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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir aujourd'hui pour présenter à la Chambre une proposition visant à créer un environnement d'exploitation plus commercial pour les administrations portuaires canadiennes.
Il s'agit d'une stratégie en deux volets qui consiste, d'une part, à apporter des modifications à la Loi maritime du Canada, qui est, bien entendu, le cadre législatif qui gouverne les ports, et, d'autre part, à adopter plusieurs mesures stratégiques. L'approche proposée fournit une réponse aux préoccupations de l'industrie. Elle reconnaît l'importance de favoriser les investissements stratégiques et d'améliorer la productivité tout en protégeant les terres portuaires en prévision des besoins de transport futurs.
Dans le cas des administrations portuaires canadiennes, la Politique maritime nationale de 1995 visait l'élimination de la surcapacité, favorisait le recouvrement des coûts, conférait une autonomie accrue et instituait une structure de gouvernance cohérente pour les principaux ports.
Je suis heureux d'annoncer que ces objectifs de la Politique maritime nationale ont largement été atteints grâce à la Loi maritime du Canada, la mesure législative qui a instauré une approche commerciale relativement à la gestion du réseau portuaire national et de l'infrastructure maritime. Les administrations portuaires canadiennes ont assumé leurs responsabilités en matière de gestion d'une manière consciencieuse et responsable sur le plan financier, et c'est pourquoi les ports sont bien gérés aujourd'hui.
Le budget de 2007 fait des infrastructures modernes de transport l'un des éléments clés de notre programme. Nous avons élaboré une approche nationale axée sur les concepts de porte d'entrée et de corridor qui reconnaît que les systèmes de transport qui nous permettent d'assurer le transport des personnes et des marchandises avec une efficacité de classe mondiale sont absolument essentiels à notre prospérité future.
Des initiatives comme l'Initiative de la Porte et du Corridor de l'Asie-Pacifique, celle de la Porte continentale et du Corridor de commerce Ontario-Québec et les initiatives de la porte d'entrée de l'Atlantique tiennent compte des particularités géographiques et des possibilités de transport de ces régions.
Avec ces initiatives, on reconnaît que l'investissement dans l'infrastructure de transport requiert la collaboration de beaucoup de parties. Le gouvernement collabore avec beaucoup d'intervenants à l'échelle du pays pour offrir de meilleurs résultats aux Canadiens.
Les intervenants incluent les administrations portuaires canadiennes, des représentants de tous les secteurs de transport, tous les ordres de gouvernement et des investisseurs privés. Chaque initiative prévoit des mesures concrètes favorisant la productivité de l'économie et le renforcement de la capacité concurrentielle du Canada sur les marchés internationaux. Nous sommes un pays commerçant, et le commerce est très important pour notre avenir.
Le réseau portuaire national compte 19 administrations portuaires canadiennes. Celles-ci sont situées dans chacune des régions visées par une initiative de porte d'entrée ou de corridor.
Un transport maritime efficace et une infrastructure portuaire moderne sont des éléments clés qui permettront au gouvernement d'atteindre ses objectifs. De fait, la capacité du Canada d'affronter la concurrence sur la scène internationale dépend largement de l'efficacité de nos ports et de la présence de l'infrastructure portuaire. C'est surtout vrai des ports qui représentent une porte d'entrée, lesquels revêtent une importance stratégique pour le pays.
Même si la politique nationale et le cadre législatif qui régit les ports sont valables et qu'ils remplissent dans l'ensemble leurs objectifs, il faut moderniser ces instruments. Nos ports doivent pouvoir tirer parti des possibilités considérables des marchés mondiaux. Nous avons tous entendu parler de l'Asie et de ses marchés émergents. Les Canadiens doivent pouvoir en tirer parti pour continuer à jouir de la meilleure qualité de vie au monde.
Nous devons voir à ce que la Loi maritime du Canada n'entrave pas les ports ni le gouvernement fédéral. Il faut plutôt veiller à ce qu'elle soutienne la capacité du gouvernement de prendre des décisions financières dans l'intérêt de la population et de placer le Canada dans une position avantageuse dans les chaînes d'approvisionnement mondiales en pleine évolution.
Il nous incombe de définir le rôle du gouvernement fédéral et de découvrir là où les autres ordres de gouvernement ou les investisseurs privés ne peuvent fournir le niveau d'investissement requis pour appuyer ces projets, qui sont importants pour les Canadiens et dans l'intérêt du pays.
Le paysage a changé. Le nouveau contexte exige un cadre stratégique modernisé pour les ports nationaux. La modernisation passera par une série de modifications législatives et d'initiatives stratégiques ciblées. Les modifications législatives qu'on propose ont une grande portée. Elles sont axées sur les points suivants.
Premièrement, sur la souplesse financière, qui est si importante, même dans le secteur privé.
