:
Monsieur le Président, le budget à l’étude présente trois problèmes. Ils sont définis de façon générale et chacun d’eux se subdivise en différents éléments.
Le budget procure un avantage à court terme à certains et se traduira par des difficultés durables pour tous les Canadiens pour la bonne raison qu’il est fidèle à la longue tradition conservatrice d’imprudence et d’incompétence en matière financière. Il ne propose aucune vision d’ensemble. Au mieux, on peut dire qu’il va un peu dans tous les sens, sans cohérence aucune. Au pire, il reflète l’étroitesse, le manque d’envergure des cinq priorités du gouvernement.
Ce que les Canadiens attendent, surtout de la part d’un nouveau gouvernement qui est en excellente posture financière, ce ne sont pas des vues étroites ni un manque d’envergure, mais une conception audacieuse, un plan capable de garantir une croissance durable à l’avenir.
Rien n’est plus important pour les Canadiens et pour leurs enfants et petits-enfants que de jeter les fondements de la réussite et de la prospérité futures de notre pays et de se faire expliquer comment nous pourrons continuer à prospérer dans un monde où s’éveillent des géants comme l’Inde et la Chine. Le budget ne dit rien à ce propos. Il est étriqué, mesquin, il ne propose aucune vision d’ensemble.
[Français]
Le budget s'inscrit aussi dans la lignée d'une deuxième tradition de longue date des conservateurs: prendre l'argent des poches des Canadiens démunis pour le remettre carrément aux bien nantis.
Mon troisième et dernier sujet portera sur le lien entre l'honnêteté et la politique au Canada.
[Traduction]
La compétence en matière financière et la réduction de la dette sont des atouts essentiels pour notre pays. Lentement, mais sûrement, nous en sommes arrivés là, au cours des 13 dernières années, au point que les résultats et la réputation du Canada en matière financière n’ont rien à envier à ceux de quelque autre pays.
Quand les conservateurs demandent ce que nous, libéraux, avons fait ces 13 dernières années, je réponds avec fierté que nous avons mis fin au gâchis qu’ils nous ont laissé, ce déficit de 42 milliards de dollars. Au prix des lourds sacrifices consentis par les Canadiens, nous sommes parvenus à l’équilibre budgétaire en quatre ans, puis le Canada a commencé à profiter des avantages acquis grâce à ces sacrifices. Depuis que le budget est équilibré, le Canada connaît la croissance de l’emploi la plus vigoureuse parmi tous les pays du G7, c’est lui qui rembourse le mieux sa dette et c’est lui qui connaît la plus forte hausse de niveau de vie. Voilà ce que nous avons fait, ces 13 dernières années et, pour ma part, je suis fier d’avoir participé à ce travail.
[Français]
Par conséquent, le gouvernement conservateur a hérité de la meilleure situation budgétaire depuis la Confédération.
Les Canadiens ne sont-ils pas en droit de s'attendre à beaucoup plus du premier budget d'un gouvernement qui a eu la merveilleuse chance d'hériter d'un excédent d'une dizaine de milliards de dollars? Je crois que oui.
Le moins que les Canadiens puissent espérer de ce nouveau gouvernement est que celui-ci ne gaspille ni ne dilapide les fonds publics dont il a hérité. Il s'agit d'un atout vital que le gouvernement a mis des années à bâtir et qui peut être gaspillé au fil du temps ou détruit en une nanoseconde. Cela ne s'est certainement pas encore produit, ne serait-ce que parce que le gouvernement a hérité de la situation budgétaire la plus saine depuis la Confédération.
Des indications troublantes donnent à penser que le premier ministre traite à la légère les finances du pays. Ce sonts des indications selon lesquelles le premier ministre n'a pas à coeur la réduction de la dette et qu'il s'apprête à joindre les rangs de nombreux chefs conservateurs réputés pour leur incompétence financière, de M. Diefenbaker à M. Mulroney, en passant par Mike Harris, de l'Ontario.
[Traduction]
Lorsque John Diefenbaker a pris le pouvoir, après une série d’excédents dégagés par le gouvernement libéral précédent, il a accumulé sept déficits consécutifs. Le gouvernement Mulroney-Campbell a légué aux libéraux un déficit de 42 milliards de dollars, et il a fallu plusieurs années et beaucoup d’efforts pénibles pour assainir la situation.
Le gouvernement qui a été le plus incompétent sur le plan financier dans toute l’histoire du Canada est peut-être celui qu’a dirigé Mike Harris, avec sa révolution du bon sens. Il serait plus juste de parler de la révolution sans bon sens de Mike Harris.
Une voix: Est-ce que Flaherty n’y a pas été pour quelque chose?
L’hon. John McCallum: J’y arrive justement. Les deux ministres qui détiennent les portefeuilles économiques les plus importants du gouvernement actuel, le ministre des Finances et le président du Conseil du Trésor, ont été des joueurs clés dans le gouvernement Harris.
Le gouvernement Harris a congédié 10 000 fonctionnaires, fermé plus d’une trentaine d’hôpitaux et chassé 8 000 infirmières. Preuve d’incompétence encore plus éclatante, les conservateurs ont pris conscience d’avoir commis une erreur, et ils ont dû réengager un grand nombre de ces infirmières.
Ils se sont montrés tellement impatients de réduire les impôts avant d’avoir l’argent pour le faire, ils ont tellement truqué les livres que... Devinez ce qui est arrivé après qu’ils ont perdu le pouvoir. Les vérificateurs sont venus et, au lieu de trouver le budget équilibré promis, qu’ont-ils découvert? Ils ont découvert un déficit, et ce n’était pas un petit déficit. C’était un déficit de 5,6 milliards de dollars.
Voilà que deux des principaux architectes de ce désastre financier sont assis sur les banquettes ministérielles et détiennent les deux portefeuilles économiques du gouvernement fédéral. Ce seul fait devrait inquiéter les Canadiens quant à l’incompétence financière des conservateurs, mais il y a d’autres raisons de s’inquiéter.
Au cours de la campagne électorale, lorsque les conservateurs ont publié leur plate-forme économique, leurs chiffres étaient faux. Ils l’ont donc publiée une deuxième fois. Les chiffres étant encore faux, ils l’ont publiée une troisième fois. N’est-ce pas un exemple d’incompétence?
[Français]
Hier seulement, le ministre des Finances a dit qu'il réduisait l'impôt sur le revenu alors qu'il l'a augmenté. L'interprétation la plus gentille est que le ministre fait preuve d'une incompétence crasse. L'explication la plus probable ne se dit probablement pas en Chambre.
Le plan conservateur consistant à augmenter l'impôt sur le revenu pour réduire la TPS est une mauvaise mesure financière, c'est-à-dire — encore une fois — que c'est incompétent.
Comme l'a dit Herbert Grubel, ancien porte-parole réformiste en matière de finances, une réduction de la TPS peut être bonne sur le plan politique, mais désastreuse du point de vue économique. Autrement dit, cela a du bon sens seulement pour un premier ministre qui fait passer l'opportunisme politique avant le bien du Canada.
[Traduction]
Le refus du Parti conservateur de donner le détail de ses réductions le jour du dépôt du budget est également irresponsable, mais ce n’était pas surprenant. Les deux adjoints de Harris qui siègent de l’autre côté connaissent bien cette astuce: réduire les impôts aujourd’hui en promettant vaguement de réduire les dépenses à un moment donné, demain. C’est une excellente recette de déficit. Et ils s’y connaissent dans ce domaine, puisqu’ils en ont laissé un gros de 5,6 milliards de dollars.
Notre gouvernement a divulgué plus d’une centaine de postes détaillés de réduction des dépenses, le jour où il a déposé son budget l’année dernière. Si les conservateurs avaient la moindre compétence financière et budgétaire, ils en auraient fait de même hier, mais ils ne l’ont pas fait.
Hier, le budget consacrait l’élimination de ce qu’on appelle la prudence économique, expression technique qui désigne essentiellement le fait de mettre de côté un peu d’argent comme garantie supplémentaire contre le risque de retomber dans le déficit si l’économie connaît une mauvaise période. Or il y a toujours des facteurs négatifs qui agissent sur l’économie. Nous avons vu les conséquences du SRAS. Nous avons vu des ouragans à l’occasion. Nous avons été témoins de récessions. On espère toujours qu’on y échappera, mais même une attaque terroriste reste possible. Beaucoup de choses peuvent arriver. Si nous nous tenons au bord du précipice, si nous avons renoncé à la prudence, rien ne nous protégera en cas de facteurs négatifs imprévus. Alors, le gouvernement conservateur sera bien plus proche d’un déficit que notre gouvernement libéral ne l’a jamais été. C’est de l’irresponsabilité et de l’incompétence financière. C’est jouer aux dés avec les finances nationales.
Le premier ministre parle avec mépris des excédents et du remboursement connexe de la dette, disant que c’est une autre forme d’imposition. Lorsque le premier ministre ou le ministre des Finances vont assister à des réunions du G8, je sais qu’ils reçoivent de grands compliments parce que le budget du Canada est équilibré. J’ai déjà entendu ce qu’on dit à ces réunions: « Comment avez-vous fait pour vous débarrasser de vos déficits? Quelle formule magique le Canada a-t-il utilisée pour éliminer les déficits alors que les autres pays n’ont pas réussi à le faire? »
Le premier ministre répond-il à cette question? Je suppose que le premier ministre, qui n’aime pas les excédents, répondrait: « Non, George, ce n’est pas un succès. Nous avons un terrible problème au Canada: nos excédents sont bien trop élevés. » Il pourrait également dire:
[Français]
« Non, Jacques, nous avons une crise au Canada. Nos surplus sont bien trop grands ». Cette attitude du premier ministre est ridicule.
[Traduction]
S'il disait vraiment cela à George Bush ou à Jacques Chirac, on le ridiculiserait à profusion.
Le premier ministre n'arrive pas à comprendre que les excédents et le remboursement de la dette ne représentent pas une imposition excessive pour la génération d'aujourd'hui. C'est ainsi que les générations futures pourront payer moins d'impôt ou bénéficier de meilleurs services gouvernementaux. Il est dangereux que le premier ministre du Canada dénigre le remboursement de la dette ou ne se soucie pas des générations futures, surtout quand on sait que la population vieillit.
Il ne faut peut-être pas s'en étonner. Le premier ministre semble s'intéresser à une seule chose: gagner des votes aux prochaines élections. Les générations futures ne voteront pas aux prochaines élections. Cette raison lui suffit pour ne pas vouloir réduire la dette pour les générations futures. Les générations futures ne voteront pas aux prochaines élections.
[Français]
Tout cela est bien inquiétant pour l'avenir économique du Canada. Les finances du pays sont tellement saines maintenant, que le risque de déficit n'est pas imminent. Toutefois, la mentalité et l'incompétence financière du gouvernement font que je m'inquiète de ce que les conservateurs feront de notre atout vital, soit la compétence financière.
Nous, qui avons bâti cet atout, devons faire preuve d'une extrême vigilance pour que celui-ci ne soit pas détruit par le gouvernement. Les Canadiens ne peuvent se permettre le retour des problèmes à long terme qu'engendrent les déficits habituels des conservateurs et leur incompétence financière.
L'autre source de problème à long terme que pose le budget est l'absence d'un grand dessein pour le pays. Le budget ne pose pas la seule question que tout ministre des Finances responsable poserait en 2006.
La question est la suivante: comment un petit pays de quelque 30 millions d'habitants peut-il continuer de prospérer dans un monde où des superpuissances, comme la Chine et l'Inde, commencent à jouer des coudes et que d'anciennes superpuissances, comme l'Europe et les États-Unis, prennent des mesures dynamiques pour faire avancer leurs propres intérêts économiques?
[Traduction]
Le gouvernement semble croire que le monde doit faire vivre le Canada. Ce n'est pas le cas.
Pour ce qui est d'un plan concret pour répondre à cette question, ou bien le gouvernement va carrément dans la mauvaise direction en matière de politique fiscale, ou bien il est totalement inactif pour ce qui est du reste.
