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INDY Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 21 avril 1998

• 1530

[Traduction]

La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): Je déclare la séance ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons poursuivre l'étude sur la préparation de la technologie de l'information en vue de l'an 2000.

Je tiens à informer les membres du comité ainsi que les témoins qui vont comparaître qu'il va y avoir un léger changement à notre ordre du jour. Nous allons rencontrer l'Association canadienne de la technologie de l'information de 15 h 30 à 16 h 30 puis nous commencerons avec le ministère de la Défense à 16 h 30. Un vote est prévu à 17 h 45 et il y en aura plusieurs autres. Étant donné que plusieurs membres du comité ont des engagements plus tard dans la soirée, nous allons essayer de finir avant les votes. Voilà ce qui est prévu.

Ceci dit, nous allons commencer avec l'Association canadienne de la technologie de l'information. Elle est représentée par M. Gaylen Duncan et Mme Carol Stephenson.

Monsieur Duncan, je crois que vous devez commencer.

M. Gaylen Duncan (président-directeur général, Association canadienne de la technologie de l'information): Oui, merci.

Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour. Je suis heureux d'avoir été invité à comparaître devant vous pour la question du bogue du millénaire. J'ai à mes côtés Carol Stephenson. Elle est membre du groupe de travail de l'an 2000 Jean Monty, présidente-directrice générale du Centre de ressources Stentor et présidente désignée de l'ACTI. J'ai également à mes côtés Tony Carlson, notre vice-président des communications et Barbara Wynne-Edwards, chargée des relations avec le gouvernement.

Vous le savez peut-être, avec ses affiliés, l'ACTI représente quelque 1 300 entreprises dans l'ensemble du pays qui appartiennent aux secteurs du matériel informatique et de télécommunications, des logiciels, des services et du contenu. Nos membres représentent plus de 70 p. 100 du secteur de l'informatique, ce qui veut dire, pour vous donner une idée, quelque 418 000 emplois, 70 milliards de dollars de recettes, 3 milliards de dollars de dépenses annuelles de R-D et 21 milliards de dollars d'exportations.

Étant donné que nous avons peu de temps pour faire nos déclarations préliminaires, permettez-moi d'aller droit au but: Oui, Houston, nous avons un problème, mais, non, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête.

J'ai été conseiller pour le groupe de travail du secteur privé présidé par Jean Monty qui a publié son rapport en février. Et l'ACTI a contribué au travail du groupe en réalisant une étude approfondie sur la préparation et les meilleures pratiques à l'échelle internationale. Nous adhérons totalement aux conclusions du groupe de travail, dont les recommandations et les lignes directrices reflètent ce que nous nous sommes efforcés de mettre au point et de transmettre à nos membres pendant l'essentiel des quatre dernières années. L'objet du groupe de travail était de sensibiliser à la question, mais surtout, de forcer les décideurs à aller plus loin que la sensibilisation et à commencer à agir. Bien que j'aie vu peu de recherche quantitative sur l'efficacité du message du groupe de travail, d'après quelques preuves que j'ai pu recueillir, les entrepreneurs agissent pour faire en sorte que les systèmes essentiels soient prêts à temps.

Je ne veux pas minimiser le défi car il est extraordinaire. Mais ceux qui ne cessent de sonner l'alarme jouent en fait un rôle puisqu'ils poussent les autres à agir. Pourtant, nous devons continuer à transmettre l'idée d'urgence qui a été lancé par le groupe de travail Monty lorsqu'il a présenté son rapport avec plusieurs mois d'avance, car il y a déjà des signes qui indiquent que le bogue du millénaire est déjà là.

Selon une enquête récente, l'organisation américaine qui est notre homologue a constaté que 44 p. 100 des entreprises ont déjà connu des pannes de logiciel en rapport avec l'an 2000 au cours d'opérations et les deux tiers d'entre elles ont eu des pannes pendant des tests. Dans un cas, la totalité du système de contrôle de la circulation de Phoenix a été mis hors service pendant trois jours parce que des personnes vérifiaient leur état de préparation. Trois procès collectifs au moins ont été intentés aux États-Unis contre des sociétés de services et d'ingénierie en informatique par des entreprises qui refusent de devoir payer la mise à niveau pour l'an 2000.

Les activités ont donc commencé.

Il est important de souligner aussi bien l'importance de la question que l'urgence de trouver des solutions. Il est important de rendre publique ce genre d'information. Mais il est également important de tempérer ces anecdotes en rapportant également les réussites et les tendances à aller dans le bon sens qu'a révélées un sondage auprès de plusieurs sources.

Le Conference Board du Canada, dans une étude qu'il a lui-même réalisée, s'en tient à sa prévision de 3.2 p. 100 de croissance pour l'économie canadienne en l'an 2000. Il cite certains points intéressants qui figurent dans le rapport de Statistique Canada fait pour le groupe de travail Monty. StatCan a constaté qu'en novembre dernier, 45 p. 100 des entreprises avaient pris des mesures pour régler le problème. Parmi elles, 20 p. 100 avaient des plans d'action officiels en place. Cela peut ne pas sembler beaucoup, mais il ne faut pas oublier que les 45 p. 100 qui ont commencé à agir représentent 88 p. 100 de tous les emplois canadiens. Qui plus est, ceux qui ont des plans officiels représentent 61 p. 100 de tous les emplois canadiens.

• 1535

Le Conference Board fait remarquer que la plupart de celles qui ont pris des mesures sont de grandes entreprises. Dans une déclaration à caractère économique qu'elle a faite en avril, la Banque de Montréal confirme que la plupart des grandes sociétés, les institutions financières et les autres, seront prêtes à temps.

Soit dit en passant, la banque a prévu simplement un petit problème économique de courte durée au premier trimestre de l'an 2000. Selon elle, rien ne semble prouver qu'il y aura un déclin ou une récession de plus longue durée.

Que dire des entreprises de plus petite taille? De façon générale, je ne parle pas pour les petites entreprises bien qu'un nombre important des membres de l'ACTI puissent rentrer dans la catégorie des PME. Je constate simplement que la semaine dernière, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a publié les résultats d'un travail de recherche qu'elle a entrepris. Ils indiquent que près de 57 p. 100 des répondants ont pris des mesures, et que 36 autres p. 100 prévoient d'en prendre très prochainement. Ils révèlent également qu'un peu moins de 29 p. 100 signalent qu'ils sont prêts et que 27 autres p. 100 disent qu'ils ne seront pas touchés parce qu'ils ne dépendent pas de l'informatique. Cette donnée statistique est très regrettable pour l'ACTI.

Pour citer un autre groupe, le Conseil canadien des chefs d'entreprises a récemment réuni 22 PDG de grandes multinationales qui avaient toutes des plans d'action en cours d'application pour l'an 2000. Qui plus est, ils ont tous indiqué qu'ils font pression sur leurs associés et leurs alliés de la chaîne de l'approvisionnement, tant dans le pays qu'à l'étranger, pour s'assurer que tous les maillons de la chaîne seront bien solides.

C'est un point particulièrement important et qui est souvent cité par ceux qui disent que même si tout sera en ordre chez nous, nous courons de gros risques parce que d'autres pays ne sont pas aussi avancés que nous. C'est vrai, le Canada dépend davantage de son commerce que beaucoup d'autres pays. Le commerce, dans les deux sens, représente plus de 70 p. 100 de notre PIB. D'une certaine façon nous sommes évidemment vulnérables de ce fait, sauf que plus de 80 p. 100 de nos exportations sont destinées aux États-Unis et que près de 70 p. 100 de nos importations viennent des États-Unis. Avec le Canada, les États-Unis ont été identifiés comme l'un des chefs de file mondiaux en matière de préparation pour l'an 2000.

Soit dit en passant, ce leadership pourrait aussi signifier que les compagnies canadiennes qui résolvent suffisamment tôt le problème du bogue du millénaire auront un avantage concurrentiel. Le Conference Board laisse entendre que d'après les données statistiques de StatCan sur la préparation publiées en octobre dernier, près de 1,4 million d'emplois pourraient être compromis si aucune mesure n'était prise.

Permettez-moi d'insister sur cette phrase: si aucune mesure n'était prise, cela date d'octobre dernier. Nous pensons que les particuliers et les entreprises agissent et nous avons hâte de voir les résultats du prochain sondage de StatCan qui doit être publié l'été prochain et qui nous permettra de confirmer nos preuves épisodiques.

Oui, nous nous attendons à ce que des entreprises fassent faillite et à ce que cela ait des répercussions importantes sur ceux qui sont directement concernés. Nous sommes d'un optimisme prudent cependant, car en raison du débat public sur la question et de l'attention qui lui est accordée par les hauts responsables qui sont à l'avant-garde, dont des ministres et des comités comme le vôtre, nous allons pouvoir mettre en place des solutions qui réduiront de beaucoup les répercussions. Ce ne sera ni facile ni peu onéreux, mais c'est faisable, surtout pour un pays comme le nôtre qui a la réputation de se sortir des pas difficiles.

Voilà les déclarations que nous avions préparées à votre intention, madame la présidente.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Duncan.

Madame Stephenson, souhaitez-vous ajouter quelque chose maintenant ou allez-vous vous contenter de participer au débat?

Mme Carol Stephenson (présidente désignée, Conseil d'administration, Association canadienne de la technologie de l'information): Je prendrai part au débat.

La présidente: Merci. Nous allons donc commencer les questions avec M. Lowther.

M. Eric Lowther (Calgary-Centre, Réf.): Merci, madame la présidente.

Merci à tous deux d'être venus pour nous faire part de votre connaissance intime de la question.

J'ai quelques brèves questions. Il me semble, monsieur Duncan, que le groupe que vous représentez devrait avoir une meilleure idée du problème que les autres, car il s'agit pour l'essentiel d'un problème technologique.

J'aimerais savoir si vous connaissez des solutions, des stratégies ou des approches pour les logiciels qui pourraient poser des problèmes à divers niveaux. Par exemple, nous avons le problème des logiciels dans les grandes sociétés, dans les logiciels des entreprises, comme les systèmes de gestion Cobalt. Il y a ensuite le problème des puces intégrées et le problème de l'interface entre les grands systèmes qui existent.

• 1540

Je crois qu'on commence à voir des solutions pour certains logiciels au niveau des ordinateurs personnels et pour les petits systèmes de gestion. Dans ce cas, il suffit que quelqu'un vienne faire certaines vérifications. On obtiendra ainsi une sorte de diagnostic qui dira oui, il faut corriger quelque chose ou non, ça va, par exemple.

Pouvez-vous nous donner une idée de la façon dont les choses progressent du côté des logiciels?

M. Gaylen Duncan: Certainement. Tout d'abord, il n'y a pas de solution magique, et d'après ce que nous prévoyons, il n'y aura pas une seule solution car il y a de très nombreux systèmes qui fonctionnent différemment. La solution pour le logiciel ne réglera pas le problème des puces et aucune solution pour logiciel ne sera adaptée à tous les divers types de programmes qui ont le problème. Voilà pour le premier point.

Deuxièmement, oui, plusieurs solutions concernant les logiciels commencent à sortir, et elles sont de deux ordres. Il y a celles qui disent oui il y a un problème. On fait des tests jusqu'à l'an 2000 et on constate que quelque chose ne va pas.

Le deuxième type de solution, ce sont celles où l'on procède à un balayage du code et où on repère l'emplacement des dates pour les changer immédiatement. Si cela représente beaucoup, c'est parce que le balayage manuel du code coûte actuellement 3 $ la ligne. Nous prévoyons une augmentation de ce prix qui devrait passer à environ 6 $ la ligne. Pour les gros systèmes, il s'agit de millions de lignes de codes. Donc un moyen qui permettrait d'automatiser l'opération va évidemment faire baisser ce prix.

Pour l'instant, il n'y a pas de solution pour les logiciels qui permette de réussir à identifier les dates à 100 p. 100.

M. Eric Lowther: Je vous arrête. Vous dites qu'à court terme, on a mis au point des outils qui nous signalent le problème. J'imagine que c'est tout ce qu'ils font. Ils nous signalent le problème et peut-être l'emplacement du problème dans le code. Mais vous me dites qu'ils ne sont pas efficaces à 100 p. 100. Cela veut dire que certaines choses pourraient leur échapper?

M. Gaylen Duncan: C'est exact. La bonne nouvelle, c'est que certains des progiciels qui étaient disponibles il y a deux ans, qui fonctionnaient de façon à trouver entre 20 et 25 p. 100 des dates, s'améliorent. Mais je n'ai pas encore entendu parler d'outils qui soient arrivés à 90 p. 100.

C'est pourquoi les projets de l'an 2000 sont différents de toutes les autres opérations d'élaboration des logiciels pour lesquelles on prévoit normalement 25 p. 100 du coût total du projet et 25 p. 100 du temps du projet pour les tests. Les projets de l'an 2000 sont actuellement en train de se rapprocher de 50 p. 100 du temps total et du coût pour les tests, car ils ne réussissent pas à trouver les dates, même manuellement.

M. Eric Lowther: Quelqu'un est-il en train de mettre au point ces outils pour les logiciels? J'imagine qu'il doit y avoir une course acharnée pour construire les outils qui permettront de faire la vérification.

M. Gaylen Duncan: Le Gartner Group estime que ce problème vaut de 300 à 600 milliards de dollars. Toutes les sociétés d'informatique du monde ont un projet quelconque en cours pour essayer d'emporter une part du gâteau en trouvant une solution vraiment bonne. Comme je l'ai dit, les outils s'améliorent, mais il n'y en a pas qui sont arrivés à 90 p. 100 encore.

M. Eric Lowther: Est-il possible qu'on n'utilise que la technologie pour résoudre ce problème technologique? On a l'impression qu'il y a un groupe de gens qui essaient de coder les logiciels, ou qui vérifient les codes ligne par ligne, ou qui essaient de voir quelle puce cela concerne dans le gros système lorsque les lumières s'éteignent. Mais on dirait que des outils sont en cours de construction à l'heure actuelle qui permettraient d'accélérer tout cela. Est-ce bien cela?

M. Gaylen Duncan: Lorsque chaque compagnie essaie de mesurer l'ampleur du problème et la stratégie qu'elle devrait adopter pour le résoudre, ce sont de nombreuses stratégies totalement différentes qui apparaissent.

Certaines entreprises jettent leurs vieux systèmes, et passent du processeur central à des systèmes au traitement réparti, et arrivent avec des systèmes entièrement nouveaux qui seront adaptés à l'an 2000. Ils n'ont pas le problème de code. D'autres essaient de réviser le code, gardent leurs anciens systèmes, et essaient de les faire durer plus longtemps. C'est dans cette catégorie qu'entrerait votre exemple. Oui, nous allons utiliser de plus en plus de technologie pour ceux qui suivent cette stratégie-là.

