:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 105e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 21 mars 2024, le Comité commence son étude sur l'antisémitisme.
Avant de commencer, j'aimerais rappeler à tous les membres et aux autres participants à la réunion présents dans la salle les importantes mesures de prévention suivantes.
Afin d'empêcher les incidents de rétroaction acoustique perturbateurs et potentiellement dommageables qui peuvent causer des blessures, tous les participants en personne doivent tenir leur oreillette loin de tous les microphones, en tout temps.
Comme indiqué dans le communiqué du Président de la Chambre adressé à tous les membres le lundi 29 avril, les mesures suivantes ont été prises pour aider à prévenir les rétroactions acoustiques. Toutes les oreillettes ont été remplacées par un modèle qui permet de réduire grandement la probabilité de rétroaction acoustique. Les nouvelles oreillettes sont noires, alors que les anciennes étaient grises. Veuillez n'utiliser qu'une oreillette noire approuvée. Par défaut, toutes les oreillettes inutilisées seront débranchées au début de la réunion. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, veuillez la placer face contre le bas au milieu de l'autocollant prévu à cette fin que vous trouverez sur la table. Veuillez consulter les cartes sur la table pour obtenir des directives.
Ces mesures sont en place pour que nous puissions mener nos travaux sans interruption et protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes. Merci à tous de votre coopération.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride.
Conformément à la motion de routine du Comité concernant les tests de connexion des témoins, puisque nous recevons aujourd'hui des témoins en personne et par vidéoconférence, j'informe le Comité qu'on m'a avisée que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Dans l'intérêt des membres et des témoins, veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole.
Avant que nous ne commencions notre étude, je précise que le greffier a distribué le budget pour l'étude au montant de 25 250 $, et je sollicite l'approbation du Comité.
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Merci beaucoup, madame Gladu.
Êtes-vous tous favorables à la motion?
(La motion est adoptée.)
La présidente: Merci beaucoup.
Nous allons maintenant poursuivre. Je vais présenter nos témoins d'aujourd'hui.
Pour notre premier groupe de témoins, nous accueillons Mme Deborah Lyons, envoyée spéciale pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme. Nous avons Richard Robertson, directeur, Recherche et plaidoyer, de B'nai Brith Canada. Nous accueillons Richard Marceau, vice-président, Relations externes et avocat-conseil, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes. Nous recevons Jaime Kirzner‑Roberts, directrice principale, Politique et plaidoyer, du Simon Wiesenthal Center Canada, qui comparaît par vidéoconférence.
Merci beaucoup et bienvenue à tous.
[Français]
Chers témoins qui êtes parmi nous, vous pouvez parler en français ou en anglais, selon votre préférence.
Vous disposez chacun de cinq minutes.
[Traduction]
Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter votre déclaration liminaire, après quoi nous procéderons aux périodes de questions. Je demanderais à Mme Lyons de bien vouloir commencer ses cinq minutes.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie le Comité de l'attention qu'il porte à ce sujet important.
[Français]
Je vous remercie tous de cette occasion qui m'est donnée d'étudier un sujet qui est peut-être l'un des plus importants pour notre pays en ce moment.
[Traduction]
Je vous remercie également de me donner l'occasion de faire partie d'un groupe de témoins avec des collègues respectés. C'est un honneur de travailler en étroite collaboration avec eux dans la lutte pour un meilleur Canada.
Comme tout le monde dans la salle le sait, l'antisémitisme est une question non partisane qui nous touche tous, que nous soyons des Canadiens juifs ou non juifs. Il est bien connu que l'antisémitisme érode la démocratie, et comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe l'a conclu récemment, il représente une menace claire pour la sécurité nationale et internationale.
Mon mandat, comme bon nombre d'entre vous le savent, est de lutter contre l'antisémitisme et de préserver la mémoire de l'Holocauste. C'est un mandat qui est à la fois national et international. Mon mandat ne...
:
Encore une fois, merci, madame la présidente et mesdames et messieurs, de votre attention ce matin.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter d'un sujet qui, selon moi, est l'un des plus importants pour notre pays.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de faire partie d'un groupe de témoins avec des collègues respectés. C'est un honneur de travailler en étroite collaboration avec eux dans la lutte pour un meilleur Canada.
Comme tout le monde dans la salle le sait, l'antisémitisme devrait être une question non partisane qui nous touche tous, que nous soyons des Canadiens juifs ou non juifs. Il est bien connu que l'antisémitisme érode la démocratie, et comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE, l'a conclu récemment, il représente une menace claire pour la sécurité nationale et internationale.
Mon mandat est de lutter contre l'antisémitisme et de préserver la mémoire de l'Holocauste. C'est un mandat à la fois national et international. Il n'a pas d'orientation géopolitique.
Madame la présidente, nous avons énormément de travail à faire sur un vaste éventail de questions, mais nous sommes ici aujourd'hui pour nous concentrer sur les campus universitaires. C'est là, dans nos centres d'apprentissage, nos sources de nouvelles connaissances et de discours civils, que je ressens la plus grande inquiétude lorsque je voyage au Canada.
Les campus ne peuvent être considérés comme des lieux d'apprentissage ou des bastions de la libre expression tant que les étudiants et les enseignants ne sont pas en sécurité. Aujourd'hui, les étudiants et les enseignants juifs sont victimes de ciblage, d'intimidation et de haine antisémite. Les étudiants juifs, en particulier ceux qui se désignent comme des sionistes, tout comme moi, font face à un tsunami d'antisémitisme.
Permettez-moi de citer les commentaires récents du . Il a dit que dans un pays comme le Canada, il devrait et doit être sécuritaire de se déclarer sioniste. Que l'on soit Juif ou non, le sionisme ne devrait être interprété comme une insulte, et personne ne devrait être ciblé parce qu'il souscrit à cette idéologie.
J'ai entendu des étudiants, des enseignants et des employés parler de problèmes graves pendant mon voyage au Canada, allant de la glorification du Hamas, un groupe terroriste connu, au harcèlement et aux menaces physiques à l'encontre d'étudiants juifs, en passant par des professeurs qui isolent des étudiants juifs dans les classes et les manifestations. On a scandé que tous les sionistes étaient racistes ou pervers, leur disant de retourner en Europe et souhaitant longue vie au 7 octobre, et des agitateurs extérieurs ont installé des tentes sur les propriétés universitaires, freinant ainsi la liberté de mouvement et la capacité d'apprendre.
Les discours haineux et le harcèlement au travail ne sont pas compatibles avec la libre expression ou la liberté universitaire. Pire encore, on entend dire que lorsque ces questions sont portées à l'attention des administrations universitaires, les réponses sont souvent retardées ou inexistantes. La plupart de nos universités sont dotées de codes d'éthique, mais ceux‑ci ne sont pas mis en œuvre.
La capitulation devant des personnes qui se livrent à des activités haineuses corrode les valeurs mêmes sur lesquelles les établissements d'enseignement supérieur sont érigés et où tous les étudiants doivent pouvoir apprendre sans peur.
