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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS

COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 6 novembre 2001

• 1532

[Traduction]

Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): La séance est ouverte.

Nous sommes un peu en retard parce que nous avons eu quelques votes à la Chambre des communes. Major, pourriez-vous nous faire un bref exposé, d'environ dix minutes, sur le nouveau matériel. Nous aurons ensuite environ cinq minutes de questions puis nous passerons à notre témoin. Je vous remercie à l'avance.

Major, à vous.

Major Doug Palmer (directeur de projet, Habillez le soldat, ministère de la Défense nationale): Bonjour, monsieur. Je suis directeur du projet Habillez le soldat. On m'a demandé de vous expliquer comment l'armée canadienne change ses articles d'équipement et de vêtements.

Ce projet d'immobilisations d'une valeur de 287 millions de dollars vise à fournir au personnel de l'armée de terre canadienne, ceux qui mènent les opérations terrestres, de nouveaux articles d'équipement et de vêtements.

Je suis accompagné de trois soldats qui portent diverses configurations de vêtements et d'équipement. Je vais vous les décrire rapidement afin de vous montrer ce que nous changeons.

Je porte évidemment moi-même les vêtements et l'équipement actuels de l'armée canadienne. Ce casque est utilisé depuis 1998. C'est un casque de protection balistique en dérivé de Kevlar qui protège contre des éclats de mortier d'artillerie et de grenades. La chemise et le pantalon sont l'uniforme réglementaire actuel des soldats. Nous sommes en train de changer la chemise et le pantalon et changerons plus tard le sanglage que vous voyez là qui est notre système de transport de charge pour les champs de bataille.

Nous avons ici le capitaine Greg Poehlmann. Il porte le même casque et le même attirail de combat, mais avec le nouveau dessin de camouflage de l'armée canadienne. Ce dessin a été produit numériquement après un certain nombre d'essais scientifiques que nous avons menés. Il donne aux soldats canadiens un avantage spécifique pour ce qui est de la portée de détection et de la probabilité de détection par divers appareils de détection utilisés sur les champs de bataille. La différence est que Greg, avec son uniforme, a une protection environ 45 p. 100 supérieure à la mienne dans mon uniforme vert monochrome. C'est la raison pour laquelle nous passons à ce dessin de camouflage.

Le sergent Mathieson fait également partie du projet Habillez le soldat. Sa configuration est légèrement différente. Il porte la veste tactique que portent actuellement les soldats en Bosnie-Herzégovine. Elle est légèrement différente du sanglage que je porte pour transporter les munitions, l'eau et les fournitures de zones de combat nécessaires pour opérer immédiatement sur le champ de bataille. Il porte aussi la chemise et le pantalon. En fait, le bataillon qui a été envoyé de mai à juillet en Bosnie-Herzégovine est maintenant équipé de la chemise et du pantalon et porte cette veste tactique.

• 1535

À côté du sergent Mathieson, nous avons le capitaine Mike Percy, qui fait également partie du projet Habillez le soldat. Il porte la prochaine génération de veste tactique et la veste antifragmentation. Cette veste sera 25 p. 100 plus légère que celle que l'on porte actuellement en Bosnie-Herzégovine et la veste tactique qu'il porte améliorera l'accessibilité aux munitions, à l'eau et à la trousse de secours sur le champ de bataille. Nous pensons que cette veste tactique sera commandée dans les 12 prochains mois et distribuée dans les 18 prochains mois.

Cela conclut mon exposé, monsieur. Les soldats et moi-même serons très heureux de répondre à vos questions.

Le président: Monsieur Benoit, avez-vous une question?

M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Merci beaucoup, messieurs.

Combien des nouveaux uniformes et vestes sont déjà réglementaires? En est-on au début de la planification ou est-ce qu'on les distribue? Dans l'affirmative, combien en a-t-on distribué?

Maj Doug Palmer: Monsieur, le premier contrat portant sur 72 000 uniformes a été signé cette année. Nous sommes en train de le recevoir du fabricant Peerless Garments de Winnipeg au Manitoba. Nous en avons reçu environ 80 p. 100 du premier contrat et nous envoyons ces vêtements aux soldats à Edmonton, Petawawa, Gagetown, Kingston et Valcartier.

Le président: Merci.

Monsieur O'Reilly.

M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.): Tout d'abord, merci beaucoup d'être venus. Vous êtes tous des mannequins professionnels et vous faites cela très bien.

Le contingent qui est actuellement en Bosnie vient de Valcartier, si je ne m'abuse?

Maj Doug Palmer: Oui, monsieur.

M. John O'Reilly: Ont-ils tous ces nouveaux uniformes?

Maj Doug Palmer: Oui, monsieur.

M. John O'Reilly: Celui-ci a-t-il un sac à dos? Si vous vous levez et vous tournez? Oui, il y a un sac à dos.

Maj Doug Palmer: Le modèle de ce havresac ou musette n'a pas encore été finalisé mais l'on devrait signer un contrat dans les 12 prochains mois. Les soldats en Bosnie-Herzégovine ne l'ont pas encore.

M. John O'Reilly: Je me posais la question parce que je ne l'avais pas vu. Je suppose que celui-ci en a un. Est-ce que c'est l'ancien qui a le sac à dos?

Maj Doug Palmer: C'est le gilet qu'ils utilisent, et la musette que j'ai là est une des façons dont nous transportons les fournitures de combat supplémentaires nécessaires à ses fonctions.

M. John O'Reilly: Pensez-vous que ce soit approprié à...?

Maj Doug Palmer: Quand nous aurons ajouté la musette, le soldat aura diverses possibilités de transporter le matériel de combat supplémentaire nécessaire à ses fonctions.

M. John O'Reilly: D'accord. Merci beaucoup.

Le président: Monsieur Anders et monsieur Wood.

M. Rob Anders (Calgary-Ouest, Alliance canadienne): Cette fin de semaine, j'ai l'intention d'aller à la chasse au petit gibier. Vous avez dit que vous aviez créé le dessin numérisé à partir de simulations informatiques de situations européennes et nord-américaines mais comment les animaux réagissent-ils? A-t-on pu tester cela? Comment pouvez-vous évaluer exactement que c'est 45 p. 100 plus efficace? Cela se fait-il à l'oeil? Ou sur une capacité informatique? Comment s'y prend-on?

Maj Doug Palmer: Il y a essentiellement deux réponses à votre question. Tout d'abord, il y a l'oeil humain nu et il y a aussi les divers systèmes d'intensification de l'image qui se trouvent sur la zone de combat dont j'essaie de me protéger. Il en existe plusieurs sur le marché. Cet uniforme particulier est recouvert d'un revêtement qui offre une protection contre les systèmes intensificateurs d'images.

Le président: Monsieur Wood.

M. Bob Wood (Nepean, Lib.): Merci, monsieur le président.

La seule chose que je ne vois pas ici c'est le chapeau de combat à large bord. J'ai regardé tout le reste. Comment se fait-il qu'il n'y en ait pas? En avez-vous un? Probablement. En voici un. Y a-t-il quelque chose d'important? Est-ce un meilleur type de chapeau?

• 1540

Maj Doug Palmer: C'est une amélioration qui offre une meilleure protection contre les précipitations et contre les rayons ultraviolets. S'il faut encore une protection accrue, il y a dans le fond du chapeau un voile de cou que l'on peut attacher au chapeau.

M. Bob Wood: Il y a des petites choses autour. De quoi s'agit-il?

Maj Doug Palmer: À l'arrière, il y a des pastilles fluorescentes. Ça me permet de voir le gars devant moi la nuit quand il fait très noir. C'est fluorescent.

M. Bob Wood: Les casques en ont-ils?

Maj Doug Palmer: Il y a une bande fluorescente qui va sur le casque. Nous n'en avons pas ici aujourd'hui.

M. Bob Wood: Non, très bien. Et ces petits...? Est-ce que c'est pour transporter quelque chose?

Maj Doug Palmer: Le système de boucle me permet d'attacher des feuillages artificiels et naturels à mon chapeau pour me protéger la nuit ou durant la journée.

Le président: Merci, monsieur Wood.

Mesdames et messieurs, ne posez pas des questions trop longues.

Monsieur Stoffer.

M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Merci, monsieur le président. Merci, messieurs, de cet exposé. Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous avez dit que les sous-vêtements venaient de Nouvelle-Écosse, ce qui est bien pour notre province.

C'est évidemment ce que vous auriez pour les forêts et certaines autres situations. Qu'en est-il de l'Arctique, ou du désert, par exemple?

Maj Doug Palmer: Il y a un modèle désert. Nous travaillons actuellement avec l'industrie canadienne pour l'imprimer sur le textile. Ce camouflage pour régions arides ou camouflage désert, comme vous dites, est un défi technique. C'est un camouflage informatisé et les encres sont difficiles à imprimer sur les différents textiles. L'industrie canadienne a relevé le défi et a fait un excellent travail.

M. Peter Stoffer: Et pour l'Arctique?

Maj Doug Palmer: Pour l'Arctique, nous avons simplement un vêtement que le soldat mettrait sur sa parka. C'est blanc, entièrement blanc.

Le président: Merci, monsieur Stoffer.

Monsieur Dromisky.

M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.): J'ai une toute petite question. Y a-t-il une grosse différence entre les uniformes masculins et féminins?

Maj Doug Palmer: Non, monsieur.

M. Stan Dromisky: Merci.

Le président: Madame Wayne.

Mme Elsie Wayne (Saint John, PC/RD): Tout d'abord, je tiens à vous remercier d'être venus.

Je dois dire qu'ayant eu l'occasion d'essayer ce casque, je n'en reviens pas qu'il soit si lourd. Quel poids transportent-ils quand ils ont tous les sacs à dos et le reste? Quand vous remplissez cela, avez-vous...?

Maj Doug Palmer: Mike, peux-tu te lever, s'il te plaît? La veste tactique que porte Mike pèse environ 20 livres ou 10 kilos avec les munitions, l'eau, la baïonnette et divers autres articles de combat qu'il doit transporter. C'est en plus de la veste antifragmentation qu'il porte en dessous et des vêtements eux-mêmes.

Mme Elsie Wayne: C'est incroyable. Monsieur le président, j'ai en effet essayé le casque. Je veux aussi essayer l'autre chapeau. Une minute.

Le président: Monsieur Plamondon, avez-vous une question?

Mme Elsie Wayne: Dites-moi celui qui me va le mieux, monsieur le président.

Le président: C'est très seyant, madame Wayne.

[Français]

M. Louis Plamondon (Bas-Richelieu—Nicolet—Bécancour, BQ): Je voudrais poser deux questions. Premièrement, nos Forces armées ont-elles maintenant des vêtements comparables à ceux des autres forces de l'OTAN? Au chapitre des costumes et de notre équipement, sommes-nous à égalité avec eux, en avance ou en situation de rattrapage?

Deuxièmement, quel pourcentage du contenu de ces équipements est un contenu canadien? Ils sont fabriqués au Canada, à Winnipeg, m'avez-vous dit. Le matériel lui-même est-il importé des États-Unis ou s'il est fabriqué ici, au Canada?

[Traduction]

Maj Doug Palmer: Monsieur, si vous me permettez, j'aimerais répondre à cette question en anglais.

Tout d'abord, ce nouvel uniforme par rapport à ceux d'autres pays de l'OTAN est un uniforme à la pointe de la technologie et je crois pouvoir dire que le soldat canadien a maintenant le meilleur uniforme du monde pour ce qui est de la protection qu'offre ce camouflage numérique. Vous avez parlé du contenu canadien et le tissu est fabriqué ici au Canada, au Québec, et il est coupé, cousu et assemblé également au Canada.

Le président: Y a-t-il d'autres questions? D'ailleurs, je crois que l'heure est passée.

Messieurs, je tiens à vous remercier d'être venus. Nous avons été contents de vous voir et de pouvoir vous poser quelques questions. Nous vous remercions infiniment.

• 1545

Des voix: Bravo!

Le président: Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue à notre principale vedette, le vice-amiral Maddison. Il est accompagné du commodore Forcier et de la brigadière générale Patricia Samson que le comité connaît bien. Bienvenue à tous.

Je sais que nous sommes un peu en retard—veuillez bien nous en excuser—parce que nous avons eu des votes à la Chambre des communes. Passons tout de suite aux questions. Monsieur Benoit, sept minutes.

M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

Vous n'avez pas d'exposé aujourd'hui?

Le vice-amiral G.R. Maddison (sous-chef de l'état-major, ministère de la Défense nationale): Si, j'ai un exposé, si vous voulez que je commence par cela.

Le président: Je suis désolé, j'avais oublié. Nous avons eu un peu trop de distractions aujourd'hui. Vice-amiral Maddison, allez-y, excusez-moi.

Vam G.R. Maddison: Je puis, si vous préférez, répondre tout de suite à vos questions et vous faire mon exposé après.

Des voix: Oh, oh!

Le président: Quelquefois ça ne change pas grand-chose, mais allez-y.

Vam G.R. Maddison: Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité. Permettez-moi d'abord de vous remercier de cette occasion qui m'est donnée de me présenter devant ce comité et qui me permet un échange d'information durant une période qui est des plus difficiles pour nous tous.

Dans le cadre de mes responsabilités à titre de sous-chef d'état-major de la défense, je suis le chef des opérations pour les Forces canadiennes, responsable vis-à-vis du chef d'état-major de la défense pour la planification et l'exécution des nombreuses et diverses opérations dans lesquelles les Forces canadiennes sont impliquées, tant outre-mer qu'ici.

Aujourd'hui, au-delà de 3 000 militaires canadiens sont déployés sur 14 différentes missions dans le monde. Cela inclut notre contribution substantielle à la campagne contre le terrorisme et notre engagement continu dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Afrique.

[Français]

Deux officiers supérieurs de mon groupe m'accompagnent aujourd'hui: le brigadier général Patricia Samson, directrice générale du Renseignement, et le commodore Jean-Yves Forcier, directeur général des Plans et opérations militaires.

