:
Bonjour, tout le monde.
J'ouvre la réunion d'aujourd'hui.
[Traduction]
Bienvenue à la 106e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 21 mars 2024, le Comité reprend son étude sur l'antisémitisme.
Avant de commencer, je tiens à rappeler à tous les membres et aux autres participants à la réunion présents dans la salle quelques mesures de prévention importantes. Afin d'empêcher les incidents de rétroaction acoustique perturbateurs et potentiellement dommageables qui peuvent causer des blessures, tous les participants en personne doivent garder leurs oreillettes loin de tous les microphones, en tout temps.
Comme il est indiqué dans le communiqué du président adressé à tous les députés le lundi 29 avril, des mesures ont été prises pour aider à prévenir les rétroactions acoustiques. Toutes les oreillettes ont été remplacées. Veuillez n'utiliser que les oreillettes noires approuvées. Toutes les oreillettes inutilisées devraient être débranchées au début de la réunion si vous ne les utilisez pas. Lorsque vous n'utilisez pas une oreillette, veuillez la placer face contre le bas au milieu de l'autocollant. Veuillez consulter les cartes sur la table pour obtenir des directives sur la façon d'empêcher les incidents de rétroaction acoustique.
Ces mesures sont en place pour que nous puissions mener nos travaux sans interruption et protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
[Français]
Je vous remercie d'avance de votre collaboration.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride.
[Français]
Je vous informe que tous les tests de son ont été faits.
[Traduction]
Je sais qu'il y a une caméra qui ne fonctionne pas, mais tous les tests de son ont été réalisés.
J'aimerais formuler quelques commentaires dans l'intérêt des députés et des témoins.
Premièrement, veuillez attendre que je vous donne nommément la parole avant de parler. Deuxièmement, je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence. Dans l'intérêt des personnes qui assistent à la réunion et qui regardent la webdiffusion, je vous rappelle que tous les mémoires peuvent être envoyés au Comité jusqu'au 27 mai 2024, et ils ne devraient pas dépasser trois pages.
Je tiens maintenant à accueillir nos témoins pour la première séance.
À titre personnel, nous accueillons M. Mark Sandler. Nous avons Mme Sheryl Saperia, directrice générale de Secure Canada, qui comparaît par vidéoconférence. Nous accueillons en personne M. Gabriel Miller, président-directeur général d'Universités Canada. Nous recevons par vidéoconférence le chef de police adjoint Robert Johnson et la sergente-détective par intérim Kiran Bisla, du Service de police de Toronto.
Chacun des quatre témoins aura cinq minutes pour présenter sa déclaration liminaire, après quoi nous passerons à la série de questions. Je vous indiquerai en levant la carte qu'il ne reste que 30 secondes. Si vous ne la voyez pas, je devrai probablement vous interrompre lorsque le temps sera écoulé, et je serai équitable avec tous les témoins, ainsi qu'avec tous les députés, bien sûr.
Sur ce, nous allons commencer, et j'inviterai Mme Gladu à bien vouloir commencer avec ses six minutes.
Le 7 octobre, la vie des Juifs canadiens a basculé, pas seulement, parce qu'Israël avait été une fois de plus la victime de brutalités terroristes dirigées contre des citoyens impuissants, mais presque immédiatement et avant qu'un seul soldat israélien ne mette les pieds à Gaza, dans les rues et les campus canadiens, des membres du corps enseignant et des étudiants, des dirigeants syndicaux et des djihadistes connus ont célébré et glorifié les actes de barbarie du Hamas.
Parmi les personnes assassinées figurait la militante pacifiste respectée israélo-canadienne Vivian Silver, qui a participé, entre autres, au transport d'enfants de Gaza vers les hôpitaux israéliens.
Quelle perversion idéologique, quel comportement humain, et quelle effroyable ignorance expliquent que l'on glorifie et que l'on érige en martyrs ceux qui violent des femmes, torturent, décapitent et brûlent vifs les Juifs — et au Canada — ou ceux qui se vantent du nombre de Juifs qu'ils ont massacrés?
Les Juifs canadiens, je vous le dis, sont déprimés, fâchés, frustrés et surpris par la banalisation de la haine dirigée contre eux.
Ne dites pas aux Juifs canadiens que ce sont des cas isolés de haine, alors que de grands nombres de manifestants marchent derrière une bannière qui dit « Par tous les moyens possibles », où l'image est celle d'une arme brandie.
Ne dites pas aux Juifs que l'on interprète de façon anodine les mots « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », qui reflètent ceux d'une organisation terroriste djihadiste génocidaire et antisémite, d'autant plus que, il y a deux jours à peine, une grande marche dans les rues de Toronto a scandé non seulement la réponse à cette phrase, mais aussi « La seule solution est la révolution par l'intifada »; « Nous ne voulons pas deux États. Ramenez-nous en 1948 », et où l'on a scandé le nom de Sinwar, le principal criminel de guerre du Hamas.
Ne dites pas aux Juifs qu'il ne s'agit pas d'antisémitisme ou que ce n'est qu'un discours protégé lorsque des étudiants et des enseignants radicalisés disent que tous les sionistes représentent le mal, sont racistes et génocidaires. La grande majorité des Juifs sont des sionistes, et bon nombre d'entre nous sommes propalestiniens.
Je pense sans avoir peut-être aucune trace d'humilité que j'en ai fait plus pour défendre les droits des Palestiniens que toutes les personnes qui manifestent de la manière que j'ai décrite.
Ne dites pas aux Juifs que leurs enfants sont en sécurité dans leurs écoles et leurs universités. Lisez par exemple le mémoire choquant d'Ottawa Against Antisemitism. Dans les écoles publiques, les enseignants effacent Israël de la carte et le remplacent par la Palestine. Les étudiants présentent des exposés où ils louent le leadership d'Hitler, disant qu'il n'a échoué que parce qu'il n'a pas terminé le travail. Une étudiante dans une cérémonie de collation des grades a changé la reconnaissance des terres autochtones pour reprocher aux Juifs d'avoir tué tout son peuple: le directeur n'a pas jugé que c'était problématique. Certains étudiants jouent à « étrangler les Juifs », alors que d'autres se font menacer à la pointe d'un couteau, jeter sur le sol boueux d'un autobus scolaire, dire de goûter à ce à quoi leurs grands-parents ont goûté pendant l'Holocauste et se font dire par leurs enseignants de simplement laisser faire.
Ne dites pas aux femmes juives qu'elles sont en sécurité sur les campus. Allez lire le mémoire tout aussi choquant de Canadian Women Against Antisemitism, qui a connu les pires formes de haine juive misogyne: « pute sioniste », « putain de violeur d'enfants qui a des bébés sionistes », « pute juive riche, tu devrais être violée ». Ce sont les mots d'étudiants de TMU.
Ne dites pas aux Juifs canadiens que ce sont des cas isolés. Les données montrent le contraire.
Je m'adresse à vous personnellement en tant que personne luttant depuis près de 40 ans contre l'antisémitisme et d'autres formes de haine, y compris la haine contre les Noirs, les personnes LGBTQ, les Autochtones et, effectivement, la haine contre les musulmans. Toutefois, j'ai également invité plus de 40 groupes, organisations et personnes profondément inquiètes par l'antisémitisme à se réunir dans une alliance pour lutter contre l'antisémitisme sur les campus afin de faire part de leur expérience et de leur expertise et de vous transmettre leurs recommandations. Tous ont répondu à l'appel.
Vous lirez les perspectives d'Autochtones, de musulmans, de catholiques, d'enseignants, d'étudiants de tous les niveaux, de médecins, d'avocats, de professeurs, d'universitaires, d'un contrôleur des médias, d'ONG communautaires, d'experts en extrémisme et de personnes qui travaillent avec moi à bâtir un dialogue respectueux entre les musulmans et les Juifs sur les campus à l'échelle nationale.
Je vais conclure mes remarques en vous présentant dix raisons que j'ai recensées pour vous, en essayant de relier tout ce que vous avez entendu, qui démontrent que l'antisémitisme ouvert est très présent au Canada.
