:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je vous remercie de l'invitation. C'est un privilège pour Alain et moi de nous présenter devant votre comité.
Depuis sept ans, j'occupe le poste de rédacteur en chef des Services anglais de CBC. Je supervise la programmation de nouvelles et d'actualités de CBC Television, de CBC Radio, de Newsworld et du site Web de CBC News.
[Français]
Depuis 50 ans, les services de nouvelles de CBC/Radio-Canada tiennent les Canadiens au courant de ce qui se passe dans leur communauté, dans leur pays et dans le monde. Pendant ce temps, CBC/Radio-Canada est passée du statut de radiodiffuseur, au sens strict du terme, à celui de service multiplateforme qui sert les Canadiens et les auditoires à l'étranger.
[Traduction]
Au cours des quatre dernières années, nous avons intégré les secteurs de nouvelles et d'actualités dans la grande famille de CBC Radio, CBC Television et de CBC.ca, qui devient un vecteur d'information de plus en plus incontournable. Nous avons ainsi non seulement accru notre efficacité, mais nous avons enrichi l'ensemble de notre programmation locale et réseau en nous assurant que l'information, les idées et les ressources sont plus facilement partagées.
J'aimerais maintenant me concentrer brièvement sur trois énoncés qui décrivent CBC/Radio-Canada.
Le premier énoncé: CBC/Radio-Canada est la fenêtre canadienne ouverte sur le monde. CBC/Radio-Canada possède plus de bureaux internationaux que tout autre organisme d'information au Canada.
[Français]
Dans nombre de ces bureaux, des correspondants travaillent à la fois pour CBC et pour Radio-Canada. Nous sommes donc véritablement la fenêtre canadienne qui s'ouvre sur le monde.
[Traduction]
Pensons à l'année dernière et à l'Afghanistan. CBC s'est démarquée par les efforts qu'elle a déployés pour offrir aux Canadiens la couverture la plus complète possible du conflit. The National avec Peter Mansbridge est le seul bulletin de nouvelles national à avoir été diffusé en direct depuis l'Afghanistan.
Pensons au Liban. Depuis la fin de la guerre l'été dernier, il y a 11 mois, seule CBC/Radio-Canada est restée au Liban. Seul le radiodiffuseur public a un bureau à Beyrouth avec une correspondante qui travaille à temps plein en la personne de Nahlah Ayed.
Pensons enfin à l'Afrique. Notre engagement à couvrir les atrocités du Darfour nous a obligés à retourner fréquemment dans cette région, en dépit des dangers que comportent ces missions. À un moment donné l'automne dernier, nous étions le seul réseau du monde présent au Darfour.
Le deuxième énoncé: CBC/ Radio-Canada est comme le fournisseur d'une programmation originale et unique. Le monde médiatique d'aujourd'hui, en mutation constate, se caractérise par la multitude des choix offerts, mais, au Canada, ces choix sont la chasse gardée d'une poignée d'entreprises. Plus que jamais, nous pensons que notre démocratie moderne a besoin d'un radiodiffuseur public fort.
Vous vous souviendrez du reportage sur la Société des jeux et des loteries de l'Ontario, diffusé dans l'émission the fifth estate, l'automne dernier. Cette enquête a été menée dans la plus pure tradition du journalisme canadien de service public. Des reportages comme celui-là — et il y en a eu beaucoup récemment dans les émissions locales et réseau à CBC Radio et à CBC Television — sont le produit de l'excellence, un travail minutieux et original.
On entend parfois dire que CBC News ne sert à rien, car les télédiffuseurs privés font exactement ce que nous faisons, et le font bien. On peut convenir que les télédiffuseurs privés travaillent très bien dans certains domaines. Toutefois, on peut aussi débattre de la question de savoir s'ils sont meilleurs que CBC/Radio-Canada dans ces mêmes domaines. Ce qui est indiscutable, c'est le rôle de ferment national que joue CBC News à des moments charnières de notre histoire. Aucun autre radiodiffuseur n'arrive à notre cheville pour ce qui est de couvrir en direct les événements marquants qui font notre histoire.
