LANG Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION
Comité permanent des langues officielles
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 30 mars 2004
¾ | 0830 |
Le président (l'hon. Don Boudria (Glengarry—Prescott—Russell, Lib.) |
L'hon. Hélène Scherrer (ministre du Patrimoine canadien) |
¾ | 0835 |
¾ | 0840 |
¾ | 0845 |
Le président |
¾ | 0850 |
M. James Lunney (Nanaimo—Alberni, PCC) |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
¾ | 0855 |
M. James Lunney |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. James Lunney |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. James Lunney |
Le président |
M. James Lunney |
Le président |
M. Christian Jobin (Lévis-et-Chutes-de-la-Chaudière, Lib.) |
L'hon. Hélène Scherrer |
¿ | 0900 |
M. Christian Jobin |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Christian Jobin |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ) |
¿ | 0905 |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
M. Hilaire Lemoine (directeur général, Programmes d'appui aux langues officielles, ministère du Patrimoine canadien) |
M. Benoît Sauvageau |
M. Hilaire Lemoine |
M. Benoît Sauvageau |
M. Hilaire Lemoine |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
¿ | 0910 |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Hilaire Lemoine |
M. Benoît Sauvageau |
M. Hilaire Lemoine |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.) |
L'hon. Hélène Scherrer |
¿ | 0915 |
Le président |
M. Raymond Simard |
Le président |
M. Raymond Simard |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD) |
¿ | 0920 |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Yvon Godin |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
¿ | 0925 |
M. Yvon Godin |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Yvon Godin |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
¿ | 0930 |
Le président |
L'hon. Claude Drouin (Beauce, Lib.) |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
¿ | 0935 |
L'hon. Claude Drouin |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
M. Yvon Godin |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Yvon Godin |
¿ | 0940 |
L'hon. Hélène Scherrer |
Le président |
M. Marcel Proulx (Hull—Aylmer, Lib.) |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Marcel Proulx |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Marcel Proulx |
Le président |
Mme Judith LaRocque (sous-ministre, ministère du Patrimoine canadien) |
Le président |
M. Marcel Proulx |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Marcel Proulx |
Le président |
M. Raymond Simard |
Le président |
L'hon. Hélène Scherrer |
Mme Judith LaRocque |
¿ | 0945 |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Raymond Simard |
L'hon. Hélène Scherrer |
M. Raymond Simard |
Le président |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Yvon Godin |
Le président |
Le président |
À | 1000 |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Raymond Simard |
Le président |
À | 1005 |
À | 1010 |
Le président |
M. Yvon Godin |
Le président |
M. Scott Reid (Lanark—Carleton, PCC) |
À | 1015 |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
À | 1020 |
M. Raymond Simard |
L'hon. Denis Coderre |
M. Raymond Simard |
Le président |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Denis Coderre |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
À | 1025 |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
M. Christian Jobin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Christian Jobin |
Mme Diana Monnet (vice-présidente, Langues officielles, Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada) |
À | 1030 |
Le président |
M. Christian Jobin |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
À | 1035 |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Yvon Godin |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
M. Marcel Proulx |
À | 1040 |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
M. Scott Reid |
À | 1045 |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
L'hon. Claude Drouin |
Mme Diana Monnet |
L'hon. Claude Drouin |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
À | 1050 |
Le président |
M. Benoît Sauvageau |
L'hon. Denis Coderre |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
M. Benoît Sauvageau |
Le président |
L'hon. Denis Coderre |
Le président |
M. Christian Jobin |
L'hon. Denis Coderre |
M. Christian Jobin |
Le président |
CANADA
Comité permanent des langues officielles |
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TÉMOIGNAGES
Le mardi 30 mars 2004
[Enregistrement électronique]
¾ (0830)
[Français]
Le président (l'hon. Don Boudria (Glengarry—Prescott—Russell, Lib.): À l'ordre, s'il-vous-plaît.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons passer en revue notre ordre du jour. Nous allons procéder à l'étude du bilan des initiatives passées ou à venir de Patrimoine Canadien en matière de langues officielles. Ce matin, nous avons l'immense plaisir de recevoir l'honorable Hélène Chalifour Scherrer, la ministre du Patrimoine canadien. Elle est accompagnée de la sous-ministre, Mme Judith LaRocque, ainsi que de Mme Eileen Sarkar, sous-ministre adjointe, Citoyenneté et Patrimoine. On me dit qu'il y a beaucoup d'autres hauts fonctionnaires également disponibles, suivant les témoignages que nous entendrons.
Madame la ministre, soyez la bienvenue. Voulez-vous faire une déclaration en débutant? Je vous cède la parole.
L'hon. Hélène Scherrer (ministre du Patrimoine canadien): Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie mes collègues qui ont eu la gentillesse de se lever plus tôt ce matin pour venir m'entendre. Une demi-heure le matin peut parfois faire une grosse différence. Vous verrez que nous disposons aujourd'hui d'une très haute technologie, puisque vous allez pouvoir suivre ma présentation sur les écrans situés à l'arrière. Mme LaRocque et Mme Sarkar, qui m'accompagnent, vont m'aider à répondre aux questions plus pointues, si nécessaire.
J'aimerais d'abord vous parler de mon rôle de ministre du Patrimoine canadien, plus particulièrement dans le domaine des langues officielles, vous présenter un aperçu du rapport annuel 2002-2003 du ministère et vous rappeler ensuite les objectifs que nous poursuivons en matière de langues officielles.
Comme vous le savez, mes responsabilités comprennent la mise en oeuvre de programmes d'appui aux langues officielles. J'ai également le mandat de sensibiliser les ministères fédéraux au rôle qu'ils doivent jouer en vue de promouvoir les langues officielles et de coordonner les efforts déployés à cet égard.
J'arrive à ce poste à un moment très intéressant, mais aussi très important. Nous arrivons à la fin d'un cycle d'ententes avec les provinces et les territoires ainsi qu'avec nos partenaires des communautés.
Le Patrimoine canadien incite les Canadiens et les Canadiennes à reconnaître l'importance du français et de l'anglais dans la société canadienne. Il appuie également les communautés minoritaires de langue officielle et il collabore avec les gouvernements des provinces et des territoires en vue de promouvoir les deux langues officielles.
J'aimerais aussi que mon passage devant le comité soit l'occasion de vous écouter ainsi que de profiter de vos connaissances et de votre expérience des grands dossiers des langues officielles.
J'ai déposé le rapport annuel 2002-2003 le 10 mars 2004. Ce rapport présente le bilan des résultats atteints par les programmes d'appui aux langues officielles. Il présente également les principales réalisations des 29 ministères et organismes fédéraux visés par le cadre de responsabilisation.
Il faut noter que le rapport présente les résultats de l'année financière 2002-2003, qui se terminait le 31 mars 2003. Cela veut dire qu'il n'inclut pas la mise en oeuvre du Plan d'action pour les langues officielles. Cela sera contenu dans mon prochain rapport annuel.
Pendant cette période, le ministère a effectué plusieurs évaluations de ses programmes, dont le Programmes des langues officielles dans l'enseignement et le Programme d'appui aux communautés de langue officielle. Tout d'abord, ces évaluations confirment la pertinence de l'action fédérale. Ces rapports reconnaissent son impact et ils nous invitent également à cibler davantage nos interventions et à identifier des résultats plus précis. De plus, les évaluations nous aideront à conclure des ententes de façon plus stratégique et à mieux définir les résultats que nous voulons atteindre.
[Traduction]
Je voudrais vous rappeler que les programmes des langues officielles touchent tous les Canadiens. Nos programmes comportent deux principaux objectifs : le développement des communautés de langue officielle et la mise en valeur des langues officielles. Ces objectifs sont interdépendants. Il est important que les membres des collectivités en situation minoritaire puissent vivre dans leur langue et disposer des outils pour prospérer. Il est également essentiel à l'avenir des langues officielles au Canada que la majorité reconnaisse les avantages de la dualité linguistique et accepte les droits des minorités de langue officielle.
[Français]
Permettez-moi de faire maintenant un bilan des 10 dernières années en ce qui a trait à l'enseignement de la langue minoritaire, à l'appui à la vie communautaire et à l'enseignement de la langue seconde.
D'abord, prenons l'enseignement. Tous les jeunes Canadiens, anglophones ou francophones, vivant en milieu minoritaire, ont droit à une éducation dans leur langue maternelle. Depuis 30 ans, le ministère du Patrimoine canadien conclut des ententes avec les provinces et les territoires relativement à l'enseignement de la langue minoritaire. On a accompli de grands progrès dans ce domaine.
Par exemple, pour ce qui est de l'enseignement en français, 68 p. 100 des jeunes francophones vont à l'école française. Malheureusement, on constate encore un plus faible niveau de performance à certains tests comme ceux de la lecture. Il reste encore du travail à faire afin d'augmenter le nombre de jeunes qui vont à l'école française et s'assurer qu'ils ont la meilleure éducation possible.
Pour ce qui est de l'enseignement en anglais, 94 p. 100 des jeunes Anglo-Québécois vont à l'école anglaise, et leur niveau de performance est équivalent à celui des jeunes de la majorité. Comme une image vaut 1 000 mots, laissez-moi vous démontrer, chiffres en main, à quel point nos programmes ont eu des répercussions favorables pour la minorité francophone.
Le tableau derrière montre le niveau d'instruction des francophones vivant en situation minoritaire comparé à celui des anglophones de la majorité. Si vous regardez bien le tableau, vous constaterez qu'il y a déjà un impact important pour ce qui est de la catégorie d'âge 25-44 et encore plus important dans la catégorie 15-24.
Trente ans d'investissement en éducation ont porté fruit. Regardez les colonnes des 25-44 et vous constaterez qu'aujourd'hui les jeunes francophones en situation minoritaire complètent des études universitaires en aussi grand nombre que les jeunes anglophones de la majorité. Il s'agit d'un renversement complet de la situation par rapport à ce qu'ont connu leurs aînés, alors que seulement 13 p. 100 avaient terminé des études postsecondaires.
Abordons maintenant l'état de la vie communautaire. Les communautés disposent maintenant de réseaux communautaires forts. Il s'agit d'institutions comme les écoles, mais aussi les infrastructures qui reflètent leur identité comme, par exemple, des centres culturels, des centres scolaires communautaires, des radios communautaires.
La radio communautaire permet non seulement d'entendre parler régulièrement sa langue, mais aussi elle multiplie les contacts avec les artistes, avec les personnalités et les leaders. La radio communautaire aide à développer un sentiment fort d'appartenance. C'est d'ailleurs ce que j'ai constaté lorsque j'ai rencontré les responsables de l'Association des radios communautaires (ARC), la semaine dernière.
Il est également important que les minorités puissent obtenir de leurs gouvernements provinciaux et territoriaux des services dans leur langue. D'importants progrès ont été réalisés à ce chapitre. Par exemple, on m'indique que le Québec est maintenant ouvert à discuter d'une entente pour des services à la minorité anglophone.
De plus, j'ai eu l'occasion en janvier de visiter un centre de services au Manitoba, où les trois paliers de gouvernement se sont mis ensemble pour offrir leurs services. C'est un bel exemple de collaboration.
¾ (0835)
[Traduction]
Les jeunes Canadiens apprennent non seulement une deuxième langue, mais ils en viennent également à apprécier une autre culture qui fait partie du tissu social de notre pays.
Au cours des dix dernières années, beaucoup de progrès ont été accomplis en enseignement linguistique dans toutes les provinces et territoires. Nous devrions nous en réjouir. Je vous citerai quelques exemples: plus de 357 000 étudiants sont inscrits en immersion française; 24 p. 100 des jeunes de 15 à 19 ans sont bilingues; plus de 70 000 étudiants universitaires ont amélioré leurs compétences dans la deuxième langue officielle grâce au programme de bourses pour les cours d'été de langue seconde, qui permet aux étudiants collégiaux et universitaires de suivre des cours dans la deuxième langue officielle pendant cinq semaines au cours de l'été, dans une université canadienne; 86 p. 100 des Canadiens estiment qu'il est important pour leurs enfants d'apprendre une deuxième langue.
Le tableau suivant révèle comment les gens perçoivent leurs progrès dans l'apprentissage de leur deuxième langue officielle. Selon le sondage sur les attitudes et les perceptions des Canadiens à l'égard des langues officielles, 68 p. 100 des répondants de 18 à 34 ans croyaient que l'éducation primaire et secondaire leur a fourni l'occasion d'apprendre la deuxième langue officielle.
Pour réussir à doubler le nombre de jeunes qui sont bilingues fonctionnels, nous devons nous assurer que notre système d'éducation pourra fournir aux jeunes Canadiens les outils dont ils ont besoin pour apprendre la deuxième langue.
¾ (0840)
[Français]
Nous sommes à un tournant important dans le dossier des langues officielles. Nous sommes face à un nouveau contexte, celui du plan d'action du gouvernement. Aussi, je vois les prochaines années comme un moment idéal pour établir un nouveau partenariat avec l'ensemble de nos partenaires. Je pense ici aux communautés et aussi aux autres paliers de gouvernement, soit les provinces et les territoires.
Le plan d'action confirme l'engagement des ministères fédéraux clés dans le développement des communautés. Grâce à l'apport de nouveaux fonds, il y aura plus de ministères, comme par exemple Santé Canada, qui vont travailler en partenariat avec les communautés.
Maintenant que d'autres institutions fédérales s'engagent à agir dans des domaines comme la santé, la petite enfance et l'immigration, à Patrimoine canadien, nous allons recentrer nos efforts sur des priorités qui touchent directement notre ministère.
De plus, cela coïncide avec la fin d'un cycle d'ententes avec les communautés, avec les provinces et territoires en éducation et en matière de services dans la langue de la minorité.
Je pense que cela vaut la peine de prendre un temps de réflexion et de consultation pour revoir comment nous allons faire mieux avec les moyens qu'on a. Chose certaine, nous allons nous entendre sur des résultats clairs avec tous nos partenaires.
Après 10 ans de partenariat avec les communautés, le temps est venu d'examiner avec eux comment on peut bâtir sur les succès et déterminer ensemble où on veut être concrètement dans cinq ans. On va vouloir s'entendre avec les communautés sur les meilleurs moyens de faire en sorte que les milieux de vie communautaire permettent le plus d'échanges et de contacts possibles dans sa langue comme, par exemple, dans les domaines des sports, du loisir et des activités familiales. On va vouloir également s'entendre avec les communautés sur les meilleurs moyens pour renforcer la vitalité artistique et culturelle, ainsi que pour assurer que les jeunes s'impliquent de plus en plus dans leurs communautés, ce qui est très important pour leur avenir.
Comme vous l'avez vu, nous avons accompli des progrès en collaboration avec nos partenaires des provinces et des territoires, mais nous avons encore des défis à relever. Nous voulons travailler avec eux pour atteindre les objectifs suivants. En éducation, en ce qui concerne la langue de la minorité, nous souhaitons porter de 68 p. 100 à 80 p. 100 le nombre de jeunes francophones dans les écoles de la minorité. Nous souhaitons également donner accès à la formation à distance pour les jeunes Anglo-Québécois dans les régions.
Toujours en éducation mais au niveau de la langue seconde, nous souhaitons porter de 24 p. 100 à 50 p. 100 le nombre de jeunes bilingues. Les discussions sont commencées et j'ai bon espoir que nous pourrons conclure des ententes au cours des prochains mois. J'ai eu d'ailleurs une rencontre très positive à ce sujet avec le ministre Reid, qui est président du Conseil des ministres de l'Éducation (Canada), il y a quelques semaines.
Pour ce qui est des services des gouvernements provinciaux et territoriaux, nous allons là aussi travailler avec nos partenaires pour qu'il y ait encore plus de services offerts dans les domaines d'intérêt prioritaires pour les communautés minoritaires. J'ai d'ailleurs constaté le grand intérêt des provinces et des territoires à aller dans cette direction lorsque j'ai rencontré, en janvier dernier, le ministre Selinger du Manitoba, qui est président de la Conférence des affaires francophones.
On ne peut parler de l'essor de nos deux langues officielles sans tenir compte aussi de la culture. En plus de sa responsabilité en matière de langues officielles, Patrimoine canadien gère également un éventail de programmes culturels. À cet effet, il tient compte des besoins des communautés minoritaires et favorise la dualité linguistique.
Par exemple, les programmes de financement de Culture canadienne en ligne ont investi 200 millions en trois ans pour la création de contenu culturel canadien sur Internet, et ce, dans les deux langues officielles. Quatre-vingt pour cent des sites Internet auxquels le programme a octroyé du financement ont une interface en français.
