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Merci, monsieur le président.
Pour ceux qui l'ignoreraient, le président de votre comité est aussi mon député. Bonjour, monsieur Ritz.
Monsieur le président et membres du comité de l'agriculture, je m'appelle Ken Ritter. Je suis agriculteur à Kindersley, en Saskatchewan, et j'ai l'honneur de servir comme membre élu du conseil d'administration de la CCB et comme président de ce même conseil depuis 1999. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Adrian Measner, président directeur général de la CCB.
Je tiens à remercier le comité de nous avoir accordé l'occasion de comparaître devant lui aujourd'hui. Je sais que le comité est fort occupé, et il est rassurant de savoir que, parmi les nombreuses difficultés sur lesquelles le comité doit se pencher, figure le rôle que la CCB devra jouer à l'avenir dans l'industrie céréalière, dans l'Ouest canadien en particulier.
Malgré la récente hausse des prix des denrées, l'agriculture et le secteur céréalier traversent une période de crise. Les agriculteurs sont confrontés à des marges qui épuisent leurs réserves en capital et qui minent leur détermination et leur ingénuité. Dans ce contexte économique extrêmement difficile, quel système de commercialisation permettrait de mieux combler les besoins des producteurs de blé et d'orge?
À une époque, j'aurais répondu comme le Parti conservateur du Canada que c'était le marché à deux voies. Selon ce mode de mise en marché, les agriculteurs vendraient leur grain soit par l'intermédiaire de la CCB, soit directement dans le négoce privé. En mettant en place un régime facultatif, aurai-je dit, la CCB deviendrait plus rentable et elle donnerait simultanément plus de choix aux agriculteurs.
C'est ce que j'aurais dit il y a huit ans, mais je ne tiendrais plus ces propos aujourd'hui.
J'ai changé d'avis au sujet du rôle de la CCB comme vendeur à comptoir unique pour un certain nombre de raisons. La première raison est que j'ai eu la preuve des prix élevés obtenus par la CCB, comparativement aux prix demandés par nos concurrents. À chaque réunion du conseil d'administration, un classeur est mis à la disposition des administrateurs. Dans ce classeur figurent les données des ventes réalisées par la CCB, en regard des ventes de nos principaux rivaux. Cette information est des plus utile. Elle nous permet, à moi et aux autres agriculteurs-administrateurs élus, de nous assurer que le comptoir unique est effectivement exploité de manière à accroître la valeur perçue par les producteurs de grain des Prairies. Mais cette information est également confidentielle, tant pour des raisons liées aux relations que nous entretenons avec nos clients que pour des motifs liés à la concurrence. C'est pour cette raison que ce classeur reste dans la salle du conseil d'administration et que nous ne diffusons pas son contenu. Mais permettez-moi d'être catégorique: ces données fournissent la preuve irréfutable que la CCB obtient davantage pour le grain qu'elle vend pour le compte des agriculteurs des Prairies que ce que les autres vendeurs perçoivent.
Je connais peu d'agriculteurs qui peuvent se permettent de laisser cet argent sur la table, surtout par les temps qui courent. Comme agriculteur, voici ce qu'il me faut au minimum: j'ai besoin de savoir si je touche un montant accru en raison de l'existence de la CCB ou si au contraire sa présence joue contre moi. J'ai vu la CCB commander des primes substantielles pour mon compte et celui des autres producteurs de blé et d'orge des Prairies, et j'ai compris que la principale raison de ces primes, hormis le courage et la ténacité des producteurs qui cultivent ce grain, est liée au comptoir unique.
Deuxièmement, j'ai vu la preuve d'un autre facteur aussi convaincant que le premier: le regroupement de l'industrie du grain. Tous les joueurs sans exception, des sociétés céréalières aux chemins de fer en passant par nos concurrents, deviennent de plus en plus gros et puissants. Face à cela, que devrons-nous faire dans l'Ouest canadien? De toute évidence, nous devons nous mesurer à eux et soutenir la cadence. Sinon, nous nous retrouverons exclus des marchés, dépassés par la concurrence et aux prises avec une structure de coûts non économique.
À part le comptoir unique, de quel outil disposons-nous pour parvenir à cette fin? Il n'y en a aucun. Les sociétés céréalières qui a une époque appartenaient et étaient gérés par les agriculteurs ont pratiquement disparu du paysage des Prairies. Les céréaliculteurs d'aujourd'hui font davantage confiance à la CCB pour la protection de leurs intérêts qu'aux multinationales céréalières.
Ces deux avantages — la capacité de commander des primes et le pouvoir nécessaire pour se mesurer aux joueurs de calibre international de l'industrie céréalière — reposent sur le comptoir unique. La notion voulant qu'il soit possible de disposer à la fois d'un marché à deux voies dans lequel la CCB jouerait un rôle efficace, et de bénéficier de l'absence de contraintes caractéristique d'un marché libre est tout simplement illusoire. Ça ne peut pas fonctionner. L'instant où la CCB deviendrait facultative, le comptoir unique disparaîtrait, et avec lui, les avantages que je viens de décrire. Le véritable choix qui se présente aux agriculteurs est entre la CCB et un marché libre. Devant ces choix, les agriculteurs préfèrent très majoritairement garder la CCB et le comptoir unique.
Enfin, j'ai vu comment, en notre capacité d'administrateurs élus par les agriculteurs, nous pouvons exercer des pressions pour obtenir des changements au régime de comptoir unique qui permettent de tenir compte des besoins des agriculteurs et de la latitude qu'ils requièrent. Les options de paiement aux producteurs que nous avons mises en place sont d'importantes améliorations, dans la mesure où elles procurent aux agriculteurs qui le souhaitent une plus grande maîtrise sur le prix de leur grain, tout en préservant les avantages de la mise en commun des prix et de la vente par comptoir unique pour tous les agriculteurs.
Je sais que le terme « marché à deux voies » veut dire différentes choses pour différentes personnes. Je pense que ce terme remonte à l'époque où la CCB était un organisme contrôlé par le gouvernement, entouré par le secret, dépourvu de mécanismes de reddition de comptes et n'offrant aucun choix. Mais cette époque est révolue. Les producteurs de grain peuvent maintenant bénéficier à la fois du pouvoir de mise en marché et de la capacité d'exercer une plus grande maîtrise sur la vente de leurs produits. Toutefois, la CCB et les agriculteurs ne peuvent pas disposer de pouvoirs de marché en l'absence du comptoir unique, lequel permet à la CCB d'offrir toutes ces intéressantes options. Les changements de ce genre exigent du temps, de l'innovation et de la sensibilisation, mais ils permettent aussi de bénéficier du meilleur des deux mondes. Les possibilités offertes par un marché ouvert, d'un côté, et la gestion des risques et les primes que la CCB a toujours fournies, d'autre part.
Le véritable choix ne réside pas dans un régime de marché à deux voies. Il s'agit d'un marché libre dans lequel la CCB perdrait son efficacité et dans lequel le seul choix offert aux producteurs serait de vendre leurs grains à une poignée de multinationales céréalières qui contrôleraient dans les faits la mise en marché de tout le grain.
Cela ne veut pas dire pour autant que nous fassions preuve de complaisance à la CCB. Comme je l'ai dit, nous avons apporté de nombreux changements afin d'accroître l'efficacité et la capacité de réaction de l'organisation ainsi que d'accroître la souplesse au chapitre des choix offerts. Notre stratégie d'affaires actuelle prévoit des changements encore plus importants et radicaux, à l'intérieur du cadre existant, qui visent à accroître encore davantage les recettes touchées par les agriculteurs et à placer la CCB sous l'entière maîtrise des agriculteurs.