Permettez-moi maintenant de parler du renseignement et de la lutte au terrorisme au niveau non classifié. Les événements du 11 septembre ont certainement canalisé l'attention de tous les Canadiens et Canadiennes ainsi que celle des citoyens de toutes les nations.

Depuis les attaques, les Forces canadiennes ont été occupées à mettre en oeuvre les demandes faites par le gouvernement.

[Traduction]

À titre d'information pour cette discussion, je voudrais vous donner un aperçu du rôle du groupe du sous-chef d'état-major de la défense dans la planification et l'exécution de Opération Apollo et, en général, de toutes les opérations. La clé de cette question est de bien comprendre la différence entre «génération de la force» et «emploi de la force».

La «génération de la force» est effectuée par les commandements individuels qui ont la responsabilité quotidienne d'assurer que les unités des Forces canadiennes sont maintenues au degré approprié de préparation pour remplir la large gamme de tâches de défense ordonnées dans le plan annuel de défense. C'est principalement la responsabilité des trois chefs d'état-major d'armées mais d'autres chefs de groupe ont aussi des responsabilités limitées de génération de la force. Par exemple, je suis responsable de générer le Groupe des opérations interarmées des Forces canadiennes à Kingston ainsi qu'un certain nombre d'unités spécialisées telles que la Force opérationnelle interarmées FOI2. Cependant, les principaux générateurs de la force sont les commandants de la marine, de l'armée et de l'aviation.

• 1550

Par contre, «l'emploi de la force» est comment nous faisons un usage opérationnel de ces forces qui sont générées. Pour les opérations de routine, les chefs d'état-major d'armées emploient aussi leurs forces. Cependant, je suis responsable de la conduite des opérations au-delà de ce que l'on qualifie de routine et de contingence. Les opérations de contingence sont définies comme les opérations traitant des événements d'urgence en soutien aux intérêts canadiens au pays et à l'étranger et exigeant l'application de la force militaire ou la prestation d'une aide militaire.

La contribution des Forces canadiennes à la campagne contre le terrorisme—Opération Apollo—est une opération de contingence. Comme tel, mon état-major et moi avons été pleinement engagés dans tous les aspects de notre contribution. Depuis que l'opération a été annoncée, nous nous sommes occupés à développer le plan général canadien, conjointement avec nos partenaires de la coalition. Nous avons aussi fourni des directives aux forces actuellement en théâtre par le biais d'un élément national de commandement, colocalisé avec les autres éléments de commandement de la coalition au quartier général du Commandement central américain.

Il est important de prendre note ici que, bien que les Forces canadiennes seront intégrées aux forces de nos alliés, elles demeureront sous commandement canadien, opéreront selon des règles d'engagement canadiennes, les directives qui instaurent les circonstances et limitations selon lesquelles la force militaire peut être appliquée.

[Français]

Je voudrais maintenant vous fournir un aperçu de nos capacités de renseignement. Je dois d'abord vous prévenir que je ne suis pas un officier du renseignement professionnel. Mon expérience se trouve plutôt en mer. En d'autres mots, j'ai servi et commandé des navires de guerre et des groupes de navires de guerre. Au cours de mes 33 années dans la marine, j'ai rarement été un producteur de renseignement et d'information. J'ai plutôt été un consommateur de produits de nos services de renseignement. En cette qualité, je peux certainement vous parler du besoin essentiel que nous avons de ces produits.

L'histoire nous montre que la supériorité de l'information est un facteur clé du succès de toute opération militaire. Le besoin de fournir une information ou un renseignement traité aux décideurs militaires et civils de façon rapide et précise est aussi important aujourd'hui qu'il l'a toujours été. Le principal objectif de l'organisation du renseignement militaire des Forces canadiennes est de fournir le renseignement aux commandants à tous les niveaux, qu'ils soient déployés ou dans leurs quartiers généraux, ainsi qu'au gouvernement, avant, pendant et après un déploiement. Ceci permet d'assurer la protection de nos forces militaires et d'accomplir nos missions opérationnelles.

[Traduction]

Dans le contexte de l'après-11 septembre, le principal objectif du renseignement militaire est d'obtenir de l'information pour nous aider dans la campagne contre le terrorisme ainsi que de soutenir les ministères du gouvernement qui ont comme responsabilité de suivre et d'analyser la menace terroriste. Cette information est bien sûr partagée avec les agences appropriée dont nous obtenons de l'information qui peut être utile pour l'accomplissement de nos opérations.

Le programme de renseignement de la défense est guidé par les priorités du renseignement établies par le gouvernement. La collecte d'information pour répondre à ces besoins est faite de plusieurs façons—par des sources ouvertes et humaines ainsi que par le renseignement électronique, l'imagerie et l'information géospatiale incluant l'information reçue par le truchement de notre partenariat avec les autres ministères du gouvernement et nos alliés. Les produits traités résultant de l'information acquise nous permettent de fournir une analyse de la situation aux décideurs. Autrement dit, avoir la bonne information au bon moment permet de prendre les bonnes décisions.

Laissez-moi maintenant m'étendre un peu sur certaines de nos capacités de collecte d'information. À cet égard, je ne peux qu'insister sur l'importance de notre partenariat avec les autres ministères gouvernementaux et avec nos alliés. Aucune organisation de renseignement dans le monde n'a la capacité de collecter à elle seule tout le renseignement désiré sur tous les sujets d'intérêt national. Personne ne peut y parvenir seul, en particulier si on considère la menace terroriste actuelle. Tous nos partenaires nous aident à satisfaire les besoins opérationnels et de renseignement des Forces canadiennes. En retour, nous les aidons à répondre à leurs besoins à eux. J'insiste sur le fait qu'il s'agit d'une collaboration à double sens pour tous les partenaires. Cette collaboration avec nos alliés est la clé de nos fonctions de renseignement et des leurs.

• 1555

[Français]

Dans le cas du renseignement électronique, le Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, est mandaté, comme vous le savez, pour collecter, analyser et faire rapport sur les émissions radio, radar et autres signaux électroniques étrangers. Le Groupe des opérations informatiques des Forces canadiennes soutient le CST dans ce rôle.

[Traduction]

L'objectif de soutenir les commandants dans leurs manoeuvres et l'emploi d'armes de précision ne pourrait être atteint sans l'information géospatiale et l'imagerie obtenues par le Service de cartographie et le Centre d'imagerie interarmées des Forces canadiennes respectivement. Les cartes et produits d'imagerie rassemblés fournissent un autre outil servant à soutenir nos systèmes de navigation et d'armement.

La dernière catégorie de renseignement, c'est le renseignement humain qui est l'information obtenue soit directement soit indirectement d'une personne ou d'un groupe de personnes. Pendant un déploiement, tous les membres des Forces canadiennes ont ce qu'il faut pour observer directement les activités qui les entourent et pour en faire rapport.

L'information dérivée du renseignement forme un élément important de la participation du Canada à toutes les opérations internationales, telles les Nations Unies, l'OTAN ou les opérations du NORAD. Toute coopération bilatérale à laquelle prendrait part le Canada comprend presque toujours le partage d'information et le traitement de sujets d'intérêt mutuels. À preuve, la coopération que nous avons développée avec les Pays-Bas au cours de l'opération interarmées de l'ONU en Éthiopie et en Érythrée.

Je me dois d'insister: les Forces canadiennes et le Canada en général tirent beaucoup d'avantages de ces relations de coopération. Le milieu du renseignement des Forces canadiennes est très conscient du besoin qu'il y a de faire sa part dans les limites de nos ressources, et nous savons que nos alliés apprécient ce que nous apportons à l'ensemble.

Une fois que l'information est rassemblée, une variété d'organisations du renseignement la traitent et produisent diverses évaluations de renseignement. L'analyse du renseignement militaire est principalement la responsabilité du directeur général du renseignement au quartier général de la Défense nationale, ici à Ottawa. Il y a aussi des éléments du renseignement dans les quartiers généraux de niveau opérationnel de la marine, de l'armée et de l'aviation, ainsi que des unités tactiques du renseignement avec les forces déployées. Réunies, ces organisations fournissent une vaste gamme de soutien et une multitude de produits. Ce partage à double sens des données et des produits du renseignement à l'intérieur des Forces canadiennes, avec les autres ministères et avec nos alliés, est facilité par un certain nombre de réseaux informatiques.

L'emploi de la technologie pour recueillir l'information a énormément augmenté au cours de la dernière décennie, mais la technologie ne peut tout faire à elle seule. Nous examinons comment nous pourrions être encore plus dynamiques dans le domaine du renseignement humain. Bien que nous ayons un succès considérable avec nos arrangements actuels dans le renseignement humain, nous cherchons à améliorer notre capacité «humint» militaire en entraînant un plus grand nombre de militaires à faire de la collecte d'information à partir de sources humaines.

Un autre domaine d'amélioration se centre sur notre élément de traitement de l'information. Bien qu'elle soit actuellement très bonne, notre capacité de traitement ne pourra répondre aux besoins d'ici quelques années. Les changements technologiques continuels permettront de recueillir plus d'information et de la communiquer plus rapidement. Cette masse d'information ne pourra pas être traitée par nos capacités et pratiques actuelles. Nous devons donc faire en sorte que nos analystes soient plus que de bons opérateurs d'ordinateurs utilisant la fonction «couper-coller» pour compléter le traitement de l'information. Ils doivent devenir plus aptes à concilier les indices, les faits et les traits psychologiques, politiques et humains de tout adversaire potentiel. C'est ainsi que les produits du renseignement peuvent être pleinement optimisés pour les décideurs.

• 1600

Un domaine crucial de notre capacité de renseignement qui exige des améliorations, c'est notre capacité de fusion. Le renseignement comporte la réception d'information de multiples provenances, puis l'analyse des données brutes pour fournir une information applicable à la décision à prendre. À ce moment-ci, notre vision est celle d'un système qui pourrait fusionner les capacités techniques avec la doctrine et les projets en un tout intégré. Nous estimons que ce type de vision fournirait une connaissance améliorée de la situation dans le domaine des opérations. Il faut noter à cet égard que la solution du concept n'est pas encore complétée. Mais nous travaillons très fort en ce sens.

Néanmoins, une connaissance améliorée de la situation suppose des décisions mieux fondées au niveau tactique et stratégique, ce qui est conforme à la vision articulée dans Stratégie 2020 en vertu de laquelle il est envisagé une force hautement capable à l'échelle mondiale et qui se déploie à l'échelle de la planète.

Je voudrais également insister sur le fait que le renseignement signifie également qu'il faut comprendre comment pensent les gens, comment ils sentent et réagissent à certaines situations. Peu importe le nombre d'évaluations que nous produisons ou la façon dont nous souhaitons nous préparer pour demain, il y aura toujours un élément de risque et un autre d'incertitude. Le vrai travail du renseignement, c'est de réduire le risque et la possibilité de surprises, ce qui continue d'être tout un défi. À cette fin, il est essentiel que le milieu du renseignement continue à fournir des analyses fondées sur toutes les sources et à fournir des évaluations aux décideurs et aux responsables des politiques d'une façon et utile et à point nommé. Cependant, comme je l'ai appris par expérience, le meilleur renseignement au monde n'élimine pas les choix difficiles: c'est la responsabilité des dirigeants.

J'aimerais maintenant brièvement souligner la capacité antiterroriste des Forces canadiennes. Vous comprendrez, je l'espère, que la nature des activités de notre unité antiterroriste est telle qu'une sécurité opérationnelle étroite doit être maintenue en tout temps. Bien que l'antiterrorisme soit actuellement sous la responsabilité du solliciteur général et de la GRC, les Forces canadiennes ont pour mandat, en vertu du Livre blanc de 1994, de «maintenir une force opérationnelle spéciale qui fournisse une capacité améliorée de répondre à tout acte immédiatement et efficacement». Voilà pourquoi les Forces canadiennes sont prêtes à répondre à titre de force de dernier recours aux événements terroristes ou à des troubles majeurs touchant la sécurité nationale.

[Français]

L'origine de ce rôle date de la directive du Cabinet dans le budget de 1992, où l'autorisation a été donnée de transférer le rôle de l'Équipe de réaction d'urgence spéciale, ERUS, de la GRC aux Forces canadiennes. Ainsi, la responsabilité de certaines opérations antiterroristes a été assumée par le MDN le 1er avril 1993. Les Forces canadiennes ont remplacé l'ERUS par une unité de réaction spécialisée que nous appelons la Force opérationnelle interarmée deux, communément appelée FOI 2.

[Traduction]

Les réactions antiterroristes sont guidées par le plan national antiterrorisme émis par le solliciteur général sous l'autorité du gouvernement du Canada. Le plan établit les lignes de communication et l'orientation politique pour guider les dirigeants dans le cas d'un incident terroriste. Le plan décrit les pouvoirs et les responsabilités des ministères et organismes fédéraux dans des situations de lutte contre le terrorisme et établit les lois qui s'appliquent de même que les conventions et les accords auxquels adhère le Canada. L'autorisation d'engager une unité militaire dans une situation de lutte contre le terrorisme est détaillée dans le plan national de lutte contre le terrorisme.

[Français]

Les gens qui composent la FOI 2 sont des membres exceptionnels des Forces canadiennes, fiers de la responsabilité qu'ils détiennent. Avant de se joindre à l'unité, ils doivent se soumettre à un processus de sélection rigoureux qui teste leur maturité, leur résistance psychologique, leur responsabilité, leur condition physique et leurs habiletés tactiques. Ils s'entraînent rudement et font de nombreux sacrifices personnels pour s'assurer qu'ils sont prêts à servir les intérêts du Canada. Je suis très fier de savoir que ces gens sont des experts en antiterrorisme.

• 1605

[Traduction]

Ce savoir-faire est orienté selon la nature de l'action antiterroriste, car celle-ci diffère grandement des opérations quotidiennes des Forces canadiennes. Vous comprendrez certainement que les terroristes ne se comportent pas comme un ennemi conventionnel. Si le Canada doit se défendre efficacement contre des terroristes, nous devons protéger vigoureusement ces capacités.

Monsieur le président et mesdames et messieurs du comité, je vous remercie de votre attention. Je suis prêt à répondre à vos questions.

