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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole pour la deuxième lecture du projet de loi , qui propose la mise en oeuvre d'un cinquième protocole visant la convention fiscale que nous avons signée récemment avec les États-Unis. C'était un grand jour pour le Canada lorsque notre et son collègue des États-Unis se sont rencontrés et ont signé cette convention, sur laquelle nous travaillions depuis fort longtemps.
Lors de la signature de cette convention en septembre dernier, nous arrivions au terme de pratiquement une décennie de négociations. Ce faisant, nous avons renforci les liens de coopération économique entre nos deux pays. Notre démarche a abouti à la modernisation d'un instrument bien établi qui permet d'améliorer le sort de personnes, de familles et d'entreprises de part et d'autre de la frontière, y compris les fabricants.
Le protocole, qui constitue la cinquième mise à jour de la convention fiscale entre le Canada et les États-Unis, favorisera le commerce et l'investissement entre nos deux pays. Voilà un résultat très important car, comme nous le savons, les États-Unis sont notre plus important partenaire commercial au sud du 49e parallèle et toute mesure qui peut aplanir les difficultés dans nos échanges est très avantageuse.
L'économie mondiale d'aujourd'hui est très concurrentielle et nous devons être à l'affût de nouvelles possibilités de croissance, d'expansion et de compétitivité. Il est donc essentiel pour nous d'améliorer les rapports que nous entretenons avec nos voisins du Sud.
Le Canada est un pays commerçant. Les États-Unis sont, de loin, notre plus grand partenaire commercial. Grâce à l'ALENA, nous avons uni nos efforts pour créer un marché ouvert et concurrentiel, qui est le plus vaste de la planète.
Le gouvernement actuel reconnaît l'importance de nos rapports commerciaux et économiques avec les États-Unis. Ainsi, après presque dix ans de négociations, nous avons signé un accord qui nous procurera de très grands avantages à partir de maintenant et pour de nombreuses années à venir.
Le projet de loi à l'étude aujourd'hui représente la dernière étape au Canada du processus de mise en oeuvre de cet accord, qui doit également être ratifié par les États-Unis avant d'entrer en vigueur.
Le protocole rendra nos régimes fiscaux plus efficaces grâce à des mesures comme l'élimination de la retenue d'impôt sur les paiements transfrontaliers d'intérêts; le fait d'étendre les avantages de la convention aux sociétés à responsabilité limitée; le fait de permettre aux contribuables d'exiger que les questions de double imposition impossibles à régler autrement soient tranchées dans le cadre d'un processus d'arbitrage; le fait d'éviter la double imposition des gains des émigrants du Canada; le fait d'accorder la reconnaissance fiscale mutuelle aux cotisants à un régime de pension et le fait de clarifier le mode d'imposition des options d'achats d'actions.
Je vais parler de façon plus détaillée de ces propositions, mais, tout d'abord, permettez-moi de faire valoir brièvement la nécessité absolue des conventions fiscales.
Les conventions fiscales comme celle dont nous débattons aujourd'hui sont essentielles pour assurer la compétitivité du Canada. Elles ont notamment comme fonction importante de prévenir la double imposition. Lorsqu'un résidant d'un pays gagne un revenu dans un autre pays, il est susceptible de devoir payer deux fois de l'impôt, puisque son pays de résidence et le pays où il gagne le revenu peuvent tous les deux légitimement prélever un impôt sur ce revenu.
Il est certain que personne ne souhaite payer de l'impôt deux fois sur un même revenu. C'est injuste et illogique. Donc, pour prévenir la double imposition, les pays signent des conventions fiscales bilatérales. Dans ces conventions, on indique lequel des deux pays pourra prélever de l'impôt sur le revenu dans diverses situations. Ce sont des conventions qui ont force de loi une fois ratifiées, c'est-à-dire une fois que le Parlement les a adoptées sous forme de loi et que l'autre pays a fait la même chose.
Les conventions fiscales facilitent en outre l'application du droit fiscal en permettant des échanges d'information entre les deux autorités fiscales. L'un des avantages des conventions fiscales comme celle dont il est question réside dans les mécanismes de règlement des différends entre les pays concernés lorsque vient le temps de déterminer dans quelle catégorie entre un revenu donné ou à quel endroit il a été gagné.
Compte tenu de la mondialisation de l'économie et de la mobilité accrue de la population, les conventions fiscales sont de plus en plus importantes pour le Canada.
Les entreprises qui ont des activités ou des investissements à l'étranger ou peut-être celles qui cherchent à attirer des investissements étrangers peuvent bénéficier des conventions fiscales. Ce peut être aussi le cas des particuliers souhaitant travailler temporairement dans un autre pays ou y acquérir une propriété. Une convention fiscale permet à tous ces gens de savoir exactement à qui ils devront payer de l'impôt.
Le réseau de conventions fiscales du Canada le lie à plus de 85 pays, y compris ses partenaires de l'ALENA, presque tous les pays de l'Union européenne et de l'OCDE, de nombreux pays du Commonwealth et de la Francophonie de même que des pays à forte croissance économique, comme le Brésil, la Russie et la Chine.
Cependant, la convention fiscale entre le Canada et les États-Unis est unique, compte tenu de l'étroite relation entre ces deux pays. Bien que cette convention repose sur un modèle de l'OCDE comme les autres conventions signées par le Canada, elle a toujours contenu des particularités découlant de la nature des relations entre le Canada et les États-Unis.
À mesure qu'évoluent le commerce et les investissements transfrontaliers, la convention fiscale nécessite des adaptations. Le Canada et les États-Unis ont une longue tradition d'accords fiscaux remontant à 1928. Cependant, la convention fiscale actuelle a été signée en 1980, puis mise à jour quatre fois, en 1983, 1984, 1995 et 1997.
Les quatre séries de modifications apportées au traité, ce qu'il est convenu d'appeler nos protocoles, couvraient un large éventail d'éléments. Toutefois, les protocoles ont deux choses en commun. Tout d'abord, ils faisaient en sorte que le traité reflétait les derniers changements apportés aux politiques fiscales des deux pays et ils traduisaient les besoins changeants des personnes et des entreprises canadiennes et américaines. C'est pourquoi il est si important qu'un gouvernement soit informé de ces besoins changeants et ouvert aux changements. Par conséquent, un accord de principe est intervenu sur un cinquième protocole en vue de la mise à jour du traité fiscal.
Je répète que l'entente qui a été signée en septembre dernier par le et par le secrétaire américain au Trésor, M. Paulson, entrera en vigueur lorsque le gouvernement du Canada et celui des États-Unis l'auront promulguée.
Le projet de loi stimulera les échanges entre les deux pays et encouragera les investissements. Il donne d'importants avantages aux Canadiens et aux entreprises canadiennes.
Dans le projet de loi , il est proposé d'éliminer, dans le pays source, les retenues d’impôt sur les paiements transfrontaliers d’intérêts. Gardant cet objectif à l'esprit, je tiens à préciser que, au départ, le gouvernement avait prévu attendre la ratification du protocole avant de mettre cette mesure en oeuvre. Cependant, cela aurait laissé les emprunteurs canadiens dans l'incertitude parce que la date de ratification n'était pas connue.
Afin d'offrir de la certitude, le gouvernement a décidé qu'il n'attendrait pas la ratification du protocole et préciserait à quelle date la mesure s'appliquerait. En supposant que les parlementaires acceptent, cette date sera le 1er janvier 2008. Cela signifie qu'après 2007, toute personne au Canada qui paie des intérêts à un non-résident indépendant n'aura pas à retenir d'impôt peu importe quel pays est en cause.
Par exemple, à compter de l'an prochain, un résident du Canada qui emprunte de l'argent à un prêteur des États-Unis n'aura pas à retenir et à payer d'impôt canadien sur ses paiements d'intérêts. Cela réduira le coût des emprunts et rendra les investissements transfrontaliers plus efficaces.
Il est également proposé dans le projet de loi d'offrir une protection contre la double imposition, par exemple, lorsque des gens cessent d'être résidents d'un pays pour devenir résidents de l'autre pays.
De plus, le projet de loi permet aux résidents du Canada ou des États--Unis susceptibles d'être soumis à la double imposition de demander aux organismes responsables de l'impôt dans les deux pays de régler la question par voie d'arbitrage si le problème ne peut pas être réglé par la négociation. Cette proposition est importante parce qu'elle donne aux contribuables l'assurance que le traité fiscal permettra de régler les problèmes de double imposition.
Le projet de loi contient d'autres propositions qui amélioreront l'efficacité du système fiscal des deux pays. Prenons par exemple la proposition visant à étendre les avantages de la convention aux sociétés dites à responsabilité limitée en éliminant un obstacle éventuel aux investissements transfrontalières. Une fois adopté, ce projet de loi accordera la reconnaissance mutuelle aux cotisations aux régimes de retraite
En d'autres mots, à certaines conditions, les frontaliers, comme les travailleurs de l'industrie automobile de Windsor et de Détroit, pourraient déduire, aux fins d'établissement de l'impôt dans leur pays de résidence, les contributions versées à un régime ou un programme dans le pays où ils travaillent.
De plus, une personne qui quitte son pays pour occuper temporairement un emploi dans l'autre pays pourrait obtenir dans le pays d'accueil la reconnaissance des cotisations qu'elle continue de verser au régime de retraite de son employeur d'origine, encore une fois à certaines conditions. Cette proposition faciliterait le mouvement des travailleurs entre le Canada et les États-Unis en éliminant un obstacle éventuel pour les frontaliers et les personnes ayant un contrat de travail temporaire dans le pays voisin.
Enfin, le projet de loi clarifie aussi les méthodes d'imposition des options d'achat d'actions et met en oeuvre une série d'améliorations techniques et de mises à jour.
