NRGO Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS
COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 13 avril 2000
Le vice-président (M. Julian Reed (Halton, Lib.)): Je constate que nous avons le quorum dans la pièce, même si tout le monde n'est pas à la table. Je remercie les honorables députés pour leur ponctualité ce matin. Cela nous aide beaucoup, et nous pourrons ainsi couvrir beaucoup de matière intéressante.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre examen de la gestion des forêts au Canada dans la perspective du commerce international.
Ce matin, nous entendrons des témoins de IWA Canada: Neil Menard, premier vice-président; Darrel Wong, président de la Section locale 2171; et Darol Smith, membre du conseil exécutif, Section locale 2171. De la Forest Alliance of British Columbia, nous recevons Sarah Goodman, directrice des relations avec les médias. Bienvenue.
Vous connaissez sans doute maintenant le processus. Pour ceux qui ne le connaissent pas, nous demandons tout d'abord à nos témoins de faire un exposé qui devrait durer environ dix minutes, et nous passons ensuite à une période de questions et de réponses. C'est, nous l'espérons, le dialogue qui sera la partie très efficace de cet exercice.
Madame et messieurs, à vous de décider qui va commencer et combien d'entre vous feront un exposé.
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Vous nous avez remis un document d'information dans les deux
langues officielles, et nous vous en remercions. Vous pouvez
commencer.
M. Neil Menard (premier vice-président, Syndicat canadien des travailleurs de l'industrie du bois et leurs alliés): Merci, Julian. Bonjour, honorables députés.
Vous avez présenté les membres de notre groupe, Julian, mais j'aimerais le faire à nouveau. Je suis accompagné de Sarah Goodman, de l'alliance. Sarah est présidente du Comité de l'industrie sur la certification du Forest Stewardship Council. Je participe activement à ce processus, et Sarah abordera cette question ce matin dans notre exposé.
Darrel Wong est président de la Section locale 2171, île de Vancouver, côte nord, Charlottes, qui comprend la région qui connaît ce problème en particulier à l'heure actuelle, la côte intermédiaire de la forêt pluviale Great Bear. Darol Smith est membre du conseil exécutif pour cette région, la côte intermédiaire, que l'on appelle la forêt pluviale Great Bear. Je suis Neil Menard, et je suis le premier vice-président de IWA Canada.
Nous voulons tout d'abord vous remercier de l'occasion qui nous est donnée de venir vous rencontrer aujourd'hui pour vous faire part de nos préoccupations et, nous l'espérons, vous convaincre de nous donner de l'aide de plusieurs façons. Ce qui est très important, c'est qu'il s'agit à notre avis d'un problème national qui se fait ressentir surtout dans l'île de Vancouver. Nous vous demandons d'appuyer notre demande d'aide financière afin de mettre une campagne sur pied. Nous sommes d'avis que ce problème a des conséquences dans tout le pays.
Lorsque nous avons comparu devant votre comité en novembre 1998, nous vous avons présenté deux mémoires, et je crois que vous les avez tous les deux. Vous êtes venus nous visiter en 1999, et nous vous avons fait visiter la côte centrale et une partie du secteur du South Caribou dans l'intérieur nord pour vous donner un aperçu général de ce qui se passe. La CFCI, qui est l'initiative de conservation des forêts côtières, est un projet auquel nous participons très activement.
Nous vous avons présenté certains points dans le mémoire que nous vous avons remis en 1998 et que j'espère que la plupart d'entre vous ont en main. Parmi les points clés qui étaient abordés dans ce mémoire, il y avait notamment la question de la grande importance nationale, qui a été présentée par Darrel Wong, à ce moment-là, vous demandant de l'aide pour contrer les activités qui se déroulaient à l'époque et vous demandant d'intervenir le plus tôt possible. Nous avons demandé que le gouvernement fédéral fasse davantage pour aider les gens des communautés qui dépendent des ressources et dont le gagne-pain est menacé réellement par ces campagnes dans tout le pays. Je vous ai parlé de la quantité de bois qui a été commercialement utilisée dans cette région en particulier et dans tout le pays.
Je pense que le point le plus important qu'a souligné Darol Wong à ce moment-là était de ne pas oublier que nous vous demandions votre aide pour un problème qui va bien au-delà d'une région. C'est un problème qui affecte tout le pays. Je vous ai parlé de l'argent qui était généré par notre industrie au Canada, de l'île de Vancouver jusqu'à Terre-Neuve, et de l'importance de maintenir cette industrie, plutôt que de la voir rétrécir, et de travailler avec nous pour en assurer la croissance. Je pense que nous pouvons développer cette industrie.
Nous croyons par ailleurs que nous avons fait un excellent travail pour ce qui est de changer les méthodes de récolte et de sylviculture avec le reboisement et la façon dont nous nous occupons de nos forêts à ce moment-ci.
Nous proposions par ailleurs dans ce mémoire huit mesures à prendre, et nous vous demandons d'y jeter un coup d'oeil.
• 1110
En 1999 nous avons présenté un autre mémoire. Nous avons parlé
de l'importance de ce problème particulier que nous connaissons à
l'heure actuelle dans tout le pays. Nous vous demandons d'y jeter
un coup d'oeil également, car il contient aussi des points très
importants relativement à cette initiative en particulier.
L'un des points que nous soulignons dans notre mémoire de 1999 est celui du partage des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces qui élimine toute intervention directe du gouvernement fédéral dans la gestion de nos terres et de nos forêts, mais Ottawa a toujours un rôle important à jouer. C'est l'une des raisons—en fait, la raison—pour lesquelles nous sommes ici aujourd'hui. Nous avons donc besoin de votre appui à cet égard.
Nous avons également préparé une autre version que nous avons distribuée à certains des honorables députés hier. Nous en avons apporté quelques exemplaires supplémentaires. J'ai appris quelque chose hier—c'est-à-dire que lorsque l'on prépare un mémoire, il doit être en français et en anglais. Nous nous excusons de ne pas l'avoir fait. J'en assume l'entière responsabilité. Cependant, si on nous le demande, nous nous assurerons que ces deux documents vous soient remis dans les deux langues le plus tôt possible. Nous nous excusons.
Le mémoire que nous vous avons remis souligne l'importance, pour les membres de Darrel et le syndicat local de Darol, de cette initiative qui consiste à vous demander de l'aide. Cela est très important pour nous. Nous avons vraiment besoin de votre appui, car nous croyons qu'il s'agit d'un problème national.
Par ailleurs, comme la plupart d'entre vous le savent, nous vous avons présenté une initiative de commercialisation assez complète pour nos produits au Canada. Nous espérons qu'à un moment donné vous nous aiderez également à cet égard, car nous croyons que nous produisons les meilleurs produits qui existent dans l'industrie et dans le monde entier. Nous voulons continuer à vendre nos produits sur ces marchés.
Nous devons travailler avec nos membres pour convaincre le reste du monde que nous avons un produit, que nous avons un gouvernement fédéral qui nous appuie, et que dans les provinces où l'industrie est prédominante on nous aidera également.
Encore une fois, nous vous remercions de l'occasion qui nous a été donnée de venir vous faire part de nos préoccupations aujourd'hui. Nous présentons cette initiative en particulier et nous vous demandons de tenir compte de l'importance et du sérieux de la question, et de nous aider comme vous le pourrez. Je vous remercie au nom de IWA Canada.
Je vais maintenant donner la parole à Darrel.
M. Darrel Wong (président, Section locale 2171, Syndicat canadien des travailleurs de l'industrie du bois et leurs alliés): Merci, Neil.
Neil a donné un aperçu de ce qui nous ramène ici encore une fois. Nous sommes en fait venus à Ottawa à trois reprises. C'est la deuxième fois que nous faisons un exposé devant votre comité.
Nous vous remercions d'avoir pris le temps de venir sur la côte centrale, que certaines personnes appellent la forêt pluviale Great Bear, mais en fait ce n'est pas le cas; c'est la côte centrale de la Colombie-Britannique.
Je crois que votre visite a vraiment été bénéfique pour nos membres et les communautés où ils vivent. Cela a permis de leur envoyer un message très clair, soit que les membres de votre comité se préoccupent réellement de ces problèmes et sont prêts à prendre le temps pour venir voir eux-mêmes ce qui se passe et découvrir la vérité. Nous vous en remercions beaucoup.
Ce dossier, pour moi, n'est pas seulement un dossier que j'ai la responsabilité en tant que président d'un syndicat local de faire progresser; c'est une question qui me tient à coeur également sur le plan personnel. J'ai grandi en travaillant dans le secteur forestier et ma famille travaille toujours dans cette industrie. Mes amis travaillent tous dans l'industrie forestière et, naturellement, les membres que je représente travaillent également dans ce secteur.
Le document que nous vous avons fait parvenir s'intitule C'est nous qui vous livrons ces excellents produits forestiers—«Montrer aux marchés internationaux les humains responsables de la foresterie canadienne...». Nous vous demandons plus précisément de l'aide pour donner une formation à certains de nos membres, à certains maires des collectivités et à des membres des Premières nations, et d'inclure ensuite l'industrie et le gouvernement pour aller sur le marché international expliquer les changements qui ont été apportés dans les forêts de la Colombie-Britannique.
• 1115
Des changements draconiens ont été apportés, nos normes
environnementales sont parmi les plus élevées du monde pour le
secteur forestier, et pourtant un boycottage international de nos
produits a un impact direct sur les gens que nous représentons et
les collectivités dans lesquelles nous vivons.
Grâce à un financement de l'industrie et des gouvernements fédéral et provincial, les gens qui vivent et travaillent dans les forêts de la Colombie-Britannique pourront se rendre sur le marché international afin d'exposer la vérité et dire exactement ce qui se passe. Nous pouvons leur expliquer les changements qui ont été apporté au cours des 10 à 15 dernières années. En fait, nous croyons que les gens sur le marché, lorsqu'ils parleront aux gens qui sont là, auront une meilleure idée de la situation. Ils seront peut-être davantage tentés de venir sur place pour se rendre compte du bon travail que nous faisons.
Nous sommes fiers de toutes les améliorations qui ont été apportées dans les forêts. La survie des travailleurs forestiers et des gens qui vivent dans ces collectivités dépend de la survie de ces forêts. Nous avons pris soin des forêts. En fait, un nombre considérable de nos membres passent beaucoup de temps à s'assurer de la remise en état des rivières à poisson. Nous avons fait énormément de travail dans ce domaine et nous faisons des progrès importants.
Notre plan est assez clair. Nous croyons que nous avons besoin d'un groupe assez important pour cibler un grand nombre de collectivités dans le monde. Pour ce faire, nous avons besoin de fonds pour mettre ce groupe sur pied. Nous croyons que le gouvernement canadien a la capacité de faire un très bon travail et qu'il fait effectivement du bon travail dans ce dossier. Nous croyons cependant que les gens qui travaillent et vivent dans ces collectivités peuvent également avoir un bon impact. Nous sommes d'avis que les gens les plus touchés par les décisions ont sans doute l'attachement émotionnel qui leur permet d'exposer la situation et de convaincre les gens.
Comme je l'ai dit, les gens qui travaillent sur place ont des pratiques d'aménagement forestier supérieures. Ce sont des gens hautement spécialisés qui sont très compétents et qui ont de solides opinions et expériences sur le plan environnemental. Ces travailleurs sont ceux qui génèrent nos produits forestiers; ce sont les gardiens de nos forêts et des innovateurs qui ont adopté des méthodes de pointe sur le plan environnemental, technologique et scientifique.
On ne voit plus le type de pratiques forestières que nous avions il y a dix ans. Vous n'avez peut-être pas vu ces publicités, mais en Colombie-Britannique il y a des pages complètes de publicité dans les journaux The Vancouver Sun et The Province, certains de nos grands journaux là-bas, qui montrent des coupes à blanc d'ancien style. Eh bien, franchement, nous ne faisons plus ce type de coupe à blanc. Les plus grandes coupes à blanc que nous faisons couvrent moins de 40 hectares. Nous avons donc beaucoup de pratiques forestières innovatrices.
Nous sommes d'avis que ce sont les gens qui font physiquement ce travail qui sont le mieux placés pour expliquer la situation.
