:
Madame la Présidente, je propose que le premier rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présenté à la Chambre le mercredi 2 février 2022, soit agréé.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je voudrais que la Chambre adopte le rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, qui porte sur la capacité de transformation alimentaire au Canada et qui met l'accent sur la sécurité alimentaire. Je crois que le rapport contient des informations très pertinentes et j'encourage tous les députés à prendre le temps de le lire s'ils ne l'ont pas déjà fait.
Des éléments du rapport qui me semblent intéressants portent sur les changements rapides. Par exemple, un passage de la réponse du gouvernement à notre rapport dit ceci: « Le gouvernement reconnaît que le Rapport insiste sur l’importance de garantir l’accès à un approvisionnement alimentaire pour les Canadiens [...] » Or, le budget de 2019 disait ceci: « [Un] ménage canadien sur huit éprouve actuellement une insécurité alimentaire, c’est-à-dire que ces ménages n’ont pas un accès fiable à une quantité suffisante d’aliments abordables, nutritifs et adaptés sur le plan culturel. »
C'était en 2019, et nous sommes en 2023. Aujourd'hui, ce n'est plus un Canadien sur huit, mais bien un Canadien sur cinq qui saute des repas parce qu'il n'a pas les moyens de bien se nourrir avec des aliments nutritifs et sains produits au Canada. Je pense que cette statistique que je porte à l'attention de tous nous montre l'effet dévastateur que les politiques du gouvernement libéral ont eu sur les Canadiens ordinaires, qui essaient simplement de nourrir leur famille, de joindre les deux bouts, de payer leurs factures et de poursuivre leur vie.
Ce rapport met l'accent sur la sécurité alimentaire ou, plus précisément, sur l'insécurité alimentaire, et c'est la raison pour laquelle je tiens à le mettre en lumière aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de revenir au débat que nous avons eu hier concernant le projet de loi , une mesure législative conservatrice faisant appel au gros bon sens qui améliorerait la sécurité alimentaire des Canadiens. Cela rendrait l'agriculture plus abordable pour les Canadiens, ce qui était un point essentiel de cette étude.
Cependant, ce qui n’a pas été inclus dans l’étude, et que je tiens à souligner également, c’est qu'à l’époque, nous n’avions pas de données définitives concernant les répercussions de la taxe sur le carbone sur l’agriculture canadienne. Par exemple, le directeur parlementaire du budget nous indique que le projet de loi permettrait aux agriculteurs canadiens d'économiser près de 1 milliard de dollars d'ici 2030. Le rapport sur lequel nous nous penchons maintenant parle de sécurité alimentaire. Son contenu aurait été très utile pour analyser la question et formuler des recommandations, sans oublier les répercussions que la taxe sur le carbone peut avoir sur les exploitations agricoles canadiennes et sur leur capacité de fournir aux Canadiens des aliments nutritifs et abordables à mettre dans leur assiette.
Le rapport souligne l'importance de tirer parti de l'innovation et de la technologie pour que l'agriculture canadienne moderne puisse répondre à la demande et assumer ses responsabilités. Encore une fois, avec le projet de loi , nous soulignons l'absence de solution viable sur le marché pour remplacer le gaz et le propane dont les agriculteurs de l'ensemble du pays ont besoin pour chauffer et refroidir leurs bâtiments d'élevage et pour sécher leurs grains. Lorsque je parle du rapport du directeur parlementaire du budget et de la somme de près de 1 milliard de dollars que le projet de loi ferait économiser aux agriculteurs canadiens en leur accordant une exonération de la taxe sur le carbone, je parle seulement du gaz naturel et du propane.
Paradoxalement, une exemption existe déjà pour l'essence et le diésel, alors le projet de loi vise en fait à corriger une erreur qui, selon moi, a été commise par inadvertance lorsque le gouvernement libéral a conçu son régime de tarification de la pollution et de lutte contre les changements climatiques en prévoyant une exemption pour l'essence et le diésel, mais pas pour le gaz naturel et le propane. Selon moi, lorsque les libéraux ont élaboré leur régime de tarification de la pollution, ou leur taxe sur le carbone, ils n'ont pas inclus le gaz naturel et le propane simplement parce qu'ils n'étaient pas bien au fait de la réalité des agriculteurs et des sources d'énergie dont le secteur agricole a besoin au quotidien.
Ce rapport souligne l'importance de la technologie et de l'innovation. Les agriculteurs le démontrent tous les jours en veillant à ce que leurs bâtiments agricoles et leurs bâtiments d'élevage soient aussi écoénergétiques et technologiquement perfectionnés que possible. D'ailleurs, parmi les familles d'agriculteurs qui étaient ici la semaine dernière, qui ont rencontré des députés et qui ont participé à une sorte de rassemblement sur la Colline et au Sénat, l'une d'entre elles vient de construire un nouveau poulailler ultramoderne dans le Sud de l'Alberta, au coût de plus de 3 millions de dollars, mais qui est alimenté au gaz naturel parce qu'il n'y a pas d'autre option dans les régions rurales de l'Alberta. Même si cette famille utilise un combustible très propre, elle a dû payer 180 000 $ l'année dernière juste pour chauffer et climatiser ce bâtiment. Une fois que le aura quadruplé sa taxe sur le carbone, cette famille paiera 480 000 $ par année juste pour chauffer et climatiser ce même bâtiment.
J'ai en main cette étude dans laquelle le gouvernement fournit ses réponses sur l'importance de la sécurité alimentaire. Je me demande si nous ne devrions pas mettre à jour cette étude, car je ne vois pas comment nous pouvons parler de sécurité alimentaire si les agriculteurs n'arrivent même pas à se maintenir à flot.
L'éleveur qui s'est doté d'un nouveau poulailler m'a confié qu'il n'aurait pas les moyens de payer des taxes plus élevées. Il n'a que deux choix. Un de ces choix est de trouver un moyen quelconque de refiler les coûts supplémentaires au consommateur. Encore une fois, cela soulève la question de la sécurité alimentaire, alors que les Canadiens doivent déjà subir une inflation record dans le secteur de l'alimentation. Les prix ne feront qu'augmenter avec les hausses de la taxe sur le carbone. L'autre choix serait de mettre fin à ses activités, de mettre la clé sous la porte et de fermer son exploitation agricole, ce qui, encore là, aurait un impact sur le prix des aliments parce que la réduction de l'offre entraîne de hausses de prix dans les rayons des épiceries.
Un autre élément intéressant de cette étude est qu'elle mentionne une préoccupation soulevée par M. Charlebois, professeur dans le domaine de l'alimentation est des chaînes d'approvisionnement à l'Université Dalhousie. Il a indiqué qu'un certain nombre d'entreprises canadiennes du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire avaient arrêté d'investir au Canada et fermaient des installations au Canada. Il a dit ceci: « Elles quittent maintenant le pays parce qu'elles ne peuvent capitaliser aucun projet en raison de l'augmentation des droits. L'environnement concurrentiel du Canada n'est pas [...] attrayant. »
À cause des taxes sur le carbone, des tracasseries administratives et de la bureaucratie dont il est fait état dans cette étude, on voit des exploitations agricoles canadiennes forcées de déclarer faillite ou de fermer et des entreprises du secteur agroalimentaire quitter le Canada pour des endroits plus favorables aux entreprises. Comme on le disait lorsqu'on parlait du projet de loi , le résultat est que la taxe sur le carbone du gouvernement force des entreprises à fermer et les Canadiens à acheter des aliments importés de l'étranger. Cela cause deux problèmes. Premièrement, transporter des tomates ou des champignons, par exemple, du Mexique au Sud de l'Ontario, ou des fruits et légumes de la Californie au Québec, à l'Alberta ou à la Saskatchewan, laisse une importante empreinte carbonique. Deuxièmement, les produits de l'étranger ne respectent pas les mêmes normes environnementales que celles que nous avons au Canada. Quand on voit qu'il coûte moins cher de faire venir des aliments du Mexique, du Brésil ou du Venezuela alors qu'on pourrait les produire ici même, il y a un vrai problème.
Je voulais expliquer certains éléments de ce rapport et montrer sa pertinence en lien avec notre discussion d'hier sur le projet de loi . Lorsque cette étude a été publiée, un Canadien sur huit était aux prises avec l'insécurité alimentaire. Quatre ans plus tard, c'est un sur cinq.
:
Madame la Présidente, je suis ici aujourd'hui pour débattre de l'adoption du rapport sur le renforcement de la capacité de transformation alimentaire du Canada afin d'assurer la sécurité alimentaire et les exportations.