Depuis 12 années consécutives, le service des nouvelles de CBC Television s'est vu décerné le prix Gemini de la meilleure émission d'information spéciale en direct de l'année. L'été dernier, CBC News a assuré la couverture mondiale du Sommet sur le sida de Toronto et du World Urban Forum à Vancouver.
[Français]
Il y a quelques mois seulement, à Vimy, nous étions le seul radiodiffuseur à produire une couverture télévisée des cérémonies marquant l'anniversaire de la bataille historique de la crête de Vimy. C'est grâce à CBC Television que les Canadiens ont pu assister à l'inauguration de notre nouveau musée de la guerre.
[Traduction]
Chose certaine, lorsqu'il s'agit de mesurer la valeur d'un service d'information, l'un des tests décisifs réside dans la manière dont ce service se montre à la hauteur de la situation quand le pays en a besoin, alors que, souvent, aucun autre radiodiffuseur n'est prêt à le faire.
Le troisième et dernier énoncé: CBC/Radio-Canada est une organisation journalistique qui rend des comptes aux Canadiens de manière unique. Le devoir de fournir de l'information précise, juste et de grande qualité aux Canadiens est au coeur du mandat de CBC/Radio-Canada à titre de radiodiffuseur public.
À CBC, nous avons plusieurs garanties que non seulement ce mandat est rempli, mais que les Canadiens peuvent demander des comptes à CBC News.
CBC/Radio-Canada a établi des Normes et pratiques journalistiques exhaustives, un code largement respecté à l'échelle internationale par d'autres radiodiffuseurs et organismes d'information. En tant que rédacteur en chef, j'écris régulièrement une chronique sur les médias pour le site CBC.ca où je traite de questions de politique journalistique et où j'invite nos auditoires à commenter et à critiquer.
Et, bien sûr, il ne faut pas oublier les ombudsmans de CBC/Radio-Canada, autorités indépendantes de la Société auxquelles les Canadiens peuvent s'adresser pour régler des plaintes importantes au sujet de la programmation. En outre, dans le cours d'une saison, CBC/Radio-Canada s'adresse à des experts et à ses auditoires pour surveiller constamment la qualité de sa programmation de nouvelles et d'actualités.
Il est important de souligner qu'aucun autre radiodiffuseur ou organisme d'information dans ce pays n'offre de garanties aussi strictes que CBC/Radio-Canada pour ce qui est de rendre des comptes.
Tout le monde au Canada a une opinion sur CBC/Radio-Canada, en particulier sur sa programmation de nouvelles, et c'est très bien comme ça. Comme on nous le rappelle souvent, nous ne sommes pas parfaits, et nous le reconnaissons humblement. C'est pourquoi nous cherchons tellement à nous améliorer.
Mettons toutefois les choses en perspective. Tous les sondages d'opinion publique sur le sujet indiquent que CBC/Radio-Canada est l'organisme d'information le plus respecté du pays. Pour ce qui est de la part d'auditoire, les émissions locales et réseau de CBC Radio News occupent la première place dans de nombreux marchés canadiens. CBC Newsworld est la chaîne d'information classée numéro un au Canada, avec une marge de près de deux sur un. Le site de CBC News est le site d'information Internet le plus populaire du Canada. Et nombre de nos émissions télévisées de nouvelles et d'actualités — notamment The National et the fifth estate — concurrencent et souvent dépassent leurs adversaires du secteur pour ce qui est du nombre de téléspectateurs. Il ne faudrait jamais oublier ces réussites.
Je vous remercie de votre attention. Je me réjouis de discuter davantage de ces points.
[Français]
Permettez-moi maintenant de vous présenter mon collègue de Radio-Canada, Alain Saulnier.
