponse n’avait rien à voir avec les regrets exprimés sans ambiguïté par l’équipe de dirigeants administratifs de la Chambre des communes du Royaume-Uni. Le premier ministre a plutôt donné une explication pour se disculper. Le problème, c’est qu'alors même que le projet de loi actuel était présenté, débattu et soumis à des votes au Parlement, la personne la plus puissante au pays, qui doit être un exemple pour ses concitoyens dans ce genre d’affaires, n’a pas eu le comportement que l'on attend d'elle, c’est-à-dire présenter ses excuses et passer à autre chose. C’est à mon sens ni plus ni moins qu'aller à l’encontre de ce que nous attendons comme résultat de cette loi à l’avenir.
Le problème aussi, c’est que je suis protégée à la Chambre des communes si je tiens de tels propos. Je ne sais pas si quelqu’un regarde mon intervention actuelle, mais les médias sociaux ne manqueront certainement pas de souligner que je remets une fois de plus sur le tapis les accusations de tripotage visant le , accusations dont il a été question tout l’été. J’espère que la Chambre comprend ce que j’essaie de dire en faisant autre chose que débiter une trentaine de secondes de phrases accrocheuses. Je suis en train de soulever une question importante. Il ne s'agit pas de parler d’une victime en particulier ou de savoir si des événements allégués ont bel et bien eu lieu. Il s’agit de dire que la réponse du premier ministre aux allégations bien réelles dont il fait l'objet n'est pas appropriée. Au lieu de donner cette réponse, il devrait montrer aux gens que, si une personne porte plainte contre quelqu’un de très puissant, elle obtiendra justice.
Le a laissé passer une occasion de montrer que nous sommes vraiment rigoureux et que ce projet de loi est inspiré par la sincérité. C’est une occasion manquée. J’insiste beaucoup parce qu’en fin de compte, après 30 ans d’expérience dans ce domaine, je sais malheureusement qu’une simple reconnaissance et de simples excuses auraient été plus utiles.
Nous n’avons pas beaucoup parlé d’intimidation. Or, l’intimidation est aussi un grand problème à la Chambre des communes. C’est un grand problème dans les milieux de travail. J’ai été un temps ministre du Travail et nous avons vu très clairement que, parfois, des actes d’intimidation manifestes conduisent à de la violence, ce que nous ne voudrions jamais voir arriver. Je ne veux pas dire que cela arriverait ici, mais que l’intimidation n’a vraiment pas sa place lorsque des gens discutent, y compris à la Chambre. Il me semble que, dans le modèle de Westminster, l’intimidation est considérée comme inacceptable, car il inclut la notion de propos non parlementaires. Chaque député est honorable, et il n’est pas permis de ternir l’honorabilité d’un député. Nous sommes tous égaux et nous sommes tous traités comme tels. Il est très important de nous comporter en tout temps de manière honorable. Pourtant, même si le Parlement est un lieu protégé, des actes d'intimidation peuvent y être commis.
Je souhaite rappeler deux affaires survenues au cours des huit derniers mois. À mes yeux, elles montrent une fois de plus que le gouvernement qui cherche à faire adopter ce projet de loi ne prêche pas par l'exemple. J’ai donc beaucoup de mal à croire que les libéraux vont être en mesure de mettre en œuvre la loi de manière à inspirer confiance aux gens.
Il y a quelques mois, je me trouvais à une réunion de comité et, en qualité de leader adjointe, j’essayais d’interroger le au sujet de certains des principes qui sous-tendaient son budget. S’agissant du genre, je voulais savoir si, oui ou non, certaines choses avaient été prises en considération. Au fur et à mesure de sa réponse, le ministre a perdu patience et il a fini par me dire, tout à la fin, que les gens comme moi qui lui posaient ce genre de questions étaient des dinosaures qu’il fallait pousser de l’avant.
À première vue, j’ai trouvé ça risible et pitoyable. On m’a déjà traitée de qualificatifs bien pires que celui-là. Ça ne m’a certainement pas déstabilisée, il m’en faut beaucoup plus que ça, je suis une bonne politicienne. Néanmoins, sachant qu’il n’hésitait pas à utiliser ce mot non seulement à mon égard, par ricochet, mais à l’égard de mon parti, j’estime qu’il a fait preuve d’un manque de respect. C’est un concept important, qui mérite qu’on en discute.
De leur côté, les médias ont jugé que ce n’était pas si grave. Quelle que soit la gravité de la chose, à ce moment précis, au lieu de répondre à la question qui lui était posée et qui portait sur une question sérieuse, le ministre a choisi l’invective et l'insulte. C’est inacceptable. Encore une fois, le gouvernement peut-il vraiment mettre en œuvre une loi qui dépendra de la capacité des gens à comprendre combien il est important que justice soit rendue ?
La dernière fois que cela s’est produit, c’était dans cette Chambre. Le Président de la Chambre n’a pas encore rendu sa décision, et j’attendrai donc qu’il se prononce au sujet de l’utilisation de propos non parlementaires par le .
Le sujet était encore une fois très difficile, car il s’agissait de savoir si le avait, oui ou non, le pouvoir de transférer ou de faire transférer une détenue, en l’occurrence Terri-Lynne McClintic, d’un pénitencier à un autre. Le s’est vu poser un grand nombre de questions, d’abord par mon collègue de et ensuite par moi. Au lieu de répondre, le a perdu patience et a fini par nous accuser de courir après les ambulances. Or, ce sont les avocats véreux qui courent après les ambulances, et comme je suis moi-même avocate, tout comme le député qui avait parlé avant moi, nous nous sommes sentis insultés.
Ce qui importe, au bout du compte, c’est que le a encore jugé bon de répondre par une invective et une insulte plutôt que de discuter sérieusement.
J’ajouterai que, lors de ces deux incidents, le ministre et le premier ministre ne cherchaient certainement pas à faire de l’humour. L’heure n’était pas à la plaisanterie. Ces insultes étaient donc délibérées. Si j’avais été une députée moins expérimentée et que c’était la première fois que je posais cette question à la Chambre, j’aurais interprété cette réponse de la façon suivante: « Faites attention, si vous posez cette question, je vais vous humilier devant les électeurs de votre circonscription qui vous regardent à la télévision. » Quand on tolère ce genre de comportement, voilà l’impact que l’on a.
Je suis députée depuis 10 ans. Je viens de célébrer cet anniversaire avec plusieurs de mes collègues, et j’ai aujourd’hui la couenne assez épaisse pour faire face à ce genre de choses. Je suis toutefois sidérée que ce genre de comportement soit toléré.
Les députés remarqueront que, jusqu’à présent, je n’ai pas mentionné une seule fois que j’étais une femme, car cela ne doit pas entrer en ligne de compte. Qu’on soit un homme ou une femme, les insultes n’ont pas leur place ici, et notre Règlement les considère comme des propos non parlementaires. D’ailleurs, c’est un principe qui devrait être respecté aussi bien par le gouvernement que par l’opposition. Lorsque nous estimons que les lois ne sont pas appliquées de façon équitable, nous cessons de croire que les lois peuvent nous protéger.
C’est le danger d’un projet de loi comme celui-ci, car on a beau avoir les meilleures procédures au monde, le maximum d’occasions pour les gens de discuter, de recevoir du soutien psychologique, de participer à des audiences et d’obtenir l’accompagnement nécessaire, au bout du compte, si justice ne semble pas avoir été rendue, alors tout ce que nous avons fait ne sert à rien. Ce n’est qu’avec le temps que le gouvernement pourra nous démontrer qu’il va véritablement faire ce qu’il a dit qu’il allait faire.
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Monsieur le Président, comme je l'ai dit à plusieurs reprises à la Chambre, aujourd'hui, mes pensées accompagnent toutes les victimes. À tous ceux et celles qui vivent des moments difficiles ou qui se demandent quoi faire, tenez bon. Il y a des gens pour vous aider. Le projet de loi qu'on met en place est un pas dans la bonne direction. Il ne mettra pas fin à l'intimidation, au harcèlement ou à la violence à caractère sexuel ou autre, mais nous sommes ici aujourd'hui pour améliorer les lois. Mes pensées accompagnent ces personnes.
Tous les députés de la Chambre devraient avoir du respect pour les victimes, et je sais que c'est le cas. Lorsqu'on est victime d'un incident malheureux, la plupart du temps, on se sent très isolé. Je crois donc pouvoir parler au nom de mes collègues lorsque je dis que nous sommes tous et toutes avec les victimes.
Je tiens également à souligner l'importance du travail effectué par le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, le Comité sénatorial permanent des droits de la personne et les deux Chambres sur le projet de loi , qui vise à prévenir le harcèlement et la violence dans les lieux de travail. Il s'agit d'un projet de loi d'intérêt général et d'une question non partisane, comme je l'ai souvent répété.
Le harcèlement et la violence, notamment de nature sexuelle, constituent un problème bien trop important pour permettre à la partisanerie et aux querelles politiques de restreindre nos efforts. Au contraire, ce projet de loi doit permettre une fois pour toutes de libérer la parole pour dénoncer le harcèlement sexuel, car le harcèlement et la violence au travail demeurent encore aujourd'hui chose courante, ailleurs comme ici-même, au Parlement.
C'est pourquoi le NPD appuie le principe et l'esprit du projet de loi . Toutefois, à l'état actuel, il n'est pas parfait. Malheureusement, je pense que le projet de loi ne remplit que partiellement son objectif de renforcement du régime de prévention du harcèlement et de la violence. Non, le projet de loi C-65 n'apaise pas toutes nos inquiétudes, bien au contraire, ni celles des nombreux témoins qui se sont déplacés pour nous faire part de leurs préoccupations au comité sénatorial ou à celui de la Chambre des communes.
Le Sénat a proposé de bons amendements, similaires à ceux que j'ai présentés au Comité des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, mais encore une fois, le gouvernement a rejeté plus de la moitié de mes amendements. Pourtant, ces amendements auraient bonifié le projet de loi et auraient permis de mieux répondre aux préoccupations soulevées par plusieurs témoins lors de leur comparution aux comités de la Chambre et du Sénat.
Il s'agit de choses simples. En voici quelques exemples: reconnaître le droit de tout employé à un milieu de travail exempt de harcèlement et de violence; faire progresser l'égalité des sexes; aborder les questions liées au racisme; et veiller à ce que les droits des travailleuses, notamment celles qui sont victimes de formes intersectionnelles de discrimination, soient respectés, protégés et légitimés. Ce n'est rien de bien compromettant, mais cela n'a pas été accepté.
Le 26 avril, le président national du Syndicat canadien de la fonction publique m'a contactée pour discuter. Voici ce qu'il m'a dit:
Je vous écris aujourd’hui à propos de deux grave lacunes du projet de loi C-65 qui nuiront aux droits des travailleuses et travailleurs aux prises avec de la violence et du harcèlement au travail.
De quelles lacunes peut-on bien parler pour que le syndicat s'inquiète au point de sommer la ministre de les corriger immédiatement?
Il s'agit en fait de la double exclusion des comités de santé et de sécurité du processus de plainte et du processus d'enquête. Or tant le processus de dépôt des plaintes relatives au harcèlement et à la violence que le processus d'enquête doivent continuer de profiter de l'expertise de ces comités. Selon moi, leur exclusion n'a aucun sens.
La raison étonnante brandie par les libéraux pour expliquer leurs mesures est celle d'une prétendue atteinte à la confidentialité des victimes que poserait la participation aux enquêtes de ces comités. C'est un prétexte à peine crédible, et ce, pour plusieurs raisons que je vais expliquer.
Premièrement, la décision de faire intervenir ces comités dans ces processus revenait auparavant aux victimes elles-mêmes. Le projet de loi supprime des possibilités jusqu'alors offertes aux victimes sans explication valable. C'était un choix supplémentaire offert aux victimes, et non une obligation ni une contrainte imposée.
Deuxièmement, jusqu'à aujourd'hui, ces comités mixtes de santé et sécurité ont toujours reçu les plaintes et mené les enquêtes relatives au harcèlement avec succès. Leurs méthodes d'enquête modernes ont toujours veillé à respecter la vie privée des victimes. En excluant ces comités des processus d'enquête, le projet de loi s'apprête donc à détruire des décennies d'expérience, de formation et de travail, et je pèse mes mots.
Ce n'est pas tout. Si la volonté des libéraux était véritablement de protéger la vie privée et la confidentialité des victimes, alors, qu'on m'explique leur opposition à plusieurs de mes amendements présentés au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, ou leur opposition à l'amendement sénatorial 7b). Je rappelle que sur la quasi-vingtaine d'amendements que j'ai eu le plaisir de proposer au Comité, seuls trois ont trouvé un écho favorable parmi les libéraux. Les autres amendements n'ont souvent même pas été discutés. Les libéraux préféraient procéder directement au vote plutôt que de prendre leurs responsabilités en expliquant leur désaccord.