Je suis fière d'être membre du comité de l'agriculture. Les membres de ce comité travaillent très bien ensemble, et il s'agit d'une étude que nous avons réalisée durant la pandémie. Nous avons entendu de nombreuses personnes d'un peu partout au pays nous parler des difficultés de notre secteur agricole. Pendant la crise de la COVID, j'ai pu me rendre un peu partout au Canada pour constater de mes propres yeux les difficultés que nos transformateurs doivent surmonter. J'ai eu l'occasion de visiter quelques usines de transformation de la viande et j'ai été frappée par la résilience de notre secteur de la transformation agricole. Cependant, les transformateurs ont parfois besoin d'un coup de main. Les capacités de transformation alimentaire de notre pays sont insuffisantes.
Je suis fière de venir d'une région qui produit des fruits et des légumes frais en abondance, et beaucoup de légumes destinés à la transformation. En fait, il y a dans ma circonscription — plus précisément dans le comté de Kent — une entreprise de transformation alimentaire qui transforme les tomates de plein champ. Jusqu'à récemment, il y avait aussi une usine de production de marinades. Malheureusement, les circonstances ont amené cette usine à fermer ses portes. C'est vraiment triste, parce que c'était une entreprise florissante qui employait beaucoup de gens à Wallaceburg. Les propriétaires ont essayé de la garder ouverte, mais, malheureusement, ils n'y sont pas parvenus. Comment expliquer cet échec? Eh bien, ce sont les politiques du gouvernement qui les en ont empêchés.
La betterave à sucre est un autre exemple d'aliment produit dans ma circonscription, dans le Sud-Ouest de l'Ontario, plus précisément dans les comtés de Kent et de Lambton. Cependant, 100 % de la production est expédiée au Michigan pour y être transformée. Que se passe‑t‑il alors? Le tout revient au Canada sous forme de sucre raffiné, et nous payons un supplément pour ce sucre, y compris des droits de douane, même si les betteraves à sucre sont cultivées en Ontario et sont un produit du Canada. J'en parle parce que nous assistons de plus en plus à une perte de capacité de transformation au Canada, que ce soit dans le secteur des aliments frais, de la betterave à sucre ou des oléagineux. J'entends dire, jour après jour, que l'un des principaux obstacles à la compétitivité du Canada est la taxe sur le carbone. Cette taxe fait en sorte qu'il est plus coûteux pour les entreprises de transformation de faire des affaires au Canada.
L'industrie porcine est un autre secteur où nous perdons des possibilités de transformation alimentaire au profit des États-Unis. Il y a une foule de producteurs de porc dans ma circonscription. La majorité de la production porcine est transformée à l'institut Conestoga, à Kitchener, et, jusqu'à tout récemment, chez Olymel, au Québec. Cependant, je le répète, nous ne transformons pas les produits à valeur ajoutée au Canada. Les flancs de porc sont expédiés aux États-Unis; ils sont transformés en bacon, puis importés au Canada, où nous payons un supplément pour ce produit.
On a proposé d'interdire les plastiques pour éliminer les matières plastiques dans l'emballage de tous les fruits et légumes frais. Or, il faut emballer ces produits dans du plastique lors de leur expédition pour maintenir leur qualité. Nous comptons sur d'autres pays pour fournir les deux tiers de nos fruits et légumes frais. Si les aliments ne sont pas emballés dans du plastique lorsqu'ils sont expédiés, il y aura une quantité exorbitante de déchets alimentaires. Qui plus est, nous allons perdre la capacité d'importer des aliments au Canada, ce qui compromettra notre sécurité alimentaire. Il en est question dans le rapport.
La sécurité alimentaire est de la plus haute importance, et si nous interdisons les plastiques dans le secteur des fruits et légumes au Canada, comment allons-nous importer des aliments venant de partout dans le monde pour nourrir les Canadiens? Il s'agit d'une chaîne d'approvisionnement mondiale. Nous ne pouvons pas dicter l'emballage des fruits et légumes. D'autres pays s'occupent de l'emballage, et nous devons nous assurer que le nôtre est uniforme, surtout par rapport à notre principal partenaire commercial, les États‑Unis. Si on interdit les plastiques, cette décision aura de graves conséquences pour notre industrie des fruits et légumes. Elle coûtera plus de 6 milliards de dollars à nos producteurs de fruits et légumes.
Les députés peuvent-ils imaginer quel coup dur ce sera pour la sécurité alimentaire, dans un contexte où il y a déjà des Canadiens qui n'ont pas les moyens de se nourrir? Deux millions de Canadiens ont recours aux banques alimentaires. En Ontario, 800 000 personnes y ont recours. Les aliments coûtent cher en ce moment. Je ne peux pas imaginer à quoi ressembleront les prix quand il faudra soudainement payer 30 % plus cher pour les fruits et légumes frais à l'épicerie. Des familles n'ont déjà pas les moyens de se nourrir. Elles doivent choisir entre le chauffage et l'épicerie. Si le prix des aliments continue de grimper, plus de gens devront fréquenter les banques alimentaires. Une telle situation est inacceptable au Canada.
La taxe sur le carbone rend tout plus cher. Je suis agricultrice et j'entends constamment à la Chambre des députés ministériels dire que les agriculteurs ne paient pas de taxe sur le carbone. C'est faux. Oui, le carburant nécessaire à certaines de leurs activités agricoles est exempté de taxe. Je pense notamment aux tracteurs qu'ils conduisent dans les champs, aux génératrices dont ils se servent pour pomper l'eau dans leur système d'irrigation ou aux véhicules qu'ils utilisent ailleurs que sur la route. Le diésel qui sert à alimenter ces appareils est exempt de taxe. Toutefois, lorsque je traverse la campagne pour me rendre à Ottawa chaque semaine, je vois des agriculteurs qui récoltent le maïs dans leurs champs au moyen d'une moissonneuse-batteuse. Dimanche dernier n'a pas fait exception. La récolte se fait tard dans la saison parce que le temps n'a pas permis au maïs de sécher plus tôt.
Beaucoup d'agriculteurs n'utilisent plus de tracteurs avec remorques pour transporter leur grain des champs jusqu'au silo. Ils utilisent des camions, et le carburant pour les faire fonctionner n'est pas exempt de la taxe sur le carbone. Or, si le carburant pour les camions coûte plus cher, il est certain que l'entreprise de camionnage refile la facture à l'agriculteur. Comme la plupart des agriculteurs sont des preneurs de prix, ils ne peuvent pas nécessairement refiler cette hausse de coût aux consommateurs. Qu'est-ce que cela signifie? Les agriculteurs doivent absorber ces coûts à même leur exploitation agricole, ce qui réduit leurs revenus et, partant, leur capacité de réinvestir afin d'acquérir de l'équipement encore plus moderne et d'assurer la viabilité de leur entreprise. Au lieu de cela, ils doivent payer plus cher pour transporter le grain du champ jusqu'au silo.
Dans ma région, l'automne a été très pluvieux. Les agriculteurs ont dû composer avec de fortes précipitations alors qu'ils tentaient de faire la récolte dans les champs. De plus, le maïs récolté a une très haute teneur en humidité. Les agriculteurs doivent sécher le grain pour pouvoir le conserver dans les silos; ensuite, ce grain servira à l'alimentation animale ou prendra le chemin d'une usine d'éthanol. Pour envoyer le maïs à une usine d'éthanol, il doit atteindre un certain pourcentage d'humidité. Que ce soit pour le maïs, les haricots ou le blé, les agriculteurs doivent se tourner vers le propane et le gaz naturel parce qu'il n'y a pas d'autres solutions viables sur le plan commercial au Canada. S'il y en avait, je suis sûre que les agriculteurs les utiliseraient. Ils me disent que nous n'avons pas le réseau électrique nécessaire pour alimenter un séchoir à grain électrique. Par conséquent, en ce moment, les agriculteurs sont obligés d'utiliser du propane et du gaz naturel. C'est pour cette raison que le projet de loi est extrêmement important. Nous devons adopter ce projet de loi parce que les agriculteurs ont désespérément besoin d'un répit de la taxe sur le carbone. Cette mesure aura un effet immédiat sur le prix des aliments à l'épicerie.
