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Bonjour. La séance est ouverte.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons poursuivre notre étude de la contribution fédérale pour diminuer la pauvreté au Canada.
Est-ce que nos témoins au Royaume-Uni peuvent nous entendre?
Une voix: Oui, je peux vous entendre de Londres.
Une voix: Je vous entends depuis Bristol.
Le vice-président (M. Michael Savage): Merci. Excellent. Nous sommes très heureux que vous preniez le temps de nous parler aujourd'hui.
Comme vous le savez, nous sommes le Comité permanent des ressources humaines et du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes du Parlement du Canada, et nous sommes en train d'étudier la contribution fédérale pour diminuer la pauvreté au Canada.
La semaine dernière, nous avons parlé à certains de vos collègues en Irlande au sujet du travail qu'ils font dans cette région, et nous sommes enchantés que vous soyez ici avec nous aujourd'hui.
Nous allons demander à chacun d'entre vous de nous faire un exposé d'environ 10 minutes et ensuite, nous vous poserons des questions. La façon dont les choses fonctionnent ici, c'est que nous avons les quatre partis politiques du Canada — les conservateurs qui sont au pouvoir, et dans l'opposition, les libéraux, le Bloc québécois et le NPD — qui se relaieront pour vous poser des questions après que vous aurez donné vos exposés.
Je tiens à vous remercier tous les deux; nous avons reçu une copie de certains des points saillants de vos exposés. Le Canada est fier d'être un pays bilingue et nous ne pouvons pas distribuer ces documents à nos membres avant qu'ils aient été traduits. Je vais vous demander, si c'est possible, de parler lentement, parce que vos propos seront interprétés dans les deux langues officielles.
Sur ce, je tiens à vous remercier encore une fois d'être là.
Peut-être pourrions-nous débuter par le professeur David Gordon, directeur, Townsend Centre for International Poverty Research, School of Policy Studies, Université de Bristol.
Monsieur Gordon, vous avez 10 minutes, s'il vous plaît.
J'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de parler au Parlement du Canada et à ce comité très important qui entreprend cette étude importante.
J'avais espéré pouvoir vous présenter des diapositives, mais malheureusement, le système Powerpoint est en panne en ce moment. Vous avez une copie des diapositives en anglais et je suis désolé de ne pas avoir eu le temps de les faire traduire en français.
Lorsqu'on parle de la stratégie du Royaume-Uni, il est important de comprendre que beaucoup de détails sont dévolus aux quatre pays qui composent le Royaume-Uni: l'Angleterre, le pays de Galles, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Peter et moi siégeons actuellement au sein du comité consultatif de l'Assemblée nationale de Galles; la stratégie est conçue pour aider à réaliser l'élimination de la pauvreté chez les enfants avant 2020. Toutefois, il s'agit d'une politique du gouvernement du Royaume-Uni, qui a été entérinée par les quatre pays constituant le Royaume-Uni, pour essayer d'éliminer la pauvreté chez les enfants avant 2020.
Le principal moyen que le gouvernement du Royaume-Uni a mis en oeuvre pour y parvenir a été une politique de plein-emploi par le biais de mesures d'intervention active appliquées au marché du travail, en essayant de faire participer à la main-d'oeuvre des gens qui en étaient exclus auparavant. Ces mesures sont accompagnées d'une politique visant à faire en sorte que le travail soit payant par le biais d'une série de mécanismes, comme le salaire minimum, les crédits d'impôt, une forme d'impôt sur le revenu négatif, des crédits pour frais de garde et de la formation et de l'instruction pour les personnes qui en ont besoin pour avoir accès à un travail rémunéré.
Ces politiques sont appliquées avec beaucoup de vigueur depuis environ 2000. Vers 2005-2006, elles ont réussi à réduire la pauvreté chez les enfants, telle qu'on la mesure par le faible revenu, d'environ le quart, ce qui est un résultat remarquable, étant donné les taux élevés d'enfants vivant dans la pauvreté que nous avions en 1999.
Vous verrez dans une des diapositives que je vous ai remises que dans les années 80 et au début des années 90, la pauvreté chez les enfants, mesurée par le faible revenu, a triplé. Depuis environ 2000, elle a reculé d'environ le quart. Cependant, récemment, au cours de la dernière année, ces politiques ont perdu leur élan. En fait, la pauvreté chez les enfants a augmenté dans une certaine mesure au cours de la dernière année et peut-être également, au cours de l'année précédente.
Il est peu probable, à la lumière de la recherche universitaire à notre disposition dans ce domaine, que l'application de mesures visant le plein-emploi suffira à elle seule pour éliminer la pauvreté chez les enfants pour toujours. Il y aura toujours des personnes qui auront besoin de recevoir des prestations d'aide sociale parce qu'elles ne peuvent pas travailler étant donné qu'elles ont l'obligation de prendre soin d'enfants et d'adultes.
Pour que le gouvernement puisse réaliser son objectif, il devra en faire plus qu'il en fait à l'heure actuelle pour accroître le niveau de revenu des familles qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas travailler. Les modèles de simulation qui ont été appliqués par certains de mes collègues de l'Université de Cambridge et de la London School of Economics and Political Science ont démontré que les politiques de plein-emploi et les mesures d'intervention active appliquées au marché du travail à elles seules parviendraient, au mieux, à réduire la pauvreté chez les enfants de moitié. Pour s'occuper de l'autre moitié, il faudra faire quelque chose au sujet des prestations d'aide sociale.