Depuis le 16 octobre, mon bureau a rencontré des communautés juives de partout au Canada: que ce soit les organisations Hillel, des étudiants juifs, des enseignants, des présidents d'université et des administrations universitaires, ainsi que des ministres provinciaux de l'enseignement supérieur, qui ont des responsabilités directes à l'égard des universités. Au cours de l'été, nous continuerons de travailler avec tous les partenaires afin de garantir un environnement universitaire sain pour la rentrée de septembre.
En me fondant sur ces rencontres, je terminerai par quelques recommandations. Premièrement, une formation sur l'antisémitisme est absolument nécessaire. Cette formation devrait être adaptée aux administrations universitaires, aux conseillers juridiques et, surtout, aux directeurs des bureaux d'EDI ou de DEI, au personnel de sécurité et aux professionnels de la vie étudiante. Définir clairement l'antisémitisme et comprendre ses nombreuses manifestations sont essentiels pour lutter contre celui‑ci.
Nous devons également aider et encourager — c'est la deuxième recommandation — les établissements postsecondaires et leur direction à mettre en œuvre leurs propres politiques. Nous avons constaté qu'ils étaient réticents à mettre en œuvre leurs propres codes d'éthique même lorsqu'il est question de sécurité. Les outils existent, et les établissements postsecondaires ont l'obligation d'agir.
Pour terminer, madame la présidente, lorsque nos citoyens juifs sont pris pour cibles, cela menace les idéaux démocratiques de l'égalité et de la justice pour tous les Canadiens. Nous nous targuons d'être une société multiculturelle diversifiée et inclusive. À l'heure actuelle, nous sommes mis à l'épreuve. Il n'est pas exagéré de dire que notre humanité commune est en jeu.
Merci. Je suis impatiente de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Je suis ici au nom de B'nai Brith Canada. B'nai Brith est la plus ancienne organisation de défense des droits de la personne du Canada et la voix de la communauté juive du Canada. Notre organisation, mise sur pied en 1875, s'engage à lutter contre le racisme, l'antisémitisme et la haine sous toutes ses formes, ainsi qu'à défendre les droits des personnes marginalisées.
La présentation de B'nai Brith à l'honorable Comité arrive à un moment où la communauté juive du Canada est en crise. En 2023, on a connu une montée alarmante de l'antisémitisme partout au Canada. Dans le cadre de la vérification annuelle par B'nai Brith d'incidents antisémites, on a constaté une augmentation de plus de 109,1 % de l'antisémitisme par rapport à l'année précédente. Notre vérification a également fait ressortir que les campus d'un bout à l'autre du pays deviennent de plus en plus le terrain d'actes antisémites. La situation des étudiants juifs canadiens de niveau postsecondaire est devenue insoutenable.
L'objectif de la présentation de B'nai Brith est d'aider le Comité à s'assurer que son rapport contient des recommandations que le gouvernement fédéral peut utiliser pour réagir de manière efficace aux besoins pressants des étudiants juifs de niveau postsecondaire au pays. Il est essentiel que les dirigeants canadiens travaillent pour assurer la sécurité et le bien-être continus des étudiants juifs de niveau postsecondaire au Canada. Pour que notre démocratie continue de s'épanouir, nos campus doivent demeurer des environnements propices à la réussite universitaire de tous les étudiants de notre pays.
Les membres de ce distingué comité ont l'occasion de contribuer à la lutte contre l'antisémitisme et de préserver le caractère sacré des campus postsecondaires en appuyant les recommandations suivantes dans leur prochain rapport.
Notre première recommandation est que le travaille avec les organismes fédéraux qui financent la recherche du Canada pour modifier leurs ententes de financement avec les institutions de manière à inclure une disposition selon laquelle toutes les activités financées par les organismes sont menées conformément à la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste et à ses exemples illustratifs.
Le gouvernement fédéral a adopté la définition de l'antisémitisme de l'AIMH en 2019. En 2021, le gouvernement fédéral s'est engagé à continuer d'améliorer l'adoption et la mise en œuvre de la définition opérationnelle de l'AIMH de l'antisémitisme et d'encourager l'adoption générale et la mise en œuvre de la définition de l'AIMH pour faire le lien avec l'adoption canadienne de la définition de l'AIMH en juin 2019 dans le cadre de la Stratégie fédérale de lutte contre le racisme du Canada. La recommandation de B'nai Brith Canada rendrait l'entente entre les organismes fédéraux de financement de la recherche et les établissements postsecondaires conforme à ces engagements.
Les ententes de financement utilisées par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada obligent déjà l'institution qui reçoit le financement à s'engager à élaborer et à mettre en œuvre des politiques efficaces et équitables. B'nai Brith Canada est d'avis qu'une disposition exigeant la consultation de la définition de l'AIMH et de ses exemples illustratifs s'inscrit dans l'esprit des ententes existantes et des principes directeurs énumérés par le gouvernement fédéral dans sa stratégie de lutte contre le racisme.
B'nai Brith est également d'avis qu'une telle disposition ne servira que dans un dessein d'amélioration et garantira que le financement de la recherche interorganisme du Canada s'aligne sur sa stratégie de lutte contre le racisme.
Notre deuxième recommandation est que le gouvernement fédéral inclue du financement dans son budget 2025 pour élaborer un programme quinquennal visant à améliorer les connaissances des étudiants de niveau postsecondaire au sujet de l'AIMH. Dans son énoncé sur la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme de 2024, le gouvernement fédéral a indiqué qu'il soutient et encourage fortement l'adoption et la mise en œuvre à grande échelle de la définition opérationnelle non juridiquement contraignante de l'antisémitisme, y compris ses exemples illustratifs.
B'nai Brith est d'avis que les efforts visant à garantir l'application à grande échelle de la définition de l'antisémitisme et de ses exemples illustratifs obligent le gouvernement fédéral à investir pour s'assurer que les futurs dirigeants du Canada connaissent bien les nuances de la définition et savent que ces exemples peuvent servir d'outil et de guide.
En tant que partenaire du financement du Programme de soutien aux communautés, au multiculturalisme et à la lutte contre le racisme du ministère du Patrimoine canadien, B'nai Brith a tenu une table ronde avec des dirigeants communautaires locaux de partout au pays. Le thème récurrent qui est ressorti était la nécessité d'une plus grande compréhension de la définition de l'antisémitisme de l'AIMH. Cela reflète les commentaires que B'nai Brith a reçus de la part d'étudiants juifs de partout au pays.
Le programme quinquennal pourrait être administré par le ministère du Patrimoine canadien, il pourrait utiliser les ressources du manuel de notre envoyée spéciale et il pourrait être dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je suis ici au nom du CIJA, soit le Centre consultatif des relations juives et israéliennes.
Je serai franc et je serai direct: il y a, au Canada, une crise d'antisémitisme.
[Traduction]
Le a qualifié de « terrifiante » la montée récente de l'antisémitisme, et il a raison.
Depuis le 7 octobre, nous avons constaté à Toronto une hausse de 93 % des crimes haineux, dont la majorité vise la communauté juive. À Vancouver, les signalements d'antisémitisme ont augmenté de 62 % en 2023, et 70 % d'entre eux se sont produits après le 7 octobre.