J'espère que celles‑ci vous aideront, en plus de 14 recommandations concrètes pour lutter contre l'antisémitisme.
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Bonjour et merci de m'avoir invitée ici aujourd'hui.
Je m'appelle Sheryl Saperia. Je suis directrice générale de Secure Canada, un organisme sans but lucratif fondé au départ par des victimes canadiennes d'actes terroristes. Notre mission est de lutter contre le terrorisme, l'extrémisme et les menaces connexes à la sécurité et à la démocratie nationale du Canada, en créant des lois, des politiques et des alliances novatrices et transformatrices. Nous sommes également membre de la coalition informelle de l'Alliance contre l'antisémitisme sur les campus au Canada.
Secure Canada n'est pas une organisation juive. L'antisémitisme n'est pas mentionné dans notre mandat, mais il est devenu de plus en plus évident que l'antisémitisme se transforme en menace à la sécurité nationale et mondiale, ce qui place cette question directement dans notre mandat.
L'antisémitisme est un principal point d'entrée pour la radicalisation, l'adhésion à des groupes extrémistes et la mobilisation à la violence. L'antisémitisme sous-tend l'extrémisme violent à caractère idéologique d'un bout à l'autre du spectre, de l'extrémisme nationaliste blanc et néonazi à l'extrémisme de l'extrême gauche, en passant par l'extrémisme islamiste. La population juive n'est peut-être pas la cible, mais l'antisémitisme est utilisé pour exploiter les vulnérabilités et les doléances d'un peuple et pour lier un large éventail de pensées conspirationnistes.
Différents facteurs peuvent rendre une personne plus susceptible de devenir extrémiste. Ce sont parfois des considérations de santé mentale, ou une personne peut être déconnectée socialement ou avoir vécu un traumatisme familial dans le passé. Commence alors l'intersection avec l'idéologie haineuse en ligne, où les personnes lisent que si leur vie est à ce point malheureuse, c'est la faute aux Juifs. Arrivent ensuite les théories du complot antisémites et le discours « nous contre eux ». Lorsqu'elles le lisent assez souvent dans des lieux assez différents, elles se disent: « Les Juifs ont pris le contrôle. Je dois faire partie d'un mouvement de riposte. »
Pour les jeunes adultes désenchantés en particulier, c'est un modèle qui donne du sens à leurs problèmes. Cela fait maintenant plus de sept mois depuis les attaques du 7 octobre commises par le Hamas, et nous voyons de nouvelles tendances à la radicalisation apparaître en Ontario. Premièrement, les jeunes enfants, âgés de 12 et 13 ans, sont radicalisés. Deuxièmement, les idéologies extrémistes se fusionnent, ce qui fait que l'on voit maintenant des islamistes adorer Hitler. Troisièmement, il y a une nouvelle mouture d'extrémistes qui détestent cinq choses: les Juifs, les femmes, la démocratie, la police et les personnes transgenres.
Nous vivons dans une ère de mondialisation; c'est pourquoi il est difficile d'isoler les variables canadiennes des variables étrangères qui attisent l'antisémitisme d'aujourd'hui, mais il vaut la peine d'explorer les deux éléments. Le financement étranger des universités nord-américaines constitue un domaine de recherche important.
Une organisation appelée ISGAP a découvert qu'un afflux massif de dons étrangers à des collèges américains, dont la plupart proviennent de régimes autoritaires, appuient des niveaux accrus d'intolérance envers les Juifs, les enquêtes publiques et la liberté d'expression.
L'un des membres du conseil d'administration de Secure Canada est l'expert renommé de lutte contre l'extrémiste établi au Royaume-Uni, Haras Rafiq. M. Rafiq note que le Qatar a dépensé jusqu'à 1 billion de dollars pour propager l'influence de la puissance douce et de l'endoctrinement islamiste, qui, par son essence même, est antisémite et constitue le fondement de l'idéologie d'entités terroristes comme le Hamas, l'État islamique et Al-Qaïda. La Russie et la Chine, entretemps, semblent manipuler l'opinion publique en faisant la promotion de [difficultés techniques]
:
Merci, je vous en suis reconnaissante.
La Russie et la Chine, entretemps, semblent manipuler l'opinion publique en faisant la promotion de messages anti-israéliens en ligne. Qu'elles soient ou non financées par des fonds étrangers, les universités nord-américaines doivent trouver un moyen de démanteler le paradigme universitaire omniprésent et destructeur selon lequel les Juifs et les Israéliens sont dépeints comme l'incarnation ultime du mal d'aujourd'hui: les oppresseurs colonisateurs blancs, riches, privilégiés et racistes.
Le problème de l'antisémitisme et de l'extrémisme au Canada a aussi des dimensions locales. Il convient d'étudier si la minimisation de l'identité et des valeurs nationales canadiennes, associée à une forte utilisation des politiques identitaires, rend les jeunes sur les campus et en‑dehors de ceux‑ci plus vulnérables aux recruteurs charismatiques qui cherchent à radicaliser et à recruter de nouveaux membres pour leur cause extrémiste. Autrement dit, une forte identité canadienne reposant en partie sur le respect des valeurs démocratiques libérales et un rejet clair des valeurs autoritaires intolérantes pourraient aider à créer la résilience nécessaire pour inoculer contre la radicalisation.
Le gouvernement, par l'intermédiaire de l'ARC, doit adopter une position ferme contre les organismes de bienfaisance et sans but lucratif qui font la promotion de l'extrémisme ou entretiennent des liens avec des groupes terroristes. Il est déconcertant qu'un groupe comme Samidoun soit un organisme enregistré sans but lucratif au Canada plutôt qu'une organisation incluse dans la liste des groupes terroristes. Le Corps des gardiens de la révolution islamique n'a peut-être pas de statut d'organisme de bienfaisance ici, mais le refus du gouvernement de le désigner comme groupe terroriste alors que l'on continue de trouver au Canada des membres du régime iranien crée une culture d'impunité.
Parlant d'impunité, un nouveau groupe appelé Lawyers for Secure Immigration signale l'absence d'activités d'application de la loi…
:
Bonjour, madame la présidente et honorables membres du Comité.
[Français]
Je m'appelle Gabriel Miller et je suis le président-directeur général d'Universités Canada. Nous sommes la voix des universités canadiennes à l'échelle fédérale et internationale.
[Traduction]
Même si cela ne fait que deux mois que je me suis joint à Universités Canada, je suis convaincu qu'il n'y aura jamais d'autres questions aussi importantes que celle dont nous discutons ici aujourd'hui.
Pour commencer, je tiens à remercier le Comité d'avoir entrepris cette étude importante qui arrive en temps opportun. Fait encore plus important, je tiens à remercier les étudiants et les universitaires juifs qui ont bravement raconté leurs histoires douloureuses. Je suis désolé de ce que vous avez subi. Nous vous entendons et nous prenons cette question très au sérieux.
Universités Canada condamne sans équivoque l'antisémitisme et toutes les formes de racisme et de discrimination. Les actes antisémites haineux n'ont pas de place sur nos campus et dans nos communautés. Ils doivent cesser.
Apprendre dans un campus bienveillant exempt de harcèlement, d'intimidation ou de crainte pour sa sécurité est essentiel pour les étudiants et pour l'intégrité de nos établissements. L'environnement universitaire devrait favoriser la liberté d'expression, et cela s'accompagne de la liberté de s'opposer à des opinions ou à des déclarations que nous pourrions trouver malavisées ou offensantes. Cependant, les étudiants doivent se sentir en sécurité lorsqu'ils fréquentent l'université pour apprendre et participer pleinement à la vie sur le campus.
En tant qu'organisation nationale, Universités Canada a récemment agi dans quatre principaux domaines.
Premièrement, nous avons travaillé avec la Sécurité publique et la GRC pour assurer la sécurité physique des étudiants, du personnel et des enseignants.
Deuxièmement, nous avons pris des mesures pour prévenir les actes haineux et antisémites dans le cadre des codes de conduite des campus, qui devraient, par définition, aider à protéger les étudiants juifs.
