propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je prends la parole pour appuyer le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine de 2023. Ce n'est pas la première fois que je présente un accord de libre-échange à la Chambre, mais celui-ci est spécial. Je profite du temps qui m'est accordé pour consigner au compte rendu le parcours qu'a suivi cet accord, parce que les députés, les Canadiens, particulièrement les 1,3 million de Canadiens d'origine ukrainienne, doivent savoir comment nous en sommes arrivés là.
Cette histoire débute avec la première visite au Canada du président ukrainien Volodymyr Zelensky en 2019. Au cours de cette visite, le président Zelensky et le ont annoncé leur intention commune de moderniser l'accord de libre-échange existant entre le Canada et l'Ukraine. Après cette annonce, des fonctionnaires des deux pays ont fait le travail préparatoire en vue des négociations.
Ce genre de travail dure souvent des mois. Les fonctionnaires et les négociateurs y sont habitués. Or, dans ce cas-ci, les négociations n'ont rien eu d'habituel.
Tout d'abord, la pandémie a mis tout progrès sur la glace pendant plus d'un an. Puis, lorsque nous étions enfin prêts à entamer les négociations, les troupes russes ont commencé à se rassembler le long de la frontière avec l'Ukraine.
Le 27 janvier 2022, j'ai organisé une rencontre virtuelle avec Yulia Svyrydenko, vice-première ministre et ministre de l'Économie de l'Ukraine, pour annoncer le début des négociations sur cet accord. À l'époque, la Russie n'avait pas encore envahi l'Ukraine, mais il était déjà clair que la situation avait atteint un point critique. Le monde voyait qu'une invasion était imminente, ce qui suscitait beaucoup d'incertitude.
Peu de temps avant cette annonce, j'ai demandé à mon homologue ukrainienne si elle et le gouvernement ukrainien étaient toujours prêts à entamer les négociations. Sa réponse a été franche et sans équivoque: son gouvernement était déterminé à aller de l'avant, et il était particulièrement important que le Canada manifeste sa confiance envers l'Ukraine à un moment où de nombreux pays commençaient à douter de sa détermination.
L'Ukraine savait alors dans quelle voie elle souhaitait s'engager pour assurer son avenir. L'Ukraine avait choisi les valeurs de la démocratie, de l'ouverture et de la transparence, ainsi que de l'ordre international fondé sur des règles. L'Ukraine souveraine cherchait à moderniser ses infrastructures, son économie et ses lois. Un accord de libre-échange global et progressiste représentait un pas important vers la modernisation du pays, et le Canada en était la clé.
Un mois après cette annonce, le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine et justifiait son invasion par toutes les raisons que je viens d’énumérer: la souveraineté territoriale et économique de l’Ukraine; l’ouverture sur le monde et la démocratie; et un ordre international fondé sur des règles. Vladimir Poutine méprise toutes ces choses, et il ne supportait pas de voir l’Ukraine les adopter, les défendre et s’épanouir en une grande nation moderne. Voilà pourquoi il a envahi l’Ukraine.
Ce jour-là, je savais, le savait et le gouvernement savait ce qu'il fallait faire: soutenir le gouvernement ukrainien tant qu'il tiendrait bon. Depuis le début de la guerre, le Canada a engagé 9 milliards de dollars d’aide militaire, humanitaire et financière et d'aide au développement pour l’Ukraine. Nous avons également compris que notre soutien à l’Ukraine nous obligeait à mener ces négociations commerciales à terme.
Au début, cela n’a pas été facile. La guerre rendait les déplacements dangereux, et même les appels ordinaires étaient impossibles pour nos homologues ukrainiens. À peine entamées, les négociations se sont soudain arrêtées. Elles sont restées au point mort pendant quatre mois, jusqu’à ce que je me rende à des réunions de l’OCDE à Paris. C’est là que j’ai rencontré le négociateur en chef de l’Ukraine, Taras Kachka.
Il est important de comprendre que nous n’avions pas prévu de réunion formelle ce jour-là. Lui et moi, ainsi que le négociateur en chef du Canada, nous sommes simplement assis dans la cafétéria du bâtiment de l’OCDE et avons discuté. M. Kachka a raconté les 120 premiers jours de la guerre et les difficultés qu’il a dû surmonter pour se rendre à l’OCDE. J’ai à nouveau demandé si l’Ukraine était capable et désireuse d’entamer des négociations. M. Kachka a dit oui et j’ai dit oui, puis les négociations ont commencé pour de bon.
Quelques semaines plus tard, lors du sommet du G7 en Allemagne, j’ai finalement rencontré la vice-première ministre Svyrydenko en personne. Nous avons évoqué nos conversations antérieures et l'anéantissement sauvage de notre espoir qu'un conflit serait évité. Nous avons réitéré notre intention mutuelle de parvenir à un accord, puis nous nous sommes étreintes.
Les conversations privées que j’ai eues avec mes homologues ukrainiens m’ont émue d’une manière difficile à décrire. S’ils m’avaient dit qu’ils n’étaient pas encore prêts à entamer des négociations commerciales, nous aurions bien sûr attendu. Le Canada aurait accordé à l’Ukraine tout le temps dont elle avait besoin.
La détermination tranquille de l’Ukraine d’aller de l’avant était indubitable et inébranlable. Ces négociations étaient motivées par les valeurs mêmes d’ouverture et d’autodétermination défendues par les soldats ukrainiens au péril de leur vie. Je peux dire à la Chambre aujourd’hui que, même au milieu d’un effort de guerre dévorant, l’engagement de l’Ukraine à l’égard de ces valeurs n’a jamais faibli, pas plus que celui du Canada.
[Français]
Je suis fière de dire que cet accord a été conclu en un temps record, c'est-à-dire en à peine 12 mois. Voilà qui illustre la détermination du Canada et de l'Ukraine dans ce dossier crucial. Le processus a pris fin il y a quelques semaines à peine, quand le et le président Zelensky ont signé l'accord à l'occasion de la seconde visite du président Zelensky au Canada. C'est un véritable honneur pour moi d'en parler à la Chambre.
Outre le fait que les négociations n'ont pris que 12 mois, force est de reconnaître qu'il s'agit d'un accord exceptionnel. Dans les milieux commerciaux, c'est ce qu'on appelle un accord de grande qualité. Il comprend des dispositions sur le commerce des services et les investissements, un mécanisme obligatoire de règlement des différends pour assurer un traitement équitable, ainsi que des mesures de protection des travailleurs. Par surcroît, il reconnaît l'importance des PME, notamment celles appartenant à des femmes et à des Autochtones. Enfin, il prévoit des mesures de protection environnementale qui sont plus exigeantes que toutes celles qui figurent dans les autres accords de libre-échange conclus par le Canada à ce jour.
Bref, en termes de contenu et de pratiques exemplaires, cet accord est équivalent à l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, au Partenariat transpacifique global et progressiste et à l'Accord économique et commercial global. Le Canada est le premier pays à signer un accord commercial global avec l'Ukraine.
L'Ukraine nous a dit qu'elle utiliserait cet accord commercial comme modèle dans ses négociations avec d'autres partenaires potentiels. C'est entre autres pourquoi j'affirme que cet accord est spécial.
Par-dessus tout, cet accord est spécial parce que les Canadiens appuient la lutte de l'Ukraine contre l'invasion barbare de Poutine. Ils manifestent leur appui par l'entremise de leur gouvernement en fournissant de l'aide militaire, humanitaire et financière. Le soutien à l'Ukraine ne se limite toutefois pas aux mesures du gouvernement. Ici, au Canada, bon nombre de personnes et d'organismes apportent leur aide en accueillant des familles ukrainiennes qui fuient la guerre. De nombreuses autres organisations et entreprises canadiennes veulent se joindre à cet effort, tant au pays qu'au cœur de l'Ukraine.
