:
Merci, monsieur le président.
David et moi serons heureux de répondre à vos questions après notre brève déclaration liminaire. Je me permets également de vous rappeler que nous avons remis une trousse d'information qui émane du Comité des mesures en matière de consommation, et je vais faire allusion à certains des documents qu'elle contient dans mon exposé. Tout cela fait partie de l'information publique que nous fournissons aux consommateurs au sujet du vol d'identité et d'autres questions.
Donc, merci, monsieur le président, d'avoir accordé au Comité des mesures en matière de consommation la possibilité de discuter des efforts qu'il déploie relativement au vol d'identité. Le Comité des mesures en matière de consommation, qu'on nomme aussi le CMC — tout le monde adore les sigles — est un forum de représentants fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la consommation. Autrement dit, il ne fait pas partie du ministère de l'Industrie; il s'agit plutôt d'un organe fédéral-provincial distinct.
Je suis le coprésident fédéral du CMC. Il existe aussi un poste de coprésident provincial, mais personne ne l'occupe en ce moment et nous sommes sur le point de le pourvoir. Le titulaire précédent a quitté son poste, et il sera remplacé par un autre représentant provincial.
Chacun des gouvernements est représenté au sein du CMC — à la fois les provinces et les territoires.
[Français]
Le Comité des mesures en matière de consommation, le CMC, a été établi en vertu de l'Accord de 1995 sur le commerce intérieur dans le but de faciliter le processus de conciliation des mesures et des normes en matière de consommation, et de créer un forum au sein duquel les gouvernements pourraient discuter des questions relevant de ces mesures et de ces normes. Depuis sa création, le CMC s'est employé à examiner diverses problématiques qui préoccupent les consommateurs canadiens.
[Traduction]
En fonction du dossier qui était à l'étude, le CMC a effectué des recherches et des analyses approfondies sur les politiques, mis au point des initiatives de sensibilisation des consommateurs ou consenti à l'harmonisation de mesures législatives. Dans certains cas, nous avons mené ces trois activités.
Tous nos efforts ont été déployés dans le but de protéger les consommateurs et de les renseigner afin qu'ils puissent mieux se protéger eux-mêmes. La consultation d'intervenants clés et du public fait partie intégrante de notre travail.
J'ajouterais que le CMC est un réseau informel très utile dont les représentants officiels peuvent se servir pour échanger des renseignements sur de nouveaux enjeux soulevés par des nouvelles initiatives que certains gouvernements pourraient avoir décidé d'entreprendre ou dont ils auraient entendu parler.
[Français]
Le vol d'identité est l'un des problèmes sur lesquels se penche le CMC. Cette question convient particulièrement bien à notre forum, car c'est une problématique qui chevauche les frontières et qui relève des responsabilités d'un ensemble très divers d'organismes gouvernementaux. Par la même occasion, je dois mentionner que de nombreuses facettes de cette question débordent le mandat des membres du CMC, par exemple les aspects criminels du vol d'identité.
[Traduction]
En 2003, le CMC a créé un groupe de travail composé de fonctionnaires fédéraux et provinciaux chargé d'examiner les options qui permettraient d'améliorer la situation dans laquelle se trouvent les consommateurs à l'égard du vol d'identité. Ce groupe de travail est coprésidé par un représentant du gouvernement fédéral et par un fonctionnaire du ministère ontarien des Services gouvernementaux. Jusqu'ici, les travaux de ce groupe ont porté essentiellement sur deux aspects, à savoir, d'une part, l'information et la sensibilisation du public et, d'autre part, l'examen des possibilités d'action en vue d'améliorer le contexte de la protection des consommateurs canadiens.
Je voudrais traiter chacun de ces éléments dans l'ordre.
Premièrement, pour ce qui est de renseigner et de sensibiliser les consommateurs, les efforts du CMC découlent en grande partie des préoccupations manifestées par les ministres chargés de la Consommation à l'occasion de leur réunion de janvier 2004 à Winnipeg, lorsque les ministres — et là je cite le communiqué diffusé à la suite de cette réunion — « ont pris acte de la grande préoccupation que le vol d'identité soulève chez les consommateurs. Le vol d'identité peut laisser les victimes avec une mauvaise cote de crédit, une réputation réduite à néant et des pertes financières. » Les ministres ont convenu, tout d'abord, d'harmoniser les efforts relatifs aux renseignements afin de donner aux consommateurs les informations les plus fiables et les plus complètes possible sur la façon de réduire les risques.
Depuis, le CMC s'est employé très activement à renseigner le public, aussi bien les consommateurs que les entreprises, sur la façon de prévenir le vol d'identité et sur ce qu'il faut faire lorsque cela se produit. Le CMC a tout d'abord préparé la Trousse d'information pour les consommateurs sur le vol d'identité, que l'on peut trouver sur le site du CMC, à l'adresse suivante: cmcweb.ca. On peut également la trouver sur la Passerelle d'information pour le consommateur canadien, à l'adresse infoconsommation.ca. D'ailleurs, il s'agit là d'un portail qui donne accès à des renseignements provenant des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que de divers organismes non gouvernementaux axés sur la consommation.
[Français]
La trousse contient des renseignements qui aideront les consommateurs à réduire le risque de vol d'identité et à déterminer s'ils en sont victimes. Elle les conseille sur ce qu'il faut faire s'ils en sont bel et bien victimes. La trousse renferme aussi une déclaration de vol d'identité.
Il s'agit essentiellement d'une série de formulaires que les victimes de vol d'identité peuvent utiliser pour aider à organiser les renseignements dont elles ont besoin afin qu'elles puissent traiter plus facilement avec les institutions financières, les fournisseurs de cartes de crédit, la police et d'autres représentants officiels au moment de réparer les dégâts.
[Traduction]
Le Trousse d'information pour les consommateurs sur le vol d'identité a été préparée aux termes de vastes consultations, menées auprès des ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux concernés, d'entreprises, d'institutions financières et d'organismes de protection des consommateurs. Pour accompagner la Trousse, une liste de vérification d'une page a été produite — j'en ai un exemplaire ici — afin de résumer les principaux renseignements pour les consommateurs.
De plus, un certain nombre de membres du CMC ont fait valoir qu'il serait utile de préparer un document à l'intention des entreprises. Le résultat a été la Trousse d'information sur le vol d'identité à l'intention des entreprises, qui a été publiée en 2004. Cette trousse contient des renseignements sur la façon de réduire le risque de mettre en périls les renseignements des consommateurs, sur ce qu'il faut faire en cas d'intrusion, et sur la manière d'informer les clients du vol de renseignements personnels. Ce document se trouve dans la partie gauche de votre dossier.
Là aussi, la Trousse d'information à l'intention des entreprises a été préparée par le CMC en consultation avec les entreprises et les consommateurs. Elle est également disponible sur Internet aux deux adresses que j'ai déjà mentionnées, soit www.cmcweb.ca et infoconsommation.ca.
Je m'empresse d'ajouter que CMC saisit toutes les occasions de distribuer ses produits de sensibilisation du public. Par exemple, nous participons toujours au Mois de la prévention de la fraude. Cette année, nous avons envoyé des copies de la Liste de vérifications — c'est le document bleu — aux organismes policiers d'un bout à l'autre du Canada qui luttent contre la fraude et qui donnent des conférences publiques au sujet de ces problèmes. Nous avons reçu des réponses très favorables de la part de nombreuses forces policières, qui souhaitaient obtenir d'autres documents — documents que nous leur avons fournis.
Pour nous, le vol d'identité est toujours une priorité dans le domaine de la consommation; une section sur le vol d'identité a été ajoutée aux plus récents projets de sensibilisation que le CMC destine aux aînés et aux jeunes consommateurs. En outre, infoconsommation.ca présente actuellement le vol d'identité dans sa première page, sous la rubrique « Les points de mire… », de façon à attirer l'attention des consommateurs sur cette question importante dès qu'ils se trouvent à la page d'accueil du site. Dans certains cas, les gouvernements individuels ont adapté à leurs propres besoins certains des produits d'information du CMC.
Et voilà; c'était un survol de certains des efforts que le CMC déploie à l'heure actuelle pour renseigner les consommateurs au sujet du vol d'identité.
[Français]
En ce qui concerne la recherche et l'analyse stratégique, le CMC a amorcé en 2005, comme vous le savez peut-être, des consultations sur le vol d'identité. Ce document est disponible sur le site cmcweb.ca.
[Traduction]
Je crois savoir que le greffier vous a déjà remis une copie de ce document de consultation.
[Français]
Cette activité s'est poursuivie jusqu'en 2006, par des discussions avec certains intervenants. Les conclusions ont permis de poser un certain nombre de questions sur les mesures qu'il serait possible de prendre pour améliorer la protection des consommateurs.
[Traduction]
Parmi celles-ci figuraient certaines questions concernant la façon dont les entreprises, les institutions financières, les agences de renseignements sur les consommateurs et autres organisations traitent, ou devraient être tenues de traiter, les renseignements personnels des consommateurs, de manière à réduire les risques de vol d'identité, et la manière dont elles peuvent se rendre utiles lorsque les consommateurs en sont victimes. Le CMC a examiné et analysé les questions soulevées dans le cadre des consultations et a saisi l'occasion de les soumettre toutes à la discussion, d'après les réponses qu'il a reçues et en fonction des préoccupations particulières, des mandats et des priorités de chacun des gouvernements.
À la suite des consultations, trois grands axes de discussion ont été établis pour les délibérations du CMC, à savoir: premièrement, une exigence selon laquelle les agences d'évaluation du crédit seraient tenues d'inscrire des alertes à la fraude dans les dossiers des consommateurs, lorsque ceux-ci en font la demande. Une telle mesure permettrait de faire en sorte que les commerçants qui font appel aux rapports de solvabilité — c'est-à-dire, les prêteurs, les propriétaires de logements et les détaillants — puissent voir les alertes à la fraude qui apparaissent dans les rapports du consommateur et prennent des mesures raisonnables pour vérifier l'identité de la personne qui cherche à obtenir du crédit ou un service. Pour les provinces, c'était une question importante, et nous avons déjà constaté que l'Ontario et le Manitoba ont entrepris d'adopter des mesures à cet égard.
En deuxième lieu, il était question d'une exigence selon laquelle les agences de renseignements concernant les consommateurs seraient tenues de bloquer des dossiers de crédit à la demande de consommateurs qui auraient été victimes de vol d'identité. Bien que ce concept ait intéressé les gouvernements, des intervenants du milieu des entreprises nous ont fait part de nombreuses préoccupations au sujet de l'effet que de telles mesures pourraient avoir sur l'accès que les consommateurs peuvent avoir au crédit, lorsqu'ils en ont besoin. Les industries se sont également inquiétées de la faisabilité du blocage des dossiers de crédit, du point de vue technique. Le CMC a donc décidé de ne pas procéder immédiatement à la mise en oeuvre des mesures de blocage des dossiers de crédit.
En dernier, lieu, il y avait la notification obligatoire des consommateurs en cas d'atteinte à la sécurité au sein des organismes. C'est une solution qui intéressait les membres du CMC, mais étant donné l'examen de la LPRPDE, il a été déterminé, au bout du compte, que le CMC n'était pas la tribune appropriée pour ce qui est de formuler des recommandations visant l'adoption de modifications législatives. Les gouvernements individuels ont convenu de faire connaître à votre comité, dans le cadre de son examen de la question, tout point de vue qu'ils pourraient avoir sur cet élément en particulier — et je crois savoir qu'au moins un gouvernement a justement écrit au comité pour lui faire part de ses vues sur la question.
En ce qui concerne certains aspects plus techniques touchant l'industrie des renseignements concernant les consommateurs, y compris les rapports de solvabilité, il a été décidé qu'il conviendrait mieux de les examiner dans le contexte de consultations distinctes axées exclusivement sur les lois régissant cette industrie. Parmi ces aspect, il y a la nature des renseignements qui peuvent figurer dans le dossier d'un consommateur, pendant combien de temps ces renseignements devraient y rester et les procédures à suivre pour donner suite aux préoccupations du consommateur au sujet de l'exactitude des renseignements paraissant à son dossier. D'ailleurs, un document à l'intention du public est actuellement en voie de préparation.
[Français]
Pour le moment, permettez-moi de faire remarquer que le CMC continue à se préoccuper de cette question. Comme je l'ai mentionné, le vol d'identité est une problématique qui chevauche les frontières et qui relève de la responsabilité d'un grand nombre d'acteurs dans les secteurs public et privé.
La coordination intergouvernementale au sein même des gouvernements pose un défi. Le CMC le reconnaît, mais il continuera à le relever.
Au nom de tous les membres du Comité fédéral, provincial et territorial des mesures en matière de consommation, je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie ma fausse amie d'en face de m'avoir signalé certains propos du compte rendu, car je voudrais justement, pour la gouverne des membres, leur signaler un certain nombre de propos du Commissaire qui sont tirés du compte rendu.
Donc, si vous me permettez, je vais voir si je ne peux pas obtenir plus d'appui des députés d'en face, notamment de la part de M. Peterson. Je voudrais donc proposer un amendement à ma propre motion.
Est-ce que vous m'écoutez? Vous ne voulez pas m'écouter? Très bien.
Donc, après les mots « décision(s) à l'égard de », il y a les mots « toutes les demandes ». Je voudrais proposer de remplacer cela par le bout de phrase « des demandes ayant pu être reçues à son bureau aux termes de la LAI ». Donc, si, dans deux ans, un an ou six mois, quelqu'un dépose une plainte, pas de problème; mais, d'après ce qu'on nous a donné à entendre, il y a actuellement un certain nombre de demandes qui sont à l'étude.
