(pour le ministre des Ressources naturelles) propose: Que le projet de loi soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
--Monsieur le Président, j'aimerais parler brièvement du projet de loi C-57, Loi modifiant la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires.
[Traduction]
Je suis très heureux de me lever aujourd'hui à la Chambre pour appuyer le projet de loi modifiant le paragraphe 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. Ce projet de loi, qui ne renferme qu'un seul article, a pour objet de clarifier le libellé du paragraphe 46(3) de la loi.
[Français]
Selon la formulation actuelle du paragraphe 46(3), la Commission canadienne de la sécurité nucléaire peut ordonner au propriétaire ou au responsable du lieu «ou à toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu» de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.
Cette formulation est une anomalie qui doit être corrigée. Elle a pour conséquence non voulue, bien sûr, d'obliger les établissements prêteurs à assumer eux aussi la responsabilité de la remise en état du site, tout comme les propriétaires et les administrateurs.
[Traduction]
Le libellé actuel a eu pour effet de dissuader le secteur privé de consentir des prêts à l'industrie nucléaire. Il va de soi que jamais personne n'a voulu créer des conditions susceptibles de priver l'industrie de fonds pour poursuivre ses activités.
L'industrie est une composante essentielle de l'économie canadienne. Elle englobe des centrales d'électricité, des mines d'uranium, des raffineries, des laboratoires, des universités et des hôpitaux qui utilisent des matériaux nucléaires aux fins de diagnostic et de traitement de maladies.
[Français]
La modification proposée clarifie le sens du paragraphe 46(3) en supprimant les termes que je viens de citer et que je cite à nouveau: «ou toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu» et en les remplaçant par la nouvelle formulation qui se lit comme suit: «en ayant l'administration et la responsabilité».
Elle définit aussi le risque pour les établissements prêteurs. Un prêteur qui assume la gestion et la responsabilité d'une installation nucléaire serait sujet à ce paragraphe.
[Traduction]
Aucun autre secteur industriel ou de production d'énergie n'est touché par une disposition fédérale de cette nature qui entrave son accès à des emprunts bancaires de n'importe quel type. Comme tout autre secteur, l'industrie nucléaire doit avoir accès au crédit commercial pour financer ses besoins. Cette motion permettrait à l'industrie nucléaire d'attirer des marchés financiers et des capitaux. Par ailleurs, tous les mécanismes sont en place pour assurer que les installations nucléaires sont administrées de façon sûre et sans danger pour l'environnement.
[Français]
Puisque les gouvernements encouragent le secteur privé à participer davantage à l'acquisition et à la gestion d'installations dans tous les secteurs de l'énergie, les entreprises chargées d'exploiter des installations nucléaires doivent elles aussi avoir accès aux mêmes sources de financement que les autres.
N'oublions pas que les entreprises ont besoin de la participation des banques et des autres institutions financières pour attirer des capitaux qui serviront à financer leurs opérations courantes et futures.
Quand on dit «les autres institutions financières», il peut parfois s'agir des fonds que possèdent les syndicats. Il peut parfois s'agir de fonds de régimes de pension ou autres. Ce sont des capitaux qui peuvent être utilisés à ces fins.
[Traduction]
Nous devons donc être justes et cohérents. Nous devons faire en sorte que toutes les entreprises aient des chances égales de mener leurs affaires et de mieux se positionner sur le marché. Nous devons en même temps faire en sorte que ces entreprises soient responsables à part entière de la bonne intendance de l'environnement.
Cette approche laisse à la Commission canadienne de sûreté nucléaire le pouvoir d'ordonner que toute personne ayant l'administration ou la responsabilité d'un lieu prenne les mesures pour décontaminer ce lieu. Ce pouvoir est maintenu. Je le dis pour que tous les députés en soient bien conscients.
[Français]
De plus, elle n'assouplira pas non plus le régime strict de délivrance de permis et de réglementation du Canada, régime conçu pour protéger la santé, la sûreté et la sécurité des Canadiens ainsi que de l'environnement.
Le projet de loi profitera à toutes les parties. L'industrie nucléaire sera sur le même pied d'égalité que les autres secteurs industriels et de production d'énergie. Parallèlement à cela, la responsabilité de la remise en état d'un site sera clairement attribuée au propriétaire ou à ceux qui assument l'administration ou la responsabilité du site.
[Traduction]
Il est évident qu'il s'agit d'un bon projet de loi pour la gestion des affaires publiques. J'invite donc les députés à garder cela en tête et à se joindre à moi pour appuyer son adoption immédiate.
Si les députés étaient d'accord, il serait tout à fait approprié, plus tard aujourd'hui, compte tenu de la popularité de cette mesure au sein de l'industrie, que nous fassions franchir au projet de loi plus d'une étape. Nous pourrions même lui faire franchir toutes les étapes du processus. Je ne fais pas cette proposition en présentant officiellement une motion à la Chambre. Je reconnais que certains députés n'ont pas encore accepté cette proposition, mais nous pouvons y réfléchir et faire cela plus tard aujourd'hui. Si nous ne le faisons pas, j'espère quand même que le projet de loi sera adopté sans délai et qu'après son examen par un comité nous l'étudierons à l'étape du rapport et de la troisième lecture, le renverrons à l'autre endroit et le verrons recevoir la sanction royale avant l'ajournement pour l'été, ce qui ne saurait tarder.
Je remercie à l'avance les députés pour l'appui qu'ils donneront à cette mesure.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi C-57. Je suis déçu mais pas surpris que la Chambre ait dû être saisie du projet de loi. Cela n'aurait pas dû être nécessaire. Après tout, depuis longtemps, les libéraux négligent de livrer la marchandise lorsqu'il s'agit des besoins des Canadiens. Nous avons été témoins de cela à maintes occasions. La vérité, c'est que les Canadiens méritent mieux que cela.
Même s'il y a de nombreux changements qui surviennent au sein du parti ministériel et lors des remaniements ministériels hebdomadaires, nous ne pouvons nous attendre à ce que les libéraux progressent trop rapidement. Il serait certainement tout à fait inédit qu'un projet de loi aussi nécessaire que celui dont nous sommes saisis soit soumis à la Chambre au moment opportun, de manière à ce qu'on ait suffisamment de temps pour l'examiner avec diligence.
Le gouvernement et l'industrie sont au courant depuis deux ans de ce que je vais appeler une erreur. Le gouvernement a eu deux ans pour corriger le problème. Pourquoi a-t-il attendu jusqu'à maintenant pour saisir la Chambre de cette mesure et lui demander de l'adopter à toutes les étapes en une journée? Cela me dépasse. Ce n'était pas nécessaire et cela n'aurait pas dû arriver.
Comme il en a pris l'habitude, le gouvernement nous force à adopter des projets de loi à pleine vapeur à la fin de la session, à quelques jours ou quelques semaines de l'ajournement estival. Par sa conduite, le gouvernement place l'opposition dans une situation très difficile. Ou bien nous adoptons le projet de loi à toute vitesse avant l'ajournement estival ou bien nous refusons de le faire et l'industrie nucléaire sera incapable d'obtenir le financement dont elle a si désespérément besoin.
L'industrie nucléaire attend depuis deux ans une modification de dix mots. Nous devons passer outre à la nécessité de tenir un débat pondéré et responsable, soit parce que le gouvernement est embarrassé, à juste titre du reste, par ce faux pas évident, ou parce qu'il veut fermer les dossiers précipitamment avant l'été. Les Canadiens méritent mieux que cela.
Ce qui est vraiment triste dans tout cet exercice, c'est qu'on n'aurait jamais dû avoir besoin de la modification. Toutes sortes de raisons ont été avancées pour justifier que le projet de loi original présente un problème qui pouvait rendre les prêteurs responsables de la décontamination d'un lieu après un déversement nucléaire. En vérité, c'était un bête oubli de la part des bureaucrates qui avaient rédigé le projet de loi, un bête oubli coûteux, car il a coûté des millions de dollars au secteur nucléaire, en retards et/ou en pertes potentielles de financement national ou international.
Je préconise depuis longtemps que l'on apporte un simple changement à la Chambre pour éviter cela. J'en ai parlé encore et encore au cours des neuf dernières années. Nous avons ici des comités multipartites qui peuvent examiner des questions et qui, si nécessaire, peuvent appeler à comparaître les meilleurs experts au monde. Une fois que le comité a entendu tous les témoins et obtenu une bonne connaissance et une bonne compréhension des questions, le gouvernement pourrait lui demander de rédiger la modification ou le projet de loi avant que celui-ci ne soit présenté à la Chambre, avec l'aide des experts du ministère de la Justice, des bureaucrates et des membres du comité. Ainsi, nous ne nous serions jamais trouvés dans une situation comme celle-ci.
Au lieu de cela, les comités passent des jours, des semaines, des mois, voire parfois des années à examiner des questions. La loi sur les espèces menacées et celle sur les techniques de procréation n'en sont que deux exemples. Nous passons des mois à étudier et à écouter les meilleurs spécialistes qui viennent nous parler. Puis, une bureaucratie sans nom ni visage rédige les projets de loi en ne tenant aucun compte des témoignages et de l'expertise présentés au comité.
Il ne devrait pas en être ainsi. Ce n'est pas ainsi que l'on devrait procéder. Les choses ne se passeraient pas de la sorte si le gouvernement s'employait avec sérieux à servir au mieux les intérêts des Canadiens. J'ose espérer que, un jour, les choses changeront dans ce sens. Mais, à voir la façon dont on procède ici, j'ai l'impression que, même lorsque nous ne serons plus là, le problème persistera encore et longtemps après. Je reviendrai là-dessus tout à l'heure, mais je constate, depuis neuf ans de présence à la Chambre, que l'expression «plus ça change, plus c'est pareil» est indiquée. J'ai l'impression que ça ne marche que comme ça, dans cette Chambre.
Les embarras actuels du gouvernement découlent d'un autre incident embarrassant impliquant les autorités chargées de la réglementation de l'énergie nucléaire. De graves problèmes de sécurité concernant les réacteurs nucléaires d'Ontario Hydro avaient été observés, problèmes dont les autorités canadiennes de réglementation de l'énergie nucléaire auraient dû être informées et sur lesquels elles auraient dû intervenir pour y remédier. Mais c'est plutôt un consultant américain engagé par Ontario Hydro qui a découvert le problème et qui a fait arrêter depuis nombre de réacteurs d'Ontario Hydro.
Pour combler les lacunes de la réglementation en vigueur, nous avons entrepris, il y a deux ans, de restructurer l'administration canadienne chargée de la sûreté et de la réglementation nucléaires. Le projet de loi C-57 vise à modifier la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, notamment le paragraphe 46(3), pour régler le problème, un problème dont les rédacteurs du projet de loi auraient dû tenir compte à l'époque.
Le paragraphe 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires empêche les propriétaires et les occupants d'une centrale nucléaire canadienne d'obtenir des financements par emprunts. C'est là un obstacle de taille à tout investissement canadien ou étranger dans l'industrie nucléaire au Canada, qui se retrouve ainsi considérablement désavantagée par rapport à ses concurrents étrangers. La raison est que la loi autorise la Commission canadienne de sûreté nucléaire à tenir une audience publique lorsqu'elle a des motifs de croire qu'il y a contamination dépassant le seuil réglementaire dans un lieu donné. À l'issue de cette audience, si la Commission est convaincue qu'il y a effectivement contamination, elle peut:
...ordonner au propriétaire ou au responsable du lieu, ou à toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.
Ce paragraphe signifie qu'il existe une responsabilité illimitée en matière de décontamination de l'environnement pour quiconque a un intérêt reconnu en droit dans une installation ou un terrain contaminé. Cette disposition comprend les prêteurs hypothécaires et autres porteurs de valeurs. Elle est exclusive à l'industrie nucléaire. Elle ne figure dans aucune autre mesure législative fédérale ou provinciale.
Le paragraphe 46(3) va jusqu'à rendre responsables des coûts de nettoyage des investisseurs passifs comme les titulaires de fonds communs de placement, les actionnaires privés et des prêteurs comme les banques. Il est facile de comprendre pourquoi l'industrie nucléaire a eu tant de difficulté à obtenir du financement depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, il y a deux ans.
Le paragraphe 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires va bien au-delà du principe de responsabilité de la common law et des dispositions figurant dans les mesures législatives provinciales et fédérales. Dans toutes ces autres lois sur l'environnement, les prêteurs et porteurs de valeurs ne sont pas exposés à de tels niveaux de responsabilités, à moins qu'ils ne se prévalent de leur garantie et qu'ils assument l'administration et la responsabilité des biens garantis.
J'ai de la difficulté à croire que les auteurs du projet de loi initial n'aient pu prévoir cette complication dans la loi actuelle. Les problèmes inhérents à cette mesure législative sont manifestes. On m'a dit que le libellé original visait peut-être les sites laissés à l'abandon, c'est-à-dire les cas où des sociétés exploitant des installations, habituellement des mines, ont fait faillite et ont négligé de restaurer le site, laissant au gouvernement fédéral et provincial la responsabilité d'assurer le nettoyage.
Cette explication me semble curieuse. Si cette situation a cours presque exclusivement dans l'industrie minière, pourquoi le gouvernement adopterait-il cette disposition paralysant l'industrie nucléaire? Comme nous l'avons vu, il arrive que les problèmes les plus évidents ne soient pas relevés par le gouvernement libéral tant qu'ils n'ont pas acquis un assez grande importance pour que celui-ci soit forcé d'agir.
La façon de mettre les fonds publics à l'abri des sociétés qui déclarent faillite, qui disparaissent ou qui abandonnent leur responsabilité en cas de réclamation consiste à demander dans le cadre du processus d'octroi de permis une caution suffisante pour régler les coûts du nettoyage si jamais cette société devient insolvable.
Quand on pense aux ramifications du paragraphe 46(3), on comprend facilement pourquoi les banques et les investisseurs possibles rejettent l'idée d'investir dans l'industrie nucléaire canadienne. Après tout, quelles banques ou institutions prêteuses imposeraient à leurs actionnaires ce genre de garantie?
Le libellé modifié que renferme le projet de loi mettrait la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires sur le même pied que les autres lois environnementales. Le fait de remplacer le passage «personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu» par «personne en ayant l'administration et la responsabilité» ferait en sorte que la décontamination demeure la responsabilité du propriétaire ou du producteur qui occupe l'installation nucléaire. On éviterait ainsi de charger les investisseurs du secteur privé et leurs clients d'une incertitude et de les exposer à des coûts énormes de décontamination.
L'Alliance canadienne appuie la participation du secteur privé au financement de l'industrie nucléaire, afin de maintenir au plus bas celle du gouvernement et de la population. Je déplore depuis longtemps la situation conflictuelle dans laquelle se trouve le gouvernement canadien, qui agit à la fois comme point de vente de la technologie nucléaire du Canada et unique responsable de la recherche et de la réglementation de l'industrie nucléaire au Canada. À cause de cette situation, nous pourrions en arriver à compromettre la sécurité et la réglementation en favorisant l'aspect commercial de l'industrie. J'ai déjà parrainé un projet de loi d'initiative parlementaire visant à répartir la responsabilité entre différents ministres et ministères.
L'Alliance canadienne est également d'accord pour qu'on réduise les obstacles à la compétitivité du secteur privé à une époque où il faut prendre en compte toutes les formes plus propres de carburants. Si l'énergie nucléaire doit être l'une des sources d'énergie sur lesquelles le Canada doit miser, il faut voir à ce qu'elle soit sur un pied d'égalité avec les autres industries énergétiques du Canada. Je ne suis pas convaincu que l'énergie nucléaire soit la solution aux problèmes de pollution atmosphérique, mais il faudra revenir là-dessus au cours d'un autre débat.
