propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
-- Monsieur le Président, si l'on en juge par les 12 votes d'hier soir sur des sujets liés au bois d'oeuvre, tous les députés de cette Chambre commencent à se lasser du sujet du bois d'oeuvre. Espérons qu'ils commencent à comprendre la lassitude éprouvée par l'industrie du bois d'oeuvre après presque deux décennies de protectionnisme et de différends commerciaux entourant le bois d'oeuvre.
Je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour entreprendre les délibérations, à l'étape de la troisième lecture, sur le projet de loi , qui vise la mise en oeuvre des engagements du Canada en vertu de l'accord sur le bois d'oeuvre résineux. Une fois de plus, je demande à tous les députés de la Chambre d'appuyer ce projet de loi.
Pour commencer, j'aimerais remercier tous les députés de la Chambre et plus particulièrement les membres du Comité permanent du commerce international pour leur étude minutieuse du projet de loi et pour les amendements qu'ils ont proposés.
Il s’est passé bien des choses depuis le dépôt de ce projet de loi à la Chambre le 20 septembre dernier. Le 12 octobre, l’Accord sur le bois d’oeuvre résineux est entré officiellement en vigueur. Trois semaines plus tard, Exportation et Développement Canada a commencé à rembourser les droits retenus en dépôt aux exploitants de scieries et aux producteurs de bois d’oeuvre résineux de plus de 300 collectivités canadiennes dont l’économie dépend de l’industrie forestière.
Cette injection d’argent, ce secteur en avait bien besoin à un moment de très faible activité sur les marchés du bois d’oeuvre. Grâce au processus de remboursement accéléré que nous avons mis au point par l’entremise d’Exportation et Développement Canada, plus de 93 p. 100 des sociétés productrices de bois d’oeuvre qui ont participé à ce mécanisme de remboursement accéléré ont maintenant reçu leurs remboursements.
C’est plus de 3 milliards de dollars qui ont ainsi été décaissés avant le moment prévu, et Exportation et Développement Canada va régler le reste des remboursements au cours des prochaines semaines. Compte tenu de ce que ces montants représentent pour les travailleurs forestiers et leurs collectivités, ces remboursements arrivent à point nommé, car l’industrie traverse une période très difficile. Les prix du bois d’oeuvre subissent un recul cyclique en raison de la faiblesse du marché de la construction domiciliaire aux États-Unis. Les coûts de l’énergie sont à la hausse, et l’avantage du taux de change dont nous jouissions il y a quelques années est maintenant neutralisé par la force du dollar canadien.
Les versements comptant que les producteurs de bois d’oeuvre toucheront grâce à l’accord les aideront à réinvestir dans leurs entreprises, à devenir plus efficaces et à tenir le coup malgré l’affaissement des prix du bois d’oeuvre. Mais surtout, ils leur permettront de faire tout ça dans un contexte commercial plus stable et plus prévisible, où les règles sont claires et où, pour la première fois depuis des années, nous n’aurons pas à traîner le poids mort des contestations judiciaires et des attaques protectionnistes paralysantes des États-Unis.
Nous ne saurions sous-estimer l’importance d’un environnement stable pour notre industrie du bois d’oeuvre. Nos entreprises canadiennes se remettent maintenant à investir. Elles achètent des entreprises étasuniennes. Elles investissent dans la technologie. Elles assument de nouveau leur rôle de chef de file mondial dans une industrie où le Canada a historiquement été un leader mondial.
Que faut-il entendre par stabilité et prévisibilité? Nous parlons de sept à neuf ans, soit la durée de l’accord, pendant lesquels les politiques forestières canadiennes seront à l’abri de nouvelles attaques protectionnistes de la part d’intérêts étasuniens. S’il y a un moratoire sur les mesures de représailles commerciales, notre industrie pourra profiter d’une période soutenue où elle pourra commencer à se rebâtir et à faire des plans d’avenir.
Nous avons là un accord qui comporte des mécanismes en vue d’améliorer et de renforcer le cadre commercial dans lequel nous évoluons. Nous allons l’améliorer encore en établissant de meilleures règles de fonctionnement. Nous avons la possibilité d’envisager des portes de sortie pour permettre à d’autres régions du Canada de s’affranchir de certaines des restrictions qui subsistent dans l’accord sur le bois d’oeuvre résineux.
Une disposition prévoit un examen de l'industrie côtière en Colombie-Britannique, qui, comme les députés le savent déjà, est en déclin depuis 10 à 15 ans maintenant. Nous allons collaborer avec la Colombie-Britannique, avec l'industrie et avec nos pendants américains pour faire en sorte que l'accord sur le bois d'oeuvre ainsi que les politiques provinciales et fédérales évoluent de façon à insuffler une énergie nouvelle à l'industrie côtière en Colombie-Britannique.
Cet accord nous donnera l'occasion de jeter un coup d'oeil sur le secteur de la valeur ajoutée et sur ce qu'il est possible de faire pour améliorer les conditions pour sa croissance ici même au Canada.
Il y a un mécanisme de résolution des différends qui ne relève pas de l'ALENA. Ce mécanisme assurera un règlement rapide, clair, transparent et assez immédiat des conflits qui surviendront dans le contexte de l'accord.
Il y a un cadre souple pour les périodes où les marchés seront faibles, ce qui se produit régulièrement dans l'industrie du bois d'oeuvre, comme le savent bien tous ceux qui connaissent l'industrie. Les provinces auront le choix entre diverses possibilités quant à la façon de gérer les marchés et d'y réagir lorsque les prix seront sous certains seuils. Il y a également la conservation des recettes. Lorsqu'une taxe à l'exportation aura été mise en place, l'argent recueilli à ce titre restera au Canada et la plus grande partie sera remise aux provinces qui ont perçu la taxe.
Lorsqu'on examinera l'accord et que les députés décideront de la façon dont ils voteront à cet égard, il faudrait penser sérieusement à la solution de rechange. Nos producteurs de bois d'oeuvre ont passé la plus grande partie des deux dernières décennies engagés dans des batailles juridiques coûteuses et fort longues avec les États-Unis. Ils savent que ce n'est pas parce qu'on a gagné une bataille qu'on a gagné la guerre. Les victoires du Canada devant de nombreuses instances judiciaires, notamment devant le groupe de l'ALENA et l'Organisation mondiale du commerce, nous ont aidés à préparer le terrain pour négocier une entente.
Cependant, les contestations n'ont jamais été perçues comme la solution ultime. Le gouvernement ne les a jamais considérées comme cela; l'ancien gouvernement non plus. D'ailleurs, la vaste majorité des intervenants de l'industrie n'ont jamais vu dans les contestations la façon d'en arriver à une solution finale pour le bois d'oeuvre. Ces contestations visaient à donner au Canada une bonne base pour négocier. À la limite, les contestations se sont révélées être un gouffre dans lequel nous pouvons engloutir des centaines de millions de dollars canadiens. Elles sont très profitables pour les avocats américains spécialisés en droit commercial, mais elles n'assurent en rien le libre-échange complet dans le secteur du bois d'oeuvre.
Certains ont laissé entendre que le Canada aurait dû attendre de remporter l'ultime victoire devant les tribunaux, ce qui devait arriver en 2007 ou plus tard. Les députés doivent reconnaître qu'une victoire juridique n'est jamais assurée. Quel que soit le cas, la victoire n'est jamais garantie. Les députés doivent reconnaître que les États-Unis, ou leur lobby du bois d'oeuvre, pourraient simplement entreprendre une nouvelle contestation dès le lendemain.
Rien n'empêcherait les États-Unis de changer leurs lois pour effacer le fondement de nos victoires juridiques. Seul un accord, comme celui que nous avons conclu, peut empêcher l'apparition immédiate de nouveaux cas et d'un nouveau différend. Quand les marchés du bois d'oeuvre sont chancelants, comme à l'heure actuelle, le Canada est plus vulnérable aux attaques véhémentes et destructives des protectionnistes américains.
L'ALENA est un bon accord commercial, mais il n'a jamais été conçu pour éviter les différends et les litiges commerciaux, qu'ils proviennent du côté américain ou du côté canadien. Ceux qui s'opposent à un accord négocié sur le bois d'oeuvre défendent, en fait, des attaques répétées contre les lois commerciales des États-Unis. Ce serait une guerre d'attrition que nous ne pourrions gagner, à mon avis, compte tenu du protectionnisme croissant aux États-Unis. C'est une guerre qui se ferait au détriment des entreprises et des travailleurs du Canada. En bout de ligne, les victoires juridiques ne seraient que symboliques, et le prix à payer dépasserait de loin les gains.
Voilà pourquoi le gouvernement a pris des mesures, et il s'est d'abord adressé au plus haut niveau. Quand notre a rencontré le président Bush à Cancun plus tôt cette année, ils ont décidé que le règlement de ce différend était essentiel pour l'ensemble des relations commerciales canado-américaines.
Avec la participation active de l'industrie et des provinces, nous avons négocié un accord qui est avantageux pour le Canada et pour les collectivités qui dépendent de l'industrie du bois d'oeuvre. Cet accord élimine les droits punitifs imposés par les États-Unis. Il met un terme à des litiges coûteux. Il permet aux producteurs de bois d'oeuvre de cesser de recourir aux tribunaux pour se concentrer sur leurs activités, soit faire fructifier leurs entreprises et apporter une contribution à leurs collectivités.
Pendant les sept à neuf prochaines années, aucune mesure à la frontière ne sera imposée lorsque les prix du bois d'oeuvre dépasseront 355 $US le mille pied-planches. Lorsque les prix seront inférieurs à ce seuil, l'accord offrira aux provinces la marge de manoeuvre voulue pour choisir les mesures les plus profitables à leur situation économique. Toutes les recettes provenant des droits d'exportation que recueillera le gouvernement du Canada au moyen de ces mesures à la frontière demeureront au Canada. L'accord retourne plus de 5 milliards de dollars CAN à l'industrie. Cette injection de capital est grandement nécessaire pour l'industrie du bois d'oeuvre et pour les travailleurs qui dépendent de cette industrie.
Qu'on ne se méprenne pas. Si nous tournons le dos à cet accord négocié, ce que certains députés continuent de préconiser, il faudra retourner devant les tribunaux et il y aura d'autres pertes d'emplois pour les gens et les collectivités qui sont tributaires de l'industrie du bois d'oeuvre.
Qu'on demande aux provinces productrices de bois d'oeuvre qui se sont jointes à l'écrasante majorité des intervenants de l'industrie pour appuyer cet accord, qu'on demande aux sociétés productrices et aux travailleurs s'ils veulent vraiment continuer de livrer une guerre commerciale dans le secteur du bois d'oeuvre à un moment comme celui-ci, où les marchés sont chancelants et où les pressions protectionnistes sont fortes et croissantes aux États-Unis. Qu'on leur demande s'ils voudraient revenir à l'époque où ils versaient des droits de douane aux États-Unis. Qu'on leur demande s'ils veulent se lancer dans de nouvelles batailles juridiques, dans de nouvelles causes, payer de nouveaux droits et remplir encore plus les coffres des cabinets d'avocats des États-Unis. Qu'on leur demande s'ils veulent suivre les adversaires d'un règlement négocié, comme des lemmings qui se jettent du haut d'une falaise, dans un acte de suicide économique collectif.
Nos collectivités qui dépendent de l'industrie du bois d'oeuvre ont souffert assez longtemps. Elles ont besoin de la stabilité et des ressources qu'offre cet accord. Cet accord est la meilleure solution pour notre industrie du bois d'oeuvre et pour les plus de 300 000 Canadiens qui en dépendent. Il ne règle pas tous les problèmes, mais il offre le cadre permettant de résoudre les problèmes qui subsistent. Nous allons collaborer avec les provinces, l'industrie et les collectivités afin de bâtir un brillant avenir pour cette grande industrie. Je demande aux députés d'appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi de 2006 sur les droits d’exportation de produits de bois d’œuvre.
J’apprécie le fait que le ministre ait répondu sans détour aux questions que j’ai posées plus tôt. Je dois dire que j’étais très enthousiaste lorsque Canfor a déposé une plainte au titre du chapitre 11 de l'ALENA, soutenant que des éléments d’actif de Canfor avaient été injustement menacés par suite d’un processus déloyal utilisé par les États-Unis en vue d’imposer des droits de douane sur le bois d’œuvre. Bref, c’est justement ce que fait une plainte au titre du chapitre 11. Je sais gré au ministre d’avoir dit que l’idée était de faire pression sur les États-Unis, mais il reste qu’à mon avis, il est illusoire de penser que cet accord peut nous apporter la paix.
En 1996, par exemple, il y a eu un troisième cycle de négociations sur le bois d’œuvre, au cours duquel nous avons convenu d’un commerce administré pendant cinq années. À la fin de cette période, les États-Unis ont entamé un quatrième cycle de négociations. Je sais que l’argument est que si nous continuons à contester, ils peuvent rappliquer avec la question des droits compensateurs, mais, franchement, à un moment donné il faut faire les choses correctement et il est prouvé que l’industrie canadienne du bois d’œuvre n’est pas subventionnée.
Au cours du premier cycle de négociations, les États Unis avaient peut-être des arguments fondés. Le prix de notre bois d’œuvre n’était peut être pas fixé aussi bien qu’il aurait pu l’être compte tenu du marché, mais les gouvernements y ont vu et ont apporté des modifications au chapitre des droits de coupe et des redevances. On sait qu’aujourd’hui, le litige n’a rien à voir avec les redevances, mais tout à voir avec la part du marché. Dès que notre part du marché dépasse 30 p. 100, les États Unis déposent une plainte au chapitre des droits compensateurs.
D’après moi, le problème est que même si de nombreux membres de l’industrie forestière ont dit qu’ils aimeraient mieux accepter cette entente, ils le font sous contrainte, parce que le gouvernement conservateur les a avertis que s’ils ne l’acceptaient pas, ils ne pourraient plus compter sur son appui. On sait qu’au Canada, l’industrie forestière ne pourrait pas continuer le processus des droits compensateurs et lutter contre ce qui a été établi à maintes reprises comme étant un mensonge, soit que l’industrie canadienne du bois d’œuvre bénéficie de subventions.
L’industrie ne pourrait pas poursuivre cette lutte sans l’appui du gouvernement fédéral. C’est d’ailleurs pour cela que le gouvernement libéral avait proposé un ensemble de mesures visant à aider l’industrie, dont un financement provisoire et toute une gamme de moyens pour venir à bout de ces difficultés et pour continuer à lutter. Pourquoi accepter une entente à rabais quand on gagne à chaque étape?
Je ne suis pas d’accord avec le ministre. Cela a créé un terrible précédent. Je ne pense pas que cela nous mette dans une position avantageuse dans d'autres secteurs du marché américain. Si je faisais partie de l’industrie sidérurgique ou de n’importe quelle autre industrie aux États-Unis, je me dirais que si le Canada accepte une entente à rabais pour le bois d’œuvre, alors qu’il gagne à chaque étape imaginable et que des comités objectifs formés d’Américains et de Canadiens déclarent que l’industrie canadienne du bois d‘œuvre n’est pas subventionnée, les Américains devraient l’emporter haut la main lorsqu'il s'agira d'autres produits. Je ne pense pas que cela nous mette en très bonne position.
Je ne dis pas que c'est un dossier facile. C'est un dossier très difficile, mais tout compte fait, je crois fermement que le gouvernement n'aurait pas dû négocier un accord. Je ne pense pas que nos intérêts seront bien servis à longue échéance.
