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Merci, monsieur le président. Je suis très heureux de pouvoir prendre la parole et je vous en remercie.
J'aimerais dire quelques mots sur ce sujet. Je vous répète qu'à mon avis, M. Easter est allé trop loin et qu'il chercher à éveiller une réaction par ses propos outrés.
J'avais bien précisé jeudi que M. Atamanenko souhaitait déposer cette motion pour qu'elle soit dans les règles, il lui fallait la présenter en son nom, demander une enquête et supprimer la mention du tiers. C'est ce qu'il a fait. Nous n'appuierons pas cette motion, mais je considère effectivement que de la façon dont elle est rédigée, notre comité est en mesure de l'étudier et de passer au vote. Bien entendu, nous en sommes maintenant au nième avatar de cette motion et nous en sommes à un point où la situation est totalement ridicule. La conséquence la plus probable c'est que la vérificatrice générale préférera éviter de se lancer dans une telle chasse aux sorcières parce que la chose va trop loin et qu'il est inutile de s'engager dans une telle entreprise.
Il est important aussi de tenir compte de ce que j'ai avancé tout à l'heure, en l'occurrence qu'il nous faut savoir quelle a été la participation des provinces et celle de la Commission canadienne du blé, parce que si nous devons procéder à une enquête, comme l'a indiqué Larry, nous devons nous pencher sur les agissements de chacun des acteurs ayant pris part à ce plébiscite sur l'orge. Notre comité a effectivement le pouvoir de faire une partie de ce travail. Si nous décidons d'aller chercher des réponses dans ce domaine, nous pouvons y arriver. Wayne m'a d'ailleurs défié, et a défié le ministre, de le faire, et je crois qu'en réalité c'est possible. Je ne sais pas dans quelle mesure une partie de ces renseignements peuvent être jugés confidentiels, mais il est important en fait que notre comité entreprenne là aussi ce genre de travail.
La Commission canadienne du blé est évidemment partie prenante. Un certain nombre de ses administrateurs, plus particulièrement, ont bien précisé qu'ils étaient très intéressés par la chose. J'ai eu la possibilité de prendre part à une assemblée libérale à Saskatoon il y a deux mois, et j'ai vu un certain nombre des administrateurs sur la scène en compagnie de M. Easter et du dirigeant libéral. Je me suis demandé quel était le lien politique impliqué vu qu'ils avaient pris la décision de prendre part à cette manifestation politique bien particulière. À ce stade, il nous faudrait envisager de faire enquête sur la conduite de la Commission du blé et des dépenses qu'elle a éventuellement engagées pendant la période du plébiscite.
Nous avons d'excellentes raisons de le faire, parce que les attaches politiques de la Commission du blé ne datent pas d'hier. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais cela remonte à la période pendant laquelle ces membres achetaient carrément des billets lors des campagnes de levée de fonds du Parti libéral à Winnipeg. C'est bien ce qu'ils ont fait. Ils ont acheté des billets, et je crois que par la suite, ils ont été remboursés, parce que l'on a jugé qu'ils n'avaient pas le droit de les acheter pour des raisons politiques.
Bien évidemment, peu de temps après l'élection de 2004, lorsque M. Alcock a été nommé ministre, la Commission canadienne du blé a décidé d'engager son directeur de campagne pour qu'il s'occupe de ses relations avec le gouvernement. C'est ainsi qu'a procédé la Commission, et elle avait évidemment intérêt à s'impliquer politiquement.
Elle a pris par ailleurs un certain nombre d'autres décisions politiques. Elle a engagé David Hurley afin qu'il procède à des sondages pour son compte. Ce dernier a fait des sondages pendant un certain nombre d'année. C'était le directeur de la campagne libérale fédérale, il a collaboré avec Paul Martin, ce qui ne l'a pas empêché de travailler pour le compte de la Commission canadienne du blé. C'est une longue histoire, et nous avons donc des raisons de vouloir examiner le rôle jouer par la Commission canadienne du blé lors du plébiscite ces derniers mois.
Je pense qu'il est par ailleurs important que nous examinions le rôle des deux gouvernements provinciaux des Prairies afin de savoir éventuellement ce qu'ils ont pu trafiquer. On s'est servi des installations d'entreposage des oeufs et des produits alimentaires de la Saskatchewan pour y tenir des réunions et transmettre de l'information, et il est donc évident que les groupes de pression qui ne voulaient pas qu'il y ait de changements au sein de la Commission canadienne du blé ont eu là aussi la possibilité d'accéder aux ressources du gouvernement de la Saskatchewan. Lorsque nous leur en avons fait le reproche, ils nous ont répondu qu'ils n'avaient rien fait, pour admettre le contraire un peu plus tard, tout en précisant qu'ils n'avaient fait que fournir les salles. Il me semble toutefois que sous une forme ou sous une autre, on s'est servi du télécopieur et aussi d'un ordinateur.
Il est évident que le gouvernement de la Saskatchewan était partie liée en la matière, et il serait particulièrement intéressant que nous sachions quel rôle il a joué par ailleurs au cours de la dernière année.
Plus encore, le gouvernement du Manitoba, et son ministre de l'Agriculture, en particulier, ont pris très clairement position dans ce dossier en faisant savoir qu'il ferait en sorte qu'aucun changement n'ait lieu au sein de la Commission canadienne du blé et du mécanisme de mise en marché en dépit des voeux exprimés par les agriculteurs de l'Ouest canadien.
Je précise à nouveau, comme je l'ai fait l'autre jour, que 68 p. 100 des agriculteurs de l'Ouest canadien ont choisi, lors du plébiscite, d'appuyer la possibilité de choix, et que ces résultats ont été entièrement conformes aux conclusions du rapport annuel que nous avons reçu l'année dernière — dont j'ai une copie ici — concernant le fait que les agriculteurs voulaient avoir une possibilité de choix en matière d'orge et de blé.