Cet accord offre aux Canadiens de nouvelles façons de soutenir l'Ukraine. Il établit les règles régissant la manière dont les entreprises canadiennes peuvent investir dans la reconstruction de l'Ukraine, dans la modernisation de ses infrastructures et dans la création d'emplois en Ukraine et au Canada. Des entreprises canadiennes sont déjà actives en Ukraine, et d'autres se joignent à elles en ce moment même. L'entreprise canadienne de construction Aecon est en train de former des partenariats en Ukraine conformément à un protocole de collaboration pour la construction d'une centrale hydroélectrique dans ce pays.
La présence d'entreprises canadiennes aidera l'Ukraine à persévérer malgré la guerre. Grâce à cette entente, d'autres pourront se joindre à elles et le feront. Grâce à toutes ces activités, le Canada et une Ukraine victorieuse pourront renforcer nos valeurs communes dans notre quête de la paix, du succès mutuel et de la prospérité. Au bout du compte, le commerce ne repose pas uniquement sur les affaires, mais aussi sur des valeurs communes.
Les Ukrainiens et les Canadiens souhaitent tous une Ukraine libre, moderne et démocratique. Cet accord commercial est la manifestation de ces valeurs communes. Je suis vraiment fière d'y avoir joué un rôle.
Aujourd'hui, j'exhorte la Chambre à réaffirmer son engagement à l'égard de ces valeurs ainsi que son soutien à l'égard de l'Ukraine en adoptant ce projet de loi le plus rapidement possible. Slava Ukraini.
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Monsieur le Président, les conservateurs ont une longue et fière tradition d’appui au libre-échange. Qu'il suffise de penser aux négociations de l’accord de libre-échange initial entre le Canada et les États-Unis, que les conservateurs appuyaient, bien entendu, et contre lequel les libéraux ont fait campagne avec vigueur. Je n’étais qu'un jeune garçon à l’époque, mais je me rappelle une publicité du Parti libéral sur le libre-échange. Cette publicité disait qu'il ne restait plus qu'une seule ligne à supprimer, puis on voyait s'effacer la frontière entre le Canada et les États-Unis. C’était il y a longtemps, mais je tiens à dire brièvement à quel point les conservateurs appuient vigoureusement le libre-échange. Nous croyons que le libre-échange entre pays libres fait partie intégrante de l’accroissement de la prospérité de tous.
Ce sont aussi les conservateurs qui ont entamé les négociations ayant mené à l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. En effet, il s'agit d'un accord des conservateurs dont les négociations ont été lancées par le premier ministre Harper dans le cadre du plan dynamique visant l'expansion du commerce. Il en va de même pour l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, une initiative des conservateurs, qui sont de toute évidence très favorables au libre-échange.
L'accord de libre-échange initial entre le Canada et l'Ukraine a été lancé par un gouvernement conservateur, sous la direction du premier ministre Harper. Le député d', du Parti conservateur, était alors le négociateur en chef. Il prendra la parole plus tard pour nous faire part de ses formidables réflexions sur cet accord.
En ce qui concerne l'importance des relations entre le Canada et l'Ukraine, il faut parler des quelque 1,3 million de Canadiens d'origine ukrainienne qui sont installés ici. Bon nombre d'entre eux ont joué un rôle essentiel dans le développement de l'Ouest canadien. Ils enrichissent de façon importante et exceptionnelle le tissu social du Canada, et leur contribution à notre pays ne peut pas être ignorée. C'est notamment pour cette raison que des liens très étroits existent entre les peuples du Canada et de l'Ukraine. Bien sûr, nous sommes d'ardents défenseurs de l'Ukraine face à l'invasion illégale menée par la Russie.
Au sujet de cet accord en particulier, cette modernisation, qui ferait fond sur l'accord de libre-échange de 2017, a mis à jour des chapitres et en a ajouté 11. Les chapitres mis à jour portent notamment sur les règles d'origine et les procédures d'origine, les marchés publics, la politique en matière de concurrence, les monopoles et les entreprises d'État, le commerce électronique, le travail, l'environnement, la transparence, la lutte contre la corruption et la conduite responsable des entreprises.
Il y a aussi un nombre important de nouveaux chapitres, 11 en tout, dans cet accord commercial, et j’y reviendrai un peu plus tard. Ces chapitres, eux, portent sur les investissements; le commerce et les services transfrontaliers; l'admission temporaire des gens d'affaires; l'élaboration et l'administration de mesures; les services financiers; les services et les investissements; les mesures non conformes; les télécommunications; le commerce et le genre; le commerce et les petites et moyennes entreprises; le commerce et les peuples autochtones; ainsi que les bonnes pratiques de réglementation. Il s'agit d'un changement considérable par rapport à l'accord initial qui a été signé en 2017.
À ce sujet, je vais faire écho à certaines des observations formulées par le NPD, à savoir que cet accord est en fait substantiel. C'est un vaste accord commercial. Bien sûr, nous devons prendre notre temps pour nous assurer d'étudier les accords de libre-échange en détail et en profondeur. Cependant, il semble que le gouvernement tente de faire adopter le projet de loi à toute vapeur, et je ne suis pas certain que ce soit la façon dont le Parlement devrait procéder. Nous devrions faire notre travail de parlementaires.
J'aimerais parler de l'accord commercial initial. En 2022, la valeur des échanges de marchandises entre le Canada et l'Ukraine s'élevait à 420 millions de dollars, la valeur des exportations et des importations du Canada s'étant élevée respectivement à 150 millions de dollars et à 270 millions de dollars. L'accord initial, tel qu'il avait été conçu et négocié par le gouvernement conservateur, se voulait en quelque sorte un accord asymétrique.
On l'avait conçu pour que l'Ukraine soit un peu plus avantagée pendant les premières étapes de son application, tout en prévoyant de conclure un accord final bonifié. Au départ, il s'agissait principalement d'un accord sur l'échange de marchandises. Aujourd'hui, nous pouvons constater que de nombreuses dispositions sur les services ont été ajoutées. Je m'attends donc à ce que l'écart entre le Canada et l'Ukraine sur le plan de la balance commerciale puisse se rétrécir, mais aussi à que les échanges entre les deux pays augmentent de façon générale.
Après la ratification de l'accord initial, les exportations vers l'Ukraine, outre les exportations de charbon, ont augmenté d'environ 28 % de 2016 à 2019, ce qui vient renforcer l'idée voulant que les échanges, et plus particulièrement le libre-échange, soient avantageux pour les deux pays. Nous avons vu une hausse considérable des échanges bilatéraux entre les deux pays grâce aux accords de libre-échange, et c'est pour cela que les conservateurs appuient entièrement et sans réserve les accords commerciaux.
Il est intéressant de noter que les trois principales exportations vers l’Ukraine sont les véhicules à moteur et leurs pièces détachées, le poisson et les fruits de mer, et les produits pharmaceutiques. Les principales importations en provenance de l’Ukraine sont pour leur part les graisses animales et végétales, les huiles, le fer et l’acier, ainsi que la machinerie et le matériel électriques. Les entreprises canadiennes ont certainement la possibilité d’accroître leurs échanges avec l’Ukraine.
J’ai entrepris de consulter l’industrie à ce sujet. Je me suis entretenu avec des responsables d'entreprises agricoles, d'industries agricoles, et cetera. Le problème vient bien sûr du délai très court. Je m’explique.
Le Parlement est saisi du projet de loi habilitante en vue de mettre en œuvre l’accord de libre-échange, mais ce n’est probablement pas ce dont nous débattons aujourd’hui. Nous n’allons pas examiner et débattre la question de savoir si le « paragraphe 42.1(1.1) de la même loi est modifié par adjonction, après l’alinéa a), de ce qui suit ». Je pense que ce n’est pas ce dont nous allons débattre aujourd’hui.