Le ministre nous a même confirmé que, compte tenu du prix courant du bois d'oeuvre, qui est de 300 $ par 1 000 pieds-planche, l'accord aurait comme effet aujourd'hui de faire payer les producteurs canadiens de bois d'oeuvre encore davantage. Donc, en votant enfin sur cet accord, nous allons nous prononcer pour que notre industrie paie encore plus cher sous forme de taxe à l'exportation qu'elle paie actuellement sous forme de tarifs douaniers des États-Unis. Je comprends ce que dit le ministre à propos des pressions existantes pour revoir aussi les tarifs douaniers des États-Unis, mais rien n'est certain à cet égard. Ce sont des changements qui auraient pu se produire, mais qui auraient pu également ne pas se produire. En revanche, nous connaissons actuellement l'effet de l'accord: les producteurs canadiens vont payer davantage.
Les producteurs de bois d'oeuvre des États-Unis bénéficieront grandement de l'échelle mobile selon laquelle la taxe à l'exportation augmente lorsque les prix diminuent. Quand les prix sont bas, ils veulent réduire la concurrence sur le marché. Je ne suis pas certain que c'est à l'avantage des producteurs canadiens de bois d'oeuvre. Lorsque les prix chutent, les producteurs canadiens ne veulent pas être obligés de payer davantage de taxe à l'exportation. Ils veulent accroître leur part de marché.
L'industrie traverse une période difficile et a besoin de l'aide du gouvernement fédéral. Si elle dit qu'il peut s'agir d'un bon accord, c'est qu'elle n'a pas le choix, étant donné qu'elle ne recevrait autrement aucune aide fédérale. Elle a dû courber l'échine, tout comme le gouvernement, et appuyer l'accord. Toutefois, les entreprises et les associations ne sont pas toutes rentrées dans le rang. Je crois qu'elles voient les conséquences à plus long terme de cet accord.
Nous devons comprendre que les producteurs américains de bois d'oeuvre sont essentiellement d'avis que puisqu'ils ont un système différent et que la grande majorité de leurs terrains forestiers appartiennent à des intérêts privés, alors que la situation est tout à fait opposée au Canada où la plupart des terrains forestiers appartiennent à l'État, et que puisqu'ils vendent une bonne partie de leur bois d'oeuvre aux enchères, alors que le Canada fait peu appel à cette méthode de commercialisation, leurs méthodes sont bonnes alors que les nôtres sont mauvaises. Je ne suis pas de cet avis. Il est vrai que notre système est différent. Le système canadien de fixation des prix du bois d'oeuvre a évolué au fil des décennies.
J'aimerais que le ministre m'explique une chose. Que se passera-t-il si nous appuyons cette entente sur le bois d'oeuvre et que bon nombre de provinces décident de vendre leur bois aux enchères faisant ainsi chuter les prix au-dessous des prix fixés par la Couronne? C'est une possibilité. J'ai parlé à plusieurs responsables de compagnies. J'ai également vu des compagnies de la région de Prince George qui ont à la fois du bois d'oeuvre privé et du bois d'oeuvre appartenant à l'État. Le bois d'oeuvre privé qu'ils se procurent aux enchères auprès de petites entreprises leur coûte moins cher que ce que le gouvernement de la Colombie-Britannique demande pour le bois debout.
Rien ne permet donc de garantir que le coût à la livraison du bois d'oeuvre sera moins élevé si nous décidons d'adopter un système d'enchères. Au contraire, les prix pourraient même augmenter.
Que feront alors les producteurs américains de bois d'oeuvre lorsqu'ils se rendront compte que les coûts à la livraison du bois au Canada sont en baisse parce qu'une plus grande partie du bois est vendue aux enchères? Est-ce que ce sera là la solution magique qu'ils cherchent?
Une étude menée par un groupe de consultation indépendant il y a quelques années a démontré que, du point de vue de la productivité totale des facteurs, l'industrie forestière canadienne était de 40 p. 100 plus productive que l'industrie forestière américaine. Cela vaut bien sûr pour les divers secteurs de l'industrie forestière, les pâtes et papiers, le bois de sciage, les panneaux et autres. En toute justice, je dois dire que le secteur du bois de sciage n'était pas aussi productif que les autres, mais en général, il avait enregistré de bons résultats, étant plus productif que les scieries américaines. Du point de vue de la productivité totale des facteurs, l'industrie forestière canadienne est de 40 p. 100 plus productive que l'industrie forestière américaine. Ce concept de la productivité totale des facteurs permet d'évaluer l'utilisation que fait l'industrie de la main-d'oeuvre, de la technologie, de l'effectif et cetera.
Il suffit d'aller à Prince George, en Colombie-Britannique, et de voir certaines des scieries là-bas. Elles sont parmi les plus efficientes du monde. En fait, quand des propriétaires et exploitants de scieries aux États-Unis viennent au Canada, on leur fait faire la tournée des scieries de la région de Prince George. Elles sont parmi les meilleures et les plus productives du monde. Il n'est donc pas surprenant que nous soyons en mesure de vendre une grande quantité de bois d'oeuvre aux États-Unis.
Nous avons aussi une ressource extraordinaire. Nous avons un climat plus froid, qui donne un meilleur produit. Il y a plus d'anneaux. Il y a moins de gauchissement et de flache que dans le bois venant de certaines des plantations du Sud des États-Unis. Si on va dans un chantier de construction dans le Sud des États-Unis et qu'on demande à un charpentier ou à un entrepreneur en construction s'il préfère le pin rigide des États-Unis ou du bois portant l'estampe Épinette-Pin-Sapin de la Colombie-Britannique, il dira qu'il préfère l'EPS de la Colombie-Britannique parce que c'est un produit de meilleure qualité.
Nous savons que nous jouissons d'un avantage comparatif en ce qui concerne le bois d'oeuvre, mais nous cédons quand même et acceptons de conclure une entente. Nous reconnaissons le mensonge selon lequel le bois d'oeuvre canadien est subventionné. C'est le terme qu'a utilisé le Conseil du libre-échange pour le bois d'oeuvre, et c'est la vérité absolue. Nous avons une industrie très productive.
Si les sénateurs ou les membres du Congrès du Montana, de l'État de Washington, de l'Oregon ou du Wyoming ont dans leur région des scieries qui sont acculées à la faillite, que feront-ils? Ils ne ménageront aucun effort. Ils ne laisseront pas les scieries fermer leurs portes à cause de la pénétration du marché par le bois d'oeuvre canadien, un produit de meilleur qualité qui se vend au même prix parce qu'il en est ainsi sur le marché des produits de base. Si les marges sont bonnes au Canada, on vendra plus de bois d'oeuvre. C'est le simple bon sens du point de vue économique.
Cette question ne relève pas du gouvernement du Canada ni des producteurs canadiens. Il faut trouver une autre solution pour ces scieries qui ne sont pas aussi compétitives que les scieries canadiennes. Pittsburgh a été transformée en centre de haute technologie parce que ses aciéries ne pouvaient pas soutenir la concurrence des Japonais et des Taïwanais. Cette ville a dû se réorienter vers des produits-créneaux dans l'industrie sidérurgique. Cela ne sera peut-être pas possible pour les quelques scieries au Montana, dans l'État de Washington ou en Oregon.
Pourquoi nous refiler les problèmes? Ne peut-on reconnaître que le Canada jouit d'un avantage comparatif dans le secteur du bois d'oeuvre? Je suis prêt à concéder que les États-Unis ont peut-être un avantage comparatif sur nous dans le domaine de la haute technologie et dans certains autres secteurs. Les États-Unis ne peuvent-ils pas accepter que nous jouissions d'un avantage comparatif dans l'industrie du bois d'oeuvre? L'industrie américaine ne peut pas ou ne veut pas accepter ce fait, parce que les sénateurs et les membres du Congrès aux États-Unis essaient de soutenir des usines inefficaces. Les Américains ont le pouvoir, par l'entremise du Congrès et du Sénat des États-Unis, d'amorcer ces mouvements protectionnistes. Il faut trouver une meilleure façon de régler les différends.
Le ministre a de longs antécédents et une carrière distinguée dans le secteur des produits forestiers. Il sait que si quelqu'un dans le sud des États-Unis veut construire une scierie, une usine de panneaux OSB, une usine de panneaux MDF, une usine de contreplaqué, une usine de pâte ou une usine de papier journal, cette personne recevra toute l'aide possible pour concrétiser son projet. Le gouvernement de l'État et les autorités locales lui accorderont des abattements de la taxe de vente, des congés fiscaux, des allégements de taxe foncière et des avantages en matière d'énergie. Les coûts d'investissement liés à la construction d'une usine aux États-Unis sont inférieurs d'environ 20 p. 100 à ceux qui doivent être engagés pour une installation comparable au Canada. Pourquoi? J'ai énuméré certaines des mesures incitatives ou subventions, mais il y en a d'autres telles que des obligations exemptes d'impôt, des terrains à usage industriel bon marché, des accords de cogénération et ainsi de suite.
Ces ententes ne se limitent pas au secteur des produits forestiers. Compte tenu qu'il a été responsable du portefeuille de l'Industrie, le ministre sait pertinemment que les États et les autorités locales aux États-Unis ont offert des subventions de l'ordre de 40 p. 100 à 50 p. 100 pour les coûts d'investissement liés à la construction ou à l'expansion d'usines de fabrication d'automobiles.
Je parle maintenant de l'hypocrisie des producteurs américains et de leur gouvernement qui leur accorde des subventions. Comme je l'ai dit, il est possible d'obtenir à peu près n'importe quel genre de subvention si on veut créer une nouvelle scierie ou mettre sur pied ou agrandir une usine d'automobiles aux États-Unis.
Qu'en est-il des subventions à l'agriculture? Mes collègues de secteurs ruraux savent fort bien de quoi je parle. Les Américains figurent probablement parmi les champions en matière de subventions agricoles; ils arrivent peut-être au deuxième rang, immédiatement après l'Europe. Ils parlent même de subventions.
Le service des forêts du département de l'Agriculture des États-Unis vend des terres et des ressources forestières. Dans le passé, certaines de ces ventes ont été faites aux enchères. Dans certains cas, des compagnies ont fait une offre sur le bois et des années plus tard, elles sont incapables de conclure le marché parce le prix des 2 x 4 a chuté. Si les compagnies avaient coupé le bois à ce prix, elles se seraient trouvées dans une situation financière très difficile. Je crois qu'elles doivent demander à la Maison-Blanche d'annuler ce type de transaction et je crois que c'est ce qu'elles ont fait. Le gouvernement américain note que le prix a été offert il y a dix ans, mais que comme la situation économique a changé depuis, il les libère de leur obligation. On ne peut pas parler de vente aux enchères si l'acheteur est libéré de son obligation.
On sait qu'aux États-Unis, particulièrement dans les États du Nord-Ouest de la côte du Pacifique, l'établissement des prix est en grande partie de nature spéculative. On peut lire des articles sur les problèmes qui entourent la chouette tachetée. Il y a de articles au sujet des tendances qui ont amené l'arrêt de l'exploitation, peut-être pour des raisons fort légitimes, d'un nombre considérable de terres à bois commerciales. Je n'ai rien contre la chouette tachetée. Il se peut qu'elle doive être protégée. Il faut peut-être que d'immenses terrains forestiers commerciaux soient mis hors production pour protéger la chouette, mais nous savons qu'il y a un manque à ce niveau.
Autrement dit, dans les États américains du Nord-Ouest de la côte du Pacifique, la demande de grumes excède l'offre. Par conséquent, si les entreprises évoluent dans un système de vente aux enchères, elles font monter le prix parce qu'elles veulent avoir accès à ce bois dans 15 ans pour alimenter leurs scieries. On n'a jamais entendu qui que ce soit soutenir que le prix du bois en grume est trop élevé aux États-Unis. Peut-être que l'industrie américaine établit des prix tellement élevés que le marché ne peut pas les soutenir. Notre méthode d'établissement des prix est peut-être la bonne.
Cependant, le processus applicable aux droits compensateurs ne nous permet pas d'aborder de telles questions. Nous ne pouvons pas demander pourquoi, dans certains cas, le Service des forêts du département américain de l'Agriculture, qui est une agence publique, vend les droits de récolte du bois à des prix inférieurs au coût. Selon le processus, tout ce que nous pouvons faire, c'est défendre notre système.
Nous ne pouvons pas interroger le gouvernement des États-Unis au sujet de toutes les subventions qu'il distribue généreusement aux producteurs américains parce que le Congrès et le Sénat des États-Unis ont défini de façon plutôt pratique pour les États-Unis le processus applicable aux droits compensateurs. Ils prétendent que nous subventionnons le bois d'oeuvre. Il nous appartient de démontrer que ce n'est pas le cas. Nous ne pouvons pas leur dire qu'ils subventionnent leur bois d'oeuvre et leurs produits forestiers. Ils ne parlent pas de telles choses. Le processus est carrément vicié.
Tout cela m'irrite beaucoup, mais il y a aussi la disposition anticontournement dans l'accord sur le bois d'oeuvre. Si la Chambre appuie cet accord, alors, nous dirons que cette disposition est très bien. Selon celle-ci, si les États-Unis estiment que le gouvernement du Canada, d'une province ou d'un territoire prend des mesures qui, selon les États-Unis, pourraient être contraire à l'accord, ce pays peut les dénoncer et imposer des mesures compensatoires. Cela couvre toutes les politiques forestières des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Il s'agit là d'un dangereux précédent.
On dit aux producteurs qu'ils doivent abandonner leurs poursuites devant les tribunaux. S'ils le font, les producteurs américains pourront prétendre dans deux ou trois ans qu'ils estiment que l'accord n'est pas à leur avantage et qu'ils veulent l'abolir. Que feraient alors les entreprises qui auraient abandonné leurs poursuites?
Je sais que, dans quelques cas, des entreprises locales réclament la signature de l'accord, mais on créera alors un épouvantable précédent. L'accord n'est vraiment pas à l'avantage du Canada ni de notre industrie forestière. J'exhorte les députés à l'étudier soigneusement et à rejeter le projet de loi au moment du vote.
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Monsieur le Président, nous sommes rendus à la dernière étape: nous amorçons le débat sur la troisième lecture.
Nous parlons aujourd'hui du projet de loi relatif à l'accord sur le conflit du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis. En pratique, ce projet de loi nous ramène directement à l'accord qui a été conclu entre les États-Unis et le Canada.
On ne peut pas parler du projet de loi , surtout à cette dernière étape, sans revenir à l'accord et à la situation qui a quasiment toujours existé dans le domaine du bois d'oeuvre. Les échanges de bois d'oeuvre avec les États-Unis remontent à plus de 150 ans. Il y a aussi des problèmes et des contentieux avec les États-Unis depuis très longtemps. Aussi avons-nous opté pour le libre-échange il y a encore plus longtemps. Le libre-échange aurait normalement dû inclure tous les produits et services entre les deux pays de façon à échanger librement ensemble. Néanmoins, encore une fois, les États-Unis se sont plaints il y a cinq ans. Ils ont entrepris des procéduress judiciaires, ils ont imposé des tarifs énormes sur le bois canadien et québécois qui traversait la frontière, en prétendant qu'il y avait des subventions et du dumping. Ils demandaient donc des droits compensateurs et d'autres droits relatifs au dumping.
