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SINT Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 4 juin 2003




¹ 1550
V         Le président (M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.))
V         M. Charles Barrett (vice-président, Recherche (entreprise), Conference Board du Canada)

¹ 1555
V         Le président
V         M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne)

º 1600
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett

º 1605
V         M. David MacDuff (rédacteur principal et conseiller spécial, Conference Board du Canada)
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         Le président
V         M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.)
V         M. Charles Barrett

º 1610
V         M. Mark Eyking
V         M. Charles Barrett
V         Le président
V         M. Mark Eyking
V         Le président
V         M. Mark Eyking
V         M. Charles Barrett
V         Le président
V         M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.)
V         M. Charles Barrett

º 1615
V         M. Raymond Simard
V         M. Charles Barrett
V         M. Raymond Simard
V         M. Charles Barrett
V         M. Raymond Simard
V         M. Charles Barrett

º 1620
V         M. Raymond Simard
V         M. Charles Barrett
V         Le président
V         M. David MacDuff
V         M. Charles Barrett
V         Le président
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan

º 1625
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett
V         M. John Duncan
V         M. Charles Barrett

º 1630
V         Le président
V         M. Mark Eyking
V         M. Charles Barrett
V         M. Mark Eyking
V         M. Charles Barrett
V         M. Mark Eyking
V         M. Charles Barrett
V         Le président










CANADA

Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international


NUMÉRO 009 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 4 juin 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1550)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.)): Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous faisons une étude pour le renforcement des relations économiques entre le Canada et l'Asie.

    Nous accueillons M. Charles Barrett et M. David MacDuff, du Conference Board du Canada.

    Bienvenue à tous deux. Nous allons commencer par un bref exposé et nous poursuivrons avec les questions et réponses.

    Monsieur Barrett.

+-

    M. Charles Barrett (vice-président, Recherche (entreprise), Conference Board du Canada): Merci beaucoup, monsieur le président. Nous sommes très heureux d'être ici. Nous avons préparé un texte écrit qui a été distribué, je crois, aux membres du comité. Je ne vais pas le lire, mais je vais simplement le survoler.

    Premièrement, comme vous le savez tous, le Conference Board est un institut privé, à but non lucratif, de recherche en politique. Donc, nous nous appuyons sur nos membres mais nous n'avons pas pour fonction de militer en faveur de nos membres, mais plutôt de militer en faveur d'un bon débat sur les questions de politique publique. Nous connaissons bien l'Asie qui nous intéresse. Nous y travaillons depuis une vingtaine d'années. Je m'y intéressais déjà personnellement dans une incarnation antérieure, avant mon arrivée au Conference Board, en tant qu'économiste universitaire.

    Si vous le vouliez, vous pourriez trouver des liens entre l'exposé que nous avons préparé pour ce comité et l'un des documents de référence que nous avons préparé dans le cadre de notre exposé d'ensemble au ministère des Affaires étrangères pour son dialogue sur la politique étrangère—un document sur les relations du Canada avec le reste du monde. Il y a des thèmes communs dans ces deux documents que je souhaite souligner.

    Je voudrais commencer par souligner un point mentionné aux pages 3 et 4—et c'est un de mes dadas—à savoir qu'il est très important, quand on parle de liens d'affaires en dehors de l'Amérique du Nord, de comprendre la différence fondamentale entre notre rôle dans le contexte d'une économie nord-américaine de plus en plus intégrée et nos relations avec le reste du monde.

    Bien que les gens aient naturellement tendance à vouloir tout ajouter pour arriver à 100 p. 100 et à parler en termes de parts de fromage, etc., il est important de bien comprendre qu'il ne s'agit pas de compromis, mais qu'on a des ordres de relations distincts et fondamentalement différents. Nous essayons de souligner cela et nous serons heureux d'en discuter de façon plus approfondie.

    Évidemment, compte tenu de l'ALENA et des événements plus récents qui se sont produits depuis le 11 septembre, l'Amérique du Nord et notre relation avec les États-Unis sont devenus une priorité pour le Canada et doivent l'être parce que nous sommes avant tout une économie nord-américaine. Mais nous affirmons ici très explicitement que le reste du monde est aussi important pour le Canada, en particulier la région Asie-Pacifique.