M. Eric Lowther: J'ai une dernière question à vous poser. Vous nous transmettez un message contradictoire. Vous dites notamment qu'il y a un problème mais que le ciel ne va nous tomber sur la tête. C'est grave, mais pas trop. Il y a des problèmes, mais on pourra peut-être les régler. C'est en quelque sorte à double tranchant, ce qui est bien.

Mais je me demande si vous n'êtes pas un peu trop optimiste. Je pense notamment à une citation qu'on nous a faite lors d'une séance de comité. L'auteur était l'un des grands analystes américains de marché, Ed Yardini. C'est l'un des plus grands là-bas.

Lorsqu'il a entendu parler du problème pour la première fois, il a dit que cela n'aurait pas de répercussion sur l'économie américaine. Quelques années plus tard, il y avait 40 p. 100 de chances qu'il y ait une récession. Récemment, il a dit qu'il y a 60 p. 100 de chances qu'on connaisse une récession à cause de l'an 2000.

Mais vous nous dites cependant que le ciel n'est pas en train de nous tomber sur la tête, qu'on va régler le problème, et qu'il y a de bonnes chances qu'on évite une telle situation. Est-ce que vous essayez d'être optimiste ou est-ce que vraiment...

• 1545

M. Gaylen Duncan: Non, j'essaie d'être pragmatique. Certaines personnes ont fait pas mal d'argent ces dernières années en se montrant très pessimistes. On a porté beaucoup d'accusations à l'encontre de l'industrie de lÂinformatique en disant qu'elle exagérait le problème.

Je crois que le rôle de l'ACTI consiste en l'occurrence à évaluer les choses au mieux et à vous en rendre compte. S'il n'y a pas eu de progrès—et comme je l'ai dit dans mes remarques, tout ce que nous avons pu vérifier depuis octobre semble indiquer qu'il y a eu des progrès importants—si l'enquête de mai et sa publication en juin montrent que les progrès sont insuffisants, le message de l'ACTI sera différent.

Nous ne croyons pas que ce soit le cas. Nous pensons que les chiffres montreront que nous sommes en train d'avancer progressivement dans toute l'économie canadienne et dans toute l'économie américaine, et j'inclus là-dedans les gouvernements ainsi que le secteur privé; nous avançons et tout ira bien. Je vous ai indiqué qu'il y aurait des faillites. Il est impossible de prévoir où elles se produiront et quelles entreprises seront touchées, mais il y en aura.

Je veux dire que ce n'est pas le moment d'aller au-delà des recommandations du rapport Monty pour augmenter l'intervention du gouvernement, indépendamment de la surveillance des plans d'action qu'on est en train de mettre au point, et qui doit être une surveillance attentive. Il faudra surveiller les résultats de la prochaine enquête. Mettre en oeuvre les recommandations—le gouvernement lui-même est en train de mettre lentement en oeuvre ses propres recommandations. Et il faudra être prêt.

Je ne crois pas me tromper, mais si c'est le cas, nous reviendrons à la fin de l'été faire pression pour non plus simplement recommander que les responsables de la réglementation agissent, mais pour vous demander d'adopter des lois qui exigent que certaines choses se fassent.

M. Eric Lowther: C'est parfait.

M. Gaylen Duncan: Je vous remercie.

La présidente: Merci, monsieur Lowther. Monsieur Bellemare.

M. Eugène Bellemare (Carleton—Gloucester, Lib.): J'ai neuf petites questions auxquelles il suffira peut-être de répondre par oui ou par non.

On nous dit actuellement que des satellites pourraient tomber en panne, et bien sûr diverses entreprises comme celles qui s'occupent du matériel de navigation pourraient être touchées. Il est clair qu'on ne peut pas envoyer un plombier là-haut pour réparer; c'est impossible. Pensez-vous que ce soit ce qui va se produire?

M. Gaylen Duncan: Le secteur de l'économie qui m'inquiète le plus, c'est celui des transports aériens internationaux, non pas parce que je ne crois pas que les compagnies aériennes canadiennes ne seront pas prêtes à temps, non pas parce que je crois que NAV CANADA aura un problème, mais parce que j'estime qu'il y a dans le monde des pays qui font partie du système de navigation aérienne qui n'ont pas la capacité de faire le changement à temps. Je crois que vous allez voir des problèmes en Asie, en Amérique du Sud et en Europe de l'Est. Je crois que les compagnies sont en train d'essayer de concevoir différemment le système de navigation aérienne pour pouvoir surmonter cet obstacle. Mais ce que je ne vous recommanderai pas de faire, c'est de prendre un avion de Toronto ou Ottawa à destination de l'Asie qui va survoler le pôle aux alentours de la nouvelle année.

Je ne me suis pas contenté de répondre par un mot, mais...

M. Eugène Bellemare: Je vous remercie de cette réponse.

J'ai répondu aujourd'hui à cette question à l'intention de la presse. On m'a demandé si je prendrais l'avion le 1er janvier et j'ai dit non, je ne vais ni au Sud ni au Nord, je reste chez moi avec une génératrice et beaucoup d'argent liquide.

M. Gaylen Duncan: L'un de mes employés qui vient des Bahamas dit qu'il a l'intention d'y aller un mois avant la Saint-Sylvestre. Il va rester sur la plage avec un filet et un hameçon, car, dit-il, il y a deux choses dont il est sûr, c'est que le soleil va se lever et qu'on peut toujours attraper un poisson.

M. Eugène Bellemare: Ce que je crains le plus personnellement, ce sont les problèmes d'électricité car cela aurait un effet de domino et cela toucherait tous les aspects de tous les services possibles et imaginables, qu'il s'agisse des hôpitaux, des trains, des banques, de la fermeture ou du blocage des portes, et j'en passe. Ai-je raison de m'inquiéter de cela pour ne pas dire d'en avoir peur?

Mme Carol Stephenson: Je signalerais simplement que les services publics étaient représentés au sein du groupe de travail de l'an 2000 du gouvernement fédéral et qu'ils travaillent à cette question depuis de nombreuses années. Je dois dire qu'avec les banques, les services de télécommunications et les compagnies d'électricité, ils ont été parmi les premiers à penser à ce qu'il fallait faire pour régler ce problème.

• 1550

D'après les indications que l'on a du secteur des services publics, ils sont à peu près dans la même situation que les télécommunications, et à l'heure actuelle, on en est à l'étape des tests. Nous prévoyons d'en avoir probablement terminé avec les tests à l'automne de 1998 afin d'être prêts et d'avoir fait les tests bien à l'avance pour l'an 2000. Ce serait bien sûr inquiétant s'ils commençaient seulement à y penser cette année ou à faire des plans cette année, mais ce n'est pas le cas pour les services publics.

M. Eugène Bellemare: Étant donné que nous avons un réseau en Ontario, au Québec, dans les Maritimes et dans les États du Nord, s'il y avait un problème et qu'il faille réparer l'ensemble du système, ce n'est pas comme la tempête de cet hiver où Hamilton est allé aider Hawkesbury, le Vermont est allé aider le sud du Québec, etc. Tout le monde enverrait des ambulances chez soi, pour ainsi dire.

Mme Carol Stephenson: J'habitais à Manotick à ce moment-là, je comprends donc votre inquiétude. Et bien franchement, c'est la même chose pour les télécommunications.

Gaylen a dit que l'un de nos plus gros problèmes était celui des tests à l'échelle internationale qu'il nous faut faire à l'avance avec les autres pays du monde. Nous savons qu'il y aura une tonalité dans tout le Canada parce que l'alliance Stentor est en train de faire des tests maintenant. Nous faisons des tests d'interconnexion avec nos concurrents, nous sommes donc sûrs parce que nous sommes en liaison dans l'ensemble du Canada, que tout va aller bien.

Là où le problème est plus difficile, c'est avec tous les tests qu'il faut faire à l'échelle internationale; on voudra pouvoir appeler le Royaume-Uni ou l'Asie. Cela sera sans doute plus difficile que la partie qui concerne notre pays. Je crois que les compagnies d'électricité vont avoir des défis semblables avec leurs réseaux, mais elles font ce que nous faisons: elles travaillent ensemble. Nous avons aussi une alliance avec les États-Unis pour nous assurer que les tests portent sur toute l'Amérique du Nord.

M. Eugène Bellemare: J'imagine qu'on travaille comme il se doit et de façon efficace à tous les systèmes. Pour les systèmes intégrés cependant, on étudie peut-être la question, mais parce qu'il y a l'interface avec tout, avec tout le monde, partout, la possibilité d'une véritable panne existe sans doute.

Ce matin, les gens de l'Ottawa Hydro m'ont dit qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter pour leurs camions, par exemple, parce qu'ils n'avaient pas de circuits intégrés dedans. Des représentants de l'industrie automobile nous ont dit que certains véhicules ont—et j'espère ne pas me tromper—jusqu'à 700 puces différentes. Je n'arrive pas à croire qu'un camion de l'Hydro, avec tous les «cherry-pickers» et le reste du matériel qu'il contient, n'en a pas. Ce sont des éléments extraordinaires qu'ils doivent avoir.

Qu'en pensez-vous?

Mme Carol Stephenson: Dans notre secteur, nous avons en quelque sorte procédé de façon sélective. Il y a des services absolument essentiels qui doivent fonctionner parfaitement et il faut s'assurer qu'ils ont la tonalité, par exemple, ou, dans le cas de l'Hydro, s'assurer que vous aurez de l'électricité. Si on continue sur cette lancée sélective, il y a d'autres éléments du système qui sont moins essentiels à ce moment-là. Vous aurez la tonalité, mais c'est moins important que—je prends un exemple tout à fait au hasard—le fait que votre afficheur sur le téléphone fonctionne à 0 h 01. Ça devient moins important lorsqu'on fait des essais.

Lorsqu'on parle d'un secteur concurrentiel qui est exactement dans la même situation que l'Hydro, ma réaction pour les services publics c'est que c'est de cette façon que nous les considérons. Nous essayons de voir quels sont tous les services essentiels. Pour ce qui est des priorités, on essaie de voir à quel moment il faut tester telle ou telle chose, comment on l'intègre dans le monde entier en fait, et ensuite comment on la teste.

Nous nous assurons notamment que les services essentiels fonctionneront en étant prêts assez tôt. En étant prêts assez tôt, vous avez alors le temps de faire des tests. Vous aurez du temps si certains éléments ne fonctionnent pas comme vous pensiez qu'ils allaient fonctionner, même si vos plans étaient excellents.

• 1555

Pour finir, il est justifié d'avoir des inquiétudes, mais je crois qu'étant donné le caractère essentiel de ces secteurs, ils s'en sont inquiétés il y a longtemps et ils sont très avancés pour ce qui est de faire des tests et d'établir des priorités pour les mesures à prendre.

La présidente: Une dernière question, monsieur Bellemare.

M. Eugène Bellemare: Comment vérifiez cela? «Je suis heureuse. Je suis douée. Je suis intelligente. Je fais ce qu'il faut. C'est moi l'ingénieure; regardez mon anneau. Soyez heureux, monsieur Bellemare, dormez tranquille!»

Mme Carol Stephenson: Ce n'est pas ce que je dirais.

Vous vérifiez en procédant à des tests. Par exemple, la semaine dernière, nous avons testé tous les gros commutateurs du Canada qui transmettent les appels téléphoniques dans le pays. Le premier test, qui a été réalisé il y a plusieurs mois, a été fait en laboratoire. Nous avons ensuite fait un test sur nos systèmes. Nous avons donc fait de véritables appels téléphoniques.

Vous pouvez avoir une garantie, comme Gaylen l'a indiqué—c'est la plus grosse partie du projet—en procédant à des tests. Il faut vérifier que les choses fonctionnent lorsqu'on transmet des appels réels pour être sûrs d'être prêts avant le jour J et d'avoir le temps de faire ce qu'il faut.

Ce que je dirais par ailleurs, en ce qui concerne le secteur privé, c'est que nous insistons beaucoup sur ce projet dans nos entreprises. On en discute à tous les conseils d'administration. Nous discutons avec nos administrateurs de notre état de préparation et nous montrons les progrès qui ont été réalisés. De très nombreux projets que nous aimerions faire sont reportés parce que cela est prioritaire. Tout le monde dans notre industrie sait que c'est le travail à faire d'abord. La plus grande priorité.

Il y a aussi énormément de mesures de vérifications qui sont faites dans les entreprises. Nous avons des vérificateurs externes qui viennent pour étudier nos plans. Nous agissons avec diligence pour nous assurer que nos administrateurs ne seront pas tenus responsables de quelque chose que nous n'avons pas fait pour régler ce problème.

La présidente: Merci.

M. Gaylen Duncan: Ne vous contentez pas d'écouter la réponse de la personne à qui vous avez posé la question. Les recommandations de notre rapport veulent que les vérificateurs, lorsqu'ils font des vérifications, rendent des comptes au conseil d'administration sur la qualité du programme, sur le plan et sur les progrès réalisés, et que la direction devrait s'en porter garante auprès des commissions des valeurs mobilières.

Il y a donc tout un ensemble d'outils externes, juridiques très lourds qui entrent en jeu. Ce que nous disons, c'est que cela semble suffisant pour l'instant. Mais l'un de mes collègues américains qui discutait de la réaction de divers ministères américains, a indiqué que l'on n'avait pas été suffisamment francs dans le passé. C'est pour cela que le GAO intervient à titre indépendant aux États-Unis.

Nous avons fait la même chose au gouvernement fédéral. Une équipe d'intervention indépendante provenant du Conseil du Trésor est allée dans tous les ministères pour vérifier que ce que l'on disait était bien la vérité.

La présidente: Merci. Merci, monsieur Bellemare.

[Français]

Monsieur Dubé, s'il vous plaît.

M. Antoine Dubé (Lévis, BQ): Vous avez dit un peu plus tôt, monsieur Duncan, qu'à votre connaissance, des poursuites avaient été intentées contre trois grosses entreprises de logiciels américaines. Pourriez-vous nous dire s'il y a eu de tels cas parmi les sociétés qui sont membres de votre association?

[Traduction]

M. Gaylen Duncan: À ma connaissance, nous suivons les choses et aucune poursuite n'a été intentée ou n'est en instance au Canada.

Pour ce qui est des procès américains, il y en a quatre. L'un a été réglé très rapidement. Je crois que c'était dans un magasin de Détroit, où chaque fois qu'on utilisait une carte de crédit dont la date d'expiration dépassait l'an 2000, cela détraquait tout le système des caisses enregistreuses. Il leur a fallu faire venir des experts pour réamorcer le système, et cela était bien sûr très dérangeant. Le propriétaire du magasin a intenté un procès et cette affaire a été réglée. Nous pensons que les programmes ont été réparés.