:
Mesdames, messieurs, bonjour. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour vous parler de l'information à Radio-Canada. Il y a un an jour pour jour, Sylvain Lafrance, le vice-président principal des services français, annonçait l'intégration de tous les services de l'information de Radio-Canada au sein d'une même structure et me confiait, du même coup, le mandat de diriger cette nouvelle direction générale de l'information.
L'objectif premier de cette décision rend encore plus cohérentes nos actions face aux enjeux du XXI e siècle. En fait, il s'agit de renforcer le diffuseur public afin qu'il demeure une référence pour le citoyen en quête de repères, le citoyen qui cherche à mieux comprendre le monde dans lequel il vit. Radio-Canada dispose déjà de nombreux atouts qui lui permettent de jouer pleinement son rôle comme diffuseur public.
D'abord, permettez-moi de vous rappeler que Radio-Canada est le seul média francophone au pays à offrir une aussi vaste couverture journalistique. Combien de médias francophones, pensez-vous, ont des journalistes à Toronto, Vancouver, Moncton, Calgary? Poser la question, c'est y répondre. Tous médias confondus, nous disposons du plus important contingent journalistique francophone au pays.
Nous sommes aussi le seul média qui présente et analyse l'actualité internationale. Avec nos 11 correspondants à l'étranger et quelques centaines de collaborateurs sur les cinq continents, notre présence internationale est plus importante que celle de n'importe quel autre média francophone au pays. Si nous n'étions pas là, les francophones devraient de plus en plus s'en remettre aux médias anglophones et aux agences internationales pour comprendre ce qui se passe sur la scène internationale. Aucun autre média écrit, radio, télé ou web, n'offre autant de contenu que Radio-Canada sur le monde et sur notre monde ici. Contrairement à d'autres, notre territoire n'est pas limité. Présente sur l'ensemble du territoire canadien et partout sur la planète, Radio-Canada est dans une position unique de pouvoir expliquer aux Canadiens ce qui se passe dans leur région, dans leur pays et dans le monde.
Pour l'automne, nous avons mis de l'avant une stratégie afin d'assurer un meilleur reflet des régions sur nos réseaux nationaux. En information, par exemple, cela se traduira, entre autres, par une présence plus forte à Toronto et par l'ajout d'éditions régionales du Téléjournal/Atlantique les samedis et dimanches. Il y a un an environ, nous amorcions la transformation du réseau de l'information en véritable chaîne d'information continue. Dans un environnement de plus en plus compétitif, mais dans l'esprit du mandat unique du RDI, nous souhaitions à la fois renforcer notre présence régionale et développer une approche plus fluide avec une plus grande cohérence éditoriale. Le décloisonnement de nos émissions entre 6 heures et 18 heures du lundi au vendredi nous permet de mieux couvrir l'actualité de partout au pays en direct, peu importe l'heure et le lieu.
Bien sûr, nous sommes critiqués et nous en prenons acte. Nous devons constamment rechercher le meilleur équilibre pour les contenus d'information sur l'ensemble de nos réseaux. Cependant, demandons-nous ce qui se passerait si nous n'étions pas présents et accessibles au plus grand nombre de téléspectateurs partout au pays. Une chaîne privée d'information continue serait-elle la solution? Qu'est-ce que les francophones auraient à écouter? Des nouvelles de Toronto, Moncton, Vancouver, Québec, Calgary? Des informations internationales produites par des correspondants canadiens qui se déplacent à l'étranger? Oubliez cela. Ce que nous offrons est unique.
Face aux plaintes, nous agissons en toute transparence. Nous répondons publiquement et, le cas échéant, nous reconnaissons nos erreurs et apportons les correctifs nécessaires. D'ailleurs, il est désormais possible de consulter les plaintes et mes réponses sur le site Web de Radio-Canada. Il en est de même pour les rapports de l'ombudsman.