Le président: Merci beaucoup, vice-amiral. Je suis heureux que nous ayons décidé de vous entendre.

Monsieur Benoit, vous avez sept minutes.

Vous avez la parole.

M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président. Bienvenue à nos témoins.

Vam G.R. Maddison: Merci.

M. Leon Benoit: Nous sommes heureux de vous accueillir cet après-midi.

Vice-amiral, j'aurais des questions sur la viabilité de la force opérationnelle dans l'océan Indien et dans le cadre des engagements de combat naval, de façon plus générale. Plusieurs experts se sont dit inquiets, y compris le Congrès des associations de la défense. On a dit que les pénuries de personnel dans la marine ne sautent peut-être pas aux yeux de façon aussi évidente que dans l'armée, mais qu'elles existent néanmoins et nuisent à l'état de préparation opérationnelle. Êtes-vous d'accord?

Vam G.R. Maddison: Non, pas du tout.

Nous étions conscients, dès le départ, du fait que la campagne serait sans doute longue. Chose certaine, nous avons planifié en fonction d'une campagne qui durerait six mois, mais par prudence, nous nous disions qu'elle se poursuivrait sans doute pendant plus de six mois. Nous avons donc établi notre planification en prévoyant la possibilité d'un engagement qui pourrait dépasser six mois.

M. Leon Benoit: Amiral, je ne pensais pas uniquement à l'engagement en cours. Je tiens à vous rappeler que, au début de 2001, la marine a dû mettre à quai un de ses destroyers et réduire de moitié la capacité de ses navires côtiers, à cause de la difficulté de les doter de l'équipage voulu. Étant donné que vous avez dû mettre à quai un destroyer et réduire l'état de préparation opérationnelle de la majeure partie de vos frégates—j'ai même entendu dire que certains membres de l'état-major ici à Ottawa devront reprendre du service pour assurer la prochaine rotation—étant donné tout cela, comment pouvez-vous affirmer que le manque de personnel ou la pénurie de main-d'oeuvre n'a pas réduit l'état de préparation opérationnelle de la marine?

Vam G.R. Maddison: Tout d'abord, personne n'est venu me demander ou au commodore Forcier de nous porter volontaires pour retourner en mer.

Permettez-moi de répondre à votre question en vous disant simplement ceci. Nous avons certaines difficultés dues à des pénuries de main-d'oeuvre dans certains métiers en particulier dans la marine. Nous sommes conscients de ces pénuries. C'est justement ce qui explique les efforts considérables que nous déployons au chapitre du recrutement et du maintien des effectifs, à preuve toutes les publicités que vous avez sûrement vues ces dernières semaines. La campagne donne d'ailleurs d'excellents résultats.

M. Leon Benoit: Vous parlez de recrutement, amiral, mais il faut des années pour qu'on puisse répondre aux besoins de l'organisation et, s'il faut des années pour les former pour répondre aux besoins futurs, vous vous retrouverez dans deux ou trois ans avec bien des postes que vous n'aurez toujours pas réussi à combler.

Vam G.R. Maddison: Certaines des nouvelles recrues seront prêtes dans un laps de temps assez court. En réponse à votre question, je dois toutefois vous signaler qu'il a été décidé qu'un de nos navires de la côte Ouest se trouverait dorénavant dans un état de préparation opérationnelle à moyen terme, c'est-à-dire qu'il nous faudrait au moins 180 jours pour qu'il satisfasse à la norme en matière de préparation opérationnelle. Cela dit, je tiens à ajouter que nous avons un groupe opérationnel d'environ quatre navires. Il nous reste donc un nombre appréciable de frégates de même que tous les navires de défense côtière maritime—et je dois vous dire que cela ne représente pas la moitié de notre capacité de défense côtière maritime—qui sont prêts à être déployés.

La formule que nous suivons consiste à en avoir 10 sur 12 qui sont opérationnels, et c'est le cas à l'heure actuelle. Les deux autres nous permettent d'assurer le cycle de maintenance. Trois de nos quatre destroyers sont opérationnels, et il y en a bien sûr un qui est en déploiement à l'heure actuelle.

La marine avait notamment décidé—j'étais chef de la marine à l'époque où cette décision a été prise—de déterminer l'état de préparation opérationnelle qui était finalement nécessaire pour l'ensemble de la flotte. Nous avions besoin d'avoir un nombre considérable de navires en état d'alerte qui seraient susceptibles d'intervenir dans toutes sortes de conflits—tous les secteurs du navire étant dotés d'un équipage complet ayant reçu une formation approfondie de niveau supérieur. Nous n'avions pas forcément besoin d'une capacité semblable de la part de nos navires qui exercent, par exemple, un rôle de surveillance par rapport aux activités de pêche. L'état de préparation opérationnelle de ces navires-là pouvait être tel qu'il ne nous faudrait que 30 jours pour qu'ils soient pleinement opérationnels.

• 1610

M. Leon Benoit: Voyons un peu quels sont certains des...

Le président: Votre temps de parole est écoulé. Vous avez largement dépassé le temps qui vous était alloué. Je donne donc la parole à M. Plamondon.

[Français]

M. Louis Plamondon: Soyez les bienvenus. Merci d'être là.

Il y a une question qui me touche particulièrement. Dans mon comté se trouvent des centrales nucléaires. Je suis député du comté de Bas-Richelieu—Nicolet—Bécancour, et dans la ville de Bécancour, à Gentilly plus précisément, il y a une centrale nucléaire. Le conseil de ville, présidé par le maire Richard, m'écrivait la semaine dernière pour s'assurer que toutes les démarches étaient faites pour assurer une protection spéciale à cette centrale nucléaire. Je parle de celle-là, mais il en existe d'autres au Canada et au Québec.

Pour pouvoir rassurer ce conseil de ville et ce maire, de même que la population de cette partie du comté, je voudrais savoir si vous avez un plan précis en ce qui concerne le nucléaire. Est-ce qu'il y a une entente avec la Sûreté du Québec? Est-ce qu'il y a aussi une entente ou des discussions avec les autorités de la centrale de Gentilly? Est-ce qu'il y a un comité stratégique spécial dans les Forces armées? Autrement dit, est-ce qu'il y a une équipe d'intervention spécialisée au cas où...? J'écoute avec attention votre réponse et je présume que le maire Richard, le conseil de la ville de Bécancour et toute la population vous écoutent aussi.

Vam G.R. Maddison: Merci de votre question, monsieur.

[Traduction]

Tout d'abord, je suis sûr que, depuis le 11 septembre, la Commission canadienne de sûreté nucléaire s'intéresse de très près à la sûreté des installations nucléaires, comme l'exige naturellement son mandat.

Il incombe aussi aux municipalités et aux provinces d'intervenir si jamais il se produisait quelque chose à une des installations nucléaires dans une région du pays. Le ministère a aussi un nouveau bureau, celui de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, qui joue un rôle très actif auprès de tous les ministères afin de déterminer ce qui a déjà été fait et ce qui doit encore être fait du point de vue des dispositions à prendre et des discussions qui doivent avoir lieu pour répondre à des questions comme celles que vous venez de soulever, monsieur.

Je peux également vous dire que, pour leur part, les Forces canadiennes, en tant que force de dernier recours au Canada, ont accru leur état d'alerte et de vigilance. À titre d'exemple, je vous signale que le Commandement de la défense aérienne de l'Amérique du Nord a triplé sa capacité pour ce qui est du nombre d'aéronefs prêts à intervenir en un laps de temps très court si jamais il se produisait quelque chose à une de nos installations qui pourrait représenter un risque quelconque.

Ainsi, nous avons certainement accru notre vigilance et nous multiplions les discussions avec tous les autres ministères afin de nous assurer que le niveau de sûreté soit satisfaisant et qu'au bout du compte nous soyons en mesure d'intervenir si besoin est.

[Français]

M. Louis Plamondon: Est-ce qu'il y a eu des discussions entre les divers niveaux de gouvernement ou les diverses juridictions en vue de minimiser le nombre d'avions qui survolent ces centrales nucléaires, de façon à éviter une attaque surprise?

[Traduction]

Vam G.R. Maddison: Je tiens tout d'abord à faire remarquer que, pour l'instant, le risque est évalué comme étant très faible au Canada. Rien ne nous permet de croire que nos installations pourraient être ciblées. Il faut aussi tenir compte de l'emplacement de ces centrales et de l'emplacement de nos appareils. Nous serons et nous sommes en mesure d'intervenir très rapidement si jamais il se produisait quelque chose, si peu probable que soit cette éventualité.

Pour l'instant, nous estimons donc que le niveau de sûreté, pour ce qui est de notre capacité d'intervention, est excellent, sans qu'il soit nécessaire d'interdire ou de restreindre l'accès à l'espace aérien au-dessus de quelque centrale que ce soit.

[Français]

M. Louis Plamondon: Merci. Ça va.

[Traduction]

Le président: Merci, monsieur Plamondon. Monsieur Wilfert.

M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.): Merci, monsieur le président. Par votre entremise, je tiens à dire à l'amiral comme je suis ravi que nous ayons de nouveau l'occasion de le recevoir ici.

• 1615

Amiral, notre tâche à nous en tant que décideurs n'est pas de nous comporter comme des généraux. Quoi qu'en pensent certains d'entre nous, notre tâche est différente de celle des généraux. Aussi quand nous vous posons des questions, c'est bien sûr pour obtenir les renseignements que nous jugeons nécessaires pour nous permettre de déterminer si nous faisons bien notre travail de décideurs.

Dans Stratégie 2020, ce que nous visons, c'est une force hautement capable et globalement déployable. Par ailleurs, nous nous sommes aussi rendu compte depuis le 11 septembre que nous devons non seulement pouvoir participer à des opérations de maintien de la paix dans des zones de conflit, mais aussi assurer notre sécurité intérieure. Pouvez-vous me dire quels sont les éléments ou les outils supplémentaires dont nous pourrions avoir besoin pour réaliser cette stratégie 2020, à la lumière des événements des deux derniers mois?

Deuxièmement, si nous devions prévoir dans le budget qui doit être déposé prochainement des sommes additionnelles pour les Forces armées canadiennes, quels seraient d'après vous les besoins immédiats? Nous entendons souvent dire qu'il vous manque ceci ou cela. On nous dit par contre que vous prenez livraison de nouveaux appareils. Il est question de VBL, de Coyotes, de nouvelles frégates, etc., mais le public a toujours l'impression que nos forces armées ont un certain rattrapage à faire. Si donc vous deviez obtenir des sommes additionnelles, quelles sont les améliorations opérationnelles qui pourraient être apportées?

Vam G.R. Maddison: Merci beaucoup pour votre question, monsieur Wilfert.

Je tiens tout d'abord à dire comme il est malheureux que le public ait toujours cette impression que nous n'avons pas la capacité voulue alors que, dans les faits, nous l'avons. Nous avons investi beaucoup d'efforts et d'argent au cours des dix dernières années pour moderniser les trois services—l'armée, la marine et l'aviation—mais la nature de la guerre évolue. La situation évolue. Nous sommes certainement à même de savoir à quel point depuis le 11 septembre.

Nous concentrons nos efforts sur un certain nombre d'éléments, notamment sur toute cette question de nos effectifs. Le matériel et la capacité de défense sont des considérations importantes, mais, si nous ne pouvons pas compter sur des effectifs suffisants qui possèdent les compétences voulues pour utiliser le matériel à bon escient, cela devient un problème important. Les effectifs sont en deçà de ce que nous voudrions qu'ils soient, à savoir aux alentours de 60 000 membres des forces régulières. Nous avons multiplié les efforts pour accroître nos effectifs et, comme l'a dit M. Benoit, il faut, dans certains secteurs, environ deux ou trois ans pour que les nouveaux acquièrent les compétences voulues. Il nous faut donc déployer des efforts à ce chapitre, et c'est ce que nous faisons.

Pour pouvoir compter sur une force globalement déployable, nous devons notamment améliorer notre capacité en matière de transport. Comment pouvons-nous réduire le délai de déploiement de notre personnel et de notre matériel?

Nous avons mis sur pied un important programme qui nous permettra d'améliorer notre rendement du côté du transport aérien. Pour ce qui est du transport maritime, nous avons aussi un programme visant à remplacer les navires de ravitaillement du groupe opérationnel comme le Preserver, par des navires qui pourraient assurer non seulement le ravitaillement du groupe opérationnel mais aussi le transport de 300 véhicules à la fois. Les navires pourraient aussi être dotés d'une capacité de commandement et de contrôle accrue. Voilà donc le deuxième élément sur lequel nous concentrons nos efforts.

Troisièmement, dès que nos forces sont déployées, il est essentiel d'être bien au fait de la situation dans la zone de combat. La surveillance aérienne joue un rôle important à cet égard; aussi nous avons un programme qui devrait au bout du compte nous donner une meilleure vue d'ensemble de la situation, sur terre ou en mer, afin de mieux savoir ce qui se passe au juste dans le théâtre d'opération.

Voilà donc les trois éléments clés qui retiennent notre attention.

M. Bryon Wilfert: Par votre entremise, monsieur le président, je tiens à dire aux témoins que nous avons entendu hier la CAD, à qui je disais que le dividende de la paix nous avait permis de réduire nos effectifs pour les ramener d'environ 90 000 à la fin de la guerre froide à moins de 60 000. La CAD a fait remarquer qu'il faudrait revenir à un effectif de 75 000. Que pensez-vous de cette affirmation et, si nous devions effectivement revenir à un effectif de 75 000, en quoi ces forces supplémentaires nous seraient-elles utiles?

• 1620

Vam G.R. Maddison: Ces forces supplémentaires nous donneraient beaucoup plus de latitude pour ce qui est de l'affectation de personnel dans nos bataillons, sur nos navires et dans nos bases aériennes—beaucoup plus de latitude que nous n'en avons à l'heure actuelle. Tous les commandants souhaiteraient à mon avis avoir cette latitude accrue. Ils pourraient ainsi améliorer la qualité de vie des militaires qui sont sous leurs ordres pour ce qui est d'assurer la rotation pour le déploiement sur le terrain, par exemple.

