SINT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 9 avril 2003
» | 1740 |
Le président suppléant (M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne)) |
M. Ian Cheng (président, «Comox CanadAsia Business Society») |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken McKeen (expert-conseil, «Coast Forest & Lumber Association») |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken McKeen |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
» | 1745 |
M. Ken McKeen |
» | 1750 |
» | 1755 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
¼ | 1800 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken Ing (membre, «Comox CanadAsia Business Society») |
¼ | 1805 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne) |
M. Ken McKeen |
¼ | 1810 |
M. Rick Casson |
M. Ian Cheng |
M. Rick Casson |
M. Ian Cheng |
¼ | 1815 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Murray Calder (secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international) |
M. Ian Cheng |
¼ | 1820 |
M. Murray Calder |
M. Ian Cheng |
M. Murray Calder |
¼ | 1825 |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken McKeen |
¼ | 1830 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ) |
¼ | 1835 |
M. Ian Cheng |
M. Stéphane Bergeron |
¼ | 1840 |
M. Ian Cheng |
M. Stéphane Bergeron |
¼ | 1845 |
M. Ken McKeen |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
Mr. Raymond Simard |
¼ | 1850 |
M. Ian Cheng |
M. Ken Ing |
Mr. Raymond Simard |
M. Ken McKeen |
¼ | 1855 |
Mr. Raymond Simard |
M. Ken McKeen |
Mr. Raymond Simard |
M. Ken McKeen |
M. Raymond Simard |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.) |
½ | 1900 |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken McKeen |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ian Cheng |
M. Ken Ing |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
½ | 1905 |
M. Ian Cheng |
M. Ken Ing |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
½ | 1910 |
M. Ken McKeen |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Mac Harb |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
M. Ken McKeen |
Le président suppléant (M. John Duncan) |
CANADA
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mercredi 9 avril 2003
[Enregistrement électronique]
» (1740)
[Traduction]
Le président suppléant (M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne)): La séance est ouverte.
Aujourd'hui, nous poursuivons, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, l'étude sur le renforcement des relations économiques entre le Canada et l'Asie.
Nous recevons M. Ian Cheng, le président de la Comox CanadAsia Business Society. Ian, un de vos membres vous prêtera main forte, n'est-ce pas? Quel est le nom de votre collègue?
M. Ian Cheng (président, «Comox CanadAsia Business Society»): Il s'appelle Ken Ing.
Le président suppléant (M. John Duncan): Très bien.
Nous accueillerons ensuite M. Ken McKeen, qui agit comme expert-conseil auprès de la Coast Forest and Lumber Association, ou CFLA.
M. Ken McKeen (expert-conseil, «Coast Forest & Lumber Association»): C'est exact, je représente cette association aujourd'hui.
Le président suppléant (M. John Duncan): M. Ted Haney devrait se joindre à vous. Il arrive en avion de Calgary—il a peut-être eu un contre-temps.
De toute façon, vous nous avez remis un mémoire, Ken, en anglais seulement. Nous n'avons pas encore eu le temps de le faire traduire. Il serait peut-être indiqué de commencer avec vous, puisque vous avez l'air bien organisé. Nous avons suffisamment discuté pour que vous ayez une bonne idée de ce que nous voulons. Vous semblez avoir la situation bien en main.
Après Ken, ce sera votre tour, Ian. Si personne d'autre n'est arrivé à ce moment, nous passerons à la période de questions.
Vous disposez de 10 minutes environ. Cela vous convient-il, Ken?
M. Ken McKeen: Ce sera parfait.
Le président suppléant (M. John Duncan): Très bien.
Habituellement, M. Mac Harb préside le comité. Il m'a très gracieusement permis d'occuper le fauteuil aujourd'hui en reconnaissance du fait que nous sommes tous de la Colombie-Britannique.
Cette étude est en cours depuis un certain temps. Nous avons entendu beaucoup de témoins de la région d'Ottawa, ainsi que du Québec et d'autres parties de l'Ontario. Nous sommes ravis d'étendre notre rayon d'action, même si des groupes comme la Fondation Asie Pacifique du Canada ont déjà eu une bonne oreille au comité. Nous nous rendrons en Asie en mai, pour l'étape suivante de l'étude et pour aller aux sources. J'espère que, au cours de ce voyage, nous pourrons mettre à profit tous les conseils et tous les trucs que vous voudrez bien nous donner.
Je vous cède la parole, Ken. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation au vol, malgré un très cours préavis, si j'ai bien compris.
» (1745)
M. Ken McKeen: Oui, c'était un peu précipité, mais je suis ravi de me trouver parmi vous.
Je représente aujourd'hui la Coast Forestry and Lumber Association, en remplacement de Brian Zak, le président. M. Zak se trouve au Japon, pour le lancement de son nouveau programme promotionnel.
Je viens de prendre ma retraite, après une carrière de 37 ans au sein du Council of Forest Industries de la Colombie-Britannique. Au cours de cette période, j'ai été pendant plus de 20 ans directeur du secteur du bois d'oeuvre de la côte et, dans les derniers temps, j'étais vice-président de la division de l'accès aux marchés et du commerce. J'ai ainsi accumulé une expérience assez importante dans le domaine de l'expansion des marchés, tant sur le plan de la promotion que de l'accès, en Europe, au Japon, en Australie, de même qu'en Chine, à Taïwan et en Corée. J'ai aussi une vaste expérience en gestion des programmes de coopération entre l'industrie et le gouvernement.
La Coast Forest and Lumber Association est une association industrielle et commerciale qui représente l'industrie côtière du bois de sciage de la Colombie-Britannique. Notre organisation de défense des intérêts s'intéresse principalement à tout ce qui touche l'industrie forestière, à la sécurité du bois, à la prospection des marchés et aux relations avec le gouvernement. Les activités de prospection des marchés comprennent notamment la recherche appliquée, la mise au point de produits, tout ce qui touche l'accès aux marchés, tels que les codes du bâtiment et les normes relatives aux produits, ainsi que la promotion des produits dans les marchés établis et dans les marchés en émergence. L'accent est mis sur l'Asie, et plus particulièrement sur le Japon. Depuis six ans, nous collaborons avec le gouvernement de la Colombie-Britannique pour la prospection des marchés et, depuis peu, nous collaborons aussi avec le gouvernement fédéral dans le cadre du nouveau Programme canadien d'exportation des produits de bois.
Je souligne au passage que l'industrie de la côte possède une longue expérience dans le domaine de la prospection des marchés internationaux. Cette histoire remonte à plus d'un demi-siècle. L'industrie a été une pionnière de la promotion des produits du bois canadiens en Europe, en Australie, au Japon et dans bien d'autres marchés mondiaux. Chef de file du programme coopératif d'expansion des marchés d'outre-mer, notre industrie a participé à ses cinq projets. C'est notre industrie qui a entrepris la première de faire la promotion de la construction de charpentes à plate-forme en Europe et qui a fait connaître la construction à colombages au Japon.
L'industrie du bois de sciage de la côte est très différente de l'industrie canadienne en général. Actuellement, elle produit quelque 2,25 milliards de pieds-planche de bois par année, ce qui représente 17 p. 100 du volume total de la Colombie-Britannique et 40 p. 100 environ de la valeur de la production de la Colombie-Britannique. Certaines essences sont uniques à la côte : la principale est la pruche du Canada, mais on y trouve aussi du sapin de Douglas, du cèdre rouge de l'Ouest, du cyprès jaune et de l'épinette de Sitka. Comme il faut travailler en terrain très escarpé et très accidenté, les coûts de coupe sont les plus élevés du monde. Le transport à l'intérieur du marché nord-américain pose des difficultés inouïes. Le bois de la côte doit être coupé dans des moulins de coupe rotatoire, comme on les appelle. Les coûts d'exploitation et de main-d'oeuvre sont plus élevés, mais ces moulins nous permettent de produire des dimensions spéciales. Ces scieries sont très dépendantes des marchés d'outre-mer. Elles sont à l'origine de 68 p. 100 des expéditions de bois d'oeuvre de la Colombie-Britannique vers le Japon, et on leur attribue encore la moitié du commerce extérieur des produits du bois.
