:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, bonjour.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui et de pouvoir ainsi examiner et discuter avec vous d'un certain nombre de sujets qui ont trait à ma comparution, en septembre dernier, pour commenter le rapport du juge O'Connor sur les événements entourant l'affaire Maher Arar.
[Traduction]
Ma dernière comparution devant le comité a eu lieu, comme vous le savez, peu après la publication du rapport. Je sais que le comité souhaitait, comme moi, entendre la réponse de la GRC dès que possible, et j'estimais personnellement qu'il était important de présenter sans attendre des excuses à M. Arar et à sa famille. Je voulais aussi exposer en détail au comité le travail important qu'accomplit la GRC pour mettre en oeuvre les recommandations.
Aussi, je crois que certains aspects de mon précédent témoignage auraient pu être plus précis ou mieux énoncés. Il en a résulté un certain nombre de malentendus et, comme je le mentionnais dans ma lettre au comité, j'attendais avec impatience que me soit donnée l'occasion de rétablir les faits auprès du comité et du public canadien.
Je crois qu'il serait utile de revenir sur certains faits importants, notamment ce que je savais personnellement et quand, l'information contenue dans les notes de synthèse au ministre et autres, et notre réponse organisationnelle.
[Français]
Le rapport du juge O'Connor dresse ainsi la liste des événements qui se sont produits.
[Traduction]
À l'automne 2001, M. Arar est légitimement désigné « personne d'intérêt » dans le cadre de l'enquête antiterroriste amorcée par la GRC après les événements du 11 septembre et baptisée Projet A-O Canada. À cette époque, dans le cadre d'une demande d'information adressée aux Douanes américaines, M. Arar et Mme Mazigh sont inscrits sur une liste qui leur vaudra ensuite d'être étiquetés « extrémistes islamistes soupçonnés d'avoir des liens avec le mouvement terroriste Al-Qaïda ».
[Français]
Par la suite, M. Arar effectue à deux reprises des déplacements à l'intérieur et à l'extérieur des États-Unis, sans incident. Le juge O'Connor a d'ailleurs conclu qu'il n'avait pu déterminer avec certitude quelles mesures les Américains avaient prises sur la base de cette demande.
[Traduction]
Je crois qu'il est important de souligner ici ce que le juge O'Connor mentionne: que les cadres supérieurs savaient qu'une demande d'information avait été transmise aux Douanes américaines, sans toutefois en connaître les détails. Et je peux vous dire qu'ils ne recevraient jamais de tels détails dans le cadre de leurs rapports hiérarchiques.
Au printemps 2002, la GRC communique de l'information à ses homologues américains, sous forme de trois CD contenant une somme importante d'information recueillie jusque-là dans le cadre de l'enquête. Quatre-vingt-quatorze de ces documents faisaient référence à M. Arar et certaines informations factuelles erronées y ont par la suite été relevées par le juge O'Connor.
En juillet, l'équipe du Projet A-O Canada apprenait que M. Arar et sa famille avaient quitté le Canada pour la Tunisie. Plus tard, elle qualifiait ce départ de « soudain ». Le juge O'Connor a déclaré que cela, combiné au fait que les conditions posées par l'avocat de M. Arar à une entrevue ont été qualifiées de refus, a concouru à donner une image fausse et possiblement très négative de M. Arar. Cependant, à cette époque, l'équipe du Projet A-O Canada ignorait que ce portrait inexact était en train de prendre forme.
En septembre 2002, M. Arar est arrêté par les autorités américaines alors qu'il faisait escale à New York. Dans ses discussions avec les Américains durant cette période, la GRC a clairement fait savoir qu'elle n'était pas en mesure d'établir de liens entre M. Arar et Al-Qaïda. Cela a été mentionné tant dans les communications écrites que personnelles. Le personnel a maintenu sa position et a continué de dire aux Américains que la GRC n'avait aucune raison de détenir M. Arar, de l'accuser d'une infraction criminelle ou de l'empêcher d'entrer au Canada.
