— Monsieur le Président, je prends la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui vise à modifier l'une de nos mesures législatives les plus fondamentales, la Loi électorale.
En notre qualité de parlementaires, il nous incombe de maintenir la démocratie et de veiller à ce que les règles qui la régissent demeurent justes et équitables. Tous les partis politiques représentés à la Chambre ont uni leurs efforts et proposé des centaines d'amendements en vue d'améliorer ce projet de loi. Après des mois de travail intense en comité sur le projet de loi , après de nombreuses heures de témoignages, il est regrettable que seule une poignée d'amendements présentés par les partis de l'opposition aient été adoptés au comité.
Il est décevant de constater qu'un projet de loi aussi volumineux ne contribue pas réellement au maintien de la démocratie. Il s'agit pourtant d'un projet de loi qui traite de tout — des procédures électorales au financement électoral en passant par l'ingérence étrangère dans les élections —, qui établirait un Registre des futurs électeurs et qui aurait des répercussions sur la capacité de voter de nombreux Canadiens. Par conséquent, le projet de loi est très préoccupant et rate la cible à bien des égards.
Le projet de loi vise à instaurer une période préélectorale et à réglementer les tiers. L'un des aspects de la mise en oeuvre de la période préélectorale implique l'établissement de plafonds de dépenses qui, avec les rajustements en fonction de l'inflation, seraient en 2019 de 500 000 $ pour les tiers et de 2 millions de dollars pour les partis politiques enregistrés. Ainsi, il ne faudrait que quatre tiers pour dépenser plus qu'un seul parti politique. Une telle chose serait possible, étant donné que les tiers n'ont pas les mêmes plafonds de contribution que les partis politiques. Si les partis politiques ne sont plus la principale source d'information, nous craignons profondément que le public reçoive des renseignements inexacts au sujet des candidats et des programmes.
En revanche, il y a une raison valable de réglementer davantage les tiers, et c'est pour empêcher l'ingérence étrangère dans les élections canadiennes. C'est une bonne chose. Nous voulons que ce soient les Canadiens qui déterminent le résultat des élections canadiennes, et non des entités étrangères. Toutefois, le parti au pouvoir ne va pas assez loin pour éliminer le risque d'ingérence étrangère.
Les Canadiens méritent de savoir d'où provient l'argent destiné aux élections, et il appartient au gouvernement de veiller à ce que les tiers soient totalement transparents. Si un tiers décide de faire de la publicité partisane, il devrait être prêt à ouvrir ses livres et à laisser les Canadiens voir d'où provient l'argent exactement.
Au comité, nous avons suggéré que les tiers aient des comptes bancaires distincts pour toutes les activités politiques, qu'ils soient tenus de divulguer les sources étrangères de financement à n'importe quelle fin, que des limites soient fixées pour les contributions électorales et qu'elles respectent les limites pour les partis politiques. Malheureusement, le gouvernement a voté contre ces amendements. Le problème, c'est que ce n'est qu'avec ces amendements que le projet de loi pourrait empêcher toute influence étrangère, potentielle ou réelle.
Par exemple, imaginons un donateur étranger qui donnerait plusieurs milliers de dollars à un tiers pour payer des dépenses administratives. Le tiers pourrait alors libérer une somme équivalente et la consacrer à une campagne électorale puisqu'il n'aurait plus à payer lui-même les dépenses en question. Or, comme le don serait affecté à des dépenses administratives, il n'aurait pas à être rendu public.
De plus, les tiers ne sont pas assujettis à des règles aussi strictes que les partis politiques. Donc, les dons étrangers pourraient avoir de graves répercussions sur une campagne électorale.
Le gouvernement dit qu'il s'attaque au problème sérieux de l'influence et de l'ingérence étrangères dans nos élections avec le projet de loi , mais les dispositions législatives qu'il préconise ne vont pas assez loin. C'est notre démocratie qui est en jeu. Seuls les Canadiens devraient pouvoir influer sur les élections au Canada.
Pour les conservateurs, le vote de chaque citoyen canadien compte. Le gouvernement devrait déployer plus d'efforts pour empêcher les entités étrangères de miner nos institutions démocratiques. Les Canadiens méritent d'avoir l'assurance qu'aucune instance étrangère ne sabotera leurs élections.
Le a indiqué qu'une entité étrangère avait agi lors des dernières élections. Certes, elle n'a pas été déterminante, mais le gouvernement ne fait rien pour qu'aucune influence ne soit exercée dans le futur, même s'il a la capacité de le faire.
Nous offrons au gouvernement libéral l'occasion de se racheter de ses manquements. À l'étape du rapport, nous présentons plusieurs amendements au projet de loi qui visent à supprimer ces échappatoires. J'espère sincèrement que les députés d'en face prendront ces amendements en considération et les accepteront. Il en va de la démocratie au Canada. Même après avoir été étudié pendant des mois en comité, le projet de loi comporte toujours de graves lacunes qu'il faut corriger.
Nous avons pu constater l'ampleur des dommages causés par une influence étrangère, notamment de la part de la Russie, que ce soit au sud de la frontière, aux États-Unis, ou dans le dossier du Brexit, au Royaume-Uni. Nous ne voulons pas que le Canada devienne lui aussi une victime durant les élections de 2019 ou dans toute autre élection.
Le gouvernement libéral a décidé de s'attaquer à l'ingérence étrangère dans le projet de loi et il devrait le faire dans toute la mesure du possible. Il devrait travailler plus fort pour éliminer toutes les échappatoires et toutes les ambiguïtés liées à l'ingérence étrangère.