Le gouvernement du Royaume-Uni a tenu des consultations très vastes il y a quelques années sur la façon de mesurer la pauvreté chez les enfants. Une grande partie du débat et une grande part de l'atteinte des cibles dépendent, de manière cruciale, de la façon de mesurer ces choses. Après ces consultations poussées, une approche à trois volets a été adoptée. Il y a maintenant trois mesures officielles de la pauvreté chez les enfants. Le gouvernement prétend qu'il saura s'il réalise ses objectifs si toutes ces mesures évoluent dans la même direction. Elles doivent diminuer toutes les trois, et non pas seulement une ou deux.
La première mesure est une mesure du revenu relatif de l'UE, c'est-à-dire les enfants et les familles ayant un revenu correspondant à 60 p. 100 du revenu médian des ménages dans l'ensemble des 27 pays membres de l'Union européenne.
La seconde mesure est une mesure fixe qui part du niveau de revenu qui aurait été nécessaire au milieu des années 90 et que l'on ajuste uniquement en fonction de l'inflation, plutôt qu'en fonction des changements de revenu survenus dans la société dans son ensemble.
La troisième mesure est tirée de travaux de recherche universitaire réalisés par mes collègues Peter Townsend, Joanna Mack, Stewart Lansley et d'autres, et est très semblable, au niveau du concept, à la mesure utilisée en Irlande — la pauvreté persistante. C'est une combinaison entre un faible revenu et les privations multiples. Alors, vous mesurez à la fois les ressources dont disposent les gens et les familles, et les résultats de ces faibles ressources en termes de privation matérielle.
Toutes ces mesures doivent décliner pour que les politiques du gouvernement soient efficaces, et il y a des cibles pour la première et la troisième mesures.
Il y a également des mesures de pauvreté à l'échelle de l'Union européenne. La première est celle dont j'ai parlé, 60 p. 100 du revenu médian, et la seconde est le nombre d'enfants dans les ménages où personne ne travaille — les ménages sans travail.
Il est important de comprendre que c'est là uniquement la vue d'ensemble de la façon dont c'est mesuré, en termes de revenu-pauvreté et de faibles ressources. Mais le gouvernement du Royaume-Uni possède d'autres politiques qui, d'après ce qu'on m'a dit, vous intéressent, pour éliminer la pauvreté énergétique. Ces dernières font appel à des définitions légèrement différentes et, malheureusement, les mesures de la pauvreté-revenu utilisées pour les cibles liées à l'élimination de la pauvreté chez les enfants et les mesures utilisées en matière de pauvreté énergétique ne sont pas alignées à l'heure actuelle. Fondamentalement, l'idée derrière la pauvreté énergétique, c'est que les ménages ne devraient pas avoir à consacrer une part disproportionnée de leur revenu pour chauffer adéquatement leur logement.
C'est important dans un pays comme le Royaume-Uni, et également, je suppose, dans un pays comme le Canada où le fait de chauffer vos maisons, surtout en hiver, peut avoir des conséquences à long terme et à court terme sur la santé si cela n'est pas fait de manière appropriée. Et c'est particulièrement important à l'heure actuelle où les prix de l'énergie augmentent rapidement.
La principale politique du gouvernement pour éliminer la pauvreté énergétique, qui est une obligation inscrite dans la loi — et qu'il ne parviendra fort probablement pas à remplir à cause des augmentations récentes du prix du pétrole — a été de déréglementer le marché dans l'espoir de réduire le coût de l'électricité et du gaz. Cela a été efficace dans le passé, mais ce n'est pas efficace à l'heure actuelle. Mais il s'agissait également d'identifier un groupe de population vulnérable — les personnes âgées recevant des prestations d'aide sociale — et d'offrir gratuitement à ces personnes des solutions pour améliorer l'efficacité énergétique de leur foyer, par exemple, l'isolation des greniers, de nouvelles chaudières et l'amélioration des systèmes de chauffage central.
Le gouvernement a également accordé, chaque hiver, une somme d'argent accrue sous forme de versement unique aux retraités pour les aider à payer leurs dépenses énergétiques pendant l'hiver. C'est l'équivalent d'environ £ 200 U.K., selon divers critères.
Alors voilà quels sont les moyens utilisés par le gouvernement central, mais les détails concernant la façon dont la politique contre la pauvreté et, dans une plus grande mesure, la politique sur l'exclusion sociale et l'inclusion sociale, sont mises en oeuvre, en ce qui concerne la prestation de services et la santé, l'éducation et le logement, dépendent, de manière très importante, du pays dans lesquels vous vivez au sein du Royaume-Uni. Ainsi, comme c'est le cas au Canada avec le système fédéral et provincial, nous avons au Royaume-Uni un système de gouvernement et ensuite, beaucoup de responsabilités sont dévolues aux pays individuels qui constituent le Royaume-Uni
Les détails sur la façon dont cela a été fait varient d'un pays à l'autre, et je serai heureux de répondre à vos questions sur les détails particuliers. Mais il s'agissait simplement de vous donner une sorte d'aperçu.
Merci beaucoup.
Je vais simplement dire un mot au sujet du New Policy Institute puisque nous ne faisons pas partie du milieu universitaire. Nous sommes un centre d'études et de recherches indépendant qui existe depuis plus de 10 ans maintenant. Au cours de cette période de temps, nous avons beaucoup travaillé, mais pas exclusivement, sur la pauvreté et l'exclusion sociale, habituellement, grâce au financement de la Joseph Rowntree Foundation.