Si le but est d'accroître l'épargne et l'investissement au Canada, de stimuler la productivité et la prospérité, hausser l'impôt sur le revenu pour compenser une réduction de TPS est alors la pire chose à faire. Les économistes et les spécialistes en politique s'entendent sur ce point. Le gouvernement propose de sacrifier 10 milliards de dollars par année, une somme énorme, pour une réduction de taxe qui n'assurera aucunement la prospérité et la compétitivité future du Canada. C'est un autre cas d'opportunisme politique au détriment de l'intérêt du Canada. C'est honteux.
Je crois sincèrement que le premier ministre, qui est lui-même économiste, devrait savoir qu'il ne faut pas dilapider tout l'argent des contribuables en n'assurant aucunement la santé économique à long terme du Canada.
Une voix: A-t-il son diplôme?
L'hon. John McCallum: Je ne sais pas s'il est diplômé.
En réduisant l'impôt sur le revenu plutôt que la TPS, il aurait pu laisser autant d'argent, sinon plus, dans les poches des Canadiens. Il aurait pu le faire plus équitablement et, du même coup, il aurait assuré la prospérité du Canada à moyen terme. Il est clair, encore une fois, que les Canadiens devront payer le prix à long terme pour l'opportunisme politique du Parti conservateur à court terme.
Il n'est pas nécessaire d'avoir un doctorat en économie pour comprendre que le Canada ne peut faire concurrence à la Chine et à l'Inde avec ses petits salaires. Nous n'avons même pas envie d'essayer. Nos seuls atouts, pour faire concurrence, sont les gens, le savoir, les idées, la recherche, la commercialisation, l'entrepreneurship, l'enseignement supérieur et la formation.
[Français]
Les mesures des conservateurs dans ce domaine sont, au mieux, symboliques, et au pire, une parfaite honte. Nous, les libéraux, avions réservé 2,5 milliards de dollars pour la recherche et développement, notamment la recherche universitaire, la commercialisation, la Fondation canadienne pour l'innovation et de nouveaux centres de recherche. L'un de ces centres est situé dans mon propre comté. Malheureusement, tout cela a été annulé dans le budget. En remplacement, les conservateurs n'offrent que 200 millions de dollars, au lieu des 2,5 milliards de dollars. C'est parfaitement minable.
En ce qui concerne l'enseignement supérieur, les libéraux avaient réservé des fonds à verser à chaque étudiant de collège et d'université. Cela pouvait aller jusqu'à 6 000 $ en frais de scolarité, dans le cadre d'un programme de quatre ans. Encore une fois, les conservateurs ont cru bon d'annuler cette mesure. Qu'offrent-ils en remplacement? Une déduction fiscale pour les manuels scolaires d'une valeur d'environ 80 $ par année.
[Traduction]
Ce n'est pas qu'une aumône. C'est aussi une insulte pour les étudiants travaillants et leurs parents, qui sont frappés durement par la hausse des frais de scolarité. Nous, de ce côté-ci de la Chambre, avions reconnu ce problème et offert de payer la moitié des frais la première et la quatrième années, jusqu'à concurrence de 6 000 $. Les conservateurs donnent un crédit d'impôt de 80 $ aux étudiants pour l'achat de leurs manuels.
Le plus déplorable, peut-être, est que dans notre mise à jour relative à la situation financière nous avions aussi des plans pour offrir une assistance encore plus généreuse aux Canadiens désavantagés — Autochtones, personnes handicapées et personnes à faible revenu — désireux d'aller à l'université. Dans ces cas, les sommes étaient plus généreuses.
Tout cela a été annulé par les conservateurs. Leur pitoyable déduction d'impôt de 80 $ pour l'achat de manuels est une insulte comparativement aux mesures importantes que nous avions mises en place pour promouvoir l'économie du savoir de manière à nous placer en position concurrentielle dans le monde et aussi pour assurer aux Canadiens l'accès aux études postsecondaires.
Tandis que d'autres pays travaillent à la création d'un régime fiscal qui favorise l'innovation, que fait le premier ministre? Il augmente l'impôt sur le revenu pour réduire la TPS. Tandis que d'autres pays investissent des milliards dans la recherche, l'innovation et l'enseignement supérieur, que fait le premier ministre? Il se retire de la course et offre des avantages tellement petits qu'ils sont insultants.
On joue à un jeu dangereux. C'est d'une irresponsabilité totale. On se réserve des lendemains difficiles. Le Canada ne peut tout simplement pas se permettre de se croiser les bras ou de paresser pendant que d'autres pays nous dépassent.
J'en arrive maintenant à cette deuxième grande tradition conservatrice, celle qui consiste à dépouiller les Canadiens les plus vulnérables et à récompenser les nantis.
En matière de politique fiscale, j'aimerais tout d'abord corriger certains chiffres du budget pour rectifier l'erreur assez évidente que tous les Canadiens semblent comprendre, à l'exception du ministre des Finances et du premier ministre. Ce dont il a été question hier, c'est d'une augmentation et non pas d'une baisse d'impôts. Voilà les faits. On a compensé l'augmentation d'impôts par une réduction de la TPS et un crédit à l'emploi. Il suffit de faire les bons calculs pour se rendre compte que le budget vide les poches des Canadiens qui gagnent à peu près 30 000 $ pour garnir celles des Canadiens plus fortunés. Il est tout à fait faux de prétendre, comme le font le premier ministre et le ministre des Finances, que chaque Canadien a bénéficié d'un allégement fiscal avec ce budget. Cela n'est vrai que si l'on suppose à tort que l'impôt sur le revenu a baissé. En réalité, il a augmenté. Cette hypothèse n'est pas très difficile à corriger et, cela fait, nous constatons clairement que les Canadiens à plus faibles revenus ont encaissé une augmentation d'impôt.
M. Gerald Keddy: Ce n'est pas du tout le cas. De quoi voulez-vous parler? C'est totalement faux.
L'hon. John McCallum: Il faudrait peut-être que je me répète puisque le député d'en face ne semble pas comprendre.
Convenons tout d'abord du fait que, si je pointe vers le haut, c'est une augmentation, et si je pointe vers le bas, c'est une diminution. Maintenant, le fait de passer d'un taux d'imposition du revenu de 15 p. 100 à un taux de 15,5 p. 100 constitue une augmentation. C'est l'effet du budget, comme le document le confirme.
M. Gerald Keddy: Le pourcentage n'a jamais été de 15 p. 100. Voilà qui induit le public en erreur.
Une voix: C'est 15 p. 100. L'an dernier, c'était 15 p. 100.
L'hon. John McCallum: Permettez-moi de signaler que 15 est un chiffre inférieur à 15,5.
Une voix: Demandez au député de vérifier son formulaire d'impôt.
L'hon. John McCallum: En vérifiant son formulaire d'impôt, le député constatera la chose par lui-même.
Une voix: Donnez-lui donc la page du formulaire.
L'hon. John McCallum: Il s'agit de l'Annexe 1 révisée. Avec l'exemplaire véritable du formulaire plutôt qu'une copie, le député verra le 15 p. 100 inscrit en beaux caractères rouge libéral. C'est voulu pour que les gens puissent bien le voir.
Cessons de débattre de ce qui est évident. Reconnaissons tout simplement que le syndrome de l'anti- Robin Hood, celui qui appauvrit les pauvres pour enrichir les riches, ne donne pas sa place dans ce budget.
Parlons d'autres groupes désavantagés ou en difficulté au pays. Les agriculteurs, par exemple, qui sont dans une situation de crise et dont le gouvernement se fiche. Aucun fonds d'urgence n'est prévu pour les semailles du printemps. Pas un sou. Rien n'est prévu non plus pour les producteurs qui ont terriblement besoin de financement, dès maintenant, pour survivre.
La question posée plus tôt par le député de Malpeque au ministre de l'Agriculture est demeurée sans réponse. Il voulait savoir pourquoi aucun financement d'urgence n'était prévu pour l'ensemencement du printemps et pourquoi il n'y avait rien non plus pour les producteurs menacés de faillite si on ne les aide pas immédiatement, mais le ministre ne lui a pas répondu.
Tant que le gouvernement n'expliquera pas clairement en quoi mon collègue se trompe, nous devons conclure qu'il s'en fiche. Pas un sou n'est prévu pour les agriculteurs du Canada en cette période de crise.
M. Ed Fast: Treize ans.
L'hon. John McCallum: Treize ans, oui c'est ça. Il a fallu treize ans pour se débarrasser du déficit de 42 milliards de dollars laissé par les conservateurs et créer les conditions d'une économie en plein essor. Je suis fier d'avoir été là pendant ces treize années.
La seule chose qui nous préoccupe est de voir le parti d'en face tout ruiner en refusant de réduire la dette, en frôlant la limite et en nous réendettant. C'est là le problème.
Revenons aux Canadiens ou aux régions qui ne sont pas nécessairement les mieux nantis. Ayant voyagé considérablement au Canada atlantique et dans le Nord de l'Ontario, je peux affirmer être très bien informé du rôle clé que tiennent les agences de développement régional dans la création d'emplois et l'endiguement de l'exode vers les centres urbains du pays.
Pourquoi le budget est-il muet au sujet des agences de développement régional? Serait-ce qu'elles ne cadrent plus très bien dans les desseins des conservateurs, qui veulent tout régler à coups d'allégements fiscaux? Ou serait-ce qu'ils s'en fichent comme dans le cas des peuples autochtones et des agriculteurs?
Pourquoi le gouvernement sabre-t-il dans la foresterie, industrie des plus cruciales dans ces régions du pays? Pourquoi, et on reconnaît ici son indifférence légendaire pour le sort des plus démunis, ne tient-il aucun compte de l'industrie de la pêche où l'on trouve des travailleurs plus âgés en période de transition?
La réponse, toujours la même, est qu'il s'agit d'un gouvernement et d'un parti politique qui s'en fichent, qui n'ont aucune compassion pour les Canadiens dans le besoin.
Une autre région relativement peu favorisée est le Nord. C’est une autre promesse non tenue, car il n’y a pas un mot sur le Programme de développement du Nord. Pourquoi avoir éliminé le financement des programmes autochtones, ce qui nuira particulièrement au Nord?
Cela donne une assez bonne idée de l’attitude générale du gouvernement, qui est dur à l’égard des membres les moins favorisés de notre société.
Je voudrais maintenant m’arrêter un peu plus longtemps sur trois sujets particulièrement préoccupants, à commencer par l’environnement.
M. Myron Thompson: De grâce, non. Épargnez-nous cela.
L’hon. John McCallum: J'aimerais à présent parler d'un autre travers de ce budget à courte vue. Le député d’en face devrait écouter attentivement parce qu’il s’agit d’une question très importante.
Une voix: Pendant ce temps, les roses disparaissent.
L’hon. John McCallum: De ce côté-ci de la Chambre, nous savons que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la bataille pour sauver la planète. Comme on vient de le faire remarquer, il faut préserver les roses sauvages pour les générations futures.
C’est une guerre dont les victimes sont notre air, notre eau et notre faune. Nos enfants en sont atteints et des générations à venir en pâtiront. Tous les pays doivent s’unir et lutter ensemble pour remporter la bataille, mais à en juger par ce budget, le gouvernement conservateur semble déterminé à nier cette réalité.
[Français]
Les conservateurs ne tiennent pas compte du risque bien réel des changements climatiques, en plus de s'acharner à réduire à néant les efforts que le gouvernement libéral précédent a déployés pour stopper ce processus destructeur. C'est ainsi qu'ils ont discrètement sabré des programmes environnementaux, et qu'ils ont été silencieux, contradictoires, voire parfois incohérents à propos de leurs projets pour notre environnement.
[Traduction]
Par son déni de la réalité et par son inaction, le gouvernement hypothèque l’avenir de notre pays et compromet les efforts déployés dans le monde entier pour renverser la vapeur et corriger les dommages déjà causés. Le gouvernement conservateur entend éliminer les programmes qui aideraient les Canadiens à respecter ses engagements aux termes de l’accord de Kyoto. Il voudrait utiliser les économies pour financer un crédit d’impôt de 2 milliards de dollars aux utilisateurs des transports en commun. Ce crédit d’impôt coûtera plus de 2 000 $ pour chaque tonne de gaz à effet de serre qu’il y aura en moins. C’est incroyablement inefficace. Pour un gouvernement qui se targue d’efficacité, cette façon d’agir est de 10 à 100 fois plus inefficace que le programme des libéraux. Ce sont les gens qui utilisent de toute façon les transports en commun qui empocheront 95 p. 100 de l’argent. À quoi bon?