Troisièmement, nous avons échangé des pratiques exemplaires et des leçons entre les établissements et la communauté.
Quatrièmement, nous avons travaillé avec 27 universités pour décrire les mesures précises qu'elles prennent pour lutter contre l'antisémitisme en réponse à une demande de députés faite le 13 décembre.
Universités Canada travaille en étroite collaboration avec Deborah Lyons, le ministère de la Sécurité publique, la GRC, les députés locaux et les organisations communautaires comme le Réseau des professeur.e.s canadien.ne.s engagé.e.s, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes et B'nai Brith Canada. Nous entretenons également une communication étroite avec nos homologues étrangers, comme Universities UK et l'American Council on Education.
Nous écoutons avec attention les étudiants et les universitaires juifs ainsi que les chefs de file dans la lutte contre l'antisémitisme. Nous accueillons les solutions pratiques et concrètes qui ont été présentées au Comité, y compris les propositions pour garantir une application égale des codes de conduite; les politiques sur l'égalité, la diversité et l'inclusion qui luttent contre l'antisémitisme et protègent les étudiants, les enseignants et le personnel juifs; les nouveaux programmes d'éducation et de formation; la collecte de données et des rapports plus complets; et l'élargissement de l'utilisation de la définition non contraignante de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste comme outil utile pour aider les universités à reconnaître l'antisémitisme et à s'y attaquer.
Nous sommes déterminés à travailler avec vous, les gouvernements et les partenaires juifs afin de donner suite à ces recommandations.
Nous savons, d'après les rapports de police et les vérifications annuelles, que les incidents antisémites ont connu une hausse croissante au Canada. Comme l'ont signalé à juste titre de nombreuses personnes ayant comparu devant le Comité, si l'on ne met pas fin à l'antisémitisme là où il se trouve, il se répand; il croît. Nous ne pouvons pas oublier les leçons de l'histoire lorsqu'il s'agit de savoir comment un langage haineux non contrôlé évolue trop facilement vers des actions encore plus haineuses.
Ces problèmes ne s'arrêtent pas à la porte des campus. L'antisémitisme touche toute notre société et exige une réponse pangouvernementale. Ce n'est pas non plus une question partisane, et j'espère que les députés continueront d'aborder cette étude et le rapport qui en découlera en adoptant une approche multipartisane.
[Français]
Les universités ont la responsabilité particulière d'être des modèles de dialogue et de conduite faisant preuve de respect. Cette responsabilité est attendue non seulement de nos étudiants, de notre personnel et de nos professeurs, mais aussi des dirigeants de la communauté canadienne dans son ensemble. Il nous incombe de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir l'antisémitisme, tout comme il incombe aux dirigeants élus et aux dirigeants de tous les secteurs de faire de même.
[Traduction]
Merci d'entreprendre ce travail important. Je suis impatient de répondre à vos questions.
C'est vraiment un privilège de m'adresser à vous aujourd'hui et de vous communiquer des renseignements concernant l'unité responsable des crimes haineux du Service et son mandat, la façon dont le service enquête sur les crimes haineux et y répond, l'augmentation importante de 47 % des signalements de crimes haineux en 2023 et les nombreux efforts de sensibilisation communautaire faits par le Service pour lutter contre les crimes haineux.
Il importe de souligner que les services de police n'ont pas tous une unité dédiée aux crimes haineux, et la façon dont la police réagit aux crimes à caractère haineux diffère d'un service à l'autre.
Mise sur pied en 1993, l'unité chargée des crimes haineux recueille des données statistiques et veille à ce que les infractions liées aux crimes haineux fassent l'objet d'enquêtes approfondies dans la ville de Toronto. Depuis ses débuts, l'unité responsable des crimes haineux a été intégrée à la section de sécurité des services du renseignement. Ce placement est voulu, car les crimes haineux peuvent être des précurseurs de l'extrémisme violent se manifestant sous la forme d'extrémisme et de terrorisme criminel, deux domaines d'enquête relevant du mandat de la section de sécurité. Cela permet des actions de soutien mutuel dans des circonstances où les enquêtes sur les crimes haineux et l'extrémisme violent se chevauchent.
Enquêter sur les crimes haineux est une priorité du Service de police de Toronto. Les lois sur les crimes haineux sont complexes, parce qu'il peut être difficile de déterminer la motivation des partis pris, des préjugés ou de la haine, et le contexte est primordial. Un élément essentiel du mandat de l'unité responsable des crimes haineux est de fournir une formation interne à ses membres et de contribuer à l'élaboration de programmes d'éducation publique en partenariat avec d'autres membres du Service et de la communauté.
En 2023‑2024, l'unité responsable des crimes haineux a offert une formation à de nouvelles recrues, aux répartiteurs, aux agents auxiliaires et aux membres de l'unité de la sécurité publique formés spécialement pour intervenir dans des manifestations et des protestations publiques. Ces efforts visent à faire en sorte que les policiers et les membres de la communauté puissent reconnaître les crimes haineux et travailler en collaboration pour s'assurer que ces crimes ne sont pas sous-signalés.
Le signalement des crimes haineux est essentiel, car il permet de repérer les tendances et les modèles d'un bout à l'autre de la ville, ce qui oriente ensuite les stratégies à l'échelle du Service, comme la prévention des crimes haineux, la sensibilisation communautaire et l'éducation du public. D'autres aspects du mandat de l'unité responsable des crimes haineux comprennent la tenue d'enquêtes, l'assistance et la fourniture d'une expertise dans toutes les enquêtes et les poursuites relatives aux crimes haineux et à la propagande haineuse, le suivi et l'assistance concernant tous les incidents haineux auprès des victimes de crimes haineux et des communautés touchées, la participation à des manifestations et la collecte de preuves, et l'enquête relative à tout crime haineux, propos haineux ou signalisation haineuse soupçonnés.
Comme vous le savez peut-être, le seuil à atteindre pour déposer des accusations de propagande haineuse est très élevé; il nécessite le consentement du procureur général de l'Ontario. L'unité responsable des crimes haineux assure régulièrement la liaison avec le groupe de travail spécialisé sur les crimes haineux du ministère du Procureur général relativement aux enquêtes sur les crimes haineux et sollicite le consentement du procureur général concernant les accusations de propagande haineuse, au besoin.
L'unité chargée des crimes haineux facilite également l'échange d'information à l'aide de ses réseaux internes et de divers organismes d'application de la loi à l'échelle provinciale, nationale et internationale. Cela suppose l'organisation conjointe de réunions hebdomadaires avec l'équipe d'enquête sur les crimes haineux et l'extrémisme de la province et le partenariat continu avec la GRC et la Fondation canadienne des relations raciales. Cela suppose également la participation à des sommets nationaux et internationaux, notamment le sommet mondial Eradicate Hate qui s'est tenu l'an dernier à Pittsburgh pour échanger des idées et établir des relations fonctionnelles entre des experts en la matière et divers organismes gouvernementaux, dirigeants communautaires, universitaires et responsables de l'application de la loi.
L'unité chargée des crimes haineux est également responsable d'examiner, de classer et de consigner tous les incidents de crime à caractère haineux signalés. La classification des crimes haineux repose sur les critères définis dans le Code criminel et les lignes directrices établies par le Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités.
Ce vendredi, le Service présentera son rapport « 2023 Annual Hate Crime Statistical Report » au conseil d'administration du Service de police de Toronto.
À l'exception de 2022, le nombre de crimes haineux signalés est en hausse constante depuis 2018. De nombreux facteurs peuvent contribuer à la fluctuation du nombre de crimes haineux signalés et des différents groupes communautaires qui sont victimisés, dont les événements géopolitiques et la sensibilisation accrue découlant des programmes d'éducation communautaire, de la formation sur les crimes haineux et de l'augmentation de la couverture médiatique.
En 2023, le Service a connu une augmentation de 47 % du signalement des crimes haineux par rapport à 2022, le nombre étant passé de 248 à 365. Au cours des 10 dernières années, entre 2012 et 2022, environ 174 crimes haineux ont été signalés en moyenne par année. Le conflit en cours au Moyen-Orient, qui a connu une escalade après les événements du 7 octobre 2023, est un important facteur ayant contribué à l'augmentation des signalements.