Si l'ingérence et l'influence étrangères directes, c'est-à-dire dans le domaine public, sont interdites, pourquoi sont-elles permises derrière des portes closes? Les Canadiens méritent de savoir et de comprendre qui finance leurs élections. Le projet de loi aura d'énormes répercussions sur les futures élections et, à titre de parlementaires, nous devons travailler ensemble pour bien faire les choses.
En permettant l'utilisation de la carte d'information de l'électeur comme preuve d'identité pour voter, le gouvernement laisse encore une fois tomber les Canadiens. Près d'un million de cartes d'information de l'électeur qui ont été envoyées en 2015 contenaient des erreurs. Les Canadiens ne peuvent pas obtenir des soins de santé, de l'aide sociale et beaucoup d'autres services fédéraux sans présenter une pièce d'identité délivrée par l'État.
D'ailleurs, M. Ian Lee de l'Université Carleton a dit ceci:
Il a été soutenu que l'exigence concernant les pièces d'identité des électeurs a un effet négatif bien plus important sur les personnes à faible revenu; pourtant, si vous examinez le programme Ontario au travail — il s'agit de l'organisme qui administre l'aide sociale —, vous vous rendrez rapidement compte que la vérification de l'identité pose un problème beaucoup plus important à ceux qui veulent obtenir de l'aide sociale. On veut des renseignements de comptes bancaires. On veut des déclarations de revenus. On veut des permis de conduire. On veut des baux. Il est beaucoup plus difficile d'obtenir de l'aide sociale que de voter en raison des exigences relatives à l'identification.
Nous avons besoin de pièces d'identité délivrées par l'État pour presque tout. Pourquoi serait-ce différent pour le droit de vote, surtout lorsque l'intégrité de tout notre système démocratique est en jeu?
Je regrette de dire que le projet de loi comporte de graves lacunes. Il pourrait s'agir d'une des dernières fois que la Chambre a l'occasion de combler ces lacunes pour défendre la démocratie au Canada. Je demande à mes collègues libéraux de travailler avec nous de façon à ce que le projet de loi protège mieux les Canadiens et notre système démocratique.
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Monsieur le Président, l'échange entre ma collègue libérale et ma collègue conservatrice était intéressant parce qu'il a fait ressortir que le comité s'est trouvé dans une impasse qui ne s'est dénouée que lorsque les libéraux et les conservateurs se sont entendus pour permettre davantage de dépenses dans le cadre des élections. La secrétaire parlementaire a omis cette partie, je crois.
Le comité n'a examiné le projet de loi que pendant une semaine parce que les libéraux n'ont pas accordé davantage de temps. À la fin, ils ont même eu recours à une motion d'attribution de temps alors qu'il s'agit d'une loi électorale et qu'ils avaient promis de ne jamais le faire.
Ma question s'adresse plus précisément à ma collègue. Une grande partie de son intervention portait sur l'ingérence étrangère. Les témoins, notamment le directeur général des élections et le commissaire à la protection de la vie privée, ainsi qu'un autre comité de la Chambre des communes, soit le comité de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, nous disent qu'il est essentiel, pour assurer des élections libres et équitables au Canada, que les partis politiques soient assujettis à des règles sur la protection de la vie privée pour ce qui est du traitement des données recueillies sur les Canadiens.
Les néo-démocrates et la députée du Parti vert ont proposé de nombreux amendements pour améliorer cette mesure législative vraiment boiteuse. Des centaines d'amendements ont été proposés, dont certains par des ministériels. Nous avons tenté d'améliorer le projet de loi en proposant entre autres que les partis politiques soient assujettis à des règles. Advenant un piratage ou une fuite, les données recueillies par les partis sur les Canadiens risquent d'être compromises par des éléments qui tentent de s'ingérer dans les élections canadiennes.
Les Américains et les Européens affirment que ce genre d'ingérence se produit actuellement, qu'elle s'est produite dans le passé et qu'elle se produira encore dans l'avenir. Or, le projet de loi , dans sa forme actuelle, ne propose toujours rien pour protéger les renseignements personnels des Canadiens et pour assurer un processus électoral libre, équitable et démocratique. Il expose les Canadiens à l'ingérence étrangère, problème dont la députée a fait mention à maintes reprises dans son intervention.
Je me demande si les conservateurs ont changé de position dans ce dossier et s'ils sont disposés à accepter que les partis politiques doivent être assujettis à certaines règles et directives pour éviter que les renseignements personnels des Canadiens et notre démocratie soient compromis.
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Monsieur le Président, je souhaite intervenir dans le débat d'aujourd'hui, alors que nous en sommes aux dernières étapes de l'étude du projet de loi . Les libéraux proposent cette solution pour remédier à l'attaque contre notre démocratie survenue pendant la dernière législature, lorsque le gouvernement Harper a mis en place ce qu'il appelait la Loi sur l’intégrité des élections, qui était plutôt une loi sur le manque d'intégrité des élections. Le gouvernement précédent a tenté, de diverses façons, de priver de leur droit de vote un certain nombre de Canadiens, plus particulièrement les Canadiens à faible revenu, les Autochtones, les jeunes et tous ceux qui, selon Stephen Harper, ne lui étaient probablement pas favorables.