Par l'entremise de ses agences culturelles, le gouvernement aide également au développement des communautés des deux langues officielles.
Par exemple, les services de télévision et de radio de la Société Radio-Canada desservent les francophones de l'ensemble du pays; la programmation est produite à travers le Canada pour la diffusion régionale et nationale. RDI, le Réseau de l'information, dessert en français 9,08 millions d'abonnés dont 6,8 millions à l'extérieur du Québec. La radio française rejoint 98 p. 100 des francophones du pays.
Récemment, votre comité a interpellé le gouvernement par le biais de deux rapports traitant de questions culturelles dont celui sur le Fonds canadien de télévision, en ce qui a trait à la production en milieu minoritaire.
¾ (0845)
Dans le premier rapport, vous avez recommandé au gouvernement de bonifier la contribution gouvernementale au Fonds canadien de télévision et de la confirmer pour plusieurs années. Le gouvernement a annoncé, le 23 mars dernier, qu'il ramenait sa contribution au Fonds canadien de télévision à son niveau historique de 100 millions de dollars par année, et ce, dès 2004-2005. De plus, il a confirmé cet investissement pour 2005 et 2006. Le secteur audiovisuel est satisfait de cet engagement.
Vous avez aussi recommandé de réserver un minimum de 15 p. 100 de la portion francophone du Fonds canadien de télévision aux productions audiovisuelles francophones en situation minoritaire. Le conseil d'administration a créé une enveloppe destinée aux producteurs francophones en situation minoritaire représentant 10 p. 100 de l'enveloppe francophone totale du Fonds canadien de télévision. Cette enveloppe représentera une somme minimale de 7,2 millions de dollars en 2004-2005.
Vous avez également recommandé de réévaluer la gestion et la structure du Fonds canadien de télévision et de Téléfilm Canada. Le gouvernement reconnaît l'importance de s'attaquer à cette question et a déjà entrepris des consultations sur la gouvernance du Fonds canadien de télévision. Une table ronde aura lieu au cours des prochaines semaines réunissant des joueurs clés de l'industrie de la télévision pour discuter spécifiquement de cette question.
En ce qui a trait au deuxième rapport, le gouvernement a déposé sa réponse en juillet 2003. Il a répondu aux cinq recommandations du comité quant au rôle du CRTC en matière de langues officielles. Tel que l'a recommandé le comité, le gouvernement a désigné le CRTC comme institution fédérale visée par le cadre de responsabilisation pour la mise en oeuvre de l'article 41.
En ce qui a trait à l'obligation de distribution de CPAC dans les deux langues officielles, comme le prévoit la Loi sur la radiodiffusion, des consultations sont en cours avec le CRTC pour l'émission d'un décret à cet égard. D'autre part, le CRTC a fait le suivi afin de s'assurer que les hôtels soient informés que, depuis septembre 2002, ils sont tenus de s'assurer que CPAC soit disponible par leur système maison de programmation de télévision.
Au niveau de la recommandation concernant la distribution des stations de la Société Radio-Canada, le CRTC doit émettre sa décision quant au renouvellement des licences de Star Choice et de Bell ExpressVu sous peu. Il fera alors état de ses exigences concernant la distribution des signaux des chaînes de la Société Radio-Canada et de la CBC. Depuis votre rapport, des progrès ont été réalisés à cet égard. Cela étant dit, le gouvernement s'engage à faire rapport de la situation de la distribution des services régionaux du câblodiffuseur public au comité à l'automne prochain.
Finalement, en ce qui a trait aux marchés bilingues, le gouvernement considère que la politique actuelle du CRTC permet une vaste distribution des services de programmation dans la langue de la minorité. Il ne voit pas la nécessité de désigner des marchés bilingues. Le gouvernement s'engage, encore là, à fournir au comité une évaluation des résultats de la politique lors d'une prochaine comparution à l'automne prochain.
Pour assurer l'avenir de la dualité linguistique au pays, il faut que nous puissions tous y travailler ensemble en tant que partenaires: les institutions fédérales, les autres niveaux de gouvernement, les communautés et les groupes bénévoles de la majorité. On doit également impliquer les jeunes et les inviter à s'engager. Pour moi, c'est primordial.
J'aimerais les voir s'engager de plus en plus dans leurs communautés, prendre la relève de leurs aînés et se mobiliser pour préserver leur culture et leur langue. J'aimerais aussi que tous les jeunes Canadiens soient bilingues, et pourquoi pas trilingues! Il est important de créer des ponts entre les minorités et les majorités pour que tous apprécient la richesse que représentent nos deux langues officielles. Je compte travailler dans cette direction tout au long de mon mandat comme ministre du Patrimoine.
Merci beaucoup.
Le président: Merci beaucoup, madame la ministre. Je vous remercie d'avoir tenu compte de l'avis du comité et des autres députés sur le Fonds canadien de télévision. Cela donne espoir aux députés. Lorsqu'on produit des rapports et qu'on voit que des choses ont été corrigées suite à ses recommandations, je pense que tous, du moins je l'espère, trouvent qu'à ce niveau, c'est une bonne chose. Bien sûr, d'autres voudront sans doute poser des questions à propos d'autres rapports et ils le feront. J'en vois déjà manifester leur approbation. En attendant, plusieurs députés veulent intervenir.
Monsieur Lunney, c'est à vous.
¾ (0850)
M. James Lunney (Nanaimo—Alberni, PCC): Merci beaucoup.
Je voudrais remercier la ministre pour sa bonne présentation.
[Traduction]
Ces six mots prononcés en français constituent une timide tentative de ma part.
Il y a beaucoup de francophones sur la côte Ouest, naturellement, bon nombre d'entre eux parlent anglais couramment. En ce qui me concerne, j'ai recommencé à apprendre le français parce qu'il est important d'essayer de jeter des ponts entre les communautés et de communiquer avec les gens, même s'ils parlent couramment anglais. Je sais que les programmes d'immersion française sont très populaires. Sur l'île de Vancouver où je vis, de nombreuses familles profitent de ces programmes et elles sont très fières de leurs enfants et de leurs réalisations. Par conséquent, je soutiens certes ces programmes, et je suis heureux de constater qu'ils sont utiles et que les parents en profitent.
Je sais que les programmes d'échanges, qui permettent aux étudiants de se rendre au Québec pour y étudier pendant un certain temps, modifient les attitudes de ces étudiants considérablement. Ils se rendent dans les collectivités francophones, y rencontrent les gens, discutent avec eux et reviennent par la suite chez eux. Les répercussions sur ces jeunes sont immenses.
Dans ma jeunesse au Manitoba, j'ai pu profiter d'un tel programme d'échanges. Je n'y avais pas participé. C'était l'une de mes amies, et la jeune Québécoise qui était venue chez moi à Winnipeg à l'époque et qui est devenue mon amie a certainement accru considérablement mon intérêt à l'égard du français au cours de cet été de mon adolescence. J'ai donc réellement profité des répercussions de ces programmes.
Je dois parler de l'incident controversé dont M. Don Cherry a été à l'origine sur la question des casques de hockey. Je dois dire que ce sont des incidents de ce genre qui annulent de tels efforts de bonne volonté. Les responsables de l'émission ont annoncé qu'ils feraient une enquête sur les remarques qui ont été formulées par M. Cherry et qui, pour la plupart des anglophones, faisaient simplement allusion au fait que les hockeyeurs québécois et européens ont été les premiers à adopter le casque. Quant à mener une enquête sur ce genre de remarques, que la plupart des gens interpréteraient comme voulant dire qu'ils sont à l'avant-garde...
Lorsque nous jouions au hockey, beaucoup de joueurs de la LNH ne portaient pas de casques. Le port du casque est devenu obligatoire par la suite. Un grand nombre de joueurs ont adopté la visière aujourd'hui parce qu'ils sont très conscients de la gravité des blessures aux yeux.
Lorsque nous entreprenons une telle enquête, c'est comme si nous avions recours à la police de la pensée. La liberté d'expression est comprise dans la Charte. Je pense qu'une réaction aussi excessive de la part d'un ministère vient annuler une grande partie des efforts de bonne volonté découlant des autres programmes.
Madame la ministre, j'aimerais obtenir vos observations à cet égard.
[Français]
Le président: Madame la ministre, je ne sais pas si vous pouvez répondre pour M. Cherry.
L'hon. Hélène Scherrer: Je ne le ferai pas.
[Traduction]
Je répondrai premièrement à M. Lunney. Je veux vous féliciter pour votre français, parce que je vous ai entendu prononcer plus de six mots en français. Je pense que votre français n'est pas aussi mauvais que vous le dites. Vous devriez l'utiliser davantage pour le perfectionner.
Deuxièmement, je me suis rendue à Vancouver en fin de semaine et j'y ai rencontré les collectivités francophones qui partagent entièrement l'avis que vous venez d'exprimer. Plus particulièrement, j'ai rencontré l'organisme Canadien Parents for French. Ce que j'ai vu à Vancouver m'a impressionné. Ces gens sont très proactifs. Ils maîtrisent l'anglais. Ces collectivités m'impressionnent toujours, premièrement à cause du nombre de francophones à l'extérieur du Québec, mais également parce qu'elles sont très proactives et très dynamiques.
J'espère certes que ces programmes d'échanges se poursuivront, parce qu'il s'agit d'une bonne façon non seulement d'acquérir la deuxième langue, mais également de connaître notre pays et d'en apprendre beaucoup plus à son sujet. C'est un bon point de départ dans la vie.
En ce qui concerne les propos de M. Cherry, particulièrement ceux visant le Québec, la CBC s'est penchée sur le dossier. Même si cette dernière est un établissement indépendant qui peut décider des mesures à prendre, cette indépendance ne signifie pas que le gouvernement doive partager le point de vue de M. Cherry.
¾ (0855)
M. James Lunney: Je faisais allusion naturellement à l'enquête. Je disais que nous devions examiner les propos exprimés et déterminer leur pertinence. L'affaire est simple : le fait que nous effectuerions une telle enquête exaspère réellement certaines personnes qui se disent: «Que se passe-t-il dans notre pays pour que nous ayons recours à la police de la pensée afin d'essayer de sévir contre quelqu'un pour ses propos?» Selon moi, ce n'était pas sciemment une insulte, mais plutôt une simple observation.
Comprenez-vous où je veux en venir?
L'hon. Hélène Scherrer: Dois-je vraiment comprendre que vous ne croyez pas qu'il devrait y avoir une enquête? Est-ce bien ce que vous dites?
M. James Lunney: Je pense que certains trouvent très choquant qu'une enquête soit effectuée sur ce genre de propos.
L'hon. Hélène Scherrer: Les propos ont été exprimés à la télévision nationale. Ces propos n'ont pas été... On me dit que nous n'effectuons pas l'enquête.
[Français]
La commissaire aux langues officielles
[Traduction]
effectue l'enquête. Ce n'est pas le ministère qui l'exécute.
M. James Lunney: Je pensais que l'enquête était effectuée sous l'égide de Dyane Adam et dans le cadre du programme des langues officielles.
Le président: Non, Dyane Adam travaille pour la Chambre, pour le compte du Parlement. Elle ne relève certes pas de la ministre. Elle travaille pour les députés. La commissaire aux langues officielles ne relève pas de Patrimoine canadien. Elle travaille pour la Chambre des communes, pour le Parlement. C'est une de nos employés. Naturellement, son personnel ou elle assiste toujours à nos travaux. Elle témoigne devant nous à toutes les deux ou trois semaines environ. Ce n'est donc pas le rôle de la ministre.
M. James Lunney: J'ai certainement entendu et lu des commentaires très négatifs dans la presse de l'Ouest du pays par rapport à cette enquête. Je pense que porter à l'extrême une telle initiative est contre-productif. Je tiens simplement à protester publiquement au nom des personnes qui ont été profondément blessées par ce que j'appellerais une réaction excessive.
Le président: Très bien. Cela étant dit, je suis certain que vous voudrez demander l'avis de Mme Adam à ce sujet lorsqu'elle comparaîtra devant le comité.
[Français]
En attendant, monsieur Jobin, vous avez la parole.
M. Christian Jobin (Lévis-et-Chutes-de-la-Chaudière, Lib.): Madame la ministre, bienvenue parmi nous et merci pour votre excellent rapport.
Le plan Dion comptait 751 millions de dollars, et la plus grande partie de cet argent est gérée par Patrimoine canadien, qui conclut des ententes interprovinciales. Y a-t-il eu des négociations avec les provinces pour signer de telles ententes? Si oui, quelles ententes ont déjà été signées et avec quelles provinces?
L'hon. Hélène Scherrer: Les sommes qui ont été rendues disponibles dans le cadre de ce qu'on appelle le Plan d'action pour les langues officielles, ou communément appelé le plan Dion, sont réparties dans différents domaines. Par exemple, au niveau de l'éducation, où des montants avaient été déjà attribués à chacune des provinces, un supplément, qui a été identifié de façon particulière, a été ajouté au montant d'argent qui devait être transféré aux provinces via le programme de l'éducation.
En ce sens-là, oui, j'ai rencontré le ministre Reid du Québec, qui est celui qui occupe le poste de président, cette année, du Conseil des ministres de l'Éducation. C'est certain que M. Reid aurait souhaité pouvoir disposer de la totalité des nouveaux fonds. Nous avons étudié avec lui de quelle façon, par exemple, chaque province pourrait bénéficier d'un montant supplémentaire pour l'aider à financer ses initiatives en éducation et, ensuite, garder une certaine partie de ces sommes d'argent supplémentaires pour des initiatives ciblées dans certaines provinces où, par exemple, les besoins sont plus importants ou encore où des actions concrètes peuvent être identifiées. M. Reid doit revoir ses collègues prochainement pour discuter. Nous nous sommes entendus sur le fait que nous nous reverrons par la suite.
Il y a également des sommes d'argent supplémentaires qui seront investies dans les programmes dont M. Lunney a parlé, comme celui des bourses et moniteurs. Il y avait aussi un ajout au niveau des communautés du Canada. Il y a le programme de l'éducation et il y a également un second programme, qui touche de façon plus particulière--on en a fait mention lors de la présentation--des ententes entre le Canada et les communautés. Là aussi, on ajoutera environ 19,5 millions de dollars sur une période cinq ans. Cette somme sera distribuée par le biais d'ententes au niveau provincial. Comme ce plan a été mis en place il n'y a que quelques mois, les ententes qui avaient déjà été conclues avec les communautés ont été renouvelées pour une année. Il faudra voir avec les communautés de quelle façon ces sommes d'argent seront réparties par la suite.
¿ (0900)
M. Christian Jobin: Je regarde les statistiques au niveau de l'éducation et on dit qu'en 2001, 14,7 p. 100 des anglophones de ce groupe d'âge vivant à l'extérieur du Québec étaient bilingues, alors que 16,3 p. 100 l'étaient en 1996. On voit qu'il y a une certaine détérioration dans ce groupe d'âge.
Avec toutes les sommes qui sont prévues pour l'éducation, un montant de 381 millions de dollars, je crois, est-ce qu'on pose les bons gestes pour s'assurer, justement, d'avoir une augmentation du bilinguisme chez les jeunes étudiants? On voit que les statistiques nous disent le contraire présentement et on se pose des questions dans ce sens-là.
L'hon. Hélène Scherrer: D'ailleurs, je ferai remarquer que le niveau de bilinguisme est plus important au Québec que dans les autres provinces. Alors, quand on fait une moyenne générale, elle est moins élevée. Ces résultats sont une des raisons pour lesquelles on a mis de l'argent supplémentaire pour pouvoir investir, surtout du côté anglophone, pour venir supporter les programmes d'apprentissage de la seconde langue, parce qu'on s'aperçoit que dans le reste du Canada, c'est effectivement moins important.
M. Christian Jobin: Il y a aussi de l'aide aux organismes communautaires. Il y a un montant de 137 millions de dollars sur cinq ans qui a été donné, 27 millions de dollars par année, je crois, et des sommes de 10 000 $, plus ou moins, selon les organismes. Il y a 350 organismes.
Est-ce que c'est de l'argent utilisé efficacement, ou est-ce du saupoudrage que l'on fait? C'est très peu d'argent, pour certains organismes.