Dans le premier cas, notre rôle ici a été de suivre les progrès en utilisant presque exclusivement les données officielles et je pense que cela signifie que nous avons probablement fait deux choses utiles. Une chose à laquelle nous avons légèrement contribué, c'est de faire en sorte que le discours public reste honnête, et l'autre chose que nous avons été en mesure de faire grâce à cela, c'est de façonner la manière dont certaines questions sont vues, parfois avant qu'elles s'inscrivent dans le courant dominant.
Je tiens à dire en particulier, parce que je pense que c'est crucial — j'imagine que c'est crucial pour vous aussi — que bien que la plupart des gens qui travaillent ne vivent pas dans la pauvreté, au Royaume-Uni, au moins la moitié des gens qui vivent dans la pauvreté appartiennent à des ménages qui travaillent. Alors, la solution simpliste voulant que le travail soit la solution pour se sortir de la pauvreté ne correspond pas à la réalité.
Laissez-moi diviser ma contribution en deux parties. Premièrement, en examinant une partie de l'histoire, je ne suis absolument pas en désaccord avec quoi que ce soit que le professeur Gordon a dit, mais je pourrais peut-être nuancer les choses légèrement. Je veux ensuite faire une ou deux observations sur ma perception de la situation actuelle de la politique de lutte contre la pauvreté du Royaume-Uni qui, je l'espère, vous seront également utiles.
Comme l'a dit David, le premier acte vraiment important de ce mouvement pour éliminer la pauvreté s'est joué vers 1999. Il y avait une concentration explicite sur les enfants et une concentration implicite sur les retraités. Puisque les enfants vivent avec des adultes, les adultes qui vivent avec des enfants étaient également, dans un certain sens, à la fois l'objet de la politique et les bénéficiaires de cette dernière. Le grand groupe qui a été laissé de côté et qui est encore laissé de côté, c'est le groupe des adultes en âge de travailler sans enfant à charge, et nous dirions que c'est important.
Comme David vous l'a dit, vraiment, au cours des cinq ou six premières années de la politique du gouvernement, la pauvreté chez les enfants mesurée en fonction de l'indicateur du faible revenu a diminué de manière constante, peut-être pas aussi rapidement que nous l'aurions espéré, mais il est certain qu'elle diminuait. Je pense qu'à cette étape, la cible était exprimée en termes du désir d'extirper un million d'enfants de la pauvreté avant 2004-2005, ce qui représentait environ le quart des enfants qui vivaient dans la pauvreté.
La meilleure année, qui était 2004-2005, je pense que quelque chose comme 800 000 enfants ont été sortis de la pauvreté, passant au-dessus du seuil de pauvreté-revenu. C'était inférieur à la cible visée, mais c'était néanmoins une réussite considérable. Nous avons maintenant deux années de données de plus et je pense que ces données montrent une histoire très différente. Il n'est pas toujours clair si ces choses sont statistiquement significatives, mais le chiffre qui fait la une, c'est que depuis ce temps, le nombre d'enfants vivant dans la pauvreté a de nouveau augmenté, d'environ 300 000. Cela signifie que, comparativement à l'objectif d'il y a deux ans qui était de réduire d'un million le nombre d'enfants vivant dans la pauvreté, nous l'avons, en fait, réduit de seulement 500 000. Nous ne sommes qu'à mi-chemin d'une cible que nous devions atteindre il y a deux ou trois ans.
La façon dont nous avons résumé cela, et je pense qu'il est très important de tenir compte des deux parties, c'est que c'était une politique qui clairement fonctionnait. Les mesures qui ont été appliquées n'ont, à aucun point de vue, été un échec. Mais c'est une politique qui, ayant fonctionné, est maintenant arrivée au point mort. Peut-être s'est-elle épuisée. Il semble certainement qu'elle a très peu d'élan. Pourquoi cela est-il arrivé et quelles sont les conséquences pour le Royaume-Uni?
David a également très clairement expliqué que cette politique, évidemment, dépend fortement de la croissance de l'emploi, en particulier chez les parents seuls, où il y a des taux très élevés de chômage au Royaume-Uni, et cela a été jugé comme une préoccupation importante.
Au cours des premières années du gouvernement travailliste, après 1997, le taux d'emploi augmentait. Il a augmenté d'environ 1 p. 100 en trois ans, ce qui est assez considérable, je pense. Depuis, il a eu beaucoup de difficulté à augmenter d'à peine un peu plus. Je pense que cela constitue une partie du problème qu'il y a d'avoir une stratégie qui mise autant sur le travail.
Il n'en demeure pas moins que je pense que ce que vous pouvez voir ici — une politique d'emploi, des suppléments de revenu pour les gens par le biais de crédits d'impôt —, c'est une politique dans laquelle les moyens étaient bien adaptés à la cible visée. Je pense toutefois que le problème de cette politique, certainement en ce qui concerne les crédits d'impôt et l'utilisation du système des impôts et de prestations, c'est qu'elle ne s'adressait pas aux causes profondes, si vous voulez, de la pauvreté, qu'il s'agisse du marché du travail, qu'il s'agisse des niveaux de capital humain, les compétences, et le reste, ou qu'il s'agisse de la discrimination.