Nous serions donc tout à fait justifiés, à mon avis, de nous pencher sur ce qu'ont fait ces gouvernements, et j'irais même jusqu'à dire que nous aimerions aussi savoir ce qu'ils envisagent de faire. Les agriculteurs ont décidé de changer de système le 1er août. Nous allons mettre en oeuvre ce changement, je l'espère. C'est bien évident, aujourd'hui.
M. Easter, nous avons entendu aujourd'hui, lors de la période de questions que les forces qui font pression au sein de la Commission canadienne du blé s'unissent avec les grandes multinationales pour essayer, semble-t-il, d'empêcher les agriculteurs d'obtenir un meilleur rendement sur le marché pour ce qui est des récoltes de la nouvelle année.
Voilà qui me préoccupe énormément, parce que cela fait des années que la Commission et ces entreprises ont signé ces contrats. Les agriculteurs ont été dans l'impossibilité de savoir quels étaient ces contrats, leurs conditions ou même les prix payés en vertu des contrats. Nous sommes finalement parvenus à une situation en vertu de laquelle les agriculteurs pourront voir clairement ce que le marché a à leur offrir, et il semble qu'un certain groupe de personnes se soient concertées pour essayer de les empêcher de le faire. J'espère que cela ne se produira pas.
C'est important pour les agriculteurs, qui attendent avec impatience que les prix changent lors de la nouvelle année de récolte. Ils sont confiants en l'avenir. Simplement pour l'orge, la différence pourrait être de 2 $ le boisseau. En lisant la documentation que nous font parvenir les brasseurs, je vois qu'ils affirment qu'ils vont encourir une perte de 50 millions de dollars si l'on procède à ce changement, et je ne sais pas s'il s'agit de leur perte ou de celle de la Commission. Cela me fait dire qu'il y a quelqu'un qui a signé jusqu'à présent des contrats très au-dessous de la valeur du prix du marché. J'ai bien hâte de voir quel sera le prix payé lors de la nouvelle année lorsque les agriculteurs seront en mesure de signer leurs nouveaux contrats et d'obtenir un prix conforme au marché. Pendant des années, ils n'en ont pas eu la possibilité.
La dernière année, notamment, alors que nous étions en plein débat au sujet de la Commission canadienne du blé, nous avons pu voir que les PR, soit les perspectives de rendement de la Commission canadienne du blé, sont restées inférieures, si je comprends bien, au prix payé sur le marché; elles le sont restées pendant 11 mois, et je pense que cette situation s'est poursuivi. Si, selon vous, la Commission du blé obtient les prix moyens sur le marché, comment se fait-il que ces prix soient restés inférieurs au prix moyen pendant 11 mois de suite? C'est l'une des raisons pour lesquelles les agriculteurs veulent obtenir des possibilités de choix pour les récoltes de la nouvelle année.
Il y a certainement des rentes de situation qui se sont faites dans le domaine. Si nous voulons les examiner, il faut, à mon avis, élargir le plus possible notre champ d'enquête et poser des questions aux deux gouvernements provinciaux qui ne manquent pas de ressources pour contrer les agriculteurs. J'espère qu'ils ne vont pas s'acoquiner avec les grandes entreprises et la Commission canadienne du blé pour casser les reins des agriculteurs de l'Ouest canadien. J'espère que si cela se produisait, les députés de l'opposition reconsidéreront leur position et prendront fait et cause pour les agriculteurs sans se contenter de faire ce qu'ils ont toujours fait, c'est-à-dire de maintenir en place le système existant. Il est évident que les agriculteurs ont des chances à saisir l'année prochaine, et nous devons leur en donner les moyens.
Il y a longtemps par ailleurs que notre comité intervient en la matière. Je n'ai pas besoin de rappeler à ses membres que notre comité a lui-même pris fermement posture... en quelle année déjà? Est-ce en 2002 que nous avons publié ce rapport? C'est en 2001-2002 que le Comité permanent de l'agriculture a publié un excellent rapport, un rapport très ferme. Si je me souviens bien, il a été adopté à l'unanimité.
La recommandation 14 que je vais vous lire — et je vais vous la lire parce qu'elle a été entérinée par tous les partis présents ici aujourd'hui — en l'occurrence: « Considérant que les activités économiques d'appoint à la ferme... ».
Je me trompe peut-être, parce qu'il me semble que notre critique du NPD sur l'agriculture avait à l'époque rédigé un rapport minoritaire, mais les autres partis avaient appuyé le rapport principal. Voici quel était la teneur de cette recommandation:
Considérant que les activités économiques d'appoint à la ferme et de transformation locale à valeur ajoutée constituent une excellente façon de redonner aux agriculteurs plus d'influence dans la détermination des prix, le Comité recommande que le conseil d'administration de la Commission canadienne du blé autorise, à titre d'essai, un marché libre pour la vente de blé et d'orge, et lui fasse rapport à ce sujet.
Donc, en 2002, notre comité a recommandé que nous mettions en place, à titre d'essai, un double marché au minimum ou, selon l'expression employée, un « marché libre » pour la vente de blé et d'orge. Le Bloc et les Libéraux avaient été d'accord avec nous à l'époque.
La chose a donc été jugée importante. Il y avait quatre partis à l'époque parce qu'à ce moment-là, il me semble que M. Borotsik siégeait au sein du comité en tant que membre du PC, et ceux d'entre nous qui faisaient partie de l'alliance ont été d'accord, de même que les Libéraux et le Bloc. Nous étions d'accord à l'époque pour dire qu'il nous fallait faire les choses différemment.
Je trouve cela étonnant. M. Easter se réfère constamment à son rapport, mais cette question a été traitée ici avant même qu'il ait rédigé son rapport: en l'occurrence que dans la mesure où l'on a besoin d'activités économiques d'appoint à la ferme et de transformation locale à valeur ajoutée, c'est là une excellente façon de redonner aux agriculteurs plus d'influence dans la détermination des prix. Donc, déjà à cette époque, nous nous somme rendus compte que les agriculteurs avaient besoin de débouchés supplémentaires et que nous ne leur donnions pas la possibilité d'en tirer parti.