Pendant cette période, des droits de 5,4 milliards de dollars ont été versés aux États-Unis. Peut-on imaginer ce qui aurait découlé de l'investissement d'une telle somme dans l'actualisation des procédures et des procédés, et dans la modernisation des équipements? Peut-on aussi se représenter l'innovation probable qu'on peut y inclure, quant aux produits de deuxième et troisième transformations si l'industrie s'était bien portée? Nous connaissons l'imagination des Québécois et des Canadiens et leur capacité de se retourner rapidement pour réussir à fabriquer à peu près le meilleur produit au meilleur prix possible pour l'exporter aux États-Unis. Mais les États-Unis ont décidé d'imposer à l'industrie forestière des droits énormes et étrangleurs: 5,4 milliards de dollars!
Le Bloc québécois reconnaissait le problème depuis plusieurs années. D'ailleurs, des propositions et recommandations de mise en oeuvre de projets ont été déposées en cette Chambre et au comité.
Cela tombait sous le sens lorsque nous demandions au Parti libéral, au pouvoir à l'époque, d'offrir à l'industrie des garanties de prêts. En effet, les États-Unis siphonnaient l'argent des compagnies, et leurs recours en justice ne tenaient pas debout et n'avaient ni logique ni sens. Nous savions que nous nous dirigions vers une victoire devant les tribunaux. Ce n'était qu'une question de temps.
Cependant, quand on s'est fait soutirer 5,4 milliards de dollars, le temps paraît beaucoup plus long. Il y a donc eu des pertes tangibles: des pertes d'emplois quasiment généralisées au Canada. Des régions et des provinces ont été touchées plus particulièrement — même le Québec, dans certains domaines. Le situation requérait qu'on applique effectivement les garanties de prêts, afin que les compagnies puissent continuer à survivre, dans un premier temps, et peut-être même se développer, malgré tout.
En effet, on savait très bien qu'elles gagneraient en cour et que les États-Unis, d'une façon ou d'une autre, devraient rembourser les Québécois et les Canadiens, donc l'ensemble de l'industrie forestière.
Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les libéraux ont refusé d'aider l'industrie forestière et d'accorder des garanties de prêts. Pendant la campagne électorale — il y a à peu près un an, on était en plein dedans —, les conservateurs ont promis d'aider l'industrie forestière et se préparaient à donner des garanties de prêts advenant le cas où ils seraient élus. Certains Canadiens — globalement la minorité, si on considère le nombre absolu de ceux qui ont voté —ont décidé d'accorder leur confiance aux conservateurs. Ils ont vite été déçus compte tenu du fait que les conservateurs n'ont pas respecté leurs promesses électorales, leurs engagements électoraux.
Il s'en est suivi des négociations dont la Chambre n'était pas nécessairement informée. Ces négociations ont fait en sorte d'arriver à un accord qu'on a voulu nous présenter comme étant l'accord du siècle, mais ce fut l'accord du siècle pour seulement un des deux intervenants qui va économiser un milliard de dollars. J'ai l'impression que l'idéal dans une transaction économique, c'est effectivement quand les deux parties sont totalement satisfaites. Ici, il ne faut pas oublier un élément important. Quand on parle de parties, on parle de personnes, de gens qui sont au sein de l'industrie. On parle de l'industrie elle-même, des entreprises, des entrepreneurs, des travailleurs, de toutes les personnes qui travaillent dans le domaine de la foresterie. C'est cela la partie qu'il y avait ici au Canada et au Québec.
Il y avait la même chose aux États-Unis, mais ceux qui représentaient l'ensemble de l'industrie forestière au Canada ont prétendu que c'était un gain énorme. Or, le gain réel, ce sont les États-Unis qui l'ont eu avec le milliard de dollars qui est resté aux États-Unis. C'est un montant important. Cela représente quand même une douce compensation pour eux, après avoir perçu illégalement 5,4 milliards de dollars. Ils retirent donc un milliard de dollars. En effet, monsieur le Président, si vous aviez totalement raison et que je vous devais 5,4 milliards de dollars, vous ne vous contenteriez pas de 4,4 milliards de dollars. Vous me demanderiez l'ensemble des sommes dues.
C'est ce que l'industrie forestière aurait voulu. Toutefois, compte tenu de la période de temps qui s'est passée, compte tenu que les conservateurs n'ont pas voulu donner de garanties de prêts, que les libéraux non plus n'avaient pas voulu donner de garanties de prêts, ces gens-là ont été étouffés dans leurs actions quotidiennes qui leur permettaient non pas de se développer à ce moment-là, mais tout simplement de maintenir leurs opérations et surtout maintenir leur entreprise. Cela pouvait faire en sorte que des milliers et des dizaines de milliers de personnes pouvaient vivre avec leur famille, dans leur milieu, dans leur région et que l'économie fonctionne.
Cet accord nous a été présenté. Sûrement, dans un premier temps, l'ensemble des gens était unanime à l'effet de dire que cela n'avait aucune sorte de bon sens. Qu'est-ce qu'il allait falloir faire? On savait très bien que le gouvernement avait la prérogative de signer et d'appliquer l'accord. Il l'a fait. Ensuite, il est certain que les discussions ont eu cours et plusieurs entreprises qui ont toujours dénoncé cet accord se sont senties obligées de l'accepter à un certain moment donné.
Je sais que ce n'est pas la même chose pour toutes les régions. Mon collègue du NPD, qui siège au Comité permanent du commerce international, présentait une situation bien différente pour la région du pays qu'il représente, soit la Colombie-Britannique, De toute évidence, la situation ne correspondait pas du tout avec celle que vivaient les gens au Québec.
Je le respecte, certes, lorsqu'il dit que le Bloc québécois va contre nature. Car c'est sans grand enthousiasme que le Bloc québécois appuie le projet de loi . Tous le savent, car nous l'avons dit. L'ensemble de mes collègues qui ont pris la parole depuis le début au sujet du projet de loi ont dit et répété que c'était sans enthousiasme qu'ils appuyaient le projet de loi . En effet, ce projet de loi est la copie conforme d'un accord que personne n'accepte réellement. On a été obligé de l'accepter.
Des consultations et des représentations ont eu lieu, et les Québécois, de même que les citoyens d'autres parties du Canada, étaient conscients qu'il fallait aller de l'avant afin de...
Mme Diane Bourgeois: Sauver ce qui restait.
M. Serge Cardin: Comme la dit ma chère collègue, il fallait évidemment sauver ce qui restait, puisqu'il n'en restait pas nécessairement beaucoup.
Dès lors, les gens ont été obligés d'accepter l'accord presque de force. Aujourd'hui, pendant tout de même plusieurs heures, vous auriez dû voir mon collègue du NPD — qui siège au Comité permanent du commerce international — se débattre comme un libéral dans l'eau bénite afin de défendre les intérêts de sa région. Pendant cette période, le comité a éprouvé beaucoup de contrariétés. Néanmoins, je respectais évidemment l'enthousiasme de ce collègue à vouloir faire avancer les choses.
Le projet de loi, tel que préparé, comporte plusieurs lacunes qui entraîneront probablement des problèmes lors de la mise en application de l'accord. Ce sont des éléments qu'on aurait pu prévoir et sauver afin de permettre à l'industrie forestière canadienne d'évoluer convenablement —, même plus que convenablement, puisqu'il faut rattraper ce que nous avons perdu.
Bien sûr, il reste encore des irritants potentiels dans le projet de loi. Toutefois, il faut l'accepter, parce que des gens nous font signe de le faire et nous demandent ce que nous attendons pour le faire.
Je répète également, à l'intention de mon collègue du NPD, que nous donnons notre appui au projet de loi sans enthousiasme et un peu à contrecoeur.
Les négociations à rabais du gouvernement minoritaire conservateur ont évidemment servi à mettre en péril l'industrie forestière, particulièrement au Québec. De plus, le retour des fonds perçus illégalement, contrairement à ce que justement le semblait croire à une certaine époque, n'est pas une injection d'argent miraculeuse ni un cadeau du gouvernement. Il s'agit en fait de l'argent de l'industrie qui retourne à l'industrie, et il ne faut jamais oublier cela, parce que des communautés ne l'oublieront pas.
Il ne faut pas m'en vouloir de faire un peu de politique au Parlement, mais à mon avis, le Parti conservateur devra répondre de ce projet de loi, de cette loi, de cet accord, et ce, dans l'ensemble du Canada lors des prochaines élections. Or ces élections ne sont pas si loin. C'est pourquoi il faut tout de même régler la situation. Ce sera toujours possible d'y apporter des améliorations ultérieurement.
Comme on le sait, plusieurs comités devront travailler au regard de l'application de cette loi et de la promotion de l'industrie. De plus, une petite somme de 50 millions de dollars puisée à même le milliard de dollars sera rattachée à la promotion. Ce n'est pas beaucoup, sauf que les États-Unis, eux, bénéficieront d'une plus grande partie afin de développer leur industrie.
Encore une fois, nous aurions préféré que l'industrie du bois d'oeuvre fasse vraiment partie d'un réel accord de libre-échange avec les États-Unis.
Certaines personnes prétendent que le dossier du bois d'oeuvre est réglé pour les neuf prochaines années. Peut-on vraiment se fier à la parole des États-Unis? À tout bout de champ, ce sont eux qui arrivaient et imposaient des droits antidumping et des droits compensateurs au Canada. Peut-on réellement espérer que lorsque cela ne fera pas leur affaire, ils vont s'asseoir et négocier pour améliorer la situation et les conditions des deux parties? On peut en douter. Quand les États-Unis auront une saute d'humeur dans le dossier du bois d'oeuvre, automatiquement, ils en feront subir toutes les conséquences au Canada au Québec.
Je ne crois donc pas que le secteur du bois d'oeuvre aura la paix pendant une aussi longue période que sept ou neuf ans. Je prétends que cela va finir bien avant cela. Il faudra alors vraiment négocier un accord à l'intérieur de l'ALENA pour que les États-Unis cessent leurs activités protectionnistes dans les domaines ou les industries qu'ils veulent bien choisir eux-mêmes.
Encore une fois, le Bloc québécois va voter en faveur du projet de loi en espérant que l'industrie forestière et l'industrie du bois d'oeuvre, à partir des sommes d'argent qui leur avaient été prises illégalement et qu'elles ont récupérées, puissent se remettre sur leurs rails, se moderniser, concurrencer et innover dans la deuxième et troisième transformations. Il faut que la valeur ajoutée, la plus-value qui en découlera puisse leur profiter une fois pour toutes, et puisse aussi rembourser les gens qui ont travaillé dans l'industrie et les entreprises elles-mêmes.
Je termine en espérant qu'on puisse améliorer l'industrie forestière le plus rapidement possible au bénéfice des gens qui y ont mis leur ardeur, leur énergie et pour certains, même leur vie.
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Monsieur le Président, je suis consterné d'avoir à prendre la parole à l'étape de la troisième lecture du projet de loi . Je suis consterné parce qu'il est clair, à la vue d'une mesure législative qui touche aussi directement les Canadiens des quatre coins du pays, que les parlementaires n'ont pas fait tout ce qu'ils pouvaient pour assumer leurs responsabilités. C'est ainsi que nous nous retrouvons à étudier un tel projet de loi à la Chambre, maintenant à l'étape de la troisième lecture. C'est cela qui est tellement déplorable.
Dans un moment, je discuterai du processus ayant mené à la création de cette mesure qui a pris naissance dans un contexte de tromperie de la part du gouvernement conservateur. Ce qui est renversant, en tout cas pour les habitants des collectivités qui vivent de l'exploitation du bois d'oeuvre au Canada, c'est le rôle que libéraux et bloquistes ont joué dans l'étude de ce projet de loi déplorable jusqu'à l'étape de la troisième lecture, malgré le fait que 4 000 emplois directs de l'industrie du bois d'oeuvre aient été perdus. En fait, cette entente conclue à la hâte devait, pour être entérinée, faire l'objet d'un projet de loi, le , qui devait être adopté par le Parlement. Bien sûr, si le Parlement n'adopte pas le projet de loi, nous pourrons commencer à récupérer ces emplois perdus.
On compte 4 000 emplois directs qui ont été perdus. Selon le Syndicat des métallurgistes, 10 000 emplois directs et indirects seraient en cause, et tout cela en l'espace de quelques semaines.
Ce n'est pas surprenant que les conservateurs ne prennent pas la parole à la Chambre pour défendre ces négociations bâclées, cette entente bâclée. Si la Chambre adopte la mesure cette semaine, les Canadiens devront se demander quel rôle ont joué les libéraux dans la présentation du projet de loi à la Chambre des communes.
Sans l'appui du Parti libéral, nous n'en serions pas à la troisième lecture. Sans l'appui du Parti libéral, le projet de loi serait encore au comité. Les députés seraient encore en train de discuter des erreurs monumentales qu'on trouve dans le libellé de cette mesure. Nous serions encore en train d'écouter les demandes des représentants des nombreuses organisations et collectivités touchées. Nous écouterions encore les témoignages de ces organisations de tout le pays qui désiraient prendre la parole sur le projet de loi . J'y reviendrai dans un instant.
Essentiellement, nous avons commencé à la fin d'avril, après l'annonce à la Chambre de l'entente cadre. Le NPD a tout de suite constaté que cela posait des problèmes. Nous avons soulevé de graves préoccupations quant à l'orientation du gouvernement. L'entente cadre d'avril prévoyait notamment l'arrêt des poursuites.
À ce moment, nous n'étions qu'à quelques pieds-planches de remporter la victoire décisive. Il ne restait au Canada que deux étapes du processus juridique à franchir. La première étape était la contestation présentée au Comité de contestation extraordinaire qui aurait supprimé les droits une fois pour toutes en août. La deuxième étape était la décision du Tribunal de commerce international des États-Unis. Il est incroyable de voir que, malgré tous les efforts déployés par le gouvernement conservateur pour empêcher le Canada de remporter une victoire décisive dans le dossier du bois d'oeuvre, nous avons gagné le 13 octobre. Le gouvernement américain est déjà en train de rembourser notre industrie à la suite de la décision rendue par le tribunal le 13 octobre.
Le premier signal d'alarme a retenti à la fin du mois d'avril: le gouvernement conservateur est intervenu pour nous empêcher de remporter les dernières victoires qui auraient établi les règles commerciales équitables désirées par les Canadiens relativement au bois d'oeuvre.
Puis, nous avons conclu une entente qui a rapidement déraillé. Il y a le , le député illégitime de la circonscription de , un député qui ne pourrait jamais réussir à se faire réélire dans cette circonscription, peu importe les efforts déployés. Son changement de parti a marqué le début de son dernier mandat.
Mme Dawn Black: Il ne peut même pas se promener dans sa circonscription.
M. Peter Julian: Il ne peut même pas se promener dans sa circonscription. Comme la députée de me le rappelle, le ministre ne peut même pas faire d'apparitions publiques. Elle a tout à fait raison.
Le ministre n'a aucune légitimité politique. Il ne réussirait même pas à se faire élire au conseil d'administration du cercle des fermières. Il a forcé l'adoption de cette entente malgré l'opposition de l'industrie. Il a présenté les propositions sur le bois d'oeuvre, qui ont forcé l'industrie à réagir. Nous avons vu, le 1er juillet...
M. Dave Batters: C'est vraiment mesquin ce que vous dites, Peter.
M. Peter Julian: Voilà que les conservateurs se mettent à parler. J'espère qu'ils auront bientôt le courage de se lever à la Chambre et de défendre cette mauvaise entente. Nous savons qu'ils ne le feront pas, car ils ont compris et ils ont honte de cette entente eux aussi. Mais ils ne l'admettront pas.
