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Merci de nous avoir invités à venir nous exprimer devant le comité. Nous vous en sommes très reconnaissants.
J'aimerais aussi, d'entrée de jeu, en profiter pour remercier le député de Peace River d'avoir présenté, il y a quelques réunions de cela, la motion réclamant cette étude sur les musées. Encore merci!
Le Canada a la chance de jouir d'un patrimoine culturel et naturel riche et coloré. Pour préserver et interpréter ce patrimoine au bénéfice des générations actuelles et futures, des personnes dévouées et passionnées ont créé des musées qui racontent l'histoire de notre pays du point de vue des collectivités et des régions. À l'heure actuelle, le Canada compte des musées dans chaque région du pays. Grâce au soutien de milliers de bénévoles et d'employés, ces établissements offrent des programmes et des services au profit des collectivités qu'ils servent. Comme centres communautaires et ressources éducatives, ils aident les Canadiens à comprendre leur patrimoine et à avoir un sentiment d'appartenance et de fierté, jouant un rôle essentiel pour améliorer la qualité de vie ainsi que pour créer des collectivités progressistes et vigoureuses.
Les musées du Canada veulent continuer à apporter leur contribution en vue d'aider à bâtir une identité culturelle forte et dynamique. Nous voulons nous assurer que le patrimoine demeure une partie essentielle des collectivités de l'ensemble du Canada et que les Canadiens en apprennent davantage sur eux-mêmes, les uns des autres et sur notre province. Nous voulons nous assurer que nos institutions sont un reflet des collectivités que nous servons et qu'elles répondent à leurs besoins afin de permettre à tous les Canadiens d'avoir un sentiment d'appartenance et de fierté communautaires.
Toutefois, des facteurs récents ont entraîné des défis importants pour les musées du Canada. Au nombre des défis, mentionnons les suivants : problèmes de relève et de leadership; attente accrue envers les normes professionnelles des musées; attente accrue en matière de participation communautaire; coûts opérationnels accrus dans des secteurs comme l'entretien des installations, les services publics et l'assurance; pressions exercées par l'acquisition de nouvelles technologies comme la numérisation et les logiciels de gestion des collections; responsabilités et attentes accrues de la part du public pour des expositions et des services au goût du jour. Ces facteurs ont été aggravés par le manque de financement pluriannuel prévisible.
Malgré leurs efforts diligents pour produire des recettes, les musées sont incapables d'obtenir un financement suffisamment stable pour soutenir leurs opérations à long terme. Ils ont beau essayer de fonctionner en utilisant des modèles de gestion, les musées ne généreront jamais assez de revenus pour compenser les coûts opérationnels. Pour cette raison, des gouvernements à l'échelle mondiale reconnaissent la valeur des musées et soutiennent directement leur exploitation en permanence. Au Canada, les trois ordres de gouvernement ont un rôle à jouer pour appuyer le rôle essentiel assumé par les musées dans nos collectivités. Au niveau fédéral, le rôle du gouvernement comporte trois éléments fondamentaux : assurer la gérance des musées nationaux; préserver et protéger le riche patrimoine du Canada pour la génération actuelle et les générations futures; et aider à préserver, interpréter et distribuer les collections ayant une signification, une qualité et une spécialisation nationales qu'on retrouve dans l'ensemble des musées régionaux du Canada.
Pour appuyer ce rôle, une approche pancanadienne est requise. Dans les deux dernières années, l'Association des musées canadiens, de concert avec la communauté muséale nationale, a travaillé de façon intensive avec le ministère du Patrimoine canadien à l'élaboration d'une nouvelle politique nationale des musées.Les consultations avec la communauté muséale étaient exhaustives et inclusives; les résultats ont fourni une évaluation réaliste et honnête des défis et des besoins du secteur. Comme il fallait s'y attendre, les problèmes n'ont pas changé au cours des dix dernières années. Ce qui a changé, c'est la gravité des problèmes. S'inspirant des consultations auprès des collectivités, l'Association des musées canadiens a élaboré un cadre qui servirait de toile de fond à cette nouvelle politique. Une pierre angulaire de cette proposition est le financement pluriannuel prévisible pour les musées. Comme communauté, les musées du Canada considèrent qu'ils ont fait leur part dans le cadre de ce processus; ils ont clairement exprimé leurs besoins dans le cadre du processus de consultation de l'Association des musées canadiens de 2005. Par conséquent, nous estimons maintenant, plus que jamais, qu'il est temps que le gouvernement fédéral élabore et mette en oeuvre une nouvelle politique nationale des musées qui comprenne un financement pluriannuel accru et prévisible pour les musées du Canada, et ce, dès que possible.
Pour que le financement accordé par le gouvernement fédéral soit pleinement efficace et réponde aux besoins des musées du Canada, les éléments suivants sont essentiels : des lignes directrices en matière d'admissibilité plus souples et plus accessibles ainsi qu'un processus de demandes concurrentiel; des jurys de pairs provenant de la communauté muséale pour évaluer les demandes d'après des critères uniformes et clairs, ce qui assurera la responsabilisation et l'efficacité en confiant les décisions aux personnes qui comprennent les besoins de la communauté muséale; des délais d'exécution plus courts ainsi qu'un mécanisme permettant à la communauté de fournir une rétroaction constante.
Le 25 septembre, le Programme d'aide aux musées a fait l'objet de compressions de 4,6 millions de dollars. Dire que nous sommes tombés des nues serait un euphémisme. Par le biais de ce comité, nous avons été encore plus surpris d'apprendre récemment que tous les fonds alloués au PAM n'auraient semble-t-il pas été distribués au cours des dernières années. Si c'est bien le cas, ce n'est indéniablement pas le résultat d'une absence de besoins pour ces fonds dans la communauté. Au contraire, c'est le signe que le programme et le processus bureaucratique doivent être remaniés afin de mieux tenir compte des réalités du XXIe siècle. Bien que nous convenions de la nécessité d'effectuer un examen des programmes de financement des musées actuels afin de s'assurer qu'ils répondent efficacement aux besoins des musées du Canada, réduire la modeste somme disponible ne nous semble pas être un point de départ constructif ou logique.
Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que l'annonce du 25 septembre donne l'impression que le financement des musées n'est pas nécessaire et représente du gaspillage, et que les musées ne sont pas une priorité du gouvernement en place. Les manchettes faisant référence au gouvernement coupant dans le gras nuisent à une communauté muséale qui a toujours cherché à exploiter des centres communautaires responsables et appréciés. Nous félicitons le gouvernement fédéral pour l'aide financière de 245,3 millions de dollars qu'il accorde chaque année aux musées du Canada; toutefois, il convient de souligner que la majeure partie de cette somme reste dans la région d'Ottawa et ne parvient pas jusqu'aux communautés muséales du reste du pays.