Je veux évoquer quelques-uns de ces débouchés. À compter du 1er août, de nouvelles possibilités vont s'offrir aux agriculteurs de l'Ouest canadien.
L'une d'entre elles est celle du projet de pâtes des Prairies, qui a été mis sur pied dans ma région, le sud-ouest de la Saskatchewan, les gens du coin souhaitant livrer leurs propres céréales à leur propre installation de transformation. Ils vont pouvoir livrer leur récolte sans avoir à passer par la Commission canadienne du blé et ils vont pouvoir profiter, comme nous l'avons dit dans notre rapport, de la « transformation locale à valeur ajoutée ».
Ce projet a vu le jour et après bien des aléas, la Commission du blé a décidé qu'elle n'allait pas l'autoriser. Ces agriculteurs pensaient effectivement s'être entendus avec la Commission et être en mesure de livrer leurs céréales à leur propre installation de transformation. Tout se passait très bien jusqu'alors. L'installation semblait devoir être rentable et la Commission canadienne du blé avait déclaré qu'elle ne voulait pas s'en occuper.
Les agriculteurs se sont alors dit que si on ne leur laissait pas la possibilité de livrer leurs propres céréales, il était inutile de poursuivre le projet. S'ils le maintenaient, ils allaient en perdre le contrôle. Ils n'ont aucun contrôle sur leur livraison. Ils n'ont aucun moyen de savoir s'ils vont pouvoir approvisionner comme il se doit l'installation. Par conséquent, l'usine de fabrication de pâtes des Prairies devant être installée à Swift Current, en Saskatchewan, n'a pas pu voir le jour.
Un autre groupe s'est demandé s'il n'était pas possible de traiter avec les États-Unis. Il y a une usine de fabrication de pâtes dans le Dakota du Nord, et il était éventuellement possible de s'entendre avec elle. On passerait essentiellement un accord d'exclusivité. Une certaine quantité de céréales serait affectée à cette usine, qui pourrait ainsi en disposer comme elle l'entend. Ce projet a suivi son cours. Je pourrais vous en parler davantage pour que vous compreniez mieux.
Le Groupe des producteurs de pâtes des Prairies s'est constitué en 1999. Il souhaitait se doter d'une usine de fabrication de pâtes à grande échelle comme je vous l'ai indiqué précédemment. Bien des agriculteurs s'intéressaient alors au projet, et ils s'y intéressent encore.
Lorsqu'on parle aux agriculteurs des Prairies de la possibilité de livrer leur blé dur à une installation de transformation, ils se montrent tout de suite très intéressés. C'est l'une des raisons pour lesquelles la proposition de loi présentée par M. Ritz l'automne dernier, a reçu un tel appui. Je pense qu'il s'agissait du projet de loi , une proposition de loi privée qui aurait autorisé les agriculteurs à livrer leurs céréales à une installation de transformation dont ils seraient eux-mêmes les propriétaires. C'était une excellente initiative — un très bon projet de loi. Malheureusement, les députés de l'opposition l'ont fait tomber, pour des raisons politiques. Une fois de plus, on a refusé aux agriculteurs de l'Ouest canadien les possibilités qui sont offertes aux agriculteurs de l'Ontario, du Québec, des Maritimes et de la Colombie-Britannique. On commence à voir aujourd'hui que les agriculteurs de l'Ouest canadien sont quelque peu frustrés par ce genre de mesure.
Quoi qu'il en soit, lorsque le projet d'usine de pâtes des Prairies a été annoncé, il a suscité beaucoup d'intérêt. Les agriculteurs y ont vu une chance. Ils ont entrepris de lever des fonds pour sa construction, ce qu'ils ont fait avec succès. Toutefois, je vous l'ai dit, la Commission du blé n'était pas disposée à autoriser les agriculteurs à livrer directement à leur propre installation de transformation.
En 2001, ils ont eu l'idée d'une nouvelle coopérative de production. Je pense qu'on leur avait dit que les coopératives étaient la voie de l'avenir et qu'il leur fallait en monter une. Ils ont cherché à établir directement des relations de travail avec la Dakota Growers Pasta Company de Carrington, dans le nord du Dakota. La chose apparaissait logique à tout le monde, et l'on a entrepris de négocier. Les producteurs canadiens s'engageaient d'ailleurs à acheter pour leur compte des actions de la société du Dakota.
On a effectué une ou deux livraisons à titre d'essai. Je suppose que les responsables de la commission ont donné leur accord et ont laissé faire à titre d'essai ces livraisons de blé dur sorties de leurs propres silos à leurs clients du Dakota. Ils passaient par le mécanisme de rachat de la Commission canadienne du blé. Ce blé dur était excellent, comme c'est toujours le cas dans l'Ouest canadien, et l'usine de transformation souhaitait en acheter davantage. Il lui paraissait essentiel d'avoir la possibilité de se procurer des blés de l'ouest du Canada. Les frais de transport routier étant élevés, ils ont mis sur pied un projet de transport par chemin de fer pour acheminer les céréales.
Ces agriculteurs sont novateurs. Ils prennent des initiatives. Ils cherchent à mettre sur pied un projet donnant des résultats. Ils procèdent aux ajustements nécessaires pour que tout marche bien. Le transport par chemin de fer et toute l'économie du projet ont été agréés par la Commission canadienne du blé. Le plus décourageant, c'est que lorsque tout a paru être au point et prêt à fonctionner, la Commission canadienne du blé a entrepris de modifier le prix. Si vous connaissez un peu le mécanisme du rachat, vous pouvez imaginez toute la frustration des agriculteurs étant donné que, par exemple, lorsque je veux, en tant que producteur, vendre mes céréales qui sont dans mon silo et les commercialiser en m'adressant à quelqu'un d'autre, je dois m'adresser à la Commission canadienne du blé pour lui dire que je veux lui racheter mes céréales. Elles se trouvent dans mon silo et elles n'en sont jamais sorties, mais il me faut quand même passer par la Commission. Je dois accepter de lui vendre les céréales au prix qu'elle détermine pour ensuite les racheter au prix qu'elle me demande de payer. Ce prix varie. Il augmente ou il baisse selon son bon vouloir.
