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Nous avons aujourd'hui à examiner deux motions qui avaient été reportées de la séance précédente. En ce moment et après de brèves discussions, je constate que le présentateur de la motion n'est pas encore arrivé. Nous avons des témoins à entendre et ils sont arrivés. Je vous demanderai donc la permission de commencer par les témoins. S'il nous reste du temps à la fin de la séance et si M. Cullen est arrivé, nous examinerons ses motions.
Ai-je votre accord? Je vous remercie.
Je signale en outre au comité que ce matin, le Comité de liaison a approuvé les budgets, y compris un budget concernant le voyage du comité au site d'exploitation des sables bitumineux, en Alberta, les 18 et 19 novembre.
Si vous avez d'autres commentaires à faire, nous pouvons probablement les remettre à plus tard. Je ne ferai pas attendre plus longtemps les témoins.
Nous accueillons aujourd'hui M. Hassan Hamza et M. Howard Brown. Nous recevons également M. Kevin Cliffe, qui est directeur de la Division du pétrole, Direction des ressources pétrolières. Soyez les bienvenus.
Nous vous permettrons de faire un exposé préliminaire. Ce sera un peu différent cette fois-ci, car nous voulons seulement de l'information, aujourd'hui.
Monsieur Brown, voulez-vous prendre la parole?
Allez-y quand vous voulez et lorsque votre exposé sera terminé, nous passerons aux questions.
Monsieur Brown, je pourrais peut-être vous demander de prendre la parole le premier.
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Merci beaucoup. C'est un plaisir d'être de retour ici.
Les sables bitumineux ont suscité beaucoup d'intérêt dernièrement, et ce n'est pas étonnant, compte tenu de l'investissement que cela représente, des fluctuations récentes du prix du brut et de l'instabilité politique dans certaines régions productrices du monde.
Certaines questions importantes et difficiles se posent également en ce qui concerne les sables bitumineux; aussi, c'est avec plaisir que mes collègues et moi ferons le plus possible la lumière sur ces questions. Je ne voudrais pas vous décevoir, surtout pas d'avance, mais il y a deux domaines dans lesquels nous ne serons pas en mesure de vous aider.
Comme vous l'avez fait remarquer, monsieur le président, nous sommes ici pour donner de l'information. Si on nous pose des questions sur les politiques, nous devrons les communiquer aux ministres compétents. Quant aux questions sur la Loi sur la qualité de l'air, qui aura peut-être des incidences marquées en ce qui concerne les sables bitumineux, je devrai les transmettre à d'autres personnes, pour la simple raison que je ne suis pas qualifié pour y répondre. En dépit de ces deux contraintes, nous nous ferons un plaisir de vous donner le plus d'information possible.
Monsieur le président, nous avons fait distribuer un document. Je pense qu'il a été envoyé au comité dans les deux langues officielles. Je pourrais donc le parcourir rapidement, en une dizaine de minutes, et donner de l'information contextuelle, ou bien alors nous pourrions passer directement aux questions, selon vos préférences.
À la page 2, il est mentionné que cette ressource est non seulement importante sur le plan économique mais qu'elle a en outre une importance stratégique, car elle est située dans une région politiquement stable du monde. Les réserves établies sont évaluées à 174,5 milliards de barils mais, en fait, les réserves définitives sont probablement beaucoup plus considérables. À titre comparatif, ces 174,5 milliards de barils en font les deuxièmes réserves les plus importantes au monde, après celles de l'Arabie saoudite.
Comme je l'ai signalé d'emblée, la mise en valeur des sables bitumineux présente des aspects problématiques qui sont importants; le plus grave concerne l'empreinte environnementale, mais il y a aussi les questions liées à ses incidences sur les marchés du gaz naturel, à la capacité insuffisante des pipelines, à une pénurie de main-d'oeuvre, et à d'autres facteurs.
La troisième diapositive indique l'envergure des dépôts de sables bitumineux. Ils couvrent une superficie gigantesque, soit environ la moitié du nord de l'Alberta. Il existe des sables bitumineux dans d'autres pays, dans pas moins de 70 pays, d'après ce qu'on m'a dit. Les plus vastes dépôts sont situés au Canada et au Venezuela. Le Canada est la seule région au monde où ces réserves font l'objet d'une exploitation commerciale.