Après que des membres de l’industrie des quatre coins du Canada eurent demandé qu’on ne signe pas ce projet d’accord parce qu’il leur semblait absolument horrible, les conservateurs ont eu recours à leurs techniques d’intimidation habituelles et ont imposé l’accord le 1er juillet. L’annonce a été faite le samedi. J’ai appris la nouvelle au cours des célébrations de la fête nationale au Heritage Village de Burnaby, en Colombie-Britannique. Je n’arrivais pas à croire qu’ils avaient signé ce que bien des gens ont décrit cet été comme le pire accord que le Canada ait jamais paraphé. Le 1er juillet a été une journée sombre pour le Canada.
Des audiences ont été organisées immédiatement pendant l’été pour recueillir le point de vu de l’industrie. Il y a eu des consultations. Le a refusé de consulter, parce qu’industrie lui a fait savoir que l’accord était atroce, mais c’est le comité qui a décidé de prendre le pouls de l’industrie, des travailleurs de ce secteur et des villes et localités qui dépendent du bois d’œuvre. Que lui a-t-on dit? Que c’était le pire accord jamais paraphé par le gouvernement du Canada, et aussi que l’accord ne tenait pas la route sur le plan commercial. Voilà ce qu’ont dit les témoins qui ont défilé devant le comité.
L’industrie québécoise s’est prononcée contre l’accord par 35 voix contre 12. Tous les témoins entendus au cours de l’été ont dit sans ménagement que c’était un accord horrible. Pis encore, le gouvernement conservateur, dans son empressement incroyablement juvénile sinon puéril pour refaire la réputation en lambeaux du , a mis en oeuvre tous les moyens pour imposer cet accord, malgré l’avis des témoins.
Un exemple digne de mention est celui de Stephen Atkinson, de BMO, qui a dit que c’était le meilleur moyen de garantir que les grumes récoltées au Canada créeraient des emplois dans les scieries américaines, car les exportations de grumes seraient stimulées, mais je reviendrai plus tard sur cette question.
Nous avons entendu des témoignages tout au long de l’été. De toute évidence, l’industrie et ses travailleurs étaient contre, et c’est alors que l’intimidation a commencé. Le gouvernement a eu recours à tous les moyens pour pousser l’industrie à accepter cet accord à tout prix. Voilà ce que le gouvernement a fait. Il a imposé l’accord.
Ce qu’il a reçu de l’industrie, ce sont des lettres d’appui conditionnel, rédigées à contrecoeur. Le gouvernement ne les a jamais rendues publiques. Les lettres d’appui conditionnel supposaient que le gouvernement conservateur puisse obtenir un appui de 95 p. 100 de l’industrie. Il n’a jamais atteint cet objectif. Il ne s’en est même jamais approché. Les lettres d’appui conditionnel que le a brandies et qu’il refusait de montrer aux journalistes ou à n’importe qui d’autre, alors qu’il s’agit d’une responsabilité publique, disaient clairement que, à moins que le niveau de 95 p. 100 ne soit atteint, le gouvernement n’avait pas l’appui des entreprises signataires.
Qu’a fait le gouvernement? Il a intimidé une partie de l’industrie: 50 p. 100? 60 p. 100? Nous ne le saurons jamais, même si des demandes d’accès à l’information ont été faites. Nous sommes persuadés que le gouvernement conservateur va essayer de tout dissimuler, comme l’ancien gouvernement libéral a essayé de cacher le scandale des commandites et divers autres scandales.
Les conservateurs ont promis une plus grande transparence, et c’est la toute première promesse qu’ils ont reniée. Ils n’ont pas été transparents dans ce dossier parce qu’ils ont honte de ce qu’ils ont fait. Les négociations ont été bâclées. L’industrie a réagi, et les conservateurs ont essayé de la soumettre à coups de matraque. Ils ont obtenu des lettres d’appui conditionnel très timides qui n’auraient jamais dû être considérées comme une acceptation, car le niveau de 95 p. 100 n’a jamais été atteint.
Puis, ils ont déclaré qu'ils modifieraient simplement l'accord en catimini et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont réécrit certaines parties de l'accord. C'était incroyable. Ils n'avaient pas l'appui nécessaire de l'industrie, alors ils ont décidé de réécrire l'accord. Ils ont dit à l'industrie qu'il était impossible qu'ils réécrivent ou renégocient quelque partie que ce soit de cet accord bâclé. Il se trouve que ce n'était pas vrai, que c'était juste une autre demi-vérité.
Puis, cet automne, le projet de loi a été renvoyé au Comité du commerce international. La première chose que le NPD a dite était que les personnes qui souhaitaient témoigner devraient être autorisées à le faire. Le NPD a proposé deux témoins, qui se sont présentés et qui ont exprimé de sérieuses préoccupations au sujet du projet de loi . C'était par inadvertance, j'en suis sûr, et le ministre du Commerce international ne fait les choses que de manière très politique et désordonnée, mais une double taxe avait été insérée dans le projet de loi .
Les intentions du gouvernement étaient très claires vu la nature draconienne du projet de loi en matière de sanctions. Les gens écoperaient de 18 mois de prison s'ils allaient à l'encontre des intentions du . Il y avait des sanctions spéciales. Le gouvernement pouvait s'en prendre non seulement aux sociétés forestières, mais aussi aux petites entreprises familiales dans le Nord de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, de l'Ontario et du Manitoba, et en plus poursuivre leurs clients commerciaux.
S'il y avait un écart entre ce que le ministre du Commerce international disait que les sociétés forestières devaient et ce que ces dernières affirmaient devoir en vertu de ces taxes punitives et de ces mesures draconiennes, le ministre avait le droit de s'en prendre aux clients commerciaux et aux fonds en fiducie, même si ces derniers avaient été créés dix ans auparavant. Le gouvernement avait en fait le droit, grâce au projet de loi , de faire ce qu'il voulait avec notre industrie du bois d'oeuvre.
Nous avons soulevé cette question au Comité du commerce international. Nous avons dit que ces témoins, qui avaient déclaré venir de la Colombie-Britannique et de partout au pays, devraient être autorisés à venir témoigner. Il ne s'agissait pas de témoins que le NDP avait recrutés, mais de témoins ayant déclaré vouloir témoigner et qui s'étaient adressés au greffier du comité.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les conservateurs, les libéraux et les bloquistes ont déclaré qu’il n’y aurait pas de témoignages. Ils n’entendraient personne d’autre. Ils ont entendu deux témoins qui ont exprimé de sérieuses préoccupations à l'égard des mesures radicales, du piètre libellé et des répercussions du projet de loi. Ils n’ont voulu entendre personne d’autre. Ils voulaient simplement que la mesure franchisse cette étape.
Malheureusement, dans la législature en cours, le NPD n’a droit qu’à un siège au comité. Il faut espérer que dans la prochaine législature, les néo- démocrates seront plus nombreux et que le NPD aura un plus grand rôle à jouer. Cette façon de gouverner négligente, mauvaise et irresponsable a certainement été rejetée par les Canadiens le 23 janvier dernier et ils voient maintenant les conservateurs à l’œuvre. Ils savent qu’ils sont aussi mauvais que leurs prédécesseurs. Je pense que les Canadiens vont chercher d’autres solutions et que le NPD sera une de ces solutions aux prochaines élections.
Essentiellement, nous avons proposé 98 amendements pour tenter de corriger certains des faiblesses les plus criantes de ce projet de loi et nous avons essayé de protéger les conservateurs contre eux-mêmes. Nous tentions également de sauver des emplois dans le secteur du bois d’œuvre.
Nous étions opposés à cette entente, mais nous l’avons fait avec diligence raisonnable. Il aurait fallu rédiger à nouveau 98 articles de ce projet de loi. Cependant, les libéraux et les conservateurs ont travaillé ensemble au Comité du commerce international et, avec l’appui des bloquistes, ils ont malheureusement affirmé qu’ils n’allaient pas étudier ces amendements de façon rigoureuse. Ils n’allaient pas se pencher sur le problème de la double imposition et des compagnies qui sont doublement pénalisées. Non, ils n’allaient pas régler le problème, et ils ont bâclé l’étude en seulement une journée et demie. Ils ont adopté le projet de loi à toute vitesse, sans mûre réflexion.
En fait, la plupart des articles du projet de loi n’ont pas fait l’objet du moindre examen. Ils se sont empressés de l’adopter. D’ailleurs, les membres avaient du mal à suivre les votes. Il n’y a pas eu de débat ni de discussion sur plus de la moitié de ce projet de loi. Il n’y a pas eu de débat ni de discussion sur les mesures radicales visant à mettre des gens en prison pendant 18 mois. Il n’y a eu qu’un vote à main levée.
Les conservateurs et les libéraux ont dit que si les petites entreprises familiales commettaient une erreur et que le n’aimait pas cela, au diable, ils iraient en prison pendant 18 mois. On n’a pas fait preuve de diligence raisonnable. Il n’y en a pas eu du tout. C’était incroyable.
Ainsi, nous sommes maintenant saisis d'un projet de loi mal rédigé, mis de l'avant par les libéraux et les conservateurs principalement. Hier soir, alors qu'on essayait d'éliminer certaines de ces dispositions, comme celle portant sur la double imposition, là encore, les libéraux, les conservateurs et les bloquistes votaient tous en faveur du maintien de ces dispositions dans le projet de loi. C'est ce que nous avons maintenant. Nous sommes saisis du projet de loi , une mesure législative rédigée à la va-vite qui comporte de graves erreurs même d'un point de vue conservateur, qui n'a pas été étudiée comme il se doit au comité ni à la Chambre et que les conservateurs, les libéraux et les bloquistes veulent maintenant faire adopter à toute vapeur.
Eh bien, la suppression de 4 000 emplois au cours des dernières semaines mérite, selon moi, qu'on se pose la question suivante: pourquoi la Chambre doit-elle adopter à toute vapeur ce projet de loi alors que 4 000 emplois directs ont été perdus et un autre 10 000 emplois directs et indirects seront ainsi perdus? C'est une hémorragie dans tout le pays, surtout dans l'Ouest, plus particulièrement en Colombie-Britannique, et au Québec, bien entendu, où on a perdu près de 2 000 emplois.
Que cache cette capitulation dans le dossier du bois d'oeuvre? Nous avons parlé de certains des renvois qu'on retrouve dans le projet de loi. Tout d'abord, la chose la plus importante, c'est que le 13 octobre, nous avons remporté notre cause devant le Tribunal du commerce international des États-Unis. L'argent doit être remboursé. Le gouvernement américain rembourse déjà les entreprises qui ne sont pas passées par Exportation et développement Canada, soit la plupart d'entre elles, ce qui montre très clairement que l'industrie n'avait pas confiance dans cet accord. Le cache les faits à la population, car il sait pertinemment qu'il est embarrassant que la plupart des entreprises n'aient pas voulu passer par Exportation et développement Canada.
Ensuite, comme on l'a très bien démontré, nous donnons aux États-Unis un milliard de dollars, alors que nous n'avions pas à le faire. Nous avons remporté notre cause et les Américains devraient nous rembourser jusqu'au dernier sou. Du fait qu'ils sont, c'est le moins qu'on puisse dire, irresponsables sur le plan financier, les conservateurs ont simplement transféré ce milliard de dollars aux États-Unis et la moitié de cette somme va à l'industrie américaine du bois d'oeuvre qui s'en prend à notre industrie du bois d'oeuvre depuis des années.
Les entreprises américaines étaient au bout du rouleau. Elles n'avaient plus la capacité financière de s'en prendre à notre secteur du bois d'oeuvre. C'était la fin pour elles cette année. Or, là encore, le gouvernement conservateur arrache une défaite lorsque la victoire était dans la poche, en versant un demi-milliard de dollars aux entreprises américaines pour qu'elles puissent financer leurs prochaines attaques contre le secteur canadien du bois d'oeuvre et nos entreprises.
Cet accord prévoit également que nous nous imposons des droits supérieurs aux droits américains illégaux qui les ont précédés. En fait, les droits ont augmenté en octobre, alors que nous avions remporté ces victoires et la seule chose qui empêchait que ces droits ne soient supprimés complètement était la décision du Comité de contestation extraordinaire que le gouvernement aurait dû appliquer en août. Chose incroyable, nous payons maintenant plus.
Pourquoi avons-nous perdu, directement ou indirectement, 10 000 emplois? Le calcul est simple. Lorsque les droits tarifaires augmentent, l'exploitation forestière n'est plus viable sur le plan financier et c'est ce que nous constatons à l'heure actuelle: des emplois sont perdus en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et dans le Nord de l'Ontario. Je suis convaincu que nous allons voir un grand nombre de conservateurs perdre leur siège pour cause d'irresponsabilité et ce sera le cas de libéraux également. Dans le Nord de l'Ontario, certains députés libéraux ont été favorables à cette entente, ce qui est tout à fait irresponsable.
Il est important que les Canadiens qui sont à l'écoute sachent qu'ils ont dû financer le remboursement. Jusqu'à notre victoire du 13 octobre, date à partir de laquelle le gouvernement des États-Unis a commencé à faire des remboursements aux entreprises qui n'avaient pas souscrit à la mauvaise entente du gouvernement conservateur, le plan du gouvernement consistait à faire appel à Exportation et développement Canada et à faire en sorte que les contribuables canadiens paient les remboursements. Si nous n'avions pas eu gain de cause devant le Tribunal de commerce international le 13 octobre, ce seraient les contribuables canadiens qui paieraient par le truchement de EDC. Il importe que les Canadiens sachent que ce sont eux qui auraient eu à assumer la facture de cette entente bâclée.
Il convient également de signaler que l'entente comporte une disposition qui permet aux Américains d'y mettre fin à tout moment. Il leur suffit de loger une plainte de non-conformité. Voilà qui est important pour nos amis du Québec, mais également pour tous les Canadiens. Cela veut dire que si un gouvernement provincial, qu'il s'agisse de la Colombie-Britannique ou du Québec, modifiait les pratiques d'exploitation forestière, les Américains pourraient simplement prétendre que les termes de l'entente n'ont pas été respectés et y mettre fin. Ils pourraient conserver le milliard de dollars et se retirer. Comment aurait-on pu agir de façon plus irresponsable. Nous parlons ici d'un gouvernement qui a tout simplement renoncé à tout sens des responsabilités, à toute diligence dans l'intérêt des travailleurs et des collectivités du secteur du bois d'oeuvre partout au Canada. C'est tout simplement renversant.
J'ai déjà parlé de la disposition anti-contournement et du fait que nous devons maintenant passer par Washington. Toute modification aux pratiques forestières des provinces doit être approuvée par Washington. C'est incroyable. Les règles de fonctionnement ne sont pas viables, c'est le moins qu'on puisse dire, et elles sont rétroactives et prises après coup. Après avoir vendu notre produit, nous attendons la fin du mois pour savoir si nous avons gagné de l'argent ou non et si nous devons mettre la clé à la porte.
Ce qui saute aux yeux dans cette entente, c'est qu'elle ne prévoit rien pour les travailleurs du secteur du bois d'oeuvre. On n'y prévoit pas la moindre somme pour les collectivités qui vivent du bois d'oeuvre. L'entente favorise l'exportation de grumes et décourage toute production à valeur ajoutée.
[Français]
Ce que nous devrions faire, c'est d'arrêter cette entente en troisième lecture. Si le Bloc québécois est prêt à voter contre l'entente, on peut l'arrêter. L'argent est déjà entre les mains de l'industrie. Toutefois, on ne peut pas donner le droit aux Américains de venir changer notre politique forestière. On ne peut pas donner un milliard de dollars aux Américains et on ne peut pas permettre à l'industrie américaine de venir attaquer notre industrie du bois-d'oeuvre.
