Bonjour à tous.
Il s'agit de la séance numéro 27, et, conformément à l'ordre de renvoi du mardi 25 avril 2006 et à l'article 29 de la LPRPDÉ, nous effectuons un examen prévu par la loi d'un article de la loi en particulier.
Nous recevons aujourd'hui des témoins de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes Inc. et de la chambre de commerce du Canada. Bienvenue.
J'imagine que vous connaissez la procédure. Chacun des groupes aura l'occasion de présenter un exposé, l'un après l'autre, puis les membres du comité poseront des questions. Je demanderais à la personne qui fera l'exposé de présenter les personnes qui l'accompagnent.
Nous allons commencer par l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes. Est-ce que c'est M. Millette?
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je souhaite remercier chaudement le comité de l'occasion qu'il nous offre de contribuer à son examen de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
Comme on l'a déjà mentionné, je m'appelle Frank Zinatelli, et je suis vice-président et codirecteur du contentieux à l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes Inc., l'ACCAP.
J'aimerais commencer en disant quelques mots au sujet des collègues qui m'accompagnent aujourd'hui.
Dale Philp est vice-présidente adjointe et avocate principale à la Financière Sun Life, où elle s'occupe principalement des produits et des questions d'assurance pour les groupes de distribution. Elle connaît bien les enjeux relatifs à la protection des renseignements personnels au sein de l'industrie de l'assurance de personnes, puisqu'elle s'occupe de ces questions au sein de son entreprise et à titre de présidente du comité de la protection des renseignements personnels de l'ACCAP, qui discute des enjeux d'intérêt commun au sein de l'industrie quant à la protection des renseignements personnels.
Yves Millette est vice-président en chef des Affaires du Québec. Il a une profonde expérience des questions propres au Québec qui touchent notre industrie, ce qui fait qu'il connaît bien la législation québécoise en matière de protection des renseignements personnels. Bien entendu, comme vous le savez, le Québec a été la première province canadienne à adopter une loi sur la protection des renseignements personnels s'appliquant au secteur privé.
Nous sommes heureux de l'occasion que le comité nous offre de faire une contribution constructive à ces travaux, au moment où il travaille au rapport qu'il doit déposer devant le Parlement sur ce sujet délicat, complexe et d'une importance capitale.
Si vous le permettez, monsieur le président, nous aimerions formuler quelques commentaires en guise d'introduction. Mme Philp, M. Millette et moi allons présenter au comité les points de vue de l'industrie en ce qui concerne l'examen de la LPRPDÉ.
Pour vous situer, je dirais que l'ACCAP représente des sociétés d'assurances de personnes comptant pour 99 p. 100 du marché de l'assurance de personnes au Canada. L'industrie protège environ 24 millions de Canadiens, ainsi que quelque 20 millions de personnes à l'échelle internationale.
Cela fait plus de 100 ans que les assureurs de personnes, du Canada traitent des renseignements personnels sur les Canadiens. La nature même des produits d'assurance exige la confidentialité d'une importante part des renseignements qu'échangent les sociétés et leurs clients, et l'industrie reconnaît depuis longtemps l'absolue nécessité de protéger la confidentialité des renseignements pour maintenir l'accès à ceux-ci.
En effet, notre industrie n'aurait pu survivre sans la confiance des Canadiens. Ainsi, monsieur le président, les assureurs de personnes ont joué un rôle de chef de file dans l'élaboration de normes et de pratiques pour la gestion appropriée des renseignements personnels.
En 1980, nous avons adopté des lignes directrices sur le droit à la vie privée, qui, pour autant que je sache, constituent le premier code de protection des renseignements personnels qu'un groupe sectoriel ait adopté au Canada. Ces lignes directrices ont bien servi l'industrie et ses clients pendant 23 ans, jusqu'à ce qu'elles soient supplantées par les lois sur la protection des renseignements personnels dans l'ensemble du Canada en 2004.
En 1991, l'industrie a inclus dans son code de déontologie du service à la clientèle une disposition obligeant les membres de l'Association à respecter le droit à la vie privée des clients en utilisant les renseignements personnels obtenus sur ces derniers uniquement aux fins permises, et en ne les divulguant qu'à des personnes autorisées.
Le respect de ce principe est, soit dit en passant, l'une des conditions d'affiliation à l'ACCAP.
Je veux aussi dire aux membres du comité que l'industrie de l'assurance de personnes a participé activement à l'élaboration des règles concernant la protection des renseignements personnels dans l'ensemble du Canada, par exemple, à l'élaboration de la Loi sur la protection des renseignements dans le secteur privé au Québec, en 1994.
Le code type de l'ACNOR est devenu l'annexe 1 de la LPRPDÉ. L'élaboration de la LPRPDÉ elle-même... Nous avons aussi travaillé aux lois sur la protection des renseignements personnels de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, ainsi, bien sûr, qu'à la législation sur les renseignements concernant la santé de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et de l'Ontario.
Je vais céder la parole à ma collègue, Dale Philp, pour la suite de nos commentaires.
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Au cours des quelques minutes qui suivent, j'aimerais vous présenter brièvement le contexte des diverses questions que nous abordons dans la partie IV du mémoire de l'ACCAP.
Les assureurs de personnes font des affaires à l'échelle du pays et traitent avec de très nombreux Canadiens, comme Frank l'a mentionné. En outre, ils font aussi des affaires à l'échelle internationale, dans les pays comme les États-Unis, la Chine, l'Inde et le Royaume-Uni. Les activités des assureurs de personnes touchent un éventail de situations personnelles, notamment la planification financière en cas de décès éventuel, le traitement d'une demande de prestations d'invalidité, le remboursement des coûts des médicaments d'ordonnance et d'autres dépenses liées à la santé, ainsi que l'administration des régimes d'épargne et des régimes de pensions des employeurs.
Ces affaires liées à l'assurance, aux pensions et aux avantages sociaux collectifs supposent des milliers de transactions par jour. Ces transactions sont de nature variable, comme les besoins de renseignements personnels des assureurs. Nous pensons qu'une brève description des parties et des personnes qui participent à notre industrie peut servir à mettre en contexte les questions dont nous nous occupons.
Dans le domaine de l'assurance de groupe, l'assureur peut assurer un régime d'avantages sociaux ou seulement administrer le régime collectif d'avantages sociaux ou de pensions de l'employeur. Dans ce dernier cas, l'employeur assure lui-même son régime.
En outre, dans ce domaine, les intervenants sont l'employeur, l'employé, les personnes à charge de l'employé, soit son époux ou son épouse et ses enfants, et, bien sûr, l'assureur. Il se peut aussi qu'on fasse intervenir un administrateur tiers, que l'employeur choisit pour administrer le paiement des primes, etc., et , ce qui est probable, un consultant ou un conseiller qui aide l'employeur à choisir les éléments de son régime d'avantages sociaux.