Le projet de loi de mise en œuvre vise à apporter des modifications, entre autres, aux lois pertinentes pour mettre en œuvre l’accord de libre-échange proprement dit. La loi habilitante que vise le projet de loi de mise en œuvre ne semble pas contenir grand-chose dont on passera beaucoup de temps à débattre à la Chambre, quoique je puisse me tromper, car certains députés aiment bien débattre de ce genre de choses.
Le député de aura sans doute du plaisir à examiner le tout pour décider si les « alinéas b) et c) de la définition de Ukraine, au paragraphe 2(1) de la même loi, sont remplacés par ce qui suit » est un bon changement ou un changement important, mais ce n’est pas de cela que je vais parler aujourd’hui.
Ce dont nous pouvons parler, ce sont les principes généraux de soutien du libre-échange et l’accord de libre-échange lui-même. C’est là que réside une partie du problème exprimé par le député néo-démocrate. Il a dit qu’il n’avait pas eu le temps de discuter du projet de loi avec ses collègues de caucus, ce qui me ramène aux discussions avec les parties intéressées.
Afin de déterminer si cet accord commercial sera bénéfique pour le Canada, il faut consulter les parties intéressées pour savoir si elles considèrent que tel ou tel changement apporté à l'accord de libre-échange est bon ou mauvais. Dans le secteur agricole en particulier, il faut traiter de questions comme les mesures sanitaires et phytosanitaires. Il faut déterminer si les quotas qui seront autorisés et les produits qui entrent sans droits de douane sont appropriés. Cela pourrait concerner le secteur de la viande bovine, le secteur de la viande porcine ou toute une série de secteurs agricoles.
Ces consultations sont en cours. J'ai communiqué avec les gens des industries qui seraient touchées afin de connaître leur avis.
Quand j'étudiais en droit, les professeurs nous rappelaient explicitement que le diable est souvent dans les détails. Je ne suis pas convaincu que le Parlement devrait se contenter d'adopter des mesures sans aucun examen. Nous avons constaté que d'autres accords commerciaux présentés par le gouvernement libéral et adoptés rapidement ont fini par causer des problèmes.
Prenons par exemple l'accord de libre‑échange avec l'Union européenne. Il y a aujourd'hui toutes sortes de problèmes concernant les mesures sanitaires et phytosanitaires relatives au bœuf et au porc. C'est un enjeu dans les négociations en cours avec le Royaume‑Uni. Il est pratiquement impossible pour les exportateurs de bœuf et de porc du Canada d'exporter leurs produits au Royaume‑Uni. Il leur est également très difficile d'exporter vers l'Union européenne. Pourquoi? Parce que des mesures sanitaires et phytosanitaires empêchent l'exportation de leurs produits. On s'attendrait à ce que, après tout ce temps, ce genre de problèmes aient été réglés. Or, dans les deux cas, des procédures de règlement des différends très compliquées doivent être suivies pour régler les questions relatives aux mesures sanitaires et phytosanitaires.
Les mesures sanitaires et phytosanitaires sont importantes. Elles sont mises en place pour garantir la santé des personnes qui consomment les produits. Elles sont également mises en place pour protéger la biodiversité et pour veiller à ce que certains produits ne contiennent pas d’éléments susceptibles de nuire à la biodiversité. Ces mesures sont importantes, mais il arrive que les mesures sanitaires et phytosanitaires soient utilisées comme des barrières non tarifaires. Ces barrières sont en quelque sorte devenues le nouveau moyen de contrecarrer le libre-échange. Dans le monde entier, nous constatons que les barrières non tarifaires sont de plus en plus nombreuses et que la résolution de ces accords de libre échange pose des problèmes.
J’ai pris le temps d’examiner la section de cet accord de libre échange portant sur les mesures sanitaires et phytosanitaires. Je suis heureux de constater que cette section stipule que ces mesures seront résolues dans le cadre des règles établies par l’Organisation mondiale du commerce. C’est assez différent des mesures qui ont été mises en place pour la résolution des différends en matière de mesures sanitaires et phytosanitaires dans le cadre de l’Accord économique et commercial global, dont le Royaume‑Uni bénéficie dans le cadre de l’accord transitoire. Essayer de résoudre ces questions au moyen de ce processus s’est révélé incroyablement compliqué, voire presque impossible. Il est bon de voir que cet accord est différent.
En ce qui concerne les débouchés pour le Canada, l’un des points que j’ai soulevés dans ma question à la est que l’accord parle de l’élimination progressive du charbon. Or, en Europe, on constate une augmentation de l’utilisation du charbon par plusieurs pays qui tentent d’arrêter d’acheter du gaz russe. Comme nous le savons tous, l’achat de gaz russe crée des revenus et des profits pour la Russie, qui peut ensuite utiliser ces sommes pour financer sa guerre illégale en Ukraine.
De nombreux pays européens ont demandé au Canada d’exporter davantage de gaz naturel liquéfié, et les États‑Unis le font. Ils ont construit plusieurs installations d’exportation de gaz naturel liquéfié au cours des dernières années pour répondre à la demande, y compris en Europe. Malheureusement, le Canada n’a pas répondu à l'appel et il a perdu toutes sortes d’occasions.
Toutefois, lorsque l’on parle de transition, il n'est pas question de passer du charbon aux panneaux solaires. Ce type de transition ne fonctionne généralement pas. On ne passe pas du charbon à l’énergie éolienne et solaire. Cela ne fonctionne pas. Ces deux solutions fournissent une énergie intermittente. L’énergie intermittente rend l’entretien du réseau électrique plus coûteux et elle n’est pas fiable en cas de hausse de la demande. Il nous faut une base solide de production d’électricité.
J'espère que lorsque j'aurai le temps d'étudier cet accord dans son intégralité. Je constaterai qu'il ouvre de vastes perspectives pour nos deux pays dans le domaine de la production d'électricité. Tout comme l'Ukraine, nous disposons d'une expertise remarquable dans le domaine de la construction de réacteurs nucléaires. Le Canada dispose de grandes ressources en uranium qu'il peut exporter. J'espère vraiment que cet accord comportera des éléments favorables à ce type de projets et de partenariat. En effet, ce serait bon pour nos deux pays.
Cependant, abandonner progressivement le charbon serait bénéfique à notre planète. Nous savons que les transitions dans le domaine énergétique ne se font pas du jour au lendemain. À vrai dire, elles prennent beaucoup de temps. En effet, on a commencé à employer le charbon il y a 200 ou 250 ans. Or, même si l'essence, le gaz naturel et l'énergie nucléaire ont fait leur apparition plus récemment, ces sources d'énergie n'ont pas complètement remplacé le charbon, bien que le gaz naturel et que le nucléaire soient beaucoup plus efficaces que celui-ci. Par conséquent, il est logique d'adopter progressivement ces sources d'énergie.
C'est la difficulté de proposer une transition du charbon vers l'énergie solaire ou éolienne, car la densité énergétique nette est beaucoup plus faible. Une centrale électrique qui utiliserait le gaz naturel liquéfié ou le nucléaire occuperait 20 acres, alors que pour obtenir une quantité d'énergie similaire à partir de sources éoliennes ou solaires, il faudrait disposer d'une superficie de 10 à 100 fois supérieure. L'idée de passer rapidement du charbon à l'énergie éolienne ou solaire est irréalisable et n'a aucun sens. Nous devrions explorer les possibilités qu'offrent le gaz naturel liquéfié et le nucléaire au Canada.
Le Parti conservateur soutient l'Ukraine, le commerce international et le libre-échange à 100 %. Le libre-échange entre pays libres est un principe que nous soutenons sans réserve. J'ai hâte d'examiner cet accord et d'en débattre à la Chambre.
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Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi , qui vise à moderniser l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine, ou ALECU, de 2017. J'interviens donc à titre de porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international et cela me fait plaisir de parler au nom de ma formation politique aujourd'hui.
