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Merci beaucoup. C'est toujours agréable de passer en premier, mais on s'inquiète toujours de ce que pourront dire les personnes suivantes. Bonjour.
Je vous remercie au nom de l'Alliance agricole du Nouveau-Brunswick d'avoir pris le temps de venir dans notre magnifique province et de vous rendre dans toutes les provinces du pays pour entendre les préoccupations existant au sein de notre industrie. Je voudrais également vous remercier d'avoir invité notre association à participer aux audiences aujourd'hui.
Pour commencer, je voudrais vous dire que l'Alliance agricole du Nouveau-Brunswick est une nouvelle venue dans l'industrie. Elle a été créée il y a moins d'un an. Cependant, nous sommes le résultat de la fusion de deux anciennes fédérations agricoles, chacune d'entre elles représentant l'une des deux langues officielles du Nouveau-Brunswick, le français et l'anglais. Nous partageons désormais les connaissances, l'histoire, les ressources et les qualités en matière de leadership de deux organismes bien établis composés de membres dévoués. Mais nous nous exprimons désormais d'une seule voix et notre objectif commun est d'offrir aux producteurs néo-brunswickois une représentation appropriée.
Je suis propriétaire et exploitant de Erin View Farms Ltd. Je suis principalement un producteur de pommes de terre de Johnville, Nouveau-Brunswick, dans la vallée du Haut-Saint-Jean. J'étais le président de l'Association des producteurs agricoles du Nouveau-Brunswick jusqu'à la fusion des deux associations en juillet dernier. J'y ai présidé le comité de coordination qui a permis aux deux fédérations de se regrouper. Néanmoins, même si je connais bien les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de la province, je ne pense pas être un spécialiste pour ce qui est des solutions qui permettraient à l'agriculture canadienne de sortir de la crise actuelle.
Bien entendu, les producteurs et l'association qui les représente rêvent de faire partie d'une industrie florissante, dynamique et énergique, au sein de laquelle tous les intervenants, et particulièrement les producteurs, auraient l'occasion de prospérer, d'être rentables, de rester des chefs de file mondiaux lorsqu'il s'agit d'offrir aux Canadiens et au monde des aliments salubres et respectueux de l'environnement. En même temps, nous voulons continuer à contribuer de façon importante à l'économie canadienne et aux collectivités rurales où nous sommes implantés.
Cependant, pour ce faire, nous devons offrir aux producteurs primaires l'environnement et les outils politiques qui leur permettent d'avoir des revenus nets viables. Nous espérons que la deuxième génération du cadre stratégique pour l'agriculture reprendra et améliorera certaines des initiatives prises dans le cadre du CSA 1, et permettra de progresser vers des solutions à long terme pour les producteurs en leur fournissant certains outils ainsi que l'environnement politique dont notre industrie a tant besoin aujourd'hui.
Toute stratégie doit comprendre un pilier de gestion des risques. Nous, les producteurs, pouvons faire des miracles au sein de nos exploitations agricoles, et malgré tout être durement frappés par des facteurs sur lesquels nous n'avons aucune prise. Il y a beaucoup de risques en agriculture. Nous avons donc besoin de tous les meilleurs outils à notre disposition afin de gérer ces risques. Étant donné la diversité du secteur, aussi bien ici au Nouveau-Brunswick que dans le reste du Canada, il est important de proposer un vaste éventail d'outils de gestion des risques aux producteurs pour qu'ils puissent élaborer un programme sur mesure qui leur permette de gérer au mieux les risques touchant leurs exploitations. Le PCSRA a très bien fonctionné pour de nombreux producteurs, mais il ne couvre pas tout le monde en tout temps, et il ne permet pas de régler le problème des marges décroissantes.
De nombreuses exploitations se sont diversifiées afin de mieux répartir les risques, et très souvent le PCSRA ne fournit pas de couverture appropriée pour ces exploitations. Nous pensons que le problème des marges décroissantes lié au PCSRA pourrait être réglé si les versements reçus dans le cadre du PCSRA visant à rétablir les marges de production à un niveau de 92 p. 100 étaient considérés comme revenu admissible. Le fait de reconnaître ces versements comme revenu admissible en cas de manque à gagner permettrait d'atténuer les problèmes liés aux marges décroissantes.
Nous appuyons la proposition avancée par la Fédération canadienne de l'agriculture dans son projet de loi canadien sur l'agriculture visant à créer un système de type CSRN fondé sur le niveau supérieur de contribution dans le cadre du PCSRA. Cela rendrait le programme plus prévisible et concret, tout en permettant aux producteurs de maîtriser ce programme.
Nous pensons également qu'une assurance-production à prix abordable devrait s'appliquer à tous les produits. Cet outil viendrait s'ajouter au PCSRA pour aider les producteurs à gérer les risques.
Nous estimons également qu'il est pratiquement impossible de gérer de grandes catastrophes comme l'ESB ou la grippe aviaire et d'indemniser les producteurs de façon appropriée dans le cadre des programmes de gestion des risques existants. Nous appuyons donc la création d'un fonds en cas de catastrophes auquel on aurait recours dans des situations critiques.
Il est également important que la gestion de l'offre et ses piliers soient maintenus, appuyés et reconnus comme étant un élément à part entière d'un programme de gestion des risques de l'entreprise. Pour tous les piliers du CSA, et celui-ci ne fait pas exception, nous souhaitons qu'il y ait une souplesse régionale. L'agriculture canadienne est un secteur diversifié, et le Canada est un vaste pays. Les régions ont besoin de souplesse pour pouvoir adapter leurs programmes et proposer des programmes parallèles qui représentent le moyen le plus efficace de fournir de l'aide dans leur région.
Au sein de notre conseil d'administration, nous discutons également de la possibilité d'un programme d'auto-évaluation de la gestion des risques de l'entreprise, qui serait similaire au plan environnemental de la ferme, c'est-à-dire que ce serait au producteur lui-même d'évaluer les risques existants au sein de son exploitation, et les mesures qui pourraient être prises pour atténuer certains de ces risques, et affecter certains des fonds des programmes de gestion des risques de l'entreprise existants à l'atténuation des risques que l'on retrouve dans les exploitations.
Je voudrais souligner ici qu'il est essentiel de reconnaître que les programmes de gestion des risques de l'entreprise ne permettront pas à notre secteur, celui des producteurs primaires, de devenir viables et rentables. Si on s'attend à ce que les programmes de gestion des risques de l'entreprise permettent au secteur de redevenir rentable, alors nous, les producteurs primaires, allons nous retrouver dans une impasse. Bien sûr, nous ne sommes pas fiers du fait que 8 ou 9 $ sur 10 $ dépensés dans le cadre du CSA 1 l'ont été pour la gestion des risques de l'entreprise. Si nous pouvions changer la donne afin que 6, 7 ou 8 $ sur 10 $ soient investis dans la croissance stratégique, l'innovation, la science, la recherche axée sur les marchés, la salubrité alimentaire et l'intendance écologique, et si nous pouvions obtenir une marge de profit durable grâce à la vente de nos produits sur les marchés, ce qui devrait être le cas, alors nous serions en effet sur la voie du rétablissement et nous pourrions atteindre nos objectifs.
Mais pour que cela puisse se faire, il nous faut un cadre stratégique et une réglementation propices à la croissance du secteur, et il faut éliminer les entraves commerciales qui faussent le marché. Il faudrait tenir de véritables consultations au sein de l'industrie afin d'aider Agriculture et Agroalimentaire Canada à élaborer une vision à long terme pour ce secteur. Après tout, c'est nous qui avons tout investi, et dans certains cas nous avons vraiment tout investi. C'est nous qui avons le plus misé, et nous qui avons le plus à perdre. Nous sommes, au sens propre, l'une des principales parties prenantes, et pourtant, nous sommes l'élément de la chaîne de valeur que l'on écoute le moins, qui ne maîtrise presque rien et qui souffre le plus actuellement. Il est indispensable que notre industrie se renouvelle.
Si on veut une agriculture qui nous permette de croître et de prospérer, elle doit garantir au producteur primaire un certain niveau de rentabilité à long terme. L'agriculture est le principal secteur économique dans plusieurs provinces, et représente un secteur de taille dans bien d'autres. Au Nouveau-Brunswick, il ne faut aucun doute que c'est un élément important de l'économie. L'agriculture contribue grandement aussi bien au produit national brut qu'à notre excédent commercial. Ce secteur est bien trop important pour que le Canada et les Canadiens puissent le négliger. Ce pays s'est construit autour de la production agricole. L'agriculture est le moteur des régions rurales du Canada.
Un nouveau cadre stratégique pour l'agriculture doit s'accompagner d'un plan stratégique à long terme. Il doit être doté d'une vision claire, dans laquelle les objectifs et les rôles sont bien définis. Le cadre doit également avoir un certain niveau de reddition de comptes. Sinon, l'agriculture risque de ne pas se remettre de la crise dans laquelle elle se trouve en ce moment.
J'aimerais remercier le comité de nous avoir invités ce matin et de m'avoir permis d'exprimer mon avis sur la tournure que devraient prendre les événements.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux membres du comité. En tant qu'entreprise naissante dans le domaine du biocarburant, nous sommes ravis d'avoir l'occasion de vous faire part des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
Un cadre stratégique pour l'agriculture robuste est un outil important pour amener l'agriculture canadienne au prochain siècle. Certes les thèmes importants définis, comme la gestion des risques de l'entreprise, le commerce et le développement des marchés, l'environnement, la qualité et la salubrité des aliments, le renouveau, l'innovation et la science, saisissent tous l'essence du défi auquel feront face les agriculteurs dans les prochaines années. Nous souhaitons vous mettre en garde en vous disant qu'il ne faudrait pas prendre cela comme une excuse pour créer une industrie agricole monolithique au Canada.
Les Canadiens sont fiers de leur héritage multiculturel. On le voit notamment dans la nature du gouvernement central du Canada. Nous trouvons qu'il est déconcertant que ce corps central de gouvernance, centralisé au ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, ne reconnaisse pas que l'agriculture canadienne comporte de multiples facettes. Bien entendu, nous avons des politiques nationales, mais nous avons également besoin de programmes régionaux. Plus important encore, nous avons besoin de programmes locaux afin de pouvoir pleinement exploiter le potentiel de chacune des régions de ce grand pays, et plus précisément du Canada atlantique. Comme on peut le voir partout au pays, les différences entre la vallée du Haut-Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse sont importantes.
Ainsi, par exemple, par le biais de l'Administration du rétablissement agricole des Prairies, Agriculture et Agroalimentaire Canada, en irriguant de vastes zones du Manitoba et de l'Alberta, a enlevé au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard le titre traditionnel de région produisant la plus vaste quantité de pommes de terre. Pendant ce temps, ces provinces de l'Est, dans le berceau de la Confédération, se sont vues refuser un financement similaire pour pouvoir se débarrasser de leur problème naturel, soit celui de terres humides et acides. À l'heure actuelle, l'Administration est en train d'irriguer et de reboiser une grande partie des terres arables de la région. Un cadre stratégique pour l'agriculture efficace doit être flexible afin de pouvoir cerner les occasions locales et tirer parti de leurs forces.
La bio-économie peut être un atout important dans la politique agricole, car elle offre une solution partielle aux problèmes que cause le pétrole. En effet, cette ressource est limitée et est de plus en plus onéreuse à extraire. De plus, des preuves convaincantes indiquent que les combustibles fossiles contribuent au changement climatique. En revanche, cela n'implique pas que nous devrions laisser tomber les autres piliers du cadre stratégique pour l'agriculture.
J'aimerais maintenant faire quelques observations à propos de ces piliers.
En ce qui concerne la gestion des risques de l'entreprise, il faudrait appuyer les entreprises qui n'ont pas de gestion de l'offre et qui font face à des problèmes comme ceux des subventions octroyées par d'autres pays, les fluctuations des devises, les marchés libres et, surtout, l'instabilité politique. La gestion des risques de l'entreprise doit être dotée d'une assurance-récolte, tout comme c'est le cas pour les ravageurs et les conditions météorologiques. Cela va être d'autant plus important si l'on croit ce que certaines gens disent sur le réchauffement de la planète, à savoir que les conditions climatiques vont devenir encore plus extrêmes. Il ne serait certainement équitable que de tels risques soient compris dans les formules de revenu que l'on peut voir notamment dans le PCSRA et le CSRN. Il s'agit de questions distinctes.
Quoi qu'il en soit, les programmes de gestion des risques de l'entreprise doivent être exécutés en temps opportun et être prévisibles. On ne peut tout simplement pas faire d'investissements ou avoir la confiance d'un créancier lorsque le financement est annuel et que l'on ne sait jamais ce qui va arriver.
Le commerce et le développement sont une composante de ce qu'il faut pour faire de bonnes affaires. L'agriculture canadienne doit avoir un accès égal aux technologies de production, telles que les produits chimiques, afin de demeurer compétitive sur le marché mondial. On ne peut s'attendre à ce que l'on produise des aliments salubres et de bonne qualité pour le même prix, ou à un prix moindre, qu'un aliment importé d'un autre pays qui utilise des technologies, des produits chimiques et même des pratiques sociales, qui ne sont pas acceptés au Canada. Nous devons maintenir des règles du jeu uniformes dans nos politiques commerciales et, dans une certaine mesure, au sein même du Canada.
La question de la salubrité et de la qualité des aliments est très importante. Les Canadiens sont de plus en plus inquiets des effets que peuvent avoir les problèmes zoosanitaires et phytosanitaires sur la santé humaine et l'environnement. De plus, les enjeux liés à la santé prennent de l'importance, et l'alimentation a un rôle central à jouer dans notre stratégie de santé générale.
Toutefois, les agriculteurs canadiens doivent obtenir une compensation pour les coûts additionnels liés à l'adoption de pratiques de production respectueuses de l'environnement et à la réduction de l'incidence des maladies des plantes et des animaux, tout en offrant des aliments sûrs aux Canadiens. Les producteurs primaires ne touchent pas encore ce rendement accru. En fait, c'est l'une de ces exigences que l'on doit respecter si on veut vendre, mais il n'existe pas de mécanismes pour récupérer ces coûts.
Pour ce qui est du volet renouveau, en effet la valeur réelle de la production agricole a triplé au cours des 45 dernières années tandis que le nombre d'exploitations a diminué de moitié. Malheureusement, cette tendance historique va probablement se poursuivre. Cependant, dans la mesure où l'industrie connaît des difficultés en matière de main-d'oeuvre, nous pensons que les programmes de renouveau ne devraient pas encourager les travailleurs hautement qualifiés à quitter le secteur agricole. Les programmes futurs devraient uniquement proposer une aide ciblée visant à encourager la rétention de ces compétences, c'est-à-dire des ressources humaines dans l'industrie agricole, et la venue de nouveaux participants.