Au lieu d'adopter des mesures qui auraient l'assentiment de divers groupes de personnes, les conservateurs ont décidé de modifier la Loi électorale du Canada de manière à ce qu'il soit plus difficile pour ces personnes de voter; c'était une approche particulièrement cynique et malhonnête. Nous avons attendu longtemps que le gouvernement présente ce projet de loi. En fait, il y a presque deux ans, il a présenté un projet de loi pour supprimer la loi sur le manque d'intégrité des élections, mais il a traîné au Feuilleton pendant 18 mois. Le gouvernement n'a rien fait pour que la Chambre l'étudie, en débatte ou en discute. Il a attendu jusqu'à ce qu'il présente ce projet de loi, le projet de loi C-76, qui est beaucoup plus vaste et qui touche un plus grand nombre de questions.
Pour les gens qui nous regardent, je viens de demander à ma collègue conservatrice si elle s'était ralliée à nous et si elle partageait désormais l'avis du directeur général des élections, du commissaire à la protection de la vie privée, du comité de l'éthique et de la protection des renseignements personnels de la Chambre des communes et de l'ensemble des experts entendus par le comité. Selon tous ces gens, l'un des principaux défauts du projet de loi dans sa forme actuelle tient au fait qu'il n'y est à peu près pas fait mention de la protection des renseignements personnels. La seule chose que les libéraux demandent aux partis politiques de faire, c'est d'afficher une politique de confidentialité quelque part sur leur site Web.
Or, cette politique n'a pas besoin de prévoir quoi que ce soit de particulier. Elle n'a pas force de loi. Elle ne permet certainement pas de protéger nos valeurs démocratiques. Il suffit qu'elle soit là, quelque part. Qu'il s'agisse de nos alliés européens ou de nos cousins américains, les avertissements fusent de partout dans le monde démocratique: c'est maintenant qu'il faut régler la question, parce que les problèmes s'en viennent. Perturbations, renseignements trompeurs, désinformation, fausses nouvelles qui pullulent sur les réseaux sociaux: ces menaces sont bien réelles et elles risquent de perturber la tenue d'élections libres et justes, là-bas comme ici.
Ce projet de loi est bourré de défauts, c'est le moins qu'on puisse dire. Des centaines d'amendements ont été proposés au comité. Il en reste 179, et ils proviennent de tous les partis, y compris des libéraux. Ces derniers ont mis trois ans avant d'agir, et ils se sont trompés sur à peu près toute la ligne.
Il est injuste de simplement critiquer le projet de loi. Nous nous efforçons toujours d'améliorer les choses, de les parfaire, car le travail dans ce dossier devrait être non partisan. Nous sommes tous d'accord que les élections sont essentielles à la santé du pays et qu'elles doivent être libres et équitables. Il faut permettre aux partis de défendre leurs points et laisser les Canadiens choisir de manière libre et équitable la personne qui les représentera. Cependant, nous savons que le projet de loi prévoit des mesures timides ou ne prévoit rien du tout en ce qui concerne certains des aspects les plus importants de la démocratie.
Nous avons présenté des motions pour introduire l'idée de mon ami Kennedy Stewart, le maire élu de Vancouver, de rembourser les partis en fonction de la place qu'ils ont faite aux femmes et à d'autres groupes sous-représentés au Parlement. Nous connaissons les faits et ils sont indéniables. Le Parlement actuel est constitué de 26 % de femmes. Le précédent en comptait 25 %. Selon la tendance actuelle, il faudra 80 ans avant d'atteindre la parité hommes-femmes au Parlement, à moins que nous agissions. Nous avons fait une proposition à cet égard en amendant le projet de loi, mais les libéraux ont dit qu'ils ne voulaient pas en parler et ils ont voté contre l'idée.
Le adore dire à quel point il est féministe, mais il n'aime pas trop agir en ce sens. Dans les dossiers comme celui-ci, comme l'équité salariale qui importe aux femmes, le féministe d'en face ne prend pas la peine de lever le petit doigt.
Nous avons aussi tenté d'ajouter des changements concernant la réforme électorale. Nous avons tous souvenir d'avoir entendu le promettre, encore et encore, qu'il verrait à ce que chaque vote compte et à ce que les élections de 2015 soient les dernières à être tenues selon le système uninominal majoritaire à un tour. Nous souhaitions aider le premier ministre à tenir parole. C'était une idée révolutionnaire, mais les libéraux ne voulaient pas en discuter non plus.
Il nous semblait aussi important de parler de l'idée de réduire l'âge minimum requis pour voter. Quelques conservateurs et quelques libéraux considéraient qu'il serait bon d'étudier cette idée, donc de demander à Élections Canada d'examiner quel effet aurait, sur la démocratie canadienne, le fait de permettre le vote à 17 ans. Quels seraient les effets, les retombées bonnes et mauvaises de ce changement? Une législature future, et non la législature actuelle, aurait pu envisager de changer l'âge requis pour voter. Les libéraux ne voulaient pas aborder cette question-là non plus.
Nous avons parlé de la possibilité de tenir les élections le dimanche et de l'expérience de différentes démocraties qui le font, notamment des provinces et des municipalités canadiennes. On sait que, s'il est possible de voter le dimanche plutôt que le mardi, une journée étrange pour tenir des élections, le taux de participation peut grimper de 6 % ou de 7 %, surtout parmi les électeurs marginalisés. Nous avons toutes les études disponibles à ce sujet. Pour leur part, comment les libéraux souhaitent-ils agir? Ils veulent étudier davantage la question, ce qui est leur façon de dire « non », comme je l'ai appris au fil du temps. Quand nous demandons aux libéraux d'agir, ils répondent qu'« on devrait étudier la question ». Nous avons donc appris, au cours des trois dernières années, qu'« étudier » signifie « non », mais que cette formulation permet aux libéraux de répondre avec un sourire au lieu de rejeter carrément l'idée proposée.
