Que la Chambre réclame des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la promulgation, le 16 octobre 1970, de la Loi sur les mesures de guerre et le recours à l'armée contre la population civile du Québec afin d'arrêter de façon arbitraire, d'incarcérer sans accusation et d'intimider près de 500 Québécoises et Québécois innocents.
— Monsieur le Président, en 1970, la Chambre des communes du Canada a promulgué par un vote la Loi sur les mesures de guerre. Je veux insister ici sur le mot « guerre ». Lorsqu'on parle de guerre, c'est soit contre un ennemi à l'étranger, soit une guerre civile. C'est un cas d'insurrection, peut-être, et c'est ce dont on devra parler. Il s'agit bien de la Loi sur les mesures de guerre promulguée dans un contexte alimenté, à l'évidence, par un mensonge. Cela a été bien reconnu historiquement. On refuse aujourd'hui de prendre la responsabilité de ce mensonge et de s'en excuser. C'est comme le seul enfant de la famille qui n'a pas de cadeau de Noël. Tout le monde a des excuses pour tout. Je pense que le du Canada s'excuse quand il neige, mais il ne s'excuse pas auprès des 500 Québécois et Québécoises qui ont été emprisonnés et arrêtés, ainsi qu'auprès de leurs familles et de leurs descendants.
C'est un contexte éminemment trouble et grave, mais cela s'est avéré une occasion déplorable de transformer une crise qu'on aurait dû régler en fausse insurrection appréhendée, avec des leaders de mouvements démocratiques ou des dirigeants de journaux comme protagonistes et adversaires imaginaires.
Cinq cents personnes ont été jetées aux oubliettes, sans explications, sans mandat, sans procès, avec des méthodes de fouille et d'interrogatoire abusives. Cela a causé des traumatismes durables. Nous avons tenté de faire connaître un certain nombre de cas pour bien faire valoir que l'enjeu, avant d'être politique, devrait être celui de la compassion. Comme le disait mon estimé collègue de , il faut permettre à des gens de mettre cela derrière eux.
L'actuel du Canada disait, il y a quelques mois à peine, qu'on n'envoie pas l'armée contre sa propre population. Cela semble être le gros bon sens, sauf sous certaines dictatures. Cinquante ans après qu'un autre premier ministre, qui portait le nom de Trudeau et que je peux nommer, a envoyé l'armée contre sa propre population.
Trente-deux députés du Bloc québécois siègent à la Chambre des communes du Canada pour porter cette même idée d'indépendance de la nation québécoise, que le premier ministre Pierre-Elliot Trudeau a essayé d'écraser une fois pour toutes.
Nous sommes 32 preuves, soutenues par des millions de votes, qu'il a échoué. Face à cet échec, la Chambre des communes du Canada pourrait faire la chose honorable, soit reconnaître que c'était inacceptable et injustifié, comme le démontre si bien l'histoire.
Le actuel a présenté des excuses à la communauté japonaise, à la communauté ukrainienne et à la communauté italienne pour des internements qui ont eu lieu lors de la Seconde Guerre mondiale. Ma foi, il a eu raison. Alors, pourquoi n'a-t-il pas présenté des excuses aussi bien intentionnées à ces 500 familles québécoises?
Historiquement, on n'a pas non plus présenté d'excuses aux Métis pour la crise qui a culminé avec la pendaison de Louis Riel. On n'a pas non plus présenté d'excuses aux Acadiens déportés à des milliers de kilomètres de chez eux. C'est comme si les excuses du premier ministre Trudeau étaient réservées à quiconque n'est pas francophone.
Il y a là un questionnement à faire sur le plan historique. Le est le représentant du gouvernement de Sa Majesté au Canada. Il nous dit que cela fait longtemps qu'on est rendu ailleurs, qu'il est temps de passer à autre chose et qu'on fait de la politique, mais la Loi sur les mesures de guerre n'est pas si ancienne.
Faire de la politique, c'est servir les gens. Servir les gens est impossible sans une certaine compassion. Je ne suis pas certain qu'être l'héritier d'une aristocratie autoproclamée avec de grandes arrogances intellectuelles est la démonstration d'une grande compassion à l'endroit de gens qui ont souffert.
Je doute que le premier ministre ait fermé les yeux pour imaginer qu'on pointe sur lui, sur son père ou sur ses enfants une mitraillette en disant qu'en vertu de la loi, la personne qui tient l'arme aurait le droit d'en faire usage de façon péremptoire. C'est d'une violence inouïe et cela laisse des traces indélébiles dans la psychologie des gens. C'est encore bien réel 50 ans plus tard. Cela ne mérite-t-il pas des excuses?
Le gouvernement canadien a ordonné des rafles dignes des pays de l'Est à l'ère communiste. Il a utilisé, cautionné, encouragé, souhaité, voulu des techniques d'interrogatoire dont bien des gens portent encore les séquelles. Il a voulu des dizaines de milliers d'interpellations, il a voulu causer des dommages coûteux sans jamais réparer les maisons où ont été éveillés au milieu de la nuit des enfants.
Il y avait une volonté de réprimer dans la violence une nation qu'on n'avait pas réussi à assimiler et encore moins à séduire vers sa propre assimilation. On n'avait pas réussi à la convaincre de renoncer à sa langue, à sa culture et à ses arts. D'ailleurs, on ne se privera pas d'emprisonner aussi les artistes.
On a pris le prétexte d'une insurrection appréhendée, parce que la loi l'exigeait. Parce que ce qui est légal n'est pas nécessairement moral, on a pris le prétexte d'une insurrection appréhendée. Il est maintenant bien connu que M. Trudeau, M. Bourassa et M. Drapeau, sans s'en parler directement, ont inventé de concert un mensonge digne des franquistes dont les résidus ignobles battent encore la semelle dans les rues de Barcelone, la nuit, avec un but comparable.
On a réprimé la volonté démocratique d'exercer le droit à l'autodétermination d'une nation. C'était une insurrection appréhendée, disait-on, pour renverser le gouvernement du Québec, rien de moins. Par qui cette insurrection était-elle ourdie? Par qui était-elle dirigée? Je le donne en mille, et je mets quiconque au défi de ne pas rire. Claude Ryan aurait été un dirigeant de l'insurrection, le directeur général du journal Le Devoir, dont on a vu tout le charisme violent par la suite. René Lévesque — le René Lévesque que nous avons bien connu — aurait été le dirigeant d'une insurrection. Je l'imagine l'arme à la main. C'est d'une imbécilité crasse. Il y avait aussi Guy Rocher. Y a-t-il un intellectuel plus pacifique que Guy Rocher? Je souhaite à tous d'avoir l'occasion de le rencontrer. C'était de la folie pure, mais de la folie voulue, calculée et fomentée, malgré les avertissements de la GRC, une institution que tous les députés de la Chambre vénèrent, qui a expressément dit au Conseil des ministres qu'il n'y avait pas d'insurrection appréhendée et qu'il n'y avait pas matière à imposer la Loi sur les mesures de guerre. L'avertissement a rapidement été balayé sous le tapis.
Il y avait une intention derrière cela. On n'arrête pas 500 innocents, on n'écœure pas 30 000 citoyens et on ne terrorise pas une nation complète sans qu'il y ait une intention, soit l'intention d'écraser les appuis à un mouvement.
C'est un comportement bolchevique. Je vois déjà venir les questions relatives aux terroristes. Oui, il faut toujours dénoncer toutes les formes de terrorisme, mais, de préférence, il ne faut pas attendre 10 jours. Il faut dénoncer toutes les formes de terrorisme et nous l'avons fait sans hésiter. Le fils de Paul Rose l'a fait. Nous avons dénoncé le terrorisme.
Cela étant dit, il n'y a aucun lien entre les positions de la Loi sur les mesures de guerre et les gestes terroristes. On a alimenté la désinformation auprès des honorables citoyens, auprès de nos voisins canadiens. On a alimenté la haine contre les nationalistes québécois, une haine qui a été avalée, digérée et intégrée. On a sali durablement la nation québécoise.
Mon fil Twitter est devenu un bassin épouvantable de messages haineux, que je reçois par milliers. Ils proviennent principalement de gens à qui je pardonne parce qu'ils sont mal informés, mais je ne leur réponds pas puisque cela prendrait tout mon temps. On les a bourrés et nourris de mensonges, qu'ils véhiculent encore aujourd'hui. Bien sûr, nous disons le contraire, en français. Parmi les grands mythes qui survivront au XXIe siècle, il y a celui du Canada bilingue.
Les rafles n'ont pas permis de mettre la main sur un seul terroriste. Ce n'est pas grave puisque ce n'était pas le but. Les rafles ne visaient pas à attraper des terroristes. Il fallait que les ravisseurs terroristes, à condamner et à dénoncer, servent de prétexte pour écraser une idée qui semblait menacer le Canada, une idée qui n'avançait pourtant que de façon pacifique et démocratique. Cette idée légitime, qu'on soit d'accord ou non avec elle, était l'indépendance nationale pour la nation québécoise.
En 1970, on a volontairement créé de la confusion. Le actuel du Canada a volontairement répété et entretenu cette confusion hier. C'est une honte sans nom dans une institution qui devrait faire de la vérité l'une de ses valeurs cardinales. En 1970, le Canada s'est livré à du terrorisme d'État. En 2020, le Canada cautionne encore le terrorisme d'État.
En 1837, les Canadiens — lire des Français dans le vocabulaire de l'époque — se sont soulevés, exaspérés, mais ils ont été réprimés dans une peur durable. On a ensuite souhaité leur assimilation, prétendant que c'était pour le bien de cette pauvre gang sans culture ni histoire. Cependant, nous nous en sommes fort bien tirés.
En 1968, les Québécois se sont sentis humiliés lors de ce qui allait devenir leur fête nationale. Combien ont été arrêtés? Combien ont été battus? On a voulu leur faire peur une nouvelle fois.
Lors de l'élection du Parti québécois en 1976, on a voulu leur faire peur.
Lors du référendum de 1980, on a voulu leur faire peur.
Lors du référendum de 1995, on a voulu leur faire peur.
En octobre 1970, on a voulu leur faire peur.
Chaque fois, on a pensé que c'était la dernière. Or, ce ne sera jamais la dernière fois parce que, chaque jour et chaque semaine, on annonce aux Québécois que c'est fini et que cela n'intéresse plus personne. Or, chaque fois que quelqu'un d'un peu sérieux fait une vérification, il se rend compte que cela intéresse encore beaucoup de monde.
Je suggère de procéder autrement, de procéder entre nations voisines et amies, plutôt que d'utiliser la force, l'intimidation et l'argent public contre l'expression légitime d'une volonté démocratique.
Le premier ministre du Canada, le Parti libéral du Canada, et même, dois-je dire, les conservateurs, y compris leur chef d'alors, M. Stanfield, avaient d'abord voté en faveur de l'application de la Loi sur les mesures de guerre avant de dire, de façon très claire par la suite, qu'ils le regrettaient, parce que l'utilisation de la Loi sur les mesures de guerre n'était pas justifiée. Le Parlement fédéral, qui était aussi constitué d'un nombre considérable de personnes honorables à l'époque, n'aurait pas, si on ne l'avait pas induit en erreur à grands coups de chaudière de mensonges, voté l'application de la Loi sur les mesures de guerre.
Il a fallu un cynisme incroyable et une haine profonde du nationalisme québécois pour être prêt à aller si loin et à fouler aux pieds les valeurs de la démocratie que, de très haut dans le gouvernement de l'époque, on avait pourtant défendues publiquement pendant des décennies.
Tout ce beau monde s'inscrit du mauvais côté de l'histoire. Tous ces gens sont certains que, jamais, les Québécois ne relèveront l'humiliation. Tous ces gens parient que le Québec est à genoux, que le Québec n'y reviendra pas, que le Québec acceptera d'être une province comme les autres et que le Québec se résignera à être conquis une autre fois par la peur et le mensonge. Il se peut que le Canada se trompe.
Le premier ministre dit que je ne parle pas pour le Québec. Cela est vrai. Or il est minoritaire, et il ne parle pas davantage pour le Canada. Le Québec parle pour le Québec, et j'ai bien hâte qu'on lui donne de nouveau la parole.
Le chef de l'État a-t-il la légitimité de mentir, de tricher, d'envoyer l'armée contre sa propre population parce que c'est lui, le maître, parce qu'il a dit: « Just watch me », parce qu'il confond bien commun et orgueil contre son propre peuple?
Il se peut que le Canada se trompe. Nous serons là pour offrir une solution de rechange à ces Québécois, qui ont subi trop d'humiliation. Nous serons là pour leur offrir ce qu'on espère être un meilleur pays, qui sera le leur. Ce sera à l'occasion d'une autre journée, d'une autre proposition et d'une autre élection.
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Monsieur le Président, je vous informe que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Nous sommes ici en cette Chambre pour discuter de la motion qu'a présentée le député de et chef du Bloc québécois sur la crise d'Octobre. Cette motion nous ramène à une période triste et tragique de notre histoire. En fait, elle nous fait revivre des souvenirs douloureux et aussi elle nous fait dire: plus jamais. Elle nous fait réaliser tout le chemin parcouru tout en nous rappelant le privilège que nous avons de vivre dans cette société qui a fait le choix de la démocratie, du dialogue et du respect des différences.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je vais me permettre de parler à la Chambre de quelque chose d'un peu plus personnel. Je suis arrivé au Québec quelques années avant les événements d'octobre. Nous sommes arrivés au Québec comme réfugiés politiques. Mon père était candidat à un poste de gouverneur et il était aussi l'avocat de nombreux prisonniers politiques qui, en fait, n'étaient que de simples dirigeants étudiants ou des leaders syndicaux qui s'opposaient au régime à l'époque. Mon père a été emprisonné, il a été torturé. Une bombe a été placée dans notre maison. Nous avons tous été blessés — mon père, ma mère, ma sœur Juliana, qui avait 2 ans, ma sœur Monica, qui avait 4 ans, et moi, qui avais 7 ans. Nous savions alors que c'était une question de temps avant d'être tués. Nous le savions, c'était clair.