Cela dit, si on augmentait ainsi nos effectifs, pour qu'ils atteignent environ 75 000, et qu'on n'augmentait pas du même coup notre budget, il faudrait renoncer à autre chose. Ainsi, certaines de nos activités de modernisation, qui sont aussi très importantes, seraient vraisemblablement reportées à beaucoup plus tard ou carrément oubliées, car nous ne pouvons pas faire les deux avec le budget que nous avons à l'heure actuelle. Le véritable défi pour nous sera d'essayer de trouver l'équilibre qui convient entre l'importance des effectifs, l'effort de modernisation qui nous permettra d'intervenir de façon efficace dans les théâtres d'opération et les activités de formation nécessaires. Il est très difficile d'équilibrer ces trois éléments.

En conséquence, des effectifs de 75 000 personnes seraient certainement une solution optimale à nos yeux, mais cela exigerait probablement qu'on y affecte davantage de ressources.

M. Bryon Wilfert: L'un ne va pas sans l'autre.

Vam G.R. Maddison: Exactement.

M. Bryon Wilfert: Merci, monsieur le président.

Le président: Monsieur Stoffer, la parole est à vous pour sept minutes.

M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président, et merci madame et messieurs d'être des nôtres aujourd'hui.

Monsieur, vous avez mentionné le Livre blanc sur la défense de 1994 et vous vous y êtes aussi reporté dans votre mémoire. Or bon nombre de gens, non seulement ceux que nous avons entendus en comité mais aussi à l'extérieur, nous disent qu'il est peut-être temps de réviser tout ce document à la suite des événements du 11 septembre ou de produire un nouveau livre blanc, qui porterait lui précisément sur les effets du terrorisme, dont vous nous avez parlé. Qu'en pensez-vous?

Vam G.R. Maddison: Bien entendu, le livre blanc n'est pas notre document mais plutôt celui du gouvernement, sa position en matière de défense, et c'est donc à lui qu'il revient de prendre une décision en ce sens.

Cela dit, nous analysons nous-mêmes le livre blanc afin de voir s'il continue à être pertinent. Il l'est certainement pour ce qui est des forces polyvalentes.

Les choses ont-elles changé depuis le 11 septembre? Eh bien, certains des éléments peuvent très bien changer, et nous étudions d'ailleurs cela, monsieur Stoffer, nous essayons de voir quelle est la situation et nous nous demandons ce qui a changé depuis le 11 septembre, ce que nous devons faire et si le livre blanc nous fournit encore une orientation claire. Tout ce travail s'effectue au ministère lui-même.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, lundi, le sénateur Colin Kenny, dans un article paru dans le Hill Times, estimait, sans vous viser de façon précise, que les hauts gradés devraient conseiller la classe politique sur les besoins des militaires, plutôt que d'attendre que le monde politique s'occupe d'eux. Qu'en pensez-vous? J'ignore si vous avez pu lire l'article en question, dans le Hill Times de lundi.

Vam G.R. Maddison: Je n'ai pas lu le Hill Times.

M. Peter Stoffer: Bien.

Vam G.R. Maddison: Je vais le lire cependant, puisque vous l'avez mentionné.

En réponse à votre question, dans le cadre de notre conception d'une stratégie pour 2020, et surtout au cours des quatre dernières années, nous avons fait preuve d'une assez grande ouverture par rapport à ce que seront probablement nos besoins au cours des 15 ou 20 prochaines années. Enfin, à mon avis, nous avons fait preuve d'une grande ouverture.

Chacun des corps d'armée prépare son propre plan d'entreprise en tenant compte de ses missions et de ses tâches et de sa capacité à bien s'en acquitter. Ce plan précise aussi en quoi les ressources fournies ne permettent peut-être pas suffisamment de bien faire ce travail. C'est dans ce genre de document et à des tribunes comme celle-ci qu'on peut préciser nos besoins futurs.

M. Peter Stoffer: Vous avez aussi parlé de la rotation des troupes. À ce sujet, le moral des effectifs engagés dans l'opération Apollo est-il bon?

Vam G.R. Maddison: Il est tout à fait excellent.

• 1625

M. Peter Stoffer: Excellent, vraiment?

Vam G.R. Maddison: Il est tout à fait excellent et partout, parce qu'aussi bien les marins que les aviateurs savent disposer des outils dont ils ont besoin pour s'acquitter de la tâche qu'on leur a confiée. Ils se rendent compte aussi de l'importance que cette campagne particulière revêt aux yeux des Canadiens et du monde entier. Ils ont l'impression de faire avancer les choses.

Lorsque ce genre de circonstances se trouvent réunies et que les troupes se sentent appuyées, grâce à des services comme les Centres de ressources pour les familles et à d'autres formes de soutien offert à nos hommes et à nos femmes sous les drapeaux, elles se voient de façon positive. Elles n'aiment pas être éloignées de leurs foyers aussi longtemps, ce qui est tout à fait normal, mais elles ont une mission à accomplir et elles la remplissent.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, me permettez-vous de poser une autre question?

Le président: Oui, allez-y.

M. Peter Stoffer: Hier, le général Belzile nous a dit qu'il faudrait peut-être déshabiller Pierre pour habiller Paul. Si l'opération Apollo se poursuit plus longtemps que prévu, pour quelques années par exemple, il se peut effectivement qu'on en soit réduit à puiser dans les troupes affectées à d'autres missions pour faciliter la rotation, et le général s'est montré très préoccupé par cela.

Risquons-nous de nous retrouver plus ou moins dans une telle situation?

Vam G.R. Maddison: Je ne dirais pas cela. J'ai d'ailleurs essayé de répondre à une question de M. Benoit portant sur le même sujet un peu plus tôt.

Depuis le livre blanc de 1994, les Forces armées sont tenues de disposer d'une tête d'avant-garde de quelque 4 000 personnes à déployer dans le cadre de missions, et doivent être en mesure de le faire en permanence. Ainsi par exemple, si vous examinez ce que fait notre armée dans les Balkans, vous verrez qu'il y a une rotation continuelle, de manière que nous disposions toujours d'effectifs là-bas pour s'acquitter de nos importantes missions.

Nous envisageons maintenant de faire la même chose avec la marine. Or là aussi, il semble que nous soyons en mesure de soutenir ce genre d'efforts de façon indéfinie et même dans l'armée de l'air.

Nous allons donc être en mesure de soutenir ce genre de déploiement encore longtemps.

M. Peter Stoffer: Je vous remercie.

Le président: Merci, monsieur Stoffer.

Madame Wayne, la parole est à vous.

Mme Elsie Wayne: Vice-amiral, dans le même numéro du Hill Times que vous n'avez pas lu, on trouve un autre article de deux pages rédigé par un spécialiste du renseignement de sécurité et de la sécurité de l'Université de Toronto. Il y parle des échecs des services du renseignement de sécurité aux États-Unis et au Canada sur le plan de la collecte, de l'analyse et de la diffusion des données.

Depuis le 11 septembre, vos ressources ont-elles été renforcées afin que vous puissiez effectuer le travail qui s'impose maintenant?

Vam G.R. Maddison: J'aimerais demander à madame le brigadier-général de bien vouloir intervenir quand j'aurai terminé.

Nos services du renseignement de sécurité sont à la fine pointe de la technologie. Les centaines de personnes qui produisent les données professionnelles que nous utilisons et que nous partageons avec nos alliés entretiennent d'excellents rapports avec les autres services.

Avant le 11 septembre, nous nous concentrions sur un nombre de domaines, dans une perspective internationale. Depuis les attentats, la grande majorité de ces effectifs se concentrent sur des aspects précis de notre campagne actuelle contre le terrorisme, en premier lieu sur les réseaux Al-Quaïda et les réseaux connexes, le régime taliban, et le reste.

Par effectifs, j'entends les gens qui analysent les produits obtenus, qu'il s'agisse de données d'images ou de renseignements sur les transmissions de quelque source que ce soit afin de les interpréter. Il s'agit donc de savoir ce qu'on entend puis ce que cela signifie vraiment et enfin de choisir ce dont les décideurs auront besoin pour faire leur travail. Ils ont vraiment travaillé d'arrache-pied.

À part cela, il y a aussi les services du Groupe des opérations d'information des Forces canadiennes. Ils se chargent du soutien technique à donner au Centre de la sécurité des télécommunications, le CST. Encore une fois, des centaines et des centaines de personnes participent à l'entreprise.

Une proportion très élevée de nos employés est donc affectée aux services du renseignement par suite des attentats du 11 septembre.

Aimeriez-vous ajouter quelque chose à cela, Pat?

• 1630

Brigadière générale Patricia Samson (directrice générale, Renseignement, ministère de la Défense nationale): Ainsi que le disait l'amiral, je suis chargée de l'analyse des données recueillies. À ma connaissance, aucun de ces services n'a été augmenté. Nous utilisons nos ressources de façon judicieuse afin de pouvoir suivre ce qui se passe, sur le plan de l'analyse des données. Il n'y a plus de chevauchement.

Nous avons établi nos priorités. Pour répéter ce que vous disait l'amiral, nous ne nous concentrons pas autant sur les dossiers qui sont moins urgents. Par exemple, nous travaillerons dessus peut-être une fois par semaine plutôt que tous les jours. Cela dit, nous veillons à ce que nos effectifs puissent fournir les renseignements et les analyses nécessaires à ceux et celles qui prennent les décisions.

En ce moment, les choses vont très bien. Bien entendu, si on nous donnait d'autres ressources, nous les accepterions volontiers. Cependant, en ce moment, nous pouvons assumer la charge de travail.

Mme Elsie Wayne: J'ai été très préoccupée d'apprendre qu'en 1999, le SCRS avait indiqué être au courant de la présence de quelque 350 terroristes au Canada. Lorsque cet organisme a demandé une augmentation de ses budgets afin de recruter davantage de personnel, à la place il a subi de très fortes diminutions.

Je suis donc inquiète parce que vous avez dit, monsieur vice-amiral, qu'à votre avis, aucune région du Canada n'a été désignée par rapport à cette menace. Vous n'ignorez pourtant pas que dans ma ville, il y a une centrale nucléaire, celle de Point Lepreau, et la plus importante raffinerie de pétrole appartenant à des intérêts privés au Canada.

Dimanche soir, quelqu'un qui travaille à Saint John m'a téléphoné pour me dire qu'on s'intéressait à Saint John, Toronto, Vancouver et peut-être aussi Calgary. Il m'a dit que les gens de chez vous devraient être tout à fait au courant de cela. Ça m'a énormément préoccupée d'entendre cela.

Je sais que vos effectifs sont certainement au courant de ce genre de chose, et je ne m'attends pas à ce que vous me disiez tout. Cependant, travaillez-vous en collaboration étroite avec le SCRS, la GRC et tous les autres...

Vam G.R. Maddison: Tout à fait.

Mme Elsie Wayne: Bien. J'ai une seule autre question à poser.

En raison de la création du Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, l'OCIPEP, l'une de vos responsabilités en tant que sous-chef d'état-major de la défense est d'encadrer la planification d'urgence au nom du sous-ministre. J'ignore comment on exprime tout cela, mais on me dit que l'activité relève du sous-chef d'état-major. Vous êtes soit le sous-chef ou le sous-ministre, mais vous êtes certainement le sous-chef.

Les responsabilités du sous-chef d'état-major ont-elles changé en matière de planification d'urgence depuis la création de l'OCIPEP?

Vam G.R. Maddison: Il me paraît important de préciser que le sous-chef d'état-major, ma fonction effectivement, a toujours été chargé d'examiner la situation, dans les cas où le ministère de la Défense doit réagir à une situation et fournir de l'aide. Il faut se demander les choses suivantes: Où sont nos actifs? Quelles sont nos ressources? De quelles capacités disposons-nous à l'échelle locale? Si elles ne sont pas disponibles à l'échelle locale, comment pouvons-nous les y amener pour répondre à un incident particulier ou à une série d'événements partout au pays?

La planification d'urgence faisait bel et bien partie des activités du ministère de la Défense jusqu'à la création de l'OCIPEP, organisme ayant une portée beaucoup plus vaste et qui coordonne les activités de tous les ministères gouvernementaux. L'un des grands avantages de l'arrangement actuel est le fait que Mme Purdy et ses services sont logés sous le même toit que nous. Cela veut donc dire qu'à tous les jours, au moment de nos évaluations quotidiennes et le reste, un membre de son personnel nous fournit des renseignements, service que nous lui rendons à notre tour. En conséquence, si quelque chose survient, nous nous concertons très étroitement.

Mme Elsie Wayne: C'est très bien.

Le président: Votre temps de parole est écouté, madame Wayne.

Mme Elsie Wayne: Bien. Je reviendrai au prochain tour.

Le président: Monsieur Anders, vous avez cinq minutes.

M. Rob Anders: Merci beaucoup, monsieur le président.

J'aimerais citer ici les propos de l'Association de la défense du Canada. Elle affirme que la capacité de combat du contingent canadien est limitée en raison des carences dans l'état de préparation opérationnelle:

    La taille du groupe opérationnel naval du Canada, qui correspond à 50 p. 100 des navires disponibles [...] (et les pénuries d'effectifs) rendra très difficile pour la marine de maintenir ce niveau d'engagement [...]

• 1635

Elle poursuit en affirmant qu'un déploiement au-delà de six mois pourrait se heurter à des problèmes graves.

J'aimerais donc vous poser la question suivante, amiral Maddison. Quand est-ce que le NCSM Huron sera doté et pleinement opérationnel?

Vam G.R. Maddison: Je l'ignore. Je ne suis pas sûr non plus de ce que la marine est en train d'étudier, bien que je sache qu'elle examine toute la question de l'état de préparation. J'entends par là qu'elle essaie de voir de combien de vaisseaux elle aura besoin à un niveau de préparation maximal afin de soutenir un déploiement de plus de six mois, de quel nombre de navires elle a besoin à un autre niveau de préparation et si elle doit réaffecter certains de ses effectifs, y compris de l'état-major, vers le Huron. Je sais qu'on est en train d'étudier cela. Toutefois, je ne sais pas à quelle conclusion le travail d'analyse est arrivé car je crois qu'il n'est pas encore terminé.