Les 5 et 7 octobre, le personnel de la GRC informe le FBI que la GRC ne peut associer M. Arar à Al-Qaïda. Monsieur le président, je voudrais, ici, vous renvoyer à la lettre que j'ai fait parvenir au comité le 2 novembre. J'y affirme, et je cite:
Il n'en demeure pas moins que des enquêteurs de la GRC ont clairement informé les autorités américaines qu'il n'y avait aucune preuve appuyant le dépôt d'accusations criminelles contre M. Arar au Canada, qu'on ne pouvait pas l'empêcher d'entrer au Canada et que nous ne pouvions pas le relier à Al-Qaïda.
Ces renseignements auraient dû avoir pour effet de corriger toute information inexacte qui avait été transmise précédemment. Quand j'ai déclaré le 28 septembre 2006 que nous avions corrigé le dossier, c'est à cela que je faisais allusion. Même si mes remarques auraient peut-être pu avoir été plus claires, je crois que M. Easter a reconnu l'absence de fondement de certaines des questions du comité lorsqu'il a mis en garde contre toute interprétation erronée de ce que j'avais déclaré.
Le 11 octobre 2001, j'apprends officiellement que M. Arar a été déporté vers la Syrie par les autorités américaines, que la GRC a transmis nos documents d'enquête à celles-ci, et que M. Arar est considéré comme une personne d'intérêt.
[Français]
Ici encore, comme l'a fait remarquer le juge O'Connor, il convient de rappeler qu'aucun officier supérieur, y compris moi-même, n'a été informé d'inexactitudes dans l'information transmise aux autorités américaines.
[Traduction]
Durant l'automne 2002 et au printemps et à l'été 2003, la GRC continue de communiquer avec des organismes canadiens, comme SPPCC, le MAECI, le SCRS, le BCP, et à informer comme il se doit les ministres de la situation concernant M. Arar.
Le sous-commissaire Garry Loeppky était le premier responsable pour la GRC. Lorsqu'il représentait la Gendarmerie aux nombreuses et régulières réunions interministérielles, il exposait ce que nous savions alors: que la GRC avait échangé des documents d'enquête avec les autorités américaines et qu'elle avait informé les responsables américains qu'elle ne pouvait accuser M. Arar d'une infraction criminelle, l'empêcher d'entrer au Canada ou établir de liens entre lui et Al-Qaïda.
Le sous-commissaire Loeppky m'informait régulièrement de la situation, comme je l'ai dit, et il en était de même pour le ministre Easter, qui a notamment été informé en détail des opérations en novembre 2003, à savoir que les Américains avaient décidé unilatéralement de déporter M. Arar en Syrie, que la GRC avait échangé des renseignements d'enquête, et que M. Arar était toujours considéré comme une personne d'intérêt.
Je crois qu'il est important de souligner que, pour la GRC, M. Arar est demeuré une personne d'intérêt durant toute la période que j'ai évoquée. Voilà ce que je savais — tout ce que je savais — durant les trois années qui se sont écoulées entre la déportation de M. Arar et la publication du rapport.
Quant à savoir qui savait quoi et quand, je crois qu'il convient de citer deux passages du rapport du juge O'Connor.
Premièrement, en ce qui concerne l'information inexacte contenue dans la demande d'information transmise aux Douanes américaines en 2001, le juge O'Connor affirme ceci: « Les officiers supérieurs n'ont pas su que le Projet A-O Canada avait étiqueté M. Arar et Mme Mazigh comme des extrémistes islamistes dans sa demande d'avis de guet à la frontière adressée aux Douanes américaines. »
Deuxièmement, pour ce qui est des questions que la GRC a envoyées aux autorités américaines alors que M. Arar était détenu à New York, le juge O'Connor affirme ceci:
Je note que les responsables de la Division A et de la Direction des renseignements criminels n'étaient pas au courant de l'envoi de cette communication.