Si vous me donnez encore quelques minutes, monsieur le président, je pourrais passer en revue avec vous ce qui s'est dit devant le comité. M. Peterson a demandé à M. Marleau s'il avait reçu des plaintes au sujet de la censure de ce document ou des questions concernant le refus du ministère de fournir les bonnes informations aux Canadiens. M. Marleau a répondu en disant ceci: « On m'informe que nous avons actuellement une plainte spécifique. Je vais demander au Sous-commissaire de vous en parler. »
Et voici sa réponse. M. Leadbeater a dit ceci:
Monsieur Peterson, comme vous le savez, de par la Loi, le Parlement nous interdit de révéler les particularités d'une affaire en cours. Je suis tout disposé à discuter avec vous ou avec tout autre député désireux de soulever la question.
… étant donné que vous aviez évoqué la possibilité que le Parti libéral dépose une plainte en vertu de la Loi sur l'accès à l'information…
Toutefois, la personne qui peut se plaindre de la réponse obtenue à une demande d'accès à l'information est l'auteur de la demande. Chacun a le droit de présenter une demande d'accès à l'information. C'est l'article 30 de la Loi qui délimite notre compétence. Nous allons transmettre votre demande à notre service juridique…
… etc., etc.
Ensuite, M. Peterson a demandé ceci: « Est-il légal que des fonctionnaires censurent autant qu'on l'a dit un rapport? »
Voici la réponse de M. Leadbeater:
Il existe plusieurs motifs énoncés dans la Loi — 13, en fait — qui justifient le secret. Nous avons vu des cas où un seul de ces motifs a suffi à ne pas divulguer le document tout entier et d'autres où cette décision était abusive. Il faudrait examiner le cas en particulier pour déterminer si la décision était injustifiée.
Je viens donc de vous citer les propos exacts du Sous-commissaire à l'information.
Maintenant, si j'ai voulu vous citer ses propos, question de vous les rappeler, c'est parce que ma motion demande qu'une fois que le Commissariat aura terminé son travail…
Une voix: Il faut lui donner l'occasion de faire son travail.
M. Mike Wallace: … vous pourrez demander aux responsables de comparaître et de vous en parler. Mais vous ne voulez pas leur laisser faire leur travail. Ils vont donc arriver en nous disant que cette question est à l'étude et qu'il leur est impossible d'en discuter pour le moment. Et ce sera pareil que vous convoquiez le Commissaire à l'information ou le responsable des demandes d'AAI aux Affaires étrangères; ils ne pourront pas répondre à aucune de vos questions.
Évidemment, si vous voulez parler des demandes d'AAI refusées dont on a interjeté appel auprès du Commissaire, qui ont donné lieu à une décision du Commissaire ou encore des cas où le ministère a intenté des poursuites contre le Commissaire — il y en a 48 en tout, environ — et des cas où le Commissaire a eu gain de cause chaque fois, vous voudrez peut-être convoquer toutes ces personnes. Je pense qu'il y a même… c'est le gouvernement du Canada ou le procureur général… et le ministre de l'époque a parlé d'un certain nombre de ces cas. Si je ne m'abuse, l'ancien ministre libéral siège encore à la Chambre, mais pas comme ministre. Nous pourrions les appeler en vue de savoir pourquoi le processus n'a pas donné les résultats escomptés, pourquoi ils ont censuré les documents et que les gens en ont interjeté appel, pour ensuite perdre contre le Commissaire à l'information devant les tribunaux.
Je veux bien entamer une longue discussion sur ce qu'a fait le gouvernement libéral pour régler ces problèmes, si cela intéresse les membres du comité, mais dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, le Commissaire à l'information nous a déjà fait savoir qu'il n'est pas question de nous donner… Ils n'ont même pas voulu répondre aux questions de M. Peterson. Par conséquent, ils ne vont pas diffuser quelque renseignement que ce soit tant qu'ils n'auront pas terminé les enquêtes qui sont en cours relativement aux plaintes déposées en vertu de la Loi.
Cela m'attriste beaucoup de voir ce qui est arrivé aux témoins aujourd'hui. À mon avis, nous aurions pu traiter ces motions à la fin de la réunion. Mais il est clair pour tout le monde, puisqu'ils nous l'ont déjà dit, qu'ils ne peuvent pas comparaître devant nous pour en discuter, puisque ces plaintes sont déjà en voie de traitement et ils ne peuvent absolument pas discuter de tout ce qui est en cours de traitement. J'ai décidé d'apporter un petit amendement au texte de ma motion, pour dire « les demandes actuelles », afin de répondre aux préoccupations exprimées par l'honorable M. Peterson, qui craint que ce processus s'éternise.
Je pense que ma motion a été jugée recevable. Pour moi, cette proposition est appropriée. D'autres membres ont mentionné que d'autres comités prennent également des mesures. Même si je ne crois pas que la demande de Mme Lavallée ne soit pas appropriée, étant donné que nous sommes tout de même le comité de l'accès à l'information, notre rôle consiste à donner des conseils sur les questions d'intérêt public dans divers domaines.
Je suppose que je pourrais continuer à parler pendant 50 minutes encore, mais ce ne serait pas juste, à mon avis. Je sais aussi que bon nombre de membres souhaitent que je parle pendant encore 50 minutes. Mais il a été suggéré que nous convoquions des témoins. Pour ma part, étant donné les renseignements que nous possédons maintenant, je serais très, très surpris qu'ils puissent comparaître devant nous, et à ce moment-là, nous n'aurons pas de motion, nous ne pourrons rien y faire et à quoi cela nous aura servi? Qu'est-ce que nous aurons obtenu?
Voilà pourquoi j'estime que ma motion est appropriée et permet au comité de faire ce qu'il a décidé de faire. C'est mon dernier mot sur la motion, monsieur le président. Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis content que nous soyons tous ensemble de nouveau pour traiter la motion soumise à l'examen du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique qui propose que ce dernier se saisisse de toute urgence de la question du rapport interne du ministère des Affaires étrangères et reçoive des témoignages afin de déterminer si la Loi aurait été transgressée…
Je veux m'assurer que les membres du comité savent ce que renferme la Loi de sorte que, si cette motion est adoptée ou quand elle aura été adoptée, les questions que nous poserons aux personnes qui pourraient ou non comparaître, selon qu'ils peuvent ou non le faire, munies des documents qui ont fait l'objet de demandes d'AAI… autrement dit, que nous leur posions des questions qui portent sur la Loi que le Commissariat à l'information est chargé d'appliquer, relativement à l'accès à l'information.
Je ne suis pas sûr que tous soient parfaitement au courant de tout ce que contient la Loi, mais le fait est qu'il existe des exemptions, comme nous l'a fait savoir le Sous-commissaire lorsqu'il a comparu devant le comité, me semble-t-il, et je vous disais tout à l'heure qu'il y en a au moins 13. Donc, il y en a plusieurs, et en l'occurrence, nous parlons d'une demande d'AAI visant un document des Affaires étrangères. Je vous ai fait une sorte de résumé tout à l'heure des différents domaines concernés. Bien souvent, les articles 13, 15, 17 et 21 s'appliquent aux activités du ministère des Affaires étrangères.
C'est important pour nous, comme nous sommes tous bien occupés et que nous pouvons ne pas avoir accès à toutes les informations que possède le Commissariat à l'information, ni savoir exactement ce que signifient ces articles.
Il se trouve que j'ai le texte de plusieurs d'entre eux devant moi, dont je pourrais peut-être vous entretenir. Il existe donc des exemptions.
Encore une fois, je rappelle aux membres du comité que cette loi n'est pas toute nouvelle; elle a été adoptée en 1983. Nous pourrions vous parler d'un cas où le Commissaire à l'information a rendu une décision qui a fait l'objet d'un appel par le gouvernement de l'époque — qui était libéral, me semble-t-il — et le gouvernement a donc renvoyé l'affaire devant les tribunaux en s'appuyant sur ces exemptions et exigences.
Si cette motion est adoptée, j'attendrai avec impatience de pouvoir examiner l'ensemble des affaires judiciaires et les circonstances entourant chacune d'entre elles. Toutes se sont conclues et sont connues du public. Nous avons donc le droit de demander d'avoir accès à cette documentation et aux témoins qui ont été mêlés à ces affaires — que ce soit des employés ministériels… il pourrait même s'agir du demandeur de l'information, ou le Commissaire et son personnel, qui pourraient peut-être venir nous expliquer pour quelles raisons ils estimaient qu'il fallait en interjeter appel, quelle a été l'issue, et comment ils ont tiré leurs conclusions.
Grâce à leurs témoignages sur les problèmes qui se sont présentés avant que le gouvernement conservateur n'arrive au pouvoir le 23 janvier 2006, les membres auront l'occasion d'en savoir plus sur les cas où le gouvernement au pouvoir à l'époque, qui était libéral, était d'avis que les conditions d'exemption étaient remplies. Par la suite, le Commissaire a dû lui intenter des poursuites.
Il devrait donc s'ensuivre une discussion fort intéressante sur les changements qu'il conviendrait d'apporter à la Loi pour réduire les cas de ce genre. Cela coûte très cher aux contribuables. Non seulement cela occupe le personnel, qui doit organiser des réunions, préparer des rapports et effectuer des analyses préliminaires…
Je pense bien que toutes ces affaires étaient conclues avant 2004, bien longtemps avant que nous n'arrivions au pouvoir. Mais nous parlons d'une période de plusieurs années, et il doit donc y avoir pas mal de recherche. Cela suppose nécessairement que le personnel devrait y consacrer beaucoup de temps. Et cela coûterait assez cher aux contribuables, mais ce travail est important, si nous décidons que c'est cela qu'il faut faire.
Ce sont des questions légitimes qu'on peut examiner une fois qu'une décision a été rendue par le Commissaire à l'information, et non en plein milieu d'une démarche qui est déjà en cours, comme c'est le cas ici.
Le titre d'une des rubriques des exceptions s'intitule « Responsabilités de l'État ». Je ne connais pas les détails des dispositions précises dont on parle ici, mais le titre « Responsabilités de l'État » indique clairement que, quel que soit le parti au pouvoir, ce sont les règles à suivre dans un certain nombre de cas.
L'article 15 est intitulé « Affaires internationales et défense ».
Dans cette motion, il est question d'un rapport du ministère des Affaires étrangères intitulé Afghanistan 2006; Good Governance, Democratic Development and Human Rights. Il est évident que l'article 15 s'applique directement à ce rapport.
Je n'ai pas les détails de ce qui s'est produit dans ce cas-là. Mais je sais pertinemment qu'il y a au moins une personne au ministère dont les activités sont semblables. Je crois savoir que, depuis environ 1978… Il est évident que la Loi n'était pas en vigueur en ce moment-là, mais il y a certainement des responsables de l'AAI depuis la création de la Loi.
Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais nous allons voir si cette motion est adoptée. À ce moment-là, je serais très heureux de convoquer toutes les personnes qui sont mêlées à cette histoire. La motion que j'ai proposée précédemment aurait permis d'y voir après que le Commissaire à l'information aurait rendu sa décision.
Nous parlons donc de personnes qui ont de l'expérience pour ce qui est de protéger les renseignements qui sont importants pour le Canada et pour d'autres pays, pour des raisons de sécurité… et de contribuer à créer des liens de confiance avec d'autres pays qui nous fournissent des renseignements importants, renseignements qui nous sont nécessaires pour prendre de bonnes décisions stratégiques par rapport aux situations qui se présentent dans les différentes régions du monde.
Sous la rubrique « Affaires internationales et défense », soit le paragraphe 15(1), nous lisons ceci:
Le responsable d'une institution fédérale peut refuser la communication de documents contenant des renseignements dont la divulgation risquerait vraisemblablement de porter préjudice à la conduite des affaires internationales, à la défense du Canada ou d'États alliés ou associés avec le Canada ou à la détection, à la prévention ou à la répression d'activités hostiles ou subversives…
Le rapport dont il est question est manifestement visé par l'exception prévue relativement aux affaires internationales et à la défense dont il est question au paragraphe 15(1). Il s'agit d'une affaire internationale. Ce document émane du ministère des Affaires étrangères. Il y est question des activités que nous menons en Afghanistan afin de favoriser la bonne gouvernance, le développement démocratique et la protection des droits de la personne. Les renseignements que renferme ce rapport auraient pu… Je ne le sais pas pour le moment, étant donné que la demande AAI n'a pas été examinée. Une demande d'accès à l'information a été faite, et le responsable de l'AAI a fourni au demandeur les renseignements obtenus des Affaires étrangères.
Si je comprends bien, cette décision fait maintenant l'objet d'un appel, et l'affaire a donc été renvoyée au Commissariat. Il est évident que ce dernier n'a pas encore rendu une décision et, par conséquent, il est peut-être tout à fait juste de dire que si l'on a cru bon de ne pas rendre publiques certaines portions du rapport, c'est parce que ces dernières concernaient justement des affaires internationales liées à l'Afghanistan.
La Loi prévoit clairement, au paragraphe 15(1), que dès lors qu'il est question de renseignements dont la divulgation risquerait de porter préjudice au Canada ou à ses associés… Dans le contexte actuel, je dirais qu'on peut certainement qualifier l'Afghanistan d'associé du Canada. Nous entretenons actuellement des relations très étroites et importantes avec ce pays, vu notamment la présence des femmes et des hommes fort courageux qui sont sur place et qui essaient d'y établir la démocratie et la protection des droits des hommes, des femmes et des enfants qui n'existent pas dans ce pays depuis plusieurs décennies.