Dans le monde de l'assurance individuelle, les intervenants sont le titulaire de la police, peut-être un assuré, différent du souscripteur, un conseiller et l'assureur. Tous les types d'assurance-vie -- individuelle, de groupe ou de pensions -- ont aussi des bénéficiaires. Vous pouvez donc imaginer les différents types de renseignements qu'il faut recueillir auprès de chacun de ces intervenants dans le monde de l'assurance.
En ce qui concerne le genre de renseignements que nous recueillons et que nous utilisons dans le cadre des polices d'assurance-vie individuelle, il arrive que nous recueillions des renseignements d'ordre médical et financier sur les personnes qui présentent des demandes d'assurance. Nous utilisons ensuite ces renseignements pour évaluer l'admissibilité du demandeur à la protection. Par la suite, le dossier peut être relativement inactif pendant plusieurs dizaines d'années, jusqu'à ce qu'un décès se produise et qu'une réclamation soit présentée. Dans le cadre de la plupart des régimes collectifs d'avantages sociaux, qu'ils soient assurés ou seulement administrés par l'assureur, ce dernier doit recueillir une petite quantité de renseignements personnels au départ, comme le nom, la date de naissance, le nom des bénéficiaires désignés et le nom des personnes à charge. Nous recueillons ensuite des renseignements supplémentaires lorsqu'une personne présente une demande d'indemnités concernant le coût de médicaments d'ordonnance ou losqu'une invalidité survient, par exemple. À ce moment-là, il faut recueillir suffisamment de renseignements pour traiter la réclamation.
Contrairement aux banques, les organisations nationales ou internationales régies par les provinces doivent composer avec une gamme de lois sur la protection des renseignements personnels dans l'ensemble du Canada. Une opération nécessitant la communication de renseignements entre une personne ou une entité visée par une loi donnée -- par exemple, un médecin assujetti à la loi albertaine sur la protection des renseignements médicaux personnels et une personne ou une entité assujettie à une autre loi, comme un assureur visé par la loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé du Québec ou la LPRPDÉ, devra satisfaire aux exigences des deux lois en cause, à savoir obtenir le consentement de l'intéressé, dans un cas, pour communiquer les renseignements et, dans l'autre, pour les recueillir. Une employée vivant en Colombie-Britannique peut s'attendre à ce que ce soit la législation de sa province qui s'applique, mais, si son employeur est à Ottawa, et que l'assureur traite les demandes d'indemnité à Toronto, c'est la LPRPDÉ qui s'applique.
Dans un tel environnement, le manque de clarté, les lacunes, les chevauchements et les incohérences entre les différentes lois peuvent entraîner de la confusion ainsi qu'une complexité administrative superflue pour les assureurs de personnes, et de la confusion pour leurs clients. Nous croyons que la coordination ou l'harmonisation des dispositions de la LPRPDÉ avec les lois sur la protection des renseignements personnels des provinces contribuerait à éviter cette confusion tant pour les consommateurs que pour les organisations et pour les législateurs. Afin d'atteindre un équilibre entre la nécessité de protéger les renseignements et la nécessité de faire en sorte que les activités commerciales comme la prestation de produits d'assurance de personnes aux Canadiens soient efficientes, l'harmonisation doit absolument être prioritaire.
L'expérience de l'industrie de l'assurance de personnes, qui est assujettie à la LPRPDÉ depuis trois ans, amène celle-ci à conclure que les règles actuelles sont dans l'ensemble satisfaisantes, mais une grande partie des suggestions que formule l'industrie entrent dans la catégorie de l'harmonisation, en vue de rendre les dispositions de la LPRPDÉ « plus pratiques et plus prévisibles », pour reprendre l'expression utilisée par la Commissaire à la protection de la vie privée.
L'une de ces suggestions a trait à la détection des fraudes et à la dissuasion. Les répercussions des actes frauduleux et trompeurs sur les services d'assurance et les autres services financiers peuvent être extrêmement coûteuses et dommageables. Il est essentiel de déployer des efforts en vue de les réduire au minimum. Ces actes peuvent être le fait d'un petit nombre de consommateurs, de fournisseurs de services ou d'autres parties extérieures à un contrat d'assurance.
Les efforts que nous déployons pour réduire l'incidence de la fraude au sein de notre industrie ne sont pas contraires à notre volonté de protéger les renseignements personnels, mais il est nécessaire de corriger les dispositions actuelles pour faire en sorte qu'elles donnent de meilleurs résultats. De façon plus précise, la LPRPDÉ comporte une lacune qui restreint notre capacité de divulguer des renseignements sans le consentement de l'intéressé aux fins d'enquête lorsqu'il y a violation d'une entente ou d'une loi au Canada.
L'industrie croit que la LPRPDÉ devrait être modifiée de façon à prévoir, pour remplacer ou pour compléter un système reposant sur des organismes d'enquête, l'approche prévue dans les LPRPDÉ de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, approche qui permet la collecte, l'utilisation et la communication de renseignements personnels sans le consentement de l'intéressé à des fins d'enquête. Ainsi, la gamme des circonstances dans lesquelles des renseignements peuvent être recueillis, utilisés et communiqués dans le cadre d'une enquête peut être mieux définie et comprise par toutes les parties intéressées.
:
Non. Mon intervention sera très courte. Je ne vais aborder qu'un sujet, en rapport avec la situation au Québec.
[Français]
Merci beaucoup.
Un autre sujet d'importance, pour l'industrie, se rapporte aux dispositions sur le droit d'accès des individus aux renseignements qui les concernent. Il est clair qu'ils doivent avoir le droit d'y accéder, de constater l'utilisation qui en est faite et, éventuellement, de les corriger s'ils s'avèrent inexacts.
Toutefois, l'expérience nous révèle de plus en plus de cas où les droits d'accès sont utilisés à des fins auxquelles le législateur n'avait peut-être pas pensé lorsque la loi a été promulguée. Les sociétés reçoivent de plus en plus souvent des demandes d'accès identiques et détaillées, de toute évidence préparées par des avocats qui semblent « aller à la pêche aux renseignements » pour obtenir des renseignements qui ne seraient autrement accessibles que par la voie du processus d'enquête préalable, comme il se doit.