J'ai un petit rappel à faire, car nous sommes les porteurs d'une tradition. Le mouvement indépendantiste québécois militait pour le libre-échange dès les années 1980 dans le but de sortir du trop étroit cadre économique canadien. Cela a été une véritable aubaine pour nos PME, qui détiennent des expertises tout aussi précieuses que diversifiées. Précisons toutefois aussi que notre position n'est pas religieuse: un accord commercial peut être mauvais, et c'est ce qu'il contient qui détermine que nous soyons en faveur ou non. Si un accord devait être nuisible à plusieurs de nos secteurs clés, ou encore marchandiser de façon abusive nos services publics, placer les multinationales dans une position prédominante ou être nuisible à l'environnement ou aux droits des travailleurs, nous ne le soutiendrions pas sous prétexte que nous croyons aux vertus du commerce international.
Dans le cas qui nous occupe, je dirai d'emblée que nous allons voter en faveur du principe de l'accord modernisé de 2023 — rappelons que nous n'en sommes qu'à l'étape du principe —, et ce, même si nous avons un important bémol au sujet duquel je reviendrai un peu plus tard et sur lequel nous pressons le gouvernement de nous soumettre un engagement.
Revenons d'abord au contexte. On parle de modernisation d'un accord qui remonte à 2017, mais on pourrait carrément parler d'un nouvel accord. L'ALECU de 2017, qui a essentiellement été négocié sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, est avant tout une marque d'amitié envers l'Ukraine, une prise de position symbolique, si tant est que les échanges commerciaux avec l'Ukraine étaient plutôt marginaux à l'époque. Les négociations avaient pris fin à l'été 2015, juste avant les élections, mais l'accord a été signé sous l'actuel gouvernement en 2016 lors d'une visite à Ottawa du premier ministre ukrainien et est entré en vigueur en 2017. Le Bloc québécois avait appuyé cet accord. Compte tenu du désir de procéder rapidement dans un contexte où l'Ukraine était à la recherche d'appuis internationaux, l'ALECU de 2017 était assez minimal. On n'avait pas poussé la logique jusqu'au bout, en particulier en ce qui concerne la question des mécanismes de mise en œuvre qui devaient veiller au respect de l'accord. Ils étaient assez faibles.
Ce qui nous est aujourd'hui proposé est un vrai accord commercial. Le projet de loi tient sur 15 pages et se contente de modifier les lois canadiennes pour les rendre conformes aux exigences de l'accord, ce qui va permettre au gouvernement de procéder à sa ratification. Les dispositions du projet de loi C‑57 sont donc essentiellement techniques et sont majoritairement des dispositions de concordance où on change le nom des références à l'ALECU de 2017 ou d'autres accords pour y substituer des références à l'accord modernisé de 2023. De plus, il autorise la création, reconnaît l'autorité et permet le financement des différents mécanismes institutionnels prévus dans l'accord, qu'il s'agisse du secrétariat chargé du bon fonctionnement de l'accord ou des différents organes chargés de régler les différends.
L'accord modernisé de 2023 est un accord complet. On parle de 1 000 pages. Il contient 30 chapitres qui couvrent tant le commerce des biens et services — y compris des dispositions particulières dans plusieurs domaines — que les investissements, les marchés publics, les mesures sanitaires et phytosanitaires, le droit du travail et de l'environnement. On y trouve également des dispositions permettant de favoriser les petites entreprises ou celles qui appartiennent à des femmes ou à des Autochtones. C'est large.
Précisons d'emblée que nous étions contents de ne pas voir reproduit dans cet accord le contenu du décret de juin 2022. Il arrive souvent que le Canada exempte de tarif des pays qui sont en difficulté ou en guerre. Or, c'était la première fois qu'on touchait à la gestion de l'offre. L'Ukraine se trouvait totalement, à peu de choses près, exemptée de la gestion de l'offre par rapport au Canada et à ses frontières. Les producteurs de poulet étaient très inquiets et ont subi pendant un an les contrecoups de cette ouverture. C'était inacceptable. Cela n'avait pas lieu d'être, surtout que des prétextes assez loufoques ont été évoqués. Par exemple, on disait qu'il n'y aurait pas de grippe aviaire en Ukraine en se référant à des études datant de plusieurs années, alors qu'on sait que les virus peuvent muter et que l'un des principaux foyers de grippe aviaire en Europe est la Pologne, qui est juste à côté. Jusqu'à preuve du contraire, les oiseaux, tout comme les poulets, ne respectent pas les frontières. Ils ne sont pas contrôlés à la frontière. S'il y avait un principal foyer en Pologne, ce serait surprenant qu'il n'y ait eu aucun cas, contrairement à ce qu'on disait en Ukraine.
Bref, cet accord couvre les composantes du commerce et plusieurs secteurs connexes susceptibles d'avoir un impact sur le commerce. Parmi les 30 chapitres, 11 d'entre eux sont nouveaux par rapport à l'ALECU de 2017. Le chapitre « Commerce transfrontières des services » précise les règles applicables dans le domaine des services. Celui intitulé « Élaboration et administration des mesures » assure la prévisibilité et la constance dans les pratiques administratives. Le chapitre « Investissement » vient protéger les investissements et remplacer l'accord bilatéral de protection des investissements de 1994.
Pour leur part, les annexes sur les mesures non conformes dans les domaines des services et de l'investissement sont un complément au chapitre sur le commerce transfrontières des services. Cela vient préciser son application dans des domaines précis et énumère les exceptions que les deux pays souhaitent préserver.
Le chapitre « Admission temporaire des hommes et des femmes d'affaires » est une disposition nécessaire à la conduite des affaires entre les deux pays. Cette disposition était absente de l'ALECU de 2017.
Il y a aussi le chapitre « Télécommunications » qui, sans ouvrir complètement le marché des télécommunications, garantit l'accès aux infrastructures de télécommunication. Il ne touche pas à la radiodiffusion, donc pas aux politiques culturelles. L'exception culturelle, telle qu'on l'appelle, est préservée. C'est tant mieux, parce que vous pouvez me croire que nous nous serions battus contre cette disposition s'il y avait eu un accroc à l'exception culturelle.
Le chapitre « Services financiers », un complément au chapitre sur le commerce transfrontières des services, précise les règles applicables aux services financiers sans ouvrir complètement le marché; le marché bancaire canadien demeure essentiellement protégé. Ce chapitre établit les règles qui facilitent l'utilisation des services financiers dans l'autre pays et une circulation simple des capitaux.
Trois chapitres s'ajoutent à l'ALECU de 2017 en ce qui concerne la participation de certaines clientèles au commerce, soit les PME, les femmes et les Autochtones. Cela permet la mise en place de mesures préférentielles.
Il y a aussi le chapitre « Bonnes pratiques de réglementation », qui vient codifier la manière dont les règlements sont adoptés pour en assurer la transparence et l'application prévisible.
Parmi les chapitres qui existaient dans l'ALECU de 2017, huit ont été modifiés. Le chapitre « Règles d'origine et procédures d'origine » vient assouplir les règles d'origine pour les produits dont une partie du contenu provient d'un pays avec lequel on a conclu un accord de libre-échange. Le chapitre « Commerce numérique » vient préciser les règles applicables aux données transmises électroniquement pour assurer une meilleure circulation. Le chapitre « Politique en matière de concurrence » vient préciser les règles de concurrence qui pourraient nuire au commerce, en particulier dans le cas de l'Ukraine où il y a eu des privatisations massives après la fin de l'URSS. On était alors passé de monopoles d'État à des quasi-monopoles privés difficiles à percer. L'accord permet de travailler là-dessus. Le chapitre « Monopoles désignés et entreprises appartenant à l'état » reprend les dispositions de l'ALECU de 2017, mais dans un chapitre distinct afin d'en faciliter l'application.
