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Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de nous avoir invités à participer à votre étude du secteur des services. Pendant les 10 minutes que vous nous avez accordées, Ron Reaman et moi vous donnerons un aperçu du secteur canadien des services alimentaires, notamment de sa taille, de sa portée, de l'emploi et du rendement des dernières années. Nous décrirons aussi brièvement les défis que les exploitants du secteur des services alimentaires doivent relever, les besoins de ce secteur en matière de politique, tout particulièrement au chapitre de la pénurie de main-d'oeuvre, de l'approvisionnement alimentaire et de la TPS.
La première diapositive montre que le secteur canadien des services alimentaires est l'un des plus importants secteurs de l'économie canadienne, avec un chiffre d'affaires de 53 milliards de dollars; il représente près de 4 p. 100 du PIB. Grâce à ses quelque 63 000 établissements à l'échelle du pays, le secteur des services alimentaires contribue à l'économie de pratiquement toutes les collectivités canadiennes.
Ce sont des entrepreneurs indépendants qui sont propriétaires et exploitants de plus des deux tiers des restaurants, cafétérias, cafés, pubs et services de traiteur au Canada. Ils apportent des emplois et des investissements aux collectivités du pays d'un océan à l'autre. D'ailleurs, les restaurants sont souvent la plaque tournante d'une localité. Ils servent de lieux de rassemblement, de club social pour les personnes âgées, de salle de réunion pour les petits entrepreneurs et de lieux de rencontre pour les groupes communautaires. C'est au restaurant que s'adressent la plupart des organismes de charité. Les restaurants recueillent des fonds et font des dons de nourriture; ils commanditent les petites ligues, les camps d'été et les courses de financement des oeuvres de charité. Les exploitants de services alimentaires sont convaincus de l'importance de s'engager dans leur milieu et d'y apporter leur contribution.
La diapositive suivante montre l'incidence économique de l'arrivée d'un restaurant dans une localité, un restaurant familial à service complet. Je vous laisse le soin de prendre connaissance des détails plus tard.
Au chapitre de l'emploi, avec plus d'un million d'employés, les services alimentaires représentent 6,3 p. 100 de la main-d'oeuvre canadienne. Plus de gens travaillent dans le secteur des services alimentaires que dans les secteurs de l'agriculture, des forêts, des pâtes et papiers, des banques et du pétrole et du gaz combinés. De plus, 240 000 Canadiens sont employés indirectement par le secteur des services alimentaires comme fournisseurs, distributeurs et experts-conseils. Le secteur des services alimentaires offre à des centaines de milliers de jeunes leur premier emploi ainsi que toute une gamme de choix de carrière.
La page suivante décrit le rendement du secteur des services alimentaires. Ce secteur a dû relever un nombre sans précédent de défis ces dernières années: le SRAS, l'ESB, la montée en flèche du prix de l'énergie, l'appréciation rapide du dollar canadien et une baisse considérable des voyages au Canada. En conséquence, le chiffre d'affaires réel a augmenté d'à peine 3,6 p. 100 depuis 2001, alors que la croissance réelle du PIB a été de 14,5 p. 100 pendant la même période. Il y a actuellement 1 180 exploitants de moins qu'en 2001. Le nombre de visiteurs de l'étranger au Canada a chuté de 13,3 p. 100 depuis l'an 2000 et les dépenses des touristes étrangers dans les services alimentaires ont baissé de 5,9 p. 100.
En ce qui concerne la rentabilité, les services alimentaires représentent un secteur compétitif dont la marge de profit est extrêmement mince. Selon les dernières données de Statistique Canada, l'augmentation des coûts des aliments et de la main-d'oeuvre a baissé la marge bénéficiaire avant impôt pour l'exploitant moyen à seulement 3,8 p. 100 des revenus d'exploitation en 2005. En comparaison, en moyenne, les entreprises au Canada avaient une marge bénéficiaire avant impôt de 8,8 p. 100.
Je passe maintenant aux défis que doit relever le secteur en commençant par la pénurie de main-d'oeuvre.
La pénurie de main-d'oeuvre est le plus grave problème auquel font face les exploitants des services alimentaires. En Alberta, la hausse des salaires n'a pas entraîné une augmentation de la main-d'oeuvre. On y manque encore de personnel. Une pénurie de main-d'oeuvre signifie des occasions perdues.
Au cours des neuf prochaines années, il faudra 181 000 employés de plus dans le secteur des services alimentaires commerciaux du Canada. La demande relative à cette main-d'oeuvre augmentera en moyenne de 1,8 p. 100 par année pendant les neuf prochaines années, mais la population d'âge actif, soit de 15 à 69 ans, n'augmentera que de 0,9 p. 100. Près de 45 p. 100 des employés du secteur alimentaire ont moins de 25 ans, ce qui reflète le grand nombre d'emplois à temps partiel et de niveau d'entrée qu'offre ce secteur.