L'hon. Hélène Scherrer: J'ai eu le plaisir de rencontrer, lors de tables rondes dans à peu près toutes les provinces, des gens qui bénéficiaient de ces programmes qui sont sous le volet Canada-communautés. Un des irritants qui a été soulevé de la part des communautés était qu'effectivement, dans chacune des provinces, chacun des regroupements, il y avait toujours chaque année un petit peu moins d'argent qui leur était donné, parce qu'il y avait beaucoup plus de joueurs qui se partageaient la tarte. Cela faisait en sorte qu'à la fin de chaque année, puisque les gens faisaient application à ces programmes, il y avait moins d'argent. En fait, même si on ajoutait un supplément dans le programme Canada-communautés, en bout de ligne, chacun des acteurs autour de la table recevait un peu moins d'argent. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles on n'a pas non plus désigné où iraient tout de suite les montants d'argent qui ont été ajoutés dans le Plan d'action pour les langues officielles, simplement pour se donner le temps de revoir avec les communautés de quelle façon devraient être distribuées ces sommes d'argent.
Lorsqu'on fait le tour des différentes provinces et qu'on rencontre une bonne représentation des communautés, c'est toujours la même chose qui revient. Il y a tellement de priorités autour de la table, tellement de joueurs, qu'en bout de ligne, on ne sait pas si on rencontre... Je ne pense pas qu'on puisse parler de saupoudrage, mais je me demande si, effectivement, on met suffisamment d'argent dans un projet pour l'amener à terme et obtenir les résultats voulus.
C'est cet exercice de révision des programmes qu'on est en train d'examiner avec chacune des communautés, chacun des acteurs, non pas pour couper les montants d'argent mais, au contraire, pour s'assurer que chaque organisme qui reçoit un montant d'argent soit en mesure d'atteindre ses objectifs et non pas, à chaque année, être dans l'obligation de diminuer le montant d'argent qu'il reçoit, parce qu'il y a de nouveaux acteurs autour de la table.
On a vraiment demandé aux responsables des communautés de se consulter et d'identifier leurs priorités: pas 28 ou 30 priorités, mais quelques-unes. On leur a suggéré de se faire un plan sur deux ou trois ans; une année c'est au tour de l'un, l'autre année ce sera au tour de l'autre, pour qu'en bout de ligne, les sommes d'argent qu'on investira dans les communautés donnent les résultats escomptés.
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Sauvageau.
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Bonjour, madame Scherrer. Merci pour votre présentation. Étant donné que j'ai plusieurs questions, je vais y aller assez rapidement.
Il y a beaucoup de division, de dilution dans les dossiers des langues officielles. On en a souvent parlé ici, en comité. Votre collègue Pierre Pettigrew est le ministre responsable des langues officielles. Vous témoignez comme responsable des langues officielles. J'aimerais que vous nous expliquiez quelles sont vos obligations législatives par rapport à la Loi sur les langues officielles.
¿ (0905)
L'hon. Hélène Scherrer: D'accord. Voulez-vous poser vos autres questions?
M. Benoît Sauvageau: C'est ma première question.
L'hon. Hélène Scherrer: Oui. Vous allez le savoir exactement, vous pouvez en être sûr.
M. Benoît Sauvageau: Je vais vous y aider, d'accord?
L'hon. Hélène Scherrer: Non.
M. Benoît Sauvageau: À l'article..
L'hon. Hélène Scherrer: Non, non.
M. Benoît Sauvageau: C'est parce que j'ai la réponse. Je vais vous aider.
L'hon. Hélène Scherrer: Moi aussi, je peux faire la même chose pour vous.
M. Benoît Sauvageau: À l'article 42 de la Loi sur les langues officielles, on dit:
ç | 42. Le ministre du Patrimoine canadien, en consultation avec les autres ministres fédéraux, suscite et encourage la coordination de la mise en oeuvre par les institutions fédérales de cet engagement. |
On fait référence à l'engagement précédent, soit l'article 41.
Dans votre plan d'action, dans votre présentation et dans vos analyses, en aucun temps, dans aucune condition, jamais vous ne faites référence à vos obligations législatives.
Quelles sont vos obligations législatives comparativement à celles de Pierre Pettigrew dans la mise en oeuvre du Plan d'action pour les langues officielles? Qui est responsable des langues officielles dans le gouvernement de Paul Martin? Vous devez le savoir, vous.
L'hon. Hélène Scherrer: Oui, mais vous allez le savoir vraiment parce que...
M. Benoît Sauvageau: Alors, on vous écoute.
Le président: Nous allons laisser la ministre ou ses collaborateurs répondre.
Monsieur Lemoine, vous voulez la parole?
M. Hilaire Lemoine (directeur général, Programmes d'appui aux langues officielles, ministère du Patrimoine canadien): Vous l'avez mentionné, monsieur Sauvageau, c'est en vertu de la partie VII la loi, à laquelle vous faites référence, que la ministre du Patrimoine détient ses responsabilités. Les responsabilités sont de trois ordres, finalement. Premièrement, bien sûr, assurer que, contrairement à votre collègue que vous allez rencontré à 9 heures ce matin, tout ce qui touche l'enseignement ou les langues officielles à l'extérieur du gouvernement fédéral, soit auprès de la société canadienne, est la responsabilité de Patrimoine canadien.
M. Benoît Sauvageau: Si je comprends bien, à l'article 42 de la loi, la ministre du Patrimoine, en consultation, est responsable de la Loi sur les langues officielles. La responsabilité de la Loi sur les langues officielles incombe à la ministre du Patrimoine.
M. Hilaire Lemoine: La partie VII de la Loi sur les langues officielles incombe à la ministre du Patrimoine. Le ministère de la Justice est celui qui, ultimement, comme vous savez...
M. Benoît Sauvageau: D'accord. La partie VII étant celle qui fait la promotion...
M. Hilaire Lemoine: La partie VII est celle qui fait la promotion auprès de la société canadienne, et c'est le rôle de la ministre du Patrimoine.
M. Benoît Sauvageau: Si vous me permettez, par votre entremise, je demanderais à Mme Scherrer si elle pense que l'article 41 est exécutoire ou déclaratoire.
L'hon. Hélène Scherrer: Si vous faites allusion au projet de loi du sénateur Gauthier, je vais vous dire que la loi est actuellement déclaratoire, elle n'est pas exécutoire. Si vous me demandez si je crois qu'elle devrait être exécutoire, je dois vous dire que pour avoir discuté longuement avec le sénateur Gauthier, j'ai beaucoup de sympathie pour son projet de loi. Je sais que cela a des implications pour d'autres ministères. D'autres collègues, comme vous l'avez dit, sont aussi concernés, que ce soit M. Coderre ou M. Pettigrew, et bien évidemment le ministre de la Justice. Ils y trouveront sûrement des implications. Si vous voulez connaître ma position, j'ai énormément d'ouverture à l'égard de ce projet de loi.
M. Benoît Sauvageau: Je vous remercie beaucoup.
À l'article 44, on dit:
44. Dans les meilleurs délais après la fin de chaque exercice, le ministre du Patrimoine canadien dépose un rapport annuel au Parlement... |
J'ai quelques questions concernant votre rapport. J'espère que vous avez lu le rapport, car plusieurs ministres ne les lisent pas. Premièrement, pourquoi a-t-il été déposé avec une année de retard? Deuxièmement, est-ce que vous êtes satisfaite du rapport de 20 pages que vous déposez? Vous devriez, en principe, être satisfaite, selon ce que vous écrivez, parce que vous dites que les rapports devraient comprendre les principales réalisations des 29 ministères visés.
Le rapport d'imputabilité, ce n'est pas--j'ai entendu l'expression de Jean Perron hier à la radio--«se flatter les bretelles», mais c'est plutôt de réaliser ce qui a été fait et ce qui ne l'a pas été, dans le sens où on vérifie. Donc si, par exemple, parmi les 29 ministères et organismes qui doivent déposer leur rapport d'imputabilité, vous prenez celui des Affaires étrangères et vous le résumez, est-ce que, selon vous, c'est là l'imputabilité que vous confère l'article 44?
¿ (0910)
L'hon. Hélène Scherrer: D'abord, pour ce qui est de la satisfaction face au rapport, c'est sûr que le délai pour son dépôt a été d'un an. Il faut prendre en considération que cela prend un an pour obtenir les chiffres nécessaires pour pouvoir déposer le rapport.
M. Hilaire Lemoine: Le rapport actuel porte sur l'année 2002-2003. Avant qu'on puisse avoir les dépenses définitives des gouvernements provinciaux en matière d'éducation, ceux des communautés, de certains ministères auprès de qui on fait certains transferts de fonds dans le cadre des programmes du PICLO, par exemple, il faut ce genre de délai avant de finaliser tous les chiffres, parce qu'on veut publier des chiffres qui sont basés sur des dépenses actuelles, et non sur des budgets.
M. Benoît Sauvageau: Donc, à chaque année, vous déposez votre rapport avec un an de retard?
M. Hilaire Lemoine: À peu près, oui.
M. Benoît Sauvageau: Mon autre question porte...
Le président: C'est votre dernière question, monsieur Sauvageau.
M. Benoît Sauvageau: Considérons n'importe quel ministère ou agence parmi ceux qui sont obligés de déposer un rapport. Dans La concertation interministérielle, vous faites un résumé du résumé du rapport. Est-ce cela, l'imputabilité?
L'hon. Hélène Scherrer: Je voudrais vous rappeler, monsieur Sauvageau, que ce rapport ne tient effectivement pas compte du plan d'action qui a été mis en application. Celui de l'année prochaine sera certainement plus musclé parce qu'il tiendra compte de toutes les mesures qui auront été mises en oeuvre.
Le président: Monsieur Simard, c'est à vous.
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Merci, monsieur le président. Bienvenue, madame la ministre.
Je tiens, moi aussi, à vous féliciter d'avoir si bien tenu compte de nos rapports. Je pense que c'est important. Notre travail est, je pense, assez important, et voir que la ministre le prend au sérieux est rassurant.
On parle, par exemple, de l'essor des deux langues officielles et de l'importance du bilinguisme au pays, mais la situation est quand même très précaire, par exemple dans l'Ouest canadien. Je peux parler de chez nous. Il est question ici des ententes Canada-communautés et on parle de 27,5 millions de dollars par année. Ce chiffre est assez considérable, mais par contre, cet argent sert à appuyer toutes nos infrastructures en milieu minoritaire, et tout dernièrement, on parle de peut-être revoir cela et de revoir la programmation. Je voudrais m'assurer d'abord d'une chose: que les communautés feront partie des négociations ou des discussions. Cela est très important. Il ne faut pas que ce soit une solution qui soit décidée par le gouvernement et imposée chez nous.
Je crois aussi que les solutions, les nouveaux programmes, doivent être assez souples pour prendre en considération le fait que toutes les communautés à l'extérieur du Québec ne sont pas au même niveau. Je pense que cela a peut-être été un problème dans le passé. On tient pour acquis que tout le monde est au même niveau et on fait les mêmes choses dans toutes les provinces. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
J'aimerais finalement signaler que souvent, dans les provinces ou les communautés en milieu minoritaire, ça nous a pris des décennies à obtenir certains acquis. Nous ne sommes donc pas prêts de lâcher, je vous l'assure. Je voudrais m'assurer que n'importe quelles discussions ou négociations futures partiront de là où nous sommes présentement. Je comprends qu'on devrait s'assurer d'être aussi efficace que possible--je ne suis pas en désaccord sur cela--, mais par contre, il faut tenir compte du fait que ces gens se sont battus pendant des années, et même des décennies, pour obtenir ce qu'ils ont aujourd'hui. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus, s'il vous plaît.
L'hon. Hélène Scherrer: J'ai eu la chance d'entendre des communautés francophones dans votre province et aux abords de votre circonscription. Or, il est possible que ce soit précisément à la lumière de ces propos provenant de la base que nous ayons considéré maintenir le financement cette année. Il s'agirait de repenser le partage des sommes existantes, étant donné qu'il y a même des fonds supplémentaires.
Il n'est aucunement question de réduire les montants accordés aux communautés; je pense même au contraire que dans Plan d'action pour les langues officielles, des montants supplémentaires sont prévus. Après avoir entendu les gens de chacune des communautés, nous nous sommes rendu compte à quel point la façon dont ils souhaitaient investir dans leurs communautés variait d'une province à l'autre. Je peux vous dire qu'à cet égard, il y avait une différence énorme entre les gens de Vancouver, que j'ai entendus la fin de semaine dernière, et ceux de Terre-Neuve.
C'est également à la lumière des propos tenus par ces gens-là qu'on a décidé de les faire participer au choix de leurs priorités. Or, ils étaient tous d'accord pour dire que le nombre de priorités n'était pas gérable. À chaque fois, autour de la table, qu'on leur demandait d'établir leurs priorités, on se retrouvait avec 28 priorités pour chacune des communautés. De nouveaux acteurs entraient continuellement en jeu, à un point tel qu'il a été question d'établir un moratoire sur les nouveaux acteurs, afin de décider qui aurait préséance à l'égard du partage des fonds.
Il est certain que ces consultations vont se faire avec les intervenants, province par province. En effet, on ne peut pas établir un dénominateur commun et déclarer qu'à partir de maintenant, on investit dans un domaine donné: il y a trop de différences d'un endroit à un autre. Néanmoins, je dois admettre que certaines communautés sont très bien organisées.
Cette consultation entre les communautés va leur être très profitable compte tenu du fait qu'il existe un grand nombre de dédoublements de services. Ainsi, chacune des communautés fonctionne avec sa masse salariale et ses employés. Ces gens pourront désormais s'asseoir autour d'une table et déterminer de quelle façon ils pourront partager des ressources et s'entraider. À mon avis, il était déjà clair que de cette façon, ils pourraient abolir certains postes budgétaires qui ne seraient dès lors plus nécessaires.
À mon avis, il est important que cet exercice se fasse à la base. De cette manière, les priorités, qui auront été déterminées par les communautés, vont répondre à leurs besoins. En outre, après un an ou deux, elles seront en mesure d'évaluer elles-mêmes la pertinence des choix qu'elles auront faits. Il est en fait très difficile, à partir d'Ottawa, de déterminer, comme M. Jobin l'a demandé, si les fonds ont été bien utilisés. Cela nous est difficile, étant donné que nous ne sommes pas sur place.
Enfin, les intervenants des communautés étaient prêts à se partager cette responsabilité, en autant, comme vous l'avez si bien dit, que les fonds ne soient pas réduits.
¿ (0915)
Le président: Une dernière question.
M. Raymond Simard: Une dernière?
Le président: Oui, rapidement, si vous le voulez bien.
M. Raymond Simard: Madame la ministre, vous avez visité, chez nous, les centres de services bilingues et vous avez pu voir comment ils fonctionnaient. C'est en quelque sorte un exemple de la façon qu'on peut s'organiser au Canada. Il reste qu'ici, on parle toujours de financement d'une année à l'autre. Je ne sais pas si vous avez l'intention de vous pencher sur cette question. Au Manitoba, par exemple, on avait prévu construire six centres bilingues et on en est maintenant à trois. Or, au niveau fédéral, le processus semble s'être arrêté à trois et cela nous inquiète.
J'aimerais aussi parler rapidement du moratoire qui a été émis sur les annonces publicitaires. Les stations de radio communautaire et la presse francophone souffrent énormément de cette situation. J'aimerais savoir, étant donné l'autorité que vous exercez à cet égard, si vous pourrez intervenir. Par exemple, chez nous, la liberté de ces gens est grandement compromise: 40 p. 100 de leur budget est relié aux annonces du fédéral. J'aimerais, s'il vous plaît, que vous me donniez une réponse à ce sujet.
L'hon. Hélène Scherrer: Pour ce qui est de la première question, vous faisiez allusion, je crois, au guichet unique. Nous avons rencontré les représentants de certains centres et nous en sommes à signer des ententes avec chacune des provinces. Cela se fait province par province. En outre, des fonds supplémentaires ont été investis dans ce programme. Ce n'est pas énorme, il s'agit d'environ 14 ou 15 millions de dollars sur cinq ans pour l'ensemble des provinces.
Il y avait déjà un montant de base d'environ 13 millions de dollars destiné à l'ensemble des provinces. Or, il y aura bientôt un nouvel acteur, en l'occurence la province de Québec. Cette dernière a décidé de signer cette entente, même si depuis 1999, elle ne l'avait jamais fait. Il y a aussi un montant supplémentaire de 14 millions de dollars environ, mais ce dernier est réparti sur cinq ans entre les différentes provinces. Comme vous pouvez le constater, il ne s'agit pas de montants faramineux.
Pour cette raison précisément, nous souhaitons cibler des programmes ou des initiatives de façon à bonifier ce genre de projet. Cela pourrait d'ailleurs devenir un projet-pilote et être utilisé partout au Canada. C'est une initiative de partenariat assez extraordinaire.
Le président: Merci beaucoup, madame la ministre.
Maintenant, monsieur Godin, vous avez la parole.
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD): Merci, monsieur le président.
