:
Bonjour à tous. La séance est maintenant ouverte.
Soyez les bienvenus à la 144e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La séance d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément au Règlement. Des membres sont présents en personne dans la salle tandis que d'autres participent à distance au moyen de l'application Zoom.
Avant de commencer, j'invite tous ceux qui sont présents en personne à lire les lignes directrices qui figurent sur les fiches mises à jour qui se trouvent sur la table. Ces mesures sont en place pour aider à prévenir les incidents audio et les rétroactions acoustiques et ainsi protéger la santé et la sécurité de tous les participants, en particulier les interprètes. Il est aimablement rappelé à tous, qu'ils soient là en personne ou participent en ligne, que, pour la sécurité des interprètes, il est très important que leur microphone soit en sourdine lorsqu'ils ne parlent pas.
[Français]
Je vous remercie tous de votre collaboration en ce sens.
[Traduction]
Tous les propos doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du Rapport 6, Technologies du développement durable Canada, 2024 — Rapports 5 à 7 de la vérificatrice générale du Canada.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue au témoin, Navdeep Bains, qui se joint à nous à distance.
Je crois savoir que vous souhaitez faire une déclaration liminaire, et je vous en remercie. Vous avez cinq minutes. À vous la parole, monsieur. Merci de vous joindre à nous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je m'appelle Navdeep Bains. De novembre 2015 au 12 janvier 2021, j'ai été ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie.
J'ai déjà comparu une fois devant le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Je comparais pour répondre à des questions sur Technologies du développement durable Canada, ou TDDC, et le rôle que j'avais à jouer à titre de ministre.
Technologies du développement durable Canada est une organisation indépendante créée par une loi du Parlement en 2001. À titre de ministre, mon rôle, comme le prévoit la loi, consistait à faire des nominations au conseil d'administration de Technologies du développement durable Canada. Ces nominations étaient recommandées selon un processus équitable, ouvert et transparent mis en place en 2016 pour donner à tous les Canadiens plus de possibilités de servir leur pays.
Dans ce processus, tous les postes sont inscrits sur une liste publique affichée sur le site Web des nominations du gouverneur en conseil. Les demandes sont simples et se font en ligne. Le but était d'avoir un processus cohérent pour faire les nominations. Après avoir reçu les candidatures, nous mettions sur pied un comité de sélection comprenant un représentant du Bureau du Conseil privé et des membres du gouvernement. Ce comité menait des entretiens et soumettait une courte liste de candidats aux ministres. Les postes restaient ouverts jusqu'à ce qu'un candidat soit recommandé. Par conséquent, il n'était pas rare que plusieurs groupes de candidats soient recommandés. À la faveur de ce processus ouvert, transparent et fondé sur le mérite, j'ai recommandé plus d'une centaine de candidats entre ma nomination au poste de ministre, en novembre 2015, jusqu'à ce que je quitte le Cabinet, le 12 janvier 2021.
Quant à la relation entre moi et Technologies du développement durable Canada, je rappelle que, comme j'en ai déjà témoigné, il s'agit d'une organisation indépendante. Mon rôle à titre de ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie était de recommander sept des 15 membres du conseil d'administration, dont le président. Les fonds de Technologies du développement durable Canada provenaient du ministère, certes, mais celui‑ci n'était pas responsable de la gestion et de la gouvernance du personnel ou du conseil.
Je crois au secteur des technologies propres et aux retombées qu'il a apportées au Canada. Je suis fier des personnes et des entreprises fantastiques qui ont fait de ce secteur au Canada un véritable chef de file mondial.
Je suis là pour répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Nous reprenons nos travaux.
Je réclame l'attention de tout le monde, y compris celle de l'opposition officielle. D'abord, un mot de la sécurité. Quand tout le monde parle en même temps, les interprètes sont mis dans une position très difficile. Nous avons apporté de nombreux changements pour protéger leur santé.
Je tiens également à souligner que M. Bains est là pour environ une heure, à cause d'un conflit d'horaire, ce que je comprends, et je lui suis reconnaissant d'être là. Il a accepté de revenir. Si nous continuons à nous enfoncer dans cette impasse, avec des débats sur diverses questions pendant le temps de parole d'un député, alors que ces questions peuvent être soulevées plus tard par le côté d'en face, nous n'irons nulle part, et ce sera un recul.
De plus, je me suis engagé à ne pas faire siéger le Comité la semaine prochaine, mais si la situation évolue de cette façon, je pourrais reconsidérer la décision.
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Monsieur Bains, si vous avez lu le rapport, vous savez donc qu'il dit que le ministre est tenu de nommer un certain nombre de membres du conseil d'administration. Je vais vous donner le bénéfice du doute en disant qu'en tant que ministre responsable, vous vous êtes peut‑être acquitté de ce travail et que vous avez nommé le nombre requis de personnes.
La vérificatrice générale fait remarquer que le nombre de membres du conseil a été réduit à deux. Ces deux personnes, dont Mme Verschuren, ont continué — et cela a dû être difficile pendant leur mandat au conseil d'administration — à se placer en situation de conflits d'intérêts directs, que la vérificatrice générale a jugé pertinent de signaler, par rapport à de nombreuses entreprises qui avaient obtenu des fonds du gouvernement, dont la propre entreprise de Mme Verschuren. C'est le noeud du problème, monsieur Bains, et je pense que les Canadiens veulent qu'on s'y intéresse sérieusement et qu'on fasse la lumière à ce sujet.
Je sais que vous devez partir dans cinq minutes et que ce sont probablement les dernières questions que je peux vous poser. Je vous remercie d'être ici. Je n'apprécie pas nécessairement l'absence de réponses, mais c'est votre prérogative. La mienne consiste à poser les questions, et la vôtre est d'y répondre. Si vous ne voulez pas répondre ou si vous n'avez pas lu le rapport, comme j'en ai l'impression, cela vous regarde, mais vous comprendrez le problème que cela me pose à moi, aux Canadiens et à la vérificatrice générale. En tant que ministre, vous aviez la responsabilité de veiller à ce que la loi habilitante soit respectée et, à l'époque, appliquée avec rigueur.
La vérificatrice générale fait ressortir un fait très grave, monsieur Bains, à savoir que durant votre mandat, cette loi n'a pas été respectée. En plus de ces préoccupations très graves, il y a une autre question très légitime qui se pose, et qui relevait de votre responsabilité, concernant la présence d'un sous‑ministre adjoint nommé Andrew Noseworthy au sein de votre ministère. Vous étiez le superviseur de M. Noseworthy et vous en étiez directement responsable. Vous avez rencontré M. Noseworthy, n'est‑ce pas?
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Je m'adresse à l'ancien ministre libéral, M. Bains.
Examinons la chronologie des événements ayant mené à la nomination de Mme Verschuren.
En septembre et octobre 2018, le BCP a reçu 54 candidatures pour la présidence du conseil d'administration de TDDC. Le 15 mars 2019, il vous a fourni une courte liste de cinq candidats recommandés.
C'est le processus dont vous parlez constamment. Vous êtes toutefois resté les bras croisés; vous avez ignoré la recommandation du BCP. En avril 2019, selon Mme Verschuren, vous l'avez appelée pour lui demander de présider le conseil d'administration de TDDC. Tout à coup, le 30 avril 2019 — un mois et demi après que vous avez reçu la courte cinq candidats recommandés —, voilà qu'elle pose sa candidature. Le 21 mai 2019, le BCP ajoute son nom à la liste restreinte, après quoi, vous la nommez.
Pensez‑vous vraiment que le Comité et les Canadiens vont croire qu'elle a été choisie dans le cadre d'un processus transparent, indépendant et fondé sur le mérite et que vous n'avez joué aucun rôle dans sa sélection? Est‑ce bien ce que vous voulez que les Canadiens croient?
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Merci, monsieur le président.
Pour tous ceux qui nous regardent, la raison pour laquelle je propose cette motion, c'est qu'une partie de ce processus de responsabilité devant le Parlement consiste à ce que les témoins répondent réellement aux questions que nous posons. Je vais passer en revue une série de questions qui ont été posées à ma connaissance, et je suis sûr que d'autres pourront en rajouter, des questions très simples posées à l'ancien ministre libéral, mais auquel il a refusé de répondre. Il n'a fait que répéter les lignes de sa déclaration préliminaire, les mêmes lignes encore et encore, comme s'il était une sorte d'automate ou quelque chose du genre.
J'ai commencé par lui demander s'il avait appelé Annette Verschuren et s'il lui avait parlé à deux reprises. C'était une rencontre très simple. Il a refusé de répondre à cette question. Il a parlé du processus de nomination. J'ai dit que Mme Verschuren avait témoigné au Comité qu'il l'avait appelée deux fois. J'ai demandé qui avait raison, lui ou elle. Il a de nouveau parlé du processus de nomination.
Après, évidemment, quelques frustrations et interruptions, je suis passé à un autre domaine. Je lui ai demandé s'il avait nommé Andrée-Lise Méthot en 2016. Il a parlé de la procédure de nomination et n'a pas voulu dire s'il avait oui ou non nommé cette personne gouverneure en conseil. Ce n'est pas parce qu'il figure au compte rendu; c'est du domaine public.
J'ai souligné le fait que pendant qu'elle siégeait au conseil d'administration, sous sa surveillance, 114 millions de dollars ont été versés à ses sociétés à elle. J'ai demandé s'il était au courant de cela. Il a parlé du bon travail de TDDC. Il n'a pas dit s'il était au courant. J'ai dit que son sous-ministre adjoint, M. Noseworthy, participait à ces réunions et qu'il devait en être informé. Il a essentiellement déclaré qu'il s'agissait d'un processus équitable et ouvert.
Je l'ai ensuite interrogé sur les 750 millions de dollars qu'il a donnés à… Avant de poser cette question, j'ai demandé si, dans les 25 fois où l'actuel ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a fait du lobbying l'année précédant son élection, alors qu'il était candidat désigné, il a fait du lobbying auprès de son bureau dans le dossier public, le registre des lobbyistes pour Cycle Capital, pour obtenir de l'argent pour le fonds Cycle Capital IV. Je lui ai demandé s'il se souvenait de ces réunions. Il a essentiellement parlé du processus de nomination ouvert et du fait qu'il ne devrait pas avoir à se souvenir de tout ce qui s'est passé dans sa vie. J'ai dit, d'accord, donc ces réunions avaient pour but, comme dans le registre, de le rencontrer pour obtenir de l'argent d'EDC, et EDC a donné 145 millions de dollars. Je lui ai demandé s'il s'en souvenait. Il a parlé des activités de TDDC, et non de la procédure visant à obtenir de l'argent.
J'ai posé des questions sur le fait qu'après toute cette corruption au sein du fonds — sa nomination d'un président en situation de conflit d'intérêts, sa nomination de membres du conseil d'administration en situation de conflit d'intérêts, comme Andrée-Lise Méthot, et le fait qu'il avait des représentants à chaque réunion qui, dans 82 % des cas, votaient pour s'accorder à eux-mêmes l'argent des contribuables… Pourquoi a‑t‑il obtenu l'approbation du Cabinet pour donner 750 millions de dollars supplémentaires un mois seulement avant de quitter son poste pour aller travailler à la CIBC? Cela représente 750 millions de dollars de plus en argent des contribuables pour ce fonds, alors qu'il y avait manifestement des problèmes de gestion. Il a de nouveau parlé du processus de nomination.
Ce n'étaient là que mes questions. Le député Cooper a posé d'excellentes questions sur les cinq nominations qu'il a effectuées, à savoir s'il s'en souvenait ou non et sur l'existence éventuelle d'un conflit d'intérêts. Il a parlé de la procédure de nomination du BCP.
Je suis sûr que certains de mes collègues proposeront d'autres listes, mais le député du Bloc a fait une nouvelle révélation. Amber Batool, vice-présidente de TDDC, y a travaillé pendant cinq ans. Lorsqu'il était à la CIBC, devinez qui a commencé à travailler à la CIBC dans le secteur de la banque d'investissement, où je crois qu'il était? La même personne qui travaillait à TDDC. Il prétend ne connaître personne et ne rien savoir de ce qui s'est passé.
À chaque fois que nous lui avons posé des questions au sujet de nominations individuelles, de l'argent, du fait que son sous-ministre adjoint lui rende compte ou du fait qu'il ait ou non passé un coup de fil à une présidente potentielle du fonds, il n'a pas dit « je ne me souviens pas ». Dans la plupart des cas, il a répété sa déclaration préliminaire, à savoir que le processus était ouvert et que des personnes s'étaient portées candidates.
Il a totalement ignoré toutes les questions posées par les partis d'opposition. Malheureusement, nous ne savons pas s'il a ignoré les questions des députés du parti ministériel, car ces derniers n'en ont pas posé.
C'est pourquoi qu'il y a atteinte au privilège. Le témoin doit tenter de répondre à la question, et non pas répéter une phrase qui a été écrite pour lui et ignorer totalement la question afin de faciliter la dissimulation de ces documents et le refus du gouvernement de les remettre à la Chambre. Il est clair qu'ils cachent des choses. Il est clair qu'ils cachent davantage de corruption.
Ce ministre libéral et le ministre libéral actuel ont lancé le processus. Le ministre actuel manque de vigilance depuis 40 mois et n'a rien fait jusqu'à ce que la situation soit rendue publique dans les médias. Il n'a toujours rien fait, parce que c'est encore TDDC. La différence, c'est qu'il y a trois bureaucrates qui le dirigent maintenant, par opposition à des libéraux au conseil d'administration.
Il n'a répondu à aucune question. Il fait obstruction au travail de ce comité et à notre étude sur la corruption de TDDC. Nous devons envoyer un rapport au Président de la Chambre pour qu'il se penche sur cette atteinte à notre privilège.
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Monsieur le président, encore une fois, avec tout le respect que je dois aux députés, il y a des règles qui sont bien établies. Je pense que la Chambre des communes offre des possibilités de formation aux députés qui souhaitent mieux les connaître.
M. Nater a très bien expliqué le seul malentendu qui existe à la table. L'autre problème est que lorsqu'une question de privilège est soulevée en comité, ce n'est pas au président de décider que, oui, il y a eu atteinte au privilège. Il appartient au président de déterminer s'il s'agit ou non d'une question touchant au privilège. C'est au comité lui-même de déterminer par le biais d'une motion de privilège, de la même manière qu'à la Chambre, lorsqu'une question est soulevée, le Président de la Chambre ne détermine pas s'il y a eu atteinte au privilège. Le Président détermine s'il y a, à première vue, atteinte au privilège, après quoi une motion de privilège est présentée.
Les députés semblent surpris que l'on considère comme une question de privilège le fait que les témoins ne répondent pas aux questions. Il existe une abondante jurisprudence qui le confirme. L'affaire des documents des laboratoires de Winnipeg a commencé lorsqu'un témoin a refusé de répondre à une question. Dans le cas de M. Firth, il s'agissait d'une question de privilège parce qu'il n'a pas répondu aux questions. Il y a eu un problème avec Minh Doan, où une question de privilège a été soulevée parce qu'il n'a pas répondu à une question. Le président a estimé qu'il s'agissait d'une question de privilège, bien que le comité ait voté contre l'adoption de la motion.
Il existe une abondante jurisprudence en la matière.
Je n'essaie pas du tout d'être sarcastique. Des formations sont proposées. Des documents ont été établis. Les députés peuvent lire les livres. Ils peuvent profiter de ces possibilités de formation. Les règles…
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Encore une fois, les députés de l'opposition soulèvent des questions parce qu'ils ne sont pas d'accord sur les réponses qu'ils ont reçues d'un témoin. Ils n'ont pas entendu ce qu'ils voulaient entendre. Ils ont donné leur opinion à plusieurs reprises, et ils ont même écrit des éditoriaux sur M. Bains.
Je ne sais pas comment les choses fonctionnaient sous le gouvernement conservateur, mais je sais que des membres de certains conseils d'administration ont été nommés par des ministres conservateurs et qu'on avait exercé un peu de pression. Cependant, ce n'est pas la façon dont nous fonctionnons, de ce côté-ci. Nous avons entendu à maintes reprises, de la part de plusieurs témoins, qu'il n'y avait pas eu de pression de la part des ministres et qu'ils n'avaient absolument rien à voir avec cela. Nous respectons les décisions qui ont été prises par TDDC, même s'il y a eu des abus. Nous le reconnaissons, mais il faut arrêter d'aller à la chasse aux sorcières.
C'est ça, le problème: les députés conservateurs veulent aller à la chasse aux sorcières à tout prix. Nous le comprenons très bien. Ils ont soulevé une question de privilège pour tenter d'arrêter ce qui se passe à la Chambre. C'est drôle, parce que c'est arrivé juste après que ma collègue Mme Khalid a présenté une très bonne motion pour savoir si le Comité respecte l'indépendance du Bureau du vérificateur général dans le cadre de son travail. C'est tout un hasard. J'imagine que les conservateurs ne respectent pas l'indépendance du Bureau du vérificateur général quand son travail ne leur plaît pas. C'est évident qu'il ne leur plaît pas.
Ne vous inquiétez pas, monsieur Perkins, je vais revenir au sujet dont il est question, mais tout est interrelié. On tourne en rond depuis des mois, à ce comité. Rien de ce que M. Perkins, M. Nater, M. Cooper, M. Brock et M. Genuis ont soulevé depuis les trois derniers mois ne m'a apporté de grandes révélations.
On pose maintenant des questions pour savoir quel témoin a consulté quel témoin. On a déjà interrogé des témoins, qui ont prêté serment et qui ont dit la vérité, et là, parce que M. Bains était un ministre libéral, on dit qu'il est malhonnête lui aussi. Il faut montrer un peu de respect, à ce comité, monsieur le président.
Si on veut vraiment savoir ce qui s'est passé, il faut respecter tous les rapports qui ont été produits et tous les témoignages qui ont été fournis à ce comité. Je demande donc aux députés de l'opposition officielle de poser des questions qui ont du sens, parce qu'ils ne m'impressionnent pas du tout, en ce moment.
Merci.