Gerry Furney est le maire de Port McNeill, une collectivité dans le nord de l'île. Certains d'entre vous le connaissent peut-être. Il était présent à certaines rencontres que nous avons eues dans le Nord de l'île. Il devait être ici aujourd'hui, mais malheureusement cela n'a pas été possible pour lui. Il voulait vous donner la version des collectivités. Sarah vous parlera de cela peut-être plus en détail.
Ce que je veux vous dire, c'est que ce n'est pas uniquement le problème de l'IWA. Même si nous avons ici trois personnes de l'IWA, et Sarah qui représente les collectivités et la Forest Alliance, cette question ne nous touche pas nous uniquement. Un grand nombre de gens appuient notre démarche ici. Deux des grandes sociétés forestières de la côte centrale, Western Forest Products et International Forest Products, ont témoigné ici avec nous la dernière fois. Ces sociétés appuient notre démarche ici encore une fois, tout comme les maires et certaines Premières nations à qui nous avons parlé.
Pourquoi avons-nous besoin de ce programme? Comme je l'ai dit, nous sommes en mesure d'assurer une information factuelle honnête et équilibrée sur l'aménagement forestier pratiqué à l'heure actuelle. Nous avons une fierté personnelle face à notre gérance de l'environnement. Nous avons une approche locale, qui à notre avis est cruciale, qui complète tous les programmes que vous avez actuellement en place ainsi que les programmes provinciaux. Tout ce dont nous avons besoin, c'est des fonds qui nous permettront d'aller de l'avant.
Je n'ajouterai rien d'autre à ce moment-ci, si ce n'est pour dire que le feu brûle en Colombie-Britannique et que je pense que la fumée se retrouve un peu partout dans le pays. Ce que je veux dire, c'est qu'on nous attaque à l'heure actuelle, et que nous avons quelque chose de positif à dire. Nous devrions avoir l'occasion de le faire afin que vous ne soyez pas aussi durement frappés que nous le sommes à l'heure actuelle.
Mme Sarah Goodman (directrice des relations avec les médias, Forest Alliance of British Columbia): Aux fins du compte rendu, je m'appelle Sarah Goodman.
Je suis ravie d'être ici et je suis particulièrement heureuse d'être en compagnie de mes collègues du syndicat qui se sont si profondément et personnellement engagés à s'assurer que nos collectivités forestières auront l'occasion d'expliquer leur point de vue au monde entier.
Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas la Forest Alliance, nous sommes une coalition qui a l'appui de l'industrie—et nous avons l'appui de 15 grandes sociétés forestières de la Colombie-Britannique—de 10 000 Britanno-Colombiens et de 300 organisations, notamment l'IWA, de bon nombre de collectivités, des Premières nations et d'autres.
Notre objectif en tant qu'organisme de communication est de promouvoir un équilibre entre les valeurs environnementales, sociales et économiques dans la gestion des ressources forestières de la Colombie-Britannique.
Le rôle que je joue au sein de l'alliance consiste à m'occuper activement de la certification et à présider le Comité de l'industrie sur la certification du Forest Stewardship Council. Je suis très fière de dire que l'an dernier l'alliance est devenue la première association au monde appuyée par l'industrie à demander à être membre du FSC. Par ailleurs, nous encourageons activement la certification de l'ISO et de la CSA.
Je suis par ailleurs très heureuse de dire que les sociétés britanno-colombiennes jouent un rôle proactif dans la certification, et que pratiquement toutes les grandes sociétés de la province se sont engagées à obtenir une forme de certification. Aujourd'hui, il y a six sociétés qui ont obtenu une certification sous une forme ou une autre, et il s'agit là d'une étape importante. À ce moment-ci l'an dernier aucune société n'était certifiée en Colombie-Britannique.
Comme Annette Verschuren, de Home Depot, vous l'a dit, le marché s'intéresse de plus en plus aux produits certifiés. Mon organisme a publiquement félicité Home Depot, Centex et d'autres sociétés qui ont adopté des politiques qui encouragent une bonne gestion forestière.
Cela étant dit, le témoignage de Mme Verschuren illustre bien le besoin de faire davantage d'efforts à l'échelle internationale pour communiquer à nos clients les éléments de base au sujet de l'industrie forestière canadienne et du travail que nous faisons dans le dossier de la certification. Par exemple, Mme Verschuren a dit que le FSC était le seul régime qui prévoyait une vérification indépendante par une tierce partie. En fait, la CSA a également des vérifications qui sont faites par une tierce partie, et, bien que l'ISO offre des vérifications d'autodéclaration, chaque certification accordée par l'ISO en Colombie-Britannique jusqu'à présent a été le résultat d'une vérification indépendante faite par une tierce partie.
Comme les déclarations de Mme Verschuren le montrent bien, le FSC est le régime le plus solide sur le plan des communications et de la commercialisation. Je voudrais attirer votre attention sur le numéro de cette semaine de la revue Time, dans laquelle on retrouvait un article sur la certification du FSC—et ce n'est pas le premier article à être publié à ce sujet. Cet article contient un certain nombre d'erreurs factuelles qui soulèvent de nombreuses préoccupations, notamment lorsqu'on dit que les produits des forêts de vieux peuplements peuvent obtenir une certification du FSC. C'est donc une erreur que l'on semble faire constamment sur le marché.
Le FSC a très bien réussi à faire passer son message; cependant, la CSA prévoit un régime tout aussi rigoureux en ce qui a trait au rendement sur place, et ses exigences de participation publique dépassent celles du FSC.
Soyons clairs: la certification n'en est qu'à ses balbutiements, et les trois régimes ont une certaine valeur et devraient être encouragés par les intervenants et par tous les paliers de gouvernement.
Une question qui est peut-être encore plus cruciale que celle-ci est celle qui a été soulevée par Mme Verschuren lorsqu'elle a dit que 11 p. 100 des actionnaires de Home Depot avaient récemment voté pour que cette société cesse d'acheter des produits provenant de forêts anciennes. Il n'y a pas un seul Canadien où que ce soit au pays qui ne devrait pas être absolument terrifié par cette statistique, et par la menace que le pourcentage soit encore plus élevé à mesure que la campagne contre les produits des forêts anciennes prendra de l'ampleur. Si on tient compte du fait que les trois quarts des forêts canadiennes sont des forêts anciennes, le succès d'une telle campagne serait absolument dévastateur.
Parce que le Canada possède 10 p. 100 des forêts du monde, nous avons la responsabilité de protéger ces forêts dans le respect de leur importance écologique mondiale. Cela dit, c'est une chose pour les entreprises et les travailleurs d'adopter les meilleures pratiques et de continuer à s'améliorer. Il est également tout à fait raisonnable de mettre en place un réseau exhaustif de parcs qui représentent toute la gamme des écosystèmes. Toutefois, c'est une tout autre chose de tenter de reclassifier complètement le territoire en se fondant sur une classification comme les peuplements vieux.
En fait, une campagne anti-peuplements vieux est une campagne anti-Canada. C'est à nous de donner à Home Depot, à ses actionnaires et aux autres les outils dont ils ont besoin pour travailler en connaissance de cause avec les environnementalistes qui s'intéressent sincèrement à la promotion des bonnes pratiques par des efforts conjoints.
• 1125
Nous devons également les doter des outils nécessaires pour
rejeter les éléments chez les militants qui refusent de considérer
les solutions ou les engagements concrets des autres parties
intéressées. Il s'agit donc en partie de mesures concrètes grâce à
la certification, et en partie de corriger la fausse information,
y compris celle qui apparaît dans la revue Time. Plus important
encore, il nous faut prendre les mesures nécessaires pour nous
assurer que la terre entière connaît pleinement les faits réels et
impressionnants qui touchent la gestion des forêts au Canada.
Sinon, nous risquons certainement de perdre une part du marché, ce
qui aurait des répercussions considérables sur les localités, les
travailleurs et leurs familles.
À titre d'exemple, regardons les donnés: l'an dernier, de la Colombie-Britannique, on a exporté pour environ 7,6 milliards de dollars de produits de bois massif vers les États-Unis. La majorité de ces produits servent dans la construction domiciliaire. Comme vous le savez, les environnementalistes ciblent les détaillants de produits de rénovation et les constructeurs domiciliaires. Si cette campagne, cette campagne anti-peuplements vieux, entraîne la perte de même 1 p. 100 des expéditions de bois massif vers les États-Unis, cela représente une perte de 76 millions de dollars par année—1 p. 100.
Aujourd'hui, nous vous demandons de nous appuyer dans un projet qui coûtera moins d'un demi-million de dollars au gouvernement fédéral. Nous nous sommes adressés à l'industrie, qui s'est engagée par l'entremise de Forest Alliance à nous financer. Nous comptons également sur le gouvernement provincial et son programme Forest Renewal BC, et les discussions sur ce front semblent avancer.
M. Réginald Bélair (Timmins—Baie-James, Lib.): À quoi servira le financement?
Mme Sarah Goodman: À financer le projet que Darrel a présenté.
M. Darrel Wong: Il s'agit de réunir un groupe de 20 personnes de l'industrie, du monde syndical, des localités et des Premières nations afin de présenter, ailleurs, ce que nous faisons dans le domaine forestier en Colombie-Britannique.
Le vice-président (M. Julian Reed): Nous passerons à cet aspect lorsque les témoins auront fini leur exposé, monsieur Bélair.
Je vous en prie.
Mme Sarah Goodman: Je vais conclure en disant que j'espère que ce que nous proposons ici—et nous entrons un peu plus dans les détails—n'est qu'un petit aspect d'un ensemble plus vaste. Je pense que des mesures immédiates sont amplement justifiées sur le plan commercial. Le plan a reçu un solide appui des parties intéressées, et je suis convaincue que si l'on donne sa chance à ce projet pilote, si l'on donne leur chance aux représentants qui participeront à ce projet pilote, les bénéfices dépasseront largement les coûts.
Je cède la parole à Darol Smith.
M. Darol Smith (membre du conseil exécutif, Section locale 2171, Syndicat canadien des travailleurs de l'industrie du bois et leurs alliés): Bonjour, monsieur le président. Je m'appelle Darol Smith. Je suis un employé d'Interfor, un travailleur horaire, et je suis membre du conseil exécutif d'IWA Canada, Section locale 2171. Je travaille dans l'industrie forestière en Colombie-Britannique depuis plus de 20 ans, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Six générations de ma famille ont gagné leur vie dans la coupe du bois du Canada. Je suis fier de dire que mon fils est un travailleur forestier sur la côte centrale.
Lorsque le Comité permanent des ressources naturelles s'est rendu sur la côte centrale de la Colombie-Britannique en mai 1999, je pense que nous avons démontré que les pratiques forestières de la Colombie-Britannique étaient parmi les meilleures du monde. Au cours des séances publiques à Vancouver, après la tournée, j'ai demandé que le comité recommande que les travailleurs forestiers fassent partie d'une approche Équipe Canada afin de promouvoir les produits de l'industrie forestière. Je suis ici aujourd'hui pour vous en dire plus long sur ce concept.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître ici aujourd'hui et j'espère que vous accueillerez favorablement nos propositions. Merci beaucoup.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci. Les témoins ont pris beaucoup de temps, mais je suis persuadé que nous avons tous trouvé leur exposé fascinant et très intéressant. J'ai pensé qu'il était préférable d'écouter tout ce qu'ils avaient à nous dire.
Normalement, nous commençons par les représentants de l'opposition officielle; ensuite nous passons au parti ministériel, pour revenir à l'opposition. Y a-t-il un député de l'opposition officielle qui souhaite commencer? Monsieur Duncan.
M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
Le vice-président (M. Julian Reed): Vous disposez de cinq minutes.
M. John Duncan: Pour commencer, j'aimerais parler de ce projet pilote, puisque c'est l'élément dont vous avez surtout fait la promotion. Il ne s'agit pas simplement d'une idée théorique, si je comprends bien. Vous avez déjà envisagé quelles seraient les personnalités qui y participeraient. Nous en avons rencontré quelques-unes en mai, je crois, lorsque le comité s'est rendu à divers endroits. N'est-ce pas?