Le plus gros du travail effectué et des témoignages recueillis portait sur la question du respect de la vie privée. Penchons-nous sur ce que nous avons appris: nos expériences difficiles ces dernières années nous ont vraiment servi de leçon.
Nos cousins britanniques ont appris, à l'occasion du Brexit, que Cambridge Analytica et toute une série d'entreprises obscures et dangereuses prenaient les électeurs pour cible par l'intermédiaire des médias sociaux et en collectant leurs données sur Facebook, Twitter, Instagram et tous ces comptes que les gens utilisent dans le cadre de leurs interactions sociales, mais aussi pour s'informer sur la politique et l'actualité mondiales. Ces entreprises ont été capables de déchiffrer le code de Facebook, de contourner le mur d'Instagram et d'en apprendre plus sur les utilisateurs que ceux-ci auraient jamais voulu qu'elles connaissent, et d'en apprendre aussi sur leurs amis et leurs relations. Elles ont ensuite pris ces gens pour cible.
C'est dangereux parce qu'il est devenu si facile de propager des mensonges. Plus besoin de tirer dans toutes les directions en disant d'un candidat qu'il est très mauvais, que ses amis sont des gens horribles ou que ses politiques auront telle ou telle conséquence. Ces entreprises peuvent cibler très précisément les électeurs qu'elles veulent influencer. Les Britanniques l'ont appris à leurs dépens. Il suffit de demander à la première ministre comment cela se passe pour elle, le Brexit. Qu'on demande donc aux Irlandais et aux Écossais ce qu'ils en pensent. Ce vote, nous le savons, ne s'est pas joué à la régulière, et certaines entreprises canadiennes ont été partie prenante.
Le comité de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes, composé de députés de tous les partis, a dit, dans sa conclusion, que les partis politiques doivent être assujettis à des règles de confidentialité afin que nos élections restent libres et équitables. Quand les libéraux du comité ont rejeté nos amendements, ils ont aussi rejeté l'analyse et l'interprétation des libéraux d'un autre comité, et pas seulement les leurs. Ils ont aussi fait fi de l'opinion du directeur général des élections, qui a dit que, s'il y avait bien un point sur lequel le projet de loi était défaillant, c'était celui du respect de la vie privée.
Le commissaire à la protection de la vie privée nous a dit que le projet de loi ne contenait rien de substantiel en la matière. Selon un sondage mené par OpenMedia, 72 % des Canadiens veulent que les partis politiques aient des règles régissant la gestion des données et la protection des données qu'ils recueillent. Même si les autres partis ne veulent pas l'admettre, un jour, ils se rallieront à nous et admettront que les partis politiques veulent comprendre les électeurs. Cela a toujours été le cas, et cette tendance s'est accentuée au cours des 10 à 20 dernières années.
Avec l'arrivée d'Internet et des médias sociaux, les possibilités d'obtenir de l'information sur les électeurs, les multiples points de saisie de cette information et l'envoi de messages particuliers en fonction de ce que l'on sait des électeurs, tout cela peut être positif. Par exemple, si quelqu'un s'intéresse à l'environnement et aux oléoducs, et qu'il veut savoir pourquoi les libéraux ont dépensé 4,5 milliards de dollars pour acheter un pipeline de 65 ans, un parti politique aimerait peut-être le savoir pour pouvoir lui dire que c'est effectivement une idée stupide, surtout de la part d'un soucieux de lutter contre les changements climatiques. Ce pourrait être un bon tuyau à avoir. Toutefois, nous savons aussi que les partis recueillent une quantité phénoménale de données, sans suivre aucune règle et sans être soumis à aucune surveillance.
Examinons la situation en Europe. La commissaire à la justice de l'Union européenne, où des élections vont bientôt avoir lieu, a dit que nous ne pouvons plus faire comme si de rien n'était. Les menaces provenant de gouvernements et d'agents étrangers, ainsi que de citoyens qui cherchent simplement à bouleverser nos élections et à remettre en question le processus démocratique, sont bien réelles.
Le département américain de la Justice, même sous la direction de Donald Trump, considère qu'il s'agit de tactiques de guérilla informatique et qu'il y aurait une ingérence liée à Vladimir Poutine dans les élections de mi-mandat qui se déroulent actuellement aux États-Unis.
Tous ces exemples nous viennent de nos propres spécialises et des experts internationaux, mais les libéraux y répondent: « Non, peu nous importe. Nous nous en fichons simplement. » Ils vont permettre l'adoption du projet de loi sans y apporter des amendements notables ou significatifs qui protégeraient notre démocratie. À quoi sert un projet de loi électorale, sinon à cela? Les mots me manquent, tout simplement, lorsque je parle à mes collègues libéraux pour leur dire que pas un seul témoin n'a dit que nous devrions simplement laisser faire la question de la protection des renseignements personnels, que tout va bien, que la situation actuelle est tout à fait parfaite. Chaque témoin, sans exception, y compris notre propre directeur général des élections, a dit qu'il faut absolument agir, mais les libéraux ont haussé les épaules.
Voici donc le problème et je vais en rester là. Chaque député est déchiré en son for intérieur entre sa loyauté envers son parti et les objectifs de ce dernier, et sa loyauté envers le pays. Dans le cas présent, c'est très clair: si notre seul objectif est de défendre la démocratie canadienne et de veiller à ce que les élections soient libres et justes, alors il est évident qu'il faut approuver les changements proposés par le NPD, par le directeur général des élections, par le commissaire à la protection de la vie privée et par tous les spécialistes à qui nous parlons.