Je sais parfaitement que le Parti conservateur du Canada s'est engagé à rendre la mise en marché par l'intermédiaire de la CCB facultative, et je peux très bien comprendre que le gouvernement se sente maintenant obligé de tenir ses promesses électorales. Mais au nom des nombreux agriculteurs de l'Ouest canadien qui sont comme moi convaincus de la nécessité d'une structure à comptoir unique pour la vente du blé et de l'orge, je somme le gouvernement de reconnaître qu'il s'agit d'une question sur laquelle les agriculteurs devraient avoir le dernier mot. Notre industrie, notre argent et notre avenir sont en jeu. La décision devrait donc nous revenir. Si d'importants changements structurels doivent être apportés dans la manière dont le blé et l'orge des producteurs sont vendus, les agriculteurs devraient avoir leur mot à dire sur ces changements, dans le cadre d'un plébiscite. Cet avis est partagé par la grande majorité des producteurs de grain des Prairies. C'est également la position de la CCB, et les exigences de la Loi sur la Commission canadienne du blé sont claires sur ce point.
Merci de votre attention.
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J'ai seulement quelques observations.
Je suis agriculteur également, comme Ken. Je suis de Frontier en Saskatchewan.
La Commission canadienne du blé est un dossier bien connu dans l'Ouest canadien et a été l'un des enjeux importants des dernières élections. Notre plateforme visait à permettre aux agriculteurs de participer de façon facultative à la Commission canadienne du blé et nous avons été élus dans presque toutes les circonscriptions rurales de l'Ouest. Je pense qu'il nous en manque seulement une ou deux dans tout l'Ouest canadien, dans les régions où la Commission est présente. Les agriculteurs nous ont dit à maintes reprises qu'ils souhaitaient avoir la possibilité de prendre les décisions d'affaires qui les concernent et, comme le disait Ken, qu'ils voulaient avoir le choix. Nous étions d'accord avec eux sur ce point.
La Commission canadienne du blé a mené récemment un sondage et l'an dernier, probablement par erreur à mon avis, on m'a appelé chez moi et j'ai eu la chance d'y répondre. D'après moi, ce sondage va donner des résultats très favorables à la Commission. Des gens nous ont appelés cette année pendant la tenue de ce sondage pour nous exprimer leurs frustrations à ce sujet parce qu'ils ne pouvaient faire autrement que de répondre par l'affirmative, lorsqu'on leur demandait s'ils appuyaient la Commission.
Malgré tout, nous avons obtenu des résultats très intéressants. Cinquante-quatre pour cent des agriculteurs interrogés voulaient soit la mise en marché à deux voies ou l'indépendance par rapport au comptoir unique. Soixante-cinq pour cent des producteurs d'orge souhaitent un marché ouvert ou à double voie dans l'Ouest canadien. Seulement 20 p. 100 étaient d'avis que la Commission canadienne du blé faisait un bon travail pour la commercialisation de l'orge, 30 p. 100 pour l'orge brassicole, 30 p. 100 pour le blé dur et environ 50 p. 100 pour le blé. On ne pouvait donc pas tout à fait parler d'un appui enthousiaste à l'égard du système actuel. Quatre-vingt-quatre pour cent souhaitaient voir plus d'entreprises en concurrence sur le marché en soutenant que cela ferait grimper la valeur des céréales. Cinquante pour cent ne voulaient pas que leurs grains soient mis en commun. Le système de mise en commun fait partie intégrante de la structure de la Commission depuis très longtemps, mais la moitié des agriculteurs souhaiteraient en être affranchis et 40 p. 100 estiment que les entreprises privées pourraient obtenir davantage que la Commission pour notre grain, et cette proportion était supérieure à celle de ceux qui se disaient en désaccord avec l'énoncé. Comme je le disais, 65 p. 100 des producteurs d'orge souhaitaient un marché à voie double ou ouvert. Soixante-neuf pour cent étaient d'avis que la Commission devrait évoluer dans un environnement plus concurrentiel.
On peut donc constater que les intéressés sont fortement favorables à ce que des changements soient apportés au système. Pour enclencher ce processus, nous croyons vraiment que les agriculteurs devraient avoir la possibilité de prendre eux-mêmes leurs décisions d'affaires et devraient tout au moins pouvoir commencer à traiter eux-mêmes leur grain. Monsieur Ritz, votre président, a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui ouvrira cette possibilité, et nous croyons que c'est un bon début.
Je le répète: nous estimons que les agriculteurs devraient avoir le libre-choix quant à la façon de mener leurs affaires. Nous croyons aussi que la Commission peut survivre et prospérer. À ce sujet, nous avons quelques exemples de commissions du blé facultatives ou semi-facultatives. Il y a notamment celle de l'Ontario qui, de toute évidence, traite des volumes moins imposants que la Commission canadienne du blé, mais il y a aussi celle de l'Australie, qui a été en mesure de survivre et jouit d'un monopole restreint.
Je suis persuadé qu'il y aura des questions concernant la similitude entre la gestion de l'offre et la Commission canadienne du blé. J'aimerais seulement vous faire part des différences que je constate à ce chapitre. La gestion de l'offre est un système facultatif national. Les gens peuvent y adhérer ou non. Ils ont le choix d'y participer ou non. Elle bénéficie de l'appui de la vaste majorité, voire de la totalité, des producteurs qui y participent.
Par ailleurs, la Commission canadienne du blé est une agence gouvernementale régionale. Elle n'est pas facultative. Si vous faites pousser du blé dans notre région, vous n'avez d'autre choix que d'en faire partie, et plus de la moitié des agriculteurs souhaitent un changement et voudraient être libérés du comptoir unique.
Nous croyons donc bien représenter les intérêts des producteurs de l'Ouest canadien en adoptant la position que nous avons choisie, et je suis maintenant disposé à répondre à vos questions.
Je tiens à remercier les membres et le président du comité de me donner ainsi l'occasion de vous présenter cet exposé.
On m'a invité à présenter nos recommandations qui permettront aux producteurs de l'Ouest canadien de livrer leurs propres céréales à des usines de transformation dans lesquelles ils détiendront des parts, pour en faire un produit fini prêt à vendre, et d'être affranchis de la loi actuelle qui les oblige à commercialiser leur grain via la CCB. Cela inclurait les céréales utilisées aux fins des tests et de la recherche, ainsi que pour le traitement.
Je travaille dans le secteur de la transformation des produits agricoles depuis plusieurs années, ayant été vice-président, puis président directeur général de Dominion Malting, où j'ai passé plus de 15 ans. Je suis un fervent partisan de la transformation des produits au Canada et j'ai multiplié les efforts en ce sens pour l'établissement de nouvelles usines au pays. Malheureusement pour nous, c'est au sud de la frontière que ces usines ont vu le jour. J'ai continué à travailler au Canada et j'ai agi comme consultant, surtout dans l'industrie du brassage et du maltage, au cours des trois dernières années.
J'ai été membre du Comité supérieur du transport du grain, fait partie du conseil d'administration de l'Institut de recherche sur l'orge de brasserie et de maltage, et siégé au sein de plusieurs comités spéciaux, y compris celui qui a mis sur pied le système actuel de contrats de la Commission canadienne du blé. J'ai travaillé à la commercialisation du malt canadien à l'échelle internationale et participé à toute première vente de malt du Canada au Chili.
Je travaille actuellement au sein du groupe d'entreprises FarmPure qui appartient en totalité à des agriculteurs de l'Ouest canadien. FarmPure Beverages est l'une de ces entités dont l'un des objectifs principaux est d'établir une nouvelle capacité de production de malt de spécialité au Canada. Mon exposé d'aujourd'hui portera principalement sur l'orge. On pourrait toutefois faire valoir les mêmes arguments dans le cas du traitement du blé.