Bienvenue au Comité permanent des langues officielles. Je vais essayer d'aller vite, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps et qu'on a beaucoup de questions à poser.
Dans le rapport du 15 septembre 2003, le gouvernement avait donné sa réponse au comité. Il disait avoir demandé au CRTC qu'il exige que les entreprises de câblodistribution de classe 1 et 2 distribuent CPAC sur deux canaux vidéo distincts pour chaque langue officielle. Toutefois, à ce moment-ci, il est important de dire que le CRTC n'a pas encore ordonné aux entreprises de câblodistribution de classe 1 et 2 de distribuer CPAC sur deux canaux vidéo distincts. À la minute où nous nous parlons ici, nous sommes en direct, madame la ministre, mais les anglophones de Bathurst ne nous entendent pas. Alors, j'aimerais savoir si Patrimoine canadien a fait un suivi, parce que dans le rapport, on ne disait pas que le gouvernement allait suggérer ou recommander, mais qu'il allait demander que le CRTC exige cela des entreprises.
L'autre question très importante porte sur ce que votre ministère a l'intention de faire avec les fonds de la fête du Canada, pour laquelle le Québec reçoit cinq millions de dollars alors que l'Ontario, par exemple, reçoit 700 000 $ et le Nouveau-Brunswick 120 000 $. Est-ce qu'on est tous des Canadiens égaux? Quand cette bataille-là va-t-elle arrêter? On a le scandale des commandites, on peut voir qu'il y a eu 1,6 million de dollars pour le Festival des montgolfières.
J'ai ici une lettre d'un petit organisme du Festival de la famille de la Péninsule acadienne, qui avait demandé 5 000 $ pour les commandites pour ce festival l'année dernière. Communication Canada avait refusé 2 000 $ de ces 5 000 $ en disant:
Nous avons donc analysé votre rapport final et évalué les éléments de visibilité non reçus à une valeur de 2 000 $; ce montant sera déduit du montant original de la commandite. |
Une petite communauté de bénévoles qui travaillent pour la famille se fait couper son financement par le gouvernement du Canada, et les autres se défoncent avec des milliards de dollars. Alors, j'aimerais avoir une réponse. Si ce n'est pas ici, ce sera plus tard.
Je sais qu'on n'a pas grand-temps, mais j'aimerais aborder un autre sujet rapidement. On parle de différents ministères du gouvernement qui sont responsables des langues officielles. On voit actuellement que le gouvernement du Canada va en appel au sujet de l'Agence canadienne d'inspection des aliments de Shippagan, qui avait été transférée à Shédiac. D'un côté, on dit qu'on veut faire la promotion des communautés francophones et, de l'autre côté, les associations des municipalités vont en cour contre le gouvernement du Canada parce qu'il a fait des transferts, et le gouvernement du Canada en appelle de la décision.
La même chose est arrivée lors de la délimitation des circonscriptions. L'Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick va en cour contre le gouvernement du Canada parce que cela n'a pas été respecté, et le gouvernement se bat contre les municipalités francophones. Chaque fois que nous avons un gain, le gouvernement veut nous l'enlever.
Je sais que mes questions sont rapides, mais je pense que vous connaissez les problèmes, parce qu'ils vous ont sûrement déjà été présentés. Vos assistants, à côté de vous, les connaissent très bien.
Merci.
¿ (0920)
Le président: Monsieur Godin, il ne restera pas beaucoup de temps à la ministre pour répondre.
Madame la ministre, vous avez la parole.
L'hon. Hélène Scherrer: Il n'y a pas de problème.
M. Yvon Godin: Elle peut m'envoyer les réponses par écrit, cela ne me pose aucun problème.
Le président: Mais nous aussi, nous voulons entendre les réponses.
M. Yvon Godin: Monsieur le président, c'est important. Si la ministre n'a pas le temps de répondre à mes questions, qui sont si importantes, elle pourra envoyer les réponses par écrit au comité, s'il vous plaît.
Le président: D'accord.
L'hon. Hélène Scherrer: Je vais répondre au moins à deux de vos questions. En ce qui concerne CPAC et le CRTC, vous savez qu'on a l'obligation de consulter le CRTC. Je peux simplement vous dire qu'on ne dort pas sur ce dossier. Il y a un ordre en conseil qui a été rédigé, et le CRTC a été consulté. Dès que la consultation va être terminée... En tout cas, le travail avec le CRTC se poursuit.
Pour ce qui est de la fête du Canada et des commandites, je ne veux pas que vous mélangiez le volet de la fête du Canada avec celui des commandites, parce que ce sont deux dossiers complètement différents. Pour ce qui est des commandites de vos organismes, je veux revenir là-dessus pour vous rappeler ce que j'ai dit à plusieurs reprises. Communication Canada n'existe plus. Votre petit organisme de la famille peut écrire à Patrimoine canadien et demander si nous pouvons lui apporter un soutien financier par l'entremise d'un de nos programmes, qui n'est pas celui des commandites, puisque ce dernier a été aboli. À ce moment-là, on traitera votre organisme non pas comme se rapportant à la fête du Canada, mais comme tous les organismes qui, l'année dernière, ont reçu un soutien financier.
¿ (0925)
M. Yvon Godin: Excusez-moi, monsieur le président, je sais que mes questions ont été posées rapidement, mais la fête du Canada et les commandites sont deux choses séparées.
L'hon. Hélène Scherrer: C'est que vous parlez de quelqu'un qui a fait appel à Communication Canada mais qui n'a pas obtenu de fonds. La fête du Canada, c'est une chose, et les commandites, c'en est une autre.
M. Yvon Godin: Cinq millions de dollars au Québec...
Le président: Il ne restera plus de temps pour répondre à quoi que ce soit.
M. Yvon Godin: Monsieur le président, on parle de 5 millions de dollars au Québec, de 120 000 $ au Nouveau-Brunswick et de 700 000 $ en Ontario. Est-ce que ça va changer?
Le président: Un instant, s'il vous plaît.
Madame la ministre.
L'hon. Hélène Scherrer: Vos petits organismes qui veulent faire une demande n'ont qu'à le faire. Pour ce qui est de la fête du Canada, qui est un volet complètement différent de Communication Canada, vous m'avez fait part, la dernière fois, de ce que vous considériez comme des disparités. Nous en reparlerons, et vous aurez alors une réponse à ce sujet.
Le président: Merci beaucoup, madame la ministre.
J'aimerais pour ma part poser une question sur les programmes du ministère du Patrimoine qui vont en quelque sorte remplacer--je ne sais pas si c'est le mot que je devrais employer--les fonds destinés aux festivals et activités communautaires qui provenaient jadis des commandites. Si j'ai bien compris, au cours des dernières années, dans le cadre d'un festival communautaire, les demandeurs qui n'étaient pas déficitaires, en l'occurence qui n'étaient pas endettés à la fin de l'année, n'obtenaient pratiquement jamais de subvention du ministère.
Ce n'est pas qu'ils étaient disqualifiés, mais comme votre ministère n'avait pas suffisamment de fonds pour pourvoir à toutes les demandes, il subventionnait d'abord ceux qui faisaient un déficit et ensuite, ceux qui faisaient un profit. Or, on ne se rendait apparemment jamais jusqu'à ceux-là. Il y a eu deux cas de ce genre dans ma circonscription.
Croyez-vous que vous disposerez désormais de fonds supplémentaires, de façon à satisfaire plus de demandeurs dans le cadre de ces programmes?
L'hon. Hélène Scherrer: Monsieur le président, j'ose espérer qu'on n'accorde pas la priorité à ceux qui ont des problèmes financiers dans le cadre de leurs festivals, mais qu'au contraire, on appuie avec plus de constance ceux qui réussissent à nous présenter un budget réaliste et à atteindre leurs objectifs. Si ce n'était pas le cas avant, j'ose espérer que ce le sera maintenant.
Le président: On doit donc en conclure que les choses ont changé, étant donné que je serais en mesure de vous montrer des lettres de refus adressées à des gens de ma circonscription. Je vous assure qu'elles font état précisément de ce que je vous ai mentionné.
L'hon. Hélène Scherrer: J'aimerais voir des exemples concrets. Je peux en outre vous dire que présentement, on demande à tous les organismes, dans le cadre de tous les fonds, de présenter un budget réaliste et rigoureux, et de préciser de quelle façon ils comptent utiliser les fonds demandés. J'espère bien, au contraire, qu'on saura appuyer ceux qui feront preuve de rigueur.
Le président: Mon autre question porte sur l'enseignement en français.
Vous avez précisé qu'au Québec, 94 p. 100 des francophones étaient inscrits à des programmes d'enseignement offerts dans leur propre langue. Ailleurs au Canada, on parle d'une proportion de 68 p. 100. Avez-vous eu connaissance d'une analyse nous permettant de comprendre pourquoi 32 p. 100 de ces gens n'étudient pas dans leur langue?
Les parents sont-ils insuffisamment sensibilisés au fait que faire instruire leurs enfants dans leur langue maternelle constitue une plus-value? Le phénomène est-il dû à une absence d'écoles françaises dans les communautés où ils vivent? Ou encore, s'agit-il d'un mélange des deux? Existe-t-il des données qui nous permettent de savoir ce qui incite 32 p. 100 de ces personnes à ne pas fréquenter l'école française?
L'hon. Hélène Scherrer: Il y a peut-être plusieurs réponses à cette question. Mon collègue M. Simard, avec qui j'en ai discuté cette semaine, va sûrement être d'accord sur le fait qu'il s'agit en bonne partie d'un problème d'infrastructure. On parle surtout du Québec lorsqu'il est question de jeunes qui fréquentent des écoles anglaises. Les infrastructures y sont présentes depuis de nombreuses années, ce qui fait qu'il est beaucoup plus facile pour les parents d'avoir accès à une école anglaise dans les environs.
M. Simard faisait allusion aux gens qui se battent pour avoir accès à des ressources dans des secteurs où les communautés francophones sont réparties sur de très grands territoires. Il est certain que pour certains parents, il peut être tentant d'utiliser l'école de la place, qui n'offre pas nécessairement d'enseignement dans leur langue maternelle.
Or, on voit de plus en plus souvent des groupes s'organiser et demander des infrastructures. Cela fait une différence énorme. Un groupe que nous avons rencontré au Manitoba nous a démontré que pendant les cinq dernières années, le nombre de jeunes fréquentant l'école française avait pratiquement doublé à chaque année, simplement parce que des infrastructures étaient déjà en place. Il y a peut-être plusieurs raisons à ce phénomène, mais je suis certaine que celle des infrastructures est plausible.
¿ (0930)
Le président: Merci beaucoup. Nous allons maintenant passer au deuxième tour.
Monsieur Drouin.
L'hon. Claude Drouin (Beauce, Lib.): Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, il me fait plaisir de vous voir au comité avec les gens du ministère qui vous accompagnent. Moi, je vais y aller d'un commentaire, dans un premier temps, sur le budget total de 272 millions de dollars, comparativement à 9 millions de dollars pour l'administration. Cela démontre une saine gestion. Je tiens à vous féliciter pour ce travail et je vous encourage à poursuivre dans ce sens.
Vous avez, dans votre présentation, démontré qu'il y avait eu une augmentation du niveau d'éducation des francophones en situation minoritaire. Ça aussi, je trouve que c'est excellent. Il faut continuer dans ce sens-là. Les efforts qui ont été faits commencent à porter fruit, et j'en suis vraiment ravi.
Vous mentionnez qu'il y a 357 000 jeunes qui sont inscrits en immersion française. Est-ce que ce nombre est en progression ou en diminution? Avez-vous une idée des chiffres? On pourra peut-être y répondre plus tard.
Vous mentionnez aussi que 24 p. 100 des jeunes de 15 à 19 ans sont bilingues. On voit, un peu plus loin dans votre présentation, que l'objectif est de 50 p. 100. C'est sûr que cela se fait en collaboration avec les provinces et les territoires, et que nous ne sommes pas les seuls à travailler dans ce domaine. C'est peut-être une question difficile, mais quelle est l'échéance prévue pour atteindre cet objectif de 50 p. 100?
Il y a un élément que j'ai beaucoup aimé, c'est celui concernant le bilan de perception du progrès de la langue seconde, qui démontre le travail qui a été fait, car plus on diminue dans les groupes d'âge, plus on augmente. Donc, cela prouve que les efforts qui ont été faits au fil des dernières années donnent des résultats, et ça me fait vraiment plaisir de voir cela. Je tiens à vous féliciter, vous et les gens de votre ministère.
En dernier lieu, on mentionne, à propos des résultats scolaires en lecture, que les écoliers des minorités linguistiques francophones ont de moins bons résultats que leurs homologues dans les systèmes scolaires de langue anglaise, que ce soit de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario ou du Manitoba. Encore là, c'est de juridiction partagée et cela relève des provinces.
Est-ce qu'on va insister auprès de nos homologues provinciaux pour que l'accent soit mis dans ce secteur pour s'assurer qu'ils aient les mêmes possibilités que les autres minorités?
Merci. C'étaient mes commentaires, monsieur le président.
L'hon. Hélène Scherrer: Rapidement, pour ce qui est des écoles d'immersion, semble-t-il qu'il y a une stabilisation de la fréquentation. Il n'y a pas de diminution, mais autant il y a eu une augmentation, autant il semble maintenant se pointer à l'horizon une stabilisation de la fréquentation.
Lorsqu'on parle d'objectifs en matière de bilinguisme, comme je vous l'ai dit, c'est clair qu'au Québec, le bilinguisme est beaucoup plus important chez les jeunes. Je ne me souviens plus des chiffres, mais je pense qu'il y avait un écart majeur entre les jeunes du Québec et les jeunes d'ailleurs, et l'objectif qu'on se donne, c'est 10 ans.
Pour ce qui est des initiatives à l'échelle des provinces, j'étais très heureuse, suite à ma rencontre avec le ministre Reid, parce que je pense qu'il a vraiment le goût d'accélérer les initiatives provinciales et le partenariat au niveau des provinces. Il était d'ailleurs lui-même heureux de voir qu'il y avait de nouveaux acteurs à la table, des gens qui avaient vraiment le goût de mettre en place des initiatives pour faire en sorte que le bilinguisme soit plus important. Je pense qu'il compte revenir et même accélérer le nombre de démarches, alors qu'avant, peut-être que les rencontres se faisaient de façon informelle et à une fréquence un peu plus réduite. Ce que j'ai cru comprendre du président maintenant, puisque M. Reid est le président du Conseil des ministres de l'Éducation, c'est qu'il a vraiment l'intention d'accélérer et d'être très proactif. C'est pourquoi, d'ailleurs, il demandait des fonds supplémentaires pour l'aider, évidemment, à investir dans chacune des provinces. Dans certaines provinces, les résultats sont assez exceptionnels, alors que d'autres--comme partout ailleurs--se font peut-être un peu plus tirer l'oreille pour mettre en place des initiatives.
Le président: Monsieur Sauvageau.
¿ (0935)
L'hon. Claude Drouin: Merci, monsieur le président.
M. Benoît Sauvageau: J'étais en train de calculer le 381 millions de dollars divisé sur cinq ans, divisé par 10 provinces, pour voir l'effort supplémentaire qui était fait, mais je n'ai pas fini mon calcul.
L'hon. Hélène Scherrer: Au niveau de l'éducation?
M. Benoît Sauvageau: Oui, mais je pense que cela ne donne pas de gros chiffres.
Mon volet porte sur l'éducation. Madame la ministre, à la page 10 de votre document, comme M. Drouin ainsi que M. Jobin en ont fait mention, vous avez inscrit que 24 p. 100 des jeunes de 15 à 19 ans sont bilingues. À deux reprises, vous avez dit que si on arrive à 24 p. 100, c'est parce qu'au Québec, le résultat est assez satisfaisant.
Dans une note du service de recherche, on nous dit qu'entre 1996 et 2001, le taux de jeunes anglophones bilingues vivant à l'extérieur du Québec est passé de 16,3 à 14,7 p. 100. Il y a donc eu une diminution.
À la page 5 de l'Évaluation du Programme des langues officielles dans l'enseignement de votre ministère, on peut lire:
[Les programmes de base en langue seconde] donnent des résultats mitigés et il est peu probable qu'ils contribuent à l'objectif fédéral d'augmenter le nombre d'étudiants qui sont fonctionnels dans les deux langues officielles. |
Est-ce que vous pourriez nous fournir un tableau par province sur les jeunes bilingues, ainsi qu'une liste des objectifs par province?