Le gouvernement refuse de reconnaître qu’un crédit d’impôt n’a rien d’un programme environnemental. Il ne fera rien pour s’attaquer au problème urgent du changement climatique.
Or, j’ai été ministre de Ressources naturelles Canada et, faisant face aux prix énergétiques élevés, nous avons établi le superprogramme ÉnerGuide pour aider financièrement les Canadiens à faible revenu, entre autres, à améliorer le rendement énergétique de leur système de chauffage, et ça a marché. ÉnerGuide a été un franc succès pendant de nombreuses années.
Améliorer le rendement énergétique, c’est bon pour l’environnement, parce qu’il y a moins de pollution, et c’est bon pour le porte monnaie, parce que le chauffage de la maison coûte moins cher. Ce programme était excellent, mais le gouvernement l’a tout simplement éliminé. Il est insensé de l’entendre dire que le programme était inefficace, parce que, compte tenu des fonctions que j’ai remplies, je sais qu’il était très efficace.
Les programmes qu’ont financés les libéraux à compter de 1997 nous ont permis de mieux comprendre les défis et les risques du changement climatique, de promouvoir les technologies et les innovations vertes, de formuler des politiques pour lutter contre le changement climatique et de prendre toutes les mesures possibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons travaillé pour que le Canada soit en mesure de passer aux énergies propres et pour accroître l'efficacité et la durabilité de l'économie canadienne ainsi que sa compétitivité sur la scène internationale.
Le Canadien que je suis est particulièrement fier du rôle d’avant-plan que le Canada a joué à la conférence de Montréal sur Kyoto, en décembre dernier, grâce à l’ancien ministre de l’Environnement. Il a effectivement amené le monde entier au seuil de la prochaine étape.
Je dois dire aussi que, en tant que Canadien, je me sens particulièrement consterné par le peu que fera la nouvelle ministre de l’Environnement, dans sa fonction de présidente du même forum, puisqu’elle n’y fera qu’une apparition fugace. Quelle abdication de responsabilité et quelle grande occasion perdue de faire preuve de leadership dans ce projet mondial d’une telle importance tant pour le Canada que pour le reste de la planète.
[Français]
Le Canada doit continuer à jouer un rôle d'influence. Nous ne devons mollir ni dans notre détermination ni dans les efforts à déployer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, chez nous et dans le reste du monde.
J'exhorte le gouvernement conservateur à s'élever au-dessus de la basse politique et à adopter des mesures concrètes en faveur de l'environnement.
[Traduction]
Je parlerai maintenant des peuples autochtones du Canada, de ce que le budget prévoit pour eux ou, pour être plus précis, ne prévoit pas pour eux. Le gouvernement conservateur a abandonné l'accord de Kelowna signé par le gouvernement libéral. Conclu entre les deux ordres de gouvernement, cet accord consacrait 5 milliards de dollars à l'amélioration du logement, de la santé et du développement économique des Autochtones.
Les engagements pris par les conservateurs – notamment l'application de normes nationales pour l'eau dans les réserves des Premières nations et l'instauration de conseils scolaires autochtones – seront indéniablement bénéfiques aux Premières nations, aux Inuits et aux Métis, mais ces mesures ne parviendront pas à nous faire oublier le problème plus global auquel nous sommes confrontés.
Les programmes décrits dans ce budget étaient énoncés dans l'accord de Kelowna. En revanche, ce budget ne prévoit pas de fonds nouveaux pour les Canadiens autochtones.
L'accord de Kelowna a été le résultat d’un effort de collaboration des leaders de Premières nations, de Métis et d’Inuits et des premiers ministres provinciaux, des responsables territoriaux et des représentants du gouvernement fédéral qui, pour la première fois dans l'histoire, se sont entendus sur un plan détaillé, assorti d'objectifs mesurables, pour s'attaquer aux problèmes urgents auxquels sont confrontées les communautés autochtones.
De ce côté-ci de la Chambre, nous estimons que les engagements pris à Kelowna sont essentiels pour combler l'écart de niveau de vie entre Autochtones et non Autochtones. Mais voilà, ce nouveau budget nous montre plus clairement que jamais à quel point nos réalisations de Kelowna sont en péril. Le gouvernement conservateur a décidé de ne pas appliquer cet accord pour des raisons idéologiques.
Tout le monde sait bien que les conservateurs ne veulent pas s'engager à propos de Kelowna. Lors de la dernière campagne électorale, l'ancien porte-parole conservateur en matière de finances a publiquement déclaré:
« L’accord de Kelowna a été élaboré à la dernière minute à l’endos d’une nappe en papier, à la veille d’une élection. Nous n’honorerons pas un tel accord. Nous aurons notre propre plan qui aidera beaucoup plus les Autochtones que celui des libéraux. »
Je dois dire qu’il est décevant, mais pas étonnant, que ce refus d'engagement se reflète dans le budget conservateur. Où est donc le plan qu’avait promis l’ancien porte-parole en matière de finances? Ce budget augure-t-il de ce qui nous attend? Est-il la première étape du plan conservateur qui est d’abandonner l'engagement du gouvernement du Canada envers les peuples autochtones? Est-ce la stratégie conservatrice visant à saborder l'accord de Kelowna?
[Français]
Kelowna est l'aboutissement de plus de deux années de travail acharné, accompli par les leaders autochtones et par les gouvernements fédéral et provincial. Ensemble, nous sommes parvenus à conclure une entente historique en vue de combler la fracture économique qui existera dans 10 ans entre les Autochtones et leurs concitoyens dans les domaines de l'éducation, de la santé, du logement et des possibilités économiques.
Je ne vois pas comment un gouvernement, quel qu'il soit, pourrait en toute conscience se désengager d'une telle entente. Les Canadiens autochtones méritent au moins cela. Ils méritent de recevoir tous les fonds qu'on leur a promis à la rencontre des premiers ministres à Kelowna, et non pas de simples miettes. Seul un plan détaillé nous permettra d'apporter de véritables changements à la qualité de vie des Autochtones et de les faire passer de la pauvreté à la prospérité.
[Traduction]
Il est tout simplement inacceptable de retenir seulement quelques éléments de l’accord de Kelowna sans avoir la décence de consulter les dirigeants autochtones. Le Parti libéral s’est engagé à travailler avec les dirigeants des Premières nations, des Métis et des Inuit. Malgré le piètre contenu de ce budget, nous continuerons à inciter énergiquement le premier ministre à en faire autant. Les belles paroles ne suffisent pas. Les peuples autochtones du Canada méritent un gouvernement qui peut faire de véritables progrès.
Au cours des derniers mois, les conservateurs ont essayé de créer une fausse guerre entre leur gouvernement et l’opposition sur le sujet de la garde d’enfants. Le premier ministre et ses ministres ont essayé de ramener le débat sur le sujet à une question de choix. Ils ont raison d’une certaine façon, mais il ne s’agit pas de choisir entre le programme de garde d’enfants des libéraux et celui des conservateurs. Il faut choisir entre un système public national existant d’éducation préscolaire et de garderie [...]
M. Gerald Keddy: Ce système n’existe pas. De quoi parlez-vous?
M. Merv Tweed: C’est le fruit de votre imagination.
L’hon. John McCallum: [...] et l’absence totale de système national de garde d’enfants financé par le gouvernement fédéral.
Une voix: Des accords ont été signés avec toutes les provinces du pays.
L’hon. John McCallum: Monsieur le Président, ce n’est pas une mauvaise chose que de mettre 1 200 $ dans la poche des gens. C’est comme les allocations familiales. Mais cela n’a rien à voir avec la garde d’enfants et l’éducation préscolaire. C’est une des principales erreurs que l’on commet en face.
Ce que les conservateurs semblent ne pas comprendre, y compris ceux que j’entends là-bas, c’est que la majorité des parents canadiens sont obligés de travailler. Le fait est que les services de garde d’enfants ne sont pas une question de choix pour la plupart d’entre eux. C’est une nécessité.
Je veux être bien clair. Encore une fois, je dois parler lentement pour la gouverne des députés d’en face. Le Parti libéral a toujours cru au soutien du revenu pour les familles canadiennes. En fait, c’est nous qui avons lancé cette idée. Notre parti a mis en place la Prestation nationale pour enfants et la Prestation fiscale canadienne pour enfants qui, pas plus tard que le mois dernier, ont apporté 800 millions de dollars à 2,9 millions de familles canadiennes.
Nous sommes contents de voir que le budget prévoit un soutien du revenu supplémentaire pour les familles. Je l’ai dit au début: nous ne nous opposons pas à ces 1 200 $. Nous sommes contents qu’on augmente le soutien du revenu, mais un paiement en espèces aux parents n’est pas un programme de garde d’enfants. Cela ne remédie pas au manque de places en garderie dans l’ensemble du pays.
Les provinces, les groupes de parents, les groupes de femmes et les groupes qui défendent les intérêts des pauvres se sont tous opposés à ce que ce gouvernement annule l’accord national sur la garde d’enfants signé par les provinces. Néanmoins, le gouvernement n’a pas tenu compte de cette opposition et a donné suite à son intention de détruire le système national de garde d’enfants pour le remplacer par son paiement imposable de 1 200 $ par année.
Les parents ont besoin de solutions viables et abordables pour faire garder leurs enfants et non pas d’un petit paiement assujetti à l’impôt et à une récupération. Le problème avec l’allocation des conservateurs est qu’elle ne rendra pas les services de garde d’enfants plus abordables. Elle ne créera pas de places supplémentaires. Elle n’augmentera pas l’accessibilité pour les enfants ayant des besoins spéciaux. En deux mots, les parents vont devoir se débrouiller tout seuls.
De plus, pour financer ce programme, qui accordera aux parents à faible revenu la maigre somme de 20 $ par semaine pour faire garder leurs enfants, le gouvernement va réduire le supplément que la Prestation fiscale canadienne pour enfants prévoit pour les jeunes enfants. Ce supplément mensuel libre d’impôt s’adresse à ceux qui en ont le plus besoin. Le programme conservateur le fera disparaître, et c’est là un autre exemple du comportement qui caractérise ce côté-là de la Chambre.
Ce supplément rapporte actuellement 20,25 $ par mois aux parents qui ne déclarent pas de dépenses pour la garde de leurs enfants d'âge préscolaire. Nous apprenons maintenant que ce supplément, qui devait passer à 249 $ par année en juillet, sera éliminé avec l'entrée en vigueur de l'allocation pour la garde d'enfants.
[Français]
Les familles ayant un revenu moyen ou modique sont celles qui, après impôt, bénéficieront le moins de l'allocation pour frais de garde d'enfants. En éliminant ce supplément, les conservateurs aggravent les choses puisqu'ils vont creuser davantage le fossé entre les familles pauvres et les familles riches. C'est à croire que l'allocation pour garde d'enfants des conservateurs ne sera finalement qu'un mirage. Ce n'est pas en reprenant d'une main ce qu'on leur aura donné de l'autre qu'on va aider les parents dans le besoin.
Notre parti a permis au gouvernement conservateur d'hériter la meilleure situation financière de tous les pays du G7. Rien ne devrait empêcher le premier ministre d'honorer les ententes que nous avions conclues avec les provinces en matière de garde d'enfants, et de financier, en même temps, son allocation pour frais de garde.
[Traduction]
Les conservateurs prouvent à nouveau avec ce budget qu'ils sont tout à fait déconnectés des besoins de la majorité des familles canadiennes. Ils prouvent à nouveau qu'ils privilégient les riches et négligent les plus démunis.
J'aimerais rappeler au premier ministre qu'agir au nom du Canada veut dire agir au nom de tous les Canadiens et pas uniquement de ceux dont le revenu se situe dans la tranche supérieure.
[Français]
C'est pourquoi la conduite du Bloc québécois est une honte. En formant une alliance contre nature avec le gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays, les bloquistes trahissent les valeurs et les convictions de la vaste majorité des Québécois.
Les Québécois veulent un environnement sain. Les Québécois veulent aider les plus démunis de la société, et non pas les laisser pour compte. Les Québécois veulent un réseau bien développé d'éducation préscolaire et de garde d'enfants. Les Québécois croient aussi qu'il est nécessaire de régler le déséquilibre fiscal.