Deuxièmement, sur l'accès des ports au financement de l'infrastructure, qui importe pour l'avenir.
Troisièmement, sur la durabilité environnementale, qui est la pierre angulaire de la politique de ce gouvernement et une préoccupation de chaque Canadien.
Quatrièmement, sur l'accès à un financement pour répondre à des exigences liées à la sûreté. Nous tenons à la sécurité des Canadiens, car il y va de notre avenir.
Cinquièmement, sur un mécanisme d'emprunt commercial pour les grands ports.
Sixièmement, sur de possibles fusions et mesures de gouvernance aux ports, au besoin et si c'est dans l'intérêt des Canadiens.
Voilà donc des initiatives ciblées axées sur une politique maritime nationale modernisée pour les ports, un mécanisme d'emprunt simplifié et de la souplesse dans la gestion future des zones portuaires.
Comme je l'ai mentionné, nous assistons actuellement à une croissance sans précédent du commerce avec les pays de l'Asie-Pacifique. Il s'ensuit d'énormes pressions sur la côte Ouest. Ces pressions commencent à se faire sentir dans d'autres régions du Canada, par exemple, dans les Grands Lacs, dans la voie maritime du Saint-Laurent et sur la côte Est, où nous avons récemment annoncé l'Initiative de la porte d'entrée de l'Atlantique.
Notre tâche consiste à trouver des moyens de promouvoir de nouveaux investissements dans le secteur maritime tout en l'encourageant à adopter une approche commerciale, dans la mesure du possible, dans l'intérêt des Canadiens. Certaines des plus grandes administrations portuaires canadiennes ont beaucoup investi dans les infrastructures afin de remédier aux contraintes de capacité, mais citent certains obstacles à leur croissance, comme le fait qu'elles ne sont pas admissibles à la plupart des programmes fédéraux de financement.
Nous proposons de modifier la Loi maritime du Canada afin de donner à ces administrations portuaires canadiennes accès à des contributions fédérales, premièrement, pour les coûts en capital des projets d'infrastructure, qui sont si importants pour l'avenir, deuxièmement, pour la durabilité environnementale et, troisièmement, pour des projets liés à la sûreté.
Voilà une grande nouvelle pour les Canadiens. Voilà une façon de placer les administrations portuaires sur un pied d'égalité avec les autres modes de transport déjà admissibles aux contributions. Voilà une mesure qui les rendrait compétitives.
Nous ne proposons pas la création d'un nouveau programme de financement. Nous proposons la création d'un cadre qui permettrait aux administrations portuaires de présenter des demandes aux programmes de contribution des fonds pour l'infrastructure, la durabilité environnementale et les projets liés à la sûreté.
Les députés peuvent-ils discerner ici un thème récurrent? C'est exact. Les programmes qui existent déjà ou les programmes de contribution susceptibles d'être mis au point à l'avenir sont des éléments clés.
Dans tous les cas, les ports devraient présenter des arguments de poids pour démontrer qu'ils répondent à des critères précis et qu'il est de l'intérêt public de leur confier les deniers publics. Nous ferons en sorte qu'ils continuent de rendre des comptes.
Par exemple, ces modifications pourraient faciliter l'accès aux ressources financières disponibles pour la recherche de solutions environnementales comme l'utilisation de nouvelles technologies de régulation des émissions. Les modifications assureraient également aux administrations portuaires un accès continu au financement disponible en matière de sûreté.
Sans cette modification, à la fin de 2007 les administrations portuaires ne seraient plus admissibles au financement de mise en oeuvre des améliorations liées à la sûreté. C'est pourquoi ce projet de loi est aussi important.
Nous proposons également que Transports Canada collabore étroitement avec le ministère des Finances et le secrétariat du Conseil du Trésor pour mettre en oeuvre une procédure d'emprunt à deux volets qui fournirait, d'une part, un régime d'emprunts commerciaux pour les ports importants, assortis de responsabilités proportionnelles dans le cas des ports dont les recettes annuelles brutes seraient supérieures à 25 millions de dollars, bref, uniquement les grosses pointures, et, d'autre part, une procédure rationalisée à l'intention des ports de moindre envergure essayant de faire modifier leur pouvoir d'emprunt. Nous voulons nous assurer que ces emprunteurs demeurent responsables de leurs emprunts. En même temps, nous voulons être certains qu'ils restent compétitifs.
Il existe d'autres préoccupations touchant l'utilisation des terres portuaires. Certaines installations portuaires importantes sont maintenant sur le point d'empiéter sur des terrains réservés au développement résidentiel et ils ont presque atteint les limites de leur capacité. C'est une raison de plus de réserver de nouveaux terrains stratégiquement situés pour les besoins ultérieurs en matière de transport dans les zones urbaines.
