NDVA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 27 novembre 2002
¹ | 1530 |
Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)) |
L'honorable John McCallum (ministre de la Défense nationale) |
¹ | 1535 |
¹ | 1540 |
¹ | 1545 |
Le président |
M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne) |
¹ | 1550 |
M. John McCallum |
M. Leon Benoit |
Le président |
M. Leon Benoit |
M. John McCallum |
¹ | 1555 |
M. Leon Benoit |
Le président |
M. Leon Benoit |
M. John McCallum |
Le président |
M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.) |
M. John McCallum |
Le général Raymond R. Henault (chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale) |
º | 1600 |
M. David Price |
M. John McCallum |
Le président |
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ) |
º | 1605 |
M. John McCallum |
º | 1610 |
Le président |
M. Claude Bachand |
M. John McCallum |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
M. Janko Peric (Cambridge, Lib.) |
M. John McCallum |
º | 1615 |
M. Janko Peric |
Le président |
M. John McCallum |
Gén Raymond R. Henault |
Le président |
M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD) |
º | 1620 |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
M. Peter Stoffer |
º | 1625 |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.) |
M. John McCallum |
M. Bob Wood |
M. John McCallum |
º | 1630 |
Le président |
M. Bob Wood |
M. John McCallum |
M. Bob Wood |
M. John McCallum |
M. Bob Wood |
M. John McCallum |
M. Bob Wood |
Le président |
M. Bob Wood |
M. John McCallum |
M. Bob Wood |
Le président |
Mme Elsie Wayne (Saint John, PC) |
º | 1635 |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
M. John McCallum |
º | 1640 |
Le président |
M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.) |
Le président |
M. Robert Bertrand |
Le président |
M. Robert Bertrand |
Le président |
Gén Raymond R. Henault |
º | 1645 |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
M. John McCallum |
Le président |
Mme Deborah Grey (Edmonton-Nord, Alliance canadienne) |
M. John McCallum |
Mme Deborah Grey |
º | 1650 |
M. John McCallum |
Mme Deborah Grey |
M. John McCallum |
Mme Deborah Grey |
Le président |
M. Joe McGuire (Egmont, Lib.) |
M. John McCallum |
º | 1655 |
M. Joe McGuire |
M. John McCallum |
M. Joe McGuire |
M. John McCallum |
Le président |
M. Claude Bachand |
M. John McCallum |
Mme Margaret Bloodworth (sous-ministre, ministère de la Défense nationale) |
» | 1700 |
M. John McCallum |
Le président |
CANADA
Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mercredi 27 novembre 2002
[Enregistrement électronique]
¹ (1530)
[Traduction]
Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): La séance est ouverte.
Au nom de tous les membres du comité, j'aimerais souhaiter la bienvenue à l'honorable John McCallum, au ministre de la Défense nationale et à deux de ses principaux collaborateurs, le chef d'état-major de la Défense, le général Raymond Henault, et Margaret Bloodworth, la sous-ministre. Soyez tous les bienvenus.
Avant de passer à la déclaration du ministre et aux questions, j'aimerais attirer l'attention du comité sur le fait que le ministre n'est disponible que jusqu'à 17 heures et ensuite nous aurons une réunion à huis clos sur les travaux futurs du comité. Ceci pour que tout le monde soit au courant.
Monsieur le ministre, nous allons commencer par votre déclaration. Je vous en prie.
L'honorable John McCallum (ministre de la Défense nationale): Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Vous avez présenté mes deux collègues mais au cas où nous ne pourrions répondre à certaines questions, nous avons des renforts. Permettez-moi de vous présenter M. Ken Calder, le sous-ministre adjoint, Politiques, M. Ken Ready, chef d'état-major du sous-ministre adjoint, Matériel; le major général Doug Dempster, directeur général de la planification stratégique, et M. Jim Shelvock, chef de la section des budgets et des rapports. C'est toute notre armée.
[Français]
Je suis très heureux de comparaître aujourd'hui, pour la première fois, devant le Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. Je suis au courant du bon travail que vous avez accompli en faveur des Forces canadiennes et je compte sur le plaisir de collaborer avec vous pour continuer ces efforts.
[Traduction]
C'est avec un plaisir tout particulier que je comparais devant vous aujourd'hui, deuxième anniversaire de l'élection et sixième anniversaire de ma nomination au poste de ministre de la Défense nationale.
Comme nous le comprenons tous, la priorité de toute discussion sur l'environnement de sécurité actuel porte sur la menace que pose le terrorisme tant pour notre sécurité nationale que pour la stabilité internationale. Comme nous l'avons vu avec l'attentat de Bali, le terrorisme peut nous frapper n'importe où. Le Canada ne peut se permettre d'être complaisant ou se laisser bercer par un faux sentiment de sécurité. Si quiconque avait des doutes, dans la soit-disant cassette de Ben Laden, comme vous le savez, le nom du Canada est mentionné.
[Français]
Comme vous le savez, le Canada se préoccupe du terrorisme depuis bien avant le dernier enregistrement produit par ben Laden. Nous avons pris part à la campagne internationale contre le terrorisme depuis le tout début. Depuis le déclenchement de la campagne, le Canada a fourni plus de 5 400 soldats, marins et aviateurs, hommes et femmes, pour lutter contre le terrorisme.
Aujourd'hui, il y a encore quelque 950 militaires déployés dans ce contexte.
[Traduction]
Vous êtes probablement tous au courant du travail effectué par notre groupement tactique en Afghanistan. Peu après ma nomination au poste de ministre de la Défense, environ six semaines après, je suis allé en Afghanistan et mon respect pour la tâche remplie par nos soldats a fait un bond considérable. Il faisait 50 degrés, le vent nous soufflait du sable constamment dans les yeux et la vie de nos soldats était constamment en danger.
J'ai eu des conversations avec un certain nombre de simples soldats, sans leurs officiers, et j'ai été extraordinairement impressionné par leur engagement, leur bravoure et leur attitude positive malgré des conditions de vie épouvantables. Ce sentiment de fierté a été renforcé par les propos que m'ont tenus un certain nombre d'Américains, de tous les grades, et même par les Afghans qui se sont dit très contents du travail humanitaire effectué par nos soldats.
Donc, dans une certaine mesure, je suppose que j'ai été converti à la cause car si je ne parle pas pour les hommes et les femmes des Forces canadiennes, je ne sais qui le fera.
Mais je devrais également vous dire qu'il n'y a pas simplement l'armée qui a fait de l'excellent travail. La marine aussi avec 12 bateaux qui ont été déployés dans le golf Persique et dans la mer d'Arabie. Il en reste encore deux aujourd'hui. La marine continue à faire un superbe travail d'interception et de surveillance dans la région, et s'est chargée pratiquement de la moitié de tous les contrôles et de 60 p. 100 de tous les abordages effectués par les navires de guerre de la Coalition. Et ce, avec pas plus de 10 p. 100 de la flotte, ce qui démontre l'excellence du travail de notre marine.
Tout dernièrement, notre marine a fait la une des nouvelles en capturant un bateau qui transportait une cargaison suspecte à destination de l'Irak.
Il ne faut pas oublier l'aviation. Elle a également été très active lors de cette campagne, avec le déploiement des Airbus et des Hercules chargés du transport stratégique et tactique, et avec les Auroras et les Sea Kings pour les opérations de surveillance.
Je sais très bien que notre sécurité ne dépend pas uniquement des efforts déployés outre-mer. En fait, le premier devoir de la Défense nationale est de défendre le Canada et les Canadiens, et je peux vous assurer que nous prenons des mesures pour améliorer la sécurité des Canadiens. Nous continuons à maintenir un nombre plus grand de CF-18 en alerte dans le cadre de notre effort accru de défense aérienne au sein du NORAD.
Vous vous souviendrez que le budget de l'année dernière avait alloué 1,2 milliard de dollars de plus à la défense dans le cadre de l'investissement global de 7,7 milliards de dollars consacrés par le gouvernement à la protection des Canadiens contre le terrorisme. Cet argent est utilisé à très bon escient.
Pour vous donner quelques exemples, nous sommes en train de doubler les moyens de nos forces spéciales, la FOI-2, dans les domaines de menace nucléaire, biologique et chimique. Nous avons fortement renforcé à la fois nos moyens militaires et nos moyens de recherche. Nous avons renforcé notre capacité de renseignement. Nous mettons sur pied une approche nationale coordonnée pour protéger nos infrastructures de communication essentielles contre des attaques potentielles. Enfin, nous avons investi dans du matériel d'intervention d'urgence et formé le personnel nécessaire au niveau municipal par le biais du programme conjoint de protection civile.
¹ (1535)
[Français]
J'ai parlé un peu du contexte à l'intérieur duquel le ministère de la Défense fonctionne actuellement. Permettez-moi maintenant de réfléchir avec vous aux pressions qui s'exercent sur la Défense et à certains des moyens que nous proposons pour y faire face.
Beaucoup d'entre vous, je le pense, connaissent la teneur du discours que j'ai récemment prononcé devant la Chambre de commerce de Toronto. J'y disais notamment que le ministère de la Défense avait besoin d'un accroissement de son budget. Je ne veux pas m'éterniser sur ce point maintenant, mais je tiens à souligner que je suis loin d'être le seul à réclamer des fonds supplémentaires pour le ministère de la Défense. En fait, ce comité s'est lui-même vigoureusement prononcé en faveur d'une hausse du budget de la Défense.
[Traduction]
En vérité, vu l'opinion publique actuelle, je dirais qu'être ministre de la Défense aujourd'hui n'est pas mauvais. Nous le constatons de bien des façons. Nous le constatons dans les sondages d'opinion, où dernièrement 75 p. 100 des Canadiens se sont dit en faveur d'une augmentation des dépenses en matière de défense. Nous l'avons constaté dans un autre sondage quand, il y a cinq ans, nous avions demandé aux Canadiens de donner un ordre de priorité aux différentes catégories de dépenses, comme la santé, l'environnement, les transports, etc., et la défense sur environ 15 catégories occupait l'avant-dernière place. Aujourd'hui, cinq ans plus tard, elle a dépassé le milieu de la liste. C'est une énorme progression en cinq ans.
Nous le constatons d'autres manières. Nous l'avons constaté deux fois à Edmonton avec les milliers de gens qui sont venus deux fois, une fois pour le service commémoratif en l'honneur des quatre soldats tués et des autres qui avaient été blessés en Afghanistan, et une deuxième fois pour une occasion plus joyeuse, le retour de nos soldats d'Afghanistan. Je l'ai constaté dans mon propre caucus. Dans les autres caucus, bien entendu, je ne peux pas le dire. Mais en discutant avec les membres de trois de nos caucus régionaux, j'ai noté un enthousiasme significatif.