À Ottawa, le nombre de crimes et d'incidents haineux a augmenté de 20 % en 2023. À Ottawa, 1,4 % de la population est juive, et les Juifs ont été la cible de 27 % de ces crimes et incidents.
[Français]
À Montréal, des coups de feu sont tirés sur des écoles juives. Des cocktails Molotov sont lancés sur des synagogues et sur des centres communautaires.
[Traduction]
Les alertes à la bombe visent des écoles juives à Toronto. On dresse des lignes de piquetage devant les synagogues. Des manifestations se déroulent autour des quartiers juifs dans le seul but d'intimider leurs résidents. Des entreprises appartenant à des Juifs sont vandalisées.
[Français]
Dans nos rues et sur nos campus, nous entendons l'apologie du terrorisme et de la violence.
[Traduction]
Sur la Colline parlementaire, le cœur même de la démocratie canadienne, le 18 avril, nous avons entendu des gens louanger ce qui s'est passé le 7 octobre, scandant des slogans comme « Nos attaques de résistance sont la preuve que nous sommes presque libres » et « Le 7 octobre est la preuve que nous sommes presque libres. Longue vie au 7 octobre, longue vie à la résistance, longue vie à l'intifada, longue vie à toute forme de résistance ».
Cela s'est passé sur la Colline parlementaire.
[Français]
Le 28 octobre dernier, à Montréal, un imam controversé s'est vu confier le micro et il a déclaré, en arabe: « Allah, occupe-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, occupe-toi des ennemis de la population de Gaza. Allah, identifie-les tous, puis extermine-les, et n'épargne aucun d'entre eux! »
La semaine dernière, nous apprenions qu'il ne serait pas inculpé.
[Traduction]
Toujours à Montréal, on a entendu des gens crier « mort aux Juifs » devant une école juive. La situation a tellement dégénéré, les autorités étaient si passives, que la seule solution que la communauté a trouvée a été d'aller devant les tribunaux pour obtenir des injonctions afin de protéger son institution. Prenons le temps d'absorber cette information. Un recours extraordinaire, ces injonctions ont été accordées, puis prolongées, et prolongées de nouveau.
[Français]
La situation sur les campus est très mauvaise. Vous avez entendu certains trucs, la semaine dernière. Vous en entendrez durant le prochain groupe de témoins. Je dirai simplement ceci.
[Traduction]
La situation est si mauvaise sur les campus que le groupe de travail juridique du Centre consultatif des relations juives et israéliennes appuie une étudiante de l'Université métropolitaine de Toronto, la TMU, qui accuse l'université d'avoir favorisé un environnement antisémite toxique. Nous poursuivons la TMU. La TMU a rompu son contrat avec elle, a contrevenu à son obligation de diligence envers elle et a fait preuve de discrimination à son endroit en n'appliquant pas ses propres politiques et procédures conçues explicitement pour protéger les étudiantes comme elle contre des environnements antisémites.
Les universités sont maintenant averties. Il y a et il y aura des conséquences à laisser l'antisémitisme s'enraciner sur les campus.
[Français]
Je pourrais vous parler de la situation dans les syndicats. Je pourrais vous parler de la situation dans nos écoles, où nous avons souvent eu à protéger des étudiants.
Toutefois, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je me limiterai à vous faire huit recommandations.
[Traduction]
Premièrement, les dirigeants politiques doivent montrer l'exemple. Cela signifie qu'il y a des lois dans les livres pour faire face à la situation actuelle, mais celles‑ci ne sont pas appliquées. Le ministre de la Justice doit fournir une orientation claire selon laquelle les lois déjà en vigueur doivent être appliquées. On a désespérément besoin d'une meilleure formation pour les tribunaux, la police et les systèmes judiciaires.
[Français]
Deuxièmement, il faut interdire le groupe Samidoun, basé à Vancouver, à cause de ses liens directs et ouverts avec les groupes terroristes.
[Traduction]
Troisièmement, il faut créer une loi sur l'accès sécuritaire, aussi appelée loi bulle. Ottawa a un rôle à jouer à cet égard.
[Français]
Quatrièmement, il faut lutter contre la haine en ligne. Ce sera un débat auquel nous reviendrons souvent.
[Traduction]
Cinquièmement, on doit présenter la nouvelle stratégie de lutte contre le racisme et s'assurer qu'aucuns fonds gouvernementaux ne servent à promouvoir ou à répandre la haine. Autrement dit, on ne veut plus de Laith Marouf.
[Français]
Sixièmement, il faut interdire l'affichage des symboles des organisations terroristes listés en droit canadien.
[Traduction]
Septièmement, on doit inscrire le Corps des gardiens de la révolution iranienne sur la liste des organisations terroristes. Vous avez voté deux fois en ce sens. C'est maintenant le temps de le faire.
[Français]
Huitièmement, il faut améliorer la collecte des données relatives à tout cela.
[Traduction]
Je vais terminer là‑dessus, madame la présidente. Il y a actuellement une crise de l'antisémitisme au pays. Les mots ne suffisent pas. Nous avons besoin que vous agissiez maintenant.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je m'appelle Jaime Kirzner‑Roberts et je suis directrice principale, Politique et plaidoyer au Simon Wiesenthal Center, établi à Toronto.
Je me sens très privilégiée d'être ici aujourd'hui et d'avoir l'occasion de m'adresser à cette salle de législateurs estimés ainsi qu'à certains défenseurs communautaires vraiment fantastiques comme M. Marceau, M. Robertson et l'envoyée spéciale Lyons. Merci de me recevoir.
Depuis le 7 octobre, nous avons vu dans notre pays une explosion de haine antisémite, comme nous n'en avions jamais vu auparavant. Les universités de notre pays se trouvent à l'épicentre de ce problème, elles qui ont servi de terrain fertile à la mobilisation et au recrutement de groupes haineux antisémites, où des étudiants, des enseignants et des membres du personnel ont pu participer aux plus odieux des discours haineux et à la glorification de la violence et du terrorisme contre les Juifs, sans craindre le moindrement les conséquences.
Les étudiants juifs sont de plus en plus la cible des mauvais traitements infligés par leurs pairs, isolés par leurs professeurs, victimes de harcèlement et de discrimination, et craignent une discrimination qui influerait sur leurs notes. Dans certains cas, les étudiants ne se sentent plus en sécurité physiquement, même lorsqu'ils traversent leurs propres campus, car ils savent qu'ils devront passer devant des campements de manifestants et des manifestations, qui perpétuent une rhétorique haineuse.
Pour ce qui est des administrations universitaires, nous avons vu, malheureusement, qu'elles ont essentiellement sombré dans la lâcheté politique. Nous avons constaté une incapacité flagrante de demander des comptes aux étudiants, aux enseignants et au personnel qui ont commis les formes les plus odieuses de haine, qui ont glorifié les actes terroristes les plus odieux. Nous avons constaté un effet sur nos campus de l'incapacité de prendre des décisions stratégiques pour s'assurer que les campus demeurent sûrs pour les étudiants juifs, un échec des directions d'universités.
Ce n'est pas la première fois dans la longue histoire du peuple juif que nous voyons des universités devenir un terrain propice à l'antisémitisme le plus vil, un terrain propice aux groupes haineux antisémites. Nous avons vu cela bien avant dans notre longue histoire, et nous savons où cela mène. C'est pourquoi nous savons qu'il est temps d'agir maintenant.