Pour l'instant, il y a peu de mesures visant à encourager les ports à conserver des terrains pour y développer de futurs corridors de transport. Il est important de trouver les mécanismes appropriés pour que les ports restent d'importants moteurs pour les économies nationale, régionales et locales. C'est très important pour les collectivités où sont situés ces ports.
Il est absolument crucial que nous trouvions des moyens d'encourager nos ports à investir dans des biens immobiliers pour la mise en valeur des ports à long terme, pas l'année prochaine, mais dans 100 ans ou 200 ans. Cependant, nous devons être prêts aujourd'hui pour assurer cette croissance à laquelle nous nous attendons et qui, nous le savons, aura lieu.
Pour favoriser la préservation des terres de transport, ces possibilités seraient offertes aux administrations portuaires du Canada sous forme de nouvelles politiques mises en oeuvre au moyen de lettres patentes supplémentaires. Cela permettrait d'élargir les utilisations admissibles de terres que les administrations portuaires louent ou accordent par le biais de permis à des tiers parties et cela aiderait les administrations portuaires à accroître les recettes provenant de ces terres jusqu'à ce que le port soit prêt à mettre les biens en valeur à des fins portuaires.
Cependant, les administrations portuaires du Canada ne proposent pas d'être moins vigilantes à l'égard de ces terres, et toutes les activités autorisées devront être compatibles avec les opérations portuaires. Par exemple, nous ne permettrons pas que des appartements en copropriété soient construits sur ces terres. Elles doivent être prêtes pour l'avenir.
D'autres modifications qui seront davantage profitables aux administrations portuaires du Canada sont celles qui sont associées aux fusions à venir, comme celle qui est en cours dans la vallée du Bas-Fraser, en Colombie-Britannique. Nous proposons d'incorporer des dispositions qui permettraient une approche cohérente, laquelle est extrêmement importante pour savoir à quoi s'en tenir, afin de faciliter des fusions éventuelles à l'avenir.
Nous voulons agir dans l'intérêt supérieur des Canadiens, tout en faisant de cette initiative un bon instrument de gouvernance à cette fin. Certaines modifications clés de gouvernance qui sont proposées répondraient davantage aux besoins des administrations portuaires du Canada et favoriseraient un cadre de gestion plus durable, plus stable et à plus long terme.
Il y a également un ensemble complémentaire de modifications proposées qui sont de nature plus technique, qui clarifient le libellé de la loi et qui harmonisent certaines dispositions avec d'autres mesures législatives. Ce projet de loi est important, mais il doit fonctionner de concert avec d'autres mesures législatives du régime gouvernemental.
Enfin, avec ces modifications en place, nous proposons de moderniser la politique maritime nationale concernant les ports pour veiller à ce que le contexte stratégique de la prise de décisions tienne compte des nouveaux échanges commerciaux et du milieu mondial des affaires et que nous demeurions concurrentiels.
En élaborant cette mesure législative, nous avons tenté d'établir ce que nous estimons être un équilibre très raisonnable entre encourager une conduite pleinement commerciale de la part des ports et leur permettre de chercher à obtenir des contributions aux termes de programmes généraux comme notre nouvelle initiative Chantiers Canada, qui, encore une fois, constitue une excellente nouvelle pour les Canadiens dans le domaine de l'infrastructure.
Les ports des États-Unis et des autres pays leur font concurrence. Ces derniers insistent davantage sur les initiatives en matière d'infrastructure, de sécurité et d'environnement et reçoivent plus d'argent de leur gouvernement pour les financer. L'accès à long terme aux contributions fédérales visant à stimuler la croissance dans les nouvelles portes d'entrée ou à améliorer la sécurité est conforme à la grande priorité que notre gouvernement accorde au commerce et à la sécurité. Les deux principaux domaines de préoccupation des Canadiens sont la sécurité et l'emploi. Que peut-il y avoir de plus important?
Les ports du Canada doivent se mesurer à leurs concurrents internationaux qui profitent de fonds qui leurs sont essentiellement consacrés dans le but de rassurer leurs partenaires commerciaux à l'échelle internationale. Les associations qui représentent le secteur maritime ont demandé au gouvernement qu'il leur fournisse le même accès au financement pour les Administrations portuaires canadiennes que celles qui sont offertes aux autres services de transport.
D'autres intervenants que nous avons consultés ont dit appuyer fortement le principe de l'accès aux fonds d'infrastructure pour les ports. Notre gouvernement en reconnaît également l'importance. Nous avons étudié plusieurs options afin de déterminer ce qui serait le plus profitable pour nos partenaires et pour l'économie canadienne, parce que notre gouvernement tient à obtenir le meilleur rendement possible pour les contribuables canadiens.