Pour ce qui est de l'usine de pâtes des Prairies, la Commission canadienne du blé a alors décidé d'augmenter le prix de rachat et soudainement l'affaire est devenue non rentable pour les producteurs.
Je dois préciser que cette usine de fabrication de pâtes des producteurs du Dakota est la troisième plus grosse installation de transformation du blé dur aux États-Unis, et l'on a donc pas affaire ici à des gens qui ont bricolé une petite installation à l'arrière de leur ferme. Avant le lancement de ce projet, ils n'avaient jamais acheté de blé dur au Canada. Ils jugeaient le projet excellent. Ils voulaient le mettre sur pied.
Ce fut une déception pour les agriculteurs. Ils n'ont jamais pu accéder au marché des États-Unis même s'ils pensaient avoir trouvé ainsi un débouché. Ils ont pensé à l'avenir. Ils ont modifié la structure de leur entreprise pour rendre le projet plus acceptable, pour qu'il puisse fonctionner. Ils s'étaient déjà adressés à la Commission canadienne du blé par le passé. Ils lui avaient demandé de leur préciser si elle était prête à autoriser les livraisons en vertu des dispositions qui ont été prises et la Commission du blé a fini par leur répondre en substance: « Excusez-nous, mais ce n'est pas autorisé, et l'entente a donc été annulée. »
Il s'agissait d'un contrat pouvant porter sur trois millions de boisseaux de blé dur produits chaque année par l'ouest du Canada. Il a été annulé parce qu'on a décidé, pour des raisons politiques, de ne pas offrir cette possibilité de choix aux agriculteurs de l'Ouest canadien.
Monsieur le président, il y a là un lien évident avec ce qu'ont décidé ces gens au sujet de l'orge à compter du 1er août.
En 2005 et en 2006, les producteurs du Dakota sont revenus nous proposer une nouvelle stratégie. Ils nous ont dit: « Pourquoi ne pas mettre sur pied un programme strict de collaboration aux termes duquel vous ne nous fourniriez qu'un seul type de céréale? Nous vous engagerions pour le produire, et vous nous en feriez la livraison. » Ce serait effectivement un programme en circuit fermé. Les semences seraient fournies par les producteurs du Dakota, elles seraient cultivées sous contrat et la production serait livrée à leur installation. Là encore, les négociations n'ont fait que traîner, cette chance s'est envolée et la frustration est réelle. C'est ce qui se passe pour le blé dur. Il y a une grande déception chez les producteurs qui estiment qu'ils ne peuvent jamais profiter des possibilités qu'ils auraient si l'on avait suivi notre recommandation.
Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire avait à l'époque fait preuve d'une grande sagesse en faisant cette recommandation. Espérons que nous saurons faire preuve de la même sagesse en rejetant la motion qui nous est présentée aujourd'hui.
Il est important de faire quelque chose au sujet de l'orge, monsieur le président. J'ai reçu un certain nombre de lettres ces derniers mois de gens qui me parlaient des différences constatées entre le prix de l'orge aux États-Unis et celui qui est pratiqué au Canada. Ils m'expliquent que c'est l'une des raisons pour lesquelles nous devons agir dans l'ouest du Canada si nous voulons pouvoir bénéficier des mêmes possibilités que les producteurs des États-Unis.
Brian Otto est un agriculteur de Warner, en Alberta, installé tout près de la frontière du Montana. Il fait aussi pousser de l'orge. C'est en fait un excellent producteur. Il se tient au courant des prix pratiqués de deux côtés de la frontière, et il trouve cela très préoccupant.
Je vais vous exposer rapidement ce qui s'est passé l'année dernière et pourquoi il nous faut agir.
Je vois que Charlie tient sa carte de buveur de bière, et j'espère qu'il n'a pas trop le gosier sec.
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Effectivement, il y a là aussi la possibilité d'utiliser davantage d'orge. Dès que nous en aurons fini ici, tout le monde pourra aller là-bas et consommer sa part d'orge, si c'est possible.
M. Otto a fait une comparaison l'automne dernier entre un certain nombre de variétés de blé. Il a jugé la chose importante, estimant qu'il fallait que les agriculteurs comprennent bien comment fonctionne le système d'un côté et de l'autre de la frontière. Il a établi une comparaison entre le prix du blé de printemps contenant des protéines à 13,5 p. 100 en vertu du monopole exercé par la Commission canadienne du blé et celui du blé de printemps avec des protéines à 14 p. 100 aux États-Unis. Étant donné que nous utilisons un système de mesure différent des protéines, ces deux pourcentages sont pratiquement identiques; ils sont équivalents.
Pour essayer d'être aussi juste que possible, il a pris comme référence, le 19 octobre, le prix de livraison en décembre sur le marché à terme de Minneapolis, soit 211 $. Ce jour-là, à Shelby, au Montana, le prix courant du blé de printemps à 14 p. 100 de protéines était de 4,75 $ le boisseau en dollars des États-Unis, ce qui revenait à l'époque à 5,32 $ le boisseau en dollars canadiens. S'il avait pu livrer son blé à Shelby, au Montana, il aurait pu en obtenir 5,32 $ le boisseau.