Simon Wiesenthal, dont mon organisation porte le nom, est un survivant de l'Holocauste qui a consacré sa vie à la justice. Il a dit que la liberté n'est pas un cadeau tombé du ciel; c'est quelque chose pour quoi nous devons nous battre chaque jour.
Merci à vous tous de vous être joints à moi aujourd'hui dans notre lutte pour la liberté de tous les étudiants de nos campus, y compris les étudiants juifs.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à vous tous de vous être joints à nous aujourd'hui et de consacrer du temps à cette question.
Madame Lyons, je vais commencer par poser quelques questions à partir de certains exemples que j'ai ici.
L'Institut canadien du service extérieur produit ou communique au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement ce qui me semble être environ 80 pages de documents de formation sur la lutte contre le racisme.
Je vais commencer précisément par Affaires mondiales Canada. Je sais que vous avez fait une longue et estimée carrière dans le domaine des affaires étrangères. Cependant, dans 80 pages portant sur la lutte contre le racisme, avec tous les termes que vous pouvez imaginer et toutes les sortes de mythes et de faits — qui, bien franchement, à mon avis, dans certains cas, pervertissent l'histoire — il n'y a pas une seule mention de l'antisémitisme dans ces documents.
Pensez-vous vraiment que le gouvernement du Canada peut lutter contre l'antisémitisme s'il ne le mentionne pas dans ses propres documents de formation de lutte contre le racisme?
:
Merci beaucoup de poser cette question.
Écoutez, je pense que l'une des choses qui sont devenues évidentes, en particulier depuis le 7 octobre — en toute honnêteté, j'ai senti qu'elle était évidente avant d'accepter le poste — c'est qu'il y a beaucoup de travail difficile à faire partout au sein de notre fonction publique — à l'échelle fédérale, provinciale, municipale — dans les entreprises, la société civile et très certainement dans les universités, comme nous l'avons entendu dire ce matin et comme vous l'avez déjà entendu dire, pour nous assurer que les gens comprennent ce qu'est l'antisémitisme.
Nous devons nous assurer que les bonnes formations sont en place et que la définition de l'AIMH est mieux comprise et mise en œuvre. C'est exactement ce que nous cherchons à faire en ce moment, tant à mon bureau qu'au sein du ministère du Patrimoine canadien. Dans chacun des ministères, nous examinons la formation mise en place. Nous travaillons avec l'École de la fonction publique du Canada pour nous assurer que ces programmes de formation existent.
Vous avez tout à fait raison de dire que ce qui est en place à l'heure actuelle est cruellement insuffisant et doit changer de façon radicale. En toute sincérité, je pense que nous avons l'engagement de tous les ministres pour que cela se fasse. Je peux vous assurer que nous l'aurons, si nous ne l'avons pas déjà.
:
Je vais parler d'un autre aspect.
Ceci est un manuel du participant appelé « L'antiracisme: parlons‑en! ». J'utilise cet exemple parce qu'il fait environ 64 pages. Il est encore offert par le Conseil du Trésor comme manuel de formation. Ce manuel du participant, jusque bien après le 7 octobre, ne contenait aucune mention de l'antisémitisme.
Il renferme maintenant une mention de l'antisémitisme — qui a été insérée après le 7 octobre — mais la définition de ce terme ne fait pas l'unanimité. En fait, c'est une définition fournie par une organisation marginalisée qui n'aurait même pas été invitée à un comité comme celui‑ci pour parler d'antisémitisme. Des changements sont en train d'être apportés, mais ce ne sont pas les bons.
Dans certains cas, sur des sujets comme la définition du traumatisme racial, qui se trouve à la page 26 de ce manuel « L'antiracisme: parlons‑en! » — ce qui n'est pas du tout de l'antiracisme — il est question de l'expérience des personnes noires, des Autochtones et des personnes de couleur. La définition exclut toute mention des Juifs, des Bosniaques, des Arméniens, de quiconque pourrait avoir été victime de traumatisme intergénérationnel, une chose sur laquelle la définition reposait probablement lorsqu'elle a vu le jour. Même les changements qui sont en train d'être apportés au gouvernement ne sont pas les bons.
Encore une fois, je vous demande comment est‑il possible qu'un comité comme celui‑ci formule des recommandations au gouvernement du Canada si le gouvernement du Canada a en fait un problème interne qui est corrigé par des problèmes plus importants?
:
Je remercie l'honorable députée d'avoir posé la question.
Encore une fois, j'insiste sur le fait que nous avons beaucoup de travail à faire. Nous ne sommes pas du tout satisfaits pour ce qui est de nous assurer que la définition de l'AIMH, que le Parlement canadien et tous les partis ont approuvée et qui est acceptée par la plupart de nos gouvernements provinciaux...
Je vous remercie de poser la question, parce que cela me donne l'occasion de parler du manuel concernant la définition de l'AIMH que nous espérons publier en juin. Il contiendra une explication claire et une interprétation de la façon dont la définition de l'AIMH doit être utilisée pour soutenir toute notre formation sur l'antisémitisme. Vous avez tout à fait raison de signaler que, même si certains de nos gens essaient d'apporter des modifications et des améliorations, nous ne sommes toujours pas là où nous devrions être. Encore une fois, il y a du travail difficile à faire.
Je pense que l'engagement est là. Je sais que la nouvelle stratégie de lutte contre le racisme 2.0 sera lancée sous peu. Nous savons que le gouvernement envisage d'annoncer son plan d'action de lutte contre la haine. Toutes ces mesures sont une occasion de faire une campagne intensive, pas seulement dans l'ensemble du gouvernement fédéral, mais aux échelons provincial et municipal, pour veiller à ce que l'antisémitisme soit bien compris.
Y a‑t‑il un meilleur moment que maintenant?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence et de leur rôle dans la lutte contre l'antisémitisme. Nous avons plus que jamais besoin de votre leadership, car l'antisémitisme n'a jamais été aussi répandu au Canada.
En effet, comme nous l'avons vu récemment, B'nai Brith a publié son audit annuel faisant état de 5 791 incidents antisémites commis en 2023, soit plus du double de l'année précédente, et ces tendances n'ont fait que s'accélérer depuis le 7 octobre. La réalité est que la haine envers les Juifs sévit au Canada — au sein du gouvernement et dans les entreprises, les syndicats, les universités, les écoles, les lieux de culte, nos quartiers, partout.
La dernière fois, le Comité a entendu un certain nombre d'étudiants juifs très courageux, et leurs histoires étaient bouleversantes. Dans les universités du pays, les jeunes Juifs sont marginalisés, menacés et agressés sur les campus, presque toujours sans aucun recours ni application des codes de conduite de leurs propres écoles. Pas plus tard que la semaine dernière, mon collègue Anthony Housefather et moi sommes allés à l'Université de la Colombie-Britannique, et nous avons pu voir de nos yeux le campement illégal qui s'y trouvait. Nous avons vu des banderoles appelant explicitement à l'éradication d'Israël et à la violence contre les Juifs. Nous avons visité l'Université d'art et de design Emily-Carr et avons vu l'œuvre d'un étudiant juif vandalisée par la haine envers les Juifs. Nous avons parlé avec des professeurs et des membres de syndicats juifs qui ont subi l'antisémitisme; voyant qu'aucune mesure n'était prise, certains d'entre eux — comme le Dr Ted Rosenberg, que le Comité entendra sous peu — ont démissionné de leur faculté.