Le chapitre « Marchés publics » était présent dans l'ALECU de 2017, mais sous la forme d'un énoncé d'intention seulement. Là, on inclut dans le nouvel accord les dispositions de l'Accord sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC, ce qui le soustrait aux organes de règlement de l'OMC paralysés depuis des années et le soumet aux groupes spéciaux de l'accord Canada—Ukraine. Dans le contexte des énormes contrats liés à la reconstruction de l'Ukraine, qu'on peut présumer dans un avenir rapproché, et qui vont venir dès que la guerre sera terminée — on espère qu'elle le sera rapidement —, ce chapitre est d'une grande importance.
Les chapitres sur l'environnement et le travail, qui étaient aussi des énoncés d'intention dans l'ALECU de 2017, deviennent exécutoires.
Parlons maintenant du chapitre « Transparence, lutte contre la corruption et conduite responsable des entreprises ». Dans l'ALECU de 2017, on prévoyait des mesures anticorruption. Dans l'accord de 2023, on ajoute des dispositions sur la conduite responsable des entreprises. On sait que le gouvernement se pète les bretelles à propos de ce chapitre. Cette section incite les entreprises à adopter des lignes directrices et des principes reconnus à l'international en matière de conduite responsable des entreprises et de responsabilité sociale des entreprises, mais, finalement, ce ne sont que des codes volontaires. Ce n'est qu'un beau principe. C'est complètement vide. Il n'y a rien là-dedans, si ce n'est qu'on invite à suivre de beaux principes. Il n'y a aucune entité de suivi ou de vérification liée à ce chapitre.
Autrement dit, laissons faire les belles sirènes libérales qui se vantent d'avoir fait pousser plus loin la lutte contre la corruption en Ukraine avec ce chapitre. Cela clôt le portrait des chapitres modifiés et des nouveaux chapitres.
Maintenant, il y a des effets qui peuvent être prévisibles et qui nous poussent à appuyer le principe de cet accord. Même si le commerce entre le Canada et l'Ukraine a augmenté du tiers depuis la conclusion de l'accord de 2017, l'Ukraine demeure un partenaire commercial marginal pour le Canada. En 2022, la valeur des exportations des marchandises du Canada vers l'Ukraine a atteint 150,2 millions de dollars, ce qui veut dire 0,02 % des 760 milliards de dollars en exportations canadiennes l'an dernier, et ce, même dans le contexte d'un pays en guerre. Les trois principaux produits exportés vers l'Ukraine ont été les véhicules et les pièces automobiles, le poisson et les fruits de mer, ainsi que les produits pharmaceutiques. Toujours en 2022, les importations de marchandises en provenance de l'Ukraine se sont chiffrées à 271,2 millions de dollars, soit 0,04 % des 780 milliards de dollars en importations canadiennes. Les principales importations du Canada en provenance de l'Ukraine ont été les huiles et les graisses animales et végétales, le fer et l'acier, et les machines et les équipements électriques.
L'impact commercial de ce nouvel accord sera donc marginal, d'autant plus que la majorité des biens et services s'échangeait déjà librement parce que, jusqu'à preuve du contraire, tout comme l'Ukraine, nous sommes toujours dans l'Organisation mondiale du commerce. Cet accord va cependant apporter une prévisibilité plus grande que l'accord précédent, celui de 2017, ce qui devrait faciliter les affaires.
Notons que l'accord de 2023 devance d'un an l'accès garanti au marché ukrainien pour 20 000 tonnes métriques de porc canadien, une production importante du Québec. Ainsi, les producteurs de porc peuvent être satisfaits de ces dispositions. Notons aussi que le chapitre sur les marchés publics risque de devenir très important dans le contexte de la reconstruction postguerre en Ukraine, en particulier pour les firmes de génie québécoises. Certaines sont très performantes à l'international. Elles pourraient être mises à contribution dans la reconstruction des infrastructures du pays. Pensons aux barrages, domaine dans lequel nous jouissons d'une expertise reconnue internationalement.
J'en arrive cependant maintenant à nos bémols. Comme d'habitude, le principal, c'est celui de la transparence. La capacité pour le Parlement de modifier le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui est assez limitée. Les amendements ne peuvent concerner que le projet de loi et ne peuvent pas toucher le traité lui-même. Cette limitation du pouvoir du Parlement n'est pas propre à l'accord Canada-Ukraine,parce que, en matière de traités internationaux, les élus du peuple ici, à la Chambre, une Chambre de culture monarchique, sont très peu impliqués. Leurs pouvoirs se limitent à dire « oui » ou « non » à ce que le gouvernement a conclu. Nous avons cela devant nous et nous ne pouvons à peu près rien faire. Nous ne pourrions pas dire d'améliorer tel point ou dire que nous sommes pour ou contre tel point. Cela n'est pas possible. Nous nous limitons à ne pas pouvoir influer sérieusement sur le contenu des accords. De même, alors que les provinces ont l'autorité de mettre en œuvre les dispositions du traité qui touchent leurs champs de compétence, elles ne sont pas non plus réellement impliquées dans les négociations, contrairement à ce qu'on voit par exemple en Europe, où les États membres jouent un rôle central. Même si le traité se conclut avec l'Union européenne, on passe généralement par les Parlements des États membres.
Encore une fois, ces carences démocratiques ne sont pas propres à l'accord Canada-Ukraine. C'est l'ensemble de la pratique canadienne en matière de conclusion des traités qui doit être revue. Quel que soit l'enjeu ou quelle que soit la couleur du gouvernement, les gouvernements n'apprécient guère que les opposants scrutent de trop près leurs agissements. Dans le domaine des accords commerciaux, le secret est de mise. Le Canada témoigne d'une profonde tradition monarchique, gardant dans l'ombre les accords qu'il signe de peur qu'ils ne périssent comme des vampires lorsqu'ils sont au soleil. En ma qualité de député, j'ai malheureusement pu en faire l'expérience personnelle. En novembre et en décembre 2020, au Comité permanent du commerce international, nous avons été contraints d'étudier l'Accord de libre-échange Canada-Royaume‑Uni sans en avoir le texte. Dans le cadre de cette pièce de théâtre absurde, nous assistions à des témoignages de personnes, d'experts et de groupes qui nous parlaient d'un accord dont ils ignoraient le contenu et la teneur, tout comme nous, les élus.
Pourtant, lors de la création du ministère canadien des Affaires étrangères en 1909, il était prévu que le ministre fasse un rapport annuel au Parlement des activités du ministère. Cela comportait donc logiquement un état des lieux concernant les discussions et les engagements du Canada à l'international.
En 1995, alors que la mondialisation était en plein essor, on a modifié la loi sur le ministère pour donner davantage le champ libre au ministre en lui octroyant la compétence en matière de commerce international au détriment de l’institution parlementaire. L’obligation de présenter un rapport annuel a été supprimée. Un Parlement digne de ce nom devrait se doter de procédures visant à augmenter le niveau de contrôle démocratique exercé sur les accords. Le Bloc québécois a déposé sept projets de loi en ce sens entre 1999 et 2004.
L’autre irritant dans cet accord, c’est celui du règlement des différends entre investisseurs et États. Il y en a un là-dedans. C’est un dispositif qui permet aux multinationales étrangères, aux investisseurs étrangers de poursuivre en justice un État si une politique mise en place nuit à sa capacité à faire du profit. C’est extrêmement grave. Ces règlements étaient généralisés dans les accords quand cela pleuvait dans les années du néolibéralisme agressif triomphant, mais c’est très grave que le Canada continue de s’entêter à accepter, négocier et encourager des accords de la sorte.