Parmi ces amendements rejetés sans explication figurait notamment une proposition de la Confédération des syndicats nationaux. Sa proposition était pourtant simple. Le projet de loi souhaite exclure des enquêtes les comités mixtes de santé et sécurité pour des raisons de confidentialité. Le problème, c'est que ces comités permettent encore aujourd'hui aux victimes de bénéficier d'une expertise incontestable. La solution logique proposée par les témoins était donc de doter ces comités de règles de pratique et d'un code de déontologie qui viendraient garantir la confidentialité de ces victimes.
Par incompréhension ou obstination, le gouvernement a préféré s'opposer à cette recommandation, sans plus d'explications. L'exclusion de ces comités du processus d'enquête me semble pourtant être une décision lourde de responsabilités. Syndicats, associations, cabinets juridiques, ce ne sont pourtant pas les témoins en faveur de cet amendement au projet de loi qui manquaient. Il y a plus.
Mon discours n'est peut-être pas intéressant pour certains de mes collègues, mais je crois que, vu la nature du projet de loi C-65, cela mériterait peut-être un peu de silence. Si on encourageait les gens qui veulent discuter à le faire à l'extérieur ou dans le lobby, ce serait peut-être une bonne chose pour mes collègues qui veulent entendre mon discours. Je crois que mon message n'a pas été entendu.
Je vais reprendre mon discours et j'aurai peut-être le silence de la Chambre. L'expertise décennale des comités mixtes de santé et sécurité n'explique pas à elle seule pourquoi les témoins s'obstinaient tant à défendre le maintien de leur participation au processus d'enquête. Une autre raison à cela, qui n'est pas des moindres, est la diversité exceptionnelle des enquêteurs de ces comités lorsqu'une enquête relative à du harcèlement s'offre à eux. Le droit des comités mixtes de mener des enquêtes permettait jusqu'alors aux victimes de bénéficier d'une diversité inouïe d'enquêteurs en matière de couleur, de religion, d'âge, ou de sexe. Cette diversité de profil des enquêteurs est inestimable en milieu de travail.
Malheureusement, force est de constater que cet aspect a été complètement relégué aux oubliettes dans le projet de loi C-65, contrairement à la recommandation du Bureau international du travail.
Dans le cas des enquêtes relatives au harcèlement sexuel, les victimes ne pourront plus bénéficier ni de l'expertise ni de l'extrême diversité des comités mixtes en matière de santé et de sécurité.
Lors de l'étude en comité, il était encore possible d'inclure dans le projet de loi une disposition qui aurait permis une diversité d'enquêteurs semblable à celle permise par les comités mixtes, et ce, pour tous les enquêteurs.
C'est exactement ce que proposait un de mes amendements. Il visait à ce que le choix des enquêteurs, bien que ne relevant plus des comités mixtes, reflète la diversité de la société canadienne. Ainsi, la diversité des enquêteurs, jusqu'à maintenant rendue possible grâce aux comités mixtes, se perpétuerait, et ce, malgré l'exclusion des comités du processus d'enquête.
Une représentation équitable de la diversité nationale était donc assurée. Apparemment, la recommandation du Secrétariat des Nations unies en matière de travail n'était pas assez bonne pour le gouvernement puisqu'ils n'ont pas permis que le Canada se dote d'une législation garantissant à tous les travailleurs le droit à l'égalité et à la non-discrimination en utilisant le profil des enquêteurs.
Ce n'est pas sans rappeler que les minorités sont touchées de façon disproportionnée par le harcèlement et la violence au travail. Par « minorité » j'entends aussi bien les membres d'une minorité ethnique ou religieuse que les travailleurs et les travailleuses, les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres, les intersexués ou encore les travailleurs migrants.
C'est pour cette raison que le profil des individus chargés de l'enquête doit à tout prix refléter cette diversité. Malheureusement, notre législation ne tiendra vraisemblablement pas compte de la diversité nationale dans le choix des enquêteurs. Pour ma part, je trouve cela très dommage.
Voilà donc quelques aspects qui me tenaient particulièrement à coeur, après toutes ces heures passées à écouter et à lire les recommandations des témoins, lors de leur comparution en comité ou dans leurs mémoires.
Afin de répondre à leurs préoccupations et pour corriger les manques du projet de loi , j'ai formulé des amendements qui n'ont même pas été débattus. C'est le silence radio du côté des députés libéraux.
Passons maintenant à d'autres aspects du projet de loi qui nous inquiètent également, au sein du NPD. Ils sont nombreux et ils concernent l'élaboration des politiques des employeurs sur le harcèlement et la violence, par exemple.
Des employeurs se sont exprimés à plusieurs reprises sur le fait qu'ils ne cernaient pas avec précision ce qui était attendu d'eux en matière de politique sur le lieu de travail. Ils ont besoin d'être aiguillés pour ce qui est de la rédaction et de la mise en place de leur politique contre le harcèlement.
Le projet de loi visant avant tout à susciter un changement majeur de culture politique et d'entreprise dans le domaine du harcèlement, on aurait pu s'attendre à ce qu'il propose quelque chose à ce sujet.
Lors de leur comparution en comité, les témoins ont exprimé leurs inquiétudes concernant l'efficacité des politiques contre le harcèlement mises en place par les employeurs. Les témoins entendus avaient, parmi d'autres, trouvé la solution.
Afin d'aiguiller les employeurs et de renforcer la protection des employés, les témoins recommandaient de préciser, dans le Code canadien du travail, les lignes directrices de ce qui est attendu d'une politique d'entreprise, notamment en ce qui concerne le harcèlement en milieu de travail.
Parmi ces lignes directrices figuraient des détails sur les formalités d'assistance immédiate en cas de harcèlement, les principes fondamentaux en matière de protection des renseignements confidentiels ou encore ceux en matière de traitement des plaintes.
L'amendement proposé par le NPD faisait ainsi d'une pierre deux coups. D'une part, il guidait les employeurs dans la réalisation de leurs politiques internes. D'autre part, il renforçait la protection des employés, à qui on garantissait maintenant une couverture au moyen de politiques de prévention efficaces.
Cet amendement permettait également d'empêcher d'éventuels employeurs malintentionnés de se soustraire aux principes fondamentaux liés à la prévention du harcèlement, au moyen de politiques anti-harcèlement volontairement complexes et, donc, dissuasives pour les victimes.
Les libéraux semblent malheureusement préférer que les employeurs aient à deviner la façon dont ils sont censés rédiger leurs politiques internes, puisqu'aucun d'entre eux ne s'est prononcé en faveur de cette mesure ou ne s'est même prononcé tout court.
Au fil des débats d'aujourd'hui et de demain, j'espère connaître les raisons qui ont poussé le gouvernement à s'opposer à cette mesure, que les témoins leur offraient pourtant sur un plateau d'argent en comité. J'espère obtenir des réponses, à la Chambre, au cours des prochaines heures.
N'est-il pas logique que les attentes en matière de politiques, et notamment de politiques anti-harcèlement, figurent directement dans le Code canadien du travail? Voilà encore un point qui manque cruellement au projet de loi .
Encore une fois, ce ne sont pas les occasions de remédier au problème qui ont manqué, ni les témoins s'exprimant en faveur d'une telle mesure. Tous nos efforts pour tenter de renforcer le volet de prévention du projet de loi semblent en fait avoir été anéantis par le gouvernement.
Je me permets de donner l'exemple de l'examen quinquennal instauré par un amendement libéral. Cet amendement, loin d'être inopportun, était plus que le bienvenu. En effet, il semblait indispensable que le projet de loi soit accompagné d'un examen de son efficacité au cours des années. L'idée d'examiner, tous les cinq ans, les dispositions relatives au harcèlement et à la violence en milieu de travail est donc une avancée parfaitement justifiable. Par contre, ce qui l'est moins, c'est le refus des libéraux d'adopter l'un des amendements que j'ai proposés, qui visait à renforcer l'efficacité de l'examen quinquennal.
Je vais donner une courte explication à ce sujet. Les libéraux ont proposé de mettre en place un rapport ministériel quinquennal visant à faire état des données statistiques relatives au harcèlement et à la violence en milieu de travail. C'est bien. Cela respecte presque les recommandations contenues dans leur propre rapport, qui a été publié par Emploi et Développement social Canada en mars 2017. Presque!
Dans ce rapport, le gouvernement regrettait « l'insuffisance de données concernant le harcèlement et la violence en milieu de travail », en particulier concernant le harcèlement sexuel.
Le rapport soulignait également la nécessité de mettre en place un recueil continu des données, justement afin de pallier cette insuffisance de données.
Les libéraux ont répondu à une partie du problème en proposant de mettre en place la rédaction d'un rapport ministériel statistique tous les cinq ans. Toutefois, dans la pratique, il manque quand même quelque chose: les données. Ce manque de données dans le rapport statistique est plutôt gênant, parce que nous n'aurons pas en main l'information nécessaire permettant de connaître l'évolution du projet de loi .
Je vais conclure ainsi, mais j'aurais encore beaucoup à dire sur le projet de loi . Je vais avoir la chance de répondre aux questions qui seront posées ici, à la Chambre, et de participer à plusieurs autres heures de débat.
Le NPD est d'accord sur le principe et l'esprit du projet de loi , mais il trouve que ce dernier est imparfait. Nous allons donc appuyer le projet de loi avec dissidence.
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Monsieur le Président, je me réjouis de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi .
L’objectif principal du projet de loi est de s’assurer que tous les employés sous compétence fédérale, y compris ceux qui travaillent dans des organisations fédérales et dans des industries sous réglementation fédérale, sont traités de façon équitable et sont protégés contre des comportements nuisibles comme le harcèlement et la violence de nature sexuelle. Le projet de loi témoigne de la volonté de notre gouvernement de prendre des mesures qui contribueront à créer des milieux de travail sains et respectueux.
Le harcèlement, le sexisme et tout type de violence sexuelle sont des comportements répréhensibles et tout à fait inacceptables. Malheureusement, malgré les progrès que notre pays a accomplis pour instaurer une société moderne et respectueuse, nous savons que le harcèlement et la violence sont encore fréquents dans les milieux de travail au Canada, même si, trop souvent, ils ne sont pas signalés parce que les victimes craignent des représailles.
Ce genre de comportement peut avoir des effets négatifs à long terme, pas seulement sur les victimes et leurs familles, mais aussi sur les employeurs, sous la forme d’une perte de productivité, d’un absentéisme croissant et d’un taux de roulement important. Tout cela est causé par des déséquilibres de pouvoir et des normes sexuelles encore très présents dans notre culture, qui nous ont malheureusement amenés à tolérer ces comportements pendant trop longtemps. Il est temps d’y mettre un terme.
La consultation des Canadiens a été l’une des grandes étapes qui nous ont conduits à l’élaboration de ce projet de loi. La a consulté les parties prenantes et les spécialistes pour connaître leur expérience et leur perspective sur ces questions. Les députés et les sénateurs ont aussi été consultés, pour que le gouvernement soit en mesure de s’acquitter de son engagement de faire du Parlement un lieu de travail sans harcèlement et sans violence sexuelle.
Cette mobilisation des Canadiens a abouti à un rapport publié en novembre dernier et intitulé « Consultations publiques sur le harcèlement et la violence sexuelle en milieu de travail - Ce que nous avons entendu ». Dans ce rapport, les Canadiens ont indiqué que, trop souvent, les cas de harcèlement et de violence sexuelle en milieu de travail n’étaient pas signalés, et qu’en plus, quand ils l’étaient, ils ne donnaient pas lieu à des mesures efficaces. Le rapport constate que les femmes ont signalé un plus grand nombre de cas de harcèlement et de violence que les hommes, et que les personnes handicapées et les minorités visibles ont signalé un plus grand nombre de cas de harcèlement que les autres groupes.
Ces consultations avec les parties prenantes et les spécialistes ont permis d’avoir une idée plus précise de la nature du problème et de la façon de s’y attaquer, et de procéder à l’élaboration du projet de loi dont nous discutons aujourd’hui.
Le projet de loi renforce les dispositions du Code du travail en mettant en place un dispositif qui prendra en compte tous les cas de harcèlement et de violence et qui s’appliquera également aux lieux de travail parlementaires, c’est-à-dire aux employés de la Colline du Parlement.
Bref, le projet de loi permettra de prévenir les cas de harcèlement et de violence, de répondre efficacement à ce genre d’incidents lorsqu’ils se produisent, et d’accompagner les victimes, les survivantes et les employeurs.