Je pense que cette activité suscite de l'intérêt en Saskatchewan, province où il y a également des réserves de sables bitumineux. Un programme d'exploration y est en cours, si je ne me trompe. C'est une question qui suscite beaucoup d'intérêt de la part du gouvernement de la Saskatchewan.
Je voudrais confirmer — ce n'est pas essentiel, mais je veux que ce soit consigné au compte rendu — que c'est, bien entendu, la province de l'Alberta qui est propriétaire de la ressource. Depuis que le gouvernement de M. Mulroney a supprimé le Programme énergétique national, le respect de la compétence a été un principe sous-jacent très important de la politique énergétique nationale de tous les gouvernements. Et c'est toujours le cas à l'heure actuelle.
La quatrième diapositive indique que la vaste région que nous avons vue sur la diapositive précédente a une superficie de 141 000 kilomètres carrés, soit le double de celle du Nouveau-Brunswick; nous avons donc maintenant une idée de la superficie du Nouveau-Brunswick. Il s'agit des réserves de plusieurs dépôts différents. Les dépôts qui ont été exploités les premiers sont ceux qui étaient exploitables, soit les plus rapprochés de la surface, mais on fait actuellement de l'extraction également dans certains dépôts situés à de plus grandes profondeurs. On s'intéresse à la zone située en quelque sorte à mi-profondeur où se trouve un pourcentage élevé des dépôts. Je pense que nous n'avons pas encore accès aux techniques nécessaires pour les exploiter.
La cinquième diapositive explique brièvement les propriétés physiques de la ressource. En faisant appel à toutes mes connaissances en chimie, je suis en mesure de dire que ces dépôts sont du bitume, de très longues chaînes d'hydrocarbures et que, par conséquent, ils contiennent de grosses quantités de carbone et pas beaucoup d'hydrogène, ce qui pose quelques défis. En outre, ce bitume est mélangé à du sable. Par conséquent, nous avons en fait deux types de défis à relever.
La sixième diapositive contient une photo des camions qui réveillent l'enfant de six ans qui sommeille en nous. À l'origine, on utilisait de longues bandes transporteuses dans les mines, mais on a constaté que les camions étaient plus efficaces et plus fiables. Dans certaines exploitations commerciales, on utilise ce que l'on appelle la technique du drainage par gravité au moyen de la vapeur. Cette technologie consiste à injecter de la vapeur pour liquéfier le bitume et le faire couler; il est alors pompé à la surface et exploité. D'autres technologies sont en cours d'expérimentation. Le procédé Toe-to-heel air injection est basé sur la combustion souterraine dans le but de produire de la chaleur pour liquéfier le bitume. Le procédé Vapex est fondé sur l'injection de diluants chimiques.
La septième diapositive est une figure prévisionnelle. Je pense qu'elle a été établie par l'Association canadienne des producteurs pétroliers... non, plutôt par le programme de la technologie des sables bitumineux. Peu importe que cette figure vienne de nous, de l'industrie ou de l'Office national de l'énergie, on estime que le brut synthétique et le bitume extraits des sables bitumineux représenteront un pourcentage croissant de la production pétrolière au Canada. En 2030, pas moins de cinq millions de barils par jour de pétrole pourraient être extraits des sables bitumineux, soit environ deux fois la production canadienne totale actuelle.
La huitième diapositive indique le très grand nombre de projets proposés, dont certains sont les projets de sociétés solides sur le plan financier et sur le plan technique et d'autres, ceux d'entreprises de nature plus spéculative. Les investissements prévus d'ici 2015 se chiffreraient au total à 125 milliards de dollars.
Je pense que la plupart des observateurs ne s'attendent pas à ce que ces investissements soient tous réalisés. Certains sont très hasardeux et d'autres pourraient être retardés en raison de hausses de coûts ou d'autres facteurs. Néanmoins, des sommes colossales seront investies dans ce secteur.