L'un des facteurs importants à considérer dans la détermination de l'emplacement pour ce projet est le mécanisme qu'utilisera cette usine de transformation pour se procurer ses matières premières. Dans quelle mesure le développement de nouvelles variétés spéciales sera pris en charge? Dans quel contexte travaillera-t-on aux étapes cruciales du développement: les travaux seront-ils privés, publics ou secrets? La nouvelle entité exercera-t-elle un contrôle à l'égard de ses activités commerciales au fil de son développement, sera-t-elle en mesure de donner suite à ses objectifs opérationnels? Est-ce que le contexte de fonctionnement va évoluer après les investissements en capitaux et, dans l'affirmative, sous quels aspects? Ces questions sont source d'incertitude, ce qui n'est pas souhaitable pour un plan d'affaires quel qu'il soit.
Plus précisément, les agriculteurs participants veulent créer une chaîne de valeur qui va de la génétique des semences, en passant par la recherche sur les produits, jusqu'au brasseur qui sera l'utilisateur final, en misant sur l'intégrité des produits. À chacune des étapes, une valeur ajoutée sera créée. Il s'agira de produits spécialisés, comme l'indique le nom même du secteur: malts de spécialité.
Les produits seront expédiés en petite quantité et sur commande. Cette entité ne produira pas d'importants volumes de produits génériques à l'intention de brasseurs mondiaux de grande envergure. Elle n'exigera pas de convois ferroviaires de grande taille pour la livraison du grain. En outre, cette entité, et celles qui lui seront assimilées, ne disposeront pas des ressources pour entrer directement en concurrence avec les grandes entreprises commerciales multinationales.
La production de FarmPure sera concentrée principalement sur l'offre de petites quantités de produits. Par conséquent, les microbrasseries devraient constituer la plus grande part de sa clientèle.
Autre point très important, il s'agit d'une nouvelle entreprise. Ses ventes viendront s'ajouter à celles déjà effectuées pour le malt et l'orge de malt. Dans bien des cas, l'orge brut sera trié au niveau de l'exploitation agricole. Il est en effet possible que plusieurs variétés différentes d'orge soient mises à contribution, selon les résultats des initiatives de recherche.
Les intrants utilisés par FarmPure seront probablement composés de plusieurs variétés différentes d'orge en fonction des exigences des brasseurs aux fins des produits spécialisés. Ce projet n'aura que peu ou pas du tout d'impact sur les ventes actuelles. La valeur de l'orge acheté sera généralement établie au point de vente à l'utilisateur final, plutôt qu'au moment de sa récolte.
Pour mettre les choses en perspective, on peut penser que cette usine pourra produire 10 000 tonnes métriques d'orge de spécialité. La production total d'orge de malt atteint actuellement quelque 2,5 millions de tonnes métriques, selon les années. La production totale d'orge au Canada pourrait être de l'ordre de 12 millions de tonnes métriques.
Non seulement cette initiative et les projets du genre ne s'intègrent-ils pas à la matrice générale de mise en commun, mais ils sont également de trop petite envergure pour avoir des répercussions sur les activités commerciales ou sur les revenus des différents producteurs qui choisissent de participer au système actuel. Il s'agit d'un marché distinct totalement indépendant.
Nous allons laisser le débat sur le choix du mode de commercialisation à d'autres tribunes. Cette initiative ne s'inscrit pas dans le même cadre.
Il faut aussi noter que l'approvisionnement actuel en malts de spécialité pour les brasseries canadiennes vient principalement de l'étranger. Ainsi les agricultures de l'Ouest canadien devraient avoir l'option d'approvisionner leurs propres usines étant donné qu'ils n'entreront pas en concurrence avec les céréales déjà offertes sur le marché. Le type de production recherché exige des mesures de gestion et de préservation de l'identité. La production fera l'objet de variations techniques en fonction des besoins de l'utilisateur final. Ce n'est pas un marché orienté sur le produit; la situation se prête parfaitement à l'intégration verticale.
C'est une initiative visant le perfectionnement technique et l'innovation grâce à la recherche et au développement. Cette activité doit être entourée de secret pour plusieurs raisons. C'est une réalité commerciale. Pour ce faire, il faut prévoir une production commerciale à l'étape pilote du développement assortie d'une connaissance générale limitée des activités connexes. Cela se justifie par bon nombre de motifs valables qui ne sont pas tous d'ordre commercial. Si on permet la diffusion de cette information sur le marché, on pourrait empêcher l'émergence d'un produit autrement viable. L'information doit être communiquée en temps utile aux partenaires possibles, aux clients, aux fournisseurs et aux sélectionneurs de végétaux.
Une fois la rétroaction obtenue, il faut décider des mesures à prendre en prévision de l'étape suivante. C'est un processus mesuré et dirigé qui doit être organisé avec grand soin. Il peut être délicat de composer avec la participation et l'intervention de tiers. Ceux-ci doivent donc être exclus des étapes de la recherche, des tests de niveau commercial et au-delà.
En guise de complément à cet exposé, je vais déposer devant le comité un document de travail détaillé pour le cas où vous voudriez approfondir le sujet.
En conclusion, FarmPure recommande fortement que la livraison des grains des agriculteurs à leurs propres installations de production soit légalisée et permise, sans exiger l'intervention de la CCB. Cette recommandation vise particulièrement les céréales relevant actuellement de la compétence de la Commission canadienne du blé qui sont produites par des agriculteurs de l'Ouest. Ce changement permettrait de faciliter et d'encourager la création de nouvelles installations de traitement spécialisé dans les Prairies.
Au nom de FarmPure inc., je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir donné l'occasion de vous présenter cet exposé.
Merci.
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Je vais commencer par commenter une chose qui a été dite un peu plus tôt, monsieur le président. On nous a qualifiés de guichet unique d'achat. Nous sommes un guichet unique de vente et non d'achat; je suis en désaccord avec cette affirmation. En gros, nous faisons concurrence à nos homologues dans un environnement mondial très ciblé.
Pour le blé, nous sommes un petit joueur. Nous occupons environ 15 p. 100 du marché international du blé, donc nous essayons d'obtenir une qualité supérieure à celle de la concurrence lorsque nous vendons du blé. Ce sont les valeurs que Ken voit tous les jours, comme tous les membres du conseil d'administration, lorsqu'ils assistent aux réunions ordinaires du conseil. Nous regardons ce que nous avons vendu comparativement à ce qu'a vendu la concurrence, et nous mettons l'accent sur le haut de gamme. Il n'est pas disponible dans tous les marchés, mais il l'est dans certains marchés, et c'est la force du guichet unique.
Pour ce qui est d'un produit comme le blé dur, nous représentons 50 p. 100 du marché mondial. Nous sommes le principal vendeur dans ce domaine et nous pouvons influencer le prix global; si nous sommes très énergiques, nous pouvons faire descendre la valeur du blé dur au niveau de la valeur des aliments pour animaux. Nous sommes très disciplinés dans notre stratégie, de la même façon que nous le sommes pour l'exportation d'orge de brasserie.
Selon notre plan de commercialisation — cela répond à la question sur le grain dans les silos — concernant le blé, nous avons pris 90 p. 100 du blé que les agriculteurs nous ont offert jusqu'à maintenant. Nous allons décider du sort du contrat de série C, les dix derniers pour cent, cette semaine. Nous n'avons pas encore pris de décision.
S'il y a beaucoup de blé dans les silos et qu'il doit être livré, parce qu'il y a 50 p. 100 d'espace dans le système actuellement, il y a beaucoup de débouchés. Je ne crois vraiment pas qu'il y a des réserves de blé qui représentent un fardeau, parce que nous en avons pris la plus grande partie et que nous les prendrons probablement presque toutes au final.