Il y a quelques années, les seuls à soutenir une augmentation des dépenses au chapitre de la défense étaient les généraux à la retraite. Je n'ai rien contre les généraux à la retraite ni contre les généraux toujours en service actif, mais que des généraux à la retraite fassent de telles demandes n'était pas surprenant. Aujourd'hui, il y a des libéraux que je qualifiais autrefois de purs et durs, des libéraux idéologiques comme les frères Axworthy—Lloyd Axworthy, l'ancien ministre des Affaires étrangères, et Tom Axworthy, ancien secrétaire principal de Pierre Trudeau—et Michael Ignatieff, qui se qualifie lui-même d'intellectuel du centre-gauche, qui réclament non seulement une augmentation des dépenses pour la défense mais aussi une accélération de ces dépenses.
Comme je l'ai déjà dit, l'opinion publique semble y être tout à fait prête. En même temps, il faut quand même reconnaître que le gouvernement a d'autres priorités tout aussi importantes et que les fonds sont limités.
Je peux en attester, avant j'étais aux Finances. Il est vrai que lorsque je suis passé des Finances à la Défense, d'épargnant je suis devenu immédiatement dépensier, mais de mon passage aux Finances je sais que la concurrence est rude. Déterminer les priorités n'est pas tâche facile.
Cela signifie qu'augmenter le budget ne peut être la seule solution pour diminuer les pressions actuelles et assurer la viabilité à long terme des Forces canadiennes. N'oublions pas qu'après tout c'est ce gouvernement qui a déjà prévu une augmentation du budget de la défense de 5 milliards de dollars entre 2001-2002 et 2006-2007. Nous pouvons réclamer des ressources supplémentaires, mais il faut aussi nous assurer que chacun de ces dollars est dépensé le plus intelligemment possible.
Je sais qu'il en va ainsi dans toute grosse organisation. J'ai travaillé pour trois grosses organisations. Que ce soit une banque, une université ou les militaires, faire bouger les grosses organisations n'est pas facile. Dans les grosses organisations, il y a toujours certains gaspillages et on ne peut pas dire qu'elles réagissent immédiatement à l'évolution des circonstances internationales. Il faut donc saisir toutes les occasions d'augmentation de l'efficacité.
En passant, ce n'est pas du tout une critique des militaires. Toutes les grosses organisations ont des problèmes d'adaptation à un monde en constante mutation.
Pour m'aider à augmenter cette efficacité, comme vous l'avez peut-être déjà entendu dire, j'ai l'intention de nommer un petit nombre de spécialistes en restructuration du secteur privé pour qu'ils étudient les moyens pour le ministère de faire des économies.
Quoi que nous fassions, l'important c'est la durabilité des Forces canadiennes. Une des clés de la garantie de cette durabilité à long terme est la réduction des pressions que la cadence opérationnelle actuelle exerce sur nos troupes et leurs familles. Je le reconnais volontiers. Le chef d'état-major l'a dit publiquement. D'autres dirigeants des Forces canadiennes l'ont dit. Nous cherchons activement des solutions.
Par exemple, nous avons décidé de ne pas envoyer de nouvelles troupes en Afghanistan quand le groupement tactique sera revenu de Kandahar. Tout dernièrement, suite à une recommandation de l'OTAN, nous avons pu réduire les effectifs de nos forces en Bosnie pour les faire passer de 1 500 à environ 1 300. C'est grâce à la nette amélioration du climat de sécurité dans cette région. Il n'y a pas que le Canada qui a réduit sa participation. L'OTAN a réduit sa présence d'à peu près le même pourcentage, reflet d'une amélioration du climat de sécurité.
¹ (1540)
Les améliorations permanentes apportées à la qualité de vie des militaires, question qui vous est très familière, sont un autre moyen de réduire certaines de ces pressions. Par exemple, nous avons fait une étude sur les conséquences des déploiements fréquents sur nos militaires. Les conclusions de cette étude nous permettront d'élaborer des politiques et des programmes visant à atténuer les effets de ces déploiements répétés.
[Français]
En mai 2001, le ministère a lancé, de concert avec Anciens Combattants Canada, le projet de Soutien social aux victimes de stress opérationnel. Le projet a pour but d'établir des programmes de soutien social à l'intention des militaires, des anciens combattants et de leurs familles qui souffrent de traumatismes liés au stress opérationnel et d'offrir une formation et des cours dans les Forces canadiennes pour promouvoir la compréhension de ces traumatismes.
[Traduction]
Ces initiatives, couplées aux autres améliorations de la qualité de vie mises en place par mon prédécesseur, correspondent à des mesures concrètes d'investissement dans le bien-être des membres de nos Forces canadiennes.
J'ai été tout particulièrement heureux que les troupes revenant d'Afghanistan aient passé quelques jours à décompresser à Guam. C'était une nouveauté expérimentale et mon homologue britannique a tellement été intéressé qu'il m'a demandé de lui en communiquer les modalités. Je ne prétends nullement que nous ayons atteint la perfection mais je crois que dans ce domaine important nous sommes parmi les chefs de file au sein de l'OTAN.
Je reviens tout juste du sommet de l'OTAN à Prague. Comme vous devez le savoir, je pense, la face de l'OTAN est sur le point de changer de manière spectaculaire avec l'invitation qui a été faite à sept nouveaux pays de se joindre à l'alliance. Avec l'addition de ces nouveaux membres, le territoire de l'OTAN s'étendra à une grande partie de l'Europe centrale et orientale.
Permettez-moi de vous parler brièvement de deux questions liées à cette réunion à Prague. La première concerne l'admission de sept nouveaux membres et la deuxième les avantages d'une alliance comme l'OTAN pour un pays de notre taille.
L'admission des sept nouveaux pays a été un moment émouvant; sept pays représentant 46 millions d'habitants. Certainement au cours des 50 dernières années et peut-être jamais tout au long de leur histoire n'ont-ils bénéficié du genre de sécurité offert par le parapluie de l'OTAN. Et donc, peut-être pour la première fois de leur histoire, et certainement pour la première fois depuis 50 ans, ces sept nouveaux pays se sont vus offerts ce degré de sécurité qu'offre l'OTAN. Je crois que cela permettra l'épanouissement d'institutions démocratiques et, en corollaire, le progrès économique dans la région.
Je crois que nous avons tous été très touchés lorsque chacun des sept dirigeants a fait sa brève allocution au groupe après leur admission dans le club.
En fait d'avantages de la participation du Canada à l'OTAN, j'ai mentionné hier un exemple concernant le transport aérien stratégique. Ce sont les Allemands qui ont fait cette proposition et un certain nombre de pays veulent examiner la possibilité de regrouper leurs ressources pour créer une capacité économique de transport aérien stratégique.
C'est un peu comme les appartements en multi-propriété ou le temps d'occupation est proportionnel au prix payé. Nous ne sommes pas certains que cela marchera, car c'est souvent sur les détails que des initiatives de ce genre achoppent. Il faut que nous ayons accès à ces avions quand nous en avons besoin. Nous voudrions que quelques-uns soient basés au Canada, mais il reste qu'un des avantages de l'OTAN est que nous pouvons réfléchir avec nos alliés pour trouver des solutions économiques à certaines de nos priorités les plus urgentes.
Nous donnons également la priorité à des relations de défense encore plus proches pour nous, à savoir un programme renforcé de sécurité continentale avec les Américains. Ce n'est pas une nouveauté. Depuis 1940, date de la signature de la Déclaration d'Ogdensburg par Mackenzie King et Franklin Delano Roosevelt, nous assurons la défense de l'Amérique du Nord en coopération avec les Américains.
Nous en sommes maintenant aux dernières étapes de l'élaboration d'une nouvelle entente qui représente une nouvelle phase de cette histoire longue de 60 ans qui facilitera la collaboration de nos deux pays en cas d'attaque terroriste ou de catastrophe sur le territoire américain ou dans les mers qui le baigne. Nous espérons qu'un groupe de planification conjoint sera très bientôt en place. Ce groupe permettra au Canada et aux États-Unis de partager leurs informations et leurs plans de protection et de prendre les mesures nécessaires pour accéder aux ressources nécessaires en cas de crise.
¹ (1545)
[Français]
C'est là un des faits nouveaux les plus importants de l'histoire de la coopération canado-américaine depuis la création du NORAD.
[Traduction]
Pour résumer, permettez-moi de répéter quelques points essentiels. La menace du terrorisme est toujours là. Nous prenons des mesures avec nos alliés pour lutter contre cette menace tant sur la scène internationale que chez nous.
Enfin, je tiens à répéter que contrairement à la description des oiseaux de mauvais augure, les militaires canadiens font un excellent travail dont nous pouvons tous être fiers. Mon plus gros défi et ma plus grosse priorité est de veiller à ce que les Forces canadiennes demeurent durables afin qu'elles continuent à remplir leur tâche la plus essentielle, à savoir protéger le Canada et l'Amérique du Nord et contribuer à la stabilité internationale. Cela nous coûtera de l'argent et il y aura des choix difficiles à faire, mais pour être franc, je ne crois pas que nous puissions nous permettre de faire moins.
Sur ce, monsieur le président, je répondrai avec plaisir aux questions que les membres de votre comité voudront bien me poser.
Le président: Merci, monsieur le ministre, de cet exposé très complet.
Nous passons directement aux questions avec M. Benoit qui est le premier sur notre liste pour sept minutes.
M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Monsieur le président, je vous remercie ainsi que le ministre, le chef d'état-major et tous les autres collaborateurs qui sont aujourd'hui présents.
Je suis très content de pouvoir vous poser quelques questions, monsieur le ministre. Dans vos commentaires, vous avez dit qu'il était important de défendre le Canada et les Canadiens, et je suppose que vous vouliez dire ici chez nous. Mais pour offrir cette sécurité aux Canadiens qui la méritent et qui l'escomptent, il faut aussi que nos militaires aient les moyens de frapper nos ennemis là où ils se trouvent.
Par exemple, nous avons envoyé des troupes en Afghanistan, et malgré le manque d'engagement de la part du gouvernement, elles se sont très bien comportées. Elles n'avaient pas le matériel nécessaire, elles n'avaient pas les uniformes appropriés mais malgré tout, elles se sont très bien comportées. Il est donc important que nous puissions frapper là où se trouve le problème. C'est un aspect important de la stratégie militaire pour protéger les Canadiens.
J'aimerais vous poser, monsieur le ministre, quelques questions sur l'envoi éventuel de nos troupes en Irak. Dans vos commentaires, vous y avez fait allusion. Mais lundi à la Chambre des communes, vous avez dit que le Canada avait signé avec d'autres petits pays de l'OTAN une entente de transport aérien stratégique.
J'aimerais rappeler au ministre que le Canada est l'une des trois nations fondatrices de l'OTAN, que nous sommes membres du G-8 et que géographiquement nous sommes le plus grand pays de l'OTAN. J'aimerais simplement demander au ministre s'il n'est pas un peu embarrassé par le fait que son gouvernement ait permis une telle détérioration de ce pays—de sa force militaire—que selon lui nous sommes désormais un tout petit acteur et qu'en collaboration avec d'autres petits acteurs de l'OTAN, nous envisageons un programme de transport aérien stratégique commun.