Nous faisons plus que notre part. Nous travaillons là-bas avec environ 36 partenaires, mais j'estime, personnellement — et je pense bien que tous ceux ici présents sont du même avis — que le Canada fait sa part en Afghanistan et que sa contribution conduit au changement.
Donc, le rapport aurait pu avoir un impact et, en vertu de la Loi, qui a été définie par les élus avant que je n'arrive à la Chambre, une exemption est prévue pour cette même raison.
L'alinéa 15(1)a) se lit ainsi:
des renseignements d'ordre tactique ou stratégique ou des renseignements relatifs aux manoeuvres et opérations destinées à la préparation d'hostilités ou entreprises dans le cadre de la détection, de la prévention ou de la répression d'activités hostiles ou subversives.
En l'occurence, je ne sais pas, encore une fois, ce qui se trouve dans ce rapport, mais le responsable de l'AAI, une fois que le Commissaire aura rendu sa décision, sera en mesure de déterminer s'il répond ou non aux critères de l'alinéa 15(1)a) qui, comme vous le savez puisque je viens de vous les lire, concernent la tactique, la stratégie ou les manoeuvres militaires. Je ne sais pas ce que dit le rapport. Nous avons pris connaissance des portions qui ont été rendu publiques, mais le rapport dans son ensemble porte sur la bonne gouvernance et le développement démocratique. Nous avons des effectifs, à la fois militaires et non militaires, sur le terrain en Afghanistan qui font du bon travail humanitaire.
Donc, l'alinéa 15(1)a) pourrait être en cause et les mettre en danger. Nous avons le rapport et il est possible — je ne dis ni oui, ni non — que ce dernier ait un impact sur nos relations avec nos partenaires afghans. Peut-être ce rapport aurait-il fourni certains renseignements à des gens qui ne sont pas en faveur de notre présence là-bas, c'est-à-dire les personnes que nous considérons comme l'ennemi en Afghanistan. Peut-être aurait-il compromis les effets potentiellement positifs de nos efforts humanitaires là-bas, que l'on parle de l'ACDI ou d'autres organisations non gouvernementales qui fournissent de l'eau, qui aident à établir des systèmes d'éducation et qui ont toutes sortes d'activités de développement là-bas. J'estime qu'il est tout à fait approprié, comme le prévoit la Loi, que le gouvernement fasse preuve de responsabilité et s'assure que ne puisse être communiqué aucun renseignement qui compromettrait le travail qui s'accomplit là-bas.
L'alinéa 15(1)b) se lit ainsi:
des renseignements concernant la quantité, les caractéristiques, les capacités ou le déploiement des armes ou des matériels de défense, ou de tout ce qui est conçu, mis au point, produit ou prévu à ces fins;
Encore une fois, nous ignorons le contenu du document qui a été demandé, et le responsable de l'AAI aux Affaires étrangères a peut-être invoqué cet alinéa. Je ne sais pas s'il s'agit d'un des articles qui a pu être invoqué pour justifier la censure de certaines parties du rapport, mais c'est possible. Certains renseignements que présente le rapport ont peut-être été fournis par le gouvernement afghan et auraient compromis la sécurité, les tactiques ou les stratégies de nos militaires sur le terrain, qui font un excellent travail en notre nom en Afghanistan et qui risquent leur vie pour le faire. À mon avis, il est possible que le responsable de l'AAI estimait qu'ils seraient peut-être en danger si les renseignements que contient ce rapport devenaient publics. J'ignore la source de ces renseignements; mais il est possible qu'ils viennent du gouvernement afghan.
L'alinéa 15(1)c) se lit ainsi:
des renseignements concernant les caractéristiques, les capacités, le rendement, le potentiel, le déploiement, les fonctions ou le rôle des établissements de défense, des forces, unités ou personnels militaires ou des personnes ou organisations chargées de la détection, de la prévention ou de la répression d’activités hostiles ou subversives;
Encore une fois, ce sont manifestement des éléments qui relèvent de notre responsabilité, et je ne pense pas que les membres d'en face diraient que le Canada n'a pas la responsabilité de s'assurer que les renseignements qui sont diffusés au public ne compromettent pas notre rôle, notre rendement, nos capacités sur le terrain en Afghanistan, quand nous y menons nos différentes activités, puisque nous y assurons une présence militaire qui permettra d'élargir les activités de développement et d'aide humanitaire qui font partie de notre mission. De plus, nous avons fait un excellent travail pour ce qui est de permettre à l'Afghanistan d'avoir son premier gouvernement démocratiquement élu depuis de nombreuses décennies. Nous voulons nous assurer, et je pense qu'il incombe au gouvernement, en vertu des dispositions qui se trouvent dans la rubrique « Affaires internationales et défense » d'appliquer cette exemption au rapport en question. Donc, nous parlons d'une loi du Parlement légitime qui est en vigueur et qui est défendue par les députés. Il est possible que, dans le cas qui nous intéresse, le responsable a invoqué cet article pour justifier la censure de certaines portions du document.
L'alinéa 15(1)c) dit ceci:
des éléments d’information recueillis ou préparés aux fins du renseignement relatif à :
(i) la défense du Canada ou d’États alliés ou associés avec le Canada,
(ii) la détection, la prévention ou la répression d’activités hostiles ou subversives.
Évidemment, le débat s'articule autour de la possibilité de ramener le document afin de déterminer s'il y a eu ou non des violations de la Loi sur l'accès à l'information. Voilà un autre domaine où il est clair que l'Afghanistan constitue un État allié. Il est possible que les renseignements qui s'y trouvent ont été fournis par l'Afghanistan. Il est également possible que leur diffusion aurait porté préjudice au travail que les autorités afghanes essaient d'accomplir en matière d'aide humanitaire, de développement démocratique et de bonne gouvernance. J'ai l'impression que le responsable concerné a peut-être eu recours à cet article de la Loi pour protéger les renseignements fournis par ce pays et s'appuiera peut-être là-dessus pour déterminer quelles portions du rapport ne respectent pas les critères énoncés dans cette exemption.
Ensuite, nous avons l'alinéa 15(1)e), monsieur le président, qui se lit ainsi:
des éléments d’information recueillis ou préparés aux fins du renseignement relatif aux États étrangers, aux organisations internationales d’États ou aux citoyens étrangers et utilisés par le gouvernement du Canada dans le cadre de délibérations ou consultations ou dans la conduite des affaires internationales;
Là il faut admettre que nous parlons de questions où la censure pourrait être justifiée, mais nous n'en savons rien en réalité, puisque ce sont de pures conjectures. Il y a eu une demande d'accès à l'information par l'entremise de laquelle quelqu'un cherchait à obtenir ce document. C'est ce même document qui lui a été envoyé avec certaines portions censurées. L'intéressé a contesté cette décision — c'est ce que j'ai cru comprendre — et, par conséquent, nous devrions vraiment attendre que le Commissaire à l'information nous dise si cet article s'applique ou non.
Je me permets aussi de vous rappeler que le Commissaire à l'information a accès à toute la documentation. Il en va de même pour son personnel. Mais nous n'avons pas accès au rapport intégral. C'était contraire à la Loi d'envoyer ce rapport à la personne qui a présenté la demande d'AAI. Nous n'avons pas accès au rapport intégral. Il va falloir faire confiance au Commissaire à ce sujet — au Commissaire à l'information — mais, évidemment, cette motion ne permet pas au Commissaire à l'information de faire son travail d'abord, avant de venir nous présenter son rapport sur ce qui a été fait correctement et ce qui n'a pas été fait correctement. Peut-être que tout a été fait correctement. Nous n'en savons rien puisque nous n'avons pas l'information à ce sujet. Nous n'avons pas obtenu de rapport d'une tierce partie ou d'un organisme indépendant en qui nous avons confiance.
En fait, je me rappelle que tous les membres du comité étaient unanimes à appuyer la nomination du nouveau Commissaire à l'information et qu'on a longuement chanté ses louanges autour de cette table. Donc, surtout dans ce cas, étant donné que c'est la première question d'ordre politique qu'il a à régler, il faudrait, selon moi, attendre de voir ce qu'ils vont faire et faire notre propre évaluation par la suite. La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui empêche le Commissaire à l'information d'effectuer son travail, et j'ai l'impression que ce qu'il dira devant ce comité ne sera pas bien utile, étant donné qu'il ne pourra rien nous dire avant d'avoir terminé ce travail, ce qui est…
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Je vous remercie, monsieur le président.
L'alinéa 15(1)h) de la Loi se lit ainsi:
des renseignements contenus dans la correspondance diplomatique échangée avec des États étrangers ou des organisations internationales d’États, ou dans la correspondance officielle échangée avec des missions diplomatiques ou des postes consulaires canadiens;
C'est une supposition de ma part, mais j'imagine que certains renseignements fournis dans le rapport intitulé Good Governance, Democratic Development and Human Rights faisaient partie de notre correspondance officielle. Cette correspondance a pu venir de responsables du gouvernement du Canada qui sont sur le terrain là-bas, ou encore des autorités afghanes, et qu'il en a été question dans ce rapport.
Donc, il est clair que si les renseignements étaient contenus dans la correspondance diplomatique échangée avec des États étrangers, tels que l'Afghanistan, et si l'on était d'avis que ces renseignements pourraient avoir une incidence négative, d'après ce que je lis dans ces paragraphes, les responsables auraient eu le droit de censurer ces parties-là avant de remettre les documents en question à la personne qui a présenté la demande d'accès à l'information.
Mais, je n'en suis pas sûr, puisque nous n'avons vu le rapport. Pour ce qui est de l'article paru dans le Globe and Mail, je ne sais pas si quiconque sait s'il est exact ou non, étant donné que le rapport n'a pas été rendu public.
Donc, nous devrions parler de documents réels, non pas d'affirmations faites par d'autres. En réalité, nous ne savons même pas ce que contient ce document, puisque nous n'avons pas le droit de l'examiner. Et j'accepte cette décision-là. D'autres ne l'acceptent pas et ils ont donc interjeté appel auprès du Commissaire à l'information, qui prendra sa propre décision. Mais nous ne serons pas au courant de cette décision, étant donné que nous allons de l'avant rapidement avant même que le Commissariat ait l'occasion d'examiner la question et de faire une enquête en bonne et due forme.
L'alinéa 15(1)i) se lit ainsi:
des renseignements relatifs à ceux des réseaux de communications et des procédés de cryptographie du Canada ou d’États étrangers qui sont utilisés dans les buts suivants :
(i) la conduite des affaires internationales,
(ii) la défense du Canada ou d’États alliés ou associés avec le Canada,
(iii) la détection, la prévention ou la répression d’activités hostiles ou subversives.
Bien entendu, je ne sais pas ce que contient ce rapport, mais quand nous le verrons, nous constaterons peut-être qu'il porte sur la répression d'activités subversives. Il y a peut-être des passages qui portent là-dessus. C'est pour cela que ce responsable ministériel de l'AAI qui, selon mon évaluation de non-expert, doit avoir des années et des années d'expérience dans ce domaine et est probablement très, très occupé, étant donné tout le travail qu'il y a à faire — ce qui ne veut pas dire qu'on n'est pas en mesure de faire du bon travail… En fait, monsieur le président, je pense que des gens occupés font souvent un travail de grande qualité, parce qu'ils connaissent bien leur domaine et ils sont au courant de tous les éléments pertinents. Je me dis que, dans ce cas-ci, cette possibilité est tout à fait réelle.
La Loi prévoit également… parce que ce n'est pas nécessairement évident pour tout le monde… D'ailleurs, je m'excuse de vous parler uniquement en anglais aujourd'hui, mais c'est tout ce que je peux faire, même si j'essaie d'apprendre le français — et tout ce que je peux vous dire à ce sujet, c'est que c'est un projet en cours de réalisation.
En tout cas, il y a également un paragraphe qui présente les définitions, pour que les gens soient au courant. Le paragraphe 15(2) se lit ainsi:
« défense du Canada ou d'États alliés ou associés avec le Canada » Sont assimilés à la défense du Canada ou d'États alliés ou associés avec le Canada les efforts déployés par le Canada ou des États étrangers pour détecter, prévenir ou réprimer les activités entreprises par des États étrangers en vue d’une attaque réelle ou éventuelle ou de la perpétration d’autres actes d’agression contre le Canada ou des États alliés ou associés avec le Canada.
Donc, là on nous explique clairement ce qu'est un État allié, et il ne fait aucun doute que l'Afghanistan est un État allié du Canada.
Il n'est donc pas possible qu'une personne chargée d'examiner une demande d'AAI décide que l'Afghanistan n'est pas un État allié et que le rapport ne devrait donc pas être analysé dans cette optique. Certes, étant donné l'aide militaire et humanitaire que nous allons continuer à fournir jusqu'en 2009, et que le Parlement a approuvé sous le gouvernement libéral, puisque nous y assurons une présence depuis un moment — soit cinq ou six ans — le travail que nous y accomplissons est important, sur les plans à la fois militaire et humanitaire, et tout cela fait partie de la défense du Canada. Parlons donc d'une situation qui cadre tout à fait avec la définition prévue dans la Loi.