Nous avons alors quitté l'Argentine pour nous réfugier au Canada, au Québec. En fait, j'ai grandi à Sherbrooke. À l'époque, on disait que c'était plus qu'une ville. Nous avons été adoptés par le Québec, par une société démocratique, une société où les questions se règlent par la voie politique, et non par la violence. J'ai grandi comme tous les Québécois et les Québécoises de ma génération, les Canadiens et les Canadiennes, en apprenant ce qui s'est passé au cours de ces années. Les gens de ma génération, même ceux qui sont nés ici, et moi n'avons pas vécu directement cette période sombre de notre histoire.
Alors, c'est important de prendre le temps de réfléchir à tout ce qui s'est passé durant ces années, mais aussi à ce qui s'est passé depuis ces années, tout le chemin qu'on a parcouru comme société. Je me suis impliqué jeune en politique, très jeune. Nous avions régulièrement des débats sur la souveraineté et l'indépendance, que ce soit au cégep, à l'université, dans les cafés, dans les bars, mais nous les avions avec des mots. Nous débattions de manière civile, correcte. Des gens dans ma famille sont souverainistes. Certains de mes meilleurs amis le sont également, et j'adore chacun d'eux. Nous débattions, nous nous obstinions, puis nous nous réconciliions. C'est comme cela qu'on fait chez nous, au Québec.
Il faut saluer la manière dont les débats ont évolué, notre capacité de débattre. C'est le signe d'une démocratie à la fois mature et responsable que de passer par dessus des épreuves difficiles, d'en tirer des leçons et d'en sortir beaucoup plus fort, plus fort comme société. C'est entre autres pour cela que je suis aussi fier d'être Québécois.
La crise d'Octobre et les événements qui y ont mené ont été le seul moment de l'histoire du Québec moderne où les citoyens se sont tournés vers les armes, la violence et le terrorisme pour arriver à leurs fins politiques. Le Bloc québécois à l'occasion du 50e anniversaire a décidé de remettre ces tristes événements en avant. C'est correct, le Bloc québécois a tout à fait le droit de le faire, mais, ce faisant, le Bloc québécois a l'obligation morale et politique de s'élever au-dessus du débat partisan et de faire part de l'ensemble des faits, de tous les faits.
Je sais que tout le monde ici regrette les événements qui ont mené à la crise d'Octobre de 1970. Tout le monde. Mais la motion qu'a présentée le Bloc québécois ne présente qu'un seul côté de l'histoire. Je trouve cela profondément triste qu'il en soit ainsi. Oui, il y a eu des arrestations. Mais on sait tous que ce n'est pas le seul élément de cette histoire; beaucoup d'autres éléments tragiques ont marqué cette période.
Le samedi 10 octobre 1970, à 18 h 18, Pierre Laporte jouait avec son neveu sur le gazon devant sa maison. C'est la dernière fois que sa famille l'a vu vivant. Pourquoi est-ce que la motion du Bloc québécois n'en parle pas? Pourquoi est-ce qu'elle fait fi de l'assassinat de cet être humain qui est à la fois député et ministre, mais avant tout le fils, le père, le mari de quelqu'un?
J'aimerais que l'on se souvienne de Wilfred Vincent O'Neil, un ancien combattant de 65 ans qui est décédé à la suite de l'explosion d'une bombe placée à l'arrière de l'édifice où il travaillait comme simple gardien de nuit.
J'aimerais aussi que l'on se souvienne de M. McWilliams et de M. Pinish, qui ont été tués par un groupe de felquistes lors d'un vol à main armée dans un magasin d'armes. J'aimerais que l'on prenne un moment pour ne pas oublier Thérèse Morin, qui a été tuée à 64 ans par une bombe posée à l'usine où elle travaillait, et Jeanne d'Arc Saint-Germain, tuée dans l'explosion d'une bombe au quartier général de la Défense, à Ottawa.
C'est triste de voir que la motion du Bloc ne déplore pas ces crimes qui ont mené à la crise d'Octobre, en 1970. D'ailleurs, ce n'est pas le seul oubli dans la motion du Bloc québécois.
J'ai lu une copie de la lettre que le premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa, avait écrite au premier ministre du Canada afin de lui demander de faire intervenir l'armée canadienne. Je vais en lire un extrait:
Dans les circonstances, au nom du gouvernement du Québec, je demande que des pouvoirs d'urgence soient prévus le plus tôt possible permettant de prendre des mesures plus efficaces. Je demande en particulier que ces pouvoirs comprennent l'autorisation d'arrêter et de détenir les personnes que le Procureur général du Québec estime, pour des motifs raisonnables, être reliées au renversement du gouvernement par la violence et des moyens illégaux.
Cette lettre a été écrite par le premier ministre du Québec. Il demandait au gouvernement du Canada d'intervenir, et ce dernier l'a fait.
Je vais maintenant revenir à la motion du Bloc québécois. La motion demande des excuses, mais elle occulte une grande partie des faits et de notre histoire. Comme je l'ai déjà dit, les événements qui ont mené à la crise d'Octobre sont à la fois tristes, tragiques et déplorables, ce que la motion ne reflète pas. En fait, elle n'en parle même pas. C'est pour cette raison que nous ne pouvons pas l'appuyer, entre autres.
Personne ne souhaite que cela se reproduise. Lorsque l'on veut éviter de revivre le passé, on aborde ce passé tel qu'il fût dans son entièreté, dans sa beauté et dans sa laideur, sans effacer les éléments que l'on refuse de voir ou d'accepter. La motion du Bloc présente une vision tronquée de l'histoire et de l'ensemble des événements. On ne peut pas ignorer la mort de Pierre Laporte, on ne peut pas ignorer les autres victimes et la douleur des familles. Ce n'est pas un simple détail de l'histoire que l'on peut se permettre d'oublier. De plus, on ne peut pas ignorer le climat de violence qui existait à l'époque ni le fait que le gouvernement du Canada avait répondu aux demandes du premier ministre du Québec.
Aujourd'hui, le Bloc essaie de réécrire l'histoire pour qu'elle cadre avec son idéologie. N'en déplaise au chef du Bloc québécois, l'histoire qu'il raconte n'est pas complète. Nous n'allons pas embarquer dans le jeu partisan qui vise à diviser les Québécois. Nous ne le ferons pas, par respect pour les victimes et leurs familles et par respect pour l'ensemble des Québécois. J'aime profondément le Québec, et je suis convaincu que mes collègues du Bloc québécois l'aiment profondément. Si on aime le Québec, on ne cherche pas à diviser les Québécois. En fait, on vise le contraire: unir l'ensemble des Québécois.
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Monsieur le Président, je prends la parole après mon collègue qui a grandi à Sherbrooke, une belle circonscription dont je suis aujourd'hui la députée.
En 1970, la crise d'Octobre a été difficile pour tous les Québécois et, 50 ans plus tard, les souvenirs de ces événements sont encore présents et difficiles. Nous avons un devoir de mémoire envers les victimes innocentes et leurs familles. Il est impossible d'évoquer la crise d'Octobre sans que ces gens soient au centre de nos pensées.
Il est important de réfléchir à notre histoire, de l'étudier et de la comprendre. C'est comme cela que nous pouvons apprendre de nos gestes et de nos actions. Les leçons de notre histoire restent ancrées dans nos mémoires et guident nos actions futures. Nos enfants et nos petits-enfants doivent apprendre du passé. Ils doivent savoir que la violence n'a jamais été et ne sera jamais une manière acceptable de faire entendre des idées politiques.
Aujourd'hui, 50 ans plus tard, nous nous retrouvons à nouveau en pleine crise. Il s'agit d'une crise différente de toutes celles que nous avons connues jusqu'à présent. Cette crise, sanitaire, est le combat collectif de notre vie. Tous les efforts nécessaires sont déployés pour la combattre. La COVID-19 a profondément affecté les Canadiens et les Canadiennes d'un bout à l'autre du pays. Le Québec a été particulièrement touché. Épicentre de la pandémie au Canada, c'est aussi la province où les effets économiques ont été les plus marqués.
C'est le rôle du gouvernement d'assurer la sécurité de sa population, que ce soit devant la violence ou la maladie. Je prends donc la parole devant la Chambre aujourd'hui pour témoigner de ce que le gouvernement a fait devant une crise sans précédent pour soutenir les Québécois et les Québécoises dans le besoin, notamment en réponse à la pandémie de la COVID-19.
J'aimerais d'abord rappeler qu'avant la pandémie, l'économie du Québec allait bien. Nous avions un PIB en croissance de 2,9 % et un taux de chômage de 5,1 % en février 2020, son plus bas niveau depuis 1976. Quant à nos entreprises, elles étaient dotées d'une belle vitalité et leur développement à long terme était solidement appuyé par les efforts de notre gouvernement en faveur de l'innovation et de la croissance.
Avec le confinement, une grande partie de notre économie a été mise en pause forcée. La vie de tout le monde a été bouleversée. C'est particulièrement vrai pour les entrepreneurs et les travailleurs des PME. Ces entreprises sont une source de bons emplois locaux, mais aussi de fierté locale. Elles constituent l'épine dorsale de notre économie et de nos communautés.
Devant l'incertitude et les risques causés par la crise ainsi que les demandes des provinces et des municipalités, notre gouvernement a très vite saisi l'importance de les aider à surmonter la crise et il a agi très rapidement. Depuis le début de la crise, le a annoncé une série de mesures pour soutenir les travailleurs et les entreprises. Ces mesures constituent le plus important programme d'aide économique de l'histoire du Canada.
Citons notamment la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui est destinée à aider les entreprises à garder leurs travailleurs et à réembaucher ceux qu'elles avaient dû mettre à pied. Ce programme a soutenu plus de 3,7 millions de travailleurs canadiens à ce jour et nombreux sont ceux qui, au Québec, ont pu s'en prévaloir.
Notre gouvernement a également collaboré avec les institutions financières pour mettre à la disposition des PME une panoplie de prêts aux conditions avantageuses, dont la garantie de prêt pour les PME, par laquelle Exportation et développement Canada peut garantir 80 % des nouveaux crédits d'exploitation et des prêts à terme des PME. Il s'agit d'un soutien financier accessible à nos entreprises, qu'elles soient exportatrices ou non.
Un autre exemple est le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Lancé en avril, le CUEC offre des prêts sans intérêt et il est assorti d'une radiation partielle pour les petites entreprises qui ont vu leurs revenus diminuer en raison de la COVID-19, mais qui doivent continuer de payer des frais fixes. En aidant ces entreprises à payer ces frais, le CUEC vise à faciliter la reprise de leurs activités commerciales habituelles après la COVID-19.
Enfin, nous avons mis en place le Programme de prêts conjoints pour les PME par l'entremise duquel la Banque de développement du Canada collabore avec les institutions financières pour cofinancer des prêts à terme pouvant atteindre 6,25 millions de dollars de crédits supplémentaires, visant à répondre aux besoins opérationnels des PME en matière de flux de trésorerie. Nous sommes restés à l'écoute des besoins, et nous avons justifié et bonifié l'aide de façon continue.
Cependant, ce que nous avons entendu en rencontrant les entrepreneurs, c'est que, malgré l'ampleur du filet économique et social mis en place, la situation demeurait difficile pour les plus petites entreprises. C'est ainsi que nous avons mis en place le Fonds d'aide et de relance régionale, le FARR, avec un budget total de 962 millions de dollars, dont 211 millions de dollars pour le Québec. Il est mis en œuvre par Développement économique Canada pour les régions du Québec soit directement, soit indirectement par l'entremise de partenaires clés comme les sociétés d'aide au développement des collectivités ou le réseau PME MTL.
Ce fonds vise à soutenir les entreprises qui sont au cœur de notre économie locale et ne peuvent pas bénéficier des programmes fédéraux déjà existants ou qui ont des besoins qui n'ont pas été couverts par ces programmes. Il offre aux PME et aux organismes qui manquent de liquidités un appui financier d'urgence pour leur permettre de demeurer opérationnels en les aidant notamment à payer leurs employés et à couvrir leurs coûts fixes.
Par l'entremise du FARR, nous avons déjà pu offrir un soutien financier et technique à plus de 300 entreprises de partout au Québec. Nous avons ainsi contribué à la résilience de nombre de PME au Québec. Bien sûr, à cela s'ajoutent les 3 600 projets de financement de PME en milieux périurbain et rural réalisés grâce au FARR par l'entremise du Réseau des SADC. Dans l'ensemble, entre mai et octobre, plus de 15 000 emplois ont été protégés au Québec dans des milliers de petites et moyennes entreprises grâce aux appuis accordés dans le cadre du FARR.
L'ensemble de ces mesures a contribué à protéger de nombreux emplois au Québec, à fournir un soutien d'urgence aux familles et à maintenir les entreprises à flot, alors qu'elles doivent gérer les répercussions de la crise sanitaire. Cette crise n'a épargné aucun secteur de notre économie et, avec la deuxième vague, il existe un besoin évident de soutien supplémentaire.
C'est la raison pour laquelle, le 2 octobre dernier, notre gouvernement a annoncé un montant additionnel de 69,8 millions de dollars pour DEC afin d'aider les entreprises du Québec à se remettre des répercussions de la COVID-19. Cette somme provient des 600 millions de dollars additionnels annoncés pour le FARR sur le plan national. Cet investissement additionnel porte le montant total de l'aide accordée au Canada par l'entremise du FARR à plus de 1,5 milliard de dollars, et le montant pour le Québec, à 280 millions de dollars.
Dans le discours du Trône, nous avons d'ailleurs réitéré notre engagement à soutenir les entreprises et le développement économique des régions et à continuer de renforcer les communautés dans la lutte contre la pandémie. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a l'intention de présenter des mesures législatives pour mettre en œuvre la nouvelle Subvention d'urgence du Canada pour le loyer et pour prolonger la Subvention salariale d'urgence dans un avenir proche.
Cependant, tout en soutenant les PME du Québec à court terme relativement à la COVID-19, nous veillons aussi à les accompagner pour les aider à tirer avantage des occasions d'affaires qui se dessinent dans la nouvelle économie qui prend forme devant nos yeux. Je vais donner un exemple concret à la Chambre.
DEC vient d'organiser le cinquième Symposium sur le marché canadien de la défense et de la sécurité, qui rassemble les principaux acteurs de cette industrie clé de notre économie, ainsi que des PME et centres de recherche du Québec afin de créer des occasions de maillage qui sont porteuses pour nos entreprises. Rappelons que le Québec occupe une place enviable dans le secteur de la défense et de la sécurité. En effet, 23 % des emplois liés à l'industrie de la défense canadienne se trouvent au Québec.