M. Darrel Wong: Oui, en effet. Certains représentants des Premières nations sont très intéressés. Nous avons également quelques personnes qui travaillent comme instructeurs environnementaux; par exemple, avec Interfor, nous avons négocié il y a plusieurs années la création de postes d'instructeurs environnementaux dans le cadre d'un programme conjoint que nous avions. Ces instructeurs connaissent bien toutes les normes environnementales. Ils font partie du processus de certification et possèdent des capacités très réelles. L'un des membres d'une Première nation que vous avez rencontrée, de Heiltsuk, veut participer aussi. C'est vraiment une question populaire.
M. John Duncan: Merci.
J'aimerais pendant un instant, Sarah, parler de ce que fait votre organisation. Vous l'avez décrite comme la seule organisation au Canada ayant pour but de suivre les activités environnementales des organisations non gouvernementales. Est-ce bien ce que vous avez dit?
Mme Sarah Goodman: Oui, c'est exact.
M. John Duncan: Pourriez-vous donner aux membres du comité une idée du financement en provenance des États-Unis qui est investi dans la campagne canadienne?
Mme Sarah Goodman: Il est très difficile de suivre exactement combien d'argent arrive ici. Nous avons fait de nombreuses recherches sur le financement des fondations américaines, et sur une période d'environ deux ans, les fonds versés directement à la campagne en Colombie-Britannique—je m'excuse, je n'ai pas les données statistiques pour tout le Canada, car évidemment, jusqu'à présent nous nous sommes surtout intéressés à la Colombie-Britannique—sont d'environ 13,5 millions de dollars US.
M. John Duncan: Ce serait pour 1998 et 1999?
Mme Sarah Goodman: Il peut s'agir de 1997 et 1998.
M. John Duncan: J'ai une question précise à vous poser. C'est vous que l'industrie a chargée en Colombie-Britannique de mener l'effort de certification, n'est-ce pas?
Mme Sarah Goodman: Il existe différents comités, et je préside l'un d'entre eux. Il y a un autre groupe qui s'occupe directement du processus régional de normalisation, et je dirais que c'est encore plus essentiel, mais je joue certainement un rôle important.
M. John Duncan: En effet.
À l'heure actuelle, Greenpeace, par exemple, favorise fortement le Forest Stewardship Council...
Mme Sarah Goodman: En effet. Ils en sont membres.
M. John Duncan: ...pour le processus du FSC. Quelle est ou quelle a été la réaction de Greenpeace face à la certification des entreprises de la Colombie-Britannique?
Mme Sarah Goodman: D'une part, Greenpeace fait des pressions auprès des entreprises et des groupes d'acheteurs partout dans le monde afin que ceux-ci n'achètent ou ne tentent d'acheter exclusivement que des produits certifiés par le FSC. D'autre part, lorsque la première grande société forestière de la Colombie-Britannique a annoncé qu'elle cherchait à obtenir la certification, Greenpeace a rédigé une évaluation indicative et a également déclaré ne pas être convaincue que les entreprises doivent tenter d'obtenir la certification du FSC, en Colombie-Britannique, tant que nous n'aurons pas en place une norme régionale. Or, il faudra attendre au moins deux ans. Les entreprises sont donc dans une impasse en ce qui concerne Greenpeace.
M. John Duncan: Mais très récemment deux entreprises au moins ont obtenu la certification du FSC.
Mme Sarah Goodman: J.D. Irving a reçu la certification du FSC dans les Maritimes, certification qui, comme d'autres vous l'ont dit, est contestée, je crois, par le Sierra Club.
M. John Duncan: Mais dans le contexte de la Colombie-Britannique, nous n'avons pas maintenant deux...
Mme Sarah Goodman: Il y a deux petits boisés qui ont déjà obtenu la certification du FSC et deux grandes sociétés forestières—Western Forest Products et Lignum Ltd.—ont fait l'objet de vérifications en vue de la certification du FSC. Il y a ensuite une plus petite entreprise, TIMFOR Contractors, qui a fait l'objet d'une vérification du FSC.
M. John Duncan: Et dans certains cas il s'agit de peuplements vieux, n'est-ce pas?
Mme Sarah Goodman: En effet.
M. John Duncan: Très bien.
M. Werner Schmidt (Kelowna, Alliance canadienne): J'ai une question dans la même veine. Est-ce que j'en ai le temps?
Le vice-président (M. Julian Reed): Je vous fais respectueusement remarquer que normalement nous passons...
M. John Duncan: C'est à l'intérieur des cinq minutes.
Le vice-président (M. Julian Reed): Les cinq minutes sont expirées.
M. John Duncan: Très bien. Nous y reviendrons plus tard.
Le vice-président (M. Julian Reed): Monsieur Bélair.
M. Réginald Bélair: Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue. J'ai quelques brèves questions.
En ce qui concerne le Conseil canadien des ministres des Forêts, faites-vous partie d'un sous-comité de ce conseil?
Mme Sarah Goodman: Je ne le sais pas.
M. Réginald Bélair: Vous ne le savez pas...
M. Darrel Wong: Non, nous n'en faisons pas partie.
M. Réginald Bélair: Quelle est donc votre relation avec le gouvernement du Canada? Avez-vous des liens quelconques avec le gouvernement du Canada?
Mme Sarah Goodman: Notre président, Jack Munro, siège au comité du CCSF, évidemment un très important...
Une voix: Le Comité du Conseil consultatif du secteur des forêts.
Mme Sarah Goodman: En effet. Nous travaillons en étroite collaboration avec Doug Ketcheson et Claude Leger, des programmes PIPF, et avec Jacques Carette. Il y a donc dialogue. Toutes ces personnes appuient dans une grande mesure nos efforts.
M. Réginald Bélair: En fait, je veux savoir jusqu'à quel point vos organisations sont disposées à participer à une campagne internationale pour lutter contre l'offensive menée par Greenpeace et d'autres.
M. Darrel Wong: J'aimerais moi aussi répondre à cette question. J'aimerais qu'il soit noté que Dave Haggard, notre président national, à ma connaissance siège également au FSC.
Nous sommes venus ici pour la première fois en juin 1998—uniquement Darol et moi-même, pour commencer—pour vous dire que nous voulions participer à une contre-attaque contre la campagne internationale qui était menée à l'endroit des produits forestiers de la Colombie-Britannique. On nous a dit à l'époque de revenir avec des représentants de l'industrie parce qu'un syndicat local seul en Colombie-Britannique n'avait pas vraiment le poids nécessaire.
Nous sommes revenus en novembre avec des représentants de International Forest Products et de Western Forest Products et avec l'appui de Forest Alliance, qui a fait une bonne partie du travail de préparation des documents, etc. Nous avons alors conjointement demandé à votre comité de venir voir exactement ce que nous faisons. Vous l'avez fait, et nous vous en serons éternellement reconnaissants.
Le maire de Port McNeill, qui devait se joindre à nous aujourd'hui, mais malheureusement n'a pu le faire, s'est alors joint à la campagne, de même que Western Forest Products et InterFor, qui devaient également envoyer des représentants ici aujourd'hui. Là encore, malheureusement, cela n'a pas été possible, mais ils sont avec nous en esprit.
Donc, en fait, nous sommes ici aujourd'hui pour vous dire que nous n'avons pas abandonné notre plan originel de juin 1998. Nous voulons participer à la lutte contre la campagne internationale menée à l'endroit de la Colombie-Britannique et des produits forestiers canadiens. Nous voulons que nos membres et nos localités y participent. Nous voulons que les Premières nations de la région y participent. Nous pensons avoir quelque chose à dire. Nous devons dire la vérité et nous voulons avoir l'occasion de le faire.
M. Réginald Bélair: Compte tenu du fait que Greenpeace et d'autres vont bientôt lancer—si ce n'est pas déjà fait—une campagne visant à discréditer le Canada et nos pratiques forestières et ont mis de côté 20 millions de dollars à cette fin, à votre avis que peut faire le gouvernement du Canada pour contre-attaquer?
M. Neil Menard: Monsieur le président, tout d'abord, comme l'a dit Darrel, la Colombie-Britannique est visée, mais tout le pays va en souffrir. Comme organisme national, nous avons été très actifs dans tout le Canada et aux États-Unis. Nous faisons partie de la Fédération internationale des travailleurs du bâtiment et du bois, organisation internationale qui se trouve en Europe. Nous avons beaucoup travaillé pour faire valoir notre position devant ce groupe particulier, et nous pensons que comme organisme national nous allons...
Il est important d'avoir de l'argent. Il est important d'avoir des gens. Comme pays, il nous faut songer à la taille de notre industrie. Je pense que Darrel l'a très bien dit: ce n'est pas simplement les emplois qui nous préoccupent, mais aussi l'incidence sur l'économie du pays. Comme syndicat, nous dépensons beaucoup d'argent tous les ans—et nous ne sommes pas un syndicat riche—pour lutter contre cette campagne. Nous ne pouvons le faire seuls. Nous avons besoin d'aide. Nous avons besoin de l'aide de l'industrie.
M. Darol Smith: J'aimerais ajouter à ce qu'a dit Neil; il s'agit d'une campagne de 20 millions de dollars. C'est beaucoup d'argent. Nous le savons.
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Nous savons également que les tournées que le gouvernement
organise dans le cadre du programme international de partenariat
connaissent un grand succès. Nous encourageons le gouvernement à
continuer dans cette veine. Nous sommes très heureux de voir que ce
comité l'a recommandé. Nous savons également que lorsque les gens
viennent ici, parlent aux travailleurs et aux membres des Premières
nations, ils viennent à nous, et nous avons beaucoup à dire.
Ce projet pilote dont il est question coûterait moins d'un demi-million de dollars, mais nous pensons pouvoir revenir à une date subséquente et vous donner la preuve que ce que nous avançons ici aujourd'hui fonctionne vraiment. Il est probable qu'à ce moment-là nous demanderons beaucoup plus d'argent au gouvernement provincial, aux entreprises et au gouvernement fédéral, car il faut que ce processus continue.
M. Réginald Bélair: C'est ce que je voulais vous entendre dire. Merci beaucoup.
Voici une question pour Mme Goodman. Un demi-million de dollars ne suffira pas à contrer une offensive de 20 millions de dollars. Vous parlez d'un projet pilote. Qui avez-vous l'intention d'inclure? Tout le monde... Avez-vous l'intention d'inclure les représentants du gouvernement, de l'industrie et des environnementalistes? Parce que c'est très petit...
Mme Sarah Goodman: D'abord, j'aimerais aborder un aspect plus large. Le gouvernement a toujours dit à l'industrie de s'organiser, que c'était le problème de l'industrie, que l'industrie devait mettre d'abord de l'ordre chez elle et qu'ensuite le gouvernement lui apporterait son aide. En ce moment même, il y a des groupes d'associations de l'industrie forestière, y compris le COFI, nous-mêmes, l'IWA, l'Association canadienne des pâtes et papiers, et le Conseil canadien du bois... nous nous réunissons et nous discutons d'une stratégie globale, mais entre-temps il nous faut de plus petits éléments afin de lancer la balle. Il s'agit en fait d'un plan d'un million de dollars. Nous cherchons à obtenir un tiers du financement du gouvernement fédéral, un tiers du gouvernement provincial et un tiers de l'industrie.
Évidemment, n'importe lequel de ces groupes pourrait fournir tout le financement seul, mais nous pensons qu'il est très important que tous les intervenants participent.
Donc, pour répondre à votre question plus précisément, nous voulons inclure des représentants des Premières nations, des travailleurs, des dirigeants communautaires, des universitaires, des forestiers et des biologistes. Nous allons cibler le marché. Par exemple, au Japon on est plus réceptif aux propos des universitaires et des gens d'affaires. Les équipes seraient donc composées différemment.
M. Réginald Bélair: Est-ce que vous avez approché des membres du comité au sujet de votre demande...
Le vice-président (M. Julian Reed): Monsieur Bélair...
Mme Sarah Goodman: Nous n'avons pas fait de demande officiellement. Nous vous demandons de soutenir le principe de ce document.
Le vice-président (M. Julian Reed): Monsieur Bélair, je vous donnerai la parole au deuxième tour.
Je dois maintenant passer à M. Godin.
M. Darol Smith: Puis-je ajouter un mot à ce que Sarah vient de dire? À mon avis, le soutien du gouvernement fédéral est essentiel, étant donné que nous avons besoin des moyens dont dispose le Canada dans le monde entier pour faire avancer notre cause, par exemple le personnel de nos ambassades...