Pendant les quatre prochaines années, toutefois, le nombre de jeunes au Canada restera essentiellement stable pour ensuite décliner rapidement sur 11 ans. D'ici 2022, il y aura 340 000 jeunes de moins au Canada qu'à l'heure actuelle. Cela représente un défi énorme pour notre secteur.
Comment pourrait-on aider ce secteur? Il est essentiel de moderniser notre système d'immigration, en particulier le régime de points, pour mieux tenir compte de la diversité du marché du travail du Canada.
Il faudrait faire en sorte que les programmes pour travailleurs étrangers temporaires servent de pont permettant à ces travailleurs de passer du statut de résident temporaire à celui de résident permanent. Nous devrions reconnaître l'expérience professionnelle que ces travailleurs étrangers temporaires acquièrent au Canada et leur permettre de demander le statut de résident permanent pendant qu'ils sont ici. Il faut aussi rationaliser davantage ce programme et autoriser les demandes collectives. D'ailleurs, d'importants progrès ont été réalisés à ce chapitre l'année dernière. Nous aimerions également que les permis de travail pour travailleurs étrangers temporaires soient prolongés. Le programme vacances-travail devrait être élargi pour y incorporer un plafond plus élevé et des permis d'une durée plus longue.
Le gouvernement pourrait aussi nous aider en adoptant des politiques qui ont pour effet d'encourager le travail plutôt que de le décourager. Il pourrait notamment réduire le taux marginal d'imposition pour les Canadiens à faible revenu. Nous avons été ravis de constater, à la lecture du budget d'avril, qu'on avait créé une prestation fiscale pour le revenu gagné, et nous aimerions que le gouvernement aille encore plus loin dans cette voie. Nous avons aussi bien accueilli l'augmentation de l'exemption personnelle de base. Nous souhaiterions, toutefois, qu'elle passe à 15 000 $ d'ici cinq ans.
Nous aimerions que les personnes âgées puissent avoir un revenu additionnel sans que soit récupérée une si grande partie de leur supplément de revenu garanti. De même, nous aimerions que la récupération des prestations d'assurance-emploi soit plus progressive.
Je cède maintenant la parole à Ron.
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Je vous parlerai de l'approvisionnement alimentaire et, en particulier, du régime actuel de gestion de l'offre au Canada.
Nous nous considérons comme des partenaires des producteurs canadiens, et il est dans notre intérêt que les secteurs laitiers et de la volaille soient solides. Je souligne qu'outre le million d'employés qui travaillent dans notre secteur, nous sommes responsables de 20 p. 100 de tous les emplois dans le secteur agricole au Canada.
Le secteur des services alimentaires est l'un des principaux clients des secteurs laitiers et de la volaille. À ce titre, nous nous inquiétons de la durabilité et de la viabilité à long terme des secteurs canadiens actuellement assujettis à la gestion de l'offre. Le système fermé de mise en marché des produits laitiers et de la volaille a provoqué une crise de l'offre, a entravé l'innovation et l'élaboration de nouveaux produits, a bloqué des possibilités d'exportation pour tous les producteurs canadiens et a mené à des prix plus élevés de ces denrées à offre réglementée pour les clients et les consommateurs.
Les restaurants canadiens achètent pour plus de 2 milliards de dollars de produits laitiers chaque année, ce qui fait de ces derniers le plus gros client du secteur laitier. Selon une étude menée par la Commission canadienne du lait, le coût de production des produits laitiers n'a augmenté que de 1,5 p. 100 depuis 1994. Le prix de la production d'un hectolitre de lait au pays n'a augmenté que de 1,4 p. 100. Parallèlement, le prix du lait de transformation a connu une hausse stupéfiante de 54,5 p. 100. Comme vous pouvez le voir sur le tableau, si on compare cette augmentation à celle de l'indice des prix à la consommation, qui a été de 30,2 p. 100 pendant la même période de 12 ans, l'écart entre les coûts de production et le prix est ahurissant, le prix ayant augmenté presque deux fois plus que les coûts. Il n'est pas étonnant que l'on assiste à un déclin de la consommation de produits laitiers puisque les produits laitiers sont maintenant si chers que les Canadiens ne peuvent plus se les offrir.
Sur la diapositive suivante, j'ai mis une citation que j'aimerais vous lire. C'est un message qui est apparu sur notre site Web pendant l'une de nos campagnes annuelles sur les produits laitiers:
Je suis propriétaire d'une petite pizzéria indépendante et l'un de mes coûts principaux est celui du fromage. Chaque fois que le prix du fromage augmente, je dois augmenter mes prix, ce qui me rend moins concurrentiel. Pourquoi les fabricants de pizzas surgelées peuvent-ils acheter le fromage à meilleur prix que moi? Il faut rendre le système équitable pour tout le monde.