En tant que producteurs de pommes de terre, nous utilisons des camions pour transporter nos pommes de terre du champ à l'usine de lavage. C'est ce que font beaucoup d'agriculteurs de nos jours. Les camions transportent la plupart des récoltes du champ à la ferme aux fins de transformation et les agriculteurs doivent payer la taxe sur le carbone. Il n'y a pas moyen d'y échapper. Par conséquent, les agriculteurs devraient être exemptés de la taxe sur le carbone pour le séchage de leur grain et le chauffage de leurs granges. Ma circonscription compte 23 % des poulets de l'Ontario; j'ai visité ces poulaillers. Pour assurer la survie des animaux, les poulaillers doivent être chauffés en hiver. Comment les chauffe-t-on? Au gaz naturel ou au propane. Il n'y a pas d'autre option commercialement viable.
J'implore le Sénat d'adopter le projet de loi et d'accorder à nos agriculteurs l'allègement fiscal dont ils ont tant besoin. C'est une question de sécurité alimentaire; c'est l'objet du rapport. Nous devons veiller à ce que les agriculteurs d'aujourd'hui et de demain puissent poursuivre leurs activités afin de fournir les aliments dont les Canadiens ont besoin pour se nourrir. Manger est une nécessité et nous devons continuer à pouvoir nourrir les Canadiens et le monde entier avec les aliments canadiens nutritifs.
:
Madame la Présidente, j'ai bien des idées et des réflexions sur le domaine agricole, ce qui ne doit pas vraiment surprendre les députés. Après tout, je viens des Prairies. Je suis né et j'ai grandi dans les Prairies. J'ai vécu au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. Je faisais partie des Forces canadiennes pendant mon séjour en Alberta. J'ai grandi en respectant beaucoup le secteur agricole. Comment peut-on avoir vécu 60 ans dans les Prairies sans être conscient de toute la valeur de notre secteur agricole? Je vais y revenir un peu plus tard.
J'aimerais plutôt me concentrer sur les raisons. J'ai posé la question au député qui a présenté la motion.
En général, les libéraux n'ont aucune réticence à discuter du monde agricole. Nous sommes conscients de l'importance de l'agriculture, pas seulement pour le Canada, mais aussi pour le reste de la planète. À bien des égards, le Canada contribue à nourrir le monde entier. Les aliments que nous produisons dans les Prairies et ailleurs au pays sont incomparables. Aucun autre pays n'a une production aussi diversifiée et d'aussi grande qualité. Par conséquent, tout comme mes collègues, je comprends et j'apprécie l'importance de nos collectivités agricoles, de nos collectivités rurales et de nos agriculteurs.
Je le dis parce que je voulais attirer l'attention sur le comportement du Parti conservateur aujourd'hui et sur la tendance troublante dont nous sommes témoins jour après jour. Je soupçonne que la plupart des députés qui sont venus à la Chambre aujourd'hui ne voulaient pas que les conservateurs présentent encore une autre motion d'adoption d'un rapport de comité ou ne s'attendaient pas à ce qu'ils le fassent. Voilà de quoi il s'agit: d'une motion d'adoption. La motion vise essentiellement à ce que nous parlions des agriculteurs, de l'agriculture et de l'ensemble de l'industrie qui en découle.
N'oublions pas qu'il y avait une autre question très importante dont nous devions débattre aujourd'hui. En fait, c'était le projet de loi . Le projet de loi S‑9 porte sur les armes de destruction massive. Le Canada a un rôle de premier plan dans le monde, et l'un des domaines dans lequel nous jouons ce rôle, c'est celui des armes de destruction massive.
Je me souviens du jour où Lloyd Axworthy a soulevé la question des mines terrestres à Ottawa. Leur interdiction dans le monde entier a donné lieu à une convention. Le projet de loi S‑9 porte sur la Convention sur les armes chimiques et la désignation des produits chimiques, et il renforcerait cet aspect particulier du rôle du Canada. Heureusement, il a été présenté au Sénat en raison du programme législatif que nous tentons de faire adopter.
Même dans les deux interventions précédentes, j'ai entendu les députés d'en face faire des remarques sur l'importance de l'abordabilité. Demain et après-demain, nous parlerons de l'énoncé économique de l'automne parce que nous comprenons les enjeux qui sont d'une importance capitale pour les Canadiens.
Je tiens à dire à mes collègues d'en face que le recours à des motions d'adoption de rapports de comité empêche le gouvernement de faire adopter ses projets de loi. C'est intéressant. Lorsque j'ai posé la question au motionnaire, il a répondu qu'il incombe au gouvernement de faire adopter des mesures législatives. C'est ce que nous tentons de faire. Nous avions l'intention de présenter le projet de loi , aujourd'hui dans l'espoir de le faire adopter, car je ne pense pas que quiconque s'y opposera.
Maintenant, nous perdons une journée où nous aurions pu adopter cette mesure législative. Si nous voulons débattre du projet de loi S‑9, nous devrons le mettre de nouveau à l'ordre du jour. Les députés de l'opposition diront: « Et alors? Ce n'est pas notre problème. C'est le problème du gouvernement. » Or, sans des outils comme des motions d'attribution de temps, comment le gouvernement pourrait-il faire adopter des projets de loi quand un parti de l'opposition l'en empêche?
Nous parlons de nourriture pour le monde entier. J'ai entendu les députés d'en face parler de commerce à de nombreuses reprises. On n'a qu'à penser à l'Ukraine, à l'accord commercial entre le Canada et l'Ukraine, et à l'incidence qu'il aura sur l'approvisionnement alimentaire, la transformation des aliments, etc.
Tous les membres du Parti conservateur ont voté contre cet important projet de loi, contre l'accord commercial entre le Canada et l'Ukraine. Les Canadiens comprennent et voit la valeur de ce projet de loi, et ils ne sont pas les seuls à vouloir le voir adopté. Il y a le Congrès ukrainien canadien, l'ambassadeur de l'Ukraine au Canada, les politiciens ukrainiens et les membres de tous les autres partis politiques, mais le Parti conservateur n’est pas du nombre.
Le président de l'Ukraine est venu au Canada en temps de guerre et il a signé un accord. Le projet de loi a été présenté, et les conservateurs ont choisi d’y faire obstruction. Ils ont utilisé la même tactique que celle qu'ils utilisent aujourd'hui avec une motion d’adoption de rapport. En présentant des motions d’adoption de rapport les unes après les autres, ils limitent le nombre de jours de débat dont disposera le gouvernement. S'agit‑il d'une tentative du Parti conservateur d'empêcher le débat sur le projet de loi portant mise en œuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine de se rendre en troisième lecture?
Le Parti conservateur ne comprend‑il pas qu'il y a des mesures législatives qui doivent être débattues à la Chambre, notamment l'énoncé économique de l'automne? Si les conservateurs continuent de présenter des motions d'adoption de rapports, ils réduiront de plus en plus le temps consacré au débat sur le programme législatif. Beaucoup de gens, moi y compris, veulent que nous débattions d'un certain nombre de mesures législatives.
Cela n'enlève rien aux questions que le député soulève aujourd'hui au sujet des agriculteurs et du milieu agricole. Comme je l'ai dit au début, je suis un ardent défenseur de ces deux groupes. J'ai prononcé de nombreux discours à la Chambre, et je sais que mes collègues en sont conscients. Chaque semaine, nous discutons du programme pour les régions rurales dans le cadre de nos séances et au sein de notre caucus. Nous comprenons et reconnaissons les besoins de nos collectivités rurales, de nos agriculteurs et de nos petites municipalités, ainsi que leur importance pour la société canadienne.
Pourquoi le Parti conservateur a-t-il fait cela? Nous aurons une autre journée de l'opposition la semaine prochaine. Il nous reste peut-être 12 jours de séance avant les vacances. Combien de ces jours seront consacrés à l'énoncé économique de l'automne? Nous aurons une journée de l'opposition la semaine prochaine. Le nombre de jours diminue et, si le but du Parti conservateur est d'empêcher l'accord entre le Canada et l'Ukraine de passer à l'étape de la troisième lecture et d'être adopté, ils devraient avoir honte.
Ce n'est pas le seul projet de loi, mais il retient beaucoup l'attention. Les conservateurs se demandent pourquoi nous en parlons sans cesse, et c'est parce que nous ne faisons pas confiance au Parti conservateur. Il est rendu tellement loin à droite. Nous voyons cette attitude chez le , qui a mené son parti à voter d'une manière qui est très difficile à comprendre pour une raison.