M. Réginald Bélair: C'est la raison pour laquelle je voulais vous entendre dire que...
Le vice-président (M. Julian Reed): Monsieur Godin.
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD): Non, ça va.
Le vice-président (M. Julian Reed): Est-ce que je me suis trompé de nom?
[Français]
Monsieur Cardin.
M. Serge Cardin (Sherbrooke, BQ): Messieurs, madame, merci d'être ici aujourd'hui. Votre projet d'intervention sur l'international, qui regroupe l'ensemble des intervenants de l'industrie forestière, me semble être une action positive. Cependant, les questions que je me pose, qui ressemblent un peu à celles de M. Bélair, portent sur les budgets. Une telle chose exige normalement des budgets assez importants. Nous parlions hier avec un représentant du ministère, qui nous disait que dans son ministère, il y avait un budget de communication de seulement 800 000 $, ce qui est très peu pour faire une campagne internationale. Il disait qu'il était très limité pour faire une campagne internationale. Pendant ce temps, le gouvernement fédéral dépense beaucoup d'argent pour les communications, surtout au Québec. Il pourrait peut-être en garder une bonne partie pour faire un investissement au niveau international afin de défendre l'industrie forestière. C'est une porte que vous pourriez exploiter.
Je suis arrivé un peu en retard, et les gens qui sont en retard ont tort. J'imagine que c'est vous qui avez présenté l'accord de principe pour le statu quo. Pouvez-vous me situer rapidement? Qu'est-ce que cela comprend et quels en sont les effets?
M. Darrel Wong: Puis-je commencer?
On a dit d'abord qu'il s'agissait d'une petite initiative, et en fait le première initiative dont nous sommes venus vous parler aujourd'hui est un programme pilote d'une valeur de 1,1 million de dollars. Mais le syndicat national, de concert avec l'industrie forestière, a fait des démarches pour demander au gouvernement fédéral environ 400 millions de dollars, et il s'agit d'une stratégie de commercialisation, où l'on ne traite pas seulement de la question écologique, mais aussi tout particulièrement du développement de nouveaux débouchés en Inde, en Chine et ailleurs dans le monde. C'est donc l'un des processus que nous avons mis en place.
Deuxièmement, notre syndicat local, de concert également avec le syndicat national, l'alliance et les gens sur place—j'ai un texte du maire de Port McNeill, Gerry Furney—a demandé 20 millions de dollars à la FRBC. Nous avons également écrit à la FRBC, non seulement pour lui faire savoir que nous sommes d'accord avec ce texte, mais pour lui faire savoir aussi que l'industrie elle-même devait également verser 20 millions de dollars.
La difficulté, c'est que notre position est quelque peu différente, mais seulement dans la mesure où nous voulons faire appel aux gens sur place qui peuvent témoigner en notre faveur. Demander 20 millions ou 40 millions ou 100 millions ou 400 millions de dollars est un processus plus long et plus difficile; nous croyons donc que si nous pouvons faire un premier pas avec un projet pilote, nous pourrons démontrer les avantages que l'on peut en retirer. Nous espérons de là élargir ce programme. Voilà la réponse à votre première observation.
Vous avez ensuite parlé de l'initiative de conservation de la forêt côtière, qui est un projet lancé par l'industrie forestière et le milieu écologiste. À mon avis, c'est un bon exemple de gestion ponctuelle. Il y a toute une campagne internationale qui vise la côte centrale de la Colombie-Britannique, ce qu'on appelle la forêt pluviale Great Bear. Ce qui s'est passé, en fait, c'est que des organisations écologistes internationales ciblent des entreprises qui sont présentes dans ce secteur, et dans la propagande qu'elles diffusent partout dans le monde elles disent que ces entreprises sont mauvaises parce qu'elles exploitent la forêt pluviale Great Bear.
Donc cette idée du moratoire de dix-huit mois est à mon avis une réaction à une organisation extrêmement puissante qui appelle au boycott international. Et moi, très franchement, je ne suis pas d'accord. Je ne crois pas que ce soit la bonne façon de faire les choses. Je ne crois pas que la fermeture des forêts de la Colombie-Britannique nous permettra de régler un problème qui tient au marché international.
Je crois en fait que ce qu'il faut faire, c'est prouver aux gens ce que nous faisons et bien. Nous nous sommes donc adressés à l'industrie, et le syndicat national a demandé à l'industrie de décréter un moratoire de quatre-vingt-dix jours relativement à cet accord, ce qui nous permettra de proposer des solutions de rechange pour contrer ce mouvement.
Si l'on adopte la proposition de la CFCI, des milliers de nos membres et les gens de chez nous seront sans travail pendant longtemps. À mon avis, ce n'est pas la chose à faire. Nous faisons un bon travail. Nous n'avons donc qu'à le prouver aux gens et à leur expliquer ce que nous faisons. Nous avons les meilleures pratiques du monde, et, très franchement, il n'y a rien ici qui puisse nous faire honte. Nous faisons un bon travail. Il s'agit simplement de le faire savoir aux gens.
M. Darol Smith: En réponse à votre première question qui portait sur le petit montant d'argent que l'on dépense pour ce projet pilote, il est vrai que c'est un petit montant d'argent, mais c'est probablement la meilleure dépense que le Canada peut faire. Notre projet se déroulerait en Colombie-Britannique, mais il profiterait à toutes les provinces du Canada. Nous entendons en faire un modèle, et toute autre province éprouvant le même genre de problème pourrait l'adopter et l'enrichir de ses propres statistiques et informations. Donc tout le monde en profiterait.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci beaucoup.
Monsieur Cardin, acceptez-vous d'attendre le deuxième tour?
[Français]
M. Serge Cardin: J'ai une seule chose à dire. Je ne sais pas si j'ai mal entendu, mais je ne disais pas que c'était un petit programme. À prime abord, je crois en votre programme et j'ai simplement dit vous alliez avoir besoin de plus d'argent et que le gouvernement fédéral serait capable d'y participer convenablement.
M. Darol Smith: Merci.
Le vice-président (M. Julian Reed): Monsieur St. Denis.
M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib.): Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins d'avoir accepté notre invitation.
Y aura-t-il un deuxième tour? J'ai quelques questions.
Le vice-président (M. Julian Reed): Nous allons essayer. Je tâche d'être aussi sévère que je le peux, dans des limites raisonnables.
M. Brent St. Denis: Je veux parler de deux questions distinctes: de la certification et de votre proposition aussi. Je vais d'abord parler de la proposition, et au deuxième tour j'aborderai la question de la certification.
J'ai eu le chance de causer avec le groupe plus tôt cette semaine, et je crois qu'il faut, pour mémoire, redire certaines choses qui ont été dites à ce moment-là.
Avez-vous articulé votre proposition au point de créer un plan d'affaires? Par exemple, que répondriez-vous si l'on vous demandait comment vous allez assurer la formation? Où enverriez-vous des gens, à quel moment de l'année, à quels congrès, à quelles rencontres? S'agirait-il d'une seule personne, de deux ou de trois? Quelles seraient les exigences linguistiques? Auriez-vous un support Internet pour tout cela? Une bonne part de la propagande de Greenpeace est diffusée par Internet. Auriez-vous un soutien Internet pour cela?
Votre projet pilote devrait-il être de nature régionale au départ, et, si ça marche, doit-on l'étendre à l'échelle nationale, ou doit-on plutôt commencer à l'échelle nationale et viser d'autres régions où il y a des forêts anciennes dans la forêt boréale—par exemple dans ma région, le nord de l'Ontario?
Comme je l'ai dit, il ne fait aucun doute qu'il faut faire connaître votre version des choses. Il est difficile de savoir exactement dans quelle mesure cela se fait. Le gouvernement fédéral a participé, de concert avec les provinces, au partenariat forestier international, et je crois que cela va continuer dans une large mesure.
Le plan d'affaires vous permettrait d'établir une comparaison avec ce qui se fait maintenant. Par exemple, vous pouvez mesurer dans une certaine mesure l'efficacité du programme de visite, étant donné que vous proposez un programme contraire: à savoir envoyer les visiteurs ailleurs. Donc si vous devez répondre à des questions détaillées comme celles-là, j'aimerais savoir si vous êtes sur le point d'avoir un plan d'affaires qui vous permettra de le faire?
M. Darrel Wong: Nous avons l'embryon d'un plan, nous avons établi un budget pour cela, et nous avons des secteurs que nous croyons devoir cibler, en faisant des recherches, étant donné les marchés où nous vendons nos produits. Nous avons donc fait plusieurs choses, mais nous n'avons pas de texte complet qui nous permettrait de dire que telle personne formera telle autre. Mais nous pourrions y arriver très rapidement si nous avions le financement voulu pour ce faire.
M. Brent St. Denis: Je voulais seulement savoir dans quelle mesure votre proposition a mûri. Mais qu'en est-il d'Internet? La Forest Alliance a-t-elle un site Web?
Mme Sarah Goodman: Essentiellement, étant donné qu'il s'agit d'un groupe comptant entre 15 et 20 intervenants, nous croyons que le mieux est de commencer en Colombie-Britannique, en faisant appel aux intervenants de la Colombie-Britannique, et de prendre de l'expansion à partir de cela, étant donné que nous en sommes encore au projet pilote. De toute évidence, avec une mission commerciale Équipe Canada, on ne peut rejoindre qu'un certain nombre de personnes; l'on pourrait donc compléter cela en proposant des visites guidées virtuelles des forêts sur CD-ROM, Internet, et l'on pourrait mettre au point d'autres documents qui seraient diffusés à plus grande échelle, et l'on pourrait aussi donner un visage plus humain à tout cela.
On ne se limiterait donc pas strictement aux missions commerciales; il y aurait aussi un programme de communication.
M. Brent St. Denis: Parce que, en appui au programme de visite, vous voulez rejoindre les gens.
Mme Sarah Goodman: Nous voulons rejoindre les gens.
M. Brent St. Denis: Il faut pour cela des gens et de l'information, et il faut pouvoir travailler dans d'autres langues aussi, étant donné qu'une bonne part de ces fausses informations circulent dans des marchés où l'on parle des langues différentes.
Mme Sarah Goodman: Notre texte prévoit des éléments comme la traduction, la formation aux relations médiatiques, et tout cela.
Nous avons en fait parlé à Claude Leger, du PIPF, et au gouvernement provincial. À l'origine, nous avions prévu des visites guidées, mais après en avoir parlé avec le gouvernement provincial nous avons supprimé cela parce qu'il nous a dit que nous pouvions lui fournir des listes de personnes qui devraient, à notre avis, prendre part à ces visites. Ainsi, nous tâchons d'alimenter des programmes qui existent déjà afin d'éviter tout double emploi.
M. Brent St. Denis: Vous espérez donc que notre comité soutiendra votre idée en principe. J'ai la certitude qu'il y aura de très bonnes discussions. Il ne fait aucun doute qu'il faut faire connaître votre version des choses.
• 1155
Soit dit en passant, avant de céder la parole à l'opposition,
j'aimerais mentionner—parce que je pense que nous y reviendrons
plus tard, monsieur le président—qu'il y a un projet dans
l'industrie minière qui s'appelle le Great Canadian Mining Show. La
recherche se fait dans ma circonscription; il y a aussi des
activités minières dans ma circonscription. Il s'agit d'un
programme éducatif. Le secteur minier a des difficultés qui lui
sont propres, et il se pose là aussi des problèmes relatifs aux
barrières non tarifaires, par exemple la batterie au cadmium-nickel
en Europe.
Je vous invite seulement à aller voir en quoi consiste le Great Canadian Mining Show. Le nom est très positif, agréable et attrayant, et c'est le véhicule qui a été mis au point par l'industrie minière de concert avec un partenariat multipartite pour régler certains problèmes qui lui sont propres. Ce n'est qu'un exemple de plus.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci, monsieur St. Denis. Vous avez eu plus que votre part.
M. Brent St. Denis: J'y reviendrai plus tard. Merci.
M. Neil Menard: Si l'on me permet de répondre très rapidement, nous croyons qu'il est plus important de faire connaître nos vues à l'étranger que de poursuivre notre campagne d'information ici. Nous croyons que les Canadiens comprennent maintenant fort bien ce qui se passe; nous voulons donc passer à l'étranger et combattre en première ligne de ce côté-là.