Ce message vient d'un exploitant de pizzéria de l'Alberta.
J'insiste sur le fait que les restaurants doivent avoir les mêmes chances que les autres pour soutenir la concurrence au pays. Le Programme de permis de classe spéciale de lait a créé des inégalités au sein du système et accorde un traitement préférentiel aux fabricants de pizzas surgelées qui paient leur fromage au prix américain. Les fabricants de pizzas fraîches doivent payer 30 p. 100 de plus pour leur fromage, mais ils sont en concurrence directe avec les fabricants de pizzas surgelées. Je demande donc pour les restaurateurs qu'ils puissent acheter leur fromage au prix du lait de la classe spéciale 5A pour qu'ils puissent concurrencer les fabricants de pizzas surgelées sur le marché.
Que proposons-nous pour remplacer le régime de gestion de l'offre? Il est évident qu'il faut apporter des réformes dans tout le système. Le Canada étant le quatrième exportateur de produits agricoles dans le monde, il doit amorcer la transition vers l'ouverture des marchés. Le régime fermé de mise en marché qui existe à l'heure actuelle au Canada est désuet et coûteux pour les Canadiens. Ce système ancien nous empêche d'innover et de faire la promotion des produits laitiers et de la volaille au Canada.
Je vous signale que certains pays tels que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont déjà transformé leur système de gestion de l'offre qui était semblable au nôtre et qu'il y a donc des exemples de succès à cet égard dont nous pourrions nous inspirer.
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Merci, monsieur le président.
Nous souhaitons aborder trois questions, à savoir l'investissement dans les ressources humaines, l'investissement dans les nouvelles technologies et la suppression des obstacles.
Comme on l'a dit, je suis présidente et PDG du Conseil canadien du commerce de détail. Nous sommes les porte-parole d'une industrie qui influe profondément sur la vie de tous les Canadiens au jour le jour. Il existe plus de 227 000 points de vente au détail dans tout le pays qui emploient plus de 2,1 millions de Canadiens. À la fin de 2006, les détaillants affichaient un chiffre d'affaires de 350 milliards de dollars.
Ces chiffres sont impressionnants soit, mais ils donnent une image trop modeste de l'importance du commerce de détail dans l'économie canadienne. Le rôle du secteur de la vente au détail dans notre économie a changé de façon dramatique ces dernières années. Les détaillants ne sont plus les truchements par lesquels les fabricants et les fournisseurs acheminent leurs produits jusqu'aux consommateurs finals. En raison de leurs connaissances fines des besoins des consommateurs, les détaillants sont devenus les intermédiaires qui achètent pour la population canadienne.
Ce changement de rôle a eu deux grandes conséquences. Les détaillants utilisent le pouvoir que représente la demande des consommateurs pour stimuler d'autres volets de l'économie. Leur compréhension des besoins et des désirs des consommateurs infléchit la production et l'importation de la plupart des produits de consommation et le prix que les consommateurs sont prêts à payer pour ces produits. C'est aussi ce qui détermine les paramètres de coûts que doivent respecter les détaillants et leurs fournisseurs.
Cela se manifeste dans le contexte de l'appréciation du dollar canadien. Si les détaillants canadiens offrent des produits qui ne correspondent pas aux attentes de leurs consommateurs, ce que nous avons tous vu, les Canadiens vont rapidement dépenser leur argent ailleurs.
Les détaillants réagissent depuis quelque temps aux pressions d'un dollar fort en disant à leurs fournisseurs qu'ils doivent justifier leurs politiques de tarification, les prix qu'ils pratiquent au pays, l'écart de prix et, s'ils ne sont pas en mesure de fournir ces explications, nous les sommons de réduire sans tarder l'écart.
Nos membres continueront d'exercer des pressions sur les fournisseurs, mais le fait est que la parité des monnaies ne signifie pas la parité des prix. Un grand nombre de facteurs peuvent expliquer l'écart des prix de vente au détail entre deux pays et bon nombre de ces facteurs font en sorte que les prix sont plus élevés au Canada. Certains de ces facteurs tiennent à des différences structurelles fondamentales entre les deux pays, tandis que d'autres reflètent des différences de politiques ou encore des facteurs liés à la concurrence.
Par exemple, le marché canadien est dix fois plus petit que le marché américain, ce qui a une incidence sur les paramètres d'échelle. Nos coûts de main-d'oeuvre sont plus élevés. Dernièrement, le salaire minimum fédéral aux États-Unis a augmenté, pour atteindre, comme je l'ai dit, 5,15 $ l'heure. Le transport des marchandises coûte plus cher en raison de notre population plus faible et des grandes distances qui séparent les principaux centres urbains. Les exigences d'étiquetage particulières au Canada, à savoir l'étiquetage nutritionnel, bilingue et respectant le système métrique, font augmenter les coûts et empêchent les détaillants d'acheter directement des États-Unis.
