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Monsieur le Président, je suis très heureux de présenter à la Chambre le projet de loi .
La Loi sur le pilotage crée quatre administrations de pilotage, à savoir celles de l'Atlantique, des Laurentides, des Grands Lacs et du Pacifique, qui sont toutes des sociétés d'État. Le pilotage, dans ce cas particulier, fait référence aux pilotes qui aident les navires à naviguer dans les eaux côtières et intérieures, ce qui est d'une grande importance au Canada en ce qui a trait au commerce.
Les amendements proposés dans le projet de loi apporteraient les changements administratifs nécessaires à la loi qui régit le pilotage maritime au Canada et fourniraient également à ces quatre administrations de pilotage les outils administratifs requis afin de les aider à devenir et à demeurer solvables, ce qui est une exigence en vertu de la Loi sur le pilotage.
Ce projet de loi est une étape cruciale visant à s'assurer que les obligations et les objectifs législatifs dans la loi n'établissent pas des processus qui vont à l'encontre de la responsabilité d'une autorité de rester autonome sur le plan financier et que la relation qui existe entre les administrations de pilotage et les corporations de pilotes est de nature commerciale, ce qui est un élément très important du projet de loi.
Avant de poursuivre, j'aimerais fournir à la Chambre des renseignements en ce qui concerne la Loi sur le pilotage, les raisons derrière les amendements à ce projet de loi et pourquoi ils sont si importants à ce stade.
Cette mesure législative prévoit la création de corporations de pilotes pouvant offrir des services de pilotage dans le cadre d'un contrat commercial avec une administration de pilotage. Une fois qu'une corporation de pilotes est formée dans une région donnée, l'administration de pilotage n'a d'autre choix que de retenir, par contrat, les services de pilotes de la corporation. Nous savons maintenant que cela crée essentiellement un monopole, ce qui ne favorise ni de bonnes pratiques commerciales, ni un environnement concurrentiel dont les consommateurs et les Canadiens pourraient bénéficier.
Cette mesure législative précise comment les différends relatifs à un contrat entre une administration de pilotage et une corporation de pilotes sont réglés par médiation et, au besoin, par arbitrage des propositions finales. L'arbitre retient alors une des deux propositions finales présentées, dans sa totalité. Autrement dit, il ne peut modifier une proposition ou en choisir certaines parties seulement. L'arbitre doit faire un choix.
Par conséquent, dans un cas d'arbitrage relatif à un contrat de service entre une administration et une corporation de pilotes, l'arbitre peut opter pour l'une des deux propositions présentées, ce qui peut amener l'administration à publier un tarif modifié. C'est très important. L'augmentation de tarif prévue dans la modification permettra à l'administration concernée d'absorber l'augmentation du coût du contrat de service.
Cependant, tel que prévu dans la Loi sur le pilotage, les intervenants peuvent présenter un avis d'opposition à l'Office des transports du Canada, soit l'OTC, en invoquant le fait que l'augmentation de tarif nuit à l'intérêt public. L'OTC peut alors rejeter l'augmentation parce que celle-ci nuit à l'intérêt public. Cette décision peut amener une administration à devoir assumer une dette excessive.
Malheureusement, une telle situation n'est pas entièrement hypothétique. La succession d'événements survenus récemment à l'Administration de pilotage des Laurentides ont amené Transports Canada et l'actuel gouvernement à demander, par décret, l'annulation d'une décision de l'Office des transports du Canada. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il s'agit d'un cas très rare que nous préférerions ne pas voir se répéter, mais si cet article du projet de loi n'est pas modifié, il y a fort à parier que le gouvernement devra intervenir à chaque année.
Toutefois, la mesure prise était temporaire et le gouvernement cherche des solutions à long terme pour régler les problèmes liés à des éléments de la loi concernant la gouvernance, qui entrent en conflit avec l'exigence de la loi selon laquelle toute administration doit être autonome sur le plan financier. Comme je l'ai expliqué, à elle seule, l'expérience de l'Administration de pilotage des Laurentides sert de déclencheur à des modifications qui constituent la solution à long terme que nous cherchons pour régler ces problèmes. Je signale que ces modifications n'auront aucune incidence sur la façon dont les autres administrations mènent leurs activités.
Les modifications proposent diverses options que toutes les administrations peuvent mettre en oeuvre et donneraient à ces dernières la flexibilité de mener leurs affaires d'une façon viable financièrement. C'est une bonne chose.
Les modifications proposées dans le projet de loi prévoient des outils supplémentaires pour aider les administrations à être autonomes sur le plan financier. Ces modifications essentielles ont une incidence sur les outils de gouvernance de ces sociétés d'État. Le projet de loi est donc considéré comme étant un projet de loi touchant l'appareil gouvernemental qui est absolument essentiel pour que le gouvernement puisse mener ses activités de nature strictement administrative en ce qui a trait aux services de pilotage maritime sûrs et efficaces.
Notre a approuvé des consultations avec les intervenants parce que, comme le savent tous les députés, le gouvernement consulte les intervenants parce que c'est la bonne chose à faire.
La plupart des consultations au sujet de quatre modifications en particulier ont eu lieu à la fin de janvier 2007. Les intervenants ont réagi rapidement et de façon très variée aux modifications proposées.
Deux des quatre modifications n'ont pas été appuyées par les intervenants et ont donc été mises au point en fonction des préoccupations soulevées par ces derniers à l'occasion des consultations. Oui, le gouvernement écoute et il agit.
Le degré d'appui des intervenants variait beaucoup dans le cas de deux des modifications: certains les appuyaient et d'autres s'y opposaient vigoureusement. Le projet de loi est donc une mesure équilibrée, un compromis dans l'intérêt de toutes les parties.
Comme on l'a déjà mentionné, le projet de loi contient des modifications à la Loi sur le pilotage portant sur des questions de gouvernance des sociétés d'État qui n'ont aucune incidence sur le niveau de sécurité ou l'environnement. Ces deux questions sont d'une grande importance pour le gouvernement.
Afin de rendre le fonctionnement de la loi plus prévisible au chapitre de la gouvernance, les modifications proposées sont assorties des cinq objectifs suivants dont j'aimerais parler.
Le premier est d'introduire un certain niveau de flexibilité dans la façon d'engager les services de pilotes et de redéfinir la relation qui existe entre une administration et une corporation de pilotes comme étant une relation commerciale.
Le deuxième objectif est de modifier le processus de négociation du contrat de service afin de veiller à ce que la relation commerciale soit viable et concurrentielle et offre des services adéquats.
Le troisième objectif est de déclarer explicitement que les administrations de pilotage doivent demeurer financièrement autonomes. C'est très important.
Le quatrième objectif est de donner de la souplesse au ministère pour modifier certains règlements.
Enfin, le cinquième objectif est de donner plus de latitude à l'Office des transports du Canada lors de l'examen des objections aux nouveaux règlements tarifaires publiés par les administrations.