Grâce à cette initiative, les PME ont pu regarder vers l'avenir et se positionner relativement aux occasions d'affaires offertes dans ce secteur et aux nouvelles réalités économiques de l'après-COVID-19 qui commencent à émerger. On le voit, les décisions que nous prenons maintenant auront une incidence majeure sur notre prospérité future, et nous choisissons d'investir.
Notre message aux travailleurs et aux PME est clair. Nous avons été là pour eux en leur offrant des mesures et du soutien d'urgence, et nous sommes là pour eux maintenant, pour les accompagner jusqu'à une réouverture progressive de notre économie.
Nous travaillons avec eux en apprenant du passé...
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Monsieur le Président, il a été avocat et journaliste engagé contre la corruption. Il a été élu quatre fois et député pendant neuf ans. Il a été ministre pendant la Révolution tranquille de Jean Lesage. Il a été vice-premier ministre du premier ministre Robert Bourassa, mais surtout, Pierre Laporte était un homme, un fils, un époux, un père. Malheureusement, il n'aura jamais eu le grand bonheur de voir ses enfants grandir et ses petits-enfants naître. C'est parce que, alors qu'il jouait avec son neveu, il a été kidnappé par des terroristes. Une semaine plus tard, on l'a retrouvé mort des suites d'une strangulation.
Aujourd'hui, puisqu'on parle d'Octobre 1970, nos pensées vont à la famille de Pierre Laporte, victime de criminels, de terroristes et de felquistes.
Ce n'est pas du jour au lendemain que la Loi sur les mesures de guerre a été adoptée, et ce n'est pas du jour au lendemain que la crise d'Octobre est survenue.
Dans les années 1960 est arrivée l'idée de l'indépendance du Québec, animée par des groupes politiques comme le Ralliement national et le Rassemblement pour l'indépendance nationale. C'est un point de vue que je ne partage pas mais que je respecte énormément. L'indépendance du Québec est une idée qui existe et qui est promue par des gens empreints de démocratie, mais, malheureusement, dès 1963, des indépendantistes ont préféré choisir le chemin de la violence et du terrorisme.
On oublie trop souvent que, de 1963 à 1970, le FLQ a commis 200 actes terroristes, que ce soit des bombes qui ont explosé, des braquages ou des vols. Ces gens ont organisé des camps d'entraînement. Ils ont acheté des armes aux États-Unis. Ils ont même préparé des cellules pour pouvoir y mettre des otages lors d'actes terroristes qu'ils avaient eux-mêmes planifiés.
Wilfred O'Neil, 65 ans, est mort lorsqu'une bombe a explosé, parce qu'il était gardien de nuit dans un centre de recrutement. Thérèse Morin, 64 ans, était une ouvrière. Elle a perdu la vie parce qu'une bombe des felquistes a explosé là où elle travaillait. Jeanne d'Arc Saint-Germain, 50 ans, une fonctionnaire du ministère de la Défense, est morte parce que les felquistes y avaient posé une bombe.
Ces gens-là ne devront jamais être oubliés. Il y en a une dizaine comme ceux-là qui ont perdu la vie, de 1963 à 1970, lors des 200 actes terroristes perpétrés par le FLQ.
D'ailleurs, il y a 10 ans, concernant Jeanne d'Arc Saint-Germain, Thérèse Morin et Wilfred O'Neil, Lysiane Gagnon écrivait ceci: « [...] quand on pense que les felquistes se posaient en défenseurs de la classe ouvrière, les morts dues aux attentats felquistes précédant Octobre étaient tous des gagne-petits, de modestes salariés. » Octobre 1970 n'a pas commencé en octobre 1970.
Parlons maintenant de ce qui s'est passé dans ce mois terrible, ce mois de honte pour tout le Canada: les enlèvements qui sont survenus.
Le 5 octobre, un diplomate de Grande-Bretagne, James Richard Cross, a été kidnappé à la sortie de sa résidence par des terroristes du FLQ. Le lendemain, le FLQ publiait son premier communiqué, dans lequel il faisait sept demandes, dont celle de la libération des « 23 prisonniers politiques ».
Déjà, c'est une approche tout à fait irresponsable et indigne de la part du FLQ de désigner ces 23 personnes comme des prisonniers politiques. Comme l'a écrit Yves Boisvert dans La Presse du 12 octobre dernier: « Les felquistes emprisonnés n'ont jamais été des prisonniers politiques. Un prisonnier politique est une personne détenue pour ses idées subversives aux yeux d'un régime. Les felquistes en prison avaient commis des crimes de droit commun [...] »
C'est pour cela qu'ils étaient en prison. C'est pour cela que les forces policières sont intervenues.
Le 8 octobre, on procédait à la lecture du manifeste du FLQ à la société d'État. Malheureusement, pendant toute cette semaine-là, du lundi au samedi, le FLQ a continué à manifester sa violence et a publié des communiqués dans lesquels il disait clairement qu'il allait procéder à d'autres enlèvements et que les otages pourraient être exécutés.
Malheureusement, le 10 octobre à 18 h 18, alors que Pierre Laporte joue au ballon avec son neveu sur le terrain devant chez lui, deux personnes arrivent et l'enlèvent. Pierre Laporte ne reverra plus ses proches et sa famille de son vivant. Les seules personnes qu'il verra ensuite sont les terroristes qui l'ont enlevé.
Par la suite, les événements s'accélèrent et on le comprend. Après 200 attentats en 7 ans, après l'enlèvement d'un diplomate, après les publications de communiqués du FLQ indiquant clairement que ce dernier allait commettre d'autres actes terroristes, et après l'enlèvement d'un ministre également vice-premier ministre du Québec, voilà que la tension augmente de façon substantielle.
C'est pourquoi, le 12 octobre 1970, à la demande du gouvernement du Québec, le gouvernement canadien déploie l'armée à Ottawa et au Québec. Le fait que ce soit le gouvernement du Québec qui a demandé à Ottawa de déployer l'armée est un élément fondamental dans l'histoire.
Le 14 octobre, 16 personnalités politiques québécoises demandent des négociations et la libération des « prisonniers politiques ». Je tiens à mettre en lumière que ce n'est pas un point de vue que nous partageons et que nous trouvons malheureux que ces personnalités politiques aient employé le vocable des terroristes. À notre point de vue, cela ne s'appliquait pas du tout à ce moment-là.
Malheureusement, le 15 octobre 1970 est la journée charnière de tous ces événements. Ce jour-là, l'Assemblée nationale se réunit afin de parler de l'enlèvement des deux personnes et de la crise en cours. Évidemment, à l'époque, on ne l'appelait pas encore la crise d'Octobre.
Voici ce que le premier ministre Robert Bourassa affirme concernant l'armée:
Nous avons donc demandé l'appui de l'armée pour permettre aux forces policières de continuer cette protection et des édifices publics et de la population. [...] Actuellement, au Québec, le régime démocratique est menacé. [...] et c'est notre responsabilité première et essentielle de le sauvegarder. C'est dans cette perspective [...] que nous avons l'intention, avec la collaboration de tous les députés, d'assumer notre responsabilité.
C'est écrit noir sur blanc. À l'Assemblée nationale, le premier ministre affirme qu'il a demandé l'appui de l'armée et que c'est sa responsabilité. Il n'était pas le seul à penser comme cela.
Est-ce que les députés savent qui a dit ceci, le 15 octobre 1970?
L'appel que vient de nous lancer le premier ministre est certes parfaitement compréhensible et justifié dans les circonstances.
Qui a dit cela? Ce n'est pas un militant libéral, ni un ami du régime, ni même un ministre du gouvernement, c'est le chef parlementaire du Parti québécois, Camille Laurin, le père de la loi 101.
Remettons-nous dans le contexte. Plus tard, le 30 octobre, le chef du Parti québécois, René Lévesque a écrit ceci dans sa chronique dans le Journal de Montréal:
L'armée occupe le Québec. C'est désagréable, mais sans doute nécessaire aux moments de crise aiguë [...]
À l'époque, le 15 octobre, après l'enlèvement de deux personnes, après des menaces d'autres enlèvements, voilà que tout le monde comprend que nous avons effectivement besoin de l'armée. Même les péquistes pensaient cela.
Le soir du 15 octobre, le gouvernement fait une offre finale au FLQ et lui donne six heures pour l'accepter. Cette demande ne donnera rien du tout.
Ce qui est encore plus important, alors qu'il y avait eu deux enlèvements et que le FLQ menaçait d'en commettre d'autres, c'est que 3 000 personnes étaient réunies au Centre Paul-Sauvé de Montréal où l'on faisait lecture, entre autres, du manifeste du FLQ tout en scandant le slogan du FLQ le poing levé: « FLQ, nous vaincrons! »
Il est important de rappeler que c'est le contexte qui prévalait cette nuit du 15 au 16 octobre. De 1963 à 1970, il y avait eu 200 attentats terroristes et une dizaine de morts. Le FLQ avait enlevé un diplomate, enlevé le vice-premier ministre du Québec, et menacé d'enlever d'autres personnes.
D'ailleurs, le communiqué que le FLQ a publié à ce moment-là disait clairement ceci:
Conformément au plan 3 préalablement établi [...], la cellule de financement Chénier vient d’enlever le ministre du Chômage et de l'Assimilation des Québécois, Pierre Laporte. Le ministre sera exécuté [...]
Le FLQ avait écrit noir sur blanc dans son communiqué qu'il menaçait d'exécuter des gens.
Malgré le fait qu'il y avait eu deux enlèvements, des menaces d'autres enlèvements et une menace d'exécution, 3 000 personnes se sont rassemblées pour scander « FLQ! » « Nous vaincrons. » Ce sont les circonstances qui ont conduit à l'application des mesures de guerre. C'est à ce moment que le gouvernement du Québec a demandé l'intervention de l'armée, non sans rappeler qu'il l'avait déjà préalablement demandée de façon très formelle et confirmée à l'Assemblée nationale. À ce moment-là, le gouvernement fédéral s'est réuni, et, à quatre heures du matin, après un long débat, il a mis en application les mesures de guerre.
À cette époque, c'est la Sûreté du Québec qui menait les opérations policières, avec le concours du Service de police de la Ville de Montréal et de la Gendarmerie royale du Canada. L'armée a été déployée en soutien aux forces policières, mais c'est la Sûreté du Québec qui menait les arrestations.
En tout, 497 personnes ont été arrêtées, sans mandat. Elles n'ont pas eu le droit de parler à des avocats et elles ont été enfermées en prison sans qu'on leur dise quoi que ce soit. Ces gens, pour la plupart, sinon tous, n'avaient strictement aucun lien avec les actes criminels perpétrés par le FLQ. Il s'agit là d'une dérive policière, non sans rappeler que c'est la Sûreté du Québec qui menait les opérations.
Quelques heures plus tard, soit le jour suivant, le 17 octobre, le FLQ a publié un communiqué dans lequel il affirmait qu'il avait décidé de passer aux actes. Pierre Laporte a donc été exécuté. Il a été retrouvé en soirée dans un coffre de voiture, ensanglanté, et l'autopsie a confirmé quelques heures plus tard qu'il était mort par strangulation.
René Lévesque a écrit: « Ceux qui, froidement et délibérément, ont exécuté M. Laporte, après l'avoir vu vivre et espérer pendant tant de jours, sont des êtres inhumains. Ils ont importé ici, dans une société qui ne le justifie absolument pas, un fanatisme glacial et des méthodes de chantage à l'assassinat qui sont celles d'une jungle sans issue. »
Le felquiste Jacques Lanctôt a dit d'ailleurs, il n'y a pas si longtemps de cela: « Pierre Laporte a été tué, et ce ne fut pas un accident. »
Le 5 novembre, un premier terroriste a été arrêté, et, le 28 décembre, les felquistes ont été extradés. C'est cela, la crise d'Octobre de 1970, mais cela ne s'arrête pas là. Quelques mois plus tard, le 12 mars 1971, à l'Assemblée nationale, le ministre de la Justice, Jérôme Choquette, a déployé un plan de compensation pour les 497 personnes qui avaient été arrêtées. Il suivait ainsi les recommandations du protecteur du citoyen, qui avait été saisi de demandes de citoyens qui avaient été arrêtés, et il a donc recommandé qu'on les indemnise. D'ailleurs, M. Louis Marceau, protecteur du citoyen, disait à l'époque que le pouvoir policier n'avait pas été exercé avec toute la modération et la prudence nécessaires. Nous sommes d'accord sur cette assertion.
Or, le protecteur du citoyen n'a jamais évoqué la responsabilité du gouvernement fédéral. Le ministre de la Justice a dit, à l'Assemblée nationale: « Nous espérons que l'on verra dans cette attitude du gouvernement une intention sincère de réparer les torts qui peuvent avoir été causés à des personnes dans une période de crise ». Le ministre de la Justice du Québec n'a jamais fait état du fédéral.
Le chef parlementaire du Parti québécois, Camille Laurin, toujours dans ce débat sur les compensations offertes aux personnes arrêtées proposées par le protecteur du citoyen, a affirmé que son parti serait d'accord sur « tout ce que le ministre de la Justice pourra faire pour corriger les actes qui ont leur origine dans la réaction exagérée du gouvernement ».
Il n'y a aucune mention de la responsabilité du gouvernement fédéral, et à juste titre: c'est le gouvernement du Québec qui a demandé au gouvernement fédéral d'agir. C'est le gouvernement du Québec qui a demandé au gouvernement fédéral d'envoyer l'armée. À partir de là, nous devrions présenter des excuses? On aura l'occasion d'y revenir plus précisément. La réalité, c'est que le gouvernement du Québec, en indemnisant les victimes qui ont été arrêtées, a prouvé qu'il reconnaissait sa responsabilité.
Voici le bilan des arrestations: 497 arrestations, 103 personnes dédommagées, 26 accusations et 21 personnes reconnues coupables. La question que nous nous posons aujourd'hui est donc la suivante: est-ce que le gouvernement fédéral devrait s'excuser?