En résumé, comme nous le savons, les États-Unis sont notre plus proche voisin et de loin notre plus important partenaire commercial. Cette convention fiscale renforce nos très importantes relations économiques. Elle encourage la croissance et les investissements. Elle permet au Canada de progresser rapidement dans la dynamique économie mondiale. Mais surtout et avant tout, cette convention améliore et parfait nos relations avec nos amis et voisins du Sud.
Pour que tout cela se concrétise, il faut maintenant que le Parlement ratifie cette entente. J'invite donc tous les députés à donner leur appui en adoptant ce projet de loi sans tarder.
J'ajouterais que ce projet de loi, comme les députés peuvent le constater, a été présenté au Sénat. Les sénateurs, qui sont nombreux à venir du monde des affaires, reconnaissent la valeur de ce projet de loi. Ils comprennent l'importance du commerce entre les deux pays et des déplacements des électeurs qui font la navette et qui cotisent à des régimes de retraite et participent à diverses activités financières des deux côtés de la frontière.
Nous encourageons les Canadiens à investir à l'étranger et nous encourageons les étrangers à investir au Canada. Les sénateurs ont examiné cette mesure de très près et, si je puis ajouter, en très peu de temps. Il a suffit d'une courte présentation — mais je ne dis pas que ma présentation ait eu quoi que ce soit à y voir. Ils l'ont adoptée entièrement en une seule séance. Cela illustre à quel point il est important d'adopter rapidement cette mesure.
Comme je l'ai dit toute à l'heure dans mon discours, nous voulons que cette mesure puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2008. Encore une fois, l'objectif est de faciliter le mouvement des capitaux de part et d'autre de la frontière en empêchant que des impôts soient prélevés à la fois par les deux pays.
Je crois qu'aucun gouvernement ne s'opposerait à ce que des capitaux entrent dans son pays ou en sortent, tant qu'il sait que des impôts seront payés soit à lui, soit à l'autre pays. Il est très important de mettre cette mesure législative en vigueur dès que possible, car elle encouragera le mouvement des capitaux de part et d'autre de la frontière.
Nous observons ce phénomène à de nombreux endroits le long de la frontière. Le passage frontalier Windsor-Detroit n'est qu'un exemple. Il y a aussi celui situé dans la vallée du Bas-Fraser, en Colombie-Britannique, près du port Roberts Bank. Beaucoup de citoyens américains franchissent ce passage frontalier chaque jour pour aller travailler dans la vallée du Bas-Fraser.
Cette mesure législative revêt une grande importance. Il y a eu quatre protocoles avant celui-ci. Tandis que le mouvement des capitaux continue de s'amplifier, il devient essentiel de mettre ce cinquième protocole en vigueur.
J'encourage tous les députés à examiner très attentivement cette question et à consulter leurs électeurs, mais très rapidement. Nous avons beaucoup d'appuis au sein de l'industrie. Dans le secteur financier, ce projet de loi dont l'origine remonte à plusieurs années bénéficie d'un excellent appui.
Il s'agit d'un projet de loi simple, direct et très positif. Si la Chambre pouvait l'adopter aussi rapidement que possible, ce serait un merveilleux cadeau de Noël pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole cet après-midi, à l'occasion du débat de deuxième lecture sur le projet de loi . Pour mettre fin au suspense qui plane peut-être sur la Chambre, je peux dire que, puisqu'environ 90 p. 100 du contenu de ce projet de loi a été élaboré pendant le mandat du gouvernement précédent, le Parti libéral sera heureux de l'appuyer.
Le Canada a déjà signé près de 90 conventions bilatérales de cette nature avec divers pays. Bien que chacune de ces conventions ait son importance, il ne fait pas de doute que celle qui nous lie au pays qui est de loin notre plus grand partenaire commercial occupe une place particulièrement importante.
La convention fiscale entre le Canada et les États-Unis a été mise à jour pour la dernière fois en 1997. Les négociations visant à effectuer la mise à jour qui nous est présentement soumise ont commencé peu de temps après. Elles ont été officiellement annoncées en octobre 1998.
Comme on peut l'imaginer, de telles négociations sont souvent extrêmement compliquées. Elles nécessitent qu'on porte la plus grande attention aux détails. Dès que le projet de loi aura reçu la sanction royale, c'est-à-dire dans un avenir rapproché, je suis certain que des fonctionnaires des deux côtés de la frontière entreprendront immédiatement des préparatifs en vue du prochain cycle de négociations.
Avant d'aborder l'essence du projet de loi, j'aimerais signaler, en passant, une autre initiative en matière de fiscalité internationale, soit les négociations en cours en vue d'un accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud. Comme le chef de mon parti l'a signalé, nous sommes tous favorables au libre-échange, mais cet accord n'a rien d'un accord de libre-échange, car des barrières non tarifaires très élevées, en fait inacceptables, demeurent en place.
Il y a quelques jours, le PDG de Ford Canada, M. Bill Osborne, a fait une déclaration inhabituelle et critiqué le gouvernement pour cet échec. Selon M. Osborne, l'accord ne renferme aucune mesure efficace assurant l'ouverture immédiate et durable du marché coréen à un nombre important de voitures importées.
Ainsi, le gouvernement a des projets de loi, comme le projet de loi , qui vise à améliorer le climat d'investissement au Canada et à nous rendre plus concurrentiels sur le marché mondial, mais il a aussi l'accord de libre-échange avec la Corée, qui va dans le sens contraire.
Alors que la valeur élevée du dollar et d'autres pressions menacent l'avenir du secteur automobile au Canada, le gouvernement canadien adopte des politiques qui offusquent le PDG d'un de nos plus grands constructeurs automobiles et lui font dire:
La question est de savoir où nous pouvons investir [nos dollars] le plus efficacement possible et où nous pouvons être le plus compétitifs. Nous aimerions que le gouvernement du Canada ait des politiques et offre un appui faisant du Canada l'un des endroits dans le monde où les investissements sont les plus efficaces.
D'une part, le projet de loi , hérité en grande partie du gouvernement libéral, promeut la compétitivité, et nous l'appuyons. D'autre part, cet accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud va dans le sens opposé; il détruit ou à tout le moins mine la compétitivité du Canada et pousse un de nos plus grands employeurs à se demander si sa société va continuer d'investir dans notre pays.
Permettez-moi d'aborder les aspects plus techniques du projet de loi . Il prévoit principalement l’élimination des retenues d’impôt sur les paiements transfrontaliers d’intérêts dans le cas des paiements d’intérêts entre personnes sans lien de dépendance. Autrement dit, un emprunteur d'un côté de la frontière ne se verra plus imposer de retenues d'impôt sur les paiements d'intérêts assortis à son emprunt.
Au cours des dernières années, l'Australie et le Japon ont conclu des accords semblables avec les États-Unis, faisant passer de 10 p. 100 à zéro le taux de retenue d'impôt sur les intérêts. Lorsque le projet de loi obtiendra la sanction royale, le Canada se comparera à ces deux pays.
Qu'est-ce que cela signifie au juste pour les sociétés canadiennes? Cela signifie un accès plus facile au marché de la dette américain et une capacité accrue de financer leur expansion, ici et à l'étranger.
Bien des PME ici au Canada ont peine à trouver les capitaux nécessaires pour mener leurs produits des toutes premières étapes de la recherche-développement au stade où ils peuvent être mis en marché. Souvent, ils trouvent aux États-unis des prêteurs intéressés à financer leurs produits, mais seulement si les travaux de R et D qui restent à faire sont effectués aux États-Unis.
En éliminant les retenues d'impôt sur les paiements transfrontaliers d’intérêts, nous éliminerions l'un des obstacles fiscaux qui empêchent ces entreprises de poursuivre leurs travaux ici, au Canada. Cette mesure toucherait également les particuliers au Canada, qui auraient dorénavant plus facilement accès aux prêteurs internationaux.
Ce projet de loi a aussi un autre effet, qui serait dans l'intérêt d'un grand nombre de Canadiens. Il permettrait la reconnaissance mutuelle, aux fins fiscales, des cotisations aux régimes de retraite pour les travailleurs dont l'employeur déménage temporairement aux États-Unis. À l'heure actuelle, la double imposition de ces cotisations pose problème.
Le projet de loi S-2 vise à s'assurer que, si un Canadien est affecté à une division de son entreprise située aux États-Unis, il pourra cotiser au régime de retraite de son employeur américain et déduire ces cotisations dans sa déclaration canadienne d'impôt sur le revenu.
Ce projet de loi ne ferait pas grand-chose pour compenser les répercussions désastreuses d'une autre proposition très peu concurrentielle mise en avant par le Parti conservateur, c'est-à-dire celle qui aurait éliminé la déduction des intérêts pour les emprunts visant à financer des acquisitions à l'étranger. Cette mesure aurait détruit notre compétitivité encore plus sûrement que le traité commercial avec la Corée du Sud pourrait le faire. On a décrit cette mesure fiscale comme l'une des pires à avoir été présentées à Ottawa en 35 ans. Une telle mesure aurait obligé les entreprises canadiennes à affronter la concurrence avec une main attachée derrière le dos et elles en auraient été désavantagées face aux sociétés étrangères. Heureusement, sous la pression de l'opposition officielle et de l'industrie, le gouvernement a retiré cette mesure budgétaire, la remplaçant par une autre mesure moins préjudiciable, mais encore plus stupide, soit la double déduction.
Je ne m'attarderai pas sur ce sujet. C'est un autre exemple, comme le traité commercial avec la Corée du Sud, des mesures anticoncurrentielles que le gouvernement a prises. Dans ce cas-ci au moins, nous avons un projet de loi qui aurait des effets positifs.
Le projet de loi porte également sur les bénéfices d'options d'achat d'actions qu'un employé pourrait accumuler alors qu'il travaille dans les deux pays. À l'heure actuelle, lorsqu'un employé obtient des options d'achat d'actions pendant qu'il travaille dans un pays et qu'il en dispose pendant qu'il travaille dans l'autre pays, il arrive souvent que les deux pays prélèvent des impôts sur les même bénéfices.