Non seulement l'aide financière accordée par le gouvernement fédéral aux musées du Canada est essentielle, mais elle est également cruellement insuffisante depuis plusieurs années. À la lumière des récentes compressions imposées au Programme d'aide aux musées, la nécessité de se doter d'une nouvelle politique nationale des musées dotée d'un financement pluriannuel prévisible est encore plus criante et essentielle.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président. Je voudrais dire un gros merci à vous, monsieur le président, ainsi qu'à tous les membres du comité.
Je n'ai pas l'intention de lire mon mémoire. Vous en avez tous reçu une copie. Je préférerais plutôt me concentrer sur deux ou trois points et sur quelques recommandations. Le mémoire que nous vous avons transmis est très complet, et il comprend une liste de recommandations très claires.
Tout d'abord, je tiens à vous présenter brièvement l'association que je représente. Elle a été fondée en 1947, donc elle existe depuis un bon bout de temps. Nous entreprenons de vastes consultations auprès de nos membres, comme vous l'a mentionné mon collègue de l'Alberta. Je pense pouvoir affirmer sans crainte que nous avons de l'expérience et que nous sommes largement reconnus. Pour ma part, je suis le directeur général depuis plus de 25 ans. Je travaille dans ce secteur depuis près de 35 ans. Mon collègue, Guy Vadeboncoeur, a été le président de l'association au début des années 80. Donc, nous pouvons compter sur un solide réseau au sein de la communauté muséale de partout au Canada.
Les recommandations qui se trouvent devant vous sont le résultat de l'examen effectué l'année dernière par le gouvernement du Canada. Nous avons mis à jour ces conclusions et nous leur avons apporté quelques révisions. Nous avons procédé à la lumière des consultations que nous avons réalisées. De fait, à la mi-octobre de cette année, nous avons réuni de 20 à 25 représentants des quatre coins du Canada. Ils se sont rendus à Ottawa. Nous avons examiné la politique pièce par pièce. Nous avons abordé l'exercice en gardant à l'esprit quelques nouvelles idées visant à nous permettre d'affronter les réalités présentes. Dans une grande mesure, la situation n'a pas changé, ceoendant nous pourrions emprunter quelques nouvelles avenues prometteuses. En outre, mon conseil d'administration s'est réuni. Toutes ces activités ont eu lieu au cours des deux ou trois dernières semaines, soit depuis que les compressions ont mis les musées un peu plus dans la mire de l'opinion publique.
L'autre chose que je voulais vous mentionner avant de vous livrer nos recommandations, est que tous sont unanimes dans la communauté muséale à ce sujet. Et on constate également un large consensus dans l'opinion publique en général comme quoi les musées sont importants. Nous avons reçu les commentaires de cités, de conseils municipaux, de villes. Nous avons également entendu les commentaires de l'industrie touristique et des municipalités. Nous savons que les provinces sont toutes favorables d'après les consultations officielles, et nous avons aussi entendu l'opinion de tous les partis politiques qui se disent convaincus de l'importance de nos musées. C'est la raison pour laquelle je pense que nous avons tous à gagner dans cette situation.
La semaine dernière, nous avons rencontré la ministre du Patrimoine canadien. Lors de cette rencontre, nous lui avons présenté nos recommandations dans un document légèrement différent, soit dans ce qu'il est convenu d'appeler à Ottawa un dossier de présentation. Nous lui avons demandé d'étudier la possibilité de produire une nouvelle politique des musées dès que possible. Elle nous a à son tour demandé de collaborer avec son ministère, ce à quoi nous avons obtempéré, et de lui remettre des recommandations d'ici Noël. Nous lui avons ensuite demandé si elle envisageait de déposer une nouvelle politique des musées dès le début de 2007, et nous lui avons offert la possibilité d'en faire l'annonce lors de la conférence de l'Association des musées canadiens qui se tiendra à Ottawa.
Les recommandations que nous avons faites sont très claires :
nous avons demandé que la politique soit produite le plus tôt possible.
Deuxièmement, nous avons présenté nos recommandations suivant des objectifs à court, à moyen et à plus long terme. La première, soit la plus immédiate de ces recommandations, demande que le Programme d'aide aux musées soit révisé ou remplacé par un nouveau programme qui réponde aux besoins actuels des musées. Nous avons établi divers critères que nous vous soumettons : un financement pluriannuel; un financement octroyé par voie de concours; un programme mieux adapté, plus souple et plus efficient. Nous avons suggéré de garantir que le délai entre le dépôt d'une demande et la prise de décision soit de quatre mois, en soulignant au passage que l'honorable Perrin Beatty, quand il était ministre, avait garanti que le délai s'établirait à trois mois, et qu'il avait respecté sa parole. Actuellement, les musées peuvent attendre de longs moins avant d'obtenir une décision.
Troisièmement, nous recommandons que l'on examine la manière dont un tel programme devrait être exécuté. Nous vous soumettons divers critères, notamment concernant les décisions relatives à la qualité, l'efficience, l'efficacité et les faibles coûts d'administration, ainsi que le principe de l'examen par les pairs.
Ce qui nous amène essentiellement à deux scénarios. Le premier voulant que le ministère du Patrimoine canadien en conserve la gérance. Et l'autre, notre préféré, que l'on envisage la possibilité qu'un organisme indépendant soit responsable de l'exécution des programmes de financement — c'est une option que nous prêts à élaborer de façon plus détaillée.
Et maintenant, à moyen terme, puisqu'il était question des objectifs à court terme, nous reconnaissons qu'il existe beaucoup d'autres programmes que le Ministère — et d'autres instances gouvernementales — fournissent aux musées. Nous sommes d'avis que bon nombre de ces programmes devraient être réévalués, au même titre que le Programme d'aide aux musées, par des évaluateurs externes. Cette révision risque de prendre un certain temps. Et par ailleurs, d'autres groupes clients pourraient s'en trouver affectés, mais nous sommes convaincus que cette démarche serait dans l'intérêt général afin que les programmes soient véritablement le reflet des besoins d'aujourd'hui.