En 2023, on a vu une hausse des signalements des crimes haineux dans les catégories de victimes suivantes. Les incidents antisémites ont augmenté de 65 en 2022 pour passer à 135 en 2023. Les incidents antimusulmans, antipalestiniens et anti-arabes ont augmenté de 12 en 2022 pour passer à 36 en 2023. Le signalement des crimes haineux contre les personnes 2ELGBTQ+ a augmenté de 40 en 2022 pour passer à 65 en 2023.
Il y a eu une augmentation de 32 % du nombre de crimes haineux signalés après le 7 octobre pour les mois d'octobre, de novembre et de décembre 2023 par rapport à la même période en 2022. Les méfaits à l'égard d'un bien ont fait l'objet du signalement le plus élevé…
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L'une d'entre elles est évidemment du ressort de la province, étant donné qu'elle est responsable des services de police. Les trois autres pourraient être appropriées dans le cadre de cette tribune.
Premièrement, il faut créer des unités dédiées aux crimes haineux qui imposeront un cours sur les crimes haineux destiné aux enquêteurs ainsi qu'une formation adaptée sur le plan culturel. Cela fournira aux membres du Service les connaissances de base au sujet de la pratique des religions comme le judaïsme et l'islam, ainsi qu'une meilleure compréhension des conséquences communautaires des crimes haineux, en plus de garantir une approche d'enquête uniforme.
Deuxièmement, on doit adopter une définition normalisée des « crimes haineux ». On recommande de tenir des consultations communautaires afin de mieux comprendre la définition et les slogans controversés. Nous savons, d'après nos discussions avec la communauté et nos agents, que le manque de clarté quant à ce qui constitue un incident haineux par opposition à un crime haineux ou à la propagande haineuse est source de frustration. Un engagement à l'égard de l'éducation et de la formation continues pour nos agents aidera le public et la police à ce sujet.
Troisièmement, on doit éliminer le consentement du procureur général comme préalable au dépôt d'accusations de crimes haineux. L'objectif est de donner plus de pouvoir à la common law pour faire évoluer les règles concernant les discours et les comportements acceptables. De plus, il faudrait envisager d'interdire certains drapeaux ou symboles.
Quatrièmement, la liste des organisations interdites, qui financent le terrorisme et la haine, devrait être mise à jour, car de nombreux autres groupes sont apparus depuis le 7 octobre.
Je vous remercie.
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Je remercie les témoins d'être présents ce matin.
Le Comité a entendu des témoignages troublants de Juifs canadiens d'à peu près toutes les générations, jusqu'à la période suivant la Deuxième Guerre mondiale. Leur témoignage est clair et uniforme: les Juifs sont pris pour cibles à chaque occasion: étudiants, professeurs, professionnels, propriétaires d'entreprise, fonctionnaires, membres de syndicat, chefs confessionnels, familles.
La semaine dernière encore, une fusillade a éclaté à Bias Chaya Mushka, une école juive pour filles à North York, dans ma ville d'origine de Toronto. C'est un autre incident horrible à ajouter aux niveaux records de violence antisémite contre les Juifs, tels qu'ils ont été documentés par B'nai Brith.
Imaginez que vous devez envoyer votre fille à l'école ce matin en sachant que des gens veulent l'attaquer, et tout ce que vous voulez, c'est vous assurer qu'elle sera en sécurité. Combien de Juifs se sentent en sécurité lorsque les lois ne sont pas appliquées? Lorsque des campements se poursuivent pendant des semaines sans conséquence ou, comme dans le cas d'Adil Charkaoui à Montréal, qui a démonisé explicitement les sionistes et incité à la violence sans s'exposer à des accusations, les Juifs ne se sentent pas en sécurité. Ils ne se sentent pas en sécurité, et les conséquences sont réelles. Il y a plus de manifestations illégales, plus de violence, plus de haine contre les Juifs. Cette étude doit être un appel à l'action pour inviter tous les Canadiens à enfiler leur équipement, à prendre un boyau d'arrosage et à éteindre l'incendie dévastateur qu'est l'antisémitisme au pays.
Ce matin, je veux me concentrer sur un mémoire écrit de Canadian Women Against Antisemitism. Il s'agit d'une organisation basée à Toronto. Son mémoire écrit explique de façon détaillée les conséquences de l'antisémitisme sur les femmes juives. Il souligne deux points clés: premièrement, le mot « sioniste » a été détourné et perverti en tant que prémisse raciste contre les Juifs; deuxièmement, la violence sexuelle contre les femmes et les filles est explicitement associée à la haine contre les Juifs.
Nous le voyons particulièrement dans les campements universitaires, où l'on nie à répétition le viol et la torture des femmes par le Hamas, en plus de scander « Longue vie au 7 octobre », de glorifier le terrorisme et, par ricochet, la violence faite aux femmes ce jour‑là. Le mémoire fait même allusion à une fille de six ans qui s'est fait dire qu'elle devrait être violée par Hitler et que tous les Juifs devraient mourir.
Monsieur Sandler, vous êtes expert en droit pénal, mais nul besoin d'être expert pour conclure qu'il s'agit de preuves prima facie de propos haineux. Ai‑je raison à ce sujet?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être des nôtres ce matin. C'est un sujet important qui préoccupe tout le monde, et leurs lumières ne peuvent que nous éclairer davantage dans la recherche de solutions.
Mes questions s'adressent au chef de police adjoint M. Johnson, mais la sergente-détective Mme Bisla pourra sans doute y répondre également.
Vous nous avez parlé de quatre recommandations. J'aime cette approche où l'on cherche à régler la situation. Il y a des choses évidentes, comme la formation. Évidemment, je suis d'accord et je trouve ça assez évident. Vous avez également parlé de la définition de « crime haineux ». J'avoue que c'est un sujet qui me préoccupe. Je ne sais pas si l'un d'entre vous pourrait répondre à mon interrogation.
Quelle suggestion auriez-vous à faire pour élaborer une définition qui serait utile, efficace et claire? Vous y avez sûrement réfléchi.
Monsieur Johnson, voulez-vous répondre à cette question?
:
Merci. Je vous en suis très reconnaissant.
J'ai cerné les facteurs suivants et je serai heureux de les exposer en détail si nécessaire.
Nous constatons la participation active d'extrémistes et d'organisations extrémistes au Canada, qui mènent leurs activités ici en toute impunité.
Nous voyons de l'argent étranger injecté au Canada. Nous avons vu un expert décrire le Canada comme une importante plaque tournante du financement de l'extrémisme et du blanchiment d'argent à l'échelle mondiale.
Nous constatons l'utilisation détournée des médias sociaux pour diffuser des informations erronées, des stéréotypes antisémites et des déformations historiques. Cette utilisation abusive est souvent orchestrée par des extrémistes et des gouvernements étrangers.
Nous voyons des professeurs radicalisés qui cherchent à endoctriner les étudiants plutôt que de s'engager dans une discussion où des sujets controversés sont abordés.
Nous constatons dans de nombreuses salles de cours une culture qui ne favorise pas un dialogue respectueux sur les questions controversées et qui n'encourage pas la pensée critique et l'écoute active.
Nous constatons la confusion, et souvent, le brouillage souvent délibéré de la distinction entre les discours protégés et les discours haineux, visant à exonérer de toute responsabilité ceux qui se livrent à des activités ou à un discours haineux.
Nous constatons la sous-utilisation et l'utilisation inconstante, par les services responsables de l'application de la loi et des poursuites, des outils de droit pénal existants. De mon point de vue, le problème réside moins dans la définition d'un crime haineux que dans la formation à l'aide de scénarios de cas, afin que les policiers comprennent réellement ce que vous faites dans une situation précise. J'ai travaillé avec la police de Toronto sur des scénarios de cas antérieurs au 7 octobre, et je pense que c'est d'une importance cruciale, surtout maintenant.