Aux termes du projet de loi S-2, les deux pays continueraient de pouvoir prélever des impôts sur les bénéfices tirés des options d'achat. La seule différence toutefois, c'est que chacun des pays devrait faire le calcul de l'impôt selon une formule tenant compte du temps que l'employé a passé dans le pays.
Par exemple, si un Canadien passe trois mois à travailler au bureau de sa société aux États-unis et neuf mois au Canada, les États-Unis pourraient prélever des impôts sur le quart des bénéfices réalisés entre la date de l'octroi de l'action et celle de la réalisation de l'option d'achat et le Canada n'aurait le droit d'imposer que les trois-quarts des bénéfices réalisés.
Certains considéreront probablement ce projet de loi comme un simple projet de loi d'ordre administratif qui ne fait que mettre à jour le traité fiscal que nous avons conclu avec les États-Unis. Toutefois, il porte sur notre plus important partenaire commercial et, à ce titre, il revêt donc une importance tout à fait spéciale. Je ne crois pas qu'il soulève beaucoup de controverse, et je crois que la grande majorité des députés, si ce n'est tous les députés, reconnaîtront qu'il s'agit là d'une mesure positive pour le Canada.
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Monsieur le Président, c'est un projet de loi important dont nous avons à traiter aujourd'hui. Il s'agit de la mise en oeuvre des corrections au présent accord fiscal entre le Canada et les États-Unis. C'est aussi un sujet très technique qui exige beaucoup d'analyses détaillées.
Comme par les années passées, une négociation s'est faite à répétition entre le Canada et les États-Unis pour essayer de rendre la convention fiscale la plus opérationnelle possible. Comme je le soulevais plus tôt dans une question posée au secrétaire parlementaire, dans le passé, il est arrivé que ces révisions aient des conséquences un peu négatives.
Par exemple, on a modifié la façon d'imposer ce qu'on appelle les pensions américaines, c'est-à-dire les pensions que des Canadiens ont gagnées en allant travailler aux États-Unis où ils ont versé des cotisations, après quoi ils reviennent au Canada. Cela n'est pas nécessairement de la mauvaise foi, mais le gouvernement est arrivé à un résultat, il y a quelques années, de sorte que les gens dont les revenus étaient imposés à 50 p. 100 au Canada ont soudainement vu leurs revenus être imposés à 85 p. 100. Cet amendement visant à corriger la convention fiscale avait finalement eu pour conséquence d'augmenter le taux d'imposition. Ce résultat n'avait pas nécessairement été très positif. On a tout de même réussi, grâce à la bataille menée, à gagner un certain nombre de points.
Cela indique que même si un tel projet de loi comporte beaucoup d'aspects techniques, il faut prendre le temps de l'examiner. C'est ce que nous avons commencé à faire, au Bloc québécois. Très clairement, dans l'ensemble, c'est un projet de loi positif qui recevra l'appui du Bloc québécois. Cependant, nous souhaiterions que certains points soient étudiés de façon particulière en comité.
Le projet de loi permet aux travailleurs transfrontaliers de jouir des mêmes avantages fiscaux que les travailleurs résidants. Autrement dit, on essaie d'uniformiser le traitement fiscal pour s'assurer que les Canadiens qui travaillent aux États-Unis auront droit à un traitement quasi identique à celui des travailleurs américains, et la même chose pour les Américains qui viennent travailler au Canada. Il faut s'assurer de simplifier les façons de faire et d'accorder un traitement le plus équitable possible.
En ce sens, le projet de loi instaure aussi un tribunal bipartite pour le règlement de différends fiscaux. Ce sera là une amélioration sensée. Par le passé, on s'est rendu compte que lorsqu'une situation n'était pas adéquate et qu'on voulait la corriger, le citoyen imposé ne disposait pas vraiment des outils nécessaires pour en appeler de la décision. Même s'il avait raison quant à un élément donné, il ne pouvait pas facilement obtenir satisfaction parce qu'il n'y avait pas de tribunal décisionnel. Le projet de loi viendra corriger cette situation.
De plus, le projet de loi resserre les règles entourant certains types de compagnies, ce qui rendra plus difficile le recours à différentes échappatoires fiscales. À ce sujet, on a besoin de travailler très fort. En effet, on n'a qu'à citer la question de La Barbade. On sait qu'une convention fiscale avec La Barbade est en vigueur depuis plusieurs années, très nettement à l'avantage des entreprises qui se servent de cette échappatoire fiscale à un point tel que, maintenant, plusieurs experts parlent de milliards de dollars qui se soustraient ainsi au fisc canadien. Au bout du compte, les gens qui paient leurs impôts en paient pour ceux qui ont recours à cette évasion fiscale.
Lors d'une séance du Comité permanent des finances tenue en mai, on s'est effectivement rendu compte qu'on ne connaissait pas l'ampleur réelle de ce phénomène pour ce qui est des coûts. J'ai posé des questions aux représentants de l'Agence du revenu du Canada et du ministère des Finances, et personne n'était capable de nous indiquer l'ordre de grandeur de cette évasion fiscale. À notre demande, on a fait plusieurs recherches, puis l'Agence du revenu du Canada a pu nous confirmer que tant qu'il y n'aurait pas de modification, dans la déclaration de revenus, qui permettrait de distinguer les revenus d'intérêts d'entreprises du Canada des revenus d'intérêts provenant de l'extérieur, on serait incapable d'évaluer cette question.
À mon avis, il y a là une lacune majeure. Il s'agit d'une question d'équité. Mes collègues autant que moi, toute la population ainsi que les entreprises du Canada paient des impôts. Si une échappatoire fiscale permet à des entreprises ou à des individus de ne pas payer leur part d'impôt et que, au bout du compte, on n'en ressorte pas gagnant comme société, cette situation doit être corrigée. Par conséquent, lorsqu'on étudie une question comme celle de l'accord fiscal entre le Canada et les États-Unis, il faut s'en préoccuper.
Nous sommes en faveur du projet de loi. Cependant, nous voudrons obtenir un peu plus d'explications sur certains points, notamment les propositions visant l'élimination de la retenue sur les intérêts étrangers et le traitement fiscal des sociétés transfrontalières.
Ce sont des questions complexes. La négociation se fait de bonne foi et l'on veut simplifier les façons de faire, mais il faut s'assurer qu'on ne crée pas quelque chose qui serait désavantageux pour les sociétés québécoise et canadienne. Dans le passé, avec l'Accord de libre-échange, par exemple, on a vu que le Québec et le Canada ont globalement été gagnants, mais que des aspects n'avaient pas été assez fouillés en matière de négociation et ne nous ont pas permis d'avoir toute la force que l'on souhaitait dans cet accord. Compte tenu de ce que l'on retrouve dans l'entente fiscale concernant ces matières, soit l'élimination de la retenue sur les intérêts étrangers et le traitement fiscal des sociétés transfrontalières, ce sera important, en comité, d'obtenir des informations supplémentaires afin de s'assurer que l'entente correspond véritablement à ce qui est souhaité.
Revenons brièvement sur les principaux aspects. L'un d'eux, dans ce projet d'entente fiscale, est intéressant pour les travailleurs transfrontaliers. Cela facilitera leur vie. Avant la mise en oeuvre du nouvel accord, un résident canadien qui travaillait aux États-Unis ne pouvait déduire de son revenu imposable ses cotisations versées à son régime de pension de retraite américain. On sait qu'ici, au Canada, lorsqu'on paie des cotisations à notre régime de pension, on obtient une déduction en conséquence. Les gens qui travaillaient aux États-Unis n'avaient pas l'équivalent de cela, et la nouvelle entente fiscale permettra de corriger cette situation.
Dorénavant, ce travailleur pourrait déduire de son revenu les cotisations versées, à l'instar d'un travailleur résident, donc de quelqu'un qui réside aux États-Unis. À l'inverse, un résident américain travaillant au Canada pourra, lui aussi, déduire aux fins de l'impôt sur le revenu les cotisations versées dans son régime de retraite. De ce côté, il y a une amélioration sensible et souhaitable qui va dans le bons sens et qui nous incite à appuyer le projet de loi. Ainsi, nombre de travailleurs dans des comtés limitrophes des États-unis comme du Canada pourront profiter de tous les avantages fiscaux liés à leur régime de retraite, à l'instar des travailleurs résidents.
C'est un peu paradoxal. En même temps qu'on va de l'avant en essayant de simplifier la situation liée aux zones frontalières, on fait face à un resserrement des règles de passage à la frontière qui crée beaucoup de complications. Beaucoup de négociations sont nécessaires. On a vu les efforts faits par à peu près tous les parlementaires de cette Chambre pour que l'exigence des Américains d'avoir un passeport lorsqu'on va aux États-Unis soit encadrée le plus possible et pour qu'on puisse trouver d'autres solutions. Des initiatives ont été mises en place pour l'utilisation du permis de conduire. On semble se diriger vers des choses intéressantes de ce côté. Cependant, d'un autre côté, il y a un effort sur le plan de la convention fiscale pour véritablement simplifier la situation. Sur les plans de l'esprit, de la logique et de l'économie dans notre relation avec les Américains, c'est beaucoup plus de ce côté qu'il faut qu'il faut se diriger. Ainsi, on pourra effectivement aller de l'avant en ce sens.
Dans l'entente sur la convention fiscale, on met aussi en avant un tribunal de règlement des différends fiscaux entre les deux pays. Ainsi, un contribuable qui a été lésé pourra recourir à ce tribunal à arbitrage obligatoire afin de faire respecter ses droits en matière de double imposition. Si quelqu'un se rend compte qu'il a une difficulté parce que son revenu est imposé par les deux gouvernements et qu'il n'est pas satisfait que cela soit fait de cette façon, il aura dorénavant droit à un recours automatique. Il n'aura pas l'obligation de passer par une procédure fiscale très complexe et de faire des interventions auprès des deux gouvernements. Il y aura dorénavant un tribunal de décision formé d'un représentant canadien, d'un représentant américain et d'un représentant nommé conjointement, qui pourront rendre justice en matière de fiscalité et qui faciliteront le règlement de différends fiscaux entre les administrations et les individus.