Le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui s'inscrit aussi dans le droit fil d'une initiative intitulée « Il est temps: La stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe ». J'ai eu le privilège d'aider la à mettre sur pied ce plan l'an dernier. La stratégie est intitulée « Il est temps », parce qu'il est temps de se renseigner sur l'omniprésence du problème, de croire le témoignage des victimes et d'investir dans des solutions efficaces.
Cette stratégie figure parmi les grandes priorités que s'est données notre gouvernement dès son arrivée au pouvoir. La première étape essentielle consistait à entendre le point de vue des Canadiens. Environ 300 représentants de plus de 175 organismes ont participé à cette phase cruciale au cours de séances tenues partout au Canada. Les Canadiens ont aussi été invités à soumettre leurs commentaires par courriel et plus de 7 500 d'entre eux ont répondu à un sondage en ligne.
De plus, la a mis sur pied un conseil consultatif composé d'experts en matière de violence fondée sur le sexe et a fait appel à des partenaires des provinces et territoires pour contribuer à la création de la stratégie.
Le gouvernement a investi près de 200 millions de dollars dans cette toute première stratégie fédérale pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Ce plan comprend des mesures importantes pour promouvoir la prévention, le soutien aux victimes et à leur famille ainsi que la capacité d'intervention du système juridique et judiciaire. Il vise également à combler les lacunes importantes dans le soutien à divers groupes, comme les femmes autochtones, les membres de la communauté LGBTQ2, les femmes handicapées et d'autres segments de la population.
De surcroît, il a adopté une approche pangouvernementale qui réunit des intervenants et des partenaires importants, dont Condition féminine Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, Sécurité publique Canada, la GRC, le ministère de la Défense nationale et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Comme les mouvements #MoiAussi et Time's Up l'ont clairement montré, la violence fondée sur le sexe ne se limite pas à la vie privée ou familiale. Elle se manifeste au travail, en ligne, dans les campus universitaires et d'autres milieux publics, où tous ont le droit de s'attendre à être en sécurité. Voilà pourquoi une mesure comme le projet de loi est cruciale pour rendre plus sécuritaires les milieux de travail relevant de la compétence fédérale, car elle y interdit le harcèlement et la violence.
J'aimerais maintenant souligner l'excellent travail de l'autre Chambre. Après avoir mené une étude approfondie de cet important projet de loi, ses membres ont proposé des amendements visant à solidifier le plus possible le projet de loi . Revoyons plus en détail les amendements proposés.
Les sénateurs ont proposé de revoir la terminologie qui pourrait, si elle demeure inchangée, avoir un effet négatif sur les personnes que nous essayons de protéger. Actuellement, les mots « futile », « frivole » ou « vexatoire » sont utilisés comme motif pour refuser de donner suite à une plainte. Bien que ces qualificatifs soient généralement admis en droit et employés dans le Code canadien du travail, ils transpirent les préjugés, comme l'a souligné avec raison la sénatrice, et présentent le risque que la plainte de la victime soit prise à la légère sur un caprice. Le gouvernement comprend le pouvoir des mots et il appuie pleinement le remplacement de ces qualificatifs par l'expression « abus de procédure » qui est plus neutre.
Cependant, le gouvernement n'appuie pas, avec tout le respect qui s'impose, un certain nombre d'amendements proposés. Par exemple, les sénateurs proposent d'amender l'objet de l'article. Ce dernier est important, car il établit le contexte de l'ensemble des dispositions du projet de loi. Les sénateurs suggèrent d'inclure deux autres éléments dont l'objet serait:
de reconnaître le droit de tout employé à un milieu de travail exempt de harcèlement et violence; de faire progresser l’égalité des sexes, d’aborder les questions liées au racisme et de veiller à ce que les droits des travailleuses, notamment celles qui sont victimes de formes intersectionnelles de discrimination, soient respectés, protégés et légitimés.
Même si nous convenons qu'il s'agit d'objectifs tout à fait louables, il ne faut pas oublier que la partie II du Code du travail porte sur la santé et la sécurité au travail. L'ajout du harcèlement et de la violence à la disposition de déclaration d'objet, qui s'additionnerait de surcroît à la modification adoptée par le comité, aurait pour effet de déséquilibrer le Code, qui devrait dès lors privilégier le harcèlement et la violence au détriment des autres droits, comme la capacité de refuser du travail dangereux.
Le projet de loi doit trouver l'équilibre entre tous les droits des travailleurs en matière de santé et de sécurité, sans en favoriser aucun.
Dans la mesure où l'objet du Code — qui est de créer des lieux de travail justes et sûrs, ce qui veut dire par définition qu'ils doivent être exempts de harcèlement sexuel, de violence et de discrimination — est déjà clairement énoncé, le gouvernement est d'avis que cet article ne devrait pas être amendé.
On a aussi proposé d'ajouter l'égalité hommes-femmes, le racisme et les droits des travailleuses à la disposition de déclaration d'objet. Là aussi, il s'agit d'un objectif louable, mais qui n'a pas sa place dans la présente mesure législative. S'il était conservé, cet amendement créerait de nouvelles attentes dans le Code canadien du travail en ce qui concerne l'égalité hommes-femmes, la discrimination et les droits de la personne. Les amendements comme celui-là n'ont tout simplement pas lieu d'être, car pour le moment, ces concepts ne sont pas abordés de manière suffisamment complète dans le Code. Je signale par ailleurs que l'amendement n'aborde pas tous les motifs de discrimination actuellement prévus dans la loi, comme la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité ou l'expression de genre.
Cet article a pour but d'énoncer clairement et succinctement l'objet du Code canadien du travail. Si on y ajoutait ces attentes et ces éléments, les parties ne sauraient plus avec certitude ce que l'on attend d'elles dans ces cas bien particuliers. C'est sans parler du fait que ces questions sont déjà abordées dans de nombreuses lois déjà en vigueur, dont la Loi canadienne sur les droits de la personne et la Loi sur l'équité en matière d'emploi.
Le Code n'est pas censé traiter de ces questions et il n'a pas préséance sur ces lois. À vrai dire, leur inclusion dans le Code pourrait même affaiblir les droits correspondants à cause de la confusion que cela créerait chez les personnes responsables de les faire appliquer.
La modification de la définition de « harcèlement et violence » est un autre amendement qui, selon le gouvernement, aurait pour effet de créer un manque de clarté. La définition suivante a été ajoutée au cours du processus d'étude en comité à la Chambre et elle se lit actuellement comme suit:
harcèlement et violence Tout acte, comportement ou propos, notamment de nature sexuelle, qui pourrait vraisemblablement offenser ou humilier un employé ou lui causer toute autre blessure ou maladie, physique ou psychologique, y compris tout acte, comportement ou propos réglementaire.
Les sénateurs ont proposé, dans la définition de « harcèlement et violence », de remplacer les mots « Tout acte » par « S’entend notamment de tout acte ». Le changement rendrait la définition éminemment plus ouverte et entraînerait un manque de clarté pour les employés et les employeurs puisqu'elle serait essentiellement sans limites. Par exemple, la nouvelle définition pourrait possiblement viser des mesures de gestion du rendement appropriées. La définition est beaucoup trop ouverte et possiblement exhaustive.
Lors des consultations avec les intervenants, nous avons sans cesse entendu qu'il fallait le plus de clarté possible. Les employeurs, en particulier, se sont toujours opposés fermement à l'inclusion de toute définition. Ils estimaient que la définition était déjà trop générale. Cette proposition ne ferait que la rendre encore plus ouverte.
Bien que tous les amendements proposés par l’autre Chambre soient nobles en principe, nous sommes d’avis qu’en pratique, certains d’entre eux seraient inefficaces. À l’heure actuelle, nous avons besoin de clarté plus que de toute autre chose. Si nous voulons produire une loi qui protège les travailleurs et leur offre des recours efficaces, nous ne pouvons déformer l’objet du projet de loi ni créer des dispositions ouvertes et excessivement larges. Je sais que la protection des travailleurs est notre objectif à tous.
En conclusion, les Canadiens sont tout simplement d'avis que le harcèlement et la violence sexuelle sont inacceptables, peu importe où ils sont commis, y compris dans les lieux de travail. Ce projet de loi indique clairement que le gouvernement fédéral est prêt à prendre des mesures audacieuses et à faire partie de la solution dans cet enjeu crucial. Le projet de loi s’harmonise aussi avec l’approche pangouvernementale que nous adoptons pour attaquer de front la violence fondée sur le sexe sous toutes ses formes, et la prévenir; pourtant, malgré le grand pas que ce projet de loi représente, nous savons que le gouvernement ne peut agir seul. Il faudra que nous collaborions tous, les employeurs, les employés, les intervenants et les Canadiens, pour contribuer à mettre fin au harcèlement et à la violence sexuelle dans les lieux de travail.
Où espérons-nous que nos efforts collectifs nous mèneront? À un point où toutes les formes de violence, y compris la violence fondée sur le sexe, ne seront jamais tolérées, où chacun fera partie de la solution, y compris les hommes et les garçons, et où tout le monde bénéficiera du droit à une vie sans violence.
Enfin, il ne sera pas facile de faire du Canada un endroit plus sûr et plus inclusif pour vivre et travailler, et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Cependant, si nous nous serrons les coudes et collaborons, nous pouvons en faire une réalité.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je ne dirai pas que c’est avec plaisir que je prends la parole dans le débat aujourd’hui, mais j’estime que c’est un débat important que nous tenons sur un enjeu important qui a un impact sur les hommes et les femmes du monde entier.
Je vais passer rapidement sur ce que le projet de loi accomplirait et où il en est dans son cheminement, puis j’aimerais présenter quelques-unes de mes idées sur les raisons pour lesquelles il est si important.
Le 7 novembre 2017, la a déposé le projet de loi , Loi modifiant le Code canadien du travail en ce qui concerne le harcèlement et la violence, la Loi sur les relations de travail au Parlement et la Loi no 1 d’exécution du budget de 2017. Ce projet de loi a franchi les étapes du processus législatif, et nous parlons aujourd’hui de certains des amendements proposés par le Sénat.
La partie 1 du projet de loi modifie le Code canadien du travail afin de renforcer le régime visant à prévenir le harcèlement et la violence dans les lieux de travail, notamment le harcèlement et la violence qui sont de nature sexuelle. La partie 2 modifie la partie III de la Loi sur les relations de travail au Parlement concernant l’application de la partie II du Code canadien du travail aux employeurs et aux employés du Parlement sans toutefois restreindre de quelque façon que ce soit les pouvoirs et les privilèges. La partie 3 modifie une disposition transitoire de la loi d'exécution du budget.
Pour ceux qui nous regardent et qui ne croient pas que les parlementaires essaient de faire ensemble des choses importantes, voici un cas où tous les partis ont participé de façon réfléchie au débat sur ce projet de loi. Ils étaient conscients de son importance. Les amendements du Sénat ont été proposés à la Chambre, qui les a adoptés. Des amendements ont été proposés au Sénat, qui les a approuvés pour la plupart et lorsqu’il en a rejeté, il a fourni une justification raisonnable pour expliquer pourquoi il a jugé que ces amendements n’étaient pas utiles pour ce projet de loi.
Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que le projet de loi est important et que nous devons aller de l’avant. Il a, pour ainsi dire, sonné un réveil qui a peut-être trop tardé.
Fait intéressant, nous débattons aujourd’hui du projet de loi, alors qu’hier, le Parlement britannique publiait un important rapport sur le harcèlement sexuel en milieu de travail. Comme ma collègue l’a dit plus tôt, certains éléments de ce rapport sont importants parce que les mêmes réflexions s’appliquent ici.
Des cas troublants ont été tolérés et dissimulés trop longtemps. Bien sûr, si nous regardons ce qui se passe depuis que je suis ici, c’est-à-dire depuis 10 ans, les affaires sont devenues plus publiques. Nous ne savons pas trop bien comment les traiter. Cependant, ne croyez pas un seul instant que ces problèmes n’existaient pas avant. Ils existent depuis aussi longtemps que la Chambre se réunit.
La réponse du Parlement britannique a été de s’excuser pour les erreurs passées et de s’engager à changer sa culture. J’espère que nous allons non seulement adopter ce projet de loi, mais aussi reconnaître la nécessité de changer et prendre un engagement en ce sens.
Le Parlement britannique a décrit une culture de déférence, d’asservissement, d’acquiescement et de silence. Ces mots sont très troublants, mais ils renvoient à l’effet que cette attitude de déférence, d’asservissement, d’acquiescement et de silence a eu sur les personnes ou sur les victimes qui ont été touchées. L’effet a été extrêmement pénible et durable et, dans bien des cas, des vies ont été dévastées. C’est un problème grave auquel nous commençons à être sensibilisés.
Bien sûr, quand nous nous engageons dans ces débats, nous jetons toujours un regard sur notre passé et nous revenons sur nos carrières et notre vécu.