À l'heure actuelle, la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, au Québec, renferme une disposition ayant trait à ce genre de situation. En effet, le deuxième paragraphe de l'article 39 de la loi québécoise stipule que:
39. Une personne qui exploite une entreprise peut refuser de communiquer à une personne un renseignement personnel la concernant lorsque la divulgation du renseignement risquerait vraisemblablement:
(2) d'avoir un effet sur une procédure judiciaire dans laquelle l'une ou l'autre de ces personnes a un intérêt.
Selon cette disposition, il doit être clair que la procédure judiciaire serait entamée à la lumière des faits en cause. L'industrie recommande que le précédent du Québec soit utilisé pour amender la loi canadienne dans le même sens.
Merci.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité. Nous sommes très heureux d'être ici.
Je m'appelle Michael Murphy, et je suis vice-président exécutif, Politiques, à la chambre de commerce du Canada. Chris Gray, qui est analyste des politiques chez nous, à la chambre, ainsi que David Elder, qui est vice-président, Loi de nature réglementaire, chez Bell Canada -- entreprise membre de la chambre, m'accompagnent. Il est aussi important de signaler que M. Elder est l'ombudsman chargé des questions relatives à la protection de la vie privée chez Bell.
[Français]
En tant que porte-parole des entreprises canadiennes, la Chambre de commerce du Canada s'exprime au nom d'un réseau de 350 chambres de commerce et autres associations de gens d'affaires comptant plus de 170 000 entreprises membres.
[Traduction]
Les représentants de la chambre sont heureux de participer à l'examen quinquennal de la loi prévu par la loi. Depuis l'adoption de la LPRPDÉ, nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos membres, ainsi qu'avec les chambres de commerce locales pour nous assurer que les entreprises de toute taille comprennent bien leurs rôles et leurs responsabilités en vertu de la loi.
La majorité de nos membres ne doivent se plier aux exigences de la loi que depuis 2004. Nous communiquons avec nos membres au sujet de leurs obligations par divers moyens, et nous sommes toujours à la recherche de façons de continuer à bien renseigner toutes les entreprises, et particulièrement les petites et moyennes entreprises.
Pour aider nos membres à appliquer la LPRPDÉ, la chambre a élaboré un modèle de politiques concernant la protection des renseignements personnels, ainsi que des clauses contractuelles, et elle a informé nos membres quant à la manière d'effectuer une vérification du respect de la vie privée.
Les observations que je vais formuler aujourd'hui sont fondées sur ce que nous avons présenté à la commissaire l'automne dernier, au moment des consultations au sujet de la loi. Nous avons rencontré les représentants de la Commissaire à la protection de la vie privée à plusieurs reprises depuis l'entrée en vigueur de la loi, et nous avons apporté aujourd'hui à votre intention quelques exemplaires de ce que nous avons présenté au moment des consultations.
[Français]
En général, la position de la Chambre de commerce du Canada à l'égard de l'examen de la LPRPDE, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, est semblable à celle que d'autres organisations de gens d'affaires, notamment l'ACTI et l'AMC, vous ont communiquée lors d'entretiens antérieurs. La protection de la vie privée et des renseignements personnels est une question primordiale pour les consommateurs et les entreprises. Elle est particulièrement importante aujourd'hui à cause des nouvelles technologies qui accroissent le risque de compromission des renseignements personnels.
L'adoption de bonnes pratiques en matière de protection des renseignements personnels relève tout simplement d'une saine gestion des affaires. Une entreprise qui utilise des pratiques efficaces à cet égard renforce la confiance du consommateur, et tous deux en bénéficient. Dans l'optique du commerce et de l'industrie, la loi fonctionne bien et n'exige aucune modification en ce moment. D'ailleurs, la plupart des secteurs industriels et des entreprises individuelles viennent tout juste de commencer à travailler au sein du cadre actuel.
[Traduction]
Le secteur privé et la Commissaire à la protection de la vie privée ont une relation de travail et de collaboration solide. La structure de la loi assure l'équilibre efficace et pratique entre les intérêts du particulier qui souhaite protéger ses renseignements personnels et ceux de l'entreprise soucieuse d'exercer efficacement ses activités.
De plus, la souplesse inhérente à la loi est un facteur important, car elle permet à l'industrie de répondre efficacement aux infractions aux règles de protection de la vie privée. Sont associés à la LPRPDÉ des coûts peu élevés et un mécanisme de traitement des plaintes très efficace. Enfin, comme elle est neutre du point de vue de la technologie, elle n'est pas touchée par l'évolution des outils technologiques.
Je vais maintenant céder la parole à M. Elder, qui va formuler des commentaires plus précis sur le point de vue de la chambre, dont nous pensons que les députés devraient tenir compte lorsqu'ils discutent des principes de la loi.
David.
La chambre de commerce du Canada et ses membres croient que la loi canadienne sur la protection des renseignements personnels doit continuer d'équilibrer les droits des particuliers et le besoin légitime des entreprises de gérer les renseignements de leurs clients. La souplesse de la LPRPDÉ a beaucoup profité aux consommateurs et aux entreprises au cours des cinq années écoulées depuis sa mise en oeuvre.
En ce qui concerne le pouvoir de rendre des ordonnances dont jouit la Commissaire à la protection de la vie privée, le modèle actuel de l'ombudsman est un moyen efficace, selon nous, de protéger la vie privée des particuliers tout en tenant compte des intérêts des entreprises. Ce mécanisme de règlement des différends revêt une importance primordiale pour les consommateurs, et il est rentable. Permettre à la Commissaire à la protection de la vie privée de rendre des ordonnances supposerait un examen complet et une nouvelle définition du rôle de la Commissaire à la protection de la vie privée et de la Cour fédérale. Puisque ces ordonnances pourraient faire l'objet d'appels, cela pourrait ralentir le processus de règlement des conflits.
En 2004, dans le contexte du modèle d'ombudsman existant, le CPVP a mis l'accent sur le règlement des plaintes, et en a réglé 45 p. 100 sans enquête officielle. Modifier le modèle d'ombudsman actuel pourrait avoir des effets négatifs importants sur la capacité du CPVP de régler rapidement les plaintes. Le modèle actuel confère à la commissaire un vaste éventail de pouvoirs, notamment celui d'enquêter en cas de plainte et d'effectuer des vérifications.
En ce qui concerne la question de l'obligation de notifier, encore une fois, de l'avis de la chambre de commerce du Canada, le modèle actuel est efficace. Je voudrais faire remarquer qu'il existe déjà, sur les plans juridique, financier et de la réputation, des incitatifs importants pour les entreprises à notifier leurs clients lorsqu'il y a violation grave. En outre, nous croyons que le CPVP dispose déjà des outils nécessaires pour rendre obligatoire la notification lorsque la situation le justifie.
