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Merci beaucoup mesdames et messieurs. C'est un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui.
Au cours des prochaines minutes, je vais vous présenter l'exposé de l'Office national de l'énergie afin de vous décrire son rôle et évoquer certains points soulevés dans un rapport que nous avons publié récemment.
Je vais d'abord commencer par vous présenter, à titre d'information, la vision de l'Office national de l'énergie qui se veut être un partenaire actif, efficace et compétent dans la mise en valeur responsable du secteur énergétique canadien, pour le bien de l'ensemble de la population canadienne.
[Français]
Je mentionne d'abord que l'Office national de l'énergie est un tribunal indépendant établi en 1959 qui rend compte au Parlement par l'entremise du ministre des Ressources naturelles. Nous avons déménagé à Calgary en 1991. Notre organisation compte à peu près 300 employés possédant divers agencements de compétences liées surtout au domaine de l'énergie. Quatre-vingt-dix pour cent de nos frais sont recouvrés auprès de l'industrie, dont nous assurons la supervision. Nous sommes un employeur distinct, selon les directives de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique et du Conseil du trésor.
[Traduction]
Je vais ensuite vous parler brièvement des sphères de responsabilité de l'Office national de l'énergie; de notre énoncé de mission portant sur la sécurité, la sûreté, la protection de l'environnement et l'efficience de l'infrastructure énergétique; et des marchés de l'énergie sous l'angle de l'intérêt public canadien, conformément au mandat énoncé de manière très explicite par le Parlement dans la Loi sur l'Office national de l'énergie.
D'un point de vue réglementaire, nous surveillons la construction, l'exploitation et l'intégrité des pipelines interprovinciaux et internationaux et des lignes de transport d'électricité internationales durant toute leur durée de vie, à partir de la première demande de construction de l'infrastructure, pendant son exploitation et finalement jusqu'à son démantèlement.
Nous réglementons le transport de l'énergie — pétrole, gaz et électricité — le long de ces lignes de transmission. Nous fixons également les droits et tarifs pour le transport de l'énergie. Nous réglementons le commerce international du pétrole, du gaz et de l'électricité. Nous réglementons aussi l'exploration et la production du pétrole et du gaz dans les régions pionnières non visées par un accord, où il n'existe encore aucune compétence provinciale pour régir de telles activités.
Du point de vue consultatif, nous surveillons le bon fonctionnement des marchés de l'énergie. Nous donnons des conseils au Parlement lorsqu'il en fait la demande. Nous produisons fréquemment des rapports attestant que nous surveillons le bon fonctionnement des marchés de l'énergie.
Par ailleurs, il est important de signaler ce que nous ne faisons pas. Nous ne réglementons pas l'énergie ni la mise en valeur de l'énergie dans les provinces. Nous ne réglementons pas le commerce interprovincial de l'énergie, pas plus que la pollution énergétique.
Parmi les avantages dont ont bénéficié les Canadiens en 2005, l'ONÉ a surveillé le transport en toute sécurité d'environ 120 milliards de dollars de produits énergétiques. Cela représente environ 12 p. 100 du PIB du Canada. L'Office a administré des recettes tarifaires atteignant 4,5 milliards de dollars au nom de la population canadienne, et des recettes provenant d'exportations réglementées d'énergie de l'ordre de 70 milliards de dollars. Il s'agit de la plus importante exportation du Canada.
Au chapitre des défis et des changements, le rapport le plus récent sur les sables bitumineux, publié en juin de cette année, est une mise à jour d'un rapport plus complet publié en 2004. Parmi les plus importants changements récents, la demande mondiale d'énergie continue sans aucun doute à augmenter. Un nouveau paradigme de prix de l'ordre de 55 $ à 75 $ le baril de pétrole tend à s'imposer. Les sables bitumineux du Canada sont reconnus comme la plus grande réserve mondiale de pétrole et s'avèrent être un atout important pour le développement du Canada.