Maintenant, pour ce qui est « d'activités subversives ou hostiles »… on peut supposer que certains aient une définition différentes, mais la définition qui figure dans la Loi est bien claire. Elle se lit ainsi:
L’espionnage dirigé contre le Canada ou des États alliés ou associés avec le Canada;
Donc, il n'est même pas nécessaire que ce soit un espion ici au Canada ou que l'espionnage soit dirigé contre le Canada. S'il y a des espions au Canada dont les activités sont dirigées contre un pays étranger, comme l'Afghanistan, les États-Unis ou un de nos autres alliés — tels que la Grande-Bretagne ou l'Australie — nous avons le droit, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, et de l'exemption prévue dans la partie intitulée « Définitions » sous la rubrique « Affaires internationales et défense »… Disons que nous pouvons empêcher l'accès à cette information, si elle a été fournie par d'autres gouvernements ou par notre gouvernement, et que sa communication peut influer sur des activités qui peuvent être assimilées à de l'espionnage, activités ayant le potentiel d'influer non seulement sur le Canada mais sur d'autres pays. Voilà qui est clair dans les définitions.
C'est quelque chose qui a peut-être influencé la réflexion et la décision du responsable concerné lorsqu'il s'agissait de déterminer quelles portions du rapport seraient communiquées à l'auteur de la demande d'AAI.
Le deuxième élément est celui du « sabotage ». En l'occurrence, nous parlons d'un rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights. Je ne sais pas ce que contient ce rapport, étant donné que je n'ai pas pris connaissance du rapport intégral, mais il va sans dire que le sabotage est un enjeu important qui aurait pu influencer la décision. Étant donné les renseignements qui se trouvent dans ce rapport, et qu'ils visaient à permettre au gouvernement d'examiner la situation et de prendre des décisions d'intérêt public qui contribueraient à prévenir la sabotage, non seulement en Afghanistan mais ici au Canada, il n'est pas approprié et, de toute façon, l'interdiction est clairement établie dans la Loi… c'est peut-être la raison pour laquelle le responsable de l'AAI au ministère des Affaires étrangères a décidé que certains renseignements, sachant comment ils ont été obtenus, ne devaient pas être communiqués au public à l'heure actuelle.
L'alinéa 15(2)c) se lit ainsi:
les activités visant la perpétration d’actes de terrorisme, y compris les détournements de moyens de transport, contre le Canada ou un État étranger ou sur leur territoire;
Bien entendu, sous le gouvernement précédent, c'est-à-dire le gouvernement libéral, il y a eu les événements tragiques du 11 septembre. La sécurité est devenue par la suite un enjeu important, et elle continue de revêtir une très grande importance pour le Canada et pour les autres pays libres de ce monde. Il est question ici de détournements. On indique clairement ici que les actes de terrorisme peuvent constituer un motif — cela fait partie de la définition « d'activités subversives ou hostiles » — et tout cela est clairement défini dans la Loi, dans la section des « Définitions ». Les renseignements que renferme ce rapport, et que nous demandons à examiner et à analyser ici en comité, avant que le Commissaire à l'information ait pu les étudier… auraient très bien pu être de nature à influer sur des actes de terrorisme ou des détournements ou d'autres événements, ou être directement liés à de tels actes, qui seraient dirigés non seulement contre le Canada, mais aussi contre des États étrangers, et cela pourrait, évidemment inclure l'Afghanistan.
L'alinéa 15(2)d) se lit ainsi:
les activités visant un changement de gouvernement au Canada ou sur le territoire d’États étrangers par l’emploi de moyens criminels, dont la force ou la violence, ou par l’incitation à l’emploi de ces moyens;
Donc, vu la définition « d'activités hostiles », il aurait pu être question d'activités criminelles qui étaient menées par certains groupes, ou de la prévention d'activités criminelles. Mais si, de l'avis du responsable de l'AAI, les renseignements que renferme le rapport, quel qu'il soit, devenaient publics, étaient rapportés dans les journaux ou étaient obtenus par des gens qui essayaient de vaincre en Afghanistan, et qui pourraient se servir de cette information pour faciliter des activités criminelles ou des actes de violence, ou l'utilisation de la force, il va sans dire qu'il ne serait pas approprié de rendre publics de tels renseignements.
C'est peut-être pour cette raison que nous avons une telle disposition. Mais nous ne le saurons pas, monsieur le président, étant donné que nous sommes saisis d'une motion qui nous incite à nous saisir de toute urgence de cette question, avant que le Commissaire à l'information et son personnel ne puissent effectuer leur travail, examiner ces renseignements et voir à l'application des critères.
Pour le moment, je ne parle que de la section de l'article 15 qui porte sur les « Définitions ». Il y a aussi un certain nombre d'autres exemptions, 13 en tout, qui ont pu influer…
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Je ne l'ai pas sous les yeux pour le moment, mais il se trouve peut-être dans ma pile de documents. Je vais y arriver à un moment donné.
Ensuite, toujours dans la section des « Définitions », nous avons l'alinéa 15(2)e), qui se lit ainsi:
les activités visant à recueillir des éléments d’information aux fins du renseignement relatif au Canada ou aux États qui sont alliés ou associés avec lui;
Donc, si vous ne saviez pas vraiment ce qu'on entend par la collecte d'information aux fins du renseignement, vous avez dans cette loi, une loi qui est en vigueur depuis 1983, si je ne m'abuse, une définition très claire. Mais ces exemptions signifient clairement pour quiconque se charge de l'AAI dans un ministère — et, bien sûr, nous parlons de quelqu'un au ministère des Affaires étrangères. Cette loi ne s'applique pas uniquement aux Affaires étrangères; elle s'applique à tous les ministères fédéraux. Et, dans chaque ministère, il y a des responsables de l'AAI qui examinent les demandes d'accès à l'information et qui communiquent généralement, me semble-t-il, les renseignements demandés en temps opportun.
Il y a des situations, dont on nous a parlé, qui demandent du temps, sans doute plus de temps que nous souhaiterions. Mais j'estime que, pour ce qui est de protéger le Canada et nos alliés, il n'y a pas lieu de s'excuser d'avoir tenu compte des exemptions qui sont prévues relativement aux responsabilités de l'État, pour être sûr de savoir ce qui s'applique.
Donc, sous la rubrique « Définitions », dès lors qu'il s'agit d'éléments d'information aux fins du renseignement… je ne sais pas quels renseignements sont contenus dans ce rapport sur la bonne gouvernance, le développement démocratique et les droits de la personne, mais on pourrait éventuellement se servir de ce rapport, étant donné les renseignements qu'il contient, contre le Canada ou l'Afghanistan. Nous n'en savons rien, parce que nous n'avons pas vu le rapport. Le rapport communiqué au public a été censuré. Peut-être a-t-il été censuré pour les bonnes raisons mais, encore une fois, nous n'en savons rien parce que le Commissaire à l'information n'a pas encore rendu de décision à ce sujet. Et il n'a pas rendu de décision à ce sujet, même si ma motion lui aurait permis à lui, ou au Commissariat en général, de rendre une décision. Ma motion nous aurait permis de communiquer avec lui pour lui demander ce qu'il a fait et quels renseignements liés à cette question étaient contenus dans le rapport qui aurait dû ou n'aurait pas dû, être censurés. À ce moment-là, nous aurions une bonne base pour effectuer notre travail.
Sinon, je ne suis pas sûr de savoir ce sur quoi va déboucher cette motion, car cette dernière demande que le comité se saisisse de toute urgence de cette question, alors que nous ne possédons peut-être pas d'information utile. Si nous nous y attaquons la semaine prochaine, est-ce que l'affaire sera conclue s'il se présente devant nous en nous disant: « Malheureusement, nous ne sommes pas disponibles ou nous ne pouvons vous fournir ces renseignements, étant donné que nous faisons actuellement enquête sur la question. » Donc, ce qui est urgent pour nous peut ne pas l'être pour eux. Malgré tout, je suis convaincu qu'ils comprennent l'importance politique de ce document et qu'ils feront le nécessaire pour que tout soit fait correctement.
L'alinéa 15(2)f) se lit ainsi:
les activités destinées à menacer, à l’étranger, la sécurité des citoyens ou des fonctionnaires fédéraux canadiens ou à mettre en danger des biens fédéraux situés à l’étranger.
Pour moi, cet élément est très important. Il est question dans cet alinéa d'activités destinées à menacer la sécurité des Canadiens — et là je ne parle pas uniquement des Canadiens qui vivent ici ou des militaires canadiens qui sont sur le terrain en Afghanistan, et qui sont en réalité des employés du gouvernement du Canada. Je me permets de rappeler aux membres du comité que ces excellents hommes et femmes soldats qui représentent notre pays et qui font un travail très important, très dangereux et très difficile en Afghanistan, sont des employés du gouvernement du Canada. Nous devons faire l'impossible pour nous assurer que leurs activités et que leur sécurité ne sont pas menacées par des renseignements qui pourraient être obtenus du rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights s'il était diffusé en version intégrale.
Il est possible qu'il contienne de tels renseignements, comme il est possible qu'il n'en contienne pas. Nous n'en savons rien; nous ne le saurons pas. J'ai entendu tout à l'heure, quand mon collègue a soulevé cette question, qu'il y aurait un rapport non censuré que quelqu'un possède et qui a été obtenu par l'entremise d'une demande d'accès à l'information. Mais je ne sais pas si la possession de ce document est légale. Je ne suis pas avocat, et je ne vais donc pas me prononcer sur la question, car vous ne voudriez pas que je me prononce sur la mesure dans laquelle on peut légalement posséder de tels documents.
Mais, en tant que comité, nous devrions, me semble-t-il, nous en tenir à examiner des documents obtenus légalement, plutôt que d'encourager les gens à obtenir des documents du gouvernement, ou tout autre document, de façon illégale et de les traiter comme des éléments de preuve. C'est un peu comme si on disait que, si une personne entre par effraction dans les locaux d'une compagnie pour mettre la main sur des renseignements concernant le vol de leur identité — et nous en parlions justement plus tôt aujourd'hui… Pour moi, si l'intéressé a dû entrer par effraction dans les locaux d'une compagnie pour obtenir les renseignements en question — s'il les a volés, en d'autres termes — nous ne devrions pas juger approprié de les examiner. Pour moi, cela dépasse de loin ce qui est acceptable, étant donné notre obligation et notre responsabilité de faire observer la loi. Si quelqu'un obtient quelque chose de façon illégale, nous devrions la juger irrecevable dans cette enceinte. D'ailleurs, je mets en garde quiconque envisage de déposer des renseignements ou documents obtenus de façon illégale; cela pourrait donner lieu à l'implication d'autres autorités — peut-être celles dont c'est la responsabilité de faire respecter la loi, et notamment le droit criminel — plutôt que nous.
Donc, monsieur le président, mention est faite de plusieurs rapports. Si cela vous intéresse de savoir où le gouvernement de l'époque, qui avait l'appui de la Chambre des communes, a obtenu cette information, eh bien, vous pouvez vous reporter à certaines décisions judiciaires, qui ne concernaient pas le Commissaire à l'information, qui remontent à 2002.
En 2002, un rapport a été préparé sur l'article 15, soit la rubrique intitulé « Affaires internationales et défense ». Ce rapport a été produit avant que nous ne soyons au pouvoir et portait sur les exemptions qui entrent en ligne de compte dans le cas de ce document, et nous appuyons les motifs qui ont donné lieu à leur inclusion.
Il y avait également un autre rapport — un répertoire d'études de cas et de résumés de décisions judiciaires qui concernaient la période entre 1994 et 2002 — c'est-à-dire, depuis le dépôt et l'adoption de la Loi. Je dirais que ce sont les libéraux qui commandaient à ce moment-là. C'est eux qui étaient au pouvoir.
Donc, ils ont examiné un certain nombre d'études de cas, encore une fois, en vue de justifier les exemptions qui se trouvent dans cet article 15.
Les membres du comité peuvent s'y reporter afin de déterminer si la censure du document était appropriée ou non. Je ne sais pas si nous allons finir par faire cette évaluation. Ce n'est pas vraiment notre rôle. Pour moi, c'est le rôle du Commissaire à l'information et des tribunaux, le cas échéant.
En 2001-2002, il y a eu l'affaire Imperial Consultants of Canada Ltd. c. Canada. Cela ne concernait pas les affaires étrangères. Cela concernait plutôt le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration… Bien sûr, le ministère des Affaires étrangères a normalement un rôle à jouer dans ce contexte, mais cette affaire concernait plus précisément une décision relative aux exemptions prévues à l'article 15, décision qui appuyait le maintien de ces dispositions.
En 2001-2002, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a produit un rapport. Encore une fois, c'était à l'époque où les libéraux étaient au pouvoir. En 2001-2002, le rapport intitulé « Aspects négatifs du rendement - Lutte contre le terrorisme et secret »… Donc, un rapport a été préparé au sujet de l'orientation de la loi et la mesure dans laquelle la Loi sur l'accès à l'information donnait de bons résultats, notamment en ce qui concerne les exemptions, et plus particulièrement celles inscrites sous la rubriques « Affaires internationale et défense » à l'article 15.
En 2000-2001, il y a eu un rapport sur la divulgation des adresses électroniques, qui a peut-être eu un impact concret sur les affaires internationales et la défense, étant donné qu'on peut se servir de ces adresses électroniques pour d'autres fins.
Dans le rapport de 2000-2001, sous la rubrique intitulée « Réformes des documents confidentiels du Cabinet », ils ont étudié la question de savoir ce qu'est un document confidentiel du Cabinet et la mesure dans laquelle ces derniers ont visés par la Loi sur l'accès à l'information, et notamment les exemptions prévues relativement aux affaires internationales. Encore une fois, leurs conclusions sont favorables au maintien de cet article.