L'établissement d'une obligation de notifier pourrait nuire à la relation entre le secteur privé et le CPVP. En outre, l'obligation de notifier chaque fois qu'il y a possibilité de violation pourrait desservir les consommateurs mêmes qu'on vise à protéger par ce moyen. Ce genre d'exigences pourrait avoir pour effet d'inonder les consommateurs de notifications, ce qui les rendrait insensibles à la gravité des vraies violations de la vie privée. Je crois que c'est ce que nous avons pu constater aux États-Unis.
Ainsi, la chambre de commerce du Canada ne croit pas qu'il est nécessaire d'inscrire dans la législation l'obligation de notifier. Nous encourageons plutôt les entreprises à continuer de collaborer étroitement avec la Commissaire à la protection de la vie privée pour repérer les cas de violation et notifier les personnes qui peuvent être affectées par une éventuelle violation de leur vie privée. Ce mécanisme souple permet de notifier au besoin, sans effet négatif sur les consommateurs.
J'aimerais aussi faire remarquer qu'il serait avantageux pour la chambre de commerce du Canada et pour d'autres associations d'entreprises d'élaborer un ensemble de lignes directrices fondées sur les pratiques exemplaires, qu'elles pourraient utiliser lorsque des violations de la vie privée surviennent. À cette fin, les groupes d'entreprises, notamment la chambre de commerce du Canada, l'ACTI, l'ACM, etc., sont en train d'élaborer des lignes directrices pour la notification en cas de violation conjointement avec la Commissaire à la protection de la vie privée. Des détails concernant ces lignes directrices seront disponibles plus tard ce printemps.
En ce qui concerne le pouvoir de communiquer des noms, la chambre de commerce du Canada sait quelle importance les entreprises accordent à leur réputation, et, par conséquent, le pouvoir de communiquer des noms prévus par la LPRPDÉ ne doit pas être utilisé à la légère. Tout changement des pouvoirs de la Commission de la protection de la vie privée à cet égard représenterait une modification de la structure fondamentale de la LPRPDÉ, et la chambre de commerce du Canada s'y opposerait.
Prenons par exemple le secteur du commerce de détail. Il s'agit d'un secteur extrêmement compétitif, ce qui est bon pour les consommateurs, mais le fait de communiquer le nom d'une entreprise pourrait être très dommageable pour l'image de marque de cette entreprise, d'une façon qui pourrait être tout à fait hors de proportion avec la gravité de la violation. Ainsi, il ne faudrait appliquer ce pouvoir qu'aux parties qui ne se conforment pas aux règles de façon claire et répétée.
Communiquer régulièrement des noms ne contribuerait pas aux bonnes relations entre le secteur privé et le CPVP. La commissaire elle-même a déclaré qu'elle n'exige pas, ni ne désire obtenir le pouvoir de communiquer des noms. Dans la plupart des cas, il est possible d'effectuer une médiation adéquate entre les entreprises et le CPVP.
Ainsi, il est essentiel d'informer les entreprises de tous les secteurs au sujet de la LPRPDÉ, ainsi que de leurs responsabilités relatives à la collecte et à la conservation de renseignements personnels. Il faut trouver le juste équilibre entre l'application de la loi et le fait de s'assurer que les entreprises, surtout les petites et moyennes entreprises, comprennent bien la LPRPDÉ, de façon à réduire au minimum les infractions commises par inadvertance.
En ce qui concerne la circulation transfrontalière de renseignements personnels, il s'agit d'une réalité économique, et toute restriction pourrait entraver la compétitivité du Canada à l'échelle mondiale. Les entreprises savent que c'est de leur réputation qu'il s'agit, et elles ne prennent pas cette responsabilité à la légère. Elles demeurent responsables lorsque des renseignements sont transmis à un tiers aux fins de traitement.
La cohérence des politiques rend efficace la circulation transfrontalière de renseignements personnels, comme l'ont démontré le cadre de protection des renseignements personnels de l'APEC et le partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité. Le principe de responsabilisation enchâssé dans la LPRPDÉ encourage les entreprises canadiennes à communiquer leurs pratiques en matière de vie privée au public d'une manière ouverte et transparente. Il les oblige également à conclure des ententes contractuelles avec les tiers fournisseurs, peu importe où ils se trouvent. Il fournit donc aux consommateurs un niveau de protection supplémentaire.
Mike.
Je vais juste résumer, monsieur le président, en vous donnant un bref aperçu des conclusions auxquelles nous arrivons aujourd'hui.
La première est qu'on ne devrait pas modifier la loi à ce moment-ci et accorder à la commissaire le délai supplémentaire -- elle a parlé de cinq ans environ -- qu'elle a demandé pour travailler dans le cadre de la loi actuelle.
Veiller à ce que les intérêts des consommateurs et des entreprises soient équilibrés.
Maintenir le modèle d'ombudsman actuel de façon à protéger efficacement la vie privée. Grâce à ce modèle, la notification obligatoire en cas de violation de la vie privée n'est pas nécessaire.
Ne pas modifier les pouvoirs de la commissaire en ce qui concerne le pouvoir de communiquer des noms.
Éviter d'assujettir la circulation transfrontalière de renseignements personnels à des restrictions qui pourraient entraver le commerce et la compétitivité.
De plus, nous recommandons au Commissariat à la protection de la vie privée et à d'autres groupes d'entreprises de continuer à jouer un rôle prépondérant dans l'information et la sensibilisation des entreprises -- surtout, dans ce cas, des petites et moyennes entreprises -- et des particuliers à leurs droits et obligations en vertu de la loi.
Merci, monsieur le président, de nous avoir offert l'occasion de témoigner aujourd'hui.
:
Merci beaucoup. Vous terminez juste à temps.
Nous procédons habituellement à un premier tour de table au cours duquel nous accordons sept minutes à chacun des intervenants, dans l'ordre habituel dont nous avons convenu, puis nous poursuivons. Mais avant de faire cela, j'aimerais vous lancer chacun une question, sur quelque chose qui pique ma curiosité.
Les deux associations plaident en faveur de l'harmonisation -- cela est tout à fait sensé -- mais vous pensez qu'on ne devrait pas, dans certains cas, notifier en cas de violation. Tout récemment, les commissaires à la vie privée de l'Ontario et de la Colombie-Britannique ont diffusé un outil d'évaluation des notifications dans le cas de violation à titre de guide pour les organisations du secteur public et du secteur privé qui doivent réagir en cas de violation. La méthode que préconise le guide est la notification directe, lorsqu'on connaît l'identité des personnes en cause et que leurs coordonnées sont disponibles. C'est ce que les commissaires à la protection de la vie privée de l'Ontario et de la Colombie-Britannique recommandent.