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Si quelqu'un veut savoir quand cette motion a été créée, d'après les métadonnées, c'était à 17 h 12. Elle a été modifiée pour la dernière fois à 17 h 14. M. Cooper était encore en train de parler pendant ce temps et avait encore la possibilité de poser des questions au témoin.
Ce que cela me dit et ce que la cohérence des actions de tant de conservateurs assis en face de moi aujourd'hui me dit, c'est qu'il ne s'agit pas d'une question de privilège. C'est une moquerie. Ils se moquent de notre système parlementaire. Ils essaient d'utiliser le système pour créer leurs jeux partisans, pour pousser les témoins à la diffamation et pour exploiter le temps dont nous disposons au sein de ce comité à leur propre avantage partisan.
Je me demande combien de dollars les conservateurs ont récoltés grâce aux extraits aujourd'hui. Ces dollars, provenant de Russian Rebel News, sont collectés sur le dos des contribuables. Rappelons à tous que ce comité fonctionne grâce à l'argent des contribuables. Notre Parlement fonctionne grâce à l'argent des contribuables.
Nous sommes ici, au Comité des comptes publics, pour nous assurer que l'argent des contribuables est utilisé de manière efficace et efficiente. Le fait que M. Perkins ait déposé une motion de privilège, avant qu'il soit question de la même chose que celle dont il essaie de parler dans sa motion bidon, à savoir que son privilège a été atteint d'une manière ou d'une autre, sur le dos de l'argent des contribuables, en collectant des fonds pour les conservateurs au détriment de l'argent des contribuables…
Pourquoi ne pouvons-nous pas nous atteler au travail qui a été confié à ce comité? Pourquoi ne pouvons-nous pas consulter les rapports de la vérificatrice générale? Pourquoi ne pouvons-nous pas parler de questions sérieuses qui ont une incidence réelle sur les Canadiens?
Je ne comprends vraiment pas, monsieur le président, pourquoi nous nous engageons dans cette voie. Je vois tous les députés conservateurs sur leur téléphone en ce moment même. Je suis certaine qu'ils sont en train de publier un gazouillis, encore une fois pour mettre…
M. Rick Perkins: [Inaudible]
Mme Iqra Khalid: C'est formidable. Comment va‑t‑elle? Se porte‑t‑elle bien?
Le président: Monsieur Perkins, voyons.
Mme Iqra Khalid: Je suis ravie que M. Perkins ait eu le temps de se rapprocher de sa femme. Je suis sûr que c'est une personne adorable et je lui souhaite le meilleur.
J'aimerais également que M. Perkins utilise son temps de député de manière plus judicieuse. Je pense que le fait de présenter des motions bidon et fallacieuses comme celle‑ci a un effet négatif sur ce que ce comité est chargé de faire et sur ce qu'il devrait faire.
Je vais lire tout haut le contenu de la motion. Excusez-moi pendant que j'entre mon très long mot de passe.
Le libellé du projet de motion est le suivant:
Que la comité charge le greffier et les analystes de préparer un rapport à la Chambre, que le président déposera immédiatement, décrivant la violation potentielle du privilège concernant le refus de Navdeep Bains de répondre à certaines questions que la comité lui a posées et ses tergiversations pour répondre à d'autres.
Mon anglais n'est pas aussi bon que le vôtre, monsieur Perkins.
Étant donné que cette motion a été rédigée avant même que le témoin réponde aux questions aujourd'hui, alors que les questions étaient en cours et que chaque membre du Comité avait le temps de poser ses questions — cette motion a été rédigée bien avant —, cela remet vraiment en question les motivations des conservateurs.
Pour ma part, je ne veux pas les laisser jouer leurs petits jeux, car, bien franchement, les Canadiens méritent mieux que cela.
Ce que font les conservateurs — les six ou sept d'entre eux présents au Comité aujourd'hui — est tout à fait déplorable. Je pense vraiment que les Canadiens méritent mieux que de voir l'argent qu'ils ont durement gagné utilisé à des fins partisanes.
J'en ai assez, monsieur le président. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une motion de privilège légitime. Il s'agit d'un acte prémédité qui sert à collecter des fonds pour les conservateurs, à retarder d'importants travaux législatifs à la Chambre des communes, à retarder d'importants travaux au sein de ce comité et à créer de l'agitation.
Nous ne sommes pas là pour créer de l'agitation, monsieur le président. Notre mission est de veiller à ce que les Canadiens comprennent comment l'argent de leurs impôts est dépensé et à ce qu'ils aient la possibilité d'examiner comment nous pouvons améliorer le processus d'utilisation de l'argent des Canadiens dans notre gouvernement et notre démocratie. Pour que nous soyons assis ici à débattre d'une motion bidon comme celle‑ci dans le seul but d'agiter, de retarder et de collecter des dollars… C'est tout un affront à la démocratie dans nos institutions démocratiques.
J'entends M. Perkins ricaner en ce moment même. C'est très regrettable, car il sait exactement ce qu'il fait. Ce qu'il fait, c'est de l'agitation, et utiliser l'argent des contribuables canadiens pour collecter des fonds.
M. Michael Cooper: [Inaudible]
Mme Iqra Khalid: Je suis certaine que M. Cooper n'a pas la parole, monsieur le président. Je suis certaine que c'est moi qui ai la parole, pour l'instant.
J'encourage tous mes collègues à réfléchir à ce qu'ils font et pourquoi ils le font. Ce n'est pas ainsi que nous gouvernons. Ce n'est pas ainsi que nous devrions nous comporter en tant que parlementaires. C'est très… Je choisis mes mots afin d'utiliser un langage parlementaire: Il s'agit d'une tentative de nous éloigner du travail du Comité. Je pense que nous sommes au‑dessus de cela. Je le pense vraiment. Je suis persuadée que la femme de M. Perkins aimerait qu'il fasse ce qu'il faut.
Des députés: J'invoque le Règlement.
Mme Iqra Khalid: J'espère que M. Perkins reconnaît qu'il ne s'agit pas du tout d'une motion de privilège. Il s'agit d'une motion d'agitation et d'une tentative d'utiliser l'argent des contribuables à des fins politiques pour le parti conservateur, d'une tentative d'empêcher la Chambre de fonctionner, d'une tentative d'empêcher les comités de fonctionner et d'une tentative de collecte de fonds pour le parti conservateur à l'aide de pièges à clics pour Russian Rebel News ou je ne sais quoi d'autre. Ce n'est pas correct. J'encourage M. Perkins à « se calmer ». Ce n'est pas la bonne chose à faire. Nous avons mieux à faire au sein de ce comité. Je ne pense pas du tout que cette motion soit recevable.
« J'ai siégé à de nombreux comités », a dit l'avocat plaidant d'expérience. Au cours de mes neuf années de mandat parlementaire, j'ai écouté de nombreux témoignages. Nous n'avons pas à décider de ce que les témoins que nous invitons à ce comité ont à dire. Nous pouvons leur demander des éclaircissements par écrit. Nous pouvons les assigner à comparaître devant un comité et à répondre aux questions.
Monsieur le président, c'est vous qui décidez du fonctionnement du Comité et de ce qu'un témoin peut ou ne peut pas nous dire, et cela devrait donc vous préoccuper autant que moi en ce moment. Votre privilège et votre autorité en tant que président sont remis en question.
Par ailleurs, quel est l'objectif visé ici? Sommes-nous en train de créer un précédent selon lequel chaque témoin qui comparaît devant un comité, dans l'ensemble de nos comités, sera jugé en fonction de sa réponse à une question ou non? À qui la réponse à cette question plaira-t-elle? Je suis certaine que M. Perkins, même après avoir été nommé à la BDC, aimerait s'asseoir là et juger si un témoin a réellement répondu à une question à son goût.
Cela me rappelle Trump, pour être honnête, lorsqu'il décide si quelque chose est une ingérence étrangère ou non, ou démocratique ou non, en fonction de la position d'une personne sur l'échiquier politique et du fait qu'elle le soutienne ou non. C'est exactement la même chose. Si nous adoptons cette motion aujourd'hui, si nous envisageons même cette motion, nous cédons à la politique de l'agitation dont nous avons été témoins aujourd'hui. Je ne pense pas que ce soit la bonne façon d'aborder nos institutions démocratiques ni la façon dont nous devrions fonctionner ici en tant que comité.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici, mais j'aimerais revenir sur votre liste, au bas de la liste. Je vous le fais savoir.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je dois dire que je suis un peu inquiète que vous ayez fondé votre décision, selon laquelle il s'agit en fait d'une atteinte au privilège, sur M. Firth. Il est impossible de placer M. Bains dans la même catégorie que M. Firth, qui, comme nous le savons tous, est dans une classe à part.
J'étais présente à cette réunion et j'ai trouvé que M. Bains était un témoin très crédible et respectueux. Dans tous nos comités, nous posons des questions. En général, lorsque nous posons la question, nous ne connaissons pas encore la réponse. Il nous arrive de la connaître, mais pas toujours, et nous devons donc accepter les réponses du témoin telles qu'elles sont données, même si elles ne nous plaisent pas.
Ce que j'ai observé auparavant, alors que l'opposition interrogeait ce témoin, comme c'est souvent le cas, c'est que le témoin n'a même pas eu la possibilité de répondre. Ils l'interrompaient constamment. Il essayait de dire quelque chose, mais il se faisait constamment interrompre. Il y a là un certain degré d'impolitesse. Nous invitons des personnes à venir témoigner et nous devrions leur donner la possibilité de répondre aux questions. Malheureusement, je constate que ce n'est pas le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, l'opposition se plaint que le témoin n'a pas répondu aux questions. Il avait besoin de temps pour le faire, sans être constamment interrompu.
C'était constant. Cela donne une très mauvaise image de la Chambre et de ses membres.
L'une des choses que je voudrais souligner… J'ai été élue en 2021 et j'ai été nommée à ce comité par le whip. Je me souviens que le whip m'a dit que j'allais adorer siéger au Comité des comptes publics, parce que j'apprendrais beaucoup de choses sur le fonctionnement du gouvernement en examinant les rapports de la vérificatrice générale. La vérificatrice générale examine beaucoup de choses différentes. Elle décide de ce qu'elle veut examiner et fait part des insuffisances qu'elle découvre, ce qui peut s'avérer instructif. J'aimerais que ce soit le cas de ce comité.
Je dirais qu'au cours des huit derniers mois, nous n'avons pas eu l'occasion d'examiner de rapports. Nous n'avons pas déposé de rapports de ce comité à la Chambre, parce que nous n'examinons plus les rapports de la vérificatrice générale. Au lieu de cela, le travail de ce comité, comme la plupart des comités parlementaires, est retardé par des motions, qu'elles soient confidentielles ou non, présentées par l'opposition. Ce sont toujours les mêmes motions dans quatre comités différents, à la recherche d'un pistolet fumant, dans une sorte de chasse aux sorcières. Le prix consisterait à accuser un ministre d'avoir commis des actes répréhensibles. Il n'y a rien à voir, mais cela mobilise des ressources très coûteuses.
Je tiens à ce que les Canadiens sachent que ces comités coûtent des milliers de dollars à chaque fois qu'ils se réunissent. Si nous parlons de gaspiller l'argent des contribuables et de faire preuve de discernement lorsque l'argent des contribuables est dépensé de manière frauduleuse ou malhonnête, que se passe-t‑il au sein de nos comités lorsque tous les comités traitent des mêmes motions?
Ce comité a probablement tenu 25 réunions sur ArriveCAN. Les Canadiens s'intéressent-ils encore à ArriveCAN? Il y a eu 25 réunions, et chaque réunion coûte probablement 10 000 $ ou 15 000 $, si l'on pense aux analystes, aux greffiers, aux interprètes, à la restauration et à toutes les ressources… pour rien.
Nous sommes maintenant dans la même situation, mais cette fois avec Technologies du développement durable Canada. C'est la même chose. De nombreux comités se penchent sur la question. À quoi cela sert‑il? Le problème a déjà été résolu. Nous savons qu'il y avait un problème, mais lorsque le rapport de la vérificatrice générale l'a mis au jour, le ministre actuel a immédiatement décidé de le transférer au CNRC et a nommé un tout nouveau conseil d'administration temporaire composé de trois personnes, et il sera transféré au CNRC d'ici la fin de l'année. Le financement reprendra. Tout est sous contrôle.
Donc, vraiment, quand on a réglé le problème, je ne sais pas pourquoi on persiste à trouver des failles qui n'existent plus. La question a été réglée.
Je trouve ce processus très frustrant.
J'aimerais lire une lettre de notre vérificatrice générale, car, je le répète, je rappelle à tout le monde qu'il s'agit du Comité des comptes publics. Nous sommes censés examiner les rapports de la vérificatrice générale et son travail. Nous ne devrions pas faire quoi que ce soit qui entrave son travail. Toutefois, je tiens à le lire pour le compte rendu, car je pense qu'il s'agit d'un document important.
Il s'agit d'une lettre adressée à notre président, M. John Williamson, datée du 10 juin de cette année.
La présente fait suite à la motion à la Chambre des communes demandant la production d'un document sur Technologies du développement durable Canada. Je crois comprendre qu'il sera examiné par la Chambre des communes cet après-midi.
Je voulais m'assurer que le Comité permanent des comptes publics soit au courant de certaines des répercussions à long terme de cette motion. À mon avis, l'obligation de produire mon dossier de vérification complet au légiste et conseiller parlementaire compromet mon indépendance et est également susceptible de décourager les ministères, les organismes, et les sociétés d'État qui m'offrent un accès gratuit et rapide à l'information requise pour mes vérifications futures.
L'objectif de cette motion semble être de faire en sorte que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ait accès aux informations contenues dans mon dossier de vérification. Dans les cas où la GRC a collaboré avec mon bureau, nous avons toujours coopéré en temps utile. Ce faisant, j'ai maintenu une communication directe avec les enquêteurs de la GRC et une réponse rapide de mon bureau aux ordonnances de communication de la GRC. Je ne comprends pas pourquoi le légiste et conseiller parlementaire devrait faire partie de ce processus établi avec la GRC.
Je crois qu'il est également important d'informer le Comité qu'il y aura des dépenses considérables pour mon bureau afin de produire l'ensemble de notre dossier de vérification pour le légiste et conseiller parlementaire. Nous croyons comprendre que la traduction de tous les documents serait nécessaire. Le budget des ressources de mon bureau n'inclut pas ces dépenses. Il faudrait détourner des ressources financières qui autrement serviraient à produire des vérifications pour le Parlement.
Vérificatrice générale du Canada
De toute évidence, la vérificatrice générale fait valoir que cette demande compromet son travail et son travail futur. Cela perturberait grandement son ministère. Cela les empêcherait de faire le travail qu'ils feraient normalement. C'est une dépense importante pour laquelle elle n'a pas de budget, et tout cela pour quoi? Il s'agit de faire quelque chose qui ne devrait pas être demandé en premier lieu parce que cela compromet non seulement son indépendance, mais aussi celle de la GRC.
J'ai de sérieuses inquiétudes concernant cette motion de privilège et la raison pour laquelle nous devons en débattre. Je ne pense pas, simplement parce que certains députés n'ont pas aimé les réponses que M. Bains, notre témoin de ce soir, a données lorsqu'il a eu l'occasion de parler — ce qui était très limité —, que cela signifie qu'on a porté atteinte au privilège de quelqu'un.
Nous l'avons convoqué ici. Il était tout à fait prêt à répondre. Oui, il a peut-être parfois utilisé la phrase « Je ne me souviens pas ». Nous entendons souvent cette réponse. Il faut tenir compte du fait que cet homme a quitté son poste de ministre en janvier 2021. Cela fera bientôt cinq ans. Combien d'entre nous se souviennent de toutes les conversations et réunions qu'ils ont eues il y a quatre ans et demi ou cinq ans? Pas moi, en tout cas. Peut-être que certains d'entre vous s'en souviennent. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable de demander à quiconque de s'en souvenir. Je pense que s'ils disent « Je ne me souviens pas », c'est très probablement une réponse honnête.
Voilà les points que je voulais aborder. Merci de m'avoir donné le temps de le faire.
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Merci, monsieur le président.
Je vais vous parler d'une question qui me tient à cœur. En ce moment, un membre du gouvernement n'accepte pas la prémisse selon laquelle les réponses du témoin étaient totalement insatisfaisantes. Je vais y revenir. Ce membre du gouvernement se sent en droit de critiquer la qualité des questions posées au témoin. Je pense qu'il n'a pas compris comment fonctionne un comité. Les questions découlent de la prémisse établie par la personne qui les pose. Les réponses doivent être données en fonction des questions posées, et on s'attend à ce que l'on y réponde en toute bonne foi.
J'ai un bon exemple d'une question qui n'a pas été posée au Comité permanent de l'industrie et de la technologie. Cela concerne les premières questions que j'ai posées à l'ancien ministre sur ses rencontres avec Mme Amber Batool quand elle était chef de cabinet à TDDC. M. Bains a commencé par me dire qu'il l'avait rencontrée peut-être une ou deux fois. Il m'a ensuite dit qu'il l'avait rencontrée quelques fois. Lorsque je lui ai demandé un ordre de grandeur quant au nombre de fois qu'il avait rencontré Mme Batool quand il était ministre et qu'elle était chef de cabinet de TDDC, il m'a dit qu'il ne savait pas si c'était une ou deux fois, ou encore dix ou quinze fois.
Cela est strictement impossible. Cela veut dire que la personne est de mauvaise foi. N'importe qui, ici, est capable de donner un ordre de grandeur quant au nombre de fois qu'il a rencontré une personne dans une période donnée.
Je peux dire combien de fois j'ai rencontré la plupart des gens, du moins donner un ordre de grandeur. À mon avis, ne pas être capable de donner un ordre de grandeur témoigne d'une mauvaise foi. C'est inacceptable.
M. Bains n'a répondu à aucune question des membres de ce comité. Pourtant, ces questions lui ont été posées de manière calme et respectueuse. C'est déplorable. Le travail que nous accomplissons est important. Dans son rapport, la vérificatrice générale a soulevé plusieurs points très problématiques. M. Bains était le ministre responsable de TDDC lorsque tous les faits décrits dans ce rapport ont été commis.