Pourtant, pour des motifs purement partisans, le Bloc québécois s'est fait l'allié des conservateurs, ce parti de l'extrême néo-conservatisme, même si le budget ne prévoit pas un sou pour régler le déséquilibre fiscal.
[Traduction]
Pour ce qui est du NPD, c'est un parti qui a renoncé au programme de garde d'enfants. Il a aussi renoncé à l'accord de Kelowna et abandonné la cause de l'environnement pour gagner 10 sièges supplémentaires à la Chambre des communes. Ce parti s'est ainsi fait le complice de ce budget. Les néo-démocrates ont récolté ce qu'ils ont semé et leur opportunisme cynique fait du Parti libéral le seul porte-parole légitime des électeurs progressistes.
Nous avons mis 13 ans à nettoyer les dégâts des conservateurs, 13 ans au cours desquels la croissance de l'économie a été extraordinaire. Nous craignons seulement qu'ils bousillent tout maintenant.
J'ai parlé à bon nombre de reprises du triomphe de l'opportunisme politique du premier ministre sur l'intérêt supérieur du pays, dans son refus de rembourser la dette, dans sa décision de réduire la TPS plutôt que l'impôt sur le revenu, dans sa décision de favoriser les laissez-passer de transport qui ne font rien pour améliorer l'environnement, et même dans sa préférence pour les petits crédits d'impôt ciblés plutôt que pour un allégement fiscal plus général.
Pourquoi les jeunes joueurs de hockey méritent-ils l'aide des contribuables plus que les jeunes violonistes? Le gouvernement actuel est un gouvernement paternaliste. C'est un gouvernement autocratique qui cherche à orienter les Canadiens dans l'axe de ses propres préférences en matière d'éducation et de loisirs. Ces agents de transformation sociale ont décidé d'encourager les joueurs de hockey, mais pas les violonistes. Je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi le premier groupe mérite l'aide de l'État, mais pas le second.
Ce que je veux essentiellement dire, c’est que les expédients politiques du premier ministre ne fonctionneront pas. En fin de compte, ses calculs électoralistes cyniques, consistant à déterminer le genre de crédit d'impôt susceptible de lui rapporter le plus de voix, n’aboutiront pas. De ce côté-ci de la Chambre, nous avons une grande confiance dans les Canadiens. Nous sommes convaincus qu’ils ne se laisseront pas berner par ce clientélisme plutôt grossier. Ils voteront contre un gouvernement qui souille l’environnement. Ils voteront contre un gouvernement et ses comparses, là-bas, qui annulent les ententes sur la garde d’enfants, un gouvernement qui floue les Autochtones et applique la mentalité d’un anti-Robin des bois qui prendrait aux pauvres pour donner aux riches.
Les Canadiens tiennent à une économie forte, reposant sur des comptes équilibrés et sur une gestion financière prudente. Ils n’apprécient guère des gouvernements comme celui-ci qui cherche à les rouler du côté des finances publiques. Les Canadiens savent bien que pour avoir un pays qui s’épanouit et prospère dans un monde hautement concurrentiel, il faut progresser à grandes enjambées et non à petits pas, à la façon mesquine et cynique du premier ministre et de ses disciples. Nous constaterons très vite que les expédients du premier ministre n’ont pas abouti. Espérons que nous n’aurons pas trop à attendre pour éviter que ces politiques à courte vue n’aient le temps de donner des fruits empoisonnés et d’occasionner des torts durables aux Canadiens et à leur économie.
Je conclurai sur quelques mots à propos de la politique et de l’honnêteté, après quoi je proposerai mon amendement.
Hier, j’ai été stupéfait en constatant qu’une erreur flagrante contenue dans le budget avait suscité aussi peu de réactions de la part de la population. C’est vrai! Les médias ont corrigé l’erreur pour préciser qu’il s’agissait d’une augmentation des impôts sur le revenu et non pas d’une diminution. Mais voilà, une erreur aussi énorme et intéressée que celle-là, commise en première page du discours du budget, n’a donné lieu qu’à très peu de commentaires.
Réflexion faite, c’est peut-être parce que les Canadiens en sont venus à estimer qu’il est normal que des politiciens se comportent d’une façon qui, dans toute autre profession, serait considérée comme de la malhonnêteté patente. Si tel est le cas, voilà qui explique peut-être pourquoi les politiciens, comme nous tous à la Chambre, avons si peu l’estime du public. Je juge cela particulièrement désolant, pas uniquement parce que je suis moi-même politicien, mais parce que cette méfiance des Canadiens à l’égard du politique n’augure certainement rien de bon pour une démocratie forte.
Cela étant, je terminerai en adressant une requête simple mais sérieuse au ministre des Finances. Au nom de notre image de politicien, et je parle en notre nom à tous à la Chambre, pour le bien de notre réputation d’honnêteté et pour la démocratie au Canada, ne pourrait-il pas mettre cartes sur table et dire la vérité aux Canadiens pour que nous puissions honnêtement débattre le bien-fondé de son budget?
[Français]
Appuyé par le député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, je propose donc:
Que la motion soit modifiée par la suppression de tous les mots suivant le mot « Que » et leur remplacement par ce qui suit:
« la Chambre reproche vivement au gouvernement d'avoir déposé un budget:
dans lequel il renonce à faire assumer aux autorités fédérales l'initiative de l'élaboration de la politique sociale;
qui fait fi du Protocole de Kyoto et de la lutte contre le changement climatique;
qui abolit les ententes fédérales-provinciales propres à créer des places dans un système de garde d'enfants universel abordable, de haute qualité et axé sur le développement de l'enfant;
qui revient sur l'Accord de Kelowna conclu avec les Autochtones du Canada et avec les provinces et territoires;
qui omet d'améliorer l'accès aux études postsecondaires, notamment au niveau des droits de scolarité élevés, ou de fournir un apport suffisant aux sciences et à la technologie;
qui relève le taux de l'impôt sur le revenu auquel sont assujettis tous les contribuables;
qui fait abstraction des politiques de responsabilité financière auxquelles on doit la robustesse de l'économie canadienne depuis plus de 10 ans. »
:
Monsieur le Président, avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais faire une remarque au collègue libéral qui m'a précédé.
Je pense que les membres du Parti libéral, dans l'ensemble, devraient se refaire une virginité. En effet, ils ne sont pas crédibles quand ils parlent du bien commun ni quand ils parlent d'utiliser les fonds publics de la bonne façon, surtout avec le scandale des commandites en arrière-plan. Ils ne sont pas crédibles quand ils parlent du bien des régions, car ils les ont dévastées, surtout avec les coupures à l'assurance-emploi, le vol des surplus à la caisse d'assurance-emploi. Ils ont laissé en plan les pêcheurs, de même que les agriculteurs.
Alors il me semble qu'ils devraient être un peu moins arrogants, un peu moins cyniques aussi, et se taire pour un bon moment. Je pense que cela fera du bien à tout le monde.
Une voix: La modestie.
M. Yvan Loubier: Cela étant dit, mon message s'adresse maintenant aux conservateurs.
Lors de la période de questions, j'ai entendu le premier ministre dire: « Je suis heureux d'avoir l'appui du Bloc dans nos efforts visant à améliorer la fédération canadienne. » Je me suis pris à espérer que les conservateurs ne deviendront pas aussi arrogants que les libéraux l'ont été après 13 ans de pouvoir, surtout pas après quelques mois de règne.
Les conservateurs doivent savoir que nous aurions refusé ce budget n'eût été leur engagement formel de régler le déséquilibre fiscal, avec un échéancier précis pour une réunion des premiers ministres afin d'en discuter et trouver des solutions, et un échéancier précis pour la solution, c'est-à-dire le prochain budget au printemps 2007.
Nous aurions voté contre avec toutes les conséquences que cela aurait pu comporter, mais nous aurions voté contre.
N'eût été la présence d'une solution au déséquilibre fiscal, ce budget, à quelques exceptions près sur lesquelles je reviendrai à la fin, souffre de carences incroyables quant à des décisions que les conservateurs auraient dû prendre au sujet de problèmes auxquels nous travaillons depuis des années. Des décisions auraient pu être prises, qui auraient pu avoir un effet encore plus positif sur le bien-être des citoyens du Québec et du reste du Canada. Ces décisions n'ont pas été prise, et j'y consacrerai les prochaines minutes de mon exposé.
Je prie les conservateurs de mettre cela dans leur pipe et de ne pas commencer à faire preuve d'arrogance à notre endroit, parce qu'ils nous trouveront sur leur chemin dans tous les dossiers que je vais énoncer. Ils vont nous trouver devant eux chaque fois qu'ils présenteront des projets de loi sur des sujets fondamentaux pour les citoyens et citoyennes du Québec. Nous travaillerons d'arrache-pied pour pousser ces dossiers, et pour gagner.
S'ils croient avoir trouvé des alliés, qu'ils sachent que nous sommes des alliés provisoires et que nous leur accordons le bénéfice du doute pour le déséquilibre fiscal, l'un des plus dossiers les plus importants qui concernent le Québec et l'une des plus grandes priorités. Qu'ils se le tiennent pour dit!
Pour le reste, et jusque là, nous les surveillerons de près. Nous les talonnerons. Nous nous opposerons à leurs décisions qui ne correspondront pas à la différence québécoise et à nos convictions profondes.
Je vous assure qu'ils nous trouveront partout sur leur chemin, notamment pour qu'ils réforment l'assurance-emploi, grande oubliée de ce budget. Est-ce qu'on n'en parle pas depuis assez longtemps? Les libéraux ont saboté ce régime d'assurance-emploi.
Nous avons travaillé à certains moments avec les conservateurs, qui semblaient adhérer à certaines de nos propositions de réforme. Maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils sont muets et ne disent plus rien sur l'assurance-emploi. Encore aujourd'hui, 60 p. 100 des chômeurs et des chômeuses sont exclus du régime d'assurance-emploi.
Si on se fie au budget déposé hier, on perpétue aussi le vol des surplus à l'assurance-emploi. Il faut que cela cesse!
Les conservateurs ne parlent plus de la caisse autonome d'assurance-emploi. Ils avaient pourtant pris des engagements quant à la création de cette caisse. Le Bloc québécois continuera à se battre pour qu'on rende justice aux chômeurs et aux chômeuses; pour que les 60 p. 100 d'exclus soient couverts correctement et avec dignité par le régime d'assurance-emploi, et pour que cesse le vol systématique des surplus créés dans cette caisse.
Quant au PATA, le Programme d'adaptation des travailleurs âgés, il n'est pas compliqué à comprendre. J'ai pourtant l'invitation du premier ministre. J'ai pourtant rencontré le ministre des Finances à plusieurs reprises pour lui expliquer les priorités du Bloc québécois: l'assurance-emploi et le PATA, qui figurait au second rang. Un programme d'aide aux travailleurs âgés, ce n'est pas difficile à comprendre: il y a des travailleurs âgés qui sont victimes de licenciements massifs, surtout dans des régions mono-industrielles.
On parle bien sûr de régions où il y a une industrie dominante.
Aussitôt que les choses vont mal sur le plan mondial, par exemple, parce que le dollar canadien est trop élevé et qu'on est obligés de réduire nos exportations aux États-Unis ou ailleurs, il y a des mises à pied massives, voire des fermetures d'usines et d'entreprises.
Pour les travailleurs âgés, les programmes de recyclage et de réinsertion dans le marché du travail ne fonctionnent pas. Quatre-vingt-quinze pour cent des travailleurs âgés de plus de 55 ans ne sont pas admissibles aux mesures de recyclage et aux mesures de réinsertion dans le marché du travail. Pourquoi? Parce que lorsqu'on travaille dans une région monoindustrielle, si l'entreprise ferme, c'est la fin. Les travailleurs ne peuvent pas être embauchés par un autre employeur, puisqu'il n'y a plus d'entreprise.
Puis, certains employeurs n'embaucheront pas de travailleurs qui travailleront encore pendant cinq ou six ans avant leur retraite. Ils investiront dans des employés plus jeunes, qui seront à leur service pendant 25, 30 ou 35 ans, comme les travailleurs âgés victimes de licenciement collectif l'auront fait avant eux.
En région, il arrive souvent que certains couples travaillent dans la même entreprise depuis 30 ou 35 ans. Ils ont une faible scolarité et ils ont accumulé, pendant ces années, de petits biens — maison, REER, etc.