Ce sont d'excellents changements et nous espérons et croyons même que tous les députés pourront les appuyer.
Les changements proposés ajoutent de la souplesse à la Loi sur le pilotage afin de permettre aux administrations d'embaucher des pilotes tout en passant des marchés avec les corporations de pilotes. Comme cela a du sens sur le plan des affaires, ce changement laissera les administrations libres d'embaucher leurs propres pilotes selon leur volume de travail, tout en ayant la possibilité de passer un marché de services avec une corporation de pilotes au besoin. Ainsi, elles pourront surveiller et gérer les coûts des services offerts et par le fait même améliorer leurs finances.
Si une administration choisit de passer un marché de services avec une corporation de pilotes, les changements proposés font que les règles s'appliquent également à tous, surtout pendant les négociations. Il demeure obligatoire au sens de la loi d'avoir recours à la médiation et l'arbitrage dans les cas où une administration et une corporation ne peuvent s'entendre sur les modalités d'un marché.
Cela dit, grâce à ces amendements, l'arbitre aura le pouvoir de vraiment évaluer les offres proposées en tenant compte du résumé du plan d'entreprise de l'administration et de l'obligation légale que cette dernière soit financièrement autonome. Ces options, qui n'étaient pas offertes aux arbitres auparavant, sont très importantes. L'objectif est de faire en sorte que l'arbitre ait tenu compte des besoins financiers de l'administration avant de rendre une décision.
Grâce aux changements proposés dans le projet de loi, les besoins financiers des administrations seront pris en considération par l'Office des transports du Canada lorsque celui-ci rendra ses décisions sur les objections aux règlements tarifaires.
Si deux entités sont chargées de prendre des décisions qui ont une incidence sur l'autonomie financière d'une société d'État, il est important qu'elles se fondent sur les mêmes critères pour prendre ces décisions. Dans le rapport de 2000 de la vérificatrice générale, on peut lire que: « Le plan d'entreprise constitue la pierre angulaire du cadre de contrôle et de responsabilisation des sociétés d'État. » Ce changement est donc pertinent en soi et il augmentera l'importance du plan d'entreprise dans le contexte de l'arbitrage et des délibérations de l'OTC. C'est très important.
Le projet de loi C-64 a été rédigé pour remédier aux importantes difficultés financières rencontrées par une administration de pilotage. En plus de fournir une solution à l'Administration de pilotage des Laurentides, le projet de loi offrirait des options aux autres administrations afin de les mettre à l'abri de situations semblables dans l'avenir.
Le gouvernement écoute ce que les intervenants ont à dire et prend ensuite les meilleures décisions possibles.
Les initiatives législatives du ministère demeurent conformes au cadre d'action fédéral général en matière de transport, qui repose sur une vision nationale de la sécurité, de l'efficience et de la responsabilité à l'égard de l'environnement. Ces trois aspects revêtent une grande importance pour notre gouvernement, surtout la vision nationale. Après de longues années sans vision nationale, c'est grâce à notre , à notre ministre et à notre gouvernement que nous pouvons maintenant passer à l'action dans ce dossier.
Les changements proposés par le projet de loi ont été réclamés par des intervenants du secteur maritime et ils ont été favorablement accueillis par le ministère des Finances, le Bureau du vérificateur général et l'Office des transports du Canada.
Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi que j'ai eu le plaisir de présenter à la Chambre.
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat sur le projet de loi , qui modifie la Loi sur le pilotage et que le gouvernement a présenté précipitamment hier pour tenter de convaincre les Canadiens qu'il fait plus que tout simplement lancer des attaques publicitaires, subventionnées par les contribuables, contre ses adversaires et, bien entendu, créer des logos subventionnés par les contribuables pour les équipes millionnaires de coureurs de NASCAR. Le gouvernement ayant adopté comme mantra d'agir différemment, je présume que les Canadiens commencent à comprendre ce que signifie agir différemment pour le gouvernement conservateur vieux de 18 mois, fatigué et pas tellement nouveau.
Cela étant dit, je souligne que le Canada est privilégié de posséder trois magnifiques côtes et la Voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs. Notre pays est privilégié d'être doté d'une multitude de voies navigables qui ont joué un rôle déterminant dans son développement historique et économique.
Les administrations de pilotage jouent un rôle clé pour assurer la robustesse et la sécurité du système de transport maritime. Les quatre administrations régionales de pilotage, celles de l'Atlantique, des Laurentides, des Grands Lacs et du Pacifique, contribuent grandement à assurer la sécurité des services de navigation maritime au Canada.
Comme les administrations de pilotage ont été créées en vertu de la Loi sur le pilotage et que chacune est dirigée par un président qui occupe son poste à temps plein, ce sont des sociétés d'État. Aujourd'hui, la dynamique de Transports Canada est telle que le transport maritime, particulièrement dans le corridor commercial du Saint-Laurent et des Grands Lacs, livre une concurrence féroce à d'autres modes de transport.
Comme on l'a souligné dans le mémoire de l'Administration portuaire de Hamilton au cours des consultations qui ont eu lieu en mars dernier, cette concurrence a fait en sorte que le transport maritime a perdu une partie de ses marchandises traditionnelles au profit du transport ferroviaire et du camionnage. Alors que cette concurrence entre les modes de transport deviendra probablement permanente, les échanges commerciaux, qui doubleront dans 10 ans et tripleront dans 15 ans, imposeront vraisemblablement des pressions considérables sur la capacité des modes de transport terrestre — que la plupart des Canadiens, particulièrement ceux de centres urbains comme la région du Grand Toronto, considèrent déjà comme une nécessité quotidienne.
Dans ce contexte, ceux qui ont des marchandises à transporter savent qu'ils peuvent choisir leur mode de transport, et ils chercheront toujours celui qui est le plus efficace pour répondre à leurs besoins. Les intervenants du secteur du transport maritime font de leur mieux pour relever les défis qu'ils doivent affronter et ils travaillent avec diligence pour accroître leur compétitivité globale dans le climat actuel.
Par exemple, la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent, qui gère actuellement les actifs de la voie maritime, a récemment mis en oeuvre un programme de rabais des péages dans un effort pour attirer de nouveaux usagers. En outre, les administrations portuaires du Canada sont plus interdépendantes et davantage à l'écoute des besoins de leurs clients.
De plus, les intervenants ont travaillé avec diligence pour mieux commercialiser le potentiel du transport maritime. Comme je l'ai dit auparavant, on estime que la Voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs fonctionne à seulement 50 p. 100 de sa capacité. Beaucoup d'intervenants ont souligné que cette sous-utilisation était due en grande partie aux dépenses.
Certains intervenants du secteur maritime ont signalé qu'ils faisaient face à des obstacles considérables qui se présentent sous la forme de règlements, y compris un régime de pilotage. En travaillant ensemble sur la campagne de marketing de l'Autoroute H2O afin de faire la promotion de la voie maritime, les gens du secteur du transport maritime ont réussi pour l'instant à arrêter la diminution du tonnage et des transits en attirant de nouvelles activités et de nouveaux services dans la voie navigable.