Pour ce qui est des aspects touchant à l'innovation et à la science, les programmes de développement de technologies ne devraient pas être limités par des plafonds arbitraires s'appliquant aux exploitations. Les plafonds engendrent toujours des difficultés, quelles que soient l'échelle, la taille et la production brute. Il me semble également que dans le cadre de la politique, ces plafonds s'appliquant au développement technologique, à la science et à la recherche effectués au sein de l'exploitation devraient être fixés en fonction de la taille de l'exploitation. Les grandes exploitations peuvent mener des activités de développement et se doter de nouvelles technologies, puis, plus tard, aider les petits exploitants à adopter leur utilisation. Il est injuste d'appliquer le même plafond arbitraire à toutes les exploitations lorsqu'il s'agit d'innovation.
De plus, le long processus d'approbation des nouveaux produits au Canada freine la recherche et le développement dans de nombreux domaines, comme par exemple les biopesticides pour la moutarde. Les obstacles sont simplement... je ne vais pas dire insurmontables, mais il est certain que nos amis dans d'autres pays ne doivent pas composer avec les mêmes retards dus apparemment à des tracasseries administratives.
La question de l'environnement est semblable à celle de la salubrité des aliments. Je pense qu'il faut donner aux agriculteurs un juste retour si on s'attend à ce qu'ils fournissent des biens et des services écologiques au pays. Cela pourrait être inclus dans un programme de meilleures pratiques en matière de gestion des risques de l'entreprise. Vous ne pouvez tout simplement pas adopter des lois interdisant aux agriculteurs d'avoir leur exploitation trop près d'un ruisseau, ou les obligeant à planter des arbres pour le bien du pays, à moins qu'il y ait un retour sur ventes pour nos produits.
J'ai quelques observations à faire au sujet d'un aspect plus important, à savoir les carburants renouvelables, qui, à notre avis, est probablement le domaine le plus prometteur actuellement.
Bien que nous soyons petits, je voudrais attirer votre attention sur le fait que nous sommes le seul producteur de biodiésel pleinement intégré au Canada. Par « pleinement intégré », nous entendons un lieu unique où les actionnaires cultivent le produit, le transforment et le vendent. Donc, en plus du fait que nous sommes plus petits et que nous fonctionnons à plus petite échelle que la plupart des grandes exploitations dans l'Ouest, cela nous donne un point de vue un peu différent du leur.
Malheureusement, lorsqu'on parle de biodiésel, on confond souvent cela avec l'éthanol. Il y a un réel danger que ce produit soit pris en otage par le débat opposant les aliments au carburant, l'éthanol au maïs. Je souhaite rappeler au comité que 81 p. 100 de l'énergie utilisée au cours du cycle du biodiésel est renouvelable. Malheureusement, les politiques en matière de développement, de mise en marché, de recherche et de développement du biodiésel ont pris au moins deux ans de retard par rapport à l'éthanol. Nous avons donc besoin d'un peu de temps pour procéder au rattrapage.
Le potentiel est réel. Le canola, en particulier, est la culture avec le plus haut rendement au Canada et pourrait vraiment contribuer à réduire le dioxyde de carbone et à améliorer la situation pour ce qui est des gaz à effet de serre. Par exemple, les carburants végétaux peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre de 64 à 92 p. 100 par rapport au carburant dérivé du pétrole. Un mélange de 20 p. 100 de biodiésel et de carburant dérivé du pétrole réduit les émissions de gaz à effet de serre de 12 à 18 p. 100. Et en ayant simplement un mélange à 2 p. 100 de biodiésel avec un carburant dérivé du pétrole, on peut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1 à 2 p. 100. La superficie des cultures de canola est deux fois plus vaste que celle des cultures de maïs.
Pour conclure, il faut se rappeler que c'est la politique et non pas l'économie qui a créé cette industrie. Nous croyons que le cadre doit tenir compte plus précisément du Canada atlantique, afin que l'on ne nous perde pas de vue dans les questions économiques sur grande échelle. Notre région a du potentiel et nous avons besoin d'une politique unique pour une stratégie du carburant renouvelable au Canada.
De nouveau, monsieur le président, j'aimerais vous remercier de nous avoir donné l'occasion de vous faire part de notre point de vue.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Don Bettle et j'ai une exploitation agricole à Kings Country au Nouveau-Brunswick. Auparavant, j'étais président des Producteurs laitiers du Nouveau-Brunswick et directeur de la Fédération canadienne de l'agriculture.
J'aimerais vous parler aujourd'hui de questions financières. Le dollar s'est apprécié de 20 p. 100. Cela a touché directement les marges des agriculteurs, des transformateurs et des fabricants. Nous avons également remarqué que le taux de crédit risque d'augmenter. La plupart d'entre nous ont connu le début des années 1980, lorsque notre taux de crédit était de l'ordre de 20 p. 100, 22 p. 100 et même 23 p. 100. À l'époque, nos marges étaient assez bonnes, mais elles ne le sont plus désormais. Nous devons donc être vigilants pour que le crédit des exploitations agricoles n'augmente plus autant.
À l'heure actuelle, les agriculteurs ont en moyenne 58 ans au Canada. Au cours des cinq à dix prochaines années, environ 200 milliards de dollars d'actifs passeront à la prochaine génération d'agriculteurs. Pour ce faire, le Canada va devoir mettre sur pied un programme de financement flexible et novateur qui permettra à la prochaine génération d'agriculteurs de reprendre les exploitations agricoles existantes sans se retrouver avec un niveau d'endettement qui ne leur permettra pas de réussir.
Le nombre d'exploitations agricoles est en baisse. Cela est dû en grande partie au fait que les agriculteurs élargissent leurs exploitations afin d'être plus efficaces et de produire davantage puisque la marge pour les produits ne cesse de chuter. Des produits subventionnés nous viennent en provenance d'autres pays. Et les consommateurs canadiens sont en quelque sorte réticents — moins le produit est coûteux et plus ils l'apprécient.
Comme l'a mentionné Ray, on demande aux producteurs canadiens d'être plus soucieux de la qualité des aliments. À la maison, j'ai vu une bouteille de relish sur laquelle on pouvait lire « Produit en Inde ». Qu'en est-il de la qualité des aliments en Inde? Ils y vendent du lait sur la rue dans des récipients ouverts. Ce produit est ensuite exporté au Canada et fait concurrence aux producteurs locaux de légumes. Et cela n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Voilà quelques enjeux que je voulais porter à votre attention. Je ne fais que comparaître à titre personnel et je ne voudrais pas prendre trop de temps pour que les personnes qui représentent les producteurs puissent prendre la parole.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
On m'a donné beaucoup de liberté quand j'ai demandé à comparaître à titre personnel et non pas au nom d'une organisation. Je vais donc prendre quelques minutes pour vous dire qui je suis.
Je suis titulaire d'une maîtrise en foresterie de l'Université du Nouveau-Brunswick. J'ai été fonctionnaire provincial pendant 10 ans dans le domaine de la foresterie. Il y a 20 ans, ma femme et moi avons acheté une petite ferme laitière. Celle-ci est maintenant quatre fois plus grande qu'elle l'était, mais nous avons aussi quatre fois plus de dettes que ce que nous avons payé initialement pour l'acquérir.
On m'a posé la question suivante : que souhaitez-vous voir à la fin de ce processus de négociations d'un nouveau CSA? Pour l'essentiel, je voudrais que le gouvernement dépense beaucoup moins au titre de la gestion des risques de l'entreprise mais qu'il alloue néanmoins le même montant total d'argent. Je voudrais également que l'argent provienne du marché et que nous n'ayons pas à assumer autant la gestion des risques de l'entreprise.
Je présume que la question est de savoir comment parvenir à cet objectif. J'ai quelques suggestions à cet égard. La solution passe par les connaissances et par la création d'un climat propice pour l'industrie.
Pour ce qui concerne la recherche, puisque c'est de là qu'émanent certaines de nos connaissances, il y a un an, j'ai vu une photo de 31 moissonneuses-batteuses sillonnant un grand champ. Derrière elles, il y avait tout un groupe de semeurs qui les suivaient en semant la prochaine récolte. Si nous voulons faire de la vente en vrac, c'est le genre de concurrence qui nous attend. Nous ne pouvons pas être compétitifs face au climat, au sol et à la structure des salaires de nos concurrents. Nous devons donc nous placer en avant de ces 31 moissonneuses-batteuses. Nous avons besoin de nouvelles idées, de meilleurs produits et de meilleures techniques de production de sorte que nous puissions planter cette année ce qu'ils planteront l'année prochaine. Nous avons besoin de recherche, et c'est là que le gouvernement peut jouer un rôle important.
Comment décider du type de recherche à faire? Nous devons chercher constamment à savoir quelle est la prochaine étape pour l'agriculture. Il est déjà trop tard pour envisager de produire de l'éthanol à base de maïs. Quelle sera la prochaine grande invention? C'est là-dessus que devrait porter notre recherche. Peut-être devrait-on envisager la transformation des résidus végétaux près de la source, de sorte que les produits de récupération puissent être réintroduits dans le sol et que celui-ci ne soit pas appauvri.
Il faut que les producteurs, les transformateurs, les pouvoirs publics et les chercheurs conjuguent leurs efforts afin de trouver de nouvelles potentialités. Qu'en est-il de l'idée de mettre sur pied un site Web où les gens qui ont une idée de projet de recherche peuvent proposer cette idée? Plus on a d'idées, plus on a de chances de concevoir un nouveau produit, la prochaine nouvelle grande invention.
Je vais aborder maintenant l'éducation. En effet, nous avons besoin du bon type d'éducation, tant dans les écoles que dans le matériel d'information mis à la disposition des agriculteurs. La recherche dont je parlais il y a quelques instants n'est bonne que si les gens qui s'occupent de la gestion des fermes y ont accès. À l'heure actuelle, une exploitation agricole est une entreprise, et pour réussir, il faut par conséquent être bon en affaires. Pourtant, quand j'entends des discussions sur des écoles et des cours de formation agricole, il est question de la façon de cultiver une nouvelle récolte ou de concevoir une nouvelle technique de production ou de gestion du bétail. Il est rarement question de gestion d'entreprise. Or c'est la gestion des fermes qui détermine si celles-ci seront rentables ou pas.
Petite parenthèse, j'aimerais préciser que je suis membre d'un club laitier dans ma région. Le club compte parmi ses membres 12 exploitations agricoles. Nous recevons tous le même prix pour un kilogramme de produits solides, alors que le revenu net généré par kilogramme se situe autour de 5 $. Nous nous communiquons entre nous nos données financières. Pour mettre les choses en perspective, 5 $ pour moi représentent 150 000 $ par année. C'est la différence de revenu net qui existe entre les 12 exploitations agricoles. La différence ne tient pas à la taille, ni à d'autres facteurs du genre, mais à la gestion. Ainsi, ma ferme affiche un demi-million de dollars en revenus bruts et une différence de 150 000 $ en revenus nets.
J'ai parlé de climat. J'entends par là la façon dont l'industrie se perçoit elle-même. Ensemble, nous — les agriculteurs, les partenaires du secteur et le gouvernement — devons créer un climat qui nous permet de voir le verre à moitié plein et en train de se remplir plutôt que de le voir à moitié vide. Je pense qu'il est vrai que ce que l'on croit a tendance à se réaliser; si on pense qu'on y arrivera, alors on y arrivera, mais si on pense qu'on n'y arrivera pas, alors ce sera un échec.
Prenez l'exemple des prix du maïs avec la production d'éthanol. Je peux adopter le point de vue selon lequel les prix de la moulée vont augmenter, donc mon exploitation ne sera plus rentable. Ou alors je peux me dire, c'est formidable, un autre intervenant va payer une partie des coûts de production des cultivateurs de maïs, alors je n'aurai plus à les assumer seul; et puis comment puis-je utiliser leur produit dérivé au sein de mon exploitation? Y a-t-il eu des recherches qui me permettraient de faire cela?
J'ai deux autres observations. Le gouvernement a un rôle à jouer en matière de réglementation. Il faut encourager et non pas décourager l'enthousiasme au sein de l'industrie. Les règlements doivent se prendre rapidement. Il faut saisir les occasions avant qu'elles ne disparaissent. Il faut que les règlements soient simples, efficaces et rapides à appliquer, et il en va de même avec leur modification.
Pour ce qui est du renouveau, être agriculteur, c'est un mode de vie formidable. Il est facile de s'emballer quand on parle d'agriculture. Si les agriculteurs d'aujourd'hui commencent leur journée avec enthousiasme par rapport à ce qu'ils font, alors la prochaine génération aura envie de se lancer dans l'agriculture et le renouveau se fera de lui-même.
En guise de conclusion, je crois que le rôle du gouvernement dans le cadre d'un nouveau CSA doit être d'aider à générer des connaissances, d'aider les agriculteurs à cerner et à surmonter leurs lacunes en matière de connaissances, et de créer un climat favorable à l'agriculture, de faire que ce soit une activité rentable avec beaucoup moins de risques dans la gestion de l'entreprise.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Ça fait du bien d'être au Nouveau-Brunswick, notre province natale, l'une des meilleures au Canada.
Les exposés que nous avons entendus traduisent une réflexion et des préoccupations importantes, et présentent de toutes nouvelles idées. Il semblerait que les finances et la capitalisation de la dette des exploitations soient des facteurs cruciaux — ce que vous êtes capables de supporter.
Robert, vous avez déjà travaillé dans deux secteurs différents, et de toute évidence, votre passion pour l'agriculture l'a emporté sur vos projets initiaux dans le domaine de la foresterie.
Monsieur le prédisent, la foresterie est un facteur important ici au Nouveau-Brunswick. Parfois, malheureusement, on replante des arbres sur certaines de nos meilleures terres agricoles. Cela se fait beaucoup dans ma propre circonscription, dans la région de Belledune et de la rivière Jacquet.
M. Kilfoil a parlé de la crise actuelle, et a mentionné des perspectives de prospérité — bientôt, j'espère. Il a également abordé le besoin de croissance, de recherche, d'innovation et il a inscrit tout cela dans la gestion des risques de l'entreprise.
Pour ce qui est de la croissance qui pourrait être réalisée grâce à la recherche et à l'innovation, les gouvernements prêtent-ils suffisamment attention à la recherche et à l'innovation? Les nouveaux concepts développés grâce aux recherches, disons il y a 10 ans environ, ont-ils aidé vos industries ici? Ou bien a-t-il été difficile pour vous d'avoir accès à des résultats tangibles provenant de la recherche, car cette dernière est souvent menée par de grands acteurs plutôt que d'être effectuée au niveau des exploitations et dans vos collectivités?