Ces gens, à la fin de leur vie, à dix ans ou moins de leur pension, après avoir épuisé leurs prestations d'assurance-emploi, sont obligés de tout liquider — maison, REER, etc. Ils finissent leur vie comme prestataires de l'aide sociale, avant d'avoir droit à leur pension. Quelle fin atroce et quelle tragédie! Ce n'est pas difficile à comprendre. J'ai expliqué tout cela trois fois au ministre des Finances et au ministre des Transports et vice-premier ministre. Il me semble que c'est facile à comprendre.
Le Comité du développement des ressources humaines a travaillé très fort à ce sujet, afin d'élaborer un nouveau programme d'aide aux travailleurs âgés. Ce programme a existé jusqu'en 1997 et a été aboli par ce gouvernement libéral de sauvages.
Depuis ce temps, il n'y a plus rien, et l'on mène cette bataille visant à remettre en place un programme d'aide aux travailleurs âgés. Ce programme revêt une grande importance, surtout dans un contexte de mondialisation. On ne mentionne rien, sauf dans le discours du ministre, où il est dit qu'une étude de faisabilité sera effectuée. Le mot « faisabilité » signifie que l'on verra quels seront les coûts de la mise en place d'un tel programme. Ce qu'il y a d'encourageant dans tout cela, c'est qu'on reconnaît la nécessité de mettre en place un tel programme et qu'on s'interroge sur le coût.
Qu'on arrête de faire des études de faisabilité! Ce programme coûte environ 100 millions de dollars par année. Lorsqu'il a été aboli, en 1997, il coûtait 17 millions de dollars par an, et ce, pour tout le Canada. Il ne peut pas coûter 2 milliards de dollars aujourd'hui. Il n'y a rien à ce sujet dans le budget. On aurait voulu l'avoir immédiatement.
En ce qui concerne l'allocation de 1 200 $ par enfant de moins de 6 ans — ma collègue de Trois-Rivières en parlera plus longuement —, pourquoi n'aurait-on pas pu prendre cet argent et le convertir en crédit d'impôt remboursable? Cela aurait eu le même effet, excepté qu'on aurait ciblé les familles à faible et à moyen revenu. Elles n'auraient pas payé un cent d'impôt à même ces 1 200 $.
Hier, le ministre des Finances s'enorgueillissait en disant qu'ils mettra à l'abri la Prestation nationale pour enfants, qu'elle ne sera pas touchée, même s'il y a 1 200 $ par enfant de moins de 6 ans. Oui, mais qu'en est-il de l'impôt fédéral, lui? On continuera à en payer à même cette somme.
Notre conseil aux parents qui recevront ces 1 200 $, peut-être 2 400 $ s'ils ont deux enfants de moins de 6 ans, c'est de mettre de l'argent de côté pour payer leurs impôts à la fin de l'année, pour ne pas avoir de surprise. Car ce gouvernement n'a pas accepté qu'on modifie le paiement en espèces de 1 200 $ par année en crédit d'impôt remboursable, ce qui aurait évité tous ces problèmes.
En ce qui a trait au Protocole de Kyoto, il me semble que cela fait assez longtemps, alors que les conservateurs étaient dans l'opposition, ils avaient critiqué la mise en place, par le ministre libéral, du programme pour atteindre les objectifs de Kyoto. En effet, ils disaient qu'il y avait une solution de rechange. Ils auraient pu mettre en avant immédiatement cette solution de rechange, au lieu de mettre les nerfs de tout le monde à fleur de peau avec ces 2 milliards de dollars prévus dans le plan précédent, qui sont mis de côté et dont on ne sait pas comment ils seront utilisés.
Les conservateurs retrouveront la question de Kyoto sur leur route. S'il existe un dossier, à part ceux de l'assurance-emploi et du PATA, qui mérite qu'on y mette toute notre énergie, c'est bien celui de Kyoto, parce qu'on est en faveur de la protection de l'environnement. Le Bloc québécois, dont mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie, voudrait même aller au-delà de Kyoto. Si les conservateurs pensent que ce sera facile, parce qu'un concours de circonstances fait en sorte que, à cause de la présence dans le budget d'un engagement sur le déséquilibre fiscal, ils nous ont achetés, ils se trompent. Ils ne nous ont pas achetés! Ils nous rencontreront sur leur route. De plus, on n'est pas à vendre.
Quant au secteur manufacturier, on sait que la philosophie conservatrice remonte à la fin du dernier siècle, même au XIXe siècle.
À cette époque, on disait que le marché pouvait tout régler, que le marché pouvait tout réguler, qu'on n'avait besoin de rien. On disait qu'il fallait atteindre l'équilibre entre l'offre et la demande et que, par la suite, le marché du travail s'organiserait.
Cela ne fonctionne pas ainsi à l'heure actuelle. Des mesures draconiennes sont nécessaires au plan des secteurs fragilisés par la mondialisation et par les pays émergents, des secteurs comme le textile, le meuble et le vêtement. Maintenant, il y a aussi l'agroalimentaire car le Brésil et le Chili entrent sur les marchés traditionnels, surtout que le dollar canadien dépasse 0.90 $.
Il faut aider ces secteurs à passer à travers. On l'a fait avec succès au milieu des années 1980 grâce à l'entente de libre-échange conclue avec les États-Unis. Des mesures de restructuration ont eu lieu. Dans des secteurs que l'on disait mous, comme le meuble par exemple, certaines entreprises s'en sont fort bien sorties. Elles ont modernisé leurs équipements et amélioré leur productivité. Elles peuvent s'en sortir. Toutefois, ce n'est pas le marché qui fera cela.
On ne peut pas concurrencer des pays de façon inégale, comme la Chine par exemple, où il ne s'agit pas d'une économie de marché. C'est une économie contrôlée où l'on peut jouer avec les prix comme on veut, afin de déclasser les concurrents. Une fois que les concurrents sont déclassés, on prend leur marché. Ce n'est pas de la concurrence loyale. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités à cet égard.
Il y a aussi tout le secteur des arts et de la culture. Le monde culturel avait mis beaucoup d'espoir à cet égard. Mon collègue, porte-parole sur les questions du patrimoine, y reviendra de façon plus précise. Ces espoirs ont été déçus. En effet, au lieu des 150 millions de dollars d'augmentation au chapitre du Conseil des arts, on se contente, dans ce budget, d'investir 50 millions de dollars sur deux ans, de surcroît, au Conseil des arts.
À mon avis, il y aurait eu moyen de faire un effort. Je ne peux pas croire qu'il n'y a pas un conservateur qui n'a pas fréquenté les théâtres, qui n'a pas assisté à des spectacles, qui ne va pas à des galeries d'art et qui n'encourage pas les artistes. J'imagine que les conservateurs se sont pas tous des calculateurs. Ils doivent considérer que la culture est quelque chose d'important. La culture, c'est un élément de la vitalité des peuples, le peuple québécois et le peuple canadien, bien entendu. Je ne peux alors comprendre que l'on n'ait pas mis une priorité plus grande sur les arts et la culture.
Parlons maintenant de la Commission canadienne des valeurs mobilières. Quelle idée farfelue, quelle idée détestable! Depuis que je suis ici, depuis 1993, on essaie de nous en passer une petite vite. On dit qu'il faudrait un organisme supranational pour faire en sorte que les commissions des valeurs mobilières soient harmonisées quant aux exigences et que cela attirera les investisseurs. Mon oeil! Depuis 10 ans, les commissions des valeurs mobilières, y compris l'Autorité des marchés financiers du Québec, ont harmonisé leurs pratiques. Cette poursuite d'harmonisation se continue. On n'a pas besoin d'un grand joueur pour chapeauter tout le monde.
La réalité est qu'une commission canadienne des valeurs mobilières, dans l'irrespect total des compétences des provinces et du Québec en cette matière, serait là pour favoriser Bay Street. Le siège social de la Commission canadienne des valeurs mobilières serait à Toronto. Le circuit des investisseurs passerait par Toronto. Tout passerait par Toronto. Au lieu d'avoir des traits distinctifs, des traits qui témoignent des particularités de chacune des provinces et du Québec, on veut tout uniformiser. On veut avoir des règles égales partout, uniquement pour centraliser tout cela à Toronto.
Nous allons nous battre, comme on l'a fait depuis 1993, pour empêcher que cette commission canadienne des valeurs mobilières se crée. On ne peut pas dire, comme le disent le premier ministre et le ministre des Finances, qu'ils vont respecter les compétences des provinces, mais en même temps oser proposer une commission des valeurs mobilières comme celle-là, à l'encontre du Québec. Cela ne peut pas marcher.
C'est pour cette raison que l'on a posé la question au premier ministre. Si le Québec s'y opposait et s'il était le seul à le faire, est-ce que l'on mettrait quand même en place cette commission canadienne des valeurs mobilières? On a eu des réponses évasives à cet égard. Toutefois, on sait pertinemment que si c'était le cas, cela ne changerait rien. En effet, tout transiterait justement vers Toronto. À un moment donné, l'Autorité des marchés financiers perdrait graduellement du pouvoir dans un secteur qui est de compétence provinciale.
Je le dis et je me répète. N'eût été de l'engagement formel sur le déséquilibre fiscal, nous aurions voté contre les conservateurs. Nous avons à l'oeil ce gouvernement, ainsi que tous les mouvements qu'il fera d'ici l'automne avec la conférence des premiers ministres provinciaux. Nous l'aurons à l'oeil d'ici la conception du prochain budget. Nous ne sommes pas des alliés des conservateurs si on regarde tous les effets négatifs de ce budget.
Cependant, si on regarde cet engagement, nous ne pouvons exiger — et que ce soit le premier dossier avec l'assurance-emploi —, de ce côté-ci de la Chambre, au Bloc québécois, que le gouvernement bouge, prenne des engagements et trouve des solutions à ce problème et, en même temps, qu'il nous propose un processus et un échéancier, et qu'on dise que nous le battrons quand même. Cela serait ridicule. Cette attitude n'est pas électoraliste.
S'il est des députés électoralistes en cette Chambre, ce sont ceux du Parti libéral et du NPD. Qu'ont-ils fait lorsqu'ils ont appris qu'il y avait quelque chose sur le déséquilibre fiscal? Tout d'abord, les libéraux s'opposent à la résolution du déséquilibre fiscal. Par conséquent, ils s'opposaient dès le départ à ce budget. Quant au NPD, plus centralisateur que n'importe quel parti en Chambre, il s'oppose aussi à la résolution du déséquilibre fiscal de la façon que nous le proposons, c'est-à-dire par un transfert de champs fiscaux et une réforme de la péréquation. Il était donc normal, naturel et opportuniste que les néo-démocrates adoptent cette attitude à l'égard du budget conservateur.
Le budget propose d'autres mesures positives que nous, du Bloc québécois, défendons depuis des années. Nous sommes heureux de l'écoute que nous ont manifestée les conservateurs à ce sujet. Cela ne compense pas toutes les lacunes et tous les problèmes que j'ai énoncés, mais disons que cela applique un baume sur la plaie jusqu'au prochain budget. En effet, nous considérons que celui-ci est un budget de transition.
Le budget prévoit 1 milliard de dollars pour l'éducation postsecondaire. Nous avions demandé au gouvernement de poser de toute urgence un premier geste concret dans ce secteur, étant donné qu'il avait souffert des compressions sauvages du gouvernement précédent, ce gouvernement du bien commun. Le budget prévoit maintenant 1 milliard de dollars pour l'éducation postsecondaire. Nous pouvons applaudir cette mesure.
De plus, le budget alloue 1,5 milliard de dollars pour aider les producteurs agricoles. Il s'agit d'une autre bonne nouvelle. Par contre, au cours des prochaines années, nous devrons poursuivre ces investissements. Tant et aussi longtemps que les subventions ne seront pas rétablies, c'est-à-dire que les Américains et les Européens ne réduiront pas leurs subventions, nous leur ferons concurrence à armes inégales. Il faut donc non pas offrir un soutien d'urgence, mais maintenir un soutien jusqu'à ce que soit réglée la question des subventions agricoles à l'échelle internationale. Toutefois, c'est un bon point de départ.
