NDVA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS
COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 16 octobre 2001
Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants.
• 1530
J'ai le plaisir aujourd'hui de souhaiter la bienvenue à nos
témoins, le général Henault, le général Macdonald et le vice-amiral
Maddison. Le général Henault est bien connu de notre comité, mais
c'est la première fois que nous l'accueillons à titre de chef
d'état-major de la Défense.
Général, au nom de tous les membres du comité, permettez-moi d'abord de vous féliciter. Mes meilleurs voeux vous accompagnent dans le travail important qui vous attend.
Je signale également aux membres du comité que j'aimerais prendre cinq ou dix minutes à la fin de la réunion pour régler certaines questions d'ordre administratif quant aux travaux futurs du comité. Cela nous serait utile, si vous pouvez rester pour cela.
Sans plus tarder, général, je vous laisse la parole. Nous avons tous hâte d'entendre vos commentaires.
Général Raymond R. Henault, ((CMM, CD) chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs du comité.
[Français]
Mesdames et messieurs, bonjour.
[Traduction]
Merci de votre gentillesse, monsieur le président, ainsi que de votre invitation. Nous sommes tous les trois très heureux de venir vous rencontrer. Nous avons hâte de vous faire part de certaines questions qui vous préoccupent beaucoup et de répondre aux questions que vous pourriez nous poser, entre autres au sujet de notre capacité à la suite des événements du 11 septembre.
Comme vous l'avez mentionné, c'est la première fois que je comparais devant votre comité à titre de chef d'état-major de la Défense. Je profite de l'occasion pour partager avec vous un certain nombre de mes réflexions sur les événements actuels et sur les défis, actuels et futurs, auxquels sont confrontées les Forces canadiennes. Bon nombre de ces défis continueront d'exister en dépit de tous les événements.
Vous avez également mentionné, monsieur le président, que je suis accompagné aujourd'hui du lieutenant-général Macdonald, vice-chef d'état-major de la Défense, qui est chargé principalement de la gestion des ressources au quartier général. Il est également chef d'état-major au quartier général intégré. Je suis également accompagné du vice-amiral Greg Maddison, que vous avez déjà rencontré. Il est actuellement sous-chef d'état-major de la Défense, et c'est lui qui est chargé de toutes les opérations en déploiement, ainsi que d'un certain nombre de choses qui font partie de son mandat.
En ces temps difficiles—et ils sont certes difficiles actuellement—les Forces canadiennes doivent être prêtes à intervenir dans un contexte stratégique mondial où les conflits ethniques—comme on en a vu—les idéologies et la politique compliquent les efforts du maintien de la paix et de la stabilité dans le monde. C'est ce que disait également notre Livre blanc. Depuis la fin de la guerre froide et l'instauration du nouvel ordre mondial, on sait pertinemment que les opérations de paix auxquelles a participé le Canada sont devenues plus complexes, plus dangereuses et surtout, plus imprévisibles. Nous sommes aussi conscients de notre vulnérabilité face à de nouvelles menaces, dont celles qui sont liées au cyberterrorisme et aux actes de violence perpétrés par des groupes d'extrémistes qui peuvent avoir accès à des armes de destruction massive, comme on vous l'a peut-être déjà dit auparavant.
[Français]
Les attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis ont montré très clairement que les nouvelles menaces asymétriques qui pèsent sur l'Amérique du Nord comportent certains aspects très meurtriers.
À la suite de ces attaques, les Forces canadiennes ont réagi rapidement par un vaste éventail d'activités, notamment un rappel immédiat de personnel des Forces canadiennes, l'accroissement des seuils de préparation opérationnelle au pays et à l'étranger, et une augmentation du nombre des ressources consacrées à la défense de l'espace nord-américain.
À l'heure actuelle, les Forces canadiennes ont accru leur état de disponibilité opérationnelle et leur vigilance de façon à pouvoir réagir à d'autres activités terroristes, le cas échéant. Même si quelque 2 150 militaires canadiens étaient déjà déployés dans le cadre d'opérations internationales avant les attaques terroristes, nous mettons actuellement sur pied des forces qui participeront directement à la campagne mondiale contre le terrorisme et aux opérations d'assistance humanitaire qui seront menées en même temps dans la région.
Parallèlement, nous continuons à relever un certain nombre de défis qui mobilisaient déjà notre attention, comme je l'ai déjà mentionné, avant le 11 septembre. Face à la rapide évolution de la technologie, il nous faut non seulement suivre le rythme des changements en tirant avantage des nouvelles technologies, mais aussi maintenir et améliorer, absolument, notre interopérabilité avec nos alliés, en particulier les États-Unis.
• 1535
Le recrutement et le maintien de l'effectif,
c'est-à-dire recruiting and retention, demeurent
quand même et continuellement un défi.
Si nous ne relevons
pas ce défi de façon satisfaisante, cela peut
sérieusement saper notre capacité à long terme de mener
à bien nos missions opérationnelles, que ce soit ici, au
pays, ou à l'étranger.
À mon point de vue, nous disposons déjà d'assises solides qui nous permettront de relever ce défi, et nous allons poursuivre.
[Traduction]
En tant que CEMD, il m'incombe de tirer profit de ce qui est déjà accompli et de ce qui était en cours avant le 11 septembre, et de vraiment me concentrer sur la nécessité de maintenir des forces polyvalentes et aptes au combat qui sont dotées d'une capacité opérationnelle adaptée—et j'insiste sur le terme «adaptée»—à ce monde en constante évolution. Pour y parvenir, j'entends mettre l'accent sur trois grandes priorités, que certains d'entre vous connaissent déjà et qui sont les suivantes: investir dans le personnel, moderniser les forces et améliorer les communications internes et externes.
Permettez-moi de traiter d'abord des communications. Je me suis fixé comme objectif d'établir de meilleurs rapports entre les Canadiens et leurs forces armées et de resserrer les liens entre les Forces canadiennes, notre gouvernement et nos parlementaires. C'est pourquoi l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à vous aujourd'hui revêt une si grande importance pour moi ainsi que pour les autres officiers qui m'accompagnent.
C'est grâce aux plus récents travaux de votre comité qu'on a pu introduire de nombreuses mesures importantes visant à améliorer la qualité de vie et le bien-être de nos militaires et de leurs familles, et je tiens à vous en remercier publiquement. Vos efforts ont été essentiels à bon nombre des changements importants qui ont été apportés récemment.
Passons maintenant au point suivant: investir dans le personnel. À l'instar de toute grande organisation—et les Forces canadiennes sont une grande organisation—les Forces canadiennes ne valent que ce que vaut le personnel qui les compose. Au risque de me répéter, je ne peux qu'insister encore sur l'importance que revêt notre personnel pour le succès d'une organisation aussi diversifiée que la nôtre, qui a un si grand rôle national et international à jouer.
Je puis vous assurer—expérience à l'appui—que nos militaires comptent parmi les meilleurs. Quand j'occupais mon poste précédent, j'ai eu le privilège de visiter des membres des forces armées partout au monde—et je le ferai de nouveau à titre de chef d'état-major. On m'a personnellement transmis des félicitations pour les capacités, le professionnalisme et le leadership des membres de nos forces qui travaillent au Canada et à l'étranger. Leurs qualités ont joué un rôle important dans la paix et la stabilité internationales, ainsi que pour la communauté internationale.
Il faut donc déployer tous les efforts possibles pour continuer à améliorer la qualité de vie de nos militaires et de leurs familles, ainsi que les soins de santé dispensés aux membres des forces. Cela s'applique également à un certain nombre d'autres choses pour lesquelles nous prenons actuellement des mesures.
Nous devons également élaborer de meilleurs programmes de perfectionnement professionnel, d'éducation et de compétence en leadership à l'intention du corps des officiers et du corps des militaires du rang. Je tiens à souligner que nos initiatives de perfectionnement professionnel ne s'adressent pas seulement au corps des officiers, mais aussi aux militaires du rang, qui sont les pivots de notre travail et de nos réussites.
[Français]
Mais nous ne pouvons pas nous arrêter à ce que je viens de vous dire. Il nous faut également mettre l'accent sur le recrutement, comme je l'ai déjà mentionné, et le maintien de l'effectif. À cet effet, nous avons lancé dernièrement une nouvelle campagne de publicité, une campagne très énergique, comme vous l'avez déjà constaté, j'en suis sûr, dans le but d'attirer des Canadiennes et des Canadiens talentueux dans l'équipe de la Défense. Nous entreprenons continuellement de nouvelles initiatives qui incitent les militaires à rester dans les Forces canadiennes.
Il est tout aussi important que nous fournissions à notre personnel l'équipement et la technologie nécessaires pour exécuter les missions qui leur sont assignées dans un monde de plus en plus complexe et, comme je l'ai déjà mentionné aussi, beaucoup plus dangereux. Ce sera d'ailleurs l'un des principaux aspects sur lesquels je concentrerai mes efforts au cours de mon mandat comme chef de la Défense.
En ce qui concerne la modernisation des forces, je vous rappelle que nous avons récemment fait l'acquisition d'équipement à la fine pointe de la technologie, notamment des frégates modernes, des véhicules de reconnaissance Coyote, qui sont reconnus mondialement, de nouveaux véhicules blindés légers pour le transport des troupes, les LAV III, des hélicoptères de recherche et sauvetage, dont les deux premiers des 15 attendus sont arrivés au Canada ce mois-ci. Naturellement, nous avons aussi des sous-marins, que ce soit ici, au Canada, ou en route.
De plus, nous avons entrepris d'importants programmes de modernisation aussi bien de la flotte de nos avions de chasse CF-18 que des avions de patrouille maritime, c'est-à-dire les Aurora.
• 1540
Mais pour demeurer aptes au combat et crédibles—c'est
important à tous les points de vue—nous devons continuer à
nous adapter aux réalités et à être capables de réagir
rapidement et d'intervenir partout dans le monde.
Pour ce faire, nous devons intensifier les efforts
que nous avons déjà entrepris.
Le bilan des 10 dernières années montre aussi l'importance de conduire des opérations interarmées pour remplir cette mission. C'est une traduction de joint operations. C'est très important. Ce sont des opérations nommées
[Traduction]
interarmées—et j'ajouterais «interarmées et interalliées», mais je vous expliquerai cela dans un moment.
[Français]
Je me suis rendu compte, de façon très claire, de l'importance des opérations interarmées, du concept d'interarmée et de l'interopérabilité en tant que sous-chef de l'état-major de la Défense. Je sais parfaitement bien à quel point cet aspect sera essentiel à notre succès dans l'immédiat et à plus long terme.
[Traduction]
C'est pourquoi nous concentrons plus de ressources à l'amélioration de notre capacité de conduire des opérations interarmées et interalliées. Je vous rappelle qu'une opération interarmées est une opération à laquelle participent deux de nos services ou plus—c'est-à-dire l'armée de terre et la marine, ou l'armée de terre, la marine et l'aviation, avec toutes les permutations que cela permet. Les opérations interalliées sont celles qui sont menées de concert ou en collaboration avec une autre nation. Comme vous pouvez le voir, certaines des opérations que nous lancerons au Moyen-Orient sont à la fois interarmées et interalliées et c'est sur quoi mettent l'accent l'entraînement et la préparation qu'ont entrepris les forces militaires.
Je vous le signale parce que le travail que nous faisons «interallié» est également très important à long terme pour les Forces canadiennes. Au chapitre de la concertation interarmées, la mise sur pied du Groupe des opérations interarmées des Forces canadiennes nous a permis de nous doter de moyens modernes, à déploiement rapide et, dans la perspective militaire, solides tant sur le plan du commandement et du contrôle que sur celui des transmissions. Ces capacités sont nécessaires à notre adaptation aux nouvelles réalités. Le Groupe a déjà démontré son efficacité opérationnelle. En effet, des membres du GOI composaient l'équipe d'activation dans le théâtre qui s'est déployé avant l'arrivée de nos troupes en Éthiopie et en Érythrée. Leur capacité d'effectuer des opérations dès leur arrivée a été un net avantage et a prouvé la valeur de ce groupe au-delà de tout doute.
Le Groupe a aussi fourni certaines des capacités de communication de la force; en fait, le Groupe des opérations interarmées a ensuite laissé sur place ses capacités, puis procédé par la suite à la désactivation du théâtre, une fois la mission en Éthiopie et en Érythrée terminée. Soit dit en passant, la mission a été couronnée de succès.
Les troupes qui se sont récemment déployées dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine à partir de la Bosnie afin de participer à l'opération Essential Harvest—en fait le processus de paix là-bas—menée sous l'égide de l'OTAN ont aussi été renforcées par du personnel du Groupe des opérations interarmées, qui leur ont fourni les éléments de soutien et de commandement nécessaires, notamment le commandant de la Force interarmées. Il s'agissait là aussi d'une mission à court terme qui était absolument essentielle au succès de la mission globale, aux dires de l'OTAN et de son secrétaire général qui s'était prononcé là-dessus à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Nous avons à nouveau prouvé à quel point il était important de joindre nos forces et de nous déployer rapidement, à telle enseigne que le Groupe des opérations interarmées aura un rôle à jouer en ce qui a trait au commandement et au soutien nationaux de nos forces dans la région du Golfe.
Outre ce que je viens de mentionner, nous devrons améliorer notre capacité de faire face aux menaces asymétriques qui sont réelles, qu'il s'agisse de cyberterrorisme, d'activités terroristes comme celles qui sont survenues le 11 septembre, ou d'autres menaces qui représenteront sans aucun doute un défi pour nous.
De plus en plus, dans le contexte planétaire dans lequel nous évoluons, les officiers supérieurs des Forces canadiennes occupent des postes de commandement opérationnel les plus élevés lors d'opérations interalliées menées à travers le monde. Sans les nommer toutes, je voudrais signaler que certaines des fonctions de commandement supérieur ont été confiées au cours des deux dernières années à plusieurs de nos officiers supérieurs d'expérience, de nos généraux et, dans certains cas, de nos colonels ou commandants de la marine.
Mentionnons entre autres le commandement de la Division multinationale (sud-ouest) en Bosnie, formation commandée avec beaucoup d'efficacité et de succès par un major général canadien qui vient tout juste de rentrer au pays. De plus, c'est un de nos commandants qui dirige la force mobile alliée (Terre) en Allemagne et un de nos commandants qui dirigeait jusqu'à il y a peu de temps la Force navale permanente de l'Atlantique de l'OTAN, comme l'a déjà commandé l'amiral Maddison lui-même. Je pourrais vous donner beaucoup d'autres exemples pour que vous compreniez bien à quel point notre présence se fait sentir et à quel point nous jouons un rôle important au sein des opérations multinationales et interalliées.
• 1545
Nous ne pouvons tenir pour acquise cette relation que nous
avons développée avec nos alliés. En effet, nous devons non
seulement continuer d'assumer ces responsabilités, mais nous devons
aussi continuer d'exceller à cet égard, notre rôle dans le monde
étant important pour le Canada et pour ce que nous représentons.
Prenons, par exemple, les plus récents déploiements auxquels nous
avons participé dans le golfe Arabo-Persique et auxquels deux
frégates canadiennes, qui viennent tout juste de revenir, ont pris
part. Il s'agissait du NCSM Charlottetown—qui repart demain pour
la région du Golfe—et le NCSM Winnipeg qui ont travaillé de
concert et en très étroite collaboration avec les Américains et
d'autres pays encore afin d'aider au maintien de l'embargo contre
l'Iraq. Je suis allé à bord de ces deux navires lorsqu'ils étaient
dans cette région.