Nous avons déjà entendu deux députés prendre la parole à ce sujet, et ils n'ont parlé que de la taxe sur le carbone, comme ils l'ont appelée, ou de la tarification de la pollution. Les conservateurs utilisent cette taxe pour justifier tout ce qu'ils font à la Chambre. C'est irresponsable. Voilà ce dont nous sommes témoins. Nous avons un qui ne comprend pas ce que les Canadiens demandent aux législateurs de faire ici à Ottawa.
Ce n'est qu'une question de temps avant que les Canadiens se rendent compte des comportements destructeurs du Parti conservateur aujourd'hui. Je pense donc qu'il m'incombe, en tant que député libéral, de le souligner: il est important que les Canadiens comprennent bien ce qui se passe et qu'ils soient conscients que des mesures cruciales doivent être adoptées ici.
Le rapport parle d'infrastructures. La recommandation 1 porte sur les infrastructures liées au commerce. Elle souligne l'importance des infrastructures pour les échanges commerciaux. Dans les 50 ou 60 dernières années, l'actuel gouvernement libéral est le gouvernement qui a dépensé le plus et pris le plus d'engagements dans le dossier des infrastructures. Nous comprenons à quel point il est important d'avoir des infrastructures solides pour acheminer nos produits vers les marchés, que ce soit à l'échelle locale ou internationale. C'est une chose d'en parler, mais c'en est une autre de passer à l'action. Le gouvernement libéral agit en investissant dans les infrastructures partout au Canada.
Les conservateurs parlent d'accès et de certification. Au cours de l'été, il y a quelques mois, l'ancien ministre des Transports s'est rendu au CentrePort, à Winnipeg, situé juste à côté de ma circonscription. C'est un énorme parc industriel qui s'étend sur des milliers d'acres et qui est stratégiquement situé près de voies ferrées et d'installations industrielles de camionnage longue distance de première classe — les plus importantes de la province, voire des Prairies. Un aéroport se trouve littéralement à un jet de pierre du parc industriel. On met beaucoup l’accent sur les infrastructures et sur l'acheminement des produits vers les marchés. Les agriculteurs utilisent le CentrePort de manière très concrète.
Ce n'est pas que nous ne voulons pas tenir ce genre de discussions. Les comités permanents existent pour cela. Le député néo-démocrate a dit tout à l'heure que c'est bien que l'on parle de l'agriculture à la Chambre aujourd'hui. J'aime à penser que nous débattons et discutons régulièrement de l'agriculture, qu'il s'agisse des débats sur le budget, du discours du Trône ou des nombreux débats sur les projets de loi d'initiative parlementaire dont la Chambre est saisie.
Si nous avons des comités permanents, c'est entre autres parce qu'ils nous donnent la possibilité de mener une analyse approfondie de certains enjeux. C'est ce qui permet de produire des rapports comme celui dont nous discutons aujourd'hui, selon moi. Grâce à ces rapports, les Canadiens peuvent mieux comprendre les points sur lesquels la Chambre des communes ou l'ensemble des parlementaires aimeraient voir le gouvernement adopter certaines positions. Cet aspect du système me plaît.
Par contre, je déplore que certains se servent constamment des rapports, plus précisément de motions d'adoption d'un rapport, pour empêcher les débats sur les projets de loi du gouvernement. C'est extrêmement problématique. Les conservateurs répéteront qu'il incombe au gouvernement de présenter des mesures législatives. Nous les présentons, mais l'opposition empêche les débats à leur sujet. Elle choisit d'utiliser les outils à sa disposition pour faire obstruction aux projets de loi.
Certains députés d'en face sont en train de rire. Les Canadiens d'origine ukrainienne n'ont pas envie de rire; ils sont indignés par les jeux auxquels se prête le Parti conservateur du Canada. Il faut que cela change. Ce n'est qu'un exemple de projet de loi, mais il y en a bien d'autres. Même au cours de la pandémie, relativement aux soutiens financiers pour les Canadiens, nous avons vu les conservateurs recourir à des motions d'adoption pour empêcher les projets de loi d'avancer dans le processus législatif. Ils ont abusé de cette procédure. Ils se justifient toujours en disant: « C'est une question importante; pourquoi ne voudrions-nous pas en débattre? » Ils donnent l'impression que le gouvernement est insensible au sujet soulevé.
Voici la question que je pose aux conservateurs: si ces enjeux sont si importants à leurs yeux, comme ils veulent le faire croire aux Canadiens, pourquoi n'en font-ils pas le sujet de leurs motions lors des journées de l'opposition? Ils ont amplement de journées de l'opposition qui leur donnent toute la place pour débattre des questions dont ils veulent parler, comme hier, quand ils ont choisi de consacrer le débat au Sénat et au comportement des sénateurs.
Tout revient à la tarification du carbone. Il ne fait aucun doute que d'ardents climatosceptiques ont infiltré le Parti conservateur d'aujourd'hui. Je ne dis pas que tous les membres du caucus conservateur nient l'existence des changements climatiques. Je ne crois pas que ce soit le cas. Toutefois, je crois bien que le dirige un parti dont certains membres refusent de reconnaître l'existence des changements climatiques. Les conservateurs veulent à tout prix se débarrasser de la tarification de la pollution. Examinons la question dans le contexte de ce rapport. Des députés soutiennent que la tarification de la pollution fait fuir les agriculteurs, et les incite à cesser leurs activités d'exploitation agricole au Canada et à s'établir ailleurs pour produire leurs fruits et leurs légumes.
Au cours de la récente semaine de relâche parlementaire, j'ai eu l'occasion de visiter Roquette, une usine de transformation de pois de calibre mondial située juste au nord de Portage la Prairie. Les députés savaient-ils que la plus importante usine de transformation de pois au monde se trouve dans la province du Manitoba? Je dois dire que je suis très fier de cela. L'usine crée toutes sortes de débouchés pour les agriculteurs de la région. On me dit qu'elle doit faire venir des pois jaunes d'ailleurs parce qu'elle n'arrive pas à satisfaire à la demande, et celle-ci va continuer de croître. D'ailleurs, l'usine est en train de diversifier sa production, ce qui est une excellente nouvelle. Cela montre encore une fois que le monde voit le Canada comme un endroit propice pour l'investissement, notamment dans le domaine agricole. Le rôle de l'agriculteur est tout aussi essentiel aujourd'hui qu'il l'était jadis. Les innovations environnementales viennent souvent des agriculteurs. Nous ne reconnaissons pas à juste titre la contribution des agriculteurs. Bien franchement, je n'aime pas qu'on se serve d'eux à des fins politiques. Je faisais partie de l'opposition lorsque les conservateurs se sont débarrassés de la Commission canadienne du blé.
Je me contenterai de dire que je crois sincèrement que le Parti conservateur doit mettre de l'ordre dans son parti, qu'il s'agisse de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine ou des manœuvres d'obstruction et des manœuvres visant à empêcher l'adoption d'une mesure législative. Le gouvernement est minoritaire, ce qui signifie que l'on attend des députés de l'opposition qu'ils adoptent également un comportement approprié. Il n'y a rien de mal à faire des critiques. J'ai siégé dans l'opposition pendant plus de 20 ans, et je comprends ce rôle. Il y a bien des façons de manifester son opposition d'une manière un peu plus créative.
:
Madame la Présidente, c'est avec plaisir que j'interviens à ce sujet. Je vais aller dans le vif du débat parce que j'ai beaucoup de choses à dire en peu de temps, comme d'habitude.
Ce rapport traitait de la possibilité d'augmenter la capacité de transformation alimentaire. J'aimerais qu'on ramène le débat sur l'enjeu principal de ce rapport, qui a été réalisé pendant la COVID‑19, au moment où on constatait l'énorme fragilité de notre chaîne d'approvisionnement et de notre chaîne de transformation. L'objectif des recommandations que mes collègues et moi avons formulées à l'époque était de dire au gouvernement qu'il faut avoir une vision à long terme. Essayons d'agir en vue de la prochaine fois. Essayons d'améliorer notre résilience alimentaire, notre autonomie et notre résistance à un imprévu. Cette fois-ci, c'était la COVID‑19. La fois d'après, il s'agissait de la guerre en Ukraine, qui a donné lieu à un paquet de problèmes. Là, un autre conflit vient d'éclater et il va sûrement finir par avoir d'autres répercussions. Il faut qu'on soit résilient à l'interne. C'est le but des recommandations. J'aimerais faire le tour des recommandations rapidement.
La première recommandation parlait de l'urgence d'investir dans le réseau d'infrastructures liées au commerce, comme le transport particulièrement, pour faciliter un accès aux marchés et pour faciliter le transport à l'interne. C'est fondamental. On parle ici d'un rapport de mai 2021. Or, depuis mai 2021, malheureusement, je n'ai pas vu grand-chose en matière de commerce comme action gouvernementale.