L'industrie de la côte n'a pas le choix d'orchestrer ses plans de marketing autour de ces facteurs. L'accent doit être mis sur les marchés des produits de grande valeur ou les marchés à créneaux. S'il en coûte 700 $ pour produire un volume donné de bois d'oeuvre, il est impossible de survivre en produisant des colombages de grande consommation vendus 350 $. Les consommateurs américains et européens achètent surtout des produits d'une essence exclusive, telle que le cèdre rouge de l'Ouest, ou des produits de grande valeur, comme le bois sans défaut, qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Il est tout simplement impossible pour notre industrie de soutenir la concurrence dans le marché des produits de grande consommation à bas coût. Les marchés de prédilection pour notre bois de construction ordinaire sont les marchés extérieurs de produits de grande valeur, notamment celui des poteaux et des poutres de dimensions spéciales utilisés pour la construction d'habitations au Japon ou, on l'espère, des petits marchés à créneaux dans les économies en émergence. On s'efforce du mieux que l'on peut de réduire les coûts de fabrication et d'augmenter la valeur des produits, mieux adaptés aux besoins des consommateurs.
» (1750)
La crise perdure encore aujourd'hui dans l'industrie de la Colombie-Britannique. La hausse fulgurante des coûts, l'incertitude de l'approvisionnement, la transformation des besoins des consommateurs, l'intensification de la concurrence et le protectionnisme à l'intérieur des marchés d'exportation sont autant de facteurs qui ont contribué au fléchissement marqué du secteur. Les ventes à l'Europe ont baissé de 90 p. 100 ces dernières années—ce qui se traduit par des pertes de 500 millions de dollars par année—à cause du protectionnisme et de l'augmentation des coûts de production. Les ventes aux États-Unis, constituées en grande partie de produits de grande valeur, ont été frappées très durement par les droits d'importation. La valeur moyenne des produits de la côte qui sont vendus aux États-Unis dépasse les 800 $ le 1 000 pieds-planche. Si on ajoute un droit ad valorem, il est facile de mesurer l'impact. Les ventes au Japon, notre plus important marché, ont aussi connu une baisse radicale du fait de la concurrence des produits européens à faible prix comme le pin de Montery, le mélèze de Russie et d'autres essences indigènes.
L'industrie de la côte ne se laisse toutefois pas abattre. La stratégie est assez simple : continuer d'envoyer des produits spéciaux de grande valeur aux États-Unis et en Europe; repositionner les produits de la côte et rétablir la demande et la part de marché au Japon, notamment pour la pruche du Canada, en trouvant de nouveaux marchés et en tirant le maximum des nouveaux programmes de promotion dynamiques; créer les occasions et la demande dans les marchés en émergence, à commencer par la Chine, l'Inde et la Corée; et, bien entendu, continuer de diminuer les coûts de fabrication. Le travail est déjà commencé. À ce jour, l'accent a été mis presque exclusivement sur le Japon. Il s'agit du marché d'outre-mer le plus important pour l'industrie de la côte, avec des ventes annuelles excédant les 900 millions de dollars. C'est aussi le marché qui offre le meilleur potentiel de croissance.
Au cours des six dernières années, grâce au soutien financier important du gouvernement de la Colombie-Britannique, l'industrie de la côte a lancé un programme promotionnel et technique très ambitieux pour favoriser l'expansion du marché japonais. Le programme comprend une grande campagne de promotion pour faire connaître et apprécier la nature distincte et le rendement supérieur du « Canada tsuga », le nom japonais donné à notre pruche; l'élaboration d'une trousse complète de documents promotionnels et techniques et d'autres produits connexes; l'établissement d'une représentation technique à temps plein dans le marché; la participation à d'innombrables foires commerciales, séminaires et missions commerciales; d'importants essais extracatégorie des essences côtières en vue de la reconnaissance de ses propriétés de conception améliorées dans les codes du bâtiment japonais; l'élaboration et la reconnaissance par les codes du bâtiment d'une nouvelle règle de classement applicable aux produits canadiens du bois de pruche et du sapin de Douglas de catégorie E 120; la présentation et la promotion d'une nouvelle gamme de produits E 120; des essais sur les murs de cisaillement visant à démontrer que les maisons construites en Canada tsuga sont plus résistantes aux secousses sismiques que celles construites avec d'autres essences offertes dans le commerce; des études exhaustives pour trouver quelles méthodes de séchage sont les plus efficaces; des études visant à documenter la stabilité des essences côtières dans les bâtiments construits au Japon, ainsi que l'élaboration d'un plan d'action axé sur les codes à partir d'une étude approfondie des nouveaux codes du bâtiment, des nouvelles normes et pratiques en construction, ainsi que des besoins en transformation de la clientèle.
Au cours de la dernière année, l'industrie a élaboré et lancé un nouveau programme promotionnel axé sur la technique et la gamme de produits E 120 en Canada tsuga. Un autre programme d'expansion des marchés a été lancé en Chine, qui devrait être entièrement opérationnel d'ici juillet; il comprendra notamment la mise en place d'une représentation à temps plein à Shanghai. Au cours des trois ou quatre années à venir, l'industrie continuera d'exploiter son programme intensif d'expansion des marchés japonais, en plus d'établir une présence et des programmes de promotion des produits de la côte dans les marchés chinois, indiens et coréens.
On m'a par ailleurs demandé si le gouvernement pouvait nous aider de quelque façon. Il est toujours un hasardeux de dire à quelqu'un d'autre comment il devrait faire son travail, mais je me risquerai tout de même à parler de quelques moyens dont l'industrie a profité ou dont elle pourrait profiter.
Le Programme canadien d'exportation des produits de bois est un bon exemple de moyen efficace pour favoriser l'expansion des marchés à l'étranger. Il s'agit d'un programme à frais partagés, rentable pour toutes les parties; l'initiative et la mise en oeuvre sont confiées à l'industrie. Ces caractéristiques importantes nous assurent l'exploitation des possibilités commerciales rentables et un suivi commercial des efforts de promotion. Même les programmes promotionnels les mieux ficelés sont voués à l'échec s'ils ne sont pas suivis d'un bon plan d'action commercial.
» (1755)
Le gouvernement est aussi un excellent allié pour ce qui est d'ouvrir les portes. Une bonne part des activités d'expansion des marchés, et plus particulièrement tout ce qui touche l'accès—ce qui comprend entre autres les codes et les normes—, sont transigées entre gouvernements. Un exemple : le gouvernement nous a apporté son concours dans le domaine des codes et des normes en présentant du personnel technique de l'industrie à des fonctionnaires clés. L'accès est beaucoup plus facile pour les fonctionnaires que pour des représentants du domaine commercial. L'organisation de missions à l'étranger regroupant des représentants du gouvernement est tout aussi importante. Les représentants des gouvernements étrangers ne peuvent pas vraiment donner suite à des invitations d'industriels au Canada. Les expositions et les foires commerciales sont un autre domaine où l'aide du gouvernement nous est précieuse. La représentation et l'engagement du gouvernement fédéral sont souvent garants d'une réponse beaucoup plus intéressante.
Nous apprécions aussi que le gouvernement affecte du personnel suffisamment formé à l'étranger. Nous avons nous-mêmes offert des formations spécialisées à des délégués et conseillers commerciaux à Vancouver. Ces formations les ont réellement aidés à mieux faire leur travail une fois dans le marché.
L'information commerciale nous est toujours très utile, parce qu'elle nous permet de rester à l'affût des possibilités et des développements, notamment dans les régions où nous n'avons pas de représentants à temps plein sur le terrain. Nous utilisons cette information pour proposer des itinéraires aux représentants de l'industrie et des personnes à rencontrer, notamment, lors de visites initiales.
Le gouvernement peut en outre constituer un fonds avec nos documents et nos bandes vidéo en vue de leur distribution, et diriger les demandes au fur et à mesure.
Les démarches les moins productives du gouvernement sont celles dont l'initiative ne revient pas à l'industrie. Ce n'est pas facile, mais il faut faire l'effort de comprendre l'industrie et collaborer étroitement avec elle à la mise au point des initiatives d'expansion du commerce.
Le gouvernement canadien, selon moi, a une très bonne fiche dans tous ces secteurs, meilleure que celle de bien d'autres institutions. Des programmes comme les projets coopératifs d'expansion des marchés d'outre-mer ont été cités comme des exemples de collaboration efficace entre le gouvernement et l'industrie. Ces projets ont eu d'excellents résultats. D'autres pays se sont inspirés du modèle canadien pour mettre au point leurs propres programmes. Nous nous réjouissons de voir qu'Ottawa a décidé de poursuivre sur cette lancée avec le Programme canadien d'exportation des produits de bois.