En vue de démontrer à nouveau l'importance de notre rôle sur la scène mondiale malgré nos ressources parfois très modestes, je signalerais que le commandant du NCSM Winnipeg a aussi rempli pendant une courte période les fonctions de commandant sur place pour toutes les ressources navales de la coalition fournies à la Force multinationale d'interdiction dans le secteur nord du golfe Arabo-Persique. Cela illustre ses capacités et ses qualités de commandement, puisque c'était la première fois qu'un Canadien se voyait confier ce rôle, qu'il a rempli merveilleusement bien. J'ai parlé personnellement au commandant de la 5e flotte qui a rendu un vibrant hommage au capitaine et à son équipage pour tout ce qu'ils ont effectué dans la région.
L'Opération Force alliée menée au Kosovo reste encore très présente dans nos mémoires même si elle remonte déjà à quelques années. Elle est un autre récent exemple de l'importance d'être très compétent pour mener des opérations interarmées et interalliées sur le front international. Une fois de plus, nous avons connu énormément de succès, et nos pilotes de CF-18 ont non seulement rempli leur tâche avec grand succès comme on le leur demandait, mais ils ont également dirigé plus de 50 p. 100 des sorties de combat air-sol auxquelles ils ont participé. Seule une poignée de pays ont pris part à cette opération.
Comme vous le savez, nous déployons présentement quelque 2 000 autres militaires au Moyen-Orient à titre de contribution à la coalition dirigée par les États-Unis, dans le cadre de la campagne contre le terrorisme. Vous savez tous sans aucun doute qu'une partie importante de cette force, le Groupe opérationnel naval du Canada, quittera Halifax demain pour se rendre dans le golfe Arabo-Persique, où il servira aux côtés de la marine américaine et d'autres forces alliées dans cette campagne qui nous occupe tous aujourd'hui.
Bon nombre des détails de nos capacités de déploiement—navires, avions, etc.—sont déjà bien connus, et je ne les répéterai donc pas. Je ne m'y attarderai pas, puisqu'on en a déjà abondamment parlé au comité et à la population.
Nous voudrons évidemment tenir informés le comité et les Canadiens au fur et à mesure que la mission se déroulera. Nous ferons de notre mieux, mais je vous rappellerai que la sécurité opérationnelle devra être observée en cours de route, ce qui limitera, il va sans dire, le genre de choses que nous pourrons vous dire.
Tout comme mes officiers tenteront de le faire lors des séances d'information avec les divers comités et lors des explications publiques de nos opérations, je tâcherai de procéder comme nous l'avons fait au cours de la campagne aérienne au Kosovo: je ne vous informerai pas nécessairement sur ce que nous avons l'intention de faire, ce qui pourrait compromettre la sécurité des opérations, mais je vous informerai sans aucun doute sur ce qui aura déjà été fait, car il est important que les Canadiens le sachent.
Comme toujours, dans le contexte des opérations interalliées, l'interopérabilité—et j'y reviens toujours—demeure un élément primordial. Elle est en effet très importante dans l'environnement stratégique dans lequel nous évoluons. Nous ne pourrions contribuer de façon appréciable aux missions si nous n'étions pas déjà en mesure de nous intégrer parfaitement à la formation alliée. Nous continuerons à chercher des moyens d'améliorer cette interopérabilité, car la seule façon d'espérer pouvoir s'améliorer, c'est de s'ajuster avec le temps. C'est ce que nous visons particulièrement avec nos alliés, les Américains, qui ont toujours représenté par le passé—et continueront à représenter demain—une part très importante de toute opération de la coalition.
Nous devons assurer la compatibilité non seulement sur le plan des capacités opérationnelles, mais aussi sur le plan de la technologie, de l'équipement, de l'instruction, de la doctrine et des procédures. C'est la seule façon de bien faire son travail dans un contexte international.
[Français]
Naturellement, nous devrons aussi tirer profit des innovations que les progrès technologiques—il y en a beaucoup—et la révolution dans les affaires militaires nous permettent de réaliser afin de moderniser nos forces. Comme vous le savez, ça continuera d'être très important dans tout ce que nous ferons dorénavant. Comme nous disposons de ressources limitées, quand même, nous devrons faire des choix et choisir judicieusement le genre de ressources terrestres, maritimes et aérospatiales dont nous avons besoin. Il faut que nous soyons responsables.
• 1550
Mais nous devons faire plus qu'acquérir de nouvelles
technologies. Nous devons aussi élaborer et tester de
nouveaux concepts en vue de l'emploi et de
l'intégration de ces technologies dans nos formations
opérationnelles. À titre d'exemple,
l'utilisation de véhicules aériens télépilotés est
une des technologies que nous allons examiner
à l'avenir.
[Traduction]
Il s'agit, par exemple, des véhicules aériens télépilotés qui ont une capacité de surveillance et doivent être intégrés à toutes les activités de la coalition. Voilà le genre d'activité que nous entreprenons au Centre d'expérimentation des Forces canadiennes qui a ouvert ses portes cet été.
[Français]
En effet, l'établissement du Centre d'expérimentation des Forces canadiennes nous aidera à parvenir à cette expérimentation: tester et valider les développements technologiques en vue de déterminer ceux qui répondront le mieux aux besoins futurs des Forces canadiennes. C'est une chose qui est faite non seulement ici, au Canada, mais aussi aux États-Unis et dans d'autres pays qui sont sérieux en ce qui concerne le futur.
[Traduction]
Je dirais en terminant que les Forces canadiennes que j'ai le privilège et l'honneur de commander aujourd'hui sont bien différentes de celles dans lesquelles je me suis enrôlé il y a maintenant 33 ans. Dans 33 ans, les Forces canadiennes seront aussi très différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui. Entre-temps, je suis fermement convaincu que les Forces canadiennes constituent une force hautement professionnelle dotée de moyens de défense très variés. Nous avons en effet une équipe de défense très forte, véritablement polyvalente et apte au combat. Mais les événements du 11 septembre sont encore très présents à notre mémoire, et la réaction de la communauté internationale nous a clairement montré que nous devons poursuivre nos efforts afin de nous adapter à un nouveau contexte de sécurité. C'est vraiment prioritaire.
À mon avis, mon rôle est de veiller à maximiser le potentiel de nos forces actuelles et de jeter les bases des capacités futures. Les bases sont déjà très solides, mais nous devons faire en sorte d'apporter les changements nécessaires pour que les forces armées gardent leur pertinence et soient toujours en mesure de défendre le Canada, ses intérêts et ses valeurs, tout en contribuant à la paix et à la sécurité internationales dans les années à venir. Pour avoir déjà vu votre comité à l'oeuvre, je sais que je peux compter sur votre soutien dans notre travail commun en vue d'atteindre ces objectifs.
Je m'arrête ici, monsieur le président. Je vous remercie de votre attention et je suis prêt à répondre à vos questions.
Le président: Merci beaucoup, général.
Commençons par M. Benoit. Vous avez sept minutes.
M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, messieurs, et bienvenue. C'est la première fois que vous comparaissez, mais ce n'est certainement pas la dernière, en tout cas à court terme.
Vous comparaissez à une époque qui est sans doute parmi les plus difficiles pour les Forces armées canadiennes et pour le Canada depuis cinquante ans. La situation est tendue, bien sûr, mais je crois que vous pouvez saisir l'occasion qui s'offre à vous.
J'ai vu l'opinion canadienne évoluer en ce qui concerne les forces armées et leurs soldats. Ceux qui parlent des forces armées n'ont plus à essayer de les excuser. Ils peuvent parler franchement, car ils comprennent aujourd'hui comme jamais depuis auparavant la nécessité d'avoir une force musclée. Je suis encouragé par le fait que même certains membres du gouvernement reconnaissent officiellement non seulement la nécessité d'avoir des forces armées puissantes, mais aussi la nécessité de les doter de suffisamment d'hommes et d'équipement.
Voilà pourquoi il vous faut saisir cette occasion particulière. Ne la laissez pas passer. Voici l'occasion pour vous d'obtenir du gouvernement des ressources que vous réclamez depuis longtemps. Et sachez que je suis prêt à faire de mon mieux pour vous aider.
J'ai une première question que j'aimerais vous poser d'entrée de jeu. On annonçait, la semaine dernière, avoir demandé à nos soldats de ne pas porter l'uniforme en public au Canada. J'aimerais des précisions. Pourquoi la directive a-t-elle été émise et pourquoi a-t-elle été ensuite annulée? La directive n'avait pas été accueillie favorablement ni par les soldats ni par la population canadienne, et j'aimerais savoir ce qui vous avait poussés à l'émettre.
Gén Raymond Henault: Merci de me donner l'occasion d'expliquer ce qui est arrivé, car il est important que les Canadiens comprennent bien.
• 1555
Au fil de la journée, plus le déroulement des événements
devenait évident—à savoir, le début des bombardements sur
l'Afghanistan—plus il nous apparaissait important de préserver la
sécurité des soldats des Forces armées canadiennes et celle de
leurs familles, souci qui ne nous abandonne jamais. Nous ne savions
pas exactement quelles seraient les réactions après le début des
bombardements ni comment on réagirait devant le fait que le Canada
prenait part à cette opération; voilà pourquoi il a été jugé plus
prudent à ce moment-là de l'empêcher nos soldats de porter
l'uniforme pour se rendre au travail et en revenir—je ne dis pas
en public, mais seulement pour se rendre au travail et en
revenir—tant que nous n'avions pas mieux évalué et analysé quelle
pourrait être la menace, ici et à l'étranger, quant à la sécurité
de nos troupes déployées et quant à la sécurité de nos soldats
oeuvrant dans les missions diplomatiques.
Voilà pourquoi nous avons agi ainsi. Puis, 48 heures plus tard, nous avons évalué la situation et décidé que le risque n'était pas aussi élevé et avons par conséquent annulé cette directive. De plus, nous avons réinstauré l'état d'alerte qui existait avant le 11 septembre, tout en donnant aux commandants locaux la possibilité, selon leur évaluation locale de la menace et de la situation, de prendre à nouveau une autre décision dans leurs propres secteurs d'opération sur le port de l'uniforme, pour assurer la sécurité et le bien-être de leurs troupes.
Monsieur Benoit, c'était la bonne chose à faire en l'occurrence. Mais sachez qu'il y a encore des membres des Forces armées canadiennes déployés dans différentes régions du monde qui évitent toujours de porter l'uniforme au départ et à destination du travail pour des raisons de sécurité, et ce en raison de la situation qui existe dans les pays ou dans les régions où nous avons des opérations.
Voilà pourquoi nous avons émis cet ordre.
M. Leon Benoit: Une directive de ce genre n'aide en rien votre campagne de recrutement qui, à ce que j'ai entendu, a eu cependant beaucoup de succès. J'aimerais maintenant aborder la question de la conservation de l'effectif.
Votre mémoire mentionnait à quel point il était important non seulement de recruter mais aussi de conserver l'effectif. J'irais même jusqu'à dire qu'il est plus important de conserver l'excellent effectif que vous avez déjà, vos gens qui sont bien entraînés et qui ont de l'expérience. Ça pourrait prendre des années pour former des recrues au point où elles puissent bien assumer certaines responsabilités. La situation actuelle pourrait se prolonger pendant des années, mais espérons qu'elle se réglera d'ici un ou deux ans; mais si l'on tient compte de la situation actuelle, il faut admettre qu'aucune de vos recrues ne sera sans doute prête pour ce type d'action.
Pourriez-vous m'expliquer brièvement ce que vous avez fait pour aider à conserver vos militaires, c'est-à-dire maintenir en fonction l'effectif compétent que vous avez déjà? N'oublions pas que nous avons déjà connu de graves pertes qui nous ont laissés à court de pilotes d'expérience.
Gén Raymond Henault: Comme vous l'avez si bien dit, le recrutement et le maintien en fonction sont deux aspects importants de notre travail. Nous avons pris quelques initiatives, notamment améliorer et assouplir les conditions de service, car nous savons que les jeunes Canadiens d'aujourd'hui n'ont pas les mêmes aspirations que la génération précédente. Ils ne souhaitent pas nécessairement faire carrière pendant 35 ans dans les Forces armées; ils préfèrent sans doute pouvoir y entrer, puis en sortir plus facilement. Ils veulent pouvoir choisir leur carrière pour des raisons personnelles, pour des raisons familiales, et pour d'autres encore. Nous faisons donc preuve de souplesse dans l'établissement des conditions de travail.
Nous avons également apporté des améliorations à la qualité de vie, dont la plupart nous avaient été recommandées par votre comité. Nous améliorons notre système de soins de santé, offrons de meilleurs avantages à nos anciens combattants, offrons une plus grande aide aux Canadiens qui sont blessés lors de déploiements—qu'il s'agisse d'aide au stress post-traumatique, à l'aide en cas de blessure, etc.—et nous offrons de meilleurs programmes de perfectionnement professionnel et d'éducation. Nous devons leur prouver que nous sommes conscients du fait que nous voulons être un employeur de choix dans un métier de choix. Il faut donc tout faire pour qu'ils choisissent en connaissance de cause d'y faire carrière ou non.
Nous offrons également plusieurs programmes leur permettant d'élargir leurs horizons, d'aller servir à l'étranger et de prendre part à des déploiements comme celui que nous avons au Moyen-Orient. Voilà ce qui intéresse les jeunes Canadiens; ils veulent aider à solutionner des problèmes mondiaux et à prendre une part active à l'évolution d'un monde dynamique.
Outre les programmes d'indemnisation et d'avantages qui sont nombreux, nous sommes convaincus d'avoir aussi tous les ingrédients qui nous permettront de les conserver dans nos rangs. Cela devrait contribuer à inciter les jeunes à demeurer dans les forces aussi longtemps qu'ils le souhaitent et aussi longtemps que cela s'avère mutuellement avantageux pour les deux parties.
[Note de la rédaction: Inaudible]
M. Leon Benoit: ...notre effectif diminue.
Le président: Monsieur Bachand.
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci d'être parmi nous. Je pense qu'il est important que vous soyez ici aujourd'hui pour faire le point sur l'état de préparation. Je fais maintenant une nette différence entre l'état de préparation de l'armée canadienne avant le 11 septembre et l'état de préparation de l'armée canadienne après le 11 septembre.
Je m'explique. Avant le 11 septembre, les Québécois et les Canadiens voyaient les Forces canadiennes aller dans des missions de paix ou dans des missions avec d'autres alliés pour essayer de corriger des choses épouvantables qui se passaient sur la planète, et ils étaient d'accord sur ça. Ils savaient que leurs impôts servaient à envoyer des gens qui tenteraient de régler des conflits internationaux. Autrement dit, la forteresse nord-américaine n'avait pas encore été attaquée.
Aujourd'hui, ça change. Aujourd'hui, les gens me disent que c'est bien qu'on envoie 2 000 soldats, six navires et six avions, mais ils me demandent ce qu'on fait pour la sécurité intérieure, pour eux. Ils me demandent sur quoi ils peuvent compter en tant que contribuables. C'est pour ça que mes questions sont différentes aujourd'hui. Je ne suis pas intéressé à savoir si on aura plus de recrues. Aujourd'hui, je veux me concentrer sur l'actualité. Que pouvez-vous faire pour donner de la sécurité aux gens qui en ont énormément besoin?
Je ne les ai jamais vus se sentir aussi peu en sécurité. Je ne suis quand même pas vieux. Je n'ai que 50 ans, monsieur le président, mais depuis 50 ans, je n'ai jamais vu un tel degré d'insécurité. Il y a aussi toute la publicité faite autour des attaques terroristes et du bioterrorisme. Il y a ici des gens plus vieux que moi, monsieur le président. J'ai une carte pour le prouver.
[Traduction]
Une voix: Elle donne votre âge?
M. Claude Bachand: Oui, j'ai aussi une carte qui le prouve.
Des voix: Oh, oh!
[Français]
M. Claude Bachand: Ne déduisez pas ça de mon temps.
[Traduction]
D'accord?