Les réserves classiques ont tendance à s'épuiser dans le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien. L'arrivée du gaz naturel liquéfié permet de répondre à une bonne partie de la demande d'énergie en Amérique du Nord. L'Office se penche actuellement sur le pipeline de gaz du Mackenzie et il est possible que nous ayons un rôle à jouer à l'avenir dans le projet de pipeline de l'Alaska. Ce sont là deux initiatives qui offriraient la possibilité d'ouvrir un autre bassin afin de répondre aux besoins énergétiques de l'Amérique du Nord et à la demande mondiale.
Le Canada est un pays producteur d'autant plus attrayant que son climat politique est stable par comparaison à beaucoup d'autres pays du monde.
Ces quelques remarques d'introduction serviront de toile de fond à notre plus récent rapport publié en juin 2006.
[Français]
Depuis la publication du rapport, en 2004, les conditions entourant la mise en valeur des sables bitumineux ont beaucoup changé. Par exemple, comme je l'ai dit, les prix du pétrole ont plus que doublé tandis que les dépenses d'immobilisations et les frais d'exploitation augmentent rapidement. C'est pourquoi l'office a jugé nécessaire de mettre ses perspectives à jour, entre autres en soulignant les changements et les développements les plus importants, par rapport aux sables bitumineux. L'office vise à présenter une évaluation objective et indépendante, et à encourager le dialogue au sein du public pour tous les Canadiens.
[Traduction]
La page huit présente les différents sujets abordés dans le rapport: ressources, coûts de l'offre, approvisionnement en pétrole brut, marchés et pipelines. Le rapport a examiné quelques préoccupations environnementales et socio-économiques, ainsi que l'impact sur le secteur de l'électricité et l'industrie pétrochimique.
Je sais, d'après les témoignages que vous avez déjà entendus, que vous connaissez les emplacements des ressources en bitume présentés sur la diapositive numéro 9 qui nous permet de situer ces différents endroits en Alberta, dans les régions de la rivière de la Paix et de la rivière Athabasca. On a également examiné les sables bitumineux et le potentiel de récupération de pétrole dans le secteur nord-ouest de la Saskatchewan, dans la région de Firebag, ainsi que dans la région de Pasquia Hills, dans la région du centre-est de la Saskatchewan.
Le tableau de la page 10 présente quelques-uns des changements les plus importants qui ont souligné la nécessité de réexaminer les activités d'exploitation entre 2004 et 2006. On note clairement les changements au niveau du prix du baril de pétrole brut, du prix du gaz, de la différence de prix entre le léger et le lourd et du taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain, autant de facteurs importants qui ont encouragé et renforcé les activités d'exploitation des sables bitumineux.
Le tableau de la page 11 indique que l'ONÉ a répertorié 46 importants projets d'exploitation du bitume qui regroupent environ 130 projets individuels qui, comme nous l'avons annoncé publiquement, entreront en activité en 2006 et demeureront en production jusqu'en 2015. Dans le tableau, les colonnes bleues représentent l'ensemble des projets. Autrement dit, si tous les projets se réalisaient tels qu'annoncés, la ligne noire représenterait le scénario de référence, le scénario d'exploitation modifiée, compte tenu du dynamisme et des forces du marché en jeu qui contribuent à rectifier certaines annonces publiques. Selon le scénario de référence, 94 milliards de dollars seront investis au total, soit 9,4 milliards de dollars, c'est-à-dire une dizaine de milliards, par an entre aujourd'hui et 2015.
Passons à la diapositive 12 qui illustre les différents scénarios possibles d'exploitation selon qu'on parviendrait à réaliser un scénario d'exploitation modérée, un scénario de référence ou un scénario d'exploitation de tous les projets. Le graphique indique également le montant de la production des sables bitumineux dans le cas d'un scénario de base pour lequel la croissance de la production pourrait atteindre 3 millions de barils par jour. Dans le cas d'un scénario d'exploitation modérée, la production serait de 2 millions de barils par jour, alors que, en cas de mise en production de tous les projets, la production serait légèrement supérieure à 4 millions de barils par jour.