Certains de ces coûts sont le prix que nous devons tous payer pour pouvoir profiter des nombreux avantages de la citoyenneté canadienne. Nos membres, comme tous les Canadiens, ont à coeur ces avantages et acceptent de payer ce prix.
Toutefois, certaines améliorations pourraient être apportées pour compenser ou réduire ces coûts et accroître la compétitivité du secteur de la vente au détail. Nous sommes reconnaissants des mesures annoncées par le gouvernement fédéral en ce qui a trait à la réduction du taux d'imposition des sociétés. Ces mesures aideront de façon importante les détaillants à réinvestir dans leur entreprise et dans leur main d'oeuvre. Quelques mesures additionnelles inciteraient de façon ciblée les détaillants à faire certains investissements bien nécessaires.
Le CCCD presse le gouvernement de soutenir les investissements que les détaillants font dans leurs effectifs et dans les technologies et les pratiques commerciales novatrices. Nous comptons aussi sur l'intervention du gouvernement afin de supprimer certains des obstacles qui gênent la circulation efficiente des biens tout au long de la chaîne d'approvisionnement au Canada.
Permettez-moi de dire quelques mots de l'investissement que nous faisons dans nos gens. Le CCCD a appuyé les efforts déployés par le gouvernement fédéral, en partenariat avec les provinces, pour améliorer l'offre de main-d'oeuvre et notamment les changements apportés à la politique en matière d'immigration, les nouvelles règles relatives aux travailleurs temporaires et la nomination récente par le ministre Solberg d'un groupe de travail qui se penchera sur les façons d'inciter les travailleurs à maturité à retarder leur départ à la retraite. En plus de souhaiter l'élargissement du bassin de travailleurs, les détaillants souhaitent retenir en poste les employés qu'ils ont et les aider à améliorer leurs compétences.
L'un des défis les plus ardus que doit relever le secteur de la vente au détail aujourd'hui, c'est le coût de la formation d'une main-d'oeuvre qui change constamment. Le taux de roulement annuel dépasse légèrement les 30 p. 100 dans le secteur de la vente au détail, comparativement à une moyenne pour l'ensemble de la population active d'un peu plus de 20 p. 100. Certains de nos membres font actuellement face à des taux de roulement qui peuvent atteindre les 60 p. 100 dans certaines régions de l'Alberta. La nécessité constante d'assurer de la formation à l'interne est lourde pour les détaillants et se répercute sur la qualité du service que les détaillants peuvent offrir à leurs clients.
Les détaillants font ce qu'ils peuvent pour améliorer leurs taux de maintien en poste, mais c'est un défi constant. Nous sommes heureux de pouvoir dire qu'au cours des dernières années, les détaillants ont réussi à augmenter plus rapidement que la moyenne industrielle les taux de rémunération moyenne. Les taux horaires dans le secteur de la vente au détail sont passés d'un creux de 76 p. 100 par rapport à la moyenne industrielle en 1999 à plus de 88 p. 100 en 2006, année pour laquelle nous possédons les données les plus récentes. Le salaire horaire moyen est passé de 12,18 $ en 1999 à 15,18 $ en 2006.
Nos membres voudraient payer mieux leurs employés, mais la concurrence très vive dans leur secteur d'activité, due à la recherche de valeurs par les consommateurs, fait qu'il leur est difficile de le faire comme nous l'avons constaté ces derniers mois. L'emploi est l'un des rares coûts qu'un détaillant est en mesure de gérer et ce sont donc ces coûts-là qui subissent les tensions les plus fortes quand le souci de compétitivité l'emporte. Les détaillants respectent profondément les consommateurs canadiens, intelligents et bien informés, mais ces derniers font qu'il est aussi extrêmement difficile pour un détaillant de payer des salaires supérieurs à la norme concurrentielle.
Si nous voulons accroître la productivité et les taux de maintien en poste et améliorer les salaires, il nous faut investir davantage dans nos gens. Un grand nombre de Canadiens font leurs débuts sur le marché du travail dans le secteur de la vente au détail de sorte que les détaillants ont l'habitude d'offrir une formation à la fois formelle et informelle. Cette formation est parfois propre à l'emploi ou à l'employeur, mais les détaillants permettent aussi à leurs employés d'acquérir de nombreuses compétences qui les serviront chez d'autres employeurs. À l'heure actuelle, le gouvernement permet aux entreprises qui investissent dans le perfectionnement des ressources humaines de déduire de leurs revenus les dépenses consacrées à la formation dispensée par un tiers ou à la formation payée par l'entreprise. Or, les détaillants font aussi énormément de formation à l'interne.