Des voix: Oh, oh!
M. Claude Bachand: Je me laisse distraire.
[Français]
Je veux poser des questions qui relèvent de la sécurité intérieure. Je veux savoir l'état de préparation de l'armée pour la sécurité intérieure. J'espère que vous irez assez loin. Je sais qu'il y a des secrets d'État que vous ne pouvez pas nous révéler, mais est-ce que le groupe de lutte contre le bioterrorisme de l'armée canadienne serait prêt à fonctionner si jamais il y avait des attaques massives?
Je sais bien que les attaques comme celles d'hier sont futiles. Ce n'étaient pas vraiment des attaques, et d'autres personnes peuvent s'en occuper. Mais si quelque chose de grave se passait au Canada au moment où on se parle, pourrait-on compter sur le soutien l'armée canadienne?
Le JTF2 a été déployé là-bas. Je ne vous demande pas le nombre de personnes qu'il y a là-bas. S'il y avait aujourd'hui des actes terroristes ici, comme des détournements d'avion, aurait-on suffisamment de forces du JTF2 pour défendre les gens dans les aéroports et dans les avions?
J'ai posé aujourd'hui une question au ministre sur le Centre de la sécurité des télécommunications. Êtes-vous maintenant prêts à écouter l'ensemble des conversations pour intercepter des choses qui pourraient être dangereuses pour vos systèmes de télécommunications et vos systèmes informatiques? Je parle surtout du cyberterrorisme.
Finalement, le programme de protection des infrastructures essentielles est important, à mon point de vue. Les centrales nucléaires et électriques peuvent être des cibles faciles pour les terroristes. Les terroristes peuvent facilement se dire qu'ils vont attaquer une centrale. Est-ce que l'armée canadienne a déployé certaines de ses ressources pour cela? On sait qu'il s'agit d'un programme qui relève de la Défense nationale. Avez-vous déployé les ressources nécessaires pour protéger ces infrastructures?
J'aimerais que vous nous donniez des explications sur ces quatre aspects.
[Traduction]
Le président: Mon général, M. Bachand ne vous a laissé que trois petites minutes pour répondre.
Gén Raymond Henault: Je ferai de mon mieux, monsieur le président.
D'abord, sachez que le plus important pour nous, c'est de défendre les Canadiens.
[Français]
Sans aucun doute, monsieur Bachand, ce sont les Canadiens qui nous intéressent en premier lieu. Je peux vous assurer que dans tous les déploiements de forces et toutes les structures que nous avons prises en considération pour préparer notre contribution à l'alliance, nous avons mis l'accent sur la défense des Canadiens en même temps.
Je peux vous assurer que nous avons ici, au pays, tout ce que nous devrions avoir pour appuyer quiconque serait appelé à réagir à des menaces, qu'il s'agisse de menaces terroristes, de drogue ou de quoi que ce soit d'autre dans le contexte de nos responsabilités.
• 1605
Vous vous rappelez quand même que c'est en premier
lieu la
responsabilité du solliciteur général.
Nous avons des forces de réponse comme le JTF2.
Je peux vous assurer que le JTF2 est encore très capable
de répondre à ces besoins et d'assumer ses
responsabilités, tant à l'intérieur du pays
qu'à l'étranger.
Nous avons gardé une capacité de
force terrestre très importante ici, au pays. Nous
n'avons pas encore touché à la réserve. Nous avons
augmenté notre capacité de surveillance
aérienne dans l'espace aérien canadien.
Donc, oui, nous avons garanti et nous
continuons à garantir autant que nous le pouvons la
sécurité et le bien-être des Canadiens.
En ce qui concerne le monitoring des conversations et ainsi de suite, cela ne relève pas du chef de la Défense, mais bien du ministère et du ministre lui-même. Le Centre de la sécurité des télécommunications est responsable de ces choses-là. Vous avez vu les changements législatifs et autres qui sont proposés à cet égard. Oui, il continue d'appuyer les ressources de renseignement que nous mettons ensemble pour avoir un portrait aussi complet que possible des activités des opposants potentiels. Oui, nous le faisons.
Également, nous avons, à l'intérieur du ministère et ailleurs dans le gouvernement, des systèmes pour protéger les systèmes d'ordinateurs, les logiciels et ainsi de suite. C'est une capacité que nous avons. Je ne vous donnerai pas de détails, mais oui, nous avons les mécanismes pour faire le monitoring nécessaire.
La CIP, c'est-à-dire la coordination de la protection de l'information, relève du Bureau de la protection de l'infrastructure essentielle et de la planification d'urgence. Vous avez déjà entendu le nom. Cette organisation relève aussi du ministre. Elle est la responsabilité d'une sous-ministre déléguée, sous CEDM, Mme Purdy. On est en train d'élaborer, de concert avec d'autres ministères gouvernementaux, la liste des endroits critiques devant être protégés.
On ne nous a pas encore demandé de déployer des forces pour protéger ces endroits. Si on nous le demande, nous allons certainement prendre cela en considération, mais en premier lieu, il y a d'autres organisations qui prendraient cette responsabilité, et nous les appuierions au fur et à mesure que la situation évoluerait.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, mon général.
Monsieur Price, vous avez droit à sept minutes.
M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.): Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos trois invités d'aujourd'hui.
Général, j'aimerais reprendre dans la foulée de la question de M. Bachand sur la deuxième force opérationnelle interarmées et connaître votre avis, puisque c'est une de vos spécialités.
Il y a une chose que je me demande. Il semble qu'une unité comme la FOI2 soit de plus en plus nécessaire, et pas seulement en sol canadien. Le ministre a dit très clairement qu'il ne rétablirait pas le Régiment canadien aéroporté. Comme celui-ci a disparu, envisagez-vous d'élargir les fonctions de la FOI2 pour lui faire assumer certaines missions très spéciales comme celles qu'avait le Régiment aéroporté? Envisagez-vous cela du fait que les missions du genre de celles qu'assume la FOI2 en sol canadien sont de plus en plus nécessaires?
Gén Raymond Henault: Votre question est très appropriée. En effet, la FOI représente une capacité de lutte contre le terrorisme; de plus, elle est au coeur même de nos fonctions de soutien à la GRC et au solliciteur général. Dans le cadre de notre examen de politique entrepris bien avant le 11 septembre mais légèrement réorienté depuis, nous nous penchons sur les capacités de la FOI2 dans le contexte de l'ensemble des capacités de l'armée canadienne. Autrement dit, même si beaucoup des problèmes et des situations persistent toujours, il nous faut désormais inclure dans l'équation la capacité de lutte contre le terrorisme.
Je sais que vous ne me demandez pas de vous expliquer en détail les fonctions de la FOI2, mais je vous assure que nous sommes en train d'étudier désormais des façons d'élargir sa capacité. Sachez que, de toute façon, la FOI2 est une force très performante, capable de remplir son mandat en sol canadien et à l'étranger, comme on le lui a demandé. Nous allons examiner toutes les options à la lumière des événements récents et à la lumière de changements possibles, pour pouvoir augmenter encore son rendement.
Sans vous en dire plus, je veux que vous sachiez que cela fait partie des choses importantes que nous entendons faire.
M. David Price: Bien.
Si je regarde vos projets d'immobilisations, j'imagine que vous les revoyez tous à la lumière des événements du 11 septembre. Prenons le Système d'information sur le commandement et le contrôle interarmées, prévu pour dans deux ans. Envisagez-vous d'accélérer sa mise en service et de la devancer un peu? Les besoins sont peut-être plus grands dans ce domaine.
Gén Raymond Henault: Je suis heureux que vous posiez la question: ce système d'information ou SCCI comme nous l'appelons—nous aimons bien les sigles.
Des voix: Oh, oh!
Gén Raymond Henault: ...s'appelle maintenant le système Titan, dont le nom est plus facile à retenir. C'est un système qui est au coeur même de notre capacité de commandement et de contrôle interarmées. Bien sûr, il est aussi au coeur même de notre capacité à mener des opérations sur le plan national et international. Il permet d'assurer la transmission sécuritaire des données, de l'information, de l'imagerie et de toutes sortes d'autres éléments que nous devons communiquer à nos forces canadiennes et, parfois, autour du monde ou presque.
Ce projet progresse par étage et a déjà connu plusieurs avatars. En fait, nous pouvons maintenant tirer parti des changements et améliorations technologiques au fur et à mesure qu'ils se produisent, plutôt qu'acheter de l'équipement vieux et désuet; nous nous demandons donc comment faire pour accélérer le processus. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait lors d'opérations qui nous ont menés en Éthiopie et en Érythrée et même, il y a plus longtemps, au Timor-Oriental.
Voilà ce que nous faisons pour augmenter nos capacités, et au besoin, nous essayons d'aller plus vite.
M. David Price: Vous voudrez peut-être aller plus vite également dans quelques autres domaines mentionnés ici: le soutien en mer ou le transport maritime, le transport aérien stratégique et la capacité stratégique de ravitaillement en vol. À ce que je vois, l'un de ces trois projets devait commencer cette année. A-t-il été devancé? Quel en est le statut?
Gén Raymond Henault: Il semble que nous ayons quelque chance de démarrer le projet de ravitaillement en vol, et il se peut même qu'il soit devancé. Cela ne se fera pas à très court terme, mais plus vite que prévu.
Nous essayons de trouver des façons novatrices de devancer les projets de transport maritime et aérien stratégique, plus que par le passé. Mais vous savez que tout dépend des ressources qu'on voudra bien nous fournir. Nous avons exposé notre point de vue au gouvernement pour le convaincre de l'importance de ces projets qui représentent une partie fondamentale de notre capacité de nous déployer n'importe où dans le monde, capacité qui est si importante.
Même si nous voulons faire mieux, nous avons tout de même déjà une certaine capacité stratégique. Nos Airbus sont des avions très performants qui peuvent servir à la fois aux passagers et aux cargaisons. Nous pouvons également compter sur notre flotte de C-130 et sur une certaine capacité en mer. Mais il faut comprendre que même si nous pouvions avoir tout l'équipement dont nous rêvons ou qui est projeté dans nos plans, il nous faudrait tout de même sans aucun doute avoir recours à la sous-traitance pour répondre à nos besoins de déploiement à l'échelle mondiale. À cet égard, nous ne sommes pas différents de nos alliés. En effet, même les Américains qui ont plus d'équipement que la plupart des forces aériennes, terrestres ou marines pourraient jamais espérer avoir, sont obligés d'avoir souvent recours à la sous-traitance.
Vous avez raison de signaler ces éléments qui sont importants, mais nous allons examiner nos programmes pour voir lesquels nous pouvons devancer dans l'enveloppe budgétaire qui nous sera offerte.
Le président: Il vous reste une minute.
M. David Price: J'étais dernièrement à Spar, à Edmonton, pour voir comment on remettait à neuf les C-130, les Hercules. J'ai été très impressionné par tout le travail que cela représente. On parle ici d'une révision majeure, et pourtant, vous ne nous avez mentionné aucun chiffre à cet égard. Cette dépense avait-elle été prévue, ou s'agit-il simplement d'une opération de maintenance courante? Cela me semblait à moi être une révision plutôt majeure.
Gén Raymond Henault: Je ne sais pas ce que vous avez vu à la Northwest Industries ou à la CAE, mais nous apportons plusieurs améliorations à la flotte des C-130, notamment une modification du cockpit et une mise à jour de l'avionique. Nous voulons aussi augmenter la puissance des moteurs. De plus, nous voulons améliorer les systèmes de collision et d'évitage des aéronefs de même que plusieurs systèmes qui accroissent la capacité opérationnelle de l'appareil. Enfin, nous avons modifié un peu plus de la moitié des appareils de la flotte pour améliorer leur équipement d'autodéfense; en effet, nous avons augmenté leur capacité de guerre électronique, notamment la détection au laser ou la détection des missiles, ainsi que l'éjection de fusées éclairantes ou d'autres systèmes de contre-mesures dont ils ont besoin.
• 1615
Ce sont là les types de modifications qu'on envisageait déjà
avant le 11 septembre, et nous essayons maintenant d'en accélérer
la mise en oeuvre autant que possible. Certaines choses ne peuvent
cependant être faites très rapidement en raison de contraintes
industrielles, je dois bien l'avouer. Ce n'est pas en mettant plus
d'argent qu'on irait nécessairement plus vite, mais nous essayons
d'agir aussi rapidement que possible.
Le président: Merci, monsieur Price.
À qui le tour? Est-ce à Mme Wayne ou à M. Stoffer?
M. Peter Stoffer (Sackville-Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Monsieur le président, Elsie doit nous quitter à 16 h 30. Comme elle a eu l'amabilité de me donner un exemplaire dédicacé de son livre, je lui cède mon temps de parole.
Des voix: Oh, oh!
M. Peter Stoffer: Et voilà, Elsie. Je voulais vous faire un peu de publicité.
Le président: Madame Wayne, vous avez la parole, et vous avez aussi eu votre publicité.
Mme Elsie Wayne (Saint John, PC/RD): Ça devrait aider, mais il m'a fallu l'acheter cette fois-ci.
Je veux simplement dire que si, comme il l'a dit, M. Bachand a 35 ans, moi j'en ai 25. Je voulais que vous le sachiez.
Quoi qu'il en soit, je dois partir assez tôt, monsieur, parce que je vais à Halifax demain pour y dire des prières et pour remercier nos concitoyens et nos concitoyennes pour les sacrifices qu'ils s'apprêtent à faire en notre nom.
Le déploiement des frégates et d'un destroyer du projet de modernisation des navires de classe Tribal dans la campagne que nous livrons maintenant—et nous le verrons demain—contre le terrorisme réduit le nombre de navires opérationnels disponibles pour effectuer la surveillance des eaux canadiennes et pour remplir d'autres engagements. Y a-t-il des plans pour améliorer l'état de préparation du destroyer et du navire de défense côtière et maritime qui ont été mis à quai ces derniers mois, faute de personnel? Avons-nous le personnel voulu? Allons-nous être en mesure de faire quelque chose pour assurer notre sécurité ici, également, monsieur?
Gén Raymond Henault: En fait, des mesures sont prises en ce moment même pour améliorer l'état de préparation de nos flottes... il ne s'agit pas nécessairement de les rééquiper toutes à 100 p. 100, mais certainement d'être en mesure de les doter d'une meilleure capacité de satisfaire soit aux exigences d'intervention immédiate, soit aux exigences de préparation accrue.
La flotte elle-même est assez diversifiée, comme vous le savez bien, madame Wayne, et elle comporte des éléments qui nous confèrent effectivement une bonne capacité d'effectuer de la surveillance côtière, entre autres choses. Tout cela se fait en très étroite collaboration avec la Garde côtière et Transports Canada ainsi que d'autres agences qui surveillent nos eaux sur les côtes.
Encore là, nous devons tenir compte d'une part des besoins au pays et, d'autre part, de notre capacité à accroître les effectifs, étant bien entendu que nous aurons aussi à soutenir ce groupe de travail et d'autres éléments qui sont déployés, peut-être pour une période prolongée. Nous ne savons pas encore combien de temps cela durera, et nous faisons ce que nous pouvons à cet égard.
Nous examinons aussi comment nous pourrions intégrer les réserves plus étroitement aux opérations de frégate, par exemple, ou de pétrolier ravitailleur d'escadre ou de destroyer. Tout cela fait partie de ce que le chef d'état-major des Forces maritimes est en train de faire pour renforcer sa capacité. Les trois chefs d'état-major, soit dit en passant, sont en train de prendre des mesures dans les limites de leurs budgets et de leur propre capacité de le faire, pour améliorer leurs capacités, qu'il s'agisse des forces aériennes, navales ou terrestres, pour faire face aux menaces, qu'il s'agisse de menaces ici au pays, de menaces accrues ou de demandes accrues de déploiement ailleurs.