La vérité est que les universités canadiennes ne sont pas sûres pour les étudiants juifs. Nous sommes effectivement en crise. De nombreuses universités ont des politiques en matière de diversité, d'équité et d'inclusion, ou en matière d'EDI, qui ne font aucunement référence à l'antisémitisme, ce qui est choquant.
Ma question s'adresse à l'envoyée spéciale du gouvernement, Mme Lyons.
À mon avis, il est impossible de promouvoir des campus sûrs et inclusifs pour tous si les politiques en matière d'EDI restent totalement muettes sur l'une des formes de haine et de discrimination les plus profondément enracinées à l'endroit d'un groupe identifiable. Madame Lyons, vous avez parlé de vos expériences avec les universités. Les universités devraient-elles mettre à jour leurs politiques en matière d'EDI, pour mentionner expressément l'antisémitisme? Devraient-elles mobiliser des professeurs juifs, des employés juifs et des étudiants juifs dans cette démarche?
:
J'ai hâte de voir cette recommandation se concrétiser dans le rapport final du Comité.
Par ailleurs, je voudrais aborder la nécessité d'une meilleure formation des forces de l'ordre du pays en ce qui concerne les poursuites pour les discours haineux antisémites, car les tendances sont profondément alarmantes. Nous avons entendu et vu des manifestants dire des choses comme: « Tous les sionistes sont des racistes », « Tous les sionistes sont des terroristes » et « Vive le 7 octobre », qui a été le jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l'Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le cas d'Adil Charkaoui est peut-être l'un des crimes les plus flagrants que j'ai vus, certainement depuis le 7 octobre. Au lendemain du 7 octobre, il est descendu dans les rues de Montréal, a dénoncé les sionistes et a appelé à tuer les ennemis du peuple de Gaza. Il a dit: « n'épargne aucun d'entre eux ». En tant qu'ancien procureur, j'ai trouvé la décision de ne pas engager de poursuites pénales incompréhensible et extrêmement problématique. Les sionistes constituent un groupe identifiable pour des motifs fondés sur la race, la religion et/ou l'origine ethnique aux fins des articles 318 et 319 du Code criminel.
Ma question s'adresse à tous ceux qui veulent y répondre. Je vois M. Marceau dans la salle. Je sais que Mme Kirzner-Roberts est également en ligne.
Avons-nous besoin d'une meilleure formation des forces de l'ordre, y compris de la police et des procureurs, pour les aider à comprendre ce qu'est le discours haineux antisémite et pour garantir que, dans l'application de nos lois existantes, nous assurons la sécurité de nos communautés?
Monsieur Marceau, je vous cède la parole.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Marceau, madame Lyons, monsieur Robertson, madame Kirzner‑Roberts, je vous remercie d'être ici avec nous, aujourd'hui. Je pense que cette étude est importante, comme le disait d'entrée de jeu Mme Lyons. Il s'agit d'un sujet parmi les plus importants sur lesquels notre comité devra se pencher cette année, et nous devons le faire sérieusement.
J'ai bien écouté mes collègues et les témoins, et je suis, moi aussi, très préoccupé par les propos tenus par M. Adil Charkaoui l'automne dernier. J'ai, moi aussi, de la difficulté à m'expliquer la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de ne pas poursuivre M. Charkaoui. Je ne remets pas en question sa décision et je suis convaincu que celle-ci était fondée sur de bonnes raisons, comme toutes les décisions qu'il prend. Cependant, je m'interroge sur notre rôle en tant que législateurs au fédéral. N'y a-t-il pas quelque chose qui cloche? N'y a-t-il pas des gestes que nous pourrions poser?
En ce sens, mon parti a déposé, récemment, un projet de loi qui vise à abolir les exceptions religieuses prévues au Code criminel.
Présentement, en vertu de l'article 319, il est interdit de fomenter volontairement la haine, d'inciter publiquement à la haine ou de fomenter volontairement l'antisémitisme. Je vous épargne la lecture de l'article en entier, mais des défenses sont également prévues, notamment si un individu accusé de telles infractions a, de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel il croit, ou a tenté d'en établir le bien-fondé par argument.
À notre avis, ce genre d'exception ne devrait pas se retrouver au Code criminel. Nous pensons que le Code criminel doit s'appliquer de la même façon à tous les citoyens et que les règles du vivre ensemble au Canada doivent être les mêmes pour tout le monde, quelle que soit la religion et quelles que soient les croyances, et que si, au hasard des choses, une religion permettait ou proposait d'inciter à la haine ou de poser des gestes violents, cette religion, à notre humble avis, n'aurait sa place ni au Québec ni au Canada.
Madame Lyons, à votre avis, devrions-nous nous débarrasser de ce genre d'exception religieuse, qui permet de commettre ce qui serait autrement considéré comme des crimes pour le seul motif qu'on le fait sur la base d'un texte religieux auquel on croit?
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Merci, madame la présidente.
À l'instar de mes collègues, je remercie tous les témoins d'être ici pour contribuer à éclairer l'étude entreprise par le Comité.
Dans la déclaration liminaire de tous les témoins, j'ai trouvé un fil conducteur concernant le besoin d'éducation et de formation, particulièrement en ce qui concerne les établissements postsecondaires du Canada. Je veux voir si nous pouvons attirer l'attention du Comité sur les étudiants avant qu'ils n'entrent dans le système postsecondaire.
J'ai eu une enfance assez unique dans les années 1980: j'ai vécu à la fois en Allemagne et en Israël. J'ai vécu en Allemagne de 1982 à 1985. Certains de mes voisins étaient d'anciens soldats de la Wehrmacht, et j'ai compris très jeune la culpabilité collective du pays pour son rôle dans l'Holocauste. Plus tard, j'ai passé un an en Israël et, bien sûr, j'ai rencontré quelques survivants de l'Holocauste. J'ai visité le mémorial de Yad Vashem. Ces deux expériences ont eu un impact profond sur ma vie dès mon plus jeune âge et m'ont aidé à comprendre l'Holocauste et les expériences collectives des Juifs du monde entier.
Madame Lyons, je sais que l'éducation est de compétence provinciale. Cependant, pensez-vous que le Comité pourrait recommander au gouvernement fédéral d'établir un partenariat avec les gouvernements provinciaux pour permettre aux étudiants d'acquérir les connaissances nécessaires avant qu'ils n'arrivent dans les établissements d'enseignement postsecondaire, afin qu'ils soient moins vulnérables à la haine qui a été décrite si clairement ici?
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Merci beaucoup de cette question très importante. Permettez-moi de mentionner certaines choses dès le début.