On craint toutefois que cela ne durera pas, surtout si les plus grandes économies dont bénéficient les clients sont annulées par une augmentation excessive des tarifs de pilotage. Les exploitants de navires internationaux, les négociateurs de marchandises et les autres clients potentiels citent fréquemment le pilotage comme facteur de dissuasion. Ce n'est pas seulement une question de coûts. Cela concerne également la fiabilité des services et l'incapacité de prédire de façon assez précise quels seront les frais de pilotage lorsqu'on tente de calculer le coût du transport pro forma.
Cela est particulièrement compliqué pour les exploitants des petits navires polyvalents qui représentent possiblement l'avenir du corridor commercial de la Voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs. En effet, ce secteur est celui où l'on a observé la plus grande croissance au cours des deux dernières années.
Rappelons que la Loi sur le pilotage date de 1972 et qu'elle régit l'exploitation, le maintien et l'administration, pour la sécurité de la navigation, d'un service de pilotage efficace dans l'une des quatre régions. En somme, les administrations de pilotage sont chargées d'atténuer les risques à la navigation et d'assurer la protection de notre milieu marin.
Les administrations de pilotage peuvent fixer des droits d’utilisation justes et raisonnables qui leur permettent d’assurer leur autonomie financière. Cela veut dire qu'elles embauchent leurs pilotes, soit en tant qu'employés ou membres des corporations de pilotes, et la loi prescrit la façon de négocier leurs contrats de services avec ces corporations. Elles ont de vastes pouvoirs dans certains domaines d'acquisition et des responsabilités en matière de réglementation.
Lors des consultations sur les modifications à apporter à la Loi sur le pilotage, au début de 2007, quelques préoccupations importantes subsistaient. La Fédération maritime du Canada les a mises en relief, signalant que les consultations avaient porté exclusivement sur l'autosuffisance financière des administrations de pilotage, au lieu de s'attacher à la question plus pressante de savoir si les objectifs globaux de la Loi sur le pilotage, soit d'assurer un service de pilotage sûr et efficace, sont atteints.
Alors que le projet de loi est censé donner aux administrations de pilotage de la latitude en matière d'embauche de pilotes, il aura généralement pour effet de permettre à celles-ci de ne plus se limiter à l'embauche de pilotes formés sur place. Compte tenu des connaissances et compétences spécialisées des pilotes et du rôle qu'ils jouent afin que l'on ait un réseau de transport maritime solide et sûr, cet aspect du projet de loi devrait donner à réfléchir à tous les intéressés.
En plus des questions liées au niveau acceptable de sécurité de la navigation dans les quatre régions, les facteurs de coût pour les expéditeurs et les assureurs en cas d'accident n'ont pas encore été pleinement déterminés dans le cadre de la mesure législative proposée. Il n'est pas encore clair que la technologie du pilotage ait avancé au point où il n'est plus nécessaire d'avoir recours aux pilotes sur nos voies navigables. Cette mesure législative ébauchée à la hâte pourrait bien compromettre sérieusement de bons résultats comme ceux constatés pour l'année dernière concernant le nombre d'incidents maritimes.
Il semble de plus que, selon cette mesure législative, les pilotes ne seront autorisés qu'à faire leur travail de pilote. Ils ne pourront agir comme administrateur de leur association tout en détenant un permis. Également, ces associations devront fonctionner sans aide gouvernementale et financer tous leurs frais de fonctionnement à partir de droits seulement, peut-on supposer. Cela aura également un effet dissuasif supplémentaire pour les pilotes qui souhaiteraient siéger à des conseils professionnels, puisqu'ils ne pourront conserver leur permis que s'ils limitent leurs activités au pilotage seulement.
Les modifications proposées à la Loi sur le pilotage auraient également pour effet de transférer un pouvoir d'enquête plus vaste au ministère des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités et lui donneraient la latitude de fonctionner sans égard à la transparence et à l'ouverture. Dans le cas de cette mesure, le gouvernement conservateur semble avoir fait fi de sa formule de transparence et d'ouverture.
Le ne serait plus tenu de faire enquête sur dépôt d'un avis d'opposition. La décision de le faire relèverait du pouvoir discrétionnaire du ministre. Le ministre pourrait également nommer une personne pour faire enquête concernant la réglementation proposée. Il pourrait s'agir d'une enquête interne et l'enquêteur ferait alors rapport au ministre. Cependant, le ministre ne serait pas tenu de faire autre chose que de recevoir un rapport.
En définitive, on constate l'absence de toute obligation redditionnelle. Les conservateurs aiment bien se gargariser d'obligations redditionnelles mais, comme on le constate en prenant connaissance de cette mesure, il y a loin de la coupe aux lèvres et les Canadiens continuent d'être floués par ce gouvernement qui cultive le secret et l'exercice du contrôle.
J'aimerais à nouveau citer des intervenants qui, à l'unanimité, s'opposent à cette mesure législative. Ils ont déclaré et espéré que le gouvernement allait tenir compte des avis des personnes qui ont l'expérience concrète du secteur du transport maritime avant d'aller plus loin.
À moins d'un examen plus poussé des changements proposés à la Loi sur le pilotage, qui pourrait tenir compte des inquiétudes de l'ensemble des intéressés, et à moins que les impératifs de la sécurité ne soient pas supplantés par d'autres, nous ne sommes pas en mesure d'appuyer ce projet de loi dans sa forme actuelle.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi présenté par le gouvernement et qui a pour but de modifier la Loi sur le pilotage. Je suis heureux de le faire parce que c'est important, dans un premier temps, de faire une mise en contexte de toute la situation du pilotage et de comprendre pourquoi, en 1972, on en est arrivé à avoir une Loi sur le pilotage visant la protection de nos eaux territoriales par des pilotes qualifiés qui prennent en charge les navires qui viennent de l'extérieur.
C'est un peu la position que je résumais tantôt au secrétaire parlementaire à savoir qu'il faut faire attention, lorsqu'on ouvre la Loi sur le pilotage, parce qu'en réglant des problèmes monétaires, on peut mettre en danger toute la sécurité mise en place depuis des décennies pour la protection de nos eaux territoriales. C'est encore plus important parce qu'il y a de plus en plus de trafic sur nos eaux territoriales.