La neuvième diapositive expose brièvement nos responsabilités. J'ai fait remarquer que c'est le gouvernement provincial qui est le propriétaire de la ressource. Le gouvernement fédéral a toutefois des responsabilités importantes sur le plan environnemental, en raison de ses responsabilités liées à la protection des eaux navigables et des pêches. Le gouvernement fédéral ne souhaite certainement pas réduire l'efficacité de ces processus; il souhaite sûrement les rendre plus efficaces qu'ils ne le sont à l'heure actuelle. Le gouvernement fédéral a des responsabilités importantes en ce qui concerne le cadre de politiques global, y compris le cadre de politiques macroéconomiques garantissant un milieu stable, propice à l'investissement. Nous n'avons d'ailleurs pas une très longue expérience dans le développement technologique en ce qui concerne les sables bitumineux et d'autres domaines liés à l'énergie. M. Hamza pourra donner des explications plus précises à ce sujet.
La dixième diapositive descend d'un niveau et concerne notre rôle. Nous sommes le centre d'expertise aux termes de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et nous avons, à ma grande surprise, des responsabilités au titre de la Loi sur les explosifs. Notre participation à la mise en valeur des sables bitumineux se fait surtout par le biais de l'institution de M. Hamza, le Centre de la technologie de l'énergie de CANMET, à Devon (Alberta), juste au sud d'Edmonton.
La onzième diapositive récapitule certains des problèmes que nous avons déjà signalés: quelles sont les conséquences d'un accroissement de la production et quels sont les problèmes à résoudre? Comme vous pouvez le constater, l'accès au marché est un de ces problèmes, au même titre que la disponibilité et le prix du gaz naturel, la capacité des pipelines et d'autres facteurs.
Par conséquent, la première question que l'on doit se poser est la suivante: y a-t-il des marchés pour le bitume? La réponse est sans aucun doute affirmative. Les États-Unis représentent, bien entendu, le plus vaste marché mondial en ce qui concerne l'énergie et plus particulièrement le pétrole brut. On se demande si les pipelines pourront acheminer le brut vers les régions où il doit être acheminé en raison de certaines contraintes liées à une utilisation à plein rendement. En raison de ces contraintes et parce que le bitume et le brut synthétique sont généralement commercialisés dans une zone restreinte, ils sont souvent transigés à un prix nettement inférieur au prix du West Texas Intermediate qui est, bien entendu, la référence.
La treizième diapositive concerne le gaz naturel. Comme la plupart des gens le savent, le gaz naturel est utilisé comme combustible dans la production des sables bitumineux. On surestime parfois l'importance de Fort McMurray et des sables bitumineux dans le contexte de la consommation nord-américaine. Les sables bitumineux représentent à l'heure actuelle environ 1 p. 100 de la consommation totale en Amérique du Nord et on prévoit que ce pourcentage restera relativement stable au cours des 15 prochaines années. Ce 1 p. 100 ne représente pas un pourcentage négligeable du produit nord-américain, mais ce n'est pas une quantité suffisante pour avoir une incidence déterminante, positive ou négative, sur le marché du gaz naturel. Je pense qu'avec le temps, on s'intéressera beaucoup plus à d'autres combustibles, et en particulier à la gazéification de ce qu'on appelle les dépôts de fond, c'est-à-dire les résidus très visqueux que l'on tentera de transformer en gaz naturel synthétique pour l'utiliser comme combustible.
La quatorzième diapositive indique les principaux raccordements au réseau nord-américain de pipelines. À l'heure actuelle, le bitume et le brut synthétique que nous produisons sont commercialisés surtout à Chicago et, dans des proportions moindres, au Colorado et dans l'État de Washington. Pour que ce soit rentable et pour que les producteurs obtiennent le rendement économique maximum, il est essentiel que les marchés soient quelque peu diversifiés aux États-Unis. Par conséquent, de nouveaux pipelines sont probablement nécessaires. Un très grand nombre de projets de constructions de pipelines ont été annoncés. Ils ne seront pas tous réalisés sinon, la capacité des pipelines serait environ le double du volume de brut synthétique extrait du bitume, qui est commercialisable. Par conséquent, certains de ces projets ne se réaliseront pas pour des motifs d'ordre concurrentiel.