Enfin, et c'est un point de vue très personnel, je crois que le sous-comité devrait étudier de près la question de l'ACDI. Je sais que c'est une question très délicate, mais beaucoup de pays font des liens entre leurs programmes d'aide et les services et produits nationaux. Le Canada pourrait gagner en efficacité dans ce domaine, sans nuire pour autant au programme d'aide lui-même. Il devrait chercher un moyen d'intégrer les produits canadiens dans le processus.
Merci de votre attention. Si vous avez des questions, je serai très heureux d'élaborer sur certains points.
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci beaucoup, Ken.
Nous allons maintenant entendre Ian, puis nous vous poserons des questions à tous deux, puisque personne d'autre n'est arrivé.
M. Ian Cheng: Bonsoir.
Je suis très honoré de participer à ces audiences. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos deux missions.
Notre association a été fondée en 1999 en Colombie-Britannique, par un groupe d'industriels, d'investisseurs immigrants et de représentants de petites entreprises. Notre effectif compte quelque 200 petites entreprises, dont la grande majorité font du commerce international. Notre mandat est axé surtout sur la promotion du commerce canadien et des investissements entre le Canada et l'Asie. Tout au long de l'année, nous offrons des programmes d'information à l'intention de nos membres, des séminaires sur divers aspects du commerce; nous faisons de l'appariement d'entreprises, nous participons à des foires commerciales, à des réceptions données pour des délégations ou à des missions commerciales, entre autres.
À titre de Chino-canadien, je vais me concentrer essentiellement sur la Chine. Certains chiffres vous serviront de références utiles. En 2002, la Chine occupait le sixième rang mondial au chapitre des importations—295 milliards de dollars américains—et le cinquième rang pour ce qui est des exportations, qui ont totalisé 325 milliards de dollars américains. Avec sa population de 1,3 milliard d'habitants, la Chine a déjà dépassé un PIB par habitant de 6 000 $. La croissance rapide de la classe moyenne fait sans aucun doute de la Chine un marché très prometteur et un important investisseur potentiel dans le marché canadien. Je ne vous cache donc pas mes espoirs que votre mission permette de tisser des liens d'amitié avec la Chine et de paver la voie à des relations commerciales fructueuses pour nos petites entreprises.
Voilà, je n'ai rien d'autre à ajouter pour l'instant. S'il reste du temps, mon collègue pourrait peut-être prendre quelques minutes pour parler brièvement au nom des petites entreprises. Est-ce que ce sera possible?
¼ (1800)
Le président suppléant (M. John Duncan): Oui, mais avant, j'aimerais obtenir une précision. Malgré son nom, votre association est formée essentiellement de membres qui ont leur siège à Vancouver, est-ce que je me trompe?
M. Ian Cheng: Non.
J'ai oublié un détail. Je conseille aux organisateurs de vos deux missions en Chine d'entrer en contact avec le ministère du Commerce extérieur et de la Coopération économique. Les gens là-bas pourront vous diriger vers tous les organismes publics et privés au besoin. Si vous avez besoin d'aide, je peux vous mettre en contact. Le ministère pourra peut-être organiser une réception d'ici à ce que vous arriviez à Beijing.
Si j'ai bien compris, vous passerez très rapidement par Shanghai.
Le président suppléant (M. John Duncan): Je ne crois pas que nous irons à Shanghai. Notre horaire est assez flou. Mais nous allons à Beijing, c'est certain.
M. Ian Cheng: Je comprends. Si vous avez besoin d'aide, laissez-le moi savoir d'avance.
Le président suppléant (M. John Duncan): Très bien. Merci beaucoup.
Nous allons maintenant entendre votre partenaire, M. Ing.
M. Ian Cheng: Il fait partie de nos membres et il est spécialiste des questions économiques. Il a une longue expérience des méthodes des grandes banques.
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci, Ian.
Allez-y, Ken.
M. Ken Ing (membre, «Comox CanadAsia Business Society»): Bonsoir à tous.
La conjoncture économique étant plutôt défavorable ces temps-ci aux États-Unis, on a beaucoup entendu parler de l'émergence de la Chine à titre de nouveau moteur mondial de la croissance. Dans cette optique, j'aimerais vous rappeler à quel point il est important pour les petites entreprises de percer les marchés chinois.
Il est généralement reconnu que les petites entreprises créent la grande partie des emplois. De la même façon, elles sont à l'avant-plan pour ce qui est de l'expansion commerciale en Chine. Ce sont elles qui peuvent trouver des débouchés pour les produits canadiens dans le marché en pleine ébullition de la Chine. Je citerai comme premier exemple le cas de la panope. Voilà des années, la panope était un produit de la mer très peu connu des consommateurs canadiens. Cependant, un commerçant de Vancouver particulièrement visionnaire a décidé de tenter sa chance et il a commencé à expédier quelques conteneurs à la fois à Hong Kong. Le succès a été immédiat et d'autres commerçants ont suivi ses traces, en envoyant des panopes vers d'autres régions où se trouvent des Chinois. Actuellement, la majorité des exportations de panopes sont destinées à la Chine.
Un autre exemple vient des pieds de poulet, un autre produit délaissé par les consommateurs canadiens qui trouve un marché en Chine.
J'ajouterai par ailleurs que beaucoup de nos membres ont tenté d'exporter du bois d'oeuvre canadien en Chine, mais ils attendent toujours les résultats. Malgré cet 'échec initial, ils n'en continuent pas moins d'essayer. Un jour, tous les obstacles seront abolis et le Canada réussira à percer le marché chinois pour y vendre les produits de bois canadiens. Je n'ai aucun doute que les efforts cumulés des petits exportateurs trouveront gain de cause.
Nous vous demandons donc de vous rappeler, au moment de formuler les politiques sur le commerce ou sur l'immigration, que les petits entrepreneurs peuvent changer la donne.
Merci.
¼ (1805)
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci beaucoup, Ken.
Je demanderai à Rick Casson d'amorcer la période de questions.
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne): Monsieur McKeen, vous avez effleuré le thème des mesures efficaces et des mesures qui n'ont aucune incidence pour vous. Pourriez-vous nous indiquer d'autres difficultés d'ordre réglementaire que nous devrions revoir parce qu'elles vous empêchent de faire votre travail?
Par ailleurs, vous parlez de percer les marchés chinois, indiens et coréens. Les chiffres sont-ils très élevés? Vous suffirait-il de combler le manque à gagner laissé par les baisses enregistrées en Europe et les difficultés incessantes aux États-Unis?
M. Ken McKeen: Je commencerai par la dernière partie. Oui, nous estimons que le potentiel est énorme. Nous n'avons pas le choix de nous rendre à l'évidence : les niveaux de production de la région côtière de la Colombie-Britannique n'atteindront jamais plus les sommets de l'époque bénie des années 70. Nous voulons augmenter nos ventes au Japon de 25 ou 30 p. 100 par rapport aux niveaux actuels, établir un marché en Chine de l'ordre de 300 millions de pieds-planche de bois d'oeuvre, et de 50 millions à court terme en Inde. Cela représente de très grosses quantités de bois. Dans une certaine mesure, nous pensons tout autant à la redistribution et à la diversification de notre base commerciale qu'à l'augmentation des ventes totales. Nous sommes très conscients que les ventes, notamment aux États-Unis, vont probablement—du moins pour les produits de la côte—continuer de diminuer, à des niveaux encore plus bas que les niveaux actuels.
Pour ce qui est des difficultés attribuables à la réglementation, comme je ne suis plus en lien quotidien avec le secteur depuis deux années et demie, je ne peux pas faire de commentaires précis. Cependant, l'une de nos grandes frustrations, et je ne connais aucune solution facile, est la suivante : quand nous transigeons avec Ottawa, ou avec d'autres instances gouvernementales, nous nous butons toujours à la bureaucratie ou à un processus quelconque. Les décisions ne viennent jamais assez rapidement pour l'industrie. Par exemple, nous avons déposé des propositions pour le dernier exercice fiscal, mais il a fallu plus de six mois pour obtenir l'approbation des programmes. Il nous restait environ cinq mois pour livrer un programme prévu pour douze mois. C'est un exemple des frustrations que vous vivons parfois. Toutefois, d'autres nouveaux programmes ont déjà été lancés, et tout semble indiquer que nous n'aurons pas à composer avec ce genre de délais quand nous arriverons à la deuxième ou à la troisième année d'existence.