Mme Elsie Wayne: En outre, le ministère a annoncé en février qu'on dépenserait quelque 250 millions de dollars pour des vêtements protecteurs et des détecteurs en cas d'attaques aux armes nucléaires, biologiques et chimiques. On a dit qu'il faudra huit ans pour prendre livraison de cet équipement. Compte tenu de ce qui se passe en ce moment et des menaces terroristes, est-il possible de prendre des mesures pour accélérer ces livraisons?
Gén Raymond Henault: C'est une excellente question.
Nous devons faire en sorte, et nous le faisons toujours, de déployer sur les théâtres d'opération des hommes et des femmes qui soient bien entraînés et bien équipés, qui disposent de tout l'équipement et de toutes les compétences en leadership voulus pour leur permettre de remplir leurs tâches. Dans bien des cas, nous accélérons ou améliorons l'approvisionnement national. Nous essayons de nous assurer que les étagères sont bien garnies et que nous avons tout ce qu'il nous faut pour mener les opérations, toujours pour disposer d'un certain excédent et d'avoir la capacité de faire plus, au besoin, si on nous demande davantage plus tard.
J'ajouterai toutefois qu'il s'agit ici des efforts d'une coalition, et que nous ne sommes pas les seuls à y contribuer. De nombreuses nations se sont maintenant engagées à appuyer ces opérations. Je dirais que notre participation sera de longue durée. Je pense que nous voulons jouer un rôle à chaque étape, mais celui-ci va évoluer et se transformer avec le temps, compte tenu de notre capacité à répondre aux besoins en matière de roulement et ainsi de suite, et compte tenu des besoins de la mission. C'est vraiment un facteur important dont nous devons tenir compte.
• 1620
Alors, oui, nous allons faire ce que nous pouvons pour
améliorer ce qui est à notre disposition, mais nous allons le faire
en tenant compte des besoins à long terme à mesure que nous les
connaîtrons mieux au fil du temps.
Mme Elsie Wayne: Voici ma dernière question.
Comme chacun sait, nous avons acheté des sous-marins d'occasion. Je crois qu'il n'y en a qu'un en service pour l'instant. Quand pouvons-nous prévoir que les autres sous-marins nous seront livrés de la Grande-Bretagne? Sont-ils déjà ici et en train d'être remis à neuf, ou sont-ils toujours là-bas?
Gén Raymond Henault: Je sais que l'amiral est impatient de vous répondre, mais...
Des voix: Oh, oh!
Vice-amiral Gregory R. Maddison (sous-chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Les quatre sont en service, je peux vous le dire.
Des voix: Oh, oh!
Mme Elsie Wayne: Tous? D'accord.
VAm Greg Maddison: Je peux même vous dire que l'un d'entre eux est déjà à Halifax...
Mme Elsie Wayne: Oui, je le savais.
VAm Greg Maddison: ...et est en train de subir des modifications car on y installe de l'équipement canadien. Il subira les tests et les évaluations auxquels nous soumettons toujours les navires.
Le deuxième est actuellement en route. Le Windsor est dans l'Atlantique et arrivera vers la fin de la semaine, si je me souviens bien. Quant aux deux autres, on respecte d'assez près l'échéancier et ils seront livrés d'ici deux ans.
Gén Raymond Henault: D'ici un an.
Mme Elsie Wayne: D'ici un an, alors.
Merci beaucoup, monsieur. Je dois maintenant vous quitter; nous nous reverrons demain à Halifax.
Merci beaucoup, messieurs, Peter.
Gén Raymond Henault: Merci, madame Wayne.
Le président: Merci, madame Wayne.
Monsieur Stoffer, vous avez sept minutes.
M. Peter Stoffer: Merci pour le livre, aussi, Elsie.
Merci beaucoup d'être venus comparaître aujourd'hui, messieurs. Veuillez m'excuser...
Mme Elsie Wayne: Il m'a demandé le livre. Je tenais à vous le dire.
M. Peter Stoffer: Chut.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: L'a-t-il payé?
M. Peter Stoffer: Je vous prie de m'excuser d'être arrivé en retard.
Monsieur, je veux citer le nom de deux personnes. Je pense que vous les connaissez déjà bien, et je sais que l'amiral Maddison les connaît bien aussi. Ce sont deux personnes qui ont accompli un travail remarquable en vue de la préparation des troupes pour le départ de mercredi; je veux parler du colonel Joseph Hincke, de la base des Forces canadiennes de Shearwater, et du contre-amiral Bruce MacLean. Ces gens sont remarquables. Si le Canada peut produire deux grands hommes comme ceux-là, imaginez un peu ce que le reste du secteur militaire est capable de produire. J'ai pleinement confiance en leurs capacités... et je sais qu'il en est de même pour nos commettants et leurs familles... et j'ai confiance dans le travail qu'ils ont fait pour préparer nos troupes. Je voulais simplement vous signaler, à vous qui êtes leur chef, le travail admirable qu'ils ont accompli.
Monsieur, comme vous le savez, j'ai écrit au ministre il y a plus de 10 jours. Étant donné le caractère imprévu des événements du 11 septembre, chacun nous dit que nous ne savons pas à quoi il faut s'attendre à long terme. Comme vous le savez, la base aérienne de Shearwater se trouve dans mon comté, et comme vous le savez aussi, 1 100 acres de terrain sont sur le point d'être cédées à la Société immobilière du Canada pour liquidation et vente. Sur ces 1 100 acres se trouve une piste extrêmement longue, efficace et importante qui pourrait être utilisée par nos aéronefs militaires ou ceux de nos alliés de l'OTAN. J'ai demandé au ministre s'il pouvait suspendre cette décision. Ne serait-il pas prudent de suspendre toute décision à cet égard ou la cession de toutes propriétés jusqu'à ce que nous sachions mieux ce qui se passera à l'échelle mondiale? J'aimerais savoir ce que vous en pensez, s'il vous plaît.
Gén Raymond Henault: Merci.
D'abord, je vous remercie pour vos commentaires concernant les deux personnes que vous avez mentionnées. Je les connais personnellement—nous les connaissons tous personnellement—et ce sont de grands leaders. Ce sont des gens comme eux qui rendent ce type de déploiement sûr et efficace et je veillerai certainement à les en remercier.
Deuxièmement, la fermeture de l'aéroport de Shearwater a été annoncée en 1994, monsieur Stoffer, et je pense que vous le savez. Il y a eu divers changements aux options d'achat et à d'autres types de choses. Il est toujours prévu de le vendre, et on suppose que cela se fera dans un avenir très rapproché. Nous n'avons pas envisagé de revenir sur cette décision. Ce n'est pas moi qui l'ai prise, bien franchement. Ce serait une décision du ministère dont le ministre surveillerait certainement l'application.
D'un point de vue opérationnel, l'aéroport même sert pour l'instant principalement à soutenir les opérations des Sea King, et ultimement celles des nouveaux hélicoptères maritimes. Par conséquent, bon nombre des aires de ce terrain d'aviation dont nous parlons maintenant servent à des opérations d'aéronefs à voilure fixe, et je pense que c'est ce dont vous parlez aussi.
Nous avions conclu alors—et nous maintiendrions probablement cette conclusion maintenant—qu'il existe d'autres aéroports dans la région qui peuvent tout aussi bien être utilisés, notamment l'aéroport international de Halifax. En outre, si j'ai bonne mémoire, Greenwood ne se trouve qu'à une cinquantaine ou une soixantaine de milles, et peut accueillir des aéronefs à voilure fixe et même de gros aéronefs et des CF-18. On peut décoller à partir de là assez régulièrement.
• 1625
Pour l'instant, alors, malgré les événements du 11 septembre,
il semblerait n'y avoir pour nous aucune raison de maintenir ouvert
le terrain d'aviation de Shearwater ni de maintenir ouverte la
piste longue pour d'autres raisons que ce que nous envisageons
maintenant. Nous allons garder la piste courte, celle que les Sea
King utilisent pour les approches, les atterrissages, les
décollages, la formation etc., et nos équipages pourront encore
l'utiliser quand ils rentrent de missions opérationnelles.
Je ne peux donc pas venir vous dire aujourd'hui que nous allons changer cette approche. Je pense qu'elle est toujours valable, malgré les événements qui se sont produits.
M. Peter Stoffer: D'accord.
Par ailleurs, monsieur, nous avons entendu énormément de critiques au sujet des Sea King, certaines étaient fondées et d'autres pas. Je sais effectivement que les Sea King qui seront utilisés sont fiables, et qu'ils répondront à ce qu'on attend d'eux. Sur un plan plus personnel, toutefois, à propos de deux de mes adjoints, l'un a un beau-frère qui volera à bord d'un Sea King, et l'autre a une fiancée qui partira demain; ils sont donc très préoccupés par les critiques qu'on a formulées au sujet des Sea King.
Le ministre a comparu ici à la dernière séance, et je lui ai posé des questions au sujet du remplacement des Sea King et je lui ai demandé quand nous recevrions le premier aéronef de remplacement. Il a dit que ce serait d'ici la fin de 2005. Mais dans le cadre du processus d'acquisition fractionnée, les soumissions des sociétés intéressées arriveront autour de Noël l'an prochain ou au début de janvier 2003. Pour ce qui est des divers fournisseurs, monsieur le président, comme Cormorant, Sikorsky ou Eurocopter, ils disent qu'en raison de ce processus il n'y aura pas d'hélicoptère prêt d'ici 2005.
Je ne veux pas contredire le ministre, mais je ne pense pas qu'il y aurait la moindre opposition de la part de qui que ce soit au comité si, de quelque manière, vous parveniez à convaincre le ministère de renoncer au processus d'acquisition fractionnée et d'accélérer le remplacement des Sea King de manière que nous puissions avoir des aéronefs de remplacement d'ici 2005. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Gén Raymond Henault: Bien que je prenne bonne note de vos observations concernant l'accélération du processus, le gouvernement a décidé que ce serait là le mode d'acquisition. Je ne pense pas pouvoir y apporter le moindre changement sans une intervention ministérielle, naturellement. Néanmoins, même si nous savons que nous ne pouvons pas avoir d'hélicoptères de remplacement avant 2005, nous avons consacré beaucoup de temps, et d'efforts et d'argent pour nous assurer que la flotte de Sea King soit sûre.
Compte tenu de mon expérience en tant que pilote d'hélicoptère et d'aviateur pendant de nombreuses années, je pense pouvoir vous donner l'assurance qu'aucun aéronef n'est mis en service, aucun ne décolle à moins d'être en état de voler et de fonctionner en toute sécurité. Nous savons que cet aéronef est un peu âgé. Il nécessite un peu plus d'entretien peut-être que d'autres, mais il ne vole qu'à moins qu'on ait conclu qu'il était sûr et en état de voler.
Nous avons des limites opérationnelles, mais je m'empresse d'ajouter que les Sea King qui sont déployés dans la région sont dotés de moteurs et de transmissions renforcés et de diverses autres améliorations, notamment des ordinateurs de missions numériques et d'autres équipements essentiels pour effectuer leur travail. Ils se déploient aussi avec tout un ensemble d'équipement de guerre anti-sous-marine et d'équipement opérationnel leur permettant de remplir toute mission qui peut leur être confiée dans la région.
J'aimerais également ajouter que nous allons fonctionner en tant que coalition, ce qui veut dire qu'ils ne vont pas faire tout le travail seuls. Ils travailleront de concert avec des navires de surveillance de surface et d'autres de surveillance sous-marine. Il y aura d'autres aéronefs, comme des aéronefs de patrouille maritime, qui s'occuperont de la surveillance aérienne, par exemple. L'avantage de la coalition c'est de pouvoir travailler collectivement pour mener à bien une mission, et nous savons que les Sea King peuvent fonctionner de leur mieux au sein de cette coalition avec l'équipement dont ils disposent pour l'instant.
Le président: Merci, monsieur Stoffer.
Nous allons maintenant accorder cinq minutes pour les questions, à commencer par Mme Gallant.
Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
La Force opérationnelle interarmées 2, la FOI2, est la réponse militaire professionnelle du Canada au terrorisme au Canada. En tant qu'équipe bien formée de libération d'otages, la FOI2 a pour rôle de faire face aux menaces terroristes éventuelles là où il y a une présence canadienne significative, que ce soit ici au pays ou à l'étranger dans nos ambassades.
La Force opérationnelle interarmées 2 est une équipe spécialisée de libération d'otages, mais elle n'entre pas dans la catégorie des forces spéciales. Les équipes de libération d'otages et les forces spéciales sont manifestement deux choses différentes—la sélection diffère, la formation diffère, les besoins en renseignement diffèrent, la direction et les tactiques diffèrent, et l'approche est tout à fait différente.
N'avons-nous rien retenu des leçons de notre histoire? La décision de recourir à des forces des services spéciaux, le Régiment aéroporté du Canada, pour assurer le maintien de la paix en Somalie a fait échouer la mission. La décision d'utiliser une équipe de libération d'otages en tant que force des services spéciaux en Afghanistan est pour le moins contestable. Le pays doit débattre, de façon ouverte et publique, de la politique étrangère du Canada concernant les opérations spéciales avant qu'on envoie d'autres militaires canadiens en Afghanistan.
• 1630
Voici mes questions: La stratégie nationale de lutte contre le
terrorisme concorde-t-elle avec celle de la communauté
internationale, ou s'agit-il simplement d'un prolongement des
stratégies d'autres nations? Le plan national de lutte contre le
terrorisme est-il un plan stratégique? Est-il clair, ciblé et
réfléchi et est-il bien compris et bien suivi par tous les
ministères et organismes à tous les niveaux? Ce plan est-il
entériné par le Parlement? Enfin, quel est l'objectif militaire du
Canada dans sa guerre contre le terrorisme?
Gén Raymond Henault: Évidemment, je ne vais pas vous indiquer dans les détails ce que vont faire les membres de la FOI2 ni les opérations auxquelles ils sont affectés. Ce que je peux vous dire, c'est qu'en tant que membres de l'unité antiterroriste FOI2, ils acquièrent des compétences très particulières qu'ils pourront utiliser dans des opérations spéciales. Ils fonctionnent et coopèrent en permanence avec d'autres services d'opérations spéciales étrangers, notamment ceux des États-Unis, de l'Australie et de l'Allemagne. Ils collaborent aussi avec de nombreux autres organismes.
Leurs compétences sont tout à fait utilisables dans le contexte de ce qu'ils vont devoir faire au cours de cette mission. Je peux vous dire qu'ils ne vont pas assumer un rôle traditionnel de lutte antiterroriste, même si c'est bien une mission de lutte antiterroriste qui leur est confiée.
Pour les opérations qu'ils vont entreprendre, ils ont été parfaitement préparés grâce au savoir-faire qu'ils ont déjà acquis, et nous ne sommes donc pas inquiets... évidemment, nous nous préoccupons de leur bien-être au moment où ils entreprennent une telle mission, mais nous sommes convaincus qu'ils ont les compétences voulues pour se livrer à des opérations spéciales dans un contexte international. Personnellement, je n'en ai aucun doute. Je les ai vus à l'oeuvre. Je sais comment ils s'y prennent. Je leur ai rendu visite à maintes reprises, ils sont parfaitement motivés et leur savoir-faire leur a voler le respect de la communauté internationale. Ce qu'ils vont faire sera tout à fait crédible et significatif et lorsque nous en serons informés a posteriori, nous constaterons encore une fois que nous avons fait appel aux éléments les plus aptes à remplir cette mission.
En ce qui concerne le plan national de lutte antiterroriste, il a été coordonné au niveau interministériel. Il est parrainé par le solliciteur général; je ne parlerai donc pas de sa position au sein du régime parlementaire, car je n'en suis pas certain, mais c'est un plan auquel nous participons directement et nous contribuerons à la capacité antiterroriste au Canada aux côtés du solliciteur général.