M. Darol Smith: J'ajouterai seulement quelques détails ici. Vous vous souvenez que lorsque vous avez visité la région, Brent, Robert Germyn a été l'un des premiers Autochtones à témoigner devant votre comité. C'est une personne qui s'exprime très bien. La semaine dernière, j'ai eu une très bonne conversation avec Robert Germyn. Il est d'accord avec notre proposition, et il est disposé à faire partie de l'équipe qui ira à l'étranger.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci.
Monsieur Godin.
[Français]
M. Yvon Godin: Premièrement, j'aimerais souhaiter la bienvenue à mes confrères et à ma consoeur de la Colombie-Britannique.
Je pense que beaucoup de questions seront posées. Votre demande est claire. Vous aimeriez que le fédéral contribue au financement d'une campagne pour battre l'autre campagne, celle de ceux qui s'opposent à vous. Je pense que c'est clair et qu'il va falloir prendre une décision là-dessus.
Je vais être obligé de quitter parce que j'ai d'autres activités, mais j'aimerais d'abord vous poser une question. Vous avez dit, et Home Depot a dit la même chose, que Irving avait la certification FSC. Est-ce exact?
[Traduction]
Mme Sarah Goodman: Oui.
[Français]
M. Yvon Godin: Est-ce que vous, de la Colombie-Britannique, avez discuté avec les gens de Irving pour savoir comment ils s'y étaient pris pour avoir cela? Est-ce que le gouvernement du Nouveau-Brunswick y a participé? Cela me préoccupe. Irving a obtenu la certification, mais personne d'autre au Canada ne l'a. Il y en a peut-être quelques-uns, mais serait-il possible d'aller dans cette direction pour trouver une solution acceptable avec la participation du fédéral, qui coordonnerait tout cela, qui serait en quelque sorte le parapluie de tout cela? J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
[Traduction]
Mme Sarah Goodman: Nous avons parlé avec Irving. En février, je me suis rendue justement dans les Maritimes pour voir ce qui advenait de cette norme, étant donné toute la controverse qui entoure le certificat d'Irving, qui s'est ensuite retirée du FSC, et le reste. Donc nous tâchons de collaborer et de nous assurer que le processus en Colombie-Britannique aille mieux que celui qu'il y avait dans les Maritimes.
M. Yvon Godin: Ce n'était pas facile.
Mme Sarah Goodman: Pour le moment, nous avons l'absolue certitude que le processus est ouvert et transparent. Il y a plus de participation des intervenants, etc.
Si je vous ai bien compris, vous vouliez savoir s'il y a moyen de réunir ces divers groupes qui pratiquent la certification. Dans le monde d'aujourd'hui, il y a environ 100 programmes de certification. À l'origine, la certification avait pour but d'améliorer la gestion forestière, mais elle devait également servir d'outil pour les consommateurs, qui pourraient ainsi distinguer aisément ce qui constitue un bon produit forestier de ce qui ne l'est pas.
À l'heure actuelle, la certification n'en est qu'au stade embryonnaire. Nous pensons que ces groupes vont finir par se réunir, mais ça va prendre du temps. Entre-temps, nous sommes d'avis qu'il ne devrait pas y avoir de monopole. Nous devons encourager l'articulation de toutes les normes et les évaluer sincèrement, pas seulement selon la qualité de leurs plans de commercialisation, mais aussi selon ce qui se fait sur le terrain.
M. Yvon Godin: J'aimerais faire un dernier commentaire. Je suis allé en Colombie-Britannique l'année dernière. Je suis allé à Bella Coola et à tous ces endroits. Tous les membres du comité y sont allés ensemble. J'ai trouvé que les pratiques en Colombie-Britannique étaient vraiment extraordinaires comparativement à celles d'autres endroits et je veux vous en féliciter. Continuez votre travail. Merci.
[Traduction]
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci, monsieur Godin.
Monsieur Keddy.
M. Gerald Keddy (South Shore, PC): Merci, monsieur le président. Il y a beaucoup à dire en cinq minutes. Je ne suis pas très fort à ce jeu.
Le vice-président (M. Julian Reed): Nous espérons avoir le temps de faire un deuxième tour.
M. Gerald Keddy: Absolument.
Tout d'abord, je tiens à remercier tous les témoins d'être venus ici, et je tiens également à vous remercier pour l'aide que vous nous avez accordée au cours de notre tournée du printemps dernier. Un bon nombre de nos membres ont beaucoup appris. Il y a beaucoup trop de députés fédéraux qui s'imaginent qu'un collier étrangleur n'est bon que pour les chiens. C'est un véritable problème. Il est important de sensibiliser tout le monde aux pratiques forestières et aux processus de commercialisation, mais tout particulièrement aux pratiques forestières.
Je pense qu'une question se pose ici, et il s'agit de tout le processus éducatif dont vous parlez. Il s'agit exactement de cela. Sarah a répondu en partie à cette question lorsqu'elle a répondu à la question de John.
Il faut souligner également le fait que vous demandez le tiers de 1,1 million de dollars, ce qui n'est pas beaucoup d'argent pour lancer un projet comme celui-là. Il faut que cela soit fait. Le gouvernement fédéral a toujours pris part à la commercialisation des produits forestiers canadiens et des autres produits canadiens à l'étranger, à l'échelle internationale. Vous êtes aux prises avec la grande campagne que mènent les Sierra Club, les Greenpeace et autres organisations écologiques du monde.
Combien d'argent avons-nous déjà investi dans ces organisations au Canada? Avez-vous une idée des subventions fédérales qui sont versées directement à ces organisations aujourd'hui? Chose certaine, l'Ecology Action Centre de la Nouvelle-Écosse reçoit des fonds provinciaux et fédéraux. En règle générale, ces organisations sont déjà financées par le gouvernement fédéral. Avez-vous une idée du montant de ces subventions?
M. Darol Smith: Me permettez-vous une observation à ce sujet? Nous savons fort bien que bon nombre de ces organisations jouissent du statut d'oeuvre de bienfaisance. Nous avons beaucoup de mal à accepter cela. Ainsi, les travailleurs forestiers, en payant des impôts, sont contraints de subventionner des campagnes qui les réduisent à la pauvreté. Dans certaines régions, cela préoccupe vivement les gens.
M. Gerald Keddy: Êtes-vous au courant des subventions fédérales que touchent directement ces organisations? Notre comité pourrait peut-être faire enquête là-dessus aussi.
Mme Sarah Goodman: Nous suivons surtout les grands mouvements écologiques comme Greenpeace et d'autres, et, pour autant que je sache, ils ne touchent aucune subvention fédérale. J'encouragerais sûrement le comité à s'assurer que c'est bien le cas.
M. Gerald Keddy: J'aimerais soulever une autre question dont on a parlé jusqu'à présent en termes généraux. Il ne s'agit pas seulement de la Colombie-Britannique. Vous dites que le feu est pris en Colombie-Britannique, mais que la fumée se répand dans tout le pays. Ou si vous voulez, le feu est pris sur les deux côtes, et ce, depuis longtemps. Nous sommes tous aux prises avec les Home Depot de ce monde. Si nous ne pouvons pas vendre à Home Depot ou à d'autres entreprises américaines, étant donné que l'Europe est déjà fermée à bon nombre de nos produits forestiers, cela limite considérablement ce que nos usines sur la côte Est, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve peuvent faire. C'est donc un problème. Du point de vue de la durabilité ainsi que du point de vue écologique, nous savons tous cela.
Il faut également parler du même souffle de la Loi sur les espèces en péril. Je me demandais si vous vouliez profiter de votre présence pour nous en parler.
M. Neil Menard: Je préfère ne pas en parler pour le moment.
M. Gerald Keddy: C'est probablement une bonne idée.
M. Neil Menard: C'est une bonne question, mais on en reparlera une autre fois.
M. Gerald Keddy: J'ai lancé ça comme ça.
M. Neil Menard: Une autre fois, Gerald. Merci.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci beaucoup, monsieur Keddy.
Monsieur Chatters, vouliez-vous intervenir à ce sujet?
M. David Chatters (Athabasca, Alliance canadienne): Non, ça va.
Le président: Nous allons maintenant passer au deuxième tour avec M. Duncan.
M. John Duncan: J'en reviens à la certification, Sarah. Peut-on dire qu'à votre avis c'est une bonne chose qu'il y ait concurrence à l'heure actuelle au niveau des normes de certification?
Mme Sarah Goodman: Absolument. Essentiellement, la certification est un outil de commercialisation facultatif; il est donc tout à fait absurde et contraire au principe de la certification d'avoir un monopole. Il faut absolument encourager l'émergence de toute une gamme de systèmes, mais il est vrai que cela cause beaucoup de confusion sur le marché et qu'il faut y voir.
M. John Duncan: Comment donc comptez-vous convaincre les détaillants comme Home Depot que la concurrence en matière de certification est une bonne chose?
Mme Sarah Goodman: J'ai lu le témoignage d'Annette Verschuren, et notre organisation a rendu plusieurs visites à Home Depot, au Canada ainsi qu'au siège social d'Atlanta. Nous avons d'ailleurs assisté à l'assemblée générale du FSC à Oaxaca, où Home Depot a envoyé 10 dirigeants. Ils prennent donc le FSC très au sérieux.
Home Depot nous a dit que le FSC avait sa préférence, mais nous croyons également que cette préférence avouée pour le FSC exprime le consensus de plusieurs entreprises—dont Centex, un constructeur domiciliaire américain valant 5,3 milliards de dollars qui a fait une déclaration il y a deux semaines—à savoir que l'on préfère la certification de tous types. Ils ont donc peut-être dit qu'ils préféraient le FSC, mais je pense qu'ils tiennent à voir des progrès, un point, c'est tout, et nous pouvons certainement les contenter de ce côté-là.
M. John Duncan: D'après ce que nous a dit le représentant de Home Depot, il y a de fausses conceptions au sujet de l'application des autres systèmes de certification, par exemple que le FSC est le seul système doté d'une vérification indépendante. Votre organisation compte-t-elle écrire à Home Depot pour lui faire savoir qu'elle se trompe de ce côté-là?
Mme Sarah Goodman: Oui, nous allons certainement le faire. L'un des plus grands problèmes tient au fait que la CSA n'est pas une entreprise de commercialisation; elle a donc beaucoup de mal à faire passer son message. Il y a plusieurs personnes au sein de l'industrie—dans les syndicats, les associations, et le reste—qui se demandent comment l'on peut régler ce problème afin de s'assurer que les clients disposent des informations voulues.
M. John Duncan: J'en reviens maintenant au projet pilote, au prototype, peu importe comment on l'appelle. Le ministre et la bureaucratie étudient cela depuis octobre maintenant.
Mme Sarah Goodman: Non. Ce projet est le projet d'un million de dollars. Je crois que celui dont parlait Neil était le plan IWA-COFI de 450 millions de dollars. C'est exact, Neil?
M. John Duncan: D'accord; on pourrait donc dire qu'on n'a pas encore répondu à cette demande, mais que l'autre proposition a fait l'objet de certaines discussions. Pouvez-vous nous donner une idée de la réaction gouvernementale?
M. Neil Menard: Vous parlez de la proposition de commercialisation?
M. John Duncan: Oui.
M. Neil Menard: Oui, nous pouvons vous en parler. J'ai dans mes notes ici le plan de commercialisation qu'on a proposé au gouvernement fédéral. Nous n'avons pas reçu un sou, mais il est encore permis d'espérer.
Étant donné ce que nous faisons ici et l'évolution de nos débouchés, nous tenions à en parler aujourd'hui parce qu'il s'agit d'un projet national qui n'a reçu aucune réponse. On a abaissé le montant original. Dave Haggard et certains de nos gens de l'IWA, du COFI et d'ailleurs sont encore en pourparlers avec le gouvernement fédéral au sujet de ce programme.
M. John Duncan: Mais cela serait la deuxième étape. Cette proposition est maintenant considérée comme la première étape, n'est-ce pas?