¼ (1810)
M. Rick Casson: Un représentant des autorités portuaires de Vancouver nous a affirmé que l'espace manquera très bientôt et qu'il faut agrandir. J'aimerais vous demander à tous deux si vous avez présentement des difficultés liées au transport de vos produits. Envisagez-vous des difficultés dans un avenir proche concernant l'entrée et la sortie des conteneurs? Comment se passent ces mouvements actuellement? Quelles voies empruntez-vous pour expédier vos produits en Asie?
M. Ian Cheng: Pour ma part—et je n'ai entendu aucune plainte des autres membres à cet égard—, je n'ai pas de difficultés liées au transit des marchandises au port ou aux douanes. C'est différent cependant quand le syndicat déclenche une grève. La dernière fois, un de nos membres avait expédié une très grosse cargaison de crabes en Chine, qui sont tous morts. La perte a été catastrophique, mais il ne pouvait faire de réclamation à personne. Si le gouvernement fait en sorte de maintenir un bon climat parmi les syndiqués, nous, les petites entreprises, auront plus de facilité à survivre.
M. Rick Casson: Ian, vous parlez des occasions que les petites entreprises peuvent exploiter. J'imagine que vous parlez des deux extrémités du parcours : les occasions qui s'offrent aux petites entreprises en Chine, et les occasions de collaboration pour les petites entreprises au Canada. Existe-t-il un organisme-cadre qui tient une liste des débouchés possibles ou des personnes intéressées à investir dans l'autre pays? Vous avez parlé de ce qui n'allait pas. Comment les gens ici sont-ils protégés en cas de problèmes, et que pouvons-nous faire pour augmenter la sécurité des transactions avec des petites et moyennes entreprises en Chine?
M. Ian Cheng: Durant les années où j'étais à Hong Kong et en Chine—j'ai des racines aux deux endroits—, j'ai acquis une longue expérience du commerce international, et j'avais toujours l'impression que les petits entrepreneurs canadiens n'étaient pas tout à fait prêts à exporter. Peut-être le gouvernement peut-il faire en sorte de les encourager à détourner leur regard des États-Unis pour porter une plus grande attention aux marchés asiatiques en général, pas seulement la Chine. Les pays asiatiques ont tous connu une forte croissance économique dans les années 80. Malgré les ratés des années 90, le rendement de leurs devises est encore énorme. Hong Kong, Taïwan et la Chine sont devenus des investisseurs potentiels extrêmement importants au cours des six ou sept dernières années.
L'an dernier, Industrie Canada a invité en notre nom un groupe de jeunes cadres à suivre une formation dans les facultés de commerce de l'Université de la Colombie-Britannique. L'organisation qui les a envoyés, la China World Best, a investi dans une fabrique de textiles de Montréal. Selon Industrie Canada, l'investissement s'élèverait à 45 millions de dollars. Compte tenu de sa petite taille, c'est un très bon début. C'est l'investisseur numéro 1 de la Chine. Pour tirer profit de la croissance économique rapide là-bas, votre équipe de mission devrait inviter chez nous plus de grandes entreprises chinoises. Dans notre région, la Vallée Comox, les possibilités d'investissement sont légion. Si vous pouviez les inviter ici et demander au gouvernement canadien de mettre la pédale douce sur les visas exigés, ces entreprises pourraient certainement donner un coup de pouce à notre développement économique.
¼ (1815)
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci, Ian.
Je vais passer la parole à M. Murray Calder, le secrétaire parlementaire. Mais auparavant, pour le compte rendu et pour votre information, je voudrais souligner la présence parmi nous de représentantes du service des comités de l'Assemblée nationale du Québec : Mme Hélène Galarneau, directrice du Secrétariat des commissions de l'Assemblée nationale, ainsi que Mme Ariane Mignolet, secrétaire de la Commission des finances publiques. Vous avez réussi à attirer des représentantes d'une province ayant de grandes visées sur le marché asiatique.
Monsieur Calder, nous vous écoutons.
M. Murray Calder (secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international): Merci, monsieur le président.
Vous avez mentionné, Ian, que vous aviez beaucoup d'expérience non seulement en Chine, mais ici aussi, au pays. Le barrage des Trois-Gorges, actuellement en construction et dont l'achèvement est prévu en 2008, augmentera la production hydroélectrique dans le centre de la Chine, en plus de lui procurer un port intérieur. Je crois que ces installations résoudront une bonne partie de ses problèmes de transport, parce que les produits seront dorénavant transportés par barges. Quelque 1,5 million d'acres de terrain doivent être remblayés, ou quelque chose du genre. Il s'agit d'un énorme barrage. Savez-vous comment se déroulent les travaux? Est-il possible de nous immiscer de quelque façon dans les travaux en cours? Si, par exemple, Équipe Canada faisait une autre mission en Chine, sur quoi faudrait-il nous concentrer pour initier une telle collaboration? Enfin, quelles possibilités d'affaires faudra-t-il exploiter au terme des travaux?
M. Ian Cheng: J'ai de l'expérience en commerce international, mais pas de ce genre de mégaprojets en Chine. Je vous incite fortement à demander au ministère du Commerce international et de la Coopération économique d'inviter autant de représentants de l'industrie et de ministères que possible, et d'en faire autant avec la Société d'aménagement des terres—pas les très haut dirigeants avec qui vous pourrez seulement serrer des mains et prendre des photos— et d'autres organismes chargés de ce type de projets. Gardez l'esprit ouvert, écoutez-les et invitez-les ici pour qu'ils puissent se familiariser avec nos industries. Je vous encourage aussi à mobiliser les cercles d'affaires locaux, pour qu'ils organisent plus de missions commerciales, qui permettraient à des représentants de l'industrie de participer à des foires en Chine. Il faut montrer aux Chinois tout ce dont nous sommes capables au Canada. Travaillez avec les gens de la base. Ce sont eux qui vous aideront à multiplier les occasions d'affaires.
¼ (1820)
M. Murray Calder: Une des choses que j'ai remarquées au sujet de la Chine est l'amélioration de la qualité des produits mis en marché, qui restent pourtant très concurrentiels sur la scène internationale. De plus, il semble y avoir un mouvement migratoire des zones rurales vers les centres urbains, à la faveur de l'expansion du secteur de la fabrication. Quelles possibilités, s'il y en a, pourrions-nous et devrions-nous exploiter? Maintenant que la Chine est membre de l'OMC, il faut tenir compte de l'aspect humanitaire et, bien entendu, des investissements possibles.
M. Ian Cheng: Je crois fermement que nos industries devraient tout mettre en oeuvre pour participer à l'expansion de la Chine. Il n'est plus suffisant de rester assis et d'inviter des gens chez vous, pour qu'ils investissent et paient beaucoup d'impôts, ce qui leur laisse une très faible marge bénéficiaire. Là-bas, les possibilités sont infinies.
L'expérience taïwanaise est éloquente à cet égard. Dans les années 80, le gouvernement a incité de nombreuses industries à investir à l'étranger. Elles ont beaucoup investi en Malaisie, à Singapour et en Thaïlande. Il ne faut pas y voir uniquement une sortie de capitaux—l'opération mène en fait à un apport en capitaux. Il s'agit simplement de profiter d'une main-d'oeuvre à bon marché, de terrains à bon marché et de leur technologie pour faire de l'argent, qui revient au Canada. C'est ce qui s'est passé pour Taïwan. C'est la raison pour laquelle Taïwan s'est retrouvée avec une telle accumulation de devises étrangères dans les années 90.
Restons ouverts d'esprit. Nous pouvons transporter nos industries pour profiter de la main-d'oeuvre à bon marché. Il est ensuite plus facile de pénétrer les marchés. Quand les industries ont de l'argent, elle peuvent réinvestir et, au bout du compte, l'argent et les taxes reviennent au Canada. C'est ce que font Hong Kong et Taïwan.