Le scénario d'exploitation modérée représente la situation où les prix du pétrole tomberaient à 30 $ ou 35 $ le baril, de sorte que les différents projets présentent un intérêt économique nettement moins grand et que la mise en valeur devient moins attrayante. Le scénario optimal représente bien entendu une croissance continue avec rendement élevé grâce à la valeur du baril de pétrole et ne tient peut-être pas compte de plusieurs autres facteurs modérateurs se rapportant aux coûts en main-d'oeuvre et en immobilisations, et autres facteurs de ce type.
La diapositive 13 indique que l'exploitation des sables bitumineux nécessite l'utilisation de grandes quantités de gaz naturel. En effet, l'exploitation des sables bitumineux entraîne une utilisation très intense d'énergie qui pourrait atteindre 2,1 milliards de pieds cubes par jour en 2015 par comparaison aux 0,7 milliard de pieds cubes quotidiens utilisés en 2005 au moment où l'étude a été effectuée.
Le fléchissement des courbes aux environs de 2010 reflète la mise en oeuvre supposée de certaines techniques plus avancées qui permettront de réduire les besoins en gaz. On assistera à un fléchissement des courbes en raison des progrès techniques qui permettront de réduire la demande globale de gaz nécessaire pour la production d'un baril de pétrole.
La diapositive 14 révèle que l'étude s'est penchée sur la nécessité de construire des pipelines. En effet, si la production continue à progresser au rythme prévu, il faudra disposer de moyens de transport supplémentaires pour acheminer le pétrole vers les marchés.
La carte montre le réseau actuel des principaux pipelines de pétrole but au Canada et aux États-Unis. Le pipeline principal d'Enbridge qui part d'Edmonton et traverse les Prairies canadiennes jusqu'à la frontière américaine près de Gretna, au Manitoba, se greffe au réseau de pipeline de Lakehead, poursuit aux États-Unis et revient ensuite vers Sarnia pour se rendre jusqu'aux raffineries de la région de Toronto.
Le Trans Mountain Pipeline de Kinder Morgan part d'Edmonton et se dirige vers l'Ouest, traversant la Colombie-Britannique pour se rendre sur les marchés de cette province ainsi que vers le port d'exportation de Westridge Dock à Vancouver, et vers l'État de Washington.
L'Express Pipeline de Kinder Morgan part d'Hardisty, en Alberta, et livre le pétrole brut à divers endroits de la région des montagnes Rocheuses aux États-Unis et se greffe ensuite au réseau de la Platte à Casper, dans le Wyoming, afin de livrer du pétrole brut dans les États américains du Midwest.
À la suite de l'inversion des pipelines de Spearhead et Mobil dans le Midwest américain au printemps 2006, le pétrole brut canadien de l'Ouest est désormais livré à Cushing, en Oklahoma, et poursuit même vers le sud aussi loin que la côte du Golfe des États-Unis.
La diapositive 15 présente un graphique à barres dans lequel les barres sombres au bas du tableau représentent la production actuelle en provenance du bassin de l'Ouest. La ligne qui représente la croissance et se dirige vers la droite jusqu'à l'année 2015 représente l'augmentation et la production de pétrole susceptible de provenir du bassin, les barres plus petites représentant les divers projets qui sont soit envisagés, soit examinés actuellement par l'Office national de l'énergie, afin de rendre possible l'augmentation de la production en provenance du bassin.
Dans ce graphique, j'aimerais vous signaler l'année 2007 où l'on voit que la production commence à dépasser la capacité actuelle de transmission. Il est clair que cela poserait quelques problèmes si la production continuait à croître tel que prévu actuellement.