On peut bien se plaindre que l'opposition bloque l'ordre du jour et qu'on ne peut pas avancer. Or, on pourrait aussi avancer de façon plus efficace dans la proposition de mesures concrètes. Je pense entre autres à nos capacités portuaires, au prix des conteneurs qui ont explosé pendant les restrictions pandémiques et aux difficultés de transporter des marchandises fraîches, qu'il s'agisse de fruits, de légumes ou du porc frais. Au sujet du porc frais, qui est en provenance du Québec ou du centre du Canada, comme le Manitoba, qui doit se rendre au port de Vancouver, il y a un enjeu. Si le port est bloqué, il y a une attente. C'est un produit périssable. Il a une certaine durée de vie. C'est tellement problématique que la plupart des compagnies d'assurance privée se retirent. On sait que le privé est là quand il y a de l'argent à faire. S'il n'y a pas d'argent à faire, il va se retirer. Le risque est devenu trop grand et les producteurs sont pris à payer des prix exorbitants d'assurance. Je pense qu'il reste une compagnie qui veut les assurer. Donc, il faut qu'on agisse maintenant, avant que cela pète dans cinq ou dix ans. N'attendons pas d'avoir le nez sur le mur, comme on l'a fait pour la main-d'œuvre, par exemple. On peut prendre des mesures. C'est très important.
Le rapport contenait aussi des recommandations sur un programme ciblé. Je pense que mon collègue d' va être très heureux d'entendre ce qui suit. On parlait d'un programme ciblé en collaboration avec les provinces et les territoires, parce que chacun protège ses compétences afin d'améliorer la capacité de transformation régionale, particulièrement les abattoirs en région. Mon collègue d'Abitibi—Témiscamingue, moi et l'ensemble de mon caucus sommes rendus au point où nous pensons qu'il faut un soutien financier permanent pour des infrastructures en région qui vont permettre de diminuer la pression sur les abattoirs de grande taille qui existent présentement. Le but ici n'est pas de venir fermer les grands centres de traitement. Pensons-y, trois usines traitent 85 % du bœuf canadien. Il y a un problème là. Si on en ferme une demain, les deux autres ne seront pas capables de fournir. Il faut un réseau accessoire autour.
En même temps, il y a une logique avec nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre et de protection du climat. Est-ce qu'il est logique que du bétail fasse le chemin jusqu'en Pennsylvanie pour se faire abattre et qu'il revienne ensuite en produits congelés? Je pense que cela n'a pas de bon sens. Je ne suis pas le seul à penser cela. Mon collègue d'Abitibi—Témiscamingue pourrait en parler encore mieux que moi, mais je comprends mal qu'on subventionne le transport pour ces bêtes et qu'on n'est pas foutu de subventionner, à la place, un site de traitement plus local qui serait beaucoup plus brillant dans une vision globale. Pour cela, il faut avoir une vision, il faut avoir un projet d'avenir. Malheureusement, j'ai l'impression que ce gouvernement en manque souvent.
Au Bloc québécois, nous levons la main. Nous avons une vision. Nous sommes ici pour protéger les intérêts du Québec, mais nous ne voulons pas nuire à l'intérêt commun. Nous travaillons pour l'intérêt commun. Nous invitons le gouvernement à entendre nos propositions. C'en est une qui a bien du bon sens. Peut-on donner plus de marge de manœuvre financière à ces institutions?
Une autre recommandation du rapport parlait d'augmenter cette capacité de transformation en région. Ce sont en fait deux recommandations dans une même recommandation. Dans une autre recommandation, on parlait du Fonds pour les infrastructures alimentaires locales, ou FIAL, qui, à l'époque, avait une enveloppe maximale de 25 000 $ par projet. C'est une subvention qu'on peut donner à de petits sites de transformation en région. Lors des témoignages en comité, certains témoins nous ont dit qu'il fallait augmenter ce montant parce qu'il n'était pas suffisant. Ils disaient ne pas être capables de se développer parce qu'il n'y avait pas assez d'argent dans le fonds. Quand je dis que nous produisons parfois des rapports sans trop savoir à quoi ils servent, en voici un bon exemple. En ce qui concerne cette résolution particulière, une action a été entreprise et nous en sommes contents. Le FIAL a été augmenté. On a annoncé un nouveau montant de 70 millions de dollars et on a dit que des projets de 15 000 $ à 120 000 $ allaient être acceptés.
Plusieurs de mes collègues du Bloc m'ont présenté des dossiers de gens et d'organisations qui, dans nos circonscriptions au Québec, ont travaillé et affecté des ressources afin de soumettre une demande dans le cadre d'un programme clairement annoncé et pour lequel il y avait des barèmes précis du gouvernement fédéral à respecter. Or, ces derniers ont reçu une réponse leur disant que, finalement, il y avait tellement de demandes que le gouvernement avait décidé de traiter seulement celles provenant des communautés éloignées et autochtones, ainsi que les demandes de projets allant jusqu'à 50 000 $. Ils se sont fait dire qu'on les rappellerait si on décidait de lire leur document, lequel contient probablement 350 pages. Nous savons tous de quoi ont l'air les formulaires du gouvernement.
Est-ce acceptable dans un pays du G7? Je ne le pense pas. Les gens ont reçu cette lettre qui dit que cela s'arrête à 50 000 $, mais, sur le site Web du gouvernement, il est encore écrit qu'on peut soumettre une demande pour des projets d'une valeur entre 15 000 $ et 120 000 $. Cela veut dire que d'autres organisations sont peut-être en train de remplir des papiers pour remplir des papiers. Le gouvernement aime beaucoup remplir des papiers pour remplir des papiers. C'est ce que je dénonce, et j'invite le gouvernement à en prendre note. J'espère que le secrétaire parlementaire est attentif à ces propos, parce qu'il a parlé plus tôt de l'importance des entreprises de transformation. On a besoin d'argent là-dedans. Il faut nous mettre de l'argent là-dedans. Cela presse.
La prochaine recommandation porte sur la lutte contre l'insécurité alimentaire. Je viens de parler des communautés nordiques autochtones, et c'est bien sûr super important. Ce n'est pas que ce ne soit pas important, sauf qu'il y a d'autres gens qui ont soumis une demande. En ce qui concerne ce point précis, il est vraiment urgent qu'une action soit entreprise. En 2015, quelqu'un nous a promis que toutes les communautés autochtones auraient de l'eau potable. Je ne pense pas que ce soit le cas à ce jour et j'ai de la misère à le dire sans péter un plomb, car c'est inacceptable en 2023.
Ce même gouvernement nous a aussi promis un fonds de 1 milliard de dollars pour réduire l'insécurité alimentaire dans les écoles partout au pays. Où est cet argent? Nous avons adopté une motion récemment pour demander que cela bouge. Il est où, cet argent? Nos organisations locales, au Québec, sont prêtes à recevoir ces sous. Le grand malheur du Québec est que nous avons 80 % des responsabilités, mais juste la moitié de l'argent, qui est ici. Notre argent est ici et il est pris là parce que cela ne bouge pas. Je demande donc au gouvernement de nous envoyer cet argent. Nous allons faire quelque chose avec cet argent. Nous allons nourrir nos enfants.
Dans les recommandations, on a aussi parlé de réglementation plus flexible. Dans le monde de l'abattage, c'est particulièrement difficile. Bien sûr, il ne faut pas réduire la qualité ni la salubrité des aliments. Toutefois, est-ce qu'on peut faire preuve de souplesse et de diligence, j'oserais même dire d'intelligence? Lors de cette étude, on nous a raconté des histoires d'inspections abusives de la part de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ou ACIA, alors que cette agence manque de ressources. On n'est pas capable d'assurer un contrôle décent et adéquat des frontières, mais on va installer trois inspecteurs à temps plein pour regarder si une goutte de condensation tombera du plafond dans quatre jours. Ce que je dis a l'air gros, mais ce sont tous des faits vécus. Peut-on être efficace?