Invariablement, les libéraux privilégient leur parti au détriment du pays. C'est inacceptable, peu importe ce qu'on perçoit chez les Canadiens et peu importe leurs intentions de vote.
Le projet de loi doit être amélioré. C'est possible de le faire, même s'il se fait tard, si tous sont prêts à travailler ensemble.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir et le privilège de me lever aujourd'hui à la Chambre pour entamer le débat à l'étape du rapport sur le projet de loi .
[Traduction]
Je tiens d'abord à remercier les membres du comité de la procédure et des affaires de la Chambre pour leur excellent travail et leur collaboration relativement à l'examen de cette mesure législative.
Je suis extrêmement fière de cet important projet de loi, qui va renforcer à la fois l'intégrité, l'équité et la protection de notre processus électoral.
Le projet de loi facilite la tâche à tous les Canadiens qui participent au processus démocratique lorsque vient pour eux le moment d'effectuer le geste le plus important qui soit: remplir un bulletin de vote le jour du scrutin. Fait important, il annule les dispositions les plus injustes du projet de loi du gouvernement précédent. Peu de gens le savent, mais j'ai décidé de me lancer en politique en raison justement de l'existence de ce projet de loi. Je n'arrivais pas à croire qu'un gouvernement puisse se servir de son pouvoir pour rendre l'exercice du droit de vote plus difficile aux Canadiens.
Avec le projet de loi , nous nous assurons que chaque Canadien qui a le droit de vote sera en mesure d'exercer ce droit. Je suis si fière de nous voir aller de l'avant avec ce projet de loi.
Nous avons pris devant les Canadiens des engagements importants concernant le recours aux répondants et à la carte d'information de l'électeur. Ces engagements prennent forme dans le projet de loi . En parcourant le pays, j'ai discuté avec des personnes qui m'ont dit avoir été incapables d'exercer leur droit de vote lors des dernières élections en raison de ces changements apportés auparavant par les conservateurs. Selon Statistique Canada, lors des élections de 2015, plus de 170 000 Canadiens n'ont pas pu voter à cause des changements apportés par la prétendue Loi sur l'intégrité des élections.
Le directeur général des élections du Canada a parlé de dignité quand il y a un répondant, ce sentiment de respectabilité qu'ont les personnes qui se rendent au bureau de vote. Il a dit que ce sont souvent les femmes âgées qui n'ont pas deux pièces d'identité pour établir leur identité et lieu de résidence. La carte d'information de l'électeur permettra aux personnes d'établir leur lieu de résidence et aux femmes âgées, en particulier, de pouvoir déposer leur bulletin de vote dans l'urne le jour des élections. C'est aussi important pour les Autochtones canadiens, pour ceux qui n'ont pas de lieu de résidence permanent et aussi pour ceux qui veulent voter et ont besoin d'une aide supplémentaire sous la forme d'un répondant. C'est très important pour la dignité des Canadiens. Je suis très fière que cela fasse partie du projet de loi .
L'article 3 de la Charte des droits et libertés prévoit que tout citoyen canadien a le droit de vote. Le projet de loi fera en sorte que tous les Canadiens vivant à l'étranger pourront exercer leur droit de vote le jour du scrutin. J'ai étudié et vécu à l'étranger. J'ai eu l'occasion de voter à des élections fédérales antérieures depuis l'étranger. Je sais à quel point il est important pour les Canadiens de maintenir ce lien avec le pays dont ils sont si fiers. Grâce au projet de loi , les Canadiens qui vivent à l'étranger pourront eux aussi exercer leur droit de vote.
Parlons de dignité et d'accessibilité. Le projet de loi donnera aux partis politiques et aux candidats un incitatif pour améliorer l'accessibilité de leur matériel de campagne ou de leur bureau de campagne, que ce soit au moyen d'une rampe d'accès ou d'un service d'interprétation gestuelle à une réunion de tous les candidats. Les Canadiens de partout au pays nous ont dit qu'il est important d'intégrer ces mesures dans le processus électoral pour qu'ils se sentent inclus et puissent participer pleinement aux élections.
Le projet de loi comporte d'importantes mesures en matière de transparence.
Le projet de loi accroîtra la transparence à l'égard des dépenses des tiers et des partis politiques en matière de publicité au cours de la période préélectorale, qui s'amorcera le 30 juin et se poursuivra jusqu'à la délivrance des brefs. Une limite sera fixée pour les dépenses des partis politiques et des tiers pendant cette période. De plus, pour les tiers, une limite s'appliquera aussi aux activités politiques pendant la période électorale. C'est important, car nous savons que les Canadiens veulent savoir qui dépense de l'argent pendant la campagne et qui essaie d'influencer le choix qu'ils feront le jour du scrutin.
Pour ce qui est de l'ingérence étrangère, je tiens à remercier tous les députés, parce qu'ils ont fait front commun et travaillé sans partisanerie, pour faire en sorte que les élections au Canada soient libres de toute ingérence étrangère. Je tiens à mentionner qu'à l'étape de l'étude en comité, des membres conservateurs, néo-démocrates et libéraux du comité de la procédure et des affaires de la Chambre ont proposé de très bons amendements visant à protéger les élections des influences étrangères. Tous les députés ont fait passer l'intérêt du pays avant les considérations partisanes, ce à quoi j'applaudis.
En ce qui concerne les plateformes en ligne, nous savons que les élections de 2019 seront différentes. La présence des médias sociaux se fera fortement sentir. Je suis très fière du fait que le projet de loi prévoit d'importantes mesures pour nous protéger de l'ingérence étrangère et pour accroître la transparence des publicités politiques en ligne.