Ce n'est que durant l'enquête de la commission que tous les faits et événements entourant la déportation de M. Arar ont été minutieusement compilés. Mais, et il importe de le rappeler, le juge O'Connor confirme également ce que je crois: qu'on ne peut accuser de mauvaise foi les membres du Projet A-O Canada. C'est d'autant plus évident que l'équipe du Projet A-O Canada n'a relevé ou signalé aucune inexactitude aux cadres supérieurs, croyant que l'information utilisée par les autorités américaines serait vérifiée et que M. Arar serait traité comme il se doit, c'est-à-dire conformément à la procédure policière établie.
Comme je l'ai dit auparavant, la décision prise par les officiers supérieurs, que j'appuie, a été d'accepter ces problèmes au niveau organisationnel et de mettre en place des mesures correctives axées sur, premièrement, une gouvernance centrale forte; deuxièmement, l'échange d'information; troisièmement, la formation; et quatrièmement, l'intégration efficace. Ces mesures visent à renforcer notre efficacité organisationnelle dans le domaine éminemment complexe de la sécurité nationale et de la lutte antiterroriste, de manière à ce que de tels problèmes ne se reproduisent plus.
Comme l'ancienne vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique Anne McLellan l'a dit au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, la semaine dernière:
L'imputabilité revêt de nombreuses formes et nous devons dépasser l'idée que des têtes doivent à tout prix tomber.
S'il faut parfois en arriver là, on doit aussi quelquefois changer les procédures en place qui ont mené à l'erreur, de manière à s'assurer que cela ne se reproduise plus.
Dans d'autres cas, ce sera autre chose, peut-être quelque chose de plus important, de l'ordre de la culture de l'organisation en cause.
Monsieur le président, je veux être très clair sur la signification de ce que j'ai dit ici. Pour un haut fonctionnaire, rien n'est plus important que de s'assurer que l'information qu'il communique aux ministres est exacte et complète. Dissimuler des renseignements ou faire des déclarations mensongères constitue une faute grave. Si j'avais commis de tels actes, personne n'aurait à demander ma démission. La réalité, cependant, est que, en raison des circonstances que j'ai évoquées, nous n'avons pris connaissance de certains faits importants qu'à la fin de l'enquête du juge O'Connor cette année. Mes collègues et moi regrettons profondément les erreurs qui ont été commises, mais il importe de souligner que nous avons toujours agi de bonne foi.
Enfin, avant de passer aux questions, j'aimerais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Comme je l'ai dit le 28 septembre, ce processus prouve aux Canadiens qu'il existe un leadership transparent, imputable et réceptif dans le système démocratique canadien, ce qui est le fondement même d'une société civile saine.
Merci.
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Non, elle n'a jamais comparu devant le comité, mais c'est ce qu'a déclaré Mme Heafey, qui était la présidente de la Commission des plaintes du public contre la GRC.
Laissez-moi finir, car c'est important.
La deuxième conclusion est la suivante: si nous acceptons le fait — et j'ai beaucoup de mal à le faire — que vous ne saviez rien, cela veut dire qu'en tant que chef de la GRC, vous étiez à ce point coupé de la réalité que vous n'aviez aucune idée de ce qui se passait et que vous ne posiez aucune question à ce moment-là.
Les deux conclusions sont inacceptables. Franchement, pour être honnête avec vous, soit vous avez induit le comité en erreur, soit vous n'avez pas dit la vérité au comité.
La question n'est plus de savoir si vous devez ou non être renvoyé, monsieur Zaccardelli. À mon avis, c'est maintenant clair. La question est de savoir pourquoi le gouvernement, le ministre Day et le premier Harper se sont donnés tellement de mal pour vous protéger.
Dix jours se sont écoulés entre le 18 septembre, date de publication du rapport O'Connor, et le 28 septembre. Je veux savoir ce qui s'est passé au cours de cette période. Y a-t-il eu des réunions? Des discussions?