Nous ne partageons pas ce point de vue. Nous reconnaissons les bavures et les erreurs policières qui ont été commises dans ces moments troublants. Comme nous le racontions tout à l'heure, 497 personnes ont été arrêtées sans pouvoir contacter qui que ce soit. Dans certains cas, elles sont restées quelques jours en prison, et dans d'autres cas, quelques mois, mais en moyenne, elles y sont restées une semaine. Bien entendu, c'est une semaine de trop.
Nous constatons donc que les arrestations ne sont pas tombées du ciel. La crise d'Octobre de 1970 n'a pas surgi du jour au lendemain. Il y a d'abord eu 200 actes terroristes perpétrés par le FLQ, suivis de l'enlèvement d'un diplomate et de communiqués disant qu'il y aurait d'autres enlèvements. Il y en a eu un autre par la suite, celui du vice-premier ministre du Québec. Le FLQ menaçait de l'exécuter, et c'est ce qu'il a fait, d'ailleurs. Cette histoire n'est pas tombée du ciel. Je rappelle que, quelques heures à peine avant l'adoption des mesures de guerre, 3 000 personnes étaient rassemblées et scandaient: « FLQ, nous vaincrons! ».
C'est le gouvernement du Québec qui a demandé au fédéral l'aide de l'armée, c'est le gouvernement du Québec qui a reconnu sa responsabilité en donnant une compensation aux victimes, et c'est aussi la Sûreté du Québec qui a mené les opérations policières. C'est pourquoi nous estimons que le gouvernement fédéral ne doit pas présenter des excuses, puisque, eu égard aux circonstances et aux événements qui ont concouru à cela, la responsabilité revient d'abord et avant tout au gouvernement du Québec, qui a demandé cette aide.
Je vais laisser les libéraux expliquer pourquoi, au cours des quatre premières années de leur mandat, ils ont offert six fois des excuses. Nous, les conservateurs, quand nous avons offert des excuses, c'était pour des cas bien particuliers. En 1998, sous M. Brian Mulroney, nous avons présenté des excuses aux 21 000 Canadiens d'origine asiatique, des hommes, des femmes et des enfants, qui ont été enfermés pendant trois ans dans des camps de concentration. Le fédéral en était entièrement responsable, alors cela méritait des excuses.
Le 11 juin 2008, ici, à la Chambre, le premier ministre conservateur Stephen Harper a présenté des excuses aux Premières Nations du Canada pour les écoles résidentielles où 141 000 enfants, pendant plus de 100 ans, ont subi les affres des pensionnats indiens. C'est très grave, parce qu'on parle de générations perdues, et cela se perpétue aujourd'hui. Oui, cela méritait des excuses.
On voit bien que les excuses que nous, les conservateurs, avons offertes au nom de l'État canadien concernaient des événements dont celui-ci était entièrement responsable. C'est malheureusement vrai pour le cas des Sino-Canadiens, et c'est malheureusement vrai pour celui des Premières Nations. C'est pourquoi nous avons offert des excuses.
Cela n'enlève strictement rien à la douleur et à la souffrance des 497 personnes qui ont été arrêtées sans mandat d'arrestation et qui ont passé des nuits entières en prison sans pouvoir parler à qui que ce soit. Cependant, quand vient le temps de reconnaître la responsabilité du gouvernement et de présenter des excuses, nous estimons que, dans ce cas précis, la responsabilité appartient au gouvernement provincial, puisque c'est lui qui a demandé l'aide du fédéral.
La motion du Bloc québécois nous permet de rappeler à la mémoire ce triste épisode dans notre vie démocratique et le fait qu'un élu a été froidement assassiné par des terroristes, des criminels qui, comme le disait M. René Lévesque, étaient des êtres inhumains, parce qu'ils l'ont vu vivre, souffrir et mourir sous leurs yeux.
Nous devons nous rappeler aussi que c'est une dizaine de personnes qui ont perdu la vie, dont Mme Jeanne d'Arc Saint-Germain, qui était probablement de Gatineau. Il n'y a pas de pont à son nom, mais elle a été une victime du FLQ.
C'est pourquoi, quand on ouvre un débat et un livre d'histoire, on ne lit pas juste la phrase qui fait notre affaire, on lit l'ensemble de l'œuvre. C'est aussi pourquoi, selon nous, M. Pierre Laporte est la grande victime de la crise d'Octobre de 1970. Toutes nos pensées accompagnent lui et sa famille.
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Monsieur le Président, je tiens à vous signaler que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de .
Ce débat est complexe et très émotif, et il rappelle beaucoup de choses dans le passé de tout un chacun, de nos familles et nos amis. Ce n'est pas une allocution que je fais à la légère, aujourd'hui. Ce n'est pas comme n'importe quel autre discours qu'on peut faire sur un projet de loi ou alors une entente commerciale.
C'est important, parce que nous discutons d'événements 50 ans plus tard. C'est extrêmement difficile de porter un regard avec nos yeux d'aujourd'hui sur quelque chose qui s'est passé il y a un demi-siècle. J'aimerais donc prendre quelques minutes pour présenter le contexte historique.
Pendant des décennies, la classe ouvrière québécoise a été exploitée, méprisée, humiliée, mise de côté, considérée comme des citoyens de second ordre.
Dans les années 1950 et 1960, il y a toute une ébullition de mouvements d'artistes et d'intellectuels. On pense au manifeste du Refus global qui va mener vers une plus grande émancipation de cette classe ouvrière francophone québécoise. Il va y avoir de grandes réalisations avec la Révolution tranquille, l'arrivée au pouvoir de Jean Lesage et l'équipe du tonnerre, la nationalisation de l'hydroélectricité et la création du ministère de l'Éducation. Ce sont des progrès indéniables qui ont été faits dans un cadre démocratique de manière pacifique. Nous pouvons en être fiers, et nous en sommes encore fiers aujourd'hui.
À l'époque, certains jeunes révolutionnaires trouvent que cela ne va pas assez vite et pas assez loin. Ils perdent espoir dans les changements démocratiques et pacifiques et dans le progrès social. Ils font l'erreur fondamentale d'adopter la violence politique, qui est toujours inacceptable dans une société de droit et démocratique.
Ils adoptent des gestes violents qui, irrémédiablement, leur feront commettre l'irréparable. L'irréparable étant des morts, des blessés, des endeuillés, des enlèvements. Il ne faut pas minimiser ou écarter tout cela de la discussion.
Quand il y a des enlèvements, la réponse appropriée est des recherches et des enquêtes policières. Les policiers font leur travail pour retrouver les gens qui ont été enlevés et les ramener en sécurité. Ce n'est pas cela qui s'est produit. C'est là qu'il y a un point de bascule, une déviation, qui va causer des conséquences graves aussi.
Je le rappelais tantôt à mon collègue: les torts des uns n'annulent pas ceux des autres; la souffrance des uns n'élimine pas celle des autres. Je pense qu'on doit tenir une discussion raisonnable et nuancée sur l'ensemble du contexte de l'époque.
C'est à ce moment que cela glisse des côtés des gouvernements. Il y a une réaction démesurée. Au lieu de donner davantage de pouvoirs à la police de faire son travail d'enquêtes policières, on va utiliser l'arme ultime, qui est la suspension des libertés fondamentales et des droits civiques. On va appliquer la Loi sur les mesures de guerre et envoyer l'armée canadienne contre sa propre population.
C'est la première et la seule fois dans son histoire. Le NPD, à l'époque dirigé par Tommy Douglas, dit de manière très claire et explicite qu'il y a un danger, dans une société démocratique, à vouloir sauver la démocratie en s'attaquant à la démocratie et à vouloir sauver les libertés civiles en suspendant les libertés civiles. Cela va beaucoup trop loin.
Cela ne doit pas être pris à la légère. Il s'agissait de donner des pouvoirs considérables à l'armée de pouvoir lever des droits fondamentaux, de mettre fin aux libertés civiles, de permettre des arrestations sans mandat et d'emprisonner des gens sans qu'ils aient aucun contact avec l'extérieur pour une possibilité de 90 jours, avant même qu'ils soient mis au courant de ce dont on les accusait. À l'époque, seul le NPD s'est opposé à ces gestes, les considérant comme étant excessifs.
Je vais paraphraser le chef du NPD de l'époque, Tommy Douglas: dans une démocratie, la bonne chose à faire, et la seule chose à faire, c'est de venir voir le Parlement et de demander aux parlementaires d'octroyer des pouvoirs supplémentaires ou de changer le Code criminel, si besoin il y a.
Or, ce n'est pas du tout ce qui s'est produit. Le gouvernement a contourné le Parlement et les parlementaires. De manière excessive, il a envoyé l'armée contre ses propres citoyens, en temps de paix. La crise était grave, oui, mais ce n'était tout de même pas un état de guerre.
M. Tommy Douglas continue en disant que les droits fondamentaux de la personne ne peuvent pas être détruits, suspendus ou méprisés simplement parce qu'il règne un climat de peur. Il régnait un climat de peur, oui, mais l'un ne justifie pas l'autre. Dans une société démocratique et de droit, les gens sont considérés comme innocents jusqu'à ce qu'ils soient reconnus coupables. Or, tout cela avait été balayé du revers de main.
M. Tommy Douglas continue en disant que c'est une voie extrêmement risquée et dangereuse que d'abroger des libertés fondamentales de cette manière-là. Il rappelle ce qui s'est passé dans des pays comme l'Afrique du Sud, la Rhodésie — comme elle s'appelait à l'époque — ou la Tchécoslovaquie et que, parfois, cela s'est extrêmement mal terminé.
Il est difficile de raconter l'histoire de façon rétrospective. L'impression est qu'on a voulu frapper un grand coup et non pas s'attaquer à un groupuscule ou à de petites cellules actives, mais plutôt instaurer un climat de peur au sein de la population québécoise. On visait très large et l'on a sorti l'artillerie lourde. Quand je parle d'artillerie lourde, je parle de chars d'assaut dans les rues.
Il y a eu aussi des arrestations de masse: 500 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire. Il y a eu des descentes dans 31 700 maisons, où des gens ont été réveillés en plein milieu de la nuit avec une mitraillette devant leur visage ou celui de leurs enfants. Ils en ont été traumatisés, évidemment, et se sont sentis menacés. Plus de 4 200 saisies ont eu lieu de matériel provenant d'appartements. Parmi les 500 personnes arrêtées, il y avait un peu de tout: des artistes, des intellectuels, des militants et militantes de gauche, des socialistes et des syndicalistes. C'était des gens qui voulaient une société meilleure, plus juste et plus libre.
Aujourd'hui encore, je ne peux pas comprendre comment des gens comme Gaston Miron, Gérald Godin ou Pauline Julien aient pu être arrêtés, sans mandat, au nom de la Loi sur les mesures de guerre. Des gens ont été arrêtés alors qu'ils n'avaient aucun contact avec l'extérieur et aucune idée de ce qui se passait dans la société. Il est hallucinant d'imaginer l'angoisse et l'anxiété qu'ont ressenties ces gens d'être en prison sans savoir pourquoi, sans savoir quand ils en sortiraient ni de quoi ils étaient accusés. Des gens ont aussi été menacés physiquement et intimidés en prison, à la pointe du fusil. Ces gens ne mériteraient-ils pas aujourd'hui des excuses du gouvernement fédéral?
Des bavures policières et des excès ont été commis. Cependant, ces bavures, ces excès et ces rafles n'auraient pas été possibles sans la suspension des libertés fondamentales et l'imposition de la Loi sur les mesures de guerre. L'ampleur des rafles nous fait penser aux pires moments des régimes autoritaires du Chili, de l'Argentine ou de la Grèce des colonels. Il n'y a pas de quoi être fier. On doit reconnaître les torts et la souffrance qui ont été causés tant du côté des gens arrêtés sans raison que du côté des familles qui ont connu le décès d'un père, d'un mari ou d'un ami.
J'aimerais aussi citer Le Devoir, le seul journal qui s'était opposé à la Loi sur les mesures de guerre. À l'époque, son directeur était Claude Ryan, un bon ami de René Lévesque. René Lévesque et Claude Ryan avaient un bon ami commun, Pierre Laporte. Pourtant, MM. Lévesque et Ryan n'avaient pas hésité à affirmer qu'il était inacceptable d'adopter cette loi.
Je vais donc citer un article de Jean-François Nadeau dans Le Devoir:
Comme le rappelle le politologue Guy Lachapelle dans un nouveau livre consacré à la crise d'Octobre, Ryan et Lévesque furent d'abord et avant tout des alliés en ces temps tourmentés: « Durant la crise de 1970, le pouvoir politique a voulu tuer la démocratie québécoise en cherchant à faire taire tous ceux [...] qui osaient parler de liberté. »
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie de son discours. Il a dit plusieurs choses importantes, mais deux d'entre elles m'ont particulièrement frappé.
D'abord, il s'agit du fait que cela continue d'être une question émotive même aujourd'hui. C'est la même chose pour moi, même si je suis le premier orateur du Canada anglais à prendre la parole. D'ailleurs, je vous parle aujourd'hui depuis New Westminster, en Colombie-Britannique.
Ensuite, le député de Rosemont—La Petite-Patrie a dit que les torts des uns n'enlèvent pas les torts des autres. Il a tout à fait raison. On pense bien sûr aux victimes de la violence qui s'est produite à cette époque, mais cela n'enlève rien à la tragédie vécue par des centaines de personnes qui ont été emprisonnées sans procès ni raison valable, sans pouvoir appeler un avocat. De plus, des milliers de maisons ont reçu des visites nocturnes de soldats et de policiers. Cela ne s'était jamais vu dans toute l'histoire de notre pays.
J'ai vécu la crise d'Octobre en tant qu'enfant de 8 ans, en Colombie-Britannique. Je l'ai vue à travers les yeux d'un enfant. J'ai vu les images qui passaient à la télévision, et je me souviens même de l'émotion que je ressentais en voyant les soldats, les mitraillettes et les chars d'assaut dans les rues canadiennes. J'étais inquiet que cela arrive dans notre quartier et que le Canada ne soit pas le pays que je présumais qu'il était. Même à l'âge de 8 ans, je savais qu'il y avait quelque chose d'extrêmement préoccupant dans les gestes de ces soldats dans les rues.