Les trois procès en instance sont des recours collectifs. Ils n'ont pas encore été approuvés comme recours collectifs. La première épreuve consiste à savoir si le tribunal acceptera d'admettre qu'il y a toute une catégorie de personnes qui ont subi des préjudices. Toutes ces personnes revendiquent la même chose et les poursuites ont été intentées par le même cabinet d'avocats, qui se présente comme un cabinet spécialisé dans les poursuites relatives à l'an 2000.

Il s'agit de poursuites contre des fabricants de logiciels qui ont annoncé que la prochaine version de leur logiciel, la prochaine sortie, réglera le problème de l'an 2000. Cette version va aussi apporter d'autres améliorations, il faut donc payer pour l'obtenir.

• 1600

Ceux qui intentent le procès prétendent que régler le problème de l'an 2000 devrait être compris, devrait être gratuit car le produit ne fait plus ce qu'il est censé faire et il faudrait donc séparer l'élément qui règle le problème de l'an 2000 des autres éléments qui améliorent d'autres fonctions. J'estime quant à moi que cette revendication est sans doute légitime et que les trois entreprises ont regroupé des choses à dessein; elles essaient de gagner de l'argent en profitant d'une situation, ce qu'elles n'auraient pas dû essayer de faire. Je pense que les demandeurs vont sans doute avoir gain de cause.

[Français]

M. Antoine Dubé: Maintenant, selon vous, y a-t-il encore des entreprises au Canada qui vendent du matériel informatique, logiciels ou autres, qui n'est pas adapté à l'an 2000?

[Traduction]

M. Gaylen Duncan: Oui, je crois qu'il y a des progiciels et des produits qui sont encore vendus, mais j'estime que dans la grande majorité des cas, ils vont être adaptés à temps. S'il y a un problème, ce ne sera pas avec les progiciels, mais avec les logiciels mis au point spécialement qui ont été vendus il y a quelques années et dont le vendeur a fait faillite. C'est sans doute l'un des secteurs où il y a le plus de risques. Je ne crois pas que ce soit un très gros problème parce que ces entreprises ne sont jamais devenues de très gros fournisseurs. Mais c'est un problème.

[Français]

M. Antoine Dubé: Oui, mais si cela existe encore... Il peut se vendre du matériel usagé entre entreprises, celles-ci n'étant pas nécessairement membres de votre association. Permettez-moi de faire une analogie avec le problème du sang contaminé. Si on était au moins certains que ce qui se vend et se distribue actuellement était satisfaisant, on pourrait être rassurés. Par contre, si le processus se poursuit, le problème s'aggrave.

Est-ce que, d'après vous, le gouvernement, fédéral en l'occurrence, devrait établir une réglementation prévoyant des pénalités pour de telles infractions?

[Traduction]

M. Gaylen Duncan: Il y a des pénalités en droit civil, mais non, je ne crois pas que vendre des produits qui ne sont pas prêts pour l'an 2000 constitue un crime

Le genre de produit pour lequel ce serait le cas serait—je ne veux pas m'en prendre à un vendeur en particulier—celui d'une personne qui vend un progiciel donné à l'échelle mondiale et qui comprend qu'elle a des millions d'installations qu'il faut réparer et qu'il faut que ça marche dès le début. Elle ne peut pas se permettre de faire une erreur. Je n'ai encore pas entendu parler d'un gros vendeur de progiciels qui se vante d'être prêt pour l'an 2000.

[Français]

M. Antoine Dubé: On me fournit ici un article daté le samedi 18 avril dans lequel on trouve une liste des logiciels qui risquent de provoquer des problèmes et qui sont encore en circulation. Même Windows 95 pourrait être affecté. Cela veut donc dire que, si ces problèmes existent chez une grande compagnie comme celle-là, ils peuvent aussi exister chez beaucoup d'autres petites entreprises.

Que faudrait-il faire pour éviter cela? Si ce n'est pas en punissant par la loi, qu'est-ce que le gouvernement devrait faire d'autre dans ces cas-là?

[Traduction]

M. Gaylen Duncan: Pour l'instant, je recommanderais de ne pas intervenir dans le domaine économique.

Puisque vous avez cité l'article, je ne crois pas que Windows 95 soit déjà prêt, mais je peux vous garantir que Microsoft fait des tests actuellement pour s'assurer de l'être, car sa clientèle se regrouperait pour lui intenter un procès collectif unique qui représenterait des milliards. C'est ce que je veux dire lorsque je dis qu'il y a certains produits qui ont été vendus à l'échelle mondiale et pour lesquels on est encore en train de mettre au point les solutions.

Mais je ne doute pas que les compagnies qu'ils représentent, parce que ce sont des acteurs importants du secteur, fassent le nécessaire à temps. Le problème sera réglé à temps. Il y a un exemple, l'antivirus Norton qui est sorti récemment est adapté à l'an 2000. Nous savions que cela allait arriver. Nous savions que tant que tous les tests n'avaient pas été faits sur tous les divers types de machines sur lesquelles l'antivirus Norton passe, ils n'allaient pas le proposer. Il est maintenant sorti. Je m'attends à ce qu'une correction pour Windows 95 sorte également. C'est une question qui inquiète les usagers et je crois que les vendeurs se mettent actuellement en position pour bien se placer sur le marché en disant que tous leurs produits ont été convertis. Par contre nous ne savons pas ce qu'il en est pour les petits créateurs locaux.

• 1605

La présidente: Merci.

Merci, monsieur Duncan et monsieur Dubé.

Monsieur Lastewka.

M. Walt Lastewka (St. Catharines, Lib.): Merci, madame la présidente.

J'ai vraiment bien aimé votre exposé de cet après-midi car il est très important pour notre stratégie globale. J'aimerais aller un peu plus loin en ce qui concerne les logiciels et les articles que l'on continue à vendre et qui ne sont pas adaptés à l'an 2000. Parmi vos membres, y en a-t-il qui en vendent?

M. Gaylen Duncan: Microsoft est membre de l'ACTI.

M. Walt Lastewka: D'accord, mais vous dites...

M. Gaylen Duncan: Microsoft vend encore des produits qui n'ont pas été convertis, mais il a annoncé que tous ses produits allaient être convertis.

M. Walt Lastewka: Lorsque des gens vendent des logiciels—surtout ces 18 derniers mois—y a-t-il un code dans l'organisation qui permet de vérifier que le client, qui n'est peut-être pas au courant, sait que le produit n'est pas adapté à l'an 2000?

M. Gaylen Duncan: Quelque chose comme un code d'éthique?

M. Walt Lastewka: Oui.

M. Gaylen Duncan: Non, nous n'en avons pas. Plusieurs de nos membres ont annoncé des politiques concernant le moment où leur produit va être adapté. On est très sensible à la possibilité d'être poursuivi pour notre responsabilité juridique. L'un des meilleurs programmes que l'on ait proposés au cours de l'année écoulée concernait la responsabilité personnelle du PDG d'une compagnie de technologie de l'information pour les questions liées à l'an 2000. Je dois vous dire qu'un grand nombre de nos membres sont venus parce qu'ils comprennent parfaitement que ce qu'ils disent aux clients doit être honnête et franc.

Vous allez également voir un changement de terminologie. On n'entend plus parler de produit «adapté à l'an 2000». On entend parler de produit «prêt pour l'an 2000». C'est un petit changement subtil indiquant que le produit en question est prêt, mais que le système avec lequel vous le mettez en liaison ou sur lequel vous le chargez ne l'est peut-être pas. On ne peut donc pas aller jusqu'à dire qu'on est adapté à l'an 2000. Si tout le reste du système en liaison est prêt pour l'an 2000, alors vous êtes prêt pour l'an 2000.

M. Walt Lastewka: Vous avez dit qu'on avait effectivement des problèmes mais que le ciel n'allait pas nous tomber sur la tête. Nous avons aussi décidé de sonner l'alarme haut et clair sans provoquer de panique. Nous ne savons trop comment le faire, mais il est de plus en plus évident que les gens attendent le dernier moment. Ils oublient que 50 p. 100 de l'argent et du temps seront nécessaires pour les tests. Bon nombre de nos témoins de la matinée nous ont en fait dit qu'ils attendaient jusqu'à décembre 1999.

Comment sonnez-vous l'alarme sans provoquer une trop grande panique, tout en acceptant votre remarque selon laquelle nous avons un problème mais que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête? Vous commencez à nous dire qu'en mai, nous allons sonner l'alarme si nous ne sommes pas prêts.

Je ne veux pas être alarmiste, mais peut-être que pour certaines des personnes que vous avez mentionnées plus tôt...

M. Gaylen Duncan: Permettez-moi de répéter ce que j'ai dit sur la journée où Jean Monty a publié le rapport du groupe de travail. J'ai dit l'orchestre joue, on a heurté l'iceberg, et il n'y a pas suffisamment de canots de sauvetage pour tous les passagers. La fin est inévitable si on ne commence pas à agir tout de suite. Si on le fait, on aura le temps. Cette fois-ci il y a des bateaux dans les environs. C'est ce que je crois sérieusement.

Ce que je dis dans mes déclarations, c'est que le Conference Board du Canada nous confirme que l'on est en train de prendre des mesures, beaucoup plus qu'en octobre dernier. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante confirme que les chiffres changent. Statistique Canada va nous dire de façon plus précise quelle est l'ampleur de ce changement. L'association qui est notre homologue aux États-Unis, et qui est généralement considérée comme moins prête que le Canada, indique qu'il y a de gros changements au niveau des activités. Tous ces renseignements épisodiques montrent que l'on réagit au rapport Monty et à la campagne des médias, et que les choses vont être différentes en mai. C'est pourquoi je dis que je n'ai absolument pas un seul indicateur qui puisse montrer que cette tendance n'existe pas actuellement sur le marché.

• 1610

Alors, oui, sonnez l'alarme, continuez les audiences, travaillez avec nous, avec les médias, qui disent: c'est du réchauffé, on en a marre. Ce qu'il faut répondre, c'est qu'on ne peut pas en avoir marre tant que tout n'est pas réglé.

M. Walt Lastewka: Quant à votre association, y a-t-il des secteurs de l'économie canadienne qui ne bougent pas assez vite et que vous aimeriez mettre en lumière?

M. Gaylen Duncan: Oui, et là encore cela a été mis en lumière dans le rapport Monty, dans le rapport de Statistique Canada. Le secteur des ressources primaires a été le plus lent à démarrer, et nous utilisons certainement un certain nombre de mécanismes par l'intermédiaire de nos membres. Les entreprises de ce secteur sont leurs clients, ils vont les trouver pour leur expliquer que ce n'est pas juste un problème de logiciel. Que cela n'est qu'une partie du problème.

Il est tout à fait vraisemblable que le matériel dans les mines comporte des puces qui pourraient avoir des problèmes à cause de la date. Il faut donc leur faire comprendre que ce ne sont pas les gens de la technologie de l'information qui doivent faire l'évaluation, qu'elle doit être faite par les entrepreneurs.

M. Walt Lastewka: Que dire des ressources et des matériels pour procéder aux mises au point? On ne cesse de nous dire que les ressources sont très limitées, qu'il y a un nombre x d'emplois—54 000 ou 56 000—qui sont à pourvoir dans le secteur de l'informatique à cause des projets en cours, et qu'il y a en plus le problème particulier de l'an 2000. Qu'en est-il pour les ressources et les matériaux?

M. Gaylen Duncan: Je ne crois pas que nous ayons un problème pour les matériels. La seule inquiétude que je puisse manifester est la vitesse, surtout pour les institutions de type gouvernemental. Il s'agit de la rapidité avec laquelle ils peuvent procéder à des marchés publics pour ces projets, si la solution consiste à remplacer le matériel.

Je sais que le Conseil du Trésor et Travaux publics sont très actifs pour faire en sorte que des solutions soient rapidement disponibles.

Du côté des services, ils ont déjà... Et cela figure dans une demande de propositions qui a été faite il y a très peu de temps. Sept entreprises ont été retenues et ont engagé 100 millions de dollars chacune pour des services qui devront être tirer de ce que l'on appelle une offre permanente principale à l'échelle nationale. Le gouvernement américain envisage de faire la même chose. Il a été très surpris de voir cela.

Pour ce qui est de savoir si les ressources existent sur le marché, je ne crois pas qu'un seul de nos membres ne soit pas en train de recruter actuellement. Les salaires bougent. Cela avait été prévu. Ils se situent à peu près là où nous pensions qu'ils allaient être. Nous avons maintenant un marché nord-américain concurrentiel pour la main-d'oeuvre et pas uniquement un marché canadien. Je ne sais trop ce qui va se passer au cours des 12 prochains mois dans ce secteur, mais il y aura certainement une pénurie de personnel et les salaires offerts seront très élevés au fur et à mesure qu'on approchera de l'an 2000.

La présidente: Merci, MM. Lastewka et Duncan.

Monsieur Schmidt, je vous prie.

M. Werner Schmidt (Kelowna, Réf.): Merci, madame la présidente.

Merci beaucoup d'être venu cet après-midi. Nous avons beaucoup appris.

Je reste là à vous écouter et plus je vous écoute, plus je suis convaincu que votre message est contradictoire, très contradictoire même.

Cela m'inquiète beaucoup. Cela veut dire que ceux qui vous écoutent et qui écoutent d'autres personnes comme vous, qui êtes censés être les gourous, ceux qui connaissent la question... Comment peuvent-ils maintenant décider de la façon dont ils vont réorganiser leur entreprise pour pouvoir donner un message clair—un seul message—indiquant que l'on est prêt pour l'an 2000?

Je vois un problème dans la mesure où tout le monde va aller exiger des services et du matériel en s'adressant exactement aux mêmes sources que celles qui existent maintenant. La vague grossit, et de façon exponentielle. Mais les ressources n'augmentent pas de façon exponentielle.

Comment pouvez-vous donc dire que régler le problème, c'est faisable?

M. Gaylen Duncan: Il y a plusieurs choses dans ce que vous venez de dire. Je vais commencer par la première.

Pour vous, je donne un message double—absolument. Tout semble être sur la bonne voie. Nous respectons les délais. Les chiffres évoluent dans la bonne direction, à la vitesse voulue. Nous admettons que nous n'en serons jamais au point de pouvoir dire que tout le monde au Canada, la totalité de l'économie canadienne, est prêt pour l'an 2000. Si certains veulent faire une déclaration de ce genre, je serais très heureux de leur demander de la mettre par écrit, de la graver sur leur tombe, parce qu'ils seront la risée du monde entier.

• 1615

Tout ce que je dis, c'est que dès qu'on verra un changement pour le respect des délais, dès qu'on verra que le rythme de passage de la sensibilisation à l'action diminue, il nous faudra faire plus que ce que nous faisons maintenant.