    Dans le cas de cette région, les économies traditionnelles de l'Asie ont eu quelques difficultés depuis 1997 car elles ont dû procéder à des ajustements difficiles en raison de la crise financière, et le Japon naturellement est en train de procéder à un ajustement structurel à plus long terme. Toutefois, la région est en train de s'en sortir et l'on voit apparaître un nouveau climat de confiance dans une Asie axée sur l'Asie. Nous parlons de l'initiative ANASE+3. Je pense que les gens comprennent bien l'ampleur des échanges intrarégionaux qui se déroulent en Asie.

    Nous évoquons les trois grands partenaires du Canada en Asie, le Japon, la Chine et l'Inde. Avec le Japon, nous avons une relation solidement établie. Elle est teintée par les problèmes structurels que connaît actuellement le Japon. Avec la Chine, nous avons une relation passionnante qui ne cesse de se développer. Notre relation avec l'Inde est en train de reprendre après s'être quelque peu distendue dans les années 1990. J'estime personnellement que notre relation avec l'Inde est empreinte d'une profonde nostalgie et qu'il est temps de tourner cette page.

    Nous disons ensuite que les cadres du ministère des Affaires étrangères semblent, au moins implicitement, accorder une importance secondaire à l'Asie du Sud-Est, ce qui n'est peut-être pas nécessairement une bonne chose.

    Nous faisons quelques remarques sur l'épidémie de SRAS, en mentionnant l'importance de l'impact économique au Canada et en Asie. Nous disons que, bien que ce soit un phénomène à court terme, il faut le replacer dans le bon contexte.

¹  +-(1555)  

    Donc, dans la perspective de l'avenir, l'Asie est-elle importante pour le Canada? Oui, en raison de ce qui est devenu un cliché dans les années 80 et 90, le fait que l'Asie est la région la plus dynamique du monde. Même si elle a subi des tensions à la fin des années 1990, cela reste le cas. L'économie asiatique l'emporte collectivement sur toutes les autres régions du monde et elle va continuer à l'avenir.

    Nos relations avec l'Asie comportent de multiples aspects. Il y a des questions de migration. Il y a des questions de stratégies de développement des entreprises, notamment la nécessité d'un meilleur ciblage, comme le reconnaît le MAECI. Il y a aussi la relation de coopération au développement que nous connaissons tout particulièrement au Conference Board.

    Nous pouvons souligner que, bien que l'Asie soit le secteur le plus dynamique de l'économie mondiale, on y trouve aussi plus de pauvres que partout ailleurs dans cette économie mondiale. L'intégration des économies asiatiques à l'économie mondiale est à la fois une source de défis et d'occasions à saisir. Nous estimons que la coopération au développement et la libéralisation des échanges commerciaux vont de pair.

    Nous parlons de marquage, dont il a été question à ce comité, et nous serons heureux d'en discuter un peu plus tard.

    Nous concluons notre document par une brève discussion sur la transformation des institutions du secteur privé qui encouragent le commerce transpacifique, notamment les conseils d'entreprise bilatéraux. Comme on l'a déjà signalé à votre comité, ces institutions connaissent quelques difficultés.

    Le Conseil commercial Canada-Chine est fort, mais il y en a d'autres pour le Japon, la Corée et Taïwan qui sont en difficulté. Je sais que cela préoccupe les autorités du ministère des Affaires étrangères. À notre avis, il faudrait réfléchir à de nouveaux modèles de promotion des liens d'entreprise dans le secteur privé.

    C'était là un bref aperçu du contenu de notre document. Nous serons heureux de discuter de cela ou d'autres choses avec vous. Merci.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant passer aux questions.

    Monsieur Duncan.

+-

    M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne): Merci beaucoup.

    Je vois dans votre document que vous avez géré plusieurs projets de développement des capacités de l'ACDI, notamment en Chine. Les ressources de l'ACDI sont largement saupoudrées. Je m'interroge sur les priorités qui peuvent nous amener à consacrer des fonds de l'ACDI à un pays avec lequel nous avons un déficit commercial important et croissant. C'est malencontreux. Autrement dit, si un pays est développé au point que nous avons avec lui un déficit commercial, pourquoi continuons-nous à en faire un bénéficiaire prioritaire des fonds de l'ACDI?