Notre unité antiterroriste représente notre capacité au plan interne, et elle a acquis une dimension internationale à l'occasion même de ces activités intérieures, car cette dimension internationale fait partie intégrante de l'ensemble des tâches de la FOI2.
Nous sommes donc certains de sa capacité par rapport au plan proprement dit, et je suis convaincu qu'il s'agit là d'un bon plan. Nous l'avons mis à l'épreuve et nous assumons diverses exigences de soutien, notamment à l'occasion des événements d'envergure qui peuvent se produire au Canada. C'est maintenant à mon tour de vous demander si votre question comportait d'autres éléments concernant la capacité de cette unité.
Le président: Malheureusement, il ne vous reste que dix secondes, madame Gallant, et je vais donc donner la parole à M. Bachand.
Monsieur Bachand, vous avez cinq minutes.
M. Claude Bachand: Monsieur le président, je vais commencer en anglais cette fois-ci, car j'ai entendu parler d'une belle erreur. J'ai dit en français que j'avais 50 ans, et l'interprète a eu l'amabilité de dire que j'en avais 35.
Une voix: Ah, ah!
M. Claude Bachand: Je comprends pourquoi j'ai vu des mines incrédules et je dois vous dire, en toute franchise, que je n'ai pas l'intention de corriger les bleus demain; je vous annonce donc en anglais que j'ai 50 ans; d'accord?
[Français]
Je vais maintenant revenir sur la sécurité intérieure. Vous avez bien répondu plus tôt sur le JTF2, sur le Centre de la sécurité des télécommunications et sur le programme de protection des infrastructures essentielles, mais vous n'avez pas répondu sur le groupe de lutte au bioterrorrisme. Je parle ici du groupe atomique, biologique et chimique. On me dit que c'est destiné surtout aux gens de l'armée, c'est-à-dire aux gens qui pourraient être victimes d'une contamination atomique, biologique ou chimique. Est-ce que les civils peuvent bénéficier des connaissances de ce groupe-là en cas d'attaque, par exemple?
• 1635
Serait-il possible, mon général, que vous alliez plus
loin sur l'ensemble des quatre volets que je vous ai
exposés? Des gens me demandent si
l'armée canadienne est prête à les
défendre et à assurer la sécurité intérieure.
Avec tout le respect que je vous
dois, je dois vous dire qu'avec le type de réponses que
vous me donnez, tout ce que je peux
leur dire, c'est que oui, elle est prête, car le général
Henault me l'a dit au comité.
Je me demande si vous ne devriez pas faire une sortie publique ciblée. Je ne vous demande pas de dire que vous avez envoyé tant de personnes du JTF2 là-bas et qu'il en reste tant ici. Je sais que vous ne pouvez pas faire ça. Mais je pense que les Québécois et les Canadiens auraient besoin que vous leur disiez ailleurs qu'au comité que vous avez les ressources nécessaires pour les protéger, que vous soyez un peu plus spécifique.
Je ne sais pas si vous pourriez répondre sur le groupe ABC et être un peu plus spécifique pour rassurer les Québécois et les Canadiens dans le contexte actuel de l'anthrax, des déploiements et des attaques terroristes.
Gén Raymond Henault: En ce qui concerne le groupe chimique et biologique, il s'agit du JNBCRT, le Joint Nuclear, Biological and Chemical Response Team. C'est quand même une équipe dont les capacités sont limitées. C'est une équipe d'environ 29 personnes formée d'une combinaison de militaires et de gens de la GRC. Nous avons la capacité de répondre à des urgences ou des attaques chimiques ou biologiques, avec les avis nécessaires, pour aider les premiers intervenants. Il y a plusieurs niveaux d'intervention, comme vous le savez. Il y a des intervenants au niveau municipal, au niveau provincial et au niveau fédéral. Nous contribuons à toute la gamme d'interventions nécessaires, mais nous sommes quand même limités de ce côté-là. Nous avons une équipe qui peut répondre à une urgence où que ce soit au Canada. Quand nous avons un préavis, cette équipe est augmentée, au besoin, de ressources supplémentaires afin d'optimiser sa capacité de décontamination, de réponse et d'avis techniques aux intervenants et aux autorités provinciales, municipales ou autres.
C'est une des choses que nous avons dans notre mire pour essayer d'augmenter notre capacité et de l'étendre davantage dans tout le pays, mais il reste qu'en premier lieu, c'est une responsabilité des premiers intervenants. Est-ce que nous devrions être parmi les intervenants de première ligne? Peut-être que oui. Je n'ai pas encore la réponse, mais c'est une chose qui est absolument critique. Par contre, l'équipe elle-même est formée d'experts dans le domaine. Je peux vous assurer que s'il y a un incident de ce côté-là, ils seront capables de fournir tout l'appui nécessaire à l'équipe qui sera en place.
En ce qui concerne le JTF2, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus. Cependant, pour vous rassurer encore une fois, je vous dirai que l'unité est capable de répondre à ces besoins et d'assumer ses responsabilités intérieures, aussi bien que de fournir l'appui nécessaire à la mission internationale.
J'ai pleine confiance dans la capacité de l'unité. J'ai pleine confiance dans notre habileté sur le plan intérieur. Les Canadiens peuvent se sentir rassurés parce que j'en suis absolument convaincu.
En passant, monsieur Bachand, il y a un lien civil qui est très important, un lien qui est en train d'être formulé et concrétisé de plus en plus par le groupe de protection de l'infrastructure, c'est-à-dire le groupe de Mme Purdy, pour mettre tout ça dans un ensemble qui soit très cohésif et qui puisse répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes partout au pays, au niveau interministériel et aussi au niveau fédéral-provincial. Tout ça est dans un ensemble qui a pris beaucoup d'ampleur depuis le 11 septembre, mais l'amélioration de l'ensemble était déjà amorcée avant cela.
[Traduction]
Nous allons réussir.
Le président: Merci, général.
Merci, monsieur Bachand.
Monsieur O'Reilly, vous avez cinq minutes.
M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président, et merci au général Henault, au lieutenant-général Macdonald et au vice-amiral Maddison de leur présence. Je suis heureux de pouvoir leur soumettre quelques questions que je me pose et auxquelles je n'ai pas réussi à trouver de réponse.
Est-ce qu'on ne risque pas d'avoir un problème de roulement? Nous envisageons d'élargir notre présence en Bosnie, mais quelles en seront les conséquences pour l'ensemble de nos forces armées? Il est question de relever dans les Balkans certaines unités étrangères qui se retirent, et j'aimerais savoir si c'est une décision des Nations Unies et si nous sommes en mesure de faire, le cas échéant, un autre roulement anticipé.
• 1640
Je pense par ailleurs que le mythe des Sea King est enfin
dénoncé. C'est la presse et l'opposition qui l'ont créé. Or, chaque
fois que je vois le président des États-Unis qui arrive à Camp
David ou qui en revient, je remarque qu'il est à bord d'un Sea
King. Je sais que le sien a sans doute été modifié quelque peu en
fonction de ses besoins, mais de toute évidence, c'est un
hélicoptère très sûr et je suis convaincu que le mythe s'est
effondré de lui-même.
J'aurais une autre question à poser sur la livraison des Cormorant. Cette livraison se fait en douceur, sans doute à cause des événements en cours. Je crois qu'on en attend 15 actuellement. J'aimerais savoir quand on va fêter la livraison...
Des voix: Ah, ah!
M. John O'Reilly: ...parce qu'on nous reproche toujours des livraisons qui ne se font pas.
Par ailleurs, à quelle date devraient être livrés les deux autres sous-marins? J'aimerais aussi avoir une idée de leur capacité opérationnelle, c'est-à-dire non pas savoir s'ils flottent, mais s'ils peuvent descendre en plongée; c'est une question qui intéresse tout le monde.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Gén Raymond Henault: Monsieur le président, je vais fournir quelques informations, puis je demanderais à l'amiral de parler de la capacité opérationnelle des sous-marins. Il connaît bien la question et sait parfaitement ce qu'ils représentent d'un point de vue opérationnel.
Vous faites référence, je crois, à la question des remplacements en Bosnie. Est-ce bien cela?
Comme tous les autres pays de l'OTAN, nous avons accepté de prendre un certain nombre de mesures dans le cadre de la réaction antiterroriste de l'OTAN et des pays alliés, de façon que l'OTAN puisse fournir un contingent pour relever les unités qui devraient être redéployées dans le cadre de la campagne antiterroriste au Moyen-Orient ou ailleurs.
Plusieurs pays membres de l'OTAN se sont engagés à assumer cette fonction de remplacement, et c'est aussi notre cas. Nous nous sommes engagés à envisager de remplacer au besoin des forces de l'OTAN. Néanmoins, pour l'instant, on ne nous a pas demandé de le faire. Plusieurs pays de l'OTAN se sont proposés, mais pas nous, du moins pour l'instant.
En toute franchise, je pense que nous jouons déjà un rôle très important dans les Balkans. Nous avons déjà actuellement plus de 1 650 militaires en Bosnie-Herzégovine, c'est donc une contribution très sérieuse.
Il y a d'autres pays de l'OTAN qui ne seront pas nécessairement amenés à déployer des troupes au Moyen-Orient, et qui vont donc pouvoir se charger du remplacement en cas de besoin, mais pour l'instant, ce remplacement n'a rien de certain. Actuellement, nous supposons qu'il pourrait porter sur des unités bien inférieures au groupement tactique ou à la brigade. Peut-être exigera-t-il des capacités très spécialisées. Tous ces éléments doivent être pris en compte.
Néanmoins, comme l'a dit le ministre, nous l'envisagerons si on nous en fait la demande. On ne nous l'a pas encore demandé, mais nous faisons de la planification d'urgence pour pouvoir réagir si on nous le demande. Nous avons encore une capacité résiduelle au besoin.
Sur la question du retrait, je vais vous demander d'expliciter un peu votre pensée. Vous avez posé une question concernant le retrait des Nations Unies.
M. John O'Reilly: L'ONU a signalé que certains pays, en particulier les États-Unis, parlent de se retirer des Balkans pour redéployer leurs troupes dans d'autres théâtres opérationnels et ils demandent aux Nations Unies d'évaluer le nombre des pays qui pourraient assurer les remplacements nécessaires. Je suppose que tout cela fait partie de votre planification actuelle.
Gén Raymond Henault: Oui, effectivement, et il semble que le problème soit moins sérieux qu'il n'apparaissait au départ. À l'issue de notre première étape de planification, les autorités américaines ont affirmé que leurs troupes resteraient dans les Balkans tant que l'OTAN y serait présent. Les Américains ne se retireront pas totalement dans l'immédiat. Ils ont toujours un engagement vis-à-vis des Balkans, et ils entendent l'honorer jusqu'au bout.
Encore une fois, la situation évolue, les besoins aussi et ce que nous devrons faire en dépend. Je ne pense pas qu'on puisse s'attendre à un retrait unilatéral, du moins d'après ce que je peux prévoir. Je ne peux pas me prononcer au nom de l'armée américaine ou du gouvernement américain, mais du point de vue canadien, il ne semble pas que nous soyons amenés à assumer d'importantes fonctions de remplacement.
Le président: Merci, général.
Monsieur Stoffer, vous avez cinq minutes.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier M. Rossignol de m'avoir suggéré la question suivante, car elle me semble très bonne.
Comme vous le savez, le ministre a déclaré récemment qu'aux termes d'un accord relevant du NORAD, dans l'éventualité peu vraisemblable où le gouvernement devrait décider de faire abattre un avion commercial qui constituerait une menace pour une collectivité quelconque... J'ai remarqué l'autre jour que précisément pour cette raison, des CF-18 étaient présents dans le ciel de Toronto.
Aux États-Unis, je crois que dans cette éventualité, la décision serait prise par les commandants ou les généraux régionaux, alors qu'au Canada, c'est au gouvernement d'en décider. Est-ce que vous pourriez me préciser la politique du NORAD à ce sujet? Y a-t-il dans ce domaine un conflit d'intérêts ou des divergences d'opinion? Ou est-ce que cela correspond précisément à la capacité ou aux principes du NORAD dans ces circonstances peu vraisemblables?
Gén Raymond Henault: Oui, c'est une très bonne question.
J'ajoute que les CF-18 sont un élément essentiel de notre programme national de sécurité intérieure et nous avons étendu l'engagement de nos CF-18 vis-à-vis du NORAD de sorte que nous puissions effectuer davantage de vols de surveillance en réponse à l'état d'alerte renforcée qui fait suite aux événements du 11 septembre. Vous allez voir des vols de CF-18 dans des régions du Canada où on n'en voit pas d'habitude. Ils ne partiront plus uniquement de Cold Lake et de Bagotville; ils utiliseront aussi d'autres aéroports au Canada—je vous passe les détails—de façon que notre défense aérienne assure une meilleure couverture. À mon avis, c'est là un élément important de notre participation à la défense aérienne du continent et aux opérations de souveraineté aérienne. Donc, c'est vrai, les CF-18 effectuent des missions de ce genre, et vous allez en voir de plus en plus.
Le commandant en chef du NORAD est l'autorité suprême de l'organisation, et il a un assistant canadien, un général trois-étoiles qui se trouve à Colorado Springs et qui dirige les nombreux Canadiens qui relèvent de l'appareil du NORAD. Nous intervenons dans le processus décisionnel du NORAD et nous allons continuer à le faire conformément à l'accord bilatéral en vigueur.
Au lendemain du 11 septembre, les règles d'engagement ne sont pas nécessairement différentes. Les autorités de commandement national ont toujours la responsabilité d'ordonner la destruction d'un avion—ce que nous souhaitons ne jamais avoir à faire—mais il faudrait prendre une telle décision si les circonstances l'exigeaient. Aux États-Unis, cette autorité de commandement national a été déléguée au commandant en chef du NORAD, qui l'a lui-même déléguée au commandant de la région continentale du NORAD, mais uniquement en dernier ressort. Ce dernier s'efforcera toujours d'obtenir l'aval de son commandant avant d'exercer cette responsabilité, à cause de l'importance et de l'ampleur de la décision qu'elle nécessite.
Au Canada, c'est le gouvernement canadien qui conserve cette responsabilité au niveau du commandement national et tous les mécanismes sont en place pour qu'une décision de ce genre soit prise rapidement si l'occasion se présente. Les situations diffèrent légèrement au plan sémantique, mais pas en pratique.
M. Peter Stoffer: Une dernière question: Des opérations se déroulent sur un autre front qui se voit moins, mais sur lequel des Canadiens déploient des efforts tout aussi importants; je veux parler des familles des militaires envoyés outre-mer. La fin de semaine dernière, je parlais à des enfants qui se disaient inquiets parce que leur maman ou leur papa ne pourra pas les accompagner à l'Halloween, même si l'on espère qu'ils seront revenus pour la Saint-Valentin. Pour eux, c'est aussi important que Noël et tout le reste.
Ce que souhaitent les familles—et je vous en ai parlé en privé, j'espère donc que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que j'en parle aussi en public—c'est savoir si les Forces armées peuvent favoriser une sorte de dialogue continu de façon qu'elles aient une idée du moment où les militaires pourront revenir et qu'elles puissent s'organiser en conséquence.
Gén Raymond Henault: Je vous remercie de cette question, car je pense qu'il est important de rassurer les familles et de leur dire que nos militaires ne resteront pas à l'étranger pendant des périodes exagérément longues.
Une fois que nos soldats sont déployés—qu'ils relèvent de la marine, de l'armée de l'air ou de l'infanterie—les rotations s'effectuent par intervalles de six mois. Actuellement, nos plans sont tous fondés sur un déploiement de six mois et prévoient des rotations à l'issue de chaque période de six mois.