M. Rob Anders: D'accord.

Maintenant, vous avez beaucoup travaillé dans la marine. C'est votre point d'ancrage. C'est votre carrière.

Vam G.R. Maddison: En effet.

M. Rob Anders: Vous êtes parmi les plus hauts gradés. Et si vous ne connaissez pas la réponse, je dois supposer...j'ai entendu dire bien des fois à Esquimalt que l'on n'a pas les effectifs voulus pour armer le Huron. Par conséquent, compte tenu de cette citation de l'Association de la défense du Canada, selon laquelle le déploiement au-delà de six mois pourrait poser de sérieux problèmes, vous ne pouvez pas armer le Huron. Est-il juste de dire cela?

Vam G.R. Maddison: Non, je ne le pense pas. Si l'on arrive à la conclusion qu'il nous faut vraiment pouvoir compter sur ce navire, alors je pense qu'il y a dans la marine suffisamment de marge de manoeuvre pour pouvoir l'armer en allant chercher des effectifs ailleurs. Ce sera extrêmement difficile. Il leur sera extrêmement difficile de le faire et d'autres activités en subiront le contrecoup.

Mais notre engagement à l'heure actuelle est d'avoir un groupe opérationnel, et l'on a besoin d'un seul navire pour appuyer ce groupe opérationnel, l'un des quatre destroyers ayant une capacité de commandement et de contrôle et de communications, et la capacité d'arrière-défense pour ce qui est du système de missile standard. Il suffit d'un seul de ces navires pour assurer à notre groupe opérationnel cette défense de secteur. Je pense donc qu'il y a suffisamment de marge de manoeuvre pour s'assurer de pouvoir compter sur l'un de ces navires pour appuyer le groupe opérationnel. Que ce soit le Huron ou un autre, je ne dirai pas que ce n'est pas pertinent, mais ils seront en mesure de compter sur un navire de la classe 280 pour cette tâche.

M. Rob Anders: Aimeriez-vous que le Huron soit doté d'un équipage et opérationnel?

Vam G.R. Maddison: J'aimerais avoir autant de souplesse que possible.

M. Rob Anders: Entendu.

Au sujet du renseignement, vous avez parlé dans votre exposé de «l'analyse des données brutes». C'est à la page 9 de votre texte de 12 pages. Que voulez-vous dire exactement par «l'analyse des données brutes»? S'agit-il de transmissions téléphoniques? Qu'est-ce que c'est exactement?

Vam G.R. Maddison: Je dois faire attention à ce que je peux dire et ce que je dois éviter de dire. Nous obtenons des données qui sont brutes en ce sens qu'elles n'ont pas encore été analysées. Nous obtenons des renseignements qui prennent la forme de signaux ou d'images. Ensuite, nous analysons ces signaux, ces images et un certain nombre d'autres données pour déterminer ce que tout cela nous apprend vraiment. Qu'est-ce que cela veut dire en termes de dispersion des unités? Qu'est-ce que cela veut dire en termes de capacités, de systèmes d'armes, etc.? Nous obtenons en grande quantité ce que j'appelle des données brutes de première ligne. C'est ce que nous recevons actuellement. Le plus important, c'est de savoir ce que tout cela veut dire. Pour le savoir, il faut faire une analyse.

M. Rob Anders: Vous dites aussi à la page 6 qu'il y a «des sources humaines de renseignement en plus du renseignement électronique». Je sais qu'aux États-Unis, en particulier, il y a eu des interventions politiques exigeant que la CIA et d'autres organisations embauchent des espions, des gens qui se livrent à diverses activités pour attraper leur homme. Est-ce ce que vous voulez dire quand vous parlez de sources humaines: l'embauche d'espions?

Vam G.R. Maddison: Non, ce n'est pas du tout ce que nous voulons dire. Il ne s'agit absolument pas d'opérations clandestines du type James Bond. Ce que nous disons, c'est que nous devons être capables de former de meilleurs agents qui sont déployés dans des opérations, de lire certains indicateurs, d'aller parler aux gens sur place, de poser les bonnes questions qui nous permettront d'avoir de meilleurs renseignements pour savoir ce qui se passe dans les domaines dans lesquels nous travaillons.

• 1640

Nous avons par exemple des attachés qui sont en mesure d'avoir des conversations avec des gens sur place, dans les théâtres de l'endroit, etc. Parce qu'ils ont reçu une formation leur permettant de poser les bonnes questions, ils sont en mesure de nous fournir une meilleure analyse de ce qui se passe. Voilà ce dont nous parlons.

M. Rob Anders: D'accord. Merci.

Le président: Merci monsieur Anders.

Monsieur Plamondon, vous avez cinq minutes.

[Français]

M. Louis Plamondon: Merci, monsieur le président.

La Chambre des communes a voté en deuxième lecture un projet de loi antiterroriste. Ce projet de loi est présentement en comité et il reviendra en troisième lecture à la Chambre des communes dans deux semaines environ.

Ma remarque ne s'adresse pas particulièrement aux Forces armées; c'est davantage une réflexion globale sur la sécurité. Selon ce que vous savez de ce projet loi antiterroriste, dans quelle mesure sert-il mieux votre action en tant que militaires et quels sont les points particuliers qui vous sont plus favorables?

[Traduction]

Vam G.R. Maddison: Eh bien, ce n'est certainement pas de mon ressort, comme vous l'avez dit à juste titre, monsieur.

Le domaine que je connais qui fait partie intégrante de la loi concerne ce que le Centre de la sécurité des télécommunications peut faire et ne peut pas faire. De ce point de vue, pour ce qui est de la capacité—peut-être quand ce sera adopté—de contrôler les allées et venues des terroristes en provenance ou à destination du Canada, je pense que c'est un élément qui sera vraiment très très utile pour le Canada, si jamais cela se réalise.

À part cela, je n'ai rien à ajouter là-dessus, monsieur Plamondon.

[Français]

Mr. Louis Plamondon: Je m'attendais à ce que vous me répondiez sur cette partie. Ce qui est proposé dans le projet de loi, selon vous, va-t-il assez loin, ou si vous souhaitez avoir encore plus de pouvoirs au niveau de l'écoute et croyez que ça ne changera pas beaucoup votre rôle?

[Traduction]

Vam G.R. Maddison: Ma réponse à cela, d'après ce que je comprends, c'est ce que je viens de dire, à savoir que ce serait certainement très très utile si jamais cela arrivait.

M. Plamondon: D'accord.

Le président: Merci, monsieur Plamondon.

Monsieur Wood, cinq minutes.

M. Bob Wood: Merci monsieur le président.

Monsieur Maddison, cela fait plaisir de vous revoir.

Vam G.R. Maddison: Merci.

M. Bob Wood: Vous êtes probablement plus souvent présent ici que la moitié des gens autour de la table.

Des voix: Oh, oh.

M. Bob Wood: J'ai l'impression que vous êtes toujours ici.

Le président: Monsieur Wood, maintenant que vous avez fini de vous faire de nouveaux amis, pourriez-vous poser vos questions?

M. Bob Wood: Oh, nous sommes de bons amis depuis longtemps. Je peux l'affirmer.

À la page 3, deux paragraphes ont attiré mon attention. Vous dites que vous vous efforcez d'élaborer un plan général canadien et que la coalition est placée sous le commandement centralisé des États-Unis. Au paragraphe suivant, vous dites de nos forces qu'«elles demeureront sous commandement canadien et respecteront la loi canadienne. Elles opéreront selon des règles d'engagement canadiennes». Est-ce que ce n'est pas un petit peu confus? Vous ne trouvez pas?

Vam G.R. Maddison: En fait, je trouve que c'est très simple.

M. Bob Wood: Très bien, expliquez-le-moi.

Vam G.R. Maddison: Chaque fois qu'une unité est déployée dans un théâtre d'opération, le chef d'état-major de la défense assure le commandement ultime de cette unité, ce qui signifie que ces navires, ces unités ne peuvent rien faire sans son autorisation personnelle et sans que ce soit convenu à l'avance.

Il délègue alors ce que l'on appelle le «commandement opérationnel» à un commandant de forces opérationnelles interarmées, qui se trouve à être un commodore canadien, qui se trouve à CENTCOM à l'heure actuelle, lequel est responsable de veiller à ce que les actifs qui lui ont été assignés continuent d'être prêts, qu'ils sont appuyés compte tenu des tâches et des missions qu'on leur confie. Il fait régner la discipline sur les gens qui lui ont été assignés. Il assure le niveau voulu de commandement opérationnel sur ces actifs.

Ensuite, nous déléguons ce que l'on appelle le «contrôle opérationnel» aux commandants du théâtre d'opération. Dans ce cas particulier, quelque part dans la région de la mer d'Arabie, l'un de nos navires est déployé, travaillant dans le cadre de la coalition et placé sous le contrôle opérationnel d'un commandant américain, qui peut confier à ce navire des tâches et des missions dont le Canada a déjà convenu, sous l'autorité pleine et entière du chef d'état-major de la défense.

• 1645

En tout temps, ces navires, ces actifs qui sont déployés respectent les règles d'engagement canadiennes. Des instructions précises dictent le degré de force qui peut être appliqué dans certaines circonstances. Personne ne peut nous dicter telle ou telle force ou quoi que ce soit. C'est à nous de prendre la décision et je pense que c'est très important.

M. Bob Wood: Mais avons-nous quelqu'un au quartier général du commandement central des États-Unis?

Vam G.R. Maddison: Nous avons environ 35 personnes là-bas.

M. Bob Wood: Qui travaillent toutes là-bas.

Vam G.R. Maddison: Ce sont tous des Canadiens qui travaillent là-bas. Ils sont tout à fait intégrés au quartier général de la coalition d'où l'opération est dirigée.

M. Bob Wood: J'ai une autre question sur un autre sujet, et peut-être que la générale Samson pourrait y répondre. Avec le progrès rapide de la technologie, dans quelle mesure le système de communications des Forces canadiennes est-il sûr? Tout change assez rapidement, et je vous demande donc à quel point ce système est sûr.

Bgén Patricia Samson: C'est un domaine qui n'est pas de mon ressort.

M. Bob Wood: Je pensais que vous le sauriez peut-être, mais quelqu'un d'autre peut répondre à la question.

Bgén Patricia Samson: Je vous assure que nous n'avons absolument aucun problème à transmettre l'information que nous obtenons de nos alliés grâce aux systèmes d'information que nous avons actuellement. Nous les trouvons donc très sûrs.

Vam G.R. Maddison: L'une des principales responsabilités du Groupe des opérations d'information des Forces canadiennes est la sécurité de notre système informatique et notamment du réseau Internet ministériel, qui nous permet de communiquer avec toutes nos stations éloignées, y compris nos alliés, jusqu'au niveau très secret. Il est certain que nous avons pris des mesures importantes ces dernières semaines pour nous assurer que ces réseaux informatiques soient vraiment sûrs. Nous avons évidemment commencé par les communications ayant la cote de sécurité la plus élevée, et nous sommes ensuite descendus jusqu'au niveau non classifié. Bon nombre des membres du GOIFC dont j'ai parlé veillent à ce que ce soit le cas.

M. Bob Wood: M. Benoit a soulevé tout à l'heure la question du recrutement, de l'augmentation des effectifs et du temps qu'il faut pour entraîner les recrues. Il me semble avoir lu ou entendu quelque part qu'au niveau du recrutement, monsieur, vous offrez maintenant des primes à ceux qui possèdent certaines compétences spécialisées dans la technologie de pointe. Est-ce exact? Si c'est le cas, est-ce que cela vous aide à accroître plus rapidement l'effectif de l'armée, à embaucher des gens qui ont peut-être déjà suivi une formation dans le civil?

Vam G.R. Maddison: C'est une excellente question. Vous avez absolument raison. Nous avons lancé cette campagne de recrutement il y a environ six mois et nous ciblons un certain nombre de métiers et de compétences. À mesure que cette campagne se déroulait, nous avons découvert que nous avions d'excellents résultats dans certains métiers, mais pas dans d'autres comme les ingénieurs, les analystes informatiques, etc.

Nous venons tout juste d'obtenir l'autorisation du Conseil du Trésor d'accorder ce que l'on pourrait appeler des primes aux gens qui possèdent certaines compétences précises et qui n'auraient besoin que d'une formation initiale dispensée à toutes les recrues, parce qu'ils possèdent déjà des compétences et une formation dans des domaines précis, ce qui fait que nous pouvons les mettre à l'oeuvre assez rapidement. Cet élément vient tout juste d'être autorisé ces dernières semaines. Nous n'avons pas encore pu déterminer si cela nous permet d'attirer un nombre important de gens. Mais les primes se situent quelque part entre 10 000 $ et 20 000 $, selon la formation que la personne a suivie avant d'entrer dans les forces.

M. Bob Wood: Merci.

Le président: Merci, monsieur Wood.

Monsieur Stoffer.

M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.

Je reviens à la question du renseignement. Les représentants du CST ont comparu devant nous et nous ont dit qu'ils avaient des ententes avec quatre pays, l'Australie, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, pour le partage de l'information. Je leur ai demandé ce qu'il en était de l'OTAN et ils ont répondu qu'il se fait du partage de renseignements avec l'OTAN, mais rien d'officiel comme avec les quatre autres pays.

Je pose cette question qui trahit mon ignorance: ne serait-il pas avisé de chercher à conclure une entente comme celle que nous avons avec ces quatre pays avec tous nos partenaires de l'OTAN pour le partage de l'information?

Vam G.R. Maddison: C'est déjà le cas. Nous avons de très bonnes ententes avec nos partenaires de l'OTAN.