On n'a pas beaucoup de ressources. L'un des principes de base en économie, c'est l'affectation des ressources. Pourquoi une affaire coûte-t-elle plus cher qu'une autre? C'est parce qu'elle est plus rare. À un moment donné, nos ressources humaines sont très limitées. Je parlais tantôt de l'importance d'avoir une vision à long terme et d'agir pour l'avenir. J'ai l'ai déjà mentionné à la Chambre: concernant la pénurie de main-d'œuvre actuelle, le fait qu'on soit le nez collé dessus et qu'on se demande quoi faire, un peu en panique, cela me fait un peu capoter. Je ne suis pas un grand scientifique. J'étais enseignant au secondaire dans les années 1990. Cela fait quand même longtemps, ce qui ne me rajeunit pas.
Dans les années 1990, j'enseignais à mes élèves l'inversion de la pyramide des âges. Je leur disais que, à un moment donné, on vivrait une pénurie de main-d'œuvre. Je ne peux pas croire que personne au gouvernement ne savait cela dans les années 1990. Comment se fait-il que, aujourd'hui, on se rende compte qu'il faudrait peut-être faire quelque chose? C'est le malheur des mandats de quatre ans, qui sont même souvent plus courts, et des visions électorales et électoralistes. Malheureusement, plusieurs formations politiques ici ne donnent pas l'exemple actuellement. Beaucoup de gens agissent à très court terme en répétant toujours les mêmes slogans qui ne sont pas toujours vrais. J'invite ces gens à travailler de façon constructive pour faire avancer les choses.
On a donc parlé d'améliorer cela, de mettre en place un système de contrôle interne à l'ACIA pour éviter qu'il y ait des abus. Il pourrait y avoir un système d'appels. Parmi les autres recommandations, on parle notamment de la norme sur l'encéphalite spongiforme bovine, ou ESB, et des matières à risque spécifié dans l'abattage du bœuf. Il faut savoir que, quand on abat un animal au Canada aujourd'hui, il y a une grosse partie, y compris la cervelle et la colonne vertébrale, dont on doit se débarrasser. Cela entraîne des coûts énormes pour les producteurs. C'était correct à l'époque de la crise, mais cela fait déjà longtemps. Les mesures de contrôle ont été très efficaces et on a maintenant obtenu, à l'échelle internationale de la part de l'Organistion mondiale de la santé animale, la cote de risque négligeable pour le Canada. On pourrait donc peut-être s'asseoir et revoir cela. Je ne dis pas de faire n'importe quoi et de tout lancer à la poubelle demain matin. Cependant, peut-on s'asseoir et étudier cela pour essayer d'augmenter la rentabilité de nos producteurs bovins? Ce serait quelque chose d'intelligent qui changerait les choses rapidement.
Analysons cela, car c'est fondamental. Cela fait quatre ans que je le dis, et je ne suis pas le seul à le dire. La situation a changé. Le risque est désormais vraiment minime. Je pense donc que nous pourrions le faire. Nous devons aussi être conscients que nous mangeons du bœuf qui est abattu aux États‑Unis, où il n'y a pas cette norme. À un moment donné, il faut être cohérent. Demandons-nous la même chose à nos producteurs que ce qu'on demande aux producteurs à l'étranger? Je risque de tomber dans la réciprocité des normes et de péter un plomb pour la prochaine demi-heure, alors je ne commencerai pas tout de suite. J'en parlerai à la fin de mon discours.
Nous avons aussi proposé de mettre des mesures incitatives pour la création de grappes industrielles en recherche et développement. En effet, c'est vraiment lors cette étude que j'ai réalisé avec un peu de panique l'état de sous-investissement chronique du système de transformation agroalimentaire québécois et canadien. C'est épouvantable, et même épeurant. Quand je demande au gouvernement d'essayer de voir à long terme, voilà un maudit bon exemple. Pouvons-nous ne pas attendre que des usines de transformation ferment et mettre en place des mesures facilitantes pour qu'il y ait un investissement, un maintien, un niveau à flot?
Nous venons encore de le voir: à Vallée‑Jonction, une usine de transformation de porc a récemment fermé ses portes. La justification qu'on nous donne, c'est qu'on a fermé ce site parce que c'était le plus ancien et que c'était celui dans lequel il y avait moins d'investissement. C'était le moins à jour, le moins efficace. Pourrions-nous nous arranger pour que nos usines de transformation demeurent efficaces? Pour cela, il faut encourager le privé. Ce peut être à l'aide d'un crédit d'impôt. Cela n'a pas besoin de coûter beaucoup d'argent. Or, il faut qu'il y ait quelque chose.
Le jour où il deviendra moins rentable pour ces multinationales — dans plusieurs cas, il s'agit de multinationales — de rénover le site actuel plutôt que de le fermer et d'en ouvrir un nouveau, rien ne garantit que ces multinationales vont rouvrir un site ici. N'attendons pas ce jour. Maple Leaf en est un excellent exemple. La compagnie a décidé d'aller ouvrir un site aux États‑Unis.
Il faut prévoir les coûts, être visionnaire. Nous avons demandé au gouvernement de considérer la transformation agroalimentaire comme une priorité, ce qui n'est pas le cas actuellement. Pourtant, le secteur agroalimentaire est le deuxième secteur manufacturier en importance au Canada. Ce n'est pas que ce ne soit pas important, mais on dirait qu'on le tient pour acquis, un peu comme l'agriculture. On se dit qu'ils sont là, qu'ils sont bons, qu'ils vont travailler et qu'il n'y a pas de problème, ce qui fait qu'on les soutient deux fois moins qu'aux États‑Unis et quatre fois moins qu'en Europe. Ces gens se lèvent quand même tous les matins et se couchent quand même très tard le soir pour nourrir notre monde. Je pense, de façon très humble, que nous devrions avoir beaucoup plus de respect pour ces gens. Nous devrions leur donner du soutien quand ils en ont besoin. Le secteur maraîcher en est un qui a particulièrement besoin d'une bouffée d'air en ce moment.
J'en ai parlé plus tôt. Nous avons demandé le report d'un an du remboursement du prêt du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, ou CUEC. Si le gouvernement ne veut pas le faire de mur-à-mur, c'est bien correct. Nous sommes d'accord sur cela, nous aussi. Nous lui avons demandé d'offrir un guichet d'information, une voie de communication, et de regarder cela au cas par cas.
Or je peux dire tout de suite que cela concerne tout le secteur de la restauration. La semaine passée, j'ai fait une sortie publique avec le propriétaire du café La Bezotte, qui se trouve dans ma circonscription. S'il y a des gens qui acceptent de faire des sorties publiques pour dire que la situation n'a pas de bon sens et que nos entreprises ont besoin d'air, c'est parce qu'ils sont mal pris. Ces gens ont du courage et je les remercie d'ailleurs. Je remercie Daniel d'avoir accepté de faire cela. Cela sensibilise la population et met de la pression sur le gouvernement. Ce qui est demandé, ce n'est pas grand-chose et cela ne coûte pas grand-chose.
Lorsque j'ai posé une question tantôt, on m'a donné une belle réponse vague comme quoi le gouvernement a toujours été là pour les petites entreprises, qu'il continuera d'être là et qu'il les a beaucoup aidées. On me dit que huit dollars sur dix de l'aide accordée pendant la pandémie de la COVID‑19 provenaient du gouvernement fédéral. Il me semble que cela va de soi en raison du déséquilibre fiscal, qui est énorme. Les moyens sont ici. Ce n'est pas une réponse.
Depuis ce temps-là, il s'est passé beaucoup de choses. Il y a eu le conflit ukrainien et le gouvernement fédéral en a profité pour imposer un coût supplémentaire aux agriculteurs en imposant une taxe sur les engrais russes. Nous sommes tous d'accord pour prendre des mesures contre les Russes, mais il faut agir intelligemment. Pour agir intelligemment, il aurait peut-être fallu éviter de prendre une mesure qu'aucun autre pays du G7 n'a prise et qui, considérant l'importance de notre marché, n'a aucune conséquence sur l'État visé. Actuellement, il rit de nous.
Ce sont nos producteurs agricoles qui paient à longueur de semaine. Le pire dans tout cela, c'est que, quand nous avons réussi à convaincre le gouvernement de rembourser les gens parce que cela n'avait pas de bon sens que les agriculteurs paient pour rien, il n'a pas été capable de les rembourser. Il ne savait pas qui avait payé quoi. Il y a par exemple des coopératives qui ont réparti également les coûts. Par conséquent, il a versé l'argent dans un programme pour l'action à la ferme. Ce programme est correct, sauf que les producteurs agricoles se trouvent à se payer eux-mêmes un programme, et on voudrait qu'ils soient contents d'avoir un programme. Voyons, soyons un peu sérieux.