En effet, si tous les jeunes Québécois deviennent bilingues, vous allez atteindre votre objectif de 50 p. 100, mais il sera plutôt réduit sur le plan géographique. Je suis sûr que vous avez des objectifs par province et des chiffres par province. J'aimerais aussi que vous envoyiez au comité les chiffres de Statistique Canada pour les 10 dernières années.
En effet, vous avez été très éblouie par votre visite à Vancouver, mais je tiens à vous rappeler que le taux d'assimilation dans les provinces de l'Ouest est de 70 p. 100. Donc, il est vrai que les gens qui sont là sont dynamiques et veulent vraiment mettre l'épaule à la roue, mais il y a une réalité statistique que vous connaissez, à savoir un taux d'assimilation de 70 p. 100.
J'aimerais donc avoir les tableaux par province depuis 10 ans, ainsi que les objectifs du plan d'action et/ou du ministère du Patrimoine canadien. À la page 15, vous dites que votre objectif est d'atteindre, d'ici 10 ans, un taux de 50 p. 100 de jeunes bilingues. Je suis sûr que vous avez prévu des étapes intermédiaires pour vérifier si vous êtes en voie d'atteindre ces objectifs.
En effet, quand on regarde l'étape intermédiaire du plan de Statistique Canada entre 1996 et 2001, on s'aperçoit que vous auriez là une sonnette d'alarme qui retentirait et qui vous dirait que vous reculez de 2 p. 100 à l'extérieur du Québec, et cette sonnette a été activée par votre ministère.
Bref, est-ce que vous maintenez votre objectif de 50 p. 100, et est-ce que vous pouvez nous fournir des tableaux par province pour les 10 dernières années?
L'hon. Hélène Scherrer: Oui, vous aurez le tableau, cela ne pose pas de problème. Pour ce qui est des performances par province, cela fait justement partie des négociations qui vont se tenir par l'entremise du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada.
Une autre réalité que je veux soulever aujourd'hui, c'est que souvent, le soutien pour l'apprentissage de la seconde langue se fait... Par exemple, il y a la possibilité d'étudier dans sa langue maternelle aux niveaux élémentaire et secondaire. Il reste qu'au niveau universitaire, très souvent, c'est plus difficile, ce qui fait que différentes initiatives devront être prises.
Je pense que le président du Conseil des ministres de l'Éducation était également très conscient qu'il y avait des initiatives et beaucoup de progrès dans certaines provinces, alors que dans d'autres, il n'y en avait pas.
M. Benoît Sauvageau: C'est parce que cette partie-là est erronée, compte tenu du fait que l'éducation est un champ de juridiction provinciale. Je vous sais gré de le reconnaître et je vous en remercie.
Lorsque Patrimoine Canada va négocier avec ces gens-là, vous aurez des objectifs.
L'hon. Hélène Scherrer: Oui.
M. Benoît Sauvageau: J'aimerais avoir vos objectifs à vous. Ne reportez pas cela à Pierre Reid ou à d'autres que vous allez consulter dans trois ans.
L'hon. Hélène Scherrer: Je ne reporterai pas cela avec Pierre Reid.
M. Benoît Sauvageau: Je veux savoir quels sont maintenant vos objectifs par province pour les 10 prochaines années et quelle était la réalité dans les 10 dernières années.
L'hon. Hélène Scherrer: D'accord.
Le président: La ministre a noté cela.
L'hon. Hélène Scherrer: Mais cela va définitivement se faire en collaboration avec les provinces, parce qu'on n'inventera pas quelque chose pour les provinces.
Le président: D'accord, merci.
Monsieur Godin, allez-y rapidement, parce que je voudrais encore donner la parole à M. Proulx avant de terminer. Vous pouvez poser une dernière question.
M. Yvon Godin: Merci, monsieur le président. J'aurais deux questions rapides, mais l'ACFO...
L'hon. Hélène Scherrer: Prenez votre temps, vous allez trop vite.
M. Yvon Godin: C'est qu'il faut que cela aille vite, ici. L'argent ne sort pas vite, mais il faut qu'on aille vite.
Le président: Allons-y.
M. Yvon Godin: C'est que le ministère du Patrimoine canadien a coupé les fonds qu'il fournissait à l'ACFO, il y a eu des problèmes. Maintenant, l'ACFO nous dit aussi qu'elle ne peut pas utiliser cet argent de la manière qu'elle le souhaiterait en faveur des Franco-Ontariens. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus, parce que vous avez dit tout à l'heure que vous souteniez les organisations et que vous vouliez leur accorder plus de fonds, alors qu'il y a vraiment eu des coupures par rapport à cette organisation.
Est-ce que j'ai bien compris tout à l'heure que vous appuyiez le sénateur Gauthier dans sa démarche visant à mettre de l'avant le projet de loi S-4 et de vraiment l'appliquer et dire qu'on accepte les deux langues officielles au Canada, oui ou non?
¿ (0940)
L'hon. Hélène Scherrer: Vous savez que l'ACFO a connu des problèmes financiers. Le ministère lui a avancé des fonds pour lui permettre de fonctionner, de revoir ses politiques, de définir ses priorités et de nous soumettre un plan de fonctionnement. Nous lui avons demandé de déposer ce rapport d'ici la fin juin. À ce moment-là, nous déterminerons de quelle façon il sera possible de continuer à la financer.
Pour ce qui est du projet de loi du sénateur Gauthier, comme je vous l'ai dit plus tôt, je ne suis pas la seule concernée. Il y a, c'est évident, des implications à tous les autres niveaux. Il n'en demeure pas moins que je suis en définitive très sympathique à ce projet de loi.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Godin.
C'est maintenant à vous, monsieur Proulx. Ce sera peut-être la dernière question.
M. Marcel Proulx (Hull—Aylmer, Lib.): Merci, monsieur le président. Bonjour, madame la ministre, et merci d'être ici ce matin.
Madame la ministre, au sujet du Fonds de développement stratégique, on précise, dans le cadre d'une vérification, qu'en 2001-2002, 44 projets, dont la valeur variait entre 9 000 $ et des poussières et 1 100 000 $, ont été financés, ce qui est positif. Cependant, il existe certains points négatifs. Je suis certain que depuis votre arrivée au ministère, la situation a été corrigée, mais je voudrais savoir ce que vous avez fait.
...les données antérieures à 2001-2002 ne sont pas sûres en raison de problèmes de codage. |
Ce n'est pas impressionnant.
...absence de critères de financements [...] de résultats escomptés et d'indicateurs de rendement. |
Ce n'est pas mieux.
Le processus d'affectation du financement de ce Fonds ne présente aucune structure ni transparence. |
Je suis convaincu que vous avez fait des changements, mais j'aimerais savoir lesquels, madame la ministre.
L'hon. Hélène Scherrer: Est-ce qu'on fait référence à un fonds en particulier ou à l'ensemble du...
M. Marcel Proulx: Il s'agit du volet du Fonds de développement stratégique.
En attendant qu'on trouve la réponse, madame la ministre...
L'hon. Hélène Scherrer: Elle a la réponse.
M. Marcel Proulx: D'accord, allons-y.
Le président: Madame LaRocque.
Mme Judith LaRocque (sous-ministre, ministère du Patrimoine canadien): Cela faisait partie des vérifications réalisées, je crois, en 2000-2001 par la vérificatrice générale. Il est tout à fait certain que nous avons mis en place des mesures pour corriger la plupart sinon tous les problèmes relevés par la vérificatrice générale. En fait, je crois que nous allons faire l'objet d'une nouvelle vérification de la vérificatrice générale sous peu. Nous pourrons alors comparer les résultats.
Le président: Monsieur Proulx.
M. Marcel Proulx: Madame la ministre, pourriez-vous demander à vos fonctionnaires de fournir au comité la liste et la description de tous les programmes de votre ministère qui portent principalement sur les langues officielles? À force d'en ajouter, d'en soustraire et d'en modifier, on s'y perd. Ce n'est pas compliqué pour vous qui travaillez tous les jours dans ce domaine, mais pour nous, c'est un peu plus difficile. Par conséquent, j'apprécierais beaucoup, madame la ministre, qu'on nous fournisse cette liste.
L'hon. Hélène Scherrer: Avec plaisir, monsieur Proulx.
M. Marcel Proulx: Merci.
Le président: Il nous reste environ deux minutes.
Monsieur Simard, vous aviez une autre question. Posez-la, et nous suspendrons ensuite la séance pour quelques minutes.
M. Raymond Simard: Merci, monsieur le président. Un peu plus tôt, j'ai posé une question à Mme la ministre sur la situation des stations de radio communautaire et de la presse francophone. Je n'ai pas obtenu de réponse à ce sujet. J'aimerais donc qu'on y revienne.
Comme je l'ai mentionné déjà, elles sont à mon avis beaucoup plus affectées que d'autres par ce problème, compte tenu du fait qu'elles dépendent fortement des annonces publicitaires du fédéral.
Est-ce que vous avez trouvé une solution à ce problème?
Le président: Madame la ministre, on sait que cette question relève surtout de Travaux publics. Est-ce que vous avez quand même quelque chose à nous dire à ce sujet?
L'hon. Hélène Scherrer: L'annonce des réductions de 15 p. 100 et le moratoire sur la publicité relèvent de Travaux publics et non pas de nous. En effet, ces organismes ont été grandement affectés. Or, je pense que l'un de nos programmes peut leur venir en aide.
Mme Judith LaRocque: En effet, il y a un programme d'appui destiné à la radio communautaire. Peut-être pourrions-nous vérifier s'il y a moyen de le bonifier d'une quelconque façon. Cependant, comme le président l'a dit, cette question relève plutôt du ministère des Travaux publics.
¿ (0945)
L'hon. Hélène Scherrer: Lors d'une rencontre, nous avons donné à ces organismes de plus amples détails sur le programme auprès duquel ils peuvent faire une demande.
Bien sûr, ils parlaient du fait que les réductions et le moratoire sur la publicité les affectaient énormément. Or, c'est une décision qui a été prise par le ministère des Travaux publics.
M. Raymond Simard: On ne peut pas se permettre de perdre nos stations de radio communautaire et nos journaux, et en ce sens, cette situation relève de Patrimoine canadien.
L'hon. Hélène Scherrer: Tout à fait.
M. Raymond Simard: Éventuellement, cette question pourrait relever de vous. Merci.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Simard.
Là-dessus, il nous reste à remercier Mme la ministre, Mme la sous-ministre ainsi que toute l'équipe qui s'est rendue disponible ce matin pour notre comité. Nous vous remercions.
Avant la pause et l'arrivée du prochain témoin, je voudrais consulter les membres du comité sur deux sujets. Je viens d'entendre au moins deux questions à propos des radios communautaires et des programmes de ce genre, pour le ministère des Travaux publics. Je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche, mais souhaiteriez-vous la comparution du ministre des Travaux publics à propos du programme des annonces publicitaires et de l'effet de ce dernier sur les médias en milieu minoritaire? Est-ce qu'il y a un intérêt pour cela?
Des députés: Absolument.
Le président: Souhaitez-vous, donc, que notre greffier fasse les démarches? D'accord.
J'aimerais vous faire part d'un petit renseignement avant qu'on prenne cinq à dix minutes de pause avant de continuer la séance. On m'informe que la Commission nationale des parents francophones a confirmé sa présence pour demain. C'est M. Simard qui nous avait parlé d'eux.
Demain, ce sera M. Simard qui présidera la séance parce que je serai à l'extérieur du pays, dans un forum interparlementaire.
Je veux aussi vous informer, chers collègues, que le 20 avril, on devrait avoir la comparution de l'Association canadienne de télévision par câble. Monsieur Godin, c'est surtout vous qui aviez demandé leur comparution, et nous nous attendons à ce qu'ils soient présents le 20 avril. Si vous voulez, nous allons insister davantage sur le fait que nous nous attendons à ce qu'ils soient ici, parce que cela fait deux ou trois fois qu'ils nous disent qu'ils viendront peut-être et qu'ils ne viennent pas. Alors, nous allons insister plus fort. Est-ce que c'est votre souhait?
M. Yvon Godin: Oui, monsieur le président. Je pense qu'on ne peut pas continuer à accepter qu'ils ne viennent pas. Je crois qu'ils ont l'obligation de venir au comité.
Le président: On va leur dire que le comité s'attend à leur présence. Si leur président n'est pas là, qu'ils envoient quelqu'un d'autre, mais qu'ils viennent. C'est bien cela?
M. Yvon Godin: Oui, c'est bien cela.
Le président: Maintenant, on attend toujours la confirmation de la comparution du ministre de la Justice, également pour le 20 avril. Au moment où je vous parle, ce n'est pas encore confirmé.
Je vous demanderais donc qu'on prenne dix minutes pour faire ce qu'on doit faire avant de reprendre la séance avec le ministre Denis Coderre. L'assemblée sera donc levée pour à peu près sept ou huit minutes.
¿ (0948)
¿ (0959)
Le président: Nous allons reprendre les travaux du comité. Avant d'inviter le président du Conseil privé à prendre la parole, j'ai appris que vous aviez une motion pour nous, monsieur Godin.
À (1000)
M. Yvon Godin: Exactement, monsieur le président. J'aimerais proposer que l'Association canadienne de télévision par câble soit assignée à comparaître le mardi 20 avril, de 9 heures à 10 heures, sur la question de la télédiffusion de CPAC.
Le président: Je pense qu'il nous manque un député pour avoir le plein quorum. Nous attendrons un peu. Même s'il faut nous interrompre entre deux questions, nous adopterons formellement la motion plus tard, d'accord? Vous avez entendu le texte.
Ensuite, très rapidement, monsieur Simard, vous nous aviez demandé d'inviter l'Association des juristes d'expression française avant le ministre de la Justice, parce qu'apparemment, ils ont des choses à dire qui pourraient nous aider pour nos questions au ministre de la Justice.
M. Raymond Simard: Exactement.
Le président: Nous inviterons donc l'Association des juristes d'expression française et ensuite le ministre de la Justice. Ce sera peut-être la même journée, si nous pouvons le faire, mais nous entendrons l'association des juristes d'abord. Est-ce bien cela? Merci.
Alors, nous reviendrons à l'adoption formelle de la motion dans quelque temps, mais je voudrais absolument adopter cette motion ce matin pour que nous puissions informer ces gens-là dans les plus brefs délais, afin d'éviter qu'ils trouvent d'autres excuses pour ne pas venir.
Cela dit, conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous passons à l'étude sur le bilan des initiatives passées ou à venir de l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique en matière de langues officielles.
Monsieur le ministre, nous vous demanderions, compte tenu du peu de temps qui nous est accordé, de faire un exposé assez bref.
Monsieur le ministre, vous avez la parole.
L'hon. Denis Coderre (président du Conseil privé de la Reine pour le Canada, interlocuteur fédéral auprès des Métis et des Indiens non inscrits, ministre responsable de la Francophonie et ministre responsable du Bureau sur le règlement des questions des pensionnats autochtones): Merci, monsieur le président.
Dans un premier temps, je veux vous remercier pour cette chaleureuse invitation. Depuis mon passage en politique, c'est probablement un des comités les plus importants pour moi, parce qu'on y parle de culture, de bilinguisme, d'équité. Maintenant que je suis ministre responsable de l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, j'ai un défi supplémentaire. Je ne suis pas seulement chargé de l'application et de la modernisation de la fonction publique, mais je suis également à même d'établir un cadre politique intégré et cohérent qui comprendra les langues officielles.
Je veux donc vous assurer, dans un premier temps, de mon entière collaboration ainsi que de mon appui indéfectible envers la promotion des langues officielles. Je pense qu'à cet égard je n'ai pas à prouver quoi que ce soit. Je sais que tous ceux qui sont autour de cette table ont cette même passion. Alors, j'espère qu'on pourra travailler ensemble dans un objectif commun.
Je vais vous faire part des responsabilités de l'agence en matière de langues officielles. Je vais aussi vous entretenir de l'évaluation de la première année du plan d'action concernant une fonction publique exemplaire ainsi que de certaines initiatives prévues pour la seconde année. Enfin, je vais vous parler de notre nouveau modèle de monitoring. C'est beau de parler de bilinguisme, mais il faut aussi s'assurer qu'il y ait un suivi et qu'on ait les outils pour le faire.
L'agence a été créée pour améliorer la gestion des ressources humaines. Sa création a eu pour effet de transférer intégralement les responsabilités du Secrétariat du Conseil du Trésor et du président du Conseil du Trésor en matière de langues officielles à l'agence et au président du Conseil privé. L'agence devient donc responsable de l'élaboration et de la coordination générale des principes et programmes reliés aux parties IV, V et VI de la Loi sur les langues officielles.