En me penchant sur cette mesure législative et en me demandant ce que j’en pensais, j’ai réfléchi à mon premier rôle à un poste de direction. C’était dans les années 1980. J’étais ravie qu’on me donne la chance d’occuper un poste plutôt important pour quelqu’un dans la fin de la vingtaine. Je relevais d’un conseil d’administration. Le président du conseil venait régulièrement nous rendre visite au bureau et il est rapidement devenu évident que, lors de ses visites, nous voulions qu’une autre personne soit présente dans le bureau, sinon nous devions être toujours en mouvement parce qu’il n’hésitait pas à nous attraper et à essayer de nous faire asseoir sur ses genoux. C’était le président du conseil d’administration. Comme les députés peuvent se l’imaginer, c’était répugnant, très inapproprié et désagréable, mais il présidait le conseil d’administration et j’étais dans la vingtaine. Acquiescer, ne rien dire et simplement tenter d’éviter la situation, voilà comment nous réagissions. C’est l’exemple que j’aurais dû présenter. C’est une situation qui était plutôt personnelle. Comme infirmière, j’ai certainement eu à composer avec des abus vraiment terribles, mais c’était répugnant et désagréable et c’était répréhensible.
Cela m’amène à une autre question qui m’a beaucoup troublée cette année. Maintenant que nous nous sensibilisons au problème, nous commençons à en parler et nous essayons de mettre en œuvre des politiques. Je parle d'une histoire qui a éclaté cet été et qui met en cause la personne qui occupe la plus haute fonction au pays au cours d’un incident survenu des années auparavant, dans son passé, à un festival de musique, où il avait eu une interaction inappropriée avec une journaliste. Je dois rendre hommage à la journaliste. La situation l’avait mise très mal à l’aise et elle avait réagi. Contrairement à ce que j’ai fait il y a des années, quand j’ai simplement tenté d’éviter la situation, elle avait réagi. Elle avait écrit un éditorial, et la réponse du a été assez révélatrice: s’il avait su qu’elle travaillait pour un journal national, il n'aurait peut-être pas agi de la sorte. Il pensait peut-être que c'était acceptable parce qu’elle travaillait pour le journal d’une petite ville. Parfois, de la part de gens qui portent un nom connu et qui paraissent bien, des avances de cette nature sont bienvenues, mais manifestement, elles ne le sont pas toujours.
Au Canada, la plupart des gens diraient que cela remonte à de nombreuses années et que l’incident n’était pas si grave, d’après ce que nous en savons, donc passons à autre chose, ou encore qu’il devrait faire les remarques d’usage et passer à autre chose.
Cependant, c’est la suite des choses qui m’a le plus révoltée. Il aurait pu dire simplement: « C’était il y a longtemps. Je suis désolé. De toute évidence, quelque chose l’a mise très mal à l’aise, et je vais tenter de faire en sorte que ce genre de choses ne se reproduise plus », ou « C’était lié à une période où je vivais des difficultés. » Or, il n'a rien dit de tel. Nous n’avons pas reçu ce message. Dans un premier temps, il s’est rappelé s’être trouvé à Creston, mais il ne croyait pas avoir eu des interactions négatives.
Voici les commentaires que nous avons ensuite reçus de la bouche même du : « Nous avons tous réfléchi à nos comportements passés. Un éveil collectif est en cours, et nous devons profiter de l’occasion pour réfléchir au problème. »
Il a ajouté: « Souvent, aux yeux d'un homme, une interaction est anodine ou n'a rien de déplacé, alors qu'une femme, surtout dans un contexte professionnel, peut la percevoir autrement. »
Je me souviens de m’être trouvée dans un contexte professionnel où j'ai subi quelque chose d'incroyablement inapproprié, alors ces commentaires étaient insultants. Le aurait pu très facilement dire: « J’étais jeune, j’avais bu quelques bières de trop, j’ai fait quelque chose de stupide et je suis désolé. » Il nous a plutôt servi ce genre d’inanités. C’était tout à fait révoltant.
Il n’était pas question de sensibilisation. Il n’était pas question de passer à autre chose. C’était terriblement troublant, et j’aurais aimé qu’il améliore la situation. J’aurais aimé qu’il corrige la situation.
Pour conclure, nous sommes saisis d'une mesure législative importante. Il incombe à ceux qui établissent une norme de réfléchir à leur passé, d’être honnêtes et ne pas essayer de dire qu’ils auraient vu les choses différemment et d’en faire une interaction banale, professionnelle.
C’est avec plaisir que j’appuierai cette mesure législative, mais il reste de nombreux points sur lesquels la Chambre doit poursuivre sa réflexion.
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Monsieur le Président, je suis content d'avoir l'occasion de débattre le projet de loi à la Chambre aujourd'hui. Ce projet de loi représente une importante amélioration pour les droits des victimes de harcèlement sexuel et de violence.
J'aimerais d'abord remercier de leur excellent travail sur ce projet de loi mes collègues conservateurs qui siègent au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Ils ont introduit avec succès plusieurs modifications au projet de loi. Par exemple, ils ont proposé une modification qui vise à transférer certains pouvoirs du ministre du Travail à son sous-ministre, ce qui est une position non partisane. Cette modification va assurer qu'il n'y aura aucune impression d'interférence politique lors d'une enquête relative au harcèlement sexuel commis par un député de la Chambre.
[Traduction]
J'ai parlé antérieurement à la Chambre du mouvement #MoiAussi en général et de son importance. Il a eu des conséquences remarquables. Il a aidé des survivantes à se rendre compte qu'elles n'étaient pas seules. Il a aidé de nombreux hommes, ignorants du problème avant, à mieux comprendre les expériences bien trop fréquentes de harcèlement et de violence qui ont touché la vie de nombreuses femmes. J'ai toujours pensé que les hommes devaient essayer de prendre part à la conversation de manière constructive, en particulier en parlant à d'autres hommes de leur comportement et en remettant celui-ci en question. Nous devons tous faire partie de la solution.
Avant d'être élu député, j'ai eu l'honneur de siéger au conseil d'administration d'une organisation locale appelée Saffron, qui propose des programmes éducatifs destinés au public sur la prévention, le counseling et l'aide aux survivants. De toute évidence, Saffron a commencé à se mobiliser autour de ces enjeux bien avant le mouvement #MoiAussi. Cependant, le nombre de personnes en demande de counseling n'y a jamais été aussi élevé que depuis les débuts du mouvement. Cela s'explique par le fait que des gens viennent à Saffron pour parler de traumatismes liés à des événements s'étant déroulés dans le passé, peut-être même des décennies auparavant, mais dont ils n'étaient pas parvenus à parler — ils ne sentaient ni prêts à en parler ni capables d'en parler, même en privé — avant aujourd'hui. C'est bien que des gens se sentent maintenant capables de parler de ces choses qui leur sont arrivées dans le passé.
Il y a un point particulier, peut-être bien un problème, que j'aimerais soulever aujourd'hui concernant le mouvement #MoiAussi. J'ai lu avec intérêt, récemment, des articles revenant sur les interactions de l'ancien président américain Bill Clinton avec une ancienne stagiaire à la Maison-Blanche. Hillary Clinton a déclaré au correspondant de CBS que cette relation entre la personne la plus puissante sur terre et une stagiaire ne constituait pas un abus de pouvoir parce qu'une stagiaire de 22 ans était une adulte.
À propos des rapports eux-mêmes, l’ancienne stagiaire Monica Lewinsky les qualifie en ces termes dans un essai qu’elle a fait publier récemment dans Vanity Fair:
Il y a quatre ans à peine, dans un essai que j’ai écrit pour le magazine, j’ai dit: « Bien sûr, mon patron a profité de moi, mais je resterai toujours ferme sur ce point: c’était une relation consensuelle. Tous les “abus” sont survenus par la suite, lorsqu’on a fait de moi un bouc émissaire pour le protéger ». Je vois aujourd’hui à quel point il était problématique de même en arriver tous deux à une situation où le consentement était un enjeu. La route qui a mené à cela a été jonchée d’abus d’autorité, d'abus de position et d'abus de privilèges, un point c'est tout.
Aujourd'hui, à 44 ans, je commence à peine à comprendre les implications de l’immense écart de pouvoir qu’il y avait entre un président et une stagiaire à la Maison-Blanche. Je réalise maintenant que dans de telles circonstances, l’idée de consentement était quelque chose de bien théorique. Pour autant, le déséquilibre des pouvoirs — et la possibilité d'en abuser — était bien réel en dépit du caractère consensuel de la relation.
C’est également compliqué, très compliqué. Quelle est la définition de « consentement »? « Permettre que quelque chose se produise ». Mais, qu’était cette « chose » en la circonstance et compte tenu de la dynamique des pouvoirs, de sa position et de mon âge? Était-ce s’engager dans une intimité d’ordre sexuel et, plus tard, émotionnel? Je voulais cette intimité sans bien comprendre, à 22 ans, quelles en pouvaient être les conséquences. C’était mon patron et l’homme le plus puissant de la planète. Il avait 27 ans de plus que moi et suffisamment d’expérience de la vie pour agir de façon avisée. Il était à l’époque à l’apogée de sa carrière, alors que c’était le premier emploi que j’occupais à l’issue de mes études.
Cet épisode de la vie politique américaine et le contraste frappant entre les mots de Hillary Clinton et ceux de Monica Lewinsky sont importants pour comprendre le mouvement #MoiAussi et la dynamique entourant le harcèlement que l’on peut observer en milieu de travail. La façon dont cet épisode est toujours jugé par de nombreux libéraux progressistes est également importante, à mon avis.
Le mouvement #MoiAussi nous exhorte à établir de nouvelles normes de comportement, à exiger que les femmes soient traitées avec respect et à tenir responsables de leurs actes ceux qui commettent des actes de violence et de harcèlement. Les normes relatives aux comportements et aux éléments de preuve incriminants doivent être appliquées de façon uniforme. Il ne devrait pas y avoir des normes républicaines d'un côté et des normes démocrates de l'autre ou encore des normes conservatrices et des normes libérales. Il ne devrait pas y avoir de différence entre les normes du premier ministre du Canada et celles du chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario. Il devrait y avoir des normes universelles qui sont appliquées de la même façon dans tous les cas.
Si les normes ne sont pas équivalentes au sein des partis, n'importe quelle personne coupable pourra invoquer les divisions politiques et le manque d'uniformité pour éviter de rendre des comptes. Si la partisanerie s'immisce dans l'évaluation des cas, elle risque d'affaiblir la condamnation universelle que mérite ce genre d'abus de pouvoir.
En tant que partisan avoué, je comprends qu'il puisse être tentant de défendre les siens et de décocher des flèches aux députés d'en face. La réaction humaine normale, qui est renforcée par les normes du système politique, est de défendre son équipe.
De toute évidence, les partis politiques profitent parfois du mouvement #MoiAussi pour accuser leurs adversaires ou même pour exclure de leur parti des membres impopulaires. Nous avons pu voir des manoeuvres de ce genre; nous avons aussi vu, par exemple, une personne être écartée d'un parti en raison d'allégations à son endroit alors qu'elle avait aussi d'importants désaccords politiques avec les dirigeants du parti.
Tous ceux qui, parmi nous, sont convaincus de l'importance de ce mouvement doivent résister à la tentation d'évaluer les allégations de manière partisane. Il s'agit d'un mouvement trop important pour qu'on le réduise à des rancoeurs partisanes. Cela vaut des deux côtés de la frontière.
Dans un scénario qui rappelle Bill Clinton, nous avons aussi, au Canada, une situation où un puissant leader qui se décrit comme un leader progressiste et féministe a fait l'objet de graves allégations d'inconduite sexuelle. D'après ces allégations, dont nous avons déjà parlé à la Chambre, le aurait déjà « tripoté » quelqu'un. Cette allégation a été faite avant que le premier ministre actuel se lance en politique. Les gens qui affirment qu'il faut croire les femmes et leurs allégations doivent y penser sérieusement et s'efforcer de laisser de côté leurs lunettes partisanes quand ils évaluent ces situations.
En réponse à ces allégations, le a dit que l'expérience de chaque personne est différente. Cela me laisse perplexe, car, s'il est vrai que différentes personnes peuvent réagir différemment aux mêmes circonstances, cela ne change pas la nature de la situation. Pour ce qui est des comportements appropriés, la question du harcèlement comporte une dimension subjective ainsi qu'une dimension objective. Il est évident que l'utilisation du mot « tripoter » dans l'éditorial en question laisse entendre très clairement qu'une limite objective a été franchie.