M. Neil Menard: Nous pensons que c'est la première étape, et nous devons aller de l'avant et en faire un projet pilote, mais avec une perspective nationale. Comme l'a dit Darrel, nous pensons que ça marchera très bien si nous nous servons des gens sur le terrain pour faire passer notre message. Nous vous soumettrons ensuite probablement une proposition pour un projet élargi, le même que celui-ci, mais à l'échelle nationale.
Le projet de commercialisation nous aidera beaucoup, mais il est plus axé sur la commercialisation de nos produits à l'échelle mondiale.
M. John Duncan: D'accord.
M. Darrel Wong: J'aimerais faire quelques observations à ce sujet. Ce que nous voulons faire, c'est dire ce que nous faisons de bien, parce que nous faisons un bon travail qui n'est pas reconnu. Par exemple, en Colombie-Britannique—je sais que ce n'est pas la seule province où les pratiques forestières sont bonnes; c'est seulement que je connais beaucoup mieux ce que nous faisons en Colombie-Britannique qu'ailleurs—nous avons mis en place un code des pratiques forestières afin d'établir les meilleures normes du monde. Cela ne nous a pratiquement rien rapporté, ce qui témoigne vraiment d'une partie de ce qui constitue à mon avis le problème aujourd'hui.
Il y a des gens qui parlent de l'Association canadienne de normalisation et de la certification du Forest Stewardship Council. Il y a des entreprises dans mon syndicat local qui y travaillent et qui sont sur le point d'être certifiées, par exemple TIMFOR Contractors. D'autres grandes entreprises forestières participent activement et s'emploient à respecter tous les divers niveaux de certification. À mon avis, ce n'est qu'une carotte de plus que nous recherchons.
Le problème à ce niveau, c'est que lorsque nous y serons, ce ne sera pas terminé, je ne crois pas. Un problème n'attend pas l'autre. Même si je crois que nous devons prouver au monde que nous traitons bien la forêt, je ne crois pas qu'au bout du compte la norme FSC ou toutes les autres certifications vont régler le problème. Il faut que les gens aillent sur la scène internationale et parlent du vrai travail que nous faisons et donnent des exemples du bon travail que nous accomplissons.
Nous allons continuer de nous intéresser à toutes ces mesures de certification, du point de vue du syndicat local et, je le sais pour en avoir parlé avec Neil et avec l'industrie forestière, du point de vue du syndicat national aussi.
Mais le fait est que nous avons de bonnes choses à dire. Nous faisons un bon travail. Il nous faut tout simplement les moyens qu'il faut pour rejoindre le marché international et y faire passer notre message.
M. John Duncan: Il ne s'agit pas d'une question, mais d'une observation qui rejoint...
Le vice-président (M. Julian Reed): Je vous demanderais d'être bref, monsieur.
M. John Duncan: Oui, absolument.
Brent a mentionné le Great Canadian Mining Show. Notre comité a entendu l'Association forestière canadienne, qui s'emploie en ce moment à créer une forêt virtuelle. Vous pourrez donc collaborer avec l'Association forestière canadienne sur ce plan. On ne sait jamais.
Merci, monsieur le président.
M. Darol Smith: J'aimerais faire une autre observation. Au sujet de ce projet pilote que nous proposons aujourd'hui, je ne sais pas comment le dire, mais il existe un véritable sentiment d'urgence en Colombie-Britannique sur ce plan. Essentiellement, c'est hier que nous avons besoin de votre aide, et nous vous prions d'expédier cette affaire au plus tôt, si vous pouvez le faire.
M. John Duncan: Je crois que cet accord moratoire souligne l'urgence de la situation. Le fait que ce document est allé aussi loin témoigne vivement du sentiment d'urgence qui existe, certainement au niveau de l'industrie.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci.
Je vais maintenant céder la parole à M. St. Denis, puis à M. Keddy. S'il nous reste un peu de temps à la fin, nous pourrons peut-être faire un autre tour, si vous le souhaitez.
M. Brent St. Denis: Je vous remercie, monsieur le président.
Je sais que nous entendrons parler davantage de ce projet.
En ce qui concerne la certification, Mme Goodman a mentionné que tous ces divers régimes ou systèmes de certification n'en sont même pas à leurs premiers balbutiements. Disons qu'ils en sont à leur tout début. Je pense qu'il est assez évident qu'il s'agit d'une situation sur laquelle aucun gouvernement, aucun particulier ni aucune organisation n'a de contrôle. C'est un peu comme Internet. C'est un domaine inexploré, c'est un phénomène réel, et le mieux à faire pour les particuliers, les gouvernements et les organisations, c'est de réagir de façon intelligente et sage à ce phénomène. Je pense que c'est une situation très semblable à celle de la certification. C'est un phénomène réel. Je ne dis pas qu'il est hors de contrôle. Ce n'est pas une situation qui est contrôlable, mais nous pouvons réagir avec prudence à ce qui se passe.
• 1215
Dans la mesure où Home Depot a décidé, pour ses propres
raisons, d'adopter la certification du FSC, et que le président a
indiqué clairement qu'il privilégie les entreprises qui sont
certifiées par le FSC ou qui prennent des mesures en ce sens, ma
première question est la suivante: combien de sociétés forestières
de la Colombie-Britannique ont vu leur chiffre d'affaires diminuer
au profit de, disons, Home Depot et d'autres importants acheteurs
à cause de questions de certification? Y a-t-il déjà des
entreprises forestières qui ont vu leur chiffre d'affaires diminuer
pour cette raison?
Mme Sarah Goodman: Le fait est qu'à un niveau global la Colombie-Britannique est vraiment la province qui montre la voie en matière de certification.
M. Brent St. Denis: C'est un argument important.
Mme Sarah Goodman: Et nous avons besoin du gouvernement fédéral pour qu'il nous aide à faire valoir cet argument.
Le fait qu'il y ait six certifications en Colombie-Britannique est extrêmement important. L'année dernière, il n'y en avait aucune. Les entreprises procèdent à une vitesse folle. On parle beaucoup de différents systèmes, etc., et la plupart des entreprises acceptent d'obtenir deux certifications. Elles commencent par une certification de l'ISO pour leur système de gestion de l'environnement et en plus elles obtiennent une certification fondée sur le rendement, soit une certification de la CSA ou du FSC. Certaines essaient d'obtenir les trois certifications et d'autres envisagent d'en obtenir quatre, y compris le système américain SFI.
Les entreprises prennent donc la certification au sérieux. Elles veulent fournir des produits certifiés sur le marché, et cela signifie modifier les pratiques forestières et les améliorer constamment.
M. Brent St. Denis: Mais en ce qui concerne ma question, la certification a-t-elle entraîné des pertes au niveau des ventes?
Mme Sarah Goodman: Pas à ma connaissance, parce que nous avons pris de l'avance.
M. Brent St. Denis: Très bien.
En ce qui concerne la deuxième partie de ma question, vous avez indiqué qu'il faudrait deux ans dans le cadre du régime du FSC pour établir un système régional. Est-ce en raison de la lenteur du processus du FSC, ou est-ce parce qu'il faut beaucoup de temps pour établir les paramètres au niveau régional? Pourriez-vous nous décrire brièvement comment se déroulent les travaux en vue d'établir un système régional FSC?
Mme Sarah Goodman: Bien sûr. Au niveau régional, il y a quatre chambres: économique, sociale, environnementale et Premières nations. Deux responsables élus de chaque chambre siègent à un comité de direction. Greenpeace siège à la table en compagnie des sociétés forestières et des Premières nations etc.
Comme vous pouvez l'imaginer, le processus est assez ardu, mais jusqu'à présent il nous semble ouvert et transparent. Ils doivent donc prendre en compte les 10 principes et les 52 critères et les adapter à la situation qui existe en Colombie-Britannique. C'est donc un processus qui prend beaucoup de temps. Il est rigoureux sur le plan scientifique. Toutes les parties intéressées y participent, y compris les collectivités, les Premières nations, etc.
Voilà donc pour la durée du processus. Nous n'avons pas d'objection à ce que cela prenne deux ans, parce que nous estimons qu'il faut procéder correctement. Nous n'y avons aucune objection, mais le fait est que nous n'aurons pas de norme pendant deux ans. Cela a de toute évidence des incidences au niveau de la certification, bien que l'organisation internationale ait effectivement un mécanisme permettant d'obtenir la certification avant que cette norme soit en vigueur.
M. Brent St. Denis: Est-ce que la province ou le gouvernement fédéral participe de quelque façon que ce soit aux travaux des quatre chambres dans le cadre de ce processus, ou s'agit-il d'une initiative surtout dirigée par le FSC même en collaboration avec les entreprises, les syndicats et les collectivités?
Mme Sarah Goodman: Le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial y participent dans une certains mesure. Le gouvernement provincial a un membre d'office qui fait partie de l'équipe des normes, tout au long du processus, et Janna Kumi, du Pacific Forestry Centre, à Victoria, participe aussi en périphérie.
Le vice-président (M. Julian Reed): Je vous remercie, monsieur St. Denis.
Monsieur Keddy.
M. Gerald Keddy: J'aimerais orienter notre discussion sur un aspect en particulier. Je pense que nous convenons tous que l'idée que vous proposez est excellente. C'est une nécessité, compte tenu de la situation de l'industrie aujourd'hui et du mouvement d'opposition à certaines des pratiques forestières du passé.
L'une des choses qui me dérangent beaucoup, et je suis sûr qu'elle vous dérange aussi, c'est le fait que vous ayez adopté un code d'exploitation forestière—et je pense que c'est le premier à avoir été instauré au pays—et que le reste d'entre nous essaie de combler son retard. Cela aurait dû vous donner l'occasion de dialoguer avec certains des groupes environnementaux. Ils auraient dû se rendre compte que la porte était légèrement entrouverte. J'essaie de voir la situation de leur point de vue. Ils n'avaient peut-être pas l'impression que la porte s'ouvrirait un jour, et cela évidemment ne s'est pas fait.
• 1220
Vous adoptez votre code d'exploitation forestière, vous
envisagez la certification, vous tâchez d'instaurer un dialogue
quelconque avec les groupes environnementaux ou les groupes qui
s'opposent à ceux d'entre nous dont le travail consiste à couper
des arbres, et les luttes n'en finissent plus.
Donc vous êtes ici pour demander l'aide du gouvernement fédéral, et c'est ce dont nous sommes en train de discuter, mais je pense que nous devons aller plus loin. Je me demande si vous avez eu l'occasion de rencontrer face à face le ministre à ce sujet, et je me demande ce que notre comité peut faire pour vous aider. C'est aussi simple que cela.
Nous pouvons adopter des motions, nous pouvons étudier des questions, nous avons examiné la certification, nous avons examiné le code d'exploitation forestière, et nous sommes allés en Colombie-Britannique. Donc nous disposons de suffisamment d'information sur cette question pour aller de l'avant. Comment alors procédons-nous?
M. Darol Smith: Nous avons demandé à rencontrer le ministre lorsque nous sommes venus ici à Ottawa cette fois-ci. Malheureusement, il n'était pas libre.
M. Gerald Keddy: Très bien.
M. Darol Smith: Plus tard cet après-midi, nous rencontrerons son conseiller en politiques.
Pour répondre à certains des autres aspects que vous avez abordés, j'ai représenté la Section locale 2171 sur la côte centrale dans le cadre du processus de gestion des ressources côtières qui se déroule à l'heure actuelle en Colombie-Britannique. Comme nous l'avons indiqué aux députés lorsqu'ils ont visité notre région l'année dernière, seul un très petit pourcentage du territoire sera exploité.
Dans le cadre des négociations sur l'utilisation des terres auxquelles je participe à l'heure actuelle avec Greenpeace et le Sierra Club, au cours des derniers mois les pourparlers ont porté sur la gestion forestière écologique. L'IWA croit en des normes environnementales élevées qui protègent la biodiversité et améliorent et protègent les écosystèmes forestiers fondés sur une gestion durable des forêts. Mais notre approche doit être équilibrée et prendre en considération l'emploi, les collectivités et les Premières nations. Nous craignons que l'optique préservatrice de l'écoforesterie ne s'avère aujourd'hui si coûteuse qu'elle empêchera les sociétés forestières de la Colombie-Britannique de récolter du bois.