Effectivement, il faut mettre en place une politique qui fonctionne. J'implore les députés de voter contre cette entente en troisième lecture, sinon, il reviendra à l'autre Chambre de voter contre et d'arrêter cette mauvaise entente.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour la troisième lecture du projet de loi .
Les députés de et de , du Bloc québécois, ont participé aux travaux des différents comités qui ont mené, finalement, à la présentation en Chambre du projet de loi en troisième lecture. Des amendements ont été apportés par les divers partis. Bien sûr, nous avons pris la décision d'appuyer cette entente, contrairement aux députés du NPD, que je respecte beaucoup.
Pourquoi avons-nous pris la décision d'appuyer cette entente? Le député de nous a souvent posé la question. Nous lui servons toujours un peu la même réponse. Nous avons analysé l'entente et consulté nos entreprises et nos syndicats. Ils ont eux aussi analysé cette entente, mais la durée très longue de ce conflit a eu chez nous un impact très important sur l'emploi dans l'industrie du bois d'oeuvre. Pris à la gorge, nos entreprises et nos syndicats ont recommandé au Bloc québécois d'approuver l'accord.
Le Bloc québécois est un parti très proche de sa base, formée de travailleurs, d'associations syndicales et d'industries. Bref, il est très près de sa population et il défend les intérêts des Québécois. Il a donc pris l'engagement, auprès de ces acteurs économiques, de finalement appuyer cette entente. Ces acteurs sont notamment le Conseil de l'industrie forestière du Québec et les différents syndicats, la FTQ en tête.
Bien sûr, par rapport aux propos du Parti conservateur — sur lesquels je reviendrai un peu plus loin — qui mentionnent que nous récupérons 4 milliards de dollars par cette entente, il ne faut pas oublier que nous avons quand même perdu 1 milliard de dollars. Le député de a raison de le dire. Il ne s'agit pas d'une nouvelle somme d'argent additionnelle pour l'industrie canadienne du bois d'oeuvre, mais d'argent récupéré par nos industries qui l'avaient versé en droits compensatoires. Dans le fond, l'industrie reçoit une partie de cette somme d'argent, soit les 4 milliards de dollars.
Cette étape de la troisième lecture mettra fin à ce long processus législatif au sujet de l'entente sur le bois d'oeuvre. En effet, c'est en mai dernier que le Comité permanent du commerce international a entamé son étude sur cette entente. Le comité a tenu de nombreuses réunions sur celle-ci, signée vers le 1er juillet entre le gouvernement conservateur et l'administration Bush. J'étais à Genève lorsque cette entente a été signée de façon très rapide, ce qui a un peu surpris tous les députés de la Chambre des communes.
C'est finalement le 20 septembre dernier que ce gouvernement a déposé le projet de loi . Je rappelle qu'il vise à assurer la mise en oeuvre de l'entente sur le bois d'oeuvre. En plus d'établir les modalités relatives à la remise des droits compensateurs et antidumping aux entreprises, le projet de loi fixe le système relatif au retour à Washington du milliard de dollars que les entreprises québécoises et canadiennes doivent laisser sur la table et il autorisera la remise aux provinces des taxes à l'exportation. En effet, on a 4 milliards de dollars, mais on laisse 1 milliard de dollars sur la table.
Enfin, cette mesure législative détermine les barrières qui réglementeront le commerce du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis, c'est-à-dire un système de contrôle qui établit une taxe à l'exportation et les licences d'exportation.
Il est étonnant, même bizarre, de constater que ce système de contrôle prend la forme d'amendements à la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. Cette loi est généralement utilisée pour contrôler le commerce d'armements et de substances dangereuses ou pour limiter le commerce avec certains pays frappés par des sanctions économiques et militaires. Dans le cas présent, les producteurs canadiens sont frappés par les restrictions que prévoit la loi.
Enfin, l'entente prévoit une combinaison complexe de taxes à l'exportation et de quotas. C'est très complexe. Il nous a fallu de nombreuses heures pour bien comprendre tous ces enjeux. À la suite de cette étude, le gouvernement de la nation québécoise — le gouvernement du Québec — a opté pour l'option B. En effet, la nation québécoise a été reconnue en cette Chambre puisque nos collègues ont voté en faveur de la motion des conservateurs. Comme on le sait, et j'en avais discuté avec un certain collègue ici, on n'a pas voté en faveur de la motion du Bloc québécois. Malgré tout, nous sommes maintenant une nation.
Je suis conscient du fait que les modalités des quotas d'exportation ne sont pas fixées par la loi, mais par règlement. Certaines questions demeurent. L'industrie québécoise est inquiète, et à juste titre, car l'accord prévoit que les quotas soient attribués sur une base mensuelle et que les possibilités d'excéder leur quota mensuel — advenant une livraison importante — soient tellement limitées que les entreprises ne pourraient pas honorer leurs contrats de vente ni même atteindre leur plein quota annuel.
Avant cette entente, on parlait d'un quota trimestriel, et on parle maintenant d'un quota mensuel. Sur le plan de la réglementation, le Bloc québécois trouve encore que des ententes avec les entreprises sont très importantes afin de leur permettre au moins d'atteindre leurs possibilités d'exportation du bois d'oeuvre.
Il est important de se rappeler que l'industrie de la construction est cyclique et que les livraisons de bois de construction sont donc susceptibles de varier considérablement d'un mois à l'autre. Cette question demeure non résolue. Espérons que le gouvernement fédéral tentera, au sein du groupe binational, de répondre aux préoccupations de l'industrie québécois et d'assouplir ainsi les plafonds mensuels d'exportation. Au Québec, nous avons de grandes attentes à ce sujet.
C'est donc le 27 avril 2006 que le gouvernement conservateur et l'administration Bush ont annoncé la conclusion d'un accord pour régler le conflit du bois d'oeuvre. Le texte de l'accord qui a été complété par les deux pays le 1er juillet 2006 et finalement signé le 12 septembre dernier, a donné le projet de loi .
Il est important ici de faire un bref rappel historique. Bien que nous vendions du bois d'oeuvre aux États-Unis depuis plusieurs décennies, c'est au cours des années 1980 que le commerce du bois est devenu l'objet de conflits importants, le lobby américain du bois d'oeuvre étant de plus en plus intransigeant dans ce dossier. En mai 2003, au terme d'une enquête qui sera invalidée par la suite par les tribunaux internationaux, le gouvernement américain accusait les producteurs canadiens de recevoir des subventions et de pratiquer le dumping.
Cependant, il est important de le souligner, pendant toute la durée du conflit, les tribunaux ont globalement donné tort aux États-Unis. Washington n'a jamais pu démontrer que ses entreprises subissaient un préjudice. L'ensemble des entreprises qui étaient devant les tribunaux ne recevaient aucun soutien du gouvernement, que ce soit de la part des libéraux — au pouvoir à cette époque — ou de celle des conservateurs.
Quant aux prétentions américaines à l'effet que le bois canadien était subventionné, encore là, l'ALENA a clairement jugé que ce n'était pas le cas.
Pendant tout ce long conflit devant les tribunaux, le Bloc québécois n'a cessé de réclamer, depuis mai 2002, la mise en place d'un plan d'aide qui comprendrait notamment des garanties de prêts. Combien de questions avons-nous posées en Chambre aux libéraux, à l'époque, pour soutenir l'industrie du bois d'oeuvre? Nous avons demandé des garanties de prêts pour les entreprises. Nous n'avons eu aucune réponse. On ne soutenait pas l'industrie, et les entreprises ont été abandonnées à leur sort devant l'immense lobby des entreprises américaines.
Nous n'avons pas aidé nos entreprises lors de ce conflit. Nous appuyons ce projet de loi à contre-courant, parce que nous n'avons pas le choix. L'entente actuelle sur le bois d'oeuvre n'existerait pas si nos gouvernements avaient pris leurs responsabilités et avaient au moins écouté les propositions du Bloc québécois visant à soutenir l'industrie. Non. Les libéraux et les conservateurs ont fait la sourde oreille, de sorte qu'aujourd'hui, nous perdons 1 milliard de dollars au regard de ce projet de loi.
Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les libéraux ont toujours refusé d'établir ce plan d'aide. Toutefois, depuis qu'ils sont à l'opposition, ils ont curieusement changé d'idée. C'est difficile à comprendre, mais les libéraux tiennent un tout nouveau discours. Ils estiment aujourd'hui que les propositions du Bloc québécois présentées pour la première fois en 2002 sont maintenant nécessaires. C'est difficile à saisir et à comprendre. En effet, ils ont fait la sourde oreille pendant des années, autant en ce qui concerne le Programme d'aide aux travailleurs âgés — sur lequel je reviendrai un peu plus tard au cours de ce discours — qu'en ce qui concerne le plan d'aide pour les industries, relatif aux garanties de prêts pour les entreprises.
Malheureusement, pour les industries forestières québécoises et canadiennes, la décision du gouvernement fédéral de ne pas prendre de mesures concrètes afin d'assurer une meilleure santé financière à notre industrie forestière aura été dommageable pour celles-ci —, autant les industries du Québec que les industries de l'Ouest canadien, de la Colombie-Britannique par exemple, comme mon cher collègue du NPD le mentionnait.
Aujourd'hui, les libéraux doivent assumer une large part des responsabilités et reconnaître qu'ils ont causé un tort irréparable. Le Parti conservateur a signé une entente que nous appuyons en raison d'un manque de soutien au départ.
Lorsque le Parti conservateur était en campagne électorale, on se rappelle qu'il a offert au Québec des garanties de prêts aux entreprises. Or, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il a fait la même chose que les libéraux: il n'a offert aucun soutien aux entreprises. Il a tout simplement signé une entente.
Permettez-moi de citer un extrait de la plateforme électorale du Parti conservateur à ce sujet. Je ne sais pas si mes collègues conservateurs se rappellent leur plateforme électorale, mais nous, les députés du Bloc québécois, y avons prêté attention.
Dans cette plateforme, on indique: « Offrir une aide véritable aux entreprises et aux travailleurs canadiens qui subissent les conséquences des mesures commerciales illégales des Américains. »
C'était écrit dans leur plateforme électorale. Ils ont présenté cela aux Québécois. Je le répète: « Offrir une aide véritable aux entreprises et aux travailleurs canadiens qui subissent les conséquences des mesures commerciales illégales des Américains. »
En effet, le pouvoir rend aveugle ou corrompt; il faut le dire. Je ne sais trop quoi dire à ce sujet, puisque l'entente sur le bois d'oeuvre ne représente pas réellement la direction politique annoncée aux Québécois quant à l'entente sur le bois d'oeuvre, et que l'on retrouve dans la plateforme électorale.
Comme je l'ai mentionné, les conservateurs voulaient soutenir l'industrie par des garanties de prêts, mais ils ne l'ont pas fait: aussitôt le gouvernement élu, aussitôt la promesse oubliée. Les Québécois se rappelleront.
J'ai déclaré à plusieurs reprises comment l'attitude des gouvernements libéral et conservateur avait laissé un goût amer pour plusieurs représentants de l'industrie et des travailleurs du secteur forestier.
Une pénurie de ressources financières, l'abandon de l'industrie par les libéraux et les conservateurs, sans oublier l'attitude intransigeante du gouvernement minoritaire conservateur dans son refus de vouloir écouter et de soutenir les intérêts de notre industrie qui demandait des changements à l'entente, tous ces facteurs ont certainement contribué à affaiblir l'industrie et l'a finalement forcée à accepter cette entente.
Nous acceptons cette entente, comme on dirait en language québécois, avec un couteau sur la gorge. On n'a pas le choix. On perd des milliers d'emplois. On est à bout de souffle. On n'a plus d'argent. Les industries ferment. Le gouvernement ne répond pas à nos besoins, malgré qu'il ait des surplus faramineux ici, à Ottawa. Il ferme l'oreille aux entreprises. Ces dernières nous disent donc que dans ce contexte, elles n'ont pas le choix, elles vont appuyer cette entente.
Le Bloc québécois appuie cette entente à contrecoeur. Nous l'appuyons car l'industrie forestière du Québec et les représentants des travailleurs du Québec, comme je le mentionne souvent à nos collègues en comité, nous ont demandé de le faire. Ils ont analysé cette entente et l'ont étudiée. Ce sont des avocats, des industriels et des gens qui travaillent au sein de ces entreprises. Leurs emplois sont en jeu. Leurs besoins d'exportation sont importants et ils doivent recommencer à produire davantage de bois d'oeuvre afin de l'exporter. Des milliers d'emplois en dépendent. Ces gens ont analysé qu'il était important pour nous d'appuyer cette entente, et c'est pour cette raison que l'appuyons.
Toutefois, nous continuons de soutenir l'idée que, depuis le tout début du conflit, il aurait fallu un plan d'aide pour cette industrie. Le gouvernement conservateur a tort lorsqu'il prétend que cette entente vient régler tous les problèmes que connaît l'industrie forestière québécoise et canadienne. Non soutenue par les libéraux et maintenant par les conservateurs, l'industrie forestière a été fragilisée par le conflit du bois d'oeuvre. Elle est maintenant confrontée à une crise structurelle sans précédent. Plusieurs intervenants du secteur forestier québécois ont déclaré qu'avec cette entente, le gouvernement ne peut prétendre avoir solutionné tous les problèmes et que les conservateurs avaient maintenant l'obligation de poser des gestes concrets pour aider l'industrie à traverser cette crise majeure.
J'aimerais que nos collègues conservateurs en Chambre puissent un peu nous écouter. Nous demandons un plan d'aide pour appuyer cette entente qui ne viendra pas tout régler. L'industrie forestière vit d'énormes difficultés et a besoin d'un plan d'aide. On parle de 7 000 emplois déjà perdus au Québec. Les annonces de fermetures chez Abitibi-Consolidated s'ajoutent malheureusement à plusieurs annonces semblables au cours des derniers mois.
Selon le Conseil de l'industrie forestière du Québec, pas moins de 7 000 emplois, comme je l'ai mentionné, ont ainsi déjà été abolis de façon permanente ou temporaire au Québec depuis avril 2005. Ce n'est pas peu. Ce sont plusieurs emplois perdus par l'inaction de ce gouvernement fédéral. Je dirais même qu'à cause du fait que le Québec est encore à l'intérieur de cette fédération, on ne peut pas maîtriser l'ensemble des leviers de développement économique. Le Québec lui-même aurait pu soutenir l'industrie, mais on est encore à l'intérieur de la fédération. Nous somme encore ici pour demander l'appui de ce gouvernement, que malheureusement, nous n'avons pas eu pour l'industrie québécoise.
Le plan d'aide réclamé par le Bloc québécois prévoit notamment la mise en place d'un programme de soutien aux revenus des travailleurs âgés —, le fameux programme PATA —, qui ont perdu leurs emplois à la suite de licenciements massifs dans ce secteur, ainsi qu'une série d'initiatives permettant aux entreprises d'améliorer leur compétitivité en renouvelant leurs équipements ou en se lançant dans les activités de deuxième ou de troisième transformation. Il prévoit des mesures telles que l'accélération de l'amortissement du matériel de production, la mise sur pied d'un programme de diversification des marchés de commercialisation du bois et un traitement fiscal particulier pour les 4,3 milliards de dollars de droits compensateurs antidumping qui seront remboursés.