Pour le blé dur, nous procédons de façon plus disciplinée parce que nous ne voulons pas en faire descendre la valeur au niveau des aliments pour animaux. C'est assez difficile à la ferme, comme vous le savez, et il ne serait pas très logique à nos yeux de faire descendre radicalement ces valeurs d'un point de vue international. Nous en avons discuté avec le conseil d'administration, avec les agriculteurs élus qui y siègent. Ils appuient cette stratégie. Même avec la vente disciplinée cette année, nous avons l'intention de nous approcher beaucoup d'une année record pour la vente de blé dur; nous nous approcherons beaucoup des 4,2 ou des 4,3 millions de tonnes.
C'est une très bonne année pour le blé dur, mais il en reste encore. Les agriculteurs ont cultivé beaucoup de blé dur récemment, et nous le savons, mais nous veillons d'abord et avant tout à obtenir un rendement raisonnable pour ces agriculteurs plutôt que d'inonder le marché de leurs produits.
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Je pourrais probablement parler pendant beaucoup plus que cinq minutes, mais je veux essentiellement revenir sur toute cette question de choix.
Je vais aborder différents sujets. En Ontario, il y a la Commission ontarienne de commercialisation du porc. À une certaine époque, on vendait des porcs du lundi matin au vendredi, mais ceux qui le vendaient le vendredi obtenaient moins que ceux qui le vendaient le lundi. On a donc décidé d'uniformiser le prix.
Vous pouvez donc, essentiellement, choisir le moment qui vous convient le mieux pour vendre vos porcs, et le prix est le même que vous le fassiez le lundi ou le vendredi. Les producteurs ont fini par croire qu'ils avaient le droit de choisir, et ils en ont fait une politique.
Les producteurs de boeuf ont déjà accusé les producteurs de porc de continuellement demander de l'aide au gouvernement. Depuis quatre ans, la situation de l'industrie du boeuf les a amenés à réviser leur position, puisqu'ils sont eux aussi venus demander de l'aide.
Quand les producteurs de boeuf envisagent d'avoir un système de commercialisation du boeuf ordonné, ce qui est leur façon plus polie de parler de la gestion de l'offre... Il y a vingt, dix ou même cinq ans, jamais on aurait pu penser cela possible.
Vous vous demandez peut-être où je veux en venir mais, d'après moi, il faut parfois de gros joueurs pour jouer avec les gros joueurs. Si nous abandonnons... Je pense que les producteurs ont la capacité de choisir, mais je ne crois pas qu'ils le peuvent.
Les arguments que j'ai entendus ici ce matin, particulièrement ceux de M. Anderson, m'obligent à croire que lui ou les conservateurs ont gagné les élections dans l'Ouest parce que les producteurs pensaient pouvoir choisir comment vendre leurs produits céréaliers. Je ne le crois pas; je pense qu'il y a d'autres raisons de poids qui ont motivé leur choix.
J'aimerais simplement vous demander d'expliquer pourquoi cette question est en suspens depuis si longtemps. On en parle depuis que je suis ici, ce qui fait treize ans. Pourtant, il y a toujours des producteurs et des administrateurs élus. Maintenant que la représentation des producteurs est imposante, pourquoi continuent-ils d'élire les membres de la Commission du blé?
Ma dernière question s'adresse à M. Venn. Y a-t-il des études qui indiquent combien d'argent les producteurs ont perdu sur le marché parce qu'ils ont vendu leur produit à la Commission du blé?
J'aimerais commencer par vous, monsieur Venn.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec M. Steckle pour dire que les producteurs croient qu'ils ont le droit d'avoir le choix, et nous dirions la même chose.
Nous avons besoin de débouchés dans l'ouest du Canada. Dans le cadre d'une étude que j'ai effectuée en 2001, j'ai demandé qu'on vérifie le nombre d'usines de transformation des cultures spécialisées en Saskatchewan. À l'époque, il y en avait 127. Nous avons aussi appris qu'il y avait 14 minoteries. D'après mes chiffres, 12 d'entre elles appartenaient à des multinationales étrangères.
Pour ce qui est des cultures spécialisées, nous avions la possibilité de faire quelque chose. Les producteurs prenaient des initiatives, ouvraient des usines de transformation et faisaient d'autres expériences. Il ne leur était pas possible de faire la même chose dans le cas des grains.
L'industrie et les temps changent. Il y a des nouveautés comme les nutraceutiques, les produits pharmaceutiques, les céréales spécialisées, et ce que M. Venn fait. Nous devons pouvoir nous lancer là-dedans et le système actuel ne le permet pas.
M. Ritter peut dire que nous allons parler à M. Venn, mais les possibilités n'existent pas. La Commission du blé n'a même pas pu commercialiser les céréales biologiques. Les producteurs ont dû commercialiser leurs céréales, puis se soumettre aux dispositions de rachat de la Commission du blé pour vendre leurs céréales biologiques, parce que les quantités ne sont pas suffisantes.
Il y a une vingtaine d'autres choses à venir pour lesquelles nous devons avoir des chances de succès. Nous n'en avons pas si le système ne change pas, de façon à permettre aux producteurs de l'ouest du pays de se lancer dans ces cultures et d'avoir accès aux marchés haut de gamme dont M. Venn parle.
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Merci, monsieur le président. Je suis effectivement très heureuse de venir vous rencontrer, vous et les membres du comité permanent.
À titre d'information générale, Terry et moi-même sommes deux des trois commissaires de la Commission canadienne des grains. Je viens du Manitoba et je suis propriétaire avec mon mari d'une exploitation située juste au sud de Winnipeg. Terry vient de la Saskatchewan, et le troisième commissaire, Albert Schatzke, vient de l'Alberta. Les trois commissaires représentent donc les trois provinces des Prairies.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité et distingués invités, c'est avec plaisir que je vais vous donner un aperçu de la Commission canadienne des grains et que je vais répondre à certaines de vos questions.
Aujourd'hui, je vais discuter plus particulièrement de notre mandat, de certaines de nos activités en cours et de nos priorités; je vais également examiner quelques-uns des défis auxquels nous sommes confrontés.
D'abord, la Commission canadienne des grains fait appliquer la Loi sur les grains du Canada. Cette loi est en vigueur depuis 1912. Selon la loi, la Commission a pour mission de fixer et de faire respecter, au profit des producteurs de grain, des normes de qualité pour le grain canadien et de régir la manutention des grains au pays afin d'en assurer la fiabilité sur les marchés intérieur et extérieur.
La Commission canadienne des grains est une tierce partie neutre responsable de l'assurance de la qualité et de la quantité de 21 cultures différentes, et ces responsabilités sont bien différentes de tout autre organisation de commercialisation. Nous sommes chargés de soutenir les secteurs canadiens des oléagineux, des céréales et des cultures spécialisées sur un marché international en évolution rapide.
La Loi sur les grains du Canada a été modifiée plusieurs fois, mais pas de façon importante depuis le début des années 1970. Comme beaucoup d'entre vous le savent, un organisme indépendant effectue actuellement un examen, et ses recommandations doivent être présentées au Parlement cet automne.
Nous espérons travailler avec le ministre et le gouvernement pour veiller à ce que la Commission canadienne des grains soit en mesure d'avoir un système d'assurance de la qualité et de la quantité qui serve bien les producteurs et l'industrie.
La Commission canadienne des grains a pour priorité absolue de fournir des services autorisés et de remplir les responsabilités en matière de réglementation que la Loi sur les grains du Canada lui confère, ce qui comprend l'assurance de la qualité, l'assurance de la quantité, la recherche et la protection des producteurs. L'assurance de la qualité commence par l'établissement de normes pour l'inspection des grains. Nos scientifiques et nos inspecteurs travaillent en étroite collaboration pour établir des normes qui tiennent compte de la qualité à laquelle nos clients s'attendent pour chaque grade. Cette conformité est importante pour les clients et offre des possibilités de commercialisation au grain canadien.