La plupart des provinces, par l'intermédiaire de leur ministre de l'Éducation, s'engagent désormais à rendre obligatoire l'enseignement de l'Holocauste dans les écoles, de la maternelle à la 12e année, ce qui sera mis en œuvre à l'automne 2025. Nous avons ici une occasion formidable, compte tenu de l'intérêt porté à notre environnement, malheureusement, à l'heure actuelle sur la question de l'antisémitisme. Nous nous penchons sur la question. Nous avons un engagement de la part des ministres provinciaux de l'éducation. Dans le récent budget, le gouvernement fédéral a engagé 5 millions de dollars supplémentaires pour les 5 prochaines années, dont 2 millions de dollars de façon continue pour l'éducation sur l'Holocauste. Nous disposons désormais d'un remarquable engagement et d'excellents outils pour faire le travail nécessaire qui permettra réellement à nos enfants de la maternelle à la 12e année d'en apprendre davantage sur l'Holocauste.
De plus, pour le Comité, nous devons également veiller à ce que cela soit relié à une meilleure compréhension de l'antisémitisme moderne et de la façon dont tout cela est lié, et ce, d'une manière qui éduque également — je dois l'admettre — les enseignants et les conseils scolaires sur l'antisémitisme des temps modernes.
Du point de vue du Comité, je pense que nous pourrions faire en sorte que, au fil de la mise en œuvre du programme, celui‑ci s'attache également à ce que font les environnements de haine et à l'expérience d'antisémitisme moderne que nous vivons en ce moment.
Merci.
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Bienvenue à tous à notre second groupe de témoins.
On m'informe que le test sonore a été fait pour le témoin qui comparait par vidéoconférence. Je demande aux témoins qui sont dans la salle de bien vouloir prendre leur place. Merci beaucoup.
Bienvenue à nos témoins du deuxième groupe. Nous accueillons aujourd'hui à titre personnel M. James A. Diamond, titulaire de la Chaire d'études juives Joseph and Wolf Lebovic de l'Université de Waterloo, par vidéoconférence. Nous avons également Dr. Ted Rosenberg, médecin, à titre personnel. Nous avons Mme Deidre Butler, professeure agrégée, du Réseau des professeur.e.s canadien.ne.s engagé.e.s et M. Cary Kogan, professeur.
Je demanderai à chacun des trois témoins — les deux personnes comparaissant à titre personnel et l'organisme — de s'exprimer pendant cinq minutes au maximum. Je lèverai une carte lorsqu'il restera 30 secondes et je vous laisserai gentiment savoir que votre temps est écoulé.
Nous allons commencer dès maintenant par la première personne figurant sur mon document, qui comparaît par vidéoconférence. Le son a été testé, et tout va bien.
Monsieur Diamond, vous avez la parole pendant cinq minutes. Merci.
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Merci, madame la présidente.
C'est un honneur pour moi de m'adresser au Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à participer à ces délibérations très importantes sur l'antisémitisme.
Je vais commencer par vous parler de mon expérience personnelle sur l'un des campements, à l'Université de Toronto. Je vous ai envoyé, et j'espère que vous l'avez reçue, la lettre que j'ai fait parvenir à l'administration de l'Université de Toronto. J'ai eu une rencontre assez choquante. Vous remarquerez que ma lettre ne contient aucun mot au sujet des Juifs, d'Israël, de Gaza... rien de ce genre. J'ai essayé de critiquer le comportement de l'université, son comportement en général.
Je dois ajouter que la seule raison que j'ai pu donner pour expliquer cette rencontre très choquante, insultante et humiliante est que j'étais visiblement juif. En d'autres termes, je portais un yarmulke, ou une kippa. Je revenais d'une conférence regroupant des membres de différentes confessions à l'institut pontifical. Le niveau de conversation n'aurait pas pu être plus différent, allant, je dirais, du sublime à l'obscène.
Voilà quelques détails sur ma rencontre et ce qui se passait là‑bas. Je pense que ce qui se passe, c'est que de nombreuses causes différentes que certaines personnes pourraient qualifier de progressistes sont associées à la situation en Israël et au conflit actuel. D'ailleurs, ce n'est pas nouveau. Cela dure depuis des décennies. Je révèle mon âge, mais j'étais étudiant en 1973 à l'Université de Toronto. Les mêmes choses se produisaient, sauf qu'aujourd'hui, je pense qu'il faut ajouter l'ingrédient toxique des médias sociaux. C'est un autre facteur qui, je l'espère, sera pris en considération lorsque vous aborderez les problèmes d'antisémitisme.
Ce qui se passe maintenant, c'est que l'antisémitisme a toujours été présent sous différentes formes, que ce soit, au début l'antijudaïsme, le racisme, l'antiracisme dans lequel l'antisémitisme a vraiment atteint un point culminant lors de l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale ou l'économie. Marx a lui-même rédigé un traité sur les Juifs et l'argent, un traité obscène qui fait souffrir les juifs depuis son écriture. Cela touche tous les domaines: la gauche, la droite, peu importe. Je n'utiliserai pas le terme racisme ici. Je pense qu'il s'agit d'une forme unique de discrimination.
Selon moi, ce qui se passe dans les universités et dans les campements, c'est que l'antisémitisme a pris la forme de l'anti-israélisme, de l'antisionisme, et qu'il a été légitimé de cette façon. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas critiquer un gouvernement. Vous pouvez certainement critiquer Israël, mais le trouble obsessionnel-compulsif, comme vous pouvez le voir, qui se concentre uniquement sur le conflit est selon moi inexplicable sans cette dimension La dimension qui distingue l'État d'Israël de tous les autres États et la dimension juive. Je ne peux pas expliquer cette quasi-obsession par rapport à d'autres crises humanitaires bien plus graves... qui se déroulent actuellement au Soudan, par exemple. Cela ne se compare aucunement, sur le plan de l'ampleur de la crise.
Pour moi, en tant qu'universitaire, il s'agit d'une autre forme. Je pense que le vice-président, M. Fortin, a posé cette question à la fin de la dernière séance. C'est certainement très inextricablement lié. Je veux simplement que le Comité soit attentif à ce que la définition de l'AIMH souligne, soit qu'il s'agit d'une autre forme d'antisémitisme... pas tout, pas toutes les critiques, mais je pense que cela explique en grande partie ce qui se passe.
Merci, madame la présidente
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Merci, madame la présidente. C'est vraiment un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui.
Je sens le poids du fardeau que portent les médecins et les travailleurs de la santé de religion juive dans tout le Canada. Ils se sentent attaqués et marginalisés dans nos universités et nos hôpitaux. Je sens le poids qui accable la majorité des Juifs canadiens, choqués par la vague sans précédent de haine antisémite et démoralisés par la réaction inadéquate de nos dirigeants. Je peux sentir le poids que supportent des milliers de Canadiens, atterrés par les actes de haine flagrante, de harcèlement et de violence qui submergent le dialogue civil et envahit nos universités, nos rues, nos cinémas et nos commerces.
En janvier 2024, j'ai démissionné de mon poste de professeur adjoint à la faculté de médecine de l'Université de la Colombie-Britannique parce que je crois que l'UBC, à l'instar de la plupart des facultés de médecine et des universités du pays, a permis à la haine pure des Juifs de s'y infiltrer jusqu'à devenir systémique.