Mais rien ne l'indique. Et nous avons des tests importants qui arrivent... beaucoup plus importants que les petits sondages que nous avons réalisés depuis octobre dernier. Nous avons une enquête très complète de StatCan qui arrive.

Le message que je transmets aux entreprises est très clair. Si vous n'agissez pas maintenant en ayant un plan d'activités, une évaluation, en suivant les étapes prévues dans le rapport Monty, si vous êtes une petite entreprise, ou en suivant les étapes prévues sur notre page du Web si vous êtes une grosse compagnie, si vous ne faites pas cela maintenant, cessez vos activités immédiatement tandis que vous pouvez encore le faire de façon ordonnée. Si des témoins disent qu'ils attendent décembre 1999, j'aimerais avoir la liste de ces gens-là.

C'est ce que nous avons proposé pour les bourses où les compagnies sont cotées. Si elles figurent sur des listes privées, il faudrait dire aux banques à qui elles prêtent de l'argent. C'est toute la stratégie qui sous-tendait le rapport: en utilisant les institutions et les outils qui existent, y compris l'ACTI qui est en train de dire aux intéressés qu'ils devraient agir maintenant.

Nous disons aux conseils d'administration, demandez à votre équipe de direction, demandez aux vérificateurs de venir, et faites vos propres vérifications. Nous disons aux banques, exigez cela comme condition pour accorder des prêts.

Devraient-elles agir immédiatement et dire que tous ceux qui ne sont pas adaptés à l'an 2000 n'auront pas de prêts? Non. C'est l'un des risques qu'il faut évaluer. S'ils peuvent encore être prêts à temps, c'est une sorte de risque. Si c'était Stentor et que la compagnie n'avait pas encore commencé à agir, je vous dirais d'aller chercher une autre compagnie de téléphone.

Mme Carol Stephenson: Ce qui n'est pas vrai, soit dit en passant.

Des voix: Oh, oh!

M. Werner Schmidt: Je sais. Il y a des exemples remarquables qui prouvent ce que vous dites. Mais je ne suis pas trop inquiet pour ceux qui prennent les mesures voulues. Je m'inquiète pour ceux qui parlent comme s'ils prenaient les mesures voulues sans le faire vraiment.

Même pour les vérifications dont vous parlez et pour lesquelles vous dites qu'elles devraient avoir lieu, elles ne se font pas rapidement. Elles demandent du temps. Il faut beaucoup de temps pour les préparer, au départ, et ensuite il faut supposer que les vérificateurs auront une certaine compétence. On suppose en fait qu'ils identifieront les problèmes et qu'on prendra des mesures, qu'on ne se contentera pas de lancer des paroles en l'air.

Mais il y a de nombreuses étapes entre ces deux opérations. Je m'inquiète particulièrement de ce qui vient des bureaux de la haute direction. Lorsqu'on parle à ceux qui sont à l'échelon en dessous, et ce sont eux qui agissent vraiment, on constate qu'ils transmettent un message lorsqu'ils parlent à leurs collègues et que dans les médias ce message est totalement différent. Ils disent: «Oh oui, nous sommes prêts. Nous avons tel plan, nous avons tel plan d'urgence, voilà ce qui se passe ici». Mais lorsque vous vous adressez à ceux qui conçoivent les programmes et à ceux qui installent le nouveau matériel, ils vous disent: «Nous sommes loin d'être là où il a dit que nous étions.» Comment peut-on rapprocher cela?

Mme Carol Stephenson: D'après mon expérience, c'est vraiment là que les résultats des tests sont très utiles. Comme je l'ai dit lorsque vous m'avez demandé comment vous pouvez vraiment vous assurer que cela fonctionne, il faut avoir un plan général.

Comment peut-on vraiment s'assurer que tout va fonctionner? C'est simplement le bon vieux travail de base qu'on appelle les tests. Lorsqu'on test quelque chose et que ça fonctionne... C'est ce dont nous sommes en train de vous rendre compte, c'est là où nous en sommes avec nos tests, et il y a bien sûr aussi des problèmes. Nous testons certaines choses et elles ne marchent pas. En fait, vous êtes content de l'avoir vu si tôt parce que ça vous laisse le temps de remédier au problème.

Je crois donc que chaque président-directeur général... En fait, nous regardons les résultats des tests plutôt que de prendre en compte un plan qui dit simplement nous allons commencer ici pour finir là. Il faut vraiment entrer dans la salle des machines.

M. Werner Schmidt: Je trouve très intéressant, madame la présidente, que l'on ait maintenant confiance dans les tests. Lorsque l'étude a débuté, nous avons posé la question à de nombreuses reprises. Personne n'était prêt à nous dire qu'il y avait un test qui permettait de montrer qu'il y avait compatibilité. Que s'est-il produit depuis janvier pour que l'on nous dise tout à coup qu'il y a un test qui n'existait pas auparavant?

Mme Carol Stephenson: Non, c'est comme si vous disiez qu'il y avait un test magique pour un système téléphonique qui vous permet de dire immédiatement que tout fonctionne bien. Nous testons élément par élément. Puis nous recommençons lorsque nous mettons les éléments ensemble. Ensuite nous faisons de nouveaux tests entre l'Ontario et Vancouver. C'est une opération très complexe et peut-être que si quelqu'un vous a dit plus tôt qu'il n'était pas possible d'obtenir des résultats des tests, c'est parce qu'en fait il faut d'abord faire le travail de changement avant de pouvoir procéder aux tests.

• 1620

Imaginez un ordinogramme. La première chose qu'il nous a fallu évaluer a été de savoir exactement ce que nous avions dans cet inventaire, voir de quoi il s'agissait, régler le problème, procéder aux tests et ensuite commencer à intégrer tous les tests. Il y a un an et demi à peu près nous n'aurions pas pu faire les tests que nous faisons maintenant. Nous en étions à l'étape de l'inventaire et des mises au point, à l'étape des codes.

Mais je serais d'accord pour dire qu'il n'y a pas un seul test qui vous permet de vérifier immédiatement que tout va bien. Les tests représentent énormément de travail.

M. Werner Schmidt: Je ne crois pas que nous ayons jamais eu l'intention de dire cela.

Mme Carol Stephenson:

[Note de la rédaction: Difficultés techniques]

M. Werner Schmidt: Je vous remercie. Je n'en suis pas sûr.

Par ailleurs vous représentez Stentor, qui est une compagnie de téléphone et vous représentez la technologie de l'information aussi. C'est intéressant. Je suis très heureux que vous soyez ici car à deux occasions, nous avons reçu des gens de Nortel et Bell Téléphone, et à un autre moment nous avons eu le secteur bancaire. Lorsque nous avons demandé à ce dernier si nous pouvions être sûrs que tous les guichets automatiques et autres machines fonctionneraient le 1er janvier, et lorsque nous avons demandé à Bell Téléphone si on pouvait nous garantir que le téléphone allait marcher parfaitement, on nous a répondu que non.

Or les guichets automatiques dépendent du système téléphonique.

Mme Carol Stephenson: Exact.

M. Werner Schmidt: Ce sont donc deux choses contradictoires. Que devons-nous faire maintenant?

Mme Carol Stephenson: Vous posez là une excellente question. Je ne veux pas entrer dans le détail de la technologie, mais notre service datafax, par exemple, contribue au fonctionnement des guichets bancaires et nous en avons des milliers dans tout le Canada.

Nous devons aller trouver les banques pour leur demander: «Quelle plage de temps pouvez-vous nous accorder pour les tests? Serait-il possible de les faire entre 2 heures et 3 heures du matin dimanche?» Elles doivent donc nous accorder cette plage de temps pour que nous puissions faire les tests afin de nous assurer que tout fonctionne.

Vous pouvez imaginer le calendrier que cela représente d'essayer de mettre tout cela au point avec toutes les banques, par exemple. Il y a un an, nous n'en étions pas à ce stade. Je vous aurais répondu, non, nous ne pouvons pas vous le garantir, et les banques vous auraient répondu, non, nous ne pouvons pas vous le garantir.

Je veux dire par là qu'en un an nous avons réalisé des progrès, puisque nous en sommes au point de prévoir avec les banques un calendrier pour les tests afin de pouvoir vérifier que tout cela fonctionne bien ensemble.

Mais je ne veux pas vous faire trop de confidences, cependant, car rappelez-vous que j'avais parlé d'une sélection. Nous savons qu'il y aura une tonalité, faute de quoi nous perdrions tous notre emploi! Mais ce qui est très difficile pour nous, c'est lorsque certains achètent un appareil pour le mettre dans une salle où se trouvent les appareils, au troisième étage d'un immeuble à bureaux. Ils installent dedans un logiciel dont nous n'avons aucune idée. S'ils ne prennent pas contact avec nous, il nous sera vraiment très difficile d'essayer de savoir ce qu'ils ont pu faire pour réaliser les tests.

Donc l'autre chose que le groupe de travail a recommandé, et que les compagnies de téléphone font, c'est d'envoyer des documents d'information à plus de 80 000 entreprises clientes pour leur expliquer le problème. C'est une autre façon de sensibiliser l'entreprise, mais cela a aussi pour but de leur montrer qu'elles doivent travailler avec leurs fournisseurs, qui qu'ils soient. Nous ne représentons qu'un exemple.

Nous essayons donc de contribuer à sensibiliser aussi. Mais je suis sûre qu'il y aura un appareil que quelqu'un aura acheté, ou qui sera relié à notre appareil et qui contiendra quelque chose. Nous ne savons pas que c'est là et cela ne fonctionnera sans doute pas.

La présidente: Merci, madame Stephenson.

Monsieur Murray.

M. Ian Murray (Lanark—Carleton, Lib.): Merci beaucoup. Je n'ai qu'une question.

Incidemment, M. Duncan, même si votre message était double, vous avez vraiment contribué à rendre la situation plus claire. J'ai trouvé vraiment intéressant de vous écouter—tous les deux, Mme Stephenson également.

La question que j'aimerais vous poser concerne le nombre de personnes qui sont venues me trouver dans mon bureau en me proposant des solutions à ce problème. Elles ont l'air de personnes tout à fait crédibles. En fait certaines d'entre elles ont—du moins c'est ce qu'elles disent—travaillé pour des grandes compagnies. La question que je me pose aussitôt mentalement, et que je ne leur pose pas normalement, est: pourquoi n'êtes-vous pas en train de travailler là-dessus en ce moment pour votre ancien employeur. Il y a tant d'entreprises qui cherchent des personnes ayant ces compétences.

De toute façon, ce qu'elles veulent avant tout, c'est signer un gros contrat avec le gouvernement. Il y a déjà plusieurs entreprises extérieures qui travaillent là-dessus pour le gouvernement.

J'aimerais donc vous demander, si nous, ou d'autres, sommes contactés par des personnes qui disent qu'elles ont la solution au problème, devrions-nous les croire? Comment pouvons-nous vérifier leurs qualifications et devraient-elles vraiment être déjà en train de travailler pour quelqu'un si elles viennent frapper à ma porte en ce moment précis, à cette heure tardive du jour?

• 1625

M. Gaylen Duncan: Si elles ont le temps de venir frapper à votre porte, elles n'ont pas la solution.

Permettez-moi de vous donner un exemple de l'ampleur de ce problème et du grand nombre de solutions—et je vais le tirer du secteur de l'informatique. Je vais aller le chercher dans un domaine que certains d'entre nous connaissent et qui vous est peut-être familier à tous.

Certains d'entre vous ont-ils acheté une pierre tombale pour un parent? Ont-ils fait graver le nom, la date de naissance et les chiffres 19 suivis de deux espaces pour le conjoint vivant? Imaginez que vous allez devoir acheter une nouvelle pierre tombale ou il faudra que quelqu'un enlève le 1 et le 9 qui ont été gravés sur la tombe pour mettre à la place 2 et 0, sinon il vous faudra demander au conjoint vivant d'avoir l'amabilité de mourir avant le 31 décembre 1999.

Cela vous montre combien la chose est répandue. Personne n'a encore pu trouver tous les endroits où le problème 1900-2000 va se poser. Il y aura des pannes, mais elles ne seront pas aussi catastrophiques que ce dont on parlait il y a deux ans. Nous disons aussi qu'il y aura un petit accroc dans l'économie, mais que ce ne sera pas une récession.

M. Ian Murray: Peut-on dire que pour vos membres les choses sont plus faciles parce que vous représentez des compagnies de haute technologie qui peuvent traiter ces problèmes beaucoup plus facilement qu'une compagnie minière ou une raffinerie de pétrole par exemple?

M. Gaylen Duncan: Monsieur Murray, c'est exactement le contraire. Tous les autres secteurs de l'économie sont en train de se tourner vers nos membres pour leur demander de trouver des solutions.

Nous avons un système de responsabilité qui fait que nous devons intervenir dans toute l'économie. Ce n'est pas Bell ou Stentor qui va devoir résoudre les problèmes de réseau pour Stentor uniquement. Si le petit réseau à l'intérieur d'un bureau, qui a peut-être été acheté à une petite compagnie privée, ne marche pas bien, qui vont-ils appeler? Ils vont bien évidemment se tourner vers les gros fournisseurs des services de télécommunications.

Tous nos membres s'attendent à devoir faire plus que servir leur clientèle et ils veulent être sûrs de pouvoir travailler avec ce qu'ils appellent la communauté des usagers, ce qui, en langage économique, représente tous les autres secteurs des économies canadienne et mondiale.

Non, nos membres sont les plus exposés et non les moins exposés.

M. Ian Murray: Très bien, merci beaucoup.

La présidente: Nous vous remercions d'être venus aujourd'hui, M. Duncan et Mme Stephenson. Nous vous sommes reconnaissants des déclarations que vous avez faites et de votre participation au débat.

Le secteur automobile doit comparaître devant nous jeudi, aussi allons-nous pouvoir voir si vos tests fonctionnent ou si ce que vous nous dites, c'est vraiment là où on en est. Nous savons quelles sont les répercussions économiques d'une seule grève des transports à l'échelle municipale, sans parler des grèves à l'échelle nationale.

Nous verrons s'ils vont nous dire la même chose que vous aujourd'hui, et nous espérons que ce sera le cas.

Merci d'être venus. Nous apprécions ce que fait le groupe de travail. Nous sommes heureux que vous en soyez membre, Mme Stephenson. Nous espérons que la sensibilisation est bien réelle. Nous espérons que les entreprises prennent bonne note et commencent...

Mais nous allons maintenant demander à nos témoins de venir. Merci beaucoup.

M. Gaylen Duncan: Merci de nous avoir donné l'occasion de venir.

La présidente: Nous allons faire une pause de trois minutes en attendant l'arrivée de nos témoins suivants.