º  +-(1600)  

+-

    M. Charles Barrett: Merci.

    C'est une bonne question. Nous pourrions parler assez longtemps de la stratégie de développement du Canada. Vous soulignez que les ressources de l'ACDI sont très éparpillées. C'est vrai, et c'est une idée qui est largement admise. On pourrait discuter des raisons de cet éparpillement, qui tient essentiellement au fait que le Canada a des relations avec de nombreuses régions du monde.

    Sur la question plus particulière de la Chine, le Canada a lancé un programme de coopération au développement en Chine tout de suite après le lancement du processus de réforme en 1982, je crois, et ce programme est passé par plusieurs étapes. Je crois qu'il a donné d'excellents résultats. N'oubliez pas que la Chine est un grand pays, mais un pays encore très pauvre. Si l'intégration des régions côtières à l'économie mondiale a progressé de façon phénoménale, il reste que de nombreuses parties de la Chine sont loin d'être aussi développées. Donc, on peut très bien justifier le maintien de la Chine sur la liste des bénéficiaires de notre APD.

    Sur la question du déficit commercial, et je mets ici ma casquette d'économiste, les excédents ou les déficits ne m'inquiètent pas trop, car dans un monde multilatéral on a des partenaires différents. C'est pour cela qu'on a un marché au lieu d'avoir des négociations bilatérales et de faire du marchandage avec tout le monde.

+-

    M. John Duncan: Je ne voulais pas dire que c'était une mauvaise chose. Je parle simplement de la relative bonne santé de la Chine par rapport à d'autres pays.

+-

    M. Charles Barrett: Il faut qu'à un moment donné les pays s'émancipent, c'est certain. Mais dans le cas de la Chine, je pense que ce n'est pas pour demain.

+-

    M. John Duncan: J'aimerais vous interroger sur les accords de libre-échange Asie-Pacifique, car le Canada a fait preuve d'une indifférence assez profonde à tout arrangement de libre-échange dans cette région. Singapour ne fait exception à cette règle que parce qu'elle a vraiment insisté.

    Certains hauts dirigeants d'entreprises qui conseillent aussi le premier ministre au Japon nous ont dit qu'ils seraient très intéressés à un accord de libre-échange avec le Canada qui exclurait l'agriculture—ce qui répond à ce que vous disiez.

    Pensez-vous que nous aurons la liberté de conclure un accord qui contournerait l'agriculture?

+-

    M. Charles Barrett: Je crois que l'éventualité d'un accord avec le Japon suscite un certain intérêt dans notre région du monde, notamment au sein du monde des affaires canadien. Avant d'entrer dans un accord de libre-échange, il faut essayer d'en définir la portée.

    L'agriculture est un obstacle au régime d'échanges mondial sur divers fronts—bilatéral, plurilatéral et multilatéral. Nous allons devoir nous y attaquer à Doha, mais nous avons déjà eu sept ou huit cycles de négociations commerciales multilatérales au cours desquelles nous n'avons pas pu toucher à l'agriculture. L'agriculture est importante pour le Japon. Une entente excluant l'agriculture pourrait-elle être suffisamment avantageuse de part et d'autre? Peut-être, mais il faudrait y réfléchir très sérieusement.

º  +-(1605)  

+-

    M. David MacDuff (rédacteur principal et conseiller spécial, Conference Board du Canada): Certaines organisations canadiennes en ont discuté. C'est le CCCE qui a lancé autrefois l'idée d'un accord de libre-échange Canada-Japon. Je sais que la Fondation Asie-Pacifique du Canada, qui est basée à Vancouver, a proposé une sorte de partenariat du nouvel âge—peut-être un « libre-échange moins »—avec une coopération plus poussée dans des secteurs comme les sciences et la technologie.

    C'est donc une voie optionnelle. Si l'on ne veut pas opter à fond pour la voie du libre-échange, on peut envisager d'autres solutions ou d'autres secteurs de coopération pour renforcer les relations bilatérales.

+-

    M. John Duncan: Quand nous étions en Thaïlande, nous avons appris qu'on avait supprimé le SACO pour la Thaïlande il y a quelques années. Cette initiative a soulevé beaucoup d'inquiétude car certaines de nos relations commerciales avec la Thaïlande reposent sur des initiatives lancées grâce au programme du SACO.

    Cela semble confirmer ce que vous dites, c'est-à-dire que le MAECI a rétrogradé l'Asie du Sud-Est dans ses priorités, car nous savons qu'il y a d'autres programmes du SACO dans d'autres régions du monde qui n'ont pas l'air aussi importantes sur le plan stratégique.