L'assurance de la qualité et de la quantité désigne également l'inspection et le pesage du grain avant le chargement des navires. Nos services de recherche veulent trouver de meilleurs moyens d'évaluer la qualité des grains à partir de critères plus objectifs. L'établissement de l'indice de chute pour déterminer les dommages causés par la germination et de la teneur en chlorophylle du canola par l'évaluation visuelle du pourcentage de graines nettement vertes sont des exemples des recherches en cours. Une autre fonction importante de la recherche est l'évaluation et la surveillance pour la sécurité des grains. La demande pour l'assurance de la qualité et de la quantité a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années.
Le principe fondamental de la Loi sur les grains du Canada est d'assurer des transactions relatives au grain qui sont équitables. C'est un aspect très important pour la protection des producteurs. L'agrément et la sécurité ainsi que l'attribution des wagons de producteur sont deux autres aspects de la protection des producteurs.
Je vais vous en dire un peu plus sur l'agrément et la sécurité. Selon la Loi sur les grains du Canada, les négociants en grain de l'Ouest qui ont des obligations envers les producteurs doivent être agréés auprès de la Commission canadienne des grains et lui fournir des garanties. Ces garanties visent à indemniser les producteurs qui livrent du grain à un négociant qui est incapable de les payer ou de retourner le grain.
Depuis 15 ans, beaucoup de petits négociants en grains se sont lancés en affaires pour vendre les cultures spécialisées de plus en plus nombreuses. Ils avaient tendance à ne pas se conformer aux exigences en matière d'agrément et de sécurité, estimant que ces exigences nuisaient à leur fonds de roulement. La Commission canadienne des grains a usé de persuasion pour les encourager à obtenir une licence, au lieu de recourir à la Loi sur les grains du Canada, mais les résultats ont été très mitigés.
On cherche depuis quelque temps à trouver de meilleures solutions, et des travaux effectués récemment par certaines associations de cultures de légumineuses à graines, notamment des regroupements de producteurs et de membres de l'industrie dans l'ouest du Canada, ont permis de conclure que, même si le système actuel de sécurité et d'agrément n'est pas parfait, il était le meilleur qui existe et que les exigences en la matière devaient être mises en application.
Par conséquent, à compter du 1er août de cette année, toute entreprise qui a des obligations à l'égard des producteurs à qui elle achète des grains de l'Ouest devra être agréée et fournir des garanties, ou être exemptée. La Commission a transmis avec diligence tous les détails à ce sujet aux membres de l'industrie et aux producteurs des Prairies.
J'aimerais maintenant vous parler de la stratégie d'assurance-qualité pour le blé. Pendant des années, les manutentionnaires de grains et la Commission canadienne du blé se sont servis du système de distinction visuelle des grains, ou DVG, comme moyen de sélection rentable et outil de commercialisation pour assurer la qualité du blé meunier. La demande sans cesse croissante en blé non meunier pour le fourrage et la production d'éthanol a amené la Commission canadienne des grains à lancer une vaste consultation pour trouver des solutions de rechange aux méthodes en voie de devenir dépassées.
À la suite de plusieurs initiatives prises au cours des dernières années, nous avons élaboré une stratégie composée de trois éléments. Le premier est la mise au point d'une technologie pour l'identification des variétés. Nous avons accordé des ressources importantes à la Commission pour qu'elle poursuive les recherches à ce sujet. Nous avons réalisé des progrès considérables, mais les essais s'effectuent encore beaucoup en laboratoire. Même si nous cherchons une technique rapide et économique pour identifier les variétés, nous pensons qu'il faudra encore un certain temps avant qu'elle soit au point; par conséquent, nous avons encore besoin de trouver d'autres moyens de sélectionner les grains.
Le deuxième aspect de la stratégie est la surveillance accrue des expéditions de variétés de blé non enregistrées. Nous vérifions les wagons et les navires de transport pour assurer l'intégrité des cargaisons de blé.
Le troisième élément est l'élaboration d'une proposition pour établir une classe générale pour les variétés de blé non meunier, destinées au fourrage, à la production d'éthanol ou peut-être à d'autres usages industriels.
Nous voulons protéger le système de distinction visuelle des grains pour le blé roux du printemps de l'ouest canadien et le blé dur ambré de l'ouest canadien, étant donné que ce sont deux marchés haut de gamme qui représentent environ 85 % de la production actuelle dans l'ouest du pays. Nous voulons offrir plus de souplesse à ceux qui sélectionnent des grains pour la production d'éthanol ou le fourrage, cette classe générale de blé de moindre qualité, et nous espérons pouvoir annoncer les détails de cette mesure dans un proche avenir.
J'aimerais maintenant vous parler des finances et de la prestation des services. Nous avons beaucoup de défis à relever à ce sujet. Nos recettes ont diminué de façon constante au cours des dernières années. C'est en partie attribuable aux changements de cultures. Avec l'abandon de la subvention du Nid-de-Corbeau, les producteurs veulent exporter en moindre quantité des grains supérieurs. Voilà pourquoi les cultures spécialisées ont augmenté. Mais pour la Commission canadienne des grains, des volumes moindres représentent des revenus moindres, étant donné que nos revenus dépendent des tonnes métriques de grains pesés et inspectés qui sont expédiés par navire. Nos revenus ont diminué en raison des volumes de grains traités.
Nous avons aussi des problèmes de revenus parce que nos frais de service n'ont pas augmenté depuis 1991; en effet, notre barème de tarifs a été établi en 1991. Vous pouvez comprendre pourquoi nos revenus ont baisé. Par ailleurs, nos coûts ont continué de croître, surtout en raison de l'inflation et des contrats de travail conclus avec nos employés.
L'écart s'est donc creusé entre nos recettes et nos dépenses, que nous avons compensé par des affectations de crédits provisoires au cours des dernières années, notamment 21 millions de dollars en 2005-2006 et 30 millions de dollars en 2006-2007. Une affectation de crédits de 30 millions de dollars, conjuguée aux recettes que nous allons générer, nous donnera un budget d'environ 70 millions de dollars. Nous croyons qu'il s'agit d'un budget réaliste, mais ce sera très dur. Nous allons surveiller nos dépenses de près, mais les choses seront un peu difficiles.
Nous avons l'intention de faire de notre mieux pour nous tirer d'affaire avec les recettes anticipées. Nous avons procédé à une certaine rationalisation, nous nous concentrons sur nos services autorisés et nous travaillons avec l'industrie pour mieux répondre à ses besoins. Bien sûr, ce serait formidable de pouvoir fournir des services sur demande en tout temps, mais il faudrait nous doter d'un personnel correspondant aux périodes de pointe, ce qui signifie qu'il n'aurait rien ou peu à faire à d'autres moments. Nous croyons que ce ne serait pas raisonnable, compte tenu du coût élevé de ce type de dotation.
Nous avons plutôt encouragé l'industrie à travailler en étroite collaboration avec nos gestionnaires pour les informer d'avance des services dont elle aura besoin. Grâce à ces échanges, nous prévoyons de fournir nos services sans trop de problèmes, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en aura jamais.
Pour conclure, il ne fait aucun doute que l'industrie évolue. Nous faisons face à de nombreux défis, tant à la Commission canadienne des grains que dans l'ensemble de l'industrie. La qualité continue d'être très importante, probablement plus qu'elle ne l'a jamais été. L'assurance de la qualité et les travaux de recherche de la Commission sont la pierre angulaire de la marque de commerce du Canada. Ils permettent de sauvegarder la réputation du grain canadien, de renforcer notre compétitivité sur la scène internationale et d'aider les producteurs et l'industrie à mieux répondre aux besoins des clients.
Je vous remercie, monsieur le président, de me donner la chance de m'entretenir avec vous et avec les membres du Comité permanent. C'est un plaisir d'échanger avec vous et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Comme vous le savez peut-être, la WGEA est une association regroupant huit sociétés céréalières des secteurs public et privé, faisant affaire au Canada et appartenant à des agriculteurs, qui, ensemble, manutentionnent plus de 90 p. 100 des exportations de grains en vrac de l'Ouest canadien. Les membres de la WGEA possèdent des installations de manutention de grains à la grandeur du pays ainsi que dans les ports de Prince Rupert, de Vancouver et de Thunder Bay.