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Ces dernières années, nous avons heureusement bénéficié de l'appui tant de la province que du fédéral, par l'entremise de l'Initiative des marchés de biocarburants pour les producteurs. Cela dit, selon moi, par rapport à ce projet, nous faisons face à un double risque. D'abord, Agriculture Canada est en train de centraliser ses services de recherche dans des établissements nationaux, ce qui a pour effet de réunir toutes les compétences en la matière dans l'Ouest. Or, notre pays est très grand, et il est difficile d'obtenir certains détails précis sur ce qui se passe.
En second lieu, notre marché est de taille plutôt modeste, ainsi que certains d'entre vous, au fait de nos réalités géographiques, le savent. Toutefois, dans la région de l'Atlantique, il est assez considérable, ce qui risque de nous causer un problème différent, et de manière imminente, c'est de nous concurrencer nous-mêmes. Nous comptons une petite usine à l'Île-du-Prince-Édouard et une autre au nord-ouest du Nouveau-Brunswick et peut-être une troisième en Nouvelle-Écosse, ce qui nous force donc à partager un petit gâteau en trois parts. Nos réalités économiques sont limitées.
À cela vient ensuite s'ajouter notre plus grande difficulté, le fait que les États-Unis accordent un crédit et une subvention aux entreprises de mélange des carburants, qui sert à soutenir les fabricants d'éthanol et de biodiésel. Elle correspond à 26 ¢ le litre dans le cas du biodiésel. Par conséquent, un produit des États-Unis, de l'État de New York, peut se vendre 68 ¢ le litre à Woodstock, au Nouveau-Brunswick — comme c'était le cas la semaine dernière. En même temps, les subventions allemandes et européennes poussent à la hausse le prix du canola et de tout le reste de nos produits. Nous sommes donc aux prises avec un produit brut dont le prix augmente et avec une subvention accordée aux entreprises américaines de mélange de carburants, situées tout juste à côté de nous, à la frontière, et de plus, selon certaines rumeurs, une usine traitant 100 millions de litres sera construite à Holton, dans le Maine. Voilà pour nos plus grandes difficultés.
Enfin, monsieur le président, j'aimerais revenir à quelque chose que nous avons déjà mentionné aujourd'hui, l'ARAP. Ce programme a été mis sur pied au cours des années 30 dans l'Ouest canadien. Il déverse d'ailleurs beaucoup d'argent dans ces provinces. Ces dernières années, le Nouveau-Brunswick a bien reçu de l'aide à quelques reprises grâce à l'ARAP, mais vraiment, il est bon de faire valoir auprès de votre comité la grande utilité que pourrait revêtir un autre programme de ce genre, mais vert celui-là, pour venir en aide à l'industrie de la pomme de terre et à d'autres encore dans la région de l'Atlantique. Monsieur le président, nous devrions envisager cela un jour. Le programme actuel bénéficie d'un budget annuel considérable. Vince, dans la région de Grand-Sault, profitez-vous peut-être de l'ARAP?
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Merci d'être venus aujourd'hui. Je suis ravi d'avoir à nouveau l'occasion de visiter votre très belle province. J'y suis venu un été il y a de cela plusieurs années. J'étais un peu plus jeune à l'époque, mais je suis néanmoins ravi d'être ici.
Monsieur Speer, j'aimerais vous poser directement quelques questions mais j'aimerais aussi donner à Mme Cormier et à M. London, et à d'autres aussi, la possibilité de réagir. Je vais poser mes questions à la cantonade et nous verrons venir.
Vous avez parlé du secteur laitier et de votre endettement et pourtant, on nous donne à croire que le secteur laitier est l'un des plus florissants au Canada en raison de la stabilité des revenus qu'assure la gestion de l'offre. Je serais donc curieux de savoir d'où vient l'endettement.
Nous avons discuté des 31 moissonneuses-batteuses qu'a mentionnées Barry. C'était une façon de dire que nous devons suivre la tendance et miser sur les économies de taille si nous souhaitons demeurer compétitifs, qu'il faut davantage de recherche et tout le reste. Or, hier, quand nous avons discuté de cette question à Charlottetown, on nous a présenté un modèle quelque peu différent, axé sur les petites collectivités, sur la survie de l'économie rurale et des petites fermes. En effet, si nous misons sur les économies de taille, à plus ou moins longue échéance, cela entraînera la disparition des petites collectivités et de tout un mode de vie.
Ils sont nombreux à dire — et c'est un commentaire que j'ai entendu souvent, particulièrement dans l'Ouest — que nos agriculteurs sont déjà les meilleurs. Je crois aussi, monsieur Kilfoil, que vous avez dit que les agriculteurs réussissent bien et que ce sont des gens d'affaires chevronnés. Cela étant, l'idée qu'il faille davantage de formation, d'évaluation et de perfectionnement, ne serait pas tout à fait juste. Les agriculteurs sont les meilleurs parce qu'ils ont réussi à survivre. C'est, je crois, ce que vous avez dit. Ce qu'il faudrait donc, ce sont des mesures de soutien d'un autre genre et j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Il y a ensuite toute la question du cadre stratégique que nous voulons mettre en place pour le Canada : devons-nous tenter de soutenir la concurrence d'un marché mondial régi par les règles de l'OMC ou devrions-nous plutôt mettre l'accent sur la sécurité alimentaire, sur un approvisionnement sûr et ouvert d'aliments salubres, sur la stabilité des marchés pour nos agriculteurs et sur la survie de nos collectivités rurales?
J'ai posé beaucoup de questions étant donné le peu de temps que vous aurez pour y répondre, mais j'apprécierais que vous tentiez de le faire.
Robert a fait valoir qu'il aimerait que nous dépensions beaucoup moins pour la gestion du risque commercial. Cela doit nous faire réfléchir, Robert. Lorsque vous avez fait ce commentaire, j'ai décidé de revoir les programmes. En fait, au cours des 16 dernières années, nous avons eu 14 programmes différents qui portaient tous sur la gestion du risque commercial. J'étais là avec Andy Mitchell. Nous avons essentiellement éliminé les dépenses consacrées à l'environnement parce que nous devions consacrer cet argent à la gestion du risque commercial. Il s'agissait de toute une gamme de programme depuis le PCSRA, le Programme d'aide transitoire à l'industrie ou PATI, le Programme de paiements relatifs au revenu agricole jusqu'au Programme de retrait des bovins — la liste est longue — 14 programmes en 16 ans, tous liés à la gestion du risque commercial, qui représentaient des milliards de dollars.
Pourtant, entre-temps, au cours des 25 dernières années, le taux d'endettement des exploitations agricoles canadiennes a augmenté de 300 p. 100 et au cours de la même période le taux d'endettement des agriculteurs américains a augmenté de 20 p. 100. Au cours des 21 dernières années, notre revenu agricole net était de 51 milliards de dollars mais les paiements que nous avons reçu des gouvernements fédéral et provinciaux s'élevaient à 58,4 milliards de dollars. Nous avons donc subi une perte de 7 milliards de dollars. Nous devons essayer d'en arriver à un stade où l'on peut maintenir la production primaire.
Cela dit, en ce qui concerne le biodiésel, il est étonnant que dans notre pays nous n'ayons pas de stratégie énergétique nationale qui réunisse tous ces éléments; nous n'avons pas — et je ne dis pas qu'il s'agit de leur gouvernement ou du nôtre, parce que nous sommes dans la même situation à cet égard — de politique nationale de sécurité alimentaire dans ce pays.
Vous avez présenté six points, Vince, en ce qui concerne la sécurité alimentaire, l'environnement, la croissance stratégique — Je ne les ai pas tous retenus, mais ils seront versés au compte rendu. Ce sont des domaines auxquels nous pouvons consacrer de l'argent — dans l'infrastructure, etc. — argent qui ne sera pas considéré comme une subvention, qui est considéré comme de l'argent vert selon l'OMC. Ce n'est pas ce que nous envisageons. Il va falloir d'une certaine façon inverser cette politique.
Donc je vous pose la question suivante. Si vous étiez ministre, que feriez-vous pour réduire les dépenses qui sont considérées comme des subventions et pour dépenser ces fonds d'une façon différente tout en augmentant l'aide fournie au milieu agricole afin d'améliorer les revenus et la vie des familles? C'est ce que nous allons devoir faire.
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Monsieur Bettle et monsieur Speer, j'ai trouvé vos exposés très intéressants.
Je tiens à vous féliciter monsieur Bettle d'avoir examiné comment planifier la relève agricole et pour avoir assigné vous-même le rôle de créancier. À votre avis, que peut faire le comité pour recommander au gouvernement des façons de vous fournir les outils dont vous avez besoin pour fournir ce crédit à la relève.
Si vous examinez un grand nombre des établissements de prêt, les principaux prêteurs ne veulent plus prêter ou s'ils le feront, ce sera comme vous l'avez dit à un coût élevé, et nous ne voulons plus nous aventurer dans cette voie. Lorsque j'ai obtenu mon premier prêt en 1982, le taux d'intérêt était de 21 p. 100. Je ne vais pas répéter l'expérience. Lorsque je céderai mon exploitation agricole à mes enfants, je tiens à m'assurer qu'ils bénéficieront d'un taux abordable. Donc j'aimerais savoir si vous avez des idées à ce sujet.
Monsieur Speer, vous avez dit que nous devions élargir notre base de connaissances, et je suis tout à fait d'accord avec vous. En fait certains jeunes agriculteurs ont comparu devant le comité et ils avaient fait des études non pas en agriculture mais détenaient des maîtrises en commercialisation et en commerce et dans des programmes de gestion commerciale de ce genre.
Ces éléments ne devraient-ils pas faire systématiquement partie des programmes d'étude de toutes nos écoles d'agronomie, pour tous ceux qui veulent obtenir un diplôme en agriculture ou même un diplôme pour retourner travailler à la ferme; et ne faudrait-il pas également offrir des services de vulgarisation ou d'appoint dont vous avez besoin de la part de votre ministère provincial de l'agriculture, qui offrirait ce type de connaissance également?
Ce sont mes deux dernières questions pour vous deux, messieurs.
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Il faut que j'aborde cette question, puisque je ne l'ai pas encore fait au Nouveau-Brunswick.
Nous approchons de la fin de ces audiences publiques dans les régions, et il y a plusieurs choses qui ont été exprimées avec force: il faut faire les choses différemment, il faut tirer la leçon de ce qui se fait aux autres niveaux de gouvernement et à l'étranger, notamment aux États-Unis — certains programmes pourraient être considérés comme verts si nous procédions différemment, notamment pour leur financement, comme l'a indiqué M. Carmichael à propos du biodiésel et de l'éthanol.
Je pense également qu'il y a une autre leçon à tirer. Je voudrais tout d'abord proposer que l'on fasse de la sécurité alimentaire un énoncé de politique du Canada. Si nos dirigeants déclarent que notre souveraineté en matière d'approvisionnement alimentaire est absolument indispensable, nous trouverons les programmes nécessaires et nous ferons preuve de créativité pour les organiser. J'en suis convaincu.
Je suis également convaincu qu'il faut éliminer dix provinces de l'équation, non pas quant à ce qu'elles peuvent apporter, mais quant à la réalisation des programmes. Nous sommes en train de dresser les provinces les unes contre les autres. Le Québec a un programme d'assurance-stabilisation des revenus agricoles, que nous connaissons tous, qui paie davantage que les programmes des autres provinces, à l'exception peut-être de l'Alberta. Dans les autres provinces, on regarde les producteurs québécois avec envie, mais ensuite, on leur livre la concurrence. Nous avons non seulement une frontière internationale, mais également des frontières interprovinciales dont il faut tenir compte.
Il faut donc aborder ces problèmes et les régler. Je le répète, comme l'a dit M. Phil, si ça ne marche pas, il faut le modifier. Il faut parfois aller chercher des idées en dehors de celles qu'on applique depuis des années. C'est la troisième fois que je me livre à cet exercice, et comme je l'ai dit il y a quelques jours, la seule chose qui a changé, c'est la couleur de mes cheveux, ou leur absence, et la date indiquée par le calendrier. Nous parlons toujours des mêmes choses. Il serait temps de progresser.
Les agriculteurs veulent trouver leur gagne-pain sur leurs terres, pas dans leurs boîtes aux lettres. Nous souhaitons tous que plus personne n'ait besoin de la gestion du risque de l'entreprise. Néanmoins, dans l'immédiat, nous pouvons en avoir besoin.
Que pensez-vous de la possibilité que les programmes soient exécutés par le gouvernement central? On a déjà fait assez de consultations. Pour parler de ce qui s'est passé il y a bien des années, dès les années 60, Eugene Whelan et Bill Stewart ont conçu pour les producteurs laitiers, et pour le secteur soumis à la gestion des approvisionnements, un programme de gestion de l'offre tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Ce système n'est pas exempt de défauts, mais malgré tout, il a donné de très bons résultats. Après quelques consultations, on l'a en quelque sorte imposé arbitrairement aux agriculteurs et ceux qui en bénéficient aujourd'hui ne voudraient pas s'en passer.
Peut-être faudrait-il donc partir de là pour prendre des décisions, si difficiles soient-elles. Que pensez-vous d'un régime d'exécution des programmes à un seul niveau, confié à un seul gouvernement?
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En l'absence du président, je vais reprendre la séance. Il ne sera pas ici avant quelques instants. Je crois qu'il fait une entrevue.
Nous poursuivons la séance ce matin, et nous recevons des gens qui représentent divers groupes de cette province. Des Producteurs laitiers du Nouveau-Brunswick, nous avons Reginald Perry, vice-président et Reint-Jan Dykstra, le président. De Pommes de terre Nouveaux-Brunswick, nous avons Robert Gareau, directeur exécutif. De Porc Nouveau-Brunswick, nous avons Tony van de Brand, directeur. De Young Farmers, à titre personnel, nous avons Jens van der Heide et Justin Gaudet. De New Brunswick Egg Producers, nous recevons Mike Durnnian.
Cela dit, nous allons commencer.
Selon l'ordre du jour, nous avons tout d'abord M. Perry. Est-ce lui qui va présenter l'exposé? Non?
Monsieur Dykstra, vous êtes donc le premier témoin ce matin. Vous avez dix minutes. Nous aimerions que vous respectiez le temps qui vous est alloué afin que nous ayons le temps de vous poser des questions.
Le président va maintenant réoccupé son fauteuil.
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Merci, monsieur le président.
Bien que j'apprécie l'invitation — je devrais peut-être embellir un peu, mais vous avez sans doute tous les documents devant vous — j'ai participé à ce genre de table ronde à de nombreuses reprises mais j'espère que celle-ci sera plus fructueuse que celles auxquelles j'ai assisté auparavant. Particulièrement la lumière du nombre de maladies, de crises que nous avons connues au cours des dernières années, et aussi étant donné les négociations en cours à l'OMC — même si elles n'avancent pas beaucoup en ce moment — j'espère que le gouvernement canadien a une bonne idée de la situation en général. Nous attendons avec impatience que le monde progresse; nous devons nous-mêmes faire des progrès.