Plus tard, à l'école secondaire, j'ai commencé à apprendre sur tous les aspects de la crise d'Octobre. Bien sûr, j'ai entendu parler du courage que plusieurs personnes ont démontré. C'est à cette époque que j'ai fait la connaissance de Tommy Douglas. C'est quelqu'un qui avait le courage de se tenir debout, même à l'époque où les élites médiatiques et politiques disaient que les actions du gouvernement étaient correctes. J'avais commencé à apprendre notre histoire et à comprendre comment les actions du gouvernement fédéral étaient inappropriées et excessives.
Plus tard, c'est un peu grâce à mon propre cheminement que je suis allé vivre au Québec pendant 10 ans. J'y ai fait mes études universitaires. Je ne parlais pas un mot de français. Faire un discours comme je suis en train de le faire n'était pour moi qu'un rêve, un fantasme. J'ai commencé mes études à Chicoutimi, puis je les ai poursuivies à Sherbrooke et à Montréal. J'ai commencé à comprendre la société québécoise dans toutes ses forces.
À l'époque, j'ai également eu le plaisir et la chance de rencontrer Pauline Julien et de devenir son ami. Nous suivions un cours d'espagnol à Montréal. En plus d'être talentueuse et extrêmement chaleureuse avec tout le monde, Pauline Julien était bien meilleure que moi en espagnol. Elle a parlé un peu de cette période triste de son histoire et, à l'époque, elle comprenait qu'elle avait aussi des alliés au Canada anglais.
Nous discutons aujourd'hui d'une motion importante, et je dois dire que je suis très déçu du discours du chef du Bloc québécois, en partie parce qu'il a effacé le rôle qu'ont joué plusieurs personnes au Canada anglais. Celles-ci étaient menées par Tommy Douglas, bien sûr, mais également par l'ensemble du caucus du NPD et le milieu syndical. Je trouve cela très malheureux qu'on ait effacé toutes ces voix qui s'élevaient au Canada anglais contre l'application de la Loi sur les mesures de guerre.
Je trouve que c'est caricaturer le Canada anglais de l'époque.
On discute d'une motion tellement importante. Je trouve qu'il est malheureux d'enlever ces voix et de caricaturer tous les gens de l'extérieur du Québec. En effet, la réalité, c'est que Tommy Douglas s'est levé même si des élites médiatiques et politiques dénonçaient le fait qu'il le faisait pour les droits civils et pour les libertés individuelles. Il l'a fait en dépit de toutes ces critiques, et je trouve malheureux qu'il soit effacé de l'histoire dans une motion et un débat si important. C'est le courage des voix au Québec, mais aussi de celles de l'extérieur du Québec, qui a fait en sorte qu'on sait aujourd'hui que le gouvernement fédéral n'avait pas le droit de faire ce qu'il a fait pendant cette période. Il n'avait pas le droit de mettre autant de gens en prison. Tommy Douglas et le NPD ont fait preuve de courage dans plusieurs dossiers. Ce parti a été le premier à pousser le bilinguisme, il a été le premier à reconnaître le droit du Québec à l'autodétermination. C'est ce qui m'a amené, à l'âge de 14 ans, à prendre ma carte de membre du parti, que j'ai toujours, aujourd'hui, plus de 40 ans plus tard.
Je trouve cette motion extrêmement importante. D'abord, ce sont les excuses qui permettent de guérir les blessures, qui demeurent très vives, comme le sait, aujourd'hui, même si ces événements se sont produits il y a 50 ans. C'est important que ces excuses soient faites.
Comme plusieurs personnes l'ont déjà mentionné, si on a enlevé à des gens leurs droits civils, leurs libertés démocratiques, leurs droits fondamentaux, ce n'est pas à cause d'un risque ou d'une menace qu'ils posaient à la société, mais plutôt à cause de leur opinion politique. J'espère que nous ne verrons jamais cela se répéter dans l'histoire de notre pays. Nous devons apprendre de nos erreurs et la seule façon de faire, c'est de présenter des excuses. De cette façon, on peut guérir les cicatrices et tourner la page.
Par ailleurs, il faut aussi cesser de faire des caricatures. J'ai critiqué le chef du Bloc québécois tout à l'heure, parce que sa présentation du Canada anglais est vraiment une caricature, ce que je trouve extrêmement malheureux.
Je suis à New Westminster aujourd'hui. À deux coins de rue de chez moi, il y a une école d'immersion où des centaines d'élèves apprennent le français. Je la vois d'ailleurs de là où je suis. Avant le début de l'année scolaire, les parents font la file d'attente, pendant toute la fin de semaine, pour y inscrire leurs enfants. La réalité de mon quartier est la même un peu partout au Canada anglais. Je trouve donc malheureux de faire cette caricature du Canada anglais.
Je m'oppose aussi au fait qu'une minorité au Canada anglais caricature le Québec. Je m'oppose à cela. Il faut comprendre cela pour faire en sorte d'éliminer les caricatures et de parler de choses importantes. Je pense que les excuses d'aujourd'hui font partie de ce processus, de ce cheminement.
Enfin, nous devons former ensemble une société où tout le monde est inclus. Cela représente bien sûr les Québécois et les Québécoises, et cela représente aussi les personnes autochtones qui ont très souvent été laissées de côté. Les tristes histoires des derniers mois nous montrent bien qu'il y a encore du racisme, qu'il faut combattre. Il faut combattre ce racisme systémique aussi. Il faut nous mettre ensemble, pour que nous puissions nous excuser des erreurs du passé et devenir une société plus inclusive.
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Madame la Présidente, ceci est pour Steve Albert, Richard Amyot, Claude Anctil, Lise André, D'Arcy Archambault, Jean-Luc Arène, Spiros Argiros, Michel Aubé, Claude Auclair, Élaine Audet, Florent Audette, Nick Auf Der Maur, Lise Balcer, Marcel Barbeau, Robert Barbeau, Louise-Francine Barsalou, René Bataille, Pierre-Marc Beauchamp, Pierre Beaudet, Marc-André Beaudin, André Baudry, André Beaulieu, Gérard Beaulieu, Guy Beaulieu, Louis Beaulieu, André Beaulne Laflèche, Jacques Beaulne Laflèche, André Bélanger, Jean-Pierre Bélanger, Richard Bélanger, Roger Bélanger, François Bélisle, Francine Bélisle, Michel Belleau, Henri Bellemare, Claudette Bertrand, Jean Bertrand, Jacques Bérubé, André Bilodeau, Denis Bilodeau, Jean Bilodeau, Monique Bilodeau, Pierre Bilodeau, Robert Bilodeau, Michel Bissonnette, Normand Bissonnette, Denis Blanchard, Jocelyne Blanchard, Véronique Blanchard, Yves Blondin, Monique Blondin Martin, Jean Boisjoly, Pierre Boissonnault, Michel Boisvert, Diane Boivin, Jean-François Bonin, Paul Bonneville, Denise Boucher, Pierre Bourgault, Yves Bourgault.
Je prends la parole aujourd'hui à la Chambre pour rappeler les cinq ententes de la promulgation par le Canada de la Loi sur les mesures de guerre.
Nous tenons à souligner cet épisode qui constitue l'un des moments les plus traumatisants de l'histoire du Québec et l'un des plus sombres passages de l'histoire du gouvernement du Canada.
Il est plus que temps qu'Ottawa reconnaisse ses erreurs et présente des excuses au Québec.
Rappelons que lors de la promulgation, le 16 octobre 1970, de la Loi sur les mesures de guerre, le gouvernement du Canada s'est accordé le pouvoir de suspendre les libertés fondamentales de ses citoyennes et citoyens. Cette loi lui a permis de bafouer les droits des Québécois alors que nous n'étions en guerre contre personne. Le gouvernement canadien a décidé de s'arroger ce pouvoir et d'en abuser.
Rappelons que 97 Québécois furent arrêtés et emprisonnés, certains très connus, comme le syndicaliste Michel Chartrand, la chanteuse Pauline Julien, le poète Gaston Miron et le journaliste Gilles Paquin. La majorité d'entre eux étaient des pères et des mères de famille, des travailleuses et des travailleurs. Toutes ces personnes n'avaient rien à se reprocher, si ce n'était le fait d'être québécoises et d'avoir des opinions politiques dérangeantes pour les politiciens au pouvoir à Ottawa.
Le gouvernement a aujourd'hui la responsabilité de reconnaître la gravité des décisions prises à l'époque. Il doit prendre la responsabilité des erreurs commises et reconnaître ses torts, afin de s'assurer que plus jamais les droits et les libertés des Québécoises et des Québécois ne seront bafoués de la sorte.
Le gouvernement a présenté des excuses à maintes reprises depuis 2016 pour les injustices du passé. Il est plus que temps que le gouvernement canadien présente des excuses au Québec.
D'abord, nous dénonçons la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre alors que rien ne justifiait le recours à cette loi. Rappelons que ce fut la première fois dans son histoire que le Canada adoptait de telles mesures en temps de paix.
Rappelons que l'un des ministres de l'époque, M. Donald Campbell Jamieson, a écrit dans ses mémoires que le gouvernement n'avait pas de motifs sérieux qui justifiaient l'utilisation de l'armée contre la population.
Rappelons que certains députés de l'opposition se sont levés à la Chambre pour dénoncer les agissements du gouvernement et l'absence totale de preuve pour étayer la thèse farfelue, depuis longtemps discréditée, d'une supposée insurrection au Québec pour justifier son autoritarisme.
Le gouvernement resta sourd à ces préoccupations et décida d'aller de l'avant sans avoir aucune preuve qu'un tel recours à une force extrême était justifié, alors que seule une guerre, une invasion ou une insurrection ne devrait permettre de façon exceptionnelle à un gouvernement d'utiliser l'armée contre sa propre population.
Le gouvernement du Canada n'avait aucun motif valable d'utiliser la force contre les Québécois. Il n'a pas tenté de suivre d'autres pistes d'action et il n'a même pas daigné justifier l'utilisation de la force contre les Québécois. C'est très grave et c'est inacceptable.
Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé d'agir ainsi? Le gouvernement aurait pu choisir une autre approche, mais il a décidé d'utiliser la force brute, la peur et l'intimidation dans le seul et unique but de tenter de nuire aux aspirations indépendantistes du Québec et de faire taire les militants politiques souverainistes. C'est au moyen de la peur et de l'intimidation que le gouvernement canadien a décidé de traiter de ce que le Conseil des ministres appelait à l'époque « la question québécoise ».
La peur se calcule en nombre de fusils et de chars d'assaut à nos portes. La peur, c'est plus de 12 000 militaires dans les rues des villes et des villages du Québec. La peur, c'est plus de 30 000 perquisitions, parfois en pleine nuit, et plus de 4 600 saisies. La peur, c'est les forces aériennes qui, selon le chef de l'aviation de l'époque, survolaient Montréal à basse altitude de façon délibérée afin d'effrayer les citoyens.
L'intimidation, c'est les fenêtres fracassées, les portes défoncées, les familles entières tenues en garde à la pointe d'une mitraillette, des enfants réveillés en pleine nuit par les cris des soldats. L'intimidation, c'est quand des policiers viennent arrêter une personne sans que cela soit justifié, l'amenant de force et l'obligeant à laisser ses enfants sans surveillance. L'intimidation, c'est les citoyens emprisonnés, qui n'ont pas le droit de téléphoner à leur famille pour l'avertir de la situation. L'intimidation, c'est des histoires inacceptables d'abus policiers, de détention arbitraire pendant des jours, de conditions de détention inacceptables, de punitions corporelles et de tortures psychologiques.
Cet épisode de l'histoire canadienne est bien sombre. Nous dénonçons avec force ces infractions aux libertés fondamentales des Québécoises et des Québécois et l'intention délibérée du gouvernement canadien de l'époque de nuire au mouvement souverainiste et de bâillonner la démocratie du Québec.
Il est plus que temps qu'Ottawa reconnaisse ses torts et présente des excuses aux victimes de ce coup de force. Je rappelle que, des 97 citoyennes et citoyens arrêtés, 90 % ont été relâchés sans aucune accusation et que 95 % des inculpés ont bénéficié d'un acquittement ou d'un arrêt des procédures.
Pour conclure, je dirai que les Québécoises et les Québécois ont droit à des excuses de la part du premier ministre, au nom de son gouvernement. Depuis 2016, le gouvernement canadien a présenté, à juste titre, ses excuses en ce qui concerne le traitement réservé aux Inuits, les pensionnats autochtones, la communauté juive, la communauté LGBTQ+ et les migrants indiens de 1914. Nous exigeons maintenant des excuses en lien avec le traitement liberticide d'Ottawa à l'endroit des Québécois. Les Québécois se souviennent du 16 octobre 1970. Quant au Bloc québécois, il n'oubliera jamais ce jour.
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Madame la Présidente, à défaut d'excuses plus signifiantes que les miennes et en tant que député de Lac-Saint-Jean, je demande pardon aux 13 Jeannois et Saguenéens qui ont été victimes de la Loi sur les mesures de guerre en octobre 1970, ainsi qu'à leurs familles.
Comme l'ont fait mes collègues, je vais nommer une partie des personnes emprisonnées injustement, afin qu'on ne les oublie pas: André Bourque, Pierre-Louis Bourret, Gérald Boyer, Claire Brassard, Gilles Breton, Pierre Breton, Normand Brière, Réjean Briggs, Gerald Brimicombe, Jean-François Gérald Brossin, Michel Bruneau, Paul Caissy, Eugène Campeau, Georges Campeau, Jean-Louis Cantara, Paula Cantara, André Cantin, Gilles Caplette, Daniel Car, M. Carboneau, Diane Carmiglia, Claude Caron, Luc Caron, Rhéal Casavant, Jean Castonguay, Pol Chantraine, François Charbonneau, Jean-Pierre Charette, Madeleine Chartrand, Michel Chartrand, Micheline Chartrand, Réginald Chartrand, Yves Chartrand, Jean-Louis Chelminsky, Livain Chénard, Robert Chevrette, Gilles Choquette, Bob Chornenki, Nicole Chrétien, Yannick Chuit, M. Clark, Gérard Claveau, Jean Cléroux, Marcel Cloutier, Pierre Cloutier, Robert Cloutier, Kevin Cohalan, Marcel Corbeil, Gilles Cormier, Raymond Cormier, Rosaire Cormier, Serge Corriveau, Suzanne Corriveau, Gilles Cossette, Jean-Marie Cossette, Cécile Cossette, Christian Côté, Marcel Côté.