Et elle a singulièrement omis de reconnaître, et encore moins de réduire, ce problème de la pauvreté chez les travailleurs. Comme je l'ai dit, à l'heure actuelle, la moitié des enfants qui vivent dans la pauvreté appartiennent à des ménages qui travaillent. Presque toutes les familles qui travaillent payent des impôts. Il y a toutes sortes de domaines qui n'ont peut-être pas été traités qui l'auraient peut-être été si la pauvreté chez les travailleurs avait été reconnue comme un problème en soi.
Alors, où en somme-nous? Je pense que la conclusion que nous tirons, c'est que la façon dont le gouvernement travailliste de M. Blair a entrepris sa politique contre la pauvreté à la fin des années 90 était sans doute la seule façon de commencer, à savoir de se concentrer sur les enfants et d'utiliser des mesures très directes pour essayer d'accroître les revenus. Cela a fonctionné. Cela a continué de fonctionner pendant quelques années, mais cette mesure a semblé s'essouffler. Par conséquent, je pense que nous sommes arrivés au point où vous ne pouvez pas supposer que ces mesures directes, ces transferts de revenu direct de l'État aux particuliers et aux familles, peuvent se poursuivre indéfiniment, à moins que vous vous attaquiez à des problèmes plus vastes. Elles ont toujours fait partie de la politique de lutte contre la pauvreté ici, mais je ne pense pas qu'elles ont formé une partie cohérente de cette politique. Je ne pense pas qu'elles ont été intégrées de manière appropriée dans cette politique.
Notre défi maintenant est de nous demander combien exactement de ces autres mesures sont destinées à influer sur la pauvreté ou sont censées influer sur cette dernière. Je pense qu'à partir de maintenant, les choses seront beaucoup plus difficiles. Il sera beaucoup plus difficile de voir l'évolution sur une base annuelle. Il reste néanmoins qu'il est presque certain que vous devez, en bout de ligne, procéder à des changements assez profonds dans la société si vous voulez éliminer la pauvreté. Vous ne pouvez pas l'éradiquer. Peut-être que vous ne pouvez même pas la réduire de manière substantielle pendant que, dans un certain sens, le reste de la société continue de faire comme elle a toujours fait.
Je pense qu'il y a de très grands défis à l'horizon. Je pense que la distinction fondamentale qu'il y a maintenant avec d'autres politiques, c'est si vous allez avoir des politiques qui ciblent les ménages à faible revenu ou d'autres groupes défavorisés — on vous en a suggéré un certain nombre — ou si vous allez essayer de faire des choses qui, peut-être, transformeront la société dans son ensemble. J'ai remarqué dans votre liste la suggestion que quelqu'un vous a faite d'avoir un système de garde d'enfant universel. Je pense que cette mesure fait partie de cette catégorie, et je pense qu'il pourrait y avoir une discussion intéressante à ce sujet si c'est quelque chose qui vous intéresse.
Merci.
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Merci beaucoup, messieurs Gordon et Kenway, d'être avec nous ce matin alors que nous poursuivons notre travail qui consiste à trouver des réponses sur notre rôle au gouvernement, dans la société, lorsqu'il s'agit de lutter contre la pauvreté dans nos pays.
Vous avez parlé de modifier la société dans son ensemble. Un des objectifs de mon point de vue, c'est de partir de zéro pour s'assurer que nos enfants sont prêts dès le début, de sorte qu'ils soient exposés à des choses qui stimulent leur jeune esprit et qui s'intègrent directement dans notre système d'éducation. Nous continuons d'essayer de nous occuper de ce dont nous devons nous occuper aujourd'hui, c'est-à-dire des pauvres qui travaillent et de ceux qui, pour de nombreuses raisons, n'arriveront jamais à atteindre les chiffres nécessaires, comme vous l'avez dit plus tôt.
Alors, étant donné que nous avons deux approches, une qui part de zéro et l'autre qui essaie de régler la situation des gens qui nous intéressent tous aujourd'hui, nous devrions au moins avoir une vision à long terme de notre point d'arrivée et de notre point de départ. Si nous avions commencé en 1999, en nous assurant que nous investissions tous dans les bonnes choses à ce moment-là, peut-être n'aurions-nous pas les chiffres que nous avons aujourd'hui.
Mais si nous regardons les moyens précis que le gouvernement utilise pour essayer d'éliminer la pauvreté maintenant, nous parlons de garde d'enfants, d'augmentation du salaire minimum et de revenu garanti. Ce sont toutes des idées. Qu'est-ce que le gouvernement aurait dû faire de différent et qu'est-ce qu'il devrait faire de différent maintenant?
Vous avez posé certaines questions clés ici. Le fait que le gouvernement du Royaume-Uni s'est concentré sur la pauvreté chez les enfants était dû en partie à un changement d'idéologie au sein du Parti travailliste qui est passé d'un accent socialiste sur l'égalité des résultats fondée sur le besoin à un accent portant davantage sur l'égalité des chances.
Si c'est l'égalité des chances qui vous intéresse, vous devez investir fortement dans les enfants dès l'âge zéro de manière à égaliser les règles du jeu et à augmenter les chances de mobilité sociale. Le gouvernement a investi beaucoup d'argent et continue d'investir beaucoup d'argent dans les enfants en très bas âge. Il a créé des places de garderie gratuites pour les enfants âgés de quatre ans à l'école. Il a introduit des crédits de garde pour les enfants âgés de trois ans pendant deux jours et demi par semaine et il a créé toute une variété de nouvelles prestations pour essayer d'augmenter le revenu des familles ayant de très jeunes enfants.