Il y a trois importants domaines de politique dont nous aimerions parler aujourd'hui. Les solutions que nous proposons sont essentielles au succès à long terme du Canada dans le commerce mondial des grains. Les trois domaines en question sont les suivants: l'avenir de la commercialisation du blé et de l'orge dans l'Ouest canadien et le règlement des différends avec la Commission canadienne du blé; les modifications à la Commission canadienne des grains et à la Loi sur les grains du Canada; les modifications à la Loi sur les transports au Canada.
Concernant l'avenir de la commercialisation du blé et de l'orge dans l'Ouest canadien, le rôle de la Commission canadienne du blé à cet égard a fait l'objet de nombreux débats et discussions au cours des derniers mois. En tant que sociétés ayant réalisé d'importants investissements dans l'industrie, nous nous intéressons vivement à l'avenir de la commercialisation du blé et de l'orge dans l'Ouest canadien et nous sommes prêts à nous adapter à l'avenir que choisira le gouvernement; nous vous demandons seulement de minimiser le plus possible toute incertitude, parce que les changements dont nous parlons sont importants et qu'une incertitude à long terme peut entraîner la déstabilisation ou la stagnation de l'industrie.
Il est important de souligner — et il est essentiel que nous le comprenions tous — que les intérêts de la WGEA et des agriculteurs ne sont pas en conflit. Notre objectif global est d'accroître la rentabilité de l'industrie, y compris celle des agriculteurs. Certains croient à tort que les politiques agricoles doivent reposer sur le principe que les agriculteurs et les sociétés céréalières ont des objectifs naturellement contradictoires alors qu'en réalité, il est impossible d'assurer la rentabilité de l'industrie si les exploitations agricoles ne sont pas elles-mêmes rentables.
Les membres de la WGEA commercialisent présentement le blé, l'orge, le canola, les cultures spéciales et d'autres grains et graines oléagineuses dans près de 100 pays. Nous sommes prêts à faire face à l'avenir si le gouvernement du Canada décide d'apporter des modifications au système.
Sans égard à la façon dont les cultures sont commercialisées et vendues, les sociétés céréalières ont un travail à faire. Qu'elles agissent à titre d'agents directs de la Commission canadienne du blé ou en partenariat direct avec les agriculteurs pour répondre aux besoins des clients finaux, les sociétés céréalières souhaitent manutentionner autant de blé et d'orge que les agriculteurs en produisent sur ce marché concurrentiel. Si des modifications sont apportées — et nous tenons à le répéter — nous sommes déterminés à participer pleinement à l'élaboration d'un cadre pour l'avenir.
Nous comprenons que ce processus peut prendre du temps, ce qui m'amène à la deuxième partie de cette question. Nos relations d'affaires avec la Commission canadienne du blé posent malheureusement de graves problèmes qui ne peuvent attendre et qui doivent être réglés immédiatement. Notre solution à ces problèmes consiste à adopter un mécanisme de règlement des différends. Les sociétés céréalières et la Commission canadienne du blé doivent négocier un certain nombre d'ententes et d'accords différents. Dans certains cas, nous pouvons conclure un accord et dans d'autres, il n'est pas possible de le faire.
Lorsqu'il est impossible de s'entendre, la Commission canadienne du blé procède comme bon lui semble — c'est-à-dire, de façon unilatérale. Aucune tierce partie ne peut être consultée et il n'existe aucune autre voie d'appel pour les sociétés céréalières. Nous devons simplement nous faire à la décision de la Commission canadienne du blé.
Par exemple, la majeure partie de l'entente de manutention conclue entre la Commission et ses agents et établie en 1999 est périmée et non pertinente. Cette entente dépassée continue d'être en vigueur sous l'effet de la contrainte, puisque nous ne parvenons pas à conclure une nouvelle entente. Nos membres pourraient certes choisir de ne pas signer l'entente et de ne plus manutentionner les grains de la Commission, ce qui ne serait pas une solution raisonnable sur le plan économique et provoquerait une certaine détresse chez les agriculteurs qui produisent les grains de la Commission.
La Commission canadienne du blé est pour ainsi dire le seul monopole au Canada n'ayant établi aucun mécanisme de surveillance réglementaire sous une forme ou une autre. On craint que la Commission n'utilise son pouvoir légal d'une façon qui ne corresponde pas aux normes raisonnables de comportement commercial. Nous cherchons à mettre en oeuvre un mécanisme qui permette de contrer l'abus potentiel de position dominante et de favoriser l'élaboration de normes raisonnables de comportement commercial.
Afin de présenter une résolution impartiale, nous proposons un système d'arbitrage à deux paliers. Si la Commission canadienne du blé ou un de ses agents a un différend qui demande résolution, la question est d'abord présentée à un arbitre indépendant qui doit déterminer si la récusation contrevient à la Loi sur la Commission canadienne du blé ou à son règlement. La question en litige peut ensuite passer à la deuxième étape de l'arbitrage si l'arbitre, lors de la première étape, décide que, sans égard au résultat, elle ne contrevient à aucune loi. Nous croyons qu'il s'agit d'une façon juste et opportune de résoudre l'entente de manutention et de mettre en oeuvre un mécanisme de règlement des différends tout en établissant des paramètres sur ce qui peut ou ne peut pas faire l'objet d'un arbitrage.
Nous avons discuté à quelques reprises du concept de règlement des différends avec la Commission canadienne du blé, mais elle a tenté de limiter la discussion à certaines questions. Le règlement des différends est un principe directeur fondamental dans le monde des affaires et du commerce. Grâce à ce mécanisme, les parties disposent d'une option raisonnable pour résoudre les différends autrement que par de longues et coûteuses actions en justice.
Le processus actuel est inacceptable dans le contexte de relations commerciales normales et a des effets négatifs importants sur l'ensemble de l'industrie. Nous avons retenu les services de spécialistes qui nous ont expliqué que le gouvernement a la capacité de promulguer des dispositions appropriées dans la Loi sur la Commission canadienne du blé, d'édicter un règlement par décret en conseil ou d'émettre des directives.
L'article 18 de la Loi sur la Commission canadienne du blé précise que le cabinet « peut, par décret, donner des instructions à la Commission sur la manière d'exercer ses activités et ses attributions ».
La WGEA croit fermement qu'un processus de règlement des différends est nécessaire. Pour être clairs, nous ne comptons pas utiliser l'arbitrage pour remplacer les négociations, ni pour contrevenir à la Loi sur la Commission canadienne du blé. Le processus ne vise pas à favoriser les sociétés manutentionnaires au détriment de la Commission. Il ne sera utilisé que pour rendre une décision juste et impartiale, s'il y a lieu, après qu'on aura tenté de régler le différend par des négociations de bonne foi.
Nous croyons que les deux parties seraient plus enclines à parvenir à un règlement en collaborant, étant donné le risque de perdre en arbitrage. Les modifications que nous proposons seraient positives et stimuleraient le respect et la collaboration de part et d'autre.
Je vais maintenant vous parler de l'examen de la Commission canadienne des grains et de la Loi sur les grains du Canada.
En ce qui concerne l'examen actuel de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains, la WGEA a vivement appuyé la décision du gouvernement de tenir des consultations. La loi a été rédigée il y a environ 100 ans et n'a pas beaucoup changé depuis. Une révision s'impose depuis longtemps et nous désirons remercier le comité d'avoir fait en sorte qu'un examen de la loi soit amorcé.