¹ (1550)
M. John McCallum: Tout d'abord, monsieur Benoit, j'ai lu votre communiqué et j'aimerais vous rappeler ceci: Vous dites qu'il y a eu trois membres fondateurs de l'OTAN, alors qu'en fait, il y en a eu 12, et je voudrais aussi vous faire remarquer que la taille d'un pays dépend du contexte et du point de vue de celui qui l'observe. Par rapport aux États-Unis, qui consacrent à la défense deux fois plus que l'ensemble des autres pays de l'OTAN, nous sommes un pays relativement petit, voire même très petit, pourrait-on dire. Nous sommes un pays très petit par rapport au Royaume-Uni, dont les dépenses sont très importantes. Et ce sont les deux seuls pays qui disposent de moyens de transport aérien stratégique. Ce sont les deux seuls pays de l'OTAN qui en disposent.
Donc, tout dépend du contexte. Nous sommes un grand pays du point de vue de sa superficie. Les enfants de 3e année le savent. Nous sommes un grand pays du point de vue de la longueur de son littoral. Oui, j'en conviens, et j'ajouterai que si l'on considère des éléments comme la qualité de vie et le respect des différentes religions, des races, etc., nous sommes effectivement un très grand pays. La taille du pays dépend donc du contexte et du point de vue de celui qui l'observe.
M. Leon Benoit: Monsieur le ministre, vous avez déjà fait référence...
Le président: Je voudrais rappeler aux auteurs des questions et des réponses qu'ils doivent s'adresser à la présidence.
M. Leon Benoit: ... au fait, monsieur le ministre— par l'intermédiaire du président—que les États-Unis et le Royaume-Uni sont les deux pays qui disposent dès maintenant de moyens de transport aérien stratégique. Il y a une raison bien précise à cela. Avec le Canada, ces deux pays sont séparés du continent européen. C'est pourquoi il est essentiel... Le ministre ne serait-il pas d'accord...? Comment peut-il dire que le Canada peut très bien participer à un accord d'attribution en jouissance par périodes, comme ceux qui s'appliquent dans les condominiums, pour assurer ces transports aériens stratégiques alors que les deux autres pays, les États-Unis et le Royaume-Uni, assurent leur propre transport?
Pour moi, la possibilité que le Canada participe à une entente de partage en matière de moyens de transport stratégique avec d'autres pays est une idée ridicule, parce qu'il est certain que tous ceux qui ont droit à une partie du temps voudront obtenir du transport aérien stratégique au même moment. Tout le monde voudra obtenir du temps pendant la même semaine chaque année. Par conséquent, comment cette formule peut-elle doter le Canada de moyens de transport aérien stratégique?
M. John McCallum: Monsieur le président, rétablissons d'abord les faits.
Les moyens de transport stratégique concernent les transports sur de longues distances, tandis que les moyens de transport aérien tactique concernent les courtes distances. Il est vrai que le Royaume-Uni est séparé de l'Europe par les eaux de la Manche, qui fait 30 milles de large, je crois. Je ne pense pas que cette distance soit suffisante pour affirmer que le Royaume-Uni a besoin de moyens de transport stratégique pour se rendre en Europe, et je ne peux donc accepter cette hypothèse de départ.
Il reste, monsieur le président, si je peux répondre à la question, que tous les pays voudraient avoir des moyens de transport aérien stratégique, et c'est aussi notre cas. Si nous n'en avons pas... nous avons pu nous en passer jusqu'à maintenant, comme tous les autres pays, à l'exception du Royaume-Uni et des États-Unis. Nous avons toujours réussi à nous rendre du point A au point B en ayant recours à la location ou au crédit-bail. Cette solution n'est pas idéale, car elle coûte parfois très cher et elle est parfois trop lente. C'est pourquoi l'acquisition de moyens de transport aérien stratégique constitue pour nous une priorité de premier plan.
Cela étant dit, il est normal que les pays se dotent de ces moyens de transport avec un souci de rentabilité. Personne ne souhaite voir des centaines d'avions énormes très coûteux, stationnés dans les différentes régions du Canada jusqu'à ce qu'on les utilise, et qui ne serviraient chaque année que pendant de très courtes périodes. Nous voulons donc envisager plusieurs options, notamment l'attribution en jouissance par périodes. Comme je l'ai dit, c'est au niveau des détails que tout se gâte, et il faut pouvoir obtenir ces avions...
¹ (1555)
M. Leon Benoit: Mais monsieur le président, j'aimerais demander au ministre ce qui lui permet de croire que tous les pays en cause n'auront pas besoin de moyens de transport stratégique au même moment, en particulier si une guerre se déclare.
Le président: Monsieur Benoit, puis-je vous demander de permettre au ministre de terminer sa réponse?
M. Leon Benoit: Je crois qu'il a fini de répondre, monsieur le président. J'étais convaincu qu'il avait terminé.
M. John McCallum: Monsieur le président, j'y venais précisément. J'ai dit que c'est au niveau des détails que tout se gâte. Nous pourrions exiger qu'un certain nombre de ces avions soient stationnés au Canada, et que nous puissions y avoir accès quand nous en avons besoin. Il faudrait négocier tout cela. On pourra peut-être l'obtenir, peut-être pas, mais il faut d'abord essayer, et j'ai dit que c'est ce que nous allions faire.
Le président: Monsieur Benoit, votre temps est écoulé. Je donne maintenant la parole à M. Price.
M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.): Merci, monsieur le président, et merci à vous, monsieur le ministre, général, et Mme Bloodworth, de votre présence ici. Il est important que les Canadiens aient l'occasion d'entendre ce que le ministre a à dire.
J'ai plusieurs questions. Tout d'abord, j'ai été heureux de vous entendre dire, monsieur le ministre, que vous veniez du ministère des Finances et que vous faites maintenant partie de ceux qui dépensent de l'argent. Mais je suis sûr que comme vous avez l'expérience des finances, vous serez très prudent dans vos dépenses, et nous vous en savons gré.
Récemment, un groupe de députés a visité les installations du NORAD, et je dois dire que nous avons été très fiers d'y voir nos Canadiens à l'oeuvre, de constater leur parfaite intégration aux activités de l'organisme, à tel point qu'on peut dire que les Canadiens sont véritablement au premier plan des activités en quasi-permanence; malheureusement, on n'en parle pas assez.
Lors de cette visite, on nous a soumis un argument très intéressant: depuis le 11 septembre, les Américains et les Canadiens ont dû assurer beaucoup plus de missions de couverture pour protéger les villes, en particulier Washington et New York pour les Américains, ainsi que des missions ponctuelles dans toutes les régions du pays. C'est la même chose au Canada.
Pour les Américains, il en résulte une pression beaucoup plus grande sur les avions, et j'imagine qu'il en sera de même pour nous.
Avant d'en venir à ma question, les Américains nous ont signalé qu'une fois les améliorations apportées à nos CF-18, ces avions seront supérieurs aux F-16 américains. Ils auront une capacité supérieure, sans même parler des armes à guidage de précision que nous avons commandées.
Voici ma question: Nous allons être en avance de ce point de vue, mais est-ce que nos avions pourront tenir le coup?
M. John McCallum: Je vais vous donner ma réponse, mais sur les questions plus techniques concernant les avions, je vais donner la parole au chef.
Moi aussi, j'ai été très impressionné lorsque j'ai visité les installations du NORAD et que j'ai vu les Canadiens et les Américains travailler en mode interchangeable. Je crois que le 11 septembre, c'est un Canadien qui, par hasard était au commandement, et cela n'a rien changé. Tout s'est bien passé. Je suis donc d'accord avec vous pour dire que c'est une expérience extraordinaire.
Je vais effectivement me montrer très prudent en matière de dépenses. J'ai dit qu'il fallait revaloriser certains postes de dépense et améliorer notre efficience. Vis-à-vis des contribuables et des militaires, j'ai l'obligation de dépenser intelligemment, et non pas de dépenser beaucoup.
En ce qui concerne la version améliorée de nos CF-18, je ne sais pas si ces avions seront meilleurs que ceux des Américains—je cède la parole sur ce point au chef—mais je savais dès le départ que c'était du bon matériel comme on dit dans l'armée, de bons avions tout à fait capables de remplir leur mission.
En ce qui concerne l'état des avions rénovés par rapport aux avions américains, je vais demander au général Henault de vous fournir une réponse.
Le général Raymond R. Henault (chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Merci, monsieur le ministre.
Nous avons entrepris un projet de mise à niveau. Il s'agit d'améliorer 80 de nos CF-18 en fonction d'une norme qui nous permettra de les utiliser jusqu'aux environs de 2017 ou de 2020. Cette norme est compatible avec celles de tous nos alliés de l'OTAN et elle correspond à la période sur laquelle nous avons l'intention d'utiliser les avions, c'est-à-dire au cours des 20 prochaines années environ.
Je ne voudrais pas comparer nos avions à ceux des Américains, car tout dépend des modalités de la comparaison. Le F-16 n'est pas nécessairement un avion tout temps, à usage multiple et multimissions. Nos avions seront peut-être supérieurs à certains groupes de F-16 du point de vue de leur capacité technologique, mais leur niveau par rapport à certains F-18 de l'inventaire américain ou de l'armée de l'air australienne, par exemple, dépendra des améliorations apportées aux avions des autres pays.
Je peux cependant vous dire que notre CF-18 sera compatible avec les avions de nos alliés de l'OTAN. Il aura une interopérabilité intégrale de tous les points de vue, aussi bien technologique, avionique ou autres, mais aussi en ce qui concerne sa capacité de déployer à long terme des munitions à guidage de précision ou à guidage par satellite. Cette amélioration sera donc très profitable au Canada et va permettra à notre aviation de rester en quelque sorte à l'avant-garde technologique.
º (1600)
M. David Price: Merci.
Monsieur le ministre, j'aimerais avoir votre point de vue sur la phase deux de la restructuration de la réserve. C'est la prochaine étape. Je ne sais pas si vous avez eu connaissance des craintes que suscitent dans les réserves le matériel maintes fois utilisé et la difficulté d'obtenir des heures d'entraînement. Évidemment, une partie de ces problèmes seront abordés lors de la phase deux de la restructuration de la réserve, mais j'aimerais savoir si on pourrait aller un peu plus loin, étant donné la valeur de nos réserves, qui constituent une véritable empreinte du Canada dans nos collectivités.
Vous avez dit vous-même que les réserves sont une partie très importante de l'armée et que c'est sans doute l'un des postes où un investissement à court terme serait le plus rentable pour venir en aide à l'ensemble de l'institution militaire.
M. John McCallum: Comme vous l'avez dit, les réserves constituent notre empreinte nationale. C'est une institution nationale vénérable et fière. J'ai rencontré de nombreux réservistes, bien que je n'occupe mon poste que depuis peu de temps, et j'ai été très impressionné par ce qu'ils font. Je sais que la réserve forme un milieu très fier et que sa restructuration fait depuis longtemps partie des priorités. J'espère pouvoir obtenir le financement nécessaire à la phase deux.