Il faudra sans aucun doute s'attaquer au problème de la répartition sur certains pipelines — sous la forme d'appels d'offres pour réserver certaines capacités de transport sur les pipelines afin de pouvoir acheminer les produits jusqu'aux marchés — si l'on n'augmente pas la capacité de transport et si les choses se déroulent effectivement tel que prévu.
Nous n'imposons pas de réglementation dans le domaine environnemental, étant donné qu'il s'agit là de questions qui dépendent de la situation qui se présente dans la province, mais l'étude s'est penchée néanmoins sur certains enjeux environnementaux qui se présentent en raison de la croissance rapide de l'exploitation des sables bitumineux. Il faut énormément d'eau pour exploiter les sables bitumineux et les réserves d'eau ne seront peut-être pas suffisantes pendant certaines périodes de l'année.
Les techniques se sont beaucoup améliorées sur ce plan et certains secteurs de l'industrie ont créé des bassins de retenue pour disposer de réserves d'eau et n'avoir pas à puiser dans les aquifères, minimisant ainsi les répercussions sur l'environnement. Voilà les mesures qui sont prises pour tenter de diminuer les répercussions qu'aura l'augmentation de la demande en eau à mesure que l'industrie va se développer.
L'intensité des émissions de gaz à effet de serre par baril de pétrole produit a diminué de plus de 20 p. 100 entre 2000 et 2005, mais cette diminution a été absorbée par l'augmentation globale de la croissance et de la production, de sorte que le volume total de gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère continue à augmenter chaque année.
La captage et l'injection du dioxyde de carbone sont des techniques viables qui présentent un potentiel réel pour réduire le montant de dioxyde de carbone rejeté dans l'environnement. Ce secteur est prometteur pour l'avenir de l'industrie.
Il faut également tenir compte de la remise en état des terrains perturbés par l'utilisation des ressources aquatiques. Ces activités réglementées aux niveaux provincial et fédéral sont surveillées étroitement afin que l'on puisse mettre en place des mesures d'atténuation et exercer une surveillance étroite parallèlement à la mise en valeur des projets.
[Français]
Dans la région des sables bitumineux, certains facteurs d'importance touchent les conditions socioéconomiques. Il y a pénurie de main-d'oeuvre. À l'heure actuelle, l'Alberta ne compte qu'un nombre limité de travailleurs qualifiés. Non seulement le secteur des sables bitumineux est-il confronté à la difficulté de trouver les travailleurs dont il a besoin, mais il doit aussi les attirer dans la région. Une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée pourrait freiner le rythme de la mise en vigueur des projets prévus.
Au cours des cinq prochaines années, des dépenses d'immobilisations de 1,2 milliards de dollars seront nécessaires pour répondre à l'ensemble des besoins en infrastructures publiques dans la région. Parmi ces infrastructures, on compte les projets municipaux, les aqueducs, les égouts, la voirie, les installations de loisirs et les établissements scolaires, les projets d'autoroutes, les installations de santé et les logements à loyer modique.
[Traduction]
La diapositive 18 présente un diagramme illustrant la croissance prévue dans le scénario de référence actuel qui envisage de passer d'une production de 1,1 à 3 millions de barils par jour à la fin de la période actuelle, en 2015. L'étude s'est penchée sur un tel scénario, tenant compte des facteurs modérateurs indiqués au-dessus de la flèche que vous voyez en travers de la page et des facteurs qui ont tendance à précipiter ou encourager la croissance prévue, tels qu'indiqués sous la flèche: prix élevé du brut; augmentation mondiale constante de la demande d'énergie; innovations techniques; grande stabilité du climat d'investissement au Canada; et vaste marché des États-Unis. Ces facteurs sont équilibrés par la nécessité de développer des marchés et de construire des pipelines; l'augmentation des coûts des immobilisations et de la main-d'oeuvre; la hausse des coûts d'exploitation; la pénurie de main-d'oeuvre et d' infrastructures; et la nécessité de gérer les répercussions environnementales des projets d'exploitation.