• 1629




• 1631

La présidente: Nous allons maintenant reprendre la séance.

Chers collègues, on est en train de distribuer les documents. Vous devriez avoir les notes pour l'allocution de la GRC et un ensemble de documents qui se présentent comme ceci devant vous. Si vous ne les avez pas, on va vous les distribuer.

Nous avons aujourd'hui avec nous, pour continuer la discussion sur la préparation pour l'an 2000, du ministère de la Défense nationale, M. Howard Dickson, chef du service de l'information; de Protection civile Canada, M. Eric Shipley, directeur général; et de la Gendarmerie royale du Canada, M. David Morreau, directeur du Projet de l'an 2000.

Je crois que vous allez tous prendre la parole. Je vous demanderais de limiter vos remarques à cinq minutes car nous nous attendons à ce que la cloche retentisse à 17 h 30. Nous devrons quitter la salle pour plusieurs votes et plusieurs membres du comité ne peuvent pas revenir ensuite. Nous allons donc essayer de terminer avant le début du vote.

Ceci dit, nous allons commencer avec M. Dickson du ministère de la Défense nationale.

M. Howard Dickson (chef du service de l'information, ministère de la Défense nationale): Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du comité de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous.

Voilà 90 jours ou trois mois aujourd'hui exactement que je me suis joint au ministère de la Défense. Avant cette expérience, j'ai passé 30 ans dans le secteur informatique. Mon dernier poste était celui de vice-président principal des opérations de technologie pour la compagnie canadienne National Trust. J'ai fait un peu de consultation avec Ernst & Young. J'ai également travaillé pour de grosses sociétés comme Canadien National et CIBC.

Je crois que c'est parce qu'il souhaitait avoir un point de vue extérieur, de l'industrie, que le ministère de la Défense nationale a cherché un candidat à l'extérieur l'été dernier et j'ai été heureux d'avoir la possibilité de me joindre à ce ministère, comme je l'ai indiqué, en janvier.

À titre d'introduction, je dirais qu'il est clair que dans toute l'industrie on s'inquiète beaucoup de l'an 2000. Dans le secteur des services financiers, on m'a brutalement rappelé la question lorsqu'il n'était pas possible de faire des certificats de placement garanti de cinq ans en 1992. Nous avons donc été contraints de nous occuper de cela dès cette époque.

Lorsque j'ai rejoint le MDN, j'ai constaté que c'était en 1995 qu'ils avaient commencé à étudier la question de la date fatidique de l'an 2000. Beaucoup de choses se passaient au MDN en 1994-1995, et il semble que ce n'est vraiment que vers le milieu de l'année dernière qu'on s'est officiellement occupé de la question.

Un programme d'adaptation à l'an 2000 a été annoncé par le sous-ministre l'été dernier. Plus récemment, un programme opérationnel des recettes a été mis au point. Nous avons aussi plusieurs autres questions extérieures que nous devons régler.

Je vais vous mettre au courant de notre situation. Mon collègue de Protection civile Canada va ensuite ajouter quelques remarques.

Comme je l'ai indiqué, les activités ont officiellement commencé à la suite d'une directive de gestion du sous-chef d'État-major de la défense en août dernier. Cela a donné lieu à la création du bureau de la gestion des programmes et c'est ce bureau qui supervise l'ensemble du programme de l'an 2000. Il fournit le cadre technique de l'an 2000, il décide des politiques, il demande des plans, et il prévoit des calendriers. Il a aussi été le principal agent de l'intérêt porté aux systèmes essentiels à la mission.

• 1635

En décembre 1997, nous avons mis au point un contrat général pour permettre à nos fournisseurs de nous aider. Vous avez sans doute constaté que le Conseil du Trésor a récemment mis en place un programme plus général, et nous avons utilisé ce programme depuis décembre. Nous avons quelque 13 fournisseurs et un contrat de quatre ans dont le plafond est de 90 millions de dollars. À l'heure actuelle, nous dépensons environ 3 millions de dollars par mois.

Comme beaucoup de nos collègues de l'industrie, lorsque nous avons mis ce programme en place, après avoir commencé avec ce qui était évident et après avoir lancé de nombreuses activités, nous n'étions pas sûrs d'avoir tout ce qu'il fallait.

L'une des premières étapes à franchir lorsqu'on est un chef du service de l'information responsable, consiste à s'assurer que tout l'exécutif assume un certain leadership à l'égard du problème. Je ne peux pas prétendre que c'est ce qui s'est passé lorsque je suis arrivé au ministère de la Défense nationale. Les choses étaient déjà bien lancées lorsque je suis arrivé; en effet, le sous-chef d'État-major de la défense avait alors assumé le leadership de façon très active pour le programme opérationnel de préparation.

Nous nous sommes dit, au lieu de travailler par petites étapes en procédant à de nombreuses révisions de nos systèmes, pourquoi ne pas essayer de voir ce qui est essentiel pour le Canada, ce qui est essentiel pour notre objectif principal, et nous assurer que nous pourrons assumer ces responsabilités au cours du passage 1999-2000?

Le lieutenant-général Crabbe, qui est le militaire numéro un lorsqu'il s'agit de mettre au point des missions opérationnelles au nom des Forces canadiennes—et vous ne pouvez pas avoir de personne plus haut placée ni plus indiquée que cela—s'est beaucoup impliqué et a lancé de façon très énergique l'analyse de nos missions opérationnelles. Mon rôle consiste à m'assurer qu'il a le soutien à 110 p. 100 de toutes mes ressources, tout en contribuant aux autres initiatives prises dans toute l'organisation de la défense, surtout dans mon propre secteur, en ce qui concerne l'infrastructure.

Début avril, nous avons mis en place des contrats pour nous assurer que la préparation opérationnelle était clairement définie. Nous nous attendons à ce que les répercussions opérationnelles soient très clairement définies d'ici juin. Nous nous attendons à ce que ces plans donnent lieu à des plans détaillés de transition vers septembre de cette année. Nous nous attendons à valider notre préparation essentielle à la mission d'ici un an.

Nous communiquons avec d'autres groupes. Il y a un groupe de travail interministériel pour l'ensemble du gouvernement auquel participe notre collègue qui est assis derrière moi. Il est notre directeur de programme.

Je devrais vous présenter le colonel Hug qui remplace aujourd'hui le sous-chef de l'État-major de la défense.

Nous participons également au groupe de travail fédéral-provincial de l'an 2000, ainsi qu'au comité de l'an 2000 pour les questions essentielles à la mission de TPSGC, qui étudie la structure des systèmes gouvernementaux. Nous devons aussi nous assurer que nous pouvons fonctionner avec nos alliés de l'OTAN et dans le cadre de l'accord sur les systèmes électroniques combinés de communication auquel nous sommes parties.

Pour vous donner une idée de la situation, lorsque nous avons regardé le nombre de systèmes concernés, nous en avons trouvé au départ 350 environ. Ce chiffre a augmenté au fur et à mesure que nous poussons davantage l'examen. Nous avons actuellement environ 60 tâches en cours. Nous entreprenons de remplacer ces systèmes dans trois secteurs. Ce sont les secteurs des ressources humaines, des finances et de la gestion de l'offre.

Pour les systèmes des ressources humaines et des finances, la mise en oeuvre est en train de se faire actuellement, avec des solutions toutes nouvelles qui sont adaptées à l'an 2000. Le projet de modernisation de la chaîne de l'approvisionnement a déjà été mis à jour pour être adapté à l'an 2000 au cas où le nouveau système ne serait pas prêt à ce moment-là. C'est un très gros projet et nous voulons nous assurer que nous ne dépendrons pas de son fonctionnement pour le système des approvisionnements afin d'être parfaitement fonctionnel tandis que nous entamerons l'an 2000.

Il y a évidemment différentes situations qui sont intégrées et qui concernent des systèmes d'armes importants, et on s'en occupe dans le cadre de divers contrats.

Il est clair que lorsque j'ai regardé le secteur bancaire, j'ai constaté qu'on avait été un peu lent à la tâche. Je crois que nous avons maintenant accordé une grande attention à la question.

• 1640

Ceci dit, nous sommes heureux des progrès réalisés en matière de sensibilisation, mais je ne peux pas vous dire que tout le monde soit sensibilisé. Il nous faut nous y attacher encore davantage, mais nous sommes très optimistes et nous pensons que d'ici fin mai-début juin, les répercussions opérationnelles auront été définies pour les domaines essentiels à la mission.

Nous ne visons pas tellement une couverture à 100 p. 100, nous voulons plutôt couvrir à 100 p. 100 les missions critiques et les programmes essentiels que nous devons assurer dans notre rôle de défense du Canada et de l'Amérique du Nord et de participation à la sécurité internationale. C'est à cela que nous nous attachons actuellement. Comme je l'ai dit, des personnes haut placées assurent le leadership, et j'ai énormément d'aide de la direction du ministère de la Défense, ce qui va nous permettre de mener à bien ces activités.

Voilà toutes les remarques que je voulais faire. Je serai heureux de répondre aux questions.

La présidente: Monsieur Shipley, vouliez-vous ajouter quelque chose? Nous voulons que chacun fasse ses remarques avant de passer aux questions.

M. Eric Shipley (directeur général, Protection civile Canada, ministère de la Défense nationale): Merci, madame la présidente. Permettez-moi de répéter ce qu'a dit mon collègue, en vous remerciant de nous donner l'occasion de comparaître devant le comité.

J'ai demandé à ce que certains documents concernant Protection civile Canada soient distribués aux membres avant la séance, et je pense qu'il est important de comprendre le rôle de Protection civile Canada à l'égard du sujet qui intéresse particulièrement le comité, la situation de l'an 2000.

Protection civile Canada n'a pas de compétences particulières pour ce qui est de régler les problèmes liés à l'an 2000. En ce qui concerne les systèmes internes à notre organisation, nous nous sommes assurés que tous sont adaptés. Nous faisons bien sûr partie du MDN et nous dépendons des systèmes du MDN, comme n'importe quel autre secteur du MDN. M. Dickson vous a indiqué ce que l'on fait pour s'assurer qu'on a la situation en main.

Notre inquiétude cependant, concernant l'aspect plus général de la question de l'an 2000 est en résumé la gestion des conséquences. Ceux d'entre nous qui font partie de la protection civile et des questions de réaction s'inquiètent non pas tant de la cause des situations d'urgence et des catastrophes que de leur gestion et du règlement des problèmes. Évidemment, la prévention est préférable et c'est ce sur quoi l'on insiste au gouvernement fédéral et au sein de notre ministère, en ce qui concerne le problème de l'an 2000. Nous voulons avant tout éviter que des problèmes se posent.

Quelles que soient les causes des situations d'urgence ou des catastrophes, et elles sont nombreuses, les capacités de réagir ont beaucoup en commun. Notre contribution à cette situation consiste en gros à vérifier au fur et à mesure ce que l'on fait pour résoudre les problèmes de l'an 2000. Par la suite, tandis que nous aurons des renseignements sur l'état de préparation où nous nous trouvons et que nous serons dans une meilleure position pour évaluer les risques de l'an 2000 qui pourraient avoir des conséquences graves et qu'il faudrait gérer, nous serons dans une meilleure position pour évaluer ces risques, et établir une comparaison avec les opérations prévues pour faire face aux urgences ou aux catastrophes de toutes sortes, et évaluer si oui ou non des préparations spéciales allant plus loin sont nécessaires et justifiées et de quelle nature elles devraient être.

La présidente: Avez-vous quelque chose à déclarer, monsieur Morreau?

M. David Morreau (directeur, Projet de l'an 2000, Gendarmerie royale du Canada): Oui. Merci beaucoup, madame la présidente.

Je suis très heureux d'être ici cet après-midi pour vous faire part de quelques-unes des expériences que nous avons vécues à la GRC pour ce qui est de nous préparer pour l'an 2000. Permettez-moi de commencer en expliquant mon rôle concernant la conversion à l'an 2000 de la GRC.

Le Commissaire m'a confié en octobre dernier la responsabilité de l'ensemble du projet de l'an 2000 pour la Gendarmerie. J'ai pour mandat d'organiser et de mettre en application un projet visant à rendre les systèmes d'information, le matériel et l'équipement spécial dans l'ensemble de la GRC aptes à fonctionner sans problèmes en l'an 2000 et au-delà.

• 1645

La première priorité est de corriger tous les systèmes essentiels à la mission et d'élaborer des plans d'urgence adéquats, en ayant recours aux politiques indiquées et aux directions qui en sont responsables. Toutes les questions liées à l'an 2000 relèvent de ma responsabilité.

Je remets des comptes rendus mensuels au Commissaire et à l'État-major supérieur sur l'évolution du projet. Je rends également des comptes aux cadres supérieurs de l'ensemble de la Gendarmerie dès qu'une occasion se présente, afin de continuer à sensibiliser et à intéresser au projet.

La GRC a déclaré que le projet de l'an 2000 était sa priorité numéro un. Nous avons annulé, suspendu et retardé un certain nombre de projets de technologie de l'information afin de pouvoir orienter toutes les ressources nécessaires, tant financières qu'humaines, pour ne pas être perturbés par le problème de l'an 2000.

Je dispose de personnel à plein temps au Bureau du projet, qui se consacre à la gestion et à la direction de toutes les activités liées à l'an 2000 à la GRC. Nous disposons d'un personnel à plein temps et à temps partiel dans chaque division et, à la mi-février, j'ai organisé un atelier national de trois jours sur l'an 2000 afin de favoriser la sensibilisation, le consensus et une gestion du projet collective et cohérente qui serait suivie dans tout le pays. L'atelier a remporté un franc succès car il nous a permis d'attirer l'attention sur le projet à l'échelle nationale et de le faire accepter par tous les membres dans tout le pays.

Au début de février, j'ai demandé au personnel du Bureau de l'an 2000 du Secrétariat du Conseil du Trésor de venir à la Gendarmerie pour réévaluer l'état de préparation de la GRC. L'automne dernier, notre taux de préparation était de 9.9 p. 100 alors qu'il était en moyenne de 25 p. 100 dans les autres ministères, ce qui représente un écart important. Dans un intervalle de quatre mois, notre taux est passé à 42,8 p. 100, alors que la moyenne du gouvernement aurait dû être de 45 p. 100, ce qui représente une amélioration importante, pour reprendre les propos de l'équipe d'évaluation du Conseil du Trésor.

Cette hausse n'était pas nécessairement attribuable à la conversion d'un certain nombre de systèmes. Elle était due en grande partie à l'organisation et aux preuves documentaires de tout ce que nous avions fait ainsi qu'à la possibilité de montrer que nous avions le problème de l'an 2000 bien en main.