Il devrait donc pouvoir répondre aux questions, mais il ne l'a pas fait. Il a eu plusieurs occasions de le faire, aujourd'hui, mais il ne l'a strictement pas fait. Cela s'ajoute à ce que je viens de donner comme exemple. Cela témoigne de sa mauvaise foi et du simple refus de répondre aux questions des parlementaires, ce qui, pour moi, est une atteinte au privilège parlementaire.
Je termine ici mes commentaires. J'espère que nous pourrons procéder le plus promptement possible à un vote pour déterminer si cet événement a porté atteinte au privilège parlementaire. Sachez que je pense qu'il y a effectivement eu, ici, une atteinte au privilège parlementaire.
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Merci, monsieur le président.
J'ai deux ou trois choses à dire à ce sujet. Je crois que, compte tenu de la situation actuelle, si nous faisions rapport à la Chambre à ce sujet, il est pratiquement impossible que le Président juge de prime abord qu'il y a atteinte au privilège.
Le témoin a répondu deux ou trois fois qu'il ne se souvenait pas. Il a été interrompu à plusieurs reprises en plein milieu d'une réponse. Je comprends que Mme Sinclair‑Desgagné ait l'impression qu'il ne répondait pas directement à ses questions comme elle le souhaitait. Le témoin était encore en plein... Il me semble que le président a dit très clairement au début — et il l'a répété en libérant M. Bains — qu'il pourrait revenir, et M. Bains semblait d'accord de revenir, au besoin.
J'ai déjà dit que c'était prématuré, mais si nous devions en faire rapport à la Chambre dès maintenant, de toute évidence, à première vue, il n'y a pas d'atteinte au privilège. Non seulement son comportement ne ressemblait pas du tout au comportement extrêmement préoccupant de M. Firth, mais il ressemblait à de nombreux témoignages que j'ai entendus au fil des ans. Nous n'obtenons pas toujours la réponse par oui ou par non que nous demandons aux témoins, mais nous recevons quand même une réponse, quelle qu'elle soit.
Comme les conservateurs ont accusé Mme Verschuren d'avoir commis des activités criminelles, je tiens à souligner qu'en répondant à une question portant sur le fait qu'elle ait été nommée par le gouvernement Harper à un conseil... Il est important d'expliquer cela. Je ne sais pas si les conservateurs comprennent vraiment ses antécédents. Nous savons que le commissaire à l'éthique avait relevé quelques violations — par exemple, Mme Verschuren aurait dû se récuser au lieu de s'abstenir. Dans un autre cas, elle a voté en faveur d'une approbation regroupée en suivant un conseil juridique qui s'est ensuite avéré malavisé. Ce n'est pas un comportement criminel, malgré ce que prétendent les conservateurs.
Si l'on avait laissé M. Bains terminer sa réponse, on aurait appris, par exemple, que Mme Verschuren avait débuté sa carrière à un poste d'agente de développement à la Société de développement du Cap-Breton. Elle a ensuite travaillé pour la Corporation de développement des investissements du Canada. Elle a ensuite travaillé à AMASCO. Elle a lancé l'entreprise Michaels of Canada — pour ceux d'entre vous qui la connaissent, mes enfants adorent les arts et l'artisanat —, puis elle a accédé au poste de PDG de la société Home Depot Canada, qu'elle a développée considérablement.
Elle a été nommée à un certain nombre de postes consultatifs gouvernementaux, notamment au Conseil consultatif sur l'économie pendant la crise économique de 2008, au Conseil canado-américain pour l'avancement des femmes entrepreneures et chefs d'entreprise et au conseil consultatif sur l'ALENA. Elle a récemment participé à des tables rondes gouvernementales sur la décarbonation dans la lutte contre les changements climatiques. Elle est présidente du conseil d'administration de l'organisme MaRS Discovery District. Elle siège au conseil d'administration de l'Ontario Energy Association.
En 2011, pendant le mandat de Stephen Harper, elle a été nommée officier de l'Ordre du Canada pour toutes les contributions qu'elle a apportées à notre pays. En 2010, elle a été nommée coprésidente de la Conférence canadienne du Gouverneur général sur le leadership...
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Oui, c'est pertinent. M. Bains a été interrompu par M. Perkins alors qu'il répondait à une question précise sur Mme Verschuren en expliquant qu'elle avait longuement contribué à la vie publique du Canada. Il soulignait qu'elle avait été nommée non seulement par M. Harper, mais aussi par M. Flaherty. Cette réponse est pertinente parce qu'on l'a interrompu pendant qu'il répondait à la question qu'on venait de lui poser.
Si cela peut être utile — j'ai presque terminé, monsieur Genuis —, en 2010, elle a été nommée coprésidente de la Conférence canadienne du Gouverneur général sur le leadership de 2012, l'activité de formation en leadership la plus importante au Canada, et elle a été honorée par le Temple de la renommée de l'entreprise canadienne en 2019. Accusez‑la d'activités criminelles tant que vous le voudrez, mais faites‑le seulement dans le cadre du privilège parlementaire, parce que vos accusations seraient diffamatoires hors de la Chambre des communes. Mme Verschuren n'est pas coupable de conduite criminelle, et ses antécédents comprennent une longue liste de contributions qu'elle a apportées à la vie publique de notre pays.
N'oubliez surtout pas que, oui, je serai le premier à critiquer la conduite de TDDC relativement à ses conflits d'intérêts. Je serai le premier à critiquer le fait qu'il a suivi de très mauvais conseils juridiques. Je serai le premier à critiquer les manquements à l'éthique d'une personne qui s'abstient au lieu de se récuser. Bien sûr, TDDC n'aurait pas dû regrouper les approbations en se basant seulement sur ses conflits passés. Il aurait dû déclarer tous ses conflits d'intérêts, c'est évident. Voilà pourquoi il a fallu prendre des mesures importantes pour réparer ce gâchis.
Cependant, il est risible de laisser entendre qu'il y a eu un comportement criminel, de couper la parole à l'ancien ministre Bains pendant qu'il répondait à une question sur le caractère de Mme Verschuren. Il est ridicule de prétendre qu'il y a eu atteinte à votre privilège parce que le témoin que vous avez interrompu n'a pas répondu à vos questions. Nous devrions réinviter M. Bains, car je crois comprendre qu'il n'avait pas fini de témoigner.
Je vais voter contre la motion de privilège, parce qu'elle créerait un terrible précédent. S'il s'agit d'une atteinte au privilège, alors tous les témoins qui ne nous donnent pas la réponse que nous désirons finiront par violer le privilège. Nous devrions prendre l'atteinte au privilège très au sérieux. Nous ne devrions pas abaisser la norme pour des raisons ridiculement partisanes.
J'ajouterai que je suis convaincu que si nous en faisons rapport à la Chambre, le Président le rejettera, parce qu'il est impossible de penser que pour des raisons aussi minimes, ce dont on accuserait un si grand nombre de témoins qui ont comparu devant notre comité et devant de nombreux autres comités... Quand nous recevons une réponse que nous n'aimons pas, comme « Je ne me souviens pas » — vous n'aimez peut-être pas cette réponse, mais c'est une réponse, monsieur Perkin —, l'accusation d'atteinte au privilège ne sera certainement pas jugée fondée prima facie.
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Justement, vous êtes sur une statue. Vous faites la promotion du fait qu'il est important d'avoir de la transparence et d'inviter des témoins devant notre comité. Vous dites qu'il faut bien dépenser les dollars de M. et Mme Tout‑le‑Monde.
Vous êtes dans l'opposition, vous n'êtes même pas capables de dépenser des fonds publics pour lesquels il existe des règles à la Chambre et vous êtes, ici, en train de nous accuser de cela. C'est sûr que des gens ont fait des erreurs à TDDC. Toutefois, de là à aller chercher l'oncle et la tante, il y a quelque chose qui ne va pas.
M. Bains est venu ici, et je ne serais même pas surpris qu'on lui demande qui l'a consulté pour venir faire une présentation devant le Comité. Serait-ce sa tante, son oncle? Va-t-on ensuite commencer à inviter l'oncle, la tante et tout le monde au Comité? Ça n'a plus de sens. Il faut que ça cesse.
La vérificatrice générale du Canada a produit un rapport. La firme Raymond Chabot Grant Thornton a rédigé un excellent rapport, et la firme McCarthy Tétrault en a fait un autre. Cela fait trois rapports. Quand cela va-t-il cesser?
Ça n'a même plus de rapport avec ce qui se passe ici. La preuve, c'est que le officielle fait circuler de fausses pétitions, et il invite les gens à y inscrire leur nom. Ce que je remarque, c'est qu'on redirige les gens vers un site partisan, un site du Parti conservateur. Il se permet pourtant de lancer des blâmes.
Mon collègue M. Erskine‑Smith a complètement raison. Si on trouve que ce qui nous occupe maintenant est une question de privilège, cela veut dire qu'on remettra en question le témoignage de tous les témoins qui comparaîtront ici. On dira que c'est une question de privilège. Par exemple, il y a les personnes qui croient aux changements climatiques et celles qui n'y croient pas. Au Bloc québécois et au NPD, on croit aux changements climatiques. De l'autre côté de la table, on n'est pas sûr. On remettra alors en question le témoignage des gens venus nous en parler, en affirmant que c'est une question de privilège. Ça n'a aucun bon sens.
Je reviens à ce que Mmes Khalid et Bradford ont dit, à savoir que tout ça a été fait dans l'espoir de créer de l'interférence et de l'obstruction parlementaire à la Chambre des communes. Je tiens à dire aux conservateurs qu'ils en ont déjà, de l'obstruction parlementaire. Cibole, ils sont en train de faire de l'obstruction parlementaire sur leur propre motion. Ça n'a aucun sens.
Pourrait-on traiter avec respect le Comité permanent des comptes publics? Est-on capable de se concentrer sur des préoccupations qui touchent vraiment les Canadiens, les Canadiennes, les Québécois et les Québécoises? Prenons, par exemple, toute la question de la cybercriminalité. La vérificatrice générale du Canada a fait un rapport à ce sujet. Actuellement, parce qu'on est pressé de faire des enquêtes à n'en plus finir, on ne se penche pas sur d'autres questions qui sont beaucoup plus importantes pour les personnes âgées.
Le Bloc québécois, qui défend les personnes âgées à la Chambre, jour après jour, est-il en train de me dire que les personnes âgées ne sont pas importantes ici, au Comité? Est-il en train de dire qu'on ne devrait pas regarder le rapport de la vérificatrice générale, qui porte justement sur la cybercriminalité, sachant que les gens qui en sont victimes sont en majorité des personnes âgées?
Non, on va faire de plus en plus d'enquêtes. On va dire que les témoins qui viennent ici ne sont plus crédibles. Ça n'a aucun sens.
J'inviterais mes collègues du Parti conservateur à nous dévoiler, en toute transparence, combien de fonds ils ont ramassés en parlant de ce sujet. Ils n'en ont apparemment pas encore assez parce qu'ils veulent continuer d'en parler. Or, ils ne veulent pas parler d'autres préoccupations plus importantes pour les Canadiens et les Québécois. Je viens d'en mentionner un excellent exemple.
Je reviens encore une fois sur le point abordé par M. Erskine‑Smith. Il s'agit de toute la question du précédent que nous sommes en train de créer. Si on n'est pas d'accord avec ce que dit un témoin devant le Comité, on va se mettre à dire que c'est une question de privilège.
Je peux voir que les partis de l'opposition ne sont pas désireux de travailler afin de faire avancer des dossiers qui sont importants pour les Canadiennes et les Canadiens. Il y en a qui veulent réunir plus de noms pour des raisons partisanes. On demande aux gens de donner leur nom, leur adresse et leur numéro de téléphone et on leur dit que l'on va s'occuper de leurs préoccupations.
Que font les autres partis? Ils sont complices. MM. , et forment une coalition. Ils sont tous coupables de travailler ensemble. M. Poilievre doit être si populaire au Québec que je suis certain que le Bloc québécois est fier de le défendre. Les députés du Bloc québécois suivent la ligne du Parti conservateur, et je ne comprends pas pourquoi. Ceux du NPD sont dans le même bateau; ils suivent la ligne du Parti conservateur, et je ne comprends pas pourquoi. Je ne sais pas ce qui se passe de l'autre côté de la Chambre, mais il semble y avoir une nouvelle coalition formée par le Parti conservateur, le Bloc québécois et le NPD. M. Perkins peut dire ce qu'il veut, mais il n'y avait pas de problème quand il a été nommé, lui, par un conservateur à un conseil d'administration. On n'a pas nommé de libéraux.
On le sait très bien, monsieur Perkins, que, vous et vos collègues, vous êtes les meilleurs amis lorsqu'il s'agit de faire des dons. Vous avez fait des dons, tout comme la présidente du conseil d'administration. Vous êtes dans le même bateau. Vous n'avez pas donné une piastre, deux piastres ou trois piastres, vous avez donné 1 600 $ à un candidat pour la chefferie de votre parti. Vous êtes coupables. Vous êtes dans le même bateau. Vous essayez maintenant de nous peinturer dans le coin avec ça, et je ne suis pas d'accord. Le nouveau ministre, M. , et M. Bainsn'ont rien à voir avec ça, et vous le savez très bien.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je sens que la question soulève de la passion, même à cette heure-ci.
S'il y a des gens qui ont volé de l'argent, laissons la GRC faire son travail. Laissons la GRC mener sa propre enquête. S'il y a des coupables, qu'on les amène devant un juge et qu'on les mette en prison. Cela ne me pose pas de problème.
Le problème, c'est qu'on va à la chasse à l'oie, si je peux dire. On s'en va à la chasse en prenant pour cible M. Bains. On fait la même chose pour ce qui est du ministre Champagne, sachant très bien qu'il survole tout ça à 20 000 pieds dans les airs et qu'il ne voit pas ces détails. Le problème que cela me pose, c'est que les gens de l'opposition ont entendu haut et fort les arguments.
Cette semaine, on posait même des questions à une membre du conseil d'administration sur des choses qui ne se sont pas passées. On lui demandait ce qu'elle allait faire. Peut-on laisser le conseil d'administration voir le rapport avant de prendre une décision? Ce serait la chose la plus rationnelle à faire, mais ce n'est pas ce qu'on fait. On accuse. On veut salir la réputation de gens qui n'ont rien à voir avec ça. C'est justement pour qu'il y ait plus de noms dans la base de données du Parti conservateur, pour pouvoir ramasser encore plus de fonds. On l'a entendu...
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Merci, monsieur le président.
Comme je le disais, les transcriptions des séances du Comité démontrent que les conservateurs ne veulent pas entendre de réponses. Ils veulent poser des questions. Ils veulent leurs petites coupures de presse et passer à autre chose sans approfondir les enjeux. Ils veulent passer à leur prochain objectif.
Mon père me dit toujours: « Iqra, ne cherche pas à te rendre importante. Cherche à accomplir quelque chose. »
La façon dont les conservateurs s'accrochent à cette fausse motion de privilège démontre qu'ils s'efforcent de se rendre importants au lieu de chercher à accomplir quelque chose de bien pour les Canadiens.
J'ai vu à maintes reprises dans ce comité des députés qui posent des questions aux témoins sans leur laisser le temps de répondre ou de donner des précisions. Il a souvent fallu leur rappeler qu'ils ne sont pas au tribunal. Nous sommes ici — ou du moins je l'espère — pour tenir des conversations distinguées et instructives. Il est maintenant troublant de constater que nous ne le faisons pas.
Cette motion de privilège n'a aucune raison d'être, quand on lit les questions qui ont été posées au cours de ces derniers... Je siège à ce comité depuis un an. En reposant continuellement les mêmes questions, les députés insultent continuellement les témoins. Notre collègue d'en face estime que son privilège a été violé parce que personne ne répondait à ses questions. Eh bien, il siège à ce comité depuis très longtemps. Il siège à de nombreux comités depuis très longtemps. Pourquoi n'a‑t‑il jamais présenté ce genre de motion auparavant?
Est‑ce parce que le témoin est un ancien ministre? Est‑ce parce que les conservateurs cherchent des prétextes pour dénoncer encore d'autres choses? Je vous dirai honnêtement que je n'en ai aucune idée.
Cette motion a été présentée avant que les conservateurs n'aient fini de poser leurs questions. Cette motion a été présentée avant que le témoin n'ait pu répondre à toutes leurs questions. Les conservateurs harcelaient continuellement le témoin, ils lui coupaient la parole en lui posant des questions auxquelles ils ne lui laissaient pas le temps de répondre.
Quand il essayait de répondre, il ne pouvait pas prononcer deux mots sans qu'on lui coupe la parole. C'est malheureux, parce que nous invitons les témoins à comparaître devant le Comité, ou du moins je l'espère, pour qu'ils nous fournissent de l'information. Nous ne les invitons pas pour les interroger, les humilier et présenter de fausses motions de privilège à des fins politiques.
Ces jours‑ci, les conservateurs ont des fins politiques importantes à poursuivre. Ils se raccrochent à n'importe quoi, à tout ce qu'ils peuvent trouver. C'est vraiment malheureux. Très franchement, je ne trouve pas non plus que les autres partis de l'opposition se soient rendus utiles au cours de ce débat. En lisant les transcriptions, je constate que le député néo-démocrate a posé une question qui remplit toute une page. Nous n'avons pourtant pas beaucoup de temps de parole pour poser nos questions.
Il est bien évident que nous voulons entendre ce que les témoins ont à nous dire au lieu de leur faire de longs discours. Or, c'est exactement ce qui s'est produit. C'est exactement ce que je vois dans nos transcriptions: de longs paragraphes et des énoncés généraux pour essayer de justifier ce comportement. Alors quand le témoin peut enfin répondre à la question, que se passe‑t‑il? « Oh, non, vous n'avez pas répondu à ma question. » Eh bien, mon ami, vous pourriez peut-être lui donner le temps de répondre à votre question, qu'en pensez-vous?