M. Gerald Keddy: Je pense que l'on considère de façon générale que nous devons bien sûr préserver certaines de nos terres forestières et assurer la biodiversité de notre pays. C'est un fait. Cependant, il y a un aspect que nous négligeons, et c'est la sensibilisation à ces questions, et cela se fait dans nos écoles secondaires. Mes propres enfants arrivent à la maison et disent: nous utilisons trop de papier; vous ne devriez pas couper d'arbres.
Vous avez dit être un bûcheron de la 6e génération; je suis un bûcheron de la 8e génération en Nouvelle-Écosse. Nous coupons des arbres sur nos terres depuis le milieu des années 1700, et nous en couperons encore.
Donc il faut que les gens comprennent que les arbres ne sont pas immortels. Ils tombent. Au cours des dix prochaines années, il y aura beaucoup plus d'arbres qui seront détruits par des incendies et des insectes dans ce pays que d'arbres qui seront coupés par nous. Mais comment présenter ce message de façon à ce qu'il soit compris par la population? Je pense que c'est ce dont nous sommes en train de parler. Comment pouvons-nous vous obtenir les 350 000 $ ou 450 000 $ pour commencer, fournir des fonds de contrepartie puis prendre les autres mesures qui s'imposent?
Nous devons financer jusqu'à un certain point cette initiative et nous devons le faire en tant qu'entité fédérale, parce que les provinces ne peuvent pas assumer la totalité de ce financement. Il faut que l'exploitation forestière puisse se poursuivre dans ce pays. Nous devons appuyer ce que vous et des groupes d'optique commune faites dans ce pays, et aller de l'avant au lieu de simplement poursuivre le débat parmi des convertis.
M. Darrel Wong: Nous vous sommes vraiment reconnaissants de vos commentaires, et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici avec un plan plus modeste. Nous aimerions avoir un énorme plan, mais nous sommes ici avec un plan plus modeste parce que nous pensons que nous aurons ainsi de meilleures possibilités d'obtenir le financement, et ensuite nous pourrons présenter des preuves pour appuyer nos propos. Nous pourrons revenir vous présenter des preuves de ce que nous avons réussi à accomplir.
Nous estimons qu'il est plus facile d'obtenir quelque chose si on a un document permettant d'établir que vous avez fait vos preuves. À ce stade, on dispose donc d'outils plus efficaces pour faire passer le mot.
• 1225
J'aimerais aborder un instant certains des points que vous
avez soulevés. Un aspect que l'on ne reconnaît pas, c'est que la
Colombie-Britannique il y a dix ans, s'est donné comme objectif de
mettre en réserve 12 p. 100 des terres de la province pour en faire
des parcs.
M. Gerald Keddy: C'est un bon argument.
M. Darrel Wong: Nous avons déjà atteint cet objectif, et nous envisageons toujours d'augmenter le nombre d'aires protégées. Cela me préoccupe un peu. Mais c'est ce qui est en train de se faire. En fait, comme Darol l'a dit, on envisage d'ajouter des aires protégées sur la côte centrale.
Pour ceux d'entre vous qui ont eu l'occasion de venir visiter la côte centrale, on vous a expliqué à l'époque que la région que nous envisageons d'exploiter sur la côte centrale—toute la côte centrale—représente 7 p. 100 du territoire. Quatre-vingt-treize pour cent de la côte centrale restera intacte.
Nous ne parlons pas uniquement des fonds de vallée. Nous faisons beaucoup d'exploitation forestière par hélicoptère maintenant. Nous procédons à la sélection individuelle d'arbres, nous procédons à des coupes sélectives. Nous utilisons beaucoup de méthodes différentes d'exploitation forestière.
Nous sommes en train de parler d'environ 7 p. 100 de la côte centrale de la Colombie-Britannique qui est ciblée à l'heure actuelle, et on veut nous empêcher d'y avoir accès.
Il ne s'agit pas de gens raisonnables qui s'assoient pour décider de partager la richesse. Il s'agit de gens qui disent: Nous voulons la totalité de la superficie et vous ne recevrez rien. C'est là le véritable objectif visé. Je suis absolument convaincu que cette campagne ne cessera qu'une fois que la coupe de bois en forêt aura complètement cessé dans la province de la Colombie-Britannique, et j'irais même jusqu'à dire qu'une fois qu'on aura cessé d'exploiter les forêts de vieux peuplements partout au pays. C'est un phénomène qui est en train de se répandre dans l'ensemble du pays.
Je suis extrêmement désolé d'apprendre à quel point la situation est difficile sur la côte Est, en plus de ce que nous connaissons en Colombie-Britannique. C'est un problème affreux. Et c'est à cause d'une énorme multinationale qui est en train de faire plein d'argent en nous faisant fermer. Je ne crois pas qu'il soit déplacé de demander l'appui des gouvernements provincial et fédéral, ni qu'ils interviennent dans ce dossier. Je sais que vous vous occupez de ce dossier, et je ne critique personne. Tout ce que je dis, c'est que nous aimerions avoir nous aussi l'occasion de participer au processus.
Le vice-président (M. Julian Reed): Tout à fait. Nous vous remercions de vos commentaires.
Je vais maintenant céder la parole à M. Provenzano.
M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): Je vous remercie, monsieur le président.
On a déjà répondu à la question que je vais poser donc je vous prierais de ne pas vous répéter. J'examinerai le compte rendu. J'aimerais commencer par dire que je suis d'accord avec les commentaires faits par mon collègue, M. Keddy.
Ma question porte sur la certification et en particulier sur les critères de certification basés sur le rendement. L'industrie et les différents intérêts que vous représentez craignent-ils que ces critères basés sur le rendement—prenons par exemple la certification du FSC—qui sont appliqués dans d'autres régions du monde ne soient pas uniformes? Autrement dit, s'il existe une différence, s'agit-il d'une différence concrète?
S'il existe une différence au niveau des critères, dans la norme de rendement, pour décider si une forêt canadienne recevra la certification du FSC, est-ce une différence qui compte? Est-ce une différence qui influe sur la compétitivité?
C'est ma première question, si vous n'y avez pas répondu.
Mme Sarah Goodman: Bien sûr. Le fait est que la barre est déjà plus haute pour le Canada. On peut ne pas être d'accord, mais c'est un fait. Là où cela poserait problème, c'est si une norme obtenait un monopole sur le marché et que cette norme ne prévoyait pas les mécanismes appropriés permettant d'assurer l'harmonisation.
Le Forest Stewardship Council prévoit en fait un mécanisme en matière d'harmonisation. Il n'a pas encore été très bien mis à l'essai, parce qu'il n'y a pas de très nombreuses normes approuvées. C'est donc une question qu'il restera à déterminer. L'industrie est très préoccupée par cette question et compte travailler fort pour s'assurer que les règles du jeu demeurent relativement équitables.
M. Carmen Provenzano: Le comité s'intéresse particulièrement à l'examen de cette question dans l'optique du commerce international. Nous avons entendu des témoignages selon lesquels un grand nombre de forêts en Suède ont obtenu la certification du FSC, et que cela a créé d'énormes débouchés pour ces produits sur les marchés américains. Dans ce genre de scénario, je constate immédiatement un désavantage car s'il est beaucoup plus difficile pour nous d'obtenir la certification du FSC, nous sommes plus susceptibles de nous heurter à des obstacles lorsque nous tâcherons de pénétrer les marchés étrangers. Je ne crois pas qu'il existe de problème plus grave que celui-là. Considérez-vous qu'il s'agit d'un grave problème? Si c'est le cas, vous pourriez peut-être formuler vos préoccupations. Je pense que c'est ce que le comité doit tâcher de déterminer.
Ensuite, j'aimerais faire un commentaire, s'il me reste du temps, monsieur le président. C'est à vous d'en décider.
Le vice-président (M. Julian Reed): Il vous reste environ une minute.
Mme Sarah Goodman: Je serai brève. Je pense qu'il est inestimable que le comité ait déjà mis l'accent sur cette question. Le fait est qu'à l'heure actuelle il y a peu de produits forestiers certifiés. Donc, aujourd'hui, Home Depot ne pourrait pas exiger uniquement des produits certifiés par le FSC car il leur serait tout simplement impossible d'obtenir le produit. Donc ils continuent de s'approvisionner auprès de nous, et Annette Verschuren dit qu'elle veut accroître ses achats auprès de nous. Mais si on en arrive à un point où il y a une abondance de produits certifiés par le FSC sur le marché et si, pour une raison quelconque, nos normes sont beaucoup plus élevées que les autres normes en vigueur dans le monde, cela pourrait nettement devenir un obstacle non tarifaire au commerce.
M. Darol Smith: Je considère aussi qu'il s'agit d'un problème très grave. De toute évidence, les règles du jeu ne sont pas uniformes. Dans des pays comme la Suède, ils ont procédé à la coupe de leurs vieux peuplements il y a de très nombreuses années. Et comme nous l'avons dit ici aujourd'hui, les trois quarts de notre bois d'oeuvre ici au Canada sont constitués de vieux peuplements. Il leur est donc impossible d'avoir les mêmes normes.
M. Carmen Provenzano: Voici ce que les représentants du FSC ont dit au comité. Ils ont dit qu'en ce qui concerne la certification et la biodiversité, les arbres ne représentaient que 20 p. 100, au niveau de l'examen, et le reste de la biodiversité, 80 p. 100.
Lorsque vous examinez certaines de ces forêts de plantation en Europe, qui ont reçu la certification du FSC, si les arbres représentent 20 p. 100, alors ils fonctionnent uniquement en fonction de ce 20 p. 100 parce que le reste de la biodiversité n'existe pas. Quel type de problème représente la coupe à blanc? Cela fait simplement partie du processus. Lorsque cette forêt est prête, on procède à la récolte. Vous n'avez pas le phénomène dont parlait M. Keddy, c'est-à-dire la mort naturelle de la forêt sur une certaine période, parce que cette forêt est cultivée comme un carré de carottes que l'on récolte le moment venu.
Si on peut certifier ce genre de forêt, pourquoi devrait-on astreindre une forêt canadienne à des normes plus élevées? Pourquoi acceptons-nous une telle chose? On parle de la tyrannie de la majorité. S'agirait-il ici d'une forme de tyrannie de la minorité?
M. Darrel Wong: À mon avis, il ne fait aucun doute que nous sommes bel et bien ciblés. La raison pour laquelle nous le sommes, c'est que pour certaines de ces grandes organisations environnementales, nous sommes probablement le meilleur moyen de faire de l'argent. Prenez une photo de l'une des merveilleuses forêts de la Colombie-Britannique et de certaines des merveilleuses forêts du Canada, puis prenez une photo de la région après que le bois a été coupé, et c'est loin d'être joli. C'est simplement inévitable. Mais si vous prenez une photo d'un champ de blé avant la récolte, le coup d'oeil sera magnifique. Voyez le jaune éclatant des champs de canola. Le lendemain de la récolte, c'est loin d'être joli aussi, mais le canola repousse. Tout comme les arbres de la Colombie-Britannique.
• 1235
Je sais que le groupe de gens qui est venu nous rendre visite
pour voir ce que nous faisions en Colombie-Britannique a eu
l'occasion de voir les arbres secondaires. Brent a eu l'occasion de
monter sur une énorme souche...
M. Carmen Provenzano: J'étais avec lui.
M. Darrel Wong: Exactement, et il pouvait voir où...
M. Brent St. Denis: Nous étions tous deux sur cette souche.
M. Darrel Wong: C'est exact. Vous pouviez voir ces énormes pruches qui sont des arbres de forêts secondaires. Ce sont des arbres énormes—et il s'agit d'une seconde pousse.
Donc, le fait est que nous faisons du bon travail; la forêt repousse. Il existe une différence importante entre une forêt qui ne présente pas ces genres de caractéristiques et ce qu'ils font sur la côte.
M. Darol Smith: Je vous remercie de vos commentaires et de votre question, plus précisément les commentaires concernant la biodiversité.
Je siège à la même table que Greenpeace et le Sierra Club et ils soulèvent fréquemment cette question, à savoir que l'industrie forestière et la coupe de bois en forêt en général causent la disparition de certaines espèces. Ceux d'entre vous qui étaient aux audiences publiques à Vancouver se souviennent peut-être—et cela est versé au compte rendu—que lorsqu'on a posé des questions à propos de la disparition des espèces, les écologistes n'avaient absolument aucune réponse à fournir. Ils n'étaient pas en mesure de nous fournir les noms des espèces qui avaient disparu. À la fin de cette période de questions, M. St. Denis a demandé que le mouvement écologiste lui envoie cette information. J'essayais de savoir s'il l'avait fait.