Donc, même si j'apprécie l'invitation, il est décourageant de comparaître devant un comité, parmi tant d'autres, qui a tenté à plusieurs reprises de trouver des solutions aux difficultés financières auxquelles le secteur de l'agriculture continue à être confronté alors que le reste du secteur agroalimentaire semble prospérer.
Je viens vous parler aujourd'hui au nom de 248 producteurs laitiers qui produisent plus de 130 millions de litres, un peu plus de 90 millions de dollars. Ils s'occupent de la livraison du produit dont 95 p. 100 est transformé dans la province et 5 p. 100 est acheminé vers d'autres marchés dans d'autres provinces.
Les Producteurs laitiers du Nouveau-Brunswick ont adopté le concept de la commercialisation collective de leur lait il y a 33 ans. Au cours des dix dernières années, nous avons pris des mesures considérables en vue de modifier la façon dont nous faisons des affaires pour faire face aux répercussions des règles du commerce international qui nous sont parfois imposées par les gouvernement soit disant pour le plus grand bien de l'humanité.
J'ai un petit graphique ici. Essentiellement, il indique les rentrées de fonds nettes des exploitations agricoles au Nouveau-Brunswick. En 2005, elles s'élevaient à 387 millions de dollars. En 2004, elles s'élevaient à 419 millions de dollars; en 2003, 404 millions de dollars; et en 2002, à 428 millions de dollars. Comme vous pouvez le constater, la tendance est à la baisse.
L'autre chose que je voudrais mentionner c'est ce que le gouvernement a dépensé au cours des dernières années. En 2005, c'était 40 millions de dollars. En 2004, c'était 36 millions de dollars. en 2003, c'était 12 millions de dollars; et en 2002, 8 millions de dollars.
L'autre chose qui est plutôt intéressante c'est que l'une des principales exportations du Nouveau-Brunswick est la pomme de terre. En 2005, les producteurs de pommes de terre avaient des recettes de 70 millions de dollars, en 2004 de 126 millions de dollars, en 2003, de 101 millions de dollars et en 2002, de 87 millions de dollars. Je reviendrai aux exportations dans un instant.
Par contre, la production laitière a des recettes assez stables, soit de 83 millions de dollars en 2005, de 80 millions de dollars en 2004, de 76 millions de dollars en 2003 et de 74 millions de dollars en 2002. Il y a eu une augmentation constante. Les exportations — et ensuite je veux les mentionner en ce qui concerne les pommes de terre, qui sont le principal produit d'exportation de la province — par contre, en 2005 étaient de 350 millions de dollars par rapport à 366 millions de dollars en 2004. En 2003, elles s'élevaient à 459 millions de dollars et en 2002 à 389 millions de dollars. On constate donc que même lorsque le prix des denrées diminue, nous n'exportons pas nécessairement davantage, car lorsqu'il y a surabondance sur le marché mondial, personne ne veut de votre produit.
Il faut dire que seulement 5 à 7 p. 100 de toutes les denrées sont échangées dans le monde. Cela dit, alors que seulement 5 à 7 p. 100 des denrées sont échangées sur les marchés mondiaux, tous les prix doivent être ajustés en tenant compte de cela.
Au moment où je vous parle, la situation est stable pour les producteurs laitiers. Elle n'est pas saine, elle n'est pas désespérée, mais elle est stable. Les producteurs laitiers sont toujours aux prises avec l'impact de l'ESB et les frontières perméables qui depuis des années effritent notre marché et notre revenu. J'apprécie les mesures que le a prises pour tenter de colmater certaines de ces fuites; cependant, les fabricants de produits alimentaires, le secteur agroalimentaire tentent toujours de dévaluer les denrées agricoles du Canada au plus petit dénominateur commun.
J'aimerais revenir en arrière et ajouter quelque chose de personnel en ce qui concerne la crise de l'ESB qui se poursuit dans nos exploitations agricoles. Et sur ma propre ferme, cela a eu un impact d'environ 65 000 $ au cours de la première année, un montant que je n'ai jamais pu récupérer même avec l'aide gouvernementale circonstancielle ou quoi que ce soit d'autre. Ce qui est le plus exaspérant, c'est que le gouvernement a continué d'ajouter aux importations supplémentaires au départ et a permis aux chaînes alimentaires et aux industries agricoles en aval de réaliser d'énormes profits. C'est exactement ce qui s'est produit auparavant et on permet toujours que cela se produise.
Votre comité a examiné une série de nobles mesures en mettant en place un cadre stratégique pour l'agriculture et en incluant des dispositions en ce qui concerne la gestion des risques de l'entreprise, le renouveau, la salubrité et la qualité des aliments, la protection des ressources, le développement du marché et le commerce, l'environnement, l'innovation et la science ainsi que la santé des animaux. Certains des éléments du cadre stratégique sont proactifs et aideront le secteur agricole primaire à faire face aux demandes envahissantes liées à la salubrité et la traçabilité des aliments et à la demande de la société que le secteur agricole primaire demeure aussi conscient de l'environnement que le reste de la société devrait l'être.
Ce qu'il faudrait reconnaître également c'est que ce qui sert le bien commun devrait également être payé par le bien commun; c'est-à-dire les contribuables. Si la salubrité des aliments est un sujet de préoccupation pour les contribuables, nous en tiendrons compte, mais nous ne devrions pas être obligés de payer pour l'infrastructure et pour la mise en oeuvre. Par ailleurs, nos importations doivent être conformes à nos normes et nous ne devrions pas accepter la norme du pays d'origine, particulièrement lorsqu'elle est moins élevée que la nôtre.
D'autres éléments, notamment le programme de stabilisation du revenu, sont également de nobles causes mais ils sont réactifs et à mon avis, ils ne devraient offrir de l'aide que dans les cas de catastrophes naturelles. En réalité, ces programmes masquent les crises réelles que connaît le secteur agricole primaire. Certaines de ces crises découlent du fait que le gouvernement veut avoir une industrie alimentaire concurrentielle sur le plan international au détriment du producteur agricole primaire.
Il y a un de ces cas qui doit être examiné de plus près. Il s'agit de la situation où nous devons importer des travailleurs invités pour la saison de la récolte parce que nous ne pouvons pas en trouver ici. La principale raison pour laquelle nous ne pouvons pas en trouver ici, c'est que nous ne les payons pas assez. Ce n'est pas que nous ne voulions pas les payer davantage, mais nous ne le pouvons tout simplement pas puisque nous perdrions alors notre avantage concurrentiel.
Le travailleur de première ligne paie le prix. Nous devrions faire la même chose en ce qui concerne nos fonctionnaires. Il y aurait environ un demi-milliard de Chinois qui seraient ravis de quitter la Chine pour un monde meilleur. Nous avons des fonctionnaires, un régime fiscal au Canada qui nous donne parfois l'impression que nous payons trop d'impôt. La plupart de ces impôts servent à financer des programmes et, naturellement, le revenu des fonctionnaires. Si nous réduisions leur salaire de 5 ou de 25 p. 100, je dirais qu'un demi-milliard de Chinois seraient ravis de venir en Occident, ils seraient très nombreux à vouloir venir ici et ils auraient les titres de compétence pour travailler ici. Donc, dans le secteur de l'agriculture c'est le travailleur de première ligne qui paie le prix, mais ce n'est pas le cas dans d'autres secteurs.
Plus de 70 p. 100 des revenus de la production canadienne en agriculture et en agroalimentaire proviennent du marché intérieur. On devrait mettre davantage l'accent sur des programmes en vue de maintenir le revenu agricole et le pouvoir de négociation du producteur sur le marché intérieur ou international. Actuellement, il reste trois principaux acheteurs pour les produits laitiers, les céréales et le boeuf au Canada, et il ne reste que deux principaux vendeurs de produits alimentaires.
Tous les autres éléments du CSA — la gestion des risques de l'entreprise, le renouvellement, la sécurité alimentaire, la protection de la qualité et de la ressource, le développement du marché et le commerce, l'environnement, l'innovation et la science, et la stratégie en ce qui concerne la santé des animaux — devraient se fonder sur la stratégie pour donner à tous les producteurs les outils et le cadre de réglementation appropriés pour maintenir ou améliorer leur position financière. En fournissant de tels outils aux producteurs, cela assurera non seulement un secteur primaire plus sain, mais cela mènera ultimement le secteur agroalimentaire à s'éloigner de la volatilité du marché des denrées pour acheter plutôt des produits de haute qualité à valeur ajoutée. La gestion des approvisionnements est un outil de gestion des risques de l'entreprise qu'on ne devrait jamais oublier. Il faudrait l'inclure à part entière.
Le principe selon lequel il faudrait élaborer une politique agricole qui vise à nourrir ses propres citoyens d'abord est justifié en ce sens qu'elle oblige le secteur agricole, du producteur au fabricant de produits alimentaires, à reconsidérer ses priorités et avec le temps, orienter le secteur agroalimentaire vers des marchés à créneaux plus lucratifs.
Voici une déclaration qui s'appuie sur ce principe général et qui a été faite par la GO5, coalition pour un modèle agricole équitable au Québec, et qui mérite à mon avis d'être évaluée par votre comité :
Fournir aux consommateurs canadiens des produits de grande qualité cultivés sur place à des prix raisonnables et recevoir un prix équitable du marché sans compter sur l'argent des contribuables, encourager des exploitations agricoles à échelle individuelle qui permettent à leurs agriculteurs et à leurs familles de gagner leur vie décemment, préserver notre patrimoine spécifiquement en conservant la production agricole locale, préserver notre environnement et notre souveraineté alimentaire.
— et c'est là l'élément clé — la souveraineté alimentaire —
en favorisant la production locale ou régionale qui évite le transport coûteux des aliments sur des milliers de kilomètres depuis l'autre côté de la planète.
— la plupart des aliments sont maintenant disponibles dans un délai de 24 heures par avion, et cela veut dire qu'ils peuvent très facilement provenir d'Australie —
Donner des emplois à la population locale et favoriser le développement régional et économique partout au Canada.
Une chose que je voudrais mentionner avant de conclure c'est le renouvellement. Le gouvernement doit faire davantage pour encourager les producteurs à retourner à la ferme. L'éducation est un excellent départ, mais il faut faire davantage.
L'exploitation agricole est devenue une activité à haute intensité de capital et les jeunes ne trouvent pas de l'argent facilement. Vous, le gouvernement, devez mettre en place des programmes dont ces jeunes peuvent se prévaloir. Les 250 000 $ de plus qui ont été ajoutés à l'exonération fiscale pour gains en capital aident, mais il faut faire davantage. Un cheptel laitier de 50 vaches en plus du jeune bétail coûte facilement de 1,5 à 2 millions de dollars, selon l'endroit où l'on vit. Ou est-ce que monsieur ou madame tout le monde peut trouver autant d'argent?
Pour conclure, l'avenir exige d'avoir une politique qui donne au secteur agroalimentaire canadien accès à des produits agricoles de grande qualité, traçables, durables sur le plan de l'environnement. Cela ne peut être possible que si notre producteur primaire est valorisé par les consommateurs, l'industrie et le gouvernement.
Je vous remercie.
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Bonjour, et merci de me donner l'occasion de vous dire quelques mots. Je ne vais pas tenter de répéter tout ce que vous avez entendu ce matin. J'aimerais vous dire que je suis d'accord avec une bonne partie de ce que M. Dykstra a déjà présenté, mais je tenterai d'être bref et de vous donner certaines des grandes lignes.
Je ne savais pas trop exactement comment aborder la question de la gestion des risques de l'entreprise, car je sais qu'il se fait beaucoup de travail actuellement pour doter les programmes des outils nécessaires à cet égard. L'une des préoccupations est certainement le Comité national sur les programmes de protection du revenu. On nous a dit tout récemment seulement que le comité avait été démantelé et nous nous demandons pourquoi. Nous avions l'impression d'être bien représentés par ce comité dont faisait partie un bon groupe de représentants des producteurs. Nous nous demandons pourquoi ce comité n'existe plus et qui est l'interlocuteur pour ce qui est des recommandations du CSA en ce qui a trait à la gestion des risques de l'entreprise.
L'un des principaux problèmes pour nous dans l'industrie de la pomme de terre en ce qui concerne la gestion des risques de l'entreprise, c'est que parfois les programmes étaient de bons programmes et pouvaient être utiles, mais l'exécution devenait un problème. L'exécution de ces programmes pourrait être améliorée. Une suggestion que nous avons faite, c'est qu'il y ait un bureau régional près des endroits clés. Cela améliorerait considérablement la situation des producteurs qui à l'heure actuelle doivent traiter directement avec quelqu'un de Winnipeg. Nous pourrions peut-être envisager d'avoir un bureau plus régionalisé.
Nous pensons également qu'une bonne solution serait d'avoir des programmes autogérés, comme nous avions avec les programmes d'auto-gestion du risque. Je sais que les horticulteurs en Ontario ont une assurance-production autogérée qui, d'après ce que j'ai entendu dire, semble assez bien fonctionner pour eux. C'est une possibilité que nous devrions à mon avis examiner.
Nous devons tenter de trouver le moyen d'avoir un type d'indemnisations moins ponctuelles pour toutes ces catastrophes qui se produisent constamment. Un exemple que je pourrais donner est celui de la crise récente causée par les nématodes à kyste de la pomme de terre. Je suis certain que vous savez que la région de Québec a été durement frappée par cette crise. Pour le reste des régions où l'on cultive la pomme de terre au Canada, cela veut dire que l'ACIA souhaite que l'on adopte des tests nationaux. Je pense qu'il doit y avoir une consultation. Nous avons tous adopté une résolution pour dire qu'il est nécessaire d'avoir un bon régime d'indemnisation en place avant d'exiger ces échantillonnages et ces tests coûteux, car cela va tout simplement conduire certains producteurs à la faillite. Il devrait y avoir quelque chose que les producteurs puissent planifier.
En ce qui concerne le renouvellement, je suis d'accord avec ce que vous venez tout juste d'entendre. Nous avons besoin de meilleurs programmes. Il faut trouver le moyen d'attirer nos jeunes dans le secteur agricole. Il y a de nombreux obstacles pour eux, et il faut trouver un moyen de les éliminer.