Comme je l'ai dit, mesdames et messieurs, l'étude avait pour but d'actualiser une étude beaucoup plus poussée qu'avait réalisée l'Office national de l'énergie en 2004. Elle vise à apporter un certain équilibre et à cerner tous les problèmes qu'il faut prendre en compte afin de gérer la croissance rapide qui se présente actuellement. L'Office a réalisé ce rapport au nom de la population canadienne afin de mettre ces enjeux en lumière et d'encourager le débat. Je suis certain que cette démarche a été efficace.
Monsieur le président, voilà qui termine mon exposé.
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Au cours de notre exposé aujourd'hui, nous allons tenter de résumer brièvement une étude publiée par le CERI en octobre 2005. Cette étude avait pour objectif d'étudier les impacts macroéconomiques de la mise en valeur des sables bitumineux en vertu de certains scénarios.
Je vais vous donner aujourd'hui quelques informations au sujet de l'étude et de l'objectif que nous cherchions à atteindre. Les diapositives ne sont pas numérotées, mais la première s'intitule « Aperçu ». Je vais vous parler des résultats clés de cette étude et des analyses de sensibilité que nous avons effectuées.
Le contexte de l'étude... Il est clair, comme l'a indiqué M. Donihee, qu'il s'agit d'une des plus grandes ressources du monde, des gisements de pétrole que seules les réserves prouvées de l'Arabie saoudite dépassent en importance, mais les réserves de bitume brut sont beaucoup plus grandes et se chiffrent à 1,6 billion de barils. Ces réserves sont égales ou supérieures à la totalité des réserves mondiales en pétrole classique. Environ 11 p. 100 de la totalité de ce pétrole en place constituent des réserves prouvées et 174 ou 175 milliards de barils restent à exploiter. Vous aurez une meilleure idée de ce que cela représente si je vous dis que ces réserves suffiraient à répondre à la demande canadienne en matière de pétrole pendant 250 ans.
La motivation de l'étude... Les investissements que l'on prévoit faire dans les sables bitumineux jusqu'en 2020, pendant 20 ans, s'élèvent à environ 100 milliards de dollars — nous allons vous présenter aujourd'hui des chiffres beaucoup plus grands que cela — et cet investissement se traduira par la production de pétrole brut d'une valeur de 570 milliards de dollars.
Comme l'a mentionné M. Donihee, la mise en valeur des sables bitumineux nécessite de grandes quantités d'énergies, sans parler des autres facteurs et ressources nécessaires à la production. Les divers investissements auront des retombées économiques plusieurs fois supérieures à l'investissement de base une fois que les retombées toucheront le reste du secteur économique. C'est justement l'objectif de notre étude: estimer la valeur de l'investissement en vue de l'exploitation des sables bitumineux dans les divers secteurs de l'économie canadienne et même mondiale, afin d'examiner les effets macroéconomiques qu'engendrera cette exploitation. L'objectif de l'étude est véritablement d'évaluer les effets économiques de l'exploitation des sables bitumineux pendant une période de 20 ans aux niveaux local, provincial, national et international.
La méthode que nous utilisons fait appel au modèle intrant-extrant mis au point par le CERI. Ces types de modèles utilisés pendant des décennies notent en fait l'interaction des différents secteurs de l'économie. Ils consistent à suivre l'incidence qu'une perturbation ou une injection dans un secteur peut avoir sur le reste de l'économie, ainsi que ses répercussions ultimes.
Nous mesurons les impacts sur l'économie à partir de quatre paramètres ou indicateurs principaux: le premier est le produit intérieur brut; le deuxième est l'emploi; le troisième est le revenu d'emploi, c'est-à-dire le résultat du précédent; et enfin, les recettes de l'État qui résultent des rentrées obtenues dans ce secteur et dans d'autres secteurs qui ont bénéficié des retombées.
La diapositive suivante s'intitule « Production — Cas sans contrainte » et nous présente deux scénarios qui se penchent sur l'exploitation future des sables bitumineux jusqu'en 2022.