Nous avons demandé et appuyé cet examen puisqu'une réforme fondamentale de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains est essentielle à la compétitivité actuelle et à venir de l'industrie des grains, des graines oléagineuses et des cultures spéciales du Canada. L'incapacité à poursuivre les réformes requises a mis le Canada dans une position désavantageuse par rapport à la concurrence. Nous avons consulté le rapport COMPAS et, pour employer un euphémisme, nous sommes très déçus. Nous avons de sérieuses réserves quant à l'orientation qu'il propose. La nécessité d'une réforme fondamentale et les conséquences de l'échec de la modernisation du système de réglementation du Canada sont absents du document initial. On semble plutôt favoriser des modifications mineures au système existant.
En tant que manutentionnaires de grains, nous appuyons l'engagement d'une CCG dont le mandat consiste à contribuer à assurer l'intégrité du grain canadien. Il est essentiel que l'industrie évolue en fonction des exigences des clients et des consommateurs. Il est également essentiel que nos organismes de réglementation s'efforcent, en collaboration avec l'industrie, de faire de même. Comme nous l'avons expliqué en détail à COMPAS et au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire par le passé, la WGEA a vu qu'il était possible d'apporter des modifications.
C'est avec découragement que nous avons constaté que le rapport COMPAS a carrément ignoré ou négligé la grande majorité des questions, des préoccupations et des solutions présentées. Le document de discussion initial ne fournira pas l'orientation ou le cadre requis pour les futures consultations. Comme ce document démontre une incompréhension du besoin de réforme et un manque d'orientation, COMPAS pourra difficilement présenté un rapport final cohérent et complet.
Encore une fois, nous avions l'impression que l'examen entraînerait une réforme en profondeur d'une mesure législative vieille de 100 ans. Puisque le rapport COMPAS ne cerne que des modifications mineures du système, le public n'aura pas l'occasion de commenter certaines des modifications fondamentales.
Nous ne savons pas si le comité avait également prévu autre chose que des modifications mineures lorsqu'il a demandé cet examen mais, si c'est le cas, nous lui recommandons d'inviter COMPAS à lui expliquer comment elle est parvenue à ses conclusions.
En résumé, les modifications suivantes doivent être apportées à la CCG et à la Loi sur les grains du Canada: premièrement, le mandat devrait être examiné de manière à clarifier que la CCG est un arbitre impartial de l'industrie et à reconnaître que les producteurs de grains profitent aussi de la présence d'un secteur de manutention des grains à la fois sain et dynamique.
Deuxièmement, un modèle opérationnel ou un modèle gouvernemental devrait être adopté. Si un modèle opérationnel est choisi, le président-directeur général devrait rendre des comptes à un conseil d'administration. Si un modèle gouvernemental est adopté, le statut de la CCG en tant qu'organisme indépendant devrait être éliminé et la CCG devrait être directement intégrée au ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada.
Troisièmement, la principale fonction de la CCG devrait être de continuer à établir des calibres et des normes pour ces calibres, en tenant compte principalement des demandes des clients et des conditions du marché. L'octroi de permis devrait constituer sa fonction secondaire. Les activités d'octroi de permis devraient être axées sur le maintien du système d'assurance de la qualité du Canada. Les autres fonctions et activités devraient être éliminées ou transférées à AAC.
Depuis 1998, la CCG a fait l'objet de nombreux examens. Chaque rapport a comporté un grand nombre de recommandations. Cependant, peu, voire aucune, ont été adoptées et mises en oeuvre par le gouvernement fédéral. Compte tenu de l'esprit du rapport COMPAS jusqu'à maintenant, la WGEA craint, encore une fois, que l'examen COMPAS n'arrivera pas à assurer la réforme dont notre industrie a grandement besoin.
Enfin, la Loi sur les transports au Canada est le troisième secteur où s'imposent des modifications fondamentales. Le 5 mai dernier, nous avons rencontré des représentants de Transports Canada, dont des membres du cabinet du ministre, ainsi que d'autres organisations d'expéditeurs et intervenants pour discuter du type de modifications à apporter. Il s'agissait là d'une tâche monumentale, mais pour la première fois de l'histoire, un consensus a été établi entre un grand nombre d'expéditeurs, d'intervenants et de représentants du gouvernement. Les modifications que nous comptons voir dans le prochain projet de loi sur le transport ferroviaire de marchandises seront avantageuses et importantes pour l'industrie céréalière. Nous appuyons pleinement le processus et nous remercions le ministre des Transports pour son leadership et ses conseils.
Si le projet de loi comprend le consensus établi le 5 mai dernier, nous aurons fait un pas dans la bonne direction. Ce projet de loi est une première étape importante en ce qui a trait à de nombreuses questions en suspens pour l'ensemble de l'industrie du transport ferroviaire.
Nous attendons avec impatience la réalisation d'un examen du niveau de service et de l'équilibre des responsabilités entre les expéditeurs et les chemins de fer, lequel constituera la prochaine étape cruciale, tout particulièrement pour l'industrie céréalière. Nous encourageons le gouvernement à adopter rapidement ce projet de loi afin que nous puissions miser sur ces modifications.
Pour conclure, la politique agricole de l'Ouest canadien a toujours opposé les divers intervenants de l'industrie les uns contre les autres, au lieu de favoriser un climat de collaboration et de partenariat. De vieux sentiments de méfiance et de crainte, qui sont nés dans un monde bien différent il y a de cela de nombreuses décennies, se sont enracinés parce que notre politique n'a pas évolué de manière à tenir compte des nouvelles réalités. Cet immobilisme a sapé la compétitivité du Canada. Tout ce que vous avez entendu ici aujourd'hui, et il y a encore bien davantage, vise à mettre fin aux vieux préjugés afin d'instaurer un système moderne, équilibré, dynamique et efficace, dans lequel tous les joueurs pousseront dans la même direction, pour la réalisation d'un objectif commun.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de me donner l'occasion de comparaître devant lui.
Je m'appelle Stephen Vandervalk. Je suis un agriculteur de Fort Macleod, en Alberta, et le vice-président albertain de la Western Canadian Wheat Growers Association. Je suis accompagné aujourd'hui de Blair Rutter, notre directeur exécutif. Nous avons d'abord été invités à parler de la Commission canadienne du blé, alors nous allons commencer par ce sujet.
Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter des solutions que nous proposons pour réformer la Commission canadienne du blé afin qu'elle devienne un outil de commercialisation efficace pour les agriculteurs des Prairies. Nous nous appuyons sur une fière tradition. Au cours des 36 dernières années, notre association a préconisé de nombreux changements positifs à la Commission canadienne du blé: classement protéique, syndicat distinct pour le blé dur, libéralisation du marché des céréales fourragères, changements de gouvernance, perspectives de rendement, options d'établissement des prix à terme, etc. Les choix en matière de commercialisation sont, selon nous, la suite logique dans l'évolution de la Commission canadienne du blé.
Nous avons remis au comité un document exposant notre position sur la Commission canadienne du blé, que notre association a rédigé en mars dernier. J'aimerais souligner quelques faits saillants de ce document. Ce que nous cherchons, c'est simplement la même liberté de commercialisation dont disposent les agriculteurs de l'Ontario. À vrai dire, nous ne comprenons pas comment des agriculteurs d'une région du Canada peuvent avoir le droit de vendre leurs grains à qui bon leur semble, alors que ce droit est refusé aux agriculteurs d'une autre région du pays.
L'Ontario Wheat Producers' Marketing Board a commencé à lâcher prise sur son monopole provincial en 2000 et a accordé la pleine liberté de commercialisation en 2003. Depuis 2000, les cultures de blé ont augmenté considérablement en Ontario. En fait, les agriculteurs ontariens ont semé des superficies record de blé d'automne. À presque tout point de vue, l'expérience ontarienne de la commercialisation mixte a été un franc succès. Nous sommes convaincus que ce modèle peut donner d'aussi bons résultats dans l'Ouest canadien.