Je suis d'accord pour permettre à l'industrie nucléaire d'attirer des investisseurs et, par conséquent, de prendre des décisions au titre d'investissements et de plans pour le développement futur de l'industrie, tant au Canada qu'à l'échelle internationale. À l'instar de nombreuses industries du secteur énergétique, l'industrie nucléaire a besoin d'un énorme financement pour demeurer viable. Pour demeurer stable et attirer les investissements du secteur privé, cette industrie doit être en mesure de faire des plans à long terme qui soient exacts. La poursuite de l'incertitude quant à la disponibilité du financement pourrait mettre en péril non seulement les retombées financières considérables d'un tel investissement pour les fabricants canadiens du secteur nucléaire mais aussi l'emploi de milliers de travailleurs canadiens.
L'adoption de l'amendement est essentielle pour la revitalisation du secteur de l'électricité en Ontario. Comme cet amendement est conforme à la politique de l'Alliance canadienne, nous appuierons l'adoption du projet de loi. Toutefois, nous désapprouvons la façon de procéder du gouvernement qui prend la Chambre en otage pour le faire adopter en toute hâte. Rien ne justifie que cet amendement n'ait pas été présenté il y a un mois. Il aurait pu franchir tout le processus et être adopté avant la fin de la session parlementaire.
Le gouvernement doit être dans l'embarras pour se sentir obligé de retarder l'adoption d'un amendement si important concernant un projet de loi qu'il a lui-même présenté. Il craint peut-être que les Canadiens ne se rendent compte qu'il s'agit encore une fois d'une tentative des libéraux pour camoufler une incompétence mal avisée. Les Canadiens méritent mieux que cela.
:
Madame la Présidente, le projet de loi C-57 qui modifie la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires a été présenté en première lecture vendredi dernier. Aujourd'hui, nous sommes mardi; cela ne fait que deux jours ouvrables. C'est rapide.
Nous n'avons pas été informés de toutes les intentions du gouvernement, mais cela peut nous paraître assez simple aussi, étant donné que ce n'est pas un projet de loi très volumineux.
Ce projet de loi semble assez simple, mais quand on y réfléchit, il faut se renseigner pour pouvoir l'étudier plus avant. Heureusement qu'on a Internet qui fonctionne jour et nuit; j'ai fais des recherches sur la question du nucléaire hier soir et une partie de la nuit. Je n'ai pas de texte écrit mais je vais procéder petit à petit.
Le projet de loi ne fait qu'une page; il ne comprend qu'un petit paragraphe. Dans l'ancienne loi, on disait au paragraphe 46(3), et je cite:
En outre, elle peut ordonner au propriétaire ou au responsable du lieu, ou à toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.
On remplace «au responsable» par «à l'occupant» et «ayant un intérêt reconnu» par «en ayant l'administration et la responsabilité». On limite donc passablement la responsabilité des financiers dans ce dossier.
On a déjà établi le projet de loi et normalement ce serait simple. Cela me fait penser à Cyrano de Bergerac que je cite en paraphrasant:
«Ah non, c'est un peu court, jeune homme! On pouvait dire aux dieux bien des choses, en somme, en variant le ton par exemple.
«Tenez, curieux: Mais qu'est-ce que cache cette simplicité en apparence inoffensive?
«Craintif: Il y a donc des risques si les financiers ne veulent pas s'engager.
«Cavalier: Ah, c'est privé. On ne devrait pas s'en occuper et laisser aller.
«Interrogatif: Peut-on se passer du nucléaire?
«Affirmatif: Le nucléaire n'est pas une solution à l'effet de serre.
«Prévoyant et prévenant: Investissez dans les énergies renouvelables, vous n'en serez que mieux portants.»
Effectivement, l'argumentaire du ministre et du promoteur est assez simple aussi, ne se basant que sur les aspects financiers. De par ma profession de comptable, à maintes reprises j'ai eu l'occasion d'évaluer des risques financiers. Souvent, les risques financiers se limitaient à l'argent investi ou prêté dans une entreprise.
Il n'y a pas que les centrales nucléaires dans la question du nucléaire; il n'y a pas que des entreprises ou des participations privées dans les centrales nucléaires. Mais depuis que cet article de loi existe, c'est la première fois, me dit-on, qu'on en parle. On me dit que cela fait deux ans qu'on travaille là-dessus. Deux ans pour travailler sur cet article de loi, c'est relativement long. Par contre, quand le premier projet de loi a été présenté dans son intégrité, lorsqu'il a été étudié, quelle était la valeur du paragraphe 46(3)?
Il faut se poser la question. On me dit que personne n'est intervenu sur cet article. Mais par contre, on peut nous laisser sous-entendre qu'il y avait une intention définie de ne pas aller vers la privatisation du nucléaire. C'est la question la plus pertinente que l'on doit se poser.
Le principal utilisateur et propriétaire des centrales nucléaires, c'est l'Ontario. Elle en a 20. L'Ontario Power Generation, anciennement Hydro-Ontario, en était propriétaire et accumulait des pertes assez importantes. Elle devait investir des sommes colossales pour faire en sorte que cela fonctionne. D'assez nombreux arrêts et des risques de problèmes assez importants sont survenus. Cela continue ainsi et le domaine nucléaire, c'est le domaine nucléaire. On prétend que c'est une solution aux gaz à effet de serre, mais d'après moi, ce n'est pas le cas.
On voit donc que le ministre veut évidemment que le secteur privé s'investisse dans le domaine. Je cite son précis d'information. Il dit:
Comme les gouvernements favorisent une participation accrue du secteur privé dans la propriété et l'exploitation d'installations dans tous les secteurs de l'énergie [...]
On présume qu'il a aussi favorisé le domaine nucléaire pour ce qui est du secteur privé. Cela concerne évidemment notre ministre des Ressources naturelles. Il répond à plusieurs questions posées de façon à faire en sorte qu'on puisse partager d'emblée ses conclusions.
Cependant, il y a aussi le promoteur. C'est un promoteur qui en fait la demande et qui a poussé la demande parce que les fonds n'étaient pas versés par l'entreprise prêteuse. Les points de la politique gouvernementale que ce promoteur prend en considération sont les suivants. Il nous dit que les dispositions actuelles de l'article 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires empêchent les propriétaires et exploitants de centrales nucléaires d'avoir accès aux marchés financiers et au fonds de financement par emprunt. Les grandes banques canadiennes ont refusé de financer les centrales et ont officiellement indiqué au ministre des Ressources naturelles l'article 46(3) comme motif de refus.
J'attire encore l'attention de ceux et celles qui nous écoutent. D'une façon générale, on dit que la législation a des conséquences négatives sur la capacité de l'entreprise privée d'investir dans les centrales nucléaires au détriment du développement futur de l'industrie nucléaire canadienne.
Il s'agit là d'un élément important. On dit que c'est au détriment du développement futur de l'industrie nucléaire canadienne. De quoi s'agit-il? Veut-on vraiment aller de l'avant de façon encore plus intense dans le développement de l'industrie nucléaire canadienne?
On peut encore se poser la question, à savoir si c'est la meilleure façon de fonctionner. On sait très bien que ce n'est pas la meilleure façon de fonctionner en ce qui concerne les gaz à effet de serre. On pourra évidemment y revenir tout à l'heure.
On dit que cela présente également une anomalie, qu'il n'existe pas d'autres dispositions similaires dans d'autres lois fédérales ou provinciales sur l'environnement. Dans les autres lois sur l'environnement, la responsabilité de la réparation des dommages causés à l'environnement incombe aux propriétaires, aux occupants ou à ceux qui assument la gestion ou le contrôle du lieu contaminé. Les bailleurs de fonds et les détenteurs de titres ne s'exposent pas à la responsabilité environnementale à moins qu'ils n'exercent leurs droits sur les titres et n'assument la gestion et le contrôle de l'actif garanti.
Si on prend possession des lieux à un moment donné parce qu'on a un emprunt, on va évidemment devenir responsable. Concernant ce lien de responsabilité dans le domaine nucléaire, il y a d'après moi des dangers beaucoup plus importants que dans les autres sources d'énergie. On sait que dans le domaine de l'essence et du pétrole, on envoie les contaminants de façon éhontée dans l'atmosphère. Cependant, en ce qui concerne le secteur nucléaire qui nous donne de l'énergie et de l'électricité, on le dit propre. Toutefois, on sait qu'il y a énormément de déchets et de risques dans les opérations, dans la gestion et, automatiquement, beaucoup de risques en termes de contamination. On sait également que concernant la gestion des déchets, on a parlé dernièrement de la Loi sur la gestion des déchets nucléaires.
Vous savez qu'on n'était pas encore en accord avec la façon dont cela était fait. Maintenant, on se dit que le débat n'a jamais eu lieu sur la pertinence de continuer à développer le nucléaire au Canada et au Québec. Au Québec, ce n'est pas un réel problème, parce qu'il y a l'hydroélectricité, et probablement que dans un avenir relativement rapproché, on ne fera même plus appel au nucléaire.
On dit aussi que les modifications législatives proposées ne diminueront pas le pouvoir de la Commission de contrôle de l'énergie atomique d'exiger des propriétaires et exploitants de centrales nucléaires qu'ils déposent une garantie adéquate pour la protection de l'environnement, du fait qu'elle conservera son rôle dans l'octroi de licences aux centrales nucléaires.
Évidemment, il ne s'agit pas tout à fait de la même chose. Il y a bien sûr des montants d'argent ou des garanties qui peuvent être déposés. Cependant, on s'aperçoit donc que le gouvernement veut favoriser le développement du nucléaire par le secteur privé, et ce, de plus en plus.
Le principal argument du gouvernement, c'est que la Commission canadienne de sûreté nucléaire sera encore omniprésente et exercera l'ensemble des contrôles. Si on surprend quelqu'un à posséder des lieux contaminés, elle obligera ces gens à régler ce problème.
On se rappelle tous que la Commission de contrôle de l'énergie atomique a été établie en 1946. C'est peu après la tragédie de Hiroshima. Déjà là, des craintes importantes se sont installées et ont fait en sorte de favoriser le contrôle efficace de l'énergie atomique et des centrales nucléaires, bien sûr.
Le rôle de la Commission est de réglementer l'industrie nucléaire au Canada, de manière telle que le développement et l'utilisation de l'énergie nucléaire ne posent pas un risque inacceptable pour la santé, la sécurité, la sûreté et l'environnement. Son mandat est aussi de contrôler l'importation et l'exportation de substances, d'équipements et de technologies nucléaires réglementés et d'aider le Canada à s'acquitter de ses obligations intérieures et internationales en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
À cet égard, le plutonium dont on se sert pour faire des armes atomiques—nous dit-on—provient principalement de centrales nucléaires exploitées par le civil.
On sait que pour bon nombre de Canadiens, les réacteurs CANDU exploités par les services publics d'électricité constituent l'exemple le plus frappant d'installations nucléaires. Ainsi, quand on parle ici de financement par les entreprises financières d'installations nucléaires, il ne s'agit pas seulement de réacteurs, on le sait, mais, dans l'esprit de la population, il s'agit principalement de cela.
Il est certain qu'il y a toutes sortes d'éléments dans la recherche. On en a plusieurs. Il y a les traitements d'uranium, évidemment; il y a aussi les réacteurs de recherche; il y a les établissements de recherche et d'essais nucléaires; il y a les grands irradiateurs; et il y a aussi, évidemment, les armes nucléaires, en bout de ligne. On sait qu'on doit aussi travailler sur la non-prolifération nucléaire. Cependant, il y a toujours une crainte qui peut perdurer dans l'esprit des gens concernant tout cela.
Les propos d'une ancienne présidente de la Commission de contrôle de l'énergie atomique nous apprenaient qu'il n'appartenait pas à la Commission de contrôle de l'énergie atomique de prendre des décisions quant au choix d'utiliser ou non l'énergie nucléaire au Canada. Elle disait aussi: «Toutefois, notre rôle commence une fois que la décision a été prise — et ne prend fin que lorsque l’installation a été déclassée conformément aux exigences réglementaires.»
On sait que le gouvernement veut agir rapidement. D'ailleurs, il l'a démontré: première lecture vendredi, deuxième lecture aujourd'hui, en comité probablement très rapidement, et troisième lecture avant la fin de la session.
Quand on dit qu'il n'y a pas eu de mise à jour en termes de volonté, à savoir si on devait continuer ou non dans le nucléaire, d'après moi, la question est pertinente. Il ne s'agit pas seulement d'essayer d'allonger le débat ou de nuire à des intérêts financiers. Ce qui existe à l'heure actuelle devra, probablement, exister encore pendant un certain temps. Les lois de la finance veulent qu'on amortisse nos biens, mais on sait que si on amortit nos biens on crée des déchets nucléaires dangereux, et ce, de plus en plus. On fait abstraction de cela, on n'y pense pas, mais c'est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous.
Dans mes recherches, j'ai regardé ce qui faisait qu'aujourd'hui, le privé est de plus en plus présent et sera de plus en plus présent dans le secteur nucléaire. La raison est la déréglementation du secteur de l'électricité. C'est le cas pour Hydro-Ontario, avec la volonté du gouvernement provincial de déréglementer le marché de l'électricité. On en a amplement parlé et le phénomène n'est pas nécessairement limité à l'Ontario.
La déréglementation des marchés de l'électricité se produit un peu partout dans le monde occidental. Toutefois, l'Ontario a été la première province au Canada à adopter la Loi sur la concurrence en matière d'énergie, en 1998. Cette loi sert à restructurer le marché de l'électricité et le service public d'électricité. On sait que l'Ontario possède 20 centrales nucléaires pour la production d'électricité et commence à s'en départir. Je crois qu'il y en a quatre à Bruce Power.
J'ai lu également les rapports de la Ontario Power Generation. On s'aperçoit qu'il y a eu des pertes importantes. Pour les trois premiers mois de 2002, il y a eu 217 millions de dollars de pertes. C'est important.
On se demande alors pourquoi, lorsqu'une organisation a des pertes, se départit-elle d'actifs—c'est une forme de location, bien sûr—de la gestion ou du contrôle sur des actifs pour les donner à l'entreprise privée. Dans un premier temps, il y a des sommes d'argent importantes; on peut le voir dans les états financiers. Des sommes d'argent passablement importantes sont versées à la Ontario Power Generation.
Par contre, on peut se questionner sur la viabilité de la compagnie privée qui va diriger cette centrale nucléaire. On sait ce qu'est l'entretien ou la gestion de ces centrales, les procédures d'urgence et le contrôle. S'il y a de la décontamination, c'est encore plus évident. Dans des situations où des entreprises ont de la difficulté à vivre, comment feront-elles pour avoir des profits? Pour une entreprise qui n'a pas de profit, à un moment donné, cela peut représenter des risques potentiellement énormes.
Je vous ferai grâce d'un autre rapport que j'ai consulté. On s'aperçoit que chez les promoteurs, les gens sont vraiment productifs sur le plan des discours. Ils faisaient la promotion de la Ontario Power Generation pour le transfert des différents équipements afin de pouvoir les gérer eux-mêmes. D'ailleurs, je crois qu'une centrale ou deux ne sont pas en service actuellement; elles ne sont pas conformes aux réglementations de la commission.
Plus tôt, j'ai posé une question: peut-on se passer du nucléaire? C'est la question fondamentale qu'il faudrait se poser. En modifiant l'article, dans les faits, on donne à l'entreprise privée la gestion de plus en plus importante des centrales nucléaires. À ce moment-là, si on veut faire en sorte que les centrales se développent et que l'entreprise privée investisse de plus en plus, va-t-on devenir à un moment donné le producteur de centrales nucléaires aux fins de revendre de l'électricité aux États-Unis, qui manquent de plus en plus d'énergie? Si les centrales nucléaires appartenant au secteur privé sur le territoire canadien prolifèrent, cela produit également de plus en plus de déchets.
Je demandais si on pouvait se passer de l'énergie nucléaire. Je pense que oui. Tout est dans la façon de poser le problème. L'unique question qu'on doit se poser c'est la suivante: le domaine nucléaire est-il acceptable ou non? S'il l'est, je serais même pour l'ensemble du domaine nucléaire. Cependant, comme tous les gens qui ont étudié sérieusement la situation, j'estime que le domaine nucléaire est inacceptable, principalement à cause du risque d'accidents majeurs.