Une recommandation à long terme que nous présentons — à long terme, pas parce qu'il nous faudra attendre longtemps — mais parce qu'il faudra compter quelques années pour la mettre sur pied — consiste à créer un partenariat public privé en vue d'aider à la conservation de collections d'importance dans les musées de partout au Canada. Vous avez entendu parler des musées ferroviaires et ainsi de suite. Cette recommandation est issue de notre conviction que les musées sont mieux servis lorsqu'ils reçoivent du soutien de plusieurs sources différentes. Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement fédéral vienne régler tous les problèmes, du jour au lendemain. Nous souhaitons adopter une approche réaliste.
Il existe dans d'autres pays des modèles reposant sur la création d'un fonds de dotation qui encourage les citoyens à y contribuer grâce à des incitatifs fiscaux. Nous pensons qu'il s'agit d'une belle occasion de créer un tel fonds qui viendrait compléter les programmes de financement du gouvernement fédéral. Ce fonds pourrait être mis sur pied — bien entendu, nous aurons besoin de capitaux de démarrage — mais il nous faudra deux ou trois ans pour mettre en route un tel projet, pour constituer un conseil d'administration formé de personnalités canadiennes très importantes et pour mener les habituelles campagnes de sollicitation qui y sont associées.
En outre, nous recommandons l'adoption d'un nouvel incitatif fiscal qui faciliterait la constitution de ce fonds de dotation et inclurait les exemptions de gains en capital pour les dons de terrains, de propriétés et d'autres éléments susceptibles de constituer l'actif d'un tel fonds.
Enfin, l'un des autres défis que doit affronter le gouvernement est la croissance des nouveaux musées. En effet, on assiste constamment à la naissance de nouveaux musées auxquels le gouvernement fédéral vient en aide en leur fournissant des fonds d'immobilisation. Nous pensons que tout ce secteur pourrait être mieux administré. Par ailleurs, il est impératif que le gouvernement sache avec exactitude où vont toutes les sommes versées. À tout le moins, nous suggérons qu'une étude soit réalisée sur un horizon de cinq à dix ans afin de déterminer quels seront les principaux projets d'investissement. Cette étude pourrait faciliter la planification de tels projets et nous éviter de mauvaises surprises.
Deuxièmement, nous croyons aussi qu'il faudrait assurer la coordination avec les divers mécanismes qui prévoient le versement de subventions, notamment les programmes de développement régional et d'autres initiatives spéciales — il ne s'agit pas de fonds en provenance du Programme d'aide aux musées. C'est une suggestion que nous entendons depuis quelques années maintenant, et je pense qu'elle serait très utile.
Voici donc, en résumé, l'essentiel de nos recommandations.
Je vais maintenant céder la parole à mes collègues. Merci.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie beaucoup de cette occasion de venir témoigner devant le comité.
Je m'appelle Nathalie Bull et je suis la directrice générale de la Fondation Héritage Canada, à ne pas confondre avec le ministère du Patrimoine canadien, une erreur très courante pour beaucoup de monde.
Nous sommes un organisme de bienfaisance qui s'emploie à promouvoir la préservation et la protection des lieux historiques du Canada.
Lorsque je dis lieux historiques, je veux parler de divers endroits qui nous entourent, de lieux d'intérêt communautaire comme la gare de jonction de St. Mary's — qui se trouve dans votre circonscription, monsieur le président — de districts commerciaux et résidentiels comme le Old Strathcona d'Edmonton, et de complexes industriels comme les mines d'or McIntyre, à Timmins. Ce sont tous des lieux historiques.
Tout comme vous, nous croyons que les lieux historiques contribuent à façonner notre identité et qu'ils en sont le reflet. Ces lieux nous racontent l'histoire qui a fait de nous ce que nous sommes et ils sont une contribution à l'économie vigoureuse de notre pays.
Je vais vous expliquer brièvement en quoi consistent les activités de la Fondation Héritage Canada. Nous vous avons remis un exemplaire de notre magazine qui présente la liste des endroits menacés afin d'attirer l'attention à l'échelle nationale sur ces lieux. Peut-être avez-vous pris connaissance la semaine dernière d'une nouvelle qui portait sur deux de ces lieux, et lu l'article pleine page dans l'édition de la semaine dernière du Globe and Mail qui décrivait le sort réservé à l'un de ces immeubles. La liste des lieux menacés, en plus d'attirer l'attention sur divers endroits précis, nous permet aussi d'éveiller l'intérêt sur les causes profondes et sur les enjeux qui se cachent derrière les problèmes touchant ces endroits, tels que le manque de financement ou des lois impuissantes à les protéger.
Nous faisons également la promotion des avantages de la conservation dans les collectivités. Beaucoup d'endroits aux quatre coins du Canada portent encore la trace de notre avant-gardiste Programme de revitalisation des rues principales. Au Québec, ce programme se poursuit toujours. Notre filiale appelée Rues principales poursuit la tradition. Justement, elle s'occupe en ce moment d'un projet à Verchères qui vise à revitaliser un secteur historique.
Mais, ça suffit pour ce qui est de nous.
Je suis ravie d'avoir l'occasion de m'adresser au Comité permanent du patrimoine canadien. Je tenais à vous dire que nos membres sont tout à fait favorables à l'adoption d'une nouvelle politique des musées et à ce que celle-ci soit dotée d'un financement stable, une demande défendue avec beaucoup d'éloquence par mes collègues des musées présents ici, aujourd'hui. Nous applaudissons aussi le comité pour l'intérêt qu'il porte à cette très importante question. Je voudrais apporter un éclairage additionnel aux répercussions des réductions proposées.
La majorité des 2 500 musées canadiens sont situés dans des immeubles historiques. Il suffit de penser au musée Stephen Leacock à Orillia ou à l'Old Carleton County Court House, près de Woodstock, au Nouveau-Brunswick. Ce sont des musées, mais aussi des lieux historiques.
Un immeuble qui n'est pas utilisé ou qui ne dispose d'aucun financement pour assurer sa survie est un immeuble menacé. Pour dire les choses simplement, les compressions imposées au PAM, et potentiellement, celles qui pourraient l'être au programme Jeunesse Canada au travail mettent en péril les immeubles historiques parce qu'elles menacent la fonction même des musées.
Je suis également venue vous dire que ce problème fait partie d'un autre beaucoup plus vaste. Parmi les pays du G-8, seul le Canada est dépourvu d'un système de politiques et de programmes de financement du patrimoine bâti. Pour cette raison, la désertion, la détérioration et la démolition font leur oeuvre. Depuis les trente dernières années, nous avons perdu 20 p. 100 de nos immeubles patrimoniaux.