Un député: Qu'en pensez-vous?
Mme Iqra Khalid: Oui, qu'en pensez-vous? Il est très malheureux que nos institutions démocratiques, nos comités parlementaires, en soient arrivés là. Nous, les membres du comité des comptes publics, sommes tombés très bas. Quand j'ai commencé à siéger à ce comité, nous travaillions tous ensemble. Nous collaborions afin de trouver de bonnes solutions aux problèmes qui se posaient. Nous débattions en toute cordialité et en tout respect. Cependant, un an plus tard, je nous vois saisis d'une motion de privilège accusant un témoin de ne pas avoir répondu à une question. De fil en aiguille, c'est devenu une atteinte au privilège de M. Perkins à la Chambre et au Comité.
Monsieur le président, savez-vous ce que représente le privilège dans une institution démocratique? Le Canada a bien de la chance d'avoir ce privilège.
M. Michael Cooper: [Inaudible]
Mme Iqra Khalid: Ne m'interrompez pas, monsieur Cooper.
Le Canada a la chance de pouvoir invoquer le privilège et d'avoir des institutions démocratiques qui garantissent que les droits de tous les Canadiens soient enchâssés dans sa Constitution et dans sa Charte des droits et libertés. Mais maintenant, nous parlons d'atteinte au privilège d'un député qui estime qu'il n'a pas obtenu la réponse qu'il désirait à la question qu'il a posée. Mais que faisons-nous? Nous gaspillons les ressources du gouvernement, nous nous éloignons des enjeux importants et des rapports de la vérificatrice générale que nous devrions examiner pour débattre de cette motion de privilège fantoche.
En quoi consiste exactement ce privilège? « Oh, je n'ai pas obtenu la réponse que je voulais d'un témoin qui a été convoqué devant ce comité » au sujet d'une autre motion bidon. Ce témoin n'aurait jamais dû être convoqué. Il n'a rien à voir avec le problème de TDDC. Cela n'a aucun sens, si ce n'est que les conservateurs retardent les travaux de ce comité et de la Chambre des communes.
M. Michael Cooper: Votre gouvernement a fermé...
Mme Iqra Khalid: Ne m'interrompez pas, monsieur Cooper. Je souligne une constatation importante. Ne m'interrompez pas... pas aujourd'hui.
Les conservateurs retardent nos travaux pour prouver leur importance au lieu d'accomplir quelque chose. Le pire, c'est que le Bloc et le NPD les aident à le faire. Je trouve que c'est encore pire parce qu'au moins, monsieur le président, les conservateurs le font ouvertement. Ils veulent retarder les travaux du gouvernement. Ils ne veulent pas que les travaux de ce comité progressent. Ils ne veulent pas d'un semblant de fonctionnalité au sein de nos institutions démocratiques.
Ce qui est terrible, c'est que le Bloc et le NPD les soutiennent, et cette motion est de toute évidence une tactique visant à bloquer, à retarder et à interrompre tout le travail que ce comité pourrait accomplir. Il est déplorable que nous ne puissions pas exécuter le travail dont ce comité est chargé. Il est déplorable que les conservateurs pensent que c'est leur privilège de mettre fin au travail que nous avons passé des centaines d'années à bâtir dans nos institutions démocratiques et d'établir des précédents que nous ne devrions pas établir, tout cela parce qu'ils veulent se donner de l'importance.
Imaginez donc!
Monsieur le président, je ne suis pas du tout d'accord avec la prémisse de cette motion. Je ne pense pas du tout que si des témoins ne donnent pas les réponses que l'opposition désire, ils violent le privilège des députés. Je ne crois pas à l'authenticité de cette motion.
Comme je l'ai dit, cette motion a été rédigée bien avant qu'elle ne soit présentée, bien avant que les conservateurs aient fini de poser leurs questions. Nous faisons face à un stratagème. Je refuse d'adhérer à ce stratagème. Je continuerai de défendre les valeurs démocratiques de notre Parlement.
M. Cooper peut bien ricaner, comme il l'a fait toute la soirée, mais pour moi, les valeurs démocratiques sont très importantes. Contrairement à lui, je considère que le travail qu'accomplit ce comité est très important, et je continuerai à le défendre. Je veillerai toujours à ce qu'on protège ce travail et le caractère sacré de cet endroit. Je lutterai pour cela contre tous ceux qui cherchent à se donner de l'importance au lieu d'accomplir quelque chose pour les Canadiens.
Merci, monsieur le président.
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Comme je l'ai dit, tant de temps a été perdu au Comité et tant d'heures ont été consacrées à la même chose, mais les conservateurs n'ont pas été en mesure de déterminer qu'un ministre a été impliqué.
Pourquoi continuons-nous ainsi? Les conservateurs ne se soucient peut-être pas des questions qui importent aux Canadiens. Après tout, la vérificatrice générale choisit des sujets qui préoccupent les Canadiens dans la sélection des rapports qu'elle présente, et les conservateurs semblent plus intéressés à adopter des postures pour les médias sociaux qu'à revenir sur des questions qui importent aux Canadiens.
À un moment donné, nous nous sommes entendus pour étudier des rapports comme ceux sur la cybercriminalité et les contrats de services professionnels. Je me suis dit que c'était une bonne chose, mais le consensus a été de courte durée parce que nous n'avons jamais étudié ces rapports. Au lieu de cela, nous avons consacré plus de 25 réunions à ArriveCAN et nous en sommes maintenant à 9 réunions sur TDDC.
Nous devons vraiment revenir au mandat initial du Comité permanent des comptes publics, c'est‑à‑dire étudier les rapports de la vérificatrice générale et ne pas perdre de temps à remettre en question son travail. Nous devrions pouvoir faire confiance à ses rapports sans que la vérificatrice générale se sente obligée d'écrire une lettre affirmant son indépendance. Cela prouve que notre comité, à l'instar de certains des commentaires de M. Perkins, est allé trop loin.
Certains des rapports que nous aurions pu étudier portaient également sur les sites contaminés dans le Nord, sur le conseil d'administration de la Société immobilière du Canada Limitée ou sur l'écologisation des matériaux de construction dans les infrastructures publiques. Ce sont tous des rapports importants qui doivent être étudiés, et j'espère que nous y reviendrons avant la fin de l'année pour que nous ayons quelque chose à montrer. En fait, nous n'avons même pas terminé nos ébauches de rapport, qui sont en attente depuis le mois de janvier, comme le rapport sur l'ACS+.
J'espère que nous pourrons nous concentrer sur ce qui compte vraiment pour les Canadiens au lieu de nous lancer dans une chasse aux sorcières.
Merci.
Je comprends, évidemment, que les conservateurs ont présenté cette motion. Ils vont appuyer cette motion et ils ont accepté les jeux de procédure partisans. Voilà ce dont il s'agit. C'est le climat qui règne ici.
Je crois comprendre que Mme Sinclair-Desgagné, du Bloc, était très frustrée. Ses questions semblaient raisonnables en ce qui concerne Mme Batool. Ses questions étaient pertinentes et elle s'est sentie frustrée. Je pense que c'est encore prématuré, et il n'est pas très logique d'adopter cette motion en raison de cette frustration, mais en tout cas je la comprends.
Puisque Mme Sinclair-Desgagné et M. Desjarlais n'ont pas accepté les jeux partisans, mes commentaires s'adressent surtout à eux.
Je ne suis pas contre l'idée que, si nous avons un ancien ministre libéral et qu'il est incroyablement évasif — s'il ne fait que tergiverser et refuse de répondre aux questions, et que cela devient inopportun —, nous fassions rapport à la Chambre. Je ne m'y oppose pas en principe, mais nous n'en sommes pas là. Ce à quoi nous avons assisté...
Écoutez, j'ai examiné le témoignage de M. Bains devant le comité de l'industrie, et M. Perkins savait déjà quelle serait la réponse. C'était « Je ne me souviens pas », en référence à la conversation au sujet de Mme Verschuren. Il a dit qu'il y avait eu plus de 100 nominations par le gouverneur en conseil à son époque, et il ne se souvenait pas du déroulement de la conversation concernant Mme Verschuren. Il a souligné le fait qu'il existe un processus indépendant par l'entremise du Conseil privé, ce qui lui donne courte liste. Il savait quelle serait la réponse et, franchement, la réponse était la même. Le fait que M. Perkins estime que c'est une réponse suffisante ou pas n'est pas pertinent.
L'important lorsqu'il s'agit d'une question de privilège est de savoir si le privilège d'un député a été violé du fait, comme dans le cas de M. Firth, d'un refus absolu de participer, au point qu'il a été convoqué et forcé de répondre aux questions, et ce n'est qu'à ce moment‑là qu'il a fourni des réponses appropriées.
Ce n'est pas le même genre de cas. C'est très différent. Cela ressemble davantage à un processus abusif qui s'inscrit dans le cadre de jeux partisans ridicules.
Pour répondre à la question de M. Genuis, pourquoi ne pas simplement renvoyer la question à la Chambre en sachant que le Président va la rejeter? Le Président va la rejeter, alors, monsieur Desjarlais, vous vous dites peut-être: « Très bien, cela semble raisonnable. Renvoyez la question à la Chambre et laissez faire. » Le problème, c'est ce qui se passe déjà à la Chambre. Nous voyons des motions de privilège être utilisées de façon abusive pour retarder et miner le fonctionnement normal de la Chambre.
Si je savais avec certitude que M. Perkins prendrait la parole pendant 20 à 30 minutes au sujet de cette motion à la Chambre et que le Président de la Chambre en tiendrait compte... Mais je sais qu'il refuserait parce qu'il n'y a pas à première vue matière à question de privilège. Si je savais que cela se limite à gaspiller 20 ou 30 minutes du temps de la Chambre, je ne serais pas contre l'idée de mettre la question aux voix tout de suite.
Cependant, pourquoi est‑ce un problème à l'heure actuelle? Ce que nous voyons à la Chambre, ce ne sont pas des motions de privilège qui sont utilisées de façon abusive pour tenir un débat de 20 ou 30 minutes avant de les soumettre au Président. Nous voyons des amendements et des interventions à répétition simplement pour faire perdre du temps à la Chambre.
Je ne crois pas que nous devrions prendre une affaire qui ne constitue pas un cas flagrant de violation de nos privilèges et la juger fondée sur la partisanerie, puis la renvoyer à la Chambre pour que les conservateurs puissent gaspiller plus de temps à la Chambre et retarder, bloquer et miner les travaux ordinaires de la Chambre.
Je plaide, surtout auprès de mon collègue du NPD, mais aussi auprès de ma collègue du Bloc, pour que M. Bains puisse revenir. En fait, c'était le fondement de tout ceci: le président a dit que M. Bains était « présent pendant environ une heure ». Il a dit qu'il était pressé par le temps et qu'il était entendu qu'il pourrait être rappelé. Nous avons entendu exactement la même chose lorsqu'il a terminé et lorsqu'il a été excusé.
Au fond, je ne comprends pas pourquoi nous accepterions une motion de privilège, qui devrait être très exigeante, alors que nous sommes loin d'atteindre les conditions requises. Le Président va rejeter la motion. Cependant, pour y arriver, nous allons perdre des heures et des jours interminables, non seulement de notre temps ici, à ce comité, comme c'est à l'évidence le cas, mais aussi de notre précieux temps à la Chambre. Ce n'est pas pour cela que nous sommes venus à Ottawa.
J'aimerais que l'ancien ministre Bains revienne et qu'il réponde aux questions. Il y a plusieurs autres occasions de poser des questions.
Ne croyez pas à cette motion de privilège prématurée. Ne perdons pas plus de temps sur cette question, mais ne perdons pas le temps précieux de la Chambre sur une motion qui est loin d'atteindre les critères d'une atteinte au privilège.
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Je remercie mon cher collègue M. Perkins de me permettre de faire des pauses toutes les trois secondes alors qu'il m'interrompt. Je sais qu'il n'aime pas l'entendre, mais le problème est qu'on remet en question le témoignage d'un témoin. On sait très bien que M. Perkins n'a pas mis en doute le témoignage de ce témoin lorsqu'il a comparu devant l'autre comité.
Or la GRC vous a écrit, monsieur le président, et vous a dit clairement que le fait de continuer à essayer de manipuler des témoignages à ce comité comme on essaie de faire avec M. Bains, qui a déjà comparu il y a quatre ou cinq mois, peut avoir des répercussions sur son enquête.
Je demande donc à mes collègues s'ils sont sérieux ou non. Il y a trois semaines, ils voulaient déjà que des élections soient déclenchées. Je sais qu'ils ne sont pas sérieux dans cette affaire. M. Bains est venu ici de bonne foi. C'est un citoyen qui n'a aucun rapport avec TDDC, hormis le fait que, lorsqu'il était ministre, il a signé l'entente de contribution. Cependant, il n'a jamais pris part aux décisions de TDDC au quotidien. On le sait très bien, mais on refuse de l'entendre. Le témoin a tenté de l'expliquer à maintes reprises, non seulement à ce comité, mais également au Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
Je ne sais pas si c'est parce que l'opposition avait besoin d'une pause pendant l'été, mais aucune question de privilège n'avait été soulevée, même si M. Bains avait fait le même témoignage que celui qu'il fait ici aujourd'hui, avec maintes interruptions des députés de l'opposition. On n'a pas semblé juger important de soulever cette question de privilège. Ma collègue Mme Khalid a très bien défini le problème: cela n'a aucun rapport avec une question de privilège. Il s'agit simplement de donner une autre chance à l'opposition officielle de s'assurer que rien ne fonctionne à la Chambre.
J'ai été élu en septembre 2021 pour travailler ici, pas pour faire de l'obstruction. J'ai été élu pour représenter mes concitoyens. De multiples rapports ont été soumis par la vérificatrice générale et on semble être coincés par un rapport. Or on sait très bien qu'il y a eu d'autres études dans d'autres comités. Présentement, on se demande si un témoin a donné les réponses que l'opposition voulait entendre. Il ne s'agit pas d'une question de privilège.
Je trouve cela aberrant. Si on avait fait cela avant le mois de juin, j'aurais pu comprendre. Je donne entièrement raison à l'opposition officielle d'avoir invité M. Bains à comparaître devant le Comité permanent de l'industrie et de la technologie. Cependant, depuis que tous les membres du Comité ont reçu la lettre du commissaire de la GRC, qui est entre nos mains aujourd'hui, tous savent très bien que ce que nous faisons a des répercussions potentielles sur l'enquête.
Si nous voulons vraiment nous pencher sur la question, il faut faire cela autrement. Qu'on soit d'accord sur le témoignage de M. Bains ou pas, ce n'est pas à nous d'en juger. M. Bains a accepté l'ordre et il est venu témoigner devant le Comité, mais les députés de l'opposition ont décidé de l'interrompre parce qu'il ne disait pas ce qu'ils voulaient entendre. Ils avaient entendu la même chose au mois de juin, mais, depuis le mois de juin, le commissaire de la GRC a écrit à ce comité et a dit clairement aux membres de ce comité que ce qu'ils faisaient avait des répercussions potentielles sur les enquêtes de la GRC. J'ai un problème avec ce que fait l'opposition.
Nous ne sommes pas dans une république de bananes. Réveillez-vous.
Monsieur le président, je comprends très bien que mes mots fâchent l'opposition officielle, puisque celle-ci n'aime pas entendre la vérité; c'est triste. Cependant, je crois sincèrement que ce que nous entamons en ce moment est une honte pour le Comité, qui a toujours fonctionné de manière non partisane.
On remet maintenant en question la crédibilité d'un témoin. Je sais qu'on va dire que ce qui est arrivé dans un autre comité ne compte pas, mais il faut savoir que ce sont les deux mêmes personnes qui ont posé des questions et obtenu des réponses. C'est la raison pour laquelle il est important de savoir ce qui s'est passé dans ce comité.
Je trouve inquiétant qu'on ne s'intéresse aucunement à ce qui s'est passé à Technologies du développement durable Canada, ou TDDC. Ce que je trouve le plus décevant, c'est que le Bloc québécois et le NPD se joignent à la coalition de .
La motion que nous avons présentée visait à valider le rapport de la vérificatrice générale du Canada. Toutefois, nous ne pouvons pas la débattre, puisqu'une question de privilège a été présentée tout de suite. Quelle belle surprise! Je trouve cela décevant. Je suis déçu de mes collègues.
Je vais maintenant laisser la parole à quelqu'un d'autre, monsieur le président.
J'ai lu la transcription du témoignage qui a été présenté devant l'autre comité, et je tiens à dire que j'espérais qu'on aurait une autre attitude à l'égard de M. Bains. Il a comparu à deux reprises, mais les députés de l'opposition lui ont posé les mêmes questions.
J'espérais que nous pourrions tenir un débat et une conversation entre adultes, mais ce n'est certainement pas ce qui s'est passé. Je suis déçu.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président et chers collègues.
Bon sang, je n'ai jamais vu rien de tel de longue date dans ce comité des comptes publics. Je pense que quelques-uns d'entre nous sont les premiers députés de notre 44e législature à siéger à ce comité et nous nous souvenons que nous avons pu abattre une somme de travail assez considérable. Nos analystes s'en souviennent, tout comme notre greffière, j'en suis sûr. Il s'agit manifestement d'une impasse sur une question très sérieuse, et je comprends les deux positions.
Monsieur Perkins, je comprends la frustration très pertinente que vous ressentez face au fait que M. Bains n'a pas répondu aux questions, que ce soit au Comité permanent de l'industrie et de la technologie, l'autre comité qui a été mentionné, ou ici. Je ressens également cette frustration. Il était très évident que nous disposions d'un temps très limité. C'est une préoccupation qu'entretiennent autant les libéraux que les conservateurs et les bloquistes, j'en suis sûr. Le temps limité nous empêche évidemment de comprendre le témoignage de M. Bains. Je conviens également qu'il est extraordinaire de rapporter cela à la Chambre.