Je ne peux pas faire d'annonce à ce sujet, car le budget ne sera présenté qu'en février prochain, mais comme vous le savez sans doute, la phase un visait à faire passer les effectifs de la réserve de 14 500 à 15 500 réservistes d'ici 2003. C'est l'objectif, et nous pensons pouvoir l'atteindre. La phase deux, prévue jusqu'en mars 2006, porterait ces effectifs à 18 500 réservistes. J'ai l'intention d'obtenir le financement nécessaire en priorité.
Mais il y a des contraintes. Comme je l'ai dit à maintes reprises, il y a des contraintes budgétaires dans l'ensemble des Forces canadiennes. Comme l'a dit mon prédécesseur—je me contente de le citer—il avait un budget de 12 milliards de dollars pour un programme de 13 milliards de dollars. Pour l'année en cours, nous sommes effectivement à court d'argent. Du reste, certains des problèmes que vous signalez pour les réserves sont aussi présents dans l'armée régulière.
Enfin, pour répondre à votre question, je peux dire que nous avons déjà obtenu certains résultats dans la restructuration de la réserve. Nous avons augmenté ses effectifs d'environ 1 000 personnes. La procédure de recrutement a été simplifiée; le service de la paye a été amélioré, on a augmenté l'équipement en dotation, on a mis au point une nouvelle prime d'entraînement et on a apporté un certain nombre d'autres améliorations.
On peut donc parler de contraintes mais aussi d'améliorations, et j'espère que nous pourrons financer la phase deux de la restructuration dès que possible.
Le président: Merci, monsieur le ministre.
À vous, monsieur Bachand.
[Français]
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier le ministre pour sa présentation et m'entretenir avec lui d'un sujet qui me tient à coeur. Je pense que ça ne sera pas une surprise. Vous savez que lors du dépôt du rapport du Comité de la défense nationale, le Bloc québécois avait été le seul à présenter un rapport dissident, et je pense que vous savez pourquoi. Je veux échanger avec vous sur la politique de la défense nationale.
D'ailleurs, vous avez fait mention dans votre discours à Toronto que vous vouliez plus de millions pour l'armée, ce à quoi on ne s'oppose pas. Cependant, il nous apparaît très important de savoir où on va investir cet argent-là. Et pour y arriver, quant à nous, il faut une politique de la défense nationale.
Lorsque je vous ai posé cette question en Chambre, vous m'avez dit que vous n'aviez pas de plan précis sur la façon d'investir l'argent. Je soupçonne que cette réponse est due au fait que la politique de la défense date maintenant d'au-delà de huit ans et que le monde a énormément changé. Je ne mentionnerai personne ici parce qu'il y a plusieurs généraux qui vont me dire, surtout les généraux de terre, que ce n'est peut-être plus le temps de mettre autant d'argent dans l'aviation et dans la marine. Et quand je vais rencontrer un général de la marine, il va me dire que ce n'est peut-être plus le temps de mettre autant d'argent dans l'armée et dans les forces aériennes, et ainsi de suite.
Je trouve qu'il est temps que le contribuable ait son mot à dire. C'est un débat qui a cours à l'OTAN et qui a trait à toute la question de la guerre au terrorisme. Les gens commencent à se demander si c'est avec des sous-marins qu'on va enrayer le terrorisme. Je doute fort qu'on puisse mettre fin aux actions terroristes avec des sous-marins. Pourtant, le Canada vient d'acheter quatre sous-marins, il veut bonifier sa flotte aérienne et il tente de recruter des marins pour que les bateaux puissent prendre le large.
Donc, il serait temps, me semble-t-il, de demander aux contribuables si on a encore les moyens, avec des budgets limités à 12 milliards de dollars, ou même à 13 ou 15 milliards de dollars, de maintenir toutes les forces armées, c'est-à-dire les forces de terre, de mer et aériennes. C'est ça, la question. Votre prédécesseur m'a dit à plusieurs reprises que la politique de la défense nationale allait sortir bientôt. Dans le dernier discours du Trône, vous vous êtes donné jusqu'à la fin du mandat pour le faire. En attendant, vous avez les mains libres pour investir d'éventuels surplus et les attribuer là où vous le voulez.
Pourquoi ne demandez-vous pas aux contribuables canadiens et québécois quel type d'armée ils veulent et n'établissez-vous pas par la suite un budget en conséquence?
º (1605)
M. John McCallum: Monsieur le président, M. Bachand a raison. Je ne suis pas surpris d'entendre cette question, parce qu'il m'a posé peut-être quatre questions depuis que je suis ministre et que ce sont toujours les mêmes.
Donc, la réponse est simple. Elle n'a pas changé depuis la dernière fois qu'il m'a posé la question. La réponse, c'est qu'il y a deux étapes. La première se situe entre maintenant et le budget, qui devrait être en février, c'est-à-dire dans trois mois. On a eu des consultations avec le public et on a lu tous les rapports du comité. J'ai eu des réunions avec des experts et d'autres personnes au cours de l'été, etc.
C'est en me basant sur tout cela que je vais essayer d'obtenir dans le prochain budget des fonds qui nous permettront de faire ce qu'on fait aujourd'hui. Pour le moment, on ne se pose pas de questions au sujet du long terme. Doit-on avoir plus de navires, d'avions ou de soldats? Tout ce qu'on essaie de faire à court terme, c'est de faire ce qu'on fait aujourd'hui d'une façon soutenable. Même le ministère des Finances et le Conseil du Trésor ont dit que la situation actuelle n'était pas soutenable et qu'il y avait un déficit de l'ordre de 900 millions de dollars par année. On a besoin de ces fonds simplement pour poursuivre nos activités d'une façon soutenable. C'est à court terme; c'est l'étape numéro un.
La question que pose M. Bachand est une question à plus long terme. Il est vrai que dans le discours du Trône, le gouvernement a dit qu'avant la fin du mandat, on étudierait les possibilités pour le long terme. Donc, les questions que pose M. Bachand sont des questions à long terme. Un de ces jours, je présenterai au Cabinet des options pour une revue, comme cela est décrit dans le discours du Trône. À ce moment-là, on posera des questions non seulement aux Québécois, mais à tous les Canadiens, concernant leurs points de vue. Donc, à court terme, on ne se posera pas de grandes questions et il n'y aura pas de grands changements structurels. On cherche seulement à obtenir le financement additionnel nécessaire pour mener nos activités de façon soutenable.
º (1610)
Le président: Monsieur Bachand, vous avez une minute.
M. Claude Bachand: J'aurais une question rapide sur l'Irak.
La résolution de l'ONU et la question de savoir si c'est une action où on va accompagner les Américains sans l'égide de l'ONU sont des choses importantes, mais on ne va pas s'attarder là-dessus. Je veux plutôt vous demander si vous pourriez nous parler brièvement, peut-être avec l'aide du chef d'état-major, de l'état de préparation des troupes. Si, dans les quelques mois qui viennent, on devait envoyer des forces en Irak, est-ce que nos troupes de terre, nos troupes de mer et nos troupes aériennes seraient prêtes? Voilà ma question.
M. John McCallum: La première chose à dire, c'est qu'on espère qu'il n'y aura pas de guerre. On a une résolution très forte à l'ONU; on était unanimes pour mettre des pressions sur M. Saddam Hussein, et les inspecteurs sont là aujourd'hui. Jusqu'à maintenant, il semble qu'il y ait eu une coopération de la part du gouvernement de l'Irak, probablement parce que Saddam Hussein a deux choix: soit il identifie ses armements de destruction et il les détruit comme le demande l'ONU, soit son gouvernement risque de ne pas durer, et peut-être même sa vie. On espère donc qu'il agira en homme rationnel. Je ne sais pas s'il est tout à fait rationnel, mais on espère qu'avec ces pressions et avec cette résolution très forte, il sera possible d'éviter la guerre. C'est le point numéro un.
[Traduction]
Le président: Bien, monsieur le ministre, je vais vous demander de conclure votre réponse, car il reste encore de nombreuses questions.
M. John McCallum: J'en resterai donc à ce premier point, monsieur le président.
Le président: Vous aurez peut-être l'occasion de compléter plus tard.
À vous, monsieur Peric.
M. Janko Peric (Cambridge, Lib.): Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis heureux que vous ayez signalé dans votre déclaration liminaire que vous reveniez de Prague et que vous aviez personnellement assisté à l'adhésion de sept nouveaux pays. Je crois qu'un seul d'entre eux ne faisait pas partie du Pacte de Varsovie. Tous les autres en faisaient partie, n'est-ce pas?
M. John McCallum: Oui.
M. Janko Peric: La chute du Pacte de Varsovie et de l'Union soviétique ne remonte qu'à 12 ans et je crois qu'il y a encore des officiers d'active qui ont été formés avec la mentalité du Pacte de Varsovie, et qui vont maintenant devenir membres de l'OTAN. À votre avis, seront-ils capables de réussir le passage de l'un à l'autre?
Ma deuxième question sera la suivante: vous avez dit que la population totale de ces sept nouveaux membres est d'environ 35 millions de personnes, soit un peu plus que la population canadienne. La puissance économique de ces pays est très modeste. À votre avis, est-ce qu'ils seront en mesure d'accéder aux exigences des autres pays membres de l'OTAN en ce qui concerne l'amélioration de leur équipement, et seront-ils prêts à fournir l'entraînement et le matériel nécessaires pour participer, au besoin, aux actions de l'OTAN?
M. John McCallum: Ces pays ont dû se conformer à certaines conditions fixées par l'OTAN quant au respect de la démocratie et au degré de conformité militaire. Nous sommes très heureux que le Canada ait été le premier à préconiser l'expansion de l'OTAN à condition que ces pays parviennent au moins à un semblant de démocratie.
Je pense que l'adhésion à l'OTAN devrait en elle-même créer des conditions favorables à une amélioration de la démocratie et des institutions militaires. Je suis cependant le premier à reconnaître qu'il y a bien du chemin à faire. Au cours des premières années, l'OTAN va sans doute davantage contribuer au développement de ces pays qu'eux-mêmes ne pourront contribuer à l'OTAN, mais je pense que c'est un investissement utile, puisque c'est un investissement dans la sécurité de la région, dans la démocratie et dans le développement économique de ces pays. Compte tenu de l'histoire et des horreurs de la guerre qu'ils ont connues, je suis convaincu que c'est un investissement très utile, mais je pense aussi que les armées de ces pays ont du chemin à faire.
Monsieur le président, je voudrais dire une dernière chose à M. Peric. Je sais qu'il est originaire de la Croatie; au cours des réunions de l'OTAN, on a dit aussi que les portes de l'organisme étaient toujours ouvertes. Ceux qui n'ont pas pu y adhérer cette fois-ci auraient tort de se décourager, car tôt ou tard, de nouveaux pays seront accueillis au sein de l'OTAN.
Je voudrais demander au chef d'état-major de parler plus précisément de la situation actuelle des armées de ces sept pays.
º (1615)
M. Janko Peric: Avant d'écouter les commentaires du général, je tiens à dire que je ne me préoccupe pas de la Croatie. Je suis ici au Canada et je suis député au Parlement canadien. J'ai même un fils sous les drapeaux des Forces canadiennes, dans la marine.