Nous constatons que de nombreuses administrations scolaires n'appliquent pas leurs propres codes de conduite pour protéger les élèves contre les préjudices.
Nous constatons l'utilisation de slogans qui incitent à la violence, encouragent la haine et reprennent sans équivoque les propos et les activités djihadistes.
Enfin, nous voyons des articles des médias traditionnels. Je ne dénigre pas les médias en général, mais ce que je vois ici, ce sont des articles des médias traditionnels qui, souvent, minimisent les perspectives pro-israéliennes, ou en font abstraction, soumettent les affirmations du Hamas à un examen moins minutieux que les affirmations qui émanent d'Israël, traitent des allégations non étayées comme des faits et ne corrigent pas les affirmations incendiaires sur Israël ou négligent de les réfuter ou de les rectifier comme il se doit, et ce, constamment.
:
Par votre entremise, madame la présidente, merci de la question.
Ce sont deux points qui ont été soulevés dans toutes nos discussions avec des étudiants et des dirigeants juifs.
Pour ce qui est du premier point, nous avons contribué à recueillir des réponses à une question dans une lettre de députés envoyée à 27 universités qui posaient précisément cette question. Tous les répondants — je crois que M. Housefather pourrait me corriger — ont déclaré que leurs politiques actuelles interdisaient l'antisémitisme. Cependant, selon des étudiants et des professeurs, c'est dans l'application équitable de ces codes de conduite que les institutions échouent. Il y a du travail à faire là‑bas. Je pense qu'une meilleure formation — pour reprendre certains des points soulevés par M. Sandler — et de meilleurs outils pour reconnaître et combattre l'antisémitisme seront très utiles.
En ce qui concerne l'approche en matière d'EDI, il est bien évident qu'il y a beaucoup de travail à faire pour garantir que les cadres et les politiques en matière d'EDI, ainsi que les administrateurs, protègent tous les étudiants, en particulier les étudiants et les professeurs juifs. Nous avons vu des exemples où des changements ont déjà été apportés, ainsi qu'un engagement de la part de toutes nos universités à continuer d'apporter des changements pour refléter le fait qu'il y a maintenant, je pense, une prise de conscience croissante que ces politiques doivent en faire plus pour protéger les Juifs canadiens.
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Merci à tous les témoins.
Je vais commencer par vous, monsieur Miller.
Je dois dire que l'un des défis auxquels je fais face aujourd'hui est l'écart entre ce que les étudiants nous ont dit lors de la conférence de presse et ici dans leur témoignage et ce que vous dites, qui sont des paroles très aimables. Vos propos sont très rassurants. Cependant, il semble y avoir un décalage entre ce qu'ils vivent et ce que vous dites au nom des universités.
Je vais peut-être commencer par ce point. Lorsque l'envoyée spéciale, Deborah Lyons, est venue prendre la parole ici, elle a déclaré: « Nos cerveaux n'ont pas rétréci, que ce soit à cause de la COVID ou des médias sociaux. Nous sommes capables d'avoir deux pensées en même temps dans nos esprits […] il est possible d'être à la fois pro-israélien et pro-palestinien. Les Canadiens en sont capables. »
Les universités sont là pour contribuer à favoriser un dialogue et des désaccords respectueux.
Que font les universités pour aborder ce problème? À l'heure actuelle, nous entendons dire qu'il y a un manque de respect sur les campus.
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C'est une très bonne question, et je vous remercie de l'avoir posée.
Selon moi, la réponse touche à de multiples facteurs.
Premièrement, je pense que les gens ne comprennent pas réellement ce qu'est l'antisémitisme. Je pense qu'en plus du manque de compréhension à l'égard de l'antisémitisme, il y a un manque de compréhension à l'égard des limites à ne pas franchir avant de commettre une infraction criminelle.
À mon avis, c'est un enjeu de formation et d'éducation, nous en avons parlé. C'est un enjeu où il faut des procureurs spécialisés, qui travaillent sur ce genre de cas chaque jour. Il nous faut une stratégie nationale, afin que les gens comprennent de quoi il est question ici.
Un autre facteur est malheureusement l'antisémitisme latent. Je ne dis pas que j'accuserais à la légère d'antisémitisme une personne qui décide de ne pas entamer de poursuite, parce que je pense que l'ignorance est le plus gros problème, quand il s'agit de poursuites en justice et de la police, mais c'est définitivement quelque chose qui existe.
Troisièmement, et c'est d'une importance capitale, je pense que la liberté d'expression sert maintenant d'arme et est délibérément déformée pour freiner les poursuites en justice. Par exemple, si je dis ici que célébrer les actes barbares du Hamas n'est pas un discours protégé ou si je dis ici que « par tous les moyens nécessaires » n'est pas un discours protégé, alors je serais accusé d'islamophobie. Je serais accusé de propager la haine, de n'avoir rien compris aux limites ou de déformer ces limites.
Comme je l'ai dit, j'ai travaillé avec des membres de la communauté musulmane. J'ai participé au dialogue entre Juifs et musulmans. Cette distorsion contribue à freiner les poursuites en justice légitimes.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de m'avoir invité à témoigner au nom de l'Université Concordia.
Concordia compte 50 000 étudiants et membres du personnel, et notre campus du centre-ville se trouve sur deux des rues les plus achalandées de Montréal.
[Français]
Nous accueillons des étudiantes et des étudiants de tous les coins du monde. Cette diversité est une richesse pour nous. Nous sommes fiers de notre communauté juive, qui a façonné l'identité et les réalisations de Concordia tout au long de son histoire. Nous sommes également fiers de nos communautés palestinienne, arabe et musulmane. Elles contribuent aussi au caractère de Concordia et à ses nombreuses réussites.
[Traduction]
Les attaques horribles du Hamas contre Israël et la guerre qui a éclaté par la suite à Gaza ont exposé les divisions de la société canadienne, lesquelles se reflètent aussi à Concordia. De nombreuses personnes de notre communauté ont souffert d'une profonde angoisse, subi des traumatismes et déploré des pertes. Dans de telles circonstances, notre première responsabilité est de faire preuve d'empathie et d'offrir notre soutien à tous, mais ce conflit cause un tel niveau de peur et de colère qu'il y a une limite à ce que l'empathie et la compassion peuvent accomplir.
Je ne prétends pas pouvoir vous donner des réponses ou des suggestions parfaites. La polarisation ambiante et la complexité des défis auxquels nous faisons face sont difficiles pour tout le monde, mais ce que je peux dire catégoriquement, c'est qu'il n'y a aucune place pour la haine à Concordia. Nous sommes tous dégoûtés par la montée de l'antisémitisme, la propagation de l'islamophobie et la prolifération de la haine et de la violence fondées sur l'identité.
Les universités canadiennes incarnent la liberté universitaire, la liberté d'expression et la liberté d'association. Elles devraient être des lieux de réflexion et de débat civil et éclairé par les faits. Elles doivent aussi être des lieux où les gens — et par-dessus tout les étudiants — se sentent en sécurité et où tous et toutes peuvent participer à la vie universitaire, sans craindre d'être intimidés ou harcelés.
Malheureusement, l'expérience vécue par certains membres de notre communauté a été ternie par des actes de mépris, d'intolérance et de haine réels et perçus. Un exemple frappant a eu lieu le 8 novembre, lors d'une altercation entre étudiants et personnes de l'extérieur survenue dans l'un de nos pavillons du centre-ville. Le personnel de sécurité du campus a essayé de désamorcer la situation, mais la police a finalement dû intervenir. Deux personnes ont été arrêtées. Il y a ensuite eu des procédures disciplinaires, qui se poursuivent encore aujourd'hui.
Cet incident a entaché la réputation de Concordia. Des questions légitimes ont été soulevées quant à la façon dont nous défendons nos valeurs et veillons à offrir un environnement sécuritaire pour tout le monde.