Soit dit en passant, je me demande quelle aurait été la réaction de mes collègues à ma gauche si, en réponse aux allégations qui pesaient contre lui, le juge Brett Kavanaugh avait répondu que l'expérience de chaque personne est différente. Par ailleurs, la réponse de certaines personnes à la Chambre est intéressante. À la suite de la réponse du à ces événements, la ministre qui a présenté ce projet de loi, soit l'ancienne ministre de la Condition féminine, a déclaré ceci:
En fait, je suis fière lorsqu'un premier ministre comprend que, même s'il peut penser qu'il n'a pas eu de rapports négatifs avec quelqu'un — je pense que cela peut s'appliquer à toutes sortes de situations —, s'il apprend, plus tard, qu'une autre personne a perçu la façon dont il a interagi avec elle d'une manière complètement différente, cela peut l'amener à réfléchir sur la façon dont le comportement d'une personne ou sa façon de mener sa vie peut se répercuter sur d'autres personnes.
Évidemment, nous devrions considérer la façon dont certaines choses peuvent être perçues de manière subjective par les autres, mais il y a une dimension objective aux comportements inacceptables. Il y a des façons d'agir avec son prochain qui sont inacceptables et dont les gens devraient être conscients. Or, l'ancienne ministre de la Condition féminine a quand même défendu le dans un tel contexte. Je m'attendrais à ce que le rôle de la ministre de la Condition féminine soit de parler au premier ministre et au Cabinet au nom des femmes, et non de défendre tous les gestes posés par le premier ministre, y compris lorsqu'il fait l'objet d'allégations d'inconduite à l'égard d'une femme.
Le mouvement #MoiAussi a vu le jour en réaction au fait que certains hommes, qui jouissent souvent d’un pouvoir et d’un prestige disproportionnés dans le milieu de travail, profitent de leur position au détriment de femmes. Il est troublant de constater, d’après les décisions et le débat dans le sillage des allégations de #MoiAussi, qu’en pratique, les choses se résument à faire de certains hommes de mauvais exemples et à permettre à d’autres, plus privilégiés, s’identifiant comme progressistes, de ne pas rendre de comptes. Ce sont là de sérieux défis que nous devons relever dans nos travaux.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir l'occasion de parler des amendements proposés pour le projet de loi , Loi modifiant le Code canadien du travail quant au harcèlement et et à la violence, la Loi sur les relations de travail au Parlement et la Loi n
o 1 d'exécution du budget de 2017.
Je profite de l'occasion pour remercier les membres de l'autre Chambre des efforts qu'ils ont consacrés à l'étude du projet de loi C-65 et aux amendements que nous examinons et dont nous discutons aujourd'hui. Le gouvernement estime que leur travail a permis de renforcer ce projet de loi.
[Traduction]
Je sais que les membres de l’autre endroit ont entendu des témoignages qui les ont touchés, tout comme notre comité. Par leurs témoignages, les personnes qui accompagnent les victimes de harcèlement et de violence en milieu de travail nous ont envoyé un message très fort, à tous les parlementaires: nous devons agir rapidement, mais aussi délibérément, pour nous assurer que le projet de loi protège les victimes et prévient toute forme de harcèlement ou de violence en milieu de travail, car nous convenons tous que ces sont des comportements inacceptables.
J’aimerais remercier tous les membres du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées qui ont prolongé les séances et qui sont revenus tôt de leur semaine de relâche pour entendre des témoignages importants. De même, j’offre les remerciements de la Chambre à la et à son ministère pour avoir su guider notre comité lors de l’étude article par article du projet de loi. Je remercie également le député de de nous avoir si bien aidés à évaluer le projet de loi .
Le Comité a entendu des témoins qui ont tous parlé avec passion de l’urgence de s’attaquer au harcèlement et à la violence en milieu de travail. Si tout le monde à la Chambre convenait de l’urgence du projet de loi, nous au Comité avons compris toutes les subtilités de la protection des employés contre le harcèlement et la violence en milieu de travail.
La dernière fois que j'ai pris la parole sur le sujet, j'ai parlé d'Hilary Beaumont, une journaliste de Vice News qui a publié une enquête sur le harcèlement au travail. Comme je l'ai alors dit, Mme Beaumont a interviewé plus de 40 femmes qui travaillent sur la Colline du Parlement, notamment des députées actuelles et d'anciennes députées, ainsi que des lobbyistes, des journalistes, des employées et des stagiaires. Mme Beaumont a déclaré devant le comité qu'il est rapidement devenu évident que les femmes étaient plus susceptibles de subir du harcèlement que leurs homologues masculins. Les femmes qu'elle a interrogées lui ont fait part d'histoires qu'elles ont personnellement vécues, y compris des commentaires sexistes, des attouchements et même des agressions sexuelles. Certaines d'entre elles ont déclaré avoir été renvoyées ou avoir perdu des occasions d'emploi, après avoir essayé de signaler les abus dont elles étaient victimes au travail. Une partie des employées actuelles au Parlement ont affirmé ne même pas savoir comment signaler un acte de harcèlement si elles devaient en être victimes. Le harcèlement et la violence sexuelle n'ont absolument pas leur place, quel que soit le milieu de travail. C'est carrément inacceptable.
[Français]
Dans cette optique, nous sommes d'accord avec les principes qui sous-tendent certains des amendements présentés par l'autre Chambre. J'aimerais m'attarder en particulier à ceux qui concernent les recours des victimes de violence et de harcèlement. Au cours de la lecture du projet de loi , le comité a soulevé des préoccupations légitimes.
Un employé, quel que soit son sexe, ignore peut-être qu'il a deux recours s'il estime que ses droits ont été bafoués. Il peut porter plainte en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne et il peut porter plainte auprès de son employeur en vertu du projet de loi .
Une membre de l'autre Chambre a dit qu'on « doit s'assurer que les femmes victimes de harcèlement sexuel pourront conserver le choix des recours à leur disposition, y compris la présentation d'une plainte en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne ». Elle a poursuivi en précisant que, selon elle, il est important de clarifier que le nouveau cadre n'interdira pas le dépôt d'une plainte de discrimination pour harcèlement sexuel, car cela pourrait banaliser le harcèlement et la violence que les femmes subissent au travail et les priver de recours qu'elles ont durement acquis.
Le projet de loi n'a pas du tout pour objectif de remplacer la Loi canadienne sur les droits de la personne. Au contraire, il vise à la compléter en fournissant une procédure plus concrète sur la manière de prévenir et de traiter les incidents de harcèlement et de violence au travail. Toutefois, nous reconnaissons la nécessité d'assurer une parfaite clarté sur cette question.
D'immenses efforts seront déployés pour que la procédure à suivre lorsqu'un employé croit subir du harcèlement ou de la violence au travail soit bien comprise mais nous n'arriverons peut-être pas à joindre tout le monde, ce qui peut entraîner de la confusion.
[Traduction]
Concrètement, la loi est souvent complexe et difficile à bien comprendre. Au comité, il n'était pas rare d'entendre des opinions divergentes sur les mêmes principes de la part de juristes à compétences égales.
La loi peut se révéler encore plus complexe et difficile à saisir pour une personne qui vient de vivre une expérience stressante, voire traumatisante, au travail et qui tente de bien comprendre les recours dont elle dispose.
[Français]
On imagine sans peine qu'un ou une employé qui s'efforce de surmonter les conséquences d'une telle expérience puisse ne pas comprendre d'un coup qu'il ou elle est protégé, tant en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne que du Code canadien du travail. Cette personne pourrait penser qu'elle doit choisir l'un de ces recours, alors qu'en fait, elle a droit et elle aura toujours droit aux deux. C'est pour cette raison que nous appuyons les modifications proposées par le comité de l'autre Chambre qui explique clairement que les employés ne renonceront pas à leurs droits acquis en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Plus précisément, les membres de l'autre Chambre ont suggéré de modifier le projet de loi en ajoutant un article à la partie traitant du Code canadien du travail et en modifiant l'article 21 existant qui fait référence à la manière dont la partie II du Code s'applique à la Loi sur les relations de travail au Parlement.
Le texte supplémentaire proposé pour les deux articles précise qu'il est entendu que les articles pertinents n'ont pas pour effet de porter atteinte aux droits prévus par la Loi canadienne sur les droits de la personne. Nous pensons que cette modification constitue un ajout important et précieux au projet de loi C-65, car il élimine toute ambiguïté concernant les liens entre le projet de loi et la législation déjà en place. Les membres de l'autre Chambre l'ont bien souligné et l'ont bien proposé. Afin de réellement parvenir aux types de changements culturels nécessaires pour éliminer le harcèlement et la violence au travail, nous devons faire en sorte que toutes les mesures législatives visant à mettre fin à ces comportements méprisables concordent. Un ensemble cohérent de lois nous aidera à opérer un changement culturel profond, un changement vers la civilité et le respect, un changement qui fait fi des différences et donne aux droits de la personne la place qui leur est due.
Il est très important de condamner les actes de violence dénoncés par les victimes, à tous les niveaux, afin que les injustices ne restent pas impunies.
C'est justement ce que ce projet de loi permet de faire. Nous devons créer une culture d'égalité au sein de notre pays, afin que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens se reconnaissent comme égaux et se traitent comme tels, c'est-à-dire comme des personnes égales en droits, égales en dignité et égales en aspirations.
[Traduction]
Il est important de créer une culture d'égalité au Canada afin que tous les Canadiens se considèrent comme égaux et traitent leurs semblables avec le respect que nous méritons tous.
Je sais qu'aujourd'hui plus que jamais, alors que de nombreux députés sont jumelés à de jeunes étudiantes de l'Université de Toronto, nous devons travailler ensemble pour assurer l'inscription dans la loi de ces principes.
[Français]
Le projet de loi n'est qu'une première étape, et il s'agit d'une étape nécessaire. Il est vital qu'un changement de culture s'opère au sein de la société canadienne, afin que l'on cesse de renforcer les comportements inappropriés.
[Traduction]
Même s'il s'agit uniquement d'une première étape, c'est une étape déterminante et nécessaire qui, conjuguée aux modifications réglementaires prescrites dans le projet de loi , contribuera à changer la culture des milieux de travail sous réglementation fédérale et montrera notre engagement commun à mettre fin à la violence et au harcèlement en milieu de travail.
[Français]
Nous devons également renseigner les travailleurs sur les recours qui sont à leur disposition s'ils sont victimes de harcèlement ou de violence. Le projet de loi viendra compléter les recours existants, et les travailleurs doivent savoir qu'ils ont droit à toutes les protections garanties par les divers instruments législatifs.
J'appuie donc l'amendement visant à préciser que les employés ne renoncent pas aux droits que leur garantit la Loi canadienne sur les droits de la personne.
[Traduction]
En fin de compte, nous appuyons cet amendement parce qu'il renforce le projet de loi en clarifiant le processus, permettant ainsi d'offrir davantage de protections aux employés.
[Français]
Nous restons résolus à faire adopter, en temps opportun, le projet de loi . J'encourage tous les députés à appuyer la position du gouvernement.
J'aimerais rappeler à mes chers collègues que le harcèlement et la violence sexuelle, sous quelque forme que ce soit, sont tout simplement inacceptables. Notre gouvernement s'est engagé à prendre des mesures contre le harcèlement et la violence sexuelle au Parlement ainsi que dans les milieux de travail relevant de la compétence fédérale.
Grâce au projet de loi , le gouvernement du Canada fait un pas important afin de rendre les milieux de travail, dans les entreprises relevant de la compétence fédérale et sur la Colline du Parlement, exempts de ces comportements.
Notre cadre permettra, tel qu'indiqué dans le projet de loi, de prévenir les incidents de harcèlement et de violence, d'intervenir efficacement lorsqu'ils se produisent et d'aider les victimes, les survivants et les employeurs au cours du processus.
Cela dit, aucun gouvernement ne peut régler ces problèmes seul. Nous vivons dans une culture où les déséquilibres de pouvoir et les normes fondées sur le sexe créent une tolérance envers ce genre de comportement qui, par ailleurs, reste inacceptable.
Pour faire mieux et pour changer cette culture, il faudra que tous — les employeurs, les employés, les collègues, les membres de la famille et les amis — fassent des efforts.
[Traduction]
Je le répète: nous devons comprendre que toute forme de harcèlement et de violence sexuelle est inacceptable, point à la ligne.
Lors de la campagne électorale, le gouvernement a promis de prendre des mesures pour lutter contre le harcèlement et la violence sexuelle au Parlement et dans les milieux de travail sous réglementation fédérale. La présentation du projet de loi constitue une étape aussi importante que nécessaire pour éliminer ces comportements au sein des secteurs sous réglementation fédérale et sur la Colline du Parlement. Ce cadre permettra de réduire le nombre de cas de harcèlement et de violence, et de réagir de façon efficace lorsqu'ils surviennent. Il appuiera à la fois les victimes, les survivants et les employeurs.