Bien sûr, dans nos sociétés modernes, nous devons bien accepter certains risques. On ne va pas arrêter de prendre le transport aérien parce qu'un avion s'est écrasé. Les gens prennent donc des risques. Cependant, dans ce cas-ci, les banques ne veulent pas prendre de risques. C'est donc dire qu'un risque énorme est relié aux centrales nucléaires.
Le risque nucléaire est incomparable à tous les autres. Il est totalement disproportionné. Un accident nucléaire, c'est une immense région évacuée pour des siècles et des milliers d'enfants souffrant de malformations pour des générations.
Tout à l'heure, j'ai parlé de l'autre problème relié à l'enfouissement des déchets radioactifs. Si c'est vraiment sans danger, pourquoi vouloir les entreposer dans des régions presque désertes? Pourquoi pas à proximité des grandes villes? Nous souhaitons que l'ensemble des citoyens soient assez informés pour se poser la question. Le nucléaire est-il acceptable ou non? Personnellement, j'estime que la réponse est non. En ce qui concerne la population, la réponse serait également non.
De plus, tout à l'heure, je posais la question suivante: le nucléaire est-il également une solution à l'effet de serre? On répète sans cesse que l'énergie nucléaire est une des meilleures, voire la seule solution réelle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'industrie nucléaire ne ménage pas ses efforts pour être intégrée aux négociations post-Kyoto. L'exploitation des réacteurs nucléaires est présentée comme une action d'évitement qui devrait être prise en considération dans les mécanismes de flexibilité, par exemple pour les échanges de permis d'émissions et les mises en oeuvre conjointes de mécanismes de développement propre au même titre que l'énergie éolienne, le domaine solaire et l'hydro-électricité.
Cette tentative apparaît aujourd'hui pour ces promoteurs comme la dernière chance de relancer le domaine nucléaire, qui n'a pas connu l'expansion annoncée par les pionniers et connaît même ses premiers signes de déclin.
En 1974, l'Agence internationale de l'énergie atomique prévoyait une fin de siècle nucléaire avec une capacité mondiale équivalente à 4 450 réacteurs de mille mégawatts. Fin 1999, la même agence ne recensait que 433 réacteurs nucléaires en service dans le monde, soit 8 p. 100 seulement de ses prévisions.
Le nucléaire n'est exploité que dans 32 pays. En 1999, il n'a produit que 7,5 p. 100 de l'énergie primaire commerciale dans le monde, très loin derrière les ressources fossiles comme le pétrole, le charbon et le gaz naturel, qui ont respectivement produit 40, 25 et 25 p. 100. Il représente 17 p. 100 de l'électricité commerciale, mais seulement 2,5 p. 100 de la demande d'énergie finale de la planète
En 2000, on ne retrouve aucun réacteur en construction, commandé ou même planifié en Amérique du Nord ou en Europe de l'Ouest. La dernière commande non annulée par la suite remonte à 1973, aux États-Unis, et à 1980, en Europe, à l'exception de la France où le dernier chantier s'est ouvert en 1993.
Le déclin commence à s'observer au niveau mondial. Le Parc nucléaire a perdu sept unités par rapport à son record historique de 440 réacteurs en service, atteint en 1997. Et les perspectives de reprise sont maigres. La plupart des 38 réacteurs en construction, recensés à l'AIEA à la fin de 1999, sont situés en Europe de l'Est en ex-URSS.
Ce bilan n'empêche pas les partisans du nucléaire de bâtir des scénarios très volontaristes de relance du nucléaire, où la question du changement climatique joue un rôle crucial pour influencer les décideurs.
Ainsi, l'Agence de l'énergie nucléaire de l'OCDE a développé, au début de 1999, trois scénarios pour la période 2000-2050. Si le premier est celui d'une extinction du nucléaire à l'horizon, soit 2045, les deux autres prévoient au contraire soit une poursuite du développement, soit un déclin suivi d'une reprise qui aboutissent à la même capacité installée de 1 120 mégawatts dans le monde en 2050. Contradictoire avec les perspectives à court terme, la réalisation de ces scénarios impliquerait un effort de construction jamais atteint auparavant.
L'argument généralement utilisé par le lobby nucléaire est la comparaison directe des émissions de gaz à effet de serre d'un réacteur avec une centrale au charbon. Les chiffres très favorables obtenus sont trompeurs. En particulier, la comparaison doit couvrir toutes les alternatives: le gaz qui constitue aujourd'hui l'essentiel des nouvelles capacités installées en Europe et produit 1,5 à 2 fois moins de gaz à effet de serre que le charbon, mais aussi les autres sources d'énergie et l'efficacité énergétique.
Les centrales nucléaires, l'énergie nucléaire sont en déclin. C'est évident. Maintenant, il y a des choses que nous, au Bloc québécois, voudrions quand même souligner. Dans la mesure où le débat doit être lancé sur la pertinence du fait que le Canada continue à investir et s'acharner à produire des énergies avec le nucléaire, il y a des alternatives importantes.
Si on se penche sur les investissements qu'a faits le gouvernement canadien dans le passé, concernant les autres sources d'énergie, on s'aperçoit que les subventions directes du gouvernement fédéral, versées depuis 1970 pour l'énergie pétrolière sont de 66 milliards de dollars; le nucléaire représente six milliards de dollars; les énergies renouvelables représentent seulement 329 millions de dollars.
Imaginez ce que peuvent représenter 66 milliards de dollars qui auraient été investis dans l'énergie éolienne, dans l'énergie solaire. Aujourd'hui, probablement qu'on ne se poserait même pas la question. On sait que l'ensemble des centrales nucléaires au Canada représentent à peu près 16 000 à 17 000 mégawatts. Cependant, quand on regarde ce qui se fait présentement dans le domaine de l'énergie éolienne, on s'aperçoit que c'est aussi—je fais une parenthèse, mais je pourrai y revenir—une source énorme de création d'emplois.
L'énergie éolienne est en plein essor dans le monde. Depuis les six dernières années, l'industrie de l'énergie éolienne a connu une croissance annuelle moyenne de 30 p. 100. L'Allemagne est le pays qui opte le plus pour cette forme d'énergie, avec 40 fois plus de puissance installée que le total canadien. À elle seule, l'Europe possède presque 75 p. 100 des éoliennes du monde.
À l'heure où on se parle, la puissance éolienne installée est de 24 471 mégawatts, au chapitre des pays qui produisent de l'énergie éolienne. De ce nombre, le Canada compte présentement 207 mégawatts.
Je reviens sur l'aspect de la création d'emplois. On dit aussi que le Department of Energy des États-Unis affirme que l'énergie éolienne crée plus d'emplois par dollar investi que n'importe quelle technologie. C'est plus de cinq fois que dans le cas de l'énergie thermique-charbon et le nucléaire.
Regardons les emplois créés par l'industrie éolienne européenne: en 1996, pour la production de 3 500 mégawatts, les emplois personnes-années créés étaient de 72 000. Est-ce que des investissements du même ordre dans l'énergie nucléaire pourraient avoir ce même effet? J'en doute énormément.
Pour l'année 2000, pour 8 000 de capacité installée en mégawatts, 512 000 emplois personnes-années ont été créés. Dans les prévisions pour 2020, avec 100 000 mégawatts installés, ce serait 2,4 millions d'emplois directement reliés à l'énergie éolienne.
Le programme fédéral, vous le savez, est très maigre. Le budget fédéral de décembre 2001 a introduit un incitatif pour la production d'énergie éolienne: 1,2¢ du kilowattheure pour les projets mis sur pied dès 2002; 1,1¢ du kilowattheure pour 2003, et ainsi de suite jusqu'à 0,08¢ du kilowattheure en 2007. Le gouvernement fédéral est loin de l'aide de 2,7¢ du kilowattheure consentie aux États-Unis. De plus, ce programme ne dispose que d'une enveloppe globale de 260 millions de dollars sur 15 ans, soit 17 millions par année. Ce n'est même pas de quoi construire 15 éoliennes par année.
Au lieu de se poser des questions, d'essayer d'inciter l'entreprise privée à investir dans l'énergie nucléaire, alors qu'on a investi près de 66 milliards de dollars dans l'énergie pétrolière et six milliards minimum dans l'énergie nucléaire depuis 1970, soit depuis une trentaine d'années, on peut imaginer l'effort qu'il serait possible de faire, surtout dans un contexte de surplus budgétaires importants. Si on se réfère au Québec, la Gaspésie, entre autres, serait un endroit propice pour le développement éolien. Si on ne souffrait pas de déséquilibre fiscal au Québec, peut-être pourrait-on aussi investir dans ces sources d'énergie, compte tenu de la tiédeur et de la timide volonté du gouvernement fédéral d'investir dans l'énergie éolienne.
Le Bloc québécois propose la mise sur pied d'un programme fédéral d'investissement dans l'industrie éolienne d'une valeur de 700 millions de dollars sur cinq ans. Ce montant est équivalent, sur une base per capita, à l'aide fédérale consentie à Terre-Neuve pour le projet Hibernia. Le gouvernement fédéral en a les moyens, comme en témoignent ses surplus de 9,8 milliards de dollars pour l'année budgétaire 2001-2002.
L'objectif est de créer une capacité éolienne d'au moins 1 000 mégawatts au Québec, principalement dans la région de la Gaspésie. Pour réaliser cet objectif, il est nécessaire de développer une industrie éolienne forte. Une telle capacité installée aurait le potentiel de créer au bas mot 15 000 emplois. C'est pourquoi le programme sera destiné à l'implantation d'usines de fabrication de composantes éoliennes.
On voit quand même la relation d'une simple possibilité d'investissements privés dans le nucléaire. Donnons aussi la possibilité financière aux énergies renouvelables de façon à se détacher de plus en plus, dans le futur, de l'énergie nucléaire pour faire en sorte que les générations futures ne soient jamais, au grand jamais, obligées de faire face à des catastrophes pouvant se produire n'importe quand.
Je le dis encore. Je ne vise personne mais je l'ai dit au début de mon propos: le plutonium qui sert à faire des bombes atomiques provient principalement de centrales nucléaires civiles, là où il y a des intérêts financiers. C'est strictement une mise en garde. Par contre, essayons d'imaginer si on continue le programme.
C'est pourquoi le programme serait destiné à l'implantation d'usines de fabrication de composantes éoliennes. Le projet devrait absolument comporter un contenu local et un aspect structurant pour l'industrie régionale. Donc, on voit ce qui se produit pour la région. C'est certain la région a été affectée au plan économique. Au point de vue énergétique et en ce qui concerne la création d'emplois, il existe maintenant des possibilités énormes.
Je reviens quand même sur mes premières idées de base. Je crois que si les bailleurs de fonds trouvent cet investissement trop risqué, il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement pour la société.
On croit que les risques reliés à l'énergie nucléaire demandent des règles plus serrées que pour tous les autres types d'énergie. On croit également que le gouvernement devrait plutôt consacrer ses efforts à développer des énergies propres comme l'énergie éolienne. Sur le plan énergétique, le Bloc québécois demande également avant tout la ratification du Protocole de Kyoto.
Pourquoi changer un article qui, d'après moi, visait fondamentalement à contrer l'investissement privé dans le domaine nucléaire? On sait très bien que le risque relié à l'énergie nucléaire augmente avec l'usage. Si, par l'entremise de l'entreprise privée, le gouvernement veut inciter une plus grande production encore d'énergie nucléaire, je crois que ce n'est pas la solution préconisée pour les gaz à effet de serre. C'est faux de penser que le domaine nucléaire a lui seul des effets positifs sur les gaz à effet de serre. L'énergie éolienne pourrait très bien le remplacer et aurait des retombées économiques beaucoup plus intéressantes que les investissements dans l'énergie nucléaire qui comporte de trop grands risques pour y investir de façon aussi considérable.
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Madame la Présidente, j'ai écouté très attentivement les observations de notre collègue sur la modification législative proposée dans le projet de loi C-57.
Mes collègues d'Athabasca et de Sherbrooke et, même s'il n'est pas encore intervenu, mon collègue de Windsor--St. Clair, ont parlé longuement d'un certain nombre de politiques gouvernementales dans le domaine nucléaire et de l'importance de diverses mesures législatives touchant l'industrie nucléaire. Nous nous sommes entendus sur beaucoup de politiques. Je ne trouve rien à redire aux observations réfléchies de notre collègue de Sherbrooke, même si je m'attends à ce qu'en fin de compte, dans le cadre de ce vote, nous ne soyons probablement pas tout à fait d'accord. Cela ne diminue en rien l'importance de ce que le député de Sherbrooke a dit.
Le projet de loi C-57, Loi modifiant la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, est presque une mesure législative d'ordre administratif. Comme on l'a déjà dit, le problème avec les projets de loi d'ordre administratif présentés par le gouvernement est qu'il faut examiner tout le projet de loi, car ces mesures renferment toujours quelque chose de caché.
Dans ce cas-ci, je ne pense pas que ce soit le cas. Il s'agit d'une modification plutôt directe, qui n'a rien de compliqué, exprimée en quelques mots tendant à remplacer le paragraphe 46(3) de la Loi.
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes est intervenu plus tôt et nous a demandé d'adopter le projet de loi à toutes les étapes. Le Parti progressiste-conservateur est d'accord avec cela. Cependant, comme on l'a déjà dit et comme cela mérite d'être répété, c'est un peu trop à la dernière minute. Le gouvernement avait la chance de soumettre cette mesure et il ne l'a pas fait. Tout à coup, nous sommes saisis d'un projet de loi dans ces derniers jours de la session parlementaire.
Encore une fois, il faut adopter ce projet de loi de toute urgence à toutes les étapes. À cause du sujet, je suis d'accord, mais il convient de signaler que ce n'est pas la façon dont les projets de loi ou des modifications législatives devraient être présentés à la Chambre. Nous devrions être plus minutieux dans les projets de loi initiaux. Une partie du problème réside dans le fait que les mesures législatives adoptées par le gouvernement sont tout à fait bâclées et qu'il refuse catégoriquement d'apporter des modifications à des lois mal rédigées.
Aux termes du paragraphe 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, on peut interpréter cette mesure, sous sa forme actuelle, comme attribuant la responsabilité de la restauration du site nucléaire à un propriétaire, à un exploitant ou à toute personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu.
Il est évident que c'était une erreur qui aurait dû être rattrapée dans la loi initiale. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, ce qui fait que les banques ou autres institutions financières hésitent à consentir des prêts à des exploitants de centrales nucléaires par peur d'une éventuelle responsabilité en vertu de cet article. Le coût associé à la responsabilité pourrait être supérieur au financement consenti initialement à l'exploitant et avoir un effet négatif sur la situation financière de l'institution prêteuse. Cet article est sans précédent dans n'importe quelle loi canadienne.
Même avec les modifications, il est concevable qu'une institution prêteuse puisse être tenue responsable si elle est propriétaire du lieu. Si, pour une raison quelconque, le propriétaire initial fait face à une action en forclusion, alors l'institution prêteuse pourrait être tenue responsable. C'est une situation que les modifications ne prévoient pas.
La Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires autorise la Commission canadienne de sûreté nucléaire, soit l'agence de contrôle nucléaire, à enquêter afin de voir si un lieu déclassé fait l'objet de contamination nucléaire. En vertu du paragraphe 46(3), la Commission peut ordonner que des mesures soient prises afin de minimiser ou d'éliminer la contamination et que ces mesures soient prises promptement, comme il se doit. Toutefois, qui assume la responsabilité de la décontamination?
Mon collègue d'Athabasca a dit plus tôt que le paragraphe 46(3) de la loi initiale était en fait une disposition importée du secteur minier. Ce paragraphe ne visait pas réellement l'exploitation et le contrôle des réacteurs nucléaires. Il visait la régénération des sites miniers, le drainage minier acide et l'éventuelle contamination d'un site entourant une mine ou une fonderie par des bacs de décantation des résidus. Il y a des moyens d'aborder ces questions. Le paragraphe ne cherchait pas à entraver ou à contrôler l'action des financiers du secteur nucléaire.