Il a alors cherché à voir quel est le prix qu'on pouvait obtenir en comparaison au Canada. Il s'est servi pour sa comparaison du prix des contrats fixés par la Commission canadienne du blé pour le 19 octobre. Ce prix avait été fixé à 211 $ pour le blé rouge dur de printemps livré à terme à Minneapolis. La Commission prévoit toujours une marge pour se protéger, qui était d'environ 12 $. Elle tient compte ensuite d'un coefficient de pondération, et elle enlève encore 5 $ par tonne à ce titre, ce qui finit par donner 219 $ à Vancouver. Elle prélève ensuite ses frais d'élévateurs en procédant à des déductions au titre du fret, de la manutention et du nettoyage, soit largement plus 1 $ le boisseau. Voilà qui nous amène à considérer un autre facteur important pour les agriculteurs de l'Ouest canadien soit, en l'occurrence, les frais de transport et de manutention. Pour ce seul transport de céréales, les frais de M. Otto se montaient à 45 $ la tonne. Cela donne près de 1,25 $, soit plus de 1,10 $ au titre de la manutention et du transport des céréales. Son prix était donc ramené à 174 $ lorsqu'on le comparait à celui de Shelby. Son prix net était de 174 $.
Vous voyez par conséquent, monsieur le président, si vous faites les calculs, qu'il lui manquait alors 21 $. En commercialisant son blé au Canada, ce jour-là, il perdait 21,43 $. Je sais que cela pourra paraître bénin à la plupart des gens qui siègent en ces lieux, parce que ce n'est qu'un chiffre comme un autre, mais je pense que cela fait environ 65 ou 70¢ le boisseau. Lorsqu'on sait qu'une ferme a en moyenne 100 000 boisseaux de céréales dans ses silos — dans cette région ce n'est pas rare, à 60 ou 75¢ le boisseau, cela fait beaucoup d'argent — vous pouvez comprendre pour quelle raison les agriculteurs sont bien déçus par le système.
Larry est un producteur et je sais qu'il n'est pas le seul ici. Lorsqu'on voit qu'il y a un manque à gagner de quelque 60 000 $, parce qu'on ne peut pas obtenir le prix payé ailleurs, on peut s'étonner que les agriculteurs ne soient pas encore plus en colère qu'ils ne le sont. Je suis souvent surpris qu'il n'en soit pas ainsi.
Il a fait les mêmes comparaisons et a obtenu en partie les mêmes résultats avec le blé rouge dur de printemps et avec le blé d'hiver. Je ne vais pas reprendre tous les chiffres, mais il nous dit qu'au bout du compte sa ferme a enregistré un manque à gagner de 45 000 $ pour la seule récolte de blé d'hiver. S'il a perdu à lui seul 45 000 $ pour sa seule récolte de blé d'hiver, combien la chose coûte-t-elle à l'ensemble des agriculteurs de l'Ouest canadien? Des dizaines de millions de dollars au moins. C'est réellement frustrant.
Il nous signale qu'il entend souvent les gens dire que si l'on ouvre le marché dans l'ouest du Canada, on va se retrouver à la merci des grandes multinationales. Il se demande alors pourquoi le prix payé à Shelby, au Montana, est plus élevé qu'en vertu du régime exclusif de commercialisation. Que se passe-t-il? Comment se fait-il que nous obtenions un moins bon prix pour nos céréales que celui qu'obtiennent les producteurs qui passent par le marché libre aux États-Unis? Quelles sont les raisons d'une telle situation, surtout lorsqu'on évoque la menace des multinationales qui vont nous prendre...
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La question est intéressante, en fait, monsieur le président, parce que tout au long de l'automne, nous avons entendu un certain nombre d'administrateurs sur cette question, notamment, il me semble, ceux qui étaient sur le podium lors de la campagne de lever de fonds pour le Parti libéral de Saskatoon. Je ne sais pas exactement s'ils étaient là en leur qualité d'administrateurs. Ils m'ont été présentés en tant qu'administrateurs de la Commission canadienne du blé. Je ne sais donc pas s'ils assistaient en qualité d'administrateurs ou en tant que particuliers pour appuyer la position du Parti libéral.
Cette table ronde a obtenu un grand succès. Nous avons eu bien raison de faire venir tous ces gens pour discuter de la question. La journée a été excellente et il en est ressorti un certain nombre de propositions concernant ce qu'il convenait de faire à l'avenir. Il a été demandé au ministre de réfléchir à la question, de mettre sur pied un groupe d'étude chargé de l'examiner et de préciser plus en détail l'ensemble du projet pour faire en sorte que l'on puisse agir et donner une possibilité de choix aux agriculteurs de l'Ouest canadien en matière de mise en marché.
Au début octobre, le ministre Chuck Strahl... C'était en fait à une date ultérieure, je crois qu'effectivement c'est en septembre que l'on a créé le groupe d'étude, parce que les recommandations sont parvenues à la fin octobre. Il a donc disposé d'un mois ou de six semaines environ pour faire son travail.
Ce groupe d'étude a présenté un certain nombre de recommandations. Il a d'ailleurs envisagé de mettre sur pied une Commission canadienne du blé nouvelle formule. J'ai trouvé intéressant, l'autre jour à la Chambre... et M. Easter a dit que c'était un organisme dont il était prêt à envisager la création pour remplacer ce que nous avons à l'heure actuelle. Nous en avons discuté tard l'autre soir.
C'est donc avec plaisir que l'on a pu constater que ce projet faisait son chemin là où, par le passé, les gens n'étaient éventuellement pas prêts à en discuter ou à l'accepter. Le groupe d'étude nous a fait un certain nombre de propositions qui ont été jugées très utiles.
Tout au long de l'automne, par ailleurs, un certain nombre d'administrateurs de la Commission du blé qui avaient démissionné ont été remplacés par des candidats nommés par le gouvernement, qui étaient prêts à appuyer les orientations et les politiques du gouvernement au sein de la Commission canadienne du blé. On a pu se féliciter de voir ces gens en place. Ils étaient prêts à appuyer les agriculteurs des Prairies.