En 2000-2001, il y a eu un autre rapport sur l'article 15 dans une section intitulée « Affaires internationales et défense nationale ». Il y a eu deux autres affaires judiciaires, qui ne concernaient pas le Commissariat, en 1999-2000 et en 1998-1999.
Donc, s'agissant de cet article en particulier — c'est-à-dire l'article 15 — je vous ai lu chaque alinéa, et j'espère que vous avez assimilé cette information. J'espère que cela vous aidera à comprendre au moins cette partie qui porte sur les affaires internationales et la défense, et les raisons pour lesquelles nous devons d'abord entendre l'évaluation du Commissaire lui-même, une fois qu'il aura analyser les renseignements qui étaient disponibles ou non.
Bien sûr, nous ne possédons aucun rapport obtenu par des moyens légaux — celui qui concerne la bonne gouvernance, le développement démocratique et les droits de la personne — et je n'ai pas non plus vu les parties censurées, mais nous avons tout de même certains renseignements. Les définitions sont là… nous avons également des rapports qui nous expliquent pour quelles raisons ces exemptions sont importantes et pourquoi il est justifié de les maintenir dans la Loi. Si cette motion est adoptée, nous allons certainement convoquer le Commissaire à l'information, afin de voir si lui ou le Sous-commissaire peuvent nous éclairer à ce sujet. J'ai l'impression que non, parce que leur travail est déjà en cours et nous n'y pouvons rien.
Il y a une autre section qui s'intitule « Sécurité des individus ». Cela concerne également les exemptions prévues pour les affaires internationales; c'est en rapport avec la rubrique intitulée « Responsabilités de l'État », responsabilités que nous prenons très au sérieux de ce côté-ci de la Chambre. Nous avons des responsabilités envers les citoyens du Canada et envers tous ceux qui sont sur le terrain en Afghanistan.
Il y a un autre article où on parle de la sécurité des individus. Il se lit ainsi:
Le responsable d’une institution fédérale peut refuser la communication de documents contenant des renseignements dont la divulgation risquerait vraisemblablement de nuire à la sécurité des individus.
Cela ne pourrait pas être plus clair, me semble-t-il. Ce document pourrait, selon l'opinion de la personne qui joue ce rôle au sein du ministère… selon qu'il est décidé que la question de la sécurité des individus est importante dans le contexte de cette loi ou plutôt du document concerné…
La question s'articule autour de la bonne gouvernance, du développement démocratique et des droits de la personne. Il y a une section qui porte sur les droits de la personne, et nous devons nous assurer que les renseignements qui seront communiqués au public n'influeront pas sur la protection des droits de la personne ou que tout renseignement qui pourrait être divulgué ne risquerait pas de compromettre la sécurité des individus.
Il y a un très grand nombre de Canadiens qui travaillent sur le terrain en Afghanistan tous les jours. Est-ce que les renseignements que renferme ce rapport risque de compromettre leur sécurité? Je n'en sais rien, et nous ne le saurons pas tant que le Commissaire à l'information n'aura pas rendu une décision à ce sujet. Mais si cette motion est adoptée, nous ne savons pas du tout ce qu'il va en être.
Je suis donc contre la motion, telle qu'elle est actuellement libellée, car je ne suis pas sûr qu'elle permettra réellement de protéger la sécurité des individus. Et cela s'applique aux citoyens canadiens.
En vertu des définitions inscrites dans la Loi, nous avons manifestement l'obligation et la responsabilité de protéger également le peuple afghan, étant donné les renseignements qui ont pu être fournis par le gouvernement afghan et dont il est peut-être question, partiellement ou intégralement, dans ce rapport. Nous ne savons pas la place que peuvent avoir ces renseignements dans le rapport; peut-être n'en est-il pas du tout question. Mais j'ai l'impression que nous avons dû tenir des consultations avec eux, puisqu'il s'agissait d'un examen des activités menées en Afghanistan en 2006, et ils ont dû nous fournir certains renseignements au sujet des progrès qu'ils accomplissent sur le plan démocratique… le fonctionnement du gouvernement, les programmes sociaux qu'ils commencent à élaborer, les opérations militaires et les efforts déployés relativement au maintien de l'ordre.
Donc, ils ont pu nous parler de problèmes particuliers liés au maintien de l'ordre, par exemple, ce qui a des conséquences directes pour la sécurité des individus, pas seulement des personnes qui sont sur le terrain et qui sont des citoyens canadiens, mais des civils afghans aussi. Il pourrait y être question de difficultés liées au renforcement des capacités de la police afghane et, en conséquence, la diffusion de cette information pourrait compromettre le travail qu'effectue cette dernière, de même que la sécurité des policiers eux-mêmes.
Bien sûr, je ne sais pas si ces renseignements auraient dû être diffusés ou non. Nous n'avons pas vu le rapport. Ces parties-là ont été censurées. Évidemment, le Commissaire à l'information a déjà reçu plusieurs plaintes à ce sujet, et il prendra ses propres décisions. Lui et ses enquêteurs pourront examiner le rapport intégral — alors que nous ne pouvons pas le faire ou ne devrions pas le faire — et c'est le Commissaire qui rendra une décision et qui nous en parlera par la suite. Il relève de la Chambre des communes, et non du comité, et il lui incombe donc de faire savoir à la Chambre si de plus amples renseignements auraient pu être communiqués sur la question. Il pourrait s'agir de quelques phrases, de tout le document, ou de rien du tout, étant donné les dispositions d'exemptions que je vous ai lues tout à l'heure, qui sont inscrites dans la Loi et sur lesquelles le responsable de l'AAI aurait pu se fonder pour prendre sa décision.
En fin de compte, rappelons-nous que ce n'est pas une machine qui fait ce travail; ce sont des personnes qui connaissent à fond la Loi et les questions liées à l'accès à l'information et qui travaillent pour leur organisme depuis de nombreuses années. Si j'ai bien compris, ce n'était pas un nouvel employé qui a pris ces décisions, mais plutôt une personne qui en est chargée depuis un certain temps et qui comprend très bien quelles sont les responsabilités des uns et des autres.
Mais c'est une seule personne qui prend la décision. Est-ce possible qu'elle se soit trompée? Absolument, moi-même, il m'est arrivé une fois ou deux de me tromper…
Une voix: Pas possible!
M. Mike Wallace: Non, c'est vrai, et j'ai l'habitude de régler tout problème qui me concerne personnellement, et si des mesures correctives s'imposent, c'est très bien. Mais il ne nous appartient pas de faire cela. Nous pouvons parler simplement des questions d'intérêt public qui sous-tendent ces exemptions. Ces dernières sont-elles essentielles? Faut-il les changer? Faut-il améliorer les définitions, que l'on parle de l'article 15 ou de l'article 17? Le fait est que nous avons beau avoir le texte de la Loi devant nous, nous n'avons pas la capacité de prendre cette décision.
Par contre, nous avons accès à des professionnels et nous leur avons demandé de faire un examen indépendant de la question. Voilà ce que nous leur avons demandé de faire. Certaines personnes leur ont demandé cela; ce n'est pas moi qui l'ai demandé, mais le demandeur individuel l'a fait. Une fois que ce sera fini et que le Commissaire aura rendu une décision — et j'emploie le mot « décision » à bon escient, puisqu'il s'agit bien de cela, étant donné que le Commissaire exprime son opinion… Et le Commissaire nous a dit précédemment que, même s'il ne peut pas forcer un ministère à faire quelque chose, ils ont d'autres moyens, et dans la grande majorité des cas, ces moyens portent leurs fruits. Mais j'ai tout de même une liste de 50 dossiers où cela n'a pas été le cas. Peut-être devrions-nous essayer de déterminer en quoi c'était différent quand les libéraux étaient au pouvoir, et dans quelles situations précises ils ont refusé d'opérer les changements proposés par le Commissaire. Peut-être avaient-ils de bonnes raisons de refuser, mais ils ont dû renvoyer l'affaire devant les tribunaux, et ils n'ont pas eu gain de cause. Il serait donc bon de se pencher là-dessus dans l'avenir. Je vais y réfléchir et je vous reviendrai à ce sujet.
Nous n'avons pas ces réponses alors que nous en avons sur cet article-là. Il est évident que cet article a fait l'objet d'une étude, et permettez-moi de vous parler des rapports à ce sujet. Tous ces rapports remontent à 2002 ou plus loin; donc, ce n'est pas comme si ce gouvernement conservateur, le nouveau gouvernement du Canada, avait opéré des changements importants dans ce domaine. Nous nous contentons de nous conformer aux exigences de la Loi, Loi que nous n'avons pas modifiée et que nous appliquons dans chacun des cas qui se présentent. Les exemptions dont je vous parle concernent les responsabilités de l'État. Je vous ai déjà parlé de l'importance des relations qui passent par le ministère des Affaires étrangères et du fait que cette exemption s'applique aux affaires internationales et à la défense.
Maintenant je vous parle de l'exemption qui concerne la sécurité des individus, et il est tout à fait normal que nous ayons la possibilité de protéger les gens, à la fois nos citoyens et nos alliés, vu les renseignements qu'ils ont pu nous fournir à titre confidentiel. Imaginez-vous que le Canada fournisse certains renseignements à un autre pays à titre confidentiel, pour l'aider à prendre la décision de travailler de concert avec nous — mettons, pour participer aux grandes opérations, à la fois humanitaires et militaires que nous menons en Afghanistan — et que ces renseignements deviennent publics au pays en question, si bien que le gouvernement, qui aurait dû être en mesure de prendre une décision éclairée sur la question, se trouve sur la sellette parce que les médias locaux cherchent à lancer une polémique à ce sujet?
Des décisions doivent être prises au sujet des renseignements. Nous prenons tous des décisions au sujet des renseignements. Certains de ces renseignements sont confidentiels, et ce pays fournit des renseignements confidentiels à d'autres pays au sujet du Canada, de leur pays, et de pays avec lesquels nous traitons, renseignements qui peuvent contribuer à protéger la sécurité des individus et des activités liées aux affaires internationales et à la défense — ce sont seulement deux parties de la Loi.
Mais, s'agissant des rapports sur lesquels je me permets d'attirer votre attention, il y en a un qui remonte à 2002 qui comprend une section intitulée… Remède radical pour corriger les retards. Si vous lisez ce rapport, vous comprendrez, me semble-t-il, que la protection de la sécurité des individus est très, très importante et que tout retard peut porter préjudice à ces individus. Je vous recommande donc de lire ce rapport qui est, d'ailleurs, favorable au maintien des exemptions inscrites dans la Loi.
Il y avait également un rapport en 2002 au sujet de la sécurité des individus, soit l'article 17 de la Loi — un rapport spécial qui visait à établir que les exemptions que nous avons inscrites dans la Loi font bien ce qu'elles sont censées faire pour ce qui est de protéger les Canadiens, non seulement au Canada mais à l'étranger, de même que nos alliés des différentes régions du monde.
Mais, encore une fois, cela ne s'est pas fait en vase clos. J'ai devant moi plusieurs rapports différents, monsieur le président. Il y a eu de nombreuses études de cas, et il y a aussi des résumés qui sont disponibles… il s'agit d'affaires judiciaires conclues entre 1994 et 2002.
Le rapport dont je vous parlais tout à l'heure concernant l'affaire Imperial Consultants Canada Ltd. c. Canada (ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration), concernait la sécurité des individus. La décision était favorable à l'exercice des responsabilités de l'État. Elle était favorable au maintien de l'exemption inscrite dans cette loi qui a été élaborée par le Parlement et qui a l'appui de la grande majorité des parlementaires depuis deux décennies.
Il y a également le rapport dont je vous ai parlé tout à l'heure qui a été préparé sous le gouvernement libéral et il porte sur la réforme des documents confidentiels du Cabinet. Il est favorable au maintien de l'exemption relative à la sécurité des individus et affirme que c'est une exemption qu'il convient de garder dans la Loi relativement aux responsabilités de l'État. Il y a une rubrique qui porte ce titre; vous allez la trouver dans la liste.
D'ailleurs, si vous souhaitez avoir accès à certains de ces renseignements, vous pouvez les obtenir directement sur Internet. Cette information est disponible à tout le monde, pas seulement à nous, en tant que parlementaires, bien entendu, mas à l'ensemble de la population canadienne. En fait, par le biais d'Internet, le monde entier peut en prendre connaissance.
En 2001, il y a eu le rapport intitulé Remède radical pour corriger les retards, dont je vous ai déjà parlé, mais il est également question ici d'une autre section qui devrait vous intéresser.
Un autre rapport important remonte à 1999-2000 et s'intitule Crainte de représailles, et il convient d'y jeter un coup d'oeil. Dans ce cas, l'examen portait sur la notion selon laquelle il devrait y avoir, dans la Loi sur l'accès à l'information, une exemption au titre de la sécurité des individus qui permettrait de protéger les gens contre la possibilité de représailles.
Et qui sait? Je n'en sais rien. Vous ne savez pas si les renseignements que renferme le rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights, dont nous débattons aujourd'hui, auraient pu, s'ils avaient été communiqués autrement qu'avec des portions censurées, compromettre la sécurité de quelqu'un, des Canadiens ou des non-Canadiens, en Afghanistan ou ici au Canada. Est-ce que la communication de ces renseignements aurait pu susciter des craintes de représailles? Je ne sais pas de quel genre de représailles il pourrait s'agir —peut-être une peine d'emprisonnement. J'espère bien que non, mais peut-être aurait-il pu être question de violence, ou de la perte d'un emploi. Je ne sais pas du tout de quel type de représailles il pourrait s'agir.