Il ne s'agit pas de savoir si on est d'accord ou non avec l'énergie nucléaire. Et il n'est pas question de toutes les bonnes choses qui ont été dites un peu plus tôt au sujet de notre responsabilité, en tant que législateurs, d'explorer d'autres avenues et de créer d'autres possibilités pour l'énergie écologique, l'hydroélectricité, l'énergie solaire, l'énergie éolienne et l'énergie thermique. Il ne s'agit pas de cela.
Il est plutôt question de dégager l'organisme prêteur de toute responsabilité concernant la contamination nucléaire d'un lieu. L'organisme prêteur qui finance une station-service ayant besoin d'être nettoyée à la suite d'une fuite d'essence ou de diesel, par exemple, n'est pas tenue responsable de la contamination de l'endroit, et elle ne devrait pas l'être non plus. Cette modification qui est proposée n'a rien de compliqué.
La modification à la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires touche un certain nombre de questions. La possibilité que les organismes prêteurs soient tenus responsables de la décontamination d'un lieu empêche les centrales nucléaires d'obtenir du financement par emprunt. Les obstacles au financement font que les exploitants de centrales nucléaires ont plus de difficulté à concurrencer les exploitants de sources d'énergie non nucléaire, qui n'ont pas ces obstacles à surmonter. Par ailleurs, la modification vise les centrales nucléaires, qui sont capables de produire de l'électricité en émettant très peu de gaz à effet de serre.
Il importe peu que nous soyons partisans ou non de l'énergie nucléaire. L'énergie nucléaire est une réalité. Elle réduit les émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement tente de gagner la population à sa cause pour signer le protocole de Kyoto. Il y a tout lieu d'examiner les ententes issues de la conférence de Kyoto, et c'est au gouvernement qu'il revient de le faire. Puisque le Canada tente de respecter les engagements qu'il a pris en vertu de l'accord de Kyoto, il ne fait pas de doute que nous devrons nous tourner vers d'autres formes d'énergie, dont l'énergie nucléaire.
Le gouvernement n'a pas à mettre des bâtons dans les roues au secteur nucléaire ni à l'empêcher de fournir de l'énergie propre. Les déchets nucléaires demeurent un problème encore irrésolu. Tous les partis d'opposition à la Chambre ont voté contre le projet de loi C-27, Loi concernant la gestion à long terme des déchets de combustible nucléaire, parce qu'il était mal formulé, mal construit et peu soigné. Le gouvernement n'a pas réglé les problèmes d'entreposage à long terme inhérents au secteur de l'énergie nucléaire. Cependant, cela ne veut pas dire que nous ne devons pas approuver une petite modification au projet de loi qui permettrait aux exploitants de centrale nucléaire d'avoir accès à du financement par emprunt.
Je ne suis pas certain qu'il y ait dans le libellé original de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires l'intention législative d'étendre la responsabilité concernant la remise en état du site à des parties n'en ayant pas l'administration ou la responsabilité. Je crois cela sincèrement. Ce qui s'est produit en l'occurrence correspond parfaitement à ce qui est arrivé au sujet de l'entreposage de déchets nucléaires prévu dans le projet de loi C-27. Ce qui s'est produit, c'est qu'un projet de loi qui était censé être une simple mesure administrative devant apporter quelques correctifs mineurs a eu force de loi simplement parce que le parti ministériel dispose d'une vaste majorité et a un énorme ego. Il ne pouvait tolérer l'idée de devoir apporter des amendements fondés sur de bonnes intentions pour rendre meilleurs le projet de loi C-27 et celui dont nous sommes actuellement saisis. Le gouvernement a tout simplement rejeté les amendements proposés.
Sincèrement, la question n'est pas de savoir si les amendements sont bons ou mauvais. Elle vise à déterminer si, oui ou non, les libéraux ont placé leur majorité au sein du comité et s'ils ont rejeté l'amendement parce qu'il provient d'un parti de l'opposition. J'ai proposé au gouvernement libéral des amendements qui ont été rejetés en comité, mais que le gouvernement a ensuite proposés, mot pour mot, à la Chambre et qu'il a adoptés. Ce dont il est question, ce n'est pas d'adopter de bonnes mesures législatives. Ce dont il est question, c'est de l'ego monumental d'une majorité ministérielle qui n'a pas fait son travail.
Le prochain gouvernement qui sera porté au pouvoir devra revenir sur toutes les mesures législatives que son prédécesseur aura adoptées afin de les améliorer. Il n'aura pas à en changer chaque détail et chaque mot, mais il devra les améliorer.
La modification proposée à la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires dont nous sommes aujourd'hui saisis modifiera le libellé du paragraphe 46(3) afin de limiter la responsabilité de ceux qui ont «l'administration et la responsabilité» des lieux visés. Cela se substituera à la mention faite de «toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu», ce qui confère clairement la responsabilité de toute décontamination nucléaire à la personne ayant l'administration et la responsabilité du site. Certains se sont opposés à l'idée en faisant valoir que nous aidons ainsi les grandes banques et les grands financiers de ce monde. Cela ne les soustrait pas à cette responsabilité si, dans les faits, ils ont l'administration et la responsabilité du site.
Si une installation nucléaire privée, si des producteurs d'énergie nucléaire se trouvaient en difficultés au point de faire faillite et si les créanciers de cette installation en devenaient tout à coup les propriétaires ou les gestionnaires ou en prenaient le contrôle, ils en assumeraient la responsabilité, comme il se doit. C'est là une tout autre situation, et cette situation est prévue.
Toutefois, pour un simple établissement de crédit, pourquoi le gouvernement devrait-il contrarier et ennuyer le secteur nucléaire avec ce qui est, en fait, une disposition très étrange qui n'aurait tout bonnement jamais dû exister et qui n'existe que parce que le gouvernement n'a pas adopté un projet de loi clair, cohérent et judicieux, que ce soit dans ce cas ou dans n'importe quel autre cas?
Le Parti progressiste-conservateur appuiera cette modification législative parce qu'elle permettra aux exploitants d'installations nucléaires d'accéder au financement privé. C'est important pour un certain nombre de raisons. Il importe de permettre aux exploitants nucléaires d'être sur un pied d'égalité avec les producteurs et exploitants d'énergie électrique et il importe de respecter les autres lois environnementales. Il ne faut pas particulariser le secteur nucléaire comme s'il était en quelque sorte différent des autres. Nous avons une certaine responsabilité environnementale et une responsabilité environnementale certaine, je crois, qui devrait valoir également pour tous les secteurs. La modification clarifie la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires et limite, comme il se doit, la responsabilité des banques et des autres institutions financières qui financent des installations nucléaires.
En conclusion, je rappelle que ce débat ne porte pas sur les mérites de l'énergie nucléaire ou de l'énergie non nucléaire. Il concerne plutôt une modification qu'il aurait fallu apporter à la version originale de la loi, au libellé d'origine, et qui ne l'a jamais été. Il ne s'agit pas d'appuyer ou de ne pas appuyer les énergies alternatives. Nous préconisons tous la consommation d'une énergie propre, verte, quelle qu'en soit la source, et le recours à des solutions visant à réduire l'utilisation des énergies dites sales, soit la production pétrolière et, assurément, l'utilisation des centrales électriques à base d'énergies fossiles, notamment les hydrocarbures et le charbon. Des améliorations s'imposent dans de nombreux secteurs et il est de notre devoir d'y veiller. Il existe différentes sources d'énergie qui ne sont pas encore exploitées au Canada, soit l'énergie marémotrice, l'énergie éolienne et l'énergie des courants sous-marins. Comme quelqu'un l'a rappelé tout à l'heure, nous pouvons bien consacrer 66 milliards de dollars, à l'amélioration de notre consommation pétrolière. Nous avons déjà investi quelque 296 millions de dollars, si j'ai bien entendu, dans les énergies de remplacement. Mais c'est une grave erreur. Les priorités du gouvernement sont sens dessus dessous.
Je veux bien que nous nous intéressions de plus près à ces énergies de remplacement, mais tâchons entre-temps de ne pas étrangler le secteur de l'énergie nucléaire. Ce qui devrait n'atténuer en rien la responsabilité incombant au gouvernement de trouver une solution au problème posé par les déchets nucléaires, solution qu'il n'a pas encore trouvée, ni diminuer en quoi que ce soit la responsabilité du secteur nucléaire d'agir en excellent protecteur de la planète en parant à toute forme de contamination nucléaire et radioactive. Quoi qu'il en soit, pour ce qui concerne le projet de loi à l'étude aujourd'hui, il s'agit d'une toute petite modification dans le libellé et nous y sommes favorables. Elle s'est fait attendre, alors que nous sommes en fin de session, mais elle s'avère utile et le Parti progressiste-conservateur la fera sienne.
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Madame la Présidente, ce projet de loi est intéressant du fait qu'on le présente comme une légère modification visant à protéger des financiers. C'est en réalité une mesure qui permet au gouvernement libéral de se lier au gouvernement conservateur de l'Ontario pour camoufler l'erreur monumentale commise, il y a environ un an et demi, avec la privatisation de Bruce Power et de British Energy.
Toutefois, le projet de loi concerne l'avenir de l'industrie nucléaire en tant que productrice d'énergie au Canada.
Ces deux sujets sont très importants à court terme et pourraient l'être encore plus à long terme pour l'environnement au Canada. Il est donc vraiment scandaleux de laisser entendre, comme le gouvernement vient de le faire, qu'il ne s'agit que d'une mesure à adopter afin de régler un petit problème technique.
Regardons un peu ce qui s'est passé dans cette affaire de privatisation. Un gouvernement conservateur d'extrême droite a été élu en Ontario et, selon sa propre interprétation, il avait, entre autres mandats, celui de rationaliser le gouvernement. Examinant diverses façons d'y parvenir, il en a relevé une dans le secteur de la production d'énergie hydro-électrique et d'énergie en général.
On a entendu parler de certaines bévues commises par le gouvernement de l'Ontario dans sa tentative de vendre Hydro One, tentative à laquelle les tribunaux ont mis un terme. Il y a une véritable analogie ici. Le gouvernement de l'Ontario pensait pouvoir procéder à la vente, mais il avait oublié de regarder la loi. Il n'existait aucune loi en Ontario habilitant le gouvernement à vendre Hydro One.
Les tribunaux ont averti le gouvernement de l'Ontario qu'il ne pouvait pas vendre Hydro One. Le gouvernement conservateur a récemment présenté un projet de loi qui l'autoriserait à procéder à la vente, même s'il est évident que le nouveau premier ministre commence à avoir la frousse, la privatisation soulevant beaucoup d'opposition dans la province. Tout porte à croire qu'il battra en retraite.
De toute évidence, le gouvernement ontarien ne savait pas ce qu'il faisait. En outre, il ressort clairement des analyses de l'entente entre le gouvernement de l'Ontario et British Energy, qui cède à cette dernière l'administration et la responsabilité de la centrale Bruce, qu'il s'agissait d'une affaire très avantageuse pour British Energy. À l'instar de cette mesure législative, l'entente a été rédigée de façon que, si les choses prenaient une tournure moins favorable pour British Energy, le gouvernement de l'Ontario, et par conséquent les contribuables ontariens, paieraient la note. C'est une pratique courante dans l'industrie nucléaire, pas seulement au Canada mais partout dans le monde.
Ces derniers mois, alors que British Energy cherchait à étendre ses activités et à réouvrir une partie de la centrale Bruce, les financiers l'ont informée de cet article de la loi. Malgré certaines allégations entendues à la Chambre voulant que nous traitions ces financiers du secteur nucléaire comme n'importe qui d'autre, c'est le contraire qui est vrai.
J'ignore si c'est le cas au Québec, mais en vertu de la common law qui s'applique ailleurs au Canada, lorsqu'une opération est financée, qu'il s'agisse d'une hypothèque ou d'un prêt garanti par un terrain, un immeuble ou autre bien et que la compagnie cesse ses paiements, c'est le prêteur qui est responsable du nettoyage.
En termes simples, si j'achetais une maison et constatais par la suite la présence de déchets toxiques sur le terrain, moi-même, l'acheteur subséquent de la maison et la compagnie de prêts hypothécaires serions responsables du nettoyage. C'est ce que prévoit la loi au Canada, sauf peut-être au Québec, dont j'ignore la situation.
Nous ne corrigeons pas ici une mesure discriminatoire à l'endroit des prêteurs qui désirent prêter à l'industrie nucléaire. La loi, à l'heure actuelle, ne les traite pas différemment dans ce cas que dans leurs autres opérations de prêt.
Ce qui est choquant, outre la tentative de camoufler l'erreur commise par le gouvernement de l'Ontario, que les libéraux semblent vouloir aider à se tirer d'affaire, c'est que nous avons longtemps favorisé l'industrie nucléaire. Notre premier ministre se comporte partout dans le monde comme un vendeur du nucléaire. Il en est le principal défenseur. Nous accordons à cette industrie toutes sortes d'avantages, notamment sous forme de redevances, d'allégements fiscaux et d'autres mesures. Elle reçoit également des subventions provinciales.
Si le gouvernement de l'Ontario décidait de privatiser Ontario Hydro, il y aurait une lourde dette à supporter. La majeure partie de cette dette, soit de 75 à 80 p. 100, est attribuable aux dépenses excessives engagées par Ontario Hydro au moment de l'ouverture de certaines centrales nucléaires dans cette province. Ces dépenses étaient supérieures de 200 p. 100, 300 p. 100 et, dans certains cas, 400 p. 100 aux prévisions originales. C'est la population de l'Ontario qui va devoir payer la facture.
Et voilà maintenant qu'on s'apprête à donner une autre chance à l'industrie de l'énergie nucléaire. On ne peut pas faire cela. Le gouvernement et le pays entier ont l'occasion de dire qu'ils se sont trompés complètement au sujet de l'énergie nucléaire. Il nous faut reconnaître que ce n'est pas une industrie durable et songer à abandonner graduellement cette industrie, comme l'ont fait d'autres pays.
Nous sommes aux prises avec une énorme facture qu'il nous faudra payer un jour ou l'autre. Qu'allons-nous faire avec les déchets existants, que nous continuons de produire, et comment allons-nous procéder au démantèlement des centrales nucléaires au pays?
L'automne dernier et au début de l'hiver, nous avons étudié un projet de loi sur l'élimination des déchets nucléaires. Les fonds en fiducie établis à cette fin sont tout à fait inadéquats.
Aujourd'hui, on joue à l'autruche et on prétend que l'on peut laisser s'en tirer les financiers de cette industrie. On peut toujours affirmer que le gouvernement n'a pas besoin d'évaluer cette industrie au moyen de la même grille d'évaluation des risques qu'il utilise pour toute autre industrie.
Avant d'être élu député, je siégeais au conseil d'administration d'une coopérative d'épargne et de crédit. Nous accordions des prêts commerciaux assez considérables. Il nous fallait au préalable évaluer les risques. Une des évaluations des risques que nous faisions avait trait à l'environnement. Elle visait à déterminer si nous prenions en garantie pour un prêt un bien dont nous pourrions un jour avoir à assumer la responsabilité. Nous ne faisions rien d'inhabituel. Toutes les institutions financières et les coopératives d'épargne et de crédit agissent de cette façon. Nous soumettons donc régulièrement l'endroit à une évaluation environnementale.
Si nous n'imposons pas la même norme, nous faisons encore comme si le secteur nucléaire était sans risque pour l'environnement. Voilà ce que nous disons aux financiers et aux milieux financiers. Nous leur disons qu'il n'y a pas de problème, qu'ils ne sont pas tenus de traiter ce secteur comme tous les autres secteurs de l'économie lorsqu'ils songent à avancer des fonds. Voilà ce que ferait la modification législative et ce n'est pas correct. Nous ne devrions pas faire cela en tant que pays. Nous ne devrions pas favoriser la privatisation ou l'expansion de ce secteur, comme le permettrait cette modification.