C'est ce que je veux savoir, car je ne comprends pas. Lors de sa comparution, le ministre Day a déclaré au comité qu'il vous appuyait totalement, et le premier ministre aussi. Nous n'avons rien dit. Nous avons attendu, nous avons écouté, nous voulions nous assurer d'avoir tous les renseignements en main. Ils n'ont rien fait. Malgré toutes les contradictions, malgré tous les problèmes, bien qu'ils aient eu toutes les raisons du monde de marquer un temps d'arrêt et de poser, à tout le moins, quelques questions, ils n'ont rien fait. Ce sont les partis de l'opposition qui se sont chargés de poser des questions.
Je voudrais revenir à ce qui s'est passé au cours de cette période. Quand vous avez comparu devant le comité... Pouvez-vous nous dire si vous avez rencontré le ministre Day entre le 18 septembre et le 28 septembre? Si oui, quelle était la teneur de cette réunion? De quels sujets avez-vous discuté? A-t-il été question de l'adoption d'une stratégie de communication pour gérer le dossier?
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J'aimerais finir de répondre, monsieur le président.
M. O'Connor le dit très clairement dans son rapport. Mes officiers responsables et moi n'avons appris qu'à la conclusion du rapport du juge O'Connor qu'on avait commis des erreurs et communiqué de fausses accusations. Ce n'est que le juge O'Connor qui prend tous ces éléments d'erreur et de fausses accusations et les rassemble dans son travail de vérificateur, pour les examiner, qui en tire la conclusion. C'est la première fois que tous ces éléments sont mis ensemble, et il dit très clairement dans son rapport qu'aucun officier responsable n'était au courant.
Dans mon témoignage du 28 septembre, j'ai clairement laissé entendre que certaines des informations dont j'ai pris connaissance à la lecture du rapport – J'ai laissé entendre que j'aurais pu les connaître en 2002. C'était une erreur de ma part, et c'est la raison pour laquelle je voulais revenir ici pour me corriger officiellement. C'est toutefois très clair, et il importe que le comité le comprenne.
Il n'y a aucun officier responsable qui était au courant, et nous l'avons tous appris après la publication du rapport du juge O'Connor.
Pour répondre à la deuxième question que M. Holland a soulevée, j'aimerais revenir aux discussions que j'ai eues avec le ministre sur les soi-disant mauvaises informations, pour reprendre l'expression que vous avez utilisée lors de ma dernière comparution, monsieur Holland.
Monsieur le président, le rapport a été publié le 18 septembre. J'étais à l'étranger. J'étais au Brésil, à la conférence d'Interpol. C'est le lundi que le rapport est sorti. Je suis revenu le mercredi en fin d'après-midi. Je me suis rendu à mon bureau, je me suis changé, puis je suis allé rencontrer le ministre Day.
Nous avons discuté du rapport. Il m'a demandé si je l'avais lu. Je lui ai dit que je venais tout juste de le recevoir et que j'étais en train d'essayer de le lire. Je n'avais pas dormi, parce que j'avais passé toute la nuit dans l'avion. Il m'a dit que je devrais dormir un peu. C'est ce que j'ai fait.
J'ai lu le rapport, puis le jour suivant, le matin suivant, j'étais à mon bureau quand j'ai eu vent pour la première fois que ce comité pourrait se réunir. J'ai donc appelé au cabinet du ministre pour prendre un rendez-vous. En même temps, ce jour-là, j'ai écrit une lettre au ministre pour lui signifier mon désir de comparaître devant le comité et de réagir publiquement au rapport.
Nous nous sommes rencontrés le jour suivant, monsieur le président, et nous – Je m'excuse, ça n'était pas le jour suivant, mais le jeudi. C'est là où j'ai écrit la lettre, j'ai eu cette discussion et j'ai entendu dire que le comité pourrait se réunir.
Le vendredi, j'ai rencontré le ministre. Le ministre et moi avons discuté du rapport et de la possibilité de cette réunion. Le vendredi après-midi, nous avons appris que le comité se réunirait le mardi. Nous avons convenu tous les deux que ce serait le moment et l'endroit idéaux pour ma première comparution.