Le projet de loi propose deux modifications importantes à la Loi électorale du Canada. La première vise à assurer que les plateformes de médias sociaux n'acceptent pas sciemment des publicités politiques provenant de sources étrangères. La deuxième consiste à créer un registre public de toutes les publicités politiques diffusées durant la période électorale, que les Canadiens pourront consulter afin de voir qui tente de les cibler et de les influencer dans le cadre des élections.
L'intégrité des élections figure aussi parmi les éléments les plus importants du projet de loi . Les excellentes lois électorales du Canada comptent probablement, je n'ai pas honte de le dire, parmi les meilleures du monde. Le reste de la planète s'inspire souvent du Canada pour savoir comment tenir des élections libres, justes et efficaces. Nous faisons tout pour que ces lois soient bien appliquées. Nous avons écouté le commissaire aux élections fédérales et pris les moyens pour qu'il puisse mener des enquêtes et obliger les gens à témoigner. C'est non négligeable comme amélioration, parce que de nombreux scandales ont déjà entaché l'intégrité des élections — que l'on pense aux appels robotisés ou au scandale des transferts de fonds. Nous avons alors compris que les Canadiens doivent savoir avec certitude qui se cache derrière ces stratagèmes. Le commissaire a été sans équivoque: avec les outils requis, il aurait pu aller au fond des choses, et ça aussi, c'est extrêmement important.
J'insiste sur le fait que le projet de loi donne suite à 85 % des recommandations faites par le directeur général des élections après le scrutin de 2015. Cette mesure législative est une réponse directe à ses commentaires, car nous tenons à ce que les Canadiens puissent compter sur un régime électoral digne de confiance et intègre, et à ce que les lois du pays soient aussi rigoureuses, aussi accessibles et aussi inclusives que possible.
Il n'y a pas de droit plus fondamental que celui de pouvoir voter aux élections, de pouvoir choisir les personnes qui nous gouvernent. Or, pour cela, il faut que le processus soit intègre. Je suis excessivement fière de cette mesure législative. Elle sert les intérêts à la fois de la démocratie et du Canada, et je me réjouis que la Chambre puisse en débattre à l'étape du rapport. Nous pouvons tous être fiers de ce projet de loi, car il est bon pour le Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi dont la Chambre est saisie. Comme je l'ai dit auparavant, Guelph a été l'épicentre de certaines activités illégales lors des dernières élections. Tout comme la ministre, je prends la parole aujourd'hui en tant que candidat qui s'est présenté aux élections pour dénoncer les atteintes à la démocratie canadienne dont j'ai été témoin, notamment dans ma circonscription, Guelph.
En examinant les gestes du gouvernement précédent lorsqu'il a muselé les scientifiques, on constate qu'il a également muselé l'ancien directeur général des élections du Canada. En fait, l'article 7 de la Loi sur l'intégrité des élections permettait au directeur général des élections de parler seulement d'un nombre limité de sujets, soit les cinq suivants: comment voter, comment s'inscrire comme candidat, comment prouver son identité, comment ajouter son nom sur la liste électorale et des questions d'accessibilité. Aux termes de la loi adoptée sous le gouvernement précédent, le directeur général des élections n'avait pas le droit d'aborder d'autres sujets. De toute évidence, cette loi avait été conçue pour l'empêcher de s'acquitter de ses responsabilités envers les électeurs canadiens, notamment de promouvoir la démocratie et d'assurer des élections libres et ouvertes au Canada.
Comme on l'a déjà dit et comme les députés le savent, en 2011, l'élection dans la circonscription de Guelph a été la cible d'appels automatisés. Quand j'ai parlé au candidat libéral qui a été élu lors de cette élection, j'ai appris que les messages automatisés disaient aux gens d'aller voter au centre commercial de la rue Quebec. Ceux qui ont reçu ces appels automatisés étaient des gens qui, selon les indications, voteraient probablement pour les libéraux, et on les a dirigés vers un endroit où il n'y avait pas de bureau de vote. Bon nombre d'entre eux étaient des gens âgés, qui se déplaçaient avec difficulté. Ils se sont rendus au centre commercial de la rue Quebec, puis ils ont téléphoné au bureau de campagne pour demander pourquoi il n'y avait pas de bureau de scrutin.
Cette attaque très ciblée et très cynique visait à bousculer le processus électoral dans Guelph. Il y a eu des attaques semblables dans 247 des 308 circonscriptions canadiennes qui existaient alors, réparties dans les 10 provinces et dans au moins un des territoires. Une seule personne a été accusée et déclarée coupable. Elle était bénévole pour la campagne du Parti conservateur dans Guelph. Aucune accusation n'a touché les autres circonscriptions.
Après cette manoeuvre flagrante conçue pour détourner la démocratie dans ma circonscription, il a été difficile de recueillir des éléments de preuve. À titre d'exemple, dans les mois qui ont suivi l'élection de 2011, Ken Morgan, le directeur de campagne de Marty Burke, candidat conservateur dans Guelph, a déménagé au Koweït et changé son adresse de courriel; il n'a communiqué aucun numéro de téléphone et a refusé de parler avec les représentants d'Élections Canada.
Le projet de loi accorde au commissaire le pouvoir de demander l'autorisation judiciaire d'obliger une personne à témoigner. Cela permettrait d'effectuer des enquêtes approfondies en temps opportun et, lorsque la situation le justifie, de mener des poursuites relatives aux infractions conformément à la nouvelle loi.