Il faut arrêter une position, si nous voulons faire preuve de maturité et si nous voulons prendre cette question très au sérieux. Je la prends très au sérieux, comme les Canadiens, je pense. Ils veulent savoir qu'ils n'ont pas à souffrir des interventions sans fin de M. Drouin, qui blâme et essaie par tous les moyens de venger l'honneur de quelqu'un. Je lui pardonne, car je suis sûr qu'il est lui aussi frustré par cette situation.
Il en va de même pour Mme Khalid. Je suis sûr que vous êtes tous deux très frustrés par cette situation. C'est malheureux, et vous ne faites que votre travail. Je comprends. Les conservateurs, je le comprends, font également leur travail, mais nous devons trouver un moyen de nous entendre sur le fait que M. Bains doit témoigner pour répondre aux questions qui restent en suspens.
C'est l'argument le plus crédible que j'ai entendu dans ce très long débat exacerbé de ce soir sur le privilège. Je pense qu'il y a un moyen de trouver un arrangement si nos collègues le souhaitent. Nous pourrions envisager de reconvoquer M. Bains pour qu'il comparaisse à nouveau devant nous. Pour répondre à l'argument des conservateurs — parce que je comprends que la confiance est largement rompue, et je suis d'accord avec eux —, nous pourrions peut-être le faire revenir et si, à ce moment‑là, il ne répond pas aux questions, nous pourrions alors renvoyer la question à la Chambre en adoptant cette motion.
Je pense qu'il s'agit d'une procédure et d'une mesure raisonnables, car il est certain que je n'ai pas pu poser toutes mes questions et j'en suis contrarié. Je n'ai eu qu'un tour. J'ai même mentionné que je n'avais pu poser qu'une seule série de questions et que je n'ai pas pu obtenir les réponses substantielles que j'espérais.
Je veux être en mesure d'équilibrer ces deux faits manifestement importants.
Oui, les conservateurs ont raison. Quant à mes collègues libéraux, ils ont raison de dire qu'on ne répond pas à leurs questions, parce qu'on n'a pas répondu aux miennes non plus. Je le comprends. Il est brutal que nous ne puissions pas aller au fond de ce qui est un véritable problème de reddition de comptes, un problème évident pour la vérificatrice générale. J'ai lu dans le rapport de la vérificatrice générale des questions qui lui ont été posées et auxquelles il n'a pas voulu répondre.
Je comprends également ce que disent les libéraux. Une heure de discussion ne devrait pas finir par être renvoyée à la Chambre pour qu'elle réprimande l'intéressé — ce qui ne s'est produit que deux fois dans l'histoire du Canada et ce qui constitue un processus extraordinaire — parce que des élections approchent et l'on souhaite voir une polarisation. Je le comprends. Je suis un politicien moi aussi. Je comprends l'esprit de parti.
Par contre, je n'aime pas quand cet esprit de parti devient si extrême que la vérité va être refusée à tout le monde. La vérité va disparaître pour tout le monde ici, tout comme la possibilité pour les Canadiens d'aller au fond de cette question et de comprendre TDDC et le ministre Bains, qui était le ministre responsable à l'époque, et comment tout cela s'est produit. Je pense que la plupart des Canadiens croient que les politiciens sont des gens raisonnables si on leur donne l'occasion de prendre connaissance d'autres points de vue.
J'aimerais demander à mes collègues s'il existe un moyen de parvenir à un consensus sur cette question. Je propose que M. Perkins modifie sa motion de privilège pour y inclure la possibilité de reconvoquer M. Bains, sous peine de graves conséquences s'il refuse, comme il l'a fait aujourd'hui, de nous donner les réponses et de nous accorder le temps dont nous avons besoin, comme parlementaires, pour aller au fond de ce très grave problème qui se pose aux Canadiens.
Nous parlons de centaines de millions de dollars. Nous parlons d'un rapport de la vérificatrice générale que je souhaite approfondir et c'est la raison pour laquelle j'ai été attentif à cette discussion aussi longtemps que je l'ai fait. Je veux comprendre en profondeur les préoccupations de tous mes collègues.
J'ai entendu, je pense, une liste exhaustive de ces préoccupations, et je pense que nous pouvons tous arriver à nos fins. Je veux de la reddition de comptes et de la transparence budgétaires et je veux que des réponses soient données à la vérificatrice générale et aux Canadiens. Cela mérite d'être fait. Cependant, je ne veux pas non plus perdre de vue l'objectif, qui est d'obtenir des réponses, au lieu de devenir une arène très partisane où nous perdrions toutes les occasions d'obtenir ces renseignements. C'est pourquoi je suis enclin à suggérer que nous mettions en place un processus qui permet à chacun de parvenir à ses fins — M. Perkins parviendra à ses fins — en invitant M. Bains à revenir.
Nous pouvons l'inviter à revenir, monsieur le président, pour deux heures, pour une réunion complète. Je suis déçu qu'il ne soit venu que pour une heure. Cela me contrarie et me pose un problème. J'ai encore au moins six questions à poser, et vous savez qu'en tant que député néo-démocrate au sein du Comité, je ne dispose que de deux minutes par la suite, de sorte qu'un seul tour ne me suffira pas. Cela ne suffira pas non plus aux néo-démocrates, qui estiment avoir un point de vue qui leur est propre dans ce dossier parce que nous prenons la reddition des comptes au sérieux, quel que soit le gouvernement. Nous devons obtenir des réponses systémiques à ce sujet. M. Bains fait l'objet de ce travail, de cette enquête et de cette étude. Il devrait revenir. Invitons‑le à revenir.
En ce qui concerne la remarque de M. Perkins et de mes collègues conservateurs, je comprends leur frustration, car il est vrai qu'ils ont posé de bonnes questions et n'ont pas obtenu de bonnes réponses. Si nous obtenons le consentement unanime, nous pouvons inviter M. Bains à revenir. Nous l'avons déjà fait. Vous vous souvenez peut-être, monsieur le président, que nous l'avons déjà fait. Nous avons dit aux témoins que s'ils ne venaient pas à une heure raisonnable, ne nous accordaient pas le temps nécessaire et ne répondaient pas à nos questions, nous en ferions rapport à la Chambre et nous exercerions les pouvoirs dont nous disposons pour obtenir les réponses que nous devons avoir.
Je pense que c'est ce que les Canadiens attendent. Je pense que c'est ce qu'ils souhaitent en grande partie. Ils ne veulent pas avoir à subir ce que les libéraux ont fait ici, dans le cadre de cette vaste obstruction, en jetant le blâme sur tout le monde, en disant: « Oh, le Bloc québécois est mauvais. Les néo-démocrates sont mauvais. Vous êtes tous mauvais », comme M. Drouin l'a laissé entendre à maintes reprises.
J'espère qu'il s'agit là d'une voie raisonnable que nous pouvons emprunter, monsieur le président. Je sollicite votre consentement pour respecter cette convention et prendre les mesures nécessaires pour l'inviter à revenir, et s'il ne vient pas, que nous envoyions une lettre disant en des termes très clairs que c'est la démarche que nous entreprendrons.
Chers collègues libéraux, vous devez convenir que si nous vous donnons l'occasion d'approuver le retour de M. Bains devant nous et que s'il refuse toujours de nous donner les réponses nécessaires, il vous incombera de voter pour cette motion d'atteinte au privilège, parce que ce serait la chose à faire, en l'occurrence. Je pense que c'est juste et équitable, et je pense que c'est une position raisonnable pour nous tous.
L'autre option, bien sûr, est que nous continuions à subir l'obstruction libérale et que nous n'obtenions aucune réponse. Cela ne sert personne, si ce n'est des intérêts partisans.
Je propose cette solution, monsieur le président, et j'espère que mes collègues comprendront mon point de vue et y verront une proposition faite de bonne foi.
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Ils rient maintenant parce qu'ils ne prennent pas cette question au sérieux. Mme Khalid et M. Drouin ne prennent pas cette question au sérieux. Il est clair pour moi qu'ils ne le font pas, ce qui est très décevant.
Mme Iqra Khalid: Je la prends très au sérieux.
M. Blake Desjarlais: Elle continue de chahuter, même si elle demande à tout le monde...
Mme Iqra Khalid: Je vais me taire.
M. Blake Desjarlais: J'essaie d'être très raisonnable. J'ai même fait une offre à Mme Khalid et à M. Drouin, des députés libéraux, pour essayer de combler le fossé entre nous, comme je l'ai déjà mentionné.
Je vous prie de reconnaître que le député conservateur, M. Perkins, invoque une atteinte au privilège. C'est l'un de nos collègues. Je le comprends, car comme député, je n'ai même pas pu répondre. Il n'a pas pu répondre. Je n'ai eu qu'un seul tour. Il n'a pas pu répondre à la question. Si cela arrivait à M. Drouin ou à Mme Khalid, cela serait peut-être pris plus au sérieux.
Je vais répéter la question: que pouvons-nous faire pour obtenir un consentement unanime sur ces deux positions, l'une étant le fait que M. Bains ne répond pas aux questions du Comité? Je pense que la mesure la plus raisonnable à prendre est d'inviter M. Bains à revenir devant nous pendant deux heures, de lui demander de répondre à nos questions en espérant qu'il le fasse. Sinon, comme nous l'avons vu aujourd'hui, le débat sur la motion de privilège de M. Perkins se poursuivra.
Je pense vraiment que si nous ne parvenons pas à régler cette question et à trouver un compromis en échange de l'opinion des libéraux, quelle qu'elle soit, nous n'en sortirons pas. Cela compromettra les possibilités de coopération.
Les libéraux viennent de terminer une longue obstruction sur leur volonté de coopérer et sur la difficulté de tout cela, nous qualifiant de grande coalition, parce que pour une raison ou une autre, personne ne les écoute, même si j'ai fait figurer directement dans cette motion de consentement unanime certaines exigences et certains points que les libéraux souhaitent voir abordés.
Nous sommes en démocratie. On ne peut pas obtenir tout ce que l'on veut simplement parce qu'on le veut. Il faut travailler avec les autres. Il faut apprendre à collaborer. C'est la raison pour laquelle tant de problèmes se posent. C'est à cause de l'approche très étroite des libéraux à l'égard de ce niveau extrême de prudence et de risque, même lorsqu'il s'agit de questions sérieuses soulevées par la vérificatrice générale.
Pardonnez-moi, monsieur le président, si ma frustration transparaît en ce moment, car c'est une proposition très sérieuse et honnête que je fais ici. Il a 14 jours pour comparaître devant nous et répondre aux questions pendant deux heures, et pour répondre à l'argument des libéraux — et même à l'argument de M. Erskine-Smith sur le fait que le Président va tout simplement rejeter cette motion de toute façon —, quelle meilleure preuve y a‑t‑il pour rejeter une motion de privilège comme celle‑ci si M. Bains revient devant le Comité pendant deux heures?
Je vous en prie. Les Canadiens ont vraiment besoin que nous mettions momentanément notre ego de côté et que nous réalisions que les parlementaires ont le droit de poser des questions et d'obtenir des réponses. J'offre à M. Bains la possibilité, comme le souhaitent les libéraux, de ne pas renvoyer cette question à la Chambre tant que M. Bains n'aura pas eu l'occasion de revenir devant le Comité et de répondre aux questions, ce qui mettra un point final à cette saga.
Il faut qu'il y ait au moins un semblant de confiance. J'espère que ma bonne volonté ici peut démontrer que si 14 jours s'écoulent et que M. Bains comparaît et répond à toutes nos questions, vous saurez où j'en suis.
L'autre option, bien sûr, est que nous ne fassions aucun cas de mon intervention et que nous rejetions la chance de consensus à laquelle nous sommes parvenus et que nous allions de l'avant avec ce que je perçois... Je serais obligé de voter comme M. Perkins, parce qu'il soulève un problème crédible que j'ai vécu ici.
Je comprends ce qu'il dit lorsque je n'ai qu'un tour pour poser une question à l'ancien ministre responsable de TDDC, après que la vérificatrice générale a constaté des problèmes de gouvernance crédibles et un manque de gestion publique. C'est ce que j'ai lu au début de ma question.
Qui ne prend pas cela au sérieux? Je commence à me le demander.
S'il vous plaît, mettons nos egos de côté — surtout ceux de mes collègues libéraux. Je vous comprends lorsque vous affirmez que vous avez peur que M. Bains soit renvoyé devant la Chambre et se fasse réprimander. Cela n'arrivera pas...
Mme Iqra Khalid: Pas du tout.
M. Blake Desjarlais: Ils essaient maintenant d'intervenir à nouveau.
Madame Khalid, je vous en prie, j'ai passé trois heures à vous écouter. Je vous demande cinq minutes. Je n'en reviens pas de la rapidité avec laquelle vous avez rejeté cette possibilité de coopération, madame Khalid et monsieur Drouin. Au contraire, vous êtes fâchés. Vous maugréez encore parce que c'est frustrant pour vous. Je le comprends. Je veux que vous sachiez que je le comprends.
Maintenant, vous avez une conversation. Bravo.
Comprenez que si vous voulez que cette affaire disparaisse, M. Bains doit revenir devant ce comité. C'est ce que je vous propose.
Votre attitude en ce moment me déçoit tellement. Vous adoptez une approche si agressive pour éviter que vos collègues interrogent l'ancien ministre de TDDC. Si c'était l'inverse et que les conservateurs étaient au pouvoir, je suis certain que vous poseriez les mêmes questions. Vous demanderiez même pourquoi nous ne pouvons pas convoquer Harper.
S'il vous plaît, tenez compte du fait que la multiplicité d'opinions est importante ici. La vérité est importante. Nous pouvons accéder à une partie de cette vérité en invitant l'ancien ministre de TDDC. J'ai des questions à lui poser. J'en ai six. Je n'ai pu en poser qu'une seule. Je pense qu'il est tout à fait raisonnable que je puisse lui poser le reste de mes questions pendant deux heures.
Je comprends que les libéraux craignent que la Chambre soit saisie de cette affaire avant que M. Bains n'ait eu cette chance. Je vous dis que je le comprends. C'est la raison pour laquelle la motion est rédigée ainsi. C'est pour que nous puissions obtenir le soutien de nos collègues conservateurs, qui ne croient pas que M. Bains leur a donné de bonnes réponses. Il s'agit d'une violation du privilège qui devrait être renvoyée à la Chambre, mais jusqu'à ce que cette question soit établie de manière plus crédible, ce que je ne crois pas nécessairement être arrivé... Si c'est notre seule option et que les libéraux me disent que ma seule option est de dire à M. Bains qu'il est libre de partir et que nous n'avons plus de questions à lui poser, ce n'est pas la vérité non plus. Nous sommes entre le marteau et l'enclume.
En tant que membre de ce comité, soit je suis censé accepter que les Canadiens n'obtiennent jamais, au grand jamais, les réponses à mes questions, soit il y aura cette épée géante qui m'obligera à le réprimander. Comme je ne souscris à aucune des positions des deux grands partis, je propose que nous parvenions à un compromis. J'espère vraiment que cela suffira à motiver mes collègues libéraux.
L'élément le plus important de l'argument de M. Erskine-Smith est que même si nous votons sur une violation du privilège et que celle‑ci est transmise au de la Chambre, il peut la rejeter. C'est la voie la plus raisonnable. C'est peut-être la seule voie à suivre.
J'implore vraiment mes collègues, surtout mes collègues libéraux, de mettre de côté leur profond égoïsme partisan, comme l'ont fait, je pense, mes collègues conservateurs, afin de donner une chance à M. Bains. Je suis désolé que cette situation soit frustrante pour les députés ici présents. Je sais qu'il est pénible de ne pas toujours obtenir ce que l'on veut, mais il faut apprendre à travailler ensemble.
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Je demanderai dans un moment s'il y a des rappels au Règlement, des commentaires ou des questions à ce sujet.
Je soulignerai deux éléments, tandis que j'essaie d'orienter la discussion et de trouver une solution.
M. Desjarlais a fait ses preuves au Comité. Sa parole est digne de confiance. Je l'ai constaté, et c'est pourquoi je pense bien travailler avec lui. Il défend ce qu'il soutient.
C'est important pour deux raisons. Il souligne que non seulement le critère est respecté, et encore une fois, M. Desjarlais ne cherchera pas les réponses qu'il veut entendre, mais des réponses qu'il considère comme étant crédibles. Nous n'entendons pas souvent les réponses que nous voulons entendre, mais nous jugeons les témoins en fonction de la façon dont ils répondent, des mots qu'ils utilisent et de leur attitude générale. Même si les témoins ne se montrent pas toujours coopératifs pour une raison ou une autre — peut-être qu'ils ont des trous de mémoire —, nous en avons une idée. Il me semble que M. Desjarlais juge souvent cela lorsqu'il pose des questions aux témoins.
L'autre chose — et je pense que c'est un point très valable qu'il soulève —, c'est que si M. Bains se présente ici et que, par exemple, M. Desjarlais est remplacé par quelqu'un qui ne partage peut-être pas son point de vue, le Président aura des arguments de poids pour dire qu'il n'y a rien là.
Je suis d'avis que M. Desjarlais a soulevé des points très intéressants, mais j'essaie seulement d'avancer vers une solution.
Comme beaucoup d'entre vous, il m'arrive de siéger à des comités où les manoeuvres d'obstruction durent des jours. J'espère que ce ne sera pas le cas ici. Je pense que le Comité gagnera du temps en faisant revenir M. Bains, en espérant qu'il se montre plus coopératif et crédible.
Je vais demander s'il y a des rappels au Règlement, ce qui est un peu inhabituel...
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Il s'agit peut-être plus d'un éclaircissement. Je comprends ce que M. Desjarlais essaie de faire. Je conviens que, si le but est de faire revenir M. Bains d'ici 14 jours pour une ou deux heures — peu m'importe, mais deux heures — et de décider après ces deux heures si ses réponses sont suffisantes et si nous allons recommencer ce manège avec une motion de privilège, cela me va tout à fait. Cependant, la motion pose deux problèmes, à mon sens, si nous voulons atteindre cet objectif.
Premièrement, elle parle de tergiversations, ce qui revient à des mensonges, au fait d'induire sciemment en erreur ou d'éviter de dire la vérité. Il est désobligeant de préciser dans ce type de motion qu'il a menti dans sa comparution aujourd'hui, et j'estime que c'est inapproprié si nous essayons de trouver un consensus.