En regroupant les services de la radio, de la télévision et du Web sous une même direction, nous avons voulu marquer nettement que le mandat de Radio-Canada doit constituer un instrument de démocratie et de culture. C'est cette force combinée qui nous a permis d'être présents pendant 12 semaines consécutives en Afghanistan avec des journalistes chevronnés comme Céline Galipeau, Alexandra Chaska et Frédéric Nicoloff. D'ailleurs, je suis heureux de vous annoncer que nous y retournerons l'automne prochain.
À la radio, nous sommes les seuls à offrir des contenus journalistiques d'une aussi grande qualité à toute heure du jour. Ces contenus sont appréciés du public puisque nos radiojournaux, par exemple, ont atteint des records d'écoute, selon les derniers résultats BBM de l'hiver 2007. Aussi quelle autre télévision que celle de Radio-Canada compte 10 émissions d'affaires publiques dans sa grille, dont six diffusées en heure de grande écoute? Ne cherchez pas: les affaires publiques, dans les réseaux privés, cela n'existe pas. Nulle part ailleurs qu'à Radio-Canada vous ne trouverez des émissions comme La Facture, un magazine qui se consacre aux problèmes concrets qui touchent les gens et qui rejoint en moyenne plus de 705 000 téléspectateurs chaque semaine, ou encore L'épicerie, un magazine axé sur l'alimentation qui rejoint chaque semaine une moyenne de 658 000 téléspectateurs. Découverte, un des seuls magazines scientifiques à la télévision francophone, rejoint une moyenne de 600 000 téléspectateurs les dimanches soirs et a même régulièrement frôlé le million de téléspectateurs au cours des dernières semaines.
[Traduction]
Cet automne, parce que nous pouvons profiter de l'expertise de tous nos artisans radio, télé et Web, nous serons le seul réseau de télévision à offrir un magazine hebdomadaire d'information internationale à heure de grande écoute. Il s'agit d'une toute nouvelle émission avec un public en studio où des invités de marque et des reportages uniques nous permettront de mieux comprendre le monde qui est aussi notre monde, votre monde!
[Français]
Nous offrons aux Canadiens une programmation de qualité, comme en témoignent d'ailleurs les nombreux prix nationaux et internationaux qui ont été décernés à nos émissions l'an dernier. Découverte, par exemple, a remporté pas moins de quatre prix, dont le Prix Gémeaux de la meilleure émission d'affaires publiques et le Grand prix du festival de télévision scientifique d'Athènes. L'émission Dimanche magazine, diffusée à la première chaîne radio, a également remporté en 2006 un prestigieux Peabody Award pour un reportage sur les changements climatiques. Enfin, la série 109, produite à Toronto et diffusée au Réseau de l'information, a reçu un Ruban d'or lors du dernier congrès de l'Association canadienne des radiodiffuseurs.
Dans le futur, pour Radio-Canada, créer un espace public plus fort que jamais est primordial, car face à la multitude de chaînes et à la quantité phénoménale de sources d'information, nous devons créer un îlot de confiance où le citoyen saura que l'information qui vient du diffuseur public est fiable et crédible. Pour enrichir la vie démocratique et culturelle des citoyens et poursuivre sa mission de diffuseur public, Radio-Canada doit maintenir sa capacité de favoriser la cohésion sociale et de refléter une véritable diversité.
Je vous remercie.
:
Je vous répondrai de différentes façons. Dans le contexte des propos échangés précédemment, je pense qu'il est très important, dans une démocratie, de proposer des services de nouvelles et d'actualités qui ne subissent pas l'influence indue des intérêts commerciaux et publicitaires. Il y a eu bien des cas, aussi bien au Canada qu'aux États-Unis, où l'influence du commerce et de la publicité sur les médias s'est faite sentir concrètement dans des décisions journalistiques auxquelles les téléspectateurs et les auditeurs sont exposés, ce qui à mon sens est très négatif.