M. Peter Stoffer: Mais du même niveau que les quatre que nous avons maintenant?

Vam G.R. Maddison: Historiquement, il y a eu des relations très solides entre les pays que nous désignons par le sigle AUSCANUKUS, c'est-à-dire les cinq pays que vous avez énumérés. Et chacun de ces cinq pays peut être responsable de diverses régions géographiques pour ce qui est d'essayer de trouver diverses sources de renseignements, etc. Mais nous avons aussi des arrangements semblables avec la France, l'Allemagne et un certain nombre d'autres alliés de l'OTAN; en fait, nous avons tout un réseau de l'OTAN au sein duquel l'information est transmise à un niveau très secret entre nos partenaires de l'OTAN.

• 1650

M. Peter Stoffer: Pour les pays qui ne sont pas membres de l'OTAN ou qui ne sont pas nos alliés, disons par exemple la Chine ou un autre pays qui posséderait de l'information à laquelle nous aimerions avoir accès, ou bien si ce pays voudrait nous transmettre ce renseignement à cause de la menace de terrorisme—les Chinois ont d'ailleurs condamné le terrorisme—avons-nous la capacité voulue, je veux dire des gens qui parlent les diverses langues nécessaires? Comment cela se passerait-il, si un pays qui n'est pas normalement considéré comme l'un de nos alliés, veut partager ce type de renseignements avec nous?

Vam G.R. Maddison: Dans certains cas, nous avons des ententes avec différents pays. Certaines sont des ententes bilatérales conclues à divers niveaux. Il est certain que nous avons reconnu depuis le 11 septembre la nécessité de renforcer le plus possible nos capacités dans le domaine linguistique et je pense qu'à l'heure actuelle, dans le cadre de nos efforts de recrutement, nous tentons justement d'enrichir nos compétences dans ce domaine, en particulier pour le travail d'interception des signaux et le travail de renseignement. J'ai parlé tout à l'heure des attachés qui sont en poste dans environ 38 pays autour du monde, approximativement, et qui sont accrédités auprès d'un certain nombre d'autres pays, établissent de solides relations avec ces pays et sont en mesure de nous fournir des renseignements très utiles.

Nous faisons donc cela de différentes manières.

M. Peter Stoffer: Ma dernière question s'adresse à l'un ou l'autre d'entre vous. Si vous rédigiez un rapport à l'intention du ministre des Finances en prévision du budget, de toutes les priorités que vous discernez, laquelle viendrait au premier rang, à votre avis, pour ce qui est des conseils que notre comité peut donner au ministre des Finances? Je lance la question, je vous ouvre la porte, et rappelez-vous que vous êtes télévisés.

Vam G.R. Maddison: Je vais probablement me répéter, mais je pense que ce serait le recrutement, auquel nous consacrons déjà pas mal de ressources pour essayer d'attirer un plus grand nombre de soldats, pour être en mesure d'augmenter nos effectifs. C'est ce que je souhaiterais.

M. Peter Stoffer: Merci. Merci, monsieur le président.

Le président: Madame Wayne, cinq minutes.

Mme Elsie Wayne: Sous-chef, je dois dire, parce que vous venez des provinces maritimes...

Une voix: [Note de la rédaction: Inaudible]

Mme Elsie Wayne: Non, j'en conclus qu'il fait de l'excellent travail. C'est vrai. C'est l'un des meilleurs exposés que j'ai entendus. C'est parce qu'il vient des Maritimes.

Vam G.R. Maddison: Je suis certain que c'est grâce à mes deux collègues à mes côtés.

Mme Elsie Wayne: C'est vrai. Ils aident.

Comme vous le savez, certains d'entre nous exercent des pressions pour l'obtention d'une capacité de construction navale pour la marine, et cela m'inquiète vraiment de voir que le chantier naval le plus moderne du Canada est actuellement inutilisé à Saint John. Nous ne disons pas que vous devriez commander ponctuellement six ou huit frégates, ou quelque chose du genre, mais nous pensons que nous devons nous doter d'une politique des chantiers navals et que nous devons faire construire nos navires ici même au Canada.

Et je ne dis pas cela seulement parce que nous avons un chantier naval à l'arrêt et que nous avons des gens compétents pour y construire des navires, mais parce que je suis vraiment convaincue que la marine devrait avoir cette capacité, et je veux savoir ce que vous en pensez, monsieur.

Vam G.R. Maddison: Notre rôle, bien sûr, est d'énoncer quels sont les besoins du point de vue opérationnel, après quoi des décisions qui ne sont pas de mon ressort seront prises pour répondre éventuellement à ces besoins. Je peux vous dire, ce qui ne vous étonnera pas, vu l'uniforme que je porte, que les produits qui sont sortis du chantier naval de Saint-John, c'est-à-dire les 12 frégates, ou plutôt les neuf frégates plus trois qui ont été construites ailleurs, eh bien ce sont des frégates de classe mondiale.

Mme Elsie Wayne: Oui, tout à fait.

Vam G.R. Maddison: Il n'y a absolument aucun doute là-dessus.

Mme Elsie Wayne: C'est vrai.

Vam G.R. Maddison: Les travailleurs de ce chantier naval ont fait du travail absolument irréprochable.

Mme Elsie Wayne: C'est bien vrai.

Vam G.R. Maddison: Et c'est la raison pour laquelle, quand nous décidons de déployer des forces dans le cadre de cette campagne en particulier, l'opération Apollon, nous sommes absolument certains confiance que nos soldats ont les outils nécessaires pour faire le travail. À un moment donné, dans un avenir assez lointain, il faudra remplacer ces frégates.

Nous reconnaissons qu'il y a un besoin et c'est pourquoi nous avons en ce moment un projet visant le remplacement des AOR, les trois navires de ravitaillement. Si c'est approuvé, il faudra bien les construire quelque part.

• 1655

Mme Elsie Wayne: Oui, et Saint-John est l'endroit idéal, je dois vous le dire, pour que vous le sachiez tous.

M. Peter Stoffer: Halifax.

Mme Elsie Wayne: Non, mon cher, Saint-John.

Je vous ai également dit que la centrale nucléaire de Pointe Lepreau se trouve chez nous. En cas d'attaque nucléaire, compris des attentats terroristes au Canada, vous, à titre de chef adjoint de l'État-major de la Défense, par l'intermédiaire du chef d'État-major J3, êtes responsable du commandement et du contrôle stratégique de l'intervention des forces. Dans quelle mesure pouvez-vous compter sur les équipes d'intervention en cas d'attaque nucléaire à Halifax, à Esquimalt, et aussi dans la section de Nanoose, pour appuyer les efforts des équipes d'intervention NBC n'importe où au Canada?

Vam G.R. Maddison: Comme vous le signalez à juste titre, madame Wayne, nous avons des gens extraordinairement bien entraînés dans nos équipes d'intervention en cas d'attaque nucléaire sur les deux côtes. En pareil cas, on envisagera évidemment de les déployer quelque part.

Nous avons l'équipe d'intervention NBC, qui est regroupée surtout à Borden, c'est une petite équipe d'environ 29 personnes qui font partie intégrante de l'équipe d'intervention de la GRC. Si l'on faisait appel à nous pour appuyer les autorités locales ou provinciales, nous le ferions évidemment.

Depuis le 11 septembre, nous envisageons très sérieusement, et je pense d'ailleurs que le ministre et le chef l'ont déjà dit, de renforcer cette capacité. Nous envisageons d'avoir peut-être quatre ou cinq équipes en poste un peu partout au Canada qui seraient en mesure d'intervenir, si on leur demandait de le faire.

Nous avons également envisagé de mettre sur pied une équipe qui comprendrait jusqu'à une centaine de personnes ayant suivi une formation très spécialisée qui, encore une fois, en dernier recours, pourrait être déployée. Nous examinons donc de très près un certain nombre d'options.

Mme Elsie Wayne: Merci.

Le président: Merci madame Wayne.

Monsieur Dromisky, je crois comprendre que vous avez une brève question à poser, et que M. Wilfert aimerait utiliser une partie de votre temps, s'il vous en reste.

M. Stan Dromisky: Je vais lui donner 30 secondes. Merci beaucoup, monsieur le président.

Ces derniers jours, nous avons reçu un plaidoyer très rationnel et logique en faveur du maintien de la Force opérationnelle interarmées 2 dans un emplacement pratique permanent, quelque part au pays. Mais d'autres intervenants ont proposé ou recommandé de peut-être doubler l'effectif de la FOI 2 et peut-être d'implanter une autre équipe quelque part dans l'Ouest du Canada. On a même proposé de l'installer sur le versant ouest des montagnes, probablement près de Vancouver ou dans la région.

À la lumière des observations que j'ai faites, puis-je obtenir une réponse au sujet du doublement et de la création d'une deuxième base?

Vam G.R. Maddison: Je vous remercie beaucoup pour votre question.

Après le 11 septembre, nous nous sommes demandés notamment si nous devrions renforcer notre capacité d'intervention pour contrer un incident terroriste. Nous envisageons sérieusement de renforcer notre capacité. Il est encore trop tôt pour prendre des décisions quant au niveau de renfort que l'on voudrait atteindre, si vous voulez.

Il est important de reconnaître que ces gens-là sont extrêmement spécialisés. La formation qu'ils suivent est importante dans une foule de domaines. Ce n'est pas seulement leur forme physique, mais leur constitution psychologique qui leur permet de prendre très rapidement des décisions dans des situations extrêmement stressantes. Ce n'est pas tout le monde qui en est capable. Nous recrutons à même les Forces canadiennes des gens qui ont cette aptitude particulière.

Pour augmenter sensiblement nos effectifs actuels, il faudra un certain temps. Leur formation spécialisée exige une foule d'installations différentes. Nous avons toujours regroupé cette équipe en un seul endroit parce que cela exige beaucoup de ressources. Ce serait très coûteux d'avoir deux équipes et d'en installer une ailleurs. C'est donc une question qu'il faudrait examiner.

• 1700

Pour répondre à votre question, monsieur, nous examinons certainement la possibilité de renforcer la capacité de notre FOI2, et il faut voir dans quels délais nous pourrions le faire, au besoin.

M. Stan Dromisky: Merci beaucoup.

Le président: Merci, monsieur Dromisky

La parole est maintenant à M. Wilfert.

M. Bryon Wilfert: Merci, monsieur le président, et je remercie aussi l'amiral, par votre entremise.

Je voudrais des précisions sur une observation que vous avez faite tout à l'heure. En réponse à l'un de mes collègues d'en face, je crois que vous avez dit que ce n'était pas votre Livre blanc mais bien le Livre blanc du gouvernement. Pouvez-vous nous expliquer cela?

Je croyais comprendre que ce sont les forces armées qui ont présenté leurs exigences, leurs besoins, dans la période de l'après-guerre froide. Oui, le gouvernement a en effet publié ce document, dont on peut penser qu'il est essentiellement le fruit de la réflexion des forces armées.

Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez voulu dire par là?

Vam G.R. Maddison: Je ne voulais pas du tout être négatif en faisant ce commentaire. Je voulais dire que c'est un document du gouvernement, c'est le Livre blanc du gouvernement en matière de défense. Nous avons grandement participé à la rédaction du Livre blanc quand il a été publié en 1994, et j'ai d'ailleurs été en 1993 l'un des intervenants qui ont fait des suggestions pour donner matière à réflexion. C'est le document fondamental qui sert de bases au ministère de la Défense.

Je voulais dire simplement que c'est un document du gouvernement. Ce n'est pas Stratégie 2020, qui est un document du ministère. Le Livre blanc est évidemment un document du gouvernement qui a eu une influence extraordinaire sur le ministère de la Défense.

M. Bryon Wilfert: Je soulève la question, monsieur le président, simplement parce qu'en certains milieux, de temps à autre, on entend dire que la raison pour laquelle les forces armées sont dans un tel état, c'est que le gouvernement a pris dans le passé et dans certains dossiers, des décisions avec lesquelles les militaires n'étaient peut-être pas d'accord. J'espère évidemment que les militaires ont grandement contribué à ce document, et je crois savoir que c'est le cas.

Je voudrais poser une autre question, par votre entremise, monsieur le président, une question à laquelle vous ne serez probablement pas en mesure de répondre, ou peut-être à laquelle vous préférerez ne pas répondre, sur la question des fermetures de base. À la lumière des changements survenus depuis le 11 septembre, je voudrais m'attarder à la base de Chilliwack, en Colombie-Britannique, par exemple. C'était une base dernier cri, et pourquoi toutes les opérations sont maintenant dirigées à partir d'Edmonton. Du point de vue opérationnel et logistique, je suis inquiet, même si je n'étais pas là quand la base a été fermée, mais j'ai certainement des liens avec les gens de là-bas. Sommes-nous capables, aujourd'hui dans l'environnement de l'après 11 septembre, de réagir avec la même vigueur?

À l'époque, certaines questions relatives aux catastrophes naturelles, par exemple, avaient été soulevées. Cette question s'adresse probablement au ministre, mais a-t-on envisagé de revenir sur la décision de fermer certaines bases ou, comme le dirait M. Stoffer, peut-être devrions-nous être plus prudent avant d'en fermer d'autres, compte tenu de la situation actuelle?

Le président: Pourriez-vous répondre très brièvement, amiral?

Vam G.R. Maddison: Vous avez raison, je ne suis pas en mesure de répondre à votre question.

M. Bryon Wilfert: Je le savais, mais je tenais à ce que mes observations figurent au compte-rendu. Merci, amiral.

Le président: Je cède la parole à Mme Gallant pour cinq minutes.

Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Alliance canadienne): Merci beaucoup, monsieur le président.

J'aimerais partager mon temps avec M. Benoit, s'il m'en reste.

Qui est le Canadien qui commande l'Opération Apollo—pas seulement la marine, mais tout ce qui se passe sur le terrain? qui est-ce?

Vam G.R. Maddison: Celui qui commande l'intégralité des forces canadiennes, c'est le chef d'état-major de la Défense.

Mme Cheryl Gallant: Il n'y a donc pas un général chargé spécialement d'assurer le commandement des troupes?

Vam G.R. Maddison: Un commodore, qui est en fait l'officier général chargé du commandement de la force opérationnelle. Il est basé au quartier général du commandement central.

En ce qui a trait à la force opérationnelle navale un autre commodore assure le commandement de tous les navires qui lui sont affectés sur le théâtre des opérations.

Mme Cheryl Gallant: Et qui est-ce?