Le CCCD recommande que le gouvernement accorde un allégement fiscal au titre de ces dépenses comme c'est le cas pour les frais de formation dispensés à l'externe. Le CCCD sait qu'il n'est pas facile de définir les dépenses de formation à l'interne qui seraient admissibles. Cependant, le Québec rend admissible certaines formations à l'interne aux fins de son programme de crédit d'impôt pour la formation, ce qui démontre qu'il est possible de cerner et de soutenir certaines formes précises de formation à l'interne. Le CCCD recommande que le gouvernement fédéral envisage d'accorder un allégement fiscal pour ce genre de coûts de formation.
En ce qui concerne l'investissement dans les technologies, les technologies de l'information et de la communication permettent de grandes améliorations dans la productivité du secteur de la vente au détail et entraînent des changements spectaculaires dans les pratiques commerciales. Étant donné l'étroitesse de leur marché, les détaillants du Canada ont du mal à suivre les changements rapides qui surviennent au niveau international. Manifestement, notre secteur aurait bien besoin d'aide.
Le prochain grand changement de fond dans le secteur de la vente au détail résultera de la mise en oeuvre des technologies d'identification par radio-fréquence dans la chaîne d'approvisionnement. Cette technologie nous permettra d'abaisser nos coûts et d'améliorer la qualité du service offert aux clients. Toutefois, pour l'heure, l'utilisation de l'identification par radio-fréquence dans le secteur de la vente au détail au Canada, et dans le secteur manufacturier, reste peu utilisée en raison surtout des coûts de mise en oeuvre. Dans le but de stimuler l'investissement dans ces technologies, le CCCD a recommandé des taux d'amortissement accélérés pour les principaux investissements. Les mesures que nous suggérons sont semblables à celles mises en place lors de l'instauration de la TPS et nous savons donc qu'elles sont réalistes et efficaces.
Concernant la suppression des obstacles — je suis consciente du temps qui file, mais j'aimerais que vous me permettiez de parler des droits puisqu'il semblerait que le public, les membres de ce comité et les parlementaires aient mal compris la façon dont les détaillants établissent le prix de leurs marchandises. Nous savons que bon nombre de prix ont été réduits, parfois en sacrifiant la marge bénéficiaire, mais il faut aussi comprendre que le comité, et le gouvernement, ont aussi un rôle à jouer, et cela concerne plus particulièrement le droit à l'importation.
Les droits constituent l'exemple parfait d'obstacle au commerce et de l'impossibilité dans laquelle nous nous trouvons de lutter à armes égales avec nos concurrents américains. L'une des raisons qui expliquent que beaucoup de biens de consommation coûtent plus cher au Canada qu'aux États-Unis tient manifestement aux droits plus élevés perçus sur les importations. Nous savons que certains droits existent pour protéger les emplois et les manufacturiers canadiens, mais d'autres n'ont pas leur raison d'être. Par exemple, le Canada ne fabrique pas de quantités substantielles de patins à roues alignées, mais les droits sur ces produits sont de 18 p. 100 comparativement à 0 % aux États-Unis, de sorte qu'un détaillant qui importe ces produits au Québec, en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique, peu importe, doit acquitter des droits de 18 p. 100 comparativement à son concurrent américain. C'est là un écart de coûts qu'aucun détaillant ne peut surmonter; aucun détaillant ne peut absorber dans sa marge bénéficiaire de tels droits.
J'aimerais ajouter que les règles du Canada sur le mouvement des conteneurs maritimes internationaux, et plus particulièrement le Règlement sur le cabotage, doivent être réexaminés. En guise de conclusion, permettez-moi de dire que le Règlement sur le cabotage actuellement en vigueur ne correspond pas aux besoins d'une chaîne d'approvisionnement moderne.
Permettez-moi d'expliquer. Quand nous parlons de conteneurs maritimes, nous parlons de ces caisses de 40 pieds de longueur que nous voyons sur les bateaux, les trains, les camions et dans la cour d'un grand nombre d'entreprises dans tout le pays. Les règles relatives au cabotage au Canada ne permettent pas que ces caisses, pour ainsi dire, restent au pays pendant plus de 30 jours. Elles doivent entrer par un port et repartir par le même port. Les États-Unis permettent que ces conteneurs entrent dans ses ports et restent dans le pays pendant plus de 300 jours, qu'ils quittent le pays par un port différent de sorte que toutes les entreprises qui utilisent ces conteneurs sont en mesure d'économiser des sommes importantes.
J'aimerais bien pouvoir présenter ma conclusion et je suis désolée de ne pas pouvoir le faire, mais j'espère avoir l'occasion d'y revenir en répondant à une question.