Nous voulons des programmes qui permettent de profiter au maximum de l'ère électronique dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Bon nombre des producteurs à l'heure actuelle ont de la difficulté à utiliser leurs ordinateurs pour avoir accès à Internet. Il s'agit là d'un outil extrêmement puissant pour l'exploitation agricole, mais ce ne sont pas toutes les régions rurales au pays... Au Nouveau-Brunswick, ils ont toujours de la difficulté avec l'accès commuté. Avoir un accès Internet à haute vitesse permettrait de faire une grande différence en ce qui concerne le renouvellement.
Je vais aborder les questions de la sécurité alimentaire et de l'environnement ensemble. Je crois qu'il s'agit là d'une priorité importante. L'industrie de la pomme de terre a fait beaucoup de travail dans ce domaine. Vous savez sans doute que l'industrie de la pomme de terre a mené au développement et à la mise en oeuvre de programmes de sécurité alimentaire à la ferme pour toutes les autres cultures horticoles. Nous estimons que nous sommes les premiers hors de la ferme du point de vue de la culture, ou de la culture horticole.
Le problème c'est que les producteurs tentent de mettre en oeuvre ces changements à la ferme, tant en ce qui concerne l'environnement que la sécurité alimentaire, mais ils ne voient pas de rendement sur le marché, et c'est un défi important. Ils voient d'autres produits arriver sur le marché qui n'ont pas le même environnement, et ce ne sont donc pas là des règles du jeu équitables. Nous devons trouver une façon d'appuyer ces producteurs. Lorsqu'on parle du bien public, du bien commun, c'est peut-être là un bon endroit pour investir des fonds. Les producteurs se préoccupent réellement de leur environnement. Ils font un bon travail. Ils feront ce qu'ils ont à faire, mais ils arrivent à un point où ils ont besoin d'aide.
Nous croyons que la mise au point de nouvelles technologies et l'élaboration de produits à valeur ajoutée dont on entend tellement parler passent par la science et l'innovation. Nous l'avons d'ailleurs constaté dans le cas de la sélection de nouveaux cultivars. Or, nous entendons constamment parler de coupures prochaines dans les programmes d'amélioration génétique et du fait que les essais d'évaluation des cultivars ne sont plus considérés comme de l'innovation. Pour nous c'est tout au contraire très innovateur. C'est l'activité qui pour nous rapporte le plus.
Nous souhaitons des programmes qui nous assureront un financement stable à long terme. Personne ne lancera un programme d'amélioration génétique ou ne fera des études de la rotation des cultures sans pouvoir compter sur un financement stable à long terme. C'est indispensable pour assurer notre compétitivité, particulièrement par rapport à nos concurrents américains. Pour notre part, quand le financement des programmes de science et d'innovation descend jusqu'à la province, nous tentons de rationaliser le processus. Nous avons un comité des intervenants du secteur de l'agriculture et de l'industrie qui est très actif et qui recommande les projets à financer en priorité. L'examen des propositions, la formulation de nos recommandations et l'examen ultérieur par les comités fédéraux-provinciaux font que beaucoup de temps s'écoule avant que les fonds ne soient effectivement distribués. C'est un problème qui est quasi permanent. La saison des semailles arrive et nous ne savons toujours pas quels projets ont obtenu le feu vert. Nous pourrions rater la période très courte propice aux semailles pendant laquelle nous devons semer les parcelles témoins. C'est un élément essentiel. Nous devons trouver une façon de rationaliser le processus.
Enfin, j'aimerais parler de commercialisation et d'échanges. C'est l'un des sujets qui m'apparaît le plus important. C'est l'aspect qu'on a omis d'inclure dans la première mouture du CSA. J'ai cru comprendre qu'il pourrait figurer dans la plus récente version. Nous sommes tout à fait d'accord avec cela. Nous devons avoir de solides programmes de commercialisation et d'expansion des marchés. Nous devons avoir davantage de partenariats commerciaux avec tous ces pays en émergence où il existe une grande demande pour nos produits. Nous nous heurtons constamment à des tarifs élevés dans certaines zones où il existe une demande pour nos produits. Ces acheteurs potentiels sont entravés par ces tarifs. Si nous pouvions créer davantage de zones de libre-échange, je suis convaincu que nous pourrions vendre des volumes de produits beaucoup plus élevés dans le monde entier.
Au Nouveau-Brunswick, nous semblons avoir été distancés. Nous perdons des parts de marché. D'autres secteurs sont plus concurrentiels. Ils ont pris sur nous une longueur d'avance. Ils mènent des campagnes de commercialisation plus appuyées. Nous devons intensifier nos efforts. Nous devons conclure de nouvelles ententes commerciales. Nous devons faire davantage de promotion de nos produits. Cela ne vaut pas que pour les pommes de terre mais bien pour l'ensemble des produits agricoles. Nous devons nous vanter de tous les efforts que nous déployons pour assurer la sécurité des aliments et la protection de notre environnement.
Quand nous discutions de la première mouture du CSA, nous ne cessions de parler de la reconnaissance des marques produites au Canada. Je ne crois pas que nous ayons obtenu le résultat souhaité. Nous devons savoir mieux nous vendre. Il faut qu'il y ait des fonds pour la commercialisation internationale. C'est essentiel à notre survie. Dans notre province, entre 80 et 90 p. 100 de nos pommes de terre sont exportées. Si nous n'avons pas accès à des programmes de prospection de marchés et de commercialisation... Nous avons déjà été distancés par nos concurrents et nous les avons vus gruger une partie de nos marchés traditionnels. Nous devons maintenir nos parts de marché, sur lesquelles nous avons bien réussi dans le passé, et nous devons trouver de nouveaux débouchés.
Monsieur le président, voilà ce que je tenais à vous dire aujourd'hui.
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Bonjour. Je m'appelle Tony van de Brand. Je suis éleveur de porc et administrateur du conseil de Porc NB Pork. Ma ferme se trouve à Salisbury, localité située à 25 kilomètres à l'ouest de Moncton. Stephen Moffett m'accompagne. Il est agriculteur à Penobsquis, localité située à mi-chemin entre Saint John et Moncton. Il est aussi membre du conseil d'administration.
Le secteur du porc au Nouveau-Brunswick est petit mais il est unique et il ne produit plus uniquement des produits de porc grand public. Isolée de la production de porc intégrée et donc à l'abri de nombreuses maladies graves, l'industrie est néanmoins située à proximité des marchés de sorte que la province produit des porcelets sevrés de haute qualité et de haute salubrité, des porcs de reproduction et des porcs destinés aux créneaux spécialités du marché dans d'autres provinces et aux États-Unis. Malgré sa petite taille, notre industrie est un atout pour le secteur de l'agriculture de notre province et pour d'autres secteurs.
Tous nos producteurs participent au programme canadien d'assurance de la qualité. Ils doivent satisfaire aux attentes de leurs clients. La gestion des risques fait partie de la réalité quotidienne de nos producteurs. Les variations du taux de change ou des taux d'intérêt, les fluctuations des coûts ou de la disponibilité des intrants, les défis au plan de la gestion et des clients de plus en plus exigeants font partie des risques à gérer. La grande majorité de ces risques sont assumés directement par les producteurs. Il s'agit aujourd'hui de savoir si le gouvernement a un rôle à jouer dans l'atténuation de ces risques.
Mon exposé ressemble pour l'essentiel au mémoire du Conseil canadien du porc.
L'un des principes qui sous-tend le CSA c'est que les fonds doivent être utilisés de façon équitable afin que tous les producteurs, peu importe les produits qu'ils cultivent ou leurs régions d'attache, soient traités équitablement. Nous appuyons ce principe et le gouvernement devrait travailler en ce sens. La structure du programme actuel ne respecte pas ce principe puisque les programmes liés à la production et les programmes de paiements anticipés initialement mis sur pied pour aider les producteurs de culture sont maintenant accessibles aux éleveurs.
Nous sommes en faveur du principe selon lequel le gouvernement doit intervenir surtout pour atténuer les conséquences négatives d'événements incontrôlables et imprévus, et nous appuyons l'existence de programmes qui respectent nos obligations en matière de commerce international et qui réduisent au minimum les risques de mesures de rétorsion. Le secteur du porc s'y connaît en matière de différends commerciaux puisque nous avons fait l'objet de mesures compensatoires et de mesures antidumping. Ces mesures de rétorsion sont coûteuses pour les producteurs en plus de l'incertitude.
Dans bien des cas, il est inutile de concevoir des programmes qui prévoient le partage des coûts du programme. Comme je l'ai dit, la majorité des risques auxquels font face les éleveurs de porc sont assumés directement par eux. Ces producteurs assument déjà des risques considérables liés à la production et on ne fait que leur ajouter des coûts en exigeant qu'ils assument une partie des coûts des programmes.
Pour ce qui est de la gestion des risques de l'entreprise, nous sommes en faveur du maintien d'un programme de stabilisation des revenus axé sur les marges bénéficiaires. L'actuel programme canadien de stabilisation du revenu agricole, le PCSRA, a répondu aux besoins d'un grand nombre d'éleveurs de porc de tout le pays, même si des améliorations pourraient toujours y être apportées.
Parmi ces améliorations, notons une plus grande couverture des marges négatives, jusqu'à 70 p. 100, fondée sur la marge de référence historique de la meilleure moyenne des trois dernières années ou la moyenne olympique, de façon à éliminer le risque et que le gouvernement effectue des paiements au prorata, amélioration des échéances et réduction du fardeau administratif. Les paiements dans le cadre du programme doivent être assimilés à un revenu pour l'année à l'égard de laquelle le paiement est effectué, plutôt que dans l'année où le paiement est reçu. La prévisibilité et la possibilité d'utiliser le programme pour obtenir des prêts bancaires continuent de faire problème. Nous espérons que les avances ciblées déjà approuvées seront versées sous peu.
Nous appuyons la création d'un cadre pour l'aide en cas de catastrophe. Nous savons que les gouvernements ne seront pas en mesure d'acheter des programmes de gestion des risques de l'entreprise qui tiennent compte de toutes les éventualités; par conséquent, la mise en place d'un cadre pour couvrir les situations particulières nous sera d'une aide précieuse et donnera aux producteurs l'espoir qu'une aide leur sera apportée dans des cas extrêmes. Il faut redoubler d'efforts pour mettre la dernière main à ce cadre.
Lors du lancement du premier cadre stratégique pour l'agriculture, on avait promis que l'assurance-production engloberait d'autres denrées, dont le bétail. Malgré le travail fait par l'industrie et par le gouvernement, nous ne sommes toujours pas plus près de mettre en oeuvre un programme d'assurance-production pour le bétail que nous ne l'étions à l'époque. Il y a donc un énorme écart entre les producteurs de cultures qui sont couverts par un programme d'assurance-production tandis que les éleveurs ne sont pas couverts pas un tel programme.
L'écart est particulièrement flagrant depuis quelques années dans le secteur de l'élevage du porc quand le circovirus a dévasté de nombreux élevages de porc dans tous le pays. Beaucoup d'éleveurs de porc ont dû cesser leurs activités parce qu'ils n'avaient pas de moyens adéquats de combattre la maladie et n'avaient pas non plus accès à un programme d'assurance-production.
Les éleveurs de porcs pourraient être acculés à la faillite en raison de maladies ou d'autres problèmes de production qui échappent à leur contrôle. Nous ne voulons pas que cela se produise au Nouveau-Brunswick ou ailleurs au Canada. Ce problème pourrait être évité si nous avions accès à un programme d'assurance-production.
Nous apprécions sincèrement les efforts déployés par Agriculture et Agroalimentaire Canada en vue de la mise en place d'un programme d'assurance-production, mais nous ne voyons pas venir le jour où nous aurons accès à un programme viable.
L'absence d'un programme d'assurance-production touche les éleveurs de deux façons. D'abord, les pertes liée à la production ne sont pas entièrement assurées. Ensuite, la marge de référence du PCSRA n'est pas étayée par une assurance des pertes liées à la production. Nous voulons que le gouvernement nous confirme qu'il reste déterminé à mettre en place un programme d'assurance-production, même si en définitive il s'agira d'un programme d'assurance privée.
Pour ce qui est du programme d'avances en espèces bonifiées, la Loi sur les programmes de commercialisation agricole qui a élargi la couverture des avances en espèces pour inclure le bétail, qui a relevé le plafond total et qui a augmenté la portion libre d'intérêt de l'avance a été accueillie très favorablement par notre secteur.
Nous apprécions le travail fait par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour rendre le programme d'avances en espèces plus souple. Toutefois, nous continuons de constater que l'accès des éleveurs de porcs aux avances en espèces n'est pas aussi favorable qu'il ne l'est pour les producteurs de cultures diverses. Par exemple, un producteur de cultures peut obtenir une avance et la conserver pendant 12 à 18 mois. Or, étant donné le cycle de production très court sur les fermes d'élevage porcin, les éleveurs ont accès à l'avance pendant six mois seulement. En réalité, nous n'obtenons que 50 p. 100 de l'aide accordée aux producteurs de cultures.
Par ailleurs, les éleveurs qui cultivent des grains pour l'alimentation du bétail seront maintenant désavantagés puisque les grains consommés à la ferme n'ouvriront plus droit aux avances en espèces. L'admissibilité ne devrait pas dépendre de l'utilisation qu'un producteur fait de ses grains.
Le gouvernement fédéral a annoncé dernièrement la création d'un compte d'épargne des producteurs dans lequel le gouvernement fédéral versera un montant initial. C'est une idée intéressante qu'il faudra explorer plus avant. Il nous faut davantage d'information pour savoir comment le compte pourra être financé à long terme sans gruger dans le financement des programmes existants.
Il est important que tous les producteurs aient accès à ce compte d'épargne, peu importent la nature et la taille de leur exploitation. Les plafonds qui existaient dans le cadre de l'ancien CSRN étaient restrictifs et ne reflétaient pas l'expansion des exploitations d'élevage porcin. Il existe maintenant de nouvelles structures de propriété très diverses qui devraient aussi être prises en compte dans le cadre de ce programme.
Les producteurs du Nouveau-Brunswick aimaient bien l'ancien CSRN, surtout quand les provinces recevaient des fonds pour financer des programmes parallèles comme l'a fait le Nouveau-Brunswick pour bonifier le CSRN pour le secteur des viandes rouges.
Certains programmes dont le financement serait ciblé pour aider certaines régions ou certaines cultures pourraient rendre la situation plus équitable pour certains agriculteurs. Par exemple, un tel programme pourrait aider les producteurs quand les coûts des grains de provende sont plus élevés. Nous pourrions avoir une marge plus faible de sorte qu'un programme axé sur les marges pourrait faire en sorte que nous obtenions une aide moins généreuse. Il faudra peut-être bonifier un tel programme pour le rendre plus équitable.
Nous possédons très peu de renseignements au sujet des mesures annoncées récemment à l'égard des coûts de production élevés.