Le Bloc québécois a proposé, dès les premiers jours du conflit, des mesures concrètes pour aider les travailleurs et les travailleuses ainsi que les industries du secteur du bois d'oeuvre.
Nous espérons que le Parti conservateur, maintenant que le projet de loi a été appuyé et s'il est adopté par la Chambre, propose un plan...
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur le projet de loi .
Il importe que nous félicitions le député néo-démocrate de pour tout le travail qu'il a effectué dans ce dossier. Il a consacré des heures à cette cause afin que l'on puisse conclure une meilleure entente et améliorer la situation.
Malheureusement, nous n'avons pas vu les changements majeurs qui auraient fait en sorte que nous, les néo-démocrates, puissions appuyer ce projet de loi. En somme, le projet de loi reflète la faiblesse de la politique gouvernementale actuelle. En tant que porte-parole néo-démocrate pour les questions relatives à l'industrie et aux relations frontalières canado-américaines, je dois dire que cela revêt une grande importance, non seulement dans le cas de ce dossier, mais aussi en raison du précédent qui a été créé.
Je tiens à préciser d'emblée que, avant que cette entente ne soit conclue, le gouvernement libéral précédent avait travaillé sur le dossier du bois d'oeuvre pendant un certain nombre d'années, sans cependant faire beaucoup de progrès. C'est ainsi que le député qui est aujourd'hui et qui était alors ministre de l'industrie du gouvernement libéral, s'est mis à l'oeuvre. Avant même de changer d'allégeance politique, il avait amorcé le processus et essayé de proposer une entente similaire. Celle-ci traçait, selon moi, les grandes lignes de l'entente actuelle, laquelle représente vraiment une horrible position à adopter. C'est purement et simplement une capitulation, l'abdication de la souveraineté du Canada en matière de négociations commerciales, qui va avoir des répercussions de grande portée.
L'accord sur le bois d'oeuvre va à l'encontre de l'esprit dans lequel notre pays a respecté l'ALENA et fait face aux difficultés dans les relations canado-américaines au fil des ans. Nous avons en effet respecté l'ALENA, en dépit de la longue suite de pertes que l'industrie manufacturière et d'autres industries ont subies à la suite de sa mise en oeuvre. Le Canada a respecté les règles et il a fait ce qu'il convenait de faire. Tant et si bien que les États-Unis, notre partenaire commercial, ont unilatéralement décidé d'aller dans une direction différente, jetant essentiellement par-dessus bord l'accord ainsi que le mécanisme qui est censé servir à régler les différends. Ce n'est pas rien.
Je tiens à faire ressortir quelques points. Des gouvernements libéraux précédents ainsi que le gouvernement conservateur actuel ont prétendu qu'il existe une zone de libre-échange ou un marché commercial mondial, mais c'est un mythe. À les en croire, il suffit d'avoir des marchés ouverts et d'être les plus concurrentiels pour être les gagnants, les champions, après quoi il ne reste plus qu'à réduire l'impôt des sociétés pour connaître le succès.
Ce n'est pas vrai. En réalité, même en vertu des accords en vigueur, plusieurs de nos industries font l'objet, de la part de certains États américains et même d'autorités fédérales américaines, d'interventions visant à protéger l'emploi dans des industries axées sur la fabrication.
Il est important de souligner que, même dans l'ALENA, où il est censé exister un mécanisme de règlement des différends, nous avons perdu un grand avantage dans un des secteurs manufacturiers historiques et les plus importants du Canada. Cependant, c'est le Pacte de l'automobile qui a vraiment fixé la norme en fait de négociations pour un pays qui avait atteint un âge mur et qui était capable d'accroître sa part du marché.
Le Pacte de l'automobile est très cher au coeur des habitants du comté de Windsor-Essex et des villes d'Oshawa et d'Oakville ainsi que des régions manufacturières qui ont ainsi pu avoir accès au marché américain selon un système commercial juste et reposant sur des principes. Le pacte a été conclu de manière à être avantageux pour nos industries et pour aider les États-Unis à donner de l'expansion au secteur de l'automobile à une époque où nous avions un net avantage en fait de parts du marché mondial.
Quelque chose de renversant s'est produit pendant les négociations. On nous avait promis que le Pacte de l'automobile serait très bien et serait protégé et que rien ne nous enlèverait ce qu'il nous donnait. Nous devions demeurer à la fine pointe de la recherche, du développement et des techniques d'assemblage et profiter de l'expansion.
On nous avait dit que les emplois qui rapportaient chaque année des millions de dollars au Canada resteraient chez nous. C'était de bons emplois. Grâce à ces emplois, des mesures fortes et progressistes mises en avant par les TCA ont permis aux travailleurs d'avoir des lieux de travail plus sûrs, d'être plus productifs et de recevoir davantage de formation.
Nous avons aussi donné de l'expansion au secteur de telle sorte que, lorsque de nouveaux produits étaient lancés, nous pouvions tirer notre épingle du jeu afin de ne pas être uniquement une zone de dumping.
On nous avait promis que le Pacte de l'automobile continuerait de fonctionner malgré le nouvel accord de libre-échange. Plus tard, les États-Unis ont contesté le pacte et nous avons perdu. Qu'a fait le Canada? Il s'est conformé. Le Canada a respecté l'entente qu'il avait signée avec ses partenaires. Nous étions conscients des dommages énormes que cela causerait à notre économie et aux Canadiens de la classe ouvrière, nos frères et nos soeurs qui élevaient des familles, gagnaient bien leur vie, économisaient en vue de la retraite et payaient un montant incroyable d'impôt dans notre pays. Nous avons accepté de faire ce sacrifice.
Depuis ce temps, nous avons observé une baisse sur le plan de la fabrication, du montage et de la vente d'automobiles. Le Canada a glissé du quatrième au huitième rang pour la production, et la dégringolade se poursuivra si nous n'avons pas une politique de l'automobile.
Ce qu'il y a de paradoxal dans tout cela, c'est que le projet de loi a été présenté à l'origine par le lorsqu'il était du côté des libéraux et que cette mesure a continué de faire son chemin après qu'il est passé chez les conservateurs. Il n'est cependant jamais passé aux actes relativement à la stratégie de l'automobile qu'il a promise au comité et à moi-même à la Chambre à plusieurs reprises. Il n'a pas tenu cette promesse dans le récent budget. Nous n'avons vu aucune initiative à cet égard. Il a pris des initiatives en ce qui a trait au commerce et à l'accord commercial avec la Corée, dont je parlerai un peu plus tard, mais il n'a rien fait pour le secteur de l'automobile.
Nous avons renoncé à cette occasion en or que nous avions au Canada parce que nous voulions respecter les règles et que nous avons accepté notre sort relativement à cette industrie dans notre pays. Ce projet de loi est une véritable capitulation par rapport au système, aux règles d'engagement et aux conditions établies parce que les États-Unis n'ont pas aimé ce que ces règles ont donné comme résultat, en dépit des nombreuses contestations judiciaires auxquelles nous avons été parties, de toutes les preuves qui ont été présentées et du travail que nous avons fait avec les forces progressistes de l'industrie américaine.
J’ai fait partie d’un groupe de lobbyistes qui s’est rendu à Washington en 2003 pour y rencontrer les représentants d’associations de constructeurs d’habitations et d’organisations qui constataient que l’augmentation artificielle des prix du bois d’oeuvre aux États-Unis résultant de la cupidité de cette industrie chez nos voisins du Sud causait préjudice à de nombreux consommateurs étasuniens du fait que les constructeurs ne pouvaient leur offrir des maisons à un prix qu’ils pouvaient se permettre de payer. Cette hausse artificielle et le fait qu’on empêchait les produits canadiens d’accéder au marché des États-Unis avec des prix compétitifs créaient une situation que les citoyens de ce pays ne pouvaient accepter et tenaient à voir changée.
Nous avons eu droit à une série de mesures fiscales qui ont malmené les entreprises canadiennes. Tout le temps que cette situation a duré, nous nous sommes démenés à maintes occasions à la Chambre pour trouver des façons de soutenir l’industrie au moyen de prêts ou d’autres mesures, comme de la formation en recherche, afin qu’au bout du compte, nous puissions retrouver l’industrie prospère que nous avions.
Il est important de noter à ce moment-ci ce qui arrive dans l’industrie. J’ai ici un document de recherche qui a été remis au Comité de l’industrie, des sciences et de la technologie. Il s’intitule Challenges Facing the Canadian Manufacturing Sector: Forestry Products and Furniture Industries. On y constate que nous avons enregistré dans ce secteur un recul qui a entraîné la perte de nombreux emplois vraiment rémunérateurs, des emplois qui existaient de longue date dans notre pays.
Un des tableaux, la tempête parfaite, montre ce qui s’est produit dans cette industrie depuis quelque temps. On y mentionne que le dollar canadien s’est apprécié de plus de 35 p. 100 depuis janvier 2003 et que cette montée rapide de son cours découlait de l’exportation de ressources naturelles vers les États-Unis et d’autres pays par l’industrie du pétrole et du gaz. Cette situation s’est traduite par une progression rapide de la valeur du dollar canadien au détriment d’autres fabricants. Nous n’avions jamais rien vu de tel dans notre histoire. D’aucuns diront que l’industrie canadienne aurait dû être préparée à faire face à ce genre de situation, mais il était impossible de prévoir une telle flambée de notre dollar, et notre industrie n’a eu droit à aucun soutien.
Le deuxième élément de la tempête parfaite a été le sommet de 5 milliards de dollars qu’a atteint le montant des droits versés en dépôt. C’est donc dire qu’en plus de tout cela, l’industrie était privée de 5 milliards de dollars. Même si nous avons conclu une entente, nous ne recouvrerons pas tout cet argent. Quel genre d’entente avons-nous quand il nous faut payer pour sortir d’un marché qui, au bout du compte, sera de toute façon un mauvais marché? Devant quel non-sens sommes-nous placés, quand nous constatons qu’il nous faudra sacrifier au-delà d’un milliard de dollars? Ironiquement, le gros de cet argent ira à l’administration Bush, qui n’aura aucun compte à rendre sur la façon dont elle allouera ces fonds. D’autres montants serviront à subventionner l’industrie étasunienne et la concurrence qu’elle nous livre. Elle disposera maintenant de ressources pour subventionner ses entreprises au détriment des nôtres.
Le troisième point est le fait que les coûts énergétiques ont augmenté de 35 p. 100 pour l'industrie. J'ai des statistiques intéressantes au sujet des produits de pâtes et papiers et des meubles en bois. En 2005, la production totale de produits de pâtes et papiers au Canada a été de 5,1 p. 100 inférieure aux plus hauts niveaux de production enregistrés en 2000. En 2005, la production de papier et de carton a diminué de 4,4 p. 100 et de 6,1 p. 100 respectivement, par rapport aux niveaux de 2004. Nous assistons à un déclin. Ces trois facteurs pénalisent l'industrie à l'heure actuelle.
Que faisons-nous? Quelle mesure prenons-nous pour corriger la situation? Nous permettons aux Américains de garder 1 milliard de dollars sur le montant total des droits qu'ils ont perçus. Cela ne ressemble guère à une solution. Ce n'est guère une solution si les Canadiens sont perdants relativement à cette ressource. Ce n'est guère une solution pour les personnes qui travaillent dans ce secteur si leurs concurrents à l'étranger ont maintenant les ressources financières nécessaires pour miner leur production.
Peu importe que les Américains se servent de cet argent pour accroître leur efficience, faire de la recherche et du développement, réduire les prix ou assumer les coûts énergétiques, ils vont maintenant bénéficier d'un avantage. Cela n'a aucun sens. Il est tout à fait choquant de conclure une entente et de devoir payer si l'on veut la résilier.
Un point qui chicote vraiment les Canadiens à l'heure actuelle est ce montant de 1 milliard de dollars et le fait que cet argent nous serait utile. Nous avons vu les coupes dans le dernier budget et leur incidence sur les Canadiens. Pour l'amour du ciel, si nous adoptons l'idéologie du gouvernement, pourquoi celui-ci ne voudrait-il pas consacrer 1 milliard de dollars de plus à la réduction de la dette nationale? J'imagine qu'il préfère mettre 1 milliard de dollars dans les poches des producteurs forestiers et de l'administration Bush aux États-Unis. Est-ce la solution du gouvernement aux problèmes auxquels sont confrontés les Canadiens à l'heure actuelle? Je ne crois pas. C'est très inquiétant.
Je dois aussi faire remarquer que, dans tout ça, les députés du Bloc n'ont guère réussi à négocier des modifications à ce projet de loi. Ils ont rationalisé et ont trouvé des raisons de l'appuyer. Je comprends qu'ils étaient soumis à de grandes pressions et devaient prendre des décisions, mais nous aurions au moins dû être témoins d'une résistance au gouvernement. Je trouve cela alarmant, parce que, si nous voulons vraiment mettre les choses en perspective à la Chambre des communes, il faut faire un peu de lumière. Ils pourraient au moins essayer de gagner quelque chose pour atténuer le coup porté aux travailleurs canadiens qui perdent leur emploi, et à l'industrie elle-même, dont l'avenir est en cause.
Je veux parler de différents éléments qui nous inquiètent, dont l'un est vraiment paradoxal.
Les Canadiens peuvent voir à quel point ce projet de loi est compliqué et truffé d'une grande quantité d'informations. Il a fallu plusieurs années avant qu'il arrive à la Chambre. Pourtant, le comité a passé une semaine à entendre des témoins. Comment est-ce possible, dans une démocratie moderne et fonctionnelle? Nos comités parlementaires rencontrent régulièrement des témoins et consacrent plus de temps à des choses qui ne sont pas aussi définitives. Ce projet de loi a été étudié à toute vapeur au comité. On n'a pu ni en débattre ni y apporter des amendements.
La population canadienne doit comprendre que cette façon de faire n'est pas une forme de bon gouvernement. C'est plutôt une manière de passer rapidement sur une situation embarrassante. Cela n'a pas de sens de mettre un terme au débat.
Nous avons beaucoup d'amis aux États-Unis, dont bon nombre n'appuient pas ce projet de loi, à cause du tort qu'il cause à nos relations. Quand les Américains ont signé nos ententes commerciales actuelles, ils ont bénéficié de mesures protectionnistes.
J'ai déjà expliqué à la Chambre comment nous avons perdu le Pacte de l'automobile. Selon l'entente commerciale actuelle, les Américains ont toute une série de mesures protectionnistes concernant l'aérospatiale et la construction d'autobus, qui empêchent littéralement l'industrie canadienne de prendre de l'expansion dans ces secteurs. Les Américains ont obtenu cela parce qu'ils ont décidé que c'était dans leur intérêt national. Le gouvernement des États-Unis, considérant la valeur de ces industries dans le secteur de la fabrication, les emplois qu'elles fournissaient et leur importance pour l'avenir du pays, a décidé, faisant fi de la libre concurrence, se moquant de savoir quel pays avait les meilleurs produits ou lequel était le plus efficace, de garantir que ce travail ne se ferait qu'aux États-Unis.
Dans notre propre pays, nous ne sommes même pas capables de prendre cette décision pour notre industrie. Nous préférons capituler. C’est insensé. Pendant que nos concurrents emploient différentes stratégies, méthodes et mesures pour protéger leurs industries, nous ne sommes même pas capables d’appuyer des conditions équitables pour nos propres industries qui doivent soutenir la concurrence dans de telles conditions.