On peut aussi voir là une amélioration. En raffinant la façon dont les décisions doivent se prendre lors d'un litige, on améliore le règlement des questions. On a vu comment cela pouvait entraîner des complications pour des questions de plus grande envergure ou pour un mécanisme de décision qui n'est pas clair, par exemple, l'entente sur le bois d'oeuvre. Souhaitons que le mécanisme mis en place pour aider un contribuable à obtenir satisfaction améliorera dorénavant la situation et simplifiera ses démarches.
Cela créera aussi une jurisprudence qui pourrait aider de sorte que les prochaines révisions de la convention fiscale corrigent à mesure les problèmes identifiés. Lorsqu'il y a double imposition et qu'un citoyen se plaint, si au bout du compte il gagne sa décision, on pourra procéder à des correctifs en conséquence et non pas seulement les mettre de côté.
Des décisions de ce tribunal auront force de loi et amèneront peut-être un ajustement plus rapide de la convention fiscale. En tout cas, souhaitons que, de ce côté-là, il y ait vraiment une simplification.
Dans un troisième ordre d'idées, le projet de loi clarifie certaines dispositions du traité fiscal afin d'éliminer des failles qui auraient pu servir d'échappatoires fiscales. Par exemple, comme les lois de l'impôt sur le revenu sont différentes au Canada et aux États-Unis, certaines sociétés pouvaient profiter des deux lois de l'impôt. Probablement que des fiscalistes gagnent leur salaire à étudier ces questions afin de permettre aux entreprises d'aller chercher le maximum de déductions. Quand on le fait de façon légale, c'est correct. Cependant, quand on se rend compte qu'il y a certains failles dans la loi et qu'elles peuvent être comblées, il faut corriger la situation. C'est dans ce sens que va le projet de correction de la Convention fiscale entre le Canada et les États-Unis et c'est pour le mieux.
Certaines sociétés pouvaient profiter des deux lois de l'impôt en étant reconnues sous des formes différentes dans les deux administrations, sans avoir à en assumer les coûts. Dans la vraie vie, on se rend compte que cette partie n'est pas facile à administrer. Je donnais tout à l'heure l'exemple de la convention avec La Barbade. Lorsqu'on regarde les organigrammes des compagnies, il tout à fait évident que certaines corporations fictives ont été développées à cet égard.
Le Canada s'est même fait un peu le complice dans certaines situations de ce type. Par exemple, en 2001, un groupe de 13 pays membres de l'OCDE, dont le Canada, a demandé qu'on retire le critère « d'absence d'activités substantielles » pour évaluer s'il s'agit vraiment d'évasion fiscale. Cela a fait diminuer de 35 à 7 le nombre de pays figurant sur la liste des paradis fiscaux non coopératifs. Là, le Canada a fermé les yeux sur une réalité qui nous coûte très cher. C'est une perte de revenus en impôt pour le gouvernement canadien et cela ajoute une pression sur les citoyens canadiens, que ce soit des personnes physiques ou des personnes morales qui, elles, payent leur impôt pour leurs activités au Canada. Il y a donc là une évasion fiscale qui est le résultat d'un mouvement volontaire de la part du gouvernement du Canada.
Je veux donc répéter comme exemple que, dans des traités comme celui-là, il n'y a rien d'inutile. Il faut aller au fond des questions pour s'assurer qu'on n'ait pas un effet pervers pour une mesure qu'on souhaitait positive. De même, à l'occasion, le gouvernement peut essayer de nous en passer une petite vite et il faut corriger la situation.
Dans le cas présent, il y aura donc une amélioration parce que les compagnies qui profitaient des deux lois de l'impôt vont pouvoir le faire beaucoup plus difficilement. Cela permettra de fermer la porte à certaines échappatoires fiscales et de s'assurer que les entreprises paient leur juste part d'impôt. On pourra surveiller si, effectivement, cela est opérationnel. En plus d'éliminer certains obstacles éventuels aux placements transfrontaliers, le projet de loi réduira le nombre de cas de double exonération grâce à une meilleure concordance entre les règles fiscales des deux pays.
Un chantier immense va s'ouvrir entre les deux pays pour s'assurer que, en fin de compte, on ait vraiment corrigé non seulement le fait de la double imposition, mais aussi la pratique comme telle pour les entreprises. Il faut une simplification des façons de faire et des coûts qui peuvent être engendrés par cette question.
Finalement, afin de favoriser l'investissement transfrontalier, le projet de loi clarifie les règles en matière d'investissements afin d'éviter la double imposition sur les gains en capitaux transfrontaliers. Il faudra fouiller cela de façon plus particulière et vérifier le type de transactions. Est-ce que les gouvernements canadien et américain, de cette façon-là, ne vont pas perdre des revenus auxquels ils auraient droit? Est-ce que cela penchera en faveur de l'un ou l'autre des pays? L'objectif est de rendre le commerce le plus facile possible, mais dans le respect et à l'avantage de chacun des pays concernés.
Dorénavant, un investisseur canadien opérant sur les marchés américains n'aura à payer de l'impôt que dans une seule juridiction. Cela est un avantage très positif. Il faut juste que, par cet avantage, par cette nouvelle façon de faire qui est positive, on n'ait pas de l'autre côté des impacts négatifs sur la justice qui émanera et qu'il faut avoir le paiement des impôts par l'entreprise.
On voit donc que ce projet de loi contient plusieurs questions intéressantes. Le Bloc québécois se prononcera pour que le projet de loi soit référé au comité. Nous avons l'intention de l'étudier à ce niveau. Après éclaircissements et s'il y a nécessité d'ajustements, on verra de quelles façons cela peut se faire et comment apporter ces améliorations à la Convention fiscale entre le Canada et les États-Unis. Nous espérons que le gouvernement fédéral mettra la même énergie à corriger la question de l'échappatoire fiscale avec La Barbade. Au Comité permanent des finances, on a tenu des audiences sur le sujet mais on n'a toujours pas apporté de corrections.
Pendant ce temps, des milliards de dollars quittent le Canada sans opposition, ne sont jamais imposés et, au bout du compte, représentent un coût pour l'ensemble de notre société.
J'espère qu'on pourra compter sur la collaboration de chacun des partis. Il y a effectivement un avantage à ce que cette convention fiscale soit adoptée, et le Bloc québécois travaillera en comité de façon sérieuse pour qu'on puisse revenir ici assez rapidement et compléter l'adoption des modifications à la Convention fiscale entre le Canada et les États-Unis.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de sa question qui est d'autant plus pertinente qu'il est comme moi député d'un comté frontalier.
Comme je l'avais présenté au début de mon exposé, il y a environ une dizaine d'années, les comtés frontaliers ont vécu une expérience assez difficile. On avait modifié la convention fiscale avec les États-Unis, ce qui a eu des conséquences négatives pour beaucoup de travailleurs du Québec et du reste du Canada, notamment une imposition supplémentaire de leurs revenus.
Les travailleurs du secteur forestier — chez nous, ce sont des gens qui ont travaillé dans le Maine — ont souvent été pénalisés par cette situation sur le plan de leur revenu de pension. Il a fallu travailler très fort pour corriger la situation. À cette occasion, on a pris connaissance de l'ampleur du nombre de personnes travaillant aux États-Unis. Des milliers de personnes gagnent un revenu aux États-Unis chaque année. Dans plusieurs cas, c'est un revenu très important; dans d'autres cas, c'est un revenu d'appoint qui correspond à une période de l'année. C'est pour cette raison que cette convention fiscale doit être étudiée de près.
En outre, il y a un impact sur les personnes à titre d'individus, sur les entreprises où ces personnes travaillent et sur les avantages économiques découlant de l'amélioration d'une telle convention fiscale. En effet, des lourdeurs importantes dans la pratique fiscale peuvent nuire au développement économique des régions.
Il faut en même temps s'assurer que les correctifs apportés n'entraînent pas une uniformisation qui ne correspond pas à l'esprit de la législation du Québec et du Canada, par opposition à celle pratiquée aux États-Unis.
On ira donc voir de près de quelle façon cette modification de la convention fiscale a des impacts pour nos concitoyens et nos concitoyennes. À première vue et après étude préliminaire, il nous apparaît qu'il y a un avantage dans ce projet de modification de la convention fiscale. La vaste majorité de ce qu'on retrouve dans le projet sera à l'avantage des régions frontalières, mais également des populations et des entreprises concernées. Il reste quelques questions à suivre de plus près pour s'assurer qu'on aura finalement une meilleure convention fiscale.
Dans la pratique, on se rend compte que, lorsque ces éléments sont corrigés, lorsque c'est signé et officialisé, cela devient très difficile d'apporter des correctifs. L'avantage découlant du tribunal décisionnel permettra sûrement de diminuer ces impacts négatifs. À mon avis, tout le monde gagne à ce que le principe de base « une seule imposition pour un revenu » puisse s'appliquer. En même temps, on ne peut pas ne pas s'assurer d'un éclairage suffisant sur la façon d'éviter des échappatoires fiscales, parce qu'on connaît la pratique fédérale.
En effet, dans le passé, l'entente avec La Barbade s'est faite vraiment au détriment des contribuables canadiens et à l'avantage d'un certain nombre de personnes qui ont profité de cette convention fiscale, de l'échappatoire. Il faut absolument s'assurer qu'on ne répétera pas ce modèle dans une convention fiscale avec les Américains. Espérons que la collaboration sur la Convention fiscale entre le Canada et les États-Unis enverra ce message aux Américains: il faut aussi développer encore plus le même type de collaboration sur la fluidité de la frontière. Car, de ce côté, il y a eu une certaine régression depuis quelques années.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat sur le projet de loi. J'ai quelques observations préliminaires à faire au sujet du projet de loi .