De plus, le commissaire aux élections fédérales serait autorisé à porter des accusations en vertu de la loi sans avoir d'abord obtenu l'autorisation du directeur des poursuites pénales. Le commissaire détenait ce pouvoir avant que les modifications législatives de 2006 soient adoptées par l'ancien gouvernement conservateur.
Induire les électeurs en erreur est un crime grave qui mine nos droits constitutionnels, encourage l'apathie des électeurs et engendre le cynisme que les électeurs éprouvent souvent à l'égard des politiciens.
Si le directeur général des élections est autorisé à obliger une personne à témoigner dans des affaires comme celle des appels automatisés à Guelph, il lui sera possible d'intervenir immédiatement lorsque la loi est enfreinte.
Les problèmes ne s'arrêtent pas là. Lors des élections de 2011, Élections Canada a mis à l'essai un programme pilote qui a permis à des groupes d'électeurs de se servir de leur carte d'identification de l'électeur comme preuve d'adresse. Cette année-là, environ 400 000 Canadiens qui vivent dans des réserves ou dans des établissements de soins de longue durée ou qui étudient dans des établissements postsecondaires ont utilisé leur carte comme preuve d'adresse. Marc Mayrand, l'ancien directeur général des élections, a même recommandé de permettre à tous les électeurs d'utiliser leur carte d'identification de l'électeur à cette fin à partir de 2015.
Les jeunes et les Canadiens autochtones sont deux groupes qui affichent un faible taux de participation électorale. Les cartes d'identification de l'électeur offrent à ces groupes des renseignements à jour sur l'adresse de l'électeur dans le cas où le permis de conduire serait expiré. Les cartes se sont révélées un moyen efficace d'inciter les Canadiens à se rendre aux urnes. Cependant, au lieu d'encourager les pratiques visant à augmenter la participation électorale des électeurs, le ministre de la Réforme démocratique précédent n'a pas jugé utile d'étendre le projet pilote de 2011, malgré son succès.
Le gouvernement précédent a plutôt décidé de rendre l'exercice du droit de vote plus difficile pour les Autochtones, qui n'ont souvent pas d'autres cartes d’identité, et les jeunes, qui peuvent changer d'adresse chaque année tout au long de leurs études. Le projet de loi fera en sorte que la carte d'identification de l'électeur puisse être utilisée. Nous espérons que cela encouragera plus de jeunes et d'Autochtones du pays à voter. Il n'était pas possible d'utiliser cette carte d'identification lors des élections précédentes, en 2015, mais nous souhaitons son retour pour améliorer le taux de participation des Canadiens aux élections.
L'une des réformes les plus importantes du projet de loi sera le rétablissement du droit de vote pour environ 1 million de Canadiens vivant à l'étranger. Il arrive souvent que des Canadiens choisissent de vivre à l'étranger pour diverses raisons, notamment pour y travailler ou y vivre avec leur famille. Nous sommes accueillis presque partout dans le monde, peu importe où nous allons. Pour une raison inconnue, sans consulter personne, l'ancien gouvernement conservateur a décidé que les citoyens vivant à l'extérieur du Canada pendant plus de cinq ans n'avaient plus le droit de voter aux élections canadiennes.
Selon un sondage Ipsos, le Canada est considéré comme le pays ayant l'influence la plus positive sur la scène internationale. Les Canadiens vivant à l'étranger contribuent beaucoup à l'image positive du Canada dans le monde. Les gens se font une idée du Canada par l'entremise des Canadiens vivant dans d'autres pays. Nous rétablirons le droit de vote de ces Canadiens pour qu'ils puissent continuer à vivre à l'étranger tout en conservant leur droit de vote et en continuant de démontrer que le Canada est un merveilleux endroit où vivre et élever sa famille.
Même si le projet de loi rétablirait l'intégrité de la Loi électorale du Canada, il serait négligent de dire que c'est suffisant. Les élections sont devenues la cible préférée des services de renseignement étrangers, entre autres, qui veulent semer la discorde et exacerber les divisions partisanes. Dans la majorité des cas, ce type d'ingérence se fait en ligne, car cela permet de protéger l'anonymat et constitue le moyen le plus efficace de répandre des faussetés. À l'aide de logiciels automatisés ou de robots, des groupes ou des individus malveillants peuvent créer des centaines, voire des milliers, de comptes en ligne. Ces comptes donnent l'impression d'être des personnes réelles, mais ils existent uniquement pour manipuler l'opinion publique et aviver les tensions politiques. Par conséquent, le projet de loi ajoute une disposition qui interdit l'utilisation malveillante d'un ordinateur durant une période électorale.
Veiller à ce que personne n'utilise de fonds de l'étranger pour influer de façon indue sur les élections au Canada est essentiel pour préserver l'intégrité de la démocratie canadienne. C'est pourquoi le gouvernement veut resserrer les règles entourant les groupes d'intérêt spécial à l'extérieur du Canada en rendant illégale la vente délibérée d'un espace publicitaire à une personne ou à une entité étrangère pour des publicités électorales. Le projet de loi permettra d'empêcher que des intervenants ou des groupes d'intérêt étrangers fortunés se servent d'un tiers pour contourner l'interdiction des dons étrangers et le régime strict de financement politique, qui est plus facile à déjouer depuis l'avènement des élections à date fixe. Le projet de loi vise à atteindre ces objectifs en préservant le droit des tiers à la liberté d'expression et à la liberté d'association.