Une autre question qui m’inquiète beaucoup, c’est celle de savoir où cela nous mène. Lorsque j’étudie le projet de loi et les mesures qu’il contient, je m’inquiète pour notre secteur de la transformation du bois, des produits de bois, la post-production et l’abattage des arbres. Toute l’industrie du bois d’œuvre alimente des usines de fabrication.
Il suffit de prendre nos industries pétrolières et gazières. Malgré des profits records de milliards de dollars et le fait qu’elles reçoivent également des subventions, elles investissent moins de 0,8 p. 100 de leur argent dans la recherche-développement. L’industrie manufacturière nationale moyenne et les autres industries comparables font un modeste investissement de 4 p. 100 dans la recherche-développement. Ce n’est pas beaucoup. C’est peu par rapport aux niveaux de l’OCDE et des autres pays industrialisés. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est au moins 4 p. 100.
C’est 500 p. 100 de plus.
M. Brian Masse: Le député de a dit que c’est 500 p. 100 de plus.
Nous nous contentons d’exporter nos ressources naturelles, ce qui nous fait du tort à plusieurs égards. Cela nuit à l’innovation. Comme nous ne faisons pas de recherche-développement, l’industrie du raffinage ne se développe pas au Canada, ce qui crée une série d’autres problèmes. Nous perdons les emplois et les chercheurs qui quittent le pays. Nous ne pouvons pas attirer les gens les plus brillants et les plus compétents. Par-dessus le marché, nous perdons également les recettes fiscales sur les produits secondaires. Nous laissons quelqu’un d’autre en profiter.
Je crains que la projet de loi ne crée la même situation dans le secteur du bois d’oeuvre, que nous nous contentions de fournir la matière première et que c’est tout ce que nous ayons à offrir. Pourtant, je pense que les Canadiens croient que nous pouvons offrir plus, que nous pouvons nous charger de la recherche-développement, que nous pouvons créer des produits finis dont les gens peuvent être fiers et que nous pouvons créer des emplois, pas seulement dans ces industries, mais dans les autres secteurs qui profiteront des retombées. Je crois que les Canadiens veulent faire partie de ce processus. Il est inacceptable que notre pays se contente d’exporter ses ressources naturelles, mais le projet de loi nous conduit dans cette direction.
Pour résumer, je voudrais dire une chose importante. Le est en train de brader nos intérêts dans le cadre d’un accord commercial avec la Corée qui n’est pas équitable. Je crains que ce ne soit là qu’un début. Si nous cédons sur ce dossier, à quoi ressemblera l’accord commercial avec la Corée?
J’ai eu des réunions avec le Comité de l’industrie et le personnel du ministère de l’Industrie au sujet du secteur automobile. L’avenir de ce secteur est compromis par l’accord commercial avec la Corée. Nous continuons à prendre des initiatives commerciales qui nous feront perdre davantage d’emplois dans notre secteur de la fabrication à cause d’une mauvaise politique commerciale. Le projet de loi témoigne de l’incapacité d’un gouvernement à protéger son industrie alors que les hommes et les femmes de notre pays sont propriétaires des ressources naturelles et sont en droit d’obtenir que ces ressources soient utilisées dans leur intérêt et non pas contre eux.
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Monsieur le Président, j'apprécie le fait de pouvoir aborder ce sujet très important, particulièrement pour des régions comme le Nord de l'Ontario, où la foresterie constitue un élément essentiel de l'activité économique. Le secteur forestier est la pierre angulaire et le centre industriel d'un très grand nombre de collectivités dans cette magnifique région du Canada.
En jetant un coup d'oeil à la situation désastreuse de l'industrie forestière dans le Nord de l'Ontario et d'un bout à l'autre du pays, nombre d'entre nous se demandent pourquoi le gouvernement veut mener le Canada dans cette direction. À première vue, cet accord n'offre aucun avantage évident. Les personnes qui ont analysé l'accord, notamment les intervenants de l'industrie forestière qui ont un intérêt évident à l'égard de la question, disent avoir certaines préoccupations très réelles.
Pourquoi le gouvernement est-il tellement déterminé à imposer de nouvelles règles à une industrie qui nous a si bien servis pendant tant d'années et qui a été la pierre d'assise de l'économie canadienne pendant des siècles? Je crois que c'est une autre manifestation des forces mondiales de la droite politique et économique et du secteur privé au Canada. Peu importe que nous tapions du pied et lancions les hauts cris. Que cette proposition ait du sens ou non sur le plan financier pour les Canadiens, les travailleurs, les collectivités et l'industrie touristique ne semble pas importer non plus. Quoi qu'il advienne, nous nous engageons dans cette voie.
Je crois que le gouvernement tente de faire en sorte que cette industrie ainsi que d'autres secteurs de l'économie canadienne s'alignent sur l'approche américaine en matière commerciale. À mon avis, c'est également une tentative pour que l'industrie s'adapte à certaines réalités mondiales à l'égard desquelles nous devons jouer un rôle, au moment où nous tentons de créer de l'emploi et de soutenir nos industries, nos entreprises, nos travailleurs et nos collectivités.
J'étudie ce dossier très attentivement depuis un certain temps déjà. Je siège à la Chambre depuis près de trois ans. J'ai vu le gouvernement précédent et le gouvernement conservateur se débattre avec l'approche musclée des Américains destinée à mettre le Canada et ses secteurs industriels au pas, et je suis choqué. Je sais que le gouvernement libéral précédent travaillait très fort pour tenter d'en arriver à un certain équilibre ou compromis dans cette affaire. Toutefois, dès que le gouvernement actuel a pris les choses en main, on est tombé de Charybde en Scylla. Nous sommes maintenant pris avec cet accord. Dès qu'il sera adopté ici, ce sera un fait établi, ce qui est regrettable.
Nous avons été très créatifs et intelligents au Canada. Nous avons travaillé très fort pour nous positionner dans l'économie globale, même dans le contexte de l'Accord de libre-change nord-américain. Il y avait une grande réticence face à cet accord alors qu'on en était au stade des discussions, dans les années 1980 et 1990. Nombreux étions-nous à prédire que cet accord nuirait grandement à notre secteur manufacturier. Quand, aujourd'hui, on jette un coup d'oeil sur les chiffres, les emplois perdus et ceux que nous perdons dans ce secteur, on peut vraiment dire que nos craintes étaient fondées.
Au lieu de s'attaquer au problème « à la canadienne », c'est-à-dire en collaborant afin d'établir des lois, des règlements, un régime, un cadre visant à protéger tous les intérêts dont il faut tenir compte au sein de la collectivité canadienne, nous avons simplement baissé les bras et déclaré que si nous faisions comme les Américains, ce serait mieux à long terme et nous nous en porterions tous mieux.
Ce n'est pas ce qui s'est produit. Nous avons travaillé très dur et nous avons été aussi efficients que possible pour assurer le succès de notre industrie au Canada, mais nous continuons d'être malmenés par les forces qui voudraient que nous menions nos activités différemment.
Il n'y a qu'à voir comment le gouvernement actuel essaie de modifier la façon dont nous vendons notre grain provenant de l'Ouest du pays sur le marché mondial. D'une façon tout à fait unique et bien canadienne, collectivement, au fil d'un certain nombre d'années, à l'initiative des agriculteurs, nous avons créé la Commission canadienne du blé. Elle a fort bien réussi à garantir aux agriculteurs qui cultivent et commercialisent leur grain dans l'Ouest du pays, une économie viable et dans leur intérêt. La commission veille à ce qu'ils continuent de gagner suffisamment d'argent pour poursuivre leurs activités et payer leurs factures, avoir un niveau de vie décent et céder ensuite leur exploitation à leurs enfants. Cependant, les agriculteurs de ma collectivité, Sault Ste. Marie, ont déclaré que la situation est devenue plus difficile.
L'agriculture est devenue un secteur plus difficile à cause des pressions exercées sur le marché mondial. Nos agriculteurs ont fait front commun et ont déployé leurs meilleurs efforts. Ils réussissent à s'en sortir grâce aux meilleures recherches et aux meilleurs renseignements possible. Ils ont créé des organisations et des mécanismes pour protéger leurs intérêts. Les agriculteurs se lèvent tôt le matin pour vaquer à leurs occupations. Ils ensemencent leurs champs ou s'occupent de leurs animaux. À la fin de la journée, ils doivent avoir un rendement suffisant en fonction de leurs efforts. Lorsque les agriculteurs investissent dans leur entreprise, ils doivent obtenir un rendement sur leur investissement. Cependant, ce n'est pas le cas maintenant dans un très grand nombre de nos secteurs agricoles.
Dans ma région, des agriculteurs envisagent d'abandonner, essaient de vendre leur exploitation ou déclarent faillite. C'est une situation terrible pour une industrie qui est si essentielle pour nous tous comme société. Si notre pays n'est pas capable de soutenir un secteur agricole qui nous nourrit, nous sommes alors bien mal pris.
Or, le gouvernement actuel veut éliminer ce mécanisme qu'est la Commission canadienne du blé. Les agriculteurs ont créé la commission. Ce sont eux maintenant qui la contrôlent. Ils l'administrent depuis un certain nombre d'années avec succès.
Je sais que, à juste titre, beaucoup de nos agriculteurs pensent que ce n'est qu'un début, qu'une fois engagé dans cette voie, le gouvernement va s'en prendre ensuite à la gestion de l'offre. Beaucoup de nos aviculteurs et producteurs laitiers craignent que ce soit la prochaine...
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Monsieur le Président, nous avons ici beaucoup de latitude pour faire des liens et établir le contexte de nos discussions. Je ne pense pas qu'il y avait lieu d'invoquer le Règlement. Je crois que le député veut simplement nous empêcher de présenter nos arguments. Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement a essayé de nous empêcher de défendre les intérêts de notre secteur forestier.
Là où je voulais en venir, c'est que l'approche du gouvernement relativement à la Commission canadienne du blé est la même que pour le secteur forestier, c'est-à-dire qu'elle consiste à se conformer à la façon de faire des Américains. En fin de compte, nos petites collectivités forestières, nos petites entreprises forestières et tous ceux qui travaillent dans le secteur forestier ne sont pas protégés. Ils n'ont aucune protection.
À cause de l'ALENA et de tous les autres accords commerciaux qui sont signés chaque jour, le gouvernement perd de plus en plus sa capacité de protéger les fondements de notre économie, de notre industrie et de nos entreprises. Je parle de l'attitude du gouvernement vis-à-vis la Commission canadienne du blé parce que, à mon avis, cela fait ressortir beaucoup plus clairement ce qui est en train de se produire dans le secteur forestier. La façon dont cette entente a été imposée à l'industrie et aux provinces et présentée à la Chambre en tant que fait accompli montre bien toutes les lacunes sous-jacentes au projet de loi et toutes les préoccupations que bon nombre d'entre nous éprouvent à cet égard.
Ce que fait le gouvernement conservateur à la Commission du blé se reflète ailleurs. Il n'y a pas que la Commission du blé, il y a eu bien d'autres capitulations dans ce pays au fil des ans. Quand l'Accord de libre-échange nord-américain nous a été imposé, ceux d'entre nous qui s'y opposaient à l'époque ont accepté cela. Nous avons lu les documents, compris les implications et découvert comment nous y prendre. Nous avons réussi à établir des structures et des façons pour protéger en particulier les ressources susceptibles de nous donner au moins un rendement intéressant pour nos investissements et nos efforts.
Hélais, lorsque nous avons trouvé des façons de faire affaire qui étaient bonnes pour le Canada et les collectivités canadiennes, nos voisins américains n'ont pas aimé cela, car nous avions trop de succès. Nous leur livrions trop bien concurrence. Notre produit était d'une qualité et d'un prix qui soutenaient fort bien la concurrence dans ce marché. Les Américains ont commencé à nous amener en cours. Nous nous sommes alors défendus. Nous sommes allés devant les tribunaux et nous avons tiré partie des instruments en place dans l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis et l'Accord de libre-échange nord-américain pour protéger nos intérêts.
Nous avons présenté nos arguments et nous avons remporté notre cause. Les tribunaux nous ont donné raison encore et encore. Nous nous attendions à ce que nos voisins américains respectent cela. Nous nous attendions à ce qu'ils se comportent de façon honorable et à ce qu'ils respectent les accords que nous avons signés de bonne foi quand nous avons conclu ces ententes de libre-échange, mais, hélas, ils n'ont pas été honorables. Ils sont loin d'avoir été honorables. Ils ont continué de nous traîner en cours en attendant que nous ayons un gouvernement favorable à leurs intérêts. Dans les intérêts d'une bonne relation et pour obtenir des faveurs de notre bon ami, George W., comme le diraient les conservateurs, le gouvernement a accepté cette capitulation dans le dossier du bois d'oeuvre qui se traduit par le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
L’Accord sur le bois d’œuvre ne contient rien qui soit susceptible d’aider l’industrie forestière du Nord de l’Ontario, alors que celle-ci se débat pour survivre. Des collectivités ont été durement touchées par la fermeture d’usines de pâtes et papiers et de scieries. Les gens doivent abandonner leur maison. Ils doivent vendre ou laisser leur commerce pour déménager ailleurs au Canada afin de trouver du travail, de se nourrir et de nourrir les leurs.
En septembre, le caucus du NPD, en réunion à Thunder Bay, a rencontré des dirigeants de l’industrie forestière du Nord de l’Ontario, mais surtout du Nord-Ouest de la province. L’Accord sur le bois d’œuvre est en train de chambouler tout le Nord de l’Ontario. Lors de ce même séjour à Thunder Bay, nous avons aussi rencontré des responsables politiques et des maires de nombreuses collectivités du Nord-Ouest de la province.
Nous avons visité certaines des usines de ce coin de pays qui, à l’époque, se trouvaient dans une situation désespérée. Tous les gens sur place nous ont dit la même chose, tous nous ont parlé des mêmes difficultés. À cette époque, leur situation n’avait pas véritablement rapport avec le travail que les Conservateurs effectuaient dans le dossier du bois d’œuvre. Elle était due à bien d’autres facteurs auxquels le gouvernement aurait dû s’intéresser de plus près. Nous espérons que c’est ce qu’il va faire à la faveur de cette mesure législative, mais qui sait!
L’industrie forestière a besoin de l’aide et du leadership du gouvernement fédéral. Celui-ci doit être présent. C’est ça le rôle d’un gouvernement, de protéger les secteurs industriels qui sont importants pour la santé économique du pays.
Comment le Canada réagit-il aux pressions qui s’exercent sur sa politique monétaire et sur la valeur de son dollar? Lors de mes entretiens avec certains industriels à Sault Ste. Marie, ceux-ci m’ont appris qu’ils s’en sortiraient bien mieux si le gouvernement s’organisait pour mobiliser les plus brillants éléments et pour collaborer avec le secteur privé afin de faire baisser la valeur de notre dollar aux environs de 80 ¢ américain.
Le prix de l’énergie est également important dans le Nord de l’Ontario. S’il fallait écouter les Américains et se conformer à la façon dont ils produisent, distribuent et utilisent l’énergie, il nous faudrait confier la totalité de nos opérations dans ce domaine au secteur privé. Or, après avoir appliqué cette recette en Ontario, nous nous sommes rendu compte que les prix de l’énergie ont grimpé en flèche. Les industries de l’Ontario sont moins compétitives à cause du prix très élevé de l’énergie et elles ne peuvent faire concurrence à celles du Manitoba et du Québec, par exemple, deux provinces qui continuent de contrôler la production d’énergie.