L'agence est chargée de veiller à ce que les institutions fédérales offrent leurs services aux Canadiens et aux Canadiennes dans la langue officielle de leur choix, créent et maintiennent un milieu de travail propice à l'utilisation des deux langues dans les régions bilingues, et fournissent des possibilités d'emploi et de promotion équitables aux deux groupes linguistiques.
L'agence assure donc la continuité en matière de langues officielles. Dans ce contexte, je déposerai devant le Parlement, pour l'exercice 2003-2004, le rapport annuel sur les langues officielles.
En mars 2003, le gouvernement a annoncé le Plan d'action pour les langues officielles afin de revitaliser et d'appuyer la dualité linguistique au Canada, un des trois objectifs étant une fonction publique exemplaire. Qu'avons-nous fait à ce jour?
Dans un premier temps, en novembre 2003, des politiques et directives sur les langues officielles touchant la langue de travail et la gestion des ressources humaines ont été annoncées.
Deuxièmement, elles entreront en vigueur le 1er avril 2004. Nous avons souligné l'importance de la dotation impérative afin qu'un plus grand nombre de fonctionnaires soient bilingues au moment de leur nomination à des postes bilingues. Dorénavant, ce sera la norme. Ceci deviendra obligatoire pour les postes de cadres bilingues au niveau EX-03 en 2005, et au niveau EX-02 en 2007. Ceci inclut les postes en régions bilingues ainsi que ceux en régions unilingues lorsqu'il s'agit de superviser des employés dans une région bilingue.
Nous avons insisté sur la formation linguistique plus tôt dans la carrière des fonctionnaires. Nous mettons l'accent sur la formation proactive et le maintien de l'acquis intégrés au plan de perfectionnement. La nouvelle École de la fonction publique sera donc chargée d'assurer cette formation en langue seconde. Alors, quand on parle d'apprendre et de démontrer la capacité d'être bilingue à un poste, il ne s'agit pas seulement de démontrer la capacité, mais aussi de travailler dans un contexte de culture et de dire que la formation linguistique est tout aussi importante qu'une formation continue en gestion financière, par exemple. Donc, on aura également une stratégie de suivi à ce niveau-là.
Le nombre maximum d'heures a été majoré de 410 heures pour les niveaux B et C, pour aider ceux qui en éprouvent le besoin. Nous avons entamé un examen complet de la formation linguistique, ce qui nous permettra de repenser nos objectifs pour la fonction publique de demain et la manière que nous y arriverons. Nous avons également entrepris un examen des politiques concernant les services et les communications avec le public.
Le plan d'action a attribué 2 millions de dollars sur cinq ans en vue d'accroître le recrutement des candidats bilingues pour les postes bilingues. Un protocole d'entente a été signé avec la Commission de la fonction publique et le travail va bon train.
Le plan d'action a permis de renforcer nos fonctions de suivi des institutions afin de les aider à évaluer et à améliorer leur rendement en matière de langues officielles. Nous travaillons à des mesures de rendement quantifiables:
Sur le plan de la langue de travail, nous continuons notre suivi attentif de la situation des cadres qui ne satisfont pas aux exigences linguistiques de leur poste. Une vérification formelle est en cours.
À (1005)
En matière de services au public, nous avons mené, en mars 2003, une vérification de sept aéroports à demande importante. Une vérification des services téléphoniques a également été réalisée et les résultats seront communiqués au comité sous peu.
Parlons des outils d'évaluation. Un objectif clé en matière de reddition de comptes est d'aider les institutions à améliorer leur rendement. Dans cette perspective, nous élaborons des outils d'auto-évaluation. Par exemple, ces jours-ci, nous testons un outil automatisé qui permettra de déterminer, dans un contexte spécifique, le nombre d'employés requis afin de satisfaire aux obligations en matière de services au public et de langues officielles. Cet outil devrait être intégré au site web de l'agence d'ici l'été, et les institutions pourront en profiter.
Nous mettons au point un prototype de tableau de bord pour la gestion des langues officielles, afin de fournir un portrait clair de la situation au sein des institutions. Il fournira des données quantitatives et qualitatives, des résultats de vérifications, ainsi que les principaux enjeux découlant du monitoring que nous faisons et que font d'autres, comme le Commissariat aux langues officielles, avec lequel nous partageons chiffres et résultats.
Parmi les activités visant à promouvoir un changement de culture, l'agence assure la gestion d'un programme d'innovation, un programme quinquennal de 14 millions de dollars. Le programme appuie des projets innovateurs qui ont un effet d'entraînement. Ce programme a suscité énormément d'intérêt. Au cours de la première année, 2003-2004, 18 projets ont été approuvés, d'une valeur de 800 000 $. Une évaluation sera effectuée afin de tirer des leçons pour le bénéfice de tous. Pour la deuxième phase lancée en décembre, 47 propositions ont été reçues, et 1,8 millions de dollars seront distribués en 2004-2005.
Nous comptons beaucoup sur le réseau des champions ministériels pour contribuer au changement de culture. Eux aussi nous aident à accroître l'impact des efforts. Ces ambassadeurs permettent de mieux faire comprendre et respecter les langues officielles dans leurs milieux respectifs. Initié par une championne régionale, un projet de sensibilisation, le système de gestion de la qualité en langues officielles, a fait ses preuves en 2002-2003 et a été élargi l'automne dernier.
[Traduction]
Je soulignerais qu'il est vraiment important que nous puissions collaborer. Il ne s'agit pas uniquement de donner une orientation. Nous devons nous assurer que les intervenants de tous les niveaux feront le nécessaire pour garantir que nous respectons la dualité linguistique et que la mesure législative traduise nos intentions. Et puisqu'il s'agit d'une question de culture et de mentalité, et non pas uniquement une question de loi ou de règlement, tous devraient absolument être mis à contribution.
Essentiellement, nous préconisons de n'exclure personne du processus. Lorsque nous parlons de fournir des services, il est très important que nous tablions parallèlement sur ce qui a été accompli pour que les employés aient également... qu'ils aient le droit d'avoir un environnement qui leur convient aussi.
Si vous avez des questions, c'est avec plaisir que j'y répondrai et que je parlerai du dernier rapport de la commissaire aux langues officielles
À (1010)
[Français]
Revenons au projet. En collaboration avec l'Agence du revenu du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada, il vise à créer un milieu où règne un esprit de collaboration et de respect mutuel. Donc, ce projet qui a émergé, entre autres, de cette agence, a été extrêmement profitable. Je pense que ce projet pourrait aussi être mis en oeuvre dans l'ensemble des institutions. On doit aller plus loin et s'assurer que cela fonctionne ailleurs également. Des outils ont été développés ou identifiés.
Présentement, près de 3 300 employés de ces deux agences, oeuvrant dans les régions désignées bilingues, participent à ce projet sur la langue de travail. On doit parler aussi d'ateliers de formation, qui ont débuté et qui auront un effet multiplicateur. Citoyenneté et Immigration Canada, que je connais un peu, a mis sur pied un projet semblable, et plusieurs autres institutions ont démontré de l'intérêt pour cette approche basée sur la qualité et sur nos valeurs.
Parlons de notre nouveau système de monitoring. Notre agence se doit de suivre de près la situation d'ensemble et mieux mesurer le rendement linguistique des institutions. C'est pourquoi elle revoit son système de monitoring. Il n'est pas suffisant de s'assurer qu'on ait passé un test. Il faut aussi s'assurer qu'on ait des mesures d'évaluation sur le terrain au niveau de la qualité des services et du rendement dans les ministères et les institutions. Il faut s'assurer effectivement qu'on puisse quantifier et qualifier cela, et prendre des mesures préventives ou appropriées qui vont permettre d'atteindre nos objectifs.
Le cycle annuel a été comprimé et l'Agence procédera à des examens de rendement horizontaux qui touchent plusieurs institutions. Vous avez remarqué que je parle beaucoup, et pas uniquement sur le plan vertical, afin de m'assurer que, sur le terrain, on puisse également avoir une approche horizontale qui nous permet d'avoir un processus beaucoup plus efficace. Parallèlement, nous effectuerons des examens ponctuels dans certaines institutions.
Les bilans annuels seront davantage axés vers les résultats. Les analyses et les suivis seront plus serrés. Dorénavant, ils cibleront clairement les domaines où une amélioration est requise. L'agence développe un tableau de bord des institutions duquel se dégagera un portrait global du rendement linguistique. L'information sera mise à jour semestriellement et affichée sur notre site web afin d'accroître la transparence et partager les résultats avec nos partenaires. L'agence discutera de ce projet avec certaines institutions afin d'en définir le contenu exact.
En conclusion, il s'agit, somme toute, d'un bon départ. Je réitère mon soutien fort et enthousiaste. Avec l'appui des employés, nous bâtissons une nouvelle agence moderne et efficace, et nous nous assurons d'avoir un cadre de reddition de comptes clairement établi afin d'obtenir des résultats concrets et mesurables. Nous avons la ferme volonté d'intégrer les langues officielles à la culture de la fonction publique. Notre vision et notre orientation n'ont pas changé. Nous voulons être au premier plan des enjeux et des actions.
[Traduction]
D'après moi, il sera essentiel de préciser que, quelle que soit la région, nous devons collaborer lorsque nous pouvons favoriser l'unité et montrer que les langues officielles sont un atout à tous les niveaux et n'importe où. En respectant et en préconisant ce genre de culture, nous pourrons certes faire en sorte que cet atout s'intégrera à notre stratégie d'innovation visant à offrir une meilleure qualité de services tout en nous assurant que nos fonctionnaires sont heureux de leur environnement.
[Français]
Je vous remercie de votre attention et je suis disponible pour répondre à vos questions.
Le président: Merci beaucoup, monsieur le ministre. Avant de passer aux questions, pouvons-nous d'abord procéder à l'adoption de la motion de M. Godin? Cela ne prendra qu'une minute. On a le quorum maintenant, mais on ne sait jamais combien de temps cela va durer.
Monsieur Godin, vous avez la parole.
M. Yvon Godin: Monsieur le président, pour le bénéfice des membres du comité qui n'était pas présents, je vais la relire. Je propose que l'Association canadienne de télévision par câble soit assignée à comparaître le mardi 20 avril de 9 heures à 10 heures sur la question de la télédiffusion de CPAC.
(La motion est adoptée)
Le président: Si vous le voulez bien, limitons-nous à cinq minutes par intervention. J'aimerais qu'autant de députés que possible puissent intervenir avant la fin. Nous n'avons pas le choix, il faut quitter à 11 heures.
Monsieur Reid, vous avez la parole.
[Traduction]
M. Scott Reid (Lanark—Carleton, PCC): Monsieur le ministre, je suis heureux que vous comparaissiez devant le comité.
Vous nous invitez à exprimer nos commentaires sur le dernier rapport de la commissaire aux langues officielles, et je me demande si je peux vous poser une question à ce sujet.
Pour ceux qui nous regardent à la télévision, je préciserai que le rapport a été publié il y a quelques jours et porte sur la langue de travail dans la fonction publique fédérale.
Pendant longtemps, j'ai admiré le modèle proposé par la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, qui a été créée il y a 35 ans et qui proposait de créer des unités de travail francophones et anglophones, ce qui favoriserait un taux de participation équitable pour les deux groupes linguistiques de notre pays. Puisque la plupart des membres des unités de travail francophones seraient des francophones et que la plupart des membres des unités de travail anglophones seraient des anglophones, on pourrait croire qu'une telle situation permettrait également aux fonctionnaires de travailler dans la langue de leur choix, qui serait généralement leur langue maternelle.
Naturellement, nous avons adopté une solution différente, essayant de créer l'égalité au sein de la fonction publique grâce à la dotation bilingue impérative. Il me semble qu'il s'agisse là d'une contradiction très difficile à résoudre entre l'objectif visant à permettre aux fonctionnaires de travailler dans la langue de leur choix et l'objectif consistant à offrir l'occasion de participer à tous les Canadiens, y compris ceux qui sont unilingues, puisqu'ils constituent, après tout, la majorité dans les collectivités tant francophones qu'anglophones.
Il en découle notamment la conséquence—ce qui est abordé dans la section VII du rapport de la commissaire—qu'une proportion doit travailler partiellement dans la langue qui n'est pas celle de son choix. La commissaire précise ceci :
Près du quart des répondants francophones et environ 10 p. 100 des répondants anglophones déclarent que, dans leur unité de travail respective, la direction exige que les travaux soient effectués dans une langue officielle plutôt qu'une autre. |
Vous pouvez dire tout ce que vous voulez sur ce qui, d'après vous, constituerait la meilleure solution à ce problème, mais n'êtes-vous pas d'accord avec moi que, en fonction de l'expérience restreinte que nous avons acquise en ce qui concerne les unités de travail unilingues, il serait justifié que nous ayons notamment une frégate dont la langue de travail serait uniquement le français et que le Royal 22e Régiment, les Van Doos... Ne croyez-vous pas que ce serait en fin compte la façon la plus efficace de résoudre cette contradiction inhérente à la très grande partie des opérations de dotation au sein de la fonction publique?
À (1015)
L'hon. Denis Coderre: Je vous remercie de votre question. Naturellement, j'écoute les actualités, et j'ai eu droit à une séance d'information sur le rapport. Nous pourrons ultérieurement l'analyser plus exhaustivement.
Je vous dirais que, si vous êtes un médecin, vous devez acquérir la formation pertinente et les outils appropriés. Vous devez vous assurer de respecter ces critères. Si vous devez être bilingue, il y a sûrement une raison qui le justifie. Ce n'est pas par caprice. C'est parce que nous croyons que cette personne doit être bilingue pour bien accomplir son travail et servir la population. Pourquoi établissons-nous un poste bilingue si nous ne sommes pas en mesure de respecter cela? Je ne pense pas qu'il soit pertinent de modifier ces critères.
[Français]
Je pense que l'important est d'être respectueux. Quand on parle des langues officielles, il n'y a pas de citoyens de seconde classe. Que l'on soit francophone ou anglophone, si un poste a été désigné bilingue, je pense que le minimum de respect est de s'assurer que ce soit le cas. Ce n'est pas parce que nous sommes difficiles, c'est parce que nous voulons nous assurer que la personne en poste puisse bien remplir son mandat à plusieurs niveaux. La question impérative est que si on a des critères très précis pour combler ce poste, y compris la question des langues, on doit, dès le début, être respectueux de cela. Nous avions adopté des mesures de transition dans le passé, mais je pense que le mot «impératif» est aussi associé au mot «respect».
Je terminerai en disant que nous voulons être compétitifs, être efficaces et viser la qualité totale. De toute façon, plus de 62 p. 100 des postes sont unilingues. Que certains postes décisionnels requièrent un niveau de bilinguisme est, à mon avis, respectueux. C'est aussi une question importante, tant au niveau de la qualité des services rendus qu'au niveau des gens qui y travaillent.
Le président: Merci, monsieur le ministre.
Je demande aux députés et au ministre de poser des questions brèves et de donner des réponses brèves, pour que nous puissions respecter l'horaire.
Monsieur Simard, c'est à vous.
À (1020)
M. Raymond Simard: Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, madame Monnet et monsieur le ministre. J'aimerais vous poser une question. Je reviens à la charge puisque je l'ai déjà posée à la ministre du Patrimoine canadien. Elle porte sur les guichets uniques.
Nous avons chez nous, au Manitoba, un guichet unique que vous avez visité, monsieur Coderre,. Il s'agit d'un projet-pilote basé sur le rapport Chartier où l'on offre les services dans les deux langues officielles, mais la langue de travail dans les guichets uniques est le français. Par exemple, dans ma circonscription à Saint-Boniface, au Manitoba, on retrouve ce qui fut le premier centre de services bilingue, qui offre les services dans les deux langues pour les trois niveaux de gouvernement.
Un de nos défis est de convaincre les ministères d'embarquer dans ces projets-pilotes. Ils sont censés fournir des ressources aux guichets uniques. J'en parle non pas parce que cela se passe chez nous, mais parce que je pense que c'est un projet qui pourrait peut-être réussir partout au Canada.
Votre ministère a-t-il un rôle à jouer pour convaincre les autres ministères d'embarquer dans un tel projet?
L'hon. Denis Coderre: Il est sûr que nous avons un rôle à jouer. Le fait que je sois aussi responsable de l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada fait en sorte que nous travaillons en collaboration avec la ministre du Patrimoine canadien et avec d'autres ministères. Ayant moi-même visité ce centre, je pense qu'il s'agit d'une initiative extraordinaire.