Lorsque je pense au Québec, c'est plus précisément au fleuve Saint-Laurent et à la voie maritime du Saint-Laurent qui mène aux Grands Lacs. C'est donc important, parce qu'il y a plus de trafic, plus de navires, plus de bateaux qui sillonnent les eaux, des bateaux de plaisance et autres. Nous avons décidé de finalement protéger la sécurité du transport maritime en s'assurant que les navires et les grosses embarcations, qui font du commerce sur nos eaux, soient pris en charge par des pilotes qui ont réussi tous les tests et qui connaissent de fond en comble tout le tracé du fleuve Saint-Laurent et de la voie maritime du Saint-Laurent qui mène aux Grands Lacs. On ne pourra jamais éviter à 100 p. 100 les catastrophes ou les accidents maritimes, mais il faut que les pilotes connaissent leur métier et n'utilisent pas simplement les équipements. Depuis des années, on essaie de nous faire avaler qu'il existe désormais des équipements électroniques sophistiqués. Toutefois, seule l'expérience humaine peut être capable de nous garantir le plus possible que la sécurité de nos eaux est protégée lorsque se présentent des situations particulières telles que les vents et le déplacement des eaux souterraines.
Pour le Bloc québécois, il s'agit d'un incontournable. Il n'y a pas une loi qui peut mettre en danger cette sécurité, soit la prise en charge des navires étrangers par des pilotes de chez nous, qui connaissent le Saint-Laurent, la voie maritime du Saint-Laurent ainsi que les Grands Lacs. C'est donc l'objectif qu'il ne faut jamais oublier et ne jamais mettre en danger. Ainsi, lorsque j'interviens auprès des pilotes et des associations de pilotage et qu'on me dit que ce projet de loi risque de mettre en danger tout le système de pilotage, cela me pose un problème. Comme je le disais, cela me pose un problème parce qu'il y a de plus en plus de trafic maritime, et également parce que la qualité des eaux du Saint-Laurent et de la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs est d'autant plus importante, parce que la plupart des villes qui longent le fleuve Saint-Laurent et la voie maritime du Saint-Laurent s'approvisionnent en eaux potables à même ce merveilleux système de voie navigable qu'est le Saint-Laurent, la voie maritime du Saint-Laurent et les Grands Lacs. On ne peut donc pas prendre de chances.
J'ai bien entendu l'allocution du secrétaire parlementaire et je sais qu'il y a un problème monétaire, entre autres, au sein d'une administration de pilotage, soit celle des Laurentides. En effet, au cours des dernières années, l'administration de l'Association de pilotage des Laurentides a vécu des problèmes financiers qui auraient pu se régler et qui se régleront peut-être au cours des prochaines semaines. Évidemment, je sais qu'au sein des conseils d'administration de ces associations, il y a évidemment les pilotes, mais il y a aussi les employeurs, les armateurs et les intervenants.
Depuis plusieurs années, on discute du déficit de cette Association de pilotage des Laurentides. Je crois qu'on réussira à s'entendre un tant soit peu, puisque les armateurs ont compris que le contrat qui a été négocié il y a plusieurs années les a peut-être favorisés dans cette administration de pilotage. Rappelons qu'il y en a quatre à travers le Canada. Tout va bien pour les trois autres associations, mais pour l'Association de pilotage des Laurentides, il y a peut-être eu une négociation qui a été faite à l'avantage des armateurs. À mon avis, c'est sur cela que selon moi le gouvernement aurait pu intervenir. Pas par un projet de loi qui vise à changer tout ce qui se passe dans les autres administrations, mais justement pour être capable, par des négociations, de mettre de la pression sur les armateurs.
Il aurait dû signaler qu'il y avait un déficit à l’Administration de pilotage des Laurentides. Elle a de la difficulté à embaucher des pilotes et à couvrir ses dépenses. On fait des heures et on ne se fait pas payer parce qu'il y a un manque d'argent.
Personnellement, je pensais que le gouvernement conservateur ferait des pressions. Au contraire, il a fait une modification législative qui risque de mettre en danger toutes les autres administrations de pilotage.
Pour avoir été porte-parole du Bloc québécois en matière de transports de 2000 à 2004 — je le suis aussi depuis les dernières élections de 2006 —, je sais qu'il y a sans cesse des tentatives de la part des armateurs, des propriétaires de navires, d'abolir ce système de pilotage.
Le gouvernement doit garder en tête qu'il doit protéger, pour des raisons de sécurité maritime, la qualité des eaux de la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs — tout comme celle du Pacifique autour de Vancouver. Il faut s'assurer de la qualité des eaux, c'est trop important.
Les villes qui longent ces voies navigables y puisent leur eau. Il faut s'assurer de ne jamais mettre en danger ce système de pilotage. L'objectif des propriétaires de navire, c'est de réussir, par toutes sortes de moyens, à abolir le système de pilotage. Ils allèguent qu'aujourd'hui, il y a des équipements électroniques et qu'ils n'ont plus besoin de ces pilotes. Ainsi, ils économisent de l'argent.
Au moment où on se parle, on ne peut pas se permettre de laisser ce système de pilotage de côté à cause du trafic maritime, non seulement celui causé par les navires marchands et les transporteurs de marchandises, mais aussi celui des bateaux de plaisance.
Regardons ce qui ce passe sur les grands plans d'eau qui entrent dans les terres d'autres pays, comme le Mississipi aux États-Unis et d'autres en Europe. Ils ont tous des systèmes de pilotage. C'est encore la meilleure façon de s'assurer que des personnes prennent les navires en charge et qu'elles connaissent tous les tenants et aboutissants. Elles connaissent les vents, les eaux et les déplacements souterrains. Elles savent que, lors de pluies torrentielles, du sable s'accumule à certains endroits dans certaines parties du fleuve Saint-Laurent et qu'après quelques jours, cela se déplace. Il y a toute une géomorphologie et les pilotes la connaissent.
Pour devenir pilote et faire partie d'une association de pilotage, on est obligé de suivre les cours et de réussir les examens. Cela se fait depuis que ces associations de pilotage existent. C'est notre meilleure sécurité, même si ce n'est pas garanti à 100 p. 100.
Il est vrai qu'il y a eu quelques accidents. Nous ne sommes pas les seuls au monde à agir ainsi. Tous ceux qui ont des grandes voies navigables qui entrent dans leurs terres sont protégés par des pilotes. Je le répète pour les Québécois, les Québécoises, les Canadiens et les Canadiennes qui nous écoutent, ces pilotes prennent en charge les navires étrangers.
Dès que ces navires entrent dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, les pilotes les prennent en charge. Chaque administration de pilotage les mène à bon port. Par exemple, s'ils doivent se rendre dans les Grands Lacs, ils les amènent jusqu'aux Grands Lacs, s'ils doivent se rendre à Québec, ils les amènent à Québec. S'ils doivent se rendre à Montréal, une autre association de pilotage part de l'entrée du fleuve Saint-Laurent et se rend à Québec. Il y en a aussi une de Québec à Montréal. Ensuite, une autre prend le relais de Montréal aux Grands Lacs. Il y en a dans l'Ouest canadien également, dans le Pacifique. Cela vise une meilleure sécurité.