Le budget prévoit également 800 millions de dollars pour le logement social. Nous avions demandé un premier geste, un premier investissement, et il s'y retrouve.
Quant au transport en commun, le Bloc québécois a déposé à trois reprises un projet de loi visant à créer un crédit d'impôt pour favoriser le transport en commun. Ma collègue de Longueuil—Pierre-Boucher en a encore présenté un, la semaine dernière. Nous sommes heureux que le gouvernement ait compris le message dans le dossier du transport en commun. C'est une autre bataille que nous avons menée.
Le budget répond aussi à des demandes de longue date, comme l'exonération des bourses d'études pour les étudiants. Il était anormal, voire complètement ridicule et loufoque, qu'un étudiant ayant reçu une bourse d'études du gouvernement du Québec ou de l'Ontario soit imposé par le fédéral. C'était totalement ridicule. On a maintenant exonéré ces bourses. Nous nous sommes battus à cet égard pendant environ sept ans.
Au sujet des microbrasseries et de la taxe d'accise, nous avons également gagné le combat après cinq ans et demi. Nos microbrasseries créent des centaines d'emplois en région. Elles pourront maintenant concurrencer de la bonne façon leurs compétiteurs américains et européens.
Je répète qu'aucune mesure n'a été prévue dans les dossiers suivants: l'assurance-emploi, le PATA, la non-conversion du crédit d'impôt de 1 200 $, le Protocole de Kyoto, les arts et la culture, le secteur manufacturier fragilisé et la Commission canadienne des valeurs mobilières. Je peux assurer la Chambre que le Bloc québécois travaillera avec toute la vitalité qu'on lui connaît. Le gouvernement se fera barrer les roues s'il va dans le sens contraire des intérêts du Québec dans ces dossiers. Nous allons proposer des voies de solution dans chacun d'entre eux. Nous allons convaincre les autres partis d'opposition et le gouvernement. L'action politique du Bloc québécois et son ardeur ne s'arrêtent pas à ce budget. Les conservateurs nous trouveront sur leur chemin jusqu'au prochain.
:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de participer à ce débat sur le tout premier budget des conservateurs et de dire pourquoi nous nous y opposons si catégoriquement.
Je voudrais d'abord faire une autre observation sur les difficultés que j'ai à accepter la position qu'a adoptée le Bloc. Le porte-parole du Bloc fait erreur lorsqu'il laisse entendre que le NPD s'oppose au budget parce que notre parti refuse d'admettre qu'il y a un déséquilibre fiscal, ou par opportunisme politique. Il saura qu'il fait erreur dans les deux cas lorsqu'il est question du NPD.
Il saura que, pendant toute la période où nous avons siégé ensemble au Comité des finances, le NPD a dominé les discussions en vue de régler le déséquilibre fiscal, en demandant aux libéraux de reconnaître ce déséquilibre. Bien que cela puisse être difficile au milieu d'un débat, étant donné la décision du Bloc d'appuyer les conservateurs, un appui qui nous étonne tous et pour lequel nous ne pouvons trouver aucune raison valable, le député comprendra au moins que les arguments qu'il soulève pour justifier l'appui du Bloc envers les conservateurs sont les mêmes que les éléments contenus dans le projet de loi C-48, le budget amélioré et équilibré du NPD, auquel le Bloc s'opposait carrément.
Lorsque le Bloc félicite le gouvernement pour le montant de 1 milliard de dollars qu'il prévoit pour l'éducation et l'amélioration de l'infrastructure des établissements d'enseignement postsecondaire, le député et ses collègues oublient manifestement que ce montant n'est prévu que parce que le NPD l'a négocié lorsque le dernier gouvernement minoritaire était au pouvoir, en ayant convaincu les libéraux qu'il valait mieux investir dans les secteurs importants aux yeux des Canadiens que de gaspiller entièrement leur excédent et leurs ressources financières.
Lorsque le député du Bloc appuie le budget des conservateurs parce qu'ils comptent affecter 300 millions de dollars à l'aide étrangère, il devrait se rappeler que ce montant n'est annoncé qu'en raison du budget amélioré et équilibré du NPD prévu dans le projet de loi C-48.
Je tiens à féliciter les conservateurs sur ce chapitre, car ils ont reconnu l'importance de respecter la volonté de la Chambre. Ils ont reconnu que, l'année dernière, le Parlement a adopté un budget prévoyant des dépenses de 4,6 milliards de dollars sur deux ans au titre de l'enseignement, du logement, des affaires autochtones, de l'environnement et de l'aide étrangère. Ce sont tous des secteurs importants pour les Canadiens.
Nous avons attendu longtemps que les libéraux mettent ce projet de loi en application et versent l'argent, en vain. Ils n'ont cessé de tergiverser et de retarder le plus possible la mise en oeuvre des mesures prévues. Finalement, ils ont été défaits et n'ont pas pu aller de l'avant. Je remercie le ciel que les conservateurs, sur qui le NPD a exercé de fortes pressions, aient tendu l'oreille et accepté de verser les fonds, à tout le moins 4 milliards de dollars environ sur les 4,6 milliards. Ils disposaient d'un bon coussin, d'un excédent énorme, qui facilitait l'acquittement de cette dette et le respect de cet engagement. Nous leur sommes reconnaissants de verser cet argent.
Les Canadiens verront l'avantage d'avoir un Nouveau Parti démocratique fort au Parlement. Ils verront l'avantage que représente un gouvernement minoritaire et verront que nous pouvons faire fonctionner le Parlement dans l'intérêt de l'ensemble de la population.
En ce qui a trait au budget, nous nous opposons au plan des conservateurs parce que ce n'est pas un plan. Il manque de vision. Voilà un gouvernement qui marche à coups de crédits d'impôt, et un pays ne peut reposer là-dessus. Voilà un saupoudrage de crédits d'impôt au détriment d'une vision cohérente tournée vers l'avenir. L'objet d'un budget est justement de proposer une telle vision, un plan qui indique aux Canadiens dans quelle direction se dirige le pays. Le budget est censé reconnaître certains obstacles économiques qui empêchent les Canadiens de contribuer selon leur plein potentiel à la société. Il est censé faire face à ces obstacles et faire en sorte que tous les habitants du pays, peu importe leur sexe, leur race et leurs habiletés, puissent contribuer au mieux de leurs capacités.
Le budget ne reconnaît pas ce principe fondamental. Il ne reconnaît pas les Canadiens en tant qu'individus. Il présente une approche sexiste qui trahit un parti-pris, ou une tendance idéologique. Cela est particulièrement évident dans la façon dont la question de la garde d'enfants y est abordée.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de répéter que si nous en sommes là, c'est uniquement parce que, pendant 13 ans, nous avions un gouvernement libéral qui a promis un programme de garderies, mais sans jamais agir. Comme mes collègues l'ont fait remarquer, durant toute cette période, pas une seule place n'a été créée dans les garderies. S'ils avaient au moins créé une place par année, il y aurait eu 13 nouvelles places, ce qui est tout de même mieux que ce que nous avons aujourd'hui. Malheureusement, le bilan des libéraux affiche un gros zéro. Qu'ils arrêtent de dire n'importe quoi et de se vanter. Ils ont conclu ces ententes en catastrophe à la fin de leur règne minoritaire.
À cause des pressions exercées par le NPD, ils ont finalement décidé de tenir leur promesse. Ils ont mis en place un programme de garderies en concluant trois ententes avec trois provinces, et en amorçant des discussions avec d'autres, n'accomplissant ainsi qu'une fraction de la formidable tâche que représente l'établissement d'un programme national de garderies. Malgré cela, ils soutiennent aujourd'hui que tout ce dont ils avaient besoin, c'était d'un mois de plus.
Ils ont peut-être oublié que c'est leur ancien chef qui avait dit à la Chambre et aux Canadiens qu'il y aurait des élections au plus tard à la fin de février. Quelle différence un mois aurait-il fait dans l'opinion des Canadiens? Ce sont les Canadiens qui ont défait les libéraux, pas le NPD. Les Canadiens en avaient assez de leur manque de responsabilité et de transparence, de leurs pratiques qui frôlaient la corruption et de leurs promesses brisées.
Je devrais peut-être être moins gentille et parler de quasi-corruption. D'autres députés à la Chambre n'hésitent pas à parler ouvertement de la corruption qui semble avoir été monnaie courante chez les libéraux, mais je ne le ferai pas. Je me contenterai de parler des promesses qui n'ont pas été tenues, ce qui nous amène à la situation d'aujourd'hui où nous avons encore un sérieux problème, soit un autre gouvernement qui refuse de reconnaître le problème de l'heure.
Le gouvernement ne nous a pas donné un programme de garderies. Il nous a donné une allocation de quelques dollars destinée aux parents d'enfants de moins de 6 ans. Comme tous les journaux et tous les documentaires l'ont montré, cette mesure profitera aux mères qui restent à la maison. J'aimerais pouvoir dire les mères ou les pères, mais la vérité, c'est que le gouvernement se sert d'une politique d'intérêt public pour faire valoir une perspective idéologique particulière. Je n'irai pas jusqu'à dire que les conservateurs voudraient voir toutes les femmes pieds nus, enceintes et à leurs chaudrons, mais, permettez-moi de souligner...
Des voix: Oh, oh!
Mme Judy Wasylycia-Leis: Mon Dieu, je crois avoir touché une corde sensible.
Je pourrais peut-être continuer et expliquer aux députés les difficultés inhérentes à leurs politiques du point de vue des femmes qui travaillent. Ils ne se rendent sans doute pas compte que 70 p 100 des femmes qui travaillent aujourd'hui ont des enfants d'âge préscolaire. J'espère que les conservateurs finiront par comprendre qu'en adoptant une politique qui ne répond pas aux besoins des femmes qui travaillent, qui ne leur assure pas des services de garde de qualité, et en donnant quelques dollars aux parents qui travaillent pour les aider à remplir leurs responsabilités, ils refusent de voir la réalité des femmes dans la société d'aujourd'hui.
Il suffira peut-être que j'attire leur attention sur les nombreux articles de journaux qui disent que le taux de natalité est de 0 p. 100. Le taux de natalité n'augmente pas parce que les familles ont de la difficulté à remplir leurs obligations sans un soutien suffisant du gouvernement. Et cela comprend des services de garde de qualité, des garderies à qui les parents peuvent confier leurs enfants pendant qu'ils travaillent, des garderies sûres et réglementées comptant sur un personnel professionnel, des garderies sans but lucratif pour que personne ne fasse des profits au détriment des enfants.
Nous sommes en présence d'une politique préjudiciable aux femmes qui sont sur le marché du travail. Les conservateurs se trouvent aujourd'hui au même stade que les libéraux il y a 20 ans, alors que les députés disaient devant la Chambre « les femmes qui sont sur le marché du travail constituent un phénomène social » ou encore « nous devons simplement nous occuper des hommes de 18 à 40 ans qui occupent un emploi, parce qu'après tout, ce sont eux les principaux travailleurs ». On oublie facilement la contribution des femmes ainsi que l'effet des politiques des gouvernements conservateurs et libéraux successifs sur les familles, qui ne sont tout simplement plus capables de joindre les deux bouts avec un seul salaire. Ces députés devraient bien s'enfoncer ça dans le crâne parce que c'est la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Les femmes veulent travailler ou sont obligées de travailler, et nos politiques devraient garantir à leurs enfants des services de garde de la meilleure qualité possible.
Des voix: Oh, oh!
Mme Judy Wasylycia-Leis: Monsieur le Président, je pense que les conservateurs et les libéraux devraient prendre le temps d'écouter un instant. Je ne passe pas mon temps à chahuter pendant leurs discours. Si je viens de toucher une corde sensible, ils vont peut-être se mettre à écouter un peu plus attentivement, parce qu'il s'agit d'un problème sérieux. À l'heure actuelle, un million d'enfants passent leurs journées dans des garderies non réglementées.
J'aimerais savoir quel député est prêt à placer son enfant dans une garderie non réglementée, sans savoir si les éducateurs et les éducatrices ont reçu une formation adéquate, sans savoir si les normes de sécurité sont respectées et sans s'assurer que les soins donnés aux enfants sont de la meilleure qualité. Personnellement, je n'ai jamais fait cela et je ne le ferais jamais. Je pense qu'aucun député ne le ferait.