Cela a été fondé également sur de bons travaux de recherche scientifique. Les familles qui vivaient dans la pauvreté la plus profonde étaient celles qui avaient les enfants les plus jeunes. Cela contredisait les données statistiques de l'époque qui montraient que c'était les enfants plus âgés, mais c'était un artefact de ces statistiques. Alors, le gouvernement a répondu à l'idée que vous devez commencer à zéro, et peut-être que ces politiques vont fonctionner dans 10 à 20 ans, mais il s'agit de politiques à long terme.
Il y a également un besoin impérieux de travailler sur les problèmes d'aujourd'hui et le gouvernement, comme je l'ai dit, a essayé de faire cela par le biais de mesures d'intervention active appliquées au marché du travail. Il a eu besoin, véritablement, d'essayer également d'augmenter les prestations qui sont accessibles aux familles ayant des enfants. La Grande-Bretagne est à mi-chemin dans la ligue européenne pour ce qui est de la générosité du système d'impôt et de prestations pour les familles ayant des enfants. Elle ne fait pas autant de redistribution à travers les âges des individus que, disons, le système français ou le système suédois, où de l'argent est prélevé chez les gens d'âge moyen pour leur être distribué lorsqu'ils sont enfants ou lorsqu'ils sont retraités, sous formes de prestations familiales ou de prestations de retraite. En Suède, 80 p. 100 de la redistribution se fait de cette manière, et non pas des riches vers les pauvres. C'est une façon très efficace d'éliminer la pauvreté chez les enfants.
Le système en vigueur au Royaume-Uni et en Irlande est davantage fondé sur un examen des moyens d'existence, où l'argent est ciblé pour aider les pauvres, les retraités et les enfants. Cela signifie qu'il dépense moins, qu'il est capable de moins dépenser parce qu'il y a un ciblage plus précis. Mais si vous voulez éliminer la pauvreté chez les enfants pour toujours, il y a une limite à l'efficacité des mesures axées sur l'examen des moyens d'existence.
Le vice-président (M. Michael Savage): Monsieur Kenway.
Il se pourrait très bien que dans 20 ans, nous regardions en arrière et que nous jugions que la plus grande contribution de notre gouvernement à la lutte contre la pauvreté chez les enfants a été les mesures qu'il a prises, et auxquelles David vient juste de faire allusion, pour aider les enfants à partir de zéro, comme vous dites. Je pense que notre programme assure qu'il y a du personnel dans les centres pour enfants pour l'éducation des enfants de trois et quatre ans. Il se pourrait très bien que lorsque vous adoptez le point de vue à long terme, ces petits suppléments de revenu semblent avoir été le deuxième ordre d'importance.
Cependant, laissez-moi attirer votre attention sur une autre faille dans le travail que le gouvernement du Royaume-Uni a fait ou n'a pas fait. Il s'est occupé, et avec raison, des enfants à partir de zéro, mais le groupe qui a été ignoré en pratique et où il n'y a aucun signe de progrès, c'est le groupe formé des jeunes en fin d'adolescence et des jeunes adultes. Pour vous donner un exemple précis, nous avons regardé en particulier les mesures concernant les jeunes gens âgés de 19 ans qui n'ont pas ce que nous appelons la compétence de niveau deux. Dans un sens, le but du niveau précis n'a pas d'importance; le point clé que ces statistiques font ressortir, c'est qu'environ le quart des jeunes âgés de 19 ans n'arrivent pas à répondre au niveau minimum. C'était le cas il y a une décennie et c'est encore le cas maintenant.
Le nombre de jeunes qui n'ont pas de travail, le nombre de jeunes adultes qui vivent dans la pauvreté constitue une tache réelle, si vous voulez, et une faille dans ce qui a été fait.
Le point dans le cas de ces gens, c'est que lorsque nous nous sommes engagés à faire quelque chose à propos de la pauvreté chez les enfants, ces jeunes gens étaient des enfants. Je ne pense pas que cela soit simplement de la rhétorique vide. Si nous disons que nous allons avoir une stratégie pour lutter contre la pauvreté chez les enfants, il est très important que nous ayons une stratégie qui se préoccupe des intérêts de tous les enfants, et non pas seulement de ceux d'âge zéro, même s'ils sont très importants, mais des intérêts de tous les enfants jusqu'en haut de l'échelle.
Je pense qu'une des raisons pour lesquelles nous pourrions devoir attendre très longtemps pour voir des effets de deuxième vague, si vous voulez, de la stratégie du gouvernement, c'est précisément parce qu'elle n'a pas réussi, et n'a peut-être même pas vraiment essayé, de s'occuper des enfants plus âgés, qui deviennent alors les plus jeunes travailleurs. Alors, ce cycle de privation risque fort de se répéter, du moins pour la prochaine génération, même si les mesures qui s'adressent aux très jeunes enfants parvenaient à faire quelque chose pour les générations qui suivront.
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Merci, monsieur le président.
Je veux aussi remercier M. Gordon et M. Kenway d'être venus, ce matin, partager avec nous leur expérience et leur expertise. Je trouve très intéressante et instructive votre expérience, en regard de l'angle sous lequel vous avez entrepris de combattre la pauvreté, c'est-à-dire dire l'angle de l'emploi d'abord: créer de l'emploi et faire en sorte que les gens qui sont aptes au travail puissent retourner au travail.