Je tenais à le préciser.
Le président: Merci de cette précision.
M. John McCallum: Ma remarque n'avait rien de négatif. Je sais que vous êtes Canadien à cent pour cent. Il a été question de la Croatie, et j'ai pensé que cela pourrait vous intéresser.
Je cède maintenant la parole au chef d'état-major.
Gén Raymond R. Henault: Monsieur le président, je participe depuis assez longtemps à la préparation des plans d'action pour les partenariats et pour l'adhésion de tous ces pays qui, à Prague, ont été invités à devenir membres de l'OTAN. Sans me perdre dans les détails, je peux vous dire que, l'automne dernier, je me suis rendu en Hongrie, en République tchèque et en Pologne, soit les trois pays à avoir le plus récemment adhéré à l'OTAN. Leurs forces armées ont énormément progressé du point de vue de l'interopérabilité et leurs capacités, leur aptitude à communiquer avec l'OTAN, leur connaissance de l'anglais, leur aptitude à suivre les méthodes et les procédures de l'OTAN se sont améliorées en conséquence.
Ils ont travaillé d'arrache-pied dans leur propre pays pour parvenir à ces résultats. Les plans d'action pour l'adhésion, qui ont permis à sept nouveaux membres de se voir inviter, ont nécessité des engagements considérables de leur part, comme le ministre l'a déjà signalé. Ils ont tous respecté les normes exigées et ont maintenant été invités à entreprendre des pourparlers avec l'OTAN, pour accéder à l'OTAN, grâce à leurs succès.
J'éprouve la confiance la plus totale en leur capacité de s'intégrer à l'OTAN, si je me fonde sur ce que j'ai vu les autres pays réaliser récemment. J'ai constaté également que les représentants des autres pays qui leur ont parlé et les ont rencontrés leur accordent entièrement leur confiance.
Récemment, j'ai également reçu la visite des chefs d'état-major de la Slovénie et de la Roumanie, qui ont consacré énormément de temps à se renseigner sur ce qu'ils doivent faire pour devenir des membres de l'OTAN et qui semblent prêts à déployer tous les efforts nécessaires et à faire tout en leur possible pour y parvenir.
En dernier lieu, je dois dire que le Canada joue un rôle très important dans cette initiative de l'accession de nouveaux pays. Nous avons travaillé très fort à fournir à ces pays de l'information, des conseils, des exercices ainsi que de la formation linguistique, tout en leur fournissant la possibilité de venir au Canada pour y observer la façon dont nous faisons les choses. Je crois donc que nous pouvons être fiers du rôle que nous avons joué pour les aider à se joindre à nous et à être invités à devenir membres de l'OTAN.
Merci, monsieur le président.
Le président: Avez-vous autre chose à ajouter, monsieur Peric? Il vous reste une minute.
Monsieur Stoffer, vous avez sept minutes.
M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Est-ce que c'est moi qui obtiens cette minute supplémentaire? Ah, tant pis.
Merci, monsieur le président, et merci, monsieur le ministre et monsieur Henault pour être venus nous voir aujourd'hui.
Monsieur le ministre, vous avez dit que si vous ne parlez pas au nom des militaires, vous ne savez pas qui pourrait le faire. Je tiens à vous dire que nous sommes nombreux, des deux côtés de cette salle, à être prêts à le faire avec enthousiasme, si vous éprouvez de la difficulté à le faire.
Tout d'abord, je tiens à remercier le ministère de m'avoir donné l'occasion d'être avec nos troupes en Bosnie, la semaine dernière. Trois de mes collègues et moi-même avons passé huit jours très informatifs avec nos militaires. Voici ce que je peux vous dire: le colonel King, le major Drew, le major Bury et le reste de l'équipe sur place font là-bas un travail incroyable au nom du Canada et de l'OTAN. Je voudrais tant que tous les Canadiens aient la possibilité de voir exactement, comme moi, comment on dépense les deniers publics et ce que font les troupes pour les gens de Bosnie-Herzégovine. C'est tout simplement merveilleux. Votre ministère doit être félicité pour le travail que font les militaires, particulièrement ceux qui travaillent pour la COCIM. Ce groupe accomplit des tâches herculéennes avec seulement 200 000 $.
Je voudrais dire une chose en particulier. Je me demande s'il est possible que votre ministère collabore avec le secteur de Susan Whelan, l'ACDI, pour essayer d'obtenir des fonds supplémentaires. Ce pays a besoin de plus d'aide et ces gens-là peuvent tirer de chaque dollar plus de retombées positives que qui que ce soit d'autre.
Vous avez également parlé de financement, monsieur le ministre. Je suis heureux de vous entendre dire que vous allez vous battre pour obtenir plus de financement. Le rapport de la Conférence des associations de la défense indiquait qu'il fallait immédiatement 1,5 milliard de dollars de plus. Essentiellement, cela servira à peine à étancher la plaie. Cela ne va pas nous permettre d'acheter de nouveaux Sea Kings, de remplacer des navires ou d'obtenir le reste du matériel dont les militaires ont besoin.
Ce que je crains, entre autres choses, c'est que les préoccupations des militaires passent au second plan après la parution du rapport Romanow, demain. Les soins de santé vont occuper toute la place. Je sais que vous avez une tâche énorme à accomplir, qu'il vous faut amener le ministère et le conseil des ministres à vous accorder des ressources supplémentaires. Dieu seul sait que j'ai déjà suffisamment de difficulté avec mon propre parti pour obtenir l'acceptation de ce principe
Je tiens seulement à dire qu'il est très important, du moins de mon point de vue, que les militaires qui font actuellement partie des forces armées et qui envisagent d'y faire carrière entendent clairement que des ressources supplémentaires seront bientôt dépensées avec discernement et sagesse. C'est alors que ces hommes et ces femmes, qui font carrière dans l'armée, sauront que les gouvernements les appuient.
Ma grande crainte, si le ministère reçoit dans le prochain budget un financement inadéquat, c'est que vous perdiez énormément de braves gens qui sont actuellement des militaires. Il y aura perte du savoir-faire et il y aura des choses que vous ne pourrez simplement jamais retrouver.
En outre, monsieur le ministre, en ce qui concerne la Bosnie, une des plus grandes préoccupations des troupes là-bas, c'est qu'elles sont maintenant au niveau de la masse critique. Tout autre rétrécissement de nos effectifs sur place signifierait essentiellement que vous allez faire fi de certaines responsabilités, de certains devoirs ou que vous allez plonger nos militaires dans une situation critique. Avant d'en arriver là, je vous recommande fortement de prendre les moyens qui s'imposent pour que sur le terrain, nos forces armées sachent très bien quels projets sont prévus.
Voici donc ma première question. Quand allons-nous remplacer les Sea Kings? Quand aurons-nous les Sea Kings? C'est une question très simple.
º (1620)
Le président: Merci, monsieur Stoffer.
Monsieur le ministre.
M. John McCallum: Je ne sais pas si je dois répondre à toutes les non-questions.
Pour ce qui est de parler au nom des militaires, j'ai oublié de dire que ce j'entendais par cela c'est qu'il fallait que quelqu'un parle au nom des militaires à la table du conseil des ministres. Je sais que beaucoup de membres de ce comité, et notamment le vice-président, ne cessent jamais de parler au nom des militaires.
Je crois également que le programme d'approche parlementaire dont vous avez parlé est une bonne chose. J'ai rencontré une quarantaine de députés de tous les partis qui y ont participé. Ils en sont tous très contents et ils en sont revenus plus favorables à la défense. C'est une façon d'obtenir plus d'argent pour les militaires: amener plus de députés à participer à ce programme.
Bien sûr, il y a concurrence avec les soins de santé—qui se placent au sommet des préoccupations des Canadiens—et il n'existe aucune garantie au monde en ce qui concerne le financement. Tout ce que je peux dire, c'est que je me démène autant que faire se peut.
Au fait, lorsque j'ai dressé la liste de tous les indicateurs de l'opinion publique sous ses diverses dimensions, j'ai oublié de signaler que nous avons eu des ventes record de coquelicots. C'est le dernier indicateur d'un soutien accru.
La réduction de nos troupes en Bosnie est une bonne chose, du moins jusqu'à un certain point. L'OTAN effectue des réductions concertées des effectifs parce que la région commence à se stabiliser. Lorsque j'étais en Bosnie, nous avons discuté de la durée pendant laquelle nous et l'OTAN dans son ensemble devrions rester en Bosnie. Il ne s'agit pas d'être là à tout jamais. Il faudrait plutôt aider la constitution de corps policiers locaux et d'un système judiciaire local. À un moment donné, il n'y aura plus besoin de forces étrangères. Les opinions varient quant à la durée de notre présence. Les vues les plus optimistes que j'ai entendues envisageaient trois ans. D'autres estiment que nous devrions être là cinq ou six ans. À long terme, on estime que ce pays va se stabiliser suffisamment pour s'occuper de lui-même.
Voilà donc les réponses aux non-questions.
En réponse à la question portant sur le remplacement des hélicoptères, j'ai dit à plusieurs occasions qu'il s'agit d'une extrême priorité en ce qui me concerne. Il y a eu certains dérapages. En partie, cela est causé par le fait qu'il y a plus d'un millier de modifications techniques présentées par l'industrie. Il va falloir les passer en revue au peigne fin. Je fais de mon mieux pour essayer d'obtenir le bon hélicoptère au prix le plus bas, le plus rapidement possible.
Le président: Monsieur Stoffer, vous avez une minute.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.
Je tiens également à vous remercier moi aussi de votre réponse à la question sur la chaîne d'approvisionnement, qui avait été posée l'autre jour. Mais j'ai toujours l'impression que nous allons dépenser des millions de dollars pour nous retirer d'un contrat qui comportait, au départ, de graves lacunes.
Si c'est ce que vous appelez des dépenses intelligentes, alors je m'inquiète de ce qui se passe dans d'autres secteurs du ministère. On nous a dit au départ que ce projet de la chaîne d'approvisionnement permettrait de réaliser des économies de 70 millions de dollars. Nous avons demandé à ce qu'on nous fournisse les documents, mais nous ne les avons jamais reçus. Nous ne croyons pas qu'il s'agissait d'une économie de 70 millions de dollars, et maintenant nous allons payer des millions de dollars des contribuables pour nous retirer de ce contrat.
J'espère que ce genre de situation ne se reproduira pas dans notre armée. Si cela continue—cela s'applique au système de satellite que nous avons dans des entrepôts—, les Canadiens vont s'inquiéter de la façon dont leur argent est gaspillé. Tout comme d'autres, vous avez dit vous-même qu'il est temps de commencer à rationaliser les dépenses de l'armée, et je suis d'accord avec cela.
º (1625)
Le président: Vous avez 30 secondes pour répondre. M. Stoffer a utilisé une bonne partie du temps.