Ces hommes et ces femmes n'ont pour ainsi dire commis qu'un seul crime: ils pensaient et réfléchissaient par eux-mêmes, pour leur peuple. Emprisonner, torturer ou menacer des êtres humains, c'est inacceptable, qu'importe le contexte ou l'époque. Cela crève les yeux. N'ayons pas peur de le dire.
Quelque 500 personnes, hommes, femmes, mineurs, intellectuels, syndicalistes, artistes et indépendantistes ont été traités comme des prisonniers politiques dans des conditions imitant les pires régimes politiques de la planète. Le Bloc québécois veut des excuses. Bien sûr, on ne pourra jamais revenir en arrière, mais le gouvernement peut au moins refermer les plaies encore ouvertes des victimes qui sont toujours en vie.
Quant aux bavures du gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau, il en revient à ses héritiers politiques de s'excuser publiquement pour les exactions commises à l'encontre de citoyens innocents. Pourtant, tout aussi brillants et réfléchis qu'étaient ces prisonnières et ces prisonniers et malgré un recul historique qui ne laisse plus place à l'ambiguïté quant à la grossièreté des mesures de guerre, on voit encore émerger des bas-fonds de la Chambre, 50 ans plus tard, des libéraux et des conservateurs qui ont bu à satiété et jusqu'à en perdre toute inhibition le cocktail de démagogie concocté par le gouvernement en 1970.
Quoi de plus colonisé que de justifier des violations abjectes aux droits les plus fondamentaux de 36 000 de nos semblables en arguant une urgence maintes fois réfutée au fil des ans? Qu'est-ce qu'il y a de plus colonisant que de faire porter aux Québécoises et aux Québécois, particulièrement aux indépendantistes, le poids des actes isolés de quelques radicaux désorganisés, sachant fort bien qu'aucune personne victime des mesures de guerre n'a même été accusée?
Aujourd'hui, on sait que la Loi sur les mesures de guerre ne servait pas à stopper des felquistes, mais à déstabiliser les indépendantistes. Si des députés de la Chambre ne jugent pas que le gouvernement devrait offrir des excuses aux Québécois pour ce sombre épisode de l'histoire du Québec, ils doivent oublier que cela fait aussi partie de l'histoire du pays. En cédant à l'autoritarisme, le gouvernement fédéral a fait du Canada la seule démocratie occidentale à utiliser une loi martiale pour mater un groupuscule radical.
N'ayons pas peur des mots. L'utilisation de la Loi sur les mesures de guerre visait à criminaliser la remise en question du régime fédéral canadien par la force, la coercition et la terreur. On a puni le délit d'opinion, tout simplement. Le premier ministre a dit que l'héritage de tous ses successeurs pouvait être réexaminé; celui de son père également.
N'en déplaise au premier ministre, je pense que ce serait tout à fait honorable de s'excuser auprès des victimes d'un État policier, que son père et le gouvernement qu'il dirigeait ont sciemment aidé à construire. Cela ne devrait pas être difficile pour lui, car cela n'avait pas de sens à l'époque et cela n'a pas plus de sens aujourd'hui. À l'époque où les mesures de guerre ont été imposées, la GRC a dit que ces mesures liberticides n'étaient pas nécessaires. Les témoignages des victimes parlent encore plus fort que la GRC.
Treize hommes de ma région ont été emprisonnés. Je vais maintenant citer quelques témoignages recueillis récemment par Radio-Canada: « Les policiers sont entrés par les trois portes de la maison », « Ils nous ont sortis de nos lits et ont commencé à fouiller nos chambres ». L'un d'eux a affirmé que l'arrestation était sauvage. D'autres racontent qu'une fois qu'ils ont été arrêtés, les policiers ne voulaient même pas les laisser aller aux toilettes et que c'est au bout de sept jours qu'ils ont subi des interrogatoires.
De nombreuses victimes ont souffert après avoir été libérées. L'un des hommes arrêtés au Saguenay—Lac-Saint-Jean était un syndicaliste et il témoigne qu'il a dû prendre un recul syndicalement pour se faire oublier jusqu'en 1980. Dix pour cent des gens qui ont été arrêtés ont souffert de dépression. Les policiers enfonçaient des portes, fouillaient dans les effets personnels des gens, arrêtaient des parents devant les regards terrifiés de leurs enfants, au beau milieu de la nuit, armés de mitraillettes. Des citoyens et des citoyennes honnêtes ont été stigmatisés et traumatisés à vie. Des gens ont dû se cacher parce qu'ils étaient étiquetés, et tout cela, avec la bénédiction du gouvernement canadien.
Il s'agissait de poètes, de chanteurs, d'écrivains, de syndicalistes, des Miron, des Godin, des Julien, des Chartrand. Quand un État fait cela, c'est du déni d'idées. C'est absolument immonde et c'est une vraie honte. C'est précisément parce que c'est immonde et que c'est une vraie honte que le refus de s'excuser est lâche. Ce n'est pas digne des idéaux que ce gouvernement prétend défendre chaque jour devant les Québécois et les Canadiens. Le pire, là-dedans, c'est que le n'est pas le seul à vivre dans le déni par rapport à la Loi sur les mesures de guerre.
Encore une fois, on remarque que, lorsqu'il est temps de confronter l'histoire du Québec et des francophones, les libéraux et les conservateurs ont les mêmes réflexes et couchent dans le même lit. Le fédéral a toujours la légitimité d'être arbitraire et violent, tant que cela ne gêne pas Sa Majesté. Ce n'est pas grave, madame la Reine, on s'en occupe, disent-ils, complices après le fait du pire épisode de violation des droits fondamentaux après, bien sûr, les pensionnats autochtones.
Le député de , qui est aussi lieutenant du Québec pour les conservateurs, a pris exactement la même position que le premier ministre en utilisant honteusement le décès de Pierre Laporte pour justifier l'injustifiable. Il ne présentera pas ses excuses. Il l'a fièrement déclaré aux journalistes, comme s'il était fier de cela et triomphant. Tristement, littéralement personne, sauf les conservateurs et les libéraux, n'utilise la mort d'un homme pour justifier l'emprisonnement d'innocents. À ce stade, cela devient purement gênant, idéologique et démagogue. Ce n'est pas mêlant, à Québec, tous les partis pensent que le fédéral doit présenter ses excuses. Même que le Parti libéral du Québec pense que tous les paliers de gouvernement devraient s'excuser. Je sais que ce n'est pas la première fois que le fédéral se balance de ce que le Québec pense, mais je vais continuer de le marteler quand même, tant et aussi longtemps que l'indépendance ne sera pas faite.
Enfin, je le répète, tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est tenter de refermer de vieilles plaies. Un peu d'humilité et de recul sur notre passé ne feront de mal à personne. C'est évident que le mal découlant d'octobre 1970 et de la Loi sur les mesures de guerre ne s'est pas évaporé. Il est toujours là et c'est le devoir du gouvernement actuel de tourner la page.
Quelques-uns des plus beaux vers et couplets de la culture québécoise sont issus directement des traumatismes de la période précédant ou suivant la crise d'Octobre, que ce soit L'alouette en colère de Leclerc, Ti-Cul Lachance de Vigneault, Mommy de Richer et Gélinas, ou Bozo les culottes de Lévesque. Le Québec entendra et lira cette époque pendant longtemps.
Pour conclure, je vais lire quelques vers de
L'Octobre de Gaston Miron, afin que ses mots résonnent à la Chambre, qui est coupable de l'avoir emprisonné sans autres motifs que celui de croire au pays du Québec.
nous te ferons, Terre de Québec
lit des résurrections
et des mille fulgurances de nos métamorphoses
de nos levains où lève le futur
de nos volontés sans concession
les hommes entendront battre ton pouls dans l'histoire
c'est nous, ondulant dans l'automne d'octobre
c'est le bruit roux de chevreuils dans la lumière
l'avenir dégagé
l'avenir engagé
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Madame la Présidente, je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue le député de .
Cet anniversaire nous ramène en arrière d'un demi-siècle. C'était un tout autre monde. C'est un peu le but des anniversaires. Ils nous amènent à réfléchir sur notre passé. Ils nous mènent à mieux saisir le contexte des événements passés, sans quoi nous ne pouvons réellement comprendre l'histoire. Les anniversaires nous font parfois réfléchir aux mobiles derrière les gestes antérieurs que nous avons posés. Les historiens continuent d'analyser les événements et les témoignages d'avant et pendant la crise d'Octobre, la raison des décisions qui ont été prises et les conséquences de ces décisions.
Le 50e anniversaire nous interpelle et nous invite à regarder de nouveau dans le rétroviseur. Je souligne au passage l'excellente série d'articles qui ont paru dans diverses revues ces dernières semaines, y compris sur le site Web de la CBC. Des articles qui posent un regard sur plusieurs aspects de la crise d'Octobre et de ses antécédents. J'ai moi-même appris certains détails, surtout relativement aux attentats de groupuscules — comme cela a été dit — souvent très désorganisés, avant la crise d'Octobre. Il est important de dresser le portrait de cette époque, surtout pour ceux et celles qui ne l'ont pas vécue, soit parce qu'ils étaient trop jeunes ou pas encore nés soit parce qu'ils n'étaient pas résidants du Canada.
Comme tous les gens de l'époque, j'ai été marqué par la crise d'Octobre. J'avais à peine 13 ans. Lorsque nous sommes très jeunes, il y a des événements qui nous éveillent, qui percent notre conscience et qui nous font remarquer plus attentivement ce qui se passe autour de nous. Je pense aux assassinats de John F. Kennedy et de Robert F. Kennedy et de Martin Luther King. Ces événements percent la conscience. Ils provoquent une évolution rapide chez l'individu vers une certaine nouvelle et soudaine maturité. Je suis né à l'aube de la Révolution tranquille, dans les derniers souffles de l'ère duplessiste, alors que des rayons de soleil comme Pierre Laporte commençaient à percer la Grande Noirceur. Je vais revenir sur Pierre Laporte dans un instant.
J’ai parlé de contexte. La crise d'Octobre n'était pas un événement isolé. Certains ont peut-être l'impression que la crise d'Octobre est arrivée soudainement, sans préavis et que le plafond fédéral est tombé sur une société paisible. Ce n'est pas du tout ce que j'ai vécu. Les sept années qui ont précédé l'enlèvement de James Cross et de Pierre Laporte étaient turbulentes, violentes et inquiétantes, particulièrement à Montréal. Un jeune d'aujourd'hui à qui on présenterait un portrait des événements des années 1960 à Montréal serait incrédule. Cette période difficile et troublante a débuté en 1963 par le lancer de certains cocktails Molotov, qui, heureusement, n'ont pas fait de blessés. Cela a été suivi d'une bombe qui a été posée sur une section de chemin de fer entre Montréal et la ville de Québec, plus précisément dans le village de Lemieux. Heureusement, il n'y a pas eu de dommages. Ensuite, une bombe a explosé dans le système de ventilation du ministère du Revenu national. Il n'y a eu aucun blessé. Encore en 1963, une bombe a explosé au Centre de recrutement de l'Armée canadienne à Montréal. Il y a eu un mort: William Vincent O'Neil, âgé de 65 ans. En 1964, il y a eu un vol à main armée dans un magasin d'armes à feu au centre-ville de Montréal. J'arrive maintenant en 1969. Au Loyala College, à Montréal, qui fait maintenant partie de l'Université Concordia, une bombe a explosé le soir, alors qu'il se donnait des cours dans le pavillon Bryon.
Mon père enseignait le soir au pavillon Bryon. Heureusement, il n'avait pas de cours ce soir-là, et aucune des 500 personnes qui étaient présentes n'a été blessée.
En tout et pour tout, jusqu'à la crise d'Octobre, 200 bombes ont explosé au cours d'une période de sept ans.
Je reviens maintenant à Pierre Laporte et à son héritage.
Pierre Laporte était un avocat devenu journaliste, ainsi qu'un grand défenseur de la langue française et de la démocratie québécoise. Il était un homme chaleureux, d'une grande intégrité et d'un grand courage, d'un courage inébranlable. Cela demandait du courage de se tenir debout devant le tout-puissant à l'époque, Maurice Duplessis et sa machine, pour faire la lumière sur les failles du gouvernement de l'Union nationale et sa corruption. Duplessis avait ostracisé Pierre Laporte comme membre de la Tribune de la presse à Québec. D'une certaine manière, Pierre Laporte faisait cavalier seul contre Maurice Duplessis.
N'oublions pas qu'en plus d'être un politicien et un grand défenseur du fait français et de la démocratie québécoise, Pierre Laporte était d'abord et avant tout un père de famille, un oncle et un conjoint. À cet égard, je renvoie mes collègues de la Chambre à un récent article de Thomas Laporte Aust intitulé « Pierre Laporte était mon grand-père ».
Aujourd'hui, nous pensons à lui, à sa famille, à son héritage, à tout ce qu'il a fait pour le Québec.
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Madame la Présidente, je remercie tous ceux qui ont pris la parole aujourd'hui, dont mon estimé collègue de , président de notre groupe parlementaire. Je le remercie beaucoup de ses commentaires. Je suis heureux, en tant que député de Gatineau, d'avoir l'occasion de prendre la parole sur la motion présentée par le Bloc québécois.
Nous sommes au milieu d'une pandémie unique en son genre. Pendant des mois, notre gouvernement, nos entreprises, nos travailleurs essentiels de première ligne et nos familles ont travaillé sans relâche pour relever les défis sanitaires et économiques causés par la COVID-19. Nous avons assisté à une mobilisation sans précédent de nos gouvernements, du secteur de la santé, de notre communauté de recherche et du secteur privé. Pour répondre à cette crise, les Canadiens se sont saisis de cette question avec un seul objectif, car ils comprennent que nous ne pouvons pas nous permettre d'être distraits par la joute politique comme d'habitude.