J'espère que le gouvernement a bien compris cela. Il faut essayer de régler un problème administratif ou monétaire qui a peut-être été engendré par l'industrie. Je n'accuse personne, mais on a laissé cela dégénérer. Peut-être que le fait que l'Administration de pilotage des Laurentides ne fonctionne pas faisait l'affaire des armateurs, car cela permettait de prouver que tout le système ne fonctionnait pas. J'ai beaucoup de mal à accepter cela. En effet, je ne suis pas certain que les armateurs aient à coeur l'intérêt de la population avoisinante et l'intérêt de la population en général lorsque vient le temps de prendre des décisions d'affaires. Ce sont davantage leurs intérêts personnels qui sont en jeu, plutôt que l'intérêt collectif.
Il faut toujours se dire que le passé est probablement garant de l'avenir. Des entreprises, certaines venant même du Canada, arborent toutes sortes de pavillons pour sauver des impôts. J'espère que les citoyens comprennent bien que tout ce à quoi pensent ces armateurs, c'est à leur portefeuille et non pas à l'intérêt public.
Il faut donc que le gouvernement conservateur arrête de protéger le lobby des armateurs parce que ces gens ne pensent qu'à leurs propres intérêts. Depuis que je suis porte-parole du Bloc québécois en matière de transports, je constate que l'objectif avoué de ces armateurs a toujours été de se débarrasser carrément de tout le système de pilotage. Pour eux, ce sont des dépenses supplémentaires. Il est clair que lorsque leurs navires naviguent sur les eaux du fleuve Saint-Laurent et remontent jusqu'aux Grands Lacs, ces navires sont pris en charge par les administrations de pilotage spécialisées, et ils doivent payer le salaire des pilotes. C'est ainsi que cela fonctionne. Chaque administration de pilotage a ses propres ententes tarifaires, que ce soit à la tonne, à l'heure ou de toute autre façon.
En ce qui a trait à l'Administration de pilotage des Laurentides, au cours des dernières années, la négociation du contrat a été faite au détriment des pilotes et à l'avantage des armateurs. L'équilibre n'a jamais été atteint. Les armateurs ont eu gain de cause et l'Administration de pilotage des Laurentides est tranquillement devenue déficitaire. On n'a pas eu la volonté nécessaire pour dire qu'on allait peut-être ajuster les tarifs pour lui permettre d'arriver. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il y a plus de navires, plus de transport, plus de trafic, donc cela exige plus de pilotes. Ainsi qu'on avait négocié le contrat, chaque fois qu'un pilote pilotait, l'administration perdait de l'argent. C'est donc pour cela qu'il y a un déficit plus élevé que prévu, et le gouvernement le sait.
Par ce projet de loi, on veut essayer de corriger une erreur d'administration, une erreur économique, une erreur financière, et l'on risque de mettre en danger tout le système de pilotage qui est protégé par une loi adoptée en 1972 et qui n'a jamais été réouverte. Pourquoi? Parce que c'est trop important.
Le problème, c'est que chaque fois qu'on veut toucher à cette loi, les pilotes s'aperçoivent que ce que veulent leurs vis-à-vis, les armateurs, les propriétaires de navires, c'est de les faire disparaître. En effet, pour eux, il s'agit d'une dépense superflue. Pourtant pour la population qui habite le long du fleuve Saint-Laurent, de la Voie maritime du Saint-Laurent ou des Grands Lacs, c'est la meilleure protection pour leur eau potable et pour leur sécurité. Cela évite des catastrophes naturelles comme des déversements de pétrole, de produits dangereux ou quoi que ce soit qui pourraient polluer les eaux. Il faut avoir des pilotes qui prennent en charge tous les navires étrangers à l'entrée, et qui soient capables de leur faire sillonner toutes ces belles voies maritimes que nous avons, ces belles autoroutes de voies d'eau. Ils peuvent les faire voguer d'une façon la plus sécuritaire possible.
Rien n'est jamais garanti à 100 p. 100, mais ces pilotes ont de la formation, ils ont obtenu leurs diplômes, leurs brevets et sont supervisés par les administrations de pilotage. Ils connaissent la géomorphologie de leur secteur. Par exemple, à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent à Québec, il y a un pilote qui connaît ce territoire-là. Ce sera un autre pilote de Québec à Montréal et un autre de Montréal aux Grands Lacs. Ils connaissent leur territoire, ils ont tous leurs spécialités. C'est ainsi qu'on s'assure de la meilleure sécurité sur les eaux du Saint-Laurent, de la Voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs et de la qualité de cette eau, pour qu'elle ne soit pas polluée par des catastrophes ou des accidents de navire.
Évidemment, vous avez compris que le Bloc québécois s'opposera toujours à ce projet de loi, d'autant plus que, au moment où l'on se parle, les associations de pilotes nous ont déjà avisés qu'elles étaient contre ce projet de loi.
Le gouvernement doit continuer à négocier, et j'espère que dans les prochaines semaines on arrivera à une entente, qu'il réussira à faire comprendre aux armateurs qu'il faut que la situation de l'Administration de pilotage des Laurentides se règle. C'est évidemment un problème contractuel, financier. À cet égard, le gouvernement a beaucoup d'autres façons de mettre de la pression sur les armateurs pour en arriver à un équilibre. J'espère que dans les prochains jours, les prochaines semaines, on arrivera à une entente là-dessus.
Une fois que cela sera réglé, ce projet de loi qu'on dépose aujourd'hui ne sera plus nécessaire. De fait, il sera inutile de dire qu'il ne faut plus qu'une administration de pilotage aient des déficits. On le veut bien. Le problème, c'est qu'il faut s'assurer que tous les intervenants assis à la table comprennent cela. On n'a pas besoin d'une loi pour faire cela. Ils ont juste besoin de s'asseoir et de dire qu'il faut trouver un équilibre. Il faut avoir les revenus nécessaires pour s'assurer de payer les pilotes qui prennent en charge les navires et tout le reste. Cela peut se faire sans modifier de la loi. Tout ce qui est nécessaire, ce sont des gens qui veulent s'asseoir à une table, négocier, bien s'entendre, et un gouvernement qui veut mettre de la pression sur les armateurs.
On n'a pas besoin d'un gouvernement qui subit les pressions des armateurs pour abolir la loi de façon à gagner ce qu'ils souhaitent depuis des décennies, soit l'abolition, pour des raisons purement financières, du système de pilotage qui assure notre sécurité.
Le Bloc québécois votera contre le projet de loi . Les députés du Bloc seront présents en comité pour proposer des amendements ou pour retirer de cette loi tout ce qui ne fait pas leur affaire. Beaucoup de ce qui est contenu dans ce projet de loi devrait disparaître. On verra ce qui se passera.