Évidemment, nous n'en savons rien. Et nous ne devons pas le savoir, puisque le rapport a été remis au Commissaire de l'information pour qu'il rende une décision sur les autres renseignements qui peuvent être communiqués au public. Et nous devrions attendre que cette décision ait été prise. Je fais pleinement confiance au Commissaire, dont la candidature a reçu l'appui unanime du comité pour sa capacité de prendre de bonnes décisions.
Et nous avons cité… Mme Lavallée était mécontente que j'en aie cité des passages. Il a écrit un livre sur la procédure à la Chambre des communes — lui et son associé. Nous nous fions beaucoup à ce livre.
Une voix: Celui de Marleau et de Montpetit. Je l'ai ici. Il est formidable, ce livre.
M. Mike Wallace: Et nous devrions continuer de nous fier à la capacité du titulaire de ce poste de rendre une décision appropriée sur cette question.
Ce sont donc les deux points que j'aimerais explorer avec vous.
J'ai une dernière intervention à faire, s'il me reste suffisamment de temps, monsieur le président.
Vous avez tout votre temps.
M. Mike Wallace: Merci beaucoup.
Il s'agit de l'exemption prévue à l'article 21. Encore une fois, c'est sous la rubrique « Activités du gouvernement ». Ce n'est pas un article qui a été proposé par le gouvernement conservateur. Il fait partie intégrante de la Loi que tous les employés du gouvernement — et des gouvernements précédents — qui sont chargés de l'AAI doivent appliquer pour déterminer si certains renseignements devraient ou non être communiqués aux demandeurs et dans quelle mesure la communication des renseignements peut influer sur les activités du gouvernement.
C'est une décision qui est difficile à prendre, et je pense que nous devons justement nous pencher sur cette question de l'accès à l'information — j'en ai parlé avec mon collègue du Nouveau Parti démocratique à l'extérieur de la salle de comité, et on a cité mes propos à ce sujet dans les médias — afin de nous assurer que les gens obtiennent les renseignements qu'ils ont le droit d'avoir, et ce en temps opportun.
Mais quand je dis qu'ils devraient obtenir les renseignements « qu'ils ont le droit d'avoir », cela ne veut pas dire que le gouvernement au pouvoir devrait être tenu de leur donner des renseignements qui lui ont été fournis à titre confidentiel ou qui pourraient nuire aux activités du gouvernement. Et quand on parle des « activités du gouvernement », on ne parle pas de l'achat de crayons, de la réservation de salles de réunion et de l'assistance aux réunions; les activités du gouvernement comprennent également les opérations militaires et nos projets pour nos forces armées.
Imaginez qu'une partie du rapport devienne publique, ce qui permettrait à nos ennemis en Afghanistan de connaître la nature de nos prochaines opérations, notre future position sur le terrain et les zones que nous comptions cibler dans les prochaines semaines en vue d'éliminer les talibans. Imaginez ce que l'accès à cette information pourrait avoir comme conséquence pour ce qui est de leur capacité de tendre une embuscade à nos hommes et nos femmes militaires.
Donc, il ne faut pas concevoir ces activités dans le sens étroit du terme, parce que quand on parle « d'activités », on dirait qu'on parle des activités administratives d'un gouvernement au jour le jour. Et il faut donc savoir quand il convient de divulguer certains renseignements et quand il convient de ne pas les divulguer.
C'est pour cette raison qu'au fil des ans — à juste titre, à mon avis — les budgets sont toujours restés secrets jusqu'au moment de leur dépôt, afin que personne au Canada ou ailleurs ne puisse profiter des décisions qui ont été prises et qui vont être annoncées à une certaine heure, un certain jour. Ce sont des activités du gouvernement. Imaginez un peu ce qui arriverait sur les marchés si cette condition n'existait pas et si des renseignements de cette nature pouvaient être communiqués au public. Les gens pourraient s'enrichir. Cela donnerait un avantage injuste à ceux qui auraient accès à cette information. C'est pour cela que, lorsqu'on pense aux activités du gouvernement, il ne faut pas penser uniquement aux activités mineures, c'est-à-dire aux opérations au jour le jour du Parlement, mais également aux documents et renseignements qui deviendraient disponibles, si cet exemption n'existait pas.
Par exemple, au paragraphe 21(1), sous la rubrique intitulée « Avis, etc. », on lit ceci:
Le responsable d’une institution fédérale peut refuser la communication de documents datés de moins de vingt ans lors de la demande et contenant :
a) des avis ou recommandations élaborés par ou pour une institution fédérale ou un ministre;
Je serais très surpris que quelqu'un conteste la légitimité de cette disposition. Premièrement, on peut croire que son parti ne sera jamais au pouvoir; c'est possible. Mais ceux et celles d'entre nous qui pensent que leur parti sera un jour au pouvoir, ou dont le parti est déjà au pouvoir, sont également d'avis qu'un ministre de la Couronne devrait pouvoir obtenir des conseils confidentiels sur diverses questions, qu'elles soient d'ordre économique, environnemental ou militaire — pour n'en citer que quelques-uns des domaines les plus importants. En conséquence, les conseils qu'ils obtiennent de leur personnel ou d'experts dans le domaine en question, qui ne veulent pas nécessairement qu'on les associe à ces opinions, devraient être protégés, conformément à l'exemption prévue sous la rubrique « Avis ».
Il est possible, évidemment, que ce document contenait des conseils qui étaient destinés au ministre. Je ne le sais pas. C'était tout de même un document du ministère des Affaires étrangères. Je ne sais pas quels avis ou conseils il a pu contenir. Il est possible que le responsable de l'AAI a invoqué cet article; c'est une simple possibilité. Nous ne le saurons pas, bien entendu, car nous n'aurons pas l'occasion de l'apprendre. Si nous convoquons ces témoins, comme le Commissaire à l'information est déjà saisi de la question, j'ai l'impression qu'il ne sera pas en mesure de nous fournir des renseignements qui nous permettraient d'approfondir davantage la question.
Mais les avis sont importants. Les recommandations sont importantes, et elles sont incluses dans cette exemption. Écoutez, de notre côté comme du vôtre, nous faisons des recommandations aux ministres. Je sais que je l'ai déjà fait, verbalement et par écrit. Ces renseignements pourraient devenir publics, ou non, selon qu'ils portent sur des questions de sécurité nationale ou d'autres questions importantes. Je n'ai jamais fait de recommandations comportant ce genre d'information. D'ailleurs, si quelqu'un me le demandait, je fournirais avec plaisir les recommandations que j'ai faites à divers ministres.
Mais d'aucuns estiment qu'un ministre de la Couronne ou les responsables d'une institution fédérale — si j'ai bien compris, cela comprend d'autres organismes fédéraux, et pas seulement les ministères — peut posséder des renseignements critiques qu'il ne juge pas approprié de rendre publics.
Je vais vous donner un exemple un peu farfelu. Qu'arriverait-il, monsieur le président, si les gens avaient un accès libre à tous les renseignements qui existent sur les heures prévues pour les changements de quart des gardiens de prison, sur l'aménagement des locaux et sur le système de sécurité implanté dans les prisons? À mon avis, ce ne serait pas une bonne chose pour un gouvernement. À mon sens, ce ne serait pas le bon choix si nous permettions que de tels renseignements deviennent publics, et que d'autres puissent s'en servir à mauvais escient, et non seulement pour des raisons théoriques ou parce que cela les intéresse.
L'alinéa 21(1)b) se lit ainsi:
des comptes rendus de consultations ou délibérations auxquelles ont participé des administrateurs, dirigeants ou employés d’une institution fédérale, un ministre ou son personnel;
Donc, s'agissant de cette exemption dans la Loi sur l'accès à l'information, si un sous-ministre, un ministre important ou un haut fonctionnaire d'une société d'État ou d'un autre organisme fournit certains renseignements ou certains conseils, soit par écrit, soit verbalement — il faudrait, évidemment, que ce soit par écrit, parce qu'on ne pourrait pas faire cela verbalement — sur une question importante d'intérêt public, c'est-à-dire une mesure qu'il faut prendre afin de protéger les Canadiens, de faire quelque chose de positif pour l'environnement, ou une mesure qui pourrait avoir un impact sur les marchés financiers, eh bien, on ne peut pas en conscience décider que de tels renseignements devraient être rendus publics… le responsable de l'AAI au ministère a la capacité, les connaissances et le droit de déterminer qu'il convient d'invoquer cette exemption et que les renseignements concernés respectent les conditions de l'exemption, étant donné que leur communication pourrait porter préjudice non seulement au Canada, mais à des personnes…
Je vous ai déjà cité différents exemples, mais un autre bon exemple serait le ministère de la Sécurité publique. Il peut y avoir des noms et toutes sortes de renseignements qui sont communiqués au ministre par ses hauts fonctionnaires au sujet de différentes questions de sécurité qui intéressent le Canada. Imaginez-vous ce qui arriverait si cette exemption n'existait pas et tous ces documents étaient du domaine public?
:
Non, je vais toujours vers l'avant.
Je n'ai pas encore parlé de l'alinéa 21(1)c), qui a pu être invoqué dans le cas du rapport sur la bonne gouvernance, le développement démocratique et les droits de la personne et dont parle Mme Lavallée dans sa motion. Je ne sais pas si cet alinéa est en cause ou non, mais parlons-en un moment. Il se lit ainsi:
des projets préparés ou des renseignements portant sur des positions envisagées dans le cadre de négociations menées ou à mener par le gouvernement du Canada ou en son nom, ainsi que des renseignements portant sur les considérations qui y sont liées;
Donc, aux termes de cet alinéa, le gouvernement a le droit, conformément à l'article relatif aux avis qui prévoit des exemptions pour les activités du gouvernement, de censurer les renseignements relatifs à tout avis portant sur des négociations avec le gouvernement du Canada. Nous ne savons pas si c'est le cas, étant donné que nous n'avons pas vu le rapport. Mais considérons un moment le titre du rapport, soit Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights. Il est possible, selon moi, que ce rapport fasse allusion à des positions ou des projets définis en vue de nous aider à négocier avec le gouvernement afghan. Nous n'en savons rien, mais il est évident que les conseils ont pu être fournis par écrit, à la fois de la part des autres ministères…Ils auraient pu émaner du ministère des Affaires étrangères ou encore du gouvernement afghan. Ensuite, ces conseils ont peut-être été incorporés dans le rapport.
Aux termes de la Loi, le responsable de l'accès à l'information affecté au ministère a le droit, pas seulement le droit mais la responsabilité, d'examiner les avis ou les conseils qui peuvent être visés par l'exemption prévue pour les activités du gouvernement et de censurer cette information afin que le public n'y ait pas accès.
L'inconvénient, monsieur le président, est que, si cette information était communiquée au public — pas seulement dans ce rapport-ci, mais dans n'importe quel rapport — qui acceptera par la suite de dispenser des conseils au ministre? S'il est possible que vous fassiez des observations assez énergiques au sujet d'un autre gouvernement, par exemple, ou un ministère, un programme ou une politique du gouvernement, pourquoi accepteriez-vous de donner des conseils, surtout par écrit, s'il est possible que cette information soit diffusée avant que l'on puisse en profiter?
Supposons que nous soyons en négociation avec un autre pays ou qu'un organisme gouvernemental soit en négociation avec un autre organisme gouvernemental. Peut-être que ces négociations portent sur un terrain ou une propriété. Peut-être sommes-nous en négociation afin de faire sortir nos gens d'une situation militaire dangereuse. Peut-être sommes-nous en négociation pour envoyer des militaires au Darfour sous l'égide de l'ONU. Peut-être sommes-nous donc en pleine négociation — peut-être — et le ministère reçoit des conseils à ce sujet — des conseils par écrit — qui émanent de l'ONU, du Soudan et de nos alliés. Mais ces renseignements ne sont pas protégés, puisqu'ils ne sont pas visés par une exemption. Mais il se trouve que ces renseignements sont effectivement visés par une exemption. Et des conseils de ce genre auraient très bien pu se trouver dans ce rapport. C'est peut-être pour cette raison que le responsable de l'accès à l'information a censuré certaines portions du rapport, afin de s'assurer que le public, les citoyens canadiens et nos alliés étaient protégés contre toute possibilité de diffusion.
En fait, si nous n'avions pas cet alinéa relatif aux négociations menées par le gouvernement du Canada ou en son nom, il y aurait très peu de discussion diplomatique entre nos différents pays en vue de faire avancer certains dossiers. Tout se limiterait au niveau social. Nous entretiendrions de bonnes relations sociales avec tout le monde, ce qui est positif — entendons-nous: cet élément est bien important. Il est essentiel d'entretenir de telles relations. Mais une fois que ces relations sont établies — même dans la conduite de nos affaires en tant que députés — il faut en venir à l'essentiel, à un moment donné, quel que soit le sujet qu'on examine, et parfois nous serons d'accord, et parfois, non. Mais si tout cela est couché par écrit, cela pourrait par moments porter préjudice, non seulement au Canada, mais au pays qui nous a peut-être fourni ces renseignements. Donc, cette protection est essentielle.
Et voilà ce que prévoit cet alinéa. Il permet de protéger les ministères et autres organismes du gouvernement du Canada en prévoyant une exemption très claire pour des avis ou conseils qui pourraient influer sur les activités du gouvernement, soit le genre de renseignements qui pourrait figurer dans le rapport dont nous débattons actuellement.