Nous proposons ces changements afin d'offrir une approche équilibrée, comme je l'ai déjà mentionné, une approche qui combine les amendements législatifs et les initiatives stratégiques ciblées qui auront les répercussions les plus positives possible sur le l'industrie maritime et sur l'économie du Canada. Par ailleurs, nous devront toujours verser un petit loyer à l'État et prévoir des garanties raisonnables à l'égard des pratiques d'emprunt.
En ce qui a trait à l'accès aux programmes de financement gouvernementaux, nous proposons de mettre les ports et les autorités portuaires sur un pied d'égalité avec d'autres intervenants du milieu des transports. Toutefois, le gouvernement reconnaît également qu'il faudra prévoir des mesures de contrôle afin de garantir la reddition de compte aux contribuables canadiens. Les fonds qui seront ainsi offerts dans le cadre de programmes de contribution prévoyant des responsabilités et des critères clairs offriront d'excellents contrôles et refléteront l'approche actuelle du gouvernement à l'égard de l'offre de financement sous certaines conditions.
Nous sommes d'avis que les modifications contenues dans le projet de loi seront bénéfiques pour nos ports. Elles constituent une partie importante des politiques et du cadre général du gouvernement en matière de transport et de commerce d'un bout à l'autre du Canada. C'est le moment idéal pour apporter de telles modifications à l'économie canadienne. C'est ce qui est le mieux pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis enchanté de me joindre au débat actuel, d'autant plus que le secrétaire parlementaire nous a invités à réfléchir sur la question de la crédibilité et du rôle de chef de file sur la scène internationale. On gagne en crédibilité et on devient un chef de file non seulement par des mesures comme celles qu'on nous invite aujourd'hui à assimiler, mais également grâce aux retombées d'autres actes ou d'autres omissions.
Je voudrais revenir sur cette question et profiter de la présence du et du . Ils voudront peut-être écouter ce que j'aurai à dire un peu plus tard et prendre le temps d'y réfléchir et d'y répondre.
[Français]
Je voudrais continuer en français. Aujourd'hui, on a noté, on a voulu souligner le fait qu'il y a des projets de loi et des programmes qui sont très importants pour le Canada, pour l'ensemble du pays. Or, ces programmes et projets de loi ont pris naissance grâce à un gouvernement auquel j'ai d'ailleurs eu le plaisir et le privilège de participer.
Peut-être d'autres partis en cette Chambre qui se plaignent aujourd'hui du gouvernement conservateur regrettent-ils le fait que nous avons accompli quelque chose d'important pour les Canadiens et les Canadiennes.
Moi aussi, je me plains du fait que le gouvernement au pouvoir n'est pas le mien. Cependant, alors que nous étions au pouvoir, nous avons accompli des choses qui permettent aujourd'hui au gouvernement actuel d'établir un programme beaucoup plus expansif.
[Traduction]
Que devrait faire le gouvernement? J'aimerais indiquer que, dans mon parti, nous pensons nous aussi que le transport est une question fondamentale dans l'édification d'un pays et d'une nation. Je tiens à le dire, car nous prenons cette question au sérieux. Nous l'avons toujours fait. Nous avons accompli le travail de base pour que le pays soit doté d'un réseau de transport, d'une infrastructure lui permettant de réaliser pleinement son potentiel économique.
Ce ne sont pas que des paroles, comme l'indique le secrétaire parlementaire. C'est le fondement sur lequel on peut bâtir des programmes. Les ports, et en particulier les ports de mer, qui sont visés par le projet de loi à l'étude, sont essentiels pour que le pays puisse établir des relations commerciales avec le reste du monde, de manière à ce que tous les Canadiens puissent profiter des ressources qui abondent au pays et de manière à ce qu'on puisse aussi envoyer ces ressources au-delà de nos frontières, dans des marchés où l'on pourra en faire des produits à valeur ajoutée ou même les consommer directement. Les ports sont des éléments fondamentaux d'infrastructure pour le fonctionnement de l'économie canadienne.
Qu'avons-nous fait? Les députés seront surpris. Comme vous avez tout comme moi de nombreuses d'années d'expérience à la Chambre, monsieur le Président, vous vous souviendrez qu'en 1995, nous avions entrepris la coordination de l'ensemble de nos actifs dans les ports de mer. Cela a mené, en 1998, à la création d'un réseau de ports de mer canadiens et à la mesure législative prévoyant son établissement et destinée à concilier les différences parfois contre-productives de nos ports.
En 2003, on a ensuite examiné cette mesure législative afin d'en évaluer l'efficacité. Toute bonne chose a parfois besoin de temps pour prendre forme. Nous savons ce qui s'est passé. Une série d'études ont suivi après 2003. Je remercie le secrétaire parlementaire d'avoir reconnu que ces études ont été menées par le ministère, sur l'ordre du gouvernement. Ce n'était pas son gouvernement, mais je le remercie néanmoins de l'avoir reconnu.