    Pourriez-vous nous expliquer un peu plus pourquoi vous dites que l'Asie du Sud-Est a été implicitement rétrogradée dans les priorités du MAECI?

+-

    M. Charles Barrett: Vous parlez des programmes du SACO, n'est-ce pas?

+-

    M. John Duncan: Je parle du Service d'assistance canadien aux organismes. Excusez-moi.

+-

    M. Charles Barrett: Je ne sais pas si le programme du SACO est financé par le MAECI, car c'est une ONG et je pensais qu'elle avait un financement privé...

+-

    M. John Duncan: Je crois qu'ils sont financés par le gouvernement fédéral et qu'ils ont tendance à travailler ensemble.

+-

    M. Charles Barrett: Bon. Malheureusement, je ne connais pas bien les détails.

    Pour ce qui est de la rétrogradation implicite de l'Asie du Sud-Est, le MAECI ne fait pas un mystère de ses priorités dans la région Asie-Pacifique, qui sont le Japon, la Chine et l'Inde. Donc les pays de l'ANASE ne sont pas sur la liste.

    Pour ce qui est des initiatives du secteur privé, la Chambre de commerce du Canada a eu à une époque une sorte de conseil d'entreprise de l'ANASE, mais je crois qu'il n'existe plus. Un de mes collègues du Conference Board est allé à Singapour au début de l'année, et il a eu l'impression que le monde des affaires canadien se sentait très isolé du Canada et n'avait pas le sentiment de compter pour beaucoup. Je pense que les liens ne sont pas aussi intenses qu'avec l'Asie de l'Est, et particulièrement la Chine.

    Cela dit, nous conservons une présence canadienne dans cette région. Il y a les compagnies d'assurance-vie, la Société maritime CSL, et il y a Inco qui a une grosse coentreprise en Indonésie. Donc le secteur des affaires canadien est présent dans cette région du monde.

+-

    Le président: Monsieur Eyking.

+-

    M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.): Merci, monsieur le président.

    À mon avis, les relations entre la Chine et l'Amérique du Nord ne vont pas s'améliorer avec ce déséquilibre commercial qui ne cesse de s'aggraver. Pour inverser cette tendance, j'imagine qu'il y aurait plusieurs possibilités. Il pourrait y avoir des barrières commerciales, ou nous pourrions produire des produits moins chers, ce qui ne sera probablement pas le cas.

    Voici ma première question: quels sont les produits que nous pourrions leur vendre en plus grand quantité pour pouvoir créer des emplois de ce côté-ci?

    Deuxièmement, je crois que la Chine commerce en dollars américains. Si elle avait sa propre devise flottante, est-ce que ce serait pire pour nos relations commerciales avec ce pays?

    Troisièmement, l'Europe a-t-elle le même problème de déficit commercial avec la Chine et que fait-elle?

+-

    M. Charles Barrett: Certains membres du monde des affaires canadien—et le comité le sait—sont très conscients de la compétitivité extrême de la Chine. Certains membres du monde des affaires mexicain s'inquiètent aussi énormément de cette compétitivité de la Chine. Il y a eu un véritable exode d'entreprises de production de bas de gamme du Mexique vers la Chine.

    La Chine dispose de ressources de main-d'oeuvre assez élastiques et plus elle réforme son économie en s'écartant des entreprises d'État inefficaces pour s'intégrer à l'économie du monde, plus elle se transforme en un véritable atelier de fabrication pour le monde.

    Vous avez commencé par dire que nos relations avec la Chine allaient empirer. Je ne sais pas si vous envisagiez cela sous l'angle économique ou sous celui de la sécurité politique.

º  +-(1610)  

+-

    M. Mark Eyking: En particulier quand le déséquilibre commercial s'aggrave... Nous avons cette zone nord-américaine et j'aimerais savoir si nous commençons à envisager nos relations avec eux dans le contexte de cette zone nord-américaine plutôt que simplement au niveau des États-Unis et du Canada?

+-

    M. Charles Barrett: Plus la Chine va développer sa capacité, plus elle va avoir besoin d'importer aussi. Il est certain que beaucoup des personnes qui sont allées là-bas depuis 1979 trouvent qu'il faut beaucoup de temps pour gagner de l'argent en Chine. C'est vrai, mais les grandes multinationales implantées en Chine commencent maintenant à faire de l'argent, parce que la Chine commence à avoir un revenu disponible. À force d'exporter, la Chine va devoir importer.