Le premier scénario est ce que nous appelons le cas sans contrainte ou cas potentiel. Tous les projets sont annoncés, connus et démarrent au moment prévu, sans retards, sans contraintes au niveau des ressources, dans un contexte normal. Évidemment, cette situation ne nous paraît pas réaliste, mais c'est ce qui se produirait si l'exploitation pouvait se dérouler sans aucune contrainte. La production atteindrait plus de quatre millions de barils par jour en 2022.
Nous portons ensuite un jugement spécialisé. Nous savons qu'il y aura des contraintes et que les projets se heurteront à des obstacles. Nous appliquons certains retards aux projets selon qu'ils sont au stade de développement, qu'ils ont été annoncés, ou qu'ils sont au stade de la construction et de l'émission de permis, etc.
Selon le stade d'avancement, nous leur attribuons un retard de zéro si les travaux de construction sont bien avancés, ou nous les retardons d'un certain nombre d'années si les projets ont seulement été annoncés ou sont hypothétiques. Nous appliquons ensuite une formule de probabilité afin de calculer la production probable. Une partie de chacun des projets de cette catégorie sont retardés en raison de contraintes au niveau des ressources.
Ensuite, nous passons aux investissements dans ce que nous appelons le cas de base ou scénario de référence qui représente un montant approximatif et cumulatif de 100 milliards de dollars au cours de la période. Cet investissement permet une production de bitume et de bitume enrichi transformable en pétrole brut synthétique d'une valeur de 570 milliards de dollars.
Ces analyses se basent en fait sur la valeur monétaire. Nous devons traduire l'extrant physique en valeur monétaire afin de mesurer l'incidence économique.
L'étude se penche ensuite sur les impacts. Le premier est l'impact économique sur le PIB, le premier paramètre ou indicateur. L'impact mondial de ces travaux d'exploitation atteindrait un total cumulatif de 885 milliards de dollars, soit presque un billion.
Environ 10 p. 100 de ce montant sera produit à l'extérieur du Canada, et 90 p. 100, soit 785 milliards, au Canada. Au cours de cette période, la hausse du PIB sera de 634 milliards de dollars en Alberta; 102 milliards de dollars en Ontario; et 8 milliards au Québec. Le reste du Canada connaîtrait une hausse de 45 milliards de dollars au niveau du PIB. À l'étranger, d'autres pays connaîtraient des retombées de 96 milliards de dollars, soit, comme je le dis, environ 10 p. 100 du total.
Si les autres provinces et d'autres pays du monde sont touchés par ces projets de mise en valeur, c'est tout simplement parce que l'économie mondiale est interconnectée. Nous avons des échanges avec les autres provinces et le Canada fait du commerce avec les autres pays du monde.
Dans la mesure où nous faisons appel à l'extérieur pour obtenir certains intrants nécessaires à l'exploitation des sables bitumineux, cette activité a une incidence positive sur les économies provinciales ou étrangères d'où proviennent ces intrants.
En pourcentage, les impacts sur le PIB s'élèveront à 72 p. 100 en Alberta; 11 p. 100 en Ontario, soit un chiffre égal à l'impact sur les économies étrangères; 11 p. 100 à l'extérieur du Canada; 1 p. 100 au Québec; tandis que les autres provinces recueilleront 5 p. 100 de l'impact total qui est d'environ 1 billion de dollars.
Pour replacer les choses dans leur contexte, l'impact économique mesuré en fonction du PIB au cours d'une période de 20 ans représente un ajout cumulatif d'environ 61 p. 100 du PIB canadien en 2004.
L'impact annuel des sables bitumineux sur le PIB albertain en 2000, année où nous avons commencé notre analyse, représente 9 p. 100 du PIB annuel de l'Alberta. On prévoit que ce chiffre passera à 20 p. 100 du PIB annuel de l'Alberta d'ici 2020.