Je le répète, lorsque le gouvernement dit qu'il n'y a ici aucun véritable problème, il essaie manifestement d'induire la Chambre en erreur. Il cherche, en fait, à couvrir l'erreur qui a été commise. Il ne cesse de prétendre que ces coûts ne sont pas associés au secteur nucléaire. C'est comme cela, en fait, qu'on dirige les affaires publiques au Canada depuis cinq décennies ou presque. Il est temps que cela cesse. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer ainsi. On parle beaucoup de développement durable. Ce secteur n'est pas durable.
On nous a dit où nous aboutirons avec cela. Je veux seulement ajouter une chose au sujet de la privatisation. Si la modification est adoptée, elle ouvrira la voie à la privatisation. J'entends par là le transfert au secteur privé de la propriété et du contrôle ou du seul contrôle de toutes les centrales nucléaires parce que le secteur privé n'aurait pas à se soucier de sa responsabilité ni de l'évaluation des risques.
Je tiens à être très clair là-dessus. On peut dire, je suppose, qu'il est injuste d'imposer cela aux financiers. Nous devrions voir les choses d'un autre angle. Supposons que nous faisons partie du secteur privé. Nous avons conclu un accord pour assumer la propriété ou le contrôle d'une usine. Nous savons que, avec l'adoption de cette modification, nous pouvons faire appel à la communauté financière et dire aux financiers qu'ils n'ont pas à s'inquiéter de la responsabilité, car nous l'assumerons seuls.
Il n'y a pas de reddition de comptes. Il n'y a pas de normes pour les exploitants. Ceux-ci n'ont pas à se préoccuper de cette question. Les financiers leur consentiraient un financement parce qu'ils n'ont à se préoccuper d'aucune responsabilité. Les exploitants pourraient agrandir les centrales sans avoir à prendre de mesures au chapitre de la sécurité. Ils pourraient couper les coins rond ici et là pour faire des économies et réaliser davantage de profits. Ces exploitants pourraient fermer les centrales et s'en aller quand bon leur semble.
Avant qu'on me traite de fou et qu'on me dise que ce genre de situation ne se produit pas, nous devrions penser au nombre d'exploitations minières, notamment les mines d'uranium, qui ont été abandonnées et qui contiennent des résidus. J'ai assisté ce matin à une séance d'un comité. Nous avons entendu parler de résidus de mines d'uranium qui ont été rejetés et se retrouvent dans les cours de la Saskatchewan et plus au nord, dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est ce qui est arrivé dans cette industrie. Or, nous savons que la même chose s'est produite dans nombre d'autres industries. Il suffit de penser à tous les sites industriels désaffectés dans les villes et aux sites toxiques qui ont été abandonnés. Cette réalité existe et les coûts qui y sont liés, dans le secteur nucléaire, sont d'un niveau phénoménal. Nous ne devrions absolument rien faire pour faciliter la situation de ces exploitants.
Bien franchement, si on examine les antécédents et la feuille de route en Angleterre de l'exploitant particulier qui se trouvait à Bruce, on constate qu'il n'est pas vraiment recommandable. Il y a eu des problèmes gigantesques. Des amendes considérables ont été imposées à cette entreprise à cause de la façon dont elle administrait certaines centrales.
Je veux simplement parler brièvement des coûts et de leur ordre de grandeur si ce genre de scénario se concrétisait. Je vais donner l'exemple d'un projet qui vient d'être financé avec l'argent des contribuables par le Congrès américain, un projet de l'ordre de 7,5 milliards de dollars, parce que le site est contaminé. La société d'ingénierie qui a mis au point la méthodologie pour décontaminer le site vient de remporter un prix international. En fin de compte, le site sera nettoyé et il ne sera plus radioactif. Cependant, les déchets seront acheminés à une autre centrale nucléaire en Caroline du Sud. Finalement, il subsistera des déchets radioactifs. Ce seul site coûtera aux contribuables américains 7,5 milliards de dollars.
Actuellement, nous sommes en voie de produire davantage de déchets radioactifs d'ici 2010 que n'en auront produit alors les États-Unis. Nous aurons alors davantage de déchets de cette nature dans notre pays qu'il n'y en aura aux États-Unis. C'est de cela dont il est question en ce qui concerne cette industrie.
Comme mon collègue bloquiste, le député de Sherbrooke, l'a signalé, nous avons des solutions de rechange. Si quelqu'un nous demandait, à lui et à moi, s'iI vaudrait mieux ne pas agir de la sorte et réduire progressivement le nombre de centrales nucléaires, nous serions tous les deux d'accord. Si quelqu'un nous disait alors que nous n'avons pas de solutions de rechange, nous lui répondrions que nous en avons. Le député en a mentionné quelques-unes, parmi lesquelles l'énergie éolienne.
Le Canada a la capacité et le potentiel de créer plus d'énergie éolienne que n'importe quel autre pays dans le monde. Il s'agirait d'énergie produite grâce à des turbines situées à terre et au large. Je signale que, si je sais cela, ce n'est pas en raison d'un travail mené par le gouvernement. Si je le sais, c'est grâce à des analyses qui ont été faites par des entreprises et des pays européens.
Un des grands sacrilèges dans tout cela, c'est que le gouvernement a fait traîner ce dossier pendant tellement longtemps que nous accusons maintenant un retard d'une décennie par rapport à la technologie mise au point en Europe pour l'exploitation au large de l'énergie éolienne. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a conclu un marché à court terme, et peut-être même à long terme, avec l'Allemagne. Il a acheté de l'Allemagne de la technologie qui permettra l'exploitation au large de l'une des premières centrales éoliennes de notre pays.
L'automne dernier, un petit pays comme l'Irlande, qui a une population de 3,5 à 5 millions d'habitants, a inauguré la plus grande centrale éolienne en mer dans le monde. L'Angleterre en ouvrira une encore plus grande au cours des 12 prochains mois. Or, nous n'avons pas cette technologie. Nous devrons nous la procurer, et elle nous coûtera plus cher.
Nous devrions prendre ce virage dès que possible. Quand nous subventionnons des industries, nous devrions subventionner celles qui utilisent des ressources énergétiques renouvelables plutôt que d'autres qui ne sont plus dans le coup. Le projet de loi va dans ce sens.
Il existe des sources alternatives. L'utilisation de l'éthanol en tant que source d'énergie, par exemple. Ce domaine ouvre d'immenses possibilités. Des expériences très intéressantes se font à l'heure actuelle; elles sont d'ailleurs au point. Là encore, il y a eu absence de politique gouvernementale, que ce soit pour l'octroi de subventions ou pour la prestation de l'infrastructure économique qui faciliterait, encouragerait et améliorerait ces industries.
Le gouvernement a annoncé il y a une semaine, en fait dix ans trop tard, des fonds importants et une méthodologie. Or, celle-ci est dépassée, insuffisante. Nous devons avancer à plus grands pas et avec plus d'envergure que la proposition ne le prévoit.
Nous avons la capacité de développer l'énergie solaire. Mon ami du Parti conservateur, qui vient des Maritimes, a parlé de nos capacités de développer de l'énergie en captant l'énergie des vagues et des courants sous-marins. Les données que nous avons actuellement indiquent que nous pouvons aller de l'avant dans ce domaine sans causer de préjudice environnemental tout en créant des sources importantes de nouvelles énergies renouvelables.
Il est en fait possible de nous dispenser progressivement de l'industrie nucléaire. Nous n'y réussirons pas dès demain, et probablement pas avant très longtemps. Nous devons néanmoins planifier le déclassement des centrales et trouver le moyen de nous débarrasser des déchets qu'elles produiront d'ici là et de ce qu'il en restera après leur déclassement. J'entends par cela qu'il nous faudra aussi envisager des solutions pour les effectifs de ces centrales et de l'industrie nucléaire.
Je tiens à saluer le Congrès du travail du Canada et quelques autres syndicats pour avoir contribué à l'élaboration de normes et de méthodes dites de transition, pour nous aider à surmonter le problème.
Si nous persistons à fermer les yeux sur le fait que nous devrons tôt ou tard déclasser les centrales, les localités et les travailleurs concernés risquent d'en subir de très lourdes conséquences. Nous devons planifier le déclassement dès à présent. Cette notion de transition équitable doit être appliquée aux travailleurs comme aux localités qui sont tributaires de cette industrie, pour que ces travailleurs puissent progressivement trouver à s'employer dans d'autres secteurs de l'économie et que les localités concernées puissent préserver leur stabilité.
Les députés ont entendu mon collègue bloquiste, le député de Sherbrooke, parler du Danemark et de l'Allemagne qui ont fait l'essai de l'énergie éolienne. Leur expérience prouve très clairement que nous pouvons en faire autant. Nous pouvons créer de nombreux emplois dans un nouveau secteur de l'économie.
Je pourrais m'étendre sur le sujet pendant 20 autres minutes, mais je me contenterai simplement de rappeler que cette modification est loin d'être simple. Elle sera extrêmement complexe.
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Monsieur le Président, les députés ont dû remarquer que l'échange de ces dernières minutes entre les députés de Windsor—St. Clair et d'Athabasca a mis l'accent sur l'enjeu essentiel du projet de loi.
La question qui se pose est la suivante: un investisseur privé, dans l'industrie nucléaire, devrait-il être soustrait à toute responsabilité en cas de contamination, s'il a investi dans une centrale nucléaire? Voilà la question centrale, et elle est difficile.
On ne peut comparer un investissement dans le nucléaire à un investissement dans une usine d'embouteillage d'eau ou de fabrication de vêtements ou de chaussures ou d'autres articles dont la production ne présente aucun danger pour la santé humaine. Il s'agit ici d'un secteur qui non seulement a été lourdement subventionné par l'État au fil des ans, ce qui est sans doute de notoriété publique, mais qui emploie également des moyens de production d'électricité qui présentent des dangers.
Le problème n'est pas seulement implicite. Il est énoncé en toutes lettres dans la note explicative du projet de loi: il peut arriver qu'on doive réduire le niveau de contamination, et l'article vise à soustraire les investisseurs à ce genre de responsabilité.
À la réflexion, ce type d'exemption ne me semble franchement pas souhaitable. Il est ici question d'une industrie qui a joué un rôle important dans le développement de l'énergie et de l'électricité au Canada. Il y a de bonnes raisons pour lesquelles le projet de loi a été rédigé comme il l'est.
Dans sa forme actuelle, la loi est préférable à la modification proposée qui, selon moi, aurait pour effet d'éloigner les investissements d'autres secteurs énergétiques, en particulier les secteurs de l'énergie renouvelable dont parlaient mes collègues. Ces secteurs énergétiques, qui tardent peut-être plus à donner des résultats, doivent faire l'objet d'investissements considérables si nous voulons réduire notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles et de l'énergie nucléaire.
Une mesure semblable, comme le faisait remarquer le député d'Athabasca, a une portée limitée et devrait seulement être vue dans cette optique. À long terme, elle ne serait pas souhaitable. En effet, le Comité de l'environnement, par exemple, reçoit de plus en plus d'interventions de la part de groupes de citoyens qui sont extrêmement troublés par le fait que la production de déchets nucléaires à la centrale Bruce, depuis quelques années, n'a pas fait l'objet d'une évaluation environnementale aussi approfondie qu'elle l'aurait dû. De plus, l'organisation qui a comparu devant notre comité est même allée jusqu'à établir des liens épidémiologiques sérieux entre l'usine et ses installations de stockage de déchets nucléaires et la santé des enfants, en particulier le taux de leucémie.
Aussi, le projet de loi C-57 devrait-il être perçu dans un contexte beaucoup plus large et non seulement comme une mesure visant à faciliter l'investissement dans une certaine industrie, une industrie qui, comme je le disais plus tôt, a fait l'objet d'investissements extrêmement considérables au fil des décennies. Il y a certaines choses à dire au sujet du projet de loi. Premièrement, dans sa forme actuelle, la loi n'est pas mauvaise du tout et devrait être conservée.
Deuxièmement, si nous adoptons le projet de loi, il encouragera l'investissement dans l'industrie nucléaire et éloignera les investissements des secteurs de l'énergie renouvelable.
Troisièmement, la vérificatrice générale nous a déjà servi un avertissement. Il y a quelques années, elle a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité d'inclure le coût du déclassement des centrales nucléaires dans le prix de l'électricité. Nous devrons tenir compte du fait que nous semblons exclure du coût de l'énergie certains aspects et étapes propres à l'industrie nucléaire.
Comme l'ancien vérificateur général l'a si bien dit dans son rapport, je suis d'avis que le déclassement des centrales et les coûts que cela entraînera est une question qui est de plus en plus d'actualité à mesure que les centrales prennent de l'âge. Il ne faut pas oublier non plus les coûts du stockage à court terme, ce qui pour les gens de la Commission, peut aller jusqu'à 50 ans.
Les coûts relatifs au stockage et au déclassement ne semblent pas être prévus dans les prix de l'électricité sur le marché. D'un point de vue purement économique, ce sont là deux graves lacunes. Il est vrai que le coût exigé pour l'énergie devrait tenir compte de tous les coûts de production. Toutefois, en raison de son caractère unique, l'énergie nucléaire devrait prévoir les coûts des matériaux utilisés, emmagasinés pendant un certain temps et mis de côté de façon permanente par la suite, probablement sous terre, à un coût très élevé. La question n'a pas encore été réglée, malgré tout le travail effectué par la commission Seaborn. Enfin, il faut tenir compte des coûts reliés au déclassement des centrales.
Il s'agit de beaucoup plus qu'un amendement mineur. C'est un processus complexe sur lequel le Parlement devrait se pencher si l'on veut que cette industrie attire un plus grand nombre d'investissements.
La question de l'entreposage sûr et temporaire n'est toujours pas réglée, comme les témoins l'ont énergiquement déclaré devant le comité au cours des dernières semaines. On n'a pas trouvé d'autre site de stockage, malgré les efforts de la commission Seaborn et les coûts reliés au déclassement et au stockage ne sont toujours pas établis. On n'a pas non plus établi clairement s'ils sont inclus dans le prix du kilowatt heure. Il est donc inévitable qu'un amendement de ce genre donne lieu à toutes ces interventions de la part des députés qui se préoccupent de la situation dans son ensemble.
La situation dans son ensemble nous mène à la question de l'énergie, parce que nous parlons des besoins énergétiques de l'homme et de l'opportunité d'adopter une nouvelle politique énergétique au Canada. Je pense, et je suis certain que de nombreux députés partagent mon avis, que nous avons désespérément besoin d'une nouvelle approche en matière de politique énergétique, parce que la politique énergétique et l'accord de Kyoto sont étroitement liés.
La nécessité d'adopter une nouvelle politique énergétique devrait nous obliger à réfléchir à notre consommation, à notre demande et à notre offre. Elle devrait nous obliger à nous poser des questions difficiles: Ne devrions-nous pas faire plus attention à l'énergie que nous utilisons? Ne devrions-nous pas être plus novateurs? Ne devrions-nous pas, comme d'autres députés l'ont dit si éloquemment, intensifier et accélérer notre virage à partir de sources d'énergie non renouvelables vers d'autres qui sont renouvelables? Ne devrions-nous pas revoir notre régime fiscal afin d'atteindre les objectifs de notre politique énergétique?
Il faut envisager une vaste gamme de mesures pour ce genre de grand projet, un projet qui a suscité une certaine résistance à cause de la politique énergétique du début des années 80 et de la crainte qu'une nouvelle orientation puisse avoir des répercussions politiques négatives. Je suis toutefois convaincu qu'un effort honnête et exhaustif que le gouvernement déploierait en vue de lancer une nouvelle politique énergétique serait extrêmement bien accueilli par les Canadiens. Cet effort viserait tous les secteurs de la société et faciliterait l'atteinte des objectifs énoncés dans le protocole de Kyoto, que nous espérons voir ratifié prochainement.