L'alinéa d) se lit ainsi:
des projets relatifs à la gestion du personnel ou à l’administration d’une institution fédérale et qui n’ont pas encore été mis en oeuvre.
Voilà le genre de renseignements qui pourrait justement figurer dans le rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights. Monsieur le président, je ne l'ai pas vu, mais si je me base sur le titre, je dirais qu'il doit surtout concerner des activités qui se sont déroulées en 2006. Mais je soupçonne — et je n'ai pas vu le rapport — qu'il pourrait dire: voilà ce qui est arrivé en 2006, et voilà ce que nous devrions faire en 2007, 2008 et 2009. Voici nos projets. Voici le cadre qui sous-tend les projets à élaborer, que ces derniers portent sur l'aide humanitaire, l'aide financière ou l'aide sous forme de personnel. Il pourrait également porter sur des opérations militaires: nos projets en ce qui concerne le déploiement de nos troupes, qui vont être nos partenaires, qui devraient être nos partenaires, ce qu'il convient de négocier et notre orientation future.
Donc, il y a divers problèmes qui peuvent se poser par rapport aux projets que nous pourrions avoir, et qui auraient pu manifestement influencer la décision du responsable concerné de censurer ces parties-là du rapport. Je ne sais pas s'il est question de ces choses-là dans le rapport, car je n'ai pas vu le rapport. Ces parties-là ont été censurées, et j'estime que j'agirais contrairement à la Loi si je me procurais une copie du rapport non censuré car, à l'heure actuelle, la position du Comité de l'accès à l'information est que nous devrions nous procurer ce rapport.
Dans le cas qui nous intéresse, le responsable de l'AAI a peut-être invoqué cet alinéa relatif aux avis et croyait que les renseignements relatifs à d'éventuels projets ou plans qu'il contenait ne devraient pas être communiqués au public, alors qu'ils le seraient si ces portions-là n'étaient pas censurées.
Je ne sais pas ce qu'en pensent mes collègues, mais j'estime, personnellement, que nous devons continuer de faire confiance aux experts de l'AAI qui travaillent dans les ministères. En l'occurrence, le responsable dans ce domaine fait ce même travail tous les jours depuis de nombreuses années.
Et nous nous proposons…
Pourrais-je avoir un peu de silence, s'il vous plaît?
:
Merci, monsieur le président.
J'étais en train de renseigner le comité sur le paragraphe 21(1) qui traite des avis sous la rubrique « Activités du gouvernement ». Donc, je précise que vous avez, dans la version anglaise, l'énumération des alinéas a), b), c) et d), et à la toute fin, si vous enlevez tout cela, on peut lire ceci:
documents datés de moins de vingt ans lors de la demande et contenant.
Si vous mettez les deux ensemble, cela donne ceci:
Le responsable d’une institution fédérale peut refuser la communication de documents…
… et ensuite, dans la version anglaise, on énumère ce que peuvent contenir ces documents; et après…
datés de moins de vingt ans lors de la demande…
Je sais que certains universitaires et d'autres diraient que le gouvernement ne peut pas détenir de tels renseignements à tout jamais. Eh bien, la Loi précise qu'au bout de 20 ans, ces renseignements et ces avis — étant donné que cela se trouve dans la section qui porte sur les avis… autrement dit, les intéressés ne seront peut-être plus au gouvernement, ou ils travailleront pour un autre organisme, ou les noms seront différents, et par conséquent, cet alinéa peut ne pas s'appliquer. Par contre, il peut y avoir d'autres dispositions liées à la sécurité nationale et à d'autres questions de ce genre qui s'appliqueront.
Aux termes de cet article, en ce qui a trait aux avis — parce que c'est bien de cela que nous parlons — des avis écrits fournis à un ministre dans des documents datés de moins de 20 ans, et qui répondent aux critères énoncés aux alinéas a), b), c) et d), sont protégés. Le responsable de l'accès à l'information au ministère en question avait la possibilité, après avoir vu le rapport intégral, de déterminer qu'il convenait de censurer certaines portions du document à cause de l'un ou l'autre de ces critères… je dis bien que c'est une possibilité, étant donné que nous ne l'avons pas vu étant donné la présence de ces avis, et c'est tout à fait légal.
Dans 20 ans, si le rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights intéresse toujours certaines personnes, qui voudraient l'examiner et voir de quels avis il peut ou non être question, dans ce cas, il est fort probable que, après 20 ans, comme le prévoit cet article, elles seraient autorisées à l'examiner. Mais, en ce moment, étant donné ce que nous avons sous les yeux et le texte de la Loi, Loi qui a été adoptée avec l'appui de la Chambre et qui a bien servi le Canada au cours des deux dernières décennies…
On prévoit même l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire dans ce contexte. Le paragraphe (2) se lit ainsi.
Le paragraphe (1) ne s’applique pas aux documents contenant :
a) le compte rendu ou l’exposé des motifs d’une décision qui est prise dans l’exercice d’un pouvoir discrétionnaire ou rendue dans l’exercice d’une fonction judiciaire ou quasi judiciaire et qui touche les droits d’une personne;
Donc, l'exercice de ce pouvoir discrétionnaire n'est évidemment pas décrit dans le moindre détail, et il y a une certaine marge, étant donné qu'on ne peut absolument pas tout inclure en ce qui concerne ce qui peut constituer un avis, ce qui ne constitue pas un avis, le rapport avec d'autres questions. Matériellement parlant, il n'est tout simplement pas possible de tout énumérer. Donc, on prévoit dans le cadre de ces exemptions, me semble-t-il, l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire. Là où le compte rendu ou l'exposé des motifs d'une décision qui est prise dans l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire touche les droits d'une personne, l'information peut être communiquée au demandeur aux termes de cette disposition de la Loi.
Encore une fois, il s'agit d'un article que le responsable de l'AAI, notamment dans ce cas-ci, aurait certainement connu à fond, étant chargé de ces questions depuis plusieurs années sans doute, puisqu'il s'agit du ministère des Affaires étrangères et que nous y avons des employés qui ont cette responsabilité.
J'ai l'impression, monsieur le président, que si on examinait la situation de plus près, on comprendrait que la probabilité que ce soit causé par un changement de gouvernement est vraiment assez faible.
D'ailleurs, nous allons sans doute chercher à nous assurer qu'il existe une certaine cohérence en ce qui concerne l'exercice des responsabilités du Commissariat à l'information et du ministère concerné, car nous voulons garantir que les protections assurées par le passé à l'égard de nos alliés, des avis donnés aux ministres, des négociations avec des pays étrangers, de nos obligations internationales et de notre sécurité…
Je pense qu'on peut supposer que la personne qui a pu prendre ces décisions travaille au ministère depuis de nombreuses années. Donc, cette personne applique exactement les mêmes critères depuis de nombreuses années quand il s'agit de déterminer si les exemptions sont applicables.
On y prévoit également l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire:
le rapport établi par un consultant ou un conseiller qui, à l’époque où le rapport a été établi, n’était pas un administrateur, un dirigeant ou un employé d’une institution fédérale ou n’appartenait pas au personnel d’un ministre, selon le cas.
Donc, un certain nombre d'exceptions sont prévues pour donner une certaine marge de manoeuvre, en fonction de ce qu'on dit dans le rapport ou de la nature des avis, notamment pour ce qui est de déterminer si la communication de cette information pourrait éventuellement influer de façon négative sur les activités du gouvernement. Cela donne une certaine sécurité aux personnes qui travaillent à titre de consultants ou de conseillers externes, mais non à un employé du gouvernement à l'époque, ou à un employé du ministre au moment où le rapport a été établi.
Cet article permet également de les protéger, et cela ne s'est pas fait tout seul. C'est quelque chose qui a été mis à l'essai de nombreuses fois, monsieur le président.
Il y a des références dans cette partie du rapport que vous pourriez examiner. Il y a des rapports qui portent sur… et en 2002, encore une fois, longtemps avant que nous n'arrivions au pouvoir, on a rédigé le texte qui figure à l'alinéa (i)g) du rapport en question…
Une voix: Parlez-nous donc de l'alinéa (i)g).
M. Mike Wallace: … où il est question de séparer en deux domaines la protection relative aux documents confidentiels du Cabinet. Je crois savoir qu'on aborde dans cet alinéa la question du rôle des documents confidentiels du Cabinet et des conditions dans lesquelles on peut décider ou non d'autoriser l'accès à des avis.
Ce rapport, qui a été préparé sous le gouvernement libéral, appuie essentiellement ce que nous avons sous les yeux pour ce qui est des activités du gouvernement et des avis et recommandations donnés au ministre — d'ailleurs, il n'est pas obligatoire que ce soit un ministre. Encore une fois, il pourrait s'agir d'avis ou de recommandations qui auraient été donnés à d'autres ministères. Je ne sais pas si cela inclut les sociétés d'État et, par conséquent, je ne sais pas au sujet si cela s'appliquerait aux avis donnés à Mme Green, par exemple, de la Société canadienne des postes, ou à quelqu'un de semblable. Leurs activités sont tout de même distinctes de celles du gouvernement, mais c'est justement quelque chose que le comité pourrait explorer dans le cadre de son étude des enjeux liés à l'accès à l'information.
Il y a un autre rapport, dont je vous ai parlé dans le contexte d'un autre article, qui s'applique ici également: Remède radical pour corriger les retards. Dans ce cas-ci — et dans tous les cas — il importe que les ministres reçoivent les conseils aussi rapidement que possible, étant donné qu'ils doivent souvent prendre des décisions assez rapidement, etc.
Pour ce qui est du rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights, et dont il est question dans la motion, nous ne pouvons savoir quel aurait été l'impact du point de vue du retard accusé au niveau des décisions à prendre, notamment en fonction des conseils qui avaient été reçus. Encore une fois, le titre laisse supposer que l'on a passé en revue tout ce qui est arrivé en 2006, mais je suis assez sûr que ce rapport aurait également fait certaines recommandations sur ce qui devrait se faire en 2007, et ultérieurement.
Donc, tout retard accusé à ce sujet aurait pu porter de graves préjudices au Canada, à nos militaires et aux personnes qui distribuent l'aide humanitaire sur le terrain en Afghanistan, et qui font, d'ailleurs, un excellent travail en notre nom.
J'encourage donc les membres du comité à examiner ce rapport afin de déterminer pourquoi cet article est important dans ce contexte, et pourquoi nous devons attendre d'avoir entendu l'opinion du Commissaire à ce sujet avant d'aller plus loin.
Voilà le genre de choses…
Sukh, vous nous quittez. Quel dommage.
Une voix: Comment pouvez-vous nous faire cela?
Il y a un autre rapport qui est nouveau et qui ne figurait pas dans les autres listes. Il y a eu, en 1998-1999 celui intitulé « Comment le choix a-t-il été fait ». Je crois savoir qu'il est question dans ce rapport de la façon dont le responsable a fait son choix, en fonction des conseils qu'il a reçus. On y fait mention de l'importance et de la pertinence de la question de la confidentialité en ce qui concerne les conseils donnés au ministre sur diverses questions — pas sur tout, évidemment — conseils qui doivent lui permettre de faire le bon choix pour le Canada et de le présenter à qui de droit.
En l'occurrence, c'est le rapport sur l'Afghanistan dont nous discutons et qui fait l'objet de cette motion. Il peut ou non contenir des renseignements ou des avis qui ont pu influencer les choix exercés par le ministre des Affaires étrangères. En réalité, on ne parle pas uniquement du ministre; souvent les sous-ministres et d'autres hauts fonctionnaires examinent ces rapports, les étudient afin de cerner les problèmes, et dispensent des conseils au ministre en fonction de ces rapports. Je n'ai jamais été ministre, mais je crois savoir que c'est ainsi qu'ils sont utilisés.
M. Rick Dykstra: Vous devriez l'être.
M. Mike Wallace: L'autre élément concerne le nombre d'affaires bouclées — je n'ai pas l'intention d'en parler — en 1998-1999.
Il y a un autre rapport que je mentionnais tout à l'heure au sujet de l'exercice du pouvoir discrétionnaire, qui me semble important dans ce contexte. Les paramètres respectés en ce qui concerne les auteurs des avis ou des conseils, dans quel contexte ils ont été donnés et dans quelle mesure ils sont protégés, sont importants. D'ailleurs, il y a un rapport qui remonte à 1998-1999 intitulé De l'extérieur ou de l'intérieur. Il y est question du cas où un consultant aurait fourni les renseignements.
Je ne sais pas d'où proviennent les renseignements qu'on retrouve dans le rapport intitulé Afghanistan 2006: Good Governance, Democratic Development and Human Rights, ni qui les a fournis, mais ils ont pu émaner de personnes qui ne sont pas des responsables gouvernementaux. Peut-être ont-ils été fournis par des ONG ou d'autres organes. Nous parlons bien du ministère des Affaires étrangères, et non de celui de la Défense nationale, par exemple, et il est donc possible que l'on ait sollicité les opinions d'ONG à ce sujet. Il ne s'agit pas vraiment des employés d'une société, mais leurs conseils sont très importants.
Nous avons pu recourir à ce pouvoir discrétionnaire pour dire: « Vous avez raison. » Le responsable de l'AAI a pu dire: « Vous avez raison, cette information n'émane pas du gouvernement, mais ces personnes nous ont fourni ces renseignements à titre confidentiel pour nous permettre de définir de bonnes politiques d'intérêt public et de les aider, et c'est pour cette raison que nous avons censuré ces parties du rapport. » Nous n'en savons rien, étant donné que nous n'avons pas vu le rapport, bien entendu. J'attends patiemment que le Commissaire à l'information nous présente un rapport à ce sujet — et je pense que nous devrions tous faire de même.