En ce qui concerne la capacité de raffinage, je pense qu'elle ne pose pas de problèmes comme tels. On se demande cependant si les raffineries sont équipées pour le traitement du bitume et la fabrication du brut synthétique. Plusieurs projets de transformation des raffineries dans le but d'accroître leur capacité et de s'assurer qu'elles sont en mesure de traiter en plus grosses quantités le produit extrait des sables bitumineux sont actuellement en cours aux États-Unis et seront peut-être mis en place au Canada.
La disponibilité de la main-d'oeuvre est probablement le problème le plus crucial qui se pose à court terme en ce qui concerne les sables bitumineux. Pour l'ensemble du Canada, on atteint probablement le plein emploi — il faut pratiquement le faire exprès pour être au chômage dans l'ouest du Canada actuellement. Par conséquent, il ne s'agit pas là d'un problème particulier au secteur des sables bitumineux, mais il a tendance à être plus visible dans ce secteur, en raison du nombre très élevé de personnes participant à des projets de très grande envergure. Le gouvernement fédéral fait son possible pour aider dans ce domaine. Par exemple, le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration a ouvert ce qu'il appelle des «unités temporaires pour travailleurs étrangers» à Calgary et à Vancouver, dans le cadre d'un projet pilote visant à remédier à ces pénuries.
Il est bien vrai qu'à l'heure actuelle, on ne dispose pas de toute la main-d'oeuvre qualifiée nécessaire pour accomplir toutes les tâches essentielles.
J'ai fait des commentaires sur la technologie et je suis certain que vous aurez des questions à poser à ce sujet. Le Centre de la technologie de l'énergie de CANMET, à savoir le centre de recherche de l'Ouest, situé à Devon, est un intervenant majeur depuis des années. Il a actuellement en place plusieurs projets ayant pour objet d'accroître la rentabilité et de réduire l'empreinte environnementale de l'exploitation des sables bitumineux.
En conclusion, c'est une ressource d'une très grande importance stratégique pour l'Amérique du Nord. Elle est d'une importance capitale pour la prospérité économique du Canada. Elle a été profitable non seulement pour l'Alberta, mais aussi pour l'ensemble du Canada. Le gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Alberta collaborent avec l'industrie pour surmonter les quelques difficultés qui se posent à court terme.
C'est tout en ce qui concerne mes observations préliminaires. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions.
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Merci beaucoup pour votre présentation.
La page 2 du document que vous nous avez remis donne un aperçu des sables bitumineux et des aspects problématiques. Nous partageons votre analyse des problématiques.
Ce qui me surprend, monsieur Brown, c'est que vous parliez de problématique de main-d'oeuvre en faisant abstraction de tous les problèmes sociaux. Or, on sensibilise de plus en plus les députés aux problèmes sociaux. Il est vrai que la main-d'oeuvre est un problème, mais encore faut-il pouvoir loger, nourrir et soigner les employés. Il semble que cet aspect soit quelque peu évacué de votre présentation. C'est mon premier commentaire.
L'autre commentaire vise plutôt à vous adresser des félicitations. Au premier point de la page 10, je constate que le rôle de Ressources naturelles Canada est de voir au développement d'une politique énergétique canadienne pour le développement durable. Je suis heureuse qu'un sous-ministre ait déposé un document qui le dit clairement.
J'ai assisté à une séance de breffage hier. Le fonctionnaire a parlé de développement responsable des ressources naturelles. Je suppose que cela peut être attribuable au peu de temps qui lui était alloué. Nous préférons de loin l'expression que vous utilisez en qualité de sous-ministre: « le développement durable ». Je vous félicite donc et je pense que cette expression fait loi. Dans mon document de breffage, je vais raturer le mot « responsable ».
Monsieur Brown, pouvez-vous m'indiquer combien d'argent est consacré à la recherche concernant le pétrole et les sables bitumineux, et quelle la proportion de ce montant l'est à la recherche et au développement technologique? Autrement dit, quel est le budget global et le pourcentage consacré aux sables bitumineux et au pétrole? C'est ma première question.