Nous avons constaté là encore que 68 p. 100 des agriculteurs des Prairies voulaient avoir une possibilité de choix. Ces administrateurs étaient disposés à écouter les agriculteurs des Prairies, à faire entendre leur voix autour de la table de la commission. Nous savons qu'un certain nombre d'administrateurs refusaient de le faire. Quels que soient les résultats du vote — ça aurait pu être 90 p. 100 en faveur de la possibilité de choix — je crois qu'un certain nombre d'administrateurs n'auraient pas été disposés à tenir compte de cette option.
Tout au long de l'automne, l'année dernière, nous avons entendu les députés de l'opposition et un certain nombre d'autres intervenants nous demander que l'on organise un plébiscite sur la question de l'orge. Il y avait bien des gens dans l'ouest du Canada qui estimaient que l'on devait tout simplement leur donner la liberté de choix, qu'il n'était pas nécessaire d'organiser un plébiscite et qu'ils devaient pouvoir choisir de mettre en marché leurs propres céréales comme ils l'entendaient. Il est clair cependant que le ministre que le ministre a entendu les voix du parti contraire et a déclaré que l'on organiserait un plébiscite de façon à se montrer juste en consultant les agriculteurs pour savoir ce qu'ils en pensaient.
Il a donc annoncé le 31 octobre son intention d'organiser un plébiscite. C'est ce que nous avons fait. Il s'agissait en l'occurrence de savoir ce que les agriculteurs pensaient de la mise en marché de l'orge. Il était apparu clairement, comme je l'ai rappelé l'autre jour, que nous disposions de beaucoup d'appuis et que les agriculteurs nous demandaient de procéder à certains changements à la Commission canadienne du blé. Nous avons donc agi dans ce sens.
Il faut remarquer aussi que l'une des promesses que nous avions faite lors de la campagne électorale consistait en l'adoption d'une loi de responsabilité financière pour modifier la façon dont opère le gouvernement. Cette loi comprenait un amendement visant à faire relever la Commission canadienne du blé de la Loi sur l'accès à l'information telle qu'elle était proposée. C'est aussi ce qui a été fait.
C'est là un autre changement qui a été effectué. Les agriculteurs nous ont appelés pour nous en remercier. Il est important que la Commission canadienne du blé relève des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information pour que les agriculteurs puissent savoir ce qui s'y passe.
Le ministre s'est engagé par ailleurs à organiser à l'avenir un autre plébiscite sur la mise en marché des céréales. Nous l'attendons avec impatience. Je sais que la question intéresse particulièrement un grand nombre d'agriculteurs. Ceux qui ont en fait le plus hâte de voir des changements sont les agriculteurs qui cultivent des produits organiques dans l'ouest du Canada.
Je ne sais pas, monsieur le président, si vous le savez, mais la Commission du blé ne met pas en marché les céréales organiques, ou le fait en très petites quantités, ce qui fait que les agriculteurs sont chargés de mettre en marché leurs propres céréales. Toutefois, il y a là comme un défaut: il leur faut passer par le programme de rachat de la Commission canadienne du blé.
Là encore, les agriculteurs viennent nous voir pour nous dire que la Commission du blé ne met pas en marché leurs céréales. Ils aimeraient avoir les mêmes possibilités qu'en Ontario et ailleurs pour le faire. Il s'agit de céréales organiques. Ils ne menacent pas les grands courants de commercialisation en vrac des céréales dans l'ouest du Canada. Pourquoi ne sont-ils pas libres de mettre en marché leurs propres céréales?
Je pense donc que nous allons voir de plus en plus les agriculteurs qui cultivent des produits organiques intervenir sur le sujet. Je crois savoir que leurs organisations ont procédé à certains sondages officieux auprès de leurs membres et que plus de 80 p. 100 d'entre eux sont en faveur de leur propre mise en marché. J'espère qu'ils viendront nous le faire savoir, et nous pourrons alors agir en conséquence.
Le 28 mars a été un grand jour pour les producteurs de l'Ouest canadien. Le ministre a eu la satisfaction d'annoncer à cette date que 62 p. 100 des producteurs avaient voté en faveur d'un élargissement du choix offert en matière de mise en marché de l'orge, 38 p. 100 souhaitant pour leur part conserver le mécanisme exclusif de mise en marché. Donc, à l'issue de ce plébiscite, de cette consultation, et des travaux que nous avons effectués en la matière, nous sommes prêts à réglementer et à prévoir un minimum de choix à compter du 1er août. Je pense que les agriculteurs peuvent se réjouir.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici et laisser à d'autres la possibilité d'intervenir sur la question. J'aimerais reparler un peu plus tard, si vous m'en donnez la possibilité. Je pense qu'il est important que nous ne nous laissions pas égarer, comme M. Easter, au sujet de cet amendement apporté à la motion de M. Atamanenko, et qu'il faut que nous rejetions ces amendements. Je souhaite de préférence que l'on rejette l'intégralité de cette motion pour pouvoir en revenir à nos travaux, soit à l'étude sur le CSA, que nous demande le gouvernement depuis deux semaines déjà, et que l'on nous empêche de faire.
Je laisse maintenant la parole à mes autres collègues.
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Merci, monsieur le président.
Larry a dit, il me semble, que cet amendement ne respectait pas les règles de l'équité ou quelque chose de cet ordre. Monsieur le président, j'étais à l'origine assez content de cette motion. Effectivement, je considère maintenant qu'elle ne va pas assez loin, parce qu'elle ne s'attache qu'aux agissements du ministère et non pas nécessairement à ceux du Bureau du ministre. Je pense que nous allons probablement constater que le ministère est lui-même bien étonné de voir quelles sont les activités du gouvernement à cet égard.
Prenez le règlement, il n'est pas rédigé comme peut l'être généralement un règlement, en définissant précisément ce qui est autorisé ou interdit. En fait, on y fait état immédiatement d'une préoccupation, à savoir que l'on encourra des responsabilités en raison de la résiliation des contrats.