Nous avons demandé au ministre de l'Environnement si, à la connaissance du ministère, la coupe de bois en forêt au Canada a entraîné la disparition de certaines espèces parmi la flore ou la faune, et dans l'affirmative quelles espèces ont disparu, et quelle preuve a le ministère de leur disparition?
La réponse que nous avons reçue, c'est que le ministère n'était pas au courant de la disparition de certaines espèces végétales ou animales par suite de la coupe de bois en forêt, selon la détermination du comité chargé d'étudier la situation des espèces en voie de disparition au Canada. Cette réponse est signée par le ministre de l'Environnement, David Anderson. J'aimerais préciser, aux fins du compte rendu, qu'aucune espèce au Canada n'a disparu par suite de la coupe de bois en forêt où que ce soit au Canada.
Le vice-président (M. Julian Reed): Je vous remercie.
Nous arrivons pratiquement à la fin et M. Chatters aura le dernier mot.
M. David Chatters: Je vous remercie, monsieur le président.
Je n'ai presque rien dit parce que je préférais m'en remettre à notre spécialiste dans le domaine, John Duncan. Mais il y a une question qui à mon avis doit être soulevée, parce qu'elle est importante pour notre rapport et elle est importante pour la concrétisation de votre projet pilote.
Les représentants du ministère canadien des Affaires étrangères nous ont indiqué que dans leurs missions un peu partout dans le monde, ils ont une équipe qui, lorsque Greenpeace ou d'autres groupes écologistes lancent une campagne contre un marché en particulier, est chargée en quelques jours de riposter à cette campagne. Je pense qu'il est important que vous nous indiquiez comment l'équipe que vous vous proposez d'établir complétera le travail qui est déjà fait à cet égard au lieu de l'entraver ou de faire double emploi, car ce sera l'argument avancé contre le financement de votre projet pilote, et je pense que vous devez pouvoir y répondre.
M. Darrel Wong: Je veux bien commencer.
Je pense que nous compléterions ce programme, parce que nous allons recourir aux gens qui vivent et travaillent dans ces collectivités et pouvoir expliquer exactement ce qui s'est passé dans ces collectivités—le type de travail que nous faisons, les améliorations que nous avons apportées—et je crois que cela transmet un message vraiment clair. Je pense que cela vient compléter ce que le gouvernement canadien est déjà en train de faire aujourd'hui.
Là où cela s'est fait par le passé—par exemple, il y a eu d'autres visites en Allemagne il y a un certain nombre d'années—ces initiatives ont été très positives et les réactions ont été bonnes. En fait, ce sont les gens de la région... Il y avait bon nombre de représentants des Premières nations lors de cette visite, les syndicats y sont allés, notre président national à l'époque, Gerry Stoney, y est allé, de même que le premier ministre de la Colombie-Britannique et un certain nombre de représentants de l'industrie. Cette visite a permis d'obtenir des résultats concrets et positifs. Le problème, c'est qu'il ne s'agit que d'une visite. Les résultats d'une seule visite ne durent qu'un certain temps. En ayant recours à des gens qui vivent et travaillent dans des collectivités, je pense que cela complétera le travail que fait actuellement le gouvernement.
M. David Chatters: Y a-t-il d'autres commentaires à ce sujet?
Mme Sarah Goodman: J'aimerais simplement ajouter qu'à mon avis, il est important que le comité sache que nous travaillons effectivement très étroitement avec les fonctionnaires canadiens outre-mer. J'ai chargé notre bureau d'envoyer une note de service le 6 avril à l'ensemble des ambassades et consulats du Canada dans le monde, qui s'occupent de cette question. Même si les Sue Garbowitzes à Los Angeles et les Jennifers à Tokyo se préoccupent de cette question, elles n'ont pas la même perspective, et d'ailleurs elles ne le peuvent pas, que les membres de l'industrie forestière. C'est une tout autre histoire. Elles peuvent transmettre des messages concernant la gestion durable des forêts, mais elles ne peuvent pas assurer ce contact humain, elles ne peuvent pas établir un lien entre les acheteurs et ceux qui cultivent les produits qu'ils achètent.
M. David Chatters: Vous avez répondu à ma question. Je vous remercie.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci, monsieur Chatters.
Eh bien, je me suis trompé. M. Duncan a une autre brève intervention à faire.
M. John Duncan: J'ai deux commentaires et une question. Le premier commentaire, c'est que je tiens à remercier M. Darol Smith de m'avoir permis de verser au compte rendu ma question et la réponse inscrites au Feuilleton en ce qui concerne la disparition des espèces. Mais je me demandais si nous ne pourrions tout simplement pas déposer ce document auprès du comité afin que tous nos membres en aient une copie. C'est la question de Vancouver qui m'a incité à déposer cette question.
Mon deuxième commentaire concerne la question posée par Carmen à propos des conséquences de la certification pour la compétitivité. Nous devons reconnaître dès maintenant que cette question est extrêmement complexe étant donné que l'Accord sur le bois d'oeuvre limite déjà cet approvisionnement sur notre principal marché. Cette ruée vers la certification s'en trouve d'autant plus compliquée. Si l'Accord sur le bois d'oeuvre expire, je pense que cela incitera encore plus les gens à rechercher la certification. C'est simplement une observation.
La dernière chose que je voulais dire est que nous étions censés avoir parmi nous aujourd'hui Gerry Furney, le maire de Port McNeill. Comme il n'est pas là, vous pourriez peut-être dire au comité ce que le maire pense de cette initiative et ce qu'il aurait pu nous en dire s'il avait été ici.
M. Darol Smith: Il m'est impossible de me substituer à Gerry Furney parce que, comme vous le savez, John, il est extrêmement loquace. Mais peut-être Darrel pourrait-il le faire.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai rencontré la semaine dernière les maires d'une douzaine de localités rurales de la Colombie-Britannique, et tous se sont dits extrêmement favorables à cette initiative. Ils sont essentiellement à 100 p. 100 d'accord. Si nous le leur demandons, ils sont prêts à se joindre à nous.
M. Darrel Wong: J'ai ici une lettre du 22 mars 2000, en fait, c'est une copie que Gerry Furney m'a transmise et qui concerne cette question. Il s'agit d'une demande de 20 millions de dollars adressée à la FRBC. Si vous voulez bien, il y a un ou deux extraits de cette lettre que j'aimerais vous lire pour mémoire, si le comité veut bien.
Le vice-président (M. Julian Reed): Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre et je n'ai pas d'objection à ce que vous lisiez cela, mais pourriez-vous nous en laisser un exemplaire?
M. Darrel Wong: Mais bien entendu.
M. John Duncan: Je pense que nous avons déjà ce document.
M. Darrel Wong: C'est fort possible. Je ne suis pas sûr que tout le monde l'ait reçu mais, quoi qu'il en soit, en voici quelques extraits, à commencer par le premier paragraphe:
-
Les industries, les travailleurs et les collectivités du secteur
des ressources de la province sont fortement pris à partie par les
organismes multinationaux de défense de l'environnement. Il s'agit
d'une campagne qui revêt la forme d'encarts publicitaires pleine
page dans les journaux nationaux et locaux, ainsi que d'une
campagne télévisuelle. Il paraîtrait que ce n'est que le début
d'une campagne de 20 millions de dollars qui sera conduite ici, en
Amérique du Nord, ainsi qu'en Europe. Une campagne du même genre
suivra au Japon.
• 1245
Je ne vais pas vous lire tout le reste, mais il y a également
ceci:
-
Nous sommes d'avis que nous devons, tous ensemble, lancer notre
propre campagne en Europe, au Japon et en Amérique du Nord. Une
campagne faite de contacts directs.
-
Nous devons montrer au mouvement écologiste multinational que nous
sommes sérieux. Il faut que nous adoptions une position de
rectitude morale en faisant valoir l'excellence de notre code de
pratiques d'exploitation forestière ainsi que la beauté naturelle
de notre province. Nous devons offrir une campagne positive pour
informer le monde entier de l'avancement de nos programmes de
certification...
-
Nous faisons valoir auprès des gouvernements fédéral et provinciaux
qu'il faudrait qu'ils nous viennent en aide en nous offrant les
concours nécessaires par l'entremise de nos missions diplomatiques
et commerciales...
-
Les syndicats eux aussi doivent intervenir afin de faire comprendre
le point de vue de nos travailleurs par nos homologues de tous les
pays visés.
-
Les fondations canadiennes ainsi que les entreprises qui les
financent doivent faire part de nos préoccupations aux fondations
étrangères, surtout américaines, qui fournissent les moyens
financiers nécessaires à la conduite des campagnes qui sont menées
contre nous.
Gerry était très fâché de ne pas pouvoir venir représenter ici les maires de la partie nord de l'île, de la partie centrale de la côte et de la partie nord de la côte. Quoi qu'il en soit, je vous laisse un exemplaire de cette lettre et je vous remercie énormément de m'avoir permis de vous transmettre cette information.
Le vice-président (M. Julian Reed): Merci beaucoup.
M. Darol Smith: Pour compléter ce qui vient d'être dit, si vous me le permettez, les maires avec lesquels je me suis entretenu la semaine dernière m'ont demandé de leur faire part à mon retour de la réaction du comité à notre proposition. Je sais pertinemment que samedi matin, je vais recevoir un coup de téléphone d'une jeune femme mère de deux enfants qui tiendra absolument à savoir si le comité est favorable à notre proposition.
Je vous demande donc immédiatement d'essayer de nous contacter dans les meilleurs délais pour nous donner un élément positif ou une réponse positive, en nous disant essentiellement que vous allez nous donner les 400 000 $ ou 500 000 $ que nous vous demandons.
Je vous remercie.
Le vice-président (M. Julian Reed): Nous allons sans doute devoir aller défiler devant le cabinet du ministre des Finances.
M. Darol Smith: Il y a tout le comité pour le faire.
M. Darrel Wong: Cela nous ferait vraiment plaisir.
Le vice-président (M. Julian Reed): Avons-nous vidé la question?
Je vous remercie d'être venus nous faire cet exposé. La présidence se doit de rester neutre, mais je dois vous dire que vous avez mis ma neutralité à rude épreuve. Je pense pouvoir me faire le porte-parole de tous en vous remerciant d'avoir ainsi apporté beaucoup à notre étude. Je pense qu'en quelques semaines, nous avons pu nous faire une excellente idée des problématiques qui se posent à nous et le défi qui nous attend et d'en tirer le meilleur parti possible.
M. John Duncan: Pouvons-nous donner aux témoins une idée de l'échéancier que nous envisageons?
Le vice-président (M. Julian Reed): Vous voulez dire pour le rapport?
M. John Duncan: En effet.
Le vice-président (M. Julian Reed): En fait, je n'en sais rien.
M. Brent St. Denis: Pourrais-je me risquer à répondre? Cela ne sera pas possible avant que nous ayons effectué nos autres visites.
Le vice-président (M. Julian Reed): Vous avez raison.
M. John Duncan: C'est cela la dernière pièce du puzzle, mais avant que nous ayons envisagé cette visite dans le nord de l'Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick, nous pensions pouvoir déposer le rapport vers la mi-mai. Le voyage aura lieu à peu près à ce moment-là, n'est-ce pas?
M. Brent St. Denis: Je ne tiens pas à me substituer au vice-président mais, si tout se déroule sans anicroche, nous pouvons espérer le faire avant l'ajournement de juin, mais il faudra en tout état de cause attendre que nous ayons fait ces autres déplacements, et vous savez fort bien les difficultés que ce genre de voyage pose.
M. John Duncan: Le comité ne devrait avoir aucune difficulté à voyager, du moins aucune difficulté prévisible.
Le vice-président (M. Julian Reed): Comme le savent déjà les membres du comité, nous attendons encore l'autorisation de voyager, et cela devrait se faire au début mai. Nous allons essayer de faire diligence pour que notre rapport puisse vous parvenir dans les meilleurs délais.
Je vous remercie encore une fois.
La séance est levée.