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Merci, monsieur le président.
Étant donné que j'ai six minutes, je vais poser deux questions, l'une à M. Reaman et l'autre à Mme Brisebois.
Ma première question est pour vous, monsieur Reaman, et j'ai environ trois minutes. J'aimerais que nous parlions de vos commentaires au sujet de la gestion de l'offre.
À titre d'ancien agriculteur, de membre des comités du commerce et de l'agriculture qui a eu l'occasion d'aller à Genève, j'aimerais dire que j'entends souvent d'autres pays dire que nous faisons l'envie du monde grâce à notre système agroalimentaire — et la gestion de l'offre est un élément important de ce système.
Il permet diverses choses. Il assure la stabilité grâce à un approvisionnement constant en aliments. Un grand nombre de nos agriculteurs doivent respecter des normes beaucoup plus rigoureuses que celles en vigueur dans d'autres pays, qu'il s'agisse du programme HACCP ou d'autre chose. Par exemple, un grand nombre de nos producteurs laitiers ne peuvent pas utiliser d'hormones de croissance qui sont pourtant utilisées aux États-Unis. Dans ce pays, si vous possédez une vache, vous pouvez utiliser des hormones de croissance grâce auxquelles elle produira davantage de lait meilleur marché, mais cela épuise la vache. Il y a tous ces facteurs différents qu'il faut prendre en compte, ce que fait notre système de gestion de l'offre, et nos agriculteurs offrent un produit de qualité.
Il y a aussi d'autres facteurs, bien entendu. Nos agriculteurs vivent dans un climat nordique où les coûts de production sont plus élevés. Nous pouvons engraisser nos vaches à l'herbe pendant quatre ou cinq mois seulement. La Nouvelle-Zélande qui n'a pas des coûts aussi élevés peut vendre du fromage bon marché. Ce qui inquiète, c'est la possibilité que l'on permette l'importation de tous ces fromages bon marché, ce qui porterait un coup terrible à nos producteurs laitiers dont une part de la production est destinée à des usages industriels, notamment à la fabrication de fromages, et s'ils n'ont pas ce débouché, cela aura sur eux un effet dévastateur. Voilà l'effort que je voulais faire pour présenter le point de vue des agriculteurs.
En outre, des études ont révélé que quand vous allez à Washington ou à Detroit, vous trouvez effectivement du lait et des fromages bien meilleur marché. Dans bien des cas, il s'agit de produits d'appel, mais si vous comparez un panier de produits laitiers et de volaille à Boston et à Montréal, vous constaterez que l'écart n'est que d'environ 10 p. 100.
Voilà donc mon observation, mais j'en viens à ma question. Les organismes du secteur de l'alimentation et de la restauration ne devraient-ils pas craindre les conséquences quand ils préconisent l'élimination du système de gestion de l'offre? Ne se préoccupent-ils pas des conséquences pour notre économie rurale et pour nos agriculteurs, et encore pour la chaîne d'approvisionnement alimentaire — puisque des études récentes révèlent que la principale préoccupation des consommateurs n'est pas le prix. Ils veulent acheter des produits locaux; ils veulent des aliments salubres; ils veulent avoir l'impression de soutenir les agriculteurs locaux. Je me suis rendu récemment à Québec et j'ai été ravi de constater que nous pouvons consommer un grand nombre de produits de chez nous.
Je m'inquiète un peu de voir le secteur de l'alimentation et de la restauration préconiser une telle chose. Ne s'inquiètent-ils pas de savoir que ce qu'ils préconisent pourrait avoir un effet dévastateur pour l'économie rurale et les agriculteurs?
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Merci de votre question.
J'aimerais dire que nous appuyons absolument le secteur laitier et celui de la volaille, et d'ailleurs tous les autres groupes de producteurs agricoles du Canada dont nous estimons être le partenaire. Nous sommes, par définition, soit le premier soit le deuxième consommateur en importance de ces produits, après le secteur de la vente au détail de produits d'épicerie, et nous sommes le premier ou le deuxième circuit de vente de ces produits au Canada. Nous dépendons des produits locaux frais et cela ne changera pas quoi qu'il arrive au système de gestion de l'offre.
J'ajouterais, sans vouloir manquer de respect, que j'essaie d'être un peu provocateur en ce sens que j'aimerais amorcer le débat sur cette question. J'ai constaté, depuis que je m'intéresse à ce long débat, qu'on a tendance à donner une image monolithique de l'agriculteur au Canada alors qu'il existe de grandes différences selon le secteur de production agricole.