Rappelons quand même certaines choses à ce sujet. Ce sont des clauses qui ont permis à des multinationales de poursuivre des États pour des augmentations de salaire minimum, des mesures environnementales, des taxes sur les boissons gazeuses visant à contrer les épidémies d’obésité dans certains pays et des moratoires sur des forages. Ce sont des clauses de protection, un outil légal à la disposition des investisseurs étrangers pour neutraliser la capacité d’agir de l’État en laissant planer au-dessus de lui la menace perpétuelle de recours judiciaires par les entreprises étrangères. C’est une menace aux souverainetés nationales. Cela rend de plus en plus ardu pour un État de légiférer sur des questions qui sont liées par exemple à la justice sociale, à l’environnement, aux conditions de travail et à la santé publique si une compagnie transnationale se croit lésée dans son droit au profit. C’est une censure de la volonté démocratique.
Selon un rapport de l’ONU datant de 2013, les États ont gagné ces poursuites dans 42 % des cas contre 31 % des cas pour les entreprises. Pour les différends restants, il y a eu un règlement à l’amiable. Cela veut donc dire que les poursuivants ont pu faire reculer la volonté politique des États, en partie lors d’ententes ou en totalité lors de victoires de leur part, dans 58 % des cas. C’est une donnée quantitative qui néglige par contre un facteur important, soit la pression que les clauses de protection des investisseurs font peser sur les États. Ces derniers renoncent d'emblée à certaines politiques en amont dans la procédure de discussion et de prise de décision pour éviter les poursuites. Ils s'autocensurent par crainte de se retrouver devant les tribunaux.
Un rapport de la Direction générale des politiques externes de l’Union européenne affirmait d’ailleurs en 2014 que ces mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États avaient effectivement un effet dissuasif sur les politiques publiques. Je rappelle que c'est le combat du Bloc québécois. En 2021, j’ai déposé une motion qui a mené mon comité à entreprendre une étude sur les conséquences de ces mécanismes. Lors de notre dernier congrès, nous avons inscrit dans notre programme l'opposition à ces mécanismes.
Après une crise sanitaire, rien ne justifie que le Canada s’obstine à encore appuyer de telles dispositions, d’autant plus que cela avait été retiré de l’Accord Canada—États‑Unis—Mexique, ou ACEUM. C’était dans l’ALENA, mais cela a été retiré de l’ACEUM. Pourquoi encore défendre la souveraineté des multinationales et le droit au profit plutôt que les droits démocratiques et la souveraineté des États?
Dans le cas précis de l’Ukraine, précisons tout d’abord que ce sera un État assez fragile post-guerre. Même s’il y a des opportunités pour les entreprises québécoises et canadiennes, veut-on coloniser ce pays avec un tel mécanisme qui ferait que l’Ukraine se sentirait gênée et qu'elle se sentirait rassurée d’adopter certaines mesures parce qu’elle aurait peur des contrecoups des entreprises canadiennes et québécoises qui voudraient faire du profit?
D’un autre côté, le fait de permettre à une entreprise de poursuivre directement un pays étranger sans obtenir le consentement de son pays d’origine pourrait avoir des conséquences sur nous. Dans le cas de l’Ukraine, on sait qu’elle a sanctionné plusieurs de ses propres citoyens parce qu’ils collaboraient avec la Russie. Ces sanctions pouvaient aller jusqu’à la saisie de leurs biens. Si ces citoyens ukrainiens qui collaboraient avec la Russie ont aussi des investissements chez nous et qu’Ottawa décide d’imiter le gouvernement ukrainien en saisissant leurs biens, il s’expose à une poursuite pour expropriation discriminatoire en vertu du mécanisme de l’accord.
Je conclurai donc en invitant le gouvernement à y aller d'un échange de lettres advenant l'adoption de cet accord pour qu'on mette fin à cette disposition qui est dangereuse et unique.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui porte sur le nouvel accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine. Ce projet de loi moderniserait l'accord conclu en 2017. Comme on le sait, beaucoup de choses se sont produites au cours des six dernières années.
D'abord, j'aimerais parler un peu de l'accord initial, puisqu'il forme l'essentiel de celui que nous étudions présentement, puis j'aborderai certaines des modifications énoncées dans le projet de loi . Je terminerai par quelques observations concernant la façon dont les accords de libre-échange sont présentés au Parlement, car il est important qu'ils y soient débattus comme ils le méritent.
Le NPD est très favorable aux accords de libre-échange. Malgré ce qu'en disent les chahuteurs de part et d'autre de la Chambre chaque fois que nous y débattons d'un accord de libre-échange, le NPD ne s'oppose pas toujours aux accords de libre-échange. Nous en avons appuyé dans le passé et avons voté pour l'accord de libre-échange avec l'Ukraine lorsqu'il a été présenté. Notre principale réserve à l'égard de tels accords, c'est qu'ils doivent être conçus pour protéger les emplois canadiens et en créer de nouveaux, pour préserver la capacité de tous les ordres de gouvernement de protéger l'environnement, et pour favoriser le bien-être des citoyens canadiens. Les profits réalisés par les entreprises canadiennes ne doivent pas être la seule mesure du succès d'un accord de libre-échange. Il faut également tenir compte de la qualité des conventions collectives des travailleurs, tant au Canada qu'au sein du pays partenaire, et de la qualité des lois qui régissent l'environnement et les droits de la personne dans les deux pays.
Ces accords doivent bénéficier à la population des deux pays signataires. Je dois dire que cet accord avec l'Ukraine et le projet de loi dont nous sommes saisis, qui en prévoit la mise en œuvre, semblent très prometteurs à cet égard. Le Canada et l'Ukraine entretiennent des liens d'amitié spéciaux. En fait, en 1991, quand l'Ukraine a déclaré son indépendance de l'Union soviétique, le Canada a été le premier pays occidental à reconnaître l'Ukraine. Aujourd'hui, le Canada compte plus de 1,3 million de citoyens d'ascendance ukrainienne qui sont très fiers de leur patrimoine et de leurs traditions culturelles.
Le Canada a toujours soutenu les efforts de développement et de réforme de l'Ukraine, et a notamment fourni plus de 460 millions de dollars en aide internationale entre 2014 et 2021. Il va sans dire que le Canada et les Canadiens appuient vigoureusement la cause de l'Ukraine depuis l'invasion par la Russie en février 2022. Depuis, le Canada a consenti à l'Ukraine plus de 8,9 milliards de dollars en aide financière, notamment pour le développement, le soutien humanitaire, la sécurité militaire, la stabilisation et l'immigration.
En ce qui concerne le commerce, le Canada a émis des décrets de remise pour libéraliser temporairement le commerce avec l'Ukraine, ce qui a permis aux produits soumis à la gestion de l'offre, comme la volaille, d'entrer au Canada. Certaines inquiétudes concernant ces décrets de remise ont été soulevées devant les comités du commerce international et de l'agriculture, mais je pense qu'il est juste de dire que les Canadiens sont heureux d'aider l'Ukraine de quelque manière que ce soit en cette période sombre.
J'aimerais revenir un peu en arrière et passer un peu de temps à parler de l'accord initial. Je remercie Tracey Ramsey, l'ancienne députée d'Essex, qui était porte-parole du NPD en matière de commerce international lorsque le premier accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine a été débattu et est entré en vigueur. Mme Ramsey était et demeure une ardente défenseure des travailleurs canadiens et elle prenait son rôle très au sérieux. Elle a recommandé au NPD d'appuyer le premier accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine parce qu'il respectait les principes fondamentaux dont j'ai parlé précédemment.
Les relations commerciales entre le Canada et l'Ukraine sont relativement modestes. L'Ukraine représente moins de 1 % du total des exportations mondiales du Canada. Après la signature de l'accord commercial initial, les exportations canadiennes de produits autres que le charbon vers l'Ukraine ont augmenté de 28,5 % entre 2016 et 2019. Les échanges commerciaux ont atteint un sommet historique de 447 millions de dollars en 2021, quoique ce chiffre ait évidemment diminué en 2022 en raison de l'invasion illégale.