Pour en revenir au projet de loi C-57, il serait peut-être avisé de ne pas commenter cette mesure au-delà de ce qui a déjà été dit. S'il y a une prorogation cet été et que nous entamons une nouvelle session, la meilleure chose qui puisse arriver serait peut-être que cette mesure meure au Feuilleton. Nous pourrions peut-être adopter alors une approche beaucoup plus étendue par rapport à la question nucléaire.
Je manquerais à mes devoirs si j'omettais de mentionner que cette mesure législative ramène la question de la responsabilité de l'industrie nucléaire. Si je me rappelle bien, nous sommes encore soumis à un niveau de responsabilité nucléaire ou à une limite d'assurance de 75 millions de dollars. En d'autres termes, advenant un incident majeur, la responsabilité serait limitée à ce montant. Les députés savent vraisemblablement que la Convention de Vienne et une autre convention, dont je ne me rappelle pas le nom, ont établi, il y a de nombreuses années, que la responsabilité minimale en cas d'incident majeur est de 600 millions de dollars. Ici, elle est de 75 millions de dollars. Par conséquent, il est urgent et indispensable de modifier la Loi sur la responsabilité nucléaire et non pas la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, si nous voulons que des mesures préventives soient mises en oeuvre au cas où, Dieu nous en préserve, un incident surviendrait.
Le débat sur le projet de loi C-57 nous force à examiner la question plus globale de la production d'énergie nucléaire et les diverses questions qui y sont liées, notamment le coût de l'électricité, les niveaux appropriés de responsabilité, l'importance d'attirer des investissements vers le secteur de l'énergie renouvelable, la nécessité de remanier le régime fiscal et toute une série d'autres mesures dont les députés ont déjà fait mention ou dont ils feront mention au cours du débat.
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Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi C-57. Comme vous le savez, la question de l'énergie nucléaire est extrêmement importante pour moi.
J'ai vu, pendant plus d'un mois, il y a de cela deux ans, comment les gens de l'industrie nucléaire canadienne se moquaient des Saguenéens et des Saguenéennes dans le dossier d'importation du MOX.
Je ne peux que jeter un regard très critique sur cette forme d'énergie, d'autant plus que le Québec n'a qu'une seule centrale, soit celle de Gentilly. C'est pour cette raison et pour beaucoup d'autres que j'ai un très vif intérêt à prendre la parole aujourd'hui dans le débat sur le projet de loi C-57, Loi modifiant la Loi sur la sécurité et la réglementation nucléaires, afin de changer la catégorie de personnes auxquelles la Commission canadienne de sûreté nucléaire peut ordonner de prendre des mesures de décontamination d'un lieu.
Rappelons que, dans sa formule actuelle, la loi dit que la Commission canadienne de sûreté nucléaire peut, et je cite: «[...] ordonner au propriétaire ou au responsable du lieu, ou à toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer».
La terminologie, «toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu», est très large. Cette formulation veut dire que toute personne ayant un intérêt peut être contrainte à payer si des déversements ou d'autres problèmes survenaient.
Une banque qui ferait un prêt à une centrale deviendrait donc ainsi passible de poursuites et devrait encourir ce qui serait inévitablement des coûts fort élevés. C'est principalement pour soustraire ces tierces parties, notamment celles qui seraient à même de financer le secteur nucléaire, que ce projet de loi a été présenté.
On vise donc à remplacer, et je cite: «[...] toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer» par «[...] toute autre personne en ayant l'administration et la responsabilité, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer».
Ce changement vient donc soustraire tout un groupe à des obligations de décontamination. Ce n'est pas une simple modification administrative, comme le laisse entendre le ministre.
Ainsi, on doit se poser la question suivante: «Mais qu'est-ce qui pousse le ministre des Ressources naturelles à présenter ce projet de loi?» En fait, comme il l'a indiqué dans son communiqué officiel de vendredi dernier: «Les entreprises oeuvrant dans le domaine du nucléaire doivent, comme toute autre entreprise, avoir accès à des prêts commerciaux pour subvenir à leurs besoins.»
«Cette modification, telle que préconisée dans le projet de loi C-57, permettra à l'industrie nucléaire d'obtenir des prêts et du capital sur le marché. En même temps, nous pouvons continuer à garantir que les installations nucléaires sont gérées de manière sécuritaires et économiques.»
Il existe deux éléments qui ont attiré mon attention à la lecture de ce document, soit «subvenir à leurs besoins financiers» et le terme «écologique».
Il est de notoriété publique que le gouvernement actuel, avec le premier ministre en tête, a toujours vu dans l'énergie nucléaire un outil incroyable de développement économique. De plus, dans la perspective du respect de ses engagements de Kyoto, le gouvernement voit d'un bon oeil ce type d'énergie.
Voici un exemple: il y a environ deux ou trois ans, l'actuel ministre de l'Énergie participait à une rencontre des parties à Bonn, en Allemagne, concernant Kyoto. À ce moment-là, il a suggéré que le Canada devrait avoir des crédits d'émission de gaz à effet de serre parce qu'il exportait des réacteurs CANDU. Tout le monde a ri de lui, et pour cause.
On sait que l'énergie nucléaire n'est pas une énergie propre. Elle produit tellement de déchets radioactifs que nous ne savons plus quoi en faire.
Pourtant, le gouvernement canadien pense différemment. C'est très grave. En effet, sur le site Internet d'Énergie atomique du Canada limitée, on lit que:
[...] l'énergie nucléaire est propre, sûre et économique et présente de nombreux avantages pour l'environnement. Elle ne rejette pas de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques, ni de sous-produits de combustion et des acides qui provoquent la pollution de l'air.
Quel bel outil de propagande incomplet. Ce qu'Énergie atomique du Canada ne dit pas, c'est que nous sommes aux prises avec plus de 20 000 tonnes de déchets nucléaires au Canada et qu'il en coûtera près de 13 milliards de dollars pour s'en débarrasser. Ces déchets sont présentement sur les sites des centrales nucléaires. Vraiment, cette agence gouvernementale, dois-je le rappeler, ne dit pas toute la vérité à la population et tente de nous faire croire à des bobards incomplets et tendancieux.
De plus, il faut se demander si l'énergie nucléaire est sécuritaire. Bien sûr la tragédie de Tchernobyl s'est produite à cause du manque flagrant de sécurité en ex-Union soviétique. Le gouvernement prétend que la technologie CANDU est la meilleure tout comme ses ingénieurs. Mais qu'en est-il vraiment?
Voici l'extrait d'un reportage de la société Radio-Canada du 11 août 2000.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire s'inquiète de la qualité de l'entretien du réacteur principal à la centrale de Chalk River, près d'Ottawa. L'organisme craint que le départ de nombreux experts et ingénieurs ces dernières années ne compromette la sécurité des activités de la centrale.
Ces préoccupations s'ajoutent à la controverse entourant l'utilisation du réacteur de Chalk River pour tester du MOX en provenance des États-Unis et de la Russie.
Des échantillons de combustible radioactif MOX ont déjà été acheminés des États-Unis vers la centrale nucléaire de Chark River. Énergie atomique du Canada en attend d'autres de la Russie avant d'entreprendre une série de tests.
C'est à cette occasion que nous, les gens du Saguenay, avons mené une bataille de tous les instants pour que l'importation du MOX ne passe pas sur notre territoire, parce qu'on savait que ce n'était pas sécuritaire. Je continue ma lecture:
Ce projet continue en soi de semer la controverse, mais voilà que la Commission canadienne de sûreté nucléaire s'inquiète à son tour. Cette fois, ce n'est pas le transport du MOX qui est à l'origine des craintes, mais plutôt la qualité de l'entretien du réacteur principal de recherche à Chalk River, le plus vieux du Canada.
Je continue toujours la lecture du reportage.
Le problème, c'est que la centrale a subi en 1999 une vague de départs du personnel hautement qualifié. Après évaluation, la Commission canadienne de sûreté nucléaire conclut qu'Énergie atomique n'investit pas les ressources nécessaires dans ses méthodes d'entraînement du personnel remplaçant.
Paul Lafrenière, qui dirige les installation nucléaires à l'usine de Chalk River dit, et je cite:
Depuis 1957, on se base sur un système de formation sur le tas. Et la CNSC voudrait que l'on adopte une nouvelle méthode, la méthode de formation sur mesure.
On voit que ce qui se passe présentement à l'intérieur de nos centrales nucléaires n'a aucun bon sens. Le Bloc québécois propose donc au gouvernement des façons différentes d'agir en regard du nucléaire.
Récemment, le Bloc a déposé un plan d'investissement de 700 millions de dollars sur cinq ans, en vue d'encourager l'essor d'une industrie éolienne au Québec. Ce plan pourrait contribuer à la création de plus de 15 000 emplois au Québec, principalement en Gaspésie.
Je rappelle qu'en 1997 à Kyoto au Japon, le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 6 p. 100 par rapport à 1990, d'ici 2008 à 2010.
Le renversement de la tendance croissante des émissions de gaz à effet de serre limitera les conditions climatiques extrêmes comme la crise du verglas et d'autres impacts environnementaux tels que le bas niveau du fleuve Saint-Laurent.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre est synonyme d'efficacité énergétique: produire plus avec moins. Voilà une belle occasion d'encourager les innovations technologiques et de développer des nouvelles industries structurantes.
C'est dans ce contexte que le Bloc québécois propose un programme fédéral d'envergure pour l'énergie éolienne en Gaspésie. Pour le gouvernement fédéral, la seule contrepartie à l'énergie propre et verte, c'est le pétrole et le nucléaire. Le seul programme d'énergie atomique a représenté des sommes de six milliards de dollars.
Pour ce qui est de l'aide financière à l'industrie de l'énergie fossile, le fédéral a versé, depuis 1970, 66 milliards de dollars en subventions directes aux industries pétrolières et gazières. En comparaison, il a versé 200 fois moins aux entreprises du secteur de l'énergie renouvelable, dont absolument rien pour le développement de l'énergie hydroélectrique, un type d'énergie réellement propre qui ne produit pas de gaz à effet de serre, ni de matières radioactives. C'est un type d'énergie que le Québec a développé depuis plus de 40 ans.
C'est pourquoi nous croyons que le Canada devrait abandonner le développement de l'énergie nucléaire et imiter des pays comme l'Allemagne, qui la laissera définitivement de côté en 2025, pour se consacrer à des énergies vertes, comme l'énergie éolienne.
Notons au passage que depuis les six dernières années, l'industrie de l'énergie éolienne a connu une croissance annuelle moyenne de 30 p. 100. L'Allemagne est le pays qui opte le plus pour cette forme d'énergie. Elle gère 40 fois plus de puissance énergétique que le total canadien. À elle seule, l'Europe possède presque 75 p. 100 des éoliennes du monde. L'Union européenne veut atteindre un objectif de 22 p. 100 de son électricité en provenance des énergies renouvelables dont une grande partie en provenance de l'énergie éolienne.
De son côté, le Canada est très loin du peloton de tête avec seulement 207 mégawatts installés. Même les États-Unis ont d'importants incitatifs, comme une subvention de 2,7¢ par kilowattheure pour atteindre une capacité supérieure à 5 000 mégawattheures.
Le Québec compte pour 50 p. 100 de cette production, ce qui demeure minime par rapport à son potentiel. Selon les spécialistes, le Québec, concentré en Gaspésie ou sur la Côte-Nord, offre un potentiel éolien se situant de 4 000 à 6 000 mégawattheures, ce qui représente environ 60 p. 100 du total canadien.
Le Department of Energy des États-Unis affirme que l'énergie éolienne crée plus d'emplois par dollar investi que n'importe quelle autre technologie, soit plus de cinq fois que dans le cas de l'énergie thermique-charbon et le nucléaire.
L'Association européenne pour l'énergie éolienne a estimé que chaque mégawatt d'énergie éolienne installé crée environ 60 emplois-années, ou encore 15 à 19 emplois directs et indirects. C'est ainsi qu'en 1996, les 3 500 mégawatts nouvellement installés en Europe auraient créé 72 000 emplois.
Pour confirmer les dires de l' Association, en Allemagne, le secteur éolien procurait en 2001 de l'emploi à plus de 30 000 personnes. En Californie où on a investi plus de cinq milliards depuis 1991 dans l'énergie éolienne, 5 200 emplois dépendent de ce secteur.
C'est pourquoi le Bloc québécois a toujours dit que l'environnement est important. Pourquoi l'environnement est-il important? On a assez abusé de notre environnement. Nous avons créé assez de tort à l'environnement et nous devons prendre immédiatement des mesures pour protéger l'environnement pour les générations futures. Il faut faire quelque chose; il faut donner un coup de barre vers des énergies renouvelables. Il faut laisser de côté les énergies fossiles et l'énergie nucléaire.
C'est pour cela qu'il faut, dès aujourd'hui, investir dans des énergies qui créeront des emplois. N'oublions pas que l'objectif est de créer une capacité éolienne d'au moins 1 000 mégawatts au Québec, principalement dans la région de la Gaspésie. On sait que la Gaspésie a été touchée de plein fouet par des pertes d'emplois majeures, notamment par la fermeture de la mine de Murdochville.
Ils ont l'expertise dans le domaine éolien. Il serait important de créer des industries de fabrication de composantes éoliennes. Ils ont un potentiel immense pour faire du Canada un des trois meilleurs producteurs d'énergie éolienne au monde. Présentement, ce gouvernement s'entête à aller toujours dans le même sens, soit celui du nucléaire.
La proposition du Bloc, c'est 700 millions de dollars. Ce n'est pas beaucoup comparativement à tout ce qu'a investi le gouvernement dans l'énergie nucléaire. Comparons seulement avec ce qui est arrivé à Terre-Neuve lorsque le gouvernement canadien a investi dans le projet Hibernia. Le gouvernement fédéral a investi énormément d'argent dans ce projet.
Aujourd'hui, on nous dit qu'on n'a pas d'argent. On dégage un surplus budgétaire de 9,8 millions, rien que pour l'année financière qui vient de se terminer. On a l'argent; il manque la volonté.
Le gouvernement nous dit qu'il veut aider les régions. Comme vous le savez, je suis responsable du dossier du développement régional pour le Bloc québécois. Ils veulent aider les régions, mais ne prennent pas les moyens collés aux réalités des régions pour leur donner le potentiel de développement. On créerait énormément d'emplois en Gaspésie. Cela permettrait également à ce gouvernement de sortir gagnant avec une nouvelle façon de faire.
D'autres aspects du programme pourront servir également. Ce projet de loi C-57, déposé par le ministre des Ressources naturelles, n'est pas qu'un amendement administratif. Il fait en sorte de développer encore davantage l'énergie nucléaire. Il faut arrêter. Il faut que ce gouvernement cesse d'aller de tous les côtés en virevoltant. Il présente toujours un petit projet de loi. Il ne se demande pas ce que ce projet de loi va influencer. On dirait qu'il travaille toujours en vase clos lorsqu'il présente un projet de loi.
Ce projet de loi touche plusieurs autres domaines, dont l'entreposage et la façon de traiter les déchets présentement entreposés dans les centrales nucléaires. La Commission Seaborn avait proposé des moyens. On a fait des expériences dans le Bouclier canadien; c'est encore en suspens.
Ce projet de loi permettra d'avoir des montants additionnels afin de développer le nucléaire. C'est assez. Il faut que ce gouvernement cesse. Je lui demande de retirer ce projet de loi C-57. Il ne permet même pas de régler ce dossier du nucléaire, il permet seulement de le développer.
Dans cette perspective, on comprendra que le projet de loi est beaucoup plus qu'une modification administrative, comme l'a laissé entendre le ministre des Ressources naturelles. Il s'agit de permettre un développement maximal de l'énergie nucléaire. Je ne peux pas cautionner une telle façon de penser.