M. John McCallum: Nous devons respecter nos contrats. La somme qui y a été consacrée sera bien inférieure aux économies que nous prévoyons, même s'il n'y a pas d'investissement initial à partir du programme du gouvernement, un programme qui remplace la chaîne d'approvisionnement. En fait, le projet de la chaîne d'approvisionnement a permis au ministère et à l'armée—une armée qui n'aimait pas beaucoup ce projet—de rationaliser ces méthodes et de créer ce produit supérieur. Il y a donc eu une économie nette pour le gouvernement.
Le président: Merci, monsieur le ministre.
Monsieur Wood.
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Monsieur le président, lors du dernier sommet de l'OTAN à Prague, on a approuvé la création de la force de réaction de l'OTAN qui sera rapide, qui bénéficiera d'une supériorité technologique et dont les déploiements pourront être soutenus. Est-ce que les forces terrestres sont bien équipées à l'heure actuelle pour faire une contribution valable à une telle force ou auront-elles besoin d'encore plus d'équipement à la fine pointe de la technologie?
M. John McCallum: Il est certain que nous en ferons partie. Cela a été une entreprise très positive du point de vue du Canada. Pendant de nombreuses décennies, nous avons été en faveur du multilatéralisme. Pour nous, la réponse de l'OTAN doit être une force de réaction multilatérale. La solution de rechange serait une force unilatérale américaine. Nous sommes donc très heureux de la création de cette force de réaction.
On ne connaît pas encore tous les détails. Le projet a été proposé. J'ai eu des discussions avec les Britanniques, entre autres. L'une des possibilités, du point de vue de l'armée, c'est que nous fassions partie d'une brigade ou que nous ayons un groupe de combat au sein d'une brigade. Les Britanniques ont évoqué la possibilité que cette brigade s'entraîne en Alberta. Mais ce sont des discussions préliminaires—rien de concret. Cela vous donne une idée de ce que nous pourrions faire du côté de l'armée.
Une bonne partie de notre équipement... les médias disent que nos sous-marins sont cabossés, qu'il faut beaucoup de temps pour remplacer les Sea Kings, et tout cela est vrai. Par contre, nous avons certains équipements à la fine pointe de la technologie, entre autres des véhicules VBL III et les véhicules de reconnaissance Coyote. J'ajouterai que nos forces spéciales sont les meilleures. Nous avons donc également de nombreux atouts. Si vous lisez les journaux, vous n'aurez pas une bonne idée de nos points forts. En collaboration avec nos alliés, nous apporterons une contribution importante à cette force de réaction de l'OTAN.
Mais il est encore très tôt pour en parler. Le concept n'a été présenté qu'il y a quelques mois et nous y travaillons encore.
M. Bob Wood: À propos du rapport de la vérificatrice générale en septembre, nous savons tous que l'initiative de recrutement qui a été prise il y a un certain temps vise à remédier aux problèmes immédiats. La vérificatrice générale a notamment dit qu'il serait préférable que les initiatives de conservation de personnel que l'on se propose de prendre au cours des cinq prochaines années «soient confiées à des professionnels des ressources humaines spécialisés qui connaissent à la fois les politiques et pratiques militaires et celles qui s'appliquent aux ressources humaines». À son avis, l'armée doit réviser ses méthodes de recrutement et de conservation de personnel. Est-ce ce que vous faites?
M. John McCallum: Le recrutement et la conservation sont deux questions critiques. Quand je dis que nous utilisons au maximum nos ressources, c'est en partie ce que je veux dire. Il y a beaucoup de monde dans l'armée qui se voit offrir des possibilités très intéressantes dans le secteur privé. Il y a aussi la question démographique, le fait que la fonction publique en général vieillit, comme d'ailleurs l'ensemble de la population canadienne. C'est peut-être encore plus vrai dans l'armée parce que la retraite vient en général un peu plus tôt. Cela représente de toute évidence de gros défis que nous essayons de relever. Si nous obtenons un budget plus important, nous réussirons à faire encore mieux.
Mon prédécesseur avait comme première priorité l'amélioration de la qualité de vie dans tout un éventail de dimensions. Il y a eu de grosses améliorations à cette qualité de vie au cours des cinq dernières années. Cela vise en partie le problème de la conservation du personnel.
Je sais que le président ne veut pas que je m'étende trop mais je dois dire que les chiffres récents sont très positifs. Nous avons eu 10 000 nouvelles recrues—nous avons même dépassé la cible de recrutement de 10 000 de l'année dernière. Le taux d'attrition s'est maintenu à une moyenne de 6 p. 100 au cours des cinq dernières années. Il est inférieur à celui de nos alliés.
Donc, en effet, nous avons des problèmes mais je veux réfuter la notion selon laquelle tout est en train de s'écrouler. Nous avons entrepris ces initiatives, notre recrutement s'est sensiblement amélioré et notre taux de conservation de personnel n'a pas bougé et se situe à un niveau supérieur à la moyenne de l'OTAN.
º (1630)
Le président: Encore deux minutes.
M. Bob Wood: D'accord, monsieur le président.
Très brièvement, dans votre déclaration liminaire, vous avez dit que vous alliez nommer deux personnes de l'extérieur pour examiner la pléthore au sommet de l'armée canadienne. Est-ce exact? Est-ce ce que vous allez demander à des experts-conseils de l'extérieur?
M. John McCallum: Je ne suis pas sûr que je parlerais de «pléthore». Cela pourrait faire peur aux généraux...
Des voix: Oh, oh!
M. Bob Wood: Eh bien, ils devraient avoir peur car il y a beaucoup de généraux.
M. John McCallum: ... ou aux sous-ministres et sous-ministres adjoints. Non, ce n'est pas le terme que j'ai utilisé. Ce que j'ai dit, c'est que...
M. Bob Wood: Pourriez-vous développer un peu votre pensée?
M. John McCallum: ... dans toute grande organisation, il y a des économies à réaliser. Par exemple, il y a peut-être une unité administrative qui se divise entre l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air. Peut-être que nous pourrions économiser et avoir un système plus rentable en regroupant les trois. C'est un exemple en passant. Je ne parle pas des capacités militaires. Je parle de la façon dont nous pourrions, sans changer les capacités militaires, faire tourner les choses plus efficacement.
Prenons 200 millions de dollars. Si l'on ne peut pas trouver 200 millions de dollars à économiser dans une budget de 10 milliards de dollars, je ne crois vraiment pas qu'on mérite de diriger une organisation. Nous allons donc le faire.
M. Bob Wood: Quel calendrier avez-vous?
Le président: Je rappellerais aux membres du comité qu'ils sont censés s'adresser à la présidence.
M. Bob Wood: Monsieur le président, par votre entremise, je pose cette question au ministre.
M. John McCallum: Ma foi, nous n'avons pas encore nommé ces gens-là. Je ne pense pas avoir dit qu'ils seraient deux, j'ai dit un petit nombre. Nous ne savons pas encore exactement combien. Mais j'espère qu'ils seront nommés d'ici quelques semaines et qu'ils se mettront au travail avec une équipe sélectionnée à l'interne décidée à réussir. Ce seront donc des gens de l'extérieur qui travailleront avec une équipe de gens du ministère, à la fois des militaires et des civils, pour essayer de trouver quelles économies on pourrait réaliser. J'espère que d'ici six mois, ou à peu près, ils pourront nous présenter certaines recommandations.
M. Bob Wood: Merci, monsieur le président.
Le président: Merci, monsieur Wood.
Madame Wayne.
Mme Elsie Wayne (Saint John, PC): Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens aussi à souhaiter la bienvenue au ministre ainsi qu'au général et à madame.
J'ai entendu ce que vous disiez tout à l'heure en réponse à l'un de nos collègues à propos de consulter les Canadiens sur ce que devraient être nos priorités, etc. Je m'adresse au ministre, monsieur le président.
Pour ce qui est de l'armée, nos Canadiens, d'un océan à l'autre, sont tout à fait conscients des besoins qu'elle a. Ce ne serait peut-être pas le cas si nous n'avions pas eu le 11 septembre.
Certains d'entre eux sont plus conscients de la situation aujourd'hui parce que nous en avons tous parlé, notamment tous les officiers retraités et l'association militaire canadienne ainsi que notre comité, car nous avons tous déposé des documents, et parce que des gens comme vous, comme l'ancien ministre, comme le général, se sont exprimés. Mais les Canadiens ne comprennent toujours pas.
Si on leur demande quelle est leur priorité aujourd'hui, ils diraient probablement la santé ou l'éducation. Ils n'auraient aucune idée du fait que la santé et l'éducation ne signifient rien si l'on a affaire à des terroristes et que l'on ne dispose pas des services de sécurité nécessaires. Que cela ne signifierait rien de parler de sécurité si nous n'avons pas les hommes et les femmes dans l'armée qui peuvent s'occuper de nous au Canada et jouer un rôle majeur sur la scène internationale.
Je vous dirais, monsieur, qu'il ne s'agit pas d'aller poser la question aux Canadiens. Arrêtons de faire de la politique avec l'armée et faisons ce qu'il faut faire pour l'armée. Je sais qu'il vous faut beaucoup de soutien et d'appui lorsque vous vous présentez devant le conseil des ministres. Mais, pour ma part, je dirais que ce doit être la toute première priorité, sans hésitation. Personne ne peut être plus prioritaire que l'armée.
Je sais qu'il s'est produit quelque chose dans l'Est à nouveau ce dernier mois et je vous en parlerai en privé. Quand je vous en parlerai, vous comprendrez pourquoi je dis que nous devons nous doter de tous les moyens de surveillance nécessaires et avoir tous ces hommes et femmes pour protéger également notre population au Canada.
Si je ne vous posais pas la question des Sea King, vous penseriez que je me suis endormie. Voilà donc ce que je veux dire. Pour les Sea King, dans ma circonscription de Saint John, au Nouveau-Brunswick, j'ai reçu le père d'un des pilotes qui a trouvé la mort dans un de ces hélicoptères et qui m'a dit: «Elsie, j'ai moi aussi été pilote d'un de ces hélicoptères. Battez-vous à fond pour qu'on remplace ces Sea King.»
Quand je vois ce que l'on nous dit, qu'il faut trouver le meilleur prix, je ne suis pas d'accord, ce ne doit pas être le critère. Nous devons trouver les meilleurs hélicoptères, quel que soit le prix. Si ce n'est pas le EH-101, que ce soit le meilleur appareil. Nous devons leur donner ce qu'il y a de mieux et non pas ce qui coûte le meilleur marché.
Le 11 novembre, un officier est venu me voir pour me dire: «Elsie, je vais bientôt démissionner». Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu: «je ne peux former ces jeunes avec du matériel qui a 40 ou 50 ans. Ce n'est pas possible.»
Ce n'est pas comme cela dans les autres pays du monde. Je sais que c'est la situation dans certains pays. Je vais vous dire qu'on regarde la réputation qu'a le Canada dans le monde. On s'attend à ce que nous jouions un rôle majeur dans le maintien de la paix partout dans le monde. Nos hommes et nos femmes en uniforme veulent également jouer ce rôle.