S'il est vrai que le système de gestion de l'offre comporte certains avantages, je le concède, nous souhaitons et nous préconisons une réforme. Je ne voudrais pas jeter le bon grain avec l'ivraie, mais nous aurions des leçons à tirer de la façon dont d'autres pays gèrent leurs diverses productions agricoles. Je crois qu'il y a énormément de place à l'amélioration. En définitive, nous produisons des aliments et c'est ce que nous vendons. C'est notre spécialité et il est impératif que nous vendions des produits qui ont été produits de façon efficiente, qui sont techniquement évolués et dont le prix est compétitif.
Le message que je suis venu livrer à ce comité qui est, je crois, responsable de l'industrie, de la science et de la technologie, c'est que dans un marché de plus en plus mondialisé, nous devons analyser l'exemple de ceux qui font les choses un peu mieux et nous inspirer de leurs méthodes pour réformer les nôtres. Je crois qu'il y a au Canada beaucoup de place à l'amélioration.
:
Je ne pense pas qu'il y ait un pourcentage exact qui pourrait... Dans notre secteur, il y a probablement un pourcentage, mais même là, ça dépendrait probablement de la catégorie de produits.
Je m'explique. Les tarifs, surtout les taxes d'importation, il faut essayer de les éliminer, surtout si ces taxes ne protègent pas des industries qui doivent l'être au Canada. En comparaison, on peut dire que...
[Traduction]
Les règles du jeu ne sont pas équitables.
[Français]
Notre secteur convient tout à fait qu'il y a une prime à payer, et on est bien fiers de la payer. Cependant, en ce qui concerne les taxes d'importation, that makes no sense.
Une chose est intéressante en ce qui concerne les prix. Il faut comprendre que — les consommateurs ne comprenaient pas cela — la plupart des détaillants au Canada, même les plus importants, achètent par l'entremise de distributeurs au Canada. C'est-à-dire que si vous voulez acheter des espadrilles Nike, que vous soyez le plus important détaillant au Canada — on n'en nomme aucun —, vous passez par l'entremise de Nike Canada, non pas par Nike US. C'est la même chose pour tous nos détaillants.
À titre de détaillants, nous voudrions pouvoir éliminer les taxes d'importation et négocier avec les manufacturiers situés surtout aux États-Unis et avec leurs distributeurs au Canada pour nous assurer que, advenant une hausse du huard, nous pourrons jouir des épargnes pour les refiler finalement aux consommateurs. En réalité, on n'a pas vu cela.
D'après une étude préliminaire, le pourcentage lié au coût de la vie au Canada comparé à celui des États-Unis est d'environ 15 p. 100, en présumant que l'on élimine les taxes d'importation non nécessaires.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je tiens à remercier les témoins de ce joindre à nous aujourd'hui.
Je vous suis reconnaissant du temps que vous avez pris pour nous éclairer sur certaines des questions de politique auxquelles font face les secteurs de votre industrie. En fait, notre examen du secteur des services vise à nous aider, nous les parlementaires, à mieux comprendre les complexités de l'industrie des services, comment ce secteur consolide l'économie du Canada et comment il offre des débouchés aux Canadiens. Donc, j'aimerais poser des questions plutôt en ce sens.
En fait, j'ai de nombreuses questions à poser, et j'espère qu'il y aura suffisamment de temps.
Dans vos exposés, vous avez toutes les deux mentionné la mesure dans laquelle vos industries, dans le cadre de vos ventes, achètent en fait des biens et services marchands autres que des produits à vendre. Vous participez en fait au système d'information. Autrement dit, on peut qualifier de retombées les avantages indirects dont profitent les collectivités dans lesquelles travaillent vos membres.
Joyce, je crois que vous avez mentionné, par exemple, qu'un nouveau restaurant qui s'établit dans une économie locale produit des retombées d'environ 5,2 millions de dollars. J'ignore quel était le montant brut pour ce restaurant en particulier.
J'aimerais vous demander à toutes les deux de commenter deux aspects. Tout d'abord, dans quelle mesure cet effet multiplicateur se produit-il dans vos collectivités? Combien d'autres entreprises employez-vous et soutenez-vous?
Ma deuxième question concerne la formation. Quel est le montant réel que vous consacrez à la formation pour améliorer entre autres le salaire moyen et dans quelle mesure vous a-t-on demandé, en tant qu'industrie, de donner suite à ces questions pour favoriser de meilleurs emplois, mieux payés pour vos travailleurs?
Ce sont donc mes questions. Vous pouvez prendre une minute ou deux chacune, s'il y a suffisamment de temps. Je demanderai à Joyce de répondre en premier, ou ce sera selon ce que vous déciderez de faire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je trouve ce débat bien agréable. Je ne suis pas habituellement membre de ce comité, mais je trouve qu'il s'agit là d'un débat très intéressant.