C'est pour cela qu'en tant que députée de Jonquière et représentant des gens qui sont très concernés par le nucléaire, je demande au gouvernement de retirer son projet de loi. S'il ne le fait pas, je voterai contre.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que j'interviens aujourd'hui sur le projet de loi C-57 qui a été déposé en première lecture le 31 mai 2002.
Il ne faut pas se le cacher, on a déjà vu à la Chambre des projets de loi plus complets et qui viennent modifier un certain nombre de lois. Cependant, dans le cas qui nous intéresse, il s'agit d'un projet de loi qui change un article de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. Selon le ministre des Ressources naturelles qui a déposé ce projet de loi, il s'agit d'un amendement, d'un projet de loi visant à modifier la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. Il appelle cela un amendement ou un projet de loi administratif, c'est-à-dire qui ne vient pas changer de fond en comble la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires.
Cependant, cette modification, bien qu'on ne s'en rende pas encore compte, viendra influencer de manière importante la façon dont l'industrie nucléaire fonctionne ici au Canada. Il n'est pas anodin que le ministre ait décidé de déposer ce projet de loi que nous débattons aujourd'hui. Ce projet de loi vient modifier la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires.
Naturellement, je parlerai du projet de loi C-57 et des modifications qui nous concernent, mais j'aborderai également la question de la gestion à long terme des déchets nucléaires.
Rappelons que nous avions déjà eu un débat en cette Chambre sur le stockage des déchets nucléaires. Nous avions engagé ce débat au Parlement suite au dépôt du projet de loi C-27. C'était un projet de loi intéressant puisqu'il avait été déposé et étudié en comité. Il était également intéressant parce que pendant dix ans, le Canada s'était penché sur la question de la gestion des déchets nucléaires par l'entremise de la Commission Seaborn dont je reparlerai tout à l'heure.
Je parlerai bien sûr du projet de loi C-57 et j'aborderai également le projet de loi C-27 et toute la question de la gestion des stocks de déchets nucléaires. Je parlerai aussi de la question de l'importance de consulter le public lorsque nous avons l'intention de stocker, dans des milieux et des régions du Québec et du Canada, ces dits déchets.
Je donnerai l'exemple d'un cas pour lequel on a posé des questions à la Commission canadienne de sûreté nucléaire pas plus tard que ce matin au Comité permanent de l'environnement et du développement durable. Une décision a même été prise sur ce cas par l'Agence d'évaluation environnementale. C'est le cas du complexe Bruce, en Ontario. C'est un espace où des déchets radioactifs seront entreposés sur les rives du lac Huron et dont la population aurait souhaité, par l'entremise de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, qu'une commission soit créée pour consulter la population et pour étudier ces projets.
Rappelons que ce projet du complexe Bruce sur les rives du lac Huron est un des complexes évalué comme étant, premièrement, de haut niveau. Deuxièmement, c'est un des lieux d'entreposage les plus importants au monde. La population aurait donc souhaité être consultée.
Finalement, je terminerai mon intervention en énonçant à la population canadienne et québécoise l'impact que peuvent avoir les déchets nucléaires et l'utilisation du nucléaire sur la santé humaine. Un certain nombre de rapports ont été publiés. Force est de constater que les déchets nucléaires et le nucléaire ont une grande importance dans le développement de certaines pathologies lorsque des travailleurs, des citoyens et plus particulièrement des enfants sont à proximité de ces dits déchets.
Le projet de loi C-57 modifie donc la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. L'article 1 vise à remplacer un paragraphe déjà prévu dans la loi actuelle qui disait que: «[...] toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.»
Le projet de loi C-57 modifie donc le paragraphe 46(3) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires par ce qui suit: «[...] toute personne en ayant l'administration et la responsabilité, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.»
Ce ne sont en fait que quelques mots qui seront modifiés si on adopte ce projet de loi. Cependant, il y aura des conséquences importantes.
Le ministre nous dit, dans son communiqué de presse, que ces modifications ne sont que de nature administrative. Peut-être le sont-elles, en effet, sur le plan cosmétique, sur le plan de l'écriture, mais les impacts sont importants.
Au fond, quelles sont les vraies intentions de ce gouvernement derrière cette modifications? Il est sain de se poser la question. Si les modifications ne sont que de nature administrative, il ne devrait pas y avoir d'impact. Au contraire, ce projet de loi modifie de façon importante la loi et aura un impact important sur le développement de l'industrie nucléaire ici, au Canada.
Au fond, le gouvernement veut que ce changement soustraie un groupe à des obligations de décontamination. Nous souhaitons que des tiers ne soient plus responsables quant à la décontamination.
À cet égard, on connaît les intentions du gouvernement. Ses véritables intentions sont de faire en sorte, par exemple, qu'une banque, qui ferait un prêt à une centrale nucléaire, deviendrait donc aussi passible—dans la mesure de la loi actuelle, dans la mesure où on fait battre ce projet de loi—de poursuites et devrait encourir, ce qui serait inévitable, des coûts forts élevés.
C'est principalement pour soustraire ces tierces parties, les banques, notamment celles qui seraient à même de financer le secteur du nucléaire, que le projet de loi a été présenté.
On veut faire en sorte que des gens, qui auront permis—que ce soient des banques ou d'autres intérêts—de développer le secteur du nucléaire au Canada, soient soustraits de leur obligation de décontamination.
Cela va à l'encontre d'un principe fondamental, reconnu au Québec, qui est celui du pollueur-payeur. Celui qui a contribué à la contamination du site doit être celui qui partage les coûts de la décontamination.
Nous estimons, de ce côté-ci de la Chambre, que dans la mesure où un citoyen, un tiers, mais plutôt un citoyen, qu'il soit corporatif ou autre, aura contribué à la contamination par des déchets nucléaires, il doit en assumer les coûts. C'est ce que le gouvernement tente de soustraire par l'entremise de ce projet de loi, et c'est au fond ce à quoi nous nous opposons.
Il y avait eu des débats importants par le passé. Comme mon collègue de Sherbrooke l'a indiqué, une commission a été mise sur pied ici, au Canada, parce qu'il fallait réfléchir sur le stockage de ces déchets nucléaires. Ce sont 20 000 tonnes de déchets—plus précisément 18 000 tonnes de déchets—qui sont actuellement à la portée du Canada.
On le sait, c'est 1,3 million de grappes, actuellement. On sait aussi qu'il y a trois types de déchets qui existent, soit des déchets de combustible nucléaire, de combustible faiblement radioactif et des résidus de mines et d'usines de concentration d'uranium.
Au Canada, cela vaut la peine de dresser le portrait de cette industrie des déchets nucléaires. Il faut savoir que sur ces 20 000 tonnes de déchets, un bon nombre provient des déchets de grappes de combustibles nucléaires. On parle de 22 réacteurs CANDU, en grande partie datant des années 1970. Il y a 20 réacteurs qui sont actuellement exploités par la Ontario Power Generation Inc. C'est 90 p. 100 des déchets nucléaires qui se trouvent actuellement en Ontario.
Hydro Québec en produit avec la centrale de Gentilly, bien sûr, mais les déchets nucléaires produits par le Québec ne représentent que 3 p. 100 de l'ensemble des 20 000 tonnes de déchets actuellement «disponibles», si je peux dire.
Une société d'énergie du Nouveau-Brunswick représente 5 p. 100 des déchets; Énergie Atomique du Canada, par ses réacteurs d'expérimentation, est responsable de 2 p. 100 de déchets. Tout cela pour 1,3 million de grappes.
On voit mal comment on doit enlever certaines obligations, comment on doit faire en sorte que des tiers ne soient pas responsables de la décontamination lorsqu'on voit l'actuel problème canadien de gestion du stockage des déchets. Comment peut-on faire adopter en cette Chambre des projets de loi qui faciliteront le développement de l'industrie nucléaire canadienne, alors qu'on a beaucoup de difficulté à gérer les 18 000 tonnes de déchets actuels? C'est un non-sens.
Pourquoi, sur le plan du choix public, nous ne nous engageons pas vers le développement d'énergies renouvelables propres, comme ma collègue de Jonquière l'a proposé il y a une dizaine de minutes? Comment pouvons-nous adopter des mesures comme celle que nous avons devant nous favorisant cette industrie, alors que nous sommes encore en attente d'incitatifs financiers pour développer les énergies renouvelables?
Je suis heureux de voir que le ministre de l'Environnement est ici aujourd'hui pendant mon intervention. Comment peut-il être à l'aise dans un débat sur cette question? Comment peut-on donner des moyens pour ne pas appuyer cela et appliquer le principe du pollueur-payeur? Un certain nombre de questions se retrouvent dans ce projet de loi.
Je vais résumer ce que la Commission Seaborn avait dit. D'une part, ce que nous attendons du gouvernement en matière de plan de gestion des déchets combustibles nucléaires, c'est que lorsqu'on évalue les solutions d'entreposage, les aspects techniques du choix d'entreposage doivent être pris en considération.
La consultation publique doit être le fer de lance de la politique canadienne de la gestion des stocks. Les citoyens et les citoyennes sont les premiers voisins des complexes d'entreposage des déchets. Ce n'est pas vrai que la solution doit seulement être technique. La solution doit tenir compte d'une approche sociologique en matière de gestion. On aurait souhaité que plutôt que de faire des choix sociaux qui favorisent l'industrie nucléaire canadienne, le gouvernement choisisse le développement des énergies vertes.
Cette non consultation du public, alors que la Commission Seaborn en avait fait la demande, s'est retrouvée encore aujourd'hui confrontée à des réalités.
Le 30 mai 2002, M. Normand de la Chevrotière a témoigné au Comité permanent de l'environnement et du développement durable, concernant la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, le projet de loi C-19. Il est venu nous dire que son groupe, composé de 300 familles, avait demandé au gouvernement la création d'une commission d'évaluation environnementale sur l'établissement d'un complexe, le complexe Bruce, qui avait l'intention d'entreposer des déchets radioactifs nucléaires à proximité de sa communauté.
Ce complexe de neuf réacteurs sur les rives du lac Huron et le site de stockage des déchets radioactifs est considéré—les spécialistes qui connaissent la question comprendront ce que j'exprime—de haut niveau et un des plus grands au monde. Les gens de la Commission canadienne sur la sûreté nucléaire nous ont dit ce matin qu'à tout le moins, c'est effectivement le plus gros en Amérique du Nord.
Encore ce matin, je lisais des articles, entre autres dans le Québec Science de septembre 1996, où déjà il y a six ans, on parlait de la possibilité que du plutonium militaire de la Russie et des États-Unis soit entreposé sur ce site du complexe Bruce. Il y a six ans, déjà des articles de la communauté scientifique venaient énoncer ces réalités.
Le ministère de l'Environnement a jugé qu'il n'était pas opportun de consulter la population. Ce n'est pas grave, même si 300 familles vivront à proximité.
Je ramène ceux et celles qui nous écoutent deux minutes en arrière, lorsque je parlais des conclusions de la Commission Seaborn. Effectivement, une évaluation des techniques d'entreposage est nécessaire, bien sûr, mais il faut surtout la consultation du public.
J'ai l'impression que ce projet de loi vient justement donner de l'oxygène à l'industrie nucléaire canadienne. On fait en sorte de créer ici, au Canada, un espace, un terreau fertile à l'entreposage des déchets nucléaires, faisant en sorte que des tiers, qui n'auraient pas nécessairement la responsabilité de la gestion, ne puissent pas être obligés de décontaminer les sites.
Si une banque décide de financer le projet d'entreposage du complexe Bruce, sera-t-elle responsable de la décontamination si ce projet de loi est adopté? La réponse est non. Ceux et celles qui auront donné le capital nécessaire à la mise en place de ce complexe sur les rives du lac Huron n'auront aucune responsabilité environnementale.
On attend de ce gouvernement qu'il lance une indication claire au milieu de l'industrie nucléaire, soit que ces gens se comportent en bons citoyens corporatifs. Il est déjà prévu dans la loi qu'il y ait du financement des banques pour les projets d'entreposage. Cependant, le fait que le gouvernement déresponsabilise—le mot est juste—ces dernières, en légitimant ce geste, c'est totalement inacceptable.
Ce projet de loi doit donc être analysé autrement, non pas comme le gouvernement tente de nous le faire croire par de simples arguments administratifs et cosmétiques parce qu'il veut qu'on l'adopte à toute vapeur. Il s'agit de la démonstration à l'effet que quelquefois, des projets de loi qui ne modifient qu'un article d'une loi peuvent avoir des incidences importantes.
C'est la raison pour laquelle nous nous opposons à ce petit article du projet de loi qui constitue le projet de loi et qui aura un impact majeur sur le développement de l'industrie nucléaire au Canada.
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Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole sur le projet de loi C-57. Je remercie mes savants collègues, soit ceux de Rosemont—Petite-Patrie et de Sherbrooke, qui ont très bien énoncé la position environnementale du Bloc québécois dans ce dossier et le fait que le Canada tergiverse encore et se maintient dans de l'énergie traditionnelle alors qu'il existe tellement de beaux développements à travers le monde dans toutes sortes de nouvelles énergies beaucoup moins polluantes.
Le but de mon discours d'aujourd'hui se situe face à cette modification législative qui se veut simple, comme nous le résumaient certains députés libéraux d'en face, mais qui démontre bien la philosophie libérale de ce gouvernement. C'est un peu à cela que je vais m'attaquer.
Quand on relit ce qui prévaut actuellement face à la responsabilité de ceux qui pourraient ne pas prendre leurs responsabilités dans la décontamination d'un site nucléaire, on mentionne que les responsables sont:
[...] toute autre personne ayant un intérêt reconnu en droit dans ce lieu, de prendre les mesures réglementaires pour le décontaminer.
Aujourd'hui, on remplacerait ce texte par:
[...] toute autre personne en ayant l'administration et la responsabilité, de prendre les mesures réglementaire pour le décontaminer.
L'objectif du gouvernement est clair. On veut dégager les banques et on le dit très bien. On ne veut surtout pas que les banquiers, qui supporteraient les investissements, soient responsables de quelque façon que ce soit de la décontamination d'un site ou des frais que cela pourrait engendrer. Cependant, cela va plus loin. Quand on disait «un intérêt reconnu en droit», cela pouvait même être le gouvernement fédéral qui, en donnant des subventions à l'industrie, pouvait se voir reconnaître un certain droit ou une certaine responsabilité en droit. Évidemment, c'est cela l'objectif de ce gouvernement. Cette philosophie libérale consiste à se déresponsabiliser de tout.
Encore une fois, aujourd'hui, on déresponsabilise les petits amis et les banquiers, qui sont souvent les grands amis de ce Parti libéral. Inévitablement, on se déresponsabilise nous-mêmes. Par ce projet de loi, le gouvernement veut donc en même temps se déresponsabiliser et ne plus avoir aucune responsabilité face à une contamination que pourrait engendrer un site nucléaire. C'est terrible pour la population québécoise et canadienne surtout parce que les sites nucléaires sont, pour la plupart, situés dans le reste du Canada.
C'est terrible de ne pas mettre en évidence que le gouvernement ne profite pas de cette occasion pour tout simplement démontrer à la population quelle est sa philosophie. C'est de ne plus être responsable d'absolument rien. On laisse l'entreprise privée se débrouiller tant bien que mal avec toutes ces responsabilités. Quand des faillites se produisent, ce n'est finalement la faute de personne. Cela se voit continuellement.
Alors que la tendance des gouvernements est de plus en plus de se porter responsables des contaminations, aujourd'hui, la tendance du gouvernement est de se déresponsabiliser et de déresponsabiliser les banquiers, ses petits amis. Cela démontre bien la philosophie libérale. Pour moi, c'est peut-être ce qu'il y a de plus dur. Depuis que je suis devenu député à l'automne 2000, je vois comment le gouvernement fédéral, dans sa philosophie libérale, a tout simplement décidé de ne plus s'immiscer dans aucun des problèmes de la communauté.