Pourquoi en est-il ainsi? La raison en est que de nombreux bâtons compliquent le sauvetage des lieux historiques, et qu'il y a, en revanche, très peu de carottes ou de mesures d'encouragement pour compenser ces obstacles et pour inciter les investisseurs privés à prendre en main ces immeubles et à les réhabiliter.
Sur quel appui pouvons-nous compter de la part du gouvernement fédéral? Franchement, rien de bien rassurant. Vous vous rappelez peut-être du programme à frais partagés, qui a été créé à titre de programme classique de financement de projet destiné à fournir de l'aide à environ 700 lieux historiques nationaux qui appartiennent à des propriétaires privés ou à des organisations du secteur bénévole. Ce programme a bénéficié à des musées comme celui de Ruthven à Cayuga, en Ontario, mais aujourd'hui, il est inopérant et ne dispose d'aucun financement.
En 2003, le vérificateur général a fait remarquer qu'il y avait eu 188 demandes de financement à l'égard de ce programme et que toutes étaient restées sans réponse. Des endroits que beaucoup d'entre vous, j'en suis sûre, connaissez dans vos collectivités, comme le Craig Heritage Park à Nanaimo et le Sharon Temple à East Gwillimbury, en Ontario, sont des lieux historiques nationaux exploités par des groupes de bénévoles à titre de musées. Ces gens s'efforcent de faire tenir ensemble les aspects matériels ainsi que l'âme de ces endroits sans recevoir aucune aide du gouvernement fédéral, qu'elle soit d'ordre financier ou sous la forme de lignes de conduite. Cela pose vraiment un grave problème.
On a créé récemment un nouveau programme pour le patrimoine bâti, le Fonds pour favoriser les propriétés patrimoniales commerciales, il s'agit d'un projet pilote doté d'un budget de 30 millions de dollars, annoncé en 2003. Toutefois, ce Fonds a rapidement cessé d'exister dans le sillage des mêmes réductions qui ont affecté les musées. Ce fut un coup dur.
Le Fonds pour favoriser les propriétés patrimoniales commerciales a été davantage conçu comme une incitation fiscale à la réhabilitation, un programme que le secteur du patrimoine bâti réclamait depuis des décennies. Le Fonds a réussi à intéresser des promoteurs et des investisseurs aux immeubles historiques en péril, des immeubles qui se trouvaient dans le couloir de la mort un peu partout au pays. Les 17 premiers projets annoncés multiplieront par huit l'investissement consenti par le gouvernement fédéral. Cet investissement fédéral servira aussi à donner un deuxième souffle à l'indépendance de ces immeubles sur le plan des activités génératrices de recettes, à augmenter l'assiette fiscale municipale et à stimuler la revitalisation dans ses environs. Un exemple frappant est celui du district des distilleries à Toronto. En effet, un projet de revitalisation financé par le Fonds pour favoriser les propriétés patrimoniales commerciales a contribué à la transformation spectaculaire de ce secteur autrefois délabré.
Beaucoup d'immeubles auraient besoin d'un programme comme celui du Fonds pour favoriser les propriétés patrimoniales commerciales. Je suis convaincue que vous en connaissez tous des exemples dans votre collectivité. Je vous exhorte à faire en sorte qu'un programme d'encouragement comparable pour la revitalisation des propriétés patrimoniales commerciales soit inclus dans le prochain budget fédéral. Un crédit d'impôt serait la mesure incitative idéale.
Il ne faudrait pas pour autant oublier les musées. D'autant plus qu'environ 70 p. 100 des immeubles patrimoniaux au Canada, y compris les musées, ne bénéficieraient pas d'une mesure fiscale. Dans ce cas, il faudrait renouveler le programme de frais partagés ou un quelconque partenariat public privé, avec une source de financement fédérale pour stimuler l'investissement privé et, comme je l'ai déjà mentionné, pour montrer un certain leadership. La Fondation Héritage Canada a récemment présenté son point de vue à ce sujet devant le Comité permanent des finances.
En conclusion, le gouvernement fédéral doit faire sa part pour aider les Canadiens à empêcher les lieux d'intérêt de devenir des lieux d'enfouissement. C'est la raison pour laquelle nous demandons au comité de soutenir la demande de la communauté muséale qui réclame une nouvelle politique des musées et une nouvelle source de financement stable. Nous vous demandons également de soutenir notre requête en vue d'obtenir des incitatifs financiers pour encourager l'investissement privé dans la revitalisation des endroits historiques.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis accompagné du directeur général de la Société des musées québécois, M. Michel Perron, qui pourra également intervenir au cours de la période de questions.
Je vais faire une présentation assez succincte et rapide. En prenant la parole le dernier, j'ai l'impression de me répéter.
La Société des musées québécois, comme l'ensemble des autres associations provinciales, appuie entièrement la position de l'Association des musées canadiens. Effectivement, ce réseau d'associations nationales et provinciales fonctionne de manière efficace et en collaboration depuis déjà une quarantaine d'années. Plusieurs d'entre nous émanons d'ailleurs de l'association nationale, ce qui permet à chacun de voir à ses propres intérêts.
Les actions menées principalement par la Société des musées québécois et par l'Association des musées canadiens, de même que par toutes les autres associations provinciales, le sont dans leur intérêt supérieur. Mais ce qui nous préoccupe au premier chef, c'est l'intérêt supérieur de la fonction muséale comme telle.
La Société des musées québécois existe depuis 1958 et représente plus de 300 institutions, musées, centres d'exposition et lieux d'interprétation, ainsi que des personnes, des individus et des professionnels, qui oeuvrent dans les musées ou en périphérie de ceux-ci.
On compte plus de 2 000 institutions muséales dans l'ensemble du Canada, qui sont fréquentées par un certain nombre de visiteurs. Au Québec, la fréquentation annuelle des 420 institutions muséales avoisine les 12 millions de visiteurs. Soulignons que même si certaines institutions ne sont pas membres de la Société des musées québécois, elles font le même travail et ont les mêmes objectifs que nous.
J'oeuvre dans le domaine depuis 36 ans, pour le même musée, et j'ai vu grandir le réseau. Le musée est un symbole de stabilité, une valeur sûre, un lieu de référence où les gens peuvent revenir quand ils vivent des moments difficiles. Malgré le dévouement, le travail et la compétence des gestionnaires et des bénévoles qui travaillent dans le domaine et les tours de magie qu'on tente de faire, la situation actuelle du musée est précaire et affecte tout le monde.