Pour le Canada, l'impact annuel sur le PIB est d'environ 1,5 p. 100 en 2005 et passera à environ 3 p. 100 d'ici 2020.
Je vais maintenant parler de l'impact sur l'emploi. Je dois préciser qu'il s'agit de la demande de main-d'oeuvre qu'occasionneront ces travaux de mise en valeur.
Au cours de l'ensemble de la période, les travaux d'exploitation nécessiteront 6,56 millions d'années-personnes et 5,43 millions seront générées au Canada. En Alberta, le nombre de d'emplois créés se chiffrera à environ 3,7 millions d'années-personnes; en Ontario, il atteindra 1 million d'années-personnes; au Québec il sera de 125 000 années-personnes; dans le reste du Canada, il atteindra 612 000 années-personnes; tandis que 1,1 million d'années-personnes seront créées dans d'autres pays, pour un total global de 6,5 millions d'années-personnes.
La répartition de cet emploi au Canada et dans le monde sera la suivante: 44 p. 100 de tous les emplois seront créés à l'extérieur de l'Alberta et 56 p. 100 en Alberta. La part de l'Ontario dans cette création d'emplois sera d'environ 16 p. 100 du total. Le Québec obtiendra 2 p. 100 des emplois et les provinces canadiennes 9 p. 100. Les économies étrangères obtiendront 17 p. 100 des 5,6 millions d'années-personnes créées par l'exploitation des sables bitumineux.
Nous avons également évalué l'impact de l'emploi sur l'économie locale. Comme nous l'avons dit, 68 p. 100 de tous les emplois créés au Canada le seront en Alberta. Dans la région de Wood Buffalo-Cold Lake qui sera le théâtre de la plus grande partie des travaux de mise en valeur, la hausse d'emplois sera d'environ 780 000 années-personnes, ce qui représente environ un cinquième de tout l'emploi créé en Alberta.
À l'extérieur du Canada, l'emploi créé se chiffrera à environ 1,1 million d'années-personnes. C'est plus que dans n'importe quelle province, sauf l'Alberta, mais moins que pour l'ensemble des provinces réunies.
Il faut bien comprendre par ailleurs que la création d'emplois due à la mise en valeur des sables bitumineux ne se limite pas au secteur du pétrole et du gaz, mais qu'elle se répercute dans toute l'économie. En fait, l'exploitation des sables bitumineux entraînera la création de quatre fois plus d'emplois dans les autres secteurs que dans celui du pétrole et du gaz. Le secteur du pétrole et du gaz récoltera environ 18 p. 100 de l'ensemble d'emplois créés, et 82 p. 100 des autres emplois seront créés dans d'autres secteurs de l'économie.
Le dernier élément que nous avons mesuré au chapitre des impacts macroéconomiques de la mise en valeur des sables bitumineux est l'impact sur les recettes de l'État en raison de l'activité économique ainsi créée. La valeur des extrants et des recettes provenant des entreprises et de l'emploi, en plus de tous les autres types de taxes totalisera 138 milliards de dollars en recettes fiscales. De ce montant, 124 milliards de dollars seront générés au Canada et le reste dans des économies à l'extérieur au Canada.
Sur le total de 124 milliards de dollars en recettes fiscales générées au Canada au cours de la période de 20 ans, nous pensons que le gouvernement fédéral récoltera la plus grande part — 51 milliards de dollars. Le gouvernement provincial de l'Alberta arrive au deuxième rang avec 41 milliards de dollars. Les autres provinces et territoires récolteront 12 milliards de dollars en recettes fiscales. Les municipalités obtiendront 17 milliards de dollars. Quant aux recettes fiscales générées à l'extérieur du Canada, elles atteignent 14 milliards de dollars pour un total mondial de 138 milliards de dollars.
Ces recettes fiscales de 138 milliards de dollars se répartissent comme suit: 41 p. 100 au gouvernement fédéral; 36 p. 100 à l'Alberta; 9 p. 100 aux municipalités albertaines; 5 p. 100 aux autres municipalités; et 9 p. 100 aux provinces autres que l'Alberta.