À cet égard, je vais donner des exemples très vivants. Lors des terribles événements du 11 septembre, il y a eu une situation unique que n'avaient jamais vécue les Canadiens et les Américains auparavant et qu'on n'avait jamais vécue en Amérique du Nord. Une industrie en a subi les répercussions et plusieurs compagnies aériennes sont tombées au combat. Croyez-le ou non, le gouvernement fédéral n'a pas investi un sou, sauf qu'on a fermé l'espace aérien pendant six jours et qu'on a décidé de compenser les compagnies aériennes pour l'augmentation des primes d'assurances. Mais c'est tout.
On a laissé mourir au combat plusieurs entreprises aériennes. Plusieurs hommes et femmes qui avaient beaucoup d'expérience dans le domaine de l'aviation ont perdu leur emploi. C'est du capital humain qu'on a laissé aller en se disant: «Le marché va se replacer.» On a décidé de le faire et de laisser aller le libre marché. C'est cela cette philosophie libérale.
On l'a fait également dans le domaine de l'automobile. Ma circonscription de Argenteuil—Papineau—Mirabel est voisine de Boisbriand où se trouve l'usine GM. L'actuel ministre de la Justice qui était responsable du développement régional au Québec en a fait l'annonce; il n'y avait plus rien à faire, l'usine de Boisbriand serait fermée. Il venait de participer à une rencontre avec les dirigeants de GM au Canada et tout bonnement, c'est lui qui nous annonçait la mauvaise nouvelle à l'effet que l'usine serait fermée.
Par les temps qui courent, on assiste à des débats très importants des employés de GM. Il y a une proposition sur la table à l'effet que GM propose aux syndiqués que ceux de 50 ans et plus seront protégés. Avec la clause orphelin, les plus jeunes perdront pratiquement tout dans la fermeture de cette usine. Cela n'a jamais ému pour 30 secondes les députés libéraux à la Chambre. Nous avons tenu un débat au cours d'une journée d'opposition et les députés libéraux ne sont même pas intervenus. C'est la réalité.
On laisse aller le libre marché et même si le Québec consomme 26 p. 100 des automobiles au Canada, il est tout à fait normal pour le gouvernement fédéral qu'il n'y ait pas d'industrie de construction automobile au Québec. Par contre on centralise; tout est concentré en Ontario et cela est très normal.
Encore une fois, c'est la démonstration de cette philosophie libérale de laisser aller le libre marché, peu importe les conséquences de la fermeture de GM de Boisbriand. Je parle du capital humain, des hommes et des femmes qui avaient beaucoup d'expérience. Ces gens vont perdre leur emploi, mais plus encore, c'est du capital humain qui ne sera plus disponible pour l'industrie automobile au Canada.
Cela a été la même chose dans l'industrie de l'aviation. À partir du 11 septembre, on a laissé tomber les compagnies aériennes. Dernièrement aussi, il y a eu la question du bois d'oeuvre. On a eu de grands débats, de grandes discussions, des positions de la part du gouvernement.
On s'offusque beaucoup du fait que les Américains aient osé imposer un droit compensatoire de 27 p. 100. Le ministre responsable du dossier nous le dit à la Chambre: «On a fait toutes les interventions possibles.» Le résultat, c'est des milliers d'hommes et de femmes, du capital humain qui est perdu au Canada parce qu'il y a des fermetures d'usines un peu partout.
Tout ce que le gouvernement a trouvé à faire, c'est de déposer un projet d'aide de 75 millions de dollars en recherche et développement pour favoriser les petits amis, évidemment. Vous comprendrez que les plus gros vont encore avaler les plus petits. Avec 75 millions d'aide en recherche et développement, les plus grosses entreprises pourront encore une fois profiter de la faillite des plus faibles. On créera encore de plus grands monopoles. On s'aperçoit souvent que ces gens sont les grands contributeurs du Parti libéral.
Aujourd'hui, encore une fois, on a une quatrième révélation, par un projet de loi que le Parti libéral semble déposer de façon bien anodine. On voudrait que dans le domaine nucléaire, maintenant, seules les personnes ayant une fonction d'administrateur soient responsables des mesures de décontamination des sites nucléaires, surtout pour dégager les banquiers.
On veut dégager les banquiers; on veut laisser aller le libre marché. Ce qui se cache derrière tout cela c'est qu'on veut aussi dégager le gouvernement fédéral de toute responsabilité face à la contamination de tels sites.
Cela affecte la sécurité des citoyens du Canada, du Québec un peu moins, mais c'est très difficile. On ne souhaite de catastrophe à personne; on n'en souhaite pas non plus au Canada.
On sait que le Parti libéral vit des soubresauts terribles depuis les dernières semaines et pourtant, le gouvernement en profite pour déposer un projet de loi très important pour la sécurité de la population du Canada et du Québec.
C'est un projet de loi important qui vise à ne plus responsabiliser tous ceux qui auraient un intérêt reconnu en droit dans ces lieux. On ne responsabilise plus ceux qui ont un intérêt reconnu en droit dans ces lieux; on ne responsabilise que ceux qui en ont l'administration.
Les banquiers sont dégagés, et surtout le gouvernement fédéral qui aurait pu avoir une responsabilité en droit parce qu'il aurait accordé des subventions à la rénovation de telle centrale. Il n'a plus de responsabilité dans ces lieux.
Encore une fois, je le répète, c'est une philosophie libérale qui semble tout laisser à l'entreprise privée en ce qui a trait aux responsabilités. Cependant, concernant des dossiers de sécurité et de pollution nucléaire, les dommages ne seront pas évaluables monétairement. Ce sont des dommages qui seront de toute façon terribles s'il y avait une catastrophe.
Aujourd'hui, ce parti dépose bien gentiment ce projet de loi qui a encore une fois l'assentiment de l'Alliance canadienne, qui n'est pas mieux. Évidemment, quand le gouvernement adopte des mesures de décentralisation vers l'entreprise privée ou de responsabilisation de l'entreprise privée, il a toujours le soutien de l'Alliance canadienne qui, quant à moi, est pire que le gouvernement libéral.
C'est cela, le Canada d'aujourd'hui. Il n'y a pas de protection pour les faibles et les opprimés. Il n'y a pas de protection pour tous ceux et celles qui ont de grands besoins partout au Canada. Dans ce dossier nucléaire, on pourrait évidemment assister à des catastrophes où des familles pourraient être complètement dévastées.
Toutefois, il n'y a aucune inquiétude. Le gouvernement fédéral ne veut aucune responsabilité et surtout aucune responsabilité pour ses amis, les banquiers, qui pourraient être ceux qui pourraient investir dans des projets. Évidemment, le gouvernement fédéral ne voudra pas mettre d'argent dans les entreprises.
Ce qu'on veut, c'est que l'entreprise privée puisse y aller avec des prêts en ne la rendant évidemment responsable de rien sauf pour ce qui est de récupérer son argent si jamais il y avait de l'argent à récupérer.
Encore une fois, il faut tous ensemble être capables de mettre à jour la philosophie libérale qui, de plus en plus, se déresponsabilise et confie beaucoup de responsabilités à l'entreprise privée. On le sait, l'entreprise privée n'existe souvent que sur le papier sur lequel elle a été créée. On le voit avec tous les scandales: compagnies par-dessus compagnies, numéros qui s'ajoutent au nom, et tout cela.
Il y a le scandale des commandites. Même pour une seule mise de fonds dans une activité si louable soit-elle, deux ou trois compagnies prendront quelque 12 p. 100 en passant pour pouvoir financer ultérieurement le Parti libéral. C'est la réalité.
On veut vraiment être capables de faire affaire avec l'entreprise privée. Quand il y a trop de responsabilités pour l'entreprise privée, comme on le voit ici avec le dossier du nucléaire, on s'arrange pour que nos amis les banquiers n'aient pas de responsabilité quant à ces dossiers, sinon il n'y aura pas d'argent.
Évidemment, la solution, c'est que le gouvernement, si jamais il croit tellement à l'énergie nucléaire, donne les ressources suffisantes à ceux et celles qui exploitent cette énergie pour avoir une industrie saine et des équipements en bon état.
Il fouille donc dans ses coffres et dans ses merveilleux surplus pour être capable d'aider cette entreprise, plutôt que de confier à l'entreprise privée et aux banques le soin de financer cette énergie nucléaire. Il leur dit: «De toute façon, si vous financez, vous n'aurez aucune responsabilité. S'il arrive quoi que ce soit, cela n'aura été qu'une mauvaise aventure.»
C'est une mauvaise aventure pour le banquier, mais une terrible aventure pour toute la population qui vit autour de ces centrales.
Encore une fois, nos amis d'en face et députés libéraux n'ont pas de conscience sociale. Ils en ont de moins en moins. Plus ça va et plus on voit qu'en plus de ne pas avoir de conscience économique, ils ont de moins en moins de conscience sociale. On le voit par le biais d'un projet de loi tel que le projet de loi C-57.
En outre, je le répète, il a été difficile pour moi d'accepter ce manque de responsabilité envers les communautés. J'ai donné quatre exemples à cet égard.
Il y a eu le 11 septembre, avec l'industrie aérienne. Il y a eu l'exemple du milieu de l'automobile, avec la fermeture de l'usine GM de Boisbriand. Jamais le gouvernement n'est intervenu pour appuyer les employés ou pour formuler des réprimandes ou essayer de négocier auprès de GM le maintien de l'industrie automobile au Québec.
C'est la même chose avec l'industrie du bois d'oeuvre. Il n'y a aucun soutien à l'industrie du bois d'oeuvre. Il n'y a, encore une fois, aucun souci de soutien social vis-à-vis des hommes et des femmes qui sont souvent—dans le domaine de l'industrie automobile, de l'industrie aérienne et de l'industrie du bois d'oeuvre—du potentiel humain très important ayant des compétences sans précédent. En ne soutenant pas ces industries, tout ce qu'on fait, c'est de favoriser nos amis qui sont les plus puissants et les plus gros de l'industrie pour qu'ils puissent avaler les autres entreprises.
En cours de route, on échappe des milliers d'emplois. C'est cela, la dure réalité. Dans le cas du nucléaire, on va échapper des responsabilités. On va permettre à des banquiers, qui auront financé des projets, de ne pas vérifier. Évidemment, parce qu'on n'aura pas de responsabilité, on sera beaucoup moins rigoureux avec les vérifications environnementales.
Dans ce projet de loi, quand on mentionne «toute autre personne en ayant l'administration et la responsabilité», c'est pour éviter que le gouvernement fédéral ait des responsabilités quelconques dans le domaine de l'énergie nucléaire.
À ce sujet, je rejoins mes collègues de Rosemont—Petite-Patrie et de Sherbrooke. Alors que tant de belles énergies renouvelables et non polluantes, comme l'énergie éolienne, sont en grande croissance à travers le monde, que de très beaux projets pourraient être disponibles au Québec, entre autres en Gaspésie, rien dans ce projet de loi n'est prévu pour soutenir l'industrie ou l'énergie éolienne. Il n'y a absolument rien, et surtout pas un vaste programme pour remplacer l'énergie nucléaire par l'énergie éolienne pour éviter qu'on ait à déposer à la Chambre des projets de loi pour essayer de déresponsabiliser à peu près tout le monde qui pourrait être touché par l'énergie nucléaire, en passant par nos amis les banquiers, comme le font les libéraux. Le gouvernement fédéral se dégage de toute responsabilité si jamais il avait eu à investir quelque somme que ce soit par subvention ou autrement. Dans ce cas, il aurait automatiquement été lié comme un banquier. C'est cela la réalité.
Si on veut dégager les banquiers de leurs responsabilités et que nous, comme gouvernement, pensions que nous n'avions pas de responsabilité, oubliez cela. Quand une banque investit dans une entreprise, elle a des responsabilités. Quand un gouvernement investit des sommes au moyen de subventions dans une entreprise, il a des responsabilités.
Avec ce projet de loi, on ne confie la responsabilité de la décontamination qu'aux administrateurs, donc à ceux qui administrent l'entreprise. On voudra bien comprendre que le gouvernement fédéral a déjà de la difficulté à administrer son propre gouvernement. Ce n'est sûrement pas lui qui va aller administrer l'entreprise privée. Les gens qui nous écoutent l'ont évidemment compris. Les banquiers administrent leur banque au nom de leurs actionnaires. Pour eux, ce qui est beaucoup plus important, ce sont les dividendes qu'ils vont verser aux actionnaires à tous les trois mois et non pas ce qui peut se passer sur le terrain ou les problèmes que peut vivre une communauté à cause de la pollution nucléaire.
Il s'agit donc d'une difficile fin de session pour le gouvernement libéral. Ce projet de loi C-57 a été déposé pratiquement en catastrophe pour essayer d'occuper les parlementaires de cette Chambre. Encore une fois, la philosophie libérale prévaut, je ne le répéterai jamais assez. Le gouvernement ne veut plus être responsable d'absolument rien, surtout pas de problèmes sociaux et communautaires.
On veut se dégager de tout cela. De plus, le pire et l'odieux, c'est que le gouvernement libéral dégage même ses petits amis banquiers de toute responsabilité. À cet égard, on dit clairement au sein du projet de loi que ceux et celles qui n'administrent pas une compagnie et qui pourraient avoir des responsabilités de décontamination de sites nucléaires n'auront aucune responsabilité dans cette entreprise ou dans ce projet de décontamination.
Finalement, on va donc laisser des entreprises à numéros opérer encore une fois des sites nucléaires pour lesquels, quand il y aura des dommages, ce sera la population qui en subira les conséquences. Personne ne voudra avoir l'odieux d'aider ces communautés. On ne le fera qu'après le fait. On ne les aidera jamais durant et pendant. Quand on est responsables, quand un banquier est responsable, quand un gouvernement est responsable et quand l'industrie fonctionne, on s'assure qu'elle est toujours conforme au plan environnemental. Avec ce projet de loi, les banquiers et le gouvernement ne seront plus responsables.
À ce moment-là, on laissera une entreprise aller à elle-même. Si jamais elle était en difficulté financière, ce ne sont surtout pas les problèmes environnementaux que règlent des hommes d'affaires. Quand ils ont des problèmes financiers, ils essaient plutôt de régler le très court terme, soit le paiement des salaires des employés et autres. On se soucie très peu, dans les dernières années d'une entreprise, de ce qu'on va faire de l'environnement. C'est cela la dure réalité de ce projet de loi, c'est-à-dire qu'on va laisser les mauvais gestionnaires à eux-mêmes et, ensuite, on ramassera les pots cassés. On n'aura surtout personne qui sera responsable. On pourra toujours dire: «On a participé à ce projet». Autant le banquier que le gouvernement qui aurait pu avoir donné une subvention pourra dire: «Ce n'est pas notre faute. C'est la faute de ceux qui étaient là si cela s'est mal déroulé.» Ils vont surtout pouvoir dire: «Ce n'est pas notre faute». Si jamais il survient une catastrophe de pollution nucléaire, ils pourront dire: «Ce n'est pas notre faute, c'est simplement la responsabilité des administrateurs.»
Cette philosophie libérale, qui consiste à se dégager de toute responsabilité et de toute conscience sociale et communautaire, est présente dans le projet de loi C-57. Elle était présente dans les problèmes vécus par l'industrie aérienne après le 11 septembre. Elle est présente dans les problèmes vécus par l'industrie automobile, entre autres par la fermeture de l'usine de GM de Boisbriand. Elle est présente dans les problèmes vécus par l'industrie du bois d'oeuvre depuis l'échec des discussions entre le Canada et les États-Unis. Il s'agit toujours d'un désir de n'être responsable d'absolument rien, d'essayer de sauver les amis, surtout les banquiers dans ce cas-ci et le gouvernement qui auraient pu avoir une certaine responsabilité. Cependant, dans le dossier des compagnies aériennes, de l'industrie automobile et du bois d'oeuvre, il s'agit d'encourager les petits amis qui seront les plus puissants et d'avaler les autres, quitte à laisser des milliers d'emplois sur le terrain.