Voilà donc quelques-uns des rapports qui s'y trouvent. Nous avons passé en revue un certain nombre d'exemples.
Il a été mentionné que ce rapport a déjà été rendu public, ou qu'il est disponible. Si je ne m'abuse, un intervenant précédent a déclaré qu'il en a été question dans le Globe and Mail. On semble supposer que le rapport qui a été rendu public est bel et bien le rapport qui a été censuré, mais nous ne pouvons en être sûr. Un autre membre a déclaré que le rapport intégral a été reçu par un universitaire quelque part. Mais rien ne prouve qu'il s'agissait bien du rapport qui avait été demandé.
Comme vous le savez, seul le demandeur, c'est-à-dire l'auteur de la demande d'AAI a le droit d'interjeter appel — et je pense qu'il y en a eu plusieurs — s'il n'est pas satisfait des renseignements qu'on lui fournit par suite de sa demande. Dans le cas qui nous intéresse, soit le rapport sur l'Afghanistan, je crois savoir que plusieurs personnes ont interjeté appel, n'étant pas satisfaites de ce qu'on leur avait fourni.
Mais comment est-ce possible que nous puissions avoir accès au vrai document? En tant que comité, si nous ne constituons pas le demandeur, comment est-ce possible que nous ayons le droit de voir les parties du rapport qui ont été censurées? J'ai donc certaines préoccupations en ce qui concerne ce qu'on demande dans cette motion. À mon avis, nous ne sommes pas saisis des bons renseignements. Si je ne m'abuse, la Loi que nous avons devant nous indique clairement qu'il existe des exemptions — exemptions qui sont clairement énoncées et définies dans la Loi, et je vous en ai déjà lu trois. Mais, il y en a d'autres; la Loi prévoit en tout 13 exemptions.
Une voix: Sans blague.
M. Mike Wallace: Voulez-vous que je vous les lise? Je pourrais le faire.
Je vous rappelle que lorsque le Commissaire a comparu devant le comité, M. Martin, me semble-t-il, lui posait des questions sur les raisons pour lesquelles il peut être nécessaire de censurer certains renseignements. Le Sous-commissaire qui était également présent, et qui était autorisé à répondre aux questions étant donné qu'il a une plus longue expérience de ces questions, nous a fait savoir qu'il y en a 13. Il a ensuite énuméré les différents domaines où il peut être légitime et approprié, disons, de faire savoir au demandeur que l'information n'est pas disponible. Mais nous ne possédons pas cette information. Nous devrions donc attendre que le Commissaire ait terminé son travail, pour que nous sachions ce qui peut être communiqué et ce qui ne peut pas être communiqué.
On m'a également fait savoir, étant donné que je me suis renseigné sur la question, qu'il y a souvent des appels qui aboutissent à un règlement — cela ne veut pas dire que le document intégral est communiqué au demandeur. Cela veut dire simplement qu'on va accepter de révéler une ou deux phrases, ou un mot dans telle phrase, ou un paragraphe peut-être, parce que rappelons-nous que le responsable est humain: ainsi le responsable de l'AAI aux Affaires étrangères a pu peut-être faire une erreur en décidant de censurer ou de ne pas censurer certains renseignements. Mais il n'appartient pas au comité de faire cette évaluation. Nous devrions donc attendre pour en discuter.
Monsieur le président, il y a un dernier point sur lequel je voudrais attirer votre attention, avant de céder la parole à quelqu'un d'autre. Je sais que tout le monde est mécontent. Nous avons reçu une lettre…
Une voix: Pas vrai, Mike!
M. Mike Wallace: Monsieur le président, vous avez reçu une lettre, en tant que président du comité, du Commissaire à l'information par l'entremise de son contentieux. Le fait est qu'on nous a un peu induit en erreur — je voudrais donc m'assurer que les gens en ont pris connaissance.
Une voix: Oh, oh!
M. Mike Wallace: Non, non; c'est tout à fait normal. Je lui suis reconnaissant de l'avoir fait. Cela m'a permis de comprendre que les statistiques relatives au nombre de dossiers soumis à l'examen du Commissariat par la Couronne étaient inexactes; en réalité, la Couronne est à l'origine de 51 requêtes qui contestent les compétences du Commissaire à l'information. Donc, le procureur général du Canada a eu gain de cause dans trois affaires, mais n'a pas eu gain de cause dans 94 p. 100 des autres cas. Cela veut donc dire que c'est le Commissaire à l'information qui a eu gain de cause.
À mon avis, nous devrions essayer d'en profiter. Il est question ici de leur façon de mesurer le succès. Le Commissariat joue un rôle d'ombudsman, c'est un travail spécialisé et son personnel possède les connaissances et l'expertise nécessaires. Or cette motion n'essaie pas d'en profiter.
Cette motion, au contraire, propose quelque chose que nous devrions envisager de faire seulement après le dépôt de son rapport, me semble-t-il. De plus, nous devrions, à mon sens, chercher à déterminer ce qui n'allait pas dans les 48 autres dossiers où le gouvernement de l'époque, un gouvernement libéral — n'a pas eu gain de cause contre le Commissaire. S'Il y a des changements à recommander, en fonction de toutes ces informations, s'il y a un thème à dégager, faisons cela ensemble.
Mais dans la motion que nous avons devant nous aujourd'hui, monsieur le président, il est question de faire quelque chose de toute urgence et de transgressions. Pour moi, cette question n'est pas urgente. À mon avis, elle laisse supposer qu'il y a eu des transgressions. Mais il faut attendre de recevoir les témoignages du Commissaire à ce sujet, et je serais donc reconnaissant envers l'auteur de cette motion d'accepter de la reporter à plus tard, en attendant d'avoir reçu les observations du Commissaire à l'information sur cette question — à supposer que lui et d'autres responsables puissent comparaître devant nous pour en discuter, alors que leur enquête est toujours en cours.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de m'écouter.
Des voix: Bravo, bravo!
M. Mike Wallace: J'ai parlé pendant combien de temps?
:
Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas vu ce rapport, et je crois savoir que M. Wallace n'a pas non plus vu le rapport. Peut-être que d'autres membres du comité l'ont déjà vu. Si tel est le cas, je suis convaincu qu'on nous l'aurait déjà dit. Donc, en réalité, cette motion porte sur l'étude d'un rapport que personne n'a encore vu.
Mention a été faite de quelque chose qui est paru dans un journal local. Il y a eu effectivement un article — que nous avons tous vu, à la une de ce journal, et il y avait une partie censurée et, à une autre page, une partie qui n'avait pas été censurée. Je ne sais pas s'il s'agit ou non du rapport. Je ne sais pas si les parties censurées font partie du rapport. Je ne sais pas non plus si les parties non censurées font partie du rapport. Je ne sais même pas si le journal en question possède réellement le rapport. Or on semble vouloir se fonder sur ces renseignements, entre autres.
Si je ne m'abuse, M. Martin a parlé d'un rapport que possède un professeur. Je ne sais pas de quel rapport il s'agit. Je ne sais même pas si c'est le rapport dont on parle dans la motion.
Donc, encore une fois, je reviens sur une question que j'ai soulevée dans le contexte d'un rappel au Règlement — rappel au Règlement que vous avez déclaré injustifié. Encore une fois, je ne suis pas d'accord avec vous, mais je respecte votre décision. Vous m'avez encouragé à en parler si je voulais débattre de la question, et c'est justement ce que je fais maintenant. Il s'agit de savoir quel rapport fera l'objet d'une étude par le comité.
On peut supposer que le comité sera obligé de demander au ministre — ou à un ministre — le même rapport qui fait déjà l'objet d'une étude par le Commissariat à l'information, comme le Commissaire lui-même nous l'a dit. J'ignore le statut de ce rapport. Il en va de même pour nous tous. D'ailleurs, nous ne savons pas non plus quelles parties du rapport ont été censurées ou si tout a été censuré.
M. Wallace a passé pas mal de temps à nous expliquer les dispositions de l'article 15, si je ne m'abuse, et les raisons pour lesquelles il peut être justifié de censurer certains renseignements. On peut supposer que le Commissaire à l'information se penche également là-dessus.
Monsieur le président, ce que j'essaie de vous dire, c'est que l'étude que nous souhaitons faire pourrait ne pas être possible, en fin de compte. Nous ne pourrons certainement pas faire le rapport que nous pensions faire au départ, étant donné que le Commissariat à l'information mène déjà une étude plus exhaustive sur la question.
Ensuite, il y a la question de la décision du Commissaire à l'information et de la possibilité que quelqu'un en interjette appel. Si nous rendons une décision que quelqu'un n'aime pas — le Parti libéral, le Bloc québécois, le NPD, le Parti conservateur, un particulier, le ministre des Affaires étrangères ou quelqu'un en Afghanistan — par rapport à la règle de justice naturelle, il n'y aura pas de recours. Il pourrait s'agir de n'importe quelle personne qui ne serait pas d'accord avec le rapport. C'est-à-dire que cela ne s'appliquerait peut-être pas aux citoyens afghans, mais il est certain que cela s'appliquerait aux citoyens canadiens.
Ces derniers ont un recours — relativement à une décision rendue par le Commissaire à l'information — devant la Cour fédérale. Ce n'est pas le cas pour ce rapport. Donc, nous créons un petit problème.
Nous allons nous pencher sur toutes les questions pertinentes. Nous allons examiner les problèmes qui ont surgi au cours du mandat du gouvernement actuel, c'est-à-dire du gouvernement conservateur. Nous allons également examiner les problèmes qui se sont posés pendant le mandat de l'ancien gouvernement libéral, comme cela a déjà été mentionné. Ils peuvent ou non être pertinents, mais nous allons certainement les examiner.
Nous allons examiner les questions liées à l'article paru dans ce journal de Toronto et dans quelle mesure l'intéressé, ou les intéressés, ont transgressé les dispositions — et puisqu'il est question de transgression dans la résolution — de la Loi sur l'accès à l'information. Ont-ils divulgué des secrets qu'ils n'auraient pas dû divulguer, étant donné ce que prévoit la Loi sur l'accès à l'information?
Monsieur le président, tous ces éléments nous empêchent d'agir sur cette motion, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous ne devrions pas agir là-dessus. Quand j'examine la motion, je me dis sincèrement que c'est un autre comité qui devrait en être saisi, du moins en ce qui concerne les questions qui vont au-delà de la Loi sur l'accès à l'information. Nous allons certainement faire notre propre examen. Nous allons nous pencher sur les questions de sécurité. Mais, il va bien falloir que nous nous penchions sur des questions qui n'ont rien à voir avec le mandat de notre comité.
Pour moi, toute cette motion dépasse les compétences du comité. J'ai mentionné dans mon rappel au Règlement que des poursuites sont actuellement en cours en Colombie-Britannique relativement à une injonction provisoire qui empêcherait le transfert des détenus en Afghanistan. Comme je l'ai indiqué dans mon rappel au Règlement, à mon avis, il ne serait pas approprié que le comité prenne les mesures qui sont proposées, étant donné que des procédures judiciaires sont déjà en cours.
Dans le cadre de nos délibérations, en interrogeant les témoins ou en faisant nous-mêmes des observations sur la question, nous pourrions par inadvertance porter préjudice à ces procédures. Je sais qu'elles ont été intentées la semaine dernière. Je ne sais pas encore s'il y a eu une audience mais, de toute façon, un délai est certainement fixé pour l'appel, d'une façon ou d'une autre. Ce serait irresponsable, de la part du comité, de compromettre l'examen de questions qui sont devant la justice.
Enfin, je trouve ironique que nous examinions la question de l'identité jusqu'au moment où ce conflit a éclaté, parce que c'est bien cela qui a causé la situation à laquelle nous sommes confrontés maintenant. Cela s'est produit parce que quelqu'un a publié quelque chose dans un journal de Toronto, mais sans nécessairement avoir eu légalement accès à ce document. Peut-être qu'il y avait accès. Mais il faudra qu'il vienne nous dire s'il a obtenu ce document légalement ou non. Il est possible qu'il ait enfreint la loi.
Je ne vais pas faire allusion aux articles dont M. Wallace vous a déjà parlé. Je vais plutôt vous parler de l'article 64 de la Loi, qui se lit ainsi:
Lors des enquêtes prévues par la présente loi et dans la préparation des rapports au Parlement prévus aux articles 38 ou 39, le Commissaire à l’information et les personnes agissant en son nom ou sous son autorité ne peuvent divulguer et prennent toutes les précautions pour éviter que ne soient divulgués:
Mais, nous allons droit au but malgré tout. Le Commissaire à l'information va-t-il se présenter devant le comité, conformément aux dispositions de l'article 64 de la Loi sur l'accès à l'information, pour nous dire: « Vous enfreignez la loi; vous enfreignez les dispositions de la Loi sur l'accès à l'information »?
Il y a tout de même certaines exceptions. Le paragraphe 64a) se lit ainsi:
des renseignements qui, par leur nature, justifient, en vertu de la présente loi, un refus de communication totale ou partielle d’un document;
En d'autres termes, le chef du gouvernement pourrait décider que toutes les dispositions de l'article 15 mentionnées par M. Wallace — et je n'ai pas l'intention de les répéter — devraient s'appliquer et que les passages en question devraient être censurés. Cette personne a le droit de faire cela.
Monsieur le président, je pense que nous devrions mettre la question aux voix.
Des voix: Oh, oh!