De ce côté-ci de la Chambre, nous demeurons préoccupés par ce que vivent les Canadiennes et les Canadiens, et nous poursuivons nos efforts. Notre gouvernement reste concentré sur le soutien aux Canadiens et aux Québécois en ces temps difficiles. C'est pour cela que nous nous expliquons mal cette démarche, de ce côté-ci de la Chambre — manifestement cela semble être aussi le cas chez certains députés de l'opposition — que le Bloc profite d'une de ses rares journées de l'opposition, non pas pour proposer des solutions concrètes, que ce soit pour le Québec ou l'ensemble du Canada, pour lutter contre la pandémie, pour aider nos aînés, nos familles et les plus vulnérables ou pour nous faire sortir de cette crise, mais plutôt pour offrir aux Québécois une vision tronquée et aseptisée de notre histoire; pour ne montrer qu'une petite partie de l'histoire, une version qui semble oublier les victimes de la crise d'Octobre, une version qui leur est propre en oubliant les vraies victimes.
Il est important de nous souvenir de notre histoire, mais il est aussi important de le faire de façon complète, sans en oublier des parties et en gardant toujours en tête l'objectif d'unir les Québécois et non pas de les diviser.
Mon collègue de nous a un peu remis dans le contexte de l'époque, comme l'a fait mon collègue de Lac-Saint-Louis. Le souvenir de la crise d'Octobre est extrêmement difficile pour plusieurs familles québécoises, notamment pour celle de Pierre Laporte, mais également pour celle de Jeanne d'Arc Saint-Germain, de Vanier, tuée par une bombe au ministère de la Défense. Je vais citer la version de l'après-midi du journal Le Droit, celle de la Saint-Jean-Baptiste du 24 juin 1970, qui titre à la une: « Une bombe explose à Ottawa ». Voici ce que l'on pouvait lire:
Mme Jeanne-d'Arc St-Germain était assise à son bureau au centre des communications du ministère de la Défense, sur la rue Lisgar. Elle attendait de terminer son service à 7h30, ce matin. Mme St-Germain n'a toutefois pas eu l'occasion de terminer son service. À 6h26, elle a été tuée sur le coup par l'explosion d'une puissante bombe qui avait été déposée à l'angle sud-est de l'édifice temporaire.
Les secouristes ont trouvé le corps sans vie de la veuve de 51 ans près de son bureau. Des éclats de verre lui avaient tranché la veine jugulaire. Mme St-Germain, demeurant au 321, rue Shakespeare, à Vanier, était préposée aux communications au ministère de la Défense depuis environ 15 ans. Deux militaires qui se trouvaient dans le centre des communications au moment de l'explosion ont été légèrement blessés par des éclats de verre.
Cela aussi nous remet dans le contexte, que comprendraient très bien mes concitoyens à Gatineau et l'ensemble des gens de la capitale nationale.
C'est pour cela, et pour bien d'autres morts, bien d'autres attentats et bien d'autres bombes, que l'ensemble de la classe politique, le premier ministre du Québec et le maire de Montréal ont demandé au gouvernement du Canada de fournir au Québec des pouvoirs d'urgence et l'autorité nécessaire pour arrêter et détenir des gens.
Cela a fait évidemment plusieurs victimes, et le Bloc québécois en a nommé quelques-unes. Nous pouvons facilement faire le constat qu'au-delà de près de 500 personnes ont été arrêtées, la plupart sans cause, pour une période moyenne d'environ une semaine, comme l'a dit mon collègue.
C'est une tache sur notre histoire, mais c'est aussi le fruit du contexte de peur, du climat de terreur, qui régnait à l'époque et qui faisait que nos concitoyens, nos amis et nos voisins vivaient dans la peur.
Je vais maintenant nous projeter 50 ans en avant. Nous sommes rassemblés à la Chambre des communes en ce triste anniversaire de la crise d'Octobre, mais nous ne pouvons pas parler de devoirs collectifs et encore moins des responsabilités de nos aînés sans parler de notre devoir de gérer la pandémie et de protéger les personnes les plus vulnérables.
Nous sommes confrontés à la plus grande crise sanitaire de notre époque. C'est notre crise d'octobre. Les Canadiens et les Québécois s'inquiètent de la façon dont nous allons traverser la crise. Ils s'inquiètent pour leur sécurité et pour celle de leurs proches. Ils sont préoccupés par le paiement de leurs factures et par la sécurité des équipements de protection individuelle de nos anges gardiens. Ils sont inquiets, puisqu'ils ne savent pas s'ils pourront voir leur famille à Noël ou si leur enfant va contracter le virus à l'école.
En tant que député de Gatineau et secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, j'ai l'énorme privilège et la responsabilité de collaborer avec mes collègues du gouvernement, d'obtenir l'équipement dont nous avons besoin, notamment le futur vaccin. C'est aussi le cas en ce qui concerne les traitements, l'équipement et les ventilateurs.
Je ne peux passer sous silence ma déception face au Bloc québécois. La semaine passée, il a voté en faveur d'une motion dangereuse pour la santé des Canadiens. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont des gens impliqués dans la recherche, des gens impliqués dans le secteur manufacturier et au sein de nos PME. C'est au Bloc québécois de s'assujettir au jugement des générations futures. Dans 50 ans, on parlera peut-être du triste anniversaire de la crise d'octobre 2020, c'est-à-dire de la pandémie.
Cette opposition met en danger notre capacité actuelle et future de négocier des contrats relatifs aux équipements de protection individuelle, aux ventilateurs ou aux vaccins. Ce que je peux affirmer, c'est que l'ensemble du Québec a répondu à l'appel en matière d'approvisionnement. Par exemple, la célèbre entreprise Bauer fabrique des visières pour nos professionnels de la santé. On peut aussi penser à Joseph Ribkoff, à Logistik Unicorp et à Yoga Jeans, établies à Montréal, en Beauce et à Dorval, qui adaptent leurs usines pour produire des millions de blouses d'hôpital, tout comme le Groupe Calko, à Montréal. L'entreprise ADM Medicom, à Pointe-Claire, a signé un accord pour produire des millions de masques. On peut penser à bioMérieux, à Saint-Laurent, qui a accepté de fournir des milliers de tests de diagnostic pour assurer la sécurité des Québécois et de tous les Canadiens. Enfin, on peut penser à Précision ADM, qui fabriquera des écouvillons dans ma circonscription, Gatineau.
C'est de cela que nous aurions dû parler aujourd'hui, mais le Bloc québécois a malheureusement choisi de débattre d'un autre sujet pendant la journée de l'opposition. Cependant, je tiens à rassurer ceux qui nous écoutent: le gouvernement du Canada cible la bonne affaire, la bonne crise d'octobre dans les délibérations d'aujourd'hui.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le 50e anniversaire de la crise d'Octobre représente pour le gouvernement du Canada une occasion — qui va être ratée, je le sens — de s'excuser d'avoir instauré des mesures de guerre et d'avoir inventé de toutes pièces un complot pour insurrection visant, disait-il, à renverser le gouvernement du Québec. Mon Dieu qu'on était loin de là!
En effet, en 1970, le Canada de Pierre-Elliott Trudeau a envoyé l'armée. Il a laissé la Gendarmerie royale du Canada infiltrer et déstabiliser des organisations démocratiques et militantes du Québec, et ce, bien au-delà des événements tragiques qui ont suivi. Le Canada ne l'a pas fait pour mettre fin à une insurrection, mais parce qu'il voulait réprimer le mouvement indépendantiste: c'était cela, le fond de sa pensée.
À l'époque, Marc Lalonde, alors chef de cabinet de Pierre-Elliott Trudeau, avait convoqué Peter Newman, rédacteur en chef du Toronto Star, pour lui dire: « Nous croyons qu'un groupe d'éminents Québécois complotent pour remplacer le gouvernement dûment élu de la province. [...] Parmi les meneurs, on trouve René Lévesque, Jacques Parizeau, Marcel Pepin et Claude Ryan. Cette tentative pour établir un gouvernement parallèle doit être empêchée. »
Imaginons cela: parmi ces quatre grands noms, il y a eu deux grands premiers ministres du Québec et un grand chef syndicaliste. On était donc loin de vouloir renverser le gouvernement. Cette histoire ne servait qu'à justifier la suspension des droits fondamentaux au Québec.
Faut-il rappeler que la Loi sur les mesures de guerre a été adoptée en 1914 lors de la Première Guerre mondiale? Elle ne sera invoquée que trois fois au cours de l'histoire: pendant les deux guerres mondiales et pendant la crise d'Octobre.
Dans les jours qui ont précédé le 15 octobre, le service de sécurité de la GRC a collaboré avec la Sûreté du Québec à la préparation d'une liste de suspects. Il y avait 56 noms à l'origine, auxquels la GRC en a ensuite ajouté une centaine pour finir par remettre une liste de 158 personnes au premier ministre Trudeau. Les personnes dont le nom apparaissait sur cette liste avaient, selon les dossiers, pris part à des manifestations violentes, avaient préconisé l'usage de la violence ou étaient soupçonnées d'activités terroristes.
Lorsque les arrestations vont commencer, elles seront beaucoup plus nombreuses et tout à fait sans fondement. À 4 heures du matin dans la nuit du 16 octobre 1970, la Loi sur les mesures de guerre est invoquée. Il en découlera la plus importante intervention de l'armée en temps de paix au Canada. Durant cette seule nuit, plus de 450 personnes furent arrêtées et emprisonnées.
10 ans après cette frappe, l'ex-ministre Jean Marchand, qui deviendra président du Sénat, ira jusqu'à dire que la Loi sur les mesures de guerre avait été l'équivalent d'un canon pour tuer une mouche. Le premier ministre de l'époque, Pierre-Elliott Trudeau, n'exprimera quant à lui jamais de remords. Encore en 1993, il déclarait: « La société doit prendre tous les moyens dont elle dispose pour se défendre contre l'émergence d'un pouvoir parallèle qui défie le pouvoir des élus du peuple. »
Pour ma part, j'étais très jeune lors de la crise d'Octobre. Je commençais ma formation à l'université pour devenir enseignante. Un matin, en me rendant à mes cours, je vois des soldats, l'armée, des fusils, tout cela. Je traverse le parc Lafontaine pour me rendre à mes cours, et j'avoue que j'étais inquiète. À bien y penser, j'ai dû vraiment avoir peur. En arrivant à l'université, je me heurte à des portes closes, parce que l'université avait elle aussi été fermée.
Dès que la Déclaration canadienne des droits a été suspendue, et même si les experts antiterroristes des trois forces policières — municipale, provinciale et fédérale — impliquées n'avaient au maximum que quelques suspects, 500 personnes ont été arrêtées et emprisonnées sans mandat. De ces 500 personnes, 90 ont été relâchées sans que des accusations soient portées. Des personnes inculpées restant, 95 % ont finalement été acquittées ou ont bénéficié d'un abandon des poursuites les visant.
Ces gens n'étaient pas des criminels. C'était pour la plupart des indépendantistes, mais il y en avait qui ne l'étaient pas. Parmi les personnes arrêtées ou incarcérées, on compte des poètes, des chanteurs et des chanteuses, des journalistes, des syndicalistes, des avocats, de simples militants, des étudiants et des militants indépendantistes.
Parmi eux, il y avait Pierre Côté, un deuxième Pierre Côté, Ginette Courcelles, Martin Courcy, Jean-Guy Couture, Jean-Marcel Cusson, Daniel Cyr, Micheline Cyr, Jean-Marie Da Silva, Blaise Daignault, Dominique Damant, Paul Danvoye, Michèle Danvoye-Raymond, Djahangir Dardachti, Mario Darin, Brenda Dash, Victor Daudelin, Benoit-André Davignon, Bruno De Gregorio, Claire Demers, François Demers, Jean-Pierre Deschêsne, Pierre Desfosses, Hélène Desjardins, Marcel Desjardins, Louise Désormeaux, Richard Desrosiers, Jean Désy, Jean-Pierre Dionne, Thomas Gordon Dolan, Gaëtan Dostie, Laura Maud Dottin, Ginette Doucet, Jacques Dubé, Michel Dubé, Robert Dubeau, Bernard Dubois, Claude-André Ducharme, Albert Dufour, Claire Duguay, Claude Dulac, Michel Dumont, Bernard Dupéré, Claire Dupond, Pierre Dupont, un deuxième Pierre Dupont, Réjeanne Dupont, Danielle Dupont, Daniel Dupuis, Myriann Farkas, Andrée Ferreti, Mireille Filion, Lise Filion, Yvon Forget, Guy Fortin, Joseph Fortin, Pierre Fournier, M. Fréchette.
Dans la foulée des événements d'octobre 1970, il y a aussi eu l'arrestation de mon frère, Michel Pauzé, qui a été interrogé pendant plus de quatre heures. Cela ne devait pas être drôle comme « période des questions », parce que je l'ai su des années plus tard. Il n'en avait jamais parlé. Cela a été un choc pour moi de savoir que mon frère, qui à l'époque était simplement membre de l'association étudiante du cégep du Vieux Montréal, avait été arrêté comme cela, pour rien.
Je ne suis pas prête d'oublier non plus quand la police est arrivée à la porte de notre maison familiale où j'habitais avec ma grand-mère et ma mère. Les policiers sont entrés et ils ont fouillé toute la maison. Nous ne sommes pas un cas isolé, parce que les forces de l'ordre ont effectué 31 700 perquisitions, dont 4 600 avec saisies pendant cette période. Dans plusieurs cas, ces actes étaient imprégnés de violence. C'est ce que j'appelle du terrorisme. C'est ce que j'appelle vouloir terroriser les gens. Je me rappelle encore quand ils sont entrés chez nous.
J'aimerais aujourd'hui voir le fédéral dénoncer cette violence, mais malgré nos demandes répétées le gouvernement reste muet. Pourtant, le gouvernement canadien a présenté des excuses pour chacune de ces trois autres interventions: en 1988, pour les victimes d'origine japonaise internées déplacées lors de la Seconde Guerre mondiale; en 1990, pour les victimes d'origine italienne internées lors de la Seconde Guerre mondiale; et en 2006, pour les victimes d'origine ukrainienne internées lors de la Première Guerre mondiale, mais rien pour les Québécoises et les Québécois. Dans les deux premiers cas, le gouvernement a versé des compensations financières aux victimes ou à des associations pour leur permettre d'organiser des activités d'éducation et de commémoration. Pour les Italo-Canadiens, le gouvernement a promis de faire de même en juin 2019.
Je termine en reposant la question suivante: où sont les excuses du fédéral pour les victimes de la crise d'Octobre?