Cependant, aucun gouvernement ne peut régler le problème à lui seul. Nous vivons dans une société où le déséquilibre des pouvoirs et les normes sexuelles créent une tolérance à l'égard de ces comportements inacceptables. Il nous incombe à tous — employeurs, employés, collègues, membres de la famille et amis — de faire encore mieux et de transformer cette culture.
Au cours des derniers mois, les membres du comité ont travaillé d'arrache-pied pour renforcer la mesure législative. Le Sénat nous a fait parvenir des suggestions et des propositions d'amendements aujourd'hui, et nous sommes d'avis que certains d'entre eux doivent être intégrés au projet de loi pour le renforcer. J'espère que les députés appuieront l'adoption de ces amendements de sorte que nous puissions passer à la prochaine étape dans nos efforts pour changer les choses au sein du gouvernement et des milieux de travail.
Je vais maintenant répondre aux questions.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi , une mesure législative importante. Je crois comprendre, d’après tous les exposés présentés aujourd’hui, que tous les députés comprennent que cette mesure législative se fait attendre depuis longtemps. Comme élus et députés à la Chambre des communes, je pense qu’il ne fait aucun doute que nous devrions être ceux qui donnent l’exemple. Les Canadiens d’un bout à l’autre du pays se tournent vers nous, et il nous incombe, en tant que députés, de veiller à ce que le leadership vienne d’en haut et à ce que nous prenions l’initiative dans un dossier comme celui-ci.
Toutes les formes de harcèlement, de violence sexuelle, de discrimination et d’intimidation sont inacceptables dans notre société d’aujourd’hui. Cela ressort très clairement, non seulement d’après les exposés et les interventions à la Chambre, mais aussi dans les médias et dans l’ensemble de la société. Force est de constater que nous sommes à une époque où des gestes de ce genre ne sont plus acceptables. Ils n’auraient probablement jamais dû l’être, mais avec la couverture qui en est faite dans les médias et l’évolution de la société, cela ne fait plus de doute. Par conséquent, il est important que nous adoptions ce projet de loi, le projet de loi , mais je crois aussi que les Canadiens s’attendent à ce que nous fassions les choses correctement.
Comme beaucoup de mes collègues qui ont pris la parole aujourd’hui, je suis moi aussi un père de famille. J’ai trois enfants. En fait, ma plus jeune sort de l’adolescence aujourd’hui. Elle fête son 20e anniversaire, ce qui me fait me sentir très vieux.
Lorsque ma femme et moi élevions nos trois enfants, nous avons certainement été confrontés à divers cas d’intimidation et de harcèlement à l’école et dans les sports. Je comprends, comme tous les parents à la Chambre, je crois, les répercussions profondes et durables que cela a eues sur mes enfants, depuis l’époque où ils étaient à l’école primaire jusqu’à maintenant, à l’âge adulte. Nous ne pouvons pas sous-estimer l’impact à long terme de ce genre de gestes inappropriés sur nos enfants, ce qui les guide et les façonne en tant qu’adultes.
Par conséquent, je suis très fier du travail qui a été fait au comité et à la Chambre au sujet du projet de loi , afin de veiller à ce que nous fassions bien les choses, à ce que nous prêchions par l’exemple, et que l’exemple commence ici même, à la Chambre, avec ce projet de loi, qui est un premier pas dans la bonne direction.
Cependant, comme beaucoup de mes collègues l’ont dit, je crois que certains éléments du projet de loi sont préoccupants. Lorsque nous entendons des allégations selon lesquelles, pour les personnes en situation d’autorité, les représentants élus ou les gens d’affaires, il existe un système à deux niveaux ou deux niveaux d’acceptation, nous devons nous assurer de bien faire les choses et de prendre la bonne orientation.
Comme je l’ai dit, je crois sincèrement que les Canadiens s’attendent aujourd’hui à ce que nous prêchions par l’exemple. Ils veulent que nous agissions, que nous traitions tous les Canadiens de façon égale et avec respect, et que leurs histoires aient le même poids que celles de tous les autres Canadiens, peu importe leur position de pouvoir ou leur statut de représentant élu.
Malheureusement, je ne crois pas que cela soit conforme à l’esprit du projet de loi dont nous sommes saisis. On ne peut pas avoir un système où les gens au pouvoir ne subissent pas les mêmes conséquences que n’importe quel autre Canadien.
J’aimerais vous raconter une petite histoire. Je regardais les nouvelles en fin de semaine, comme je le fais presque chaque fin de semaine, et j’ai vu une entrevue au réseau CBS avec l’ancienne première dame et secrétaire d’État, Hillary Clinton. On lui a demandé si son mari, l’ancien président des États Unis, Bill Clinton, aurait dû démissionner de son poste de président après le scandale sexuel avec sa stagiaire, qui avait 22 ans à l’époque.
En tant que père, mais certainement comme élu et député, j’ai été consterné par sa réponse. Elle a répondu qu’il n’aurait pas dû démissionner, que la stagiaire était une adulte et qu’il s’agissait d’une relation consensuelle. Ce n’est certainement pas le genre de réponse ou d’attitude à laquelle on s’attend de nos jours, surtout de la part d’une démocrate très respectée, qui s’est présentée pour devenir présidente des États-Unis. Elle a simplement écarté la question du revers de la main en disant qu’il s’agissait d’adultes consentants, en dépit du fait que son mari avait 27 ans de plus que la stagiaire et qu’il occupait un poste de pouvoir très influent, celui de président des États-Unis.
Je dirais que si quelqu’un d’autre avait été dans cette situation, la réaction de Mme Clinton aurait été très différente. Nous l’avons constaté dans tous les secteurs de la société, qu’il s’agisse de M. Weinstein ou de M. Cosby. Je suis préoccupé par le fait que, dans la société d’aujourd’hui, un système à deux vitesses semble s’installer, les gens en situation de pouvoir étant en quelque sorte exemptés des répercussions que subit n’importe quel autre Canadien.
Cela est également ressorti au début de l’été, lorsque le , même si cela s’est produit il y a environ 18 ans, a été accusé d’avoir eu un comportement inapproprié envers une journaliste. Il ne s’est pas excusé et il n’y a pas eu de conséquences à la Chambre des communes ou au Parlement. Il est très important pour nous, en tant que parlementaires, d’envoyer un message très fort et très clair aux Canadiens avec le projet de loi , à savoir que ces actes ne seront pas tolérés, peu importe le poste ou le titre de la personne qui les commet, et certainement s’il s’agit du premier ministre.
Cela confirme l’importance de ce projet de loi. C’est ce genre de comportement que les Canadiens et les députés ne peuvent plus tolérer. Il faut envoyer un message au reste du Canada et donner le ton.
Le projet de loi toucherait plus de 900 000 employés des secteurs sous réglementation fédérale. Il couvrirait près de 8 % des travailleurs actifs au Canada. Par conséquent, ses répercussions seraient très étendues.
Le projet de loi vise à protéger les employés de la fonction publique fédérale et les employés sous réglementation fédérale, y compris ceux qui travaillent sur la Colline du Parlement. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que ces employés sont exceptionnellement talentueux et très importants pour nous en tant qu’élus. Si ce n’était d’eux, nous ne pourrions certainement pas accomplir les tâches quotidiennes qui sont attendues de nous. Avant l’adoption de ce projet de loi, les choses étaient traditionnellement dans une zone grise pour ces employés. Ils ne savaient pas où ils se situaient lorsqu’il était question de problèmes de harcèlement ou même d’intimidation dans un bureau et où ils pouvaient aller chercher de l’aide. Il s’agit d’un aspect extrêmement important du projet de loi.
La société canadienne ne tolère ni l’inconduite ni le harcèlement de nature sexuelle, pas plus que l’intimidation. Ces comportements n’ont surtout pas leur place dans notre système politique et sur la Colline du Parlement. Les électeurs de partout au Canada nous vouent une confiance incroyable. Nous leur devons d’assumer consciencieusement nos responsabilités. En nous élisant, ils s’attendaient à ce que nous les représentions avec un professionnalisme exemplaire et à ce que nous nous comportions de façon irréprochable. Je me permets d’affirmer que les électeurs admirent les hommes et les femmes qui les représentent à la Chambre des communes et veulent en être fiers. Ils s’attendent à ce que nous personnifiions leurs valeurs et ce qu’eux, leurs amis, leurs familles et certainement leurs collectivités, considèrent important.
Nous avons le devoir de nous comporter de manière à honorer notre fonction de députés et de donner l’exemple non seulement à nos collègues de la Chambre, mais également à notre personnel et, surtout, à nos électeurs. Vous comprendrez donc mon irritation quand j’ai constaté que le projet de loi que nous examinons aujourd’hui prévoit clairement deux poids deux mesures en faveur des députés.
Comme je ne siège dans cette Chambre que depuis un peu plus de quatre ans, je n'ai pas autant d’expérience que certains de mes estimés collègues. Toutefois, pendant cette brève période, j’ai assisté au retrait de plusieurs collègues des caucus néo-démocrate et libéral à la suite d’allégations de harcèlement. Il ne m’appartient aucunement de juger du bien-fondé de ces accusations mais, chaque fois, on est intervenu très rapidement. Plusieurs de ces collègues n’ont pas été réélus; les résidants de leurs circonscriptions en avaient décidé autrement. Je me souviens cependant de la rapidité d’action des équipes de direction et des caucus.
Toutefois, l'approche diffère énormément si des allégations similaires visent le et les membres de son Cabinet. Il semble que l’on ne puisse pas écarter de graves allégations de harcèlement en affirmant simplement avoir un souvenir différent de l’incident en question. On ne peut pas permettre à des ministres de traiter leurs collègues de dinosaures ou de les accuser de profiter des victimes. C'est absolument inacceptable. Les Canadiens s’attendent à ce que nous nous comportions de manière beaucoup plus convenable.
Revenons à cet été. Examinons ce cas en tenant compte de l’intention du projet de loi. En parlant des allégations dont on lui a fait part au sujet de la journaliste en Colombie-Britannique, le a souligné que cet incident était un avertissement pour nous tous. Je suis d’accord avec lui. Ce projet de loi devrait nous inciter à rester vigilants. Néanmoins, il devrait être plus sévère et plus concis qu’il ne l’est à l’heure actuelle.
La protection de nos employés et la sécurité de nos milieux de travail n’ont carrément rien à voir avec la partisanerie. Nous devrions tous collaborer à l'élaboration du meilleur projet de loi possible.
Au cours de nos discussions sur le projet de loi , j’ai demandé aux fonctionnaires quelles directives s'appliqueraient aux enquêtes. Si mes collègues trouvent l’occasion de consulter ces directives, ils verront une sorte de diagramme illustrant l’évolution du traitement des plaintes. Les plaintes contre un membre du personnel sont traitées d'une façon, alors que les plaintes contre des députés sont traitées différemment. Il était crucial d’éliminer l’aspect politique des enquêtes et de la prise de décisions.
J'étais inquiet lorsqu'après que j'eus cherché à savoir si certaines dispositions réglementaires prévues dans le projet de loi seraient appliquées autant dans le cas des membres du Cabinet et du premier ministre que dans le cas de tous les autres députés, les fonctionnaires du ministère m'ont répondu qu'ils n'en étaient pas certains. Ils ignoraient si ce serait réellement le cas.
Une autre disposition du projet de loi prévoit qu’un plaignant ne peut pas porter plainte contre un employeur plus de trois mois après avoir quitté son poste. Quand le plaignant aura quitté son poste, peu importe la raison, il ne pourra plus porter plainte contre l’employeur. Toutefois, le ministre du Travail issu du parti au pouvoir aurait le droit de déroger à ce délai maximal sans égard au temps écoulé. Ce pourrait être trois mois, trois ans ou 30 ans après les faits. Là aussi, le projet de loi aurait autorisé l'ingérence politique. Je tiens à féliciter de nouveau les membres du Comité qui ont accepté les amendements de tous les partis afin d’éliminer cette ingérence dans la mesure du possible.
Toutefois, le projet de loi comporte d’autres lacunes susceptibles de permettre une ingérence politique, et nous devons en être conscients. Le projet de loi doit être rédigé de manière à exclure toute ingérence politique lorsqu’il s’agit de harcèlement sexuel, de harcèlement en milieu de travail et certainement dans les cas d’intimidation.
Lorsque j’ai de nouveau demandé aux fonctionnaires du ministère si le ministre pourrait exempter un député en exercice, un ancien député, un ministre ou un premier ministre, ils m’ont dit ne pas le savoir. Nous devrions en tenir compte dans notre discussion actuelle sur le projet de loi .
Le projet de loi prévoit quelques bonnes règles. Les conservateurs sont pour ce projet de loi. Il s’agit d’une étape importante, mais seulement d’une étape.