Deuxièmement, la motion dit que le Comité ne fera pas rapport à la Chambre si le « Comité convient qu'il a répondu aux questions de façon satisfaisante ».
Voici ce que j'aimerais vraiment voir éclairci.
Comment le décidons-nous? Est‑ce par une autre conversation approfondie comme celle‑ci suivie d'un vote? Suffit‑il qu'aucun membre ne déclare ne pas être satisfait des réponses? Monsieur le président, vous venez de dire « crédible ». Or, « crédible » et « satisfaisant », ce n'est pas la même chose.
Encore une fois, si le but est de faire revenir M. Bains d'ici 14 jours pour qu'il réponde à des questions pendant deux heures encore — bien que ce soit en plus de l'attribution initiale de deux heures que nous avons obtenue, mais bon —, il serait plus logique, selon moi, de décider de revoir la question de la motion de privilège après coup. Nous aurions de nouveau ce débat approfondi, au lieu d'essayer de peaufiner le libellé d'une motion pour dire si nous sommes satisfaits ou pas.
Quelqu'un peut‑il m'expliquer comment on décide que les réponses ne satisfont pas le Comité? Est‑ce par un vote? Est‑ce au nombre de membres?
Quelqu'un peut‑il me le préciser? Peut-être que nous sommes plus proches sur ce point que je ne le pense.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Comme je le disais, le libellé de la motion de remplacement que M. Desjarlais a proposé — qui a été rejetée, manifestement — ne tenait pas compte des enjeux et des questions soulevés par les membres du Comité aujourd'hui. Il me semble qu'un meilleur libellé serait de demander un consentement unanime pour retirer cette motion de privilège et de la remplacer par une autre motion qui convoque le témoin en question d'ici 14 jours. Si les membres n'obtiennent pas alors de réponse à leurs questions, nous pourrons décider des prochaines étapes.
C'est à mon sens la proposition la plus raisonnable que nous pouvons faire. Elle répond aux souhaits et aux intentions de tous les membres. Autrement, ce que nous avons maintenant, ce sont des allégations à l'aveuglette ou une chasse aux sorcières contre un simple citoyen, ce qui devient répétitif.
M. Rick Perkins: C'est vous qui vous répétez.
Mme Iqra Khalid: Je n'ai jamais dit cela avant, monsieur Perkins.
Cela ne nous aide pas à aller au bout de ce que nous essayons de faire.
Nous sommes certainement préoccupés par ce qui s'est passé à TDDC. Nous nous demandons certainement comment récupérer les fonds dépensés à mauvais escient. Le a effectivement pris des mesures pour essayer de remettre les choses d'aplomb. Le Comité a absolument un rôle à jouer dans tout cela. Est‑ce que ce rôle consiste à présenter une motion de privilège à la Chambre ou au Comité? Certainement pas. C'est de la partisanerie à outrance et cela ne règle rien pour personne.
Je suis tout à fait disposée à ce que les conservateurs retirent leur motion. Je serais la première à proposer une motion visant à faire revenir le témoin d'ici 14 jours pour après décider de la suite.
Comme l'a dit M. Drouin, il n'est pas interdit aux membres du Comité d'écrire à un témoin quand des questions restent sans réponse ou quand ils ont le sentiment qu'il n'y a pas été répondu. Monsieur le président, je vous ai entendu maintes fois dire aux témoins, lorsqu'il n'est pas répondu à des questions, d'en prendre note et de nous communiquer les réponses par écrit.
Tout au long de la soirée, nous avons suivi le processus, nous avons découvert que cette motion de privilège a été rédigée avant que le témoin ait pu répondre à toutes les questions. Il n'a pas eu la possibilité de répondre à toutes les questions. En fait, les questions ne lui avaient pas été posées. Monsieur le président, je sais que vous le faites d'habitude. Je sais combien la réunion d'aujourd'hui est difficile, mais il n'a pas été demandé au témoin de répondre à des questions écrites.
Nous assistons ici à un procédé cohérent et délibéré — oh, mon père m'appelle — destiné à retarder les choses. C'est ce qui se passe à la Chambre des communes, qui est déjà bloquée et retardée. Ne faisons pas la même chose au Comité, monsieur le président. Nous avons un travail très important à faire ici, et cela n'en fait pas partie. Il y a tellement de moyens sur le plan de la procédure de régler ce problème.
Je comprends bien que des députés puissent penser que leurs motions prétentieuses règlent tout et qu'ils ont des solutions miracles aux problèmes. Ce n'est absolument pas le cas. Monsieur le président, si vous le voulez, vous avez la possibilité d'obtenir les réponses dont ils ont besoin, que ce soit en faisant revenir le témoin ou en lui envoyant des questions écrites pour lui demander ces réponses. Je ne sais pas pourquoi, en l'espace de deux ou trois minutes, les esprits se sont échauffés, tandis que le témoin essayait de répondre aux questions et qu'on lui coupait sans cesse la parole.
Monsieur le président, si vous le voulez bien, je vous propose, en toute amitié, de suspendre la séance pour la soirée, de prendre des douches froides et de discuter entre nous pour trouver une solution.
Cela vaut également pour vous, monsieur le président, car je pense que vous pouvez obtenir les réponses que cherchent les membres du Comité. Ce n'est pas ainsi que nous obtenons des réponses. Pas du tout.
Si les députés souhaitent soumettre par écrit les questions auxquelles ils estiment ne pas avoir obtenu de réponse, ils peuvent vous le dire, monsieur le président, et par l'intermédiaire du greffier, nous pouvons les envoyer au témoin, comme nous l'avons fait à de nombreuses reprises par le passé.
J'arrêterai là mes commentaires, monsieur le président. Je crois que M. Drouin est également inscrit sur la liste, mais je m'avance peut-être, monsieur le président.
Je vous remercie.
Je ne comprends pas très bien, étant donné les témoignages que nous avons entendus, le critère élevé en matière d'atteinte au privilège et l'arsenalisation de la procédure à laquelle nous assistons actuellement à la Chambre, pourquoi le compromis n'est pas de réinviter M. Bains à comparaître devant le Comité pour deux heures supplémentaires et de réexaminer ensuite la question du privilège, ce que je ferai volontiers.
Je souligne que c'est important, car il s'est passé la même chose au Comité la semaine dernière, lors de la comparution de M. Ouimet. M. Perkins, qui posait des questions, a déclaré ceci:
[...] votre déclaration au commissaire à l'éthique et le témoignage que d'autres membres du conseil d'administration ont présenté devant le Comité, nous ont appris qu'il y avait un processus, je crois, lorsque vous vous apprêtiez à examiner un investissement. Ce processus était le suivant. Quelques semaines à l'avance, les membres du conseil recevaient une liste des investissements envisagés. Les membres du conseil d'administration [...]
... et il a continué:
Est‑ce que vous-même, les membres du conseil, vous vous êtes récusés ou abstenus dans 82 % des cas?
M. Ouimet a répondu ainsi:
[...] des allégations de conflit d'intérêts ont été portées à mon endroit l'an dernier. Une enquête détaillée et complexe a été complétée par le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Toutes ces questions de manquement administratif et de récusations [...]
Il a alors été interrompu par M. Perkins qui a dit:
Désolé, mais mon temps est limité, monsieur Ouimet.
Ce n'était pas ma question, monsieur Ouimet. J'aimerais que vous répondiez seulement à la question par respect pour les députés.
Je me demande, au vu de cette interaction, si nous aurions pu avoir une motion de privilège la semaine dernière. Est‑ce le critère que nous fixons pour les motions de privilège au Comité et au Parlement?
C'est absurde, à mon sens. Je comprends que l'on veuille trouver un consensus, mais quand certains agissent sciemment de mauvaise foi à des fins partisanes, nous n'obtiendrons pas de consentement unanime sur des questions comme celle‑ci.
La solution raisonnable en l'occurrence consiste, selon moi, à obtenir un consentement unanime pour demander à M. Bains de revenir d'ici 14 jours pour deux heures et à le convoquer dans ce sens. Les membres pourront s'en donner à cœur joie et poser autant de questions qu'ils le souhaitent. Nous pouvons reparler d'une motion de privilège si le témoin le prend de haut, refuse de répondre aux questions et se soustrait complètement à l'obligation de rendre des comptes. Eh bien soit, nous en reparlerons, mais nous n'en sommes pas encore là, loin s'en faut, après moins d'une heure de témoignage, étant donné le nombre d'interruptions et d'interventions.
Il est terriblement frustrant, surtout avec l'arsenalisation de la procédure à la Chambre en ce moment, de ne pas trouver le moyen de simplement demander à M. Bains de revenir, puis de réexaminer cette question en comité de façon raisonnable.
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Encore une fois, monsieur le président, je mets au défi tous les députés de me dire à quelle heure et à quelle date ils ont rencontré quelles personnes il y a tout juste cinq ans, le 9 octobre. Qui ont-ils rencontré alors, au Comité justement? Ils ne le savent pas, de toute évidence. Or, c'est le type de question qu'ils posent à l'ancien ministre Bains.
Nous savons pertinemment que le cabinet du ministre ne participait pas aux activités courantes, mais ils veulent quand même établir ce lien, même si aucun élément probant ne relie directement TDDC au cabinet du ministre. Il n'en existe aucun. Le rapport de la vérificatrice générale ne fait aucune mention d'un tel lien. Personne, d'ailleurs, n'en fait mention.
Nous essayons à présent de détruire quelqu'un qui est redevenu simple citoyen et qui a servi son pays honorablement. Sommes-nous en train d'essayer de dire qu'il était corrompu? C'est le vocabulaire qu'utilisent les députés d'en face. Essaient-ils de dire qu'il était corrompu? Allons, mesdames et messieurs, soyons raisonnables.
Je ne vois rien de mal — il me semble que ma collègue, Mme Khalid, l'a mentionné — à réinviter M. Bains au Comité ou à lui demander de répondre aux questions que des députés n'ont pas eu le temps de lui poser, bien que nous disposions tous du même temps de parole. Ils peuvent le faire de différentes façons.
[Français]
Il est maintenant presque 21 h 30 et je trouve que nous tournons en rond. Pour notre part, nous ne sommes pas d'accord pour dire qu'il s'agit d'une question de privilège avant même d'avoir eu la chance de questionner pleinement le témoin, même si des questions ont pu lui être posées dans un autre comité. Je trouve que nous tournons un peu en rond.
Je ne sais pas quelle est la porte de sortie pour résoudre cette question, monsieur le président, mais si...
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Je l'ai mentionné quelques fois. Je tiens à parler du critère relatif aux questions de privilège et aux questions connexes relatives au fait de faire rapport à Chambre.
Monsieur le président, vous avez mentionné comme précédent le cas de M. Firth, ce qui, à mon sens, revient à faire totalement fausse route. Je tiens à examiner ce cas, si tel est le précédent que nous créons et que nous nous imposons, parce que la situation est très différente et qu'il faut le savoir.
Vous savez que le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires a fait rapport à la Chambre au sujet de M. Firth. Je rappelle que ce témoin s'est montré très évasif.
Le lundi 17 octobre, le Comité a décidé d'entreprendre une étude de l'application ArriveCAN. Pendant cette étude, le Comité a choisi d'inviter Kristian Firth et Darren Anthony à comparaître devant lui. Le Comité a informé la Chambre de ce qui suit:
Les 2 novembre 2023 et 9 février 2024, des assignations à comparaître au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires (OGGO) ont été délivrées aux propriétaires de GC Strategies, Kristian Firth et Darren Anthony. Ce dernier a refusé de témoigner devant le Comité.
La vérificatrice générale a révélé que GC Strategies pourrait avoir reçu près de 20 millions de dollars en contrats gouvernementaux pour l’application ArriveCAN.
Je vais sauter un passage:
Selon BOSC, Marc et GAGNON, André, La procédure et les usages de la Chambre des Communes, Troisième édition 2017, p. 137, « Si un témoin décline une invitation, le comité peut lui délivrer une assignation à comparaître en adoptant une motion en ce sens. Si le témoin refuse toujours de comparaître, le comité peut renvoyer l’affaire à la Chambre, qui peut ensuite ordonner au témoin de comparaître. Si le témoin désobéit à l’ordre, il pourrait être déclaré coupable d’outrage. »
Pour que les témoins comparaissent devant lui pour témoigner, le Comité a recommandé ce qui suit:
[...] qu’un ordre de la Chambre soit donné exigeant que Kristian Firth et Darren Anthony comparaissent chacun devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires [...] tout en offrant aux témoins les mesures d’accessibilité qu’ils pourraient demander, sous réserve de l’approbation du Comité et si le président consent à les mettre en œuvre.
Si le président du Comité informe par écrit le Président et le sergent d'armes que l'un d'eux ou les deux n'ont pas comparu comme il est ordonné après ces 21 jours:
a) le sergent d’armes placera sous sa garde Kristian Firth, Darren Anthony ou les deux, selon le cas, afin de faire exécuter leur comparution devant le Comité, en public, aux dates et heures déterminées par le président du Comité, en vertu du mandant que le Président de la Chambre aura délivré à cet égard;
b) le sergent d’armes libérera tout témoin placé sous sa garde en vertu de l’alinéa a) [...]
Là où je veux en venir en lisant ces passages, c'est que nous sommes dans une situation qui ressemble davantage à celle de M. Ouimet qu'à celle de M. Firth. Nous avons en effet un témoin qui était présent, mais qui n'a pas répondu aux questions à la satisfaction de M. Perkins ou de mes collègues du Bloc et du NPD.
Je ne sais pas si M. Genuis veut consulter son dictionnaire une ou deux fois de plus, mais si « tergiverser » est synonyme d'« inventer » et de « mentir », l'utilisation de ce terme pose un problème, parce que ce n'est pas juste malin. Bien souvent, je vois des élus éluder quand on leur pose des questions. Ils comprennent la question, mais ils répondent à côté, d'une façon qui ne satisfait pas nombre d'entre nous qui avons peut-être posé la question.
C'est très différent de refuser d'être présent. M. Bains est venu de son plein gré. Nous avons demandé sa présence et il s'est présenté. Si je comprends bien ce qu'a dit le président, il était prêt à revenir. En revanche, notre réaction, ma foi radicale, consiste à laisser entendre qu'il a porté atteinte au privilège.
Je vais me réinscrire sur la liste pour passer en revue plusieurs exemples d'atteinte au privilège, non seulement au Canada, mais aussi au Royaume-Uni, car la question est grave. Nous ne devrions pas l'édulcorer. Il ne s'agit pas de dire « les réponses m'ont déplu, je vais piquer une colère et ensuite invoquer le privilège ». Ce n'est pas ainsi que fonctionne la notion de privilège.
À vrai dire, je n'aime pas parler de ce sujet jusqu'à 21 h 30 ou 21 h 50 et je ne suis pas content quand des témoins ne nous donnent pas les réponses que nous voulons. Nous devrions persister dans nos questions comme nous le jugeons bon. Il m'arrive de le faire aussi. Je trouve qu'en comité, c'est le seul moment où je peux de nouveau me comporter comme un avocat et procéder à un contre-interrogatoire, mais c'est très différent — très différent — de laisser entendre qu'il a été porté atteinte au privilège et d'en faire la norme, comme lorsque M. Firth refuse, catégoriquement, de témoigner, malgré une convocation en bonne et due forme, sans parler d'une invitation. Nous n'avons pas eu à convoquer M. Bains. Il s'est présenté parce qu'il y a été invité.
Je vais me réinscrire sur la liste, monsieur le président, et je vais passer en revue une longue liste d'exemples de véritables atteintes au privilège afin que les membres comprennent le seuil élevé à atteindre et dont nous sommes bien loin actuellement.
Veuillez me réinscrire sur la liste.
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Comme je le disais, monsieur le président, il y a une liste de raisons pour lesquelles cette motion est inopportune et pernicieuse dans le cadre des travaux de ce comité.
Je voudrais aussi souligner que cette motion va à l'encontre de l'orientation que les membres du Comité souhaitent donner à cette étude. Nous avons eu de nombreuses réunions sur TDDC. Notre objectif commun au sein de ce comité est de nous assurer que cela ne se reproduira pas et de trouver un moyen de récupérer les fonds qui ont été détournés d'une façon ou d'une autre. Si c'est l'objectif ultime de ce comité, comment cette motion pourrait-elle contribuer à l'atteindre?
Je maintiens, monsieur le président — pour la première fois, au cas où M. Perkins serait tenté de me faire de nouveaux reproches —, que cette motion ne nous aide pas à atteindre notre objectif.
Je suis tout à fait d'accord. Je crois que tous les membres de ce comité s'entendent pour dire que TDDC est un gâchis. Le a pris des mesures. Nous devons maintenant réfléchir à ce qu'il faut faire durant la phase de transition et à la manière de récupérer les fonds. Je ne vois vraiment pas comment invoquer une violation de privilège — pas seulement pour ce qui concerne ce comité, mais également eu égard au rapport à la Chambre des communes pour entraver les débats sur tous les sujets — peut aider notre comité des comptes publics à atteindre son objectif.
Quand j'ai commencé à siéger à ce comité, je savais et je comprenais que ses membres devaient être respectueux, se garder de traiter les autres de menteurs et travailler ensemble pour exiger des comptes concernant les dépenses de l'argent des contribuables et leur caractère raisonnable. Si ce n'est pas le cas, nous avons l'obligation de sonner l'alarme. Nous collaborons avec la vérificatrice générale et à la production de ses rapports, et nous nous assurons de faire exactement ce que les Canadiens attendent de nous, en étant à la hauteur de la confiance qu'ils nous accordent pour ce qui est des dépenses des dollars des contribuables.
Mais que faisons-nous? Nous sommes assis ici à 21 h 43 et nous débattons d'une motion de privilège aussi frivole qu'inutile. En moins de deux, le ton a monté et nous avons oublié le pouvoir discrétionnaire conféré à la présidence pour aider les membres du Comité à faire leur travail au mieux. Aucun député libéral de ce côté‑ci de la table n'a essayé de retarder les travaux sans raison. Nous continuons de collaborer avec nos collègues.