Cela ne veut pas dire que tous les militaires vont revenir dans six mois. Pour assurer le succès à long terme d'une opération comme celle-ci, nous savons qu'il faudra peut-être décaler certaines rotations. Certains navires reviendront peut-être plus tôt, tandis que d'autres reviendront plus tard, ne serait-ce que de quelques semaines. De façon générale, ceux qui vont partir mercredi ne devraient pas rester à l'étranger beaucoup plus de six mois; leur absence sera peut-être un peu plus courte ou un peu plus longue, mais pas de beaucoup. Les familles vont donc pouvoir s'organiser pendant cette période de séparation.
Nous savons à quel point ces situations sont difficiles, et elles sont parfaitement prises en compte dans les programmes de soutien aux familles et dans toutes les mesures que nous prenons pour qu'elles soient bien prises en charge pendant l'absence des militaires.
• 1650
Par ailleurs, j'ajoute que lorsque les membres des Forces
armées canadiennes sont déployés pour une période de six mois ou
plus, ils peuvent revenir pendant cette période. Nous avons un
programme qui facilite les déplacements à l'occasion de ces
permissions, de façon que les militaires puissent revenir chez eux
ou que leur conjoint ou les membres de leur famille puissent les
rejoindre quelque part—dans une région où la sécurité est assurée,
évidemment—afin que la famille puisse se réunir à l'intérieur même
du déploiement.
Tous ces éléments font partie des mesures que nous devons prendre pour que les familles n'aient pas à souffrir davantage de la séparation.
Le président: Merci, général.
Merci, monsieur Stoffer.
Monsieur Wood.
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Merci, monsieur le président.
Mon général, vous avez parlé tout à l'heure des engagements d'appui pris par d'autres pays membres de l'OTAN. Les seuls engagements d'appui aux États-Unis que je connaisse sont ceux de la Grande-Bretagne, du Canada et de quelques pays qui ne font pas partie de l'OTAN, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Combien y a-t-il actuellement de partenaires au sein de cette alliance?
Gén Raymond Henault: Je ne peux pas vous dire le chiffre exact, mais je peux vous dire que plus de 20 pays se sont engagés à assurer différents niveaux de soutien au sein de la coalition. Je ne peux pas me prononcer au nom de ces différents pays, mais je sais qu'ils sont nombreux, que les niveaux d'engagement sont différents, que leurs capacités sont différentes...
M. Bob Wood: Comment se fait-il qu'on n'entende parler que de trois, quatre, ou cinq pays tout au plus?
Gén Raymond Henault: Les pays de l'OTAN à eux seuls représentent 19 pays. Un grand nombre d'entre eux ont déjà promis leur appui.
M. Bob Wood: Oui, ils ont promis leur appui, mais vont-ils le fournir?
Gén Raymond Henault: Cet appui ne se manifestera pas nécessairement dès le début du déploiement. Nous aurons peut-être des rajustements à faire et je crois que nous adapterons sans aucun doute notre appui au fur et à mesure.
Certains de ces pays ne se rendront pas sur le théâtre d'opérations, peut-être. Par exemple, un pays qui a promis une unité de contrôle des mouvements ne déploiera peut-être pas cette unité jusqu'à ce qu'il y ait une tête de pont aérienne permettant l'utilisation de cette capacité. Cela pourrait se faire d'ici deux ou trois semaines, ou il pourrait s'agir d'une rotation d'ici plusieurs mois.
Toutes ces capacités représentent un élément important de cette coalition et de la possibilité de soutenir cette coalition à long terme, car comme l'ont indiqué tous les dirigeants du monde, l'opération sera longue. Par conséquent, un commandant doit désormais tenir compte de toutes ces promesses et tous ces engagements pour décider quand et comment il intégrera ces mécanismes de soutien ou le niveau de soutien qui est promis, dans quelle mesure et pour combien de temps. Comme je l'ai déjà dit, selon la mission, tous les ajustements nécessaires se feront en temps voulu.
Il y a donc de nombreux pays qui participent à cet effort, tous en réaction aux événements du 11 septembre. Ils sont tous préoccupés par la situation et tiennent tous à la régler de leur mieux.
M. Bob Wood: Vous avez parlé à quelques reprises du Centre de ressources pour les familles des militaires. Comme vous le savez, un grand nombre d'entre nous qui font partie de ce comité siégeaient au comité qui s'est penché sur la qualité de vie, et qui a visité diverses régions du pays. Ce qui nous a le plus déçus, entre autres, ce sont les centres de ressources pour les familles des militaires. Si je me souviens bien, le seul qui fonctionnait vraiment à peu près décemment était celui de Petawawa. Je crois que les autres laissaient beaucoup à désirer et certains d'entre eux étaient même installés dans des roulottes. Vous avez dit que cette situation a changé.
J'espère de tout coeur que cette situation a changé, car je crois qu'un grand nombre d'entre nous ont été très déçus de constater les difficultés de ceux qui doivent faire face à de longues absences de leurs familles. Dans bien des cas, du moins à mon avis, le gouvernement ou le MDN se sont contentés de voeux pieux. Lorsque des gens avaient vraiment besoin de services ou d'aide, dans bien des cas, ces services ou cette aide n'étaient pas disponibles. Vous avez donné à tous l'assurance que la situation avait changé, et j'espère de tout coeur que c'est le cas.
Gén Raymond Henault: Nous prêtons beaucoup d'attention aux membres des Forces canadiennes et à leurs familles. Et je crois que les excellentes initiatives que nous avons entreprises en témoignent—ici encore appuyées par votre comité—visant entre autres à améliorer la qualité de vie, y compris les Centres de ressources pour les familles des militaires.
J'ignore quels sont les centres auxquels vous faites allusion, mais j'ai visité un grand nombre de ces centres dans le cadre de mes fonctions précédentes. J'en ai visité d'autres non seulement ici au Canada, mais aussi dans les bases où nous avons des Canadiens à l'étranger. Je peux vous mentionner le Centre à Naples et celui établi à Ramstein en Allemagne. Ce sont des centres de soutien aux familles bien établis et très efficaces qui rendent de grands services aux familles installées là-bas. Un grand nombre de ces membres, y compris ceux à Bruxelles, qui compte un centre de ressources pour les familles, participent à des opérations de déploiement à l'étranger dans le cadre de leurs mandats opérationnels. Ils se rendront sur des théâtres d'opérations pour des périodes de trois à six mois même s'ils sont déjà déployés à titre d'appui auprès d'une organisation différente. Ces centres jouent un rôle indispensable auprès de nos familles et s'il y a des centres qui ne sont pas aussi efficaces que d'autres ou qui ont peut-être besoin d'un plus grand appui, j'aimerais le savoir afin que nous puissions régler ce problème.
M. Bob Wood: C'était il y a quelques années, donc espérons que la situation s'est améliorée.
Gén Raymond Henault: Le général Macdonald est arrivé de Colorado Springs, où ils ont établi...
M. Bob Wood: Ils ont un excellent système de soutien.
Gén Raymond Henault: ...un centre de soutien à la famille qui est formidable.
M. Bob Wood: Effectivement.
Gén Raymond Henault: Il s'agit d'une excellente installation.
L'amiral Maddison connaît très bien toute la structure navale du soutien à la famille, en tant qu'ancien commandant de la marine. Je peux lui demander de vous fournir plus de précisions si vous voulez passer plus de temps sur ce sujet.
M. Bob Wood: Non. J'ai une autre question.
Le président: Monsieur Wood, je suis désolé mais votre temps est écoulé.
M. Bob Wood: Très bien.
Le président: Nous allons maintenant passer à M. Anders.
M. Rob Anders (Calgary-Ouest, Alliance canadienne): Je vous remercie, monsieur Pratt.
Général Macdonald, j'ai eu la grande chance de visiter le NORAD lorsque vous vous trouviez à son centre de commandement et j'aimerais savoir si les Américains vous ont indiqué s'ils considéraient possible de conserver le NORAD et de maintenir la participation du Canada si le Canada ne participe pas à la défense antimissile balistique. J'aimerais savoir ce que vous pensez des commentaires que vous ont faits les Américains pendant que vous exerciez le commandement là-bas.
Je vais poser une série de quatre questions auxquelles je vous demanderai de répondre.
Ma deuxième question est la suivante: A-t-on réservé des fonds pour des dispositifs de guidage par laser semblables à celui que nous avons emprunté des Australiens au cours de l'opération au Kosovo. Dans la négative, pourquoi?
Ma troisième question: Vous avez indiqué dans votre présentation d'aujourd'hui avoir établi des priorités en ce qui concerne notre interopérabilité avec nos alliés, et particulièrement avec les États-Unis. Vous ne les énumérez pas de façon précise, mais vous nous indiquez de façon générale que ce sont des aspects dont il faut s'occuper. Je vous demanderai, messieurs, de nous indiquer quelles sont en particulier les grandes priorités que nous devons établir pour améliorer l'interopérabilité.
Ma quatrième question concerne l'application de l'embargo contre l'Iraq. Étant donné que le Canada y a participé, et étant donné que l'Iraq est l'un d'une demi-douzaine de pays qui ont appuyé directement le terrorisme au cours des dix dernières années environ, considérez-vous leurs missions, leurs consulats et leurs ambassades au Canada ou à l'étranger comme une menace au renseignement et une menace subversive?
Lieutenant-général George E.C. Macdonald (vice-chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Permettez-moi de répondre à votre première question, monsieur Anders, concernant les commentaires que les Américains auraient pu me faire concernant la défense antimissile balistique.
Bien entendu, aucune décision n'a été prise sur le déploiement de la défense antimissile balistique. Nous ignorons quelle sera l'issue de tout partenariat que nous pourrions poursuivre dans le cadre du déploiement de ce système jusqu'à ce que cette décision soit prise, et jusqu'à ce qu'on nous demande d'y participer.
J'estime que les préoccupations du gouvernement canadien ont été bien exprimées par le passé entre autres à propos du traité ABM. Je crois aussi que les Américains s'intéressent sans aucun doute à notre participation possible à la défense antimissile balistique. À l'époque où j'y étais, ils ont assurément indiqué qu'ils préféraient que cela se fasse dans le contexte du NORAD, mais je crois qu'ils acceptent aussi la possibilité que nous n'y participions pas. Ils transféreraient alors simplement cette responsabilité à un autre CEC, un autre commandant en chef, tel que le commandement spatial américain, qui se trouve aussi à Colorado Springs. Donc, même si à mon avis ils préféreraient assurément compter sur notre participation, ils ont prévu des solutions de rechange.
J'ai indiqué au comité et à d'autres que cette question me préoccupait lorsque j'étais commandant en chef adjoint du NORAD en raison des aspects concrets de la mise en oeuvre de la défense antimissile balistique dans le cadre d'un complexe physique où le NORAD et le commandement spatial américain travailleraient ensemble très étroitement. Cela pourrait nous causer certains problèmes pratiques avec le temps, mais je ne crois pas que les Américains considèrent que le NORAD serait fondamentalement menacé par suite de la mise en oeuvre de la défense antimissile balistique.
Gén Raymond Henault: Je vais répondre à la question sur l'embargo.
Oui, nous avons participé à l'embargo contre l'Iraq pendant un certain temps. À plusieurs reprises, nous avons dépêché nos navires de guerre dans la région du golfe. Nous pourrions y retourner d'ailleurs dans le cadre de l'opération en cours. Du fait, c'est fort probable.
Quant à savoir si ces pays représentent une menace subversive, je ne peux pas vous répondre à cette question car elle ne relève pas vraiment de mon mandat. C'est une question qui relève du SCRS, et il serait préférable que vous leur posiez la question plutôt que de nous demander de vous fournir une observation. Nous entretenons des relations diplomatiques avec un certain nombre de pays, qui ont des attachés ici au Canada et ailleurs. En retour, nous avons des attachés dans d'autres pays, évidemment. Ici encore, nous faisons honneur à ces accréditations le cas échéant. Dans ce cas, je n'ai pas de réponse à vous donner à cet égard.
• 1700
En ce qui concerne le dispositif de guidage laser, je
demanderais au général Macdonald de vous donner plus de précision.
Lgén George Macdonald: Malheureusement, je ne peux pas vous répondre car je n'y connais rien.
Gén Raymond Henault: Je dois avouer que je ne peux pas vous répondre non plus au sujet de la capacité de guidage par laser. Est-ce que vous en parlez en particulier dans le cadre de la défense antimissile?
M. Rob Anders: Je crois comprendre qu'au cours de la campagne au Kosovo, étant donné que nous n'avions pas de système de guidage approprié, nous les avons empruntés des Australiens. Je me demande si... Je sais que vous avez reçu des fonds, et j'en suis heureux. En fait, j'aimerais que vous receviez beaucoup plus que ce que vous avez réussi à obtenir du ministre des Finances. Cela dit, toutefois, a-t-on prévu des fonds qui seraient consacrés à ces systèmes de guidage laser pour nos avions?
Gén Raymond Henault: Je vous remercie de cette précision. Ce n'est pas ce que j'avais compris.
Nous avons effectivement notre propre capacité interne pour ce qui est du guidage laser. Nos CF-18 sont équipés pour envoyer des munitions guidées avec précision, comme ils l'ont fait au cours de la campagne aérienne au Kosovo. Nous en augmentons le nombre avec le temps. Bien entendu, l'amélioration de la capacité des CF-18 les rendra en fait encore plus efficaces pour ce qui est d'envoyer toutes sortes de munitions guidées avec précision.
Nous n'en avons pas suffisamment pour équiper tous nos CF-18 pour l'instant, ce qui d'ailleurs n'est pas nécessaire à ce stade. Je ne vais pas nécessairement vous citer des chiffres, mais cette capacité existe au sein des Forces canadiennes de même que dans nos opérations de chasse, de sorte que toute augmentation ou toute amélioration que nous apportons—en empruntant de l'équipement, comme vous le dites—vise à accroître nos réserves, et non forcément à assurer cette capacité.
Le président: Je vous remercie, monsieur Anders.
La parole est à Mme Beaumier.
Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest—Mississauga, Lib.): Je vous remercie. J'ai d'abord une brève question qui fait suite un peu à ce dont parlait M. Woods.
Nous avons des soldats qui sont revenus du Rwanda, de la Somalie et de la Bosnie, qui ont subi d'importants dommages psychologiques. Il n'existe aucune façon de prévenir des jeunes hommes contre ce genre de problème. J'aimerais savoir les mesures prévues par l'armée pour aider à réinsérer ces soldats dans notre société, parce qu'ils ont rendu un fier service au Canada. Ce sont les meilleurs ambassadeurs que le Canada ait jamais eus. Jusqu'où va notre responsabilité, et que faisons-nous pour l'assumer?
Gén Raymond Henault: Il nous incombe entièrement de nous occuper des blessés lorsqu'ils sont déployés. Cela fait partie intégrante des initiatives que nous sommes en train de prendre pour accroître notre capacité à cet égard.
Nous avons un certain nombre de mécanismes pour traiter le syndrome de stress post-traumatique. Nous avons mis sur pied, dans l'ensemble du pays, un certain nombre de nouvelles cliniques, comme nous les appelons. Leur appellation officielle est centres de soutien pour trauma et stress opérationnels. Ce sont les centres qui ont été établis. Celui que j'ai visité le plus récemment se trouve à Halifax, où nous avons un certain nombre de professionnels, de psychologues, de médecins et de divers spécialistes en médecine qui s'occupent non seulement de traiter les membres des Forces canadiennes qui reviennent de mission et qui ont été profondément marqués par certaines scènes et situations très difficiles dont ils ont été témoins, mais s'occupent aussi de faciliter leur réinsertion. Cela comprend les anciens combattants—pas tous, mais un grand nombre d'entre eux sont traités par nos centres.