Ma question comporte deux volets. D'abord, je voudrais savoir ce qui a motivé cet optimisme à l'effet de vous donner des objectifs d'enrayer la pauvreté d'ici 2020. Je comprends qu'au cours des cinq premières années, les résultats obtenus sont assez extraordinaires. Mais, comme vous le dites vous-mêmes, à un certain moment, vous avez atteint un plafond, et pour certains groupes, entre autres les familles monoparentales et les personnes âgées, la courbe s'est inversée. Donc, c'est ma première question.
Deuxièmement, M. Gordon nous dit que votre expérience est en train de vous révéler qu'il y a peut-être 50 p. 100 des pauvres qui vont le demeurer si on ne change pas totalement notre approche, car 50 p. 100 de ces pauvres travaillent. C'est ce que je comprends en filigrane.
Je voudrais savoir quelles sont les mesures que vous avez entreprises pour faire en sorte de soutenir les pauvres qui travaillent. Y a-t-il des mesures gouvernementales pour faire en sorte que les entreprises donnent de meilleures conditions de travail et, pour celles qui ne peuvent pas donner de meilleures conditions de travail, faire en sorte qu'on puisse les soutenir? De quelle façon les choses se placent-elles par rapport à cela?
Je comprends aussi — vous me le direz si je me trompe — que toute la gestion du travail relève des parlements. Les trois autres parlements, ceux de l'Écosse, du pays de Galles et de l'Irlande du Nord, s'impliquent-ils au même titre que le gouvernement du Royaume-Uni comme tel?
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Merci beaucoup de ces questions intelligentes.
Premièrement, je veux parler des jeunes en fin d'adolescence. Le gouvernement en a fait beaucoup moins pour ce groupe et pour les adultes en âge de travailler qu'il en a fait pour les jeunes enfants et les personnes âgées. Dans une certaine mesure, la mentalité derrière le droit du pauvre l'emporte encore en ce sens qu'il est plus facile du point de vue politique de considérer les jeunes et les vieux comme étant méritants et, peut-être, les jeunes en fin d'adolescence et les jeunes gens comme non méritants et, par conséquent, le gouvernement est beaucoup plus prudent lorsqu'il s'agit d'investir plus d'argent dans ce groupe.
Toutefois, il a fait un certain investissement en améliorant la formation, en particulier pour le groupe qu'il appelle « NETE » — qui signifie, pour les Britanniques, not in education training or employment —, ceux qui ne sont pas en formation ni au travail. Il y a une politique du salaire minimum qui est très importante pour ce groupe, mais malheureusement, le salaire minimum qui s'applique pour les moins de 25 ans est inférieur à celui qui s'applique pour les plus de 25 ans, alors, encore une fois, il y a une limite à l'efficacité de cette politique.
Une idée qu'il envisage, c'est d'augmenter l'âge de scolarité obligatoire pour le faire passer de 16 à 18 ans, pour qu'il n'y ait pas de jeunes âgés de 16 ou 17 ans qui ne fréquentent pas l'école et qui n'ont pas d'emploi et qui ne sont même pas en formation. Voilà le genre de politiques que le gouvernement poursuit, mais il y a une gamme étendue de politiques dans lesquelles il tend à ne faire qu'un investissement limité comparativement à ce qu'il fait dans les cas des politiques qui s'appliquent aux enfants plus jeunes.
Une des raisons pour lesquelles le gouvernement est confiant de pouvoir éliminer la pauvreté chez les enfants, c'est que si vous regardez ce qu'il en coûte pour éliminer la pauvreté chez les enfants en termes de quantité de revenu qui doit être transférée des gens qui ne vivent pas sous le seuil de la pauvreté à ceux qui vivent sous le seuil de la pauvreté, cela représente un peu moins de 1 p. 100 du produit intérieur brut.
Le Royaume-Uni possédant une économie très grande, cela signifie alors que des transferts de revenu relativement faibles par rapport à la taille de l'économie permettraient effectivement d'éliminer la pauvreté chez les enfants, si vous adoptez des politiques qui permettent ces transferts de revenu. Ce n'est pas une somme négligeable, 1 p. 100 du PIB, mais néanmoins, c'est quelque chose de faisable. Cela ne signifie pas que la société dans son ensemble, telle que nous la connaissons, doive être restructurée.
Les politiques du gouvernement pour les pauvres qui travaillent, comme Peter l'a si bien dit, n'ont pas été aussi efficaces que le gouvernement l'avait espéré. Encore une fois, le salaire minimum est lié aux crédits d'impôt qui viennent appuyer les gens qui ont un faible revenu. Il y a eu des problèmes avec l'intégration des systèmes d'avantages fiscaux. Les responsables de l'impôt sont habitués de prélever de l'argent; ils ne sont pas très efficaces, surtout au début, quand il s'agit de rendre de l'argent aux gens, alors il y a eu beaucoup de confusion dans le cas de ces politiques. Elles fonctionnent un peu mieux maintenant, mais il faut en faire davantage.
Les politiques que le gouvernement a entreprises ont été efficaces, mais elles n'ont pas été suffisamment efficaces, particulièrement dans le cas du pauvre qui travaille. Il y a eu d'autres tendances dans la société, comme une réduction du salaire familial. Dans les années 50, une personne travaillait, habituellement l'homme, et cette personne pouvait subvenir aux besoins de sa famille. Maintenant, vous avez un profond clivage entre les ménages riches qui travaillent et les ménages pauvres qui travaillent, où vous avez des familles où deux personnes travaillent, et cela a tendance à protéger de la pauvreté de manière presque universelle. Mais si seulement une personne travaille, surtout dans un emploi à bas salaire, alors, cette famille glisse sous le seuil de la pauvreté. Ce n'est peut-être pas bien loin sous le seuil, mais il reste que même avec les avantages accessibles, ces familles ont tendance à glisser sous le seuil de la pauvreté.