Ces études visaient à nous permettre de rendre tous ces ports concurrentiels et efficaces sur le plan économique, dans un contexte où le marché mondial était en constante mutation. Quand nous avons entrepris l'étude initiale, le concept de portes d'entrée du Pacifique ou de l'Atlantique ou, dans le centre, celui de porte d'entrée continentale des Grands Lacs ne faisaient même pas partie du vocabulaire, pas plus qu'il n'était question du commerce florissant sur la côte Ouest.
Un de nos ports était assez achalandé, mais les autres l'étaient plus ou moins ou pas du tout. Il est aujourd'hui question des ports de la Colombie-Britannique, que ce soit à North Fraser, Vancouver, Prince Rupert, Nanaimo ou Port Alberni. Ces ports sont tous importants pour les marchés de l'Orient, qu'il s'agisse de l'Asie du Sud-Est ou de l'Asie du Nord-Est. Nous devons nous assurer que toutes les marchandises en provenance de ces marchés et destinées à l'Amérique du Nord transitent par nos ports. Nous devons aussi stimuler l'économie grâce aux infrastructures qui desservent ces ports, afin que les provinces du centre du pays puissent acheminer leurs produits et marchandises jusqu'à ces marchés.
Les mêmes principes s'appliquent aux ports dans le Canada atlantique. En s'appuyant sur ses études, le gouvernement au pouvoir a supposé et en a déduit que nous devions investir davantage dans la coordination de ces ports. Les libéraux ont présenté une mesure, le projet de loi . La mesure dont nous sommes actuellement saisis est la réincarnation du projet de loi C-61. Je suis ravi d'être témoin de la réincarnation d'une bonne mesure. Le secrétaire parlementaire pourrait nous voir appuyer un projet de loi qui fait ressortir ces éléments très importants.
Comme je l'ai dit, nous devons renforcer les principes qui sous-tendent une bonne politique des transports, une politique bien réfléchie consistant à assurer que la circulation des biens et des personnes est efficace, rapide et économique sur le marché tant canadien qu'international.
Nous avons voulu déterminer un but commun et permettre l'élaboration d'un plan ou d'une vision pour la croissance du Canada, et je m'imagine que ce projet de loi va dans le même sens. Je n'ai pas entendu le secrétaire parlementaire le dire, mais je suppose que telle était son intention, car ce serait pour cette raison que nous appuierions le projet de loi.
La mesure doit permettre la mise en place d'une infrastructure cohérente. Trop souvent, cette infrastructure se limite à un port donné. Toutefois, nous devons réfléchir aux possibilités de nouveaux chemins de fer, voies aériennes ou routes terrestres qui alimenteraient ces ports qui sont en fait le terminus, l'endroit où arrivent les marchandises qui continueront leur voyage. Cela en dit long sur le Canada et la productivité de ses citoyens. Tel était le but de ce projet de loi.
Comme l'a mentionné le secrétaire parlementaire, le projet de loi contient des parties sur la gouvernance parce que nous voulons assurer une certaine continuité. Nous voulons que le conseil d'administration des administrations portuaires soit composé de personnes d'expérience et d'experts de l'économie locale, mais capables de traduire les objectifs nationaux d'un gouvernement fédéral désireux, ou qui devrait être désireux, de s'assurer que les ports comblent les besoins de tous les Canadiens.
La structure de gouvernance est très importante. Cependant, il importe également de s'assurer que les administrations portuaires ne se contentent pas de tirer des revenus du transport de biens. Les ports doivent être des entités économiques en soi et les administrations portuaires doivent pouvoir s'assurer que les actifs qu'elles gèrent font partie intégrante de leur propre structure de gouvernance. Ces actifs peuvent être de nature foncière, il peut s'agir d'améliorer leurs terrains ou de tirer des revenus de baux à court comme à long terme.
Si quelqu'un prenait ombrage de cela ou avait des divergences de vues à ce sujet avec le gouvernement, nous apporterions les modifications sur-le-champ au projet de loi.
Mais le plus important, et ce que nous voulions faire valoir, c'est qu'il faut donner aux administrations portuaires la possibilité de profiter des programmes gouvernementaux qui leur permettraient d'obtenir des fonds prévus pour l'amélioration des mesures de sécurité dans l'après 11 septembre, ou d'accéder aux programmes d'infrastructure qui existent déjà. Ces programmes ont été mis en place par le gouvernement libéral précédent, dont j'ai eu le privilège de faire partie, je le répète, afin que les ports soient vus comme faisant clairement partie de l'infrastructure économique de notre pays et du réseau qui unit les gens et qui amène les biens sur les marchés.