Je suis médecin, et j'ai eu le privilège d'étudier et de pratiquer la médecine pendant plus de 40 ans. J'ai travaillé dans des collectivités autochtones éloignées ainsi que dans le domaine de la santé publique et de la recherche. J'ai passé les 20 dernières années à faire des consultations à domicile pour des personnes âgées à la santé fragile. J'adore enseigner et servir de mentor.
À présent, selon mes étudiants et mes collègues, on m'accole à tort, comme à n'importe quel autre partisan d'Israël, l'étiquette de raciste qui soutient l'apartheid blanc, européen et colonialiste ainsi que le régime génocidaire qui affame délibérément la population, se livre à un nettoyage ethnique et assassine des femmes et des enfants. Sauriez-vous imaginer quoi que ce soit de plus odieux? Comment des gens qui ont une conscience pourraient-ils ressentir autre chose que du mépris et de la haine contre toute personne qui soutient ce genre de régime ignoble? Et voilà qui on m'accuse d'être.
Dans une pétition signée par le tiers des étudiants de la faculté de médecine de l'université, en novembre 2023, on a lancé des accusations diabolisant le soi-disant régime colonial israélien. On l'accusait d'occuper Gaza et d'en assassiner les habitants depuis 75 ans. De fausses accusations similaires de génocide ont été reprises par Gem Newman, qui a prononcé le discours d'adieu de sa promotion à l'Université du Manitoba, mon alma mater. Les gens se sont levés pour l'applaudir.
En plus des accusations concernant l'assassinat de 35 000 femmes et bébés à Gaza, il a aussi porté des accusations de bombardements intentionnels ciblant les hôpitaux et d'assassinat délibéré de médecins et de journalistes. Il en parlait comme s'il s'agissait de faits, alors que le bombardement de l'hôpital al‑Ahli a été mis en doute et que le nombre tragique de pertes civiles a été revu à la baisse de 50 % par les Nations unies, la semaine précédant son discours. Malheureusement, il semble que les faits n'ont plus d'importance, même dans les facultés de médecine, qui jadis tiraient leur fierté de leur rigueur scientifique et de leurs travaux fondés sur les faits.
Des professeurs de médecine ainsi que des résidents seniors de l'UBC ont publiquement accusé les Juifs de meurtres rituels en lien avec le trafic d'organes, les appelant peuple déicide, et fomenté des complots antisémites en toute impunité. Ils ont partagé des publications selon lesquelles les médecins sionistes, des Juifs comme moi, sont racistes, et ils ont demandé qu'ils soient retirés des processus de sélection pour les postes de résidents postdoctoraux.
Il ne s'agit pas de différences politiques inoffensives. Comment les médecins juifs sont-ils censés enseigner à des étudiants qui éprouvent tant de mépris à notre égard? Les patients juifs seront-ils en sécurité avec des médecins qui appellent à l'éradication d'Israël? Les médecins qui foulent aux pieds d’Israël et qui réclament un boycottage universitaire seront-ils prêts à collaborer avec leurs collègues juifs dans le cadre de recherches ou même pour prendre soin des patients?
Je ne crois pas que l'on m'accepterait à la faculté de médecine en 2024. Que veut‑on, un système de santé qui priorise l'idéologie et une médecine décentralisée et décolonisée plutôt que les soins aux patients?
Deux cent quatre-vingt-quatre médecins ont signé une lettre qui a été envoyée au président et doyen, Dermot Kelleher, pour exprimer leurs préoccupations quant au harcèlement, à l'antisémitisme flagrant et à l'environnement toxique et hyperpolitisé, mais il a refusé de nous rencontrer.
Nous avons découvert que l'antisémitisme — la haine des Juifs — n'est pas officiellement reconnu par le moteur de recherche du site diversité, équité et inclusion pour les groupes vulnérables, et ce, même si le gouvernement du Canada, dans un document daté de 2023, a fait une mise en garde à propos de la hausse des crimes haineux antisémites sur les campus canadiens.
Non seulement l'administration tolère cette diabolisation, mais elle a jugé illégitimes nos préoccupations concernant la haine contre les Juifs. À dire vrai, la faculté de médecine a refusé de reconnaître, dans son affiche pour la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste, que l'Holocauste, c'est le meurtre antisémite de six millions de Juifs par les nazis. Nos préoccupations étaient illégitimes. On nous a dit qu'il s'agissait d'une leçon universelle, qui ne concernait pas les Juifs en particulier. L'affiche a été modifiée seulement après que les donateurs ont fait connaître leur fort mécontentement.
Pour nous, il y a deux poids, deux mesures. À juste titre, c'est la tolérance zéro pour l'homophobie, l'islamophobie, la misogynie ou la discrimination contre les Noirs et les Autochtones. Tous les autres groupes peuvent définir leurs expériences comme étant de la haine systémique, mais pour une raison ou une autre, les Juifs n'ont pas ce droit. Pour une raison quelconque, c'est plus compliqué que cela, tout comme l'ont dit les présidents des grandes universités. On peut accepter des appels au génocide contre les Juifs sur les campus. Il faut tenir compte du contexte. Mais qu'en est‑il des appels au génocide contre les Noirs ou les Autochtones? Faut‑il aussi tenir compte du contexte?
La diabolisation, la délégitimation et le deux poids, deux mesures — les 3D — sont d'excellents indicateurs pour qui veut savoir à quel moment les critiques légitimes à l'égard des Juifs et de l'État d'Israël cèdent la place à la haine.
Les doyens, les présidents et les politiciens nous disent que les étudiants ne font qu'exercer leur droit à la liberté d'expression, qu'ils expriment leur indignation morale et qu'ils militent pour la justice sociale.
J'aimerais vous rappeler que les étudiants allemands, après la Première Guerre mondiale, s'indignaient aussi contre l'injustice et de la pauvreté. Les étudiants russes s'indignaient contre l'exploitation des travailleurs. Les étudiants chinois étaient indignés contre les autorités durant la Révolution culturelle. Les diplômés de la Sorbonne, rien de moins, et les Khmers rouges, s'indignaient contre le capitalisme et le colonialisme occidental. Vous savez où cela a mené?
Aujourd'hui, les étudiants s'indignent contre le sionisme.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Kogan, madame Butler, monsieur Rosenberg et monsieur Diamond, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. C'est une importante étude, et votre contribution est tout aussi importante.
Monsieur Diamond, j'aimerais revenir sur ce que vous avez dit plus tôt. J'ai bien aimé ce que vous avez dit, à savoir que la liberté d'expression n'inclut pas nécessairement l'obligation d'écouter. Je suis tout à fait d'accord avec vous, et je voulais le souligner d'entrée de jeu.
Évidemment, je pense que nous sommes tous d'accord sur le fait que l'antisémitisme est inacceptable. En tout cas, je ne connais personne qui n'est pas d'accord. Nous sommes ici pour chercher des façons d'améliorer les choses. Autrement, nous parlerions seulement pour le plaisir, ce qui n'est pas très productif. Nous cherchons donc des façons de mieux protéger la liberté de religion et la liberté d'expression partout au Québec et au Canada. Cela me préoccupe et m'amène à me poser une question. Si je comprends bien ce que vous demandez ou ce que la communauté juive canadienne demande, c'est une liberté de religion, un respect de ses croyances religieuses qui soit le même que celui qu'on a pour toutes les religions. J'aimerais faire le point là-dessus avec vous, monsieur Diamond.