Dois-je comprendre que, puisque vous souhaitez l'harmonisation avec les autres administrations, vous êtes d'accord avec cela? Commençons par les assureurs.
:
Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne la notification en cas de violation, nous préconisons une approche fondée sur les risques. À cet égard, il faut examiner les circonstances de la violation en question pour déterminer si elle s'est bel et bien produite et si l'événement exige une notification. En même temps, en tout cas au sein de l'industrie des services financiers, il faut notifier la Commissaire à la protection de la vie privée, ainsi que les organismes de réglementation financière, pour les faire intervenir, et il faut examiner la situation en question en ce qui concerne les renseignements qui peuvent être divulgués.
Disons que vous procédez à une évaluation des risques. Vous déterminez s'il est possible d'accéder aux renseignements en question. S'ils sont inscrits sur un disque, et encodés de telle manière que vos juricomptables vous disent que le risque est très, très faible, alors, en consultation avec la Commissaire à la protection de la vie privée et avec les organismes de réglementation financière, vous pouvez déterminer -- vous pouvez évaluer si vous devez lancer un appel ou non.
Nous pensons donc qu'il s'agit d'une démarche efficace.
En fait, si vous jetez un coup d'oeil sur notre mémoire, vous constaterez qu'un certain nombre des modifications que nous recommandons ont pour objectif d'harmoniser la LPRPDÉ avec ce qui existe déjà, si vous voulez, dans la troisième génération de lois sur la protection des renseignements personnels en Colombie-Britannique et en Alberta. Comme je l'ai déjà mentionné, le Québec a été la première province, en 1994, à adopter ce genre de loi, puis on a adopté la LPRPDÉ en 2001. Dans notre secteur, cependant, les choses ont commencé en 2004. C'est à ce moment que la loi s'est appliquée à nous. Cependant, depuis, l'Alberta et la Colombie-Britannique ont donné de l'ampleur à ce que la LPRPDÉ avait établi. Nous vous suggérons donc d'examiner les nouvelles dispositions, qui ont peut-être fait l'objet de réflexions plus approfondies, compte tenu du temps écoulé et de l'expérience acquise depuis l'adoption de la LPRPDÉ.
L'un des sujets que Dale a abordés, c'est le rajustement des dispositions qui portent sur la fraude et la définition de ce qu'est une enquête de façon à préciser quelles sont les règles qui s'appliquent à chacun, parce que, je dois l'avouer, j'ai constaté, lorsque j'ai examiné l'article 7 de la LPRPDÉ, qu'il s'agit d'un texte assez compliqué dans lequel on peut facilement rester empêtré. Voilà donc une première chose.
Un autre domaine dans lequel les provinces en sont à la troisième génération encore une fois, c'est celui de l'accès. Les provinces ont précisé les règles dans ce domaine, et nous les présentons aussi dans notre mémoire.
Un autre sujet dont on a parlé, et je sais que le comité en a déjà entendu parler, c'est lorsqu'il y a vente de biens ou d'une entreprise, et que l'acheteur, s'il veut agir avec la diligence raisonnable, doit examiner les renseignements personnels que conserve le vendeur. Il y a donc à cet égard des dispositions dans les lois de la Colombie-Britannique et de l'Alberta qu'il pourrait être utile au comité d'examiner, afin de déterminer si on devrait les intégrer à la LPRPDÉ, dans le but de rendre les choses claires dans le domaine.
Enfin, et vous avez encore une fois déjà entendu parler de cela, c'est qu'il faut examiner le modèle de la Colombie-Britannique pour déterminer si on devrait intégrer la définition de produit du travail à la LPRPDÉ.
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Certainement. Comme je l'ai mentionné lorsque j'ai fait mes commentaires, nous comptons parmi nos membres environ 350 chambres de commerce locales à l'échelle du pays, dans toutes les provinces et tous les territoires. Comme vous pouvez l'imaginer, lorsqu'il s'agit d'une organisation de cette taille, il y a aussi des différences assez importantes quant à la taille des chambres de commerce. Certaines d'entre elles ont des ressources beaucoup plus importantes que les autres.
L'une des raisons pour lesquelles nous nous sommes concentrés sur cette question, c'est que, parmi les mesures pratiques que nous avons essayé de prendre, nous avons rassemblé de l'information que nous avons communiquée directement à nos membres. Nous avons effectué quelques tournées auprès de nos membres, les entreprises, et surtout les chambres de commerce, et par leur intermédiaire auprès des réseaux d'affaires du pays, de façon à leur offrir les outils leur permettant de se plier aux exigences de la loi.
Nous avons établi des modèles de clauses, de clauses contractuelles, que nous aurions pu intégrer aux ententes contractuelles qu'ils auraient conclues avec des fournisseurs ou des clients. Nous leur avons aussi expliqué comment effectuer une vérification au sein de leurs propres organisations. En outre, nous avons essayé de leur fournir des renseignements de base.
L'une des grandes forces de l'organisation, c'est qu'elle a accès non seulement à des entreprises comme celles de M. Elder, qui fait partie de ses membres, mais aussi à la Sun Life et à bon nombre d'autres sociétés très engagées. Nous demandons à nos membres les plus importants de nous aider à informer nos membres qui sont des organisations de plus petites tailles.
J'ajouterais seulement ce qui suit, et qui ne s'applique pas seulement à la loi en question. Il n'y a jamais suffisamment à faire, ou il n'y a jamais suffisamment de choses qui ont été faites, et il y a toujours plus à faire lorsque vient le temps de s'occuper du milieu des petites entreprises. Celles-ci font face à tant de défis, et elles sont au coeur de notre économie. Vous connaissez tous les chiffres: 95 p. 100 et plus des entreprises canadiennes sont de petites entreprises. Elles font face à de nombreux défis pour répondre aux exigences de tous les jours. Notre objectif était de leur dire, par l'intermédiaire de notre réseau, qu'elles devaient connaître les tenants et les aboutissants de la législation relative à la protection des renseignements personnels.
L'un des points très positifs de notre présence ici aujourd'hui, très sincèrement, c'est que, au cours des dernières semaines, nous avons prévenu les membres de notre réseau que nous allions venir témoigner. Cela nous offrira une autre occasion de constituer une trousse à l'intention de nos membres, et c'est ce que nous allons faire.
Ça a été dur, nous n'allons jamais en voir la fin.
Nous travaillons aussi auprès de la Commissaire à la protection de la vie privée. Elle dit qu'il y a un besoin extraordinaire de continuer à informer les gens à ce sujet. Nous sommes d'accord avec cela, et nous allons continuer de faire du travail auprès des PME une priorité.