Cela ne doit pas nécessairement être implanté partout ou être exigé partout. Or, dans la mesure où vous bénéficiez d'une extraordinaire collaboration des différents ordres de gouvernement qui ensemble ont décidé de participer à ce partenariat et d'offrir des services dans les deux langues officielles, je pense que c'est méritoire. Je pense que c'est une excellente initiative. Nous pouvons l'encourager, et je pense que vous pouvez compter sur l'entière collaboration du Conseil privé et sur la mienne pour faire ce genre de promotion.
L'important, au fond, est le fait que votre guichet unique est la consécration d'un partenariat au niveau horizontal. C'est la communauté qui s'est prise en main et qui a travaillé en collaboration. Il ne faut pas toujours que cela vienne d'Ottawa. Il ne faut pas toujours que ce soit le grand frère d'Ottawa qui vous dise quoi faire. Il s'agit d'une initiative manitobaine à laquelle l'ensemble des partenaires ont participé. Je pense que mon rôle est d'être un facilitateur et un trait d'union.
Je pense qu'il s'agit d'une initiative extraordinaire qui pourrait nous permettre d'aller plus loin. Toutefois, nous n'imposerons rien. Il faut vérifier, auprès des autres régions, si des gens sont intéressés par cela. Je pense que le jeu en vaut la chandelle.
M. Raymond Simard: Merci, monsieur le président.
Le président: Vous pouvez poser la prochaine question, monsieur Sauvageau.
M. Benoît Sauvageau: Cela fait drôle de vous entendre dire qu'on n'imposera rien.
L'hon. Denis Coderre: Sauf ce soir, sauf au Bloc!
M. Benoît Sauvageau: Monsieur le ministre, je voudrais parler de la question de la dotation impérative. Je saisis la balle au bond, suite à votre réponse à Scott Reid.
Vous semblez très rigoureux et conscient de l'importance de la dotation impérative. Cependant, vous avez dit lors de votre présentation que cette dotation devient la norme pour tous les postes bilingues, et obligatoire pour tous les postes indispensables de la fonction publique.
J'aimerais poser plusieurs questions. Premièrement, pourquoi cela ne devient-il pas obligatoire pour tous les postes bilingues? Pourquoi est-ce seulement la norme? Deuxièmement, que ce soit obligatoire pour tous les postes et fonctions indispensables, c'est une chose. Troisièmement, cela deviendra obligatoire pour la dotation des postes bilingues des niveaux EX-3 en 2005, EX-2 en 2007 et EX-1 éventuellement. Les EX-1 représentent 50 p. 100 des niveaux EX, et cela deviendra obligatoire «éventuellement».
Je tiens à vous rappeler que j'ai déposé une plainte au Bureau de la Commissaire aux langues officielles parce que, selon moi, attendre en 2005 et en 2007 pour respecter la loi contrevient à la Loi sur les langues officielles. J'aimerais entendre votre opinion à ce sujet.
La dotation non impérative, à l'heure actuelle, peut être utilisée exceptionnellement. Reconnaissez-vous que l'exception est assez répandue dans l'armée canadienne, alors que 60 p. 100 des postes désignés bilingues sont occupés par des gens unilingues anglophones? Je pense qu'on pourrait redéfinir ce qui constitue une exception dans le gouvernement fédéral. Pour les postes de niveau EX-1, ici on a recours à la dotation non impérative.
En terminant, j'aimerais entendre votre opinion sur le sujet suivant. Je pense que la dotation non impérative devrait être soit éliminée, soit élargie à l'ensemble de la fonction publique. Cela veut dire qu'on pourrait embaucher des comptables qui ne sont pas comptables, des avocats qui ne sont pas avocats, des juges qui ne sont pas juges, si l'on peut employer des personnes bilingues qui ne sont pas bilingues ou faire occuper un poste désigné bilingue par une personne qui n'est pas bilingue.
Je trouve qu'il est aussi ridicule de ne pas respecter la dotation impérative pour un poste désigné bilingue que de ne pas le faire pour l'ensemble des autres postes de la fonction publique.
Le président: Monsieur le ministre, c'est à vous.
L'hon. Denis Coderre: Lorsque je suis devenu député, le premier comité dont j'ai fait partie a été le Comité permanent des langues officielles. Suite à cette expérience, que ce soit comme secrétaire d'État aux Sports amateurs, que ce soit comme ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration ou maintenant, comme, notamment, président du Conseil privé, je vous dirais ceci. Je pense qu'on a démontré non seulement une volonté politique, mais qu'on a mis sur pied un outil pragmatique qui va nous permettre, tout en étant respectueux, d'assumer et d'implanter ces changements.
Ce n'est pas seulement une question de dotation impérative ou non impérative étalée sur un certain nombre d'années. Il y a aussi, dans ce contexte, l'implantation de la nouvelle loi de la fonction publique. Nous en sommes à une phase de transition. Nous sommes allés assez loin, et je pense qu'il faut aussi nous assurer que nous puissions avoir un plan qui fonctionne. Je pense que je n'ai pas de preuve à donner de ma volonté d'être extrêmement respectueux de la Loi sur les langues officielles. Selon moi, nous devons nous assurer d'avoir des outils inclusifs qui vont nous permettre de respecter ces plans.
La question de la dotation impérative me satisfait. Contrairement à vous, je pense que cela va fonctionner. On verra ce que la commissaire dira de votre plainte.
À (1025)
M. Benoît Sauvageau: Cela va fonctionner dans cinq ans.
L'hon. Denis Coderre: On verra, mais nous n'attendrons pas pendant cinq ans que les choses se passent. D'autre part, on ne tire pas sur une fleur pour la faire pousser plus vite. On a décidé de l'arroser et de travailler. Entre-temps, on a établi un plan de monitoring et on s'est assuré d'avoir un rapport inclusif de façon horizontale pour nous assurer que quand on parle de culture et de respect, les gens comprennent que la formation linguistique est tout aussi importante que la formation en gestion financière, par exemple. C'est donc une question de formation continue.
J'ai aussi transmis le message que passer un test n'est plus suffisant. Il va falloir s'assurer, en bout de ligne, qu'il y ait également une stratégie de suivi pour s'assurer que ce respect puisse continuer. Tout cela doit se faire dans un contexte inclusif, respectueux, où tous les partenaires ont un rôle à jouer. Une volonté politique, une volonté d'agir ne doit pas nécessairement continuellement se concrétiser à la force des bras, on peut se faire respecter quand même.
On me dit qu'il existe un plan de trois ans pour améliorer la situation au ministère de la Défense nationale. Je peux vous promettre, en tout cas, que je vais être présent et que je vais suivre la situation de très près. À chaque fois qu'il faudra poser un geste ponctuel, je vais le faire.
Le président: Merci, monsieur le ministre.
Monsieur Jobin, vous avez la parole.
M. Christian Jobin: Monsieur le ministre, le 12 décembre dernier, le premier ministre a créé l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada. Selon la Loi sur les langues officielles, le Conseil du Trésor est responsable de certaines applications de la loi.
Croyez-vous qu'il y aurait lieu de modifier celle-ci pour retirer ces responsabilités au Conseil du Trésor?
L'hon. Denis Coderre: On me dit que cela a été transféré par décret du président du Conseil du Trésor au président du Conseil privé, pour la création de l'Agence.
M. Christian Jobin: D'accord. Le plan Dion prévoit que 64,6 millions de dollars seront utilisés pour rendre la fonction publique fédérale exemplaire en matière de bilinguisme. La première année de l'application de ce plan vient de se terminer, je crois. A-t-on les résultats de l'année qui vient de se terminer? Quelle partie des 64,6 millions de dollars a été utilisée?
Mme Diana Monnet (vice-présidente, Langues officielles, Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada):
On avait prévu, pour la formation linguistique, un montant de 36,1 millions de dollars pour trois ans, c'est-à-dire à peu près 12 millions de dollars par année, pour répondre aux besoins qui devenaient de plus en plus importants. Donc, cet argent utilisé par la Commission de la fonction publique deviendra l'école.
On a demandé un rapport, mais on sait qu'ils ont déjà réduit de façon importante les listes d'attente. Un demi-million de dollars avaient été mis de côté pour l'étude de la formation linguistique afin de rendre celle-ci plus moderne. Il existait un plan d'innovation pour encourager des projets-pilotes dans les ministères par le réseau des champions, ce qui constituait l'effet multiplicateur dont le ministre a parlé. Cet argent a été dépensé et nous attendons l'évaluation, au mois d'avril, des différents projets pour savoir ce qui a marché, ce qui a créé des difficultés et pour que tout le monde puisse profiter de l'expérience des ministères responsables.
De l'argent a aussi été donné à la Direction des langues officielles pour, beaucoup plus que par le passé, devenir un centre d'excellence. Cet argent a été utilisé pour nous aider à moderniser les politiques en matière de langues officielles au chapitre des ressources humaines et également pour renforcer, comme le ministre l'a expliqué, notre fonction de monitoring.
À (1030)
Le président: C'est à vous.
M. Christian Jobin: Le 1er avril, l'École de la fonction publique du Canada va prendre lieu et place du Centre canadien de gestion, dans le domaine de la formation et du perfectionnement.
Quel sera le rôle de cette école?
L'hon. Denis Coderre: À mon avis, si on veut avoir une fonction publique moderne, on doit faire deux choses.
D'abord, il faut savoir se renouveler en mettant en place des gens qui vont jouer un rôle clé. Il faut aussi envoyer un message à l'effet qu'il est possible de faire une carrière extraordinaire dans la fonction publique et que celle-ci est un véhicule de changement qui va nous permettre de bien nous adapter aux nouvelles réalités du siècle.
Ensuite, il s'agit de définir un objectif de formation continue. Comme je le dis depuis le début, la formation linguistique est un atout et un attrait qui, dans le cadre de la formation continue, est tout aussi important à acquérir que les meilleures techniques de gestion financière, par exemple.
Il faudra non seulement aider les gens qui doivent remplir des mandats à parfaire leur formation linguistique, mais également préparer ceux qui sont à d'autres niveaux. Ainsi, dans la fonction publique, on devra aider nos leaders de demain à bien assumer cela.
Or, l'École de la fonction publique du Canada sera une institution dont le rôle sera d'une grande importance. Dans le contexte du plan de modernisation et de la mise en fonction de la nouvelle Agence de gestion des ressources humaines, qui dit ressources humaines dit aussi continuité, approfondissement et renouvellement. En ce sens, le rôle de cette institution sera crucial, du fait qu'il nous permettra non seulement d'évaluer nos propres besoins, mais aussi de parfaire les compétences des professionnels et des personnes qui ont des responsabilités à caractère décisionnel à assumer, tout en permettant à ces dernières d'assumer pleinement ce rôle.
À mon avis, la future École de la fonction publique et l'Agence de gestion des ressources humaines sont vraiment interreliées. Elles ont chacune un rôle important qui se complète mutuellement. Je compte énormément sur ces qualités pour voir à ce que la modernisation de la fonction publique ne se fasse pas uniquement par le biais de l'application d'une loi. On aura donc aussi à notre disposition des outils d'évaluation quantitative et qualitative qui feront en sorte que notre fonction publique continue à être ce qu'elle est présentement, c'est-à-dire la meilleure au monde.
Le président: Merci.
Monsieur Godin.
M. Yvon Godin: Monsieur le président, j'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre à notre Comité permanent des langues officielles.
Comme on le sait, le ministre a déjà été président de ce comité. Je me rappelle qu'à l'époque, il appuyait certaines de nos idées. Or, on verra si les choses ont changé depuis qu'il est ministre.
J'aimerais surtout savoir quelle est sa position à l'égard de l'article 41 et du projet de loi du sénateur Gauthier.
L'hon. Denis Coderre: D'accord.
M. Yvon Godin: Ce matin, la ministre du Patrimoine canadien a dit qu'elle était sympathique à ce projet de loi. J'aimerais maintenant savoir s'il en va de même pour le ministre et s'il irait même jusqu'à l'appuyer.
À (1035)
L'hon. Denis Coderre: J'y suis extrêmement sympathique. Il y a bien sûr un travail d'analyse à faire à l'échelle ministérielle, et cela relève de ma collègue. J'ai néanmoins l'intention de tenir des discussions très précises à ce sujet avec mes collègues du Cabinet.
Je dois vous avouer que je suis extrêmement sympathique à ce projet de loi.
M. Yvon Godin: Eh bien! deux ministres ont exprimé leur sympathie. Si on pouvait maintenant rallier tous les ministres qui ont de la sympathie à l'égard de ce projet de loi, cela devrait en faire un projet de loi acceptable pour le Parlement.
L'autre question, c'est...
L'hon. Denis Coderre: Mes sympathies.
M. Yvon Godin: Merci, monsieur Coderre, mais vous prenez de mon temps.
Même si vous risquez de dire que ce n'est pas de votre ressort, je voudrais vous parler de la position du gouvernement face aux ministres dont les sous-ministres ne parlent pas le français.
Je ne sais pas si vous connaissez la réponse, mais le cas échéant, j'aimerais aussi que vous me disiez combien de ministres ont des sous-ministres qui ne parlent pas l'anglais.
L'hon. Denis Coderre: Qui ne parlent pas l'anglais?
M. Yvon Godin: Oui.
L'hon. Denis Coderre: Combien de sous-ministres ne parlent pas l'anglais?
M. Yvon Godin: Oui.
L'hon. Denis Coderre: Je pense qu'ils parlent tous l'anglais.
M. Yvon Godin: Ne pensez-vous pas, par conséquent, que...
L'hon. Denis Coderre: Je n'ai pas dit qu'ils étaient unilingues anglais, mais qu'ils parlaient l'anglais.
M. Yvon Godin: C'est ce que j'avais compris.
L'hon. Denis Coderre: D'accord, on se comprend.
M. Yvon Godin: Ne trouvez-vous pas, monsieur, que d'office, cela dénote de sérieuses lacunes pour ce qui est du leadership du gouvernement. D'ailleurs, dans son rapport, la commissaire aux langues officielles disait ce qui suit:
Pour les employés fédéraux anglophones et francophones qui ont le droit de travailler dans leur langue, l'environnement de travail actuel ne leur offre pas de chances égales de s'exprimer dans la langue de leur choix. |
Il y a donc une communauté linguistique qui ne peut pas s'exprimer dans la langue de son choix lorsqu'elle a affaire à un sous-ministre qui ne parle pas sa langue. Il en va ainsi dans tous les services et dans tout l'appareil gouvernemental.
L'hon. Denis Coderre: Il y a deux choses. Premièrement, il y a une différence entre demander si ce sont des unilingues anglophones ou s'ils parlent aussi l'anglais, et demandé s'il y en a qui parlent français. Je vais vous dire deux choses. La première, pour tout ce qui à trait à l'environnement—et je vous dis cela à chaud, comme cela—, ce n'est pas juste une question, de la part d'un gouvernement, d'offrir un milieu de travail dans la langue de son choix. À mon avis, il y a aussi un travail personnel à faire à ce niveau-là. Il arrive que dans une salle, il y ait une personne unilingue anglophone et quatre personnes bilingues qui, par gentillesse, vont parler en anglais. On a vu cela souvent.
Je pense qu'il faut envoyer comme message qu'on est non seulement sensible, mais qu'il y a une volonté ferme de notre gouvernement, et de votre humble serviteur, de s'assurer que lorsqu'on parle de services en anglais et en français, on doit aussi miser sur la question de l'environnement de travail, pour les services bilingues. Chacun d'entre nous, tant les décideurs que ceux qui participent au processus ou à l'effort, a un rôle à jouer.
Si on voit qu'il y a des carences, mon rôle, ma responsabilité c'est de m'assurer, effectivement, que de façon ponctuelle, dans la mesure du possible, on puisse répondre à certains problèmes précis. Comme président du Conseil privé, comme responsable de l'agence, je suis très sensible—et j'utilise le «je»—à cette question, et cela fait partie d'une de mes priorités que de miser aussi sur l'environnement de travail.
Le président: Merci beaucoup, monsieur le ministre, et merci pour votre appui au projet de loi que je parraine.
L'hon. Denis Coderre: Ma sympathie, monsieur le président.
Le président: Merci pour votre oui sympathique.
Monsieur Proulx.
M. Marcel Proulx: Merci, monsieur le président. Je me sens rassuré d'être dans un groupe de sympathisants.
Monsieur le ministre, bonjour et bienvenue au comité.
Madame Monnet, bonjour.
On va continuer dans la même veine que mon collègue M. Godin et on va se parler de l'environnement. Vous savez très bien, monsieur le ministre, qu'actuellement dans de multiples ministères, pour ce qui est des employés de niveau intermédiaire ou de la base, les gens sont bilingues, sauf qu'il est souvent, pour ne pas dire toujours, impossible de travailler en français parce que les têtes dirigeantes des ministères ne sont pas bilingues.