Toutefois, une chose est certaine: ce que j'ai entendu de la bouche du secrétaire parlementaire n'est pas rassurant. Ce que le secrétaire parlementaire a dit, c'est qu'il était à l'écoute des intervenants. Il n'a pas été à l'écoute des intervenants, il a plutôt entendu les intervenants. Il ne les a pas écoutés, car les pilotes ont dit que ce n'était pas ce dont ils avaient besoin. Ils n'avaient pas besoin d'une modification à la loi, ils avaient besoin que le gouvernement fasse pression sur les armateurs pour régler le problème de l'Administration de pilotage des Laurentides. C'est tout simplement de cela dont ils avaient besoin.
Dans ce projet de loi, il n'y a rien qui nous rassure. Depuis plusieurs années, nous avons bien pris soin de nous assurer que ce système était le meilleur, pas pour les armateurs, pas pour les pilotes, mais bien pour la sécurité des citoyens qui résident le long de la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs. On doit s'assurer de leur sécurité et de la sécurité de ceux qui naviguent sur ces eaux. Beaucoup de bateaux de plaisance naviguent sur ces eaux. Il faut aussi s'assurer de la qualité de l'eau, puisque plusieurs villes puisent leur eau dans le fleuve Saint-Laurent, dans la voie maritime ou dans les Grands Lacs. Il faut s'assurer de la qualité de l'eau. Il faut aller un peu plus loin et dire aux armateurs d'arrêter de penser à leurs poches et de penser aux citoyens qui habitent le long de ces beaux cours d'eau pour qu'ils aient une qualité de vie adéquate et acceptable.
Lorsqu'on s'élève un peu, on s'aperçoit que les problèmes des uns et des autres doivent être mis de côté pour se consacrer à l'intérêt public. L'intérêt public veut qu'on ait une association, une loi sur le pilotage et des associations de pilotages en santé. Il faut, à tout moment, prendre en charge les navires étrangers, soit ceux qui entrent dans nos eaux et dont les pilotes n'ont pas l'accréditation nécessaire. Les pilotes doivent avoir réussi le cours et avoir obtenu l'accréditation et les permis nécessaires pour faire naviguer ces navires dans nos eaux.
Comme je l'ai déjà expliqué, chaque entité a ses accréditations. Par exemple, de l'entrée de l'estuaire du Saint-Laurent jusqu'à Québec, c'est une accréditation. De Québec à Montréal, c'est une accréditation. De Montréal aux Grands Lacs, c'est une autre accréditation. Il y en a aussi une pour le Pacifique, à Vancouver. Cette façon de procéder est la meilleure. Le Canada n'est pas le seul pays à le faire. Le Mississipi, aux États-Unis, et d'autres pays d'Europe qui ont de grandes voies navigables qui entrent dans les terres le font aussi. Ils ont tous cette protection. Il faut s'assurer que ce sont des gens de chez nous qui connaissent les eaux qui prennent en charge les navires étrangers. Il faut que ce soit maintenu, même si des compagnies canadiennes disent que ce sont des navires de chez nous. Souvent, les compagnies canadiennes porte un pavillon d'un pays étranger et pensent à avoir un pilote qui coûte le moins cher possible. Que ce pilote provienne du Libéria ou d'un autre pays n'est pas important pour eux.
En définitive, ce projet de loi ne garantit pas la protection de nos citoyens. Le Bloc québécois votera contre ce projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever pour parler du projet de loi . Je m'attends à livrer un discours qui va durer longtemps sur ce projet de loi parce qu'il y a beaucoup de choses à dire. Je sais toutefois qu'en vertu du Règlement de la Chambre, je n'aurai que 20 minutes.
Tout d'abord, je vais expliquer le processus qui nous amène à discuter, ce mercredi soir avant l'ajournement estival, de ce projet de loi. Ensuite, je parlerai des préoccupations que nous avons, dans cette partie de la Chambre, quant aux orientations de ce gouvernement dans le domaine du transport. En effet, les choses qu'il fait ne vont pas dans l'intérêt des Canadiennes et des Canadiens. J'y reviendrai. Enfin, je parlerai du système de pilotage et de l'impact de ce que le gouvernement présente aujourd'hui.
Je vais prendre mon temps pour parler de ces trois éléments. Je sais qu'on reviendra sur ce projet de loi en deuxième lecture et que nous aurons la chance d'en parler plus longuement cet automne.
[Traduction]
J'aimerais commencer par parler du processus associé au projet de loi qui, dès le départ, soulève des interrogations, surtout quand nous avons vu ce qui s'est produit avec le projet de loi , dont le NPD a empêché l'adoption à la Chambre aujourd'hui, heureusement. Ce projet de loi aurait mené les compagnies aériennes à la catastrophe en ce qui concerne la sécurité des Canadiens et de leurs proches qui voyagent à bord de vols canadiens.
Heureusement, les néo-démocrates s'y sont opposés avec ténacité. Nous avons dit qu'il s'agissait d'un projet de loi inapproprié et qu'il ne devrait pas être adopté. Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays auront maintenant la possibilité d'écrire cet été à leurs députés pour leur dire qu'il est inacceptable que le gouvernement conservateur compromette la sécurité aérienne.
Il est inacceptable que le gouvernement permettent aux PDG des compagnies d'obtenir l'absolution sans procès, quoi qu'ils aient fait, à partir du moment où ils l'ont consigné dans les dossiers de leur système interne. Le ministère des Transports remet les questions de sécurité entre les mains des compagnies elles-mêmes. Essentiellement, cette information ne peut pas être utilisée pour poursuivre les PDG en justice. Ils obtiendront donc l'absolution à tout coup.
La dissimulation dont nous avons parlé au sujet du projet de loi est absolument déplorable, et j'y reviendrai dans un instants Il y a aussi le fait qu'il n'existe aucune mesure de protection des dénonciateurs.
Heureusement, ce soir, le NPD a empêché le gouvernement et le Parti libéral de mettre l'industrie aérienne dans une très mauvaise posture.
Nous voyons le même genre de situation se dessiner avec le projet de loi . La première lecture du projet de loi a eu lieu hier. Ce projet de loi nous a été présenté soudainement et le gouvernement insiste pour que nous l'adoptions dès aujourd'hui en deuxième lecture.
Qu'y a-t-il dans les orientations et les initiatives du gouvernement qui l'empêche d'intervenir pour régler la crise du logement, soutenir un accès plus large à l'enseignement postsecondaire, régler la crise dans les services de santé et s'occuper de toutes les difficultés que vivent des Canadiens? Ces quelques dernières années, un quart de million d'emplois du secteur manufacturier ont disparu. Nous avons vu s'enflammer la crise dans le secteur du bois d'oeuvre parce que le gouvernement a abandonné ce secteur. Dans tous ces cas, le Parti conservateur ne réagit pas.