Il convient aussi de rappeler que lorsque les producteurs produisent plus d'une culture ou d'une denrée, la baisse des cours de l'une d'elles pourrait être compensée par la hausse d'une autre de sorte que les producteurs auraient droit à des paiements en vertu du PCSRA moins élevés tandis qu'un autre producteur qui ne produit qu'une culture pourrait lui obtenir un paiement. Cela préoccupe certains producteurs. Toutefois, si l'actuel PCSRA fait l'objet de nombreuses plaintes, le programme tenant compte de l'ensemble de l'exploitation, dont peuvent se prévaloir les producteurs de toutes les denrées, est une approche utile qui devrait être maintenue.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'il y a d'autres aspects de la gestion des risques de l'entreprise à l'égard desquels le gouvernement pourrait jouer un rôle et je pense notamment au risque environnemental. Les producteurs devraient pouvoir compter sur l'appui du gouvernement pour atténuer les risques environnementaux. Nous nous améliorons et nous devrons améliorer une gestion conservatoire de l'environnement dans nos exploitations agricoles, même si elle est déjà bonne. Cela sert l'intérêt public. Par conséquent, les coûts des changements que nous devrons apporter devraient être absorbés par le public et non par l'agriculteur.
Il y aussi la question de la sécurité des aliments. Comme on l'a déjà dit, tous nos producteurs participent au programme d'assurance de la qualité. La sécurité des aliments est un sujet d'intérêt commun. Le public devrait contribuer financièrement au lieu d'exiger que le producteur assume seul le fardeau.
Parmi les autres éléments de la gestion des risques de l'entreprise à l'égard desquels le gouvernement a un rôle important à jouer, mentionnons le cadre réglementaire qui ne doit pas gêner la compétitivité du secteur de l'agriculture, la mise au point et la promotion de solides programmes de protection de la santé animale et la promotion de commerces libres et équitables.
En guise de conclusion, j'aimerais rappeler que nous assumons une part importante des risques dans le secteur de l'élevage porcin. Pour que l'industrie soit florissante à l'avenir, elle doit être moderne, efficiente et efficace et concurrentielle et elle doit utiliser ses ressources financières pour satisfaire à ces critères. Les risques sont aléatoires et il est donc difficile de les inclure dans la planification budgétaire et le gouvernement peut donc aider en contribuant à la gestion des risques.
Je me permets de répéter que la gestion des risques de l'entreprise devrait bénéficier d'un soutien équitable. Ces programmes doivent aussi être conformes aux règles du commerce international et aux engagements du Canada afin que nous évitions les mesures de rétorsion.
Merci, monsieur le président.
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Nous sommes là pour vous parler au nom des jeunes agriculteurs qui ne se sont pas encore formés en association. Nous espérons que cela se fera dans un avenir prochain mais pour l'heure, nous n'avons pas d'association.
À l'avenir nous voulons vous présenter un éclairage différent de la question puisque nous n'avons pas autant d'années d'expérience dans le secteur que bon nombre de ceux qui sont assis autour de la table. Nous avons vécu une réalité sociale tout à fait différente de celle qu'ont connue ceux qui pratiquent l'agriculture depuis de nombreuses années. Je vais tenter de vous décrire un peu mieux notre réalité.
D'abord, si nous voulons que le secteur de l'agriculture survive au Canada, nous devrons pouvoir compter sur des jeunes qui prendront la relève des agriculteurs vieillissants. Il faut pour cela que l'agriculture permette aux jeunes de bien gagner leur vie, il faut que ce soit un choix de carrière viable et valorisant. Très souvent, choisir un autre secteur d'activités que l'agriculture vous garantit un bien meilleur niveau de vie. Cela dit, il y a beaucoup de jeunes qui veulent pratiquer l'agriculture. C'est ce qu'ils aiment et c'est celui qu'ils veulent pratiquer.
Le facteur déterminant pour eux ce sera la possibilité de bien gagner leur vie? Ils se demanderont s'ils ont la possibilité de croissance et d'avancement dans le secteur. La vigueur de l'industrie sera aussi déterminante. Si le secteur se porte bien, les jeunes voudront pratiquer l'agriculture puisque c'est le métier qu'ils souhaitent faire de toute façon.
L'un des principaux problèmes auxquels se heurte la relève c'est que les agriculteurs vieillissants vendent ou démembrent leur exploitation pour financer leur retraite. Comme d'autres l'ont dit, il est très difficile pour un jeune agriculteur de réunir les fonds nécessaires pour faire l'acquisition d'une ferme. Il faudrait qu'il y ait un programme grâce auquel les agriculteurs n'auraient pas à vendre leur ferme pour financer leur retraite. Je ne sais pas quelle forme pourrait prendre un tel programme mais il pourrait s'agir d'un régime de retraite quelconque qui permettrait à l'agriculteur de prendre sa retraite tandis que le nouveau propriétaire continuerait d'exploiter la ferme. À l'heure actuelle, l'agriculteur doit vendre sa ferme et le jeune qui la reprend doit se débrouiller pour trouver seul les ressources nécessaires.
Il y a aussi la question de l'éducation. Il est essentiel de bien former le jeune agriculteur, voire même l'ensemble des agriculteurs. Il est extrêmement important de savoir tout ce que suppose l'exploitation d'une ferme. Cette formation est essentiellement dispensée par les collèges et les universités. Ils doivent obtenir le financement nécessaire. Nous devons veiller à ce que la recherche et le développement soient l'apanage des universités. Si vous vous en remettez au secteur privé pour la recherche et l'information de gestion, le risque existe que cette information soit partiale. Les entreprises cherchent à maximiser leurs bénéfices, alors comment pourrions-nous faire confiance à l'information? Il est important que la recherche soit impartiale. La meilleure façon de s'en assurer c'est d'en confier la responsabilité au gouvernement et aux établissements d'enseignement.
Il faut aussi mieux informer la population au sujet de l'agriculture. Cela fait énormément défaut à l'heure actuelle. À l'école secondaire, je côtoyais 2 000 étudiants et j'étais le seul agriculteur. La plupart de ceux présents ici aujourd'hui vivaient sans doute dans un milieu agricole. Tout le monde était agriculteur et tout le monde savait ce qu'est l'agriculture. Même si votre voisin n'était pas agriculteur, il savait ce qu'était la vie d'un agriculteur. De nos jours, la réalité sociale est tout autre et la plupart des gens ne connaissent pas le secteur et ne le comprennent pas. Je crois que le grand public est mal informé au sujet de l'agriculture et s'en fait donc une idée fausse. Je pense qu'on a fait trop peu d'efforts pour corriger cette situation dans le passé et qu'il faudrait corriger cela à l'avenir.
Il faut aussi que le ministère et que les fonctionnaires avec lesquels les agriculteurs doivent traiter soient aussi mieux informés du fonctionnement du système agricole. On a parfois affaire à des fonctionnaires qui n'ont pas été élevés dans une ferme et qui ne connaissent rien de cette réalité. Ils connaissent les aspects politiques et les dossiers, mais ils ne comprennent pas comment fonctionne l'agriculture. C'est aussi un aspect essentiel.
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Il y a aussi toute la question des règlements et de la sécurité des aliments. À l'heure actuelle, le Canada produit beaucoup d'aliments de très haute qualité et doit continuer de le faire. Les Canadiens ont pu faire confiance dans la sécurité et la haute qualité des aliments qu'ils consomment et je pense que c'est un aspect que nous ne pouvons pas négliger. Nous devons avoir des normes très rigoureuses et nous devons sans cesse les améliorer.
Cela dit, si nous produisons des aliments de très haute qualité, nous ne pouvons pas permettre que des aliments de piètre qualité soient importés d'autres régions du monde. Si les Canadiens veulent avoir accès à des aliments de qualité et que c'est ce que leur assurent les producteurs canadiens, il est inacceptable que nous achetions des aliments de moins belle qualité parce qu'ils sont moins coûteux. Nous devons nous assurer que les aliments importés respectent nos normes de qualité. Ces normes de qualité ne s'appliquent pas uniquement au produit fini; elles devraient aussi s'appliquer au mode de production. Leur production est-elle faite dans le respect de l'éthique? Les aliments sont-ils produits sans sacrifier l'environnement? Les aliments sont-ils produits de façon socialement responsable?
Ce sont des aspects qu'il faut vérifier si nous permettons l'importation d'aliments et si nous voulons dire que ces aliments sont d'une qualité élevée comparable à celle des aliments produits au Canada. Peut-on parler de qualité uniquement dans le cas du produit fini ou dans le mode de production? Je crois que c'est une question essentielle sur laquelle nous devrions nous pencher. Très souvent les prix sont plus bas parce que l'on a négligé certains aspects de la production dont les normes environnementales ou les normes sociales. C'est donc un aspect qui m'apparaît important.
Quant aux programmes du gouvernement et à leur financement, ils devraient être mieux annoncés. Les agriculteurs devraient être mieux informés. Ces programmes devraient être plus faciles d'accès. Il devrait y avoir beaucoup moins d'exigences administratives. Il faut qu'ils soient plus faciles d'accès. Il faut qu'ils soient mieux expliqués pour que les agriculteurs sachent comment ils fonctionnent, et comment s'y prendre pour en bénéficier et s'ils y sont admissibles. Souvent, les agriculteurs ne connaissent même pas l'existence d'excellents programmes. Ils n'ont pas suffisamment d'information et les agriculteurs ne font même pas de démarches pour en profiter.
Il y aussi toute la question de la recherche et du développement. Pour les jeunes agriculteurs, c'est une question très importante parce qu'il ne suffit pas de donner de l'argent aux agriculteurs ou de leur dire de devenir plus efficients ou d'améliorer leurs méthodes de production; il faut aussi leur donner de l'information. Nous vivons à l'ère de l'information et c'est sans doute la question la plus importante. Nous ne pouvons pas gérer sans avoir l'information de gestion requise, n'est-ce pas? Pour exploiter une ferme, il faut disposer du maximum d'information. Il faut avoir accès à toute l'information possible.
Comme on l'a dit plus tôt, la recherche et le développement est surtout faite dans le secteur privé. Ces entreprises sont motivées par la recherche du profit mais nous croyons que le gouvernement devrait avoir un rôle à jouer et devrait faire beaucoup plus de recherche régionale sur la sélection de cultures et autres choses du genre pour que les agriculteurs disposent d'une information impartiale.
Nous croyons que le gouvernement ne devrait pas se contenter d'apporter une aide financière aux agriculteurs mais devrait aussi les aider d'autres façons. Si l'on donne aux agriculteurs les outils dont ils sont besoin, ils réussiront à survivre financièrement. Ils ont besoin que le gouvernement les soutienne sur la scène internationale, dans les relations avec d'autres pays, ou au niveau des grandes orientations. Il nous faut un gouvernement fort à cet égard pour que l'industrie puisse à son tour être forte. Alors, les agriculteurs pourront réussir à avoir une exploitation rentable. Nous croyons que le cadre stratégique doit être considéré comme un échec si les agriculteurs doivent compter sur des filets de sécurité. Ces filets de sécurité sont importants mais ils devraient être une solution de dernier recours pour les agriculteurs.
Je m'arrête là. Merci de m'avoir écouté.
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Je remercie le comité de nous avoir invités.
Avant de commencer, je vous signale que le conseil d'administration des producteurs du Nouveau-Brunswick n'a pas été informé de la tenue de cette réunion. Quelqu'un vous a donné mon nom et c'est ainsi que je me retrouve ici. Je ne siège pas au conseil d'administration des producteurs d'oeufs du Nouveau-Brunswick, de l'OCCO ou de quelque autre organisation; je suis un simple producteur d'oeufs. Comme je ne me sentais pas en mesure de vous donner toutes les informations qu'il vous faut, j'ai communiqué avec les producteurs d'oeufs du Nouveau-Brunswick pour leur demander d'envoyer un représentant, mais personne n'était disponible parce qu'on a appris la tenue de cette séance-ci la semaine dernière seulement. Je vais donc vous dire les remarques qu'ils m'ont transmises et j'y ai ajouterai quelques mots.
Quand je pense à la gestion des risques, je pense à deux grandes catégories de risque. Il y a d'abord la perte de revenu associée aux changements de prix, et la perte de revenu découlant de problèmes de production tels que les maladies animales, le mauvais temps et les problèmes de culture. Les agriculteurs font face à de nombreux défis sur lesquels ils n'ont aucun contrôle. L'entreprise agricole est unique en son genre, et les programmes gouvernementaux devraient aider les agriculteurs en difficulté pour des raisons indépendantes de leur volonté. L'exemple qui vient tout de suite à l'esprit pour notre secteur est celui de la grippe aviaire dont j'aimerais vous toucher quelques mots.
Notre secteur a eu de longues discussions avec les représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'honorable Chuck Strahl concernant l'insuffisance de l'indemnisation prévue aux termes de la Loi sur la santé des animaux. Cette indemnisation est insuffisante quand on ordonne la destruction de troupeaux, car le gouvernement estime que la valeur du marché équivaut à la valeur de remplacement. En conséquence, par exemple, on vous dira qu'il vous en coûtera 7 $ pour remplacer un poulet. Moi, j'ai 35 000 poulets et si on détecte la grippe aviaire dans un rayon de 5 kilomètres de mon entreprise — même si on n'a pas diagnostiqué de grippe aviaire dans mes poulets —, si la grippe est présente dans un rayon de 5 kilomètres, tous mes poulets devront être détruits. J'ai 17 500 poulets d'un certain âge et 17 500 poulets d'un autre âge, ainsi qu'un troupeau de remplacement de 17 500 volailles. Tous ces animaux devraient être détruits et on me dit qu'ils valent 7 $ chacun. De plus, seuls 35 000 de mes poulets valent 7 $ car les plus jeunes ne valent que 1,50 $. Par conséquent, le régime qu'on tente de mettre en oeuvre me donnerait droit à une indemnisation d'environ 300 000 $ en.
Mais si mes poulaillers restent vides pendant six mois avant qu'on ne m'autorise à nouveau à y faire entrer des poulets, il me faudrait trouver des poulets de cet âge, ce qui n'est pas facile. Je devrais ensuite attendre encore six mois pour obtenir un autre troupeau d'âge. La véritable valeur de ces volailles pendant cette année-là... Je perdrais toute la production d'une demi-année, et la production de l'automne suivant et d'une autre demi-année.
Chaque année, je produis environ 11 millions d'oeufs, soit 920 000 douzaines. Si chaque douzaine me rapporte 1 $, à la fin de l'année, j'aurai perdu 920 000 $ mais je n'aurai reçu que 300 000 $ en indemnisation pour la destruction de mes volailles qui n'étaient même pas atteintes de la maladie. C'est difficile à prendre. Il nous faut un programme qui tienne compte de tous ces facteurs.