Le secrétaire parlementaire se demandera probablement où nous voulons en venir avec la question de crédibilité et de leadership. La crédibilité dépend de ce que nous faisons pour améliorer les ports. Le secrétaire parlementaire a parlé de commerce et de relations internationales. Dans ces domaines, ce qui se fait dans les ports n'est pas tout, d'autres facteurs comptent également, notamment notre façon de traiter les gens qui viennent au Canada.
On ne s'éloigne pas de ce principe, et je suis content que le secrétaire parlementaire en ait parlé. Malheureusement, plusieurs tragédies se sont produites au Canada au cours des derniers mois. La plupart des gens ont entendu parler du jeune homme sur qui on a utilisé un pistolet paralysant à l'aéroport de Vancouver. Ils savent que nous avons manqué une occasion d'agir de façon prompte et décisive pour veiller à ce que toute injustice soit redressée immédiatement.
L'image du gouvernement du Canada dans le monde s'est détériorée au point où le gouvernement de la Pologne a demandé la tenue d'une enquête. Tout cela fait partie du genre d'infrastructure qui attire les gens au Canada et qui les place parmi nous.
D'ailleurs, je le répète, je remercie le ciel que nous ayons des représentants d'autres ministères. Plus tôt aujourd'hui, le gouvernement de l'Italie a appelé l'ambassadeur du Canada au sujet d'une situation semblable, survenue le 20 septembre, dans laquelle un citoyen italien est mort en prison à Québec. Jusqu'à présent, ni le gouvernement du Québec ni la police de Québec n'a répondu; pire encore, le gouvernement du Canada n'a pas encore répondu.
Tout ce que veulent ces gens, c'est de pouvoir compter sur une continuité, de comprendre ce qui se passe quand on traite avec des Canadiens sur une question de leadership international; il faudrait au moins que nos gestes soient aussi éloquents que nos paroles. Ayons au moins l'obligeance de répondre à ces gens.
Jusqu'à récemment, nous nous cachions derrière le fait que, par exemple, les ports n'ont aucune infrastructure financière solide; ensuite, nous avons évité les questions autres que monétaires, c'est-à-dire là où nous ne nous occupions pas des détails, ou encore la question du chevauchement des compétences. Comment traiter avec des pays qui veulent que nous leur répondions?
[Français]
On peut toujours dire que ce n'est pas notre problème, que c'est le problème des autres provinces, que cela relève des compétences des autres. Or, si l'on a la volonté politique de mettre en place un projet de loi comme l'actuel projet de loi , il faut aussi démontrer la même volonté politique d'accomplir d'autres choses.
Je voudrais dire quelque chose en italien, si mes collègues me le permettent.
[Le député s'exprime en italien.]
[Français]
Je le répète en anglais.
[Traduction]
Il est inconcevable que nous ne puissions pas donner une réponse à un gouvernement étranger qui nous demande pourquoi l'un de ses citoyens a été traité ainsi en territoire canadien. Par exemple, dans le cas du jeune homme qui est mort le 20 septembre, Castagnetta, on ne sait toujours pas avec certitude s'il est mort aux mains de la police à cause de l'utilisation du pistolet paralysant. Comment se fait-il qu'on n'ait pas encore les résultats de l'autopsie?
Parlons de leadership, et pas seulement sur la scène internationale, pas seulement dans le domaine des transports, mais de leadership global qui montrerait que le gouvernement sait où il s'en va. Le gouvernement devrait faire en sorte que les marchandises et les gens se déplacent efficacement dans un environnement concurrentiel, mais en veillant à ce que tout le monde ait droit à la dignité, y compris ceux qui viennent établir leur nouveau foyer dans notre pays. Même les visiteurs devraient avoir accès à un procès en bonne et due forme suivant le droit canadien. C'est inconcevable qu'une famille doive attendre une réponse deux mois et demi, et ce n'est pas fini. C'est incroyable.
Le gouvernement ne fait rien. Il agira peut-être plus rapidement sur une question d'infrastructure aussi concrète que celle-ci. Je puis dire au , en tant que porte-parole de mon parti, que les libéraux sont prêts à appuyer les initiatives prévues dans le projet de loi , tout comme ils sont prêts à offrir le genre de soutien dont le gouvernement a besoin pour projeter une image positive de notre pays à l'étranger. Sans cela, nous agissons dans des sens opposés, et cela ne devrait jamais être l'intention d'un député.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui, au nom du Bloc québécois, au sujet du projet de loi .
D'entrée de jeu, je dirai que le Bloc québécois sera favorable au principe du projet de loi . Évidemment, on aura la chance de le faire évoluer en comité et de faire comparaître des témoins. Nous espérons — et je pèse bien mes mots — que ce projet de loi permettra d'accroître la compétitivité du Saint-Laurent grâce au maintien et à l'amélioration des infrastructures portuaires nécessaires au développement du corridor de commerce Saint-Laurent—Grands-Lacs, ce qui favorisera du même coup le transport intermodal et l'environnement.