À titre d’exemple, selon le libellé précédent du projet de loi, une personne harcelée par son supérieur immédiat aurait dû être confrontée directement à lui, mais grâce aux changements apportés au projet de loi, ce ne sera plus le cas. Les victimes n’auront pas à être mises en présence des personnes contre lesquelles elles portent plainte ou qui les auraient attaquées ou harcelées, et cela est important. Ainsi, toute personne qui a des préoccupations ou qui porte plainte aura l'assurance de ne pas devoir affronter la personne qu'elle accuse.
Avec le libellé précédent, la victime se serait retrouvée dans une situation très difficile. Les témoins qui ont comparu devant le comité pour raconter leur histoire nous l’ont dit, et je les remercie tous de l’avoir fait. Il peut être très difficile de revivre certains événements. Les gens ne veulent pas raconter leur histoire à répétition. Je remercie les témoins de leurs efforts, car leur collaboration nous a aidés à élaborer ce projet de loi.
Selon la version précédente, les victimes ou les présumées victimes auraient eu à faire face à leurs accusateurs pour raconter leur histoire, et je pense que cela aurait pu dissuader beaucoup d’entre elles de porter plainte. Elles auraient eu l’impression de devoir subir le même malheur de nouveau. Elles auraient été obligées d'affronter leur harceleur, sans qu'on leur fournisse bien sûr les ressources ou les outils nécessaires. C’est la raison pour laquelle il était absolument essentiel d'accepter, comme cela a été fait, l’amendement proposé pour que la victime n’ait pas à revivre son malheur. Elle pourra adresser sa plainte à une tierce partie.
Un troisième amendement visait l’article 2.1. Il ajoute un nouveau texte modifiant le Code canadien du travail afin de garantir explicitement aux plaignants la possibilité d’obtenir réparation par l’entremise de la Commission canadienne des droits de la personne. Les personnes qui ont été victimes de violence et de harcèlement en milieu de travail auraient ainsi une assurance de plus. C’est un autre élément important du projet de loi.
Un autre amendement concerne l’article 11.1. Il ferait en sorte que le rapport annuel du ministre présenterait des statistiques par catégorie à propos des motifs de distinction illicites en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, ce qui est également un très bon pas en avant.
Je suis fier des initiatives que le caucus conservateur a prises tout en proposant des amendements au projet de loi. Au cours de la dernière année, nous avons certainement veillé à ce que notre personnel soit au courant des ressources à sa disposition et nous avons tenu des séances de formation. Tous les députés ont suivi une formation obligatoire sur le harcèlement, ce qui, à mon avis, a été une expérience très bénéfique pour nous tous. C’est très important pour nous parce que nous voulons éliminer le harcèlement. Nous voulons nous assurer que nos employés, nos collègues et les gens avec qui nous travaillons ici pendant de très longues heures tous les jours se sentent à l’aise dans leur milieu de travail.
Il importe qu'en leur qualité de chefs de file non seulement dans leurs bureaux, mais aussi dans leur circonscription, les députés sachent comment on doit gérer une situation où un membre du personnel se sent harcelé ou mal à l’aise. Il est important qu’ils soient au courant du système et des lignes directrices permettant à une personne de porter plainte et d'avoir la garantie qu'on y donnera suite.
Le savoir est un outil puissant. Plus les gens connaissent leurs droits et leurs responsabilités à l'égard des questions de harcèlement et de discrimination, mieux ils s'en sortiront et plus ils seront heureux dans leur vie et dans leur milieu de travail. Nous devons faire savoir aux employés où ils peuvent aller pour obtenir de l'aide. Nous devons également leur donner des outils et un soutien de base pour les encourager à ne pas se taire et à régler ces problèmes aussi efficacement et facilement que possible.
Les membres du personnel sont un rouage essentiel de notre quotidien. Toutefois, le problème ne concerne pas que la Colline du Parlement. En tant que père, je veux qu'il y ait mesures de protection dans notre milieu de travail et dans nos collectivités et je veux qu'il y ait une transition culturelle afin que tout le monde comprenne que le harcèlement ne doit pas être toléré et qu'il ne le sera pas. Nous constatons une transition. Elle commence par notre opposition au harcèlement, par le dialogue et par le changement proactif de la dynamique. Créer un milieu sûr commence ici, mais cela doit s'appliquer à tout le monde.
J'exhorte tous les députés à prêcher par l'exemple et à montrer aux Canadiens que nous ne badinons pas: pour le harcèlement et l'intimidation, c'est tolérance zéro. Nul ne doit être exempté des nouvelles règles. Nul ne doit pouvoir esquiver une plainte ou une allégation en disant simplement que son souvenir des faits est différent.
Pour que cela fonctionne, les Canadiens doivent savoir qu'on les protégera, qu'on les croira, qu'on les traitera équitablement et qu'on les respectera. Personne n'est au-dessus de la loi. La Chambre doit montrer l'exemple. Nous devons être des chefs de file. Le leadership doit venir d'en haut.
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Monsieur le Président, je suis extrêmement fier de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui vise à modifier le Code canadien du travail et la Loi sur les relations de travail au Parlement, afin de rendre exempts de harcèlement et de violence les milieux de travail de la fonction publique fédérale et du Parlement. Grâce à ce projet de loi, nous pouvons nous attendre à ce que, un jour, au Canada, les travailleurs soient mieux protégés contre la violence et le harcèlement au travail et à ce qu'aucun travailleur ne craigne de dénoncer les auteurs de tels comportements déplacés pour se protéger ou pour protéger leur famille.
Tout d'abord, je tiens à remercier la d'avoir présenté ce projet de loi très important au Parlement. Chose peu fréquente, nous bénéficions de l'appui de nos collègues de l'opposition. La façon dont les deux côtés de la Chambre collaborent dans ce dossier montre qu'il est vraiment temps de changer les choses. Qu'il s'agisse du traitement des cas de violence sexuelle en milieu de travail ou de la façon dont notre culture vient renforcer les déséquilibres de pouvoir, la violence et le harcèlement au travail ne sont pas des enjeux qui relèvent de la partisanerie. Ces problèmes touchent tout le monde, peu importe la race, l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou l'expression de genre.
[Français]
Bien entendu, la première chose qui me vient à l'esprit quand je pense à ce projet de loi, c'est qu'il est avantageux pour les minorités vulnérables qui risquent beaucoup plus d'être harcelées sur leur lieu de travail. Les minorités sexuelles, y compris les personnes qui s'identifient comme lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers ou bispirituels, courent des risques particulièrement élevés d'être victimes de harcèlement et de violence en milieu de travail. À mes yeux, ce fait est tout simplement inacceptable.
[Traduction]
Depuis fort longtemps, les membres des communautés LGBTQ2 sont la cible de violence et de harcèlement au travail. Des progrès ont été réalisés, mais il faut continuer à en faire davantage.
Parmi les avancées de la société, mentionnons les excuses historiques que le a présentées aux Canadiens LGBTQ2 l'été dernier. Même si la plupart d'entre nous considèrent le Canada comme un pays progressiste et accueillant, une telle ouverture d'esprit n'a pas toujours été généralisée. Nous savons que dans les années 1950 jusqu'au début des années 1990, le gouvernement du Canada s'est livré à une horrible campagne d'oppression contre les citoyens soupçonnés de faire partie des communautés LGBTQ2. Ainsi, il a entraîné des décennies de discrimination au sein de la main-d'oeuvre canadienne et a détruit la vie de milliers de travailleurs, y compris des fonctionnaires et des soldats. Comme nous le savons, le a présenté des excuses historiques ce jour-là. Je m'excuse d'avoir utilisé son nom à la Chambre.
Même si on considère maintenant le harcèlement et la violence au travail comme des problèmes qui doivent être résolus, ils font partie de la vie de beaucoup de gens depuis trop longtemps, et c'est particulièrement vrai pour les membres de ces communautés. Aujourd'hui, à la suite de cette période sombre de notre histoire, les Canadiens LGBTQ2 sont toujours victimes de discrimination, de violence et d'agression, et ce, à des taux alarmants. En fait, jusqu'en 2017, aucune disposition de la législation fédérale sur les droits de la personne ne protégeait explicitement les personnes trans. Les problèmes de santé mentale et les suicides demeurent plus élevés chez les jeunes LGBTQ2 à cause de la violence et du harcèlement dont ils sont victimes. En effet, les jeunes LGBTQ2 sont quatre fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide que leurs pendants hétérosexuels. Les taux d'itinérance et de chômage au sein des communautés LGBTQ2 sont élevés. Par conséquent, les mesures que nous prenons aujourd'hui encourageront les Canadiens LGBTQ2 à participer pleinement au marché du travail.
[Français]
Je dois également mentionner le traitement que subissent les travailleurs autochtones, pour qui la violence et la discrimination font partie du quotidien. Selon l'Enquête sociale générale de Statistique Canada, en 2014, la victimisation avec violence dans la population autochtone est plus du double que celle de la population non autochtone. Les recherches indiquent que, peu importe le type d'infraction avec violence, que ce soit une agression sexuelle, un vol qualifié ou une voie de fait, le taux de victimisation est presque toujours plus élevé dans les populations autochtones que dans les populations non autochtones du Canada.
[Traduction]
Il est absolument essentiel que les personnes autochtones et les membres de la communauté LGBTQ2 aient le sentiment de pouvoir pleinement être eux-mêmes sans crainte d'être harcelés, maltraités ou rabaissés.
Avant de dévoiler mon homosexualité, j'avais l'impression de ne fonctionner qu'à 60 % ou 70 % de mes capacités. Je consacrais de 30 % à 40 % de mes capacités cérébrales à tenter de maintenir une identité d'homme hétérosexuel. Ces efforts ne menaient à rien et me minaient de l'intérieur. Une fois que j'ai annoncé mon homosexualité, je suis devenu moi-même à 100 %. Certains de mes amis me demandent parfois: « Pourrait-on ravoir la version de Randy à 80 %? Tu es tout un numéro. » Eh bien, maintenant que je suis moi-même à 100 %, il n'est pas question que je retourne dans le placard.
Nous souhaitons justement que les Canadiens LGBTQ2 soient eux-mêmes à 100 %, y compris au travail. Grâce à des mesures législatives comme la mesure à l'étude, qui met en pratique ce que nous prêchons à la Chambre, tous les Canadiens peuvent se sentir à leur place dans les milieux de travail du pays.
Comme je le dis parfois à des amis et à des collègues: « Vous pouvez rire avec moi, mais pas de moi. Je suis un gars chauve et gai. Ça peut inspirer bien des blagues, mais faites ces blagues quand je suis avec vous et non quand je vais me chercher un café. »
Les statistiques sont claires. Dans le cadre d'une étude réalisée en 2018 par l'organisme Human Rights Campaign Foundation, un peu plus de la moitié des employés interrogés, soit 53 %, ont dit cacher leur orientation sexuelle ou leur identité de genre au travail, et un peu plus d'un tiers, soit, 35 %, ont dit ne pas parler de leur vie privée. Les députés peuvent-ils imaginer passer une semaine ici sans parler de leur famille, de leurs enfants et de leurs êtres chers, et sans mentionner s'ils ont des neveux ou des nièces ou s'ils sont fiers que leur couple dure depuis 10, 15 ou 20 ans? Un tel scénario m'apparaît impensable, mais c'est pourtant la réalité d'un trop grand nombre de Canadiens. C'est donc dire qu'ils ne sont pas pleinement eux-mêmes au travail.
La communauté transgenre, plus particulièrement, est confrontée à d'énormes défis. Le taux de chômage chez les transgenres est trois fois plus élevé que la moyenne. Selon le U.S. Transgender Survey, en 2015, 27 % des transgenres n'ont pas été embauchés, ont été congédiés ou n'ont pas été promus en raison de leur identité et de leur expression de genre. La même année, 80 % des transgenres ont fait l'objet de harcèlement ou de mauvais traitements au travail ou ont été obligés de prendre des mesures pour éviter que cela leur arrive. Nous n'avons pas de données à l'échelle nationale, mais nous en aurons bientôt. Le projet Trans PULSE, mené en Ontario, a étudié l'impact de l'exclusion sociale et de la discrimination sur la santé des transgenres. L'étude révèle que 13 % des personnes interrogées étaient certaines d'avoir été congédiées parce qu'elles étaient transgenres tandis que 15 % soupçonnaient l'avoir été pour la même raison. Par ailleurs, 18 % ont dit qu'on leur avait refusé un emploi en raison de leur identité de genre tandis que 32 % ont dit soupçonner qu'on leur en ait refusé un pour la même raison.