M. Hamza pourrait peut-être répondre. Après la réponse, je vous poserai une autre question liée à celle-ci.
J'aimerais partager avec vous une anecdote. J'ai un fils qui travaillait dans la construction en Colombie-Britannique et il avait, à un certain moment, l'intention d'aller travailler dans les sables bitumineux. Ses amis qui avaient travaillé là-bas lui avaient donné le conseil suivant: «Si tu vas à Fort McMurray, adopte une religion et reste dans ton coin». Je pense que c'était une allusion aux tentations sociales auxquelles pourrait être exposé un jeune homme de 20 ans qui gagne beaucoup d'argent à Fort McMurray.
Vous avez certainement raison en ce qui concerne les questions sociales. Je les mettrais sur le même pied que les questions de main-d'oeuvre car, à un certain moment, il sera impossible d'attirer des travailleurs. Une des raisons pour lesquelles les salaires sont si élevés, c'est que le logement est très coûteux à cause d'une pénurie. Le marché réglera le problème dans une certaine mesure.
Le gouvernement a assurément un rôle à jouer. Je ne suis pas expert dans le domaine constitutionnel, mais ces questions relèvent probablement de la responsabilité du gouvernement provincial. Comme je l'ai signalé, le respect de la compétence des provinces en matière de politique énergétique a été la pierre angulaire de la politique énergétique canadienne sous les gouvernements libéraux et conservateurs. Ce n'est pas un domaine dans lequel nous aurions un avis à donner ou dans lequel nous voudrions nous immiscer.
Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer au chapitre de l'offre de main-d'oeuvre par le biais de l'immigration et diverses mesures sont sans aucun doute en cours, notamment en ce qui concerne la formation et la promotion des travailleurs.
Pour ce qui est de votre question sur les dépenses en recherche-développement, j'ai des chiffres sous la main et je vous les communiquerai bien volontiers par écrit, car ils sont relativement détaillés. Le montant total des dépenses de recherche-développement à Ressources naturelles Canada pour 2005-2006 était de 212,9 millions de dollars, dont 81,7 millions pour les deux secteurs de l'énergie. Autrement dit, environ 40 p. 100 des dépenses totales de recherche-développement ont été affectées à l'énergie. D'autres secteurs consacrent probablement de petits montants supplémentaires à l'énergie, mais c'est à peu près exact.
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Je voudrais faire deux commentaires, si vous me le permettez.
De grosses quantités de vapeur sont nécessaires pour l'extraction souterraine, contrairement à l'extraction... On a besoin de vapeur dans les mines également. Quand on produit de la vapeur, on peut produire gratuitement de l'électricité. Une des options examinées pour mettre en place un procédé d'un rendement économique supérieur mais aussi plus durable sur le plan environnemental, consiste à construire des centrales de cogénération pour pouvoir utiliser cette électricité gratuite et alimenter ainsi le réseau. C'est une technologie de l'avenir qui a un potentiel considérable.
Quant à savoir si l'on continuera d'utiliser du gaz naturel, c'est là essentiellement une question d'ordre économique. Les évaluations du rendement économique tiendront compte de la réglementation future, de la rigueur éventuelle des plafonds sur les émissions fixées dans la réglementation. Cela changerait l'équation économique.
La question de savoir si l'énergie nucléaire est séduisante est intéressante. Pour le moment, je pense que le gouvernement de l'Alberta s'oppose au recours au nucléaire et, tant qu'il s'y opposera, la question ne se posera pas vraiment. L'utilisation de l'énergie nucléaire pose plusieurs défis car la profondeur à laquelle on peut injecter de la vapeur à travers des canalisations est limitée. Le déménagement d'une centrale nucléaire pose de très grosses difficultés et, par conséquent, c'est une question qu'il faudrait résoudre.
Un des progrès technologiques les plus intéressants concerne la gazéification des résidus. Ces derniers ne peuvent avoir aucun autre usage et, sur le plan technique, il est possible de les transformer en gaz naturel synthétique, puisqu'on parle des réserves de gaz naturel que nous avons en Amérique du Nord; en outre, cette technologie améliorerait le rendement économique.