:
Monsieur le président, je vais répondre ainsi à la question. En ce qui concerne l'importance de la question et du fait de s'occuper des petites et moyennes entreprises du Canada, et surtout des entreprises—comme M. Vincent l'a dit dans sa question et comme je l'ai mentionné plus tôt—qui ont aussi peu que cinq employés, elles font face à de nombreux défis.
En ce qui concerne le financement de la formation offerte dans les entreprises de l'ensemble du pays, je dirais que non. Grâce à la Commissaire à la protection de la vie privée, ce qui s'offre à nous, c'est une occasion de réfléchir à la manière de mieux faire les choses. Nous sommes d'accord avec elle lorsqu'elle dit que, ensemble, nous pouvons mieux diffuser l'information auprès des petites entreprises, et qu'il y a de nombreuses manières de le faire.
La technologie, pour nous... Si l'on se rappelle que les entreprises en question se trouvent un peu partout, et non seulement dans les grandes villes... De notre point de vue, cela ne fait que trois ans que nous nous occupons du dossier très complexe de ces entreprises, qui n'est pas unique en ce qui concerne la seule chose à laquelle elles songent, comme je l'ai déjà mentionné.
Je n'irais donc pas jusqu'à dire que nous devons réfléchir à un important programme fédéral et à envoyer des gens travailler auprès des entreprises. Je ne sais pas si vous songiez à cela, mais je dirais que le fait d'utiliser le bureau de la Commissaire pour réfléchir à des façons de joindre les PME serait constructif.
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Ce n'est peut-être que l'utilisation de l'expression « formation » par rapport à la manière dont nous parlerions de ce que nous faisons. Je crois que nous disposons d'outils, et que l'un d'entre eux, comme je l'ai déjà dit, c'est la technologie. Nos membres utilisent beaucoup notre site Web.
Nous en parlions justement l'autre jour. Nous parlions de nous assurer de continuer à nous occuper de tant de dossiers différents, parce que le gouvernement fédéral — auprès duquel je passe tout mon temps — prend des mesures qui touchent tous nos membres, de tant de façons différentes. Nous parlons constamment de la bonne façon de transmettre des renseignements importants à nos membres qui essaient de se débrouiller, au jour le jour, pour gérer leur entreprise. Et ce dont nous leur parlons, c'est d'une activité administrative qui est connexe à la gestion de leur entreprise. Alors comment faire pour leur transmettre les renseignements utiles? L'important, c'est de leur dire que nous disposons d'un bureau, ici, au gouvernement fédéral, avec lequel nous pouvons travailler, et non seulement nous sommes heureux de le faire, mais nous pensons qu'il s'agit de la bonne façon de procéder. Les gens des entreprises devraient continuer de travailler là où ils sont, et utiliser notre technologie, notamment notre site Web, pour communiquer directement. De plus, très sincèrement, ils devraient utiliser notre réseau, parce que nous avons ce réseau de la chambre de commerce qui nous rend un peu unique de par notre capacité de communiquer à la base.
J'aimerais en dire davantage au sujet du volet international que les gens de la chambre de commerce ont abordé. Je pense que vous ne souhaitez pas nuire à l'économie et empêcher les transactions transfrontalières, et je suis tout à fait d'accord. Cependant, nous effectuons une quantité énorme de transactions internationales avec les États-Unis, et avec d'autres pays du monde, de partout dans le monde, qui ont des ordinateurs et qui impartissent le traitement de l'information. En fait, la taille du secteur a augmenté de façon proprement remarquable. Je suis tout à fait d'accord avec votre observation. Il y a des sociétés d'assurance internationales dont le siège social se trouve à l'étranger. Je ne m'y connais pas beaucoup, mais il est indéniable qu'il existe des sociétés d'assurance qui sont des multinationales.
En ce qui concerne la notification, bien entendu, les différents pays ont différentes lois. Bon nombre d'États ont des lois différentes au chapitre de la notification, des avis à signifier. Nous avons écouté des témoignages lundi ou mardi, des témoignages de gens du milieu bancaire. Ils nous ont dit que la notification n'était pas nécessaire tant qu'on ne dispose pas de preuve raisonnable d'activités frauduleuses. On a entendu parler, il y a deux ou trois ans ou peut-être un an, de télécopies envoyées par une banque et qui ont fini par se retrouver dans un parc à ferrailles en Virginie occidentale. Vous vous en souvenez peut-être. Les télécopies contenaient des numéros d'assurance sociale, des adresses de domicile, des numéros de téléphone, etc., ainsi que des renseignements bancaires détaillés. On a entendu parler, il y a de cela quelques jours, de tout un paquet de renseignements qui se sont perdus. Rien n'indique que ces renseignements ont été volés ou utilisés. Cependant, encore une fois, il s'agissait du même genre de renseignements détaillés. Puis il y a eu l'affaire de HomeSense et de Winners — je ne les critique pas — dans laquelle des renseignements ont été volés. Les voleurs étaient des pirates informatiques.
La question que je vous pose est la suivante: êtes-vous d'accord avec l'idée des banques selon laquelle il n'est pas besoin de notifier les gens, à moins qu'on dispose de preuve d'activités frauduleuses, ou pensez-vous que nous devons aller plus loin? Je comprends que si une entreprise doit notifier un million de personnes, les frais de poste suffiront à rendre les responsables fous. Puis-je demander aux deux groupes de formuler des commentaires à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
Je répète peut-être ce que mes amis de la chambre ont dit, mais nous croyons qu'il faut adopter une approche fondée sur les risques. Il faut déterminer si l'incident en question a une certaine importante. Je pense qu'il faut avoir des raisons de croire que la divulgation a bel et bien eu lieu. Vous parliez de renseignements qui ont disparu. Eh bien, dans quelles circonstances? Se peut-il qu'ils se trouvent quelque part au sein de l'entreprise, et qu'ils n'aient pas quitté le bureau? C'est cela qu'il faut voir.
En outre, il faut déterminer s'il y a un risque important que la personne sur qui porte les renseignements puisse subir un préjudice à cause de l'événement en question. Je pense qu'on peut le faire en déterminant si les renseignements sont délicats, s'ils étaient encodés, et, le cas échéant, de quelle façon, et en consultant les organismes de réglementation pour s'assurer qu'ils connaissent la situation et pour obtenir de bons conseils de gens qui sont peut-être en mesure d'évaluer la situation d'un point de vue plus général que l'entreprise elle-même. Il est possible d'envisager tous ces facteurs pour déterminer s'il faut signifier un avis.