J'ai parlé de la pénurie de main-d'œuvre. Il faudrait instaurer quelque chose qui a du sens pour les programmes de travailleurs étrangers temporaires. Mon collègue de Lac‑Saint‑Jean a initié une étude au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration sur l'existence des permis fermés. Cela a été soulevé par un député du NPD tantôt. Actuellement, il y a des situations qui n'ont pas de bon sens. Cela touche une très petite minorité de producteurs, mais cela n'a pas de bon sens et nous ne devons pas laisser cela se perpétuer. C'est provoqué par le système de permis fermés, qui est archaïque et dépassé. Passons rapidement à des permis ouverts sectoriels, comme les milieux nous le demandent, pour donner de la flexibilité à notre monde.
Dans ce discours, je parle beaucoup de vision à long terme. Je nous invite collectivement à réfléchir au mécanisme relatif aux travailleurs étrangers. Nous avons besoin d'eux lorsque personne d'autre ne veut faire le travail. C'est une bonne solution. Toutefois, est-ce que nous pourrons encore fonctionner comme cela pendant 50 ans? Est-ce que nous pouvons commencer à donner des chemins facilitants à ces gens? Cela faisait partie de nos recommandations aussi. Est-ce qu'ils pourraient amener leur famille s'ils veulent rester travailler? Peuvent-ils devenir des citoyens du Québec, et du Canada dans les autres provinces, contribuer à la collectivité, et réussir?
Il n'y a pas tellement longtemps, nous avons consacré une journée de l'opposition à la question de l'immigration réussie. Les propositions que nous faisons sont mûrement réfléchies et nous essayons de ne pas présenter des niaiseries. Dans nos motions, contrairement à ce que font certaines autres formations politiques, il n'y a pas quatre ou cinq points qui sont des niaiseries avec quelque chose d'important. Nous nous concentrons sur l'essentiel, et si les députés veulent voter contre notre motion, ils doivent vraiment se justifier. La motion sur l'immigration réussie a été adoptée presque à l'unanimité à la Chambre. C'était quelque chose de sérieux.
C'est beau de voter en faveur de la motion, mais il faut agir ensuite. C'est un autre problème. Je parlais du fonds pour l'industrie agroalimentaire locale tantôt. Le gouvernement fait souvent de belles annonces, mais il y a souvent deux problèmes. Parfois, il n'y a pas assez d'argent, et, lorsqu'une dixième personne fait une demande, il ne reste déjà plus d'argent. D'autres fois, les normes sont tellement complexes que l'argent n'est pas dépensé. Après deux ans, le gouvernement annonce de nouveau le même argent et il a l'air bien généreux alors que, dans le fond, il recycle les annonces. C'est un cercle vicieux que l'on devrait briser.
Il y a aussi la question de l'accès à Internet dans les localités et des cellulaires dans les campagnes. Si nous voulons que nos entreprises se modernisent, il faut qu'elles soient capables de le faire. Dans ma circonscription, Berthier—Maskinongé, il y a encore des municipalités où le maire est obligé d'utiliser des pagettes pour joindre ses conseillers municipaux. Est-ce que cela a du bon sens en 2023? Voyons donc. Après cela, nous demandons à nos entreprises d'être efficaces et de faire des investissements. Les systèmes satellitaires d'arrosage et de contrôle du climat, c'est important.
J'aimerais que quelqu'un me pose une question sur la réciprocité des normes.
:
Madame la Présidente, c'est un réel plaisir pour moi, en tant que porte-parole du NPD en matière d'agriculture et fier membre du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire depuis près de six ans, de participer au présent débat.
Soyons réalistes: la Chambre des communes n'a pas souvent l'occasion d'examiner des rapports du comité de l'agriculture. Je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à un débat sur une motion d'adoption d'un rapport très pertinent et important. Je suis ravi que nous tenions ce débat aujourd'hui.
Le comité de l'agriculture est une institution unique au sein de la Chambre des communes. J'ai déjà siégé à un certain nombre de comités à titre de remplaçant. S'il y a une chose que j'ai toujours aimée au sujet du comité de l'agriculture, c'est que nous avons tendance à fonctionner essentiellement par consensus. Je pense que c'est parce que nous comprenons que, quelle que soit notre allégeance politique, nous sommes tous conscients de représenter les agriculteurs.
Nous arrivons à la table avec des opinions différentes et nous restons certainement fidèles à nos principes. Toutefois, le fait que nous représentons tous des agriculteurs et que nous souhaitons le bien de notre industrie agricole fait en sorte que le ton est très respectueux au comité. Il est rare que notre comité produise des rapports contenant une opinion dissidente ou même une opinion complémentaire. C'est une chose que j'apprécie beaucoup.
Je suis très fier de représenter une circonscription rurale de l'île de Vancouver, une circonscription qui a un long et riche passé en matière d'agriculture. Certaines familles agricoles de la vallée de Cowichan y sont installées depuis cinq générations. Dans la région, l'agriculture fait partie de l'ADN des gens. Elle n'y a certainement pas l'ampleur qu'on retrouve dans les Prairies, mais nous sommes sans contredit fiers de notre passé agricole. Nous sommes fiers du fait de posséder la seule zone au climat de type méditerranéen du Canada, ce qui nous permet de cultiver des fruits et des légumes qu’on ne retrouve nulle part ailleurs au pays.
Je suis fier de venir de cette région et de m'exprimer au nom de ses agriculteurs. En ce qui concerne ce rapport, allons au fond des choses. Lorsqu'on parle de capacité de transformation, on parle essentiellement d'une industrie agricole canadienne à valeur ajoutée. Qu'il s'agisse d'élever des animaux, de récolter des œufs à partir de poules ou de cultiver des légumes ou des fruits, nous savons tous que ce sont des activités de production primaire. Les agriculteurs réussissent très bien à vendre ces produits. Tout le monde adore aller cueillir ses fruits et légumes frais.
Cependant, une autre industrie est extrêmement vigoureuse au Canada et a beaucoup de potentiel économique: l'industrie de la transformation. Elle prend les produits primaires de l'agriculture canadienne et y ajoute de la valeur. Les Canadiens peuvent se rendre au supermarché de leur région et constater l'abondance de produits transformés. Je ne parle pas des aliments qui se trouvent dans les allées du centre, mais de tout ce qui a une valeur ajoutée.
Il est important que les députés comprennent que, lorsque nous avons rédigé ce rapport, lorsque nous avons étudié le sujet, nous étions en pleine pandémie de COVID‑19. Le pire était derrière nous, mais l'industrie alimentaire canadienne avait été très durement frappée par cette pandémie. Beaucoup de gens qui souffraient encore de cette crise et du traumatisme qu’elle a causé à tant de personnes qui travaillent dans cette industrie.
Nous avons déposé ce rapport au printemps 2021. Malheureusement, au cours de l'été, le a décidé de déclencher ce que bien des gens jugeaient être des élections fédérales inutiles. Par conséquent, le gouvernement n'a jamais répondu à ce rapport. Lorsque nous avons repris les travaux pour la 44e législature, l'un des premiers points à l'ordre du jour fut de déposer à nouveau ce rapport par consentement unanime afin d'obtenir une réponse du gouvernement. C'est pourquoi il s'agissait du premier rapport de la 44e législature.
La COVID‑19 a été brutale. Elle a changé les habitudes alimentaires des Canadiens. Puisqu'ils étaient fermés en raison des ordonnances de santé publique, nous n'allions plus au restaurant. Pour l'essentiel, nous achetions nos aliments dans les supermarchés. L'industrie a dû s'adapter à ce changement soudain et radical qui a envoyé une onde de choc dans l'ensemble du secteur alimentaire.
Nous savons aussi que de nombreux ouvriers des exploitations agricoles et des usines de transformation d'aliments ont été frappés par la COVID‑19. Certains ont tragiquement succombé à la maladie alors que d'autres sont tombés malades et ont dû s'absenter du travail pendant plusieurs semaines. Certains ont développé des symptômes de la COVID longue et n'ont pas pu retourner au travail. Ce fut un choc énorme pour le système. L’impact a été terrible dans une industrie qui souffrait déjà de pénuries de main-d’œuvre et qui a soudainement vu cette main-d’œuvre, déjà très limitée, être réduite encore davantage. Cette situation a permis au Comité d'examiner attentivement les points faibles de nos chaînes d'approvisionnement et notre capacité à nourrir notre population.