Comme j'ai essayé de l'indiquer dans mon exposé, il y a toute une gamme d'émissions proposées par CBC et Radio-Canada qui n'ont pas d'équivalent chez nos concurrents commerciaux, ne serait-ce que par l'étendue de notre couverture internationale. Et nous ne les proposons pas forcément parce qu'elles ont un effet direct sur nos cotes d'écoute. Nous les proposons parce que nous savons que les Canadiens sont nombreux à se fier à leur télédiffuseur public pour comprendre leur rapport au monde.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, je pense que de nombreux événements particuliers nous renvoient à l'histoire de ce pays et constituent des anniversaires, devenant ainsi ce qu'on peut décrire comme des émissions directement prévues dans notre mandat. Nous savons par la réaction de l'auditoire que ces événements sont extrêmement significatifs.
Je pense qu'on retrouve dans tous nos réseaux et sur toutes nos plateformes la gamme des émissions de CBC Radio proposées dans l'ensemble du pays qui, comme je l'ai indiqué, arrivent en première place sur de nombreux marchés et en deuxième sur de nombreux autres marchés, ce qui indique bien la place remarquable occupée par CBC Radio dans toutes les localités du territoire canadien.
Je pense que le succès de notre cyberservice et l'engouement qu'il suscite auprès du public apportent un autre exemple des raisons qui attirent les Canadiens vers CBC et Radio-Canada; de nombreux jeunes Canadiens considèrent que l'expérience que leur proposent nos cyberservices est beaucoup plus pertinente que celle qu'ils trouvent chez certains de nos concurrents commerciaux.
Si les Canadiens font le total de tous ces éléments, ils pourront décider s'ils souhaitent suivre le modèle américain, qui consiste essentiellement à laisser les médias de nouvelles assurer leur propre survie dans un contexte commercial, ou s'ils préfèrent ce qui s'est passé au Canada, ce qui se passe en Grande-Bretagne et dans toute les démocraties modernes d'Europe, c'est-à-dire la création d'un télédiffuseur public unique et dynamique qui complète ce que ses concurrents commerciaux ont à proposer.
:
Je dirai pour commencer qu'à mon avis, nous avons besoin de vous aujourd'hui comme nous avons toujours eu besoin de vous depuis le début de la télévision publique. Malgré les défis que vous avez dû relever, vous avez fait un excellent travail, aussi bien du côté anglophone que du côté francophone.
Je représente une circonscription du nord-est de l'Ontario, comme vous le savez peut-être, la circonscription de Sudbury. Je suis francophone et j'écoute de nombreuses émissions aussi bien en français qu'en anglais. J'espère que les défis financiers auxquels vous êtes confrontés ne vous empêcheront pas de continuer à faire votre excellent travail.
Par ailleurs...
[Français]
Je regarde souvent RDI en même temps que CBC Newsworld. J'aime bien regarder la télévision en français. Il est important pour moi de pouvoir écouter les nouvelles, surtout le matin, parce que, comme politiciens, nous devons savoir ce qui se passe. Or, je ne me vois pas, je ne vois pas l'Ontario ni l'Alberta. Franchement, c'est un programme souvent axé sur le Québec. Il est formidable, mais j'aimerais qu'on fasse davantage pour les communautés francophones.
Je crois fermement que la démocratie est mal servie quand on ne se connaît pas mieux d'un bout à l'autre du pays. Pour moi, c'est essentiel. Je sais que vous essayez, mais je vous demande d'essayer un peu plus fort, si c'est possible. C'est la même chose pour la radio.
[Traduction]
Je veux moins vous faire des reproches que vous demander d'essayer d'en faire plus. J'écoute la radio de CBC et j'écoute celle de Radio-Canada. Lorsque je rentre chez moi en voiture à partir d'Ottawa, je traverse un vaste territoire et le seul service disponible sur la radio de ma voiture — et je ne suis pas abonnée à Sirius — c'est CBC ou Radio-Canada. C'est très important pour tous ceux qui doivent traverser ce vaste territoire. Mais il se trouve que toute la programmation locale se termine à 18 heures — et ce n'est pas uniquement de la programmation locale; c'est essentiellement de la programmation régionale.