Il est temps que les conservateurs admettent que nous devons investir pour créer des places en garderie. Ils n'ont pas prévu cet investissement dans leur budget. Qu'ont-ils fait plutôt? Ils ont prévu une allocation de garde des jeunes enfants. Voilà qui est bien. Je ne m'y oppose pas. Ils auraient pu faire les deux. Ils auraient pu prévoir une allocation pour les familles ainsi que de l'argent pour créer des places en garderie. Ils pouvaient faire les deux choix en même temps.
Les conservateurs auraient pu financer cela avec une partie des 7 milliards de dollars d'allégements fiscaux accordés aux entreprises en dépit du fait que le secteur des affaires canadien enregistre actuellement des profits inégalés et en dépit du fait qu'on a fait passer le fardeau fiscal des particuliers aux entreprises. C'était une des possibilités. Je pense que c'est raisonnable. Pour faire changement, aidons les familles, les Canadiens ordinaires, les femmes qui travaillent et les enfants. Pourquoi devons-nous gâcher l'avenir du Canada en négligeant les enfants pour aider les entreprises à augmenter leurs profits? Le gouvernement insiste pour sacrifier les enfants parce qu'il manque de vision et parce qu'il est vraiment borné à l'égard de la réalité: les femmes vont demeurer sur le marché du travail.
Il y a une deuxième option que les conservateurs pouvaient choisir. S'ils voulaient maintenir les réductions d'impôt accordées aux sociétés, d'accord. Toutefois, les Canadiens ne sont pas d'accord et nous ne sommes pas d'accord non plus. Cependant, si les conservateurs y tiennent tant, laissons-les faire. Ils avaient quand même un autre choix. Ils ont décidé d'investir 5 milliards de dollars de plus que d'habitude pour rembourser la dette parce qu'ils disposaient d'un excédent incroyable dans ce processus budgétaire.
Si on jette un coup d'oeil aux chiffres, on constate que 8 milliards de dollars ont été affectés au remboursement de la dette, soit 5 milliards de dollars de plus que les 3 milliards de dollars qu'on affecte normalement, par prudence, au fonds de réserve pour éventualités. Le gouvernement a prévu 5 milliards de dollars de plus pour réduire la dette de 494 à 486 milliards de dollars, ce qui signifie que le Canada rembourse la dette à peine une seconde plus rapidement.
Ces 5 milliards de dollars auraient permis de créer un million de places en garderie pour que les enfants reçoivent les soins dont ils besoin dans un milieu stimulant, pour que les femmes puissent travailler en sachant que leurs enfants sont bien traités et pour que les parents aient le sentiment qu'ils s'acquittent bien de leurs responsabilités parentales. Ils n'écoutent pas les propos ridicules des conservateurs qui laissent entendre que les femmes qui mettent leurs enfants en garderie sont de mauvaises mères. C'est essentiellement ce que disent les conservateurs, mais il y a tellement d'autres choses à dire. C'est le premier point que je voulais soulever.
Le deuxième point concerne le fait que les conservateurs n'ont pas tenu l'engagement qu'ils ont pris envers les Canadiens dans leur programme électoral. Ils ne cessent de se vanter de leurs cinq priorités, ces cinq choses qu'ils veulent accomplir. Fait intéressant, il y a une question qui est à peine mentionnée dans le budget bien que ce soit la plus importante pour les Canadiens. C'est celle qui leur cause le plus d'inquiétude et d'angoisse. Je veux parler ici de la qualité de notre système de soins de santé et de la longueur des listes d'attente, la question la plus difficile sur le plan personnel et humain.
Les conservateurs ont clairement promis une réduction des délais d'attente. Ils n'ont cessé de le claironner durant la dernière campagne électorale. Ils ont dit que ce budget répondrait aux cinq priorités, y compris la réduction des délais d'attente. Que voyons-nous dans ce budget au sujet des soins de santé? Il y a quelques mots à l'effet que le gouvernement travaille à ce dossier avec les provinces. Les conservateurs respecteront les engagements financiers des libéraux, même si cela ne fonctionnait pas et que les conservateurs ont été les premiers à le faire remarquer. Ils ont été les premiers à s'en prendre aux libéraux, disant que l'argent n'allait pas là où il devrait aller pour réduire les délais d'attente.
Il n'y a rien d'autre. Pas un cent pour embaucher plus de personnel infirmier, même s'il y aura bientôt une pénurie de 78 000 travailleurs dans ce secteur dans notre pays. Pas un cent pour le développement des soins de santé primaires afin d'alléger le fardeau du côté hospitalier du système, qui est très coûteux. Pas un mot sur la médecine parallèle et les remèdes à base de plantes médicinales. Pas un mot sur la mise en place d'un système de soins de santé où les gens n'auraient pas à attendre dans l'angoisse pendant des semaines, des mois et même des années avant d'obtenir l'aide dont ils ont besoin.
Il y a tellement d'autres choses à dire. J'aimerais parler du fait que l'on trahit les peuples autochtones du Canada. J'aimerais parler des répercussions que cela aura sur les gens de la circonscription de Winnipeg-Nord que je représente et dont le revenu individuel moyen est de 21 000 $ par année. Ces gens ne profiteront pas d'une réduction de la TPS. En fait, comme les journaux l'ont souligné, ce sont les riches qui en profiteront le plus. Les gens de ma circonscription seront touchés et ils ne tireront pas profit des dispositions de ce budget.
Nous sommes d'avis que nous devons investir dans certains secteurs qui touchent les familles de travailleurs. Aussi, monsieur le Président, je propose:
Que l'amendement soit modifié par adjonction, après les mots « dix ans », de ce qui suit:
« Et que la Chambre condamne également le gouvernement actuel du fait qu’il poursuit l’obsession des gouvernements précédents en réduisant l’impôt des sociétés au lieu de dépenser pour aider les familles de travailleurs; et le condamne plus particulièrement du fait qu’il accorde la priorité à l‘infrastructure physique au lieu de fournir une aide financière directe aux étudiants de nos établissements postsecondaires, de dépenser pour corriger les insuffisances de notre système d’assurance-emploi et de continuer à négliger la création de places dans des garderies sans but lucratif dotées d’un financement pluriannuel. ».
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet du budget de 2006. Comme nous venons de le voir, c'est un budget qui suscite beaucoup d'enthousiasme et c'est une bonne chose d'en parler. Voici donc le premier budget du gouvernement conservateur. Nous en sommes très fiers.
Le gouvernement du Canada dépense beaucoup d'argent des contribuables canadiens. En effet, ce budget prévoit des dépenses de 188 milliards de dollars puisés à même les goussets des travailleurs canadiens. Ce gouvernement n'est pas amateur de crédits d'impôt. Il dépense 188 milliards de dollars. Il est très engagé dans les programmes et les sphères de responsabilité qui sont utiles aux Canadiens. D'autre part, il ne veut pas trop s'immiscer non plus. C'est un jeu d'équilibre que nous sommes déterminés à maîtriser.
Des 188 milliards de dollars de dépenses au titre du budget, moins de la moitié correspondent à des dépenses discrétionnaires. C'est un peu comme dans une famille où un revenu assure des rentrées d'argent. Il y a des dépenses qui doivent être faites, qu'on le veuille ou non. Une famille doit ainsi rembourser son hypothèque ou payer son loyer. Elle doit dépenser pour se nourrir. Elle doit dépenser pour satisfaire des besoins vitaux comme l'habillement, le transport, les frais de scolarité, bref, tout ce dont une famille a besoin. Il y a cependant certaines dépenses qui sont laissées à sa discrétion.
Lors de la dernière campagne électorale, nous avons dit aux Canadiens que, s’ils décidaient de nous confier la gestion de leurs finances, de leur bourse collective pour faire fonctionner le pays en leur nom, nous en ferions une priorité. En fait, nous avons énuméré cinq priorités et ce budget y donne suite. Il est axé sur ce que nous avons dit que nous ferions.
Pourquoi est-ce important? Parce que la population a perdu une partie de sa confiance envers les responsables politiques. Cette confiance s’est grandement amoindrie au cours des dernières années. Il est important que les dirigeants annoncent à la population ce qu’ils comptent faire et qu’ils tiennent ensuite parole. C’est précisément ce que fait ce budget.
Il instille à nouveau un certain sens de la responsabilité et de la discipline dans les dépenses fédérales, ce sur quoi je reviendrai dans un instant.
Ce budget prévoit des allègements fiscaux pour les travailleurs canadiens, ce qui est très important puisque leur fardeau fiscal est tel qu’il est supérieur aux montants qu’ils consacrent à leurs besoins courants. Ce n’est pas juste. Ce n’est pas bien et c’est inutile. De plus, nous réduisons la dette nationale et nous sommes déterminés à produire des budgets équilibrés. Ce sont là d’importants principes.
Je vous parlerai d’abord de notre détermination à nous responsabiliser. Le gouvernement précédent avait pour habitude de promettre la lune tous les cinq ans et de ne tenir ses promesses que cinq ans plus tard. Nous, nous estimons que les Canadiens ne devraient avoir à débourser d’argent que pour les services qu’ils reçoivent tout de suite ou pour ceux qu’ils s’attendent à recevoir sous peu et non pas de nombreuses années plus tard. Ce budget et nos plans couvrent essentiellement une période de deux ans. Nous n’entreprendrons que les mesures que nous pouvons nous permettre et réaliser à brève échéance.
Au cours des cinq dernières années, les dépenses gouvernementales ont progressé à un rythme annuel moyen de 8,2 p. 100, soit près de 10 p. 100. Alors, je pose la question aux Canadiens qui nous regardent: combien d’entre eux ont vu leur revenu augmenter de près de 10 p. 100 par an au cours des cinq dernières années? La réponse est: aucun.
L’année dernière, pendant qu’il était à la barre du pays, le parti d’en face a augmenté les dépenses de 14,4 p. 100 sur douze mois, soit près de 15 p. 100. Combien de Canadiens ont-ils vu leur revenu augmenter de 15 p. 100 pour soutenir le rythme de dépenses du gouvernement? La réponse est: aucun. Nous, nous sommes beaucoup plus modérés. La progression des dépenses prévue dans ce budget est de 5,4 p. 100 et, l’an prochain elle ne sera plus que de 4,1 p. 100. C’est important.
Nous voulons également veiller à ne pas dépenser d’argent uniquement pour faire belle figure. Nous voulons que nos dépenses permettent effectivement aux Canadiens d’acquérir quelque chose. Les résultats ne seront réels que si les Canadiens en ont pour leur argent. Nous réévaluons tous les programmes de dépenses. Certains d’entre eux ont reçu un D sur l’échelle de notation, et beaucoup ont reçu un F. Nous n’allons certainement pas continuer de dépenser l’argent des travailleurs canadiens dans des programmes qui ne leur rapportent rien. Nous allons donc tout réévaluer et ne dépenser d’argent que pour obtenir des résultats.
Nous allons également réduire la dette du Canada de trois milliards de dollars par année. Nous envisageons d'investir tout argent qui restera après cette affectation de trois milliards de dollars à la réduction de la dette dans le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec, qui ont d'énormes dettes non provisionnées. Le gros des prestations tirées de ces régimes devront être financées par les jeunes Canadiens qui ne sont même pas encore des contribuables. Nous voulons les aider par tous les moyens à respecter leurs obligations à l'avenir, afin d'être équitables envers eux.
Nous allons améliorer la responsabilité financière quant à la façon dont l'argent est dépensé. Nous croyons que le Bureau du vérificateur général devrait être en mesure de dire aux Canadiens comment leur argent est dépensé lorsqu'il est versé dans les sociétés d'État et des fondations financées par le gouvernement fédéral. Cela ne devrait pas être caché comme les libéraux l'ont fait. C'est l'argent des contribuables et ils ont le droit de savoir ce qu'on en fait.
Ce budget reconnaît également que les Canadiens paient trop d'impôts. Le fardeau que les travailleurs moyens doivent supporter pour répondre à leurs besoins fondamentaux a augmenté de 1 000 p. 100. Pendant ce temps, leur fardeau fiscal s'est accru de 1 600 p. 100. On voit donc à quel point les Canadiens paient trop d'impôts.