    Qu'est-ce que cela veut dire pour le Canada et quelles sont les ouvertures pour nous? Je crois qu'il y a d'énormes possibilités au niveau des services professionnels au Canada—les services de génie, l'architecture, la consultation de gestion et les services d'éducation. Les activités à forte valeur ajoutée ne doivent pas nécessairement faire partie du secteur des biens. Il est important de s'en souvenir.

+-

    Le président: Monsieur Simard.

+-

    M. Mark Eyking: J'ai posé deux autres questions.

+-

    Le président: Certainement, pas de problème.

+-

    M. Mark Eyking: J'ai demandé si l'Europe avait le même problème, et il y avait aussi la question de la devise.

+-

    M. Charles Barrett: Le RMB est partiellement convertible, mais pas totalement. Il est plus convertible qu'auparavant, mais les restrictions sont encore loin d'avoir disparu, même pour le compte courant. Je pense que même en étant très optimiste, cela ne se fera pas avant plusieurs années, parce qu'il faudra procéder à d'importantes réformes financières au Canada pour que le RMB soit totalement convertible.

    À long terme, si l'on en arrive là, si les salaires augmentent en Chine et que le RMB est décroché du dollar américain, on pourrait avoir une réévaluation du RMB et une correction de la balance des paiements, mais je pense qu'il ne faut pas s'y attendre à court terme.

    Quant à l'Europe, elle a effectivement les mêmes problèmes.

+-

    Le président: Raymond.

+-

    M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): On entend sans cesse les Canadiens et les Asiatiques dire que les entreprises canadiennes qui vont faire des affaires en Asie sont très mal préparées. En même temps, les gens des ambassades et du MAECI nous disent que nous faisons énormément de choses pour les aider à se préparer au Canada. Qu'en pensez-vous? Bien souvent, les entreprises canadiennes partent là-bas avec de très grands espoirs et reviennent très déçues.

    Pouvons-nous faire autre chose ici? J'ai l'impression qu'il y a des tas de choses à faire ici avant d'envoyer des gens là-bas.

+-

    M. Charles Barrett: Il faut être patient pour faire des affaires en Asie, ce n'est pas nouveau, on le sait depuis longtemps. Les Canadiens qui s'imaginent qu'il suffit d'arriver, de montrer son catalogue et de signer un contrat pour faire des affaires là-bas se trompent et sont déçus. Ceux qui réussissent en Asie, ce sont ceux qui sont prêts à être très patients.

    Je ne sais pas ce que nous pouvons faire ici, à part le faire bien comprendre aux gens. J'ai été intéressé par votre façon de dire « quand nous envoyons des gens » parce que c'est une importante décision pour les entrepreneurs d'engager 7 500 $ pour un vol transpacifique. Je sais que le service des délégués commerciaux d'Industrie Canada est bien conscient du problème de la capacité immédiate à exporter. Je pense personnellement que personne n'a intérêt à encourager un représentant d'une toute petite entreprise à prendre l'avion pour partir en Asie à l'aventure, car c'est un marché très difficile.

º  +-(1615)  

+-

    M. Raymond Simard: Voici ma deuxième question. Nous essayons d'élaborer une stratégie ou une politique pour la région Asie-Pacifique. Quand on va en Inde, en Thaïlande et au Japon—dans cet ordre—et qu'on y voit les divers niveaux de développement, on se rend compte qu'il est difficile d'avoir une seule stratégie, que c'est en fait pratiquement impossible, car ils ont tous différents... Certaines industries qui fonctionnent bien dans un pays ne peuvent pas marcher dans l'autre. Comment voyez-vous l'évolution de cette situation? Pouvons-nous avoir une stratégie à plusieurs vitesses?

+-

    M. Charles Barrett: Je vous comprends. La région Asie-Pacifique est très hétérogène, très diverse. Il y a une diversité culturelle, une diversité au niveau du développement, même à l'intérieur des pays. La Chine n'est pas un pays homogène. Hong Kong et le delta de la rivière des Perles sont très différents et ont une industrie légère. À Shanghai et dans le bassin du Yangtze, il y a des industries lourdes. À l'intérieur des terres, on a une des régions les plus sous-développées au monde.