Il y a des politiques en place qui, si on y investissait davantage et si elles étaient administrées plus efficacement, pourraient régler le problème du pauvre qui travaille et quand même soulager le fardeau des personnes qui ont tellement de soins à prodiguer et de responsabilités qu'il n'est pas vraiment possible pour les deux parents de travailler. Du point de vue de certains autres objectifs de politique, et certainement du point de vue de ces familles, il ne serait peut-être même pas souhaitable que les deux adultes travaillent. Le gouvernement n'a pas encore vraiment essayé de régler ce problème.
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La définition de pauvreté énergétique est assez peu controversée, du fait que les familles ne devraient pas avoir à consacrer une part disproportionnée de leurs ressources pour chauffer adéquatement leur logement. La partie controversée, c'est la façon de la mesurer. Cela a été fait à partir de travaux réalisés il y a très longtemps, dans les années 1970, par une universitaire du nom de Brenda Boardman. Elle a pu déterminer que les familles qui dépensaient plus de 10 p. 100 de leur revenu en énergie avaient également tendance à être pauvres. C'est cela qui est utilisé comme définition depuis ce temps, bien qu'elle ait été retravaillée lorsque de meilleures données ont été disponibles.
Cependant, la mesure n'est pas fondée sur la somme réelle que les gens dépensent. Elle est fondée sur la somme que ces personnes devraient dépenser pour chauffer adéquatement leur logement, compte tenu de l'efficacité énergétique de leur logement et du coût moyen de l'énergie dans la région du pays où elles vivent. Alors, c'est un calcul assez complexe. Il y a un débat considérable sur la question de savoir si cela fonctionne bien et dans quelle mesure.
Elle recoupe, dans une mesure raisonnable, les personnes âgées pauvres en termes de revenu, mais elle présente un biais rural beaucoup plus important. Alors, dans les régions urbaines comme Londres, où le coût de l'habitation est élevé, les gens ont souvent un revenu élevé pour payer leur logement. Mais parce que cela n'est pas pris en considération dans la définition, ils n'apparaissent pas comme des personnes pauvres du point de vue énergétique, tandis que nous savons à partir de mesures scientifiques sociales objectives que ces personnes ont souvent de la difficulté à chauffer leur logement. Alors, mon point de vue personnel, c'est que l'idée de la pauvreté énergétique est très importante, particulièrement dans un pays froid.
La façon actuelle de mesurer la pauvreté énergétique au Royaume-Uni a entraîné des difficultés à la fois pour ce qui est de cibler les personnes ayant le plus grand besoin et pour ce qui est de l'atteinte de ces objectifs par le gouvernement. La politique adoptée par le gouvernement qui est d'identifier les populations vulnérables et d'améliorer l'efficacité énergétique de leur logement est bonne également pour la réduction des émissions de dioxyde de carbone provenant des habitations. Mais la somme d'argent investie pour faire face à la pauvreté énergétique est terriblement insuffisante. Non seulement le gouvernement ne parviendra-t-il pas à l'éliminer, mais il est probable qu'elle augmentera d'ici 2010.
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Merci, monsieur le président. Sachez que vous faites un excellent président suppléant.
J'aimerais poser une question à chacun de nos témoins. Notre discussion est vraiment passionnante aujourd'hui. Je poserai mes questions, puis vous donnerai l'occasion d'y répondre.
Monsieur Gordon, vous avez parlé du soutien destiné aux aînés. L'argent est versé aux bénéficiaires, particulièrement à ceux qui vivent dans de vieux logements, qui ne l'utilisent pas nécessairement pour rénover et isoler les lieux ou pour réduire les dépenses de chauffage. Tout ce que nous faisons, c'est tourner en rond et jeter l'argent par les fenêtres. Que pensez-vous de cette situation?
Est-ce que le Royaume-Uni peut faire mieux? Je crois que nous nous en sortons très bien au Canada, en mettant en oeuvre des initiatives afin d'encourager les aînés à contribuer à la réfection des toitures, des fenêtres et des chaudières. Avez-vous entendu parler de mesures visant à favoriser la réduction des coûts de chauffage?
Je laisse M. Gordon penser à sa réponse.
Monsieur Kenway, vous vous inquiétez de l'imposition d'un prix sur le carbone et des difficultés que cela pourrait entraîner si l'on ne prend pas de mesures connexes pour atténuer l'augmentation de ce prix. J'aimerais que vous précisiez votre pensée.
Je demanderais à M. Gordon de répondre en premier, puis ce sera au tour de à M. Kenway. Merci.
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Je ferai quelques commentaires, puis laisserai la parole à David.
La première chose que j'aimerais souligner, c'est que l'augmentation du nombre de familles monoparentales, qui s'est accru environ du quart, s'inscrit dans une tendance à très long terme. Il est tentant de croire qu'elle s'est accélérée sous le nouveau gouvernement travailliste, qui a instauré un système de crédits d'impôts très favorable, d'une certaine manière, aux parents seuls. Mais en fait, l'époque de la révolution et des grands bouleversements a été, à bien des égards en Grande-Bretagne, la fin des années 1980, sous le gouvernement de Mme Thatcher, après la récession du début de la décennie. C'est pendant cette période de grande croissance, à la fin des années 1980, que bien des choses ont changé, et je crois que c'est à partir de là que le nombre de familles monoparentales s'est accru de façon substantielle.