C'est exactement ce qui s'est passé. C'est ce qui a été convenu entre le ministre et moi. Jamais, monsieur le président, m'a-t-on donné l'ordre ou la consigne de ne pas en parler. Nous avons compris que ce comité allait se réunir le plus rapidement possible, et nous avons convenu que c'était le meilleur endroit pour expliquer ce qui c'était passé.
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Merci, monsieur le président.
Commissaire Zaccardelli, merci pour votre présence.
Je vais essayer de résumer brièvement la situation.
C'est le 18 septembre dernier qu'a été rendu public le rapport du juge O'Connor révélant des manquements graves aux protocoles de la GRC alors que de fausses informations ont été transmises aux autorités policières des États-Unis. Les Canadiens avaient grand hâte d'entendre ce que vous aviez à dire à ce moment-là. Il a fallu dix jours pour que vous comparaissiez devant notre comité pour nous faire part de vos réactions. Vous nous avez alors dit de façon très claire — il n'y avait pas d'imprécisions et il ne s'agissait pas d'impressions — que vous aviez découvert en 2002 que des renseignements erronés avaient été transmis aux Américains, que vous aviez tenté de rectifier le tir et que vous en aviez avisé les ministres concernés à l'époque.
Je dois également mentionner qu'entre le 18 et le 28 septembre, soit avant que vous ne vous présentiez devant notre comité, le ministre Day a confirmé sans équivoque son appui à votre bureau. Par ailleurs, certaines informations laissaient entendre que le cabinet du premier ministre n'affichait pas une telle confiance à ce moment-là, mais a ensuite changé son fusil d'épaule pour se rallier et appuyer votre travail et vos déclarations.
Après le témoignage où vous nous avez déclaré avoir transmis l'information aux ministres en poste en 2002, trois anciens ministres ont comparu devant notre comité pour affirmer que vous ne les aviez jamais mis au courant.
Et voilà que tout à coup, hier, vous prononcez une allocution devant le Economic Club pour expliquer toutes ces contradictions. C'est d'ailleurs une tournure des événements que je trouve fort intéressante étant donné que lors de votre dernière comparution — soit le 28 septembre — vous avez indiqué ne pas avoir fait de déclarations publiques parce que vous estimiez que notre comité constituait la seule tribune appropriée pour rendre compte aux Canadiens de vos actions et de la teneur de vos responsabilités. Mais il semble bien qu'hier vous avez décidé de présenter ce compte rendu devant le Economic Club, plutôt que devant notre comité.
Ceci étant dit, vous nous avez indiqué ce matin que vous étiez disposé à parler de vos rencontres avec le ministre Day alors même que les membres du comité ont dû déployer des efforts considérables pour arriver à obtenir quelque détail que ce soit concernant de possibles rencontres politiques ou autres avec le ministre. Mais vous nous dites aujourd'hui que vous avez effectivement rencontré le ministre.
Pourriez-vous nous indiquer à quel moment vous avez rencontré le ministre Day et qui était présent à cette rencontre?
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Merci beaucoup de poser cette question.
Oui, nous sommes allés à l'extérieur de la GRC. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons renouvelé notre protocole d'entente, par exemple, avec le SCRS si bien que nous travaillons maintenant plus en phase et de façon beaucoup plus étroite, que nous comprenons beaucoup plus clairement nos mandats respectifs et que nous veillons à synchroniser notre travail. Nous avons appris quelles étaient leurs pratiques exemplaires en matière de gestion des renseignements délicats, la manière d'échanger ces renseignements.
Nous sommes allés également à l'extérieur du Canada, par exemple, en Grande-Bretagne. Comme vous le savez, la Grande-Bretagne a été mise au défi de nombreuses façons sur le plan de la sécurité nationale. Nous nous sommes entretenus avec le Met en Angleterre et avec des représentants du MI5. Nous sommes allés en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans d'autres pays qui doivent faire face aux mêmes défis que pose le terrorisme et qui doivent déterminer comment les services de sécurité et les organismes chargés de l'application de la loi peuvent travailler ensemble et de façon intégrée dans ces dossiers. Nous avons échangé de l'information.