L'accord de libre-échange initial a éliminé la plupart des droits de douane sur les produits canadiens importés en Ukraine et sur les produits ukrainiens importés au Canada. Les exportateurs canadiens ont très bien accueilli l'accord. Parmi les produits canadiens qui bénéficient de l'accord de libre-échange, mentionnons le fer, l'acier, la machinerie industrielle, les légumineuses, l'huile de canola, le poisson et les fruits de mer.
L'accord de libre-échange initial comprenait un mécanisme de règlement des différends entre États, mais il ne comprenait pas de dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et États. Il est important de souligner que ces dispositions existaient déjà avant l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange parce que, en 1995, le Canada et l'Ukraine ont conclu l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers, qui comprenait ce genre de dispositions investisseur-État.
En général, le NPD n'aime pas ces dispositions parce qu'elles permettent carrément aux sociétés étrangères de dire à tous les ordres de gouvernement au Canada comment ils devraient protéger leur environnement ou leur population. Nous estimons que les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et États portent atteinte à notre souveraineté et qu'elles n'ont pas leur place dans un accord de libre-échange avec des pays étrangers. Nous sommes heureux de constater que le nouvel Accord Canada—États‑Unis—Mexique n'en contient pas. De telles dispositions figurent à la fois dans l'accord commercial entre le Canada et l'Europe et l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste. Nous croyons que les investisseurs étrangers devraient être obligés de s'adresser aux tribunaux nationaux avant de pouvoir recourir à un tribunal spécial où ils peuvent poursuivre nos gouvernements, et que cela devrait se faire d'État à État.
Les néo-démocrates analysent les accords commerciaux dans leur ensemble. Comme je l'ai dit, nous avons appuyé des accords commerciaux dans le passé, notamment l'accord avec l'Ukraine et celui avec la Corée du Sud.
Le premier Accord de libre-échange Canada-Ukraine est entré en vigueur en 2017. Il contient une disposition prévoyant une révision dans les deux ans suivant son entrée en vigueur en vue de l'élargir, et c'est ce qui est arrivé. En 2019, le Canada et l'Ukraine ont convenu de moderniser l'accord de libre-échange et d'en élargir la portée. Il y a eu des consultations publiques à l'hiver 2020, mais le Parlement du Canada ne semble pas y avoir participé. J'y reviendrai plus tard.
Les représentants canadiens et ukrainiens ont mené les négociations de mai 2022 à avril 2023. Le nouvel accord comprend davantage de sections sur un plus vaste éventail de services et d'entreprises. Il couvre les services professionnels comme les services d'ingénierie, les services juridiques, les services informatiques et les services de télécommunications. Il couvre les investissements et traite l'admission temporaire des gens d'affaires. D'autres sections favorisent des interactions de portée plus générale en matière de commerce. Ces sections figurent dans d'autres accords de libre-échange que le Canada a conclus avec d'autres pays, et nous nous en réjouissons.
L'accord contient aussi une section actualisée sur l'environnement, qui est assujettie aux mécanismes de règlement des différends, et qui vise à éviter que les parties n'abaissent les niveaux de protection environnementale dans le but de favoriser le commerce ou d'attirer des investisseurs. Encore une fois, c'est évidemment un élément important des accords commerciaux. Les accords commerciaux doivent améliorer le niveau de vie des résidants des deux pays sur les plans commercial et financier, mais aussi en ce qui a trait à l'environnement, aux droits de la personne et aux conditions de travail.
Le projet de loi prévoit des modifications au chapitre sur le travail, qui fait, encore une fois, l'objet de dispositions sur le règlement des différends. Il vise à améliorer les normes en matière de travail et les conditions de travail dans les deux pays.
Comme je l'ai dit, le NPD appuie généralement ce genre d'accord de libre-échange. Que nous soutenions ou non le projet de loi, je tiens à souligner que, malheureusement, il n'a été déposé que mardi dernier et que je n'ai pas eu le temps de le soumettre à la discussion du caucus néo-démocrate, qui se réunit le mercredi, comme nous le savons tous. Il s'agit d'un accord important et complexe, et le caucus néo-démocrate aime discuter de tous les projets de loi avant de décider d'y accorder son appui.
Nous sommes d'avis que le Parlement devrait avoir son mot à dire avant le début de négociations commerciales. Il est également important de donner à la Chambre, après la signature des traités, un préavis suffisant avant leur ratification. Le gouvernement s'est plié à cette politique lorsqu'il a présenté l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine initial. Le gouvernement a déposé la loi habilitante, accompagnée d'un mémoire explicatif et d'une copie de la version définitive de l'évaluation environnementale 21 jours de séance après la présentation du traité. En revanche, le gouvernement n'a suivi aucune des procédures normales lorsqu'il a présenté l'Accord entre le Canada et l’Union européenne. Nous étions heureux de voir le gouvernement se conformer à ces procédures quand le premier Accord de libre-échange Canada-Ukraine a été présenté, mais il semble avoir oublié cette politique avec ce nouvel accord.
Lorsque le gouvernement a négocié l'Accord entre le Canada et l’Union européenne et l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, les Canadiens n'ont pas su ce qui faisait l'objet de négociation. Lorsque nous l'avons enfin su, l'accord était déjà finalisé, et le gouvernement a dit qu'il était impossible de changer quoi que ce soit à ce stade. Il n'est pas déraisonnable de demander à donner notre avis au sujet de politiques importantes comme celles-là. Le Congrès américain dispose du droit et de la possibilité de débattre des priorités des États‑Unis avant d'entamer des négociations sur le libre-échange.
En décembre 2019, le député d' a écrit une lettre à la ministre du Commerce international, qui est maintenant , au sujet de la transparence des négociations entourant le nouvel accord commercial entre le Canada, les États‑Unis et le Mexique. En réponse à cette lettre, la ministre a accepté, le 19 février 2020, de modifier la politique sur le dépôt des traités devant le Parlement pour exiger:
[...] qu'un avis d'intention d'entamer des négociations en vue d'un nouvel accord de libre-échange soit déposé devant la Chambre des communes au moins 90 jours civils avant le commencement de telles négociations. Dans le cadre des procédures parlementaires normales, l'avis d'intention serait renvoyé au [comité du commerce international].
[...] que les objectifs des négociations en vue d'un nouvel accord de libre-échange soient déposés devant la Chambre des communes au moins 30 jours civils avant le commencement de telles négociations. Dans le cadre des procédures parlementaires normales, ces objectifs seraient renvoyés au [comité du commerce international].
Comme je l'ai mentionné, des discussions ont eu lieu avec certains intervenants au sujet de la portée des modifications apportées à cet accord de libre-échange à l'hiver 2020, mais, à ma connaissance — nous avons fait des recherches à ce sujet —, ces éléments n'ont jamais été renvoyés au comité du commerce international ni déposés devant la Chambre.
Le gouvernement semble également avoir enfreint les politiques habituelles en matière de présentation des projets de loi de mise en œuvre d'accords de libre-échange et d'autres traités. Il devrait y avoir 21 jours de séance entre le dépôt des traités et le dépôt du projet de loi, ce qui ne s'est pas produit dans le cas de cet accord. De plus, comme je l'ai mentionné, la ministre a présenté ce projet de loi mardi dernier, et nous en débattons aujourd'hui. Il s'agit d'un projet de loi volumineux et complexe. Les partis de l'opposition n'ont pas eu l'occasion d'en discuter au sein de leur caucus mercredi dernier.
En conclusion, le NPD est très favorable au libre-échange. Nous avons appuyé la version originale de cet accord avec l'Ukraine, et nous discuterons de ce nouveau projet de loi au sein de notre caucus mercredi. J'exhorte la ministre et le gouvernement à suivre les politiques habituelles sur la façon de présenter des traités et de mettre en œuvre des mesures législatives au Parlement. Il ne s'agit pas là d'un enjeu mineur, mais d'un enjeu important parce qu'il porte sur la façon dont les Canadiens s'attendent à ce que nous, ici à la Chambre, demandions des comptes au gouvernement.