[Français]
Depuis, nous avons adapté et élargi notre approche à l'égard du dialogue et de la résolution de conflits. Nous collaborons régulièrement avec les groupes étudiants. Nous avons rencontré nos dirigeants syndicaux. Nous avons refusé ou annulé certains événements que nous jugions susceptibles d'engendrer un climat d'intimidation. Il s'agissait d'événements prévus tant par des organisations propalestiniennes que par des organisations pro-israéliennes. De plus, je me suis adressé directement à la communauté à plusieurs reprises et, chaque fois, j'ai insisté sur notre rôle collectif pour trouver des solutions.
[Traduction]
Avons-nous réagi parfaitement dans chaque situation? Non, mais nous avons soigneusement réfléchi, avant d'agir, en cherchant à respecter l'équilibre entre les différents droits en jeu, et notre communauté a généralement réagi de la même façon.
Après l'incident de novembre, des groupes pro-Israël ainsi que propalestiniens ont régulièrement tenu des tables de discussion et des événements d'information durant le reste de l'année scolaire. Une fois, en janvier, les deux tables étaient l'une à côté de l'autre. Nous étions bien sûr nerveux à propos de cet événement, mais nous avions tous retenu des leçons de la mauvaise expérience de novembre. Le climat est resté civil, et il n'y a pas eu d'incident.
Malheureusement, en mars, un petit nombre d'individus ont honteusement attaqué le club Hillel. Le personnel de sécurité du campus est intervenu rapidement, mais c'était un autre incident douloureux pour notre communauté.
Si je vous parle de ces exemples, positifs et négatifs, c'est pour être transparent. Il y a bien sûr des tensions à Concordia, mais il y a aussi un calme remarquable. Cela ne veut pas dire que tout va bien, et c'est pourquoi nous restons engagés à lutter contre l'antisémitisme et toutes les formes de haine.
En avril, nous avons créé un groupe de travail contre le racisme et la violence fondée sur l'identité, regroupant des professeurs, des membres du personnel, des étudiants et des anciens étudiants. Notre but est de formuler des recommandations applicables afin d'améliorer les politiques, la formation et les processus de plainte.
À Concordia, nous continuerons de faire tous les efforts possibles pour nous assurer que tout le monde peut participer pleinement, ouvertement et, bien sûr, fièrement à la vie universitaire.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les membres du Comité.
[Traduction]
J'aimerais pour commencer féliciter le Comité d'avoir entrepris une étude si importante. Comme nous l'avons constaté et comme vous l'avez entendu au cours de vos récentes réunions, l'antisémitisme est bien réel. Des incidents surviennent d'un bout à l'autre du pays, et nous avons tous un rôle à jouer pour nous y opposer.
[Français]
Le conflit au Moyen‑Orient a suscité d'intenses débats et manifestations sur les campus du pays. Nous sommes attachés à la liberté d'expression, d'association et de manifestation pacifique. Il s'agit de droits démocratiques fondamentaux.
[Traduction]
Je veux que ce soit clair: nous ne tolérons aucune conduite contraire aux politiques de l'université ou à la loi. La sécurité et le bien-être des étudiants, du personnel et des professeurs de McGill demeurent notre priorité absolue.
[Français]
Si les manifestations relèvent de la liberté d'expression et de réunion, il est de notre responsabilité de veiller à ce qu'elles ne dépassent pas les limites. Il faut qu'elles respectent la loi et les politiques de l'Université.
Alors, dès que la situation sur notre campus a commencé à s'aggraver, nous avons agi.
[Traduction]
Notre équipe a été aux premières lignes, suivant les procédures opérationnelles de McGill en cherchant à désamorcer les situations et en demandant l'intervention de la police quand cela est impossible.
[Français]
Nous n'hésiterons jamais à prendre les mesures nécessaires pour maintenir un environnement où les droits de tous sont respectés.
[Traduction]
Mon engagement à m'assurer que les membres juifs de notre campus universitaire se sentent accueillis et soutenus est indéfectible.
[Français]
Nos collègues et nos étudiants se sont sentis intimidés par les événements survenus sur les campus du pays.
[Traduction]
C'est tout simplement inacceptable.
Au fil des ans, McGill a travaillé en étroite collaboration avec la communauté juive — les étudiants, les membres du personnel, les professeurs, les anciens étudiants et des gens de l'extérieur — pour mettre en place des mesures encourageant l'inclusion et offrir des solutions et des ressources pour appuyer cette communauté.
Il y a moins de deux ans, McGill a lancé son initiative contre l'islamophobie et l'antisémitisme. Cette initiative a été élaborée à la suite de consultations exhaustives auprès des communautés juives et musulmanes de McGill, menées sur plusieurs mois. Nous avons ainsi défini 21 mesures de suivi, lesquelles ont toutes été entièrement mises en œuvre ou sont en voie de l'être. Notre objectif est d'aider à combattre et à prévenir l'antisémitisme et l'islamophobie et de sensibiliser les gens à ce sujet.
Nous avons créé un rôle d'agent de liaison pour les affaires étudiantes juives, donnant ainsi aux membres de la communauté juive de McGill un accès direct à la haute direction de l'université afin qu'ils puissent demander du soutien, signaler des incidents ou demander des ressources.
[Français]
Nous avons mis en place des services de soutien spécialisés pour les étudiants juifs ainsi que des ateliers pour les cadres supérieurs afin de leur permettre de soutenir leurs collègues et leurs étudiants et de maintenir un climat qui favorise un dialogue respectueux et un environnement inclusif de travail et d'apprentissage.
[Traduction]
Nous savons qu'il y a plus à faire.
Même si nos politiques en matière d'équité, de diversité et d'inclusion sont conformes aux lois du Québec et du Canada, nous sommes en train de revoir activement nos mécanismes internes afin de pouvoir fournir des solutions et du soutien à nos étudiants et à nos collègues, y compris les membres de la communauté juive et d'autres communautés qui subissent du harcèlement et de l'intimidation.
Il y a quelques mois, nous avons lancé un nouveau portail de signalement afin que tous les membres de la communauté de McGill puissent signaler anonymement et en toute sécurité les incidents de harcèlement, d'intimidation et de divulgation des données personnelles.
Les manifestants qui établissent des campements et qui interfèrent avec les activités de l'université représentent maintenant un nouveau défi. Il est inacceptable d'intimider le personnel, les étudiants ou les professeurs. La liberté d'expression doit être exercée avec respect, et, à cet égard, nous avons vu des comportements qui ont à maintes reprises dépassé la limite et contrevenu à nos politiques. Nous avons donc appliqué nos protocoles internes face à cette situation. Nous avons aussi retenu les services de conseillers juridiques afin de demander une ordonnance d'injonction de la Cour, en plus de demander l'aide et l'intervention de la police.
[Français]
Nous continuerons à faire tout ce qu'il faut pour assurer le bien-être de nos étudiants, de notre personnel et de nos enseignants. Il est impératif que la communauté juive se sente en sécurité et incluse sur nos campus.
[Traduction]
Pour terminer, j'aimerais remercier à nouveau le Comité d'avoir entrepris cette discussion très importante.
Je serai très heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant votre comité aujourd'hui.
L'antisémitisme est un problème des plus importants, alors cette discussion tombe à point.
J'ai commencé mon mandat de président de l'Université de la Colombie-Britannique le 1er novembre 2023, trois semaines après les événements tragiques et horribles du 7 octobre. Le premier message que j'ai adressé à la communauté universitaire, cinq jours plus tard, concernait le conflit en Israël, et nous avons continué depuis d'être vigilants et mobilisés.
Aujourd'hui, je déclare sans équivoque que l'antisémitisme est tout à fait inacceptable, à l'Université de la Colombie-Britannique et partout ailleurs, et je vais vous parler de nos engagements et des mesures que nous avons prises à cet égard.
Je vous renvoie aussi à la lettre que j'ai envoyée le 19 janvier 2024 à M. Housefather et à d'autres personnes en réponse aux questions tout à fait légitimes qu'ils ont soulevées à propose de l'antisémitisme dans les universités.
Nous vivons, partout dans le monde, une époque difficile et désolante. Nous savons que des gens et des communautés sont profondément touchés par la guerre et la violence en Israël et à Gaza.