Je remarque qu'il y a une augmentation des revenus hebdomadaires moyens des employés dans l'industrie de la restauration. Naturellement, je suis un député de l'Ouest — ma circonscription se trouve sur l'île de Vancouver — et certains des problèmes que connaissent à l'heure actuelle les détaillants et le secteur de la restauration en Alberta sont certainement en train de frapper durement la Colombie-Britannique, particulièrement sur l'île de Vancouver qui est connue pour compter de nombreux retraités. À cet égard, nous constatons qu'il y a beaucoup de personnes âgées qui travaillent effectivement dans l'industrie de la vente au détail et dans le secteur de la restauration, allant ainsi chercher un supplément à leur revenu de retraite, et cela se produit de plus en plus là où il y a pénurie de main-d'oeuvre.
Quoi qu'il en soit, je suis heureux de constater qu'en moyenne au Canada, les salaires ont augmenté de 9,4 p. 100 au cours de la dernière année. Compte tenu de la concurrence qui existe dans l'industrie, cela est assez remarquable. En Colombie-Britannique, les salaires ont augmenté de 9,3 p. 100, de sorte que cela est très positif. Nous savons que les Canadiens aiment manger, qu'ils sont très sociables et qu'ils aiment magasiner.
Je me pose cependant des questions au sujet de cette réussite. Je sais que cela est certainement un défi lorsqu'on donne de la formation à des employés pour les voir ensuite partir pour se trouver un autre emploi, particulièrement en Alberta — et c'est ce qui se produit. C'est frustrant pour bon nombre de nos fournisseurs de services. Les employés viennent tout juste de finir leur formation qu'ils partent ailleurs. C'est certainement un problème.
Je suppose que c'est une question de fluctuation du marché. À un moment donné, le problème finira par se régler. En Colombie-Britannique, je dirais que le fait que des retraités reviennent sur le marché du travail allège certainement le problème.
Je voulais cependant vous poser la question suivante. Comment le problème va-t-il se régler? Constatez-vous ces tendances partout au pays? Il y a davantage de gens qui arrivent dans l'industrie de cette façon. Quelles solutions envisagez-vous dans ce secteur?
Vous pourriez peut-être faire des observations également sur le fait qu'il y a davantage de Canadiens qui voyagent au pays. C'est ce que nous constatons certainement sur l'île de Vancouver. Il y a peut-être moins d'Américains, mais il y a davantage de Canadiens qui voyagent au Canada et qui dépensent au Canada.
Membres du comité, je voudrais prendre quelques minutes pour poser quelques dernières questions et peut-être dégager certaines recommandations spécifiques. Je suis heureux que M. Simard l'ai mentionné, c'était là l'une des questions que je voulais poser.
Nous avons recommandé un crédit d'impôt dans le rapport sur le secteur manufacturier — des crédits d'impôt pour les fabricants, naturellement. Nous pourrions envisager un crédit d'impôt dans d'autres secteurs, mais la réponse qu'on nous donne, c'est qu'il est difficile, en fait, de mesurer cela, particulièrement lorsque les gens passent d'une entreprise à l'autre ou d'une industrie à l'autre. Il est difficile d'évaluer combien une entreprise investit effectivement dans la formation, pour ce qui est de l'évaluer du point de vue du gouvernement, et comment créditer cela. Je ne vous demande pas une réponse maintenant, mais toute information que vous pourriez nous fournir à ce sujet serait très utile.
En tant que Canadien de l'Ouest, en tant qu'Albertain, je vous suis reconnaissant d'avoir souligné le problème de la pénurie de main-d'oeuvre. C'est quelque chose que nous tentons de dire à nos collègues députés. Vous pouvez entrer dans un restaurant qui est rempli au dixième de sa capacité et le gérant vient vous dire: « Je suis désolé, nous ne pouvons pas vous servir. Nous n'avons pas assez d'employés aujourd'hui. Vous devrez aller ailleurs. » Cela se produit tous les jours à Edmonton. C'est un message que nous tentons de faire passer à nos collègues.
Dans la même veine, alors, je voulais m'assurer que nous ayons des recommandations spécifiques.
Madame Reynolds, dans votre exposé vous parlez de revoir le système de points en vigueur pour la citoyenneté et l'immigration afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail, les critères de CIC. Vous parlez ensuite du Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires et de programmes de transition, de sorte que si quelqu'un vient ici dans le cadre d'un programme de deux ans et travaille pendant deux ans et que son employeur dit qu'il est un bon travailleur, il puisse rester au Canada et demander la résidence permanente à partir du Canada pendant qu'il termine le programme. Est-ce ce que vous recommandez?
Par ailleurs, en ce qui a trait au Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires, il s'agit là du plus gros problème dont me parlent les entreprises dans l'Ouest. Le nombre de demandes a monté en flèche. Avez-vous des recommandations spécifiques quant à la façon dont nous pourrions simplifier... Des avis concernant l'impact sur le marché du travail, peut-être?