M. Murray Calder: Je suis allé deux fois à Taïwan pour des missions commerciales et j'ai noué des liens d'amitié là-bas, et ici aussi. Savez-vous comment les nations de l'Asie du Sud-Est perçoivent le Canada? Nous perçoivent-elles comme une nation axée sur les ressources ou comme une nation axée sur la technologie?
¼ (1825)
M. Ian Cheng: Les deux, je dirais. Notre pays est axé sur les ressources, mais nos prix sont beaucoup trop élevés aux yeux des Asiatiques. Tout récemment, j'ai assisté à une conférence organisée par Forintech en Colombie-Britannique; le Conseil national de recherches du Canada a alors parlé de deux essences de bois utilisées par cette compagnie en Chine, des essences que l'on trouve au Canada. La même essence en provenance de Russie coûte seulement 50 $, celle de la Nouvelle-Zélande coûte 60 $, celle de l'Australie 70 $ et, si on se la procure en Colombie-Britannique, il faut payer 120 $. Pour construire une maison à ossature de bois, une maison préfabriquée à ériger là-bas, il en coûte au moins 260 $ par mètre carré si du bois de la Colombie-Britannique est utilisé; pour la même maison, il en coûterait seulement 150 $ pour du bois de la Russie et, si les ressources viennent de Chine—la qualité est moindre, mais c'est faisable—, il en coûterait 120 $. Nous vendons de la qualité, mais l'état du marché américain étant ce qu'il est, pourquoi insister sur la qualité? À mon avis, il faut vendre ce que le marché demande.
Le Canada est une nation technologique, c'est un fait. Le mois prochain, nous participerons à une activité, de concert avec Environnement Canada, visant la promotion de produits écologiques. Nous collaborons avec une autre association, très professionnelle, pour le volet promotion. Nous avons invité au moins 10 ou 20 compagnies de produits écologiques pour qu'elles fassent la promotion de leurs produits à des commerçants locaux venus d'Asie. Si c'est possible, nous organiserons peut-être une mission commerciale pour faire connaître les produits canadiens, d'ici septembre. C'est ce qui est prévu, sur papier du moins.
Le président suppléant (M. John Duncan): Et où se rendra cette mission commerciale, Ian?
M. Ian Cheng: Elle devrait se rendre à Xiamen, dans la province du Fujian, où se tient la deuxième foire commerciale en importance en Chine. La première est la foire de marchandises de Canton. La deuxième est la foire d'investissement et commerciale de Xiamen. La troisième se tient à Shenzhen, sur le thème des sciences et des technologies haut de gamme. Il y a donc trois grandes foires par année en Chine.
Le président suppléant (M. John Duncan): Certains de vos membres pourraient y participer. Bénéficieraient-ils d'un soutien du fédéral?
M. Ian Cheng: Trop de paperasses et de bureaucratie! J'espère, monsieur Duncan, que vous nous ouvrirez la voie et que nous pourrons obtenir du financement. Est-ce possible?
Le président suppléant (M. John Duncan): Ken McKeen.
M. Ken McKeen: J'aimerais revenir sur la question de la qualité. Si nous retournons en arrière, dans les années 80, il y a eu des années où nous expédions environ 100 millions de pieds-planche en Chine, des matériaux de qualité très moyenne, numéro 3 et plus. Ils le broyaient pour fabriquer des fenêtres et des portes, d'une qualité assez douteuse par rapport à la norme ici. Ils utilisaient aussi une grande partie du bois pour étayer les ouvrages d'égout et pour d'autres fonctions du genre. Après les événements de la place Tiananmen, le commerce s'est effondré. Il reprend un peu, mais la qualité exigée n'est plus la même. Ils commandent maintenant du bois sans défaut de la plus haute qualité, pour en faire des lambris et des meubles, et pour certains nouveaux hôtels en construction ou des aménagements résidentiels ou commerciaux haut de gamme. Ce genre de transactions est de plus en plus courant.
Aussi, j'abonde dans le même sens que Ian sur la question de la main-d'oeuvre à bon marché, qui s'y trouve en abondance. Nous ne réussirons pas à vendre notre bois d'oeuvre sur la base de son prix : nous ne faisons tout simplement pas le poids par rapport aux matériaux bon marché provenant d'autres marchés. En revanche, nous pouvons trouver des marchés à créneaux pour nos produits. C'est possible. Nos produits pourraient être importés, par exemple, pour la conversion qualitative dans certains secteurs haut de gamme de la Chine, mais aussi en vue de la réexportation. La Chine importe déjà un certain volume de nos produits de bois qui subissent une conversion qualitative et sont revendus dans son propre marché haut de gamme, mais aussi en vue de la réexportation, vers le Japon notamment. La Chine exporte des produits de qualité supérieure. C'est un autre débouché possible.
Enfin, pour le bois de construction ordinaire, nous croyons être en mesure de trouver des marchés à créneaux où les acheteurs seront prêts à payer la surcharge nécessaire pour couvrir nos coûts. Il faudra toutefois développer des marchés où des produits de qualité supérieure sont exigés. Par exemple, on peut démontrer que le prix des fermes de toit en bois peut rivaliser avec celui des fermes d'acier, moyennant le recours à un matériau de structure de meilleure qualité que celui qui provient d'autres pays. Les économies attribuables aux fermes en bois compenseront le prix plus élevé des matériaux de structure de qualité supérieure.
C'est le genre de marketing de créneaux qui, à notre avis, nous permettra de construire notre base commerciale en Chine. Nous sommes convaincus qu'il faut abandonner l'ancienne méthode de concurrence fondée uniquement sur les prix pour percer ce marché.
¼ (1830)
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci de cette précision, Ken.
Je passe maintenant la parole à M. Stéphane Bergeron, du Bloc Québécois.
[Français]
M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ) : Merci, monsieur le président.
Depuis le début de nos audiences et de notre étude, de nombreux témoins nous disent que le marché de l'avenir, celui qui présente le plus grand potentiel de développement, est le marché asiatique, particulièrement celui de la République populaire de Chine. Or, on sait que dans la foulée de la révision de la politique étrangère de 1995, l'actuel gouvernement, lorsqu'il a été élu, a axé une grande partie de sa politique étrangère sur le développement du commerce, particulièrement avec la région de l'Asie-Pacifique.
Or, nous constatons--et on doit certainement prendre en considération la crise financière qui a eu lieu--que depuis l'an dernier, la part du Canada est passée de 1,32 p. 100 à 1,24 p. 100 dans les marchés d'importation des 10 principaux clients d'Asie.
Donc, malgré tous les efforts qu'a pu déployer ce gouvernement pour développer les marchés en Asie, le résultat net démontre que notre part de marché a sensiblement diminué.
J'adresse la question suivante principalement à M. Cheng, mais j'en aurai certainement une autre par la suite pour M. McKeen, étant donné les commentaires qu'il vient de faire.
Qu'est-ce qui pourrait être fait, au-delà des mots, des belles paroles et des engagements pour que le Canada et le Québec arrivent à augmenter leur part de marché en Asie, particulièrement sur le marché de la République populaire de Chine qui, semble-t-il, est le marché en émergence sur le continent?
¼ (1835)
[Traduction]
M. Ian Cheng: Selon des statistiques très récentes pour la période allant de janvier à novembre 2002, le Canada se plaçait au dixième rang parmi les partenaires commerciaux de la Chine. La valeur totale a diminué, comme vous l'avez souligné, mais pas de façon si marquée si on en croit les statistiques. La baisse est de 0,1 p. 100 seulement.
Pour ce qui est des moyens à prendre pour améliorer la situation, comme je l'ai déjà dit, il semble que beaucoup de nos industriels ne sont pas encore prêts pour le commerce international. Quand nous faisons des appels d'offres, il arrive que les soumissionnaires nous demandent ce que « FOB » veut dire, et c'est pourtant du vocabulaire de base. Il s'agit de prendre les marchandises à la fabrique et de donner un chèque ou une traite bancaire en échange. Pour eux, le commerce international se résume à expédier un chargement en camion en Amérique et à rapporter une traite bancaire. Le commerce international est beaucoup plus complexe! Si les associations industrielles pouvaient leur donner plus de formations et si le gouvernement les incitait à faire une prospection plus intensive des marchés, les choses avanceraient plus vite.