Je vais vous donner un exemple. L'année dernière, je rentrais chez moi en voiture lorsque CBC Radio a annoncé qu'il semblait y avoir un incendie dans un foyer pour personnes âgées à Sudbury. L'animateur n'en était pas certain. Il ne parvenait pas à confirmer l'information. Vous devez comprendre que les bureaux de CBC Radio à Sudbury sont à environ quatre coins de rue de l'immeuble en feu. À mesure qu'approchait l'échéance de 18 heures, aussi bien du côté anglais que du côté français, personne n'a pu obtenir confirmation; j'essayais de savoir ce qui s'était passé, mais à 18 heures, les gens de Sudbury ont dû quitter l'antenne en s'excusant de n'avoir obtenu aucun renseignement sur l'événement. L'émission locale s'est terminée, et on est passé aux nouvelles internationales.
J'aimerais donc vous demander s'il serait possible de stimuler quelque peu le service régional. Chez moi, il n'existe aucune autre source d'information. Les autres télédiffuseurs n'ont rien pour nous. CBC et Radio-Canada sont les seules stations disponibles. Je trouve merveilleux que vous fassiez un travail formidable au niveau international, mais vous pourriez faire mieux en ce qui concerne l'intérieur du pays.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les deux de votre présence parmi nous aujourd'hui.
Lorsque nous sommes arrivés ici ce matin, on nous a remis un exemplaire des normes et pratiques journalistiques de CBC et Radio-Canada. J'ai eu l'occasion de le parcourir brièvement. Ce qui m'a frappé tout d'abord, c'est ce qu'on trouve à partir de la page 103 sous la rubrique « Normes concernant les activités du personnel »; on peut y lire ceci: « La Société Radio-Canada n'a pas seulement l'obligation d'être impartiale; il lui faut aussi projeter une image d'impartialité ». C'est donc toute la question de la façon dont Radio-Canada est perçue... On va bien au-delà de la simple objectivité. En définitive, il s'agit de ce que les Canadiens pensent de CBC/Radio-Canada.
Comme vous le savez, si de nombreux Canadiens sont très favorables à Radio-Canada, il y en a également pour qui la Société a perdu toute pertinence ou ne traduit plus leurs valeurs propres. Je vous avoue que je n'ai jamais adhéré au mythe voulant que les journalistes puissent être totalement impartiaux. Nous sommes tous des êtres humains. Nous trimbalons un ensemble de valeurs et de perspectives qui infléchissent inévitablement tout ce que nous faisons. Le mieux qu'on puisse espérer, c'est d'atteindre une norme d'objectivité telle que Radio-Canada, par exemple, soit crédible auprès de tous ceux à qui elle s'adresse, c'est-à-dire l'ensemble de la population canadienne.
J'aimerais poser quelques questions concernant les politiques d'embauche et de licenciement. Votre personnel doit se conformer à un ensemble assez impressionnant de normes journalistiques. J'aimerais revenir à un incident malencontreux où on a prétendu que l'un de vos employés avait manipulé et accentué une photo pour donner l'impression qu'un site environnemental était dans un plus mauvais état qu'il ne l'était en réalité. Vous souvenez-vous de cet incident?
:
Le processus de sélection pour l'embauche de l'ensemble du personnel, y compris des journalistes, est très rigoureux. Lorsqu'un poste est ouvert, la vacance est annoncée publiquement, on organise un concours comportant différentes phases d'élimination, puis on dresse la liste des candidats retenus. On forme habituellement un jury de quatre ou cinq employés chevronnés qui sont habilités à choisir le meilleur candidat.
Généralement, nous ne recrutons pas en bas de l'échelle. Nous recrutons des gens qui ont de l'expérience en journalisme. Nous connaissons les antécédents de nos journalistes. Nous savons s'ils ont déjà fait montre de leurs préjugés. Le cas se produit rarement. Un journaliste qui fait preuve de préjugés ne tarde pas à se faire éliminer de la profession.