Je me souviens, monsieur le président — M. McCauley est ici avec nous — que la réunion a été suspendue pendant une heure pour nous permettre de travailler ensemble. Nous avons réussi à pondre le texte d'une motion d'étude qui faisait l'unanimité. Nous l'avons fait. Nous y sommes parvenus parce que nous siégions à huis clos. Il n'y avait aucune possibilité de générer des clics ou d'attirer l'attention de Rebel News sur les faits et gestes de l'opposition. Nous avons réussi à travailler ensemble.
Cette motion va complètement à l'opposé des visées de départ du Comité. Nous avions la possibilité de collaborer et d'unir nos efforts pour réaliser les objectifs véritables de ces travaux. Proposer une procédure qui vise à entraver les travaux, traiter les autres de menteurs… Je comprends et j'apprécie le virage, et oui, on peut utiliser la touche F7 de l'ordinateur pour afficher un glossaire qui peut être consulté en tout temps. Ce…
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Merci, monsieur le président.
Je mentionne brièvement que je suis heureux de vous revoir. J'espère que vous avez bien dormi. Vous m'avez manqué également.
Nous sommes ici, comme le président l'a rappelé, pour débattre de la motion que j'ai présentée — pour ceux qui viennent de se joindre à nous — sur le privilège. Elle fait suite à la comparution d'un témoin, l'ancien ministre libéral responsable de la caisse noire environnementale des libéraux, Navdeep Bains, qui essentiellement a eu une seule réponse à toutes les questions qui lui ont été posées hier soir. En bref, ses réponses ont été évasives, il a tergiversé — pour utiliser un mot amusant — et il a tenu des propos aussi éloignés que possible des sujets abordés dans les questions. Peu importe la question, sa réponse était la même: le processus de nomination était équitable et ouvert. Que la question vienne des conservateurs, des bloquistes ou des néo-démocrates, peu importe sa teneur, la réponse était invariablement la même.
Il n'a pas répondu aux questions sur l'embauche d'une ancienne employée de TDDC par la CIBC, où il travaillait. Il n'a pas répondu aux questions sur les appels téléphoniques qu'il a faits à la présidente de la caisse noire environnementale, Annette Verschuren, qu'il a nommée. Il n'a répondu à aucune question sur ce processus de nomination ou sur le processus au terme duquel il a nommé Andrée-Lise Méthot, de Cycle Capital, et dont les entreprises ont reçu 25 % des milliards de dollars versés par la caisse noire environnementale, et plus de 100 millions de dollars quand elle siégeait au conseil d'administration. Il ne se rappelle rien de tout cela. En fait, il ne se rappelle pas d'avoir nommé qui que ce soit. Il s'est borné à dire qu'il a fait 100 nominations.
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Je vais m'en tenir au sujet.
Dans son témoignage, Annette Verschuren a affirmé — c'est clair que M. Erskine-Smith n'a pas lu le compte rendu — qu'elle n'avait jamais de sa vie postulé pour un emploi, y compris celui‑ci. Elle l'a répété trois fois. Fait intéressant, elle a rempli la demande après que le ministre l'a appelée deux fois pour lui offrir le poste. Or, le ministre Bains a refusé de répondre à la question sur ces appels téléphoniques ou leur teneur. Il serait peut-être bon que M. Erskine-Smith fasse ces lectures.
Il devrait peut-être aussi lire un peu sur Andrée-Lise Méthot, que l'ancien ministre libéral Bains, à titre de responsable de la caisse noire environnementale, a nommée au conseil d'administration en 2016. Pendant son mandat, les entreprises de Mme Méthot ont reçu plus de 100 millions de dollars de cette caisse noire environnementale.
M. Erskine-Smith pourrait peut-être aussi lire le témoignage des témoins précédents, y compris celui de la présidente de la caisse, qui a admis qu'après que les libéraux ont donné un nouveau poste à Andrée-Lise Méthot au conseil d'administration de la Banque de l'infrastructure, la première chose qu'elle a faite a été d'approuver un octroi de 170 millions de dollars à NRStor, la société de la présidente de la caisse noire. Bien évidemment, il faut fouiller un peu pour découvrir qu'en 2023, le ministère des Ressources naturelles a octroyé 50 millions de dollars à la société de Mme Verschuren. C'était après son emploi à TDDC pour obtenir encore plus d'argent pour sa société. Malheureusement, des conflits d'intérêts avaient empêché sa société d'obtenir des fonds de TDDC.
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L'autre élément important, bien entendu, tient au fait que ces questions ont été posées à l'ancien ministre Bains, l'architecte de la caisse noire environnementale des libéraux. Il a donné la même réponse à toutes les questions. Peu importe la question, sa réponse n'était pas pertinente. C'est ce qui est à l'origine de la question concernant le privilège. Quand nous l'avons interrogé au sujet du processus de nomination de Mme Verschuren, il s'est borné à répondre qu'il faisait des nominations et qu'il n'avait aucun souvenir de celle‑là. C'est pour ces raisons que nous débattons actuellement de la motion de privilège que j'ai présentée. Je suis conscient que les réponses des témoins ne font pas toujours notre affaire, mais ces réponses doivent néanmoins être pertinentes. M. Bains n'a pas donné une seule réponse pertinente aux questions des députés de l'opposition.
M. Erskine-Smith le sait puisqu'il était présent à la réunion du Comité. Il a entendu ces réponses. Peut-être n'a‑t‑il pas compris la question posée à M. Bains concernant une conversation téléphonique avec Annette Verschuren au sujet de la nomination. Il a parlé d'un processus de candidature équitable et ouvert. J'imagine qu'il ne fait pas la différence entre oui et non, qu'il ne sait pas vraiment s'il a eu cette conversation avec elle ou non, et que c'est ce qui explique qu'il ait donné une réponse digne d'un automate, un genre d'hologramme préprogrammé. Il répétait toujours la même phrase.
Je comprends que les libéraux soient furieux que chaque nouvelle réunion, exception faite de celle avec l'ancien ministre Bains, nous donne l'occasion de mettre au jour et de dénoncer un nouveau pan de la corruption libérale. Tous les autres témoins ont répondu aux questions et fait des révélations troublantes concernant les nominations libérales de personnes spécialement choisies par le qui ont été mises en poste par Navdeep Bains. Quelqu'un lui a dit de le faire parce que c'est très clair qu'il ne savait pas lui-même comment procéder. Il a simplement reçu des instructions. Il semble seulement capable de répéter ce que d'autres lui ont intimé de dire. Nous essayons de faire la lumière sur ce qui s'est passé.
Il est inconcevable que la violation de privilège commise hier par l'ancien architecte de la caisse noire libérale, Navdeep Bains, n'ait pas fait sourciller les membres libéraux du Comité. Ils ne sont pas préoccupés par le vol de 400 millions de dollars ni par le fait que cela représente la moitié seulement de ce à quoi la vérificatrice générale a eu accès. Les membres libéraux, y compris M. Erskine-Smith, n'ont jamais admis que sur les 856 millions de dollars dépensés pendant la période visée par l'audit de la vérificatrice générale, seulement la moitié des conflits d'intérêts ont été révélés étant donné qu'elle a examiné seulement la moitié des opérations. C'est assez choquant de constater que 82 % des opérations étaient visées.
M. Erskine-Smith veut nous faire avaler qu'un sous-ministre adjoint qui assistait à toutes les réunions n'a jamais fait de compte rendu au ministre Bains. Environ 82 % du temps, les personnes nommées par les libéraux ont voté pour s'octroyer de l'argent à elles-mêmes. Jamais un de ces hauts bureaucrates n'a cru bon d'en parler au ministre Bains ni d'ailleurs au , qui lui aussi est resté muet pendant 40 mois. Il n'a pas dit un mot jusqu'à ce que l'affaire soit rendue publique.
Ce sont ces questions qui sont soulevées par la violation de privilège commise par l'ancien ministre Bains. C'est pour cette raison que nous sommes ici et que nous débattons de cette motion.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je suis certain que mes collègues libéraux vont avoir des discours très inspirés à nous livrer. Peut-être M. Erskine-Smith pourra‑t‑il justifier son langage.
:
Monsieur Perkins, si vous attaquez l'intégrité de quelqu'un, tous les écarts de langage qui s'ensuivent sont mérités. Rien n'est plus précieux que l'intégrité d'un député, et vous n'avez aucun droit d'attaquer la mienne.
Où voulez-vous en venir, monsieur Perkins? Vous avez déposé une motion de privilège, qui place la barre extrêmement haut, mais sur quoi vous fondez-vous? Avant même que M. Bains ait fini de témoigner, vous aviez déposé une motion de privilège.
Nous serons heureux de le convoquer de nouveau pour qu'il réponde à des questions claires. Je ne conteste même pas… Libre à vous de dire que vous n'avez aimé aucune de ses réponses, qu'il n'a pas été assez transparent à votre goût. En revanche, vous ne pouvez pas prétendre qu'il n'a pas répondu aux questions parce qu'il a dit qu'il ne se souvenait pas de quelque chose. D'un côté, vous affirmez qu'il n'a pas répondu à vos questions et, de l'autre, qu'une réponse comme quoi il n'a pas souvenir de quelque chose est insuffisante. Si vous ne l'accusez pas de vous avoir délibérément induits en erreur, vous et les autres membres du Comité… S'il n'y a pas d'accusation — à ma connaissance, il n'y en a pas eu —, alors il n'y a pas eu atteinte à votre privilège.
Je voudrais maintenant expliquer à quel point la norme dont nous parlons est élevée. Si la greffière et l'analyste souhaitent clarifier quelque chose, j'en serai ravi. Pour ce qui concerne les droits des députés en matière de liberté d'expression et leurs privilèges, l'atteinte est définie comme un « acte tenant du mépris ou constituant une attaque contre les droits, pouvoirs et immunités de la Chambre et de ses membres, soit par une personne ou un organisme de l’extérieur, soit par un de ses membres ». C'est ce qu'on entend par « atteinte au privilège ». Il est ajouté que « toutes les atteintes au privilège constituent des outrages à la Chambre ». Une atteinte au privilège est toujours un outrage, et je vais vous en donner quelques exemples.
Un témoignage qui induit délibérément en erreur est un outrage. En 2003, l'ancien commissaire à la protection de la vie privée a été accusé d'outrage à la Chambre après avoir délibérément induit en erreur le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires durant ses délibérations. Est‑ce que vous portez une accusation de témoignage qui vous a délibérément induits en erreur? Je n'ai rien entendu de tel. Si vous voulez porter une accusation d'atteinte au privilège, assurez-vous qu'elle est conforme à la définition que je viens de donner.
En 2008, Barbara George, la sous-commissaire de la GRC, a été reconnue coupable d'outrage à la Chambre après avoir délibérément induit en erreur le Comité permanent des comptes publics durant ses audiences sur des allégations de mauvaise administration des régimes de retraite et d'assurance de la GRC.
Nous savons également qu'empêcher l'accès à la Chambre constitue une atteinte à notre privilège. Les refus d'accorder l'accès et les retards importants infligés aux membres de la Chambre constituent des outrages à celle‑ci. Cela n'a absolument rien à voir avec la situation actuelle.
L'omission de se conformer à une assignation à comparaître est un autre exemple. En 2013, la GRC n'a pas permis à un témoin de comparaître devant un comité sénatorial qui menait une enquête sur le harcèlement dans la GRC. Ce refus a été considéré comme une atteinte au privilège, à juste titre. Il s'agissait d'un refus ou d'un défaut de comparaître ou, dans ce cas, d'une entrave à la capacité d'un témoin de comparaître.
La liste est longue. Voici la liste des outrages au privilège parlementaire établie par le Royaume-Uni:
attaquer, menacer, entraver ou intimider un parlementaire ou un agent de la Chambre dans l'exercice de ses fonctions;
tenter délibérément d'induire en erreur la Chambre ou un comité…
J'ai déjà donné cet exemple. Je poursuis:
publier délibérément un compte rendu faux ou trompeur des délibérations de la Chambre;
supprimer, sans autorisation, des documents appartenant à la Chambre;
falsifier ou modifier des documents appartenant à la Chambre;
modifier, supprimer, cacher délibérément…
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Comme je l'ai dit, le seuil fixé pour une atteinte au privilège est extrêmement élevé. Il faut prendre très au sérieux toute atteinte au privilège. Si je reviens à la liste, on parle de falsifier; d'induire délibérément en erreur; de falsifier des documents sans excuse valable; de refuser de fournir de l'information ou de produire des documents dûment exigés par la Chambre sans excuse valable; de désobéir à un ordre légal de la Chambre; d'empêcher ou d'entraver une personne qui exécute un ordre légal de la Chambre; de corrompre ou de tenter de corrompre un membre en vue d'influencer sa conduite dans le cadre des travaux de la Chambre; d'empêcher ou de retenir quelqu’un de témoigner, ou d'user d’intimidation en ce sens; d'attaquer, de menacer ou de désavantager un membre ou un ancien membre à cause de son comportement au Parlement, et de divulguer ou de publier le contenu d’un rapport ou des témoignages d’un comité avant leur dépôt à la Chambre.
J'aimerais beaucoup comprendre en quoi le fait pour M. Bains de nous dire qu'il ne se souvient pas de quelque chose peut être considéré comme une atteinte au privilège. Certes, c'est une réponse qui peut être considérée comme insuffisante. Dans ce cas, invitons‑le de nouveau afin qu'il réponde à d'autres questions pendant deux heures. Personne ne se soustrait à son obligation de rendre des comptes. Réinvitons‑le.
Ce qui se passe actuellement est une perte de temps. Vous pouvez nous reprocher de faire perdre son temps au Comité, mais savez-vous pourquoi nous le faisons? Nous le faisons pour éviter les pertes de temps à la Chambre. Nous sommes tous conscients de ce qui se passe à la Chambre en ce moment. Nous débattons de motions de privilège qui servent d'armes aux conservateurs pour empêcher la Chambre de fonctionner.
Si cette motion de privilège est adoptée, ce qui serait absurde considérant qu'il n'y a pas eu l'ombre d'une atteinte au privilège, le Président va la balayer du revers de la main. N'empêche, si elle est adoptée, si notre comité choisit de la renvoyer au Président, nous allons perdre un nombre incalculable d'heures. Nous allons perdre des journées entières. Nous le savons parce que c'est ce qui se passe en ce moment. Nous allons gaspiller des journées entières à débattre de quelque chose de tout à fait frivole à la Chambre. Si nous voulons que M. Bains nous donne des réponses, convoquons‑le de nouveau pour une période de 2 heures dans les 14 prochains jours.
Je vous en prie, arrêtez de nous faire perdre notre temps et de tourner en dérision le processus de la Chambre.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai quelques petites choses à dire avant de commencer.
Je dirai que je suis un peu surpris. C'est la première fois que ça m'arrive en neuf ans. J'ai eu le plaisir de travailler avec un président de l'opposition du nom de Tom Lukiwski, qui est un homme honorable et qui était un bon président des opérations gouvernementales. Il n'a jamais convoqué une réunion avec un préavis de 50 minutes. Je veux respecter le temps de tout le monde. Je doute que cela soit le cas ici.
Sur cette question particulière, si nous voulons continuer à en débattre, je serais heureux de signer une demande au titre de l'article 106(4) du Règlement avec l'opposition. Je suis sûr qu'ils voudront revenir la semaine prochaine. Je serais heureux de signer une 106(4) avec vous, afin que nous puissions nous mettre au travail la semaine prochaine si ce débat n'est pas terminé. Je me ferai un plaisir de la rédiger et nous pourrons tous la signer, car je sais que c'est très important pour vous.
Deuxièmement, je parlerai des tactiques d'intimidation de deux députés de ce comité — M. Perkins et M. Genuis — qui ont demandé à leur groupe d'admirateurs d'appeler mon bureau.
Je veux que vous sachiez que j'ai demandé à mon personnel de donner vos numéros de téléphone. Ils appellent mon bureau, puis vos bureaux. Soyons clairs. Vous pouvez faire vos petites vidéos à l'extérieur. Vous pouvez faire vos vidéos sur Facebook après ça. Sachez que vous pouvez le faire et demander à votre groupe d'admirateurs d'appeler mon bureau, mais ils appellent vos bureaux ensuite.
:
Absolument... si vous voulez des égoportraits.
Je pensais que nous avions un certain respect. Je n'ai jamais fait ça à d'autres députés. Ça m'est égal que vous me fassiez la même chose. Je veux juste que vous sachiez quelles seront les conséquences. Votre personnel sera très occupé dans vos bureaux. Nous les redirigerons vers vos bureaux. Ce sera un plaisir pour moi de continuer à le faire.
J'en viens au sujet qui nous occupe.
Une fois de plus, je suis surpris. M. Perkins a la mémoire courte. Il sait que M. Bains a posé la même question. Il dit que M. Bains, d'une manière ou d'une autre, n'a pas répondu. Pourtant, M. Bains a déclaré: « Je ne me souviens pas d'une conversation en particulier, mais je dirais qu'il n'était pas inhabituel pour moi de discuter avec des PDG dans le processus de sélection de membres du conseil d'administration. » Je ne sais pas comment il appellerait cela, mais c'est une réponse. M. Perkins n'aime pas cette réponse, parce qu'il s'efforce de lier TDDC aux ministres, alors qu'il n'y a aucun lien entre les deux.
Il le sait. Je suis assez surpris que M. Perkins, qui a travaillé à la CIBC, veuille ternir la réputation de quelqu'un qui a travaillé à la CIBC, ainsi que de la CIBC elle-même.
C'est exactement ce que vous faites. Vous ternissez la réputation de simples citoyens. C'est regrettable.
:
En fait, monsieur Genuis, vous pouvez signer une 106(4), et vous devez d'abord vous occuper de la question proprement dite de la 106(4). Ensuite, vous vous occupez de la suspension, pour votre gouverne. Vérifiez le règlement, monsieur.