Toutefois, le secrétaire parlementaire qui, dans sa chasse aux sorcières, s'efforce de déposer des amendements contre tous ceux qui semblent être en faveur d'une compensation, y compris les gouvernements provinciaux, n'a pas eu d'autre choix que de déposer son amendement sur le bureau du premier ministre, le bureau du ministre et celui du secrétaire parlementaire pour les raisons qui suivent. Je m'inquiète peu de savoir si cet amendement va être adopté ou non, mais il faut en indiquer les raisons.
Il est de notoriété publique que le premier ministre, avant même qu'il siège au Parlement, n'aimait pas la Commission canadienne du blé essentiellement pour des raisons idéologiques. Il est bien évident que son bureau doit être impliqué, parce que tout ce qui arrive dans cette ville porte la marque du premier ministre.
Quant au ministre, il suffit de voir qu'il a fait parvenir des directives à la Commission — une commission élue par les agriculteurs. Il n'y avait eu, auparavant, qu'une seule directive qui n'ait jamais été imposée à la Commission canadienne du blé par un ministre. Lorsque la Russie a envahi l'Afghanistan, on a transmis une directive générale à l'ensemble des organismes du gouvernement pour qu'ils ne fassent plus affaire avec la Russie. C'est la seule fois que cela s'est produit. Toutefois, depuis que ce ministre est entré en fonction, nous avons pratiquement une directive par semaine. Bien entendu, le ministre ne veut pas pour autant rencontrer les membres de la Commission canadienne du blé pour discuter des problèmes.
Nous avons besoin de savoir ce qui se passe dans son bureau, parce qu'il a effectivement émis des ordres et des directives comminatoires sur tel ou tel sujet. Il a renvoyé des administrateurs de la Commission, qui y siégeaient en raison de leurs compétences internationales en matière de commercialisation ou en matière financière afin de pouvoir effectivement optimiser le rendement des producteurs. Le ministre a renvoyé ces administrateurs pour les remplacer par des gens qui étaient essentiellement braqués contre la Commission du blé pour des raisons idéologiques. On a alors vraiment affaire à un ennemi de l'intérieur. Si ces administrateurs étaient élus, ce serait une autre histoire.
Je ne veux pas prendre trop de temps, monsieur le président, mais la liste n'en finirait pas.
On a assisté au renvoi du PDG. On a placé en somme le président-directeur général, Adrian Measner, devant le choix suivant: enfreindre la loi et garder son poste ou obéir à la loi et être renvoyé. Le PDG est censé dépendre de l'administration, et non pas du ministre. Il est censé s'en tenir aux directives de son conseil d'administration, ce qu'il faisait. Toutefois, parce qu'il n'accédait pas aux désirs du ministre et qu'il n'avait pas d'autres choix que d'intervenir en fonction des directives données par son conseil, il a été renvoyé et remplacé par une autre personne.
Cette personne, le nouveau PDG, s'est assise ici dans ce fauteuil, avec le secrétaire parlementaire à ses côtés. Elle nous a rapporté certains faits concernant la mise en marché en Algérie et le secrétaire parlementaire s'en est pris au PDG nommé, comme s'il ne fallait pas qu'on le croit. Le ministre et le secrétaire parlementaire avaient accès à ces données. Pourquoi n'ont-ils pas lu la documentation fournie par la commission? Ils continuent à nous désinformer pour mieux miner la crédibilité de la commission.
Le secrétaire parlementaire doit travailler 28 heures par jour parce que c'est incroyable le nombre de lettres qu'on a pu lire de lui dans les médias pour perpétuer cette désinformation et nous faire savoir qu'il n'aime pas la commission.
Le secrétaire parlementaire a traité par ailleurs de la question à la Chambre aujourd'hui, et je terminerai sur les deux points suivants.
Le gouvernement, le ministre, le premier ministre et le secrétaire parlementaire ne comprennent pas que le gouvernement doit être tenu responsable de ses actions. Le SP vient d'évoquer, il y a quelques minutes, le groupe d'étude. Une des recommandations du groupe d'étude — je n'ai pas le rapport devant moi, mais c'est ce qui est dit en substance — consiste à dire que le groupe d'étude reconnaît la nécessité de signer des contrats clairs avant la mises en marché sur un marché libre. Cela ne peut pas se faire en quelques mois.
Lorsqu'une société internationale fait des affaires avec un organisme, une institution qui porte le nom du Canada, elle estime faire des affaires avec le Canada en tant que pays. De ce fait, lorsque le gouvernement agit de manière à obliger cette institution à ne pas respecter les clauses de ses contrats internationaux, notre réputation est, à bien des égards, détruite dans le monde.
C'est ce qui s'est passé en l'espèce. Le gouvernement a changé le mode de mise en marché. Je vois bien, moi aussi, que les prix ponctuels de l'orge sont élevés à l'heure actuelle. Ils rebaisseront un jour. Toutes les études scientifiques qui ont été effectuées nous montrent que la Commission canadienne du blé a toujours su tirer parti de ces marchés lorsqu'ils étaient au plus haut. Il en a toujours été ainsi. C'est ce que les statistiques ont démontré.
Aujourd'hui, toutefois, voilà qu'en raison des agissements du gouvernement, les clauses des contrats ne vont pas être respectées. Aujourd'hui à la Chambre, le secrétaire parlementaire a cherché à nous faire croire, parce que je lui posais une question, que je défends l'industrie des brasseurs plutôt que les producteurs. Ce n'est absolument pas le cas, car vous savez qu'il va payer la facture, au bout du compte? Si l'industrie des brasseurs, ce qui est absolument son droit, poursuit en justice la Commission canadienne du blé parce qu'elle n'a pas respecté les clauses de ses contrats, tout ceux qui livrent alors par l'intermédiaire de la Commission canadienne du blé... parce que ce sont les agriculteurs qui paient la facture, et parce que c'est le gouvernement qui a placé la commission du blé dans cette situation sans faire de planification à long terme, sans tenir compte des conséquences négatives. Même dans la Gazette on nous dit qu'on pouvait encourir... des responsabilités, ce n'était pas exactement le mot, mais on y parlait des contrats...