Est-ce bien ce qu'on demande, c'est-à-dire qu'on traite tout le monde de la même façon, ou demande-t-on quelque chose de particulier pour la communauté juive?
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Je ne peux pas parler au nom de toute la communauté juive du Canada, mais, comme vous l'avez parfaitement dit, il s'agit seulement de diverses façons d'aborder l'antisémitisme.
Je vais parler de ce qui me préoccupe dans mon propre domaine, le milieu universitaire, et d'où cela nous mènera, d'après moi. Pour ce qui est de la liberté d'expression et de la liberté de religion, les gens font l'erreur de voir les Juifs comme étant simplement des gens qui pratiquent une religion, mais les Juifs sont beaucoup plus que cela. Ils forment une nation. Ils forment un peuple. Ils ont une culture.
Je dirais seulement une chose, pour vous offrir la perspective universitaire. À cause de tout ce qui se passe présentement, on assiste à un très large éventail de pratiques discriminatoires contre les universitaires juifs. Par exemple, on met fin aux collaborations scientifiques, on annule les invitations à des conférences, on refuse d'évaluer les articles universitaires soumis à des journaux, on refuse d'évaluer des candidats pour les promotions et on retire des offres pour des postes dans les universités, entre bien d'autres choses.
Même selon mon point de vue, assez restreint, il s'agit d'un phénomène très pernicieux. C'est une forme d'antisémitisme qui réprime la liberté universitaire au sein des universités, et cela aura des conséquences incroyables, qui ne se limiteront pas qu'aux Juifs.
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Merci, monsieur Diamond.
Dans un monde idéal, ou dans un Québec ou un Canada idéal, on voudrait, et j'en suis, qu'on puisse parler librement de tous les sujets, de toutes les religions, de toutes les philosophies et de tous les modes de pensée, sans que l'autre soit obligé d'écouter ou d'être d'accord sur ce qui a été dit.
À mon avis, qu'une université tienne des discussions théoriques, au cours desquelles on n'est pas d'accord sur une question, c'est non seulement normal, mais c'est sain aussi. C'est ce qu'on souhaite. On veut que tout le monde soit libre de pratiquer sa religion et d'avoir ses croyances.
Êtes-vous d'accord sur cette affirmation, monsieur Diamond?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être des nôtres aujourd'hui et d'aider à éclairer notre comité dans le cadre de son étude sur un sujet si difficile.
Dans un monde idéal, les universités seraient un endroit où les gens pourraient avoir des discussions difficiles sur tout un éventail de sujets. Je pense que tous nos témoins ont clairement établi une distinction entre cela et la haine abominable qui existe à l'égard de nombreux étudiants juifs sur les campus de tout le Canada. Merci d'avoir fait cette distinction. Je crois que vos commentaires, qui présentent votre perspective universitaire, reflètent et réitèrent ce que le Comité a entendu de la part d'étudiants, alors je vous remercie d'être venus ajouter cette perspective importante.
J'aimerais adresser ma première question au RPCE.
Il y a plus d'un gouvernement concerné, ici: il y a le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, et la question que j'aimerais vous poser porte là‑dessus. Notre comité est le comité de la justice, et nos recommandations seront présentées, ultimement, au gouvernement fédéral.
Y a‑t‑il quoi que ce soit de plus que vous aimeriez voir le gouvernement fédéral faire, dans son travail avec les ministres des gouvernements provinciaux responsables de l'enseignement postsecondaire? Y a‑t‑il quoi que ce soit qui manque dans cette relation ou quoi que ce soit que le gouvernement fédéral pourrait faire pour aider ces ministres à exercer leurs responsabilités à l'égard des établissements postsecondaires de leurs provinces respectives?
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Nous avons quelques suggestions, bien sûr.
La première chose que je dirais, c'est que nous manquons de données de haute qualité sur la situation actuelle sur nos campus, et cela est en partie la faute des systèmes de signalement qui existent sur nos campus, à l'échelle du Canada, où on ne prend pas les signalements. On n'écoute pas ce qui est dit, et, quand on écoute, on ne voit pas d'antisémitisme, ou alors on ne considère certainement pas que c'est de l'antisémitisme. Si vous parlez à des présidents et aux gens de l'administration des universités, ils vous diront qu'il n'y a aucun problème. Mais nous vous le disons: il y a un très grave problème.
Nous avons besoin de données de qualité, et il faut que ce soit des données objectives, dont tout le monde peut reconnaître l'authenticité et la légitimité.
Je pourrais ensuite vous parler d'équité, de diversité et d'inclusion, mais je ne sais pas si vous voulez...
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Oui, je peux en parler.
Je pense qu'il y a un problème, actuellement. D'ailleurs, nous avons déposé une demande de subvention au Conseil de recherches en sciences humaines — le CRSH — pour examiner le fait que les cadres relatifs à l'équité, à la diversité et à l'inclusion, sur nos campus, ne s'intéressent pas aux Juifs et ne s'intéressent pas à l'antisémitisme; même, dans certains cas, le cadre idéologique divise le monde en noir et blanc, entre victimes et agresseurs, entre opprimés et oppresseurs.
Ce qui arrive, c'est que l'on essaie de faire entrer les Juifs dans ce cadre, même si c'est inapproprié. C'est une application inappropriée du cadre.
Je dirais que nous devrions renforcer ces cadres d'équité, de diversité et d'inclusion de façon à intégrer l'expérience juive et aussi de tenir compte de l'antisémitisme, d'une manière qui protégera et reconnaîtra réellement l'expérience juive.
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Merci, j'aimerais seulement faire deux commentaires.
Tout d'abord, l'antisémitisme n'est pas reconnu par la Faculté de médecine de l'Université de la Colombie-Britannique. Si vous cherchez ce terme avec leur engin de recherche, il n'existe pas. Comment pouvez-vous dire qu'il y a un problème si ce terme n'existe pas? Si vous avez l'impression que vous êtes victime de discrimination, déposez une plainte, mais ne dites pas que vous êtes Juif ou que c'est de la haine envers les Juifs ou de l'antisémitisme.
Cette semaine, un sondage a circulé sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique; il s'adressait à la faculté de médecine et demandait aux gens de dire à quel groupe ils appartenaient. Tous les groupes figuraient dans le sondage sauf celui des Juifs.
Mon deuxième point concerne la question de la diversité, de l'équité et de l'inclusion. Ce n'est pas seulement que c'est une définition très stricte de votre univers Marvel d'oppresseurs et d'opprimés; des oppresseurs qui ne peuvent rien faire de bien et des opprimés qui ne peuvent rien faire de mal. C'est aussi que, en tant que Juifs, on nous a qualifiés de blancs et de privilégiés, et aussi pire que tout, d'oppresseurs par excellence qui appuient le colonialisme, ce qui est, présentement, la pire étiquette que vous pouvez accoler à quelqu'un au Canada.
C'est la situation des Juifs présentement.