Nous sommes conscients d'avoir une mission et un mandat public à poursuivre, et ce, dans une société en constante mutation. L'un des défis qu'on devra relever dans les prochaines années sera de satisfaire un public de plus en plus exigeant et bien au fait des musées parce qu'on l'a fait grandir avec nous. Nous avons donc des comptes à lui rendre.
Cette nouvelle réalité s'exprime de différentes façons. Tout d'abord, il y a la préretraite ou la retraite des baby-boomers. Ces gens sont éduqués et veulent des produits de qualité. Vient ensuite le rôle que le musée est appelé à jouer dans l'intégration sociale des nouveaux arrivants dans un contexte multiculturel, et ce rôle gagnera en importance.
Le musée doit, bien sûr, miser sur ses forces. Parmi ses forces, on ne peut oublier ce qui constitue en quelque sorte son fonds de commerce : les collections qui lui sont confiées et leur préservation.
Je suis tout à fait d'accord avec ma collègue pour dire que les maisons qu'on habite, les enveloppes qu'on anime sont également des pièces de collection qui méritent d'être préservées et conservées.
Pour arriver à remplir notre mandat, on a développé au fil des années l'habileté de rassembler les gens. Nous travaillons de concert avec le milieu universitaire, les écoles et les communautés, en gardant à l'esprit que notre rôle en est un de recherche et de conservation et que nous devons offrir des produits de qualité. Les gens n'achètent plus nécessairement n'importe quoi.
Nous nous efforçons d'équilibrer nos différentes responsabilités et pour ce faire, nous devons faire des compromis. Nous sommes devenus des experts du compromis, car nous devons en faire tous les jours. Nous avons également développé une habileté à chercher des ressources, qu'elles soient financières ou humaines, et à les utiliser de façon efficiente.
Nous avons réalisé beaucoup de choses. Nous avons inclus dans notre texte la petite expression : « With a little help from my friend ». Les musées ont besoin de leurs amis, dont les instances gouvernementales tant au palier municipal, communautaire ou provincial que fédéral. On ne peut faire abstraction d'aucun de ces paliers, non plus que du secteur privé. Nous sommes passés maîtres dans la recherche d'aide auprès du secteur privé et de bénévoles.
Les institutions muséales sont confrontées à un problème de perception. Je vous parle en tant que praticien et au nom de la Société des musées québécois. Nous rendons un service essentiel à la population, et plusieurs de nos institutions muséales sont des organismes privés à but non lucratif. Ce rôle nous est cher, et la population nous appuie en visitant les musées.
Je ne peux qu'appuyer fortement ce que me collègues John McAvity et Gerry Osmond, de l'Alberta, ou d'autres représentants d'associations provinciales vous ont dit sur le rôle que doit jouer le gouvernement fédéral en matière de culture muséale. Il doit assurer l'intendance des musées nationaux de façon à conserver et à protéger le patrimoine canadien, et à favoriser la conservation, l'interprétation et la diffusion de ce riche patrimoine.
Au cours des deux dernières années, l'Association des musées canadiens nous a invités à contribuer à l'élaboration des lignes directrices d'une nouvelle politique muséale fédérale. Nous y avons contribué à titre d'association. Le consensus général qui a été établi, lequel est compris par tous, a créé un élan en ce sens.
Un financement pluriannuel est l'une des pierres angulaires de la nouvelle politique muséale. On reconnaît ainsi que pour pouvoir gérer sainement nos institutions, nous avons besoin d'un financement pluriannuel, lequel nous permet de planifier à long terme. Rien n'est instantané, rien ne se décide en deux jours. Quand un programme tarde à nous répondre, nous avons de la difficulté à le gérer correctement.
Cela dit, nous appuyons John et l'Association des musées canadiens : nous avons un besoin urgent d'une politique muséale assortie d'un financement.
Les coupes annoncées le 25 septembre dernier sont regrettables et absolument injustifiables, particulièrement en regard des arguments donnés à l'appui de ces coupes.
Au cours de l'exercice 2004-2005, 58 projets ont été subventionnés par le Programme d'aide aux musées. Ces 58 projets n'ont jamais été subventionnés à la hauteur de la demande. Chacun a reçu de l'argent, mais pas nécessairement le montant demandé, ce qui fait partie des règles.
Si on applique la coupe de 25 p. 100 sur deux ans, la somme de 2,3 millions de dollars que le Québec a reçue pour l'exercice 2004-2005 sera réduite à 1,7 million de dollars. Ainsi, on passerait de 58 à 33 projets. C'est un calcul mathématique simple. Toutefois, j'ai participé à des jurys de pairs concernant ces programmes et ces demandes, et je peux dire que ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Les pairs eux-mêmes privilégient certains projets par rapport à d'autres et font des recommandations à la ministre.
Ces réductions budgétaires sont déstabilisantes pour les institutions qui font l'effort de préparer des projets qui sont voués, ne l'oublions pas, à une diffusion pancanadienne. Une exposition itinérante se déplace partout au pays et permet de pouvoir échanger avec d'autres. La mise en place d'une telle exposition est un travail de longue haleine et exige une planification poussée. Or, on nous laisse nos efforts de côté.
Je m'aperçois que je dépasse le temps qui m'était alloué, mais il est important de faire ce plaidoyer. Les coupes entraînent la destruction des projets et diminuent les possibilités d'embauche d'étudiants diplômés en muséologie, qui trouvent des emplois et décrochent des contrats grâce à ces projets.
C'est très mal connaître la réalité que d'invoquer l'inefficacité de la gestion comme argument. La réponse et la réaction du milieu muséal témoignent bien de la situation réelle.
Je ne reprendrai pas en détail les deux demandes et les deux résolutions qui ont été votées à l'unanimité à l'assemblée générale annuelle de la Société des musées québécois. Je dirai simplement que pour rétablir la confiance, il faut avant tout élaborer une politique muséale fédérale assortie d'un financement et, ensuite, que le gouvernement sursoie à sa décision de pratiquer des coupes de 4,2 millions de dollars dans l'enveloppe du Programme d'aide aux musées.
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Merci, monsieur le président
Merci pour votre présentation. Je me demande quelle est la raison d'être de la réunion d'aujourd'hui, si ce n'est faire des remontrances au gouvernement. C'est bien en soi, mais je ne sais pas en quoi cela pourra aider les musées.
À la suite de votre comparution plus tôt cette année, avant l'ajournement estival, notre comité a adopté une résolution qui avait été proposée, je pense, par mon collègue M. Kotto. Celle-ci encourageait le gouvernement à présenter rapidement une nouvelle politique muséale. Cette résolution a été déposée à la Chambre et a fait l'unanimité.