Nous avons examiné les pratiques exemplaires. J'ai envoyé une équipe partout dans le monde pour examiner les pratiques exemplaires. Nous avons intégré ce travail, ainsi que les recommandations du juge O'Connor, dans nos politiques, nos pratiques, notre formation, etc.
Encore une fois, je ne peux rien garantir à cet égard. Le juge O'Connor a dit que nos politiques étaient très bonnes, même avant le 11 septembre. Je crois que nous avons un très bon système qui résisterait au meilleur examen du juge O'Connor ou de n'importe qui d'autre et qui est comparable, sinon meilleur, à celui d'un bon nombre de pays. Il doit en être ainsi, puisque nous avons tiré beaucoup de leçons ici. Cette situation a causé du tort à beaucoup de personnes. J'ai moi-même traversé des semaines difficiles depuis mon dernier témoignage. Si quelqu'un a été gravement touché du fait que l'information n'était pas précise, c'est bien moi.
Nous avons donc tous tiré des leçons. C'est ce que j'essaie de faire. Je regarde vers l'avenir, sans oublier le passé, mais en essayant de corriger ces erreurs, et nous avons parcouru le monde pour examiner ces pratiques exemplaires.
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La réponse sera peut-être un peu plus longue, mais je ne vais pas aborder la question de savoir si des têtes devraient tomber ou non. Ce sera pour une autre fois.
Au sujet évoque des erreurs qui ont été commises, tout d'abord, il y avait un document sur les avis de surveillance, dans lequel où se trouvaient les noms d'un certain nombre de personnes. Elles étaient la cible légitime d'enquêtes parce qu'elles étaient soupçonnées d'être d'éventuels extrémistes islamistes. Les noms de M. Arar et de son épouse ont été ajoutés à cette liste. Cela n'aurait pas dû arriver. Lorsque leurs noms ont été ajoutés, on aurait dû les identifier. C'est là la première erreur dont nous parlons. Toutefois, dans son rapport, le juge O'Connor affirme clairement qu'après la diffusion de l'avis de surveillance, M. Arar a fait deux aller-retour aux États-Unis et il ne lui est rien arrivé. Le juge ajoute dans son rapport qu'il ne peut pas établir ce que les Américains ont fait de cette déclaration.
Parmi Les autres erreurs, si nous voulons employer ce mot, il y a la déclaration indiquant , comme je l'ai déjà dit, que M. Arar a vendu sa maison et est parti pour la Tunisie « soudainement », selon notre c'est là la description du comportement de M. Arar. Lorsqu'il a analysé cette allégation trois ans plus tard, le juge O'Connor a déclaré que nous n'aurions pas dû préciser que son départ était survenu « soudainement ».
Une autre erreur a été commise par les enquêteurs, lorsqu'ils ont affirmé que M. Arar était à Washington le 11 septembre 2001. Il n'y était pas.
Une autre erreur concerne la soi-disant réunion qu'il a eue ici avec une de nos principales cibles dans un café. Les enquêteurs ont dit qu'il était venu de Québec pour participer à cette réunion. En fait, il était déjà ici.
Bien que le juge O'Connor ait dit qu'il ne croyait pas qu'il s'agissait d'erreurs délibérées de leur part — laissez-moi terminer, monsieur Comartin —, au bout du compte, après avoir analysé ces faits et vérifié de façon approfondie tous les éléments, il est arrivé à la conclusion que ces petites erreurs, combinées, auraient pu donner aux Américains l'impression que le cas de M. Arar était plus préoccupant que nous ne l'avions pensé à l'origine. J'accepte cela sans réserve.
Toutefois, le juge O'Connor écrit dans son rapport que les enquêteurs n'ont pas agi intentionnellement. Ils n'avaient pas reçu la bonne formation. L'organisation ne leur avait pas donné la formation voulue. Donc, le juge O'Connor a replacé leurs actes dans le contexte. Je ne sais pas trop comment il faut traiter quelqu'un qui fait une erreur de bonne foi, lorsqu'un juge...