En Ontario, nous avons essayé sous Mike Harris, et maintenant Dalton McGuinty, de privatiser nos entreprises du domaine de l'énergie. Nous trouvons de plus en plus que nous nous enfonçons dans un gouffre et que nous n'arrivons pas à faire face à la concurrence. Nous avons besoin que le gouvernement fédéral parle à ceux qui détiennent ces pièces du puzzle afin que notre industrie forestière puisse redevenir prospère et rentable. Nous voulons que le gouvernement fédéral offre le genre de soutien qu'il a fourni au fil des ans aux collectivités et aux régions du pays qui dépendent de ce secteur.
La force de notre dollar malmène notre industrie forestière. Le prix de l'énergie aussi. Il y a aussi la façon dont nous gérons nos ressources forestières. L'accès aux fibres et le coût des fibres sont de grandes préoccupations. L'industrie forestière se heurte à toutes sortes de difficultés et il faut que le gouvernement s'y attaque.
Le gouvernement libéral précédent s'était assis avec les dirigeants de l'industrie avant les dernières élections. De nombreux représentants de l'industrie, avec un lobby très efficace et énergique, étaient présents. Ils ont rencontré notre caucus. Je suis sûr qu'ils ont aussi rencontré les caucus conservateur et libéral et qu'ils les ont convaincus que l'industrie avait besoin d'argent pour moderniser sa technologie, investir dans de la nouvelle technologie, mener des travaux de recherche et développement et donner de la formation.
Nous avons entendu le gouvernement fédéral de l'époque annoncer qu'il allait mettre des milliards de dollars sur la table, mais malheureusement, ce n'est jamais arrivé. L'argent n'a jamais été versé et il ne l'est toujours pas. Le secteur forestier connaît des difficultés et certaines entreprises disparaissent. Des collectivités ont subi des dommages qui ne pourront pas être réparés.
Au lieu de s'attaquer directement aux problèmes que l'industrie forestière avait soulevés et voulait voir réglés, le gouvernement conservateur a imposé son nouvel accord sur le bois d'oeuvre. La question du bois d'oeuvre, à mon avis, se serait réglée d'elle-même devant les tribunaux. La conclusion aurait été beaucoup plus avantageuse pour nous que ce que cet accord présente.
La façon dont nous gérons notre industrie forestière est déterminante pour le Nord de l'Ontario, les collectivités de ma région et les collectivités du pays.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à ce débat au nom des bonnes gens de la circonscription de Winnipeg-Centre, d'autant plus que nous amorçons les dernières heures de la dernière étape du débat très long et très controversé concernant cette mesure législative, le projet de loi , qui, comme le savent tous ceux qui ont été à l'écoute, vise la mise en oeuvre de l'accord sur le bois d'oeuvre.
Il me semble utile à ce stade de fournir aux Canadiens qui nous écoutent un résumé et certains détails de ce qui est ressorti de ce processus difficile qui nous a mis dans tous nos états et en même temps de faire le point sur la situation actuelle.
Il semble bien que le et le nouveau gouvernement conservateur soient en train d'agir à toute vitesse pour intégrer les politiques du Canada en matière de sécurité et d'affaires étrangères à celles des États-Unis et pour nous départir de tout avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis dans des domaines comme le bois d'oeuvre et le blé, tout en visant l'intégration et l'harmonisation d'une foule d'aspect de nos rapports avec les États-Unis.
Il semble que le gouvernement conservateur soit en train de céder de façon volontaire et unilatérale tout avantage concurrentiel dont nous avons pu jouir au fil des années dans le secteur du bois d'oeuvre et, comme l'a souligné mon collègue de , pour ce qui est de la vente de notre blé de qualité supérieure, un blé par lequel le Canada se démarque et qui est grandement apprécié sur les marchés étrangers. J'y reviendrai plus tard.
Le projet de loi concerne précisément l'accord sur le bois d'oeuvre. Je voudrais mettre en contexte mes observations en rappelant aux Canadiens que, quelques jours avant que le gouvernement d'Ottawa ne vienne asséner à l'industrie canadienne du bois d'oeuvre le coup de cet accord profondément vicié, le Sun de Vancouver publiait les détails d'une lettre adressée par le gouvernement Bush au lobby du bois d'oeuvre des États-Unis, lettre qui avait fait l'objet d'une fuite.
Dans cette lettre, le gouvernement américain confirmait ses objectifs, qui consistaient à écloper l'industrie canadienne pour une période de sept ans. Voilà qui aurait dû consterner les Canadiens. En nous rendant compte que nos concurrents révélaient inopinément que l'intention du gouvernement n'était pas d'assurer l'équité sur le marché nord-américain du bois d'oeuvre, mais bien d'entraver l'industrie canadienne, nous aurions tous dû nous demander qui étaient ceux qui avaient négocié cette entente et dans quelle mesure ils avaient agi en fonction de nos intérêts supérieurs. Je ne puis reprocher au gouvernement des États-Unis sa posture agressive, lui qui défend très bien les entreprises de son pays. Et ce n'est que le début.
Ce que nous avons appris, et ce que le député de a expliqué de toutes les manières qu'il a pu afin d'alerter les Canadiens devant les véritables effets de l'accord, c'est que les Américains garderont 450 millions de dollars sur les droits illégaux qu'ils ont perçus. Ils garderont cet argent pour alimenter la machine protectionniste républicaine de la Maison-Blanche qui devait livrer une dure bataille pour les élections de mi-mandat. Cet argent auquel aucune condition n'est rattachée, ne va pas au gouvernement des États-Unis, mais à l'administration républicaine, qui s'en sert pour financer son attaque contre nos relations commerciales.
Le secteur canadien du bois d'oeuvre serait contraint de financer une attaque illicite permanente contre lui-même. Mais de quel genre d'accord s'agit-il là? On en vient à se demander qui peut bien négocier de telles conditions en notre nom. Qui envoyons-nous négocier pour nous? C'est renversant. Tout cela se passe avec le consentement explicite du gouvernement du Canada.
Mais il y a pire. Une tendance inquiétante commence à se dessiner et semble être une caractéristique du gouvernement actuel. Lorsque l'industrie a commencé à regimber, le gouvernement a usé d'intimidation, ce qui est pour ainsi dire la marque de commerce de notre nouveau .
Le 4 août, le Globe and Mail citait un haut fonctionnaire du gouvernement qui lançait une mise en garde aux entreprises qui s'opposaient à l'accord en leur disant de: « se préparer à subir les conséquences si elles rejettent l'accord [...] et à envisager un monde où Ottawa n'accorderait plus de fonds pour payer les différends concernant le bois d'oeuvre ».
En d'autres mots, on leur disait que, si l'accord était rejeté, si elles n'appuyaient pas cet accord sur le bois d'oeuvre, elles ne devaient pas s'attendre à ce qu'Ottawa les aide dans la négociation de tout accord à venir. Il s'agissait d'une forme de chantage économique que de traiter les entreprises avec une telle arrogance et de leur dire que, si l'accord était rejeté, Ottawa ne participerait à la négociation d'aucun nouvel accord. La seule conclusion que les Canadiens peuvent tirer de cet accord sur le bois d'oeuvre, c'est qu'il s'agit d'un accord géré par et pour le lobby américain du bois d'oeuvre.
J'arrive au plus inquiétant, et je le dirai aussi clairement que je peux, parce que la question est complexe. C'est encore plus inquiétant que le milliard de dollars perçus en droits illégaux auquel nous renonçons. La chose la plus inquiétante c'est qu'un pays supposément souverain a signé une disposition sans précédent qui exige que les provinces fassent approuver au préalable tout changement à leur politique de gestion des forêts par Washington. À mon sens, cela cause un tort encore plus grave.
Les gens qui étudieront cette entente dans 20 ans constateront probablement que le plus déplorable dans tout cela, c’est que nous avons volontairement renoncé à notre capacité souveraine de gérer nos propres affaires dans le secteur du bois d’oeuvre résineux. Cela nous amène à nous demander comment diable le Bloc Québécois a-t-il pu appuyer le parti au pouvoir, le gouvernement, pour faire adopter cette entente quand elle met en cause notre souveraineté? J’ai entendu d'innombrables fois mes collègues du Bloc discourir à propos de la souveraineté du Québec et du fait qu’ils ne voulaient pas que le gouvernement fédéral empiète sur le pouvoir du Québec de gérer ses propres affaires en matière de ressources. Je souscris à cet argument du Bloc.
Comment alors le Bloc peut-il appuyer une entente sans précédent sur le bois d’oeuvre résineux comportant une disposition qui établit, elle, un précédent, en ce sens qu’elle exige des provinces de faire approuver tout changement qu’elles voudraient apporter, serait-ce aux droits de coupe, aux contingents ou au volume de bois pouvant être récolté dans certains secteurs de coupe? N’importe lequel de ces changements devra d’abord être approuvé par Washington avant que les provinces puissent l'appliquer. C’est une atteinte à la souveraineté canadienne. C’est une atteinte à la souveraineté du Québec. Mais c’est l’entente sur le bois d’oeuvre résineux que nous nous apprêtons à signer.
Une des choses que les gens oublient souvent dans tout le battage entourant la façon dont nous devrions nous féliciter de ce que le gouvernement conservateur s’entende si bien avec nos voisins les États-Unis, c’est le fait que le Canada a rejeté du revers de la main une importante victoire que nous avions remportée non pas devant les groupes spéciaux pratiquement inutiles de l’ALENA, mais devant le tribunal du commerce international des États-Unis. Celui-ci a statué que les droits imposés par les États-Unis sur le bois d’oeuvre résineux canadien étaient illégaux.
Autrement dit, nous étions sur le point de gagner notre cause dans les poursuites judiciaires auxquelles nous avons renoncé quand nous avons conclu cet accord sur le bois d’oeuvre résineux. Ce que nous avons fait, ça été de transformer une victoire en défaite. Si seulement nous avions poursuivi dans cette voie. J’ai entendu le ministre et d’autres dire qu’ils ne pouvaient continuer de verser des millions et des millions de dollars à des avocats dans une série de contestations judiciaires sans fin. C’est juste, mais ce n’était pas sans fin. Nous étions sur le point de gagner notre cause. Nous étions à un cheveu d’avoir gain de cause. Nous y étions presque. Nous étions à quelques jours de la victoire quand le gouvernement a annoncé qu’il allait accepter un règlement de loin moins intéressant.
C’est ce qui est incompréhensible dans l’urgence artificielle invoquée par le gouvernement conservateur pour accepter un règlement à rabais. Au moment où nous aurions pu gagner sur toute la ligne, le gouvernement a laissé un milliard de dollars sur la table.
C'est la deuxième fois que le gouvernement conservateur agit ainsi. Retournons en 1986, année où le GATT, prédécesseur de l'Organisation mondiale du commerce, a rendu publique une décision préliminaire concernant la légalité des droits sur le bois d'oeuvre que les États-Unis imposaient au Canada. À l'époque, le gouvernement de Brian Mulroney, qui était déterminé à négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis, a abruptement fait avorter la contestation en s'empressant de s'incliner devant les Américains.
Là encore, nous étions sur le point d'avoir gain de cause après avoir soutenu que les droits imposés par les États-Unis étaient illégaux. La décision, dans ce cas aussi, a été étouffée dans l'oeuf avant de pouvoir entrer en vigueur. Elle n'a jamais été publiée. Il ne faut pas être paranoïaque pour présumer que la décision du GATT était favorable au Canada. Mulroney a bloqué la décision du GATT parce qu'elle aurait fait voler en éclats tout son argument au sujet de la nécessité de conclure un accord de libre-échange bilatéral avec les États-Unis.
Pour bon nombre d'entre nous, il semble que le libre-échange soit comme un virus informatique qui s'infiltre dans les systèmes sociaux, économiques et politiques du Canada, éliminant tout ce qui est unique. Tout ce qui est unique, spécial et avantageux doit être éliminé, semble-t-il. Nous devons harmoniser nos échanges avec les États-Unis, mais nous ne voyons aucun mal à laisser aux Américains les avantages dont ils bénéficient dans les secteurs industriels où ils font les choses mieux que nous.
Or, il semble que nous sommes censés renoncer à tout ce que nous faisons mieux qu'eux. Dans le secteur agricole, les syndicats du blé de l'Ouest ont été les premières victimes. Ils se sont constitués en sociétés. Ils espéraient avoir un meilleur accès au marché américain. Au lieu de cela, ils ont subi des pertes et les jours de la Commission canadienne du blé étaient dès lors comptés. Les Américains ont commencé à avoir la commission dans leur ligne de tir avant même que l'encre n'ait séché sur le premier accord de libre-échange qu'ils ont signé en 1989.
Je réside au Manitoba, et pour ceux d’entre nous qui vivent dans les provinces des Prairies, je peux dire que depuis, la Commission du blé a fait l’objet de 11 attaques commerciales de la part des États-Unis. Ces derniers se sont plaints, comme pour le bois d’œuvre, de « subventions injustes ». Non seulement ils veulent éliminer un concurrent de taille sur le marché mondial du blé pour leurs multinationales de l’agriculture, mais ils veulent que leurs entreprises agroalimentaires bénéficient de l’avantage de prix du blé canadien de qualité supérieure. Telle est la tendance que l’on constate. Tel est le scénario inquiétant qui commence à caractériser les relations commerciales telles que les envisage le nouveau gouvernement conservateur.
C’est comme si le nouveau gouvernement conservateur était prêt à débarrasser les Américains de ces deux irritants commerciaux. Par exemple, il a entamé un processus en vue d’abolir le monopole de la Commission du blé. Je n’entrerai pas vraiment dans les détails si ce n’est pour dire qu’il s’est passé des choses très inquiétantes ces derniers jours. Mussolini serait fier du , car il a muselé le conseil d’administration de la Commission canadienne du blé.
Les administrateurs ne sont pas autorisés à défendre leurs intérêts. Ils ne sont pas autorisés à faire valoir le point de vue des agriculteurs et à expliquer, avec preuves à l’appui, pourquoi la Commission canadienne du blé sert vraiment les intérêts des agriculteurs. Le gouvernement a pris des mesures draconiennes pour empêcher les administrateurs de la Commission du blé de se faire entendre, en allant jusqu’à annuler une réunion du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire qui devait avoir lieu aujourd’hui afin qu’ils ne puissent pas faire valoir leurs arguments. J’ajouterais seulement qu’il y a un parallèle évident à faire entre ces deux irritants commerciaux qui existent depuis longtemps entre nos deux pays.
Le mieux que je puisse faire est sans doute de citer John Morriss, le rédacteur en chef et éditeur du Farmers' Independent Weekly, qui a dit qu’une agence de commercialisation mixte n’est qu’une « chimère », que cela ne peut pas fonctionner. Il demande aux agriculteurs de se souvenir de l’Agence centrale de commercialisation, à participation volontaire, que les syndicats avaient mis sur pied dans les années 20, et de la Commission canadienne du blé, à participation volontaire, qui a été établie en 1935. Ces deux commissions du blé à participation volontaire ont fait des faillites spectaculaires. Ce sont probablement les deux plus grosses faillites commerciales de l’histoire du Canada. La Commission canadienne du blé à participation volontaire a perdu 62 millions de dollars en 1938-1939, ce qui était une somme énorme à l’époque, et représente la plus grosse faillite de l’histoire du pays.
L’explication de cet échec est bien simple, même pour un profane comme moi. S’il n’est pas possible d’avoir un double marché pour le blé canadien, c’est simplement parce que si le marché libre offre plus que le paiement initial, la Commission recevra moins de blé et vice versa…