Le dernier commentaire que je voudrais faire à ce sujet, en pensant à l'avenir, est le suivant: si vous discutez avec des experts en matière d'énergie, et je n'en suis pas un, ou avec les représentants de l'Agence internationale de l'énergie, ou des grandes sociétés pétrolières, ou encore de l'Energy Information Administration, vous constaterez que tous pensent que les hydrocarbures, le pétrole et le gaz seront la principale source d'approvisionnement en énergie pour l'avenir le plus éloigné qu'on puisse imaginer. En outre, le gouvernement a présenté aujourd'hui un objectif qui représente une réduction absolue très importante des émissions de gaz à effet de serre d'ici le milieu du siècle et je pense qu'une option très importante pour atteindre ces deux objectifs apparemment contradictoires consiste à capturer le dioxyde de carbone et à le stocker sous terre. Il n'existe pas meilleur endroit au monde pour le captage et le stockage du dioxyde de carbone que le bassin sédimentaire de l'ouest du Canada. C'est une région qui présente pour nous un intérêt considérable, aussi bien sur le plan de la recherche-développement que sur le plan stratégique.
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Monsieur Brown, j'aimerais revenir un peu sur ce que vous m'avez dit plus tôt.
De fait, vous m'avez dit que la croissance, le contrôle et le développement des sables bitumineux sont de compétence provinciale et que le fédéral n'a pas à dire à l'Alberta de quelle manière développer sa ressource naturelle. Je suis entièrement d'accord avec vous.
Cependant, les rejets des émissions touchent tout le Canada, la planète entière. Et votre responsabilité, comme celle du fédéral, est environnementale et elle peut, par une réglementation, contraindre les sociétés pétrolières à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et, de ce fait, à lutter contre les changements climatiques.
J'aimerais que vous commentiez cela, parce que plus tôt, vous m'avez dit cela assez rapidement. On n'a pas à dire à l'Alberta comment faire, mais puisque le gouvernement se préoccupe du développement durable et qu'il veut lutter contre les changements climatiques, il revient à Environnement Canada de contraindre les sociétés pétrolières, au moyen de lois et de règlements, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ce que je viens de dire est-il vrai, monsieur Brown?
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Oui. Merci, monsieur le président.
Je pense que vous avez tous la motion sous les yeux. Je commence par la motion concernant le Programme Énerguide. Je ne la lirai pas étant donné que je pense que vous l'avez devant vous, mais j'aimerais expliquer brièvement les raisons pour lesquelles je la présente.
C'est un sujet que nous connaissons tous assez bien maintenant. Le Programme Énerguide pour les maisons et le Programme Énerguide pour les foyers à faible revenu sont deux des nombreux programmes qui ont été suspendus ou supprimés. Lorsqu'ils ont été supprimés, le ministre des Ressources naturelles a justifié la décision en expliquant que la moitié des fonds passaient dans les frais d'administration, mais lorsque le sous-ministre a témoigné, il a donné des informations plus précises à ce sujet et il a signalé que les frais d'administration ne représentaient que 12c. par dollar et que les 38c. restants étaient consacrés aux vérifications préalables et postérieures du programme.
Bien que de hauts fonctionnaires du ministère l'aient déconseillé de façon non équivoque — et je signale à ce propos que j'ai obtenu dans le contexte de l'accès à l'information, la note d'information pertinente, au cas où quelqu'un voudrait l'examiner —, le ministre et le gouvernement ont décidé de supprimer le Programme Énerguide. Il semblerait que cette décision ne soit pas fondée sur les conseils de fonctionnaires du ministère mais sur d'autres facteurs.
[Français]
Monsieur le président, c'est une erreur qu'il faut corriger. J'invite le secrétaire parlementaire à admettre cette erreur dans ses observations. Il n'y a pas de honte à cela et, dans ce cas, il est clair pour tous qu'une erreur a été commise. Clifford Maynes, directeur exécutif de Green Communities Canada, a déclaré que l'annulation du Programme ÉnerGuide « risquait de ramener le dossier de l'efficacité énergétique résidentielle au moins dix ans en arrière ».