Il importe de reconnaître que nous ne venons pas juste de prendre conscience du problème de l'an 2000. La GRC a entrepris des travaux en prévision de l'an 2000 avant 1996. De nouveaux systèmes ont été conçus ou achetés avec l'an 2000 à l'esprit. On peut notamment citer le Système d'analyse des liens entre les crimes de violence, ou SALCV, qui est utilisé au cours des enquêtes sur les crimes de violence, le Système automatisé d'analyse des renseignements criminels qu'utilisent la plupart des services de police canadiens et un nouveau système financier utilisant le logiciel SAP.

De plus, les améliorations des fonctions ont incorporé le passage à l'an 2000 pendant les mises à niveau du système et des efforts concertés de réécriture de nombre de nos applications avaient déjà été faits. À titre d'information, nous avons déclaré 16 systèmes essentiels à la mission à l'échelle du gouvernement, dont sept sont déjà adaptés à l'an 2000. Nous avons également établi que 19 systèmes étaient essentiels à la mission de la Gendarmerie, dont sept sont aussi adaptés. En tout, 40 p. 100 de nos systèmes essentiels à la mission sont déjà adaptés.

À l'heure actuelle, nos plans prévoient que la plupart des systèmes qui restent seront convertis et opérationnels avant la fin de l'année civile. Ceux qui ne le seront pas—et ils sont nombreux—devraient l'être au début de 1999.

Le point fort du plan réside dans le partage de la charge de travail entre tous les centres de décision de l'organisation chargés des systèmes. L'informatique joue un rôle important, mais le travail ne se limite pas à elle. Puisque les nombreux spécialistes en la matière ont été mobilisés, les pressions sont mieux réparties entre les multiples secteurs de compétences et la gestion du projet est simplifiée.

Vous serez peut-être intéressé d'apprendre que la GRC joue un rôle actif dans de nombreux comités de l'an 2000, notamment le Groupe de travail interministériel sur l'an 2000, le groupe spécial de gestion des risques, le groupe de travail des dispositions nationales en cas d'urgence qui s'occupe des ordonnances et règlements d'urgence. Ces groupes se penchent notamment sur ce qui doit être fait en cas de problèmes de l'an 2000.

Je fais partie du Groupe de travail du Solliciteur général sur l'an 2000, comité dont la formation a été ordonnée par notre ministre en raison de son intérêt personnel pour les questions liées à l'an 2000 et pour celles qui ont des répercussions sur le Canada en général. Je fais également partie du conseil d'administration du nouveau marché de l'an 2000 de TPSGC.

Tous ces comités réunis nous permettent de faire des expériences avec d'autres ministères, de collaborer à un objectif commun et d'éviter la répétition inutile des efforts.

Il est clairement reconnu et compris qu'en cas de catastrophe, ou même de grande perturbation, le public se tournera vers la police en premier lieu. Compte tenu de ce qui précède, le Conseil du Trésor a parrainé la formation d'un groupe de travail fédéral-provincial de l'an 2000, dont je fais également partie. Ce comité sera le lieu où vont se réunir toutes les organisations du secteur public afin de gérer les ressources nécessaires pour réduire les répercussions que l'an 2000 risque d'avoir. En travaillant ensemble, nous pouvons, nous l'espérons, minimiser les répercussions du passage à l'an 2000 pour tous les Canadiens.

• 1650

Tous les ministères fédéraux assument une part de cette responsabilité, mais les talents et les efforts de la GRC, de l'armée et de Protection civile Canada ont en particulier un rôle important à jouer. Nous participons régulièrement à des opérations conjointes au cours desquelles nous mettons en commun nos ressources et nos installations.

L'hiver dernier, la GRC a été appelée à prêter son concours pendant la tempête de verglas. Cela a donné l'occasion à ses membres de collaborer avec le personnel des services provinciaux et municipaux, et de Protection civile Canada dans des conditions très difficiles mais enrichissantes.

Nous avons déjà entamé des discussions avec le Bureau du projet de l'an 2000 du gouvernement de la Colombie-Britannique, afin de connaître son état de préparation pour l'an 2000 et nous communiquerons avec d'autres fonctionnaires provinciaux au cours des prochains mois. Une fois que nous saurons où en sont les provinces et les municipalités concernant leur état de préparation pour l'an 2000, nous pourrons lancer les plans d'urgence nécessaires pour être sûrs de pouvoir offrir l'aide voulue à l'ensemble des Canadiens.

L'établissement des plans d'urgence commencera à l'automne, lorsque nous aurons une meilleure idée des urgences qui pourraient se présenter. La gestion des risques et les plans d'urgence font partie intégrante de notre méthodologie de gestion du projet et ils seront exécutés longtemps à l'avance.

Nous savons que nous avons la responsabilité à l'égard de tous les Canadiens d'être présents dès qu'on a besoin de nous. En mettant en commun nos connaissances de l'an 2000 avec tous les ministères et les provinces et en travaillant ensemble, nous serons prêts.

J'espère que ce bref aperçu vous a fourni les renseignements que vous vouliez obtenir. Je répondrai avec plaisir aux questions que vous pourriez avoir.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Morreau.

Nous allons donc passer aux questions. Monsieur Schmidt, je vous en prie.

M. Werner Schmidt: Merci, madame la présidente.

Je constate que nous avons le ministère de la Défense nationale, Protection civile et la GRC qui sont trois secteurs liés tout en étant distincts. Nous avons aussi eu le ministère des Transports, le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Industrie dont notre comité est un comité permanent.

Je me demande parfois, avec tous ces ministères qui s'occupent activement de cette question de l'an 2000 et qui ont tous leur propre domaine de compétences, où est la coordination qui nous éviterait la répétition des efforts et qui nous permettrait de canaliser les ressources pour qu'elles soient appliquées efficacement à la résolution du problème au sein des ministères.

La question s'adresse à tous ceux qui voudront bien y répondre.

M. Howard Dickson: J'imagine que Paul Rummell, le chef du service de l'information du Conseil du Trésor, fait un excellent travail de coordination de notre réaction à tous pour l'an 2000. Il nous surveille, il veille à ce que l'on continue à s'occuper du problème, et je crois que cela a été essentiellement son rôle que de sensibiliser à cette question tous les ministères.

Je comprends que l'on puisse s'inquiéter du fait que les mêmes problèmes doivent être résolus dans chaque ministère. Nos opérations sont quelque peu différentes et tandis que nous essayons de placer nos missions opérationnelles en état de fonctionnement pour pouvoir répondre à l'appel du Canada, nous voyons cela sous l'angle des missions militaires pour lesquelles nous avons le mandat d'être prêts. Notre mandat est assez différent de celui de mes collègues des autres ministères.

Nous envisageons le problème en fonction de nos opérations plutôt que de prendre en compte l'ensemble des systèmes communs. Je ne crois pas que nous ayons beaucoup de systèmes en commun, bien que nous profitions tous du nouveau système SAP pour les finances et je crois que bon nombre d'entre nous utilisent aussi un nouveau système pour le personnel. En dehors de cela, je ne suis pas sûr que nous ayons beaucoup de choses en commun.

M. Werner Schmidt: C'est sans doute vrai. Ça m'inquiète un peu. Si c'est le cas... mais c'est une question qu'on devra régler un autre jour, madame la présidente.

M. David Morreau: Permettez-moi d'ajouter quelque chose. Travaux publics et Services gouvernementaux Canada assume un rôle très important dans le groupe de travail de l'an 2000 de Paul Rummell.

Le groupe de travail interministériel a été créé, je crois, il y a plus d'un an. L'un de ses mandats consiste à faire en sorte que nous mettions en commun l'information. Il y a un site commun de TPSGC sur le Web, qui offre aux ministères d'aller voir quels logiciels font l'objet de tests pour que les autres ministères n'aient pas nécessairement à répéter l'opération.

• 1655

Pour ce qui est de la gestion des biens immobiliers, il y a un sous-comité qui s'en occupe car plusieurs vendeurs de logiciels ont constaté que leurs ascenseurs sont faits par Otis—les numéros de certains modèles et l'homologation. Nous pouvons donc mettre en commun cette information. Il y a énormément de travail qui est fait pour éviter le double emploi.

M. Werner Schmidt: J'ai posé la question pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a une remarque que vous avez faite, M. Morreau, dans votre exposé. Vous avez dit que tous les ministères fédéraux assument cette responsabilité. Notamment, les talents et les efforts de la GRC, de l'armée et de Protection civile Canada ont un rôle important à jouer. C'est presque comme si la relation que vous avez avec le public était différente... de ce qu'elle est avec ces autres personnes, comme si vous aviez une responsabilité préliminaire. Ai-je bien interprété?

M. David Morreau: Non. Ce à quoi je faisais allusion, c'était au rôle vu sous l'angle de la planification, pour tout ce qui peut arriver après l'an 2000 et qui exigera peut-être la participation de la police, de Protection civile Canada et de l'armée. Nous allons travailler ensemble. C'est ce que nous faisons traditionnellement. Tous les ministères qui travaillent ensemble essaient de résoudre des problèmes communs dans la mesure du possible, mais comme M. Dickson l'a indiqué, nous sommes différents. Nous avons des rôles et des mandats différents, et notre exécution ne se fait pas de la même façon.

M. Werner Schmidt: Me permettrez-vous d'élargir le débat?

Nous avons reçu avant le déjeuner la Garde côtière. Nous avions aussi reçu auparavant le conseil de l'aviation et des groupes de ce secteur, les représentants des modèles de contrôle du trafic aérien comme NAV CANADA. Certainement les navires que vous gérez au MDN, les avions que vous gérez dans l'aviation et les choses que vous surveillez pour ce qui est des tables d'écoute dans certaines opérations particulières, M. Morreau... il semble qu'il y ait double emploi.

Sûrement ce qui se passe sur vos navires de la marine ont des éléments en commun pour ce qui est de leur position, de la navigation et ne diffèrent pas de ceux qui sont utilisés par la Garde côtière. Il semble qu'il y ait du moins la possibilité de faire certaines choses ensemble plutôt que de le faire chacun indépendamment.

M. David Morreau: Nos responsables de la gestion ont parlé des navires à la Garde côtière pour essayer de voir s'il y avait des points communs entre les systèmes qu'ils utilisent et ce que nous faisons, et la façon dont nous exploitons les nôtres. Il y a donc eu une transmission de l'information.

La présidente: Monsieur Dickson, voulez-vous ajouter quelque chose?

M. Howard Dickson: J'ai indiqué que nous faisions partie de plusieurs comités interministériels. Je crois que nous le faisons en permanence et il me semble donc que l'on s'occupe de cette question. Une fois que nous avons admis qu'il y avait un risque en commun à étudier, une fois qu'il s'agit de vérifier vraiment que nous pouvons fonctionner, il se peut que les points communs soient moins nombreux que nous ne le souhaiterions. Mais lorsqu'il y en a, bien sûr nous faisons tout notre possible pour ne pas répéter inutilement les efforts.

La présidente: Merci, monsieur Schmidt.

Monsieur Bellemare.

[Français]

M. Eugène Bellemare: Madame la présidente, ma question va s'adresser aux trois groupes: la Défense nationale, Protection civile Canada et la Gendarmerie royale du Canada.

[Traduction]

J'imagine que vous avez un calendrier pour votre système qui indique les jalons que vous avez franchis dans votre préparation pour l'an 2000?

M. Howard Dickson: Nous avons un calendrier que vous trouveriez certainement très détaillé. Comme je l'ai dit, nous essayons de savoir précisément quelles seront les répercussions opérationnelles d'ici le mois de juin et nous nous attendons à avoir un plan détaillé d'ici septembre prochain. Pour ce qui est de donner des dates précises pour chaque système, nous n'en sommes pas encore là dans notre planification.

M. Eugène Bellemare: Quand pensez-vous y être?

M. Howard Dickson: Comme je l'ai dit, nous aurons une évaluation des répercussions d'ici le mois de juin. Nous nous attendons à avoir un plan détaillé de notre programme d'adaptation et de préparation opérationnelle d'ici septembre prochain.

M. Eugène Bellemare: Et les deux autres organismes?

[Français]

M. Eric Shipley: En ce qui concerne Protection civile Canada, nous avons vérifié que tous les systèmes qui nous appartiennent et sur lesquels nous avons le contrôle sont, en ce moment, en bon état.

• 1700

Cependant, comme je l'ai déjà mentionné, puisque nous faisons partie du ministère de la Défense nationale, nous dépendons jusqu'à un certain point du système central, qui est de la responsabilité de M. Dickson.

[Traduction]

M. David Morreau: Nous avons des plans très détaillés. Nous rendons compte chaque mois au Conseil du Trésor des progrès, conformément aux exigences dudit Conseil, et pour indiquer à quel pourcentage de réalisation nous sommes pour chaque phase. J'ai des plans de travail détaillés pour chaque application que chaque directeur de projet applique et que mon bureau central supervise.

M. Eugène Bellemare: Avez-vous des systèmes d'homologation dans vos organismes tous les trois?

M. Howard Dickson: Nous avons défini un processus d'homologation. C'est ce processus qu'on suit lorsqu'on met à jour nos systèmes et qu'on dit qu'ils sont adaptés.

M. Eugène Bellemare: Tout cela est-il par écrit?

M. Howard Dickson: Oui.

M. Eugène Bellemare: Si des problèmes se posent, puis-je, au nom du comité, demander les documents qui vont montrer que vous avez effectivement fait le travail et que vous n'êtes pas simplement venu ici nous rassurer par de belles paroles?

M. Howard Dickson: Je crois que nous avons ces documents. Je ne crois pas vous avoir dit particulièrement de belles paroles.

M. Eugène Bellemare: Si.

Pour ce qui est des tests concernant le système de secours, les avez-vous faits?

M. Howard Dickson: Nous n'avons pas complètement terminé les tests du système de secours. Nous avons procédé aux installations voulues pour être prêts à faire les tests pour l'an 2000. Pour l'instant, nous n'avons pas encore testé nos systèmes.

M. Eugène Bellemare: Quelle est la date prévue pour les tests et quel délai avez-vous pour les terminer?

M. Howard Dickson: Bien évidemment, si nous ne connaissons pas toutes les répercussions avant juin et si nous n'allons pas avoir des plans détaillés avant septembre, ce n'est qu'après cela que nous pourrons terminer les tests. Nous visons donc septembre 1999 pour ce qui est d'avoir terminé l'opération.

M. Eugène Bellemare: Ah bon!

M. Howard Dickson: Si vous pensez que ce sont là de belles paroles, ce n'est pas mon avis.

M. Eugène Bellemare: En effet, ce n'est pas très encourageant.

Avez-vous entendu parler de 09-09-99. Savez-vous de quoi je parle?

M. Howard Dickson: Non.

La présidente: Monsieur Dubé.