L'Université de la Colombie-Britannique fait partie d'une société mondialisée et accueille une communauté diversifiée de près de 90 000 personnes. Chaque événement survenant où que ce soit dans le monde a des répercussions sur certains membres de notre communauté; ces événements évoquent des traumatismes, des pertes et tout un éventail d'émotions complexes.
Je suis heureux que la très grande majorité des membres de notre communauté — mais, malheureusement, pas tous — aient continué de faire preuve de respect et de compassion les uns envers les autres, pendant que le conflit évoluait.
Les universités sont aussi un lieu de débats, et parfois de manifestations, souvent organisés en réaction à des événements survenant ailleurs dans le monde. Récemment, les étudiants de l'Université de la Colombie-Britannique ont rejoint un mouvement plus vaste qui a commencé aux États-Unis et qui s'est maintenant répandu au Canada et partout dans le monde. C'est une situation très complexe.
L'Université de la Colombie-Britannique appuie la liberté d'expression et le droit de manifester. Cependant, nous ne cautionnons pas les comportements qui nuisent à la sécurité de notre communauté universitaire ou qui menacent ou perturbent nos activités.
Nous faisons tout ce que nous pouvons. C'est extrêmement éprouvant. C'est une situation vraiment difficile, mais je tiens à dire à tout le monde que l'antisémitisme et toutes les formes de harcèlement et de discrimination n'ont pas leur place à l'Université de la Colombie-Britannique.
Nous avons la responsabilité et l'obligation commune de créer un environnement d'apprentissage et de travail où les opinions divergentes et contraires peuvent coexister pacifiquement. Voilà notre mission.
L'Université de la Colombie-Britannique a mis en place un certain nombre de politiques et de mesures pour soutenir et renforcer un environnement sécuritaire et respectueux.
D'abord et avant tout, il y a notre politique en matière de discrimination, laquelle gouverne notre approche contre la discrimination fondée sur la religion, la race ou le lieu d'origine et que nous appliquons en conformité avec la façon dont les cours de la Colombie-Britannique et le tribunal des droits de la personne mettent en œuvre le code des droits de la personne de la Colombie-Britannique.
L'université examine tous les incidents de discrimination qui lui sont signalés. Les plaintes concernant des discours haineux de nature criminelle peuvent aussi être renvoyées à la GRC aux fins d'une enquête criminelle et d'une éventuelle poursuite en justice. Le code de conduite des étudiants de l'Université de la Colombie-Britannique énonce les normes que les étudiants doivent respecter et tient les personnes et les groupes responsables des conséquences de leurs actes. Un manquement à ces codes peut entraîner tout un éventail de mesures disciplinaires.
Au cours de la dernière année, nous avons également renforcé la sécurité sur le campus. Nous effectuons continuellement des évaluations du risque pour établir des rapports de situation, afin de nous assurer de prendre les mesures appropriées pour garantir la sécurité de tous les membres de notre communauté.
Au fil des mois, j'ai rencontré des étudiants, des professeurs et divers membres de la communauté juive — tout comme l'a fait la haute direction — pour comprendre leurs préoccupations et réfléchir à la meilleure façon pour l'université d'y réagir.
Au cours de cette période, nous avons consulté le club Hillel de la Colombie-Britannique, qui a ses bureaux sur notre campus, la fédération juive du Grand Vancouver, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, l'envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme, le Jewish Faculty Network, l'association médicale juive de la Colombie-Britannique et l'alliance universitaire juive de la Colombie-Britannique.
Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les organisations étudiantes de l'Université de la Colombie-Britannique pour mettre en relief le fait que notre mission commune doit comprendre la protection d'un espace de débats respectueux et de dialogues empathiques. Ce n'est pas facile.
L'Université de la Colombie-Britannique offre aussi aux membres de sa communauté tout un éventail de mesures de soutien, y compris des mesures d'adaptation en milieu universitaire et en milieu de travail, des fonds d'urgence, des services de planification de la sécurité et de soutien professionnel, y compris du counseling.
L'université travaille aussi en très étroite collaboration avec le club Hillel de la Colombie-Britannique et individuellement avec des étudiants juifs afin de répondre aux inquiétudes exprimées ainsi que pour mettre en œuvre des initiatives visant à améliorer l'expérience des étudiants juifs sur le campus. Cela suppose bien sûr de réagir quand des incidents d'antisémitisme sont signalés.
Nous nous sommes aussi efforcés de mieux distribuer aux professeurs et au personnel des ressources sur la façon de favoriser le respect, l'inclusion, la sécurité et le dialogue critique constructif dans les salles de classe et en milieu de travail.
Nous savons tous que le monde entier traverse une période difficile, et nous reconnaissons pleinement les préoccupations à l'égard de l'antisémitisme que le Comité a entrepris d'étudier. C'était important pour moi d'être ici.
L'antisémitisme a une histoire longue et terrible, et nous devons toujours être vigilants. Encore une fois, l'antisémitisme n'a pas sa place à l'Université de la Colombie-Britannique. C'est notre responsabilité collective de faire mieux et de trouver des solutions.
[Français]
Merci beaucoup.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
:
Merci, madame la présidente, de m'avoir invité à témoigner devant vous et devant le Comité. Je suis désolé de ne pas pouvoir être ici, en personne, mais je dois être à Toronto aujourd'hui.
Compte tenu de l'objectif de vos délibérations, ma déclaration portera sur les mesures prises par l'Université de Toronto pour lutter contre l'antisémitisme. Cependant, je sais qu'il se passe d'autres choses actuellement sur le campus de l'Université de Toronto et qui pourraient vous intéresser, et je serai heureux d'en discuter durant la période de questions.
Même si cela est douloureux, il est nécessaire de reconnaître que l'antisémitisme est un fléau dans notre société depuis des générations, sinon des siècles. C'est tout particulièrement douloureux pour moi, en tant que président de l'Université de Toronto, de reconnaître le rôle que nous avons joué dans cette triste histoire.
C'est d'autant plus décourageant que les incidents antisémites et les crimes haineux augmentent au Canada, et que l'antisémitisme s'est propagé récemment dans notre université. L'Université de Toronto reconnaît le problème et a pris un ensemble exhaustif de mesures pour lutter contre l'antisémitisme et s'assurer que ses campus soient des endroits où les membres juifs de notre communauté se sentent en sécurité, inclus et respectés.
Nos efforts s'inscrivent dans notre longue opposition à toutes les formes de racisme et de discrimination. Nous avons cependant intensifié nos efforts depuis le 7 octobre. Laissez-moi maintenant vous décrire plusieurs mesures que nous avons prises.
En 2020, nous avons créé un groupe de travail contre l'antisémitisme, composé de collègues ayant une expertise spécialisée, afin d'examiner le problème de l'antisémitisme. Nous avons accepté toutes les recommandations contenues dans le rapport du groupe de travail.
Le bureau de l'équité de l'université a élargi son mandat expressément pour reconnaître que l'antisémitisme est une forme de discrimination exigeant des mesures concertées. Nous demandons à tous les membres du bureau de l'équité de l'université de suivre une formation sur l'antisémitisme. Nous travaillons pour améliorer le processus de signalement des incidents haineux en renforçant la clarté, la transparence et la rapidité des interventions effectuées quand ce genre d'incidents sont signalés.
Nous avons nommé notre toute première directrice adjointe, Religion et lutte contre le racisme, afin de renforcer nos capacités de lutte contre l'antisémitisme et les autres formes de discrimination. Elle a le mandat d'améliorer nos processus d'intervention en cas d'incidents de ce genre, de favoriser le dialogue, la compréhension et le respect mutuels et de promouvoir d'autres mesures pour lutter contre l'antisémitisme.
Notre directrice des affaires juridiques aide tous les leaders de l'université à comprendre la portée et les limites de la liberté d'expression. Le discours haineux est défini dans la jurisprudence canadienne, ainsi que dans nos obligations collectives en vertu des lois, règlements, codes et politiques de l'université et du gouvernement.