Ma question est donc simplement la suivante. Que faisons-nous lorsqu'il s'agit de remplacer et d'immobiliser ces malheureux Sea King? Ils ne devraient plus voler parce que lorsqu'il faut les entretenir pendant 30 heures par heure de vol, on sait qu'ils ne devraient plus voler. Il est temps de dire que cela suffit. Pourquoi ne pas accepter d'acheter ce qu'il y a de mieux?
Je puis vous dire, monsieur, que nous serons là pour vous appuyer jusqu'au bout si vous allez demander suffisamment d'argent pour donner à notre armée, à ces hommes et ces femmes, les outils qu'ils veulent. Ils veulent s'occuper de vous et de moi. Ils veulent s'occuper de mes petits-enfants. Ils veulent s'occuper de vos petits-enfants. Je ne sais pas si vous en avez. Non? Eh bien voilà. Vous vous êtes marié trop tard.
º (1635)
De toute façon, je vous dirai ceci: nous devons faire ce qu'il faut. C'est nécessaire. Il ne s'agit pas de consulter les sondages ni quiconque d'autre que ceux qui sont ici dans cette salle aujourd'hui et nos officiers et ceux qui ne sont pas officiers—les hommes et les femmes qui portent l'uniforme, monsieur.
Le président: Madame Wayne, nous vous remercions infiniment de cette dissertation.
M. John McCallum: Merci, monsieur le président, vous me permettrez de dire que même si tout le monde avait l'attitude de votre distinguée vice-présidente, ma tâche serait très aisée.
Le président: Il vous reste une minute et demie, monsieur le ministre.
M. John McCallum: Je sais, mais elle a parlé de beaucoup de choses.
Il est évidemment nécessaire que les Canadiens participent et soient au courant et je crois que les membres du comité, et la vice-présidente en particulier, font beaucoup à ce sujet. Nous avons eu des milliers—je ne sais pas exactement combien de milliers—de gens qui nous ont fait part de leurs sentiments à l'occasion de notre mise à jour. Nous avions un site Internet et je crois que nous avons reçu 6 000 communications la première semaine. Il y a donc eu là des communications. Mais, ce qui est encore plus important, à mon avis, à propos de cet examen, c'est qu'il faudra réfléchir très sérieusement à la façon dont nous allons le mener afin d'informer et de faire participer au maximum les Canadiens.
Pour ce qui est des priorités, je crois que nous avons réalisé certains progrès et j'ai parlé de tout ce que nous avions recueilli à propos de l'opinion publique. Celle-ci a sensiblement changé et ce mouvement avait commencé avant le 11 septembre 2001. Le 11 septembre a joué mais c'est une tendance sur cinq ans que nous avons constatée.
Quant aux Sea King, j'ai déjà répondu en expliquant ce que j'essayais de faire. Pour ce qui est de la sécurité, même si je ne suis dans ces fonctions que depuis six mois, j'ai appris une chose, c'est que la sécurité n'est pas compromise. Quand le matériel vieillit, il reste plus longtemps au garage, c'est exact. Mais cela ne veut pas dire qu'il prend l'air sans être jugé sûr. Je ne crois donc pas qu'il y ait là un problème de sécurité. Les États-Unis ont des Sea King qui sont aussi vieux sinon plus que les nôtres, si bien que nous ne sommes pas les seuls. J'ai dit à maintes reprises que je veux remplacer ces Sea King dans les plus brefs délais. Mais toute armée a du matériel ancien et du matériel plus neuf, et nous allons nous efforcer de remplacer ces Sea King dès que possible.
Enfin, pour ce qui est du meilleur matériel, nous avons des spécifications très détaillées. Nous devons tout de même nous préoccuper du prix. On ne peut pas dire que le prix n'a aucune importance. Le cahier des charges est très précis et très détaillé et si l'hélicoptère proposé correspond à nos besoins, à tous nos besoins, nous prendrons celui qui coûte le moins cher. Je pense que c'est une façon raisonnable de procéder.
º (1640)
Le président: Merci, monsieur le ministre.
Je vais maintenant céder la parole à M. Bertrand, pour sept minutes.
[Français]
M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'ai trois questions pour vous et une pour le chef d'état-major. Si vous me le permettez, je vais les lire rapidement, et vous pourrez prendre votre temps pour y répondre.
Ma première question concerne le rapport que vous avez mentionné tout à l'heure, le rapport du petit groupe qui va revoir toute la politique afin de trouver des fonds supplémentaires. J'aimerais savoir si le rapport qui sera produit par ce petit groupe de consultants sera secret. Est-ce que c'est strictement pour vous ou si, en tant que comité, nous serons autorisés à y jeter un coup d'oeil, nous aussi?
Deuxièmement, je sais que vous avez un talent de persuasion qui est universellement reconnu, monsieur le ministre, et je suis convaincu que vous allez être capable d'aller chercher des fonds additionnels pour le budget de la défense. J'aimerais savoir où vous allez allouer ces fonds supplémentaires.
Ma dernière question pour le ministre est celle-ci. Lors des réunions que nous avons eues par le passé, plusieurs groupes représentant les réservistes avaient demandé que les réservistes aient leur propre budget. J'aimerais savoir si vous êtes d'accord, oui ou non, sur un tel concept. Êtes-vous d'accord que les réservistes aient leur propre budget?
Ma dernière question s'adresse au chef d'état-major et porte sur le rôle de la milice dans l'augmentation du personnel des forces. Où, selon vous, les réservistes peuvent-ils venir nous donner un bon coup de main?
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Le président: Merci, monsieur Bertrand, et je devrais dire que j'avais tort lorsque j'ai dis que vous aviez sept minutes. En effet, vous n'en avez que cinq.
[Français]
M. Robert Bertrand: Tous les autres ont eu sept minutes.
[Traduction]
Le président: Nous sommes au deuxième tour maintenant. Une fois que tous les partis de l'opposition ont eu l'occasion de poser une question, nous passons au tour de cinq minutes pour les deux côtés.
M. Robert Bertrand: On ne rate qu'une réunion...
Une voix: Oh, oh!
Le président: C'est la vie, monsieur Bertrand.
Monsieur le ministre.
Gén Raymond R. Henault: Avec votre permission, monsieur le président, le ministre m'a demandé de répondre à la question portant sur le rôle des réservistes.
[Français]
Monsieur Bertrand, pour ce qui des réservistes, comme l'a mentionné le ministre, nous sommes dans la phase 1 de l'exercice d'augmentation de nos réservistes. Nous passerons de 14 500 à 15 500 au niveau terrestre. Lorsque la phase 2 commencera, nous passerons de 15 500 à 18 500.
Nos réservistes font partie intégrale des Forces armées canadiennes. Il y a déjà une intégration totale du côté de l'aviation et il y a des rôles très spécifiques pour les réservistes dans la marine. Du côté de la force terrestre, on envisage de faire jouer plusieurs rôles aux réservistes au-delà de ceux qu'ils ont déjà. Ce sont des rôles aussi bien domestiques qu'internationaux. Vous savez que nous avons mis l'accent sur l'augmentation de nos capacités biologiques et chimiques de défense au Canada, ainsi que sur notre capacité de répondre à des événements aussi bien au Canada qu'ailleurs. Les réservistes vont jouer un rôle dans ce contexte-là.
Du côté de la milice, ils vont aussi jouer un rôle important dans l'augmentation de nos capacités outre-mer. En effet, en ce moment, en Bosnie, nous avons une compagnie de réservistes complète; M. Stoffer les a certainement vus. Pour la première fois, une compagnie de réservistes s'ajoute à nos forces en Bosnie. Pour l'instant, c'est un succès total et nous tenons pour acquis que cela va continuer et que nous aurons l'occasion, à l'avenir, d'en faire davantage avec nos réservistes. Ils continuent de jouer un rôle très intégral au sein des Forces armées canadiennes. Ce qu'on envisage pour l'avenir, c'est la force totale.
Merci.
º (1645)
[Traduction]
Le président: Monsieur Bertrand, vous avez une minute.
Ou avez-vous un commentaire, monsieur le ministre?
[Français]
M. John McCallum: Il avait trois questions pour moi et une question pour lui. Voulez-vous que j'y réponde? Je n'y ai pas répondu.
[Traduction]
Si vous ne voulez pas que je réponde, il n'y a pas de problème.
Une voix: Oh, oh!
Le président: Allez-y, monsieur le ministre.
[Français]
M. John McCallum: Au sujet du rapport des consultants, on n'en est pas encore arrivé à une conclusion parce qu'on n'a pas engagé ces gens. Je pense qu'après six mois, nous aurons des recommandations et je suis sûr que d'une manière ou d'une autre, je vous consulterai ou je discuterai avec vous de ce qu'ils diront. Je ne sais pas si on aura un rapport comme tel que l'on rendra public ou non.
Est-ce que les réservistes devraient avoir leur propre budget? Je suis conscient du fait que depuis au moins un siècle, il y a eu des tensions, sinon des conflits, entre les membres réguliers des forces armées et les réservistes. Je ne sais pas s'ils auront leur propre budget, mais une chose est certainement claire pour moi: si j'ai les fonds pour financer la phase 2 du programme, je m'assurerai--madame aussi, j'en suis sûr--que les fonds pour cette fonction iront là où ils sont censés aller. C'est la clé.
Comment allouerons-nous les fonds additionnels? Ce n'est rien de très excitant, dans un sens. Comme je l'ai dit, il y a ces tensions et il faut plus de fonds juste pour faire ce que nous faisons maintenant. Donc, ce ne sont pas vraiment de nouvelles capacités; ce sont des fonds pour des choses qui sont sous-financées aujourd'hui. Il y a cinq catégories: les budgets opérationnels; les coûts du personnel, y compris ceux pour la santé; les fonds pour l'infrastructure et l'environnement--on n'a pas assez de fonds là présentement--; le budget de capital, qui a été sous-financé en raison de ces choses sur la qualité de vie; et l'approvisionnement national. Ce sont les cinq catégories.
[Traduction]
Le président: Merci, monsieur le ministre.
Merci, monsieur Bertrand.
Madame Grey.
Mme Deborah Grey (Edmonton-Nord, Alliance canadienne): Merci beaucoup, monsieur le président. Merci de vos commentaires, monsieur le ministre.
Je suis frappée par le nombre de questions qui, d'après vous, constituent des grandes priorités. Je vous comprends, mais je ne suis pas sûre qu'on puisse parler... j'ai dressé toute une liste de questions de grande priorité. C'est très bien, mais vous devez sûrement prioritiser les priorités.
J'aimerais vous poser quelques questions. Nous n'avons pas beaucoup de temps, donc, peut-être vous pourriez tout simplement répondre oui ou non. Dans votre déclaration liminaire, vous parliez du bond considérable. On ne veut pas avoir un faux sentiment de sécurité. Vous prenez des mesures, les CF-18 sont en état d'alerte, vous utilisez bien vos ressources, vous demandez du financement supplémentaire. Vous avez dit que ce n'était pas si mal d'être ministre de la Défense nationale par le temps qui court.