L'échiquier géopolitique a beaucoup changé et le Canada doit être en mesure de faire face aux nouveaux défis qu'il présente. Le projet de loi donnerait à Élections Canada et au directeur général des élections les pouvoirs requis pour assurer des élections fiables et sécurisées.
Ce projet de loi porte sur l'une des principales raisons qui m'ont poussé à briguer les suffrages, car j'ai été témoin de décisions autoritaires et partisanes menaçant le droit de vote des Canadiens. J'ai pu constater directement à quel point ce genre de décisions peuvent affecter une collectivité comme la mienne. Heureusement, le gouvernement actuel a choisi non seulement de rétablir certaines parties cruciales de la loi électorale, mais aussi de la moderniser afin qu'elle réponde aux défis auxquels les démocraties doivent aujourd'hui faire face.
Je remercie le gouvernement et le comité. J'ai siégé à titre de remplaçant au comité de la procédure pour prendre part aux discussions et voir de quoi il était question et voilà que nous en sommes à l'étape de la troisième lecture à la Chambre. J'invite tous mes collègues à appuyer cet important projet de loi.
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Monsieur le Président, des élections libres et équitables sont le fondement même de la démocratie. On sait que la moitié de la population mondiale vie sous un régime autocratique, dictatorial ou antidémocratique. Toutefois, jusqu'à récemment, les Canadiens pouvaient être assez sûrs que les élections qui avaient lieu au Canada étaient un modèle d'excellence en matière de liberté et d'équité.
Je peux donner aux personnes qui suivent le débat l'assurance que les élections canadiennes sont libres dans le sens que les électeurs peuvent être entièrement sûrs que le choix qu'ils font sur leur bulletin de vote, sous la supervision d'Élections Canada, reste secret. Toutefois, en ce qui concerne l'intégrité des élections, qui suppose, par définition, que tous les partis aient le droit de contester des résultats électoraux sans crainte, sans préjugé, sans ingérence et de s'attendre à ce que les règles du jeu soient équitables, les électeurs ne sont peut-être pas encore pleinement conscients du fait qu'elle a été menacée de façon inacceptable à maintes reprises dans les dernières années.
Tout comme le projet de loi étudié plus tôt cette année, le projet de loi est bien loin de remédier aux vulnérabilités et aux menaces croissantes, tant de provenance canadienne qu'étrangère, qui compromettent l'équité de la prochaine élection fédérale, en 2019. En fait, le projet de loi C-76 suit la tendance adoptée par le gouvernement libéral depuis le début de la législature, qui consiste à apporter aux institutions et aux lois canadiennes, pourtant en place depuis des années, des modifications qu'il prétend être des améliorations alors qu'elles sont en fait régressives. Nous l'avons vu dans le cas des modifications apportées à la Loi sur l'accès à l'information par l'entremise du projet de loi , une mesure législative déficiente que l'ancienne commissaire à l'information a précisément dénoncée comme étant régressive. Malgré de nombreux amendements, le projet de loi C-58 demeure régressif.
Nous l'avons aussi constaté plus tôt cette année avec les modifications apportées à la Loi électorale du Canada par l'entremise du projet de loi , qui devait soi-disant mettre fin aux activités de financement du Parti libéral donnant un accès privilégié, ou du moins les rendre plus transparentes. Les libéraux ont fait grand cas des nouveaux protocoles, prétendant suivre à la lettre la loi modifiée. Or, le projet de loi C-50, qui a été adopté en juin, mais qui n'entre pas en vigueur avant décembre, inscrit en réalité dans la loi une échappatoire pour les activités de financement du Parti libéral donnant un accès privilégié aux lobbyistes, la fameuse échappatoire du Club Laurier.
De façon similaire, on soutient, à tort, que le projet de loi renforce et protège le processus électoral et démocratique du Canada. C'est un projet de loi qui aurait dû être présenté sous une forme plus substantielle il y a un an. Maintenant, les libéraux veulent le faire adopter avec empressement — je dirais même avec maladresse —, à moins d'un an des élections de 2019. Pour ceux qui douteraient de la maladresse des libéraux lors de l'élaboration du projet de loi, je souligne que le gouvernement a été obligé de proposer quelque 70 amendements et de se servir de sa majorité pour les faire adopter au comité. Voilà qui démontre bien l'incompétence du gouvernement.
Le Parti conservateur a tenté de renforcer le projet de loi en proposant plus de 200 amendements. Malheureusement, les libéraux n'en ont appuyé que six. Il y a encore de graves lacunes. Soulignons notamment l'inclusion de la carte d'information de l'électeur comme pièce d'identification de l'électeur admissible, et l'insistance des libéraux pour que tous les Canadiens non résidents puissent voter, peu importe le temps passé à l'extérieur du Canada, peu importe s'ils ont payé ou non des impôts au Canada au cours des dernières années, peu importe s'ils suivent ou non la politique canadienne ou s'ils connaissent ou non les noms des candidats aux élections, et peu importe s'ils ont ou non l'intention de revenir au Canada un jour. Pas moins de 2,8 millions de citoyens canadiens vivent à l'étranger.
Je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, mais je dois dire que j'ai, depuis quelques minutes, un très mauvais pressentiment. Je crains que la majorité au pouvoir s'apprête à couper court au débat démocratique en donnant avis d'une motion d'attribution de temps. D'ici à ce qu'on nous impose le bâillon, demain, je m'attends à ce que nous ayons à peine assez de temps pour que trois députés de l'opposition puissent prendre la parole au sujet des mesures extrêmement imparfaites du projet de loi .
Je sais que l'heure nous oblige à passer à la procédure.
J'ai hâte de pouvoir conclure mes observations demain.