Nous en sommes à la question de privilège, qui a été invoquée sans même que l'on ait entendu entièrement ce que la personne disait. Elle a été soumise une demi-heure avant la fin du témoignage, de sorte que nous savons que tout cela a été inventé. À quel point ces gens sont-ils sérieux pour ce qui est de découvrir la vérité? Ils ne le sont pas.
[Français]
Ils ne sont pas sérieux. Nous sommes ici pour parler d'une motion bidon qui n'a aucun lien avec notre étude. M. Perkins a eu la chance d'interroger le témoin en juin. Je ne sais pas combien de temps il lui faut pour poser des questions, mais, simonaque, ce n'est pas si difficile. D'ailleurs, je suis surpris de voir que les autres partis de la coalition sont en train d'aider le Parti conservateur à débattre de cette motion.
De plus, je trouve aberrant qu'à plusieurs reprises, qu'ils soient du Parti conservateur, du Bloc québécois et même, à quelques reprises, du NPD — il ne s'agissait pas de M. Cannings, pour qui j'ai beaucoup de respect —, des députés ont mentionné qu'ils n'étaient pas satisfaits de la réponse d'un témoin. Comme ce n'était pas un ancien ministre libéral, ils n'ont pas soulevé de question de privilège. Je trouve cela un peu bizarre. Une norme, c'est une norme. Selon moi, il me semble qu'on doit appliquer les mêmes normes et les mêmes critères à toutes les propositions. Si on croit qu'un témoin n'a pas répondu adéquatement à nos questions et qu'on soulève une question de privilège à propos d'un témoin, mais pas à propos d'un autre, je me demande ce qu'il en est de la volonté de connaître la vérité.
Je demande qu'on me remette mon nom sur la liste, monsieur le président.
Je crois que Mme Khalid est la prochaine à prendre la parole. Je pense qu'elle a une conversation avec M. Cannings. Par respect pour Mme Khalid, afin qu'elle puisse terminer cette conversation, je vais poursuivre mon intervention.
Je trouve que la motion présentée par mon collègue M. Perkins est trop sévère pour le moment. M. Erskine‑Smith a bien expliqué qu'il faut prendre au sérieux les questions de privilège. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un ancien ministre libéral qu'on doit soudainement devenir partisan dans cette affaire. Je plaide auprès des députés de l'opposition pour qu'ils retirent cette motion. Nous sommes d'accord pour réinviter M. Bains à témoigner devant ce comité.
J'ai une théorie qui pourrait expliquer la raison pour laquelle on croit que M. Bains n'a pas répondu à certaines questions. Je crois que c'est parce que l'opposition officielle n'arrête pas de changer les acteurs. De notre côté, ce sont toujours les mêmes personnes, mais, de l'autre côté, il y a une première et une seconde équipe. On dirait qu'il y a des députés aspirant à se joindre à la meute, de l'autre côté.
Si vous ne vous rappelez pas les réponses qui ont été données à d'autres députés, c'est à vous d'aller revoir les bleus. Je suis justement en train de regarder les bleus, et je ne vois absolument pas en quoi M. Bains n'a pas répondu convenablement aux questions. Bien sûr, les députés de l'opposition cherchent un coupable. Ils veulent pouvoir en pointer un du doigt. Ils l'ont déjà accusé en disant que M. Bains était l'instigateur du fonds vert de Technologies du développement durable Canada, ou TDDC. Ils l'ont accusé directement sans même montrer une preuve de l'implication directe de M. Bains dans TDDC.
Je rappelle que ni la vérificatrice générale, ni le rapport de McCarthy Tétrault ni le rapport de la firme Raymond Chabot Grant Thornton n'ont fait état de preuves. Je suis convaincu que l'examen actuellement en cours auprès des contributions des bénéficiaires de TDDC va soulever cette question, et on dira que, finalement, il y avait trop d'ingérence de la part du bureau du ministre ou du ministre lui-même à TDDC. C'est cela, l'essentiel de la question, et c'est ce lien que l'opposition essaie de créer, alors qu'il n'y en a pas.
Alors, nous tournons en rond et nous gaspillons notre temps. Nous gaspillons le temps de cette étude. Je l'ai déjà dit, je commence à remettre en question notre compétence collective pour trouver les réponses que nous cherchons.
Si j'ai bien compris, l'opposition envoie au diable la vérificatrice générale et tous ceux et celles qui ont vérifié cette affaire. Tout ce que ces gens veulent, c'est de créer un lien hypothétique avec un ministre qui n'avait rien à voir là-dedans, sauf le fait que son ministère a signé une entente de financement avec une organisation. Or le ministère n'est pas responsable de l'administration au quotidien de cette organisation; c'est cela que l'opposition ne semble pas comprendre.
Sur ce, monsieur le président, je vais rester sur la liste, mais je vais faire une petite pause et boire quelques verres d'eau.
Je cède la parole à Mme Khalid.
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Écoutez, je comprends et reconnais l'importance du travail que fait ce comité. Je comprends et reconnais la raison pour laquelle nous faisons ce travail, car, en fin de compte, il doit y avoir une reddition de comptes pour l'argent des contribuables qui travaillent dur, celui que les Canadiens paient pour maintenir nos institutions démocratiques en vie.
Je ne vois pas très bien pourquoi nous gaspillons cet argent, que les Canadiens ont travaillé très dur à accumuler, pour une motion de privilège dont l'intention et l'objectif sont de retarder la procédure démocratique à la Chambre des communes et au Parlement.
Notre travail de députés n'est pas partisan. Je soutiens mes électeurs, quel que soit le parti qu'ils soutiennent. C'est mon travail. Je le fais parce que j'aime le faire. Je parle tout le temps avec les conservateurs de ma circonscription. Je parle tout le temps avec les néo-démocrates de ma circonscription. J'essaie de comprendre et de reconnaître leur point de vue.
C'est, en fin de compte, ce que nous sommes, en tant que représentants élus dans nos collectivités, et la manière dont nous faisons entendre ces voix au Parlement. C'est une diversité d'opinions que nous respectons beaucoup. Ce qui fait vraiment mal, non pas personnellement, mais, oui, individuellement et collectivement, ce sont les jeux partisans, et c'est exactement ce qu'est cette motion.
La question n'est pas de faire toute la lumière sur ce qui s'est passé avec TDDC. La question n'est certainement pas de savoir ce qui va se passer à l'avenir. Nous voyons que le a un plan pour l'avenir immédiat, et c'est le transfert au Conseil national de recherches. C'est un plan d'avenir très concret.
Ce programme tout entier a été mis en œuvre au cours des 10 dernières années. Ce que j'ai vu au cours de ces dernières réunions de la part de mes collègues conservateurs, de mes collègues bloquistes et de mes collègues néo-démocrates, ce sont des questions très partisanes où tout témoin qui vient ici est empêché de répondre réellement aux questions posées. On lui coupe la parole. Les témoins sont des figurants dans le théâtre de l'opposition qui se pète les bretelles.
Ce n'est pas du tout juste pour les Canadiens. Je serais très heureuse que le témoin en question revienne devant le Comité pour le nombre d'heures qu'il souhaite, mais lorsque nous nous demandons si un témoin a pu répondre aux questions à la satisfaction de l'auteur de la question — en l'occurrence, l'opposition — je trouve cela désolant, parce que, tout d'abord, la Charte des droits est en cause pour ce qui de permettre aux gens de s'exprimer.
Nos droits et privilèges de parlementaires sont en cause dans la façon dont on détermine ce qui est satisfaisant pour un parti par rapport à un autre parti. Lorsqu'il s'agit de la satisfaction des réponses aux questions qui ont été posées, quiconque les a posées, quel est le but ultime? Quel est l'objectif?
Pourquoi devons-nous maintenant nous demander qui a raison et qui a tort parmi les députés? Pas même les témoins qui sont ici pour donner un témoignage d'expert sur les questions que nous examinons régulièrement...
Hier, j'ai soulevé le fait que la motion présumait que le témoin mentait. Comment puis‑je savoir si les députés d'en face ne sont pas en train de créer avec cette motion leurs jeux partisans et s'ils travaillent avec le Russian Rebel News...
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous suis reconnaissante de ces éclaircissements.
Le point que j'essaie de faire valoir aujourd'hui, que je n'ai pas présenté hier, que je n'ai pas... Je ne sais pas comment vos normes de répétition fonctionneraient dans ce comité, mais ce que j'essaie de dire, c'est qu'il n'est pas nécessaire que ce soit une motion de privilège, parce que nous savons où mène une motion de privilège. Nous connaissons les valets d'un parti et leurs objectifs en ce qui concerne ce qu'une motion de privilège peut accomplir.
Ce que j'essaie de dire au Comité, c'est que nous pouvons atteindre l'objectif de faire revenir ce témoin devant le Comité sans passer par une motion de privilège qui permet aux valets conservateurs de bloquer le travail de la Chambre des communes. Nous pouvons atteindre nos objectifs sans être excessivement partisans. Je pense que c'est une meilleure façon de présenter les choses, monsieur le président.
Je suis tout à fait disposée à travailler avec tous les membres du Comité pour faire en sorte que le travail et les objectifs du Comité soient réalisés. Quels sont ces travaux et ces objectifs? C'est veiller à ce que l'argent des contribuables soit utilisé à bon escient. C'est s'assurer que... Sur cet aspect particulier, comme l'ont reconnu tous les députés libéraux ici présents, comme l'ont reconnu tous les participants à cette table, des actes répréhensibles ont été commis. Il n'y a pas eu d'influence ministérielle sur ces actes répréhensibles, mais le gouvernement a l'obligation d'agir à cet égard, et il l'a fait.
Si les membres du Comité souhaitent qu'un témoin comparaisse à nouveau pour répondre à leurs questions, nous pouvons le faire sans créer un terrible précédent au sein de la Chambre des communes en recourant à une motion de privilège. Cette motion de privilège — et je pense que nous sommes tous d'accord autour de cette table — n'a pas pour but d'aller au fond de ce qui doit être fait. Elle vise à entraver le travail, le travail légitime que les Canadiens attendent de nous au Parlement, et c'est vraiment regrettable.
Vous semblez très impatient, monsieur le président. Vous avez convoqué cette réunion avec un préavis d'une demi-heure, et je suis ici pour aider à exprimer le point de vue de la majorité des Canadiens raisonnables qui souhaitent voir le Parlement fonctionner, qui veulent que les Canadiens soient représentés, certes, mais aussi que le travail se fasse.
Il est regrettable que cette motion ait été déposée ici dans le but précis de bloquer le travail de la Chambre des communes. Il y a tant de projets de loi importants qui sont en cours d'examen. Que faisons-nous? Nous passons de privilège en privilège, parce qu'il ne faudrait surtout pas porter atteinte aux privilèges de ces personnes. Dieu nous garde que leur privilège soit remis en question.
Le privilège, monsieur le président, n'est pas un droit. C'est un privilège.
J'ai le droit de faire entendre ma voix dans cette enceinte. Mes électeurs m'ont déléguée ici pour avoir une voix dans cette enceinte et pour parler en leur nom. Ils n'ont que faire du privilège de M. Perkins d'être satisfait par la réponse d'un témoin. Il y a des moyens d'obtenir les réponses qu'il mérite à juste titre.
Est‑ce le bon moyen? Non, ce n'est pas le bon. Le bon moyen consiste à collaborer, à cerner le problème et à trouver la façon de le résoudre. Nous avons prouvé par le passé que cela était possible. Nous avons été capables de travailler ensemble, de nous unir et de faire ce qu'il fallait pour les Canadiens et par les Canadiens.
Pourquoi sommes-nous ici aujourd'hui? Pourquoi sommes-nous ici, à cette réunion convoquée à la dernière minute? Que sommes-nous venus débattre? Nous sommes venus débattre d'une question qui aurait pu être réglée à votre discrétion, monsieur le président. Le fait que nous n'en soyons pas arrivés là me fait penser que cette motion de privilège a été proposée à des fins malveillantes au sein du Comité. Mon sens moral et ma responsabilité à l'endroit de mes électeurs m'interdisent de soutenir ce dessin infâme, quel qu'il soit.
Je recommanderais et suggérerais fortement à mes collègues de l'opposition de retirer cette motion et de la remplacer par une autre, stipulant que ce témoin doit revenir et qu'il doit absolument répondre aux questions que tous nos collègues de l'autre côté de la table ont à lui poser.
Par ailleurs, nous devons également comprendre et évaluer la forme que prendra le rapport et ne pas être redondants dans les questions que nous posons de façon répétitive au même témoin tout en le harcelant et en le traitant de menteur, etc. C'est inadmissible et, très franchement, indigne de nous. Le Comité permanent des comptes publics a un mandat plus élevé que celui d'outil politique pour l'opposition.
Monsieur le président, j'ignore à quel point vous êtes attaché à la manière dont nous nous comportons à la Chambre des communes et dans nos circonscriptions. Il se trouve que l'objectif du travail ici est exactement le même que celui des électeurs que nous servons. Je vous implore donc à nouveau, monsieur le président, de déclarer cette motion irrecevable, car il n'y a pas eu d'atteinte au privilège.
Si vous ne pouvez pas le faire pour vos propres électeurs, je vous encourage à travailler avec vos collègues de l'opposition et à retirer cette motion afin que nous puissions présenter une motion plus concrète et plus substantielle pour dire que, oui, il faut que ce témoin revienne, il faut qu'il réponde aux questions que n'importe quel membre du Comité peut avoir, et il faut lui faire envoyer par écrit toute réponse qu'il n'a peut-être pas donnée au sein du Comité.
Aucun privilège n'est remis en question ici, monsieur le président, et vous êtes mieux placé que tous pour le savoir.
Je vous propose, monsieur le président, premièrement, d'examiner si cette motion est irrecevable — ce que je crois — et, deuxièmement, d'encourager vos collègues à retirer cette motion et à en présenter une qui ne soit pas aussi partisane, qui nous encourage tous, en tant que membres du Comité, à collaborer pour convoquer tout témoin qui nous pose problème et l'aider à répondre aux questions que nous lui posons, et, enfin, lui envoyer par écrit les questions que nos députés pourraient avoir ou qui ont été soulevées par des députés au cours des deux derniers jours, lui demander d'y répondre par écrit.
Nous ne pouvons pas passer de 0 à 100 tout le temps. Nous avons vu, dans le contexte de ce qui s'est passé ces dernières semaines et ces derniers mois, l'utilisation de la procédure parlementaire pour jouer des jeux politiques et pour arrêter le travail que les Canadiens attendent de nous.
J'arrête là mes observations, monsieur le président. Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Nous venons au comité des comptes publics pour poser des questions, pour assurer le contrôle de l'argent des contribuables et pour vérifier si l'argent a été utilisé à bon escient et s'il a produit des résultats valables ou non. Les députés ont des privilèges. L'un d'entre eux est que, lorsqu'une personne participe à ces audiences, elle n'est pas là pour se dérober. Elle est là pour répondre à des questions — des questions importantes.
À première vue, la vérificatrice générale a découvert 186 conflits d'intérêts. Les contribuables sont en droit de recevoir des éclaircissements, des comptes et notre surveillance. Il est profondément décevant et alarmant de constater que les députés libéraux — les membres du Comité ici présents — ne veulent tout simplement pas découvrir la vérité pour les Canadiens.
Il n'y a aucune raison d'éluder les questions lors d'une audience comme celle‑ci. Cela nous amène précisément au moment où nous nous trouvons. M. Bains connaît le processus politique; il sait ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, et il sait ce que signifient la reddition de comptes et la transparence concernant l'argent des contribuables. Il doit être tenu à des normes plus strictes: il a été ministre. Il a dit à la présidente de TDDC qu'ils allaient gérer ses conflits lorsqu'ils l'ont nommée à la présidence.
Bien qu'il ne soit plus un homme politique aujourd'hui, il n'y a aucune raison justifiant l'évitement ou le refus de répondre aux questions posées par les membres du Comité. En revanche, il est tenu responsable du mandat qu'il avait. Il était et sera toujours un membre du Conseil privé, lié à jamais par ces règles, et 400 millions de dollars, c'est beaucoup d'argent...
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Merci, monsieur le président.
M. Bains doit rendre des comptes sur le temps qu'il a passé en poste. Il est toujours responsable parce qu'il est membre du Conseil privé et, par conséquent, à jamais lié par ces règles.
Quatre cents millions de dollars, c'est beaucoup d'argent. Cela ne semble peut-être pas beaucoup d'argent à certains membres du parti au pouvoir, mais je vais vous dire, monsieur le président, il y a les banques alimentaires qui enregistrent des chiffres records, des taxes sur le carbone, une inflation record et des prix d'épicerie qui grimpent en flèche, et les gens de ma circonscription de Miramichi—Grand Lake qui m'appellent tous les jours pour me dire qu'ils doivent choisir entre les médicaments et l'épicerie, parfois entre le carburant et l'épicerie, et les taux hypothécaires, les taux d'intérêt et les loyers augmentent — tout cela a été causé par le gouvernement actuel.
Vous savez, je me souviens des années 1990 — j'étais au secondaire — quand Jean Chrétien était premier ministre. Je me souviens d'avoir beaucoup entendu parler du scandale des commandites. La seule raison pour laquelle j'en parle aujourd'hui, c'est que, pour l'époque, c'était quelque chose d'assez important. Il a bouleversé les Canadiens, manifestement, mais ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, ce scandale en particulier est huit fois plus gros que le scandale des commandites. C'est un énorme scandale. C'est un énorme détournement de fonds publics, 400 millions de dollars, pour lequel aucune valeur n'a été obtenue.
Si nous voulons que cette affaire soit renvoyée à la Chambre, avec la production de documents, et si nous voulons que ce privilège soit accordé, c'est que nos questions sont restées sans réponse. Les questions de députés des autres partis sont restées sans réponse. Lorsque les personnes qui ont les réponses aux questions ne répondent pas, c'est notre privilège d'obtenir ces réponses pour le public de ce pays. Il est profondément décevant que les députés libéraux ne soutiennent pas cette motion de privilège.