Cependant, avec les coupes annoncées en septembre, on a pris une mauvaise direction. Monsieur Vadeboncoeur, je suis d'accord avec vous pour dire que le financement doit être accru et pluriannuel. On a d'ailleurs discuté du financement au cours des consultations qu'on a menées pendant deux ans comme gouvernement.
Ces consultations ont débouché à un consensus, et on s'apprêtait à faire adopter une nouvelle politique muséale ou à la présenter. Qu'on nous dise maintenant que cela risque de prendre un an ou deux nous surprend. C'est la raison pour laquelle nous avons déposé une motion pour inciter fortement le gouvernement à présenter une nouvelle politique, car il a en main tous les outils nécessaires.
Je sais que certains d'entre vous se sont sentis trahis quand on a annoncé des coupes budgétaires au mois de septembre. Qui plus est, on a donné au comité des chiffres qui ne collaient pas tout à fait à la réalité. Je suis donc allé chercher les chiffres. Je veux m'assurer que vos chiffres et les miens sont les.
Voici les chiffres que m'ont transmis les fonctionnaires du ministère, en présence d'un représentant du bureau de la ministre.
Au cours de l'exercice courant, le gouvernement doit aller chercher 600 000 $ dans les fonds qui n'ont pas encore été alloués et une somme de 1,7 million de dollars dans les fonds déjà alloués, en espérant que les 9,4 millions de dollars n'auront pas tous été dépensés. L'autre montant d'argent — et c'est ici que cela porte à confusion — est destiné à Jeunesse Canada au travail et a déjà été dépensé.
Avez-vous les mêmes chiffres que moi?
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Je dois faire vite. Cinq minutes, c'est vraiment vite passé.
Le budget a changé de 2005-2006 à 2006-2007. Alors qu'il se situait autour de 9,4 millions de dollars pour le Programme d'aide aux musées, et le reste, 2,3 millions ou 3 millions était affecté au programme Jeunesse Canada au travail, désormais, le montant de 9,4 millions est séparé en deux. La première moitié est consacrée aux subventions, et l'autre aux contributions pour 2006-2007.
Liorsque j'ai demandé à la fonctionnaire responsable de ce programme de m'expliquer la situation au sujet de ces soi-disant fonds non dépensés, elle ignorait complètement d'où ces chiffres pouvaient bien provenir. Par conséquent, nous nous trouvons dans une sorte de tourbillon de chiffres. Mais avant d'aller plus loin, en tant que comité ou en tant que parlementaires, il faudrait obtenir plus de précisions concernant ces chiffres.
Une autre chose qui me préoccupe considérablement est cette crainte maladive de l'action sociale qui est suscitée un peu partout au pays sur divers fronts. Qu'il s'agisse de groupes féministes ou de programmes de contestation judiciaire, nous avons vu ce gouvernement opérer essentiellement des réductions dans ce qui pouvait être assimilé à de l'action sociale.
Je sais que certaines de vos associations reçoivent une aide financière du Programme d'aide aux musées. Avez-vous été informé de la possibilité que cette aide soit été réduite? Vous a-t-on fourni des indications à ce sujet?
J'espère que la réponse est non.
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Honnêtement, non, et je vous explique pourquoi.
Il y a déjà quelques années que j'oeuvre, moi aussi, dans le domaine des musées. Les musées canadiens font face à des situations qui auraient été impensables il y a une dizaine d'années.
Je vous donne des exemples précis. Certains musées ont fermé leurs portes. La société perçoit souvent les musées comme des éléments de stabilisation au même titre que les bibliothèques, les grandes fonctions de l'éducation, et ainsi de suite.
Certains musées qui sont des organismes sans but lucratif ferment leurs portes parce qu'ils n'arrivent plus à remplir leur mandat. La situation est paradoxale, car on a un réseau de musées extrêmement performant et développé. Le paradoxe est, d'une part, d'avoir un potentiel extrêmement important — des collections, des programmes et une muséographie reconnue dans le monde entier — et, d'autre part, de manquer de cash flow pour faire face à la musique.
Parfois, les municipalités ou les autres organismes ne peuvent pas répondre à cette pression indue. Les délais de réponse aux demandes qui sont faites au titre des programmes sont extrêmement difficiles à porter, pour de petites organisations ou même pour de grandes organisations.
En langage clair, les musées doivent prendre des marges de crédit et négocier avec les banques, avec relativement peu d'actifs. En effet, les musées ne sont que les dépositaires des collections qui transigent par la Commission des biens culturels ou autres, et non les propriétaires. Ces collections sont la propriété collective des Canadiens.
Les musées se trouvent devant une situation paradoxale : ils doivent à la fois être un milieu extrêmement prometteur et bien organisé, tout en étant arrivés foncièrement au bout de ce qu'ils pouvaient faire sans aide harmonisée, plus logique et rationnelle de la part du gouvernement fédéral.
Au fond, une politique est pour nous une façon d'optimiser et d'harmoniser les interventions.
Lorsque l'on a annoncé que le PAM subirait des réductions, parmi les centaines de millions de dollars que le ministère du Patrimoine administre, ce fut l'un des rares programmes visés tout particulièrement. J'étais présent lorsque le ministre du Conseil du Trésor a déclaré qu'il viserait les programmes qui constituaient du gaspillage, qui n'étaient pas efficaces et qui étaient déconnectés de la réalité.
Puis la ministre du Patrimoine a comparu devant le comité et, durant la réunion, comme l'a expliqué M. Bélanger, M. Fast a laissé tomber plus ou moins une bombe, lorsqu'il a produit des chiffres montrant que des millions de dollars n'avaient pas été dépensés, année après année, dans le cadre du PAM. Donc, nous avons posé directement la question à la ministre.
Il n'était pas question alors de Jeunesse Canada au travail, mais du PAM, et nous avons tenté d'établir si les fonds accordés au PAM avaient été dépensés ou non. Le sous-ministre a déclaré, et c'est dans le compte rendu... j'ai demandé comment il se faisait que tous les musées avaient réclamé de l'argent, et que l'on ne s'était jamais préoccupé de l'utilisation de ces sommes, et il a affirmé que c'était une question de sophistication.
On constate donc que certains prennent les faits à la légère, et j'aimerais bien savoir, à tout le moins, si vous pensez que vos organisations sont des culs-terreux incapables de remplir les formulaires destinés au ministère du Patrimoine canadien?
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Monsieur Angus, je vais tenter de répondre à votre question.