Les recettes fiscales proviennent de plusieurs sources différentes. Ce sont les recettes de l'État dont nous avons parlé. La plus grande partie provient de l'impôt sur le revenu des particuliers et représente 25 p. 100 de l'ensemble des recettes fiscales, ainsi que de l'impôt des sociétés — 25 p. 100 du total. Viennent ensuite les recettes provenant des redevances — seulement en Alberta — qui se chiffrent à 20 p. 100 du total. Les taxes indirectes — TVP, TPS, taxes d'accise et toutes les taxes autres que les impôts sur le revenu — représentent 16 p. 100 du total des recettes fiscales. Les impôts fonciers représentent 18 p. 100.
Nous avons effectué quelques analyses de sensibilité selon les différents prix du pétrole. Dans le scénario de référence, j'ai utilisé le prix de 32 $ en dollars de 2005, par baril de pétrole brut. Nous avons ensuite retenu le chiffre de 25 $ le baril — je ne sais pas si nous connaîtrons encore un tel prix. Nous avons également analysé la sensibilité dans le cas où le prix du baril de pétrole serait fixé à 40 $. Nous avons mené toutes ces analyses pour le scénario que nous qualifions de prévu ou avec contrainte et celui que nous qualifions de potentiel ou sans contrainte. Nous avons ensuite examiné un scénario envisageant une augmentation de la proportion de bitume traité en Alberta. Dans le cas de ce scénario de référence, nous avons retenu le prix de 32 $ le baril de pétrole.
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Merci, monsieur le président.
En premier lieu, je vais faire référence au tableau figurant à la page 22 du document de l'Office national de l'énergie. Il y est mentionné que l'Arabie saoudite a une réserve de 260 milliards de barils. Je crois que ces chiffres datent de 1980, parce que le 15 juin 2005, à Vienne, Saudi Aramco, la compagnie nationale pétrolière, a déterminé qu'il restait 130 milliards de barils de pétrole en Arabie saoudite.
Actuellement, les investisseurs américains disent que la réserve est de 30 milliards de barils. Alors, si cela est vrai, cela est vrai aussi pour l'ensemble des réserves, qui ont été surévaluées. On le sait; tout le monde le dit. On sait que la plupart des pays ont déjà dépassé leur peak oil, leur pic pétrolier, et que leur production est en décroissance, sauf le Canada.
Je pense que la question de M. St. Amand est intéressante et j'y reviens. Quelle est votre stratégie? Que conseillez-vous? Si on utilise rapidement la quantité de pétrole qu'on a, c'est évident qu'on pollue au maximum. On pollue assez, probablement, pour provoquer un changement climatique majeur qui pourrait entraîner la disparition du genre humain d'ici l'an 2050. Si on prend son temps et qu'on ralentit le rythme de pollution, c'est évident qu'on a des chances de trouver des solutions techniques pour réduire l'émission des GES, des gaz à effet de serre, quand on utilisera ce mazout.
Par contre — et c'est le catch-22 —, je ne crois pas du tout aux prévisions selon lesquelles nos réserves pourraient durer 250 ans; cela n'a aucun bon sens. On dépense actuellement 30 milliards de barils de mazout par année. Faites des calculs, et vous n'arrivez pas à une durée, en termes de réserves, qui atteigne 50 ans.
Donc, je reviens à mes deux hypothèses et je vous pose la question suivante: quelle est la stratégie que vous recommandez pour le Canada? Si on conserve le mazout — ce serait un peu l'idée de M. St. Amand, que je trouve très bonne et intéressante — et qu'on soit les seuls éventuellement à en posséder sur terre, cela déclencherait des conflits mondiaux énormes. On va se faire enlever notre pétrole. Alors, quelle est la stratégie que vous recommandez?
C'est une question d'ordre économique, monsieur le président.