Bon nombre de Québécoises et de Québécois portent encore les séquelles de cette crise. Le gouvernement non seulement doit en prendre acte, mais reconnaître sa part de responsabilité. Nous réclamons donc aujourd'hui des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la mise en place, le 16 octobre 1970, de la Loi sur les mesures de guerre et le recours à l'armée contre la population civile du Québec, afin d'arrêter de façon arbitraire, d'incarcérer sans accusations et d'intimider près de 500 Québécoises et Québécois innocents.
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Madame la Présidente, je suis personnellement un adepte de la non-violence. Mes inspirations viennent beaucoup de Martin Luther King et de Gandhi. Or, comme l'auteur et grand spécialiste de toute la question de la crise d'Octobre, Louis Fournier, l'a écrit dans son livre, je suis convaincu qu'il faut refuser toute forme de complaisance à l'égard de la violence du FLQ. Louis Fournier a aussi précisé qu'à l'extrémisme du FLQ a répondu l'extrémisme du pouvoir. Le gouvernement d'Ottawa a profité de l'occasion pour déclencher une vaste opération de répression. La violence injustifiée d'un État envers des citoyens innocents n'est pas mieux que la violence d'un groupe d'individus comme le FLQ.
Pendant la crise d'octobre, j'avais 10 ans. J'en ai un vague souvenir. Je me souviens d'avoir vu un soldat avec une mitraillette devant le bureau d'un conseiller municipal. Je pense que l'opération de répression a été tellement vaste qu'à peu près personne de vivant à ce moment-là ne l'a oubliée. En une seule nuit, le 16 octobre 1970, plus de 450 personnes ont été emprisonnées injustement, sans mandat et sans motif valable.
Pourquoi cela s'est-il passé pendant la nuit? Sans doute était-ce pour créer un choc psychologique. C'est un peu ce que disait dans le rapport Duchaîne. Des gens ont été réveillés avec une mitraillette dans le visage pendant la nuit. Cela est assez incroyable. Des quelque 500 personnes qui ont été arrêtées, 90 % ont été relâchées sans qu'il y ait aucune accusation contre eux, et 95 % de celles qui ont été inculpées ont été acquittées ou ont bénéficié d'un abandon de poursuite.
Voici quelques-unes de ces personnes, envers lesquelles je pense qu'on a un devoir de mémoire: Gilles Gagliardi, Jean-Pierre Gagné, Théo Gagné, Armand Gagnon, Charles Gagnon, Michel Gagnon, Paul Gagnon — on les arrêtait souvent par famille —, Nicolas Galipeau, âgé de 15 ans et fils de Pauline Julien, Pascale Galipeau, fille de Pauline Julien, Michel Garneau, Juvencio Garza, Mme Garza, Claude Gaudreau, Annie Gauthier, Jacinthe Gauthier, Maurice Gauthier, Gilles Gauvin, Étienne Gazaille, Claude Gendron, Paul-Émile Giguère, Claude Girard, Jean-Pierre Girard, Pierre Girard, Rosaire Girard, Pierre Girardin, Gérald Godin, Madeleine Barbara Goldstein, Rock Gosselin, Jean Goulet, André Goyer, André Gravel, Pierre Graveline, Stanley Gray, André Grenier, Pierre Grenier, Roger Grenier, Yves Guindon, Yvon Guindon, Marek Gutowski, Louis Hains, Lise Walser Hains, Daniel Hardy, Jacques Hébert, Robert Hébert, Gloria Horowitz, Denis Huard, Solange Hudon, Richard Hudson, Maurice Jean, Pierre Jobin, Réal Jodoin, Jeannine Ouellette Jodoin, André Joffre, Pierre Joncas, Guy Joron — il a été député du Parti québécois par après —, Michel Joyal, Fabienne Julien.
Ces gens n'étaient pas des criminels. Parmi eux, il y avait des poètes, des chanteurs, des chanteuses, des journalistes, des syndicalistes, des avocats, des militants. On peut citer aussi Pauline Julien — on a vu ses enfants tantôt —, Gérald Godin, Michel Garneau, Gaston Miron, Denise Boucher, Michel Chartrand, le syndicaliste, André Paradis — je crois qu'il a fait 51 jours de prison —, Gaétan Dostie, et j'en passe.
Ils ont tous été jetés en prison, et ils avaient un point commun: ils étaient des indépendantistes ou des adversaires des gouvernements en place.
Dans son livre Journal d'un prisonnier de guerre, Gérald Godin raconte les premières heures de son arrestation. Il dit ceci:
Au cours de cette première journée, mon sentiment majeur est d’être déraciné. De flotter dans l’incertitude absolue. Pourquoi suis-je ici? Si au moins on m’interrogeait, je pourrais savoir à quoi m’en tenir. […] Si je le savais, je pourrais reprendre pied sur du solide. Pour l’instant, c’est le vide.
Ce fut vraiment une expérience traumatisante pour tous ces gens, qu'on a voulu intimider. On ne connaît pas tous les noms, parce que le gouvernement fédéral a toujours refusé de donner cette liste. De plus, selon le rapport Duchaîne, il y a eu plus de 30 000 perquisitions sans mandat. Tout cela a été rendu possible par la mise en application de la Loi sur les mesures de guerre, qui permet de suspendre les droits et libertés en cas d'insurrection appréhendée.
Hier, le et chef du Parti libéral du Canada a dit que le chef de l'opposition René Lévesque avait appuyé la Loi sur les mesures de guerre. C'est faux. Premièrement, René Lévesque n'était pas chef de l'opposition, il n'était même pas député à ce moment-là. Deuxièmement, René Lévesque était contre la violence du FLQ, mais contre le recours à la Loi sur les mesures de guerre.
Voici un extrait d'un texte de René Levesque publié dans le Journal de Montréal le 30 octobre 1970: « Confondre ces renforts militaires avec l’odieuse loi des mesures de guerre, qui est tout à fait autre chose, cela fait partie des astuces démagogiques dont M. Trudeau et son entourage démontrent couramment leur parfaite maîtrise. »
Il y a eu trois commissions d'enquête, et deux ont conclu que le recours à la Loi sur les mesures de guerre n'était pas justifié. Il s'agit de la commission Duchaîne et de la commission Macdonald, qui a été créée par le gouvernement fédéral. La Commission Keable ne s'est pas prononcée, parce qu'elle s'est attardée sur les événements d'après la crise d'Octobre. Plusieurs intervenants ont par la suite fait des révélations vraiment troublantes.
Par exemple, Don Jamieson, ministre des Transports à cette époque, a écrit dans ses mémoires que « nous n'avions pas de motif sérieux » pour penser qu'il y avait « insurrection appréhendée. » Il était d'avis que plusieurs des ministres québécois du cabinet Trudeau, dont Jean Marchand, Gérard Pelletier, Bryce MacKasey, ainsi que son secrétaire principal, Marc Lalonde, utilisaient cette loi pour combattre leurs adversaires politiques au Québec, que ceux-ci soient fédéralistes comme Claude Ryan ou souverainistes comme René Lévesque.
Éric Kierans, qui était ministre des Communications, a consacré des pages entières de ses mémoires à cette injustice massive, selon ses propres mots. Le grand spécialiste des questions de sécurité au Canada, le professeur Reg Whitaker, sur la base de recherches approfondies, en 1993, a écrit: « La GRC n'a jamais réclamé la loi des mesures de guerre, n'a pas été consultée quant à son utilité et s'y serait opposée si on avait demandé l'avis de ses dirigeants. »
Peter C. Newman, rédacteur en chef du Toronto Star à cette époque, a dégonflé l'histoire d'un gouvernement provisoire. On disait qu'il y avait une insurrection appréhendée parce qu'un gouvernement provisoire allait être mis en place contre les élus sous la direction de René Lévesque, Claude Ryan et Louis Labelle, de la FTQ. « Ce scénario était un mensonge méticuleusement concocté » par le premier ministre Trudeau et son secrétaire, Marc Lalonde. « Tous les deux, dit-il, m'ont menti sur les raisons pour lesquelles les mesures de guerre ont été imposées. »
Comme l'a dit Bernard Landry lors du 40e anniversaire de la crise d'Octobre, nous avons un devoir de mémoire envers ceux et celles qui ont été victimes d'une injustice qui a été la honte du Canada, et qui l'est toujours.
Si nous demandons des excuses, c'est parce que, comme le voulait une recommandation de la commission Macdonald, pour indemniser les personnes lésées dans leurs droits, sans raison valable par l'application de la Loi sur les mesures de guerre, non seulement devrait-il y avoir compensation pour les biens perdus, mais aussi pour les atteintes à la liberté. Des excuses sont nécessaires parce qu'une telle atteinte à la démocratie ne doit jamais se répéter dans des circonstances différentes. La liberté est fragile.
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Madame la Présidente, tout d'abord, j'aimerais vous signaler que je vais partager le temps de parole qui m'est alloué avec mon honorable collègue de .
La période d'octobre 1970, a été difficile pour tous les Québécois et, 50 ans plus tard, les souvenirs de ces événements sont encore présents. Nous avons un devoir de mémoire envers toutes les victimes innocentes et leur famille et il est impossible d'évoquer la crise d'Octobre sans que ces gens soient au centre de nos discussions.
Il est important de réfléchir à notre histoire, de l'étudier, de la comprendre et de se l'approprier, afin qu'elle reste ancrée dans nos mémoires et qu'elle influe sur nos actions futures. Nos enfants et nos petits-enfants doivent apprendre du passé. Ils doivent savoir que la violence n'a jamais et ne sera jamais une manière acceptable de faire entendre des idées politiques.
Nous nous retrouvons à nouveau au milieu d'une crise, 50 ans plus tard. Bien que de nature différente, tous les efforts nécessaires sont déployés pour la combattre. Cette crise sanitaire est le combat collectif de notre vie. Aujourd'hui c'est la COVID-19 qui préoccupe les Québécois et les Canadiens qui vivent des moments difficiles. Voilà pourquoi je souhaite présenter notre plan pour combattre cette crise sanitaire sans précédent.
La maladie continue de poser une menace sans pareille à la santé des Canadiens et de la communauté mondiale, ainsi qu'à leur bien-être socio-économique. Qu'est-ce que nous allons tirer de la crise que nous vivons aujourd'hui? Le Canada a un plan pour gérer cette crise de santé publique.
Au cours des derniers mois, le Canada a travaillé d'arrache-pied à renforcer sa capacité et son expertise en vue de gérer la résurgence de la COVID-19. Ce plan comporte des mesures importantes sur tous les fronts. Le gouvernement s'emploie à limiter la propagation de la COVID-19. Pour cette raison, il faut s'attendre à ce que nos rassemblements traditionnels soient quelque peu différents cette année. Je suis cependant convaincu que les Québécois et les Canadiens continueront de contribuer aux efforts.
Ils devront entre autres continuer de respecter de façon rigoureuse et uniforme les mesures efficaces avérées qui contrôlent la propagation de la COVID-19. Le gouvernement est conscient que tous les Canadiens sont fatigués de respecter certaines mesures de santé publique, qui ont eu d'immenses conséquences sur chacun de nous. Je sais que c'est difficile pour chacun d’entre nous. Cela gâche notre année et des moments précieux. Néanmoins, il est évident que les personnes jouent un rôle crucial dans le contrôle de la pandémie; c'est pourquoi nous devons tous continuer de faire ce que nous pouvons pour nous protéger et pour protéger les autres.
Le Canada adopte une approche fondée sur des données probantes pour gérer les répercussions de la COVID-19, et cette approche est étayée par sa compréhension actuelle du virus et par la planification de scénarios. La stratégie du Canada reconnaît que nos directives et notre réponse à la COVID-19 suivront l’évolution des données probantes. Cette approche met clairement en évidence le rôle crucial que la santé publique et les communications continueront de jouer.
Les efforts collectifs que déploie le gouvernement du Canada sont alignés sur trois objectifs clés. D'abord, nous sommes déterminés à continuer de prévenir et de contrôler la pandémie. Ensuite, nous nous préparons à gérer efficacement la COVID-19, en faisant participer tous les ordres de gouvernement, particulièrement au moment où le nombre de cas est en hausse. Enfin, nous soutenons le développement de vaccins et de traitements pour assurer une reprise à long terme au Canada.
Afin d'atteindre ces objectifs, nous avons déterminé dix domaines cruciaux où le gouvernement prend des mesures concrètes pour garder les Canadiens en santé et pour les aider à apprendre à vivre avec la COVID-19.
Premièrement, il s'agit de la surveillance et des données. Nous sommes déterminés à collecter, à analyser, à interpréter et à transmettre l’information. Ces mesures sont essentielles à la prise de décisions fondées sur des données probantes pour améliorer la santé des Canadiens. Les activités de surveillance que nous menons comprennent entre autres la surveillance des cas et des éclosions, les systèmes d’avertissement précoce et les épreuves de laboratoire.
À titre d'exemple, nous avons renforcé notre approche nationale à l'égard de la collecte et de la surveillance de données, afin de continuer de surveiller la COVID-19 à l'échelle du pays.
Deuxièmement, il y a les frontières. Nous agissons avant que les voyageurs arrivent à la frontière, quand ils y arrivent et quand ils la quittent. Depuis le début de la pandémie, nous avons recouru à des mesures de contrôle frontalier et à des programmes de services de santé des voyageurs, afin d'atténuer le risque d'importation et de propagation de la COVID-19. Nous avons notamment renforcé les mesures de dépistage aux aéroports canadiens et mis en œuvre des restrictions aux déplacements et l'obligation de se mettre en quarantaine. Grâce à nos efforts, nous avons pu réduire au minimum les risques de santé publique et alléger le fardeau du système de santé canadien.
Troisièmement, il y a les mesures de santé publique. Le gouvernement du Canada continue de collaborer avec les provinces et les territoires aux mesures de santé publique et aux communications. Nous avons présenté des directives de santé publique sur la façon de protéger la santé et la sécurité des Canadiens et de réduire la propagation de la COVID-19. Nous constatons tous les jours les fruits de ce travail. Les mesures fondamentales de santé publique font désormais partie de la vie et des conversations quotidiennes. Les gouvernements et les professionnels de la santé de tous les niveaux continuent d'insister sur la nécessité de pratiquer l'éloignement physique, de se laver les mains, de rester à la maison quand on est malade et de porter un couvre...