Tout d'abord, comme le savent sûrement la plupart des Canadiens, le Nouveau Parti démocratique s'oppose à l'existence du Sénat. Nous sommes toujours préoccupés quand un projet de loi qui aurait dû être présenté à la Chambre est présenté à l'autre endroit. Ce dernier n'a rien d'une institution démocratique. Tout projet de loi aussi important que celui-ci, d'ailleurs tout projet de loi de quelconque importance, devrait être présenté à la Chambre. Nous attirons l'attention du gouvernement là-dessus et lui demandons instamment de reconnaître que tout projet de loi important devrait toujours être présenté à la Chambre.
Le deuxième point que je voulais soulever est que notre parti trouve la portée du projet de loi acceptable. Nous appuierons ce dernier à l'étape de la deuxième lecture afin qu'il soit envoyé au comité.
Notre porte-parole en matière de finances me fait remarquer que certains aspects formels du projet de loi laissent à désirer. Nous nous attendons soit à ce que ces passages soient amendés, si besoin est, soit à ce qu'on nous en donne une explication satisfaisante dans le cadre de l'examen en comité, ce qui est bien plus probable. Le projet de loi pourra ensuite être renvoyé à la Chambre à l'étape de la troisième lecture.
À propos du projet de loi lui-même, comme nous l'ont déjà dit d'autres députés, il porte sur un certain nombre d'éléments de friction entre les États-Unis et le Canada en matière de fiscalité.
Je viens d'une ville très peuplée. Certaines personnes font quotidiennement l'aller-retour entre le comté de Windsor-Essex et le Michigan ou encore ailleurs aux États-Unis pour travailler. Un certain nombre d'Américains font de même et travaillent au Canada. Il est inévitable que cela crée certaines iniquités en matière d'imposition quand un citoyen génère la majeure partie ou la totalité de son revenu dans un pays autre que celui dans lequel il vit. Le projet de loi s'attaque à un certain nombre de ces problèmes.
Une fois de plus, comme je l'ai fait remarquer, malgré la légère préoccupation que le projet de loi a suscité chez nous, nous pensons qu'il constitue un pas dans la bonne direction. Le problème qui revient constamment, comme le disent certains de mes électeurs, est la double-imposition de ces travailleurs, une fois au Canada et une fois aux États-Unis.
Ce sont des citoyens canadiens qui habitent au Canada à temps plein, mais qui gagnent leur vie aux États-Unis. Ils sont confrontés à la double imposition de leur revenu. Le problème est peut-être même un peu plus complexe, mais je sais que le projet de loi vise à y remédier.
Dans certains cas, les gens qui ont souscrit à un régime enregistré d'épargne-retraite au Canada, ou à un régime correspondant prévu au paragraphe 401(k) du Internal Revenue Code des États-Unis, n'arrivent pas à obtenir le plein crédit pour ce type de déduction. Il s'agit pourtant d'économies faites expressément en vue de la retraire. Le projet de loi propose certaines mesures pour régler ce problème. Je me demande cependant s'il va assez loin.
Il est également intéressant que le projet de loi prévoie un processus d’arbitrage auquel les deux pays peuvent recourir au lieu qu'une personne ou que deux États aient à faire une contestation judiciaire. Advenant des difficultés inattendues liées à la convention prévue dans le projet de loi, il y aura un mécanisme relativement efficace et, espérons-le, assez rapide pour régler la question. Par conséquent, nous serions disposés à appuyer cette mesure.
Notre principale préoccupation à l'égard de cette mesure législative porte sur ce qui s'est produit dans le passé avec les protocoles élaborés en vertu de ces traités conclus avec les États-Unis. Je crois qu'il s'agit du cinquième ou du sixième protocole depuis la fin des années 1980.
La question qui nous a préoccupé le plus, elle a d'ailleurs suscité beaucoup de controverse dans ma circonscription, Windsor-Essex, et dans une moindre mesure, dans nombre d'autres collectivités canadiennes, porte sur le grand nombre de personnes qui ont pris leur retraite au Canada et qui touchent des prestations sociales. Le projet de loi n'aborde pas cette question.
Le quatrième protocole prévoit comment ces prestations de pension seront traitées pour les Canadiens au Canada et pour les Américains aux États-Unis. Un certain taux d'imposition devait s'appliquer à ces prestations au Canada et les États-Unis devaient traiter de la même façon les prestations de retraite que touchent les Américains qui ont travaillé au Canada mais qui ont pris leur retraite aux États-Unis. C'était une approche saine à l'égard d'un irritant entre les deux pays. Ce protocole montrait clairement comment les gens qui touchaient ces prestations de retraite devaient être traités dans chaque pays.
Alors que les États-Unis respectent à la fois l'esprit et la lettre du traité, le Canada, pour sa part, manque à ses obligations depuis 1997. Ce faisant, il fait subir une injustice flagrante à de nombreux Canadiens, parmi lesquels beaucoup habitent dans ma circonscription, dans Windsor-Ouest et dans Essex. Cette injustice afflige un nombre disproportionné d'habitants dans ces trois circonscriptions.
Le phénomène qui a pris naissance sous le régime des libéraux, mais le que gouvernement conservateur actuel n'a pas encore corrigé, c'est que, d'une part, les gens payent maintenant des impôts beaucoup plus élevés qu'auparavant, lorsque ces fonds étaient imposés du côté américain, et que, d'autre part, ces impôts sont beaucoup plus élevés qu'ils étaient censés l'être. Le protocole prévoyait que les taux d'imposition resteraient les mêmes qu'avant l'entrée en vigueur du traité, mais que les impôts seraient prélevés par l'autre pays.
Les citoyens canadiens qui résident à Windsor, mais qui ont travaillé aux États-Unis et qui touchent des prestations de sécurité sociale étaient censés être imposés au même taux que s'ils habitaient aux États-Unis et touchaient ces prestations dans ce pays. Or, ils payent 35 p. 100 plus d'impôt que s'ils résidaient et payaient des impôts aux États-Unis. Malgré les commentaires formulés par un groupe d'intérêts qui a témoigné devant des comités de la Chambre et du Sénat à de nombreuses reprises et malgré les gouvernements libéraux qui se sont succédé, depuis 1996 ou 1997 lorsqu'on s'est aperçu de cette situation, cette dernière se poursuit toujours et seuls des changements très mineurs ont été apportés.
Ce qui me choque, c'est que nous allons signer au autre protocole. Qu'est-ce qui nous prouve que, si le projet de loi était adopté, ratifié et signé par les États-Unis, nous ne ferons pas fi de certaines de ses dispositions et que nos citoyens n'en souffriront pas? Et on peut se demander si les États-Unis ne feront pas de même éventuellement. Les États-Unis peuvent décider de ne pas respecter un des nouveaux protocoles, puisque nous avons choisi de ne pas respecter un des anciens. Cette histoire est très préoccupante. Je trouve cela particulièrement choquant aujourd'hui, car un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire ont été présentés afin de rectifier cette injustice.
J'aimerais parler des effets de cette injustice d'un point de vue personnel. J'ai rencontré des gens de ma circonscription et du comté de Windsor-Essex qui ont beaucoup souffert. Je pense à un couple qui fréquentait notre église. Les deux membres du couple avaient travaillé aux États-Unis et étaient rentrés au Canada pour prendre leur retraite. Ils avaient acheté une maison et venaient tout juste de conclure la transaction deux mois avant d'apprendre que le taux d'imposition de leur revenu de retraite allait augmenter de 35 p. 100. C'était un fardeau financier très lourd pour eux, surtout que le mari est tombé malade et est décédé dans l'année d'une maladie incurable. Sa femme n'a pas pu payer l'hypothèque seule et a dû vendre la maison.
Je me souviens aussi avoir entendu parler d'un type pendant que je faisais du porte à porte avant les élections de 2000. Le frère de cet homme m'a raconté que son frère avait été frappé si durement par l'augmentation des impôts qu'il a été forcé de laisser son appartement et de s'installer chez lui et sa femme. Il ne sortait jamais de sa chambre. Il était devenu complètement reclus. Il ne sortait de sa chambre que pour les repas. Sa vie a été totalement détruite.
Les personnes âgées qui ont apporté leur contribution dans les deux pays ne devraient jamais vivre cela. Je pourrais raconter encore bien des histoires du même genre.
Très souvent les gens dans cette situation sont des gens qui ont un revenu fixe relativement faible qui n'avaient pas du tout prévu une telle pénalité fiscale. À mesure que les négociations se poursuivaient, comme ce fut le cas pour ce projet de loi, il devenait évident que c'était la façon dont la question serait traitée et que cela ne changerait pas le taux d'imposition au Canada. Puis, il y a eu cette augmentation après le fait. Cela a détruit un certain nombre de vies et a empêché un grand nombre de gens de profiter de leurs années de retraite à bien des égards.
Ce qui est arrivé plus tard, c'est qu'à deux occasions, une fois en 1998 et une autre en 2001, le député de Calgary, le , a présenté des projets de loi d'initiative parlementaire afin de résoudre ce problème. La formulation de ces projets de loi, d'un ou deux paragraphes dans chacun des cas, était très simple. Le texte prévoyait simplement de changer cette partie de la Loi de l'impôt sur le revenu pour dire que le revenu reçu sous forme de pensions de sécurité sociale sera imposé de cette manière.
Nous avons été saisis de ces projets de loi d'initiative parlementaire, mais ils n'ont jamais été mis aux voix. Deux autres ont été présentés par le député d', qui est un député ministériel, un en 2004 et l'autre pendant cette législature, en mai 2006. Le dernier est encore devant un comité, mais je crois qu'on est peut-être sur le point d'en achever l'étude.