J'ai été victime de ce genre de discrimination avant la campagne électorale. J'effectuais un voyage d'études en Amérique latine pour apprendre à parler l'espagnol. Je me trouvais à Buenos Aires quand, par un heureux hasard, j'ai entendu la voix d'un habitant distingué de ma localité, Edmonton. Nous nous sommes rencontrés au stand du musée local, et nous avons convenu d'aller manger ensemble le lendemain. Le repas fut long. Après environ deux heures et demie, j'ai indiqué que j'aimerais peut-être me lancer en politique un jour, puis j'ai mentionné mon compagnon de l'époque. Mon concitoyen m'a alors dit: « Un instant! Vous êtes homosexuel? » J'ai répondu que j'étais sorti du placard depuis presque 20 ans. Il m'a ensuite demandé si j'étais francophone, et j'ai répondu par l'affirmative. Il a affirmé qu'il pouvait me dire ce que je devais faire. En tant que francophone et homosexuel, je devais retourner d'où je venais, c'est-à-dire à Montréal, parce que je n'avais pas l'ombre d'une chance d'être élu à Edmonton. J'ai trouvé ses remarques vraiment intéressantes puisque ma famille n'est pas originaire de Montréal, mais plutôt de Québec, et qu'elle s'est installée en Alberta il y a de cela 126 ans. Cette discrimination flagrante m'a motivé à faire du porte-à-porte et à me faire élire dans ma circonscription. Quelques jours après être devenu le représentant libéral, homosexuel et francophone de la circonscription fédérale d'Edmonton-Centre, j'ai trouvé une carte postale sur laquelle il était écrit en français « pensant à vous ». Sur la carte, j'ai écrit : « Allons dîner ensemble bientôt. J'ai hâte de vous revoir. ». Puis, sous mon nom, j'ai ajouté « député d'Edmonton-Centre ».
[Français]
Eh bien, nous avons dîné ensemble et que cela s'est bien passé.
[Traduction]
Il a fait son mea culpa et m'a dit: « Je ne peux pas croire que je vous ai dit cela. J'avais tort, pardonnez-moi. » La discrimination existe, mais la réconciliation aussi.
Il est question aujourd'hui d'y mettre fin, de la prévenir, et d'y réagir de façon appropriée. Le projet de loi peut contribuer à la lutte pour l'égalité. Il fait fond sur des dispositions du Code relatives à la violence et au harcèlement pour créer une approche globale qui tient compte de toutes les formes de harcèlement et de violence, de l'intimidation aux railleries, en passant par le harcèlement sexuel et la violence physique. Cette mesure législative étend la portée de l'ensemble des mesures de protection en matière de santé et de sécurité, notamment celles relatives au harcèlement et à la violence, aux milieux de travail parlementaires tels que le Sénat, la Bibliothèque du Parlement et la Chambre des communes, notamment au personnel politique.
Lorsque j'ai été élu, j'ai été surpris, stupéfait, étonné de constater le peu de mesures de protection offertes au personnel parlementaire. En tant que nouveau député arrivant du milieu des affaires, j'étais sidéré. Je suis fier de faire partie d'un Parlement qui prend des mesures pour régler la situation. Cette mesure législative permettra d'établir un régime intégré unique visant à protéger tous les employés sous réglementation fédérale contre le harcèlement et la violence en milieu de travail, y compris les travailleurs LGBTQ2 et autochtones, à éviter les incidents de harcèlement et à soutenir les employés victimes de harcèlement et de violence, notamment en ce qui concerne la protection de leurs renseignements personnels.
Je sais que l'autre endroit a étudié le projet de loi en profondeur et qu'il a tenu des discussions avec des témoins de nombreuses organisations pour l'aider dans le cadre de l'étude.
Après avoir étudié les amendements apportés au projet de loi , je trouve que ces modifications contribuent clairement à renforcer un cadre puissant qui soutiendra tous les travailleurs canadiens d'un océan à l'autre.
Selon l'autre endroit, des témoins ont dit s'inquiéter du fait que le projet de loi empêcherait des employés de porter plainte à la Commission canadienne des droits de la personne pour harcèlement ou violence en milieu de travail. Ainsi, l'autre endroit a proposé un amendement pour indiquer explicitement que « la présente partie n’a pas pour effet de porter atteinte aux droits prévus par la Loi canadienne sur les droits de la personne. » Il est vrai que le projet de loi à l'étude ne vise pas à empêcher qui que ce soit de s'adresser à la Commission. Aussi, nous appuyons l'amendement.
[Français]
Le gouvernement du Canada réitère qu'il est essentiel que les employés canadiens sachent qu'ils peuvent déposer des plaintes sans craindre que celles-ci disparaissent emportées par une vague de bureaucratie. Les représailles sont déjà interdites dans le Code canadien du travail. Par conséquent, un plaignant qui sent qu'il est puni pour avoir présenté un témoignage peut contacter le Programme du travail pour obtenir de l'aide.
De plus, cet amendement garantit que les informations concernant toute plainte de harcèlement ou de violence en milieu de travail sont traitées de manière confidentielle, que celles-ci soient rapportées à un tribunal ou à un autre.
[Traduction]
L'autre endroit a proposé d'autres amendements, comme celui de remplacer les mots « futile, frivole ou vexatoire » par le terme « abus de procédure », afin de limiter les préjugés envers le fait de porter plainte. Les mots comptent. Il est important de montrer au gouvernement que les victimes de harcèlement ou de violence au travail verront leurs allégations prises au sérieux et que leurs expériences ne seront pas rejetées comme futiles, frivoles ou vexatoires. Nous savons qu'il faut de la force et du courage pour dénoncer des comportements inappropriés au travail. Nous comprenons qu'on doit rendre la tâche plus facile pour ceux qui souhaitent faire un signalement.
[Français]
Cet amendement montre que le gouvernement reconnaît que le langage injurieux peut être extrêmement préjudiciable à quiconque a été victime de harcèlement sexuel et souhaite le dénoncer, mais qui a honte de ce qui lui est arrivé.
[Traduction]
L'autre Chambre a proposé des amendements que nous n'avons pas pu accepter et j'aimerais m'attarder sur l'un d'eux en particulier.
Un membre de l'autre Chambre a proposé d'obliger les personnes qui font enquête sur une plainte à communiquer par écrit les résultats de l'enquête à l'employé et à l'employeur. Nous souscrivons à l'amendement, dont l'intention est de favoriser la considération et le respect. Il nous est toutefois impossible d'accepter l'amendement en raison de l'article qu'il modifie dans la loi. En effet, l'amendement de l'autre endroit vise un article du Code canadien du travail qui traite des enquêtes menées par des comités en milieu de travail. Or, afin de protéger l'anonymat des personnes concernées, le projet de loi prévoit que les cas de harcèlement ou de violence ne sont pas assujettis à cette partie du Code. En effet, le projet de loi C-65 interdit la participation des comités en milieu de travail dans les enquêtes sur ce genre de situation.
[Français]
Cet amendement, s'il était placé dans le Code canadien du travail, ne s'appliquerait pas aux incidents de harcèlement et de violence, et c'est la raison pour laquelle il n'a pas été adopté. En cas de harcèlement et de violence, si l'incident n'est pas résolu, le comité sur le lieu de travail procède à une enquête et passe directement à une enquête par une personne compétente.
[Traduction]
Ce point est pris en compte. Le processus lié à la tenue d'une enquête par une personne compétente sera prévu dans le règlement. Ce point avait été soulevé par l'autre Chambre et sera également inclus dans le règlement. Nous proposons d'y prévoir les destinataires d'une copie du rapport d'enquête, y compris l'employé. Comme tout le processus lié à l'enquête menée par la personne compétente est prévu dans le règlement, il n'y a aucun endroit dans le Code où on pourrait ajouter une mention indiquant qui reçoit le rapport d'enquête.
Qui plus est, le processus est prévu dans un règlement parce qu'il s'appuie sur le règlement existant sur la prévention de la violence, qui a été élaboré dans le cadre d'une consultation tripartite. Le nouveau règlement d'application du projet de loi sera lui aussi élaboré à partir d'une consultation tripartite afin que le processus réponde aux besoins de toutes les parties et permette de régler rapidement les cas d'incident.
Je suis heureux de voir également que cette mesure législative s'appliquera aux employés du Parlement qui n'étaient pas protégés auparavant, comme nous en avons déjà parlé. Il est également important de savoir qu'elle vise tant le personnel des bureaux de circonscription, comme le mien, dans Edmonton-Centre, que celui de la Colline. Cette mesure législative étend les protections au personnel de la Colline et des circonscriptions.
[Français]
L'objectif fondamental de ce projet de loi est de prévenir non seulement les maladies physiques et les blessures, mais également les problèmes de santé mentale. Ce projet de loi englobera tout le spectre du harcèlement et de la violence en milieu de travail. Les modifications apportées au Code s'appliqueront aux milieux de travail sous réglementation fédérale, y compris les transports internationaux et interprovinciaux, les banques, les télécommunications, la plupart des sociétés d'État, la fonction publique fédérale et le personnel ministériel exonéré, ainsi que les stagiaires employés dans ces secteurs.
[Traduction]
Grâce aux modifications proposées au projet de loi , les Canadiens vont comprendre que de tels comportements ne sauraient être tolérés.
Je tiens à corriger une idée erronée portée à l'attention de la Chambre par le député de . L'enjeu concerne l'ingérence politique perçue au sein des processus liés aux membres du personnel politique et à leurs employés.
Je tiens à bien me faire comprendre. Afin d'éviter toute apparence de conflit d'intérêts dans un dossier impliquant un sénateur, un député ou un employé, les attributions du seront transférés au sous-ministre du Travail. L'une de ces attributions est la capacité de prolonger le délai auquel un ancien employé a droit pour déposer une plainte. Ce sera donc la prérogative du sous-ministre du Travail de pouvoir accorder une telle prolongation. Voilà qui mettra définitivement fin à toute influence ou ingérence politique.
Il est primordial d'expliquer pourquoi cet enjeu est si important. En tant que plus gros employeur du pays, le gouvernement fédéral emploie quelque 300 000 Canadiens. Une étude menée en 2014 par la Banque mondiale a estimé que l'intolérance coûte à l'économie indienne 31 milliards de dollars par année. Qu'en est-il dans le contexte canadien? Si on prend une entreprise moyenne, une ONG moyenne, une main-d'oeuvre provinciale moyenne ou, dans notre cas, les organismes réglementés par le gouvernement fédéral, et que l'on prend 15 % de ses bénéfices nets, 15 % de ses dépenses de personnel et que l'on calcule le total, on obtient le coût de l'exclusion. Voilà ce que doivent payer les Canadiens tous les jours pour l'intolérance en milieu de travail. Ajoutons le montant dépensé pour les salaires et les avantages sociaux, prenons 15 % de ce montant, et demandons-nous combien vaut le fait de maîtriser, d'enrayer et de prévenir le harcèlement en milieu de travail et d'aider les gens qui en sont victimes.
Voilà de quoi il est question. À l'avenir, j'aimerais prendre la parole au sujet des avantages de l'inclusion et non du coût de l'exclusion. C'est exactement ce que ce genre de mesure législative nous aidera à accomplir aujourd'hui.
Il se passe quelque chose de magique. Lorsqu'on crée un effectif inclusif dans lequel les gens se sentent protégés et dans lequel 15 % de ceux qui se sentent marginalisés par le racisme, l'intimidation, la misogynie, la transphobie, l'homophobie et la biphobie se sentent accueillis, cet effectif inclut 100 % de ses employés. Il se passe quelque chose de magique parce que les autres 85 % savent qu'ils travaillent dans un milieu sain, et c'est tout l'effectif qui s'en porte mieux. Il y a plus de place pour tout le monde.
Dans le cas présent, nous voulons des milieux de travail où les gens peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes à leur travail. Nous voulons des milieux de travail où les gens peuvent être entièrement eux-mêmes. Nous voulons que les gens soient en sécurité. Nous voulons qu'ils se plaisent au travail et que, lorsqu'ils rentrent à la maison, ils puissent raconter à leurs proches à quel point c'est formidable de travailler pour le gouvernement du Canada parce que nous avons mis en place un système et une mesure législative qui les protègent.
C'est pour moi un honneur de servir à la 42e législature. Je suis encore plus honoré de savoir que nous nous attaquons à un problème auquel non seulement des Canadiens sont confrontés, mais aussi des gens partout dans le monde. Le harcèlement au travail est un problème sérieux. Nous devons l'éradiquer. Grâce à cette mesure législative, nous faisons des pas de géant. Nous savons que les mesures proposées dans le projet de loi contribueront à rendre ces changements possibles. J'espère que, dans le futur, il rappellera l'engagement du Canada envers l'égalité et les effectifs ici et d'un océan à l'autre. J'invite tous mes collègues à la Chambre et au pays à donner le meilleur d'eux-mêmes au travail. Les Canadiens ne leur demandent rien de moins.