J'ai deux questions. Premièrement, en ce qui concerne le monitoring, dont vous nous avez parlé tout à l'heure, j'aimerais savoir quelles seront les procédures ou quelle sera la marche à suivre de votre monitoring?
Deuxièmement, dans son rapport annuel 2002-2003, comme le disait M. Godin, la commissaire aux langues officielles a fait deux recommandations à la présidente du Conseil du Trésor qui, à l'époque, avait la charge du bilinguisme. Premièrement, elle recommandait d'exiger des sous-ministres et des sous-ministres délégués le même niveau de bilinguisme que celui exigé de la part des autres cadres de la fonction publique. Deuxièmement, elle recommandait de s'assurer que la dotation impérative soit normalement exigée pour les postes de sous-ministres adjoints ouverts à l'extérieur de la fonction publique.
Quelles sont vos intentions au sujet de ces deux points-là? Premièrement, le monitoring, et deuxièmement, l'embauche des sous-ministres, sous-ministres délégués et sous-ministres adjoints.
À (1040)
Le président: Monsieur le ministre.
L'hon. Denis Coderre: En ce qui concerne les sous-ministres, vous savez que c'est la responsabilité du greffier. Cependant, lorsqu'on parle de changement de culture, de l'importance de la formation linguistique dans les postes de cadres supérieurs ou dans ceux qui exigent un certain niveau de bilinguisme, je pense que tous et toutes doivent mettre l'épaule à la roue pour s'assurer que l'on puisse être respectueux.
Je veux rendre hommage à ma prédécesseure, Lucienne Robillard, qui, à titre de présidente du Conseil du Trésor, a mis de l'avant ces dotations impératives. On envoie effectivement un message qu'il y a vraiment une évolution dans le dossier, pour nous assurer qu'on puisse mettre en application notre vision.
À mon avis, le monitoring est intimement lié à cette question d'environnement de travail. C'est pour cette raison qu'on avait besoin de mesures d'évaluation qui nous permettent de mettre en place ce nouveau modèle appliqué. Pour donner une vision de la chose, on va faire parvenir à l'ensemble des membres du comité, si vous voulez bien, ce concept-là. Le monitoring, c'est un peu un concept de management sur le plan linguistique qui va nous permettre, premièrement, d'identifier...
On ne dit pas que tout sera parfait. On dit qu'on a besoin de mettre en place des outils qui vont nous permettre de qualifier, de quantifier et, par la suite, de nous positionner et de s'assurer qu'on puisse régler la situation. C'est pour cette raison que je parlais de formation continue, un peu plus tôt, et que je disais que non seulement on devait s'assurer que l'environnement de travail puisse être adéquat, mais que s'il y avait des carences, il fallait qu'on soit en mesure d'y répondre de façon ponctuelle. Ce qui ne veut pas dire que demain matin tout sera bilingue partout. Cela veut dire que demain matin on sera en mesure d'être respectueux non seulement de la qualité des services qu'on veut offrir, mais aussi, comme vous l'avez dit si bien, que ces personnes-là puissent travailler également dans leur langue à l'intérieur même de l'appareil.
Je comprends, et on ne se mettra pas la tête dans le sable. Il y a un rapport de la commissaire aux langues officielles, il y a une situation qui existe, une réalité à laquelle on doit faire face. Notre rôle est de s'assurer qu'on puisse prendre des mesures et travailler aussi en fonction de la culture et de la mentalité, afin de s'assurer qu'on puisse tous et toutes contribuer à cet effort commun. Cela veut dire que par ce monitoring, on va, à tous les niveaux des ministères et des institutions, faire aussi des études comparatives et évolutives démontrant, à tous les six mois, où on en est rendu. Notre rôle est de pointer du doigt certaines situations, et par l'entremise de ce comité-ci, justement, nous serons en mesure de poser des gestes précis qui vont permettre de mettre en lumière une certaine situation.
En terminant, si on utilise nos outils, par exemple de dotation impérative, notre programme de suivi et de formation, à mon avis, cela va nous permettre concrètement d'arriver à nos fins pour qu'on puisse avoir un environnement...
Le président: Merci.
Monsieur Reid, pour deuxième tour de table.
[Traduction]
M. Scott Reid: Merci, monsieur le président.
Lorsque nous parlons de langue de travail et de langue de choix, je pense que nous conviendrions tous que les personnes unilingues travaillent dans la langue de leur choix, sinon elles ne travailleraient pas du tout, n'étant pas en mesure de s'exprimer dans l'autre langue officielle.
Dans une situation comme celle soulignée par la commissaire aux langues officielles dans son enquête effectuée auprès de personnes sélectionnées au hasard, 98 p. 100 des employés pouvaient communiquer en anglais—seulement 2 p. 100 étaient des francophones unilingues—, mais 28 p. 100 des anglophones étaient unilingues et donc incapables de parler français. Il découle d'un tel environnement que les personnes unilingues et les francophones ne se parleront pas ou le feront en anglais. C'est inéluctable.
Il me semble donc que, si nous avons deux objectifs—premièrement, essayer d'offrir un nombre égal de postes aux francophones et aux anglophones, et ce à tous les niveaux, puis essayer de permettre aux fonctionnaires de travailler dans la langue de leur choix—, deux solutions s'offrent donc à nous. La première est celle proposée par la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme il y a 35 ans, c'est-à-dire créer des unités de travail anglophones ou francophones, mais pas dans les domaines où la traduction est nécessaire et où les services doivent être fournis dans les deux langues officielles au public. C'est une solution de rechange. Par contre, vous pouvez décider de commencer essentiellement à éliminer de la fonction publique les postes unilingues, ce que subissent déjà les francophones en définitive, si l'on se fie aux propos de la commissaire.
J'ai abordé cette question dans le livre que j'ai rédigé sur le bilinguisme il y a dix ans. Je disais que le nombre de francophones unilingues est en chute libre depuis 20 ans, tendance qui se poursuit, selon les témoignages que nous avons entendus lors des séances précédentes du comité. La même situation commence à se dessiner pour les anglophones unilingues.
Il me semble que, parmi les solutions qui s'offrent à nous... L'autre solution consisterait à dire que nous autoriserons les fonctionnaires à utiliser la langue de leur choix sans jamais le leur permettre dans les faits, ce qui est la situation qui règne actuellement dans une grande mesure, selon la commissaire.
C'est pourquoi je me demande si l'idée d'adopter ce qu'a recommandé la Commission B et B il y a 35 ans n'est pas fort valable, c'est-à-dire essayer de créer des unités de travail francophones et anglophones afin que les gens puissent utiliser la langue de leur choix. Naturellement, cela voudrait dire non seulement des employés bilingues, pour lesquels un tel choix ne pose aucun problème, mais également des fonctionnaires unilingues qui sont de plus en plus exclus de la fonction publique.
À (1045)
Le président: Monsieur Reid, nous voulons donner au ministre la possibilité de répondre.
[Français]
L'hon. Denis Coderre: Je trouve que cette conception du Canada est assez insultante. Faudrait-il confiner les francophones à un ghetto, les mettre dans un coin, les laisser parler en français entre eux? Ils seront sûrement très bien dans leur petit coin!
Mon Canada comprend deux langues officielles. Mon Canada est formé de deux nations, une anglophone et une francophone, qui doivent être mises sur le même pied. Par pur respect pour ces gens, je ne pense pas qu'on doit considérer qui que ce soit comme un citoyen de seconde classe.
Le gouvernement libéral de M. Martin, dont je fais partie, croit au bilinguisme et veut adopter des mesures qui célébreront, justement, ce bilinguisme. Dans notre cas, nous travaillons à ce qui nous unit et non pas à ce qui nous divise.
Penser de cette façon signifie rejeter du revers de la main tout ce qui se passe dans les provinces où un travail extraordinaire se fait, comme au Manitoba et au Nouveau-Brunswick. Je pense qu'il est un peu tendancieux et peut-être dangereux de commencer à faire une distinction entre les gens comme vous le faites. Cependant, je sais que vous êtes de bonne foi, monsieur Reid. Je ne vous prête pas de mauvaises intentions.
Le président: Monsieur Drouin, c'est à vous.
L'hon. Claude Drouin: Merci, monsieur le président. Monsieur le ministre, madame Monnet, je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent des langues officielles.
J'aimerais, rapidement, bien comprendre deux points. Je veux d'abord vous féliciter pour l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada. Je pense qu'il s'agit d'un outil adéquat pour faire le suivi dans la fonction publique. Nous avons la possibilité de démontrer la richesse que représentent nos deux langues officielles. Cela permet aussi à notre fonction publique d'être en mesure de les utiliser pour répondre à la population. Je pense que c'est un atout. L'ancienne présidente du Conseil du Trésor avait lancé une campagne nationale de sensibilisation auprès de la fonction publique.
Cela tient-il toujours? Est-on capable de démontrer aux gens à travers le pays la pertinence et l'importance des deux langues officielles et combien cela représente une richesse, une plus-value pour ces personnes? Est-on capable de les aider à accéder à des postes de niveau supérieur? D'une part, je voudrais savoir si cette campagne se poursuit.
D'autre part, il y a une nouvelle École de la fonction publique. Mme Monnet nous mentionnait qu'elle disposait de 12 millions de dollars par année au cours des trois prochaines années, si ma mémoire est bonne.
Mme Diana Monnet: Cette somme est ajoutée au budget pour la formation linguistique.
L'hon. Claude Drouin: Existe-t-il une évaluation ou des indicateurs qui permettent de mesurer le travail accompli de même que l'atteinte des objectifs? Est-ce que ces initiatives correspondent aux besoins de notre fonction publique? Est-ce qu'elles sont adaptées? Voilà les questions que je me pose, dans le but de déterminer si les fonds sont bien utilisés et si le rendement est tel qu'on le souhaiterait.
Merci, monsieur le président.
Le président: Monsieur le ministre.
L'hon. Denis Coderre: Je vous rappellerai d'abord que l'École de la fonction publique va entrer en fonction jeudi. Ensuite, je crois en effet que cette campagne de sensibilisation a cours et qu'en plus, elle a lieu un peu partout.
Je parlais plus tôt de projets-pilotes et de champions, notamment en ce qui concerne l'Agence du revenu du Canada. À mon avis, on doit de toute évidence encourager ce genre de choses. En outre, cela démontre que les langues officielles sont un phénomène qui doit s'appliquer de façon horizontale. La fonction publique est présente partout au pays et il serait important que l'on profite de cet avantage pour mettre de l'avant ce genre de projet-pilote. Pendant ce temps, tout ce dont je vous ai parlé plus tôt, y compris le monitoring, sera en application. Certaines politiques, qui auront été simplifiées, et qui seront par conséquent plus claires, vont nous permettre, avec les outils que nous avons, de mettre de l'avant de façon concrète et pragmatique une politique à la fois adaptée à la réalité et proactive.
Le guichet unique, dont nous parlait notre ami Simard, est un bon exemple. En fin de compte, il s'agit d'inclure et d'atteindre les gens. Il faut que nous fassions de l'éducation populaire, mais que nous maintenions le renouvellement et la formation continue à l'intérieur même de notre appareil. Voilà la raison pour laquelle il y a, à mon avis, un lien tout à fait direct et une complémentarité entre l'École de la fonction publique du Canada et la nouvelle agence.
À (1050)
Le président: Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Monsieur Sauvageau, vous aviez une dernière question. Il y aura ensuite une dernière question de M. Jobin, puis nous devrons terminer la séance: quelqu'un d'autre a besoin de la salle.
M. Benoît Sauvageau: Monsieur Coderre, je voulais vous informer que le plan d'action concernant l'armée canadienne auquel Mme Monnet faisait référence est celui-là même qui fait l'objet d'une enquête de la commissaire aux langues officielles. On nous dit que leur objectif sur trois ans est encore de ne pas respecter la Loi sur les langues officielles. On ne peut donc pas se réjouir du plan d'action qui existe, étant donné que d'après ce dernier, il ne s'agit que de réduire à 50 p. 100, d'ici trois ans, le non-respect de la Loi sur les langues officielles, qui se chiffre présentement à 60 p. 100.
Ma question est la suivante. Pourquoi n'embauche-t-on pas immédiatement des personnes bilingues pour occuper des postes bilingues?
L'hon. Denis Coderre: On met de l'avant une politique, des instances et des institutions qui vont nous permettre de moderniser la Loi sur la fonction publique. Or, d'après ce que je comprends, on travaille déjà à mettre en application ce genre de réponse ponctuelle.
M. Benoît Sauvageau: Ma question est simple.
Le président: Non, il ne reste pas cinq minutes, ne vous inquiétez-vous pas.
M. Benoît Sauvageau: Pourquoi n'embauche-t-on pas une personne bilingue pour occuper un poste bilingue, à partir du 1eravril 2004?
Le président: La parole est au ministre.
M. Benoît Sauvageau: Prenons l'exemple des interprètes. Je suppose qu'on embauche des gens bilingues pour occuper ce genre de fonction bilingue. Or, pourquoi n'embauche-t-on pas des gens bilingues pour occuper des fonctions bilingues?
Le président: Monsieur Sauvageau, la parole est au ministre.
L'hon. Denis Coderre: Depuis le début, je dis que c'est notre intention. Pour cette raison, on se penche sur la question de la dotation impérative. Or, on doit faire la distinction entre les fonctions qui sont unilingues et celles qui ne le sont pas. En outre, faut-il prendre en considération les personnes qui sont présentement en formation? Vous savez qu'il y a des gens de niveau EX qui sont en formation.
Je vois que vous me faites un signe. Je sais que ma réponse ne vous fait pas plaisir, mais il reste que c'est une réalité et que cela nous permet de démontrer que nous prenons des mesures pour faire avancer les choses. En voulant donner l'impression du contraire, vous prouvez, encore une fois, que la réponse ne vous intéresse pas: tout ce que vous voulez, c'est poser vos questions.
Le président: Une dernière question, maintenant.
La parole est à vous, monsieur Jobin.
M. Christian Jobin: Monsieur le ministre, je fais appel à votre vaste expérience en tant que député et en tant que ministre; vous faites partie de la machine depuis longtemps.
Nous savons que la dualité linguistique est une richesse pour le Canada et qu'elle est partie intégrante de notre identité. On a reçu la commissaire aux langues officielles, le ministre Pettigrew, qui est responsable de l'application de la loi, et Mme Scherrer, qui en est également responsable, mais pour ce qui touche l'extérieur du gouvernement.
Pour votre part, vous avez cette responsabilité à l'égard de l'agence. Croyez-vous que la dispersion des responsabilités entre plusieurs ministres soit la bonne façon d'appliquer la Loi sur les langues officielles? Est-ce que vous avez pu vous réunir régulièrement? Est-ce que cette façon de fonctionner a fait en sorte que tout le monde travaille dans le même sens, pour ce qui est du plan d'action qui a été déposé, en l'occurrence le plan Dion?
L'hon. Denis Coderre: Pour ma part, je dirais que c'est l'affaire de tous. Nous sommes membres d'un comité du Cabinet qui se réunit et se consacre à la question des langues officielles. Pierre Pettigrew, sur le plan des finances, a livré la marchandise en annonçant un fonds de 751 millions de dollars. Vous avez aussi été à même de constater le travail de notre ministre du Patrimoine. Nous travaillons de façon complémentaire et nous avons tous un rôle à jouer. Ce n'est pas l'affaire d'un seul ministre ou ministère, c'est l'affaire de tous.
Le fait que notre gouvernement--plutôt qu'un seul ministre--ait démontré sa volonté d'agir en mettant de l'avant, dans le cadre de cette belle continuité, des outils permettant non seulement d'évaluer et de quantifier mais aussi de répondre, de façon ponctuelle de même qu'à moyen et à long terme, à des situations indique à quel point cela a été une bonne décision. À mon avis, plus il y aura de gens pour y croire, plus nous serons nombreux à jouer un rôle à cet égard, et plus ce sera un gage de succès.
M. Christian Jobin: Merci.
Le président: Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Là-dessus, j'émets le souhait que vos efforts en vue de faire respecter la Loi sur les langues officielles à l'intérieur de la fonction publique soient couronnés de succès. Vous nous avez prouvé votre intérêt par votre présentation et vos réponses ce matin et, bien sûr, par votre présence devant ce comité parlementaire.
En terminant, je rappelle à tous mes collègues qu'il y a aura une séance du comité demain après-midi à 16 h 30. Nous recevrons alors la Commission nationale des parents francophones, et la réunion sera présidée par votre excellent vice-président, M. Simard.
La séance est levée.