Nous voulons nous assurer d'offrir des réductions d'impôt pour rééquilibrer les choses, pour donner aux Canadiens le droit de dépenser leur propre argent le plus possible, et c'est pourquoi notre plan budgétaire respecte notre engagement de réduire la TPS d'un point de pourcentage à compter du 1er juillet. Tous les Canadiens profiteront de cette réduction d'impôt, et pas simplement ceux qui ont des revenus. Tous les Canadiens pourront jouir de cette réduction de la TPS. En fait, on va ainsi redonner près de neuf milliards de dollars en deux ans aux Canadiens, même ceux qui ne paient pas d'impôt sur le revenu des particuliers. Le taux de la TPS va être réduit, mais nous allons maintenir le crédit pour la TPS à son niveau actuel, afin de protéger les Canadiens à revenus faible ou moyen.
Ce n'est pas tout. Le budget propose également un plan global pour réduire l'impôt sur le revenu des particuliers de tous les contribuables. Ainsi, il y aura un nouveau crédit canadien pour emploi qui sera offert à tous les travailleurs canadiens. À compter du 1er juillet, la première tranche de 500 $ du revenu d'un travailleur canadien ne sera pas imposée. Cette somme doublera ensuite en 2007 pour passer à 1 000 $. Cette mesure va aider tous les travailleurs canadiens à conserver une plus grande part de leur argent et à supporter les coûts reliés à leur emploi.
Le gouvernement réduira également de façon permanente le taux d'imposition le plus bas du revenu des particuliers. À compter du 1er juillet, ce taux passera de 16 à 15,5 p. 100. C'est le taux qui s'applique à la première tranche de revenus de 36 400 $. Cette mesure est avantageuse pour les contribuables à faible revenu, qui sont ceux qui ont le plus besoin de cette réduction d'impôt.
Les libéraux soutiennent que c'est un allégement fiscal qu'ils voulaient eux-mêmes accorder, mais ils ne l'ont pas fait. Ils l'ont annoncé et ils ont pris des dispositions techniques, mais ils n'ont jamais fait adopter de loi à cet égard.
Aujourd'hui, cette mesure sera inscrite dans la loi canadienne. Le taux d'imposition du revenu des particuliers pour la tranche la plus basse sera réduit en permanence de 16 à 15,5 p. 100. Si les libéraux voulaient prendre cette mesure, pourquoi ne l'ont-ils pas fait? Ils ont eu 13 ans pour le faire.
Le gouvernement inscrira également dans la loi une augmentation du montant personnel de base que les Canadiens peuvent gagner sans payer d'impôt. Encore une fois, les libéraux soutiennent avoir voulu prendre cette mesure. Ils ont commencé à s'y préparer, mais ils n'ont jamais fait inscrire ce changement dans la loi parce qu'ils n'y accordaient pas assez d'importance pour s'empresser de le faire adopter. Se sachant menacés, ils ont fait cette promesse de dernière minute pour obtenir plus de votes aux élections. Heureusement, la manoeuvre a échoué, et nous avons maintenant un gouvernement qui veut vraiment alléger le fardeau fiscal des Canadiens.
De plus, comme le gouvernement veut aider les créateurs d'emploi du Canada, qui sont les moteurs de l'économie, les gens qui font tourner les affaires et l'activité économique, il éliminera l'impôt fédéral sur le capital à compter de janvier 2008. Si les entreprises ont besoin de capitaux, elles ne devraient pas avoir à payer davantage d'impôt pour en attirer.
Nous éliminerons la surtaxe des sociétés à compter de 2008. Les libéraux avaient instauré cette taxe qui devait contribuer à réduire le déficit. Cette taxe n'avait plus sa raison d'être ces dernières années, mais les libéraux l'avaient conservée. Nous ramènerons aussi le taux général d'imposition des sociétés de 21 p. 100 à 19 p. 100 d'ici 2010.
Ces mesures nous rendront concurrentiels par rapport à notre principal partenaire commercial. Nous faisons 85 p. 100 de notre commerce avec un pays et ce pays a un meilleur régime fiscal que le nôtre. Nos entreprises ne peuvent pas soutenir la concurrence. Elles n'ont pas assez d'argent. Elles ne peuvent conserver suffisamment de leurs revenus pour soutenir la concurrence. Nous voulons absolument changer cela pour assurer l'égalité des chances et pour que le talent, l'esprit d'innovation et l'esprit d'entreprise au pays soient pleinement mis à contribution pour garantir notre réussite et assurer la prospérité des Canadiens.
Nous ne nous sommes pas arrêtés là. Dans le budget de 2006, nous avons également reconnu que les petites entreprises forment l'épine dorsale de notre économie. C'est pourquoi, l'an prochain, nous ferons passer de 300 000 $ à 400 000 $ le montant du revenu d'une petite entreprise qui donne droit au taux d'imposition de 12 p. 100. Et nous ramènerons ce taux à 11,5 p. 100 en 2008 et à 11 p. 100 en 2009.
Nous voulons libérer les moteurs économiques du pays afin que de bons emplois soient créés pour les Canadiens et que tous soient prospères.
Les Canadiens savent qu'en raison de leur faible poids démographique, l'éducation et l'acquisition des compétences revêtent beaucoup d'importance pour assurer leur compétitivité dans le marché mondial. Nous savons que l'éducation et l'acquisition des compétences sont des éléments clés de notre avenir économique. Voilà pourquoi nous investirons massivement dans la formation et dans l'éducation.
Les employeurs qui embauchent des apprentis pourront bénéficier dès maintenant d'un nouveau crédit d'impôt de 2 000 $. En janvier 2007, un nouveau programme de subvention permettra de verser aux apprentis une subvention de 1 000 $ par année pour les deux premières années d'un programme admissible. Cette mesure s'ajoute à toutes les autres réductions fiscales prévues pour les Canadiens qui travaillent.
Bien des gens de métier doivent acheter leurs propres outils pour travailler. Nous autoriserons maintenant une déduction de 500 $ pour le coût des outils.
Nous aiderons les étudiants de niveau postsecondaire en leur accordant un crédit d'impôt pour manuels. Nous allons éliminer l'impôt fédéral sur tous les revenus de bourses d'études et de perfectionnement des étudiants.
En outre, nous avons accordé 1 milliard de dollars pour les investissements essentiels et urgents dans l'infrastructure de l'éducation postsecondaire. En fait, le gouvernement fédéral consacre 8 milliards de dollars par année à l'éducation. Le budget prévoit que 800 millions de dollars s'ajouteront à ce montant cette année.
Pour ce qui est des Autochtones, nous constatons que, sous le gouvernement précédent, ils vivaient dans des conditions déplorables, qui s'apparentaient à celles du tiers monde. Nous voulons que cela change. Dans le budget, nous prévoyons dépenser 450 millions de dollars pour améliorer les systèmes d'adduction d'eau, le logement et les installations d'enseignement sur les réserves et aussi pour venir en aide aux enfants autochtones. Nous allons fournir 300 millions de dollars pour le logement hors réserves et 300 millions de dollars pour la construction de logements dont on a grand besoin dans le Nord. Nous avons également affecté 2,2 milliards de dollars pour régler une fois pour toutes ce terrible problème des pensionnats indiens. Le budget affectera donc 3,2 milliards de dollars dans l'intérêt des Autochtones.
Au cours des quelques prochaines années, à partir de maintenant, nous allons tenir des discussions avec les dirigeants autochtones pour définir d'autres programmes qui leur seront utiles, et nous allons en assurer le financement dans des budgets subséquents. Notre manière n'est pas celle des libéraux qui, sur leur lit de mort électoral, tiennent de grands rassemblements, tout juste avant des élections, pour attribuer beaucoup d'argent à droite et à gauche sans rien planifier. Des plans, nous allons en faire. Ensuite, nous allons les concrétiser. Nous allons les financer. Nous allons améliorer la vie des Autochtones au Canada.
Nous tenons également à épauler les grands secteurs primaires de notre économie, où il y a d'importants défis à relever, tant au Canada qu'à l'étranger. C'est la raison pour laquelle le budget prévoit 2 milliards de dollars, étalés sur deux ans, pour le secteur agricole, y compris un investissement spécial immédiat de 1 milliard de dollars pour l'aide aux agriculteurs.
Je tiens à féliciter mon collègue, le ministre de l'Agriculture, qui a passé des mois à sillonner le pays pour rencontrer des intervenants de ce secteur important. Il a été à l'écoute des agriculteurs et a préparé un plan en réponse aux besoins immédiats et futurs de ce secteur qui est d'une importance critique.
Nous allons également affecter 400 millions de dollars au cours des deux prochaines années au secteur forestier, en plus de faire ce que les libéraux n'ont pas su faire pendant des années, c'est-à-dire pacifier le secteur du bois d'oeuvre en réglant un conflit qui privait nos collectivités de revenus et arrachait des emplois à bon nombre de familles canadiennes. Nous avons mis un terme à ce conflit.
Nous allons également investir 400 millions de dollars de plus dans ce secteur, notamment pour faciliter l'adaptation des travailleurs à l'entrée en vigueur du nouvel accord sur le bois d'oeuvre, pour renforcer la compétitivité à long terme du secteur, et aussi pour combattre l'infestation de dendroctone du pin, à laquelle le gouvernement précédent n'a pas su s'intéresser et qui est en train de détruire nos forêts à une cadence affolante. Nous allons nous activer pour que les choses bougent à cet égard.
Nous avons déjà débattu de nos mesures visant à venir en aide aux familles ayant des enfants. C'est là, bien évidemment, une question prioritaire pour tous les députés. Nous avons, je crois, des désaccords raisonnables sur l'action à mener dans ce domaine, mais comme le savent les députés, notre parti estime que tous les parents ont besoin d'aide. Nous voulons offrir une aide et un soutien à tous les parents et toutes les familles de notre pays. C'est pourquoi nous avons présenté, conformément à notre thème de la campagne électorale, notre plan universel pour la garde d'enfants. Il prévoit un financement de 3,7 milliards de dollars sur deux ans pour une prestation universelle pour la garde d'enfants. Il prévoit le versement aux familles d'un montant de 100 $ par mois pour chaque enfant de moins de six ans pour les aider à élever leurs enfants, à s'occuper de leurs enfants, à assurer tout type de soins qui, selon les familles, convient le mieux à leur situation. Ce plan profitera à 1,5 million de familles et à plus de 2 millions d'enfants.
En outre, nous sommes conscients du fait que de nombreux parents, certains parents, choisissent de placer leurs enfants toute la journée en garderie. Nous investirons 250 millions de dollars par année, à compter de l'an prochain, et nous avons des plans tout à fait concrets en vue d'accroître le nombre de places en garderie de 25 000 par année. Nous sommes en train d'élaborer des plans pour garantir que ces places soient vraiment créées, contrairement au plan concocté par les libéraux sur leur lit de mort consistant à faire pleuvoir l'argent sans exiger que des places soient créées dans la réalité. Nous allons créer des places de manière à ce que les familles qui en ont besoin puisse les avoir.
Nous allons également accroître la prestation pour enfants handicapés afin que davantage de familles bénéficient de cette aide. Nous allons tenir notre promesse de mettre en place un crédit d'impôt pouvant atteindre 500 $ et applicable aux frais des programmes de conditionnement physique destinés aux enfants de moins de 16 ans.
Monsieur le Président, il y a encore tellement d'autres mesures dans ce budget et, alors que vous me dites qu'il me reste une minute, j'ai encore trois pages à lire. Comment cela se fait-il?
Nous allons protéger les Canadiens.
Nous avons des plans pour remédier au déséquilibre fiscal de manière concrète et pour ouvrir des discussions avec les provinces.
Nous allons appliquer la discipline financière dont nous avons parlé, dont les Canadiens ont besoin.
Le budget de 2006 tient nos promesses. C'est un budget de respect des promesses. Notre parti est un parti qui, lorsqu'il a annoncé qu'il ferait quelque chose, tient parole. Les Canadiens sont comme ça. Ce sont des gens honnêtes qui tiennent parole. Ils veulent que leurs dirigeants fassent exactement la même chose. Nous mettons l'accent sur les priorités pour lesquelles les Canadiens nous ont élus. Ce budget met en place les fondements de l'action future, au rythme des futurs budgets et au fur et à mesure que les ressources financières deviendront disponibles, pour que nous continuions de construire un Canada encore meilleur pour tous les Canadiens.