Nous avons un programme très dynamique d'amélioration des soins de santé, appelé Rx2000. Ce programme vise aussi en grande partie à améliorer les soins de santé de A à Z, c'est-à-dire la santé mentale, le stress post-traumatique et les mesures nécessaires pour assurer la réinsertion des gens dans la société.
Mme Colleen Beaumier: Qu'en est-il de la formation professionnelle ou de l'aide pour trouver de l'emploi?
Gén Raymond Henault: Pardon?
Mme Colleen Beaumier: Qu'en est-il de la formation, pour ce qui est de les préparer à assumer leurs fonctions?
Gén Raymond Henault: Vous voulez dire avant le déploiement?
Mme Colleen Beaumier: Oui.
Gén Raymond Henault: Nous prenons un certain nombre de mesures pour les préparer aux situations, aux circonstances, à l'environnement dans lequel ils vont se trouver. Nous prenons diverses mesures pour leur assurer un entraînement en fonction d'une mission précise, c'est-à-dire les exposer au genre des choses qui les attendent. Malgré tout, on ne sait jamais. Peu importe l'intensité de l'entraînement que subit un militaire, les hommes ou les femmes qui vont dans ces théâtres d'opérations...
Mme Colleen Beaumier: Oh, non, je suis désolée. Je parle du moment où ils reviennent et où ils retournent à la vie civile ou démissionnent. Avez-vous prévu un programme de formation professionnelle pour les aider à trouver un emploi dans le civil?
Gén Raymond Henault: Il existe en fait un mécanisme grâce auquel ceux qui sont blessés dans l'exercice de leurs fonctions, lorsqu'ils sont déployés, ont un droit de passage, si on peut dire, ou à tout le moins une certaine priorité pour ce qui est de leur transfert à la fonction publique, par exemple. Mais nous avons aussi certains programmes très exhaustifs dans le cadre des Affaires des anciens combattants auxquels nous travaillons ensemble de façon continuelle pour assurer la transition des gens du service actif à la retraite et de leur offrir la formation dont ils ont besoin en prévision de leur retour à la vie civile.
Mme Colleen Beaumier: Très bien.
Je crois que l'histoire nous a permis de constater que nous finissons par nous retourner contre nous-mêmes lorsque les guerres se prolongent. En regardant la chaîne CNN, j'ai l'impression que l'empereur est nu. Nous ignorons qui sont les cibles. Nous ignorons exactement quel est l'objectif visé. L'objectif, c'est de combattre le terrorisme. Qu'est-ce que nous bombardons en Afghanistan? Si nous réussissons en fait à capturer l'homme le plus recherché de la planète, allons-nous ensuite cibler d'autres pays aux côtés des Américains s'ils en décident ainsi? Je pense que...
Le président: Madame Beaumier, cette dernière question concerne la politique étrangère. Elle ne relève peut-être pas de nos témoins d'aujourd'hui, mais je suis sûr qu'ils peuvent répondre à la première question.
Gén Raymond Henault: Je peux vous dire que les objectifs de la campagne sont relativement simples: traduire en justice les terroristes responsables des événements du 11 septembre, ainsi que leurs principaux partisans—et nous savons de qui il s'agit, Oussama ben Laden et son réseau; d'éliminer les réseaux, ou à tout le moins éradiquer les réseaux de façon à ce qu'ils ne puissent plus appuyer le terrorisme international; et rétablir la confiance de la population en ce qui concerne la paix et la sécurité internationales.
Il s'agit de directives très générales. Nous avons une foule de plans et de mécanismes opérationnels qui nous indiquent exactement en quoi consisteront chacune des étapes et chacun des objectifs, mais l'objectif général est d'utiliser tous les moyens possibles pour réduire au minimum le terrorisme international.
Le président: Je vous remercie, général.
La parole est à M. Bachand.
[Français]
M. Claude Bachand: Merci, monsieur le président.
Je voudrais finir ma série de questions sur les chiffres. Les chiffres sont importants et il y en a beaucoup qui circulent. Dans le cas de l'opération actuelle, on disait qu'on était d'accord pour qu'il y ait une injection de un milliard de dollars pour la sécurité et la défense, parce qu'on sait que le gouvernement fédéral aura des surplus à la fin de l'année ou avait prévu des surplus.
J'ai été surpris de voir les chiffres de l'OTAN en fin de semaine. J'en ai parlé au ministre lorsqu'il est venu devant nous. On ferme presque le peloton. Il y a 19 nations membres de l'OTAN et il n'y a que le Luxembourg qui vient derrière nous, qui est dernier de classe. Le Canada est l'avant-dernier de la classe avec une participation de 1,2 p. 100 de son PIB.
Je ne vous demande pas de me dire, comme le ministre, qu'on a le septième plus gros budget. Je le sais. Mais pour moi, le 1,2 p. 100, le pourcentage du PIB est l'effort que le pays met dans ses forces armées. Après avoir fait le tour de tous ces chiffres, la question est très simple. Nous sommes des parlementaires et il y aura la préparation d'un budget. Comme chef de la Défense nationale, quelle hausse du budget du ministère recommanderiez-vous? Ce budget est d'environ 10 milliards de dollars actuellement. Que recommandez-vous comme hausse de budget et, quand vous aurez cette hausse de budget, à quoi l'affecterez-vous en priorité? Votre priorité sera-t-elle l'armée de terre, l'armée de l'air ou l'engagement de plus de soldats? J'aimerais que vous nous en donniez une idée.
Gén Raymond Henault: Je ne peux pas vous donner de chiffres, monsieur Bachand, et vous comprendrez pourquoi. Je peux vous dire qu'on fait toutes sortes de choses en ce moment. Nous faisons une revue de la politique et déterminons quel équilibre des capacités il nous faudra faire à la longue. Nous espérons avoir des chiffres à présenter au gouvernement d'ici la fin de l'année, dans le contexte de notre revue de la politique.
Je ne vous donnerai pas plus de chiffres, parce qu'il me serait difficile de vous en donner sans le contexte politique qui les entoure.
M. Claude Bachand: Mais êtes-vous d'accord sur une hausse du budget de la Défense nationale?
Gén Raymond Henault: Les fond supplémentaires sont toujours bien accueillis, monsieur Bachand. Si nous avons des fonds supplémentaires, en principe, nous devrons accorder la priorité à l'amélioration de nos capacités antiterroristes et de notre capacité de réagir à des menaces biologiques, chimiques et ainsi de suite, partout au pays. Nous devons augmenter non seulement notre capacité internationale, mais aussi notre capacité intérieure. Si nous avions une quelconque hausse, nous accorderions la priorité à ces choses.
M. Claude Bachand: Merci.
[Traduction]
Le président: Je vous remercie, monsieur Bachand.
La parole est à M. Peric.
M. Janko Peric (Cambridge, Lib.): Je vous remercie, monsieur le président.
J'ai quelques questions mais je n'en poserai qu'une. Je partagerai le reste de mon temps avec mon estimé collègue ici, qui me devra un dîner.
Général, vous avez indiqué que le recrutement et le maintien de l'effectif demeurent difficiles aujourd'hui, et que cette situation risque de nuire sérieusement à notre capacité de remplir une mission opérationnelle future. Quand ce problème s'est-il manifesté, après le 11 septembre ou avant? Si vous n'arrivez pas à surmonter ce problème, croyez-vous que le ministre ou le ministère devra redéfinir le rôle de nos forces pour l'avenir?
Gén Raymond Henault: À mon avis, le rôle des Forces canadiennes demeure intact conformément au Livre blanc. Notre travail consiste à défendre le Canada, défendre l'Amérique du Nord et à contribuer à la paix et à la sécurité internationales. Je crois qu'à cet égard notre rôle, tel qu'il est prévu par le Livre blanc, demeure intact.
Quoi qu'il en soit, les événements du 11 septembre nous ont montré qu'il existe des menaces asymétriques dans le monde. C'est ainsi que nous désignons les menaces qui ne correspondent pas aux menaces traditionnelles déjà connues, mais un défi qui s'adresse à nous. Cela signifiera que nous devrons peut-être apporter certains rajustements à la force même, à certaines de nos priorités et ainsi de suite pour réagir à ces menaces, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Comme je l'ai déjà dit, c'est notre rôle. Nous devons évoluer, changer, améliorer notre capacité et nos moyens au niveau interne, et satisfaire à la politique de défense qui nous est présentée.
Le recrutement et le maintien des effectifs ne sont pas devenus un problème à la suite des événements du 11 septembre. On en avait reconnu l'existence bien avant. Nous avions déjà lancé une campagne de recrutement assez énergique. En fait, le lendemain de mon entrée en fonction comme chef d'état-major de la Défense, nous avons lancé notre campagne de recrutement qui se préparait depuis un certain temps—et en fait, cette campagne de recrutement donne des résultats.
L'objectif ciblé pour le présent exercice est de 10 000 recrues supplémentaires, soit 7 000 membres de la force régulière et 3 000 réservistes. Nous avons déjà atteint environ 85 p. 100 de l'objectif en ce qui concerne les membres de la force régulière qui viennent de s'enrôler dans les Forces canadiennes et qui sont prêts à commencer leur entraînement. Et en ce qui concerne les réservistes, nous avons recruté 4 000 réservistes cette année et par conséquent nous avons dépassé notre objectif. Donc, la campagne de recrutement se déroule bien.
Les économies connaissent des changements, et les événements du 11 septembre n'ont pas manqué d'entraîner des changements économiques, entre autres le ralentissement de l'industrie aérienne. Dans l'industrie de la haute technologie, nous avons constaté ce qui est arrivé à Nortel entre autres ici à Ottawa. De toute évidence, le taux de maintien des effectifs change et les chiffres aussi. La conjugaison de ces facteurs—et peut-être aussi de ce que nous essayons de dire à propos de notre rôle, de la façon dont nous nous en acquittons, de ce que représentent les Forces canadiennes et ainsi de suite—nous a permis de remonter la pente.
De toute évidence, nous amorçons un redressement, mais il faudra quelques années avant que nous atteignions exactement les chiffres que nous visons. Nous continuerons à viser le chiffre de 60 000 membres pour la force régulière, toutefois, et c'est l'objectif que nous tâchons d'atteindre pour l'effectif des Forces canadiennes.
M. Janko Peric: Je vous remercie.
Le président: Monsieur Wilfert, vous avez en tout une minute et demie.
M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.): Monsieur le président, c'est ce que j'ai dit mais vous m'aviez indiqué que j'avais plus de temps. Donc je suis un peu étonné.
Messieurs, par l'entremise du président, je tiens tout d'abord à remercier chacun d'entre vous de votre présence ici et je veux que vous sachiez qu'en tant que décideurs, de toute évidence nous n'agissons pas dans le vide. Nous dépendons des renseignements les plus à jour possible pour nous assurer que nous prenons les bonnes décisions.
Nous avons maintenant déployé 2 000 membres des forces armées dans un théâtre d'opération qui... je ne suis pas tout à fait sûr du genre d'opération dont il s'agit pour l'instant. Je ne suis pas sûr de l'ennemi, ni de la façon dont nous allons le débusquer. C'est un ennemi furtif, semble-t-il. La tâche est difficile. Vous avez indiqué certaines des difficultés, mais vous nous avez aussi indiqué, général, que nous avons les outils nécessaires.
• 1715
Comme l'a fait le brigadier-général Michel Gauthier au cours
de la fin de semaine, je tiens tout d'abord à vous féliciter de la
soirée de l'Armée, à laquelle j'ai assisté au Skydome de Toronto.
Je crois que nous avons besoin d'un plus grand nombre d'initiatives
de ce genre, et j'espère que d'autres secteurs feront de même. La
victoire des Argonauts a été un agrément de plus, mais le fait est
que j'ai eu l'occasion de voir notre armée à l'oeuvre. J'estime que
l'accueil qu'elle a reçu est vraiment important car c'est le
message que l'on veut transmettre à propos des forces—et j'en ai
parlé au ministre l'autre jour. C'est pourquoi je tiens à vous
féliciter.
Puisque nous avons parlé d'autres questions, je veux vraiment me concentrer sur celles de la réserve. L'autre soir, j'ai eu le plaisir de parler devant le régiment de mon père, l'Argyle and Sutherland Highlanders, à Hamilton, et j'ai été très impressionné par l'appui local des employeurs dont les employés sont dans la réserve. Je voulais savoir ce que vous pensez de la situation actuelle et de la nature de l'intégration.
La chose qui m'a préoccupé—et vous en avez parlé en ce qui concerne la rotation—c'est le nombre de fois que nous semblons envoyer des gens là-bas—trois, quatre, cinq ou six fois dans une période relativement courte. Qu'allez-vous faire avec ça?
Monsieur le président, j'ai sans doute occupé son temps de réponse aussi.
Le président: En effet, monsieur Wilfert.
M. Bryon Wilfert: Merci.
Gén Raymond Henault: Très rapidement, je vais vous dire que la réserve est un élément important de la façon dont nous travaillons. En réalité, elle fait partie intégrante des forces armées, et c'est tout dire.
Nous avons plusieurs programmes en cours. Je pense que vous connaissez la restructuration de la réserve de la force terrestre. La première étape de cette restructuration est en cours et est financée, et la deuxième phase va commencer dans le prochain exercice financier. Nous avons divers mécanismes, diverses structures de réserve, dans l'aviation et dans la marine, et les deux ont une réserve efficace.
Nous comptons sur ces réserves de manière très importante pour nous aider lorsque nous entrons dans ces situations de cadence opérationnelle lorsque nous avons de nombreuses opérations. Dans le cadre de la restructuration de la réserve de la force terrestre, nous travaillons à un programme avec la force terrestre, par exemple, en vertu duquel la réserve n'ira pas nécessairement comme adjuvant en Bosnie-Herzégovine. En fait, dans la rotation qui est partie de Québec il y a quelques semaines, nous avons des sections de réserve qui sont plus petites—il peut avoir une dizaine de personnes par section—mais ils y vont comme section complète, que ce soit une section de transport ou quoi que ce soit d'autre. Ils vont offrir de l'appui en Bosnie-Herzégovine, permettant ainsi aux membres de la force régulière qui font ces rotations multiples de ne pas avoir à y aller.
En passant de cette rotation à la prochaine et ensuite à celle de l'automne, nous allons augmenter cela à une compagnie complète de réservistes en Bosnie-Herzégovine à titre d'essai. Je sais que cela va marcher, parce que je suis allé à trop de ces endroits et j'ai vu la force régulière et les membres de la réserve côte à côte. Sérieusement, on ne peut pas faire la différence entre les deux. Ils sont très capables sous tous les rapports.
La réserve est intégrée à 100 p. 100 à la marine. Elle a un rôle important en termes de navires de défense côtière maritime et de différentes divisions à travers le pays qui ont leurs responsabilités. L'aviation aussi a sa réserve intégrée dans les opérations de l'aviation et elle opère des escadrons d'hélicoptères composés de beaucoup de réservistes à Bordon et à Saint-Hubert.
Tout cela pour dire qu'ils sont importants pour nous et que nous essayons de leur donner le meilleur entraînement et le meilleur matériel que nous pouvons. Nous les utilisons dans les opérations et nous allons continuer de le faire.
Je n'ajouterai qu'une seule chose, monsieur le président, parce que c'est important du point de vue de la réserve: nous avons plus de 1 000 réservistes à temps plein actuellement ici dans les Forces canadiennes, et je le répète, ceux-ci nous aident à colmater des brèches que nous avons au moment où nous revenons à notre effectif de 54 500 formés dans les forces armées.
Le président: Merci, général.
La parole est à M. Stoffer.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur.