Aussi, en 2022, la faculté de médecine Temerty ainsi que les dirigeants de nos hôpitaux affiliés ont présenté leurs excuses en lien avec l'imposition de quotas à l'égard des étudiants en médecine et de stagiaires juifs, dans les années 1940 jusqu'aux années 1960. Ils ont aussi parrainé un projet d'études pour faire la lumière sur cette pratique honteuse qui avait duré trop longtemps. La faculté de médecine a introduit une nouvelle unité sur l'antisémitisme et la lutte contre le racisme, dans le cadre de sa formation professionnelle, et consulte maintenant régulièrement les étudiants juifs pour s'assurer qu'ils ont le soutien dont ils ont besoin.
Depuis le 7 octobre, mon équipe de dirigeants a rencontré plusieurs fois les professeurs, membres du personnel et étudiants juifs pour écouter leurs préoccupations, pour les aiguiller vers des ressources utiles et pour leur demander des conseils sur la façon de mieux les soutenir. Nous veillons à ce que les organisations étudiantes mènent leurs activités de manière ouverte, accessible et démocratique. Notre politique a été mise à l'épreuve, et elle s'est avérée efficace pour tenir les organisations étudiantes responsables de leurs actes.
En janvier, nous avons annoncé la création d'un nouveau laboratoire d'études sur l'antisémitisme dans le monde, au centre d'études juives Anne Tanenbaum. Son premier directeur est M. Ron Levi, professeur émérite à la Munk School of Global Affairs and Public Policy. Nous avons aussi annoncé une nouvelle initiative à l'échelle de l'université faisant la promotion de discussions civiles sur nos campus; elle est dirigée par M. Randy Boyagoda, conseiller au vice-recteur.
Nos efforts pour lutter contre l'antisémitisme sont exhaustifs et polyvalents, mais sont-ils suffisants? Tant qu'il y aura encore des cas d'antisémitisme, la réponse pour nous et pour la société en général sera non.
Toutefois, nous espérons que vous reconnaîtrez les efforts diligents déployés par l'Université de Toronto pour lutter contre ce fléau et pour corriger les erreurs qu'elle a commises dans le passé, tout en reconnaissant le travail qu'il reste à accomplir.
Ultimement, nous croyons que la manière la plus efficace de réagir à ce problème est de prioriser notre mission fondamentale, qui est l'éducation et la recherche.
Merci.
:
En réalité, notre population est de presque 97 000 étudiants. En effet, depuis l'époque où vous étiez sur le campus, notre population a un peu augmenté.
Je devrais tout de même dire, par l'intermédiaire de la présidente, que nous avons discuté avec des représentants étudiants afin de trouver une façon de mettre fin pacifiquement au campement. Ils prétendent représenter les intérêts de tous les occupants du campement, et à ce stade, nous devons prendre leur déclaration au pied de la lettre.
Je peux toutefois vous assurer que j'ai annoncé publiquement, pas plus tard que la semaine dernière, l'ensemble des propositions que l'université a présentées aux étudiants. Nous n'avons fait aucun compromis en ce qui concerne les enjeux qui ont clairement de l'importance pour nous. Nous avons une politique très claire en ce qui concerne l'examen des propositions de désinvestissement, que nous avons déjà appliquée par le passé. Nous informons le groupe de manifestants de l'existence de cette politique, où sont définies les étapes, et les manifestants sont libres de l'utiliser.
Nous espérons qu'ils le feront, car c'est véritablement la seule façon de résoudre le problème.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup de votre présence ici aujourd'hui. Je n'arrive pas à croire que, de mon vivant, les présidents d'université doivent témoigner devant un comité parlementaire à propos de l'antisémitisme sur les campus.
Monsieur Carr, avec respect, je ne crois pas que l'empathie devrait être votre objectif numéro un; il faudrait plutôt que ce soit de protéger nos enfants et de chasser l'intimidation et le harcèlement des campus. Voilà ce qui devrait être l'objectif numéro un, ici.
J'ai quelques questions à vous poser, et vous pouvez répondre par oui ou par non. J'aimerais demander à tout le monde de me répondre par oui ou par non. Si vous ne pouvez pas répondre par oui ou par non, dites « je ne peux pas répondre », sans plus, sinon je vais reprendre mon temps de parole.
Je vais d'abord m'adresser à M. Saini, et ensuite à M. Gertler, à M. Bacon et à M. Carr.
Reconnaissez-vous que l'antisémitisme constitue un grave problème sur votre campus, monsieur Saini?
:
Ma question concerne la confiance, monsieur. Vous avez un groupe de travail sur l'antisémitisme.
La présidente: Vous avez 30 secondes.
M. Anthony Housefather: Vous avez reconnu que vous étiez contre le mouvement BDS. Vous avez reconnu que vous envisagiez l'AIMH. L'une des trois coprésidentes du groupe de travail rejette ce que vous avez dit. Dans ce cas, comment les étudiants juifs peuvent-ils se sentir à l'aise?
Il me reste seulement une seconde, mais permettez-moi de vous demander ce que vous avez fait au sujet du groupe Concordia SPHR.
Il s'agit d'un groupe sur le campus qui, le 11 octobre, a tenu Israël responsable des événements du 7 octobre et qui est cosignataire d'une déclaration sur les médias sociaux où il offrait tout son soutien au terrorisme palestinien, écrivant: « Nous soulignons qu'une population qui est assiégée et occupée n'a d'autre choix que de résister. »
McGill a retiré son nom de cette organisation. Qu'a fait Concordia?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les quatre témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
Ce qui se passe présentement sur les campus est très préoccupant. Je pense que vous vivez des situations un peu similaires d'un bout à l'autre du Canada, y compris au Québec.
Vous en parlez depuis le début de vos interventions, mais j'aimerais vous entendre parler davantage du défi qui se pose lorsqu'il s'agit de respecter la liberté d'expression tout en évitant les discours haineux ou les débordements de cette nature.
À mes yeux, une université a toujours été un haut lieu pour les échanges, même corsés, entre étudiants et professeurs sur différents sujets, y compris les plus épineux. Je suis toujours un peu troublé quand on envisage de limiter la liberté d'expression, particulièrement dans une université.
Cela dit, nous sommes d'avis que les discours haineux sont inacceptables. Or, on a de la difficulté à définir ce qui est haineux ou pas. Comme on l'a dit tantôt, le projet de loi propose des dispositions à cet égard.
Il y a autre chose qui pose problème, selon moi, et c'est ce qu'on appelle l'exception religieuse prévue au Code criminel, qui permet d'avoir un discours haineux ou antisémite si on se base sur un texte religieux.
Il y a tous ces éléments qui sont problématiques. Je vais essayer d'en faire un résumé en posant mes questions aux témoins dans l'ordre où leurs noms figurent dans l'avis de convocation.
Monsieur Carr, à l'Université Concordia, comment envisagez-vous de combattre le problème des discours haineux tout en respectant la liberté d'expression? Les campements viennent-ils effectivement jouer un rôle important en ce qui concerne les discours haineux et la liberté d'expression?
:
Madame la présidente, je remercie le député de la question. Je peux répondre de deux ou trois façons.
Tout d'abord, il est effectivement indiqué dans le code de conduite de nos étudiants qu'un comportement vexatoire dirigé contre au moins une personne précise peut être assimilé à un comportement discriminatoire ou à du harcèlement. Le code mentionne la race, les origines, l'ethnicité, la couleur de la peau, la religion et ce genre de caractéristiques, qui sont tirées directement du Code des droits de la personne de l'Ontario. Il utilise cette approche plutôt que de nommer des confessions, des religions ou des cultures précises afin d'être inclusif.
Une autre façon de répondre à la question du député serait de souligner que le travail effectué par notre groupe de travail sur l'antisémitisme nous a directement amenés à revoir et à moderniser notre processus d'équité, de diversité et d'inclusion pour nous assurer que nos politiques sur l'équité reconnaissent explicitement que l'antisémitisme est une forme de discrimination, de harcèlement ou de haine. Nous avons formé tous nos agents d'équité afin qu'ils puissent efficacement régler ces enjeux.
Je pourrais en dire plus, mais je pense que cela répond directement à la question du député.