Devrait-on modifier les systèmes pour offrir un meilleur soutien aux couples? C'est une question très raisonnable. Sachez que la plupart des travailleurs pauvres viennent d'une famille nucléaire, alors que la pauvreté chez les sans-emploi s'observe surtout chez les parents seuls. Je crois qu'il faut se demander jusqu'à quel point intervenir socialement à cet égard. Nous devons peut-être aussi nous demander comment nous reconnaissons et récompensons ceux qui se chargent de donner des soins. Comme David l'a déjà fait remarquer, la prestation de soins non rémunérée est bien peu reconnue dans notre société, notamment du point de vue financier.
Peut-être que le problème que vous avez soulevé appelle une réponse détournée plutôt que directe. Mais c'est certainement une question légitime.
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Oui, nous avons une loi sur l'équité salariale, mais la disparité salariale persiste néanmoins. Je crois que l'écart de salaire entre les hommes et les femmes est de 17 ou 18 p. 100; David pourra peut-être me corriger.
Cependant, même si l'écart salarial entre les hommes et les femmes et la loi sur l'équité salariale restent des questions extrêmement importantes, je crois que ce qui devrait nous préoccuper vraiment au chapitre de la pauvreté, c'est le salaire des travailleurs à temps partiel, qui sont en majorité des femmes. Je ferais cependant remarquer que le salaire des hommes qui travaillent à temps partiel n'est guère plus reluisant. Nous croyons que les préjugés sont tenaces à l'égard de ce type d'emplois. Je ne sais pas si cela passe bien en français, mais en anglais, on voit presque toujours le mot « seulement » en avant de temps partiel — c'est « seulement » du temps partiel.
Selon moi, nous aiderions énormément les femmes à faible revenu si nous réglions le problème du bas salaire des travailleurs à temps partiel. Sachez que ces salaires ne sont régis qu'en partie par les forces du marché, car bon nombre d'emplois à temps partiel se trouvent dans le secteur public. En Grande-Bretagne, par exemple, de nombreux travailleurs à temps partiel sont employés au sein de la fonction publique; on pourrait donc intervenir.
Ce problème ne découle pas seulement de la mondialisation ou de la concurrence internationale. Le travail à temps partiel est, à mon avis, le principal élément qui touche tant les hommes que les femmes du point de vue du salaire. Il y a, bien sûr, d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte.
L'analphabétisme est un problème de taille — je ne parle pas de l'incapacité totale de lire, mais de l'analphabétisme fonctionnel. Le taux d'analphabétisation est très élevé au Royaume-Uni, même s'il est difficile d'obtenir des statistiques comparatives à ce sujet.
Le gouvernement a établi des partenariats à l'échelle nationale et locale, ainsi qu'avec le secteur bénévole; il collabore toutefois beaucoup moins avec le milieu des affaires. On a déjà offert davantage de stages et de formation en milieu de travail, mais la politique du Royaume-Uni dans ce domaine est loin de faire figure d'exemple. En fait, un des problèmes qui se pose au chapitre de la pauvreté, ordinaire ou énergétique, c'est que le gouvernement ne s'est pas réellement associé au secteur des affaires. Par exemple, même si l'on offre des tarifs préférentiels aux personnes vivant dans la pauvreté énergétique, ces dernières paient souvent leur énergie plus cher que celles qui ont les moyens de faire effectuer des prélèvements automatiques.
Ainsi, si l'on parle en chiffres absolus, les personnes défavorisées paient souvent plus cher que les riches pour les mêmes biens et services, et ce, dans bien des domaines. Et souvent, il est très désavantageux pour ces personnes d'essayer de s'alphabétiser, car elles perdent des revenus pour aller suivre une formation.
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Pourrais-je revenir sur un commentaire de M. Gordon? Lorsque vous m'avez répondu, vous avez soulevé la question des abus. Mais je ne parlais pas d'abus dans la situation à laquelle je faisais référence, mais plutôt de la mauvaise utilisation des politiques et des programmes gouvernementaux. En effet, je crois que les gouvernements font l'erreur de consacrer nos ressources limitées à des programmes de soutien du revenu à long terme pour des personnes à qui il vaudrait mieux offrir de la formation ou des débouchés.
Dans certain cas, on pourrait proposer des services de conseil ou d'orientation, alors que dans d'autres, nous pourrions intervenir plus énergiquement. Mais ce qu'il faut, c'est prendre ces personnes sous notre aile pour qu'elles parviennent à subvenir à leurs besoins à long terme.
Je crois que parfois, nous optons pour la solution de facilité, qui consiste à mettre sur pied un programme de soutien du revenu et à croire que nous avons résolu le problème. Lorsque nous agissons ainsi, nous dilapidons des ressources qui seraient mieux employées à servir des gens qui sont vraiment incapables de gagner leur vie ou qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts, des gens qu'il faut aider financièrement à long terme. Souvent, dans des cas de pauvreté infantile, où les difficultés sont bien réelles, nous pourrions offrir une solution pendant une plus longue période — par exemple, en envoyant des préposés vivre avec des personnes handicapées.
Donc, pour être bien clair, je ne parlais pas des personnes qui abusent du système, mais bien de l'inverse.