Nous avons parlé ce matin du fait qu'on élabore, à l'heure actuelle, plusieurs ensembles de lignes directrices à l'échelle du pays. L'un des avantages de ne pas formuler des règles trop précises dans le domaine en question, c'est qu'on peut alors élaborer des lignes directrices semblables, applicables un peu partout au Canada, et conserver la souplesse nécessaire pour régler les incidents de toutes sortes qui peuvent se produire.
Dans le préambule de votre question, vous avez parlé de différents cas, de différentes possibilités de violation, etc. Il s'agissait de situations de types différents, alors je crois qu'il faut examiner tous ces facteurs.
J'ai une question pour M. Murphy, si vous le permettez.
Pour donner suite à la question de M. Dhaliwal, j'ai compris que vous faites face à un défi lorsque vient le temps de communiquer tous les aspects de la LPRPDÉ dont nous avons parlé à toutes sortes d'entreprises. J'aimerais aborder le sujet de la communication de l'autre perspective. Je comprends qu'il faut communiquer, mais si j'étais le propriétaire d'une entreprise et que j'avais cinq employés, par exemple, je serais perdu au milieu de tout cela. Je n'ai pas nécessairement les connaissances qu'il faut dans le domaine juridique, et je ne dispose pas des ressources juridiques qui pourraient m'aider à comprendre. Je sais que vous essayez de distribuer des trousses d'outils et d'autres choses.
Cela m'intéresse, cependant, parce qu'il s'agit d'acteurs économiques importants et d'éléments clés de la société canadienne. Avez-vous prévu des moyens pour que l'information circule dans l'autre sens? Comment les entreprises envisagent-elles la LPRPDÉ? Vous ont-elles fait part de leurs idées quant à la manière dont on pourrait l'améliorer? Je pense que la deuxième partie de ma question a trait au fait de savoir si vous pensez sincèrement qu'elles pourront continuer d'appliquer correctement la LPRPDÉ, compte tenu de tous les autres défis auxquels elles font face.
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Oui, c'est une très bonne question, parce que cela fait partie du défi que doivent relever toutes les organisations, et non seulement la nôtre, lorsqu'il s'agit de traiter avec la majorité des membres de notre groupe.
L'un des avantages de travailler à la chambre et d'être chargé des politiques, c'est que je n'ai jamais à me demander si mes membres vont me donner une rétroaction sur toutes sortes de sujets. Habituellement, les commentaires me parviennent rapidement. Il est intéressant de constater que cela est vrai peu importe la taille de l'entreprise. C'est en raison de ce que j'ai dit plus tôt, parce que j'ai parlé des répercussions — et je ne parle que du gouvernement fédéral, parce que c'est à ce niveau que se situent les activités de la chambre de commerce du Canada — c'est-à-dire à quel point les activités commerciales de tous les jours du gouvernement nous touchent de toutes sortes de manières.
Nous ne sommes pas ici pour discuter du principe général, mais, en ce qui concerne la loi en question — bien entendu, cela ne fait que trois ans qu'elle s'applique à la plupart des petites entreprises —, nous avons entendu les commentaires de nos membres sur cette question précise lorsque nous leur avons communiqué de l'information. Les commentaires nous sont parvenus de deux manières: non seulement directement de certaines de ces entreprises avec qui nous discutons, des membres directs de la chambre, mais aussi par l'intermédiaire du réseau de chambres locales, dont bon nombre de ces gens sont membres.
Je ne vais pas décrire en détail tous nos moyens de communication, mais nous demandons nous-mêmes de la rétroaction en organisant des téléconférences avec les chambres locales et d'autres organisations pour tâter le terrain au sujet des différentes choses que nous avons faites. Nous avons élaboré une trousse au sujet de la loi en question, et nous l'avons fait plus d'une fois, soit dit en passant, parce que la loi s'est appliquée de façon progressive. Nous avons essayé de tâter le terrain.
Nous ne noyons pas nos membres dans les sondages, le genre de choses qu'on envoie par la poste en disant « Pouvez-vous remplir ceci et nous le renvoyer, s'il vous plaît? », mais lorsque nous le faisons — nous essayons de le faire peut-être une ou deux fois par année — nous essayons d'adopter une démarche plutôt générale. C'était aussi l'une des choses que nous avons essayées dans le passé.
Les commentaires que j'ai reçus, très sincèrement, c'était: « Vous nous avez donné des outils utiles. » L'un des outils les plus utiles tenait aux clauses contractuelles que nous avons pu ébaucher avec l'aide de quelques membres de la chambre qui sont dans le domaine juridique, et cela a été très utile. De façon générale, les commentaires à ce sujet ont été très positifs.
Alors, y a-t-il autre chose à faire? C'est sûr, on peut toujours en faire plus.
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Merci, monsieur le président.
Je veux souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous sommes très heureux que vous soyez ici ce matin.
Je veux poser une question à l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes. En ce qui concerne la question de la détection des fraudes que vous abordez dans votre mémoire, vous parlez de l'alinéa 3d) de la Loi, qui porte sur votre capacité de divulguer, essentiellement, sans que l'intéressé ne le sache ou y consente, des renseignements personnels lorsque vous pensez qu'il y a possibilité de fraude ou de violation d'un engagement ou d'une entente conclue avec une personne assurée, dans votre cas.
Vous dites qu'il y a une lacune dans la LPRPDÉ. Je soupçonne que cela est lié au fait qu'elle ne parle pas d'un « organisme d'enquête ». Est-ce que vous affirmez qu'il n'existe pas d'organisme d'enquête à qui vous pouvez divulguer des renseignements?
Je me demandais si vous pouviez nous donner un exemple de la manière dont cette lacune se manifeste en pratique, au chapitre de la capacité d'enquêter en cas de fraude.
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C'est une bonne question, et je suis heureuse de pouvoir vous orienter à cet égard.
Si nous revenons en arrière, en vertu de la LPRPDÉ, nous avons la capacité de recueillir et d'utiliser des renseignements sans le consentement de l'intéressé, lorsque nous avons des raisons valables de croire que ces renseignements seraient utiles dans le cadre d'une enquête portant sur une infraction à une loi canadienne, et lorsque nous recueillons ou utilisons ces renseignements aux fins de l'enquête en question.
Passons ensuite au paragraphe 7(3), qui porte sur la communication à l'insu de l'intéressé et sans son consentement; le paragraphe ne confère pas à la société d'assurance la capacité de communiquer ces renseignements à une autre entité qu'à un organisme gouvernemental ou d'enquête. De plus, vous avez raison, les sociétés d'assurance de personnes n'ont pas leur propre organisme d'enquête.
L'ABC a son organisme d'enquête. Le Bureau d'assurance du Canada a peut-être un organisme d'enquête. Cependant, l'industrie de l'assurance des personnes n'en a pas.