Pourquoi dis-je que c'est ce que nous espérons? C'est parce qu'à première vue, il faut faire attention. Le collègue libéral a bien mentionné que lorsque les libéraux étaient au pouvoir, ils ont prôné la porte d'entrée du Pacifique. Les conservateurs ont mentionné plus tôt, par l'intermédiaire du secrétaire parlementaire, qu'ils ont investi des centaines de millions de dollars dans la porte d'entrée du Pacifique. Voilà qu'on s'apprête à annoncer des sommes importantes à l'intention de la porte d'entrée de l'Atlantique, à Halifax. Par contre, jamais dans le discours du secrétaire parlementaire ni même dans celui du collègue libéral a-t-on parlé du corridor de commerce Saint-Laurent—Grands-Lacs.
C'est donc pour cela que je dis que le Bloc québécois espère bien que le projet de loi devant nous permettra de développer le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands-Lacs, qui est aussi important que le Mississipi l'est pour les États-Unis. Cette autoroute navigable qui entre directement au coeur des Amériques se doit d'être prise en ligne de compte. Nous espérons que ce projet de loi traitera d'une partie de ce problème.
En fait, le premier objectif du projet de loi est de modifier le régime actuel d'emprunt. Pour celles et ceux qui nous écoutent et qui ne comprennent pas, il faut savoir qu'à l'heure actuelle, les administrations portuaires sont des entités, des corporations indépendantes qui ont d'abord des chartes qui leur permettent de faire des emprunts, cependant elles ont une limite maximum permise. Ainsi, comme le dit le secrétaire parlementaire, l'objectif est d'augmenter la limite ou de faire disparaître la limite maximale d'emprunt pour les grands ports en vue de leur permettre de se développer.
Je citerai comme exemple le port de Montréal. Ce dernier a perdu de son importance autant sous les libéraux que depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, mais il est tout de même considéré comme l'un des grands ports du Canada. Or le port de Montréal ne fait aucun emprunt. Quand bien même on déciderait, par un projet de loi, d'augmenter la capacité d'emprunt du port de Montréal alors que celui-ci ne fait déjà aucun emprunt, ce n'est pas ce qui aidera à son développement.
Pour ce qui est d'accéder à des contributions financières, il est vrai qu'en ce moment, les autorités portuaires n'ont pas la capacité de recevoir des subventions. Comme les autorités aéroportuaires, elles doivent s'autofinancer et facturer certains frais à leur clientèle. Dans le cas des ports, évidemment, les entreprises maritimes doivent payer des frais pour l'utilisation des ports — c'est ainsi qu'on récolte les revenus. Elles peuvent contracter des emprunts pour être capables de financer certaines améliorations apportées aux ports. Tel est le contexte actuel.
Maintenant, on souhaite leur permettre d'accéder à des contributions financières. Je le veux bien, mais cela doit être équitable pour tous les ports partout au Canada. Quand on parle des investissements du gouvernement conservateur dans la porte d'entrée du Pacifique, il faut d'abord comprendre que cela n'était pas destiné aux infrastructures à l'intérieur même des clôtures des ports, puisque ce n'était pas permis par la loi. C'était donc un financement pour apporter des améliorations aux systèmes ferroviaires et aux portes d'accès pour pouvoir offrir le plus de services possible, pour faire entrer et sortir la marchandise au delà des limites du port.
Personnellement, je veux bien qu'on leur accorde aujourd'hui des subventions. Cependant, si tout l'argent des subventions est toujours dirigé directement vers les ports du Pacifique et qu'il n'y ait rien pour le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs, tout ce que ce projet de loi aura réussi à faire, c'est de créer un déséquilibre beaucoup plus important.
En effet, à ce jour, le programme de porte d'entrée du Pacifique mis sur pied par les libéraux et poursuivi par les conservateurs n'a toujours pas son pendant dans le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs.
Les conservateurs ont annoncé que la porte d'entrée de l'Atlantique serait à Halifax, mais, encore une fois, il n'y a rien pour le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs qui est, je le répète, la plus belle et la plus grande porte d'entrée au coeur des Amériques. Tel était l'objectif lorsque cela a été fait, à l'époque, mais je reviendrai plus tard sur l'historique. Il reste que si nous, députés du Bloc québécois, ne sommes pas vigilants, si tout l'argent va pour l'Ouest et les Maritimes et qu'il n'y ait rien pour le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs, ce projet de loi n'aura pas atteint son objectif.