Je connais très bien les rouages des quatre volets du Programme d'aide aux musées, ou PAM. Ce programme comporte quatre volets, mais dans les faits ou sur le terrain, cela se déroule très différemment. Je vais vous donner un exemple.
Au Québec, environ une demande sur trois est acceptée au titre du PAM, et je pense que cette proportion est la même dans le reste du Canada. Au cours du dernier exercice, la grande majorité des subventions ou contributions octroyées étaient en deçà des sommes demandées. Les demandes ne sont jamais acceptées en totalité, et on ne nous fournit aucune explication à cet égard. Bref, une demande sur trois est acceptée, et en partie seulement.
Comme M. Vadeboncoeur l'a dit, les jurys de pairs, comme à peu près tous les comités, font deux choses. Ils dressent une liste de projets priorisés à l'intention de la ministre qui, on en convient, a le dernier mot. Cela est juste et bon. Puis ils créent une liste de projets en attente. Ces projets en attente, ce ne sont pas les projets qui restent dans les bacs de demandes; ce sont des projets qui présentent énormément d'intérêt mais qui ne peuvent être considérés aussi prioritaires que les projets priorisés.
Si on ne va pas puiser dans ces listes de projets en attente et qu'on subventionne en deçà de ce qui est demandé, où va l'argent? S'il reste de l'argent, pourquoi n'est-il pas utilisé? À la lumière de notre analyse, le problème tiendrait en grande partie aux enveloppes fermées. Des enveloppes fermées sont des réserves qui sont faites en fonction des divisions territoriales, de la nature des différentes clientèles ou de certains volets au détriment d'autres; on parle dans ce cas d'enveloppes par volet.
S'il reste de l'argent dans une enveloppe, par exemple pour un des volets ou pour un des territoires qui n'ont pas utilisé ces sommes pour une raison quelconque, il nous apparaît logique que ces sommes soient remises dans le programme général. En langage clair, cela permettrait de financer les projets en attente.
Nous pensons qu'il s'agit d'un problème de plomberie, de bureaucratie, car de toute évidence, les sommes octroyées sont largement en deçà des besoins, et non l'inverse.
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Merci, madame, messieurs.
Comme vous le savez, le fait de vous doter d'une nouvelle politique muséale devrait être un enjeu qui nous touche tous d'une façon, dirais-je, apolitique. En effet, cette nouvelle politique ne devrait pas être teintée d'une couleur quelconque. Elle devrait, comme vous nous l'avez dit dans vos présentations, être axée sur un financement pluriannuel pour doter les musées au Québec et au Canada d'outils leur permettant de faire leur travail convenablement dans les années à venir.
Je rappelle à nos collègues, comme vous nous l'avez dit, qu'il n'y a plus rien à dire. Par exemple, j'ai ici une copie du rapport d'une table ronde. De plus, vous avez eu d'autres discussions durant de nombreuses années, vous avez déposé un rapport, fait des présentations et vous nous avez dit clairement qu'il n'y avait plus rien à apprendre. Toute autre information de votre part aurait déjà été transmise. C'est de la redondance, parce qu'il n'y rien de neuf à déposer.
Je rappelle également qu'au mois de septembre, un avis de motion a été déposé à la Chambre et un rapport a été adopté. La motion se lisait ainsi :
Que, conformément à l’article 108(2)du Règlement, le comité permanent du Patrimoine canadien recommande au gouvernement de maintenir le financement du Programme d’assistance aux musées, PAM, à ce qu’il était durant l’exercice financier 2005-2006 et ce jusqu’à une nouvelle politique muséale soit mise en place. Et que rapport de l’adoption de cette motion soit fait, dans les plus brefs délais, à la Chambre par la présidence.
Cela a été fait, mis au vote et adopté par la Chambre. Donc, en date du 27 septembre, la ministre disposait de 120 jours pour présenter une nouvelle politique muséale et répondre à la demande du comité.
Si nous entamons de nouvelles discussions, quand aurons-nous cette nouvelle politique muséale? Ce serait repousser les échéanciers aux calendes grecques. Je ne pense pas que ce soit ce que vous voulez. Est-ce que c'est ce que vous voulez?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être venus. Les commentaires que vous avez faits aujourd'hui sont inestimables et contribueront à faire progresser l'élaboration de la nouvelle politique des musées.
J'aimerais revenir brièvement sur les remarques formulées par M. Bélanger et M. Angus concernant l'éventualité que les programmes n'aient pas été dotés des fonds suffisants, ou si vous préférez, sur le fait que l'on n'aie pas dépensé la totalité du budget alloué au PAM. Je suis incapable de vous dire pour quelle raison cela a pu se produire ou non.
Nous avons également entendu M. Osmond affirmer qu'il s'efforce depuis dix ans de présenter les mêmes arguments au gouvernement à cette table, et que rien n'a vraiment changé. Dans ce cas aussi, je suis incapable de vous expliquer ce qui a bien pu se passer. Je suppose qu'il faudrait poser la question à l'ancien gouvernement, à l'ancienne ministre qui était, à ce qu'il me semble, Mme Frulla.
En revanche, je sais qu'il semble y avoir un consensus autour de cette table pour que nous allions de l'avant avec une nouvelle politique des musées. J'ai bien écouté les échanges et vos remarques, et certaines en particulier m'ont semblé très instructives, sans vouloir diminuer l'importance du reste de vos exposés.
M. McAvity a mis le doigt sur quelque chose de très important. Lorsque le ministre des Finances et le président du Conseil du Trésor ont parlé de dégraisser, le ministre Flaherty a également expliqué ce qu'il entendait par là. Il s'est d'abord attaché à l'élimination des programmes jugés désuets. Il a parlé d'éliminer les programmes qui ne correspondent plus aux priorités des Canadiens. Mais il a également mentionné l'importance de réorienter les ressources et de faire en sorte que les programmes produisent des résultats clairs et mesurables.
Monsieur McAvity, vous avez fait allusion à tout ceci. Vous avez expliqué ce que vous attendiez de nous pour faire avancer les choses, et j'aimerais revenir là-dessus. Vous avez mentionné un certain nombre de choses. L'un de vos collègues a réclamé un financement pluriannuel prévisible. Vous-mêmes avez parlé d'incitatifs fiscaux. Vous avez insisté sur la possibilité d'exercer plus de contrôle sur les fonds d'immobilisation, et même sur un programme étalé sur dix ans. Vous avez évoqué l'éventualité d'avoir recours à une évaluation externe des programmes, et je pense que c'est important aussi. Et enfin, vous avez mentionné les partenariats public privé.