Je vous comprends, cependant il y a un corollaire qui découle de votre propos. Nous sommes un pays en guerre. Nous participons à la guerre contre le terrorisme. Nous avons des soldats en Afghanistan. Il y a une guerre à l'horizon—vous parlez d'une guerre hypothétique: contre l'Iraq. Vous avez dit que vous espérez qu'il n'y aurait pas de guerre. Nous espérons tous qu'il n'y aura pas de guerre, bien sûr, mais le cas échéant, seriez-vous toujours d'avis que, par le temps qui court, ce n'est pas si mal d'être le ministre de la Défense nationale?
M. John McCallum: Il faut toujours tenir compte du contexte. Je sais que nous, les députés, ne tenons pas toujours compte du contexte, et je ne parle pas exclusivement de votre parti. Il y a une tendance à prendre des commentaires hors contexte. Mais je ne faisais pas référence à la guerre. Je voulais tout simplement dire que par le temps qui court ce n'est pas si mal d'être le ministre de la Défense nationale parce que le soutien du grand public pour la défense est à la hausse. Voilà le contexte de mon commentaire.
Mme Deborah Grey: Plus tôt cette année, en février 2002, votre prédécesseur a dit qu'un examen officiel sur la CAD serait entrepris. C'était il y a à peu près un an. M. Eggleton a fait cette annonce lors de la Conférence des associations de la défense. C'était il y a presque un an maintenant.
En plus, vous avez dit dernièrement à la Chambre qu'il est très difficile d'arrêter de travailler sur un examen de la défense quand ledit examen n'a pas encore été annoncé officiellement. Je pensais qu'il s'agissait d'une grande priorité, comme c'est le cas pour les Sea King et d'autres questions. Cependant, il me semble que tout est à venir. Tout va se faire dans l'avenir. Nous sommes une nation en guerre, et ce sont des priorités, donc, je tiens à vous demander encore si, oui ou non, cet examen est en cours? Avez-vous commencé l'examen?
º (1650)
M. John McCallum: Il n'y a aucun manque de clarté. Il faut faire la distinction entre une mise à jour et un examen. La mise à jour a été effectuée au cours de l'été. J'ai parlé du site Web et des consultations prébudgétaires, pour un budget dans lequel je réclamerai des fonds en partie en raison de cette mise à jour, de façon à ce que nos activités actuelles puissent être viables. L'examen est quelque chose d'entièrement différent. On en a parlé dans le discours du Trône, mais il n'a pas encore été entrepris parce que nous venons de terminer la mise à jour. Je vais bientôt me présenter devant le conseil des ministres au sujet du budget. Je vais présenter certaines options au sujet de l'examen. Mais nous venons de terminer la mise à jour. Je me présenterai bientôt devant le conseil des ministres. Nous aurons un budget et nous discuterons des options pour l'examen. Nous venons de compléter la mise à jour. Nous sommes un peu entre deux. Je suis sûr qu'il y aura des discussions sur les options relatives à l'examen au conseil des ministres. Nous vous informerons des résultats des discussions.
Mme Deborah Grey: Je trouve un peu étonnant que nous ayons un budget sans savoir vraiment quelles seront nos priorités durant l'examen. Ne devrions-nous pas avoir au moins une vision générale, sachant que nous pourrions faire l'objet d'une menace bien réelle? Nous espérons que non, mais nous devons certes faire preuve d'une certaine clairvoyance et planifier à long terme au lieu de dire que nous aurons un budget et que nous essaierons d'aller chercher des sommes supplémentaires, puis qu'on nous fera savoir en quoi consistera l'examen.
M. John McCallum: À peu près tous les intervenants avec qui j'en ai discuté sont d'accord avec moi. Il faut au moins six mois, peut-être un an, pour faire un examen complet. À mon avis, et de l'avis également de ceux à qui j'en ai parlé au cours de l'été, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre six mois à un an pour faire cet examen avant de recevoir des fonds.
La priorité absolue, pour les deux ou trois prochains mois, c'est d'obtenir de l'argent, au lieu d'attendre un an pour avoir un examen complet. Il faut obtenir de l'argent rapidement pour que nous puissions continuer nos activités actuelles. Nous ferons ensuite l'examen, et à la fin de cet examen, nous aurons des politiques à long terme.
Par votre entremise, monsieur le président, si Mme Grey me demande de ne pas aller chercher d'argent dans le budget jusqu'à ce que nous ayons un plan à long terme, ce pour quoi il faudra attendre un an, je soumets respectueusement que je ne suis pas d'accord avec elle.
Mme Deborah Grey: Non, non, ce que je dis...
Le président: Madame Grey, votre temps est écoulé. Nous allons devoir continuer.
Monsieur McGuire, vous avez cinq minutes.
M. Joe McGuire (Egmont, Lib.): Merci, monsieur le président.
Peu après les événements du 11 septembre 2001, on a mis sur pied un comité gouvernemental auquel participaient divers ministères. Le président de ce comité, M. Manley, était chargé de coordonner les efforts de la lutte contre le terrorisme. Ce comité existe-t-il encore? Qu'a-t-il fait au cours de la dernière année?
M. John McCallum: Eh bien, nous nous sommes réunis... hier je crois. Le comité existe encore, effectivement.
Ce comité ressemble un peu au Homeland Defense, le nouveau ministère aux États-Unis, sans qu'il s'agisse toutefois d'un ministère. Ce comité réunit tous les ministres qui ont une fonction quelconque dans le domaine de la sécurité et de la lutte au terrorisme. Il vise à coordonner, et il a réussi dans bien des cas, nos efforts pour faire en sorte que tous les éléments du gouvernement, que ce soit le solliciteur général, la GRC, le SCRS, l'armée, le transport et d'autres, aient chacun un rôle à jouer dans la sécurité.
Dans le budget de l'an dernier, on nous avait attribué une somme de 7,7 milliards de dollars sur cinq ans au titre de mesures supplémentaires de sécurité. Divers ministères avaient des fonctions différentes dans ce domaine. Le comité coordonne toutes ces activités. Nous faisons rapport au comité de la façon dont les fonds qui nous avaient été attribués au dernier budget ont été ou sont encore dépensés. Nous élaborons de nouvelles initiatives de concert avec sept ministères, ou du moins un nombre important de ministères, afin que toutes les mesures de sécurité, militaires et non militaires, soient bien coordonnées. C'est là le travail du comité.
º (1655)
M. Joe McGuire: Est-ce que vous avez eu des contacts avec le nouveau ministère américain? Y a-t-il de la coordination sur le plan bureaucratique ou sur le plan politique?
M. John McCallum: Je pense que le nouveau ministère américain a été mis sur pied avant-hier. Je sais que, ces derniers jours, M. Manley a eu une conversation avec M. Ridge, de qui relèvera ce ministère, afin d'échanger des idées. M. Manley est le président de ce comité, donc ils sont homologues.
Je pense que ce nouveau ministère aux États-Unis est quelque chose de positif pour le Canada, parce que par le passé, Immigration et Douanes, par exemple, relevaient de différentes organisations aux États-Unis. Maintenant ils sont intégrés avec d'autres dans ce nouveau ministère de la Défense intérieure. Il est toujours plus facile pour le Canada de traiter avec un organisme plutôt qu'avec 101 organismes. Je crois que la décision de regrouper plusieurs éléments dans un seul organisme rendra la coordination entre nos deux pays plus facile.
Qui plus est, ce nouveau groupe canado-américain de la planification militaire, dont j'ai parlé plus tôt, comprend notre Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile. Il y a aussi une dimension civile. Cela va accroître la coopération canado-américaine sur le plan de la sécurité aussi bien que sur le plan de la lutte contre le terrorisme.
M. Joe McGuire: J'ai une question sur un autre sujet, monsieur le président. À ce que l'on sache, la FOI-2 a fait de l'excellent travail en Afghanistan. Allons-nous élargir ce groupe d'élite, et deuxièmement, allons-nous reconnaître leur travail en leur conférant des médailles?
M. John McCallum: Je suis content que vous ayez posé cette question. D'abord, oui, le budget prévoit plus ou moins 200 millions de dollars afin de doubler la capacité de la FOI-2, nos forces spéciales. Nous n'avons pas encore atteint la double capacité, cependant, nous avons fait du progrès pour ce qui est de l'élargissement de ces opérations.
Deuxièmement, en général, nous sommes peut-être excessivement secrets dans ce pays. Les Américains ont des forces spéciales dont ils parlent assez souvent. D'après moi, nos forces spéciales n'ont rien à envier à personne. Il faut toujours être sensible aux risques en matière de sécurité, mais j'espère qu'il y aura moyen de donner davantage d'information aux Canadiens au sujet de l'excellent travail fait par ces gens, sans compromettre la sécurité. Nous n'en sommes pas là pour l'instant, mais j'espère qu'il sera possible de donner davantage d'information aux Canadiens sur les merveilleuses réalisations de ce groupe sans compromettre la sécurité.
Le président: Merci beaucoup, monsieur McGuire.
Monsieur Bachand, vous avez deux minutes, car il faut que le ministre parte à 17 heures.
[Français]
M. Claude Bachand: Monsieur le président, j'ai une question pour le ministre. Il a parlé plus tôt de l'entité qui vient d'être créée aux États-Unis, le Department of Homeland Security.
Il a mentionné que c'était très important pour les Canadiens parce qu'ils pouvaient s'adresser à une seule personne qui coordonne l'ensemble des activités.
Est-ce que, inversement, puisque M. Manley coordonne plusieurs ministères, c'est plus difficile pour les Américains de s'adresser à nous?
Finalement, ne serait-il pas intéressant que le gouvernement canadien envisage la création d'un ministère de la Sécurité intérieure afin que nous ayons un vrai vis-à-vis et que nous nous parlions entre nous?
M. John McCallum: Je pense qu'on a un aperçu historique ici.
Mme Margaret Bloodworth (sous-ministre, ministère de la Défense nationale): Je veux ajouter que ce n'est pas toujours une bonne chose que d'avoir une grande bureaucratie. C'est bon d'avoir une personne aux États-Unis pour coordonner, parce que c'est grand et que c'est plus difficile pour eux de faire la coordination, mais ici, on a un grand ministère. La création d'une autre bureaucratie demanderait beaucoup d'énergie, et ce n'est pas toujours une bonne utilisation des ressources que de faire cela.
» (1700)
M. John McCallum: Je pense qu'il y a toujours des avantages et des inconvénients à de telles questions. On devrait peut-être faire en sorte qu'une personne, M. Manley, parle à une autre personne, M. Ridge, et que par la suite, M. Manley veille chez lui aux opérations de sécurité par l'intermédiaire de ce comité.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, monsieur le ministre. On vous a promis que vous pourriez partir à 17 heures en raison de votre horaire. Nous vous sommes reconnaissants de votre présence et nous vous remercions d'être venu avec Mme Bloodworth et le général Henault. Merci beaucoup de vos commentaires aujourd'hui.
Je propose que nous prenions une pause de cinq minutes et, ensuite, que nous reprenions à huis clos.