Vam G.R. Maddison: Je ne puis vous dire son nom.

Mme Cheryl Gallant: Je comprends. S'il y a un problème, qui supervise l'intervention? À qui s'adresse-t-on?

Vam G.R. Maddison: Que voulez-vous dire, s'il y a un problème? Je n'ai pas compris votre question.

Mme Cheryl Gallant: Si on soulève des questions particulières, qui est responsable à ce niveau?

Vam G.R. Maddison: C'est le chef d'état-major.

Mme Cheryl Gallant: J'ai peut-être mal posé ma question.

Vam G.R. Maddison: Il délègue certaines responsabilités et certains pouvoirs à ses commandants à différents niveaux.

• 1705

Le commandant en second, en quelque sorte, est celui qu'on appelle le commandant de la force opérationnelle interarmées de l'Asie du Sud-Ouest. Il se trouve aussi au quartier général du commandement central. Il est chargé de s'assurer que les diverses missions et tâches, dans le secteur aérien, naval ou terrestre—si jamais on met à contribution des forces terrestres—peuvent être menées à bien en fonction de leur état de préparation. Il le fait au sein du réseau de la coalition que constitue le commandement central.

L'un de ses subalternes est le commandant de la force opérationnelle navale qui, lui, est en mer. Il relève du commandant qui se trouve au commandement central, lequel relève du chef d'état-major.

Mme Cheryl Gallant: Par exemple, en Bosnie, celui qui assumait le commandement général, c'était le général Hillier; le commandant de notre secteur des opérations était le colonel Corrigan. Qui serait leur équivalent pour cette opération-ci?

Vam G.R. Maddison: Le colonel Corrigan relèverait directement du chef d'état-major. Le général Hillier faisait partie du commandement de l'OTAN. Il relevait de la chaîne de commandement de l'OTAN.

Mme Cheryl Gallant: Qui sont les équivalents pour cette mission-ci?

Vam G.R. Maddison: Les équivalents... Tout d'abord, il ne s'agit pas d'une opération de l'OTAN comme telle, et personne n'occupe les fonctions qu'occupait le général Hillier.

Mme Cheryl Gallant: Je comprends, mais il y a une coalition.

Vam G.R. Maddison: L'équivalent au sein de la coalition est le commodore Thiffault qui est à Tampa, en Floride, au commandement central. On pourrait dire qu'il est l'équivalent du colonel Corrigan.

Mme Cheryl Gallant: Je vois. Et ce monsieur qui est à Tampa, est-ce Américain?

Vam G.R. Maddison: Non, il est Canadien.

Mme Cheryl Gallant: Y avait-il des soldats canadiens à bord des deux hélicoptères américains qui se sont écrasés?

Vam G.R. Maddison: Non.

Mme Cheryl Gallant: Il n'y avait absolument aucun Canadien à bord.

Vam G.R. Maddison: Il n'y avait absolument aucun Canadien à bord.

Mme Cheryl Gallant: Je n'ai plus de question.

Le président: Vous avez une minute et demie, monsieur Benoit. Employez-les à bon escient.

M. Leon Benoit: Oui. Merci, monsieur le président. J'emploie toujours bien mon temps, vous êtes d'accord, sans aucun doute—ou peut-être que non.

Amiral, je veux que nous parlions de toute cette question de la durabilité de nos opérations dans le contexte de la guerre contre le terrorisme en particulier. Je veux pousser un peu plus loin la question de savoir si nous avons les effectifs voulus.

Vous avez déclaré lors d'une séance en mai qu'il manquait 400 techniciens dans la marine. A-t-on fait quelque chose pour combler cette carence? Nous manque-t-il toujours 400 techniciens, ou en manque-t-il davantage maintenant?

Vam G.R. Maddison: Je ne sais pas exactement combien de techniciens il nous manque maintenant étant donné que je ne suis plus à la tête de la marine. Je crois savoir que des améliorations ont été apportées, mais chose certaine, nous sommes encore loin d'avoir la majorité de cet effectif manquant.

M. Leon Benoit: On m'a dit que même pour ce premier déploiement, il nous a fallu piquer des effectifs à l'armée pour combler certains postes techniques, et je sais que ça continue, mais qu'en sera-t-il des deuxième et troisième rotations, si cette opération se poursuit une année de plus?

Vam G.R. Maddison: D'après notre évaluation, nous sommes capables de maintenir nos capacités au-delà de six mois. Ce qui veut dire que dans certaines circonstances—et il ne s'agit pas ici de conjectures—certains éléments qui occupaient des postes d'État-major pourraient en fait se retrouver poster sur des navires pour donner un coup main, mais la situation n'est pas grave au point de poser un véritable problème.

M. Leon Benoit: Mais il se peut que certains déploiements soient très serrés, j'imagine, pour certains de ces techniciens.

Vam G.R. Maddison: Ça sera difficile. Aucun doute à ce sujet.

M. Leon Benoit: Ai-je le temps de parler de...il n'écoute pas, alors je fonce.

Le président: Oui, monsieur Benoit.

M. Leon Benoit: D'accord. Pour aller un peu plus loin au sujet de l'équipement, mon collègue vous a posé une question plus tôt au sujet des destroyers, et vous avez répondu que nous pouvons faire des rotations avec les trois que nous avons et nous débrouiller, probablement, même si vous aimeriez avoir une plus grande marge de manoeuvre.

Qu'en est-il des navires ravitailleurs? C'est probablement à ce niveau que le manque est le plus criant. Nous n'avons que deux navires ravitailleurs. Avec celui qui est parti en mer, il n'en reste qu'un au Canada, ce qui veut dire qu'il en maque un sur une de nos côtes.

Sans entrer pour le moment dans la question de la défense et de la sécurité intérieures, comment allons-nous nous débrouiller avec seulement deux navires ravitailleurs sans une rotation très serrée?

• 1710

Vam G.R. Maddison: Nous n'avons pas encore décidé comment nous allions gérer cet aspect du groupe opérationnel en dernière analyse. Mais je répondrai qu'il y a un certain nombre d'autres zones de responsabilité qui relèvent d'autres pays qui sont présents sur le théâtre d'opérations et avec lesquels nous collaborons depuis des années, sinon des décennies. S'il y a un moment où nous ne pourrons pas avoir de zones de responsabilité sur le théâtre d'opérations, il subsiste un grand nombre d'autres zones que nous pouvons utiliser.

M. Leon Benoit: Donc, d'autres pourront assumer la fonction du navire ravitailleur?

Vam G.R. Maddison: Oui.

Le président: Merci, monsieur Benoit.

Nous irons maintenant d'un côté à l'autre, les amis. C'est maintenant au tour de M. Wilfert, suivi de M. Stoffer.

M. Bryon Wilfert: Monsieur le président, je vais poser une question à laquelle l'amiral pourra répondre, j'en suis sûr.

Amiral, notre pays est le seul du G-8 qui n'a pas d'organisme étranger du renseignement. Certains ont dit, dont Keith Coulter, que nous recevons plus de renseignements de sécurité que nous en fournissons aux autres.

Étant donné que nous n'avons pas de service étranger du renseignement, croyez-vous que ce serait d'un atout pour les forces armées si nous en avions un? Étant donné que nous recevons une bonne part de nos renseignements de sécurité d'autres services—et j'imagine, de la part des Américains, par exemple... J'ai la certitude que ces services se communiquent des informations, mais je ne suis évidemment pas certain si certaines sont filtrées ou non. Mais il semble curieux que nous n'ayons pas notre propre service d'espionnage.

Si nous en avions un, relèverait-il du SCRS ou du ministère des Affaires étrangères, ou devrait-il être indépendant? J'aimerais savoir si vous avez une opinion à ce sujet, que vous pourriez communiquer au président.

Vam G.R. Maddison: Tout d'abord, nous parlons du renseignement militaire. Je peux dire sans craindre de me tromper qu'au niveau de l'information que nous recevons et qu'il nous faut sous l'angle du renseignement militaire, nous obtenons toute l'information nécessaire pour la traiter comme il se doit. Nous devons connaître les capacités des armées contre lesquelles nous allons nous mesurer et leurs plans. Nous devons savoir comment elles comptent utiliser leurs capacités. Soit dit en passant, c'est ainsi que nous établissons nos besoins futurs en matière d'armements, de systèmes de détection et le reste.

Pour le moment, je ne crois pas, du point de vue du renseignement militaire, que nous ayons besoin d'un service étranger du renseignement.

M. Bryon Wilfert: Monsieur le président, si vous le permettez, l'amiral a fait allusion à notre capacité de fusion. Vous avez parlé de fusionner ces capacités techniques avec les projets dans un tout intégré. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifiera pour les forces armées et les opérations futures?

Vam G.R. Maddison: Je pense que la meilleure façon de répondre, c'est de vous parler de cela au niveau tactique, après quoi j'essaierai d'extrapoler au niveau stratégique.

Au niveau tactique, si vous avez jamais la chance de visiter ce qu'on appelle les centres de fusion de données à Halifax ou Esquimalt, les deux quartiers généraux de la flotte, vous y verrez que nous disposons de moyens qui permettent aux opérateurs et aux responsables du renseignement de travailler ensemble et d'obtenir des données d'une foule de sources différentes. Certaines ne sont pas classifiées et d'autres sont classifiées à divers niveaux. Toutes ces informations, dont celles nous pouvons obtenir par l'entremise de certains ministères fédéraux, des listes d'expédition de Lloyds, etc., sont alors réunies dans ces centres de fusion. Ces données sont fusionnées, si vous voulez, et elles apparaissent sur un écran qui permet à l'amiral responsable d'une côte de savoir en temps réel quelles activités se déroulent dans sa zone de responsabilité.

Le fait de pouvoir brosser ce tableau lui permet, s'il y a un déversement polluant, un incident relatif aux pêches ou une opération antidrogue en marche, d'obtenir les informations de ses contacts et de réagir en maintenant des Aurora ou des navires à la disposition de la GRC afin de donner une suite heureuse à l'incident ait une issue favorable.

Ce que nous voulons pouvoir faire—et nous y sommes parvenus dans une certaine mesure, mais nous devons aller plus loin—c'est de nous doter de la même capacité au niveau stratégique, ici à notre quartier général d'Ottawa. Il y a deux ans, en fait, nous avons compris que cela était essentiel si nous voulions avoir des informations en temps réel afin de mieux savoir ce qui se passe pour prendre les décisions voulues.

En conséquence du 11 septembre, nous avons accéléré ce processus pour bâtir ce centre de fusion des données d'un point de vue stratégique national. C'est de cela dont je parlais.

• 1715

M. Bryon Wilfert: Merci, amiral.

Le président: Merci, monsieur Wilfert.

Monsieur Stoffer.

M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.

Je serai très bref, monsieur. Si vous décidez, à la suite de votre examen, qu'il faut mettre en place une autre force opérationnelle interarmées 2, par exemple dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, ce n'est pas nous qui allons nous y opposer.

Dernière remarque, monsieur, nous apprécierons très vivement tout effort qui vous permettra de sauvegarder notre Shearwater.

J'aimerais maintenant céder mon temps de parole au président, qui a sûrement des questions très dignes d'intérêt à vous poser.

Le président: Vouliez-vous répondre à M. Stoffer, amiral Maddison?

Vam G.R. Maddison: J'ai pris bonne note de ses remarques.

Le président: Merci, monsieur Stoffer, mais je vais céder mon temps à quiconque de ce côté-ci veut poser une question.

Monsieur Wood.

M. Bob Wood: J'ai une petite question. Je me demandais, après tout ce qui s'est passé depuis le 11 septembre, amiral...c'est une chose absolument incroyable. Mais ce que je veux savoir, c'est ceci: dans quelle mesure nos forces armées seront-elle en meilleure posture quant tout cela sera terminé? À mon avis, nos forces se porteront beaucoup mieux.

Vam G.R. Maddison: Très bonne question. Le militaire que je suis vous dira, j'imagine, que nous serons beaucoup mieux positionner pour savoir à quel niveau nous devons vraiment investir les ressources et les capacités que nous avons maintenant. Aussi tragique que ces événements aient été—ils l'ont été évidemment—ils ont confirmé la nécessité d'avoir une capacité et une souplesse polyvalentes, pour ce qui est des moyens dont disposent nos forces pour réagir à ce genre de choses. Au niveau naval, au niveau de la vaste gamme de moyens aériens que nous pourrons offrir, au niveau des opérations spéciales que la force opérationnelle interarmées 2 peut accomplir, ces événements ont sûrement prouvé l'importance d'avoir cette capacité polyvalente.

M. Bob Wood: J'imagine que dans votre cas, et dans le cas d'un grand nombre de vos collègues, c'est la première fois que vous vous retrouvez dans une telle situation.

Vam G.R. Maddison: Je crois que c'est la première fois que le monde s'est retrouvé dans une telle situation.

M. Bob Wood: C'est vrai. Mais je songeais au haut commandement des Forces canadiennes.

Vam G.R. Maddison: Eh bien, il est évident que ce sont des circonstances uniques, dont personne ne voulait vivre. Mais nous avons un assez grand nombre d'éléments dans les Forces canadiennes qui ont vécu des opérations très difficiles, surtout depuis dix ans. Il y a eu la guerre du Golfe, par exemple, et certains événements qui se sont produits en Croatie, au Kosovo, et ailleurs dans les Balkans.

La marine a porté particulièrement son attention sur ce qu'on a appelé l'opération Sharp Guard dans la mer Adriatique contre la Serbie-Montenegro au milieu des années 90. Nos opérations se poursuivent dans le Golfe pour le maintien des sanctions contre l'Iraq. Il y a eu l'affaire d'Aviano pour l'aviation. Nous avions pris part à un certain nombre d'opérations qui étaient très complexes et beaucoup plus sophistiquées que celles que nous avons connues par le passé, sans parler des crises intérieures que nous avons vécues dans notre propre pays. Nous avons beaucoup de monde dans les Forces canadiennes qui possèdent une riche expérience.