Je vais vous raconter une histoire. L'an dernier, j'ai visité une très importante foire commerciale du meuble à Shanghai. J'ai rencontré des exposants d'outre-mer, de la Norvège, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, qui tous exposaient leurs produits de bois. Je n'y ai vu aucun exposant canadien. Sur les 7 000 ou 8 000 exposants, aucun ne venait du Canada. J'ai téléphoné au consulat de Shanghai pour poser la question suivante : Savez-vous qu'une foire commerciale a lieu à Shanghai? Ils le savaient. Alors pourquoi n'y a-t-il aucun exposant canadien? Ils ne le savaient pas.
Je pourrais donner d'autres exemples. À mon avis, les fabricants canadiens manquent d'audace sur les marchés. Il faut faire de la prospection pour avancer.
[Français]
M. Stéphane Bergeron: Vous soulevez là, monsieur Cheng, des questions importantes, et vous faites des suggestions qui le sont tout autant. À mon avis, votre anecdote sur Shanghai est un exemple de situation qu'il nous faut à tout prix éviter.
Vous avez dit, en quelque sorte, que nos manufacturiers n'étaient pas orientés vers le commerce international, ce qui m'a un peu surpris, puisque le Canada est l'une des plus importantes nations commerçantes du monde. Le problème que nous avons, si on peut appeler ça un problème, est que plus de 80 p. 100 de notre commerce s'effectue avec notre puissant voisin du Sud.
Ainsi, je ne pense pas qu'il y ait chez nos manufacturiers, du moins en général, un problème de maîtrise de la terminologie internationale du commerce. Cependant, il y a peut-être un certain nombre d'autres facteurs qui peuvent faire en sorte que nos manufacturiers soient réticents à s'engager sur les marchés asiatiques, que ce soit des raisons de culture ou de réglementation locale, cette dernière pouvant leur paraître un peu byzantine. Outre la distance, bien sûr, il y a certainement des raisons qui expliquent pourquoi nos manufacturiers ne sont pas spontanément portés à explorer les marchés asiatiques, d'autant plus que ces derniers sont parmi les plus prometteurs.
¼ (1840)
[Traduction]
M. Ian Cheng: Les fabricants canadiens connaissent mal la réalité du commerce international. Le volume d'échanges entre les États-Unis et le Canada est énorme, mais allez vérifier auprès des banquiers. Allez dans une grande banque, n'importe laquelle, et demandez qu'elle négocie pour vous une LC ou qu'elle administre un contrat à terme de devises, deux des mécanismes fondamentaux en commerce international. J'oserais dire que 90 p. 100 des banques ne connaissent rien à la négociation de LC ni aux contrats à terme de devises. Encouragez les fabricants canadiens à voir plus loin que les marchés américains.
[Français]
M. Stéphane Bergeron: Monsieur Cheng, je suis tout à fait d'accord avec vous, mais je dois dire que je suis pour le moins éberlué lorsque je vous entends dire que nos manufacturiers et nos institutions financières ne maîtrisent pas la terminologie du commerce international, alors que le Canada est, comme je l'indiquais plus tôt, l'une des plus importantes nations commerçantes du monde. Cela étant dit, je ne veux d'aucune façon mettre en doute votre parole, mais je dois dire que, si tel est le cas, c'est pour le moins troublant.
Si vous me le permettez, monsieur Cheng, je passerai maintenant à une question pour M. McKeen afin de faire le pont avec celle que je vous ai adressée il y a quelques instants.
Nous savons que la Chine consomme quelque 60 millions de mètres cubes de bois chaque année et qu'elle en importe quelque 20 millions de mètres cubes. D'après les estimations, les prochaines années seront des plus déterminantes puisque, selon la ministre déléguée à l'Industrie et au Commerce du Québec, Mme Lucie Papineau, on s'attend à ce qu'en 2010, la consommation chinoise de bois d'oeuvre atteigne 240 millions de mètres cubes.
Dans le contexte de cette crise du bois d'oeuvre que nous traversons avec les États-Unis, il est évident que cela pourrait aider nos entreprises à diversifier leurs exportations. On sait que la Chine, en accédant à l'Organisation mondiale du commerce, a modifié ses droits de douane sur les produits de pâtes et papier; se situant autrefois entre 6,2 p. 100 et 26,3 p. 100, ils varient désormais entre 2 p. 100 et 7,5 p. 100. On sait également que la Chine a mis en vigueur une politique antidumping contre certains pays exportateurs de pâtes et papier, mais que cela n'inclut pas le Canada. Enfin, on sait que la Chine se verra dans l'obligation de diminuer ses droits de douane sur les importations de bois d'oeuvre. Selon moi, cela représente un marché absolument extraordinaire pour nos exportateurs de bois d'oeuvre.
La question suivante s'adresse à M. McKeen. Pour reprendre la discussion que nous avons entreprise avec M. Cheng, j'aimerais que vous me disiez si, d'après vous, le fait que nous n'explorions pas plus ce marché en pleine expansion pour nos producteurs de bois d'oeuvre s'explique par le fait que nous soyons peu agressifs à l'égard des marchés asiatiques. Existerait-il d'autres obstacles qui ne seraient pas nécessairement évidents et qui rendraient moins facile qu'elle ne le semble à première vue l'exportation du bois d'oeuvre vers la République populaire de Chine?
¼ (1845)
[Traduction]
M. Ken McKeen: Pour ce qui est de l'industrie de production de bois d'oeuvre, je ne crois pas me tromper en affirmant que la grande partie des exportations vers la Chine sont l'affaire de grosses sociétés, mais nous n'avons aucun problème avec les lettres de crédit ou avec la couverture des risques de change. Nous devrions peut-être discuter entre nous à ce sujet, mais je peux vous affirmer que nos compagnies n'ont pas de tels problèmes—en tout cas, je n'en ai jamais entendu parler.
Par ailleurs, pour répondre à la question sur notre présence insuffisante en Chine, il faut regarder les statistiques sur le commerce. Un des éléments de la réponse est tout simplement d'ordre économique. J'ai déjà démontré qu'il nous suffirait de vendre une colombe de 8 pieds par année à chaque Chinois pour épuiser notre production totale. Le potentiel existe, il n'y a aucun doute. Il reste, bien entendu, à trouver assez de gens qui sont prêts à payer le prix ou qui peuvent s'offrir le produit. L'autre élément de la réponse vient de ce que notre industrie, à mon avis, n'a pas encore réussi à se prendre en main, mais elle chemine dans ce sens.
Je ne sais pas si vous savez que le Bureau de promotion des produits forestiers du Québec, l'Association canadienne du contreplaqué, la B.C. Wood Specialties Group Association, ma propre association, la Coast Forest and Lumber Association, le Council of Forest Industries et l'industrie SPF—épinette, pin, sapin—de l'Ouest travaille dorénavant ensemble sur une base coopérative, sous la coupelle du Bureau canadien d'exportation des produits du bois, qui nous représente en Chine. Nous y avons des bureaux maintenant, mais vous allez bientôt voir les compagnies canadiennes de produits forestiers tenter de percer le marché chinois à partir d'un seul bureau, dans un esprit de coopération globale. Quand les modalités seront établies et mises en oeuvre, les résultats ne tarderont pas à se faire sentir. Dans un autre ordre d'idée, il y a un délai obligatoire entre le début du travail de fond qu'exige l'expansion du marché et la concrétisation de ces démarches par des ventes réels. Il faut souvent attendre deux, trois ou même cinq années avant de constater une hausse sensible des ventes résultant du travail de promotion.
Nous gardons l'espoir. Je pense que l'industrie fait tout ce qu'il faut actuellement. Et il est certain que le nouveau programme fédéral, le Programme canadien d'exportation des produits de bois, qui versera des subventions aux associations intéressées à faire ce travail, sera extrêmement précieux pour nous. Il nous permettra de nous doter d'un plan d'action beaucoup plus intensif que nous en aurions eu les moyens autrement. Le Programme ayant débuté seulement le 1er octobre dernier, il faut attendre encore un peu avant qu'il atteigne sa vitesse de croisière et qu'il fonctionne à plein régime. Nous sommes tous convaincus du potentiel, mais l'industrie du bois massif commence tout juste à retrousser ses manches pour en profiter. Je ne peux pas me prononcer aussi affirmativement pour ce qui est du secteur des pâtes et papiers, parce que mes affaires et mon expertise sont liées exclusivement au secteur du bois massif.