    Il faut peut-être envisager plusieurs paliers de stratégies. Cela n'a rien d'anormal car c'est ce qui se fait dans le monde des affaires. Il faut avoir un cadre stratégique global qui n'empêche pas d'avoir des tactiques différentes en fonction des pays. En fait, c'est comme cela qu'il faut procéder.

+-

    M. Raymond Simard: Vous avez dit dans votre exposé que notre relation avec l'Inde était empreinte de nostalgie. Pourriez-vous m'expliquer cela?

+-

    M. Charles Barrett: Ce n'est peut-être plus le cas maintenant, mais il n'y a pas si longtemps les discours commençaient systématiquement par un rappel du fait que le Canada et l'Inde étaient tous les deux membres du Commonwealth et coopéraient depuis le plan Colombo; que nous étions tous les deux des adeptes de la démocratie parlementaire, etc. Tout cela est vrai, mais c'est le genre de discours qui date de 1949, plus ou moins.

    L'Inde a énormément changé et ses intérêts géopolitiques et économiques ne sont plus les mêmes qu'autrefois. Il faut donc voir avec réalisme les intérêts des deux partenaires. C'est bien gentil de vouloir avoir des échanges fondés sur la bonne volonté, mais il ne faut pas se faire d'illusions, et c'est cela que j'essaie de dire.

+-

    M. Raymond Simard: J'ai l'impression que dans certains cas en Asie, nous essayons de nous faire passer pour des coupeurs de bois et des porteurs d'eau. Dans certains cas—et je parle en mon nom personnel et non au nom des autres membres du comité—on a l'impression que quand ils parlent d'Amérique du Nord, nous n'existons pas. En fait, sur certaines de leurs cartes, il y a l'Amérique du Nord avec uniquement les États-Unis. C'est très déconcertant.

    Nous avons manifestement beaucoup de chemin à faire pour intensifier nos échanges avec l'Asie. Qu'en dites-vous?

+-

    M. Charles Barrett: C'est très vrai. J'estime—et c'est un point de vue tout à fait personnel—que les Canadiens doivent être réalistes et honnêtes vis-à-vis d'eux-mêmes. N'oublions pas que notre population est moins importante que celle de la Californie. Nous sommes un grand pays avec une population relativement faible.

º  +-(1620)  

+-

    M. Raymond Simard: Mais nous sommes un pays du G7.

+-

    M. Charles Barrett: En effet, nous avons de la chance.

    Dans bien des régions du monde, quand les gens pensent à l'Amérique du Nord, ils pensent aux États-Unis. Ce n'est pas étonnant. C'est comme cela que les choses se passent, et je pense donc que nous devons trouver des façons astucieuses de montrer qu'il y a trois économies en Amérique du Nord, en nous démarquant. Je crois que nous pouvons le faire.

    C'est peut-être un cliché, mais je dirais aussi que nous ne somme pas une puissance coloniale ou une puissance moyenne. Je pense que nous pouvons exploiter cette situation. Nous sommes un peu plus petits et un peu plus gentils, mais nous comprenons les Américains.

+-

    Le président: Monsieur MacDuff.

+-

    M. David MacDuff: Si je peux revenir là-dessus, j'ai trouvé très intéressant de vous entendre parler de la carte de l'Amérique du Nord et du fait qu'ils ne nous connaissent pas bien. Mais à mon avis, il faut tenir compte des ressources que nous avons au Canada.

    Dans les communiqués de presse du MAECI sur l'Inde, on dit souvent qu'un Canadien sur 30 est d'origine indienne. Il est donc clair que nous avons des liens individuels extrêmement forts entre les deux pays. La question est de savoir comment on peut exploiter ces liens pour accroître la prospérité du Canada car, comme l'a souligné Charles, cela nous fait une belle jambe d'avoir de la nostalgie quand nos échanges commerciaux avec l'Inde sont seulement de l'ordre de 2 milliards de dollars actuellement.

+-

    M. Charles Barrett: Ce qui est intéressant au sujet de la démographie nord-américaine—je simplifie exagérément, mais il y a vraiment dans cela beaucoup de vérité—c'est qu'en raison de la migration, le Canada est en train de devenir davantage asiatique et les États-Unis davantage hispaniques. Sous la surface des observations que nous faisons au sujet des défis que doivent relever les conseils d'entreprise bilatéraux traditionnels se trouve une question qu'à mon avis tout le monde pose mais à laquelle personne n'a vraiment répondu. Pouvons-nous exploiter les collectivités asiatiques au Canada pour nous aider à mieux comprendre les pays asiatiques ou à établir des liens d'affaires avec ces pays?