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Monsieur le Président, j'aimerais revenir sur la dernière question et y répondre, car elle soulève un aspect qu'il est important de prendre en considération selon moi. Ce qu'il faut retenir par-dessus tout, c'est le principe des accords commerciaux, et à quel point le commerce international est avantageux pour le Canada.
Nous sommes certainement un pays commerçant. La pleine exploitation du potentiel d'avenir du Canada dépend fortement du commerce international. Il suffit de regarder l'incidence de ce dernier sur les Canadiens, quel que soit la province, le territoire ou la ville où ils habitent. Le commerce international nous touche tous. Nous savons à quel point il est important de créer des emplois de qualité pour les Canadiens de la classe moyenne, et de tels accords permettront d'en créer beaucoup.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement met l'accent sur l'intérêt des Canadiens de la classe moyenne et de ceux qui aspirent à en faire partie. C'est sa priorité. Or, pour favoriser la création d'emplois, il faut nécessairement favoriser le commerce. Voilà pourquoi, comme je l'ai dit dans ma question tout à l'heure, de toute l'histoire du Canada, aucun gouvernement n'a signé plus d'accords commerciaux que le et le gouvernement actuels.
Contrairement à ce que le député a tenté d'insinuer dans sa question, on ne peut pas changer l'histoire. Voilà la réalité. Nous reconnaissons tous la valeur du commerce international et la façon dont il nous aide tous parce que nous en avons vu les résultats, c'est-à-dire la croissance économique. Avant la pandémie, nous avions déjà dépassé le million d'emplois supplémentaires. C'était grâce au type de politiques économiques qui ont été élaborées et mises en œuvre ici, au Canada. Cela a eu un effet positif.
L'accord initial avec l'Ukraine a été l'un des premiers à être signé. Je crois que c'est le et la qui se sont rendus en Ukraine et qui ont signé l'accord. Quelques années plus tard, le président Zelensky et le premier ministre se sont rencontrés et ils ont discuté de l'importance de moderniser cet accord. À leur avis, il y avait plusieurs choses à faire pour l'améliorer.
De sérieuses négociations ont eu lieu, comme je l’ai mentionné précédemment. Notre pays est très privilégié d’avoir pu conclure un si grand nombre d’accords et de protocoles d’entente avec nos collaborateurs. Notre pays peut compter sur une équipe d’excellents négociateurs qui défendent l'intérêt fondamental du Canada. Je dirais même qu’ils n’ont leur pareil nulle part ailleurs. Nos négociateurs travaillent sans relâche et ils nous ont permis de conclure de nombreux accords.
Les députés veulent avoir l’heure juste sur la situation par rapport à telle ou telle région, ou encore sur la position de la Chambre des communes. Je soupçonne que, que ce soit dans le cadre de débats sur des accords antérieurs ou non, les échanges et les discussions avec les nombreux intervenants — municipalités, provinces, peuples autochtones ou autres — qui précèdent les négociations donnent une très bonne idée de ce qui pourrait fonctionner pour notre pays.
Au final, on peut dire que les faits sont éloquents. Il n’y a qu’à faire le compte de tous les accords signés entre le Canada et d’autres pays. Aucun autre pays — pas même les États‑Unis — ne bénéficie d’un aussi grand accès au monde entier que le Canada grâce à ses accords officiels. Nous avons agi de manière audacieuse pour conclure ces accords parce que nous reconnaissons à quel point les avantages sont nombreux pour tous les Canadiens.
Parmi ces avantages, je signale notamment l'accroissement du niveau de vie des Canadiens et la création de milliers d'emplois pour la classe moyenne, qui génère des recettes permettant au gouvernement d'offrir de bons programmes. C'est là-dessus que le gouvernement axe ses efforts.
En ce qui concerne l'accord à l'étude aujourd'hui, je suis sensible aux observations sur la consultation avant la signature. Pourquoi nous demande-t-on de donner ou de refuser notre appui en répondant à une question?
Il est important de reconnaître le processus par lequel les négociations ont lieu. Le ne peut pas prendre un document, s'asseoir avec le président de l'Ukraine et dire qu'il s'agit de l'accord conclu par nos négociateurs et que nous avons recueilli les commentaires de centaines, sinon des milliers, d'intervenants, qui l'approuvent maintenant, tout comme nous ne nous attendrions pas à ce que le Parlement ukrainien tente de modifier l'accord. C'est ainsi que cela fonctionne depuis un certain temps, et avec succès.
Certains députés ont dit souhaiter voir quelques changements. Examinons la situation sous un angle différent. Je me trompe peut-être, mais si ma mémoire est bonne, c'est peut-être la première fois de l'histoire moderne qu'un accord commercial est conclu lorsque l'un des pays est en guerre. L'Ukraine est actuellement aux prises avec de nombreux problèmes, mais elle reconnaît à quel point il est primordial de moderniser cet accord commercial.
Le fait qu'un pays en guerre se tourne vers le Canada, qui est un ami très cher de l'Ukraine, pour lui dire combien il est important de moderniser cet accord commercial en dit long. C'est ce que le président de l'Ukraine a fait comprendre au premier ministre de notre pays. L'accord modernisé a été signé le mois dernier, en septembre. Il y a tant d'autres problèmes auxquels nous devons faire face. Combien de fois est-ce que je prends la parole à la Chambre pour parler des répercussions de l’inflation, de la façon dont elle nuit aux Canadiens, de la question des taux d’intérêt et de tant d’autres enjeux? Le gouvernement reconnaît à quel point il est important de continuer à faire progresser, de manière tangible, ce projet de loi portant mise en œuvre de l'accord entre le Canada et l'Ukraine. Si l'on considère que l'Ukraine est en guerre, et qu'on tient compte de nos négociations antérieures et des réalisations qui ont été rendues possibles grâce aux accords commerciaux, en particulier l'accord commercial avec l'Ukraine, je pense qu'on peut affirmer à juste titre qu'il n'y a absolument rien de mal à permettre, au moins, le renvoi du projet de loi au comité.
Je sais bien qu'il s'agit du premier jour de débat à l'étape de la deuxième lecture de ce projet de loi, mais ce qui m'inquiète, c'est que le porte-parole des conservateurs, en particulier, a affirmé que son parti voulait un débat en profondeur, mais sans préciser la durée du débat qui serait acceptable. J'espère que les conservateurs en particulier ne se serviront pas de la Chambre et de tactiques dilatoires pour faire obstruction à ce projet de loi.
Autant en Ukraine qu'au Canada, les intervenants comprennent la valeur de l'adoption d'une telle mesure. Personnellement, je voudrais que le projet de loi soit renvoyé au Sénat avant Noël, parce qu'il doit aussi être adopté par le Sénat, et ce n'est pas un souhait déraisonnable.
Je veux souligner une chose. Nous parlons tous de ce qui se passe en Ukraine présentement et de l'invasion illégale de son territoire souverain par la Russie. Nous avons ici l'occasion d'envoyer un message très puissant en faisant confiance aux négociateurs canadiens. Les députés ont en main un exemplaire de l'accord.
Même les néo-démocrates ont voté en faveur de l'accord commercial initial avec l'Ukraine. En tant que Chambre, nous pouvons collectivement envoyer un message très clair à l'Europe et à l'Ukraine en déclarant que le Canada soutiendra l'Ukraine de façon très concrète. Cet accord commercial permettrait d'accroître le commerce économique entre les deux nations. Il permettrait d'élargir l'éventail des services et des biens. Il mettrait en place des mécanismes de règlement des différends.
L'Ukraine l'emportera sur la Russie. Lorsque cela se produira, elle aura besoin de voir ses alliés à la table des négociations. Le Canada sera là. C'est l'une des façons dont nous pouvons être présents de manière concrète. C'est pourquoi je suggère que nous traitions le projet de loi de la même manière que nous avons traité le premier accord et que nous l'adoptions assez rapidement.