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci.
Je donne maintenant la parole à M. Raymond Simard.
Mr. Raymond Simard: Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, de nous avoir livré vos remarques.
Ma première question s'adressera à Ian Cheng. Je me réjouis d'entendre le point de vue du milieu des petites entreprises. Il semble que certaines de vos petites entreprises se tirent très bien d'affaire là-bas. Des témoins qui se sont exprimés avant vous nous ont affirmé que la bureaucratie et les différences culturelles en Asie exigent un portefeuille bien garni et beaucoup d'endurance. J'aimerais connaître le secret du succès de vos petites entreprises, parce que j'avais compris qu'il fallait plutôt encourager les grandes entreprises à s'intéresser à l'Asie. Pourriez-vous me confier le secret de votre succès? Comment avez-vous réussi à contourner les obstacles, quelle a été la clé de votre réussite dans un marché aussi difficile?
¼ (1850)
M. Ian Cheng: Je crois que mon collègue sera très heureux de répondre à cette question.
M. Ken Ing: Je vais trancher tout de suite sur l'adoption de macropolitiques efficaces pour tout le territoire de la Chine. Je vous dirai simplement que la Chine ne peut être considérée comme un gros marché homogène. En réalité, il s'agit d'un tissu de très nombreux marchés distincts. Vous entendrez dire par exemple que le Nord exporte du maïs, alors que le Sud en achète. Je ne peux donc insister trop sur le rôle prépondérant que jouent les petites entreprises dans l'expansion de ces marchés divisés et distincts.
Voici un exemple. Dernièrement, un de mes collègues a rencontré un homme d'affaires québécois. Il était à établir un bureau dans le sud de la Chine. Par le seul fait de sa présence là-bas, les gens en ont déduit que cette homme était vraiment intéressé à développer le marché chinois. Il voulait de rencontrer les haut-dirigeants d'un producteur local de saké pour leur faire la promotion du vin québécois. Il a pu établir un contact avec un Chino-canadien qui travaillait dans la région, qui l'a présenté au directeur de la fabrique de saké. Nous pouvons tirer deux leçons de cette histoire. Premièrement, quand vous discuterez avec les entrepreneurs de votre région, invitez-les à investir du temps dans l'établissement de relations avec des gens qui font des affaires en Chine, ou à se rendre en Chine pour faire eux-mêmes des contacts.
Mr. Raymond Simard: Merci.
Ma deuxième question s'adresse à M. McKeen. Vous avez dit que le gouvernement pourrait notamment affecter du personnel suffisamment formé aux postes outre-mer. Entendez-vous par là que le personnel en poste actuellement n'a pas la formation suffisante? Si c'est le cas, nous devons le savoir. On nous a plutôt dit jusqu'à maintenant que notre personnel du secteur commercial était très efficace, mais qu'il était insuffisant et qu'il ployait sous une charge de travail trop importante. Avez-vous des commentaires sur cette question?
M. Ken McKeen: Loin de moi l'idée d'insinuer que le personnel manque de formation. Je suis d'accord avec vous quand vous dites que notre principal problème actuellement est que ces gens sont dépassés. Ils fouettent beaucoup trop de chevaux à la fois pour être en mesure de faire des analyses exhaustives ou de donner un soutien efficace. Quand je parlais de formation, je faisais référence à des expériences précises. Voilà quelques années, je pense à 3 occasions en particulier, nous avons fait venir 15 ou 20 délégués attachés à des bureaux commerciaux d'outre-mer qui se trouvaient dans certains de nos marchés privilégiés. Nous leur avons fait suivre une formation spéciale de deux semaines ici, en Colombie-Britannique. Nous leur avons fait visiter les scieries, nous leur avons expliqué nos stratégies de marketing, nous leur avons montré nos produits, nous les avons informé un peu sur ces produits, etc. Forts de ces connaissances améliorées, ils sont retournés dans le marché avec des outils pour mieux le comprendre. Je crois qu'ils sont tous très compétents, bien formés et bien éduqués, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'ils savent comment fonctionne une scierie ni qu'ils comprennent quels produits sortent des scieries, ou comment ils sont utilisés pour construire des maisons et pour toute autre fin.
C'est ce que j'entendais par « suffisamment formés ». Dans le bon vieux temps, il y avait même des gens spécialisés dans les produits du bois qui travaillaient dans ces bureaux; c'était leur travail. Maintenant, ils doivent porter bien d'autres flambeaux. Si nous arrivons à ce que ce soit reconnu comme une priorité et qu'un délégué dans le marché consacre 50 p. 100 de son temps au soutien de l'industrie des produits du bois, il serait certainement judicieux de le faire venir au Canada pour une formation spécialisée d'une semaine ou de 10 jours. Ce serait une occasion en or pour lui d'acquérir beaucoup de connaissances sur les produits du bois. C'est de cela dont je parlais.
¼ (1855)
Mr. Raymond Simard: Merci.
Pour poursuivre sur le même thème, j'aimerais savoir si les gens que vous représentez sont tous des producteurs de matières premières ou si certains fabriquent des meubles? Existe-t-il une industrie de produits à valeur ajoutée au Canada?
M. Ken McKeen: Le groupe que je représente, la Coast Forest and Lumber Association, est formé surtout de producteurs de matières premières. Essentiellement, ils fabriquent des produits de bois. Certains de leurs produits, notamment les habillages extérieurs comme le bardage en cèdre, sont assez finis en ce sens qu'il y a peu à faire avant de les utiliser. S'ajoutent ensuit les produits de bois communs, ceux qu'on utilise pour la charpente des maisons et autres usages du genre. C'est le type de produits fabriqués par les gens que je représente.
Il existe une autre association en Colombie-Britannique, appelée le B.C. Wood Specialties Group. Cette association représente plutôt des fabricants du secteur secondaire, qui produisent des biens beaucoup plus finis. Nous entretenons une étroite association avec eux. Ils produisent les meubles et les poutres et toutes sortes de produits beaucoup plus finis. Notre secteur de prédilection est très différent.
Mr. Raymond Simard: Merci.
J'ai une dernière question, toujours pour Ken. Vous avez parlé de la chute des ventes au Japon. Il faut en attribuer une partie aux revers économiques de ce pays. Savez-vous si d'autres pays ont su mieux que nous reprendre du terrain? Pensez-vous que le Canada pourra ramener son niveau de ventes à ce qu'il était auparavant?
M. Ken McKeen: De toute évidence, le déclin de l'économie japonaise, qui a entraîné une baisse des mises en chantier et d'autres conséquences du genre, a contribué à notre propre recul. Une très grande partie de nos transactions avec le Japon touchent le secteur traditionnel des poteaux et des poutres pour la construction de maisons. Cependant, la principale et unique cause de l'effritement de notre part de marché là-bas a été la concurrence, qui provient en très grande partie de l'Europe. Les Européens sont arrivés avec leurs poteaux lamellés 4 sur 4, comme on pourrait les appeler, mais les constructions japonaises sont essentiellement montées selon un système de poteaux et de poutres. Les Européens ont introduit un produit lamellé séché au four, qui se vend un peu plus cher que notre bois vert massif. Le produit est évidemment meilleur du point de vue de la stabilité et pour d'autres raisons. Ils nous ont donc littéralement volé le marché des poteaux, seulement à cause du prix. Nous pouvons fabriquer des produits de la même qualité ou de qualité supérieure, mais il faudrait utiliser les séchoirs. Nous pourrions aussi nous mettre aux produits lamellés, mais des coûts s'ajouteront. Nous ne pourrons jamais concurrencer les prix des Européens.
Heureusement, la situation évolue. Un des éléments déclencheurs a été la valeur de l'euro. Ces derniers temps, l'euro a connu une appréciation sensible par rapport au dollar canadien et au dollar américain. C'est un avantage concurrentiel pour nous dans ce marché. Certains des leaders de l'industrie japonaise de l'habitation, parmi ceux qui utilisaient les produits lamellés européens, se tournent vers des produits de bois massif séchés au four en provenance de la Colombie-Britannique. Nous sommes très confiants de recouvrer une certaine partie de ce marché. Reviendrons-nous aux sommets atteints dans le bon vieux temps? J'en doute. Cependant, la situation ne peut que s'améliorer sensiblement par rapport à ce que nous connaissons aujourd'hui.