Les conservateurs se comportent comme un chevreuil aveuglé par l'éclat des phares d'une auto. Ils sont paralysés et ne peuvent pas dénouer les crises que traverse le Canada, mais ils trouvent des lobbyistes qui affirment que nous devrions modifier la Loi sur le pilotage et ils nous imposent un projet de loi qu'ils voudraient nous faire adopter à l'étape de la deuxième lecture 24 heures après sa présentation. Les conservateurs ne peuvent régler aucun vrai problème. Ils évitent toutes les véritables crises et les problèmes que les familles ordinaires de travailleurs connaissent, mais, lorsque des lobbyistes réclament quelque chose, ils produisent un projet de loi dans le temps de crier lapin. Cela est tout à fait inacceptable.
Il y a quelques minutes, le secrétaire parlementaire parlait de consultations. Il a déclaré avoir consulté des intervenants et, même si des députés de trois coins de la Chambre lui ont demandé de révéler les noms de personnes consultées autres que des PDG d'entreprises, il n'a pas pu en fournir un seul. Nous l'avons exhorté à révéler qui étaient ces intervenants anonymes qui croient apparemment que le projet de loi est merveilleux. Le secrétaire parlementaire n'a pas pu donner un seul nom, ce qui fait planer un doute sur toute l'information présentée dans les communiqués que le ministre a émis lorsqu'il a annoncé qu'il voulait forcer le Parlement à adopter le projet de loi à toute vitesse.
Lorsque les conservateurs ont parlé de consultation des intervenants, ils ont donné un ou deux noms de villes. Je présume qu'ils ont un jour rencontré quelqu'un, mais ils ne peuvent pas préciser le nom d'un seul groupe d'employés consulté, soit les gens qui font le travail dans le transport maritime au Canada. Cela nous amène à nous interroger sérieusement au sujet de ce que fait le gouvernement.
Les conservateurs se précipitent pour présenter leur projet de loi à la Chambre plutôt que de s'attaquer aux véritables problèmes auxquels sont confrontés les Canadiens. Ils affirment qu'ils ont consulté, mais ils ne peuvent pas dire qui.
Ensuite, pour couronner le tout, nous avons vu comment le gouvernement conservateur s'est moqué des employés maritimes et leur a manqué de respect. Je parle de ceux qui travaillent dans la marine marchande. Ceux qui font véritablement le travail, les travailleurs des transports maritimes, les syndicats, les groupes d'employés qui font tout le travail n'ont même pas été consultés.
À cause des décisions prises par le gouvernement, nous n'avons plus de Commission consultative maritime nationale. Cette dernière a été vidée de sa substance. Son but était de recueillir les commentaires très importants des hommes et femmes ordinaires qui travaillent dans l'industrie maritime. On les a complètement sortis du jeu et remplacés par un groupe de PDG d'élite.
Le Comité des transports n'a pas fait progresser l'étude de cette question, mais a plutôt enjoint le gouvernement de rassembler tous les intervenants, les groupes d'employés, les syndicats représentant les hommes et femmes ordinaires qui travaillent dans l'industrie maritime, afin qu'il puisse y avoir de réelles consultations.
Jusqu'à présent, le gouvernement a catégoriquement refusé d'accepter quoi que ce soit d'autre que des consultations élitistes avec des PDG. C'est inacceptable compte tenu surtout du fait que le Comité des transports lui avait donné des directives claires.
Le secrétaire parlementaire a dit que le gouvernement avait tenu des consultations et qu'il avait écouté les gens de l'industrie maritime, mais je doute fortement que ces consultations aient eu lieu.
J'y reviendrai dans quelques instants, et nous pourrons parler des résultats réels que produira le projet de loi que le gouvernement tente de faire adopter en quelques jours, semble-t-il.
J'ai soulevé la question de l'orientation générale que le gouvernement donne à la politique des transports et j'aimerais donner deux exemples qui illustrent pourquoi le projet de loi est une source d'inquiétudes pour moi.
Il y a deux raisons pour lesquelles je me préoccupe vraiment des intentions du gouvernement et du ministre des Transports. D'abord, le gouvernement a tenté l'an dernier de réduire le nombre d'agents de bord sur les vols canadiens.
Pourquoi cela est-il important? Les agents de bord jouent un rôle clé en matière de sûreté et de sécurité, notamment lorsque l'avion doit être évacué. Les députés se souviendront de l'accident d'Air France il y a quelques années où les agents de bord ont joué un rôle crucial pour empêcher une hécatombe. Ils ont assuré avec brio l'évacuation des passagers.
Supposons qu'un avion avec 100 personnes à bord s'écrase et prend feu. Les agents de bord sont là pour aider tous les passagers, notamment les personnes âgées et handicapées, à sortir vivants de l'accident. C'est une question de secondes.
Il est donc capital qu'il y ait un nombre suffisant d'agents de bord sur les vols canadiens. Or, le gouvernement a décidé l'an dernier, au mois de juin, de diminuer le nombre d'agents de bord sur les vols canadiens. Qu'est-ce qui ne va pas là-dedans? Les Canadiens voyageant à bord de ces avions auraient été plus à risque.
Le NPD s'est mis résolument au travail pour faire reculer le gouvernement. Les députés conservateurs savent fort bien que nous avons forcé le ministre à revenir sur cette décision vraiment irresponsable et que celui-ci a dit par la suite qu'il ne diminuerait pas le nombre d'agents de bord. Il ne fournira pas une excuse aux transporteurs aériens pour diminuer le nombre d'agents de bord sur les vols canadiens. Cela signifie que les Canadiens seront plus en sécurité. C'est un exemple.
Je passe maintenant à l'autre exemple, le projet de loi , que le NPD a arrêté net aujourd'hui. En fait, tous les députés du NPD ont pris la parole sur le projet de loi et nous sommes parvenus à empêcher le gouvernement d'en forcer l'adoption.
Que fait le projet de loi ? Il fait passer la responsabilité de la sécurité de Transports Canada à des entreprises privées. Certaines entreprises agiront de façon responsable, cela ne fait pas de doute. Certaines d'entre elles seront même très responsables. Nous avons vu dans le secteur ferroviaire que certains transporteurs assument avec la plus grande rigueur la responsabilité supplémentaire de la sécurité, mais d'autres ne le font pas.
Nous avons vu dans le secteur ferroviaire comment le directeur général du CN a décidé que rogner sur les coûts était acceptable. Il l'a fait pour accroître les bénéfices du CN.
Si nous avons vu des dégâts environnementaux et des pertes de vie en Colombie-Britannique et à d'autres endroits au pays, c'est que le PDG du CN s'intéressait davantage aux profits qu'à la sécurité. Nous avons assisté à l'anéantissement de la culture de la sécurité au CN. Ce n'est pas moi qui le dis.
La vérification à laquelle a été soumis le CN a permis de constater que la haute direction entretenait des relations chaotiques avec les gens qui faisaient le travail sur le terrain, en ce qui concerne la sécurité. Nombre de travailleurs du CN avaient l'impression d'être soumis à des pressions excessives pour ne pas trop s'encombrer des règles de sécurité.