Je considère que le journalisme est un jeu collectif. Nous avons des rédacteurs en chef, des agents des affectations et des réalisateurs. Au titre des précautions inhérentes à notre manuel des normes et pratiques journalistiques, nous estimons qu'il y a suffisamment de niveaux dans la hiérarchie pour que le journaliste qui commence innocemment ou par malfaisance à révéler une passion ou un préjugé se fasse intercepter avant que son reportage ne soit diffusé sur les ondes. C'est pour cela, je pense, que nous avons réussi à contrôler ce risque.
Pour répondre au deuxième élément de votre question, nous n'avons aucune patience envers ceux qui enfreignent nos normes journalistiques. Nous les forçons à nous rendre des comptes. Nous avons diverses façons d'agir dans ce domaine. Encore une fois, je ne pense pas que ce genre de problème se pose aussi souvent que votre question le laisse entendre, en ce sens que nous avons la chance de pouvoir choisir entre de très nombreux journalistes qui veulent entrer à Radio-Canada. De ce fait, ceux qui sont choisis sont d'un très haut niveau professionnel.
J'accepte votre affirmation selon laquelle nous avons tous des passions et des points de vue personnels. Mais en prenant de l'expérience, les journalistes apprennent à laisser tout cela à la porte. Et je pense qu'en général, mes collègues de CBC et de Radio-Canada le font très efficacement.
Je vous remercie d'avoir précisé les circonstances de cet incident, et cela me ramène à mon argument. Pour les Canadiens qui nous regardent et qui nous écoutent aujourd'hui, il reste que c'était une photo trafiquée, une fausse représentation de ce qui s'est réellement passé, d'autant plus que c'était une photo dépassée, puisqu'entre le moment où la photo a été prise et celui où elle a été affichée sur le site Web, les cheminées n'existaient plus. C'était donc une fausse représentation de la réalité.
Cela nous amène à parler de la sensibilité dont vous devez faire preuve à Radio-Canada, même si cet incident n'était pas intentionnel et ne visait pas, d'après ce que vous me dites, à induire les Canadiens en erreur. Pourtant, ils ont été induits en erreur parce que la photo visait à étayer ce que l'on présentait dans l'article qui l'accompagnait.
Je pense que c'est ce qui inquiète beaucoup de Canadiens, c'est-à-dire que vous êtes un radiodiffuseur, mais que vous avez une responsabilité vis-à-vis du public parce que les Canadiens doivent pouvoir faire confiance à leur radiodiffuseur national. Évidemment, cet incident était extrêmement délicat et, malheureusement pour la SRC, ce n'est pas le premier et ça ne sera peut-être pas le dernier. Mais je crois qu'il est important que l'on s'engage, après ce genre d'incident, à ce qu'il ne se reproduise pas.
J'aimerais donc savoir quelles ont été les déclarations prononcées après cet incident et quelles assurances vous pouvez nous fournir que ce genre de couverture partiale ne se reproduira pas.
:
Je trouve cette discussion très intéressante. Comme radiodiffuseur indépendant et journaliste, j'ai toujours eu une relation très particulière avec Radio-Canada. Je me suis buté à ce petit livre bleu plusieurs fois, et je suis heureux de le voir enfin imprimé, parce que je me demandais toujours pourquoi certaines nouvelles que je proposais... Je me faisais taper sur les doigts.