M. Raymond Simard: Merci, messieurs.
Merci, monsieur le président.
Le président suppléant (M. John Duncan): Merci.
Monsieur Harb, voulez-vous ajouter des commentaires?
M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.): Je tiens tout d'abord à remercier nos témoins. Ils nous ont livré des exposés fort édifiants. J'ai beaucoup apprécié.
J'ai deux petites questions. La première a trait à l'ACDI. J'aimerais savoir si les témoins ont eu quelque expérience avec l'ACDI, s'ils ont fait une demande au PCI de l'ACDI.
Ma seconde question porte sur les programmes d'échange. Avez-vous eu vent de programmes d'échange qui permettraient notamment de faire venir des délégués commerciaux des ambassades avec lesquelles ils transigent en Asie-Pacifique—ou des conseillers commerciaux. Si quelqu'un parmi nos témoins pouvait nous renseigner à cet égard, cela nous serait fort utile.
J'aimerais enfin souligner à quel point je suis ravi d'avoir participé aux audiences d'aujourd'hui, monsieur le président.
½ (1900)
Le président suppléant (M. John Duncan): Vous pouvez répondre à la question de Mac, après quoi je conclurai.
M. Ken McKeen: Nous avons déjà envisagé de participer à des programmes d'échange, mais nous avons plutôt opté pour le détachement de fonctionnaires fédéraux chargés de la gestion de certaines de nos activités à l'étranger. L'un des plus connus est sans doute Joseph Caron, actuellement ambassadeur du Canada en Chine. Il a dirigé notre bureau au Japon pendant quelques années. C'est un type d'échange extrêmement fructueux, mais il n'est pas toujours faciles d'aboutir aux résultats. Nous n'avons jamais recouru à cette méthode à grande échelle et sur une base continue.
Le président suppléant (M. John Duncan): Monsieur Cheng, connaissez-vous le PCI de l'ACDI?
M. Ian Cheng: Je connais très bien les responsables, Josée Landry et Joe Knockaert. Je ne pense pas que l'ACDI soit d'aucune utilité pour la marche des affaires : c'est une organisation qui aide les pays moins développés au moyen de programmes axés sur la durabilité en matière d'environnement et d'éducation. D'autres programmes, comme ceux de Diversification de l'économie de l'Ouest Canada ou d'Industrie Canada, ont déjà subi des compressions. Nous n'y avons pas accès.
Ken?
M. Ken Ing: N'oubliez pas que la Chine connaît actuellement des transformations de fond. Auparavant, on y trouvait beaucoup d'entreprises appartenant à l'État, comme on disait, alors que maintenant, la Chine ouvre la voie aux entreprises privées. Tout récemment, j'ai été invité à visiter une usine de fabrication de tubes en cuivre, dans le sud de la Chine. Pour vous donner une petite idée, l'usine a une longueur de 450 mètres, et elle consomme la production annuelle de 2 importantes mines de cuivre du Chili. En moins de dix ans, beaucoup de petites entreprises privées ont réussi à prospérer dans la conjoncture économique chinoise, et leur croissance exponentielle en a fait des entreprises de premier plan.
Le gouvernement peut-il adopter des macropolitiques pour favoriser le commerce entre le Canada et la Chine? Je parle notamment de politiques bénéfiques pour chacune des petites entreprises, des politiques qui favoriseraient les déplacements et la venue de gens d'affaires chinois au Canada, des politiques d'immigration qui feraient en sorte qu'ils se sentiraient les bienvenus. De telles mesures seraient certainement utiles.
Le président suppléant (M. John Duncan): Bien. Merci beaucoup.
Avant de conclure, j'aimerais aller un peu plus loin sur le thème du PCI de l'ACDI, parce que je crois, Ian, que vous parliez de quelque chose d'un peu différent. Le PCI est le Programme de coopération industrielle de l'ACDI, grâce auquel les entreprises canadiennes qui font des affaires dans les pays en développement peuvent obtenir du soutien financier et des conseils d'experts. Cependant, seules les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel dépasse les 700 000 $ y sont admissibles. J'imagine que la majorité de vos membres ne sont pas admissibles, est-ce exact?
½ (1905)
M. Ian Cheng: Non, je ne crois pas. Il y a deux semaines environ, nous avons rencontré Josée Landry, du bureau de l'ACDI à Vancouver, qui nous a affirmé que notre taux minimum de roulement annuel satisfaisait aux conditions du programme industriel. Le programme auquel nous participons présentement nous permet de collaborer avec le ministère chinois de l'Éducation. Nous cherchons un homologue en Chine qui aurait besoin de notre système d'éducation canadien. Le ministère de l'Éducation de la Colombie-Britannique autorise l'établissement de régimes d'éducation à l'étranger. Nous pouvons exporter un produit comme l'éducation vers la Chine, mais nous devons trouver un bénéficiaire qualifié avant de soumettre une demande de financement au programme industriel de l'ACDI. J'ai établi un partenariat avec une société de technologie informatique. Elle utilise un serveur de médias ou quelque chose du genre pour diffuser nos programmes d'études en Chine.
Certains de nos membres sont des grosses entreprises. Le frère de M. Ing a déjà signé une entente de co-entreprise avec le plus grand magasin à rayons de Shanghai pour la publicité de grands écrans. J'oserais dire que notre qualification satisfait largement aux critères d'admissibilité de certains programmes.
M. Ken Ing: Quand vous participez à la conception d'un programme, n'oubliez pas de tenir compte des petites entreprises. Avant de devenir grandes, elles doivent être petites. C'est une étape obligée, au cours de laquelle elles ont grand besoin de votre soutien.
Le président suppléant (M. John Duncan): D'accord.
Le comité poursuivra ses consultations. Nous ferons le voyage prévu et, l'automne prochain, nous formulerons nos recommandations. Le comité soumet ses recommandations à la Chambre des communes et au ministre, et je tiens à souligner que nos travaux sont pris au sérieux. Bien entendu, le secrétaire parlementaire est membre du comité et il participe de près à tous ces travaux. Nous apprécions beaucoup votre collaboration, qui n'a pas à se terminer ici si tel est votre souhait. Nous continuerons d'accueillir vos propositions de recommandations qui selon vous devraient être adoptées par le comité, outre celles que nous avons entendues aujourd'hui. Tous les commentaires que nous avons reçus jusqu'à présent ont été précieux.
Que vous donniez suite ou non à mon offre, je tiens quand même à vous remercier d'avoir pris le temps de témoigner devant nous. La réunion a été fort intéressante et certainement utile. Nous espérons vous revoir bientôt sur la côte.
½ (1910)
M. Ken McKeen: Monsieur le président, avant de lever la séance, pourriez-vous nous indiquer si l'itinéraire du groupe a été arrêté pour le voyage de mai? Dans quelles villes et dans quels pays irez-vous?
Le président suppléant (M. John Duncan): C'est encore incertain, à cause du SRAS. Je peux vous donner l'itinéraire que je connais, et mes collègues pourront me corriger au besoin.
Je crois que nous nous rendrons à Delhi, notre première escale en Inde, qui sera suivie...
M. Mac Harb: Nous irons à Delhi, puis en Chine, en Thaïlande, à Kuala Lumpur, au Japon, et peut-être en Corée du Sud. En gros, ce sont les destinations prévues, mais nous finaliserons notre itinéraire dans les prochaines 48 heures environ.
Le président suppléant (M. John Duncan): Nous verrons du pays, Ken. Vous avez mentionné différents pays. Si le gouvernement fédéral doit tenir compte de certains points forts ou points faibles de ces pays avant d'articuler son action, nous aimerions beaucoup les connaître.
M. Ken McKeen: Vous avez demandé entre autres si vous deviez poser des gestes précis une fois rendus là-bas. Il était plutôt difficile de répondre à cette question sans connaître vos destinations. Je vous propose donc de nous transmettre une copie de votre itinéraire définitif quand vous le connaîtrez. Nous serons ravis de vous donner des suggestions sur les points que nous aimerions vous voir aborder, si possible.
Le président suppléant (M. John Duncan): Nous ferons ainsi. Le greffier vous enverra une copie de notre itinéraire définitif, à votre adresse et à celle de la Business Society, Ian.
Très bien. Merci à tous. J'espère que vous n'avez pas été pris dans les embouteillages de la ville de Vancouver. Bonsoir.