Cependant, dans les faits, le projet de loi ne résistera probablement pas au vote final. Il nécessite une proclamation royale qu'il n'obtiendra pas, car le gouvernement n'a pas livré la marchandise, malgré les efforts des deux députés ministériels qui ont milité en faveur de cette mesure. Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
Nos retraités sont victimes de cette injustice depuis dix bonnes années. Le gouvernement libéral refusait d'agir et, maintenant, après deux ans, le gouvernement conservateur n'a toujours rien fait. Rien n'est prévu dans ce projet de loi ou dans les autres projets de loi du gouvernement. Rien n'était prévu dans les deux budgets présentés par le gouvernement. Rien ne porte à croire qu'on remédiera à la situation dans le prochain budget, à supposer que le gouvernement survive jusque-là. Les situations du genre doivent être redressées. Il importe de se demander, pour revenir au projet de loi S-2, si le même genre de chose se produira, étant donné que le gouvernement n'honorera pas entièrement ce protocole.
Tout cela est honteux. Il s'agit d'une grossière injustice qui se perpétue depuis plus de dix ans maintenant. Le problème aurait pu être corrigé à de nombreuses occasions.
Je terminerai peut-être en précisant qu'il n'est pas question de milliards de dollars ici. Nous ne parlons pas des 10 ou 12 milliards de dollars que le gouvernement redistribue. Il s'agit d'un petit montant, car beaucoup des personnes touchées sont mortes ces dix dernières années, souvent en raison des problèmes financiers auxquels elles étaient confrontées. Nous parlons de 20 à 25 millions de dollars par année, un très petit crédit d'impôt, si on veut voir les choses ainsi, accordé à des gens qui le méritent pleinement en raison des attentes qu'on leur avait permis d'avoir avant que les règles changent sans qu'ils n'y puissent rien.
Le gouvernement doit régler ce problème. Il sait que ce ne serait pas difficile. Il suffirait de modifier un alinéa de la Loi de l'impôt sur le revenu. Le gouvernement doit s'assurer de ne pas reproduire le même genre d'injustice si le projet de loi finit par être adopté.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi , qui traite effectivement de l'accord fiscal entre le Canada et les États-Unis. Il s'agit peut-être aujourd'hui d'un dénouement qui sera selon nous assez important, mais ce n'est tout de même pas une nouveauté. Ce n'est pas la première fois que l'on doit gérer l'économie, la culture ou tout autre secteur de la société entre deux pays. Cela ne date pas d'hier. Des échanges démographiques importants ont eu lieu entre le Canada et les États-Unis au cours des années.
Naturellement, à l'époque, on ne se préoccupait pas tellement de l'ensemble de cette dynamique. Par exemple, lorsque les États-Unis d'Amérique on eu leur indépendance, beaucoup de loyalistes ont quitté ce pays pour venir s'installer au Canada, dont beaucoup dans la région de Kingston et même dans la région de Saint-Jean-sur-le-Richelieu, d'où je viens. Beaucoup de gens de Lacolle sont près des frontières américaines et sont des descendants de loyalistes. Ces gens voulaient maintenir leur adhésion à la Couronne britannique et ils étaient venus au Canada.
L'inverse est aussi vrai. À une époque, au Canada, les emplois étaient très rares et il y a eu beaucoup d'immigration vers les États-Unis. Dans mon comté, nous sommes juste à côté de Burlington, dans l'État du Vermont. Beaucoup de Québécois ont traversé la frontière pour chercher du travail du côté américain. D'ailleurs, aujourd'hui, presque le tiers de la population de la Nouvelle-Angleterre est de descendance francophone. C'est justement dû à l'immigration suite à des conditions de travail difficiles chez nous qui ont amené ces gens à se rendre travailler de l'autre côté de la frontière et à y fonder leur famille. Les générations francophones se sont succédé de façon intéressante. Les noms de famille que l'on peut associer au Québec ont été un peu modifiés du côté américain. Toutefois, on s'en rend parfaitement compte et les gens à qui on parle et qui portent ces noms nous le disent, à savoir qu'ils sont effectivement d'origine francophone et, pour eux, cela a une certaine importance.
De fil en aiguille, l'économie et la culture se sont donc développées des deux côtés de la frontière. À mon avis, cela force les deux gouvernements à s'entendre sur des pratiques économiques. Il ne s'agit pas d'intégration, puisque ce sont deux États souverains qui signeront cette entente fiscale, mais cela les force à s'adapter aux nouvelles réalités. Celles-ci sont importantes. À 60 kilomètres de chez nous, à Plattsburgh, dans l'État de New York, le Buy America Act, une loi américaine qui incite les investissements étrangers à assurer une main- d'oeuvre aux États-Unis, fait en sorte qu'il y a 700 travailleurs dans usine de Bombardier dans cette ville.
L'économie est donc en train de bouleverser et de bousculer les frontières, et cela se complique de plus en plus. Effectivement, à certaines époques, les gens qui travaillaient de l'autre côté de la frontière vivaient dans une espèce de zone grise. Ils ne savaient pas de quel côté ils devaient payer leurs impôts, ni de quelles façons ils pouvaient déduire certains revenus pour participer à un régime de retraite. La nouveauté et le nouveau monde forcent donc les pays comme le Canada et les États-Unis à signer des traités fiscaux pour faire en sorte que justice soit rendue à l'ensemble des travailleurs ainsi qu'aux industries.
Je regarde toute la question de la nouvelle génération de travailleurs. Par exemple, ma fille Geneviève a commencé à travailler pour Deloitte & Touche, à Montréal. Elle a été transférée à Toronto et est maintenant rendue à New York. Beaucoup de nos jeunes ne ressentent plus nécessairement d'attachement à un pays ou à un autre. Ils ont une mentalité presque internationale et ils vont là où le travail les appelle. Cela force les pays à s'interroger sur le type de mesures fiscales ou de traités fiscaux qui doivent être établis.
Il ne s'agit donc pas d'une nouveauté. Cela a existé dans l'histoire et cela s'est raffiné au fur et à mesure que cela s'est développé. Aujourd'hui, nous sommes devant une réalité à laquelle il faut nous adapter, et c'est justement l'objectif de ce traité.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les régimes de retraite pour les Canadiens qui allaient travailler aux États-Unis posaient problème, entre autres. On pouvait leur dire qu'ils ne pouvaient pas cotiser au régime de retraite canadien. Cela avait des conséquences un peu dramatiques. Il faut comprendre que ceux qui veulent s'assurer d'un avenir décent, aujourd'hui, se doivent d'investir dans des REER, par exemple. S'ils ne le font pas, ils s'en remettent automatiquement au régime public qui, dans plusieurs années, ne sera peut-être plus capable de payer les prestations au même niveau qu'il le fait aujourd'hui.
Qu'on imagine quelqu'un qui partait du Canada pour aller travailler immédiatement de l'autre côté de la frontière. Ce dernier ne pouvait pas s'assurer d'un régime de retraite décent. Le traité devant nous fait en sorte de corriger cette situation. La situation inverse de l'Américain venant travailler au Canada était la même. Les Américains lui disaient probablement qu'il ne pouvait pas investir dans un régime de retraite parce qu'il ne travaillait pas aux États-Unis. Le projet de loi devant nous règle la question des cotisations à verser et du régime de retraite de ces travailleurs. Cela permet une migration des travailleurs d'un côté à l'autre et c'est important.
Je reviens au Buy American Act qui a force de loi aux États-Unis. Je donnais tout à l'heure l'exemple de l'usine Bombardier à Plattsburgh, dans l'état de New York. Elle emploie tout de même des Québécois, étant donné que le siège social n'est pas aux États-Unis, mais demeure encore au Québec. Des Québécois vont donc y travailler pour des périodes de temps importantes. Cela leur permettra de cumuler des sommes dans leur régime de retraite comme s'ils travaillaient au Canada. C'est donc important.
Nous appuyons également une deuxième modalité qui nous semble tout aussi importante, soit la modalité du tribunal. Ce type de traité fiscal peut laisser place à des anomalies ou à des problèmes d'interprétation. Le projet de loi donne la possibilité aux travailleurs d'aller devant une instance, en l'occurrence un tribunal administratif, pour expliquer en quoi ils peuvent se sentir lésés par une partie de ce traité fiscal. C'est un bon ajout, car il est important, lorsqu'un travailleur subit une injustice, qu'il puisse avoir recours à un tribunal. De plus, la composition du tribunal nous apparaît équitable. Naturellement, il y a un représentant du Canada, un autre des États-Unis ainsi qu'une troisième personne sélectionnée par les deux pays. On peut comprendre aussi qu'il pourra y avoir alternance. Par exemple, si la présidence du tribunal est assurée par un Américain depuis quelque temps, probablement qu'un retour d'ascenseur fera en sorte qu'un Canadien occupe la présidence par la suite.
Donc, pour nous, un tribunal est très important pour véritablement écouter les problèmes. Cela nous apparaît sage. Il ne faut pas tomber dans le piège de traités internationaux où l'on se retrouve devant rien en cas de différends. Malheureusement, dans notre société, c'est encore pratique courante. Des gens subissent des injustices et se retrouvent devant rien. Souvent, il n'y a même pas de tribunal d'appel. Le fait d'avoir un tribunal qui écoutera les cas problématiques et qui tranchera la question nous apparaît un acquis important.
Maintenant, nous sommes heureux de constater qu'on veut faire cesser le recours à certaines échappatoires fiscales. En effet, la loi sur l'imposition et différentes lois liées aux traités fiscaux peuvent permettre à des compagnies de jouer sur les deux tableaux. Il faut éviter cela. Il faut éviter toute l'histoire des paradis fiscaux. De notre point vue, c'est une véritable honte. On peut penser, par exemple, à La Barbade. Le Canada avait des traités fiscaux avec une douzaine de pays qui étaient des paradis fiscaux. Cela permettait à de grandes compagnies de prendre une partie de leurs profits et de l'investir dans les paradis fiscaux, puis on en perdait la trace. Le summum de l'ironie, c'est que ces grandes compagnies ne payaient pas d'impôts comme tels.