En fait, je tiens à le préciser parce que je crois que c'est instructif, je ne faisais pas les actualités à Radio-Canada parce que j'étais connu pour mes opinions assez marquées, mais j'ai fait beaucoup de reportages culturels dans le Nord, et j'avais réalisé une série en dix épisodes sur les pionniers du Nord. Impossible de trouver sujet plus anodin que celui-là, mais je me suis retrouvé un jour mêlé à une lutte très controversée dans le Nord, et j'ai été cité sur les ondes. Ce matin-là, j'ai reçu un appel d'un très bon ami à moi, un journaliste respecté de Radio-Canada, qui m'a dit: « Je pense que tu es fini ici. » Je lui ai répondu: « Oui, je crois que tu as raison. » Ce matin-là, ma série en dix épisodes a été retirée, et on m'a dit: « Cette série ne sera pas diffusée par Radio-Canada parce qu'on estime que vous faites du militantisme politique, même si vous n'êtes pas un de nos journalistes. »
Je pose cette question parce que j'ai eu affaire à ce code de conduite. Il me semble qu'il existe un véritable code de normes dans toutes les stations régionales du pays, et on insiste pour dire que Radio-Canada a une voix à elle et qu'elle veut maintenir cette norme. Comment allez-vous vous assurer, pas seulement dans un lieu central comme Toronto et Montréal, mais aussi à Yellowknife, à Sudbury et à St. John's, que l'on respecte cette norme et que vos réalisateurs ont une bonne idée de ce qu'est et n'est pas la voix de Radio-Canada?
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Merci, monsieur le président.
Cette motion reflète la volonté de l'Assemblée nationale du Québec, tous partis confondus: le Parti libéral du Québec, l'Action démocratique et le Parti Québécois. À la lumière de l'urgence qui s'impose actuellement, les organisateurs des festivals au Québec avaient espoir, compte tenu qu'ils avaient rencontré M. Flaherty avant même qu'il n'établisse son budget et que le ministre avait promis l'avènement d'un nouveau fonds pour les festivals afin de remplacer celui qui avait été aboli par M. Martin, de voir ce nouveau fonds mis à la disposition des organismes, de façon à ce que les projets puissent être réalisés de manière adéquate cet été.
Or, force est de constater, compte tenu de la rétention financière de la , que cette dernière n'est pas disposée à distribuer ces fonds en ce moment, ce qui engendre déjà des dégâts sur le terrain. Des festivals ont mis la clé sous la porte, d'autres accumulent des déficits. Le Québec dispose de critères pour redistribuer la part qui lui reviendrait. C'est une demande qui a également été réitérée par M. Bachand, le ministre du Tourisme du Québec. Il a insisté sur le fait que ce serait une mesure d'urgence. Mme la ministre du Patrimoine aura le temps nécessaire pour établir les critères du programme l'année prochaine, de façon à le faire concorder avec sa vision.
Nous sommes donc face à cette réalité. Vous savez quels sont les impacts des festivals sur l'économie du Québec. Vous savez également que les festivals ont, sur le plan international, mis le Québec sur la map, comme on le dit, et qu'ils assurent en outre une activité touristique. Ils sont en effet le fer de lance de la promotion du Québec aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe.
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Il s'agit de Tom Perlmutter, de Montréal au Québec.
De plus, nous sommes assez chanceux, tout au moins c'est ce qu'on pourrait dire. Le PDG, l'équivalent de sous-ministre, Martin Matthews, du ministère néo-zélandais de la Culture et du Patrimoine rencontrera des fonctionnaires à Ottawa du 11 au 13 juin. Il est responsable de la radiodiffusion publique en Nouvelle-Zélande, et nous aurons l'occasion, le 16, de lui demander de comparaître devant notre comité; il se pourrait cependant qu'il demande que cette réunion se déroule à huis clos.
La demande présentée au Comité de liaison a été rejetée et nous ne pouvons donc pas nous rendre au Royaume-Uni. Lorsque M. Matthews sera ici, nous pourrions faire appel à ses services car il représente une ressource absolument inestimable. On a dit que le système de radiodiffusion en Nouvelle-Zélande ressemblait beaucoup au système canadien.
Je fais donc cette suggestion. Est-ce que cela vous convient à tous?
Des voix: Oui.
Le président: Donc, nous aurons certainement de très bonnes questions à lui poser le 12.
Un instant. Avant que l'on ajourne nos travaux, il y a quelque chose concernant notre réunion de jeudi prochain.