[Français]

M. Antoine Dubé: J'aimerais profiter de l'occasion—je sais que vous me pardonnerez cette digression—pour féliciter les gens de la Défense nationale de leur intervention lors de la crise du verglas. Il s'agissait d'une situation d'urgence et ce fut une occasion d'apprécier la belle collaboration qui a été offerte à ce moment-là.

Je constate qu'en comparaison avec d'autres ministères ou d'autres groupes, la planification est peut-être... Je ne dis pas que vous êtes les derniers, mais certains groupes sont peut-être plus avancés que vous en termes de planification. Mais vous m'avez rassuré. Vous avez les choses bien en main. Vous avez prévu, dans vos domaines respectifs, les choses à faire.

Cependant, il se peut que vous ayez à intervenir dans des situations d'urgence créées par des systèmes privés. Il ne s'agit de voir si tout cela pourrait arriver en même temps. Parlons tout de même de ces gens qui ont comparu devant nous et qui disaient prévoir de multiples situations d'urgence, non seulement dans certaines régions, comme ce fut le cas lors de la crise du verglas, mais peut-être un peu partout. Par exemple, la distribution d'électricité ou de gaz pourrait être touchée. Les banques semblent bien organisées, mais supposons que des malfaiteurs veuillent profiter du problème de l'an 2000 pour tenter d'effectuer des opérations frauduleuses, informatiques ou autres.

La crise du verglas nous a fourni un exemple de ce que peut causer le manque d'organisation. Il existait au Québec une loi imposant aux municipalités de se doter d'un plan d'urgence, mais force est de constater que, dans bien des cas, elles n'en avaient pas.

Tellement de cas variés peuvent se présenter qu'il est difficile de tout prévoir. Vous avez parlé de réaction. Tenez-vous des réunions portant essentiellement sur les événements qui risquent de se produire en dehors de vos ministères, mais dont vous pourriez avoir à vous occuper parce que vous vous vous occupez tous, d'une certaine façon, de protection civile? Est-ce que vous considérez la réflexion suffisamment avancée ou plutôt en retard?

• 1705

M. Eric Shipley: Peut-être puis-je répondre le premier. Je dirai simplement qu'à Protection civile Canada, nous travaillons de très près avec nos collègues des provinces et des territoires. Par exemple, pendant notre récente réunion fédérale-provinciale, les problèmes de l'an 2000 ont été abordés. Au cours de la discussion, nous avons découvert, en faisant des comparaisons, que ce n'était pas le cas et que, du point de vue de la gestion des risques, les unités de certaines provinces étaient tout aussi conscientes que d'autres.

Alors, nous avons assumé le rôle de coordonnateur de ces opérations, soit par le partage de l'information, soit par l'échange de pratiques améliorées, toujours en prévision de la gestion des risques. C'est notre façon de coopérer activement avec nos partenaires provinciaux et territoriaux.

M. Antoine Dubé: Peut-être vous ai-je mal compris. Avez-vous dit...

M. Eric Shipley: Ce n'était pas le cas de toutes les provinces; la situation pouvait être quelque peu différente dans une province si on la comparait à une autre.

M. Antoine Dubé: Étant donné que nous sommes en réunion de comité, même si c'est un peu délicat, pourriez-vous nous dire où cela vous semble le moins avancé?

M. Eric Shipley: Non. Ce n'est pas vraiment mon rôle, monsieur.

M. Antoine Dubé: J'espère que ce n'est pas au Québec.

M. Eric Shipley: Vous avez passé certaines remarques en ce qui concerne le Québec.

La présidente: Merci.

[Traduction]

Voulez-vous ajouter quelque chose?

Le colonel Greg Hug (conseiller spécial, sous-chef de l'État-major de la défense, ministère de la Défense nationale): Madame la présidente, je représente le général Crabbe à cette réunion. Il est chargé des opérations des Forces canadiennes.

Pour répondre à la question précédente, nous réfléchissons très sérieusement au sujet. L'une de nos plus grosses inquiétudes est que nous nous trouvions dans une situation semblable à celle de la tempête de verglas dans l'est de l'Ontario et le sud-ouest du Québec, mais multipliée et étendue à l'ensemble du pays. Ce serait le pire cas de figure qu'on puisse envisager. Et je reprends les remarques faites plutôt par M. Morreau voulant que la GRC et l'armée, avec Protection civile Canada, travaillent ensemble là-dessus.

L'une des questions que nous traitons en plus de travailler aux problèmes de l'an 2000 au sein de l'armée et de veiller à ce que nos systèmes de commandement et de contrôle des communications ainsi que de tout le matériel fonctionnent à ce moment-là, consiste à essayer d'identifier là où des problèmes pourraient se poser au Canada à l'échelle nationale ou à l'échelle régionale, problèmes qui exigeraient l'aide de l'armée et de Protection civile Canada.

En l'occurrence, notre principal objectif est de veiller à pouvoir remplir les fonctions qu'on nous demande de remplir en temps normal pour aider les autorités civiles. Nous nous attachons donc, au sein de nos services, à faire en sorte que le matériel et nos effectifs soient prêts à réagir. Pour l'instant, nous ne savons pas quelle sera l'ampleur du problème à l'échelle nationale.

Nous allons lancer nos plans d'urgence—et je puis vous assurer que le lieutenant-colonel Crabbe prend très au sérieux les plans d'urgence—vers juin-juillet, une fois que nous comprendrons mieux ce qui pourrait ne pas marcher à l'échelle nationale et pourrait donc exiger une aide militaire ou l'aide de la GRC.

La présidente: Merci.

Monsieur Morreau, voulez-vous aussi ajouter quelque chose?

M. David Morreau: Il est important de comprendre que la GRC offre des services de police à l'échelle provinciale et municipale et votre question portait sur son rôle avec les municipalités.

Dans mes remarques, j'ai indiqué que nous avions commencé à discuter avec la province de la Colombie-Britannique pour voir où ils en sont. Nous avons une équipe très dynamique pour l'an 2000 en Colombie-Britannique, et nous avons l'intention d'impliquer toutes les localités où nous offrons des services de police provinciaux. Si elles n'ont pas pris part à un plan d'urgence, nous avons l'intention de les encourager à le faire car nous ne voulons pas être pris par surprise et avoir des difficultés qui pourraient nous causer des problèmes. Nous allons donc prendre une part active à cette planification et impliquer nos partenaires provinciaux et municipaux pour être sûrs d'être prêts.

• 1710

La présidente: Merci. Merci, monsieur Dubé.

Monsieur Shepherd.

M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): Merci, monsieur Dickson.

Étant donné que j'ai posé cette question à la Garde côtière ce matin peut-être puis-je vous en poser une semblable. Je crois que c'est utile que l'on visualise ce dont on parle. Le NCSM Toronto, était l'un des navires utilisés dans le golfe Persique, si j'ai bonne mémoire. A-t-on maintenant une liste des puces et du matériel déficients qui sont à bord de ce navire?

Un témoin: C'est le colonel Hug qui est expert en la matière.

Col Greg Hug: Le navire possède 67 systèmes différents qui ont été testés ou étudiés à l'heure qu'il est, et nous avons confirmé que 52 d'entre eux sont adaptés à l'an 2000. Il y en a 15 pour lesquels nous n'en sommes pas encore sûrs.

Il y a un autre problème que nous pose le matériel militaire. Pour revenir à une question antérieure concernant la coopération interministérielle, nos systèmes d'armes sont assez uniques et sont propres à notre ministère. Il y a plusieurs systèmes électroniques compliqués dans les navires, dans nos avions de chasse et autres qu'il faut vérifier.

L'un des problèmes que nous avons est que ce matériel est en partie fabriqué dans des pays d'outre-mer ou aux États-Unis, et que souvent nous n'avons pas réussi à obtenir la réponse que nous souhaiterions du fabricant original concernant l'adaptation. Il nous faut donc trouver une méthode pour faire avancer les choses et pour vérifier cette adaptation. Pour l'instant, il nous reste encore 15 systèmes sur les frégates qu'il nous faut tester pour vérifier si elles sont adaptées, mais actuellement les navires peuvent prendre la mer.

M. Alex Shepherd: Donc tous les problèmes d'évaluation de l'adaptation viennent en fait de ce que vos fournisseurs sont à l'étranger?

Col Greg Hug: Je ne pourrais pas vous le dire avec précision. Je sais que 15 systèmes doivent encore être mis au point. L'un des problèmes que nous avons dans les systèmes des armes et des véhicules que nous utilisons vient de ce que certains d'entre eux sont construits à l'extérieur du Canada.

M. Alex Shepherd: Les fabricants de ces matériels existent encore, sont encore disponibles—l'information existe quelque part?

Col Greg Hug: Nous sommes en train de vérifier auprès d'eux, mais c'est un processus long lorsqu'il s'agit de vérifier 1 500 systèmes pour toutes les Forces armées. Je vous disais que pour les navires, environ 80 p. 100 d'entre eux ont été vérifiés et qu'ils sont adaptés. Nous ne sommes pas sûrs des 15 autres p. 100 parce qu'on est encore en train de le vérifier, monsieur. Mais ils pourraient être adaptés.

M. Alex Shepherd: J'imagine qu'il en irait de même pour les chars d'assaut, les véhicules terrestres...

Col Greg Hug: Oui. Nos chars d'assaut ont été construits et achetés en Allemagne, par exemple, il y a donc un aspect allemand à la question. Une partie de notre matériel vient du Royaume-Uni—la plus grande partie de ce qui n'est pas construit au Canada—et il y en a aussi beaucoup qui vient des États-Unis.

M. Alex Shepherd: Encore une fois, les problèmes de l'accès à l'information pour savoir si le matériel est adapté ou non demeurent?

Col Greg Hug: Dans certains cas, nous avons des problèmes; dans d'autres cas, c'est juste une question de temps puisqu'il suffit d'aller vérifier s'il est adapté.

M. Alex Shepherd: Bien. C'est donc dans ces domaines que vous avez des problèmes. Comment allez-vous les résoudre?

Col Greg Hug: Si nous avons des doutes sur le fait qu'un système fonctionne ou non, l'un des plans d'urgence que nous allons concevoir consistera à voir comment nous arriverons à fonctionner sans que cette partie de matériel fonctionne. On a normalement des systèmes redondants, des systèmes de secours. Dans certains cas, on pourra utiliser un système de secours moins sophistiqué, mais les navires continueront à naviguer et les avions à voler et à faire leur travail.

La présidente: Merci. Merci, monsieur Shepherd.

Monsieur Lowther.

M. Eric Lowther: Nous avons pas mal parcouru de chemin, me semble-t-il. Vous représentez messieurs les organisations qui vont sans doute devoir faire face aux répercussions quelles qu'elles soient que l'an 2000 aura. Nous avons entendu des histoires d'horreur au comité, et à côté, la tempête de verglas était une promenade de santé. On nous a peint des tableaux assez noirs. D'autres qui l'étaient un peu moins. On a dramatisé. On est un peu éparpillé sur la question, mais en définitive les Canadiens vont compter sur la GRC et le ministère de la Défense nationale pour maintenir l'ordre. Nous ne savons pas pour l'instant quelle sera l'ampleur du problème ce jour-là.

Nous avons parcouru une partie du chemin, mais je n'ai pas tout à fait compris—vous ne mettez pas de plan au point pour l'instant. Vous attendez juin ou juillet, je crois, et ensuite vous allez vous lancer pour dire maintenant on sait mieux l'importance de la chose et on peut prévoir un plan. Je crois que les choses s'éclaircissent pour tout le monde et que cela va continuer à être le cas jusqu'au dernier jour. Donc, quel que soit le plan que vous allez mettre au point, vous allez continuer à avoir des précisions ou des détails supplémentaires jusqu'au dernier jour.

• 1715

Je ne comprends donc pas pourquoi nous attendons pour commencer à mettre ces plans en place, si c'est bien ce que nous faisons, et ensuite il y a la nécessité d'affiner ce plan avec le temps. Lorsque la question deviendra plus pressante, je crois qu'on demandera aux organisations que vous représentez de rassurer les Canadiens. La population va se demander si la GRC est prête, si le ministère de la Défense est prêt... Que ferons-nous?

Je me suis un petit peu éparpillé, mais je suis un peu gêné d'entendre qu'on ne parle pas vraiment de plan d'urgence, qu'on parle d'attendre jusqu'à ce qu'on sache si c'est un problème de la catégorie 3 ou de la catégorie 9,9 sur une échelle de 1 à 10. On attend et il me semble que ce n'est peut-être pas une bonne idée.

M. Howard Dickson: Le verbe «attendre» est un mot tabou qui ne me plaît pas. Depuis que je me suis joint au ministère en février, j'ai vu une toute nouvelle directive demandant très clairement au sous-chef de l'État-major de la Défense, et par son intermédiaire au commandement opérationnel, d'agir en le chargeant de veiller à ce que nous soyons prêts pour notre mission en l'an 2000.

Deuxièmement, j'ai constaté que le bureau de gestion du programme de l'an 2000 rendait des comptes à des personnes situées à deux échelons en dessous de moi, mais il relève maintenant directement de moi. C'est une question d'actualité brûlante dans notre ministère et nous travaillons comme des fous pour mettre en place des plans, qui auraient dû être là, j'en conviens, mais ce n'est pas le cas. On est en train de les mettre en place, et de nombreuses personnes ont été mandatées pour s'en occuper. Comme je l'ai dit, nous nous attendons à avoir une bonne évaluation vers la fin mai ou le début juin, et nous nous attendons à avoir un plan très détaillé vers la fin de l'été ou au début septembre. Il ne s'agit donc pas d'attendre.

Pendant que tout cela se fait, nous travaillons avec nos vendeurs pour vérifier que nos réseaux sont adaptés. Nous avons plusieurs opérations qui concernent des projets d'infrastructure. Nous remplaçons le système des finances et le système du personnel, donc les choses se passent sur plusieurs fronts. Quant à parler d'attendre—non, je n'attends pas et je ne crois pas que mon personnel attende. Nous faisons beaucoup de progrès pour ce qui est de sensibiliser davantage, mais il ne faut pas oublier que le MDN est l'un des plus gros utilisateurs de technologie de l'information du gouvernement et que cela représente donc un très gros défi. La mise en place de ces plans demandera beaucoup d'effort et de temps, mais attendre, absolument pas. Ce n'est pas ce que nous faisons.

M. Eric Lowther: Vous n'attendez donc pas un rapport de Statistique Canada pour pouvoir mieux quantifier tout cela?

M. Howard Dickson: Absolument pas. Le problème est bien évident. Il faut que les systèmes fonctionnent lorsqu'on passera à l'an 2000.