Le Canada échappe des centaines de millions de dollars par année en raison de ce type de paradis fiscal. C'est donc important de ne pas reproduire cette erreur ici, bien que malheureusement, elle se poursuive. J'en veux à l'ex-premier ministre du Canada qui nous avait annoncé un jour qu'il mettait de l'ordre et qu'il fermait à peu près 11 paradis fiscaux. Bravo! Cependant, il ne nous avait pas dit qu'entre-temps, sa propre compagnie avait transféré tous ses avoirs à La Barbade et que c'était le seul paradis fiscal qu'il ne fermait pas.
On a donc encore des problèmes. Cet aspect du projet de loi dont nous sommes saisis, selon lequel les compagnies ne peuvent pas jouer sur deux systèmes d'investissement, deux différents systèmes d'imposition, fait en sorte que ces compagnies devront payer leur dû là où se trouve leur siège social.
En ce qui concerne les paradis fiscaux et les centres financiers offshore, il y a des statistiques phénoménales. Entre 1990 et 2003, dans ces paradis fiscaux et ces centres financiers offshore, l'investissement canadien est passé de 11 à 88 milliards de dollars. Je rappelle que ce sont des sommes d'argent que les compagnies évitent au système d'imposition, donc que ces sommes soient remises aux Canadiens. Ces compagnies ne font pas leur juste part et sont des mauvais citoyens corporatifs, parce qu'elles n'amènent aucune participation au régime, au secteur public du Canada, du Québec ou des provinces. Il faut éviter ces échappatoires.
Le secteur financier est un autre exemple absurde où les investissements dans les paradis fiscaux sont passés de 8 milliards de dollars en 1990 à 72 milliards de dollars en 2003. Le secteur financier est vraiment un mauvais citoyen corporatif parce qu'il n'apporte aucunement sa participation aux demandes de son pays, de sa province ou de sa municipalité. Ce sont des sommes d'argent qui échappent au Trésor public, ce qui est totalement inadmissible.
Aussi, en ce qui concerne le traité fiscal du projet de loi dont nous sommes saisis, nous allons nous assurer que des compagnies ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux. Cela permettra de bonifier ce projet de loi.
Le projet de loi clarifie aussi les règles en matière d'investissement. C'est un peu ce que je viens de dire. En ce qui concerne les investissements, on a souvent des permissions en vertu desquelles on peut déduire une partie des frais. On harmonisera dorénavant l'ensemble de ces règles d'investissement. Ce faisant, il y aura plus de justice fiscale. Il n'y aura pas d'échappatoires possibles, et les deux pays en sortiront gagnants.
En conclusion, nous en sommes assez satisfaits. Cela pourrait créer un précédent. Ce serait bon que ce traité fiscal serve de pierre angulaire à d'autres types de traités fiscaux ailleurs sur la planète, de sorte qu'on revienne justement aux données fondamentales des grandes corporations, qu'elles paient leur dû et qu'elles cessent soit de reporter leurs profits pour imposition ou de s'établir dans des paradis fiscaux afin de se mettre à l'abri. Qu'elles apportent une participation!
Finalement, pour les travailleurs, c'est effectivement une bonne chose. Peu importe le côté de la frontière où ils travailleront, cela démontre qu'il y a une grande union entre les États-Unis et le Canada et que ces travailleurs seront soumis aux mêmes règles, de sorte qu'ils seront traités avec plus de justice.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre part au débat concernant le projet de loi visant la mise en oeuvre de l'accord fiscal entre Canada et les États-Unis.
Comme le mentionnais mon collègue de , il est clair que le Bloc québécois est en faveur du principe du projet de loi étant donné qu'il permettra aux travailleurs frontaliers de jouir des mêmes avantages fiscaux que les travailleurs résidents, qu'il instaurera un tribunal bipartite pour le règlement des différends fiscaux, qu'il prévoit des règles entourant certains types de compagnies, ce qui rendra plus difficile l'utilisation de différentes échappatoires fiscales, et qu'il éliminera certaines dispositions visant la double imposition des gains en capitaux.
Comme je le mentionnais, nous serons favorables à ce projet de loi. Cependant, l'étude du projet de loi en comité permettra d'éclaircir certaines dispositions, notamment les propositions visant l'élimination de la retenue sur les intérêts étrangers et le traitement fiscal des sociétés transfrontalières.
Comme on le sait, le Bloc québécois a toujours été en faveur de conventions fiscales entre les pays qui ont des niveaux d'imposition qui sont dans la norme. Il y a des conventions fiscales entre le Canada et certains pays qui n'imposent pas selon les normes de pays où l'État joue un rôle adéquat. Il est ici question des paradis fiscaux. C'est surtout cette question qui me vient en tête quand je regarde ce projet de loi.
On présente un projet de loi concernant des conventions fiscales entre le Canada et les États-Unis? Comme je le mentionnais, ce projet de loi renferme des éléments extrêmement positifs. Mais en même temps, comment se fait-il que le gouvernement ne se questionne pas sur un certain nombre de conventions fiscales, qu'il a d'ailleurs lui-même dénoncées lorsqu'il était dans l'opposition, pour des pays comme la Barbade, les Bermudes et les Bahamas où les taux d'imposition sont ridiculement bas? Il ne faut pas se le cacher, des compagnies, y compris des compagnies canadiennes, vont s'installer particulièrement dans ces trois juridictions pour échapper à leurs responsabilités en tant que citoyennes corporatives du Canada et du Québec.
Je rappelle que les paradis fiscaux attirent tous ceux qui refusent la solidarité par l'impôt. Comme je le mentionnais tout à l'heure, cela peut être des entreprises comme des particuliers. J'ai toujours mentionné que lorsqu'il est question d'évasion fiscale ou d'évitement fiscal, on parle de l'argent gris ou de l'argent sale. Ce qui est extrêmement troublant, c'est que cet argent gris quand on parle d'évitement fiscal et sale quand on parle d'évasion fiscale sert en grande partie au blanchiment d'argent. Cette donnée est reconnue au plan international.
Je rappelle qu'on a évalué que cela impliquait environ 6 000 milliards de dollars: un montant de 5 000 milliards de dollars est de l'évitement fiscal et un montant de 1 000 milliards de dollars est carrément du détournement de fonds. C'est tout de même extraordinaire que le gouvernement conservateur, qui n'arrête pas de nous présenter des projet de loi pour augmenter la répression contre les jeunes contrevenants, par exemple, ou encore d'introduire des peines minimales dans un certain nombre de domaines, n'ait pas ramené jusqu'à présent cette préoccupation par une révision des conventions fiscales avec ces pays. Rappelons-nous que l'argent dont on parle provient de la criminalité, de la drogue, de la prostitution, du trafic d'armes, de la corruption et du terrorisme.
Si ce gouvernement était sérieux dans sa volonté de lutter contre le crime, en particulier contre tout ce qui touche à l'utilisation par les réseaux terroristes du blanchiment d'argent, on aurait dû — oui, ce projet de loi sera rapidement expédié au Comité permanent des Finances — nous annoncer la mise en place d'une étude pour revoir un certain nombre de conventions fiscales avec des pays qui, comme je le mentionnais, ont des taux d'imposition ridiculement bas.
Plusieurs gouvernements, dont le gouvernement canadien, tolèrent et même encouragent ces paradis fiscaux. Ainsi, en 1999, les Canadiens ont investi 17 milliards de dollars à La Barbade, qui est reconnue internationalement comme étant le paradis fiscal du Canada. En 2001, c'était rendu à 23,3 milliards de dollars
Dans l'espace de deux ans, il s'agit donc d'une augmentation de plus de 5 milliards de dollars. La Barbade se situe au troisième rang des destinations pour les investissements canadiens directs. C'est tout de même assez troublant. Les investissements directs étrangers des Canadiens, que ce soit des individus ou encore des entreprises, se retrouvent à La Barbade en troisième position, derrière les investissements qui vont vers les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Je me questionne sérieusement pour savoir quelle forme d'activité économique concrète et réelle nécessite jusqu'à maintenant environ 25 milliards de dollars d'investissements directs canadiens — ou même plus, puisque le montant a dû augmenter depuis ce temps. Il s'agit d'une île que l'on connaît comme un endroit où il est agréable de vivre, mais où la population demeure tout de même assez restreinte et où l'industrie tourne essentiellement autour du secteur récréotouristique.
Alors comment se fait-il que les Canadiens trouvent le moyen d'investir dans ce pays, La Barbade, à la hauteur de 25 ou 26 milliards de dollars pour en faire la troisième destination après des pays industrialisés de la grosseur des États-Unis et de la Grande-Bretagne, si ce n'est qu'il est plus facile d'y pratiquer l'évasion fiscale, dans ce transfert d'investissements vers La Barbade?
Non seulement c'est en croissance, mais c'est encouragé par les conventions fiscales signées entre le Canada et La Barbade. Comme je le mentionnais, en plus de La Barbade, seulement sept autres pays ayant une convention fiscale avec le Canada sont considérés ou étaient considérés comme des paradis fiscaux par l'OCDE. Il est assez intéressant de savoir que l'OCDE avait fait une classification des principaux paradis fiscaux, il y a quelques années, et qu'elle a maintenant complètement abandonné cette classification. Entre autres, La Barbade ne se trouvait pas dans le dernier recensement ou la dernière classification de l'OCDE. On a appris que le retrait de La Barbade de cette classification provenait en grande partie des pressions exercées par le Canada auprès de l'OCDE, et j'imagine que La Barbade a fait de même. Encore une fois, à mon avis, c'est une preuve que le gouvernement fédéral canadien, qu'il soit libéral ou conservateur, tolère ce genre d'échappatoire fiscale, que celle-ci soit le fruit de la légalité ou du blanchiment d'argent.