J'aimerais que alliez à la page 13 de votre mémoire. On y dit ceci:
Une autre question qui fait l'objet de beaucoup de discussions ces derniers temps est de savoir si les organisations qui perdent des renseignements personnels ou se les font voler devraient être tenues par la loi de signaler la perte ou le vol. Soulignons d'abord que le principe de la transparence (huitième principe de l'Annexe 1) de même que la common law supposent déjà une responsabilité de ce genre de la part des organisations. Par conséquent, l'industrie est d'avis que des dispositions législatives précises ne sont pas nécessaires pour le moment.
Voici ma première question. Est-ce à dire que si vous perdez ou vous vous faites voler des renseignements, il ne sera pas nécessaire d'en parler à qui que ce soit, que l'industrie va décider ce qu'elle va faire à ce sujet?
Je continue:
L'industrie préconise une approche fondée sur les risques en matière d'avis, selon laquelle la nécessité d'aviser et le type d'avis sont fonction du risque auquel pourrait être exposé l'intéressé si ses renseignements personnels étaient compromis.
Selon mon interprétation, si vous perdez ou vous vous faites voler des renseignements personnels qui me concernent, vous allez décider à ma place si la situation peut ou non me porter préjudice. Je poursuis ma lecture:
En cas d'infraction importante à la sécurité; si l'organisation a des motifs raisonnables de croire que les renseignements personnels ont été communiqués à des personnes non autorisées; si la communication comporte un risque important de nuire à l'intéressé (p. ex., vol d'identité ou fraude).
Lors de l'application de tels paramètres, une organisation doit analyser la situation (notamment en tenant compte de la sensibilité des renseignements et du fait que les données avaient, ou n'avaient pas, été chiffrées) afin de déterminer s'il y a lieu d'aviser les intéressés et, dans l'affirmative, de quelle façon.
Si je comprends bien, peu importe la situation, c'est vous qui jugerez s'il est nécessaire de m'aviser, dans le cas d'une perte ou d'un vol de renseignements personnels.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'avis — je l'ai déjà dit hier — que l'industrie de l'assurance aurait probablement pu écrire un livre sur la protection des renseignements personnels. Je crois que vous avez fait du bon travail. Je crois qu'il y a toujours place à l'amélioration. Nous avons entendu des questions fantastiques, et nous avons besoin d'orientation à certains égards.
Une chose me préoccupe, par contre. J'ai déclaré hier que la majeure partie de cet enjeu tient à la naissance de l'ère de l'information et de choses qu'aucun de nous ne pouvait prévoir ou anticiper.
J'aimerais poser une question, et je crois que je devrais l'adresser à vous, madame Philp. Avec Sun Life, par exemple, ou dans l'industrie de l'assurance en général, lorsque vous exercez vos activités à l'étranger, comme en Chine... je crois savoir que, dans ce cas particulier, vous jouissez d'un avantage sur les autres entreprises, dans la mesure où vous êtes doté d'un système intégré. Dans un contexte comme celui de la Chine, où ils sont propriétaires à 50 p. 100 ou le gouvernement est un partenaire, quelles sortes de mesures de protection pouvez-vous offrir lorsque vous êtes doté d'un système intégré? Par exemple, dans le cas du gouvernement de notre pays, je crois que notre police d'assurance a été souscrite chez Sun Life. Quelles mesures de protection permettent de veiller à ce que cette information ne soit pas divulguée?
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Les idées que nous avons exprimées découlent d'une croyance fondamentale selon laquelle, pour composer avec... J'ai deux choses à dire sur la question. Tout d'abord, pour la plupart de nos membres, et cela comprend certainement les chambres de commerce plus modestes, nous ne nous intéressons à cette question que depuis trois ans, ce qui, dans le contexte de l'adoption de lois au Canada n'est pas bien longtemps.
Ajoutez à cela les commentaires du Commissariat à la protection de la vie privée... et je crois que l'arrivée de la commissaire actuelle a presque coïncidé avec cette période, en janvier 2004, où la majorité des entreprises canadiennes ont été assujetties à la loi.
Comme la commissaire elle-même vous l'a dit, elle a de nombreuses préoccupations à cet égard, car elle doit se charger de questions internes au lieu de s'intéresser au travail fondamental lié à la mise en oeuvre de la loi.
En conséquent, le processus ne fait que commencer, et nos recommandations reflètent ce fait.
Pour ce qui est de déterminer si cela touche l'ensemble de nos membres, je dirais que oui, tout à fait. Lorsqu'on en est à la troisième année d'un projet de loi, en particulier un projet de loi qui influe sur un si grand nombre de nos membres, on ne peut que conclure que la démarche est préliminaire.
Le fait de modifier la loi aujourd'hui, au moment où nombre de membres s'affairent toujours à en assimiler le contenu et à se donner les outils nécessaires pour appliquer les éléments importants qu'elle contient, compliquerait inutilement les choses, selon moi.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre dans la même veine que tout à l'heure. Je suis perplexe. S'il y a un vol ou quelque chose qui se passe dans une de vos organisations, vous estimez avoir le loisir de dévoiler ou de faire quelque chose, que ce soit au niveau de la Chambre de commerce du Canada, des entreprises ou, comme j'ai pu comprendre, des assurances.
La loi ne pourrait-elle pas prévoir, dès qu'un parti prend connaissance d'un vol ou de quelque chose du genre, qu'on avise le commissaire afin qu'il mène une enquête pour connaître les répercussions d'un tel événement sur les renseignements personnels des gens qui font affaire avec vos organisations?
Ne devrait-il pas y avoir un article dans la loi qui englobe ce genre de problématique, au lieu de laisser à l'organisation le soin de juger de la pertinence de dévoiler ou pas?
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D'accord, ainsi, nous terminons sur une bonne note.
Madame Philp, messieurs, je tiens à vous remercier au nom des membres du comité. Je suis certain que, à la lumière des questions qu'on vous a posées aujourd'hui, vous voyez que le comité s'intéresse énormément à cette question.
Je vous souhaite bonne chance dans votre remaniement du site Web, et bonne chance avec vos membres. Je sais que, si j'étais exploitant d'une petite entreprise, cette loi, qui s'ajoute à de nombreuses autres lois que les gouvernements imposent aux entreprises, me laisserait perplexe. Alors, merci beaucoup d'avoir témoigné aujourd'hui et de nous avoir prodigué des conseils.
Madame, messieurs les membres du comité, notre prochaine réunion aura lieu mardi à 9 h. Je serai probablement absent, alors j'ai demandé à M. Tilson d'assurer la présidence ce jour-là. Merci.
La séance est levée.