M. Eric Lowther: Très bien. J'ai dû mal comprendre.

Col Greg Hug: Nous aimerions avoir une idée des répercussions à l'échelle nationale, mais nous n'attendons pas pour mettre à jour nos systèmes dans nos services. Le 31 décembre 1999 ou plus tôt, l'armée, comme exigé, pourra réagir et sera prête à répondre aux demandes d'aide des autorités civiles du pays, mais la planification se fera plus précise au fur et à mesure que nous en saurons davantage sur les genres de problèmes que nous pourrions avoir à régler. S'il s'agit de pannes d'électricité très généralisées, au milieu de l'hiver, c'est une chose. Si c'est une question d'ordre public, et que nous devions prêter main-forte à la GRC, c'est une exigence différente. Quoi qu'il en soit, nous prévoyons d'être prêts pour faire face à tous ces problèmes avec les capacités dont nous disposons actuellement.

Nous avons déployé plus de 15 000 soldats pendant la tempête de verglas. Si cela se passe à une échelle 8 ou 10 fois plus grande dans l'ensemble du pays, nous n'avons pas 150 000 soldats; il faudra donc avoir des plans. Il faudra que quelqu'un décide des priorités, par exemple. Nous voulons être sûrs que nos 60 000 soldats puissent faire le travail.

La présidente: Une dernière question.

M. Eric Lowther: J'en avais en fait encore deux brèves. Mince, il va falloir que je choisisse entre les deux.

Je crois que M. Morreau a dit quelque chose du genre: «dans l'intérêt national, nous allons pouvoir disposer des ressources voulues pour régler le problème.» Puis-je conclure que s'il le faut, si l'on devait appliquer les mesures d'urgence, nous pourrions rapidement déplacer les ressources, qu'il s'agisse de spécialistes, de policiers, ou autres pour que l'on soit en mesure d'agir dans tout le pays? Dois-je comprendre que vous prendriez des experts civils et du gouvernement pour les envoyer là où cela serait nécessaire si nous avions... Est-ce ce genre de choses que l'on envisage actuellement? Cela pourrait-il se vérifier en cas d'application des mesures d'urgence, c'est-à-dire que quelqu'un aurait la responsabilité générale de distribuer les ressources selon les besoins?

• 1720

M. David Morreau: Pensez-vous qu'il y ait d'autres possibilités? La priorité à accorder à la crise et la façon de la gérer, y compris l'escalade qui pourrait se produire au fur et à mesure que la crise se développe, serait sans doute une responsabilité que l'on partagerait tous les trois. Il faut que ces plans soient en place pour que nous soyons sûrs de pouvoir réagir. La GRC est certainement prête à faire en sorte que sa part de la responsabilité soit assumée et que les actions voulues seront entreprises.

La présidente: Merci, monsieur Morreau. Merci, monsieur Lowther.

Monsieur Lastewka, je vous demanderais d'être bref.

M. Walt Lastewka: Merci beaucoup, madame la présidente. Je pense que je vais aider M. Lowther pour ce qui est de la question qu'il allait aborder.

On avait discuté plus tôt d'avoir les trois groupes prêts, sur un pied d'intervention, avant décembre 1999.

L'une des questions que j'ai posées à plusieurs groupes, y compris celui de cet après-midi, est la suivante: quel secteur est chez vous le plus faible? Dans quelle province ou dans quelle région pensez-vous que nous n'allons pas être prêts et que nous pourrions avoir des problèmes?

Quelle est alors la procédure? Comment allez-vous déceler le secteur, la région du pays, sur l'ensemble du territoire, qui aura besoin de l'intervention de vos trois services? Est-ce qu'il y a une date prévue à laquelle on devrait avoir une évaluation vraiment fiable?

On a dit plus tôt qu'on ne disposait pas de 150 000 soldats, mais qu'il nous faudrait peut-être les soldats voulus au bon endroit et les ressources de la Gendarmerie au bon endroit parce que certains ne sont pas prêts. Par quel processus passez-vous pour agir au niveau national? Je crois que c'est à cela que M. Lowther voulait en venir.

M. David Morreau: À la première réunion des groupes de travail fédéral-provincial le 30 janvier, les provinces se sont chargées d'aller trouver les services publics de leur région pour voir quelle était leur situation. Elles devaient aussi demander aux municipalités de participer.

Ici, dans la Municipalité régionale d'Ottawa-Carleton, ce n'est qu'il y a quelques mois que la question de la préparation pour l'an 2000 a fait surface. Plusieurs municipalités n'ont encore rien fait.

Nous allons travailler ensemble pour voir où se trouvent les problèmes car nos rôles de police provinciale et municipale consisteront à faire participer ces agents de la paix à la planification. Chaque division sera responsable de sa propre planification d'urgence. Mon bureau sera responsable de la validation et de veiller à ce que nous n'avons rien oublié, et d'assurer ensuite la coordination générale à l'échelle nationale. Je crois que nous allons travailler ensemble pour résoudre ce problème.

M. Walt Lastewka: J'imagine qu'en tant que parlementaires, nous voulons nous assurer que vous consacrez suffisamment de temps à la planification d'urgence. Cela exigera bien sûr des municipalités et des provinces qu'elles admettent qu'elles ne sont pas prêtes, ce qui n'est pas toujours facile à faire.

M. David Morreau: Il y aura certainement beaucoup de surprises.

M. Walt Lastewka: Ma question suivante, qui est la dernière, s'adresse à M. Morreau.

Vous dites dans vos notes d'allocution que vous avez annulé, suspendu et retardé un certain nombre de projets de technologie de l'information pour que l'an 2000 reste la priorité. Par ailleurs, connaissant le travail de communication ou d'informatique qui se produit entre la GRC et les nombreux corps de police du pays, sommes-nous en train, ce faisant, de compromettre l'installation de notre système de communication?

M. David Morreau: Nos installations de communication? Non.

Les communications sont une question de sécurité des agents de la paix. Lorsque je dis que la priorité numéro un est l'an 2000, je m'assure que nous avons les communications voulues dans chaque province. Le bon fonctionnement de ces opérations est pour nous essentiel.

M. Walt Lastewka: Quel genre de projet de technologie avez-vous annulé ou suspendu?

• 1725

M. David Morreau: Par exemple, il y a un nouveau système intégré de renseignements judiciaires qui devait remplacer plusieurs systèmes existants qui a été suspendu. Nous travaillons avec la province de l'Ontario pour le processus de demande de propositions. La province de l'Ontario et neuf municipalités se chargent de rendre cette demande publique. Elles suivent les règles fédérales régissant les marchés publics. Nous faisons partie du processus d'évaluation.

Lorsque nous serons convaincus que nous maîtrisons la situation pour l'an 2000 et que nous serons heureux des mesures prises à cet égard... nous avons prévu dans le cadre de la demande de reprendre le projet et de le lancer, mais nous l'avons suspendu parce qu'il exigerait des ressources et de l'argent dont nous avons besoin pour l'an 2000.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Lastewka.

Madame Brown.

Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.

Merci beaucoup d'être venus.

On a notamment dit plus tôt qu'au 31 janvier, on allait être prêt pour notre mission. Ce que je n'entends pas ici, c'est... Je ne sais pas si nous avons une bonne idée de la mission. Est-ce que nous envisageons cette mission comme il se doit?

Cela m'amène à un exemple qui a été donné, celui de la tempête de verglas. La tempête de verglas était un phénomène physique et elle a entraîné des problèmes matériels. Les soldats qui ont été déployés n'étaient pas particulièrement formés, dans certains cas, à enlever la glace, à sortir les arbres des routes, à couper les branches dangereuses. Mais c'était là des problèmes matériels causés par un phénomène physique. Puis on a fait appel à une main-d'oeuvre moyennement spécialisée, je veux parler des travailleurs de l'Hydro qui ont reconstruit les pylônes et rebranché les fils.

J'aimerais savoir ce qu'il en sera si la crise ne se manifeste pas par ces symptômes matériels que les soldats et les policiers peuvent contribuer à régler? Que se passera-t-il si c'est dans le monde virtuel? S'il y a 1 000 ascenseurs pleins de monde qui se trouvent en même temps pris entre deux étages, par exemple? Qu'en sera-t-il si 200 avions décrivent des cercles autour de Pearson parce que le système est en panne et que personne ne peut atterrir? Si tout relève de l'informatique, quel intérêt y a-t-il à avoir tous ces soldats prêts à courir un peu partout sauver les gens alors que la seule solution consisterait à remettre en service le système dont ils sont captifs?

Je trouve aussi curieuse toute cette question des systèmes d'armes. Nous attendons-nous à une guerre? Est-ce un autre phénomène physique qui pourrait se produire à cause de cela, à notre avis?

Je me demande si nous avons bien préparé toutes les personnes voulues.

M. Howard Dickson: Je vais vous donner une réponse brève avant de demander au colonel Hug d'intervenir.

Il y a un processus de planification très sérieux qui a lieu dans l'armée; maintenant que je fais partie du ministère, je dois bien sûr apprendre à le connaître. Il y a eu le livre blanc sur la défense de 1994 qui indiquait clairement qu'elle était la mission du ministère de la Défense. Il a été traduit en cas de figures précis et en missions particulières pour lesquels nous devons être prêts. Et l'essentiel du travail que nous faisons en ce moment, c'est de nous assurer que nous sommes prêts pour les plus importants d'entre eux.

Peut-être voulez-vous ajouter quelque chose, colonel.

Col Greg Hug: Merci, monsieur.

Il y a certaines choses qui pourront se produire avant l'an 2000 pour lesquelles l'armée n'est pas équipée ou n'est pas l'organisation la mieux à même d'aider. S'il y a 200 avions qui décrivent des cercles au-dessus de Pearson, je ne vois pas trop ce que pourrait faire l'armée pour résoudre le problème. J'espère qu'il aura été résolu avant.

Pour en revenir à la tempête de verglas, nous l'avons pris comme exemple parce qu'elle est bien présente dans l'esprit de tout le monde. S'il y a des pannes de courant importantes, offrir un transport à ceux qui doivent aller dans des centres d'accueil ou autres, faire la tournée des maisons, frapper aux portes, comme on l'a fait pendant la tempête de verglas, ce sont des choses que nous pouvons faire. Je m'attends à ce qu'il y ait plusieurs incidents qui se produisent et pour lesquels la participation de l'armée ne sera pas d'un très grand intérêt.

L'armée ne peut pas résoudre le problème de l'an 2000 pour le Canada. L'armée peut offrir son aide là où cela paraît réaliste aux autorités civiles, mais il y a à cela des limites bien évidentes.

En ce qui concerne les systèmes d'armes, dans le tableau général, ce n'est pas une très grande priorité pour nous, et je n'ai peut-être pas choisi le bon exemple, mais j'ai parlé de la frégate parce qu'on avait posé une question sur le NCSM Toronto.

Notre devoir est de défendre le Canada. On craint que si les problèmes de l'an 2000 se posent dans le monde entier, cela puisse créer des doutes, des inquiétudes, des incertitudes quant à ce qui va se produire. Il se peut qu'il y ait des organisations ou des particuliers qui essaient de profiter du problème de l'an 2000, et nous n'écartons pas la possibilité d'avoir à défendre notre pays comme l'une de nos principales missions et l'un de nos principaux rôles. Il nous faut donc avoir certains systèmes d'armes qui fonctionnent, mais dans le tableau général, nous voulons être sûrs que nous pouvons fonctionner à l'intérieur du pays et c'est notre grande priorité.

• 1730

La présidente: Merci. Merci, madame Brown.

Monsieur Dickson, je vous demanderais de préciser une chose qui a été mentionnée par deux autres témoins. Nous avons entendu dire que certains véhicules de transport du personnel que le ministère de la Défense nationale a achetés récemment ne fonctionneront pas ou ne seront pas adaptés à l'an 2000. Deux témoins ont soulevé la question et j'aimerais donc que vous me confirmiez ou que vous m'infirmiez cela et, dans le premier cas, que vous me disiez si nous réglons le problème ou si cela a déjà été fait.

M. Howard Dickson: La question est que les deux systèmes ne sont pas adaptés à l'an 2000...

La présidente: Non pas les systèmes, les véhicules de transport du personnel—les camions et les véhicules pour transporter le personnel en cas d'urgence, pour l'amener sur place. Ils comportent une puce qui n'est pas adaptée à l'an 2000. La question a été soulevée par deux témoins, l'un l'a fait aujourd'hui l'autre il y a quelques semaines. Si ça n'a pas été réglé, pourriez-vous vous renseigner et vous assurer qu'il n'y aura pas de problème?

Col Greg Hug: J'ai vaguement entendu dire—mais je n'ai pas d'information précise—qu'une flotte de véhicules livrée au cours des 12 derniers mois contient dans le moteur une puce qui assure le suivi de l'entretien et que le 1er janvier, ces véhicules ne fonctionneront pas.

La présidente: Oui.

Le colonel Al Conrad (directeur du programme de l'an 2000, ministère de la Défense nationale): Je suis le colonel Al Conrad et je suis directeur du programme de l'an 2000.

Je veux simplement reprendre ce que le colonel Hug a dit. Avant de venir à la réunion, je suis allé trouver les directeurs du programme du matériel pour l'armée de terre, la marine et l'aviation parce que je voulais voir comment les choses allaient à ce moment-là pour les systèmes.

Lorsque j'ai regardé les véhicules de l'armée, la plupart d'entre eux étaient censés être probablement adaptés. Le problème est qu'il nous faut le prouver. L'exemple que vous avez donné pour ce qui est des puces qui surveillent le moteur—nous savons qu'il y a un certain moteur Dash pour lequel cela est un problème. Nous ne possédons pas ce moteur-là, mais nous ne pouvons nier que nous en avons certains autres. Nous essayons donc activement d'obtenir l'information voulue. Nous sommes au courant, mais dans l'état actuel des choses, nous pensons être en bonne position.

La présidente: Merci.

J'aimerais vous inviter tous à comparaître devant le comité à nouveau à une date ultérieure. Nous allons rédiger un rapport provisoire, mais nous ne pensons pas que la question soit réglée avant le 29 février de l'an 2000. Il y a quelques dates mentionnées par M. Bellemare comme 09-09-99, qui pourraient comporter un code d'erreur de système, le 1er janvier 2000 et le 29 février 2000, car les ordinateurs ne verront pas qu'il s'agit d'une année bissextile.

Monsieur Shipley, Je vous demanderais de regarder quels plans de protection civile vous avez lorsque les Canadiens ne s'en occupent pas. Par exemple, j'habite dans la ville d'Amherstburg. Fermi 2 est un réacteur nucléaire Detroit Edison. Nous avons un plan, parce que s'il saute, c'est un problème pour tout le Canada. Nous ne savons pas s'ils sont prêts ou non, et nous n'arrivons pas à voir s'il y a une certaine coordination pour faire en sorte qu'ils le soient.

Merci beaucoup. Nous devons aller voter.

La séance est levée.