    Je ne veux pas être naïf à ce sujet parce qu'en disant tout simplement « oui », on oublie certaines choses, mais si on va à Markham, Surrey ou Richmond, on constate qu'il existe des associations d'entreprises locales. Il existe donc des liens d'affaires au sein de ces collectivités au niveau local.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

+-

    M. John Duncan: Puisqu'on dit que le Canada est en train de devenir plus asiatique et les États-Unis plus hispaniques, il semble que le prochain accord de libre-échange que signera le Japon sera avec le Mexique. Cela devrait vraiment sonner l'alarme pour le Canada. Je considère que nous sommes une nation d'Asie-Pacifique et je n'inclus pas vraiment le Mexique dans cette catégorie, bien que sur le plan technique il le soit peut-être également, mais nous avons toutes les raisons pour être les premiers à conclure cet accord avec le Japon. Qu'en pensez-vous?

+-

    M. Charles Barrett: Premièrement, je pense que le Mexique se considérerait comme un pays d'Asie-Pacifique. Deuxièmement, le Japon et le Mexique ont des liens de longue date, et les Japonais ont certainement considérablement investi dans la maquiladora.

    Troisièmement, le Mexique n'a conclu un accord bilatéral que sur les relations transatlantiques avec l'Union européenne, et les questions canadiennes ont été repoussées pour le même genre de raisons. Naturellement, cela revient au fait que l'agriculture pose davantage un problème avec nous qu'avec le Mexique. Jusqu'à présent, le Canada a assez bien réussi à jouer la carte régionale bilatérale par opposition à la carte multilatérale, et si la question de l'agriculture est résolue, ce sera dans le cadre de l'OMC.

+-

    M. John Duncan: Oui, je ne vois pas vraiment de désavantage à conclure des accords bilatéraux sans résoudre le litige agricole, car cela se fera de façon multilatérale.

+-

    M. Charles Barrett: C'est fort possible. Encore une fois, cela revient à demander s'il reste suffisamment de choses si on élimine l'agriculture.

+-

    M. John Duncan: Nous devons envoyer des signaux, et je pense que les signaux que nous avons envoyés en Asie ont été presque inexistants pour ce qui est de notre niveau d'intérêt, car nous n'avons entamé aucune discussion en matière de libre-échange ou autre.

    Je pense que vous avez fait une observation—peut-être que c'est tout simplement moi qui ressors cela. Nous savons que le secteur financier au Japon est en train d'affaiblir son économie à bien des égards, et nous avons eu l'exemple d'une grande banque japonaise dont une banque américaine a pris le contrôle, après avoir fait une restructuration totale et réussi à redresser l'entreprise.

    Tout indique que la Chine se dirige sans doute sur la même voie, pour ce qui est du secteur financier. À votre avis, le secteur financier en Chine court-il également à la catastrophe ou aux ennuis en raison de leur monnaie en quelque sorte semi-convertible?

º  +-(1625)  

+-

    M. Charles Barrett: Il ne fait aucun doute qu'il y a des défis à relever dans le secteur financier chinois, mais pour moi la situation est assez différente de celle du Japon.

    Au Japon, on a un pays dont la population est assez âgée, qui a une capacité de croissance sous-jacente lente et qui a un revenu élevé. Le Japon est par ailleurs un important épargnant net. Le problème, c'est avec les citoyens âgés japonais—où va leur argent? Il y a donc une sorte de surplus structurel dans le compte courant. C'est également un système qui, en raison du processus consensuel d'élaboration des politiques, trouve difficile de régler rapidement les questions commerciales.

    En Chine, on a une économie dynamique qui est à une étape tout à fait différente de son développement. La productivité et la production augmentent rapidement, et le secteur financier subit un certain stress car il a accordé des prêts par le passé—et je suppose qu'il continue d'en accorder—à des entreprises d'État qui perdent de l'argent.

    Donc, dans les deux cas, on a un secteur financier qui a un bilan faible, mais dans le cas du Japon, on a un pays riche qui n'a pas beaucoup de croissance tandis que dans le cas de la Chine on a un pays plus pauvre qui a cependant une croissance assez dynamique. Je ne suis pas certain s'il y a là une situation de parallèle.