À l'heure actuelle, l'Agence canadienne d'inspection des aliments compte faire la surveillance des troupeaux commerciaux pour détecter la grippe aviaire. Cette maladie existait au Nouveau-Brunswick il y a probablement 30 ou 40 ans. On la trouve chez les oiseaux sauvages. Ce n'est qu'une forme de la grippe ordinaire. En Asie, elle s'est transformée en forme hautement pathogène qui peut s'attaquer aux humains, mais, ça, c'est une souche différente. Ici, elle est loin d'être hautement pathogène. Alors, si on me demande de détruire tous mes poulets alors qu'ils ne sont pas malades, il faut qu'on me verse une indemnité suffisante.
Passons maintenant à l'autre aspect de la gestion des risques, la baisse des prix. Heureusement, la production d'oeufs est assujettie à la gestion de l'offre et nous n'avons pas à nous inquiéter du fléchissement des prix. La gestion de l'offre s'applique à la production d'oeufs au Canada depuis 30 ans; les agriculteurs canadiens produisent des oeufs pour répondre à la demande des consommateurs canadiens. La gestion de l'offre favorise une production stable d'oeufs de haute qualité et est généralement reconnue comme étant un système viable. Elle permet aux agriculteurs de gagner leur vie raisonnablement bien dans la plupart des circonstances.
Justement, puisqu'il est question d'aliments de haute qualité, je suis allé en Floride il y a deux ou trois mois et j'ai vu qu'on y vendait une douzaine d'oeufs pour 2,80 $ et deux douzaines et demie d'oeufs pour 1,50 $. Cependant, la douzaine d'oeufs vendue 2,80 $ avaient été produits sans médicaments, hormones ou produits chimiques. Pour ce qui est des autres, vous pouvez imaginer ce qu'on a donné aux poulets qui les ont pondus. Heureusement, au Canada, nous n'avons pas à nous inquiéter de cela, car tout est strictement réglementé. Il y a différents programmes, tels que Propreté d'abord — Propreté toujours et les programmes HACCP, qui garantissent la sécurité de nos aliments.
Quand le programme Propreté d'abord — Propreté toujours a été créé il y a une dizaine d'années, nous avons dépensé des milliers de dollars à notre ferme pour répondre aux critères — la biosécurité, les plateaux, les changements de vêtements chaque fois qu'on entre dans le poulailler, le lavage des mains, etc. — afin d'avoir droit à une indemnité. Et nous continuons d'appliquer ces pratiques.
Actuellement, tous les oeufs produits dans le sud du Nouveau-Brunswick sont envoyés à Amherst, en Nouvelle-Écosse, à un poste central. Nous procédons ainsi surtout en raison de la réglementation et des coûts. Nous avons fermé notre poste de l'an dernier pour deux raisons : une nouvelle réglementation était sur le point d'entrer en vigueur et il devenait coûteux d'acheter et d'entretenir la machinerie et de satisfaire aux exigences du programme HACCP. L'autre raison, c'est que, comme on l'a déjà signalé, il y a deux grandes épiceries au Canada actuellement. Elles nous ont dit un jour qu'elles ne voulaient faire affaire qu'avec un seul vendeur plutôt qu'avec de nombreux producteurs et qu'il nous fallait nous rassembler si nous voulions continuer à leur vendre nos oeufs. Bientôt, il y aura une troisième grande épicerie au Canada car Wal-Mart s'en vient. Wal-Mart est devenu le plus grand vendeur de produits d'épicerie aux États-Unis en 10 ans. Il est donc fort probable que Wal-Mart fasse autant de dommages ici si le gouvernement n'adopte pas les règlements qui s'imposent.
La nouvelle politique en matière d'agriculture et d'agroalimentaire devrait inclure tous les éléments de l'agriculture canadienne et son principal objectif devrait être la croissance et la rentabilité de chaque secteur. Pour ce faire, on ne doit pas se contenter de trouver des solutions aux problèmes, mais aussi reconnaître et renforcer chaque composante de l'industrie agricole canadienne qui connaît du succès, telle que la gestion de l'offre. C'est un système dont l'efficacité a été prouvée, mais on ne peut l'imposer à tous les secteurs. Ainsi, la majorité des pommes de terre produites au Canada sont exportées, et la gestion de l'offre s'appliquerait difficilement à ce secteur. Ailleurs, toutefois, on pourrait prendre des règlements qui aideraient.
Dans les épiceries, on dit des denrées qu'elles sont locales si elles arrivent à l'épicerie moins de 24 heures après la récolte. Il suffit de mettre les fruits et légumes dans un avion pour qu'ils arrivent à l'épicerie dans les 24 heures suivant leur récolte et pour qu'on puisse les appeler des produits locaux. Peut-être devrait-on exiger par règlement que les épiceries achètent des quantités données de produits locaux, véritablement locaux. Peut-être devrait-on envisager d'imposer l'étiquetage des produits pour indiquer l'origine, pour indiquer qu'un produit vient d'Afrique ou d'ailleurs.
Il faudrait aussi examiner la sécurité des aliments. Ceux qui cultivent certains légumes n'ont pas accès à certains pesticides et herbicides qui sont sans danger et utilisés à l'étranger, et nous achetons des aliments sur lesquels on a vaporisé ces produits. Certains pays, comme l'Argentine épandent des produits chimiques que nous avons interdits il y a 10 ans. Ils les vaporisent sur les denrées alimentaires que nous importons, que nous achetons et que nous mangeons. Ce n'est pas ça, la sécurité des aliments et ce n'est pas non plus le gros bon sens.
Il est à noter que dans les accords de mise en oeuvre du cadre stratégique pour l'agriculture, certaines provinces incluent un appui sans réserve à la gestion de l'offre et vont même jusqu'à affirmer que c'est la pierre angulaire de la politique agricole du Canada. Les régimes de gestion de l'offre sont des ententes fédérales-provinciales autorisées par la loi. Par conséquent, les piliers qui garantissent le bon fonctionnement de la gestion de l'offre doivent être étayés. Voilà pourquoi nous demandons que ces trois piliers — l'établissement des prix par les producteurs, les contrôles à l'importation et la discipline de production — figurent explicitement dans le prochain cadre stratégique pour l'agriculture.
En ce qui concerne la gestion du risque en cas de catastrophe, quand un agriculteur doit composer avec une sécheresse ou de fortes pluies ou qu'il perd sa récolte pour cause de maladie ou d'infestation, il doit, pour obtenir une indemnité, s'adresser aux deux paliers de gouvernement, en plus de son assureur privé. Entre-temps, il doit continuer à payer les factures. Les banques, elles, n'attendent pas. C'est ainsi qu'elles font leurs profits. Si vous ne faites pas vos paiements, elles s'empressent de réclamer votre ferme.
J'estime que si un agriculteur peut prouver qu'il est en difficulté financière en raison de conditions indépendantes de son contrôle, à cause des changements que le gouvernement a apportés à ses programmes ou à ses règles, par exemple, ou à cause des conditions météo ou d'une maladie, s'il peut montrer les profits qu'il réussit à faire, on devrait lui verser de l'aide financière sans délai dans le cadre d'un programme quelconque. Si vous avez tous les papiers attestant de votre situation financière, on devrait vous aider à faire vos paiements et à survivre.
Pour ma part, les revenus que je perds en six mois représentent environ un demi- million de dollars. Entre-temps, je dois continuer à payer mes factures et à assumer mes coûts. La seule chose que je n'ai plus à payer, essentiellement, c'est la nourriture de la volaille, mais je dois continuer à assumer tout le reste.
Et pour ce qui est de nourrir mes animaux, moi, j'ai ma propre provenderie, ce qui implique des coûts. J'ai peut-être de 10 000 à 50 000 $ de grain qui ne me sert à rien en ce moment. Si j'arrête la production pendant six mois, que ferai-je de ce grain? Même si je le vendais, je devrais assumer des coûts. C'est là le genre de choses dont je parle.
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Merci d'être venus aujourd'hui. Je suis député d'une circonscription du centre de l'Ontario où il y a pas mal d'agriculture dans la partie sud. Je suis originaire du nord de la circonscription, où il y a de la roche, des collines et des arbres. Je ne suis donc pas agriculteur, mais je comprends le monde agricole et je compatis à ses difficultés. J'essaie de me familiariser avec ce secteur. J'essaie de voir s'il y a un moyen de rendre l'agriculture viable, car au bout du compte, c'est bien de cela qu'il s'agit: créer une situation où l'agriculture sera viable, où vous pourrez vendre vos produits, récupérer vos coûts et gagner votre vie.
L'une des choses qui me frappe sans cesse au cours de ces consultations, c'est la différence entre ceux qui font des produits alimentaires de base et ceux qui ont trouvé le moyen d'accroître la valeur de ce qu'ils produisent, soit par la transformation, soit par une commercialisation originale, soit au moyen de vente directe.
J'ai trouvé l'exemple des oeufs de la Floride intéressant. Ce sont encore des oeufs, n'est-ce pas? La douzaine se vend plus de 2 $, alors qu'on peut obtenir deux douzaines et demie pour moins de 2 $. Les gens paient 2,80 $. Je vous parle en tant que consommateur. Lorsque je suis devant le comptoir du lait au supermarché, je dois décider si je suis prêt à payer un dollar de plus pour du lait traité par microfiltration. Je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est mieux ou pas, mais je pense qu'il y a beaucoup de consommateurs qui ont du mal à payer leur épicerie chaque semaine et il y en a d'autres dont la facture d'épicerie est une proportion relativement petite de leurs dépenses. Ils n'hésitent pas à payer 20 $ de plus pour le câble afin d'avoir plusieurs chaînes payantes, parce qu'ils ont de l'argent à dépenser.
Je pense que nous devons trouver le moyen d'amener les consommateurs à attacher une plus grande valeur aux produits agricoles canadiens.
Monsieur Dykstra, vous nous avez parlé des normes alimentaires. Lorsque j'achète des framboises canadiennes, j'ai une idée des normes auxquelles elles ont été assujetties, mais si elles proviennent du Guatemala, je n'ai aucune idée des normes de ce pays. Je sais qu'il est arrivé par le passé que les normes alimentaires servent de barrières non tarifaires, et il y a des cas célèbres au Japon, en Corée et ailleurs, où elles servent uniquement à exclure les importations. Ce n'est pas de cela que je veux parler.
Avez-vous des idées sur le moyen d'établir ce rapport avec les consommateurs? Ils ne vont pas acheter vos produits parce qu'on les force à les acheter, mais je pense qu'ils paieront 50 ¢ de plus pour quelque chose qu'ils croient meilleur pour eux ou pour leur famille.
Vous pourriez peut-être commencer, monsieur Dykstra, par cette question. Avez-vous des idées sur la manière d'établir la communication entre les producteurs canadiens et les consommateurs, afin qu'ils soient prêts à payer davantage pour quelque chose qu'ils jugent de qualité supérieure, quelque chose produit ici, au Canada?
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Merci pour la question.
Les Producteurs laitiers du Canada ont un petit logo, celui de la vache blanche sur fond bleu, et commercialisent les produits laitiers canadiens avec l'image de la petite vache blanche. Voici où est le problème. C'est très sensé, et le boeuf canadien à l'extérieur du pays a été commercialisé avec succès avec l'image de la vache rouge et de la feuille d'érable rouge mais ici, au Canada, malheureusement, il se trouve que 25 p. 100 de la population se moque bien de ce qu'elle a à payer pour un produit, 50 p. 100 de la population cherchent le meilleur prix et il reste 25 p. 100 des consommateurs qui ne peuvent se payer que le produit le moins cher. Il n'y a donc qu'un tout petit marché pour lequel on peut fixer presque n'importe quel prix, à la condition que la clientèle sache d'où vient le produit. Le reste des consommateurs, 50 ou 75 p. 100 d'entre eux, ne s'y intéressent pas.
Ce matin, j'étais justement ici quand vous avez établi une distinction au sujet de votre région. Vous avez dit qu'à une époque, les gens venaient en vacances dans votre région de Toronto, mais qu'ils vont tous maintenant à Cuba ou au Mexique. Pourquoi font-ils ce choix? Parce que la valeur est la même.
Pourquoi la valeur est-elle la même? Parce que malheureusement, il y a des régions du Mexique et de Cuba, où les touristes sont sur une toute petite île, dans un centre de villégiature protégé, sans avoir à supporter la vue des quartiers pauvres. Et c'est dans ces régions pauvres que nous, Occidentaux, passons nos vacances. Nous allons dans ces centres de villégiature, aux dépens de ces pauvres gens. Il faut faire comprendre cela aux consommateurs canadiens, soit que ce qui est offert dans le monde occidental l'est aux dépens des producteurs primaires, qui doivent gagner leur vie. Peu importe le travail qu'ils font, ils doivent pourtant gagner leur vie, tout comme les ouvriers du secteur de l'automobile dans les usines où les TCA travaillent à 35 $ de l'heure.
Personnellement, j'ai calculé que je gagne au maximum 15 $ l'heure dans le secteur laitier. Il me faut des compétences. Il me faut l'instruction nécessaire pour pouvoir, en fin d'année, faire ma comptabilité pour déclarer un profit. Les ouvriers d'usine voient passer devant eux le matériel et n'ont pas besoin de compétences. Tout ce qu'il leur faut, essentiellement, c'est un peu de formation pour savoir tourner un boulon.
Je ferai d'abord une déclaration, puis j'espère obtenir des commentaires de certains d'entre vous. J'aimerais parler surtout du secteur de la pomme de terre.
Monsieur Dykstra, vous avez commencé votre exposé sur une note pessimiste, avec beaucoup d'impatience.
Je suis convaincu, Paul, que vous faites cela depuis des années et que vous savez que ce genre de chose est répété constamment.
Je suis dans ce domaine depuis 18 mois environ et nous avons tenu une série d'audiences dans toutes les provinces du Canada, sauf les deux plus grandes, le Québec et l'Ontario. Je suis convaincu que nous avons reçu suffisamment d'information pour régler les problèmes du système, même si nous n'allons pas en Ontario ni au Québec. Ce sont essentiellement les mêmes idées qu'on entendrait.
On a tendance à blâmer les bureaucrates, à se demander pourquoi rien ne se passe. Il faut bien que le pays ait une vision, mais aussi la volonté de la mettre en oeuvre. À mon avis, nous disposons maintenant des renseignements, et il faut commencer à agir, afin que si je fais partie du comité de l'agriculture pour ses prochains déplacements, nous ne parlions plus de la même chose, afin que nous nous penchions sur quelque chose de différent, permettant de mettre en oeuvre cette vision.
J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. C'est ma déclaration de ce matin. Ce n'est pas mon habitude.