Le gouvernement est en train de faire exactement la même chose dans l'industrie aérienne. Il dit qu'il va avoir recours à la sous-traitance et que les entreprises sont capables de s'occuper de leurs affaires. Qu'est-ce qui cloche là-dedans? Les témoins qui se sont présentés devant le Comité des transports ont affirmé très clairement que ce genre d'approche donnerait lieu à un nivellement par le bas. Même des présidents de transporteur aérien, comme Kirsten Brazier, qui représentait Dax Air, ont déclaré que, si nous mettons en oeuvre un tel système, nous allons causer un nivellement par le bas. Les transporteurs essaieraient par tous les moyens de réduire leurs coûts pour assurer leur survie.
Voilà ce qu'est en train de faire le gouvernement conservateur. Il est en train d'abandonner aux lignes aériennes la responsabilité de la sécurité. Le gouvernement est même en train de dire que le PDG qui commettra une énorme erreur sera protégé. C'est comme avoir une carte pour sortir de prison au Monopoly. Le PDG ne sera pas poursuivi.
En outre, on est en train de sombrer dans une culture du secret et de la confidentialité que l'on peut qualifier de totalement paranoïaque. L'information sur la sécurité, qui était autrefois du domaine public et que les Canadiens pouvaient consulter pour choisir un transporteur aérien, sera désormais considérée comme de l'information confidentielle au même titre que l'information fiscale et sera mise sous clé pendant des décennies.
Imaginez ce que ressentiraient des Canadiens qui, après avoir perdu des êtres chers dans l'écrasement d'un avion reliant un endroit à une ville canadienne, s'apercevraient 20 ans plus tard que Transport Canada était tout à fait au courant de violations des règles de sécurité, mais avait choisi de ne rien faire. Donc...
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Monsieur le Président, je peux comprendre qu'il s'agisse là d'un point sensible pour les conservateurs. Ils se préoccupent au plus haut point de tout ce qui entoure le projet de loi et de la position imprudente et irresponsable qu'ils ont adoptée dans ce dossier. Toutefois, les Canadiens seront heureux d'apprendre que le NPD leur a mis les bâtons dans les roues aujourd'hui. Le projet de loi n'est pas adopté et nous espérons que les Canadiens pourront se faire entendre dans les prochains mois.
C'est important et c'est pertinent parce que, pour revenir au projet de loi , si nous nous préoccupons de l'orientation générale de la politique du gouvernement, nous constatons que les conservateurs ont déjà fait des erreurs importantes et causé de graves problèmes. Heureusement, un conservateur vient de reconnaître que son parti avait fait bon nombre d'erreurs, ce qui est positif. La première étape du programme de réhabilitation des conservateurs exige qu'ils reconnaissent d'abord leurs erreurs. Nous espérons qu'ils pourront par la suite trouver des moyens de réparer certaines des erreurs qu'ils ont faites au cours des 18 premiers mois de leur mandat.
Dans un contexte où l'orientation du gouvernement suscite déjà de graves inquiétudes, le projet de loi nous fait craindre encore davantage. Nous savons ce que les conservateurs ont voulu faire aux agents de bord après qu'un lobbyiste leur eut parlé. Nous savons ce qu'ils ont tenté de faire au projet de loi après qu'un lobbyiste leur eut parlé. Et maintenant, la loi modifiant la Loi sur le pilotage nous plonge à nouveau dans cette situation.
Qu'avons-nous? Nous avons des pilotes bien formés qui naviguent les eaux côtières, surtout autour de la Voie maritime du Saint-Laurent. Or d'où je viens, en Colombie-Britannique, il y a de nombreux endroits le long de la côte du Pacifique où les eaux sont dangereuses. Elles peuvent être meurtrières et il faut bien les connaître. Les pilotes qui naviguent au large de la Colombie-Britannique possèdent une vaste expérience et un haut degré de compétence. Ils ont été bien formés et ils comprennent l'importance de connaître les eaux côtières. La formation qu'ils reçoivent contribue largement à prévenir les accidents.
Comme nous l'avons vu en examinant le projet de loi , si l'objectif du gouvernement est de causer plus d'accidents, force est de se demander pourquoi. Quelles mesures feront contrepoids? Les conservateurs disent dans leur communiqué, celui où il est question de consultations -- et nous savons à quel point il est crédible -- que la souplesse sera importante pour les autorités.
Qu'entendent-ils par souplesse? Cela veut-il dire la possibilité d'embaucher des personnes non suffisamment qualifiées? Nous craignons que ce soit là l'intention et que l'argent y soit pour quelque chose. Le gouvernement affiche un excédent de plusieurs milliards de dollars et il a choisi de ne s'attaquer à aucune des crises qu'un grand nombre de Canadiens vivent en ce moment, notamment la crise de l'itinérance. Il est vrai que les libéraux n'ont pas mis en place un programme pour le logement, mais les conservateurs ont fait le même choix. Ce qu'ils veulent faire, c'est simplement accumuler les excédents sans s'attaquer aux vrais problèmes.
Nous économiserions quelques dollars sur les pilotes, mais nous aurions des personnes qui pourraient être moins aptes à naviguer sur les eaux dangereuses de la côte du Pacifique. Cela n'aurait absolument aucun sens et nous préoccupe. Lorsque nous lisons le communiqué qui accompagne ce projet de loi, que les conservateurs ont tenté de faire adopter en quelques heures, il semble que le projet de loi ait pour seul but d'assouplir les règles.
Si donner de la souplesse veut dire engager des gens qui n'ont peut-être pas les mêmes compétences, bien sûr que nous sommes préoccupés. Si on essaie d'économiser un peu d'argent en mettant nos navires en danger, il faut y réfléchir à deux fois. Il est aussi question d'environnement marin et de personnes.
Voilà l'essentiel du problème que pose le projet de loi . Voyons un peu la démarche utilisée: les conservations ont déposé le projet de loi à la Chambre il y a quelques heures et voilà qu'ils veulent procéder maintenant à la deuxième lecture. On ne sait trop où s'en va le gouvernement. Les antécédents sont les suivants: le gouvernement a essayé de diminuer la proportion d'agents de bord et il a tenté de faire adopter à la hâte le projet de loi , que le NPD, Dieu merci, a stoppé, car il n'était manifestement pas dans l'intérêt de la population canadienne. Un problème semblable se pose en l'occurrence.
Le projet de loi en soi semble être un moyen d'économiser un peu d'argent, mais il n'aborde pas vraiment la question de la sécurité. Celui-ci devrait être une priorité absolue du gouvernement.
Pour ces raisons, les députés de ce coin-ci de la Chambre s'opposent au projet de loi. Nous n'approuvons pas l'orientation du gouvernement et sa politique générale en matière de transports. Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement n'a pas consulté les employés, les syndicats qui oeuvrent dans le domaine du transport maritime et qui sont des experts de la façon d'adopter des politiques en matière de transports. Le gouvernement ne les a pas consultés. C'est malheureux. C'est pour cela que nous nous opposerons au projet de loi.