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    M. John Duncan: Si on regarde le personnel et les ressources et la façon dont elles sont allouées par le MAECI à nos représentants dans les missions commerciales étrangères—aux États-Unis, en Europe, en Asie—l'Asie est certainement troisième sur la liste.

    Étant donné que nous avons un défi plus important à relever sur le plan linguistique entre autres en Asie, à votre avis devrait-on prioriser nos ressources, particulièrement étant donné les résultats assez négatifs que nous avons obtenus récemment de l'Union européenne?

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    M. Charles Barrett: Tout d'abord, cette question fait constamment l'objet d'un débat interne au sein du MAECI, et je suppose que ce sera toujours le cas. Si on me demandait s'il est justifié d'allouer davantage de ressources à la prospection de clientèles en Asie, je répondrais oui.

    Il est intéressant que vous mentionniez la tension avec l'Europe, car à l'heure actuelle l'autre demande concurrentielle est naturellement notre présence aux États-Unis. Nous avons un tiers des missions du Mexique aux États-Unis, bien que bon nombre des leurs soient petites. Mais ce n'est pas seulement en Asie; on regarde notre représentation chez nos voisins du Sud. Je pense que l'on peut faire valoir qu'une présence est vraiment nécessaire là-bas, pour les sensibiliser et gagner leur confiance.

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    M. John Duncan: Ce n'est pas l'objet de notre étude, mais je suis d'accord avec vous.

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    M. Charles Barrett: Exact. Il faudrait cependant faire preuve de sélectivité et nous assurer que l'on vise les bonnes économies.

    Lors d'une de nos rencontres, quelqu'un a cité une personne bien connue dans le domaine des affaires internationales—en fait une ancienne ministre fédérale. Elle a dit à cette rencontre qu'elle préférerait ajouter des missions aux États-Unis plutôt que d'avoir un Haut-commissariat au Bangladesh. Eh bien, je ne sais pas. Le Bangladesh est un poste très important pour l'ACDI et c'est un pays très pauvre. Mais je ne suis pas certain... c'est un marché important pour le commerce à court terme.

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    Le président: Une dernière question, monsieur Eyking.

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    M. Mark Eyking: J'ai deux questions. Lorsque vous parlez des déséquilibres commerciaux ou des chiffres commerciaux, est-ce que vous incluez des services?

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    M. Charles Barrett: En principe, oui, mais je pense qu'il est bien entendu qu'il est beaucoup plus difficile d'évaluer le commerce de services que le commerce de produits, de sorte que la possibilité que nous sous-estimions le commerce de services est très réelle.

    Au sujet de certains chiffres qui sont cités, lorsqu'on parle de 87 p. 100 des exportations canadiennes qui vont aux États-Unis, on veut parler du commerce de marchandises. Ce pourcentage se situe à environ 80 p. 100 si on inclut les produits et services. Ce qui est intéressant, c'est que le commerce des services dépend moins du marché américain que le commerce des marchandises.

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    M. Mark Eyking: Lorsque les navires repartent de Vancouver pour retourner en Asie, qu'est-ce qu'ils ramènent avec eux? Tous ces conteneurs arrivent ici, et il semble que nous expédiions des marchandises en vrac à partir du port de Vancouver.

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    M. Charles Barrett: Le commerce de vrac à partir du port de Vancouver est important, c'est vrai.

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    M. Mark Eyking: Les navires de conteneurs sont des navires différents. Est-ce qu'ils ramènent tout simplement les conteneurs vides?

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    M. Charles Barrett: Il faudrait poser la question à quelqu'un qui est dans le transport maritime, mais je suppose que certains retournent vides.

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    Le président: Merci beaucoup, monsieur Barrett et monsieur MacDuff. Votre exposé a été des plus positifs.

    Si, après réflexion, il y a des suggestions précises que vous aimeriez porter à l'attention du comité et que nous pourrions recommander au gouvernement afin d'améliorer le commerce et l'investissement dans la région de l'Asie-Pacifique, ce serait des plus utiles. Si vous connaissez quelqu'un qui aurait des idées ou des suggestions précises, veuillez l'informer que nous aimerions beaucoup qu'il nous en fasse part.

    Encore une fois, merci beaucoup.

    Nous allons poursuivre à huis clos pour aborder un point à l'ordre du jour. Cette partie de la séance est levée.