Je me rappelle avoir utilisé le mot « résilience » comme point de départ pour orienter mes questions dans le cadre de cette étude. Le système ne comportait pas beaucoup d'éléments favorisant la résilience. La COVID nous a entre autres aidés à cerner les points faibles de la chaîne d'approvisionnement, et ils étaient nombreux, comme nous l'avons constaté. J'espère sincèrement que nous tirerons des leçons de ce rapport ainsi que des nombreux rapports des autres comités parlementaires parce que d'autres perturbations nous attendent dans l'avenir. Ces perturbations pourraient être de nature climatique ou découler d'une autre pandémie. Nous ne savons pas exactement ce que l'avenir nous réserve. Quoi qu'il en soit, nous traversons actuellement une période de grande instabilité. À défaut de tirer des leçons du passé, nous sommes condamnés à répéter les mêmes erreurs.
Pour ce qui est du thème principal, soit la capacité de transformation, je suis très fier de dire que, dans le rapport, nous avons mis l'accent sur les recommandations nos 2, 3 et 4. Une des questions principales portait sur les façons d'encourager le développement d'entreprises de transformation de proximité. Je me concentrerai sur l'industrie du bœuf, puisque ce secteur a été extrêmement mis à mal et qu'il a durement été affecté par la COVID‑19.
Comme le savent la plupart des gens qui connaissent le milieu de l'agriculture, au Canada, la capacité de transformation du bœuf est assurée à 85 % par deux entreprises: JBS et Cargill. Elles possèdent trois grandes usines de transformation. La main-d'œuvre de ces usines a été décimée par la COVID‑19 pendant la pandémie. Dans certains cas, les usines ont été complètement mises à l'arrêt. Dans d'autres cas, il n'y avait qu'un seul quart de travail sur trois. Cela a entraîné d'énormes retards dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
Dans le secteur du bœuf, il y a les éleveurs de vaches et de veaux, qui élèvent des veaux dans les pâturages. Il y a l'Association nationale des engraisseurs de bovins, qui prend les veaux et les engraisse pendant l'hiver pour qu'ils atteignent un certain poids. Puis, évidemment, il y a la capacité de transformation. Or, quand nos usines de transformation ont été forcées de fermer ou ont perdu une bonne partie de leur capacité de traiter leur volume habituel, tout à coup, tous les parcs d'engraissement sont devenus surpeuplés, parce que ces bovins n'avaient nulle part où aller. Puis, si on remonte un peu plus loin dans la chaîne, de nombreux éleveurs ne pouvaient même pas sortir les vaches de leurs pâturages parce qu'il n'y avait aucune installation de transformation qui pouvait les recevoir. Cette situation a vraiment révélé la faiblesse de certains maillons. Voilà pourquoi le rapport contient trois recommandations qui portent sur les façons dont le gouvernement fédéral peut favoriser le développement de la capacité locale de transformation.
Pour employer une métaphore agricole, nous avions mis tous nos œufs dans quelques paniers à peine, alors quand ces paniers sont devenus inutilisables, nous n'avions nulle part où placer nos œufs. Si on souhaite éviter que ce genre de situation se reproduise, il faut renforcer la capacité de transformation dans les régions. Ainsi, en plus de dynamiser les économies régionales en créant des emplois dont on a grandement besoin, on veille à ce que le Canada soit mieux outillé pour composer avec les situations difficiles qui se produiront à l'avenir.
C'est pourquoi les recommandations parlent « d'encourager le développement des entreprises de transformation de proximité et les abattoirs régionaux de petite taille », d'« identifier des possibilités de financement stratégique pour accroître la capacité de transformation des aliments dans les régions » et aussi d'« augmenter le financement accordé pour le Fonds des infrastructures alimentaires locales », qui pourrait fournir ce genre de services dans de petites localités comme Duncan, dans la vallée de la Cowichan, où j'habite. Ce sont d'excellentes recommandations, et je suis heureux que notre comité ait passé un temps considérable à les formuler.
Il y a un autre élément du rapport que je veux souligner: l'harmonisation entre les provinces et le fédéral, en particulier en ce qui a trait à la capacité de transformation. Si quelqu'un a recours à un centre de transformation relevant d'une province, il peut vendre sur le territoire de cette province, mais pas à l'étranger ou même dans les autres provinces. Pour ce faire, il lui faudrait passer par un établissement inspecté par le fédéral, c’est-à-dire, essentiellement, par l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Or, il me semble que si une carcasse est transformée en Colombie‑Britannique ou en Alberta et que le produit peut être consommé par les gens de ces provinces en toute sécurité, il devrait également pouvoir être consommé par les Canadiens du reste du pays. Nous encourageons le gouvernement à travailler avec les provinces afin de trouver des façons d'harmoniser les exigences relatives aux établissements relevant des provinces et ceux relevant du fédéral.
Je veux également parler de la main-d'œuvre, en particulier du développement des compétences. Comme je l'ai dit dans une intervention précédente, on est incroyablement déconnecté: beaucoup de gens au Canada n'ont pas conscience d'où viennent leur nourriture, comment elle est cultivée et comment elle arrive dans leur assiette. Tout d'abord, nous devons éduquer davantage de jeunes des centres urbains sur les agriculteurs qui travaillent d'arrache-pied pour offrir la nourriture dans nos assiettes, et sur le système incroyablement complexe qui permet à cette nourriture de nous parvenir. Je pense également que beaucoup de jeunes qui sortent du secondaire et qui songent à une carrière risquent de négliger l'agriculture, parce qu'ils en ont une vision stéréotypée et démodée qui implique généralement une grange rouge et un joli tracteur des années 1950, alors que l'agriculture, c'est bien plus que cela.
L'agriculture du XXIe siècle fait un usage incroyable de la technologie. Nous parlons d'une technologie de pointe dans le domaine de la robotique, de la communication interréseau, et j'en passe. C'est fou toute l'innovation qui se fait actuellement dans le secteur agricole. Or, qui dit innovation et besoins technologiques dit emplois à pourvoir. Nous avons besoin de techniciens très spécialisés pour faire fonctionner et réparer les machines et servir ainsi de véritables moteurs économiques pour l'industrie.
J'étais heureux que des représentants des Travailleurs et Travailleuses unis de l’alimentation et du commerce viennent témoigner au comité. C'est l'un des plus gros syndicats au Canada. Il représente de nombreux travailleurs des centres de transformation alimentaire. Il espère sincèrement que le gouvernement répondra à l'appel en travaillant avec les employeurs et les organisations syndicales pour faire mieux connaître les carrières stimulantes en agriculture dans les écoles publiques du Canada. Comme les besoins en main-d'œuvre sont criants, je pense que de commencer à investir dans des projets de ce genre serait une des façons de prévenir d'éventuels problèmes.
J'arrive au dernier point sur lequel je veux insister à propos du secteur de la transformation des aliments au Canada. Ce sera peut-être une surprise pour certains, mais il s'agit de la recommandation 16, qui porte sur la mise en œuvre d'un code de conduite pour les épiceries. Je vais expliquer aux députés pourquoi une telle mesure est importante.
Cette année, les nouvelles ont beaucoup parlé des incroyables profits excessifs affichés par certains secteurs. Que l'on pense aux télécommunications, à l'industrie pétrolière et gazière, au secteur des épiceries ou aux services bancaires, les profits des entreprises ont atteint des sommets inégalés ces trois dernières années. À mon avis, c'est le principal moteur de l'inflation que nous observons aujourd'hui.
La recommandation d'établir un code de conduite pour les épiceries est extrêmement importante, car il y a toujours un déséquilibre de pouvoir dans la relation entre les grandes chaînes d'alimentation et les producteurs et les transformateurs qui les approvisionnent. Cinq grands épiciers contrôlent 80 % du marché. Quand on peut étendre à ce point son emprise sur le marché, on peut dicter en grande partie les conditions et décider quels seront les produits sur les rayons. Par conséquent, un transformateur ou un producteur qui veut faire de l'argent risque de devoir vendre ses produits à Metro ou à Loblaws parce que c'est la seule façon de faire des profits.
Il y a là un déséquilibre du pouvoir. Dans bien des cas, les personnes qui fournissaient les aliments que nous achetons à l'épicerie constataient que ces transformateurs se faisaient imposer une foule de frais cachés. Il y avait des frais quand ils fournissaient une trop grande quantité, quand ils fournissaient une quantité insuffisante, quand ils avaient un jour de retard, etc. Il n'y avait rien de logique à cette tarification, mais ils ne pouvaient rien faire contre cette pratique. C'est pourquoi les producteurs et les transformateurs réclament avec force un code de conduite pour les épiceries.