La dernière fois que le ministre était ici, nous lui avons donné l'occasion d'expliquer à ses critiques l'état actuel des Forces canadiennes. Comme vous le savez, monsieur, beaucoup de reproches ont été faits concernant l'état des forces armées et leur état de préparation, qu'il s'agisse d'éditoriaux, de députés de l'opposition, de députés libéraux d'arrière-banc, de la CDC, par exemple, d'Esprit de corps, et j'en passe. Il y a eu beaucoup de reproches, qui très souvent ont été plutôt démoralisants pour les soldats et leur famille.
J'aimerais vous donner l'occasion de répondre aux critiques—en termes de la CDA vous avez travaillé avec beaucoup d'entre eux—et expliquer à la population qui nous écoute et à vos critiques exactement quel est, à votre avis, notre état actuel de préparation, pour demain, quand nos soldats partiront. Je vous donne l'occasion.
Gén Raymond Henault: Chose certaine, ces groupes ont leurs vues et leurs opinions. Nous avons toujours invité le débat et nous l'encourageons, et nous allons toujours tenir compte de ces vues et de ces opinions chaque fois que nous faisons des plans pour l'avenir ou essayons de développer la force pour en faire une entité meilleure et plus capable.
Je pense moi aussi qu'on a tort de nous accuser de ne pas être capables et d'avoir du matériel qui tombe du ciel. Nous avons du matériel très sûr. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour fournir le meilleur équipement possible, malgré son âge. Lorsque cet équipement est envoyé dans les opérations, nous ne ménageons aucun effort pour nous assurer qu'il a tout ce dont il a besoin pour fonctionner comme il faut et sans danger dans l'environnement où nos soldats sont envoyés.
• 1720
La preuve, pour être honnête, c'est que les Forces canadiennes
répondent toujours à l'appel lorsqu'on fait appel à elles. Nous
l'avons vu dans de nombreux théâtres d'opérations, que ce soit au
Timor-Oriental, en Éthiopie ou en Érythrée ou quand il a fallu
redéployer l'escadron de reconnaissance dans l'ex-République
yougoslave de Macédoine alors qu'il était en Bosnie-Herzégovine.
Encore une fois aujourd'hui, on riposte à la menace terroriste, et
quand on nous a dit de monter au marbre, nous l'avons fait. À mon
avis, on a frappé un coup de circuit et nous continuons de le
faire.
Je suis très fier de ce que peuvent faire les Forces canadiennes et de ce qu'elles font, et je pense qu'il est important pour les membres de la famille qui sont là de savoir que leurs membres déployés dans des opérations sont déployés dans des opérations avec la meilleure formation possible et le meilleur équipement possible que nous pouvons leur donner dans le théâtre des opérations où ils vont. Ils peuvent aussi être certains que nous allons nous occuper de leurs être chers pendant qu'ils sont partis et nous pouvons aussi assurer ces personnes que nous allons prendre soin de leurs êtres chers ici au pays.
Merci de m'avoir donné l'occasion de le dire.
M. Peter Stoffer: Remerciez le comité.
Le président: Merci, monsieur Stoffer.
La parole est à M. Dromisky.
M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Vous avez déjà répondu à une partie de ma question lorsque vous avez répondu aux questions de M. Wilfert. Quand M. Collenette était ministre de la Défense, je faisais partie du comité spécial qui examinait les rapports entre la réserve et les réguliers d'active. Beaucoup des choses que nous avons constatées étaient troublantes, certaines plus que d'autres, et je suis donc encouragé par les déclarations que vous venez de faire. Toutefois, je ne sais pas vraiment quels changements importants ont eu lieu concernant les liens entre ces deux niveaux de nos forces militaires. Il y a quelque chose que j'aimerais savoir, toutefois, à cause de ce changement. Parce que le combat risque maintenant d'être mené sur notre territoire, quels changements sont prévus pour la réserve pour qu'elle joue un rôle plus dynamique en matière de défense nationale et de terrorisme?
Au lieu de dire que la réserve a telle ou telle formation et que vous allez les envoyer par groupe d'une dizaine là-bas, je pense à quelque chose qui ressemblerait davantage à la garde nationale aux États-Unis. Je pense à ce genre de structure, peut-être, mais davantage en termes du rôle que la réserve va avoir demain et dans les années à venir.
Selon moi, d'après ce que je sais, ce rôle ne sera pas aussi efficace que vous le pensez peut-être—peut-être parce que vous êtes au sommet, et je ne pense pas que le sommet reçoit toujours toute l'information qu'il devrait de la base—à cause du type de personnes que nous avons dans notre réserve, vu leur expertise et leurs engagements dans la communauté ainsi que chez les militaires. Je pense que l'active pourrait faire beaucoup mieux pour soutenir la réserve.
Quelle est l'orientation de la réserve pour l'avenir?
Gén Raymond Henault: Excellente question.
Non, il se peut que je ne parle pas chaque jour de la semaine à un réserviste, mais je réussis tout de même à avoir des conversations avec bon nombre d'entre eux. Et j'ai commencé au bas de l'échelle, également, de sorte que je connais leur cheminement et je sais où ils sont rendus. Je suis également assisté par un adjudant-chef qui entretient des rapports avec toutes les catégories de militaires du rang aussi bien qu'avec les réservistes, et par un chef-Réserves et cadets qui assure également la liaison critique avec les milieux de la réserve aussi bien que les militaires de tout rang.
Il est important d'obtenir ce feed-back et je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que nous devons être à l'écoute. Nous devons être tout à fait conscients du rôle que ces personnes souhaitent jouer à long terme.
Il y a encore un groupe dont je n'ai pas parlé, et il s'agit de l'élément civil du ministère de la Défense nationale. Nous comptons donc trois entités—les forces régulières, la réserve et l'élément civil—sans compter les rangers, le corps des instructeurs de cadets, et un ensemble d'autres mécanismes.
Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que les réserves en elles-mêmes risquent de se voir confier de nouveaux rôles dans la foulée des événements du 11 septembre. Nous avons déjà commencé à envisager un certain nombre de possibilités selon lesquelles les réserves pourraient appuyer les forces régulières et fournir un apport complémentaire aux opérations en général par le truchement, par exemple, de la restructuration de la réserve de la force terrestre. Aujourd'hui, nous affrontons en quelque sorte un ennemi tout à fait différent et un défi tout à fait nouveau. La réserve constitue peut-être le meilleur mécanisme pour assurer un soutien un peu partout au pays.
• 1725
Je ne pourrais dire à l'heure actuelle comment cela va se
concrétiser, mais je puis certainement vous confirmer que nous
réfléchissons justement à de telles questions. Nous sommes en train
de nous demander où nous pourrions peut-être établir d'autres
équipes d'intervention en cas de menace biologique ou chimique, par
exemple—il pourrait s'agir d'un corps de la force régulière, ou
encore peut-être même d'un corps de réservistes dans certains
cas—qui seraient capables de réagir dans ce genre de situation ou
encore dans le cas de désastres naturels, à l'échelle régionale, au
lieu de ne disposer que d'une seule équipe pour l'ensemble du pays.
Donc, en effet, les réserves auront selon moi un rôle accru. Les réserves ont non seulement eu un rôle à jouer dans des opérations antérieures—et je pense ici aux inondations du Manitoba et le cas de la tempête de verglas en est également un parfait exemple—elles vont également participer au déploiement dont il est question maintenant. Des réservistes sont en voie de déploiement dans la région du Moyen-Orient. Nous les voyons agir comme ils agissaient par le passé: ils répondent à la demande selon ce qui est exigé d'eux. Nous devrons revoir notre façon de fonctionner à mesure que nous traversons l'après 11 septembre et les réserves vont avoir un rôle important à cet égard.
Je vous remercie de l'occasion de m'exprimer à ce sujet.
M. Stan Dromisky: Merci de cette réponse encourageante.
Le président: Merci, monsieur Dromisky.
Monsieur Benoit, vous avez la parole.
M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.
Général Macdonald, j'ai certaines questions à vous poser au sujet de NORAD. Tout d'abord, cependant, j'aimerais entendre votre commentaire concernant les déclarations du secrétaire parlementaire au sujet des Sea King. Je tiens à dire pour ma part que c'est peut-être vrai que le président se déplace en Sea King, mais les Sea King utilisés aux États-Unis ont été produits 15 ou 20 ans plus tard que les premiers Sea King canadiens. En deuxième lieu, les Américains ne se servent plus de ces appareils sur les navires depuis 20 ans. Donc, les Sea King ne servent pas aux États-Unis aux mêmes fins auxquels ils ont servi au Canada au cours des 20 dernières années. Il me semblait utile de donner l'heure juste à M. O'Reilly à ce sujet. Il m'a tendu la perche et je me suis empressé de la saisir. Et je vous en remercie, monsieur O'Reilly.
Pour ce qui est de NORAD, j'aimerais poser à peu près cinq brèves questions, et je vous prierais d'y répondre de façon succincte. Je vous les donne en vrac immédiatement.
Pour ce qui est de l'engagement supplémentaire du Canada au sein de NORAD, mentionné par le ministre, quel était le niveau de notre engagement avant le 11 septembre? Quel est notre niveau actuel? Combien de CF-18 serions-nous capables de faire voler demain en cas de besoin? Bien entendu, pour faire voler ces avions, il faut d'abord les équipes au sol, les pilotes, des avions qui ne sont pas cannibalisés pour les pièces détachées et des avions qui ne sont pas immobilisés pour l'entretien périodique.
Pouvez-vous répondre à ces questions d'abord, général?
Gén Raymond Henault: Je ne voudrais pas parler publiquement du nombre d'avions que nous avons promis à la mission NORAD à ce moment-ci parce que la protection de nos forces est en jeu. Je peux vous dire que nous avons triplé le nombre d'avions normalement destinés à la défense aérienne au Canada dans le cadre de notre engagement au sein de NORAD. Cette capacité triplée correspond à ce qu'ont fait nos voisins du sud pour ce qui est de leur réponse. Maintenant nous assurons des patrouilles dans des endroits déjà mentionnés, et aussi les CF-18 font ce qu'ils doivent faire partout au Canada.
Je devrais mentionner, en passant, qu'il s'agit d'un système intégré, c'est-à-dire d'une intégration à la partie américaine du système NORAD. Il s'agit donc d'effectifs importants. Multiplier par trois, c'est considérable.
M. Leon Benoit: La situation s'envenime dans les Balkans. Si nous devions envoyer des CF-18 dans la région des Balkans encore une fois, étant donné notre engagement actuel envers le NORAD, où est-ce qu'on trouverait les pilotes, le service du matériel et les avions pour remplir cet engagement?
Gén Raymond Henault: En supposant le maintien du niveau d'engagement actuel au Canada, je peux vous assurer que nous avons déjà une force d'intervention rapide (aérienne) composée d'un certain nombre de CF-18. Grosso modo, il s'agit de l'équivalent d'un escadron de CF-18 qui peuvent être déployés en Europe dans les 21 jours d'un avis de déploiement. Le laps de temps peut varier selon les circonstances.
M. Leon Benoit: Combien, dites-vous?
Gén Raymond Henault: Il s'agit de l'équivalent d'un escadron mais je ne vais pas donner des chiffres précis car ils peuvent varier.
Nous avons suffisamment de pilotes pour tous nos CF-18. Nous avons 60 CF-18 opérationnels en plus de l'unité de formation opérationnelle. Nous avons des pilotes qui se trouvent à différents niveaux de formation, certains ont plus d'expérience que d'autres, mais nous avons suffisamment de pilotes pour tous ces CF-18.
M. Leon Benoit: Il y a quelques semaines le ministre a dit à la Chambre que nous n'avons que 40 pilotes.
Gén Raymond Henault: Je n'ai pas vu ce chiffre mentionné par le ministre mais d'après mes propres chiffres, je sais que nous avons suffisamment de pilotes pour chacun des CF-18 qui est opérationnel.
M. Leon Benoit: Cela signifie-t-il que nous n'avons que 40 CF-18 qui sont opérationnels à l'heure actuelle?
Gén Raymond Henault: Non, et je ne sais pas exactement combien il y en a dans la zone d'entretien du matériel volant aujourd'hui. Cela dépend du nombre qui font l'objet de maintenance et combien sont en réparation. Mais nous avons à notre disponibilité 60 CF-18 opérationnels pour les missions que nous devons effectuer dans le cadre de l'OTAN et du NORAD.
M. Leon Benoit: Combien d'entre eux font l'objet d'améliorations afin de participer à des opérations conjointes avec d'autres alliés de l'OTAN en cas de nouveaux besoins à l'étranger? Cela avait constitué un problème la dernière fois. Ils ont pu participer parce qu'on avait baissé le niveau de sécurité des communications, mais combien d'entre eux pourraient maintenant fonctionner avec un niveau plus élevé de sécurité?
Gén Raymond Henault: Cela dépend de l'allié avec qui ont veut travailler. Je reconnais qu'effectivement les CF-18 présentaient certaines limites de communication mais nous sommes en train d'y remédier grâce au programme d'amélioration qui vient d'être annoncé. Il a été annoncé en mars dernier...
M. Leon Benoit: Toutefois, ça va prendre six ans.
Gén Raymond Henault: D'ailleurs, les restrictions sur les communications ne s'appliquaient pas uniquement aux avions canadiens. En réalité, ces restrictions s'appliquaient à la majorité des alliés. Il n'y avait qu'une poignée—un ou deux alliés—qui ont pu communiquer sur le spectre complet, si l'on peut dire, donc dans quelques cas on a réduit les capacités pour que tous les alliés puissent participer. Nous avons participé pleinement dans cette opération.
M. Leon Benoit: Est-il vrai que nous avons dû emprunter quelques-unes des bombes guidées ou les obtenir d'autres pays pendant les opérations au Kosovo?
Gén Raymond Henault: Non, c'est complètement faux. Nous avions une réserve de munitions guidées avec précision. Nous avons dû accroître cette réserve pendant l'opération, mais nous avons suivi les processus d'achat habituels pour les obtenir, en collaboration avec les alliés, avec les États-Unis. Certaines venaient d'autres pays, mais c'étaient des munitions américaines, les munitions normales.
Le président: Monsieur Benoit, je dois vous interrompre. Il est 17 h 30.
Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier nos témoins, le général Henault, le lieutenant-général Macdonald et le vice-amiral Maddison, des observations qu'ils nous ont faites aujourd'hui.
Je voudrais également soulever deux questions avant de lever la séance ce matin. Tout d'abord, général—et je ne veux pas vous prendre au dépourvu—certains membres du comité n'ont pas encore vu les nouveaux vêtements que les soldats canadiens porteront sur le terrain, et j'espère pouvoir inviter quelques-uns de nos soldats à venir pour nous faire un petit défilé de mode dans un avenir assez rapproché.
Gén Raymond Henault: Avec beaucoup de plaisir, monsieur le président.
Le président: Deuxièmement—et je suis certain de parler au nom de tous les membres du comité—quelques-uns des membres de ce comité seront à Halifax demain pour dire au revoir aux troupes. Nous voulons tous leur envoyer nos meilleurs voeux. Nous penserons à eux et nous prierons pour eux, car ils ont accepté des responsabilités importantes. Ils portent le poids de la responsabilité de la nation entière sur leurs épaules, mais je suis persuadé et tous mes collègues sont persuadés qu'ils sont certainement plus qu'à la hauteur de cette tâche, et qu'ils nous feront beaucoup d'honneur. J'espère que vous transmettrez ces sentiments de la part du comité aux soldats avec qui vous parlerez.
Gén Raymond Henault: Merci.
Des voix: Bravo!
Le président: Chers collègues, nous devons partir dans quelques instants pour voter en Chambre, donc nous ne pourrons pas régler les quelques questions d'ordre administratif que nous avions prévues.
La séance est levée.