Selon nous, ce sera très avantageux pour les agriculteurs de l'Ouest lorsque nous serons libres de vendre nos grains par nous-mêmes ou par l'entremise d'une Commission canadienne du blé plus concentrée et plus efficace. Avoir un choix en matière de commercialisation, cela signifie que les agriculteurs décideront d'eux-mêmes à quel moment et à quel endroit il vaut mieux livrer et vendre leur blé et leur orge. L'an dernier, par exemple, un grand nombre d'agriculteurs sont restés impuissants devant leurs piles de blé qui se dépréciaient en raison d'un manque de débouchés. Voilà un des problèmes du monopole exercé par la Commission canadienne du blé. On présume qu'une seule solution convient à tous et que les agriculteurs ont les mêmes besoins en matière d'entreposage, d'établissement des prix et de liquidités. Ce n'est pas le cas. Si on avait le choix de la mise en marché, chacun de nous pourrait décider des options de livraison et de mise en marché qui lui conviennent le mieux.
Nous sommes convaincus que les agriculteurs auraient ainsi plus de chance de faire des profits sur la vente du blé et de l'orge. Comme nous l'avons expliqué dans la lettre que nous avons envoyée aux membres du comité la semaine dernière, nous avons observé au cours des derniers mois une reprise des marchés du blé américains. Un choix en matière de commercialisation nous permettrait davantage de profiter d'une telle reprise. Comme nous l'avons fait remarquer dans notre lettre, il est troublant de constater que les prix prévus par la Commission canadienne du blé ont baissé alors que les prix pratiqués aux États-Unis ont augmenté considérablement.
Vous demandez qu'on vous donne des exemples concrets, et j'en ai trois ou quatre en réserve, si vous voulez me poser des questions à ce sujet tout à l'heure. Prenons l'exemple du blé d'automne. Si l'on compare Kansas et Minneapolis, les contrats à terme pour le blé d'automne sont 30 ¢ de plus que pour le blé roux de printemps. Pourtant, la perspective de rendement pour le blé de printemps est de 5,63 $ tandis qu'elle est de 4,38 $ pour le blé d'automne. C'est donc 1,30 $ de moins pour le blé d'automne alors que le prix devrait être plus élevé de 30 à 40 ¢. C'est un exemple parmi d'autres, qui touche ma ferme en particulier.
Notre association croit également que la libéralisation du marché du blé et de l'orge stimulera toutes sortes d'activités d'entreprenariat puisque de nouveaux investissements à valeur ajoutée seront effectués. C'est ce qui s'est produit dans l'industrie de l'avoine, du canola et des légumineuses à grain. Nous sommes convaincus que la même chose peut se produire dans l'industrie du blé et de l'orge. Avec une augmentation des installations de traitement au Canada, les choix deviennent plus avantageux pour les agriculteurs et leurs frais de transport diminuent.
Notre association tient aussi à ce que les agriculteurs des Prairies qui souhaitent commercialiser leur blé et leur orge collectivement puissent continuer de le faire. Nous ne voulons pas leur enlever cette option. En fait, nous croyons qu'un grand nombre de nos membres voudront vendre eux-mêmes une partie de leurs grains et vendre l'autre partie par l'intermédiaire de la Commission canadienne du blé.
C'est pour cette raison que nous recommandons plusieurs changements organisationnels à la Commission canadienne du blé, que nous croyons nécessaires pour qu'elle devienne une option avantageuse pour les agriculteurs. Nous recommandons de transformer la Commission canadienne du blé pour en faire une entreprise qui appartienne vraiment aux producteurs et qui soit contrôlée par eux.
Nous suggérons cette mesure notamment parce que le gouvernement canadien a déjà accepté, dans le cadre des négociations de l'OMC, de laisser tomber les garanties gouvernementales sur les emprunts et le paiement initial de la Commission canadienne du blé. L'échéancier visant l'abandon de ces garanties n'a pas encore été négocié. Toutefois, nous aurons probablement quelques années pour entreprendre les réformes organisationnelles nécessaires et créer un capital de base.
Comme nous l'avons dit dans notre exposé de principe, nous pensons que le capital de base devrait être constitué en autorisant la Commission canadienne du blé à conserver ses actuels capitaux propres, y compris le fonds de prévoyance, et en laissant aux agriculteurs le choix d'investir leur part d'intérêts dans les actions CCB. Selon notre estimation, la moitié des agriculteurs choisiraient d'investir leur part d'intérêts dans la Commission.
La Wheat Growers Association ne tient pas absolument à un modèle particulier de propriété, les agriculteurs accepteraient l'une des diverses solutions. Par exemple, il pourrait s'agir d'une structure traditionnelle de coopérative, d'une coopérative de la nouvelle génération ou d'une société d'actions normale. Nous croyons que le gouvernement fédéral, en consultation avec le conseil d'administration de la CCB, devrait décider du modèle de propriété qui, selon lui, permettra à la Commission canadienne du blé de réunir les capitaux nécessaires pour devenir une organisation viable, appartenant aux producteurs et régie par eux.
La Wheat Growers Association est convaincue que la CCB peut devenir un outil viable de commercialisation pour les agriculteurs des Prairies. Bien sûr, il n'y a aucune garantie, mais le succès du Ontario Wheat Producers' Marketing Board qui était un organisme de commercialisation à guichet unique et qui est devenu un concurrent efficace prouve que cela peut fonctionner. La Wheat Growers Association ne recherche pas un traitement préférentiel. Tout ce que nous demandons, c'est que les lois de notre pays soient harmonisées pour que nous ayons les mêmes droits et privilèges que ceux dont jouissent les agriculteurs de l'Ontario et d'autres régions au Canada.
Nous vous remercions encore une fois, monsieur le président, de nous avoir donné l'occasion de présenter notre point de vue aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisirs de répondre à vos questions.
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Votre première question porte sur les multinationales. La mienne aussi: est-ce que le mot multinationales est à proscrire? Est-ce une si mauvaise chose qu'elles achètent notre grain?
Quand la Commission australienne du blé a perdu son monopole d'exportation, le prix de l'orge a augmenté du jour au lendemain. Au lieu d'avoir une seule société qui achetait le grain, il y en avait quatre ou cinq qui faisaient des offres pour l'acquérir.
Et même si toutes ces sociétés offrent d'acheter le grain, où est le mal?
Je peux vous dire, par exemple, quel est le prix demandé à Montana, quelles sont les perspectives de rendement de la Commission canadienne du blé, ou même le prix fixé par celle-ci. Si la Commission fait de l'excellent travail pour ce qui est des PDR, ces dernières n'ont pas, en moyenne, dépassé le prix fixe. Elles s'en sont peut-être rapproché à quelques occasions, mais, à ma connaissance, elles ne l'ont jamais dépassé. Alors pourquoi le prix fixe — c'est le prix du marché que vous obtenez ce jour-là sur le marché — est-il plus élevé que le prix commun? En fait, il ne l'est jamais.
Il y a aussi le classement. Je peux obtenir un meilleur classement pour le même blé aux États-Unis. Je le fais d'abord classer ici, et j'apporte ensuite des échantillons aux États-Unis. Le grain peut être classé no4 ou 5 au Canada, ou encore obtenir le grade fourrager, mais être classé n o 1 au Montana. Il n'est pas nécessaire que ce soit du blé de printemps foncé du nord, qui est d'une belle couleur, car ils n'attachent pas autant d'importance à ce facteur. Vous obtenez non seulement 30 ou 40 cents de plus pour le même grade, mais également un dollar de plus par boisseau, pour un grade supérieur. Un dollar le boisseau, 1,50 $ ou même 0,50 $ le boisson, c'est ce qui peut inciter un agriculteur à poursuivre ses activités et non à les abandonner, car 0,50 $, c'est beaucoup.