En moyenne ce programme permettrait de faire des économies d'énergie de 30 p. 100, et son coût de 75 millions de dollars, d'octobre 2003 à mars 2005, rapportera 975 millions de dollars en économies d'énergie sur la durée des investissements pour les améliorations écoénergétiques.
[Traduction]
Il est clair que le ministère savait que c'était une erreur. Des ONG et des experts en matière d'environnement ont clamé haut et fort que cette décision était une erreur; les membres de ce comité, comme tous les Canadiens, en sont d'ailleurs conscients. Par conséquent, avec l'appui de mes collègues réunis autour de cette table et dans le but de promouvoir une approche réfléchie en matière de politique gouvernementale, il est essentiel que le ministre rétablisse immédiatement ce programme, dans l'intérêt de tous les Canadiens et Canadiennes.
Ce sont là tous les commentaires que j'avais à faire sur le Programme Énerguide. J'ai essayé d'être bref. Nous examinerons la question de l'énergie éolienne après celle-ci.
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J'aimerais intervenir dans le débat. La courtoisie veut que les représentants de tous les partis aient la parole dans le débat. Si cela cause un problème au NDP... Les députés ont aussi une vie privée. Nous serons bientôt en début d'heure et nous avons d'autres projets.
Nous pouvons passer la nuit ici et régler cette question. En fin de compte, cependant, que nous la réglions immédiatement, ce qui serait malcommode pour nous, ou que nous attendions jusqu'à mardi pour procéder de façon plus appropriée et éviter de nous épuiser, il s'agit d'une situation dans laquelle on devrait faire un peu plus appel au bon sens. En définitive, si tous les partis de l'opposition veulent que cette motion soit examinée à fond, ce sera mardi plutôt qu'aujourd'hui.
Et, si je peux me permettre de donner un conseil aux partis de l'opposition, les mardis, les mercredis et les jeudis sont de meilleures journées que les vendredis pour les journalistes. Si vous avez envie de faire parler de vous dans la presse, vous auriez peut-être intérêt à rentrer chez vous et à prendre un peu de repos; nous pourrions alors reprendre le débat mardi prochain. Nous savons tous dans quelle aventure nous allons nous lancer et, par conséquent, il serait préférable de manifester quelque respect.
Nous reprendrons le débat mardi. Sauf revirement de la part de l'opposition, le gouvernement perdra le vote mardi et tout se déroulera tel que prévu. Nous y sommes préparés, et nous le savons.
Il est 17 h 30 et je ne veux pas rester deux heures de plus ici à discuter inutilement. Ce n'est pas que je ne puisse pas le faire; je suis déjà lancé, d'ailleurs, et je pourrais continuer longtemps, mais je pense qu'il serait plus réaliste d'arrêter.
Puis-je faire un autre commentaire à ce sujet? À propos de la décision concernant l'opportunité de poursuivre le débat ce soir jusqu'à 23 h 30 — heure à laquelle il faudrait de toute façon ajourner à mardi — ou de le reporter à mardi en faisant un rappel au Règlement ou en déposant une motion à cet effet, j'aimerais faire quelques observations au sujet de mardi.
Nous avons invité des témoins pour mardi. Ce sont des porte-parole de l'Office national de l'énergie, de Calgary et du Canadian Energy Research Institute. Les arrangements ont été pris et on pourrait difficilement décommander.
J'apprécie la bienveillance dont vous avez fait preuve aujourd'hui en nous permettant d'entendre les témoins que nous avions invités.
Si j'aborde cette question, c'est pour deux raisons. La première est que le greffier, qui connaît les motions actuelles et estime qu'elles sont recevables, sera absent mardi, si j'ai bien compris. En outre, j'ai appris qu'un de nos principaux témoins pour jeudi avait appelé aujourd'hui pour signaler qu'il serait dans l'impossibilité de venir.
Si j'en parle, c'est pour des raisons logistiques. Ne pourrait-on pas s'entendre et décider de reporter le débat à jeudi plutôt qu'à mardi? Si nous pouvions nous entendre en principe sur jeudi, cela pourrait encourager d'autres personnes à renoncer à réclamer qu'il ait lieu mardi, en présumant que nous pourrions régler plutôt la question jeudi.
Monsieur Tonks.