Monsieur Gareau, j'ai quelques questions au sujet des pommes de terre. Hier, M. MacIsaac, de l'Office de la pomme de terre de l'Île-du-Prince-Édouard, nous a parlé. Il a malheureusement dû partir tôt et nous n'avons pas eu l'occasion de lui poser suffisamment de questions. Il a dit qu'il existait actuellement en Amérique du Nord un accord de coopération relatif au transport des pommes de terre. J'aimerais savoir ce qui se passe, parce que nous constatons par ailleurs qu'ici, par exemple, et en Colombie-Britannique, il y a du dumping de pommes de l'État de Washington. Nous n'avons pas beaucoup de coopération, à voir les quantités de denrées d'origine américaine qui font l'objet de dumping dans nos marchés, grâce aux subventions.
Comment se fait-il qu'on en soit arrivé à une entente, ou qu'on en négocie une, visant la coopération nécessaire au libre mouvement des pommes de terre à nos frontières? Est-ce que nous avons encore la possibilité d'approvisionner notre propre pays avec nos pommes de terre? Pourriez-vous me donner des précisions?
Nous avons établi deux groupes, au Canada et aux États-Unis, appelés United Potato Growers. Le premier a été le groupe américain, les United Potato Growers of America. Les United Potato Growers of Canada ont rapidement suivi, cet organisme ayant été créé l'an dernier. Tous les principaux producteurs de pommes de terre de la région en sont membres. Pour les États-Unis, la plupart des grandes régions productrices en font partie, mais pas toutes. Nous avons un accord avec eux, et nous collaborons étroitement, notamment par des appels-conférences hebdomadaires. Essentiellement, ce que nous voulons, c'est rétablir l'ordre dans le marché. Nous voulions rétablir une réglementation pour que l'offre de pommes de terre cadre avec la demande.
C'est parce que les choses allaient bien mal que nous avons été contraints d'agir ainsi. C'était une guerre sans merci entre les producteurs. La demande a baissé, particulièrement pour les pommes de terre de consommation. Ce n'est pas la même chose pour les pommes de terre transformées, mais les cultivateurs n'ont pas droit aux recettes tirées de la valeur ajoutée. Nous avons conjugué nos efforts principalement du côté des pommes de terre de consommation, tout en travaillant aussi avec les producteurs de pommes de terre destinées à la transformation. Un nouveau regroupement a été formé pour les producteurs de pommes de terre de semence. C'est un nouveau groupe, très enthousiasmant. En fait, deux groupes ont été formés et collaborent étroitement. Ces deux groupes sont en voie d'être dotés de personnel ou d'être lancés.
Nous sommes inquiets, en voyant le sort réservé à la Commission canadienne du blé et les pressions exercées sur le secteur de la gestion de l'offre. Notre secteur, celui de la pomme de terre, s'oriente vers la gestion de l'offre, étant donné que c'est la seule façon de subsister.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Merci d'être venus.
Nous avons commencé nos audiences à Ottawa. Nous sommes allés à Penticton, en Colombie-Britannique, lundi dernier, puis nous nous sommes déplacés dans l'ensemble du pays. Il y a un certain nombre de thèmes qui reviennent. Parmi ceux-ci, il y a, mais ce n'est pas le seul, les produits provenant d'autres pays, pour lesquels on a utilisé des herbicides, des pesticides, des normes de sécurité différentes, etc. que nous n'avons pas le droit d'utiliser. Il faut faire quelque chose. La question de l'aide en cas de catastrophe doit être assez vaste et pourrait peut-être s'appliquer à des situations créées par des difficultés commerciales.
Il y a un certain nombre de secteurs, mais je vais essayer d'être précis.
Je m'adresse aux producteurs de porcs. Dans vos exposés, vous avez mentionné les coûts d'administration et la rapidité de mise en oeuvre des programmes. Je pense que vous devriez savoir que les frais d'administration des programmes d'Agriculture Canada ont totalisé 481,9 millions de dollars pour les deux derniers exercices. Si cet argent est dépensé pour l'administration à Ottawa, vous n'en profitez pas. L'argent est prévu au budget d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, mais vous n'en voyez pas la couleur.
L'un des principaux est le PCSRA qui coûte en moyenne 108 millions de dollars par année. Ce n'est pas le programme le plus facile à comprendre. L'assurance-production coûte 94 millions de dollars une année et 98 millions de dollars l'autre. Je peux comprendre pour l'assurance-production, puisqu'il y a des gens dans les régions. Ils sont là pour vous informer.
Justin, vous avez mentionné quelque chose dont on n'avait pas beaucoup entendu parler. J'aimerais que vous précisiez, aux fins du compte rendu, ce que vous demandez au juste, et peut-être que d'autres auront également des observations à faire. Vous avez dit que l'étranger peut nous envoyer des produits qui coûtent moins cher parce que le coût de production y est moins élevé en raison des normes environnementales et pour d'autres raisons.
Je n'ai jamais compris pourquoi nous avons des lois internationales en matière de commerce qui ne tiennent pas compte des normes environnementales et des normes du travail qui ne sont pas comparables. Non seulement nous perdons des industries dans le secteur agricole, nous en perdons aussi dans le secteur de l'automobile, nous avons déjà perdu l'industrie du vêtement, et la liste continue. Allez dans n'importe quelle ville de ce pays et vous verrez des industries qui disparaissent à cause de ces deux facteurs.
Qu'en pensez-vous? Lorsqu'il négocie, le Canada devrait-il avoir pour position que l'environnement et la main-d'oeuvre doivent faire partie des discussions et qu'il faut des règles du jeu équitables dans ces domaines également?
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci beaucoup d'être venus aujourd'hui.
J'aimerais que nous parlions des derniers points soulevés par M. Easter. Il a parlé des Américains : ni vu ni connu.
Ce qui compte, c'est qu'ici nous avons une norme. Nous ne savons pas si les consommateurs y tiennent ou pas, mais elle existe. Nous sommes un pays trop honnête — et je le dis sérieusement — comparé à d'autres pays. Si vous voulez qu'il y ait moins de surveillance, comme quelqu'un l'a mentionné, la seule solution, c'est d'abolir la moitié de l'ACIA. Est-ce que c'est une solution que le public trouvera acceptable? Je ne le pense pas. Alors ce n'est probablement pas une option.
Mais quelque chose de bon a été dit. Et c'est pourquoi je vous laisse y revenir.
Une autre question dont on a parlé aujourd'hui est celle des mesures à prendre pour aider les jeunes agriculteurs et, Justin et Jens, il n'y a rien qui me ferait plus plaisir. J'ai trois fils, et aucun d'entre eux ne veut devenir agriculteur. Ils ne vont pas reprendre la ferme, pour diverses raisons. Ils ont tous les trois de bons emplois. Pour l'un d'entre eux, la pierre d'achoppement, c'est l'argent. Mon plus jeune m'a dit qu'il ne veut pas travailler 20 heures par jour comme moi je l'ai fait.
C'est un commentaire que j'ai entendu. Il y a un certain nombre de facteurs, mais voici à quoi je voulais en venir. Si le gouvernement aide financièrement les jeunes hommes et les jeunes femmes comme vous pour qu'ils puissent plus facilement obtenir des capitaux, vous verrez toutes les entreprises du pays réclamer leur part. On aura beau faire valoir que c'est pour assurer notre sécurité alimentaire, ce sera très difficile à faire accepter au reste de la population. Donc, si vous avez des idées sur la façon de faire accepter une telle aide, je serais heureux de les entendre, comme tous mes collègues autour de cette table.
L'autre chose dont on a pas mal parlé dans l'Ouest, et aussi ici hier et aujourd'hui, c'est l'idée d'un seul organisme gouvernemental pour l'agriculture. L'ennui avec cette suggestion — et je prendrai ma propre province, l'Ontario, comme exemple — c'est que cela suscitera un tollé de protestations. Les provinces ne voudront pas abandonner ce champ de compétence. Je suis à peu près convaincu que Danny Williams n'abandonnera pas la partie sans se défendre. C'est donc un problème.
Pour que cela soit possible, il faudrait tout d'abord que le gouvernement fédéral accepte cette idée. Ensuite, il faudrait que l'industrie se range de notre côté et dise aux provinces : « Écoutez, nous en avons assez de cette compétence partagée. Vous ne savez pas comment faire; ça prend trop de temps; il y a trop de tracasseries administratives. Nous avons besoin que vous nous aidiez ».
Voici ma question. Si le gouvernement adoptait cette position, est-ce que chacun de vos groupes de producteurs ferait front avec lui pour mener cette lutte? S'il y a 10 provinces qui partagent cette responsabilité, ce n'est pas possible d'avoir un plan global. À mon avis, à moins que quelque chose ne m'échappe, il faut que ce soit le gouvernement fédéral qui s'en charge. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Puisque je suis le dernier à intervenir aujourd'hui, et puisque je voudrais terminer sur une note très positive, je pense que nous devons vraiment évaluer l'évolution de notre secteur agricole et l'avenir que nous lui souhaitons. Je ne pense pas que l'un d'entre vous ait répondu à la question soulevée par M. Miller, question que je soulève moi-même depuis fort longtemps, à savoir le recours à un programme public unique. Cela n'empêche pas pour autant les provinces de participer à d'autres programmes menant vers ce programme unique, puisque chacune a ses propres particularités. Mais pour dire les choses simplement, nous ne pouvons pas nous permettre de lutte intestine entre les provinces. Aux États-Unis, il n'y a qu'un seul Farm Bill, et je dis bien un seul, alors qu'il y a 50 États.
Je suis devenu agriculteur en 1965. Je suis né en 1942. Si vous faites le calcul, vous verrez que je suis près de la retraite. Cela étant, ma communauté compte trois, presque quatre générations de plus qu'à mes débuts. Quand j'étais jeune, il y avait peut-être une génération qui avait quitté le secteur agricole. Aujourd'hui, ce sont quatre générations qui lui ont tourné le dos. On ne se préoccupe pas, comme vous l'avez dit, monsieur Dykstra, de la provenance des aliments.
C'est pourquoi je pense qu'il appartient au gouvernement et aux organismes agricoles de collaborer étroitement. C'est pour cette raison que je veux qu'on réduise l'intervention de l'État, pour que les Canadiens comprennent que nous défendons nos approvisionnements alimentaires et que nous en reconnaissons l'importance, que nous défendrons les communautés agricoles pour que nous ayons des agriculteurs à l'avenir. C'est, à mon avis, l'orientation à suivre.
Quand nous regardons ce que nous avons fait jusqu'ici, nous constatons que nous avons supprimé des postes d'attachés commerciaux à l'échelle mondiale. Nous avons également amenuisé notre influence dans le cadre d'accords bilatéraux. Je pense que nous devons voir ce qui se fait ailleurs et que nous devons nous inspirer des leçons des Américains, pas seulement au chapitre de l'exécution de programmes, mais aussi en nous montrant plus dynamiques. Nous avons toute une génération aujourd'hui qui croit que nous devrions élever nos poules en toute liberté, et que nous devrions élever nos porcs en stabulation libre. Or, le coût serait énorme, et on ne semble pas comprendre l'incidence de la diminution — ni peut-être la biosécurité d'une agriculture pratiquée de cette façon. On ne comprend tout simplement pas.
Que ces gens comprennent ou pas, je pense qu'il nous appartient de nous battre. Si nous nous contentons de nous asseoir et d'essayer de les sensibiliser, nous ne réussirons pas de mon vivant, ni du vôtre, ni même du vivant de ces jeunes gens.
J'aimerais que vous repartiez d'ici aujourd'hui en pensant qu'il y a aura des gouvernements à l'avenir qui se préoccuperont suffisamment de l'agriculture pour offrir des programmes. J'ai réussi à emprunter de l'argent à 5 p. 100, mais moi aussi j'ai traversé la période des 22 p. 100. Je vous avouerai que ce n'était pas facile. J'ai encore le même sentiment quand je reçois une enveloppe de la banque. Je me rappelle des lettres qui me parvenaient des banques. Ces lettres ne contiennent plus la même information aujourd'hui, mais permettez-moi de vous dire que ce sentiment n'est pas agréable.
Je ne peux que vous encourager tous à vous serrer les coudes et à faire preuve de détermination, car je me demande pourquoi vous avez même envie de devenir agriculteurs. Je ne veux pas terminer là-dessus, car je crois qu'il est merveilleux que des jeunes veuillent continuer d'exploiter une ferme.
J'arrive à la fin de mon intervention, mais j'aimerais simplement dire qu'à Abbotsford, nous avons proposé quelques recommandations après avoir tenu des audiences là-bas. C'est en réponse à votre question, monsieur Durnnian, étant donné que vous vouliez savoir pourquoi nous n'appuyons pas le secteur agricole financièrement. Nous avons des recommandations qui vont dans le sens de votre question. Il s'agit maintenant de les mettre en oeuvre.
Si on a le temps pour une réaction, soit, sinon, je voulais simplement vous faire part de mes opinons avant de quitter Fredericton aujourd'hui.
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Je suis d'accord avec vous là-dessus. Même si nous retenions cette solution, je ne pense pas que l'Alberta, le Québec ou l'Ontario seraient prêts à renoncer à leur propre ministère de l'Agriculture.
Monsieur Dykstra, vous avez signalé qu'au Canada, nous n'avons jamais connu la famine. Seules quelques personnes se rappellent les difficiles années 30. Nous avons accueilli de nouveaux Canadiens, des Canadiens de deuxième et troisième génération d'origine européenne et qui ont connu la Seconde Guerre mondiale. Les gens venus d'Afrique, qui ont connu là-bas des famines, comprennent. Toutefois, les Canadiens pour la plupart ne se rendent pas compte.
Il semble que les Américains en prennent conscience. Même si leur histoire est semblable à celle des Canadiens, ils semblent en être conscients. Il leur faut faire le nécessaire pour nourrir leur énorme population. Ils investissent intensément dans le domaine agricole.
Certains des témoignages entendus ici aujourd'hui reprennent ce que nous avons entendu nous-mêmes d'un bout à l'autre du pays à propos des piliers du cadre stratégique pour l'agriculture. On préconise d'y incorporer la gestion de l'offre ou du moins, il faudrait que la gestion de l'offre s'imbrique dans le pilier que constitue la gestion du risque de l'entreprise. On nous a dit de faire de la commercialisation et du commerce un des piliers, en intensifiant le bilatéral. Si l'OMC ne peut pas régler la situation ou donner suite à nos revendications, il nous faut alors redoubler d'efforts pour négocier autant d'ententes bilatérales que possible. Là où je vois un hiatus...
Dites-moi, monsieur Gareau, quand vous évoquez la possibilité de travailler avec nos homologues américains, songez-vous essentiellement à un modèle de gestion de l'offre nord-américain? Éventuellement, comment cela s'inscrirait-il dans la perspective plus vaste d'une denrée commerciale?