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M. Easter m'a inquiété lorsqu'il a parlé des contrats qui ne seront peut-être pas tenus à la Commission canadienne du blé. Cela me semble loufoque, car on sait que dans un marché sérieux, ceux qui ont des contrats pour la revente ont habituellement en leur possession les quantités de grains nécessaires pour couvrir leurs ventes. C'est fondamental et ça fait partie de la base des marchés.
Dans la mécanique d'achat et de vente, quand on vend du grain, on l'a en sa possession ou on dispose de quelque chose pour en garantir la livraison. Je suis persuadé que présentement, la Commission canadienne du blé a en stock tous les grains qui ont été vendus. On ne peut penser que les contrats futurs ne seront pas tenus avant même que les grains soient rendus à la Commission canadienne du blé. Si M. Easter a des renseignements supplémentaires à nous fournir, ça nous fera plaisir de les entendre. Sinon, il pourra sûrement retirer cette partie de son discours.
Monsieur Anderson nous a parlé des préoccupations des agriculteurs de l'Ouest. Quand j'étais secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, j'ai eu la chance de comprendre les problèmes de l'Ouest canadien. J'ai même demandé plusieurs conseils à M. Anderson pour comprendre ce qui se passait à la ferme. Étant producteur moi-même, ça m'intéressait beaucoup de savoir et de comprendre la problématique de la commercialisation des grains.
Également, on a su qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada avait fait beaucoup de recherches sur les cultivars adaptés aux régions du Canada. Pendant 20 ans de recherche, les cultivars ont donné un grain de qualité supérieure. Dans certaines régions, peu importe les unités thermiques, on pouvait avoir une orge de qualité supérieure pour faire du malt, de l'avoine nue ou de l'avoine pour faire des biscuits d'une certaine qualité et beaucoup de produits biologiques.
Ces agriculteurs n'avaient pas la possibilité d'aller chercher la valeur ajoutée de leurs grains. Selon moi, c'est un non sens, parce qu'il y a des grains valant de 50 $, 60 $ à 100 $ de plus la tonne. Ce ne sont pas des grains qu'on peut retrouver en quantité phénoménale. Il y a des marchés de 25 000 ou 30 000 tonnes et parfois même de 10 000 ou 15 000 tonnes seulement. Ces grains sont produits au Canada par des agriculteurs spécialisés à partir de cultivars développés par ces producteurs, Agriculture Canada et des partenaires privés. Or, ces grains étaient mélangés dans d'autres silos et se retrouvaient dans des marchés souvent défavorisés. Pour moi, c'est un non sens et c'est pratiquement scandaleux. On parle de la réputation du Canada pour des grains de grande qualité, mais quand on ne peut commercialiser les grains de qualité supérieure, soit 10 p. 100 supérieur et servant souvent à l'alimentation humaine, c'est un non sens.
Comparons la situation à celle du Québec. La fédération des producteurs de grains du Québec commercialise le grain de façon individuelle ou de façon collective. Les producteurs du Québec ont toujours le choix, année après année. Par exemple, ils ont choisi de commercialiser en commun le blé de consommation humaine, alors qu'ils ont décidé de commercialiser individuellement, sur leur ferme, le blé, le maïs, l'orge et l'avoine qui servent à l'alimentation animale.
Il y a des producteurs d'avoine spécialisés au Saguenay—Lac-Saint-Jean qui vendent de l'avoine nue. Ils ont une avoine de grande qualité, mais est elle est régionale. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on produit une avoine d'une qualité spéciale à cause du climat particulier. Au cours des années, ils ont développé, avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et d'autres partenaires privés, des cultivars qui ont permis à la Ferme Olofée de transformer sur place l'avoine en gruau, ce que les producteurs de l'Ouest ne peuvent faire. Aujourd'hui, ils peuvent exporter du gruau pour faire des biscuits partout dans le monde.
Cet outil de mise en marché et de développement régional est un très bel exemple pour les producteurs de l'Ouest canadien, qui n'ont pas cela. Les producteurs québécois peuvent transformer leurs grains et leur donner une deuxième et une troisième valeur ajoutée et exporter ces produits à la grandeur du globe. C'est une très grande source de fierté pour eux, leur famille et leur région.
C'est pour cette raison que je suis heureux de participer à ce débat aujourd'hui et de donner mon appui à David sur ce dont il nous a parlé.
En tant que producteurs, nous n'avons pas souvent la chance de développer nos produits. Souvent, c'est l'histoire d'une vie d'un producteur qui a transmis à la génération future un produit d'une très grande qualité. Ce sont des façons de faire spécialisées dans une région et des méthodes qui ont été développées par des familles ou un ensemble de familles qui ont voulu partager leurs connaissances avec des voisins ou d'autres agriculteurs avec qui ils s'entendaient sur la façon de procéder pour développer un produit servant à la transformation et à la surtransformation. Souvent aussi ces succès régionaux sont enviés dans le reste du monde. L'Europe a développé énormément de produits régionaux de cette façon.
Alors, c'est une des priorités de notre gouvernement de développer certains produits régionaux là où c'est possible de le faire. La valeur ajoutée qu'on apportera dans nos régions contribuera à aider les agriculteurs à vivre de leurs produits.
Les méthodes de commercialisation sont différentes d'une province à l'autre. L'Ouest canadien a choisi de le faire collectivement, mais aujourd'hui, il faut s'adapter à la réalité du marché mondial, qui est très rapide, et il nous faut développer des mécanismes pour avoir la possibilité de répondre très rapidement à ces marchés.
Je vous remercie. J'espère que mon intervention a pu éclairer les membres de notre comité.