S'il y a une chose formidable que j'ai constatée au cours des six dernières semaines, c'est notre capacité de réagir aux circonstances horribles du 11 septembre avec calme et modération, et la capacité que nous avons d'envoyer sur le terrain des gens qui font un bon travail.

M. Bob Wood: Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, monsieur Wood.

Très rapidement, amiral, j'aimerais reprendre une question que M. Wilfert vous a posée plus tôt au sujet de toute cette histoire d'un service étranger du renseignement pour le Canada. Vous avez répondu que vous ne voyez pas la nécessité que le Canada se dote de son propre service, étant donné que vous obtenez à votre avis toute l'information dont vous avez besoin.

Vam G.R. Maddison: Je répondais du point de vue du renseignement militaire. La générale Samson a peut-être un avis différent à ce sujet, et je l'inviterai à l'exprimer dans un instant.

Strictement du point de vue du renseignement militaire, avec nos services à nous et les liens intimes que nous avons avec un certain nombre d'autres pays, je ne suis pas absolument certain que ce serait utiliser nos ressources de manière optimale que de nous doter d'une telle capacité.

À un autre niveau, en ce qui concerne le SCRS et d'autres services, j'entends des arguments différents.

• 1720

Le président: J'aimerais vous poser une question plus précise à cet égard. Je ne veux pas m'exprimer en termes trop énigmatiques, mais dans le monde du renseignement, n'est-ce pas un truisme que de dire qu'on ne sait pas ce qu'on ne sait pas?

Vam G.R. Maddison: Parfois, oui.

Le président: Et les autres pays du G-8 doivent bien avoir une raison pour se doter d'un service étranger du renseignement à eux. On se demande alors pourquoi nous n'avons pas un ce qui nous permettrait de traiter l'information que nous recevons. Si elle provient de nos alliés sans perspective canadienne, parce qu'elle ne nous arrive pas de sources canadiennes, étrangères ou intérieures, alors le tableau que nous avons de la situation n'est pas vraiment nôtre.

Nous recevons les renseignements que nos alliés veulent bien nous communiquer. Ce sont des alliés très proches. Ce sont nos meilleurs amis depuis de nombreuses années, mais nous savons qu'ils ont aussi leurs propres intérêts.

Je me rappelle ce mot de Lord Palmerston, qui a dit, je crois, «la Grande-Bretagne n'a pas d'amis éternels ni d'ennemis éternels, seuls ses intérêts sont éternels».

Vam G.R. Maddison: Je ne dis pas qu'une telle capacité dans ce domaine ne serait pas utile. Je me fonde sur tous les autres éléments sur lesquels nous voulons concentrer nos activités. Je ne suis pas sûr que ce serait une priorité élevée.

Je dirai une chose cependant, et c'est que nous ne comptons pas sur nos alliés pour procéder à une analyse et parvenir à des conclusions. Nous obtenons une masse importante de données brutes. Nous faisons notre propre analyse pour savoir ce que tout cela veut dire, sans tenir compte de l'opinion de certains de nos alliés. En de nombreuses occasions, en ayant procédé à une analyse distincte notre évaluation a été tout autre mais en fait, nous ne nous sommes pas du tout trompés.

Permettez-moi de demander à la générale Samson ce qu'elle en pense.

Bgén Patricia Samson: Ce que dit l'amiral est tout à fait vrai. Lorsque nous déployons nos troupes, que ce soit en Bosnie au ailleurs, nous avons des gens sur le terrain. Ils peuvent obtenir les informations qu'il nous faut traiter.

Du point de vue du renseignement, et ce que j'ai dit est largement fondé sur mon intuition, je crois sincèrement que le Canada a besoin d'un service étranger du renseignement.

Je vais peut-être devoir me mettre en quête d'un nouveau travail demain, mais peu importe.

Des voix: Ah, ah!

Bgén Patricia Samson: Je vais aller m'occuper de Shearwater.

Le président: Je dois vous dire, madame, que notre comité récompense toujours la franchise.

Bgén Patricia Samson: Pour ce qui est de savoir de qui ce service devrait relever, des options que nous avons—qu'il s'agisse du SCRS, du ministère des Affaires étrangères, ou que ce service soit indépendant—je n'ai pas vraiment d'avis à ce sujet. Est-ce que je crois que les informations que nous pourrions obtenir d'un tel service seraient importantes? Absolument. Est-ce que je crois qu'il s'agit du genre d'informations dont nous avons besoin pour lutter contre le terrorisme? Absolument.

S'il y une chose que nous a apprise la catastrophe du 11 septembre, c'est que ces cellules terroristes doivent être infiltrées. Nous avons besoin de ce genre d'information.

Voilà donc ce que je pense.

D'un point de vue militaire, nous obtenons les renseignements qu'il nous faut pour nos opérations, mais au-delà de cela, oui, je crois que nous avons besoin d'un tel service.

Le président: Merci beaucoup.

J'ai sur ma liste M. Benoit, suivi de M. Wilfert.

M. Leon Benoit: Vous avez dit, amiral, à la séance du comité de mai, que la marine a besoin d'au moins trois et peut-être même de quatre nouveaux navires ravitailleurs. Vous m'avez dit aujourd'hui qu'il se peut nous ayons à emprunter des navires ravitailleurs.

Combien cela coûterait-il? Comment est-ce que ça marche? S'agit-il d'un genre d'échange, ou devons-nous payer? Faudra-t-il puiser dans le budget militaire pour louer un navire ravitailleur et l'utiliser? Et comment pouvons-nous accélérer l'acquisition de nouveaux navires ravitailleurs?

Vam G.R. Maddison: Chose certaine, lorsque nous nous sommes penchés sur la nécessité de remplacer le AOR, le pétrolier ravitailleur d'escadre, nous avons admis qu'il nous fallait un plus de souplesse de ce côté. C'est ce que nous avons conclu parce que nous voulions confier trois missions différentes à ce type de navire. Au niveau du soutien au groupe opérationnel, ce navire doit assurer le recomplètement, l'alimentation en carburant, en munitions, ce genre de choses, et il doit avoir aussi une capacité de levage pour soutenir, par exemple, l'avant-garde de l'armée, avec tout son matériel et le reste, et il doit avoir la capacité de commandement et de contrôle pour gérer un groupe opérationnel en mer...

• 1725

Lorsque j'étais dans la marine, nous faisions valoir la nécessité d'avoir trois, et peut-être quatre navires pour ce programme en particulier. Je crois que ce besoin existe toujours et qu'on est en train de monter un dossier en ce sens.

En réponse à votre première question, nous avons un certain nombre d'arrangements, de protocoles d'entente et d'accords avec nos alliés. Nous n'allons pas louer de navires à proprement parler. Si nous accompagnons un groupe opérationnel et que nous empruntons du carburant, on note que le Canada a consommé telle quantité de carburant, et lorsque nous alimentons en carburant des navires américains, par exemple, nous le notons. C'est un genre d'échange un pour un. Il n'y a pas du tout d'argent qui change de main. Nous nous soutenons les uns les autres à cet égard.

Quel était le troisième élément de votre question?

M. Leon Benoit: C'était au sujet des acquisitions. Le cabinet n'a pas encore approuvé cette acquisition. La date d'entrée en service, si je comprends bien, ne pourrait pas être avant 2006, mais n'aurons-nous pas besoin de ces navires beaucoup plus tôt que cela? Y a-t-il moyen d'accélérer ces acquisitions, à votre connaissance?

Vam G.R. Maddison: Oui, je sais que les responsables des acquisitions et la marine se penchent justement sur la question même de savoir dans quelle mesure il est possible d'accélérer ce processus. On se penche entre autres sur toute la question du levage.

Cette question s'est posée avec beaucoup plus de clarté dernièrement. On nous a demandé de nous pencher là-dessus.

Je n'ai pas de réponse simple à vous donner, si ce n'est pour dire que nous étudions la question.

M. Leon Benoit: D'accord.

Nous avons douze frégates. Certaines ne sont pas aussi prêtes que d'autres. Vous dites que nous en avons généralement deux à l'entretien et au radoub; certains ont dit trois. Cela dépend. Il en faut trois sur zone, trois qui viennent de rentrer et trois qu'on se prépare à déployer. Elles sont toutes mobilisées. Mais si leur niveau de préparation est plus bas et que nous n'avons pas les gens qu'il faut pour accélérer les choses, n'allons-nous pas nous retrouver en difficulté à un moment donné, peut-être après la prochaine rotation?

Vam G.R. Maddison: Lorsqu'on prépare le déploiement des navires et lorsqu'ils rentrent, ils ne restent pas immobilisés pendant de longues périodes. On continue de les utiliser pour les opérations intérieures, très fréquemment. Ils peuvent partir en mer deux ou trois jours, revenir à quai quelques jours, et repartir de nouveau. Ils peuvent partir pour quelques semaines pour accomplir une mission relative aux pêches sur la côte Est ou la côte Ouest. Contrairement à la rotation de l'infanterie, où les soldats reviennent et restent en garnison pendant une longue période, la marine n'immobilise pas nécessairement ses navires pendant trois, quatre, cinq ou six mois, avant de les redéployer.

Donc, d'un point de vue intérieur, nous avons sûrement les ressources qu'il nous faut pour assurer le degré de sécurité dont nous avons besoin, même si trois de nos navires sont déployés.

M. Leon Benoit: Vous ne voyez donc aucune restriction en ce qui concerne la défense et la sécurité du territoire découlant des exigences supplémentaires imposées par cette guerre contre le terrorisme?

Vam G.R. Maddison: Nous serons en mesure de répondre à la fois aux exigences de cette campagne contre le terrorisme et à nos besoins intérieurs.

Le président: Merci, monsieur Benoit.

Monsieur Wilfert.

M. Bryon Wilfert: Monsieur le président, tout d'abord, je ne voudrais pas revenir sur la question de l'agence du renseignement étranger, mais, amiral, si je pouvais voter, mon vote irait à la générale.

Vam G.R. Maddison: Je dois vous dire que j'ai l'esprit ouvert.

M. Bryon Wilfert: Très bien. Heureux de vous l'entendre dire.

Madame, mon père était ce qu'on appelle un fantassin lors de la Seconde Guerre mondiale. Sans vouloir offenser la marine ou la force aérienne, il m'a toujours dit qu'en réalité ce sont les fantassins qui gagnent les guerres.

Le fait est qu'à l'heure actuelle, en Afghanistan, on a recours à la technologie de pointe. On utilise de bombes guidées et tout cet armement. En fin de compte, on dit maintenant qu'il faudra sans doute que les forces terrestres interviennent pour faire le travail. Manifestement, certains types de forces terrestres spéciales jouent un rôle essentiel.

Pour ce qui est de la FOI2, de sa force actuelle et du rôle qu'elle joue à l'heure actuelle, bien qu'elle soit conçue pour intervenir ici au pays aussi bien que lors de conflits à l'étranger, recommanderiez-vous qu'on examine la possibilité de recourir à ces ressources? Nous parlons beaucoup de l'aspect technologique, mais pour ce qui est d'avoir le type de personnel requis, c'est peut-être une possibilité que nous devrions envisager...pour augmenter le nombre?

• 1730

Vam G.R. Maddison: L'une des choses que nous sommes en train d'examiner en fait de très près à l'heure actuelle, c'est notre capacité d'augmenter le nombre de gens au sein de la FOI2. Naturellement, aucune décision n'a encore été prise à ce moment-ci, mais dans quelle mesure est-ce faisable?

M. Bryon Wilfert: Monsieur le président, je voudrais dire à l'amiral qu'il semblerait que lorsque nous examinons les capacités et les besoins des forces militaires, manifestement, même si nous mettons l'accent sur la technologie moderne, il me semble toujours que nous revenions à la question de la force des troupes, soit d'avoir les gens qu'il faut pour faire le travail.

Vous avez parlé de la rotation, et je ne pourrais certainement pas être davantage d'accord avec vous. Nous voulons réduire le nombre de militaires qui doivent aller là-bas et revenir et y retourner...et, naturellement, les répercussions sur leurs familles. Nous cherchons à trouver un juste équilibre.

Encore une fois, je reviens à la question de budgétisation. Je suis d'avis que notre comité a une occasion en or d'influencer, je l'espère, le budget du ministre des Finances. Je me rends compte que les fonds ne sont pas abondants, mais je ne peux songer à un meilleur moment pour envoyer le bon message aux forces armées en leur fournissant les fonds...

Pour ce qui est du type de questions que l'on pose ici, pour moi, il est important d'obtenir les réponses que j'entends pour ce qui est de savoir où ces fonds devraient être affectés. Cela est essentiel non seulement en ce qui concerne notre capacité, mais aussi si nous voulons continuer à lutter sur le front domestique pour assurer une certaine qualité de vie aux militaires. Bien que nous allions dans la bonne direction, à mon avis, nous avons encore pas mal à accomplir sur ce plan.

Vam G.R. Maddison: Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos entreprises à cet égard. Nous reconnaissons tous au sein de notre ministère l'énorme travail qu'a accompli votre comité depuis un certain nombre d'années, surtout sur le plan de la qualité de vie. Votre comité a eu beaucoup de succès.

Nous nous réjouissons donc tous de l'occasion qui nous est donnée de vous faire part de nos points de vue.

M. Bryon Wilfert: Et nous vous en remercions.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Wilfert.

Nous avons en fait dépassé le temps prévu pour les questions. Il y a aussi une question que j'aimerais que l'on règle rapidement à huis clos, si vous le permettez.

Auparavant, je tiens à remercier à nouveau le vice-amiral Maddison de son témoignage aujourd'hui ainsi que la brigadière générale Samson et le commodore Forcier. Je vous suis reconnaissant des propos que vous avez tenus ici. Nous avons entendu d'excellentes réflexions concernant les problèmes du renseignement; je vous en remercie ainsi que pour toutes les autres précisions que vous nous avez données.

Au nom du comité, j'espère vous revoir dans un avenir rapproché.

Vam G.R. Maddison: Avec plaisir.

Le président: Je vais prier les membres du comité de rester encore quelques instants. Nous aimerions tenir une réunion à huis clos à propos du rapport provisoire du comité.

La séance est levée.

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