Quand je parle de taux d'imposition ridicules, il faut savoir qu'à La Barbade, le taux de taxation varie de 1 p. 100 à 2,5 p. 100. Cela serait étonnant dans notre système basé sur un impôt progressif, quoiqu'il soit vrai qu'actuellement, avec les gouvernements libéral et conservateur qui se sont succédé, l'impôt et le système fiscal canadien sont de moins en moins progressifs. Toutefois, cela fait tout de même partie de la philosophie fiscale canadienne.
À La Barbade, plus on fait de profits, moins on paie d'impôts. Par exemple, dans le cas des entreprises ou des individus qui ont gagné 15 millions de dollars américains et plus, le taux de taxation est de 1 p. 100. Il faut avouer qu'il n'est pas très sérieux de penser que ce taux d'imposition est équivalent à ceux en vigueur dans les pays dont la fiscalité est adéquate pour répondre à la solidarité collective. Le plus drôle dans tout cela, comme je le mentionnais, c'est que si l'on gagne 15 millions de dollars et plus, on paie 1 p. 100 d'impôts. Au fur et à mesure que le niveau de profits diminue, le taux de perception fiscale augmente, de telle sorte que si l'on gagne moins de 5 millions de dollars de profits, on paiera 2,5 p. 100 d'impôts sur ce montant.
C'est sur la base de ce taux d'imposition ridicule et régressif que le Canada a décidé de signer une convention fiscale avec La Barbade selon laquelle les compagnies ou les particuliers canadiens qui paient leurs impôts à La Barbade n'ont pas besoin de payer l'équivalent de nos impôts au Canada, parce qu'ils ont déjà assumé ou rempli leurs obligations sur le plan fiscal. C'est totalement ridicule. De plus, année après année, on encourage l'augmentation des montants qui quittent le Canada pour se retrouver à La Barbade. C'est aussi vrai pour les Bermudes et les Bahamas.
Je rappelle qu'à La Barbade, il y a non seulement un impôt ridicule de 1 p. 100 à 2,5 p. 100 pour les entreprises — je l'ai mentionné —, mais il n'y a aucun impôt sur les gains de capitaux et il n'y a surtout aucune surveillance qui permette à des groupes criminels organisés d'utiliser ce que le gouvernement canadien a mis en place pour blanchir de l'argent.
Au Canada, par exemple, les 5 plus grandes banques canadiennes sont présentes dans 26 paradis fiscaux, dont plusieurs étaient sur la liste noire du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux, le GAPI, et de l'OCDE, lorsque celle-ci tenait cette liste. On devrait se questionner. Ces banques nous répondront qu'elles le font en toute légalité, ce qui est un fait. Cependant, cela signifie aussi que le gouvernement du Canada, que ce soit les libéraux ou les conservateurs, cautionne cette possibilité d'éviter à ses responsabilités collectives. Au total, 61 filiales de banques canadiennes se retrouvent dans des paradis fiscaux.
J'aimerais tout de même signaler qu'il y a quelques années, un citoyen avait écrit aux banques pour avoir des réponses aux questions de savoir ce qu'elles faisaient dans les paradis fiscaux et ce à quoi elles pensaient en investissant ou en transférant carrément leurs avoirs dans ces paradis fiscaux. Cet homme a eu des réponses quand même intéressantes. Par exemple, la Banque Royale du Canada, la RBC, a répondu ceci à M. Gosselin, qui avait fait la demande — c'est strictement un paragraphe de la réponse du Centre des relations avec la clientèle: RBC Groupe Financier serait très désavantagée sur le plan concurrentiel, et la valeur actuarielle de l'entreprise s'en trouverait réduite si elle décidait de façon unilatérale d'abandonner ses activités dans l'un de ces territoires. À moins d'une interdiction express prévue par la loi, RBC Groupe Financier doit être autorisée à exploiter les occasions d'affaires dans n'importe quelle région afin de fournir à sa clientèle des services financiers intégrés à l'échelle internationale.
Je me questionne quand même pour savoir si le fait d'avoir des succursales dans quelques-uns de ces 26 paradis fiscaux sert vraiment la très grande majorité de la clientèle de la RBC Groupe Financier ou si ce n'est pas tout simplement une petite minorité ayant accès à des services comptables haut de gamme qui peut bénéficier de cette possibilité.
D'autre part, la RBC Groupe Financier le mentionne, si c'était interdit à tous, elle n'en profiterait pas, mais pour le moment elle en profite parce que ce n'est pas interdit, et si elle n'en profitait pas, elle ne serait pas concurrentielle. À mon avis, la banque et le gouvernement sont responsables de s'assurer que ces entreprises ne puissent pas bénéficier de ce genre d'évitement fiscal.
On a eu une telle réponse de la CIBC, qui reprend essentiellement la même chose. La Banque Scotia a donné une réponse du même ordre. La Banque de Montréal a répondu de la même manière. J'ai trouvé, par exemple, que la réponse de la Banque Scotia était particulièrement amusante, en ce sens qu'elle plaidait en faveur du fait que, si elle se retirait de ces pays, les populations locales en seraient désavantagées. En effet, ayant moins à faire avec le Canada, ces pauvres personnes là-bas ne pourraient pas profiter d'emplois, de retombées directes et indirectes, alors qu'on sait très bien que ce n'est pas le cas. En lisant la lettre de la Banque Scotia, j'ai véritablement pensé qu'on avait affaire à des Robins des Bois des temps modernes.
On le sait très bien: les paradis fiscaux profitent aux gens qui ont du capital, et il n'y a pas de retombées pour les pays qui sont des paradis fiscaux. Il faut une action gouvernementale ici, sur le plan international, pour s'assurer qu'on mette fin à ces échappatoires.
À qui profitent les paradis fiscaux? D'abord, il faut se rappeler qu'un paradis fiscal est un pays où il y a une espèce de zone franche qui favorise le secret bancaire, où l'administration est peu regardante et où la fiscalité est allégée, je l'ai mentionné.
On sait que l'ancien premier ministre, qui était l'ancien ministre des Finances, a vu une de ses compagnies opérée par ses fils, la Canada Steamship Lines International, utiliser les dispositions prévues par la loi.
On constate que cela existe quand même parmi nos dirigeants d'entreprises et que cela va assez loin. Par le fait même, cela s'attaque à l'édifice social. Le vérificateur général l'a rappelé. D'année en année, l'utilisation des paradis fiscaux par une partie de plus plus en plus importante de personnes — cela reste encore une minorité, c'est très minoritaire, et c'est pour cela qu'il faut agir rapidement — gruge l'assiette fiscale et met en péril d'édifice social.
En effet, des gens ici, au Canada, bénéficient du fait qu'on a des outils collectifs. On s'est dotés de programmes sociaux qui ont, malheureusement, été passablement attaqués au cours des dernières années. Ce sont des programmes qui ont assuré plus qu'une sécurité, comme le cherchent les conservateurs. Ils ont assuré une paix et une cohésion au plan social. Ces gens bénéficient donc de l'effort qu'ont payé toute la classe moyenne et une partie des personnes les plus démunies. En ce sens, il y a véritablement un problème. Le vérificateur général l'a mentionné et la vérificatrice générale l'a repris également. De plus en plus, la classe moyenne élevée entre dans ce genre d'opération casino et la cohésion sociale, l'édifice social, est remis en cause.
Je disais aussi que les paradis fiscaux ont bénéficié beaucoup à des entreprises canadiennes et que nos banques en avaient particulièrement amplement profité. J'aimerais tout simplement signaler, puisque j'ai retrouvé le document, les 61 filiales de banques canadiennes qui sont dans des paradis fiscaux. On en retrouve 23 de la Banque de Nouvelle-Écosse dans toute une série de paradis fiscaux. La Banque de Montréal est dans 5 paradis fiscaux et la banque Toronto-Dominion dans 3. On retrouve la CIBC dans 12 paradis fiscaux et la Banque Royale dans 17 paradis fiscaux. Tout cela a permis aux banques d'économiser deux milliards de dollars d'impôt. Ce sont des chiffres qui datent quand même de quelques années.
Quand on regarde les rapports de chacune de ces banques — j'ai eu l'occasion de les regarder parce que j'étais un peu incrédule —, on retrouve en bas de page les montants que les grandes banques ont pu soustraire de cette obligation au plan de la solidarité par l'impôt. Je l'ai mentionné tout à l'heure et, à mon avis, c'est de cela dont on aurait dû nous parler.
Bien que le projet de loi devant nous permet de corriger un certain nombre d'iniquités et de problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs transfrontaliers, il ne s'attaque pas véritablement au problème qui fait en sorte qu'à travers cet évitement et cette évasion fiscale, on est en train de se poser d'importants problèmes pour l'avenir.
Pour nous, il est très clair que tous les revenus gagnés au Québec, au Canada et par l'ensemble des compagnies canadiennes au plan international soient imposés au Canada, même si on est tout à fait d'accord avec le fait que les pays, ayant une fiscalité à peu près comparable, puissent avoir des conventions fiscales pour éviter la double imposition. Toutefois, très clairement, La Barbade, les Bermudes et es Bahamas ne répondent pas à cette catégorie.
Je m'attends à ce que le gouvernement conservateur, s'il est le moindrement conséquent mais j'en doute, dans les prochains jours et les prochaines semaines, nous ramène ces conventions fiscales pour qu'on puisse les étudier et les corriger une fois pour toutes et mettre fin à cette saignée au plan fiscal qui, encore une fois, met en péril l'ensemble de nos programmes sociaux et notre façon de vivre.
C'est vrai pour le Québec, mais c'est aussi vrai pour le Canada. J'en appelle à mes collègues pour brasser le pommier, pour que le et le mettent fin à leur indifférence.