Je pense que c'est de ce genre de renseignements que nous avons vraiment besoin. Même si je ne participe à ce comité que depuis huit mois environ, je constate que vous apportez une somme d'expérience inestimable à cette table. Et à mon avis, la volonté de faire avancer les choses est réelle, tant à cette table, que chez la ministre.
Nous avons également évoqué certains aspects financiers de vos difficultés. Monsieur McAvity, pourriez-vous m'indiquer quelques changements additionnels que vous souhaiteriez voir apporter à la politique des musées, des changements qui ne toucheraient pas nécessairement le financement — même si je comprends que cet aspect est important — mais qui viseraient d'autres critères susceptibles d'améliorer la prestation de ce programme sur le plan de la reddition de comptes et de l'efficacité?
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Très bonne question. Je ne peux malheureusement pas vous donner une réponse définitive à ce sujet, mais à mon sens, quelques critères sont d'une importance primordiale. Il faut reconnaître qu'au fil du temps, les connaissances s'accumulent dans notre société. Les bibliothèques ne deviennent pas de plus en plus petites, au contraire, elles s'agrandissent. C'est la même chose. Les musées sont des endroits où l'on expose des objets, et eux aussi s'agrandissent.
Nous en avons nous-mêmes discuté, et à un certain moment, nous avions même demandé l'instauration d'un moratoire sur la construction de nouveaux immeubles parce qu'en ce qui nous concerne, la priorité va à ce qui existe déjà. Maximisons et optimalisons l'utilisation des installations qui sont déjà en place. Si un musée a besoin d'un ascenseur, il a besoin d'un ascenseur. S'il a besoin d'une nouvelle toiture...
Tirons parti de ce que nous possédons déjà avant de créer de nouvelles institutions. Malgré tout, on sent un appétit et la popularité de ces grandes institutions, comme à Winnipeg. Je ne vais mentionner aucun nom. Il y a deux semaines, j'ai reçu un appel d'un groupe du Nouveau-Brunswick qui souhaitait créer le musée national de la bière.
Donc, je ne sais pas comment on pourrait procéder pour établir des limites en ce domaine. En toute sincérité, je l'ignore. Mais ce serait une bonne question à débattre par des jurys de pairs.
Dans une certaine mesure, les collections se trouvant dans les musées devraient être uniques en leur genre. Elles ne devraient pas exister en double ailleurs. Bon nombre de ces institutions pourraient être encouragées à travailler à l'intérieur d'une installation existante, plutôt que d'essayer de créer un nouvel endroit complètement indépendant.
Je pense qu'il faut simplement se montrer raisonnables.
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Les frais d'administration, particulièrement avec les nouveaux régimes de reddition de comptes qui sont entrés en vigueur, ont été très élevés. Dans les musées, on entend souvent dire que les frais pour présenter une demande, pour administrer le projet et pour produire les rapports tournent autour de 25 à 35 p. 100 de l'aide obtenue. Je ne dispose pas de chiffres officiels à ce sujet, mais il me semble que c'est assez près de la vérité.
Je ne tiens même pas à savoir combien il en coûte au total aux ministères pour administrer ce programme, mais ce doit être assez proche des sommes versées ou à tout le moins, un pourcentage très élevé de ce montant. Je ne connais pas les chiffres exacts, mais il s'agit sûrement de frais d'administration importants.
Nous souhaiterions la mise en place d'un système qui fonctionne — c'est-à-dire qui fonctionne en toute équité, judicieusement et rapidement. Nous pensons que l'on devrait accorder une attention particulière aux très petits musées, lorsqu'il s'agit de subventions au-dessous d'un certain montant. Il faudrait que l'on fasse preuve d'un peu plus de souplesse pour que les argents soient dépensés, dépensés rapidement et pour ceux qui en ont besoin.
Ce sont mes principaux commentaires. Nous sommes favorables à l'utilisation d'un tiers responsable de la prestation du programme, si vous me permettez d'utiliser cette terminologie. Ce type de modèle donne de bons résultats en Alberta, où l'Alberta Museums Association joue ce rôle pour la province; et aussi en Colombie-Britannique par l'entremise de l'association muséale qui y existe, de même qu'en Saskatchewan. Donc, diverses formules sont envisageables.
Je ne cherche pas une nouvelle vocation pour notre organisation, mais il faut se tenir prêts à faire ce qui risque de donner de bons résultats et examiner les moyens d'y arriver. Comme vous le savez sans doute, nous assurons la prestation du programme Jeunesse Canada au travail, un programme d'emplois d'été pour les étudiants, et nous en assurons l'administration à un coefficient d'imputation des coûts indirects inférieur à 15 p. 100.
J'avoue que ce fut très intéressant aujourd'hui d'entendre vos exposés et vos réponses. Vos commentaires ont été très instructifs pour notre comité.
Lorsque je dispose d'un peu de temps à la fin de la réunion, j'essaie toujours de faire quelques commentaires en tant que président.
Cela remonte je crois à 2004 ou 2003, lors d'une réunion qui ne portait pas sur les musées, mais sur le droit d'auteur, et j'avais alors déclaré devant ce comité que le droit d'auteur était assez nébuleux pour moi, et que je souhaitais que l'on aborde d'autres sujets qui m'avaient attiré vers ce comité, comme les petits musées. On m'avait répondu à l'époque que c'était la première fois que l'on entendait quelqu'un parler des musées depuis un bon bout de temps dans ce comité.
Je m'intéresse vraiment énormément au patrimoine et aux musées. Je me suis battu très fort durant trois ou quatre ans pour la résidence du Dr Frederick Banting qui est aujourd'hui entre les mains de l'organisation du patrimoine ontarien, mais qui, à mon avis, a été négligée.
Concernant les nouveaux musées qui viennent s'ajouter, j'habite près d'une ville en Ontario qui s'appelle Lucan. On a beaucoup écrit sur l'histoire des Donnelly de Lucan. C'est terrifiant de voir à quel point la tradition des Donnelly a survécu dans cette région. Mais les gens de la région ont réussi à amasser une somme de 100 000 $ pour la création de leur musée qui contribue à stimuler l'économie de la petite ville, parce que beaucoup s'intéressent à l'histoire et au patrimoine de cette région. Il faut donc tenir compte de ce genre de situations.
À part les musées, on a également mentionné les bibliothèques et les archives, et je pense que ces trois entités sont étroitement liées. Je sais que les archives éprouvent elles aussi de grandes difficultés et qu'elles constituent en réalité des musées elles aussi...