J'en répète les raisons. Entre autres, c'est que le port de Montréal ne fait aucun emprunt. Évidemment, ce n'est pas d'argent qu'il aurait besoin. Tous les investissements devraient être faits à l'extérieur des limites ou des barrières pour faciliter le transport intermodal et autres. Toutefois, s'il s'avère que l'on ne voit pas la lueur de cet investissement et que l'objectif de ce projet de loi est d'aider les ports du Pacifique et d'Halifax, nous aurons alors raté notre coup.
Je voudrais préciser certains aspects de la gouvernance. Évidemment, il s'agit de revoir la façon dont les corporations et les associations portuaires s'administrent — et je pense que c'est bien pour tout le monde. Pour le Bloc québécois, il est également important que l'on puisse répartir ces investissements de façon égale dans toutes les régions du Canada et que, entre autres, le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs ait sa juste part, pour une fois. Cela n'a pas été le cas sous les libéraux et ce n'est pas encore le cas sous les conservateurs. Telle est la réalité.
Nous tenons à le faire savoir en cette Chambre: le fleuve Saint-Laurent a toujours été un atout majeur pour le développement du Québec intimement lié au développement économique de toutes ses régions. Si 80 p. 100 de la population québécoise vit sur les rives du Saint-Laurent, c'est plus de 75 p. 100 du secteur industriel qui s'y trouve. La position stratégique des industries par rapport au fleuve Saint-Laurent permet d'utiliser ce dernier pour la presque totalité des échanges commerciaux internationaux en dehors des États-Unis.
Je le répète parce qu'il faut bien le comprendre. Lorsqu'on considère la voie navigable du Saint-Laurent dans le contexte nord-américain, on saisit encore davantage l'ampleur de son impact économique. En effet, le fleuve Saint-Laurent constitue un accès privilégié au centre de l'Amérique du Nord. Il permet non seulement de rejoindre plus de 90 millions d'habitants et le coeur industriel des États-Unis, du Canada et du Québec, mais il représente en plus un trajet plus court pour les grands transporteurs européens. La distance entre Montréal et Rotterdam est de 5 813 km, alors que celle entre New York et Rotterdam est de 6 154 km.
Ce corridor permet donc d'entrer au coeur des Amériques, et ce, plus rapidement. Toutefois, la voie navigable du Saint-Laurent est sous-utilisée. La quantité totale des marchandises transportées sur le Saint-Laurent a chuté de 130 millions de tonnes, au début des années 1980, à environ 100 millions de tonnes, 10 ans plus tard, pour osciller autour de 105 millions de tonnes depuis. Il faut donc comprendre que, depuis 1980, les ports du Saint-Laurent ont reçu moins de marchandises qu'ils n'en reçoivent actuellement, en 2007, soit 150 millions de tonnes. Il s'agit de 25 millions de tonnes de moins que ce qui se transportait sur le Saint-Laurent au début des années 1980.
Encore une fois, si certains ports ont vu un accroissement de leur clientèle, cela signifie que les investissements ou la façon dont le Canada a géré le dossier portuaire n'ont pas permis à cet important outil de développement de se réaliser à sa juste valeur. Qu'on ne nous dise pas que cet outil est identique partout ou qu'il sous-utilise le transport de marchandises. Je donne ici un exemple. Depuis 30 ans, le transport de marchandises par navire a augmenté de 600 p. 100 sur le plan international. Alors qu'on passait de 130 millions de tonnes sur le Saint-Laurent, dans les années 1980, à 105 millions de tonnes, le commerce par transport maritime augmentait de 600 p. 100 sur tout le plan international. Plus près de nous, le système du Mississipi, concurrent direct du Saint-Laurent, a vu son trafic annuel passer de 450 millions à 700 millions de tonnes. Quant aux ports océaniques de la côte est américaine, ils ont également vu leur achalandage augmenter de façon régulière.
J'ai donc autant de difficulté à comprendre le message livré plus tôt par mon collègue libéral que celui livré par le secrétaire parlementaire qui nous parle de l'activité économique, de la Chine et du fait que ce sont eux qui le demandent.
Cependant, il faut comprendre que sur la côte est américaine, on a vu une importante augmentation du transport maritime, ce qu'on n'a pas ressenti sur le Saint-Laurent. Qu'est-ce que cela veut dire? Tout simplement que le Canada ne s'est pas occupé d'un des corridors les plus importants, le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs, qui touche, entre autres, le Québec, l'Ontario et les États-Unis.
On peut aussi dire qu'une tendance semblable se manifeste pour le trafic passant par la voie maritime du Saint-Laurent. Après être monté jusqu'à 70 millions de tonnes, la quantité de marchandises empruntant la voie maritime s'est stabilisée autour de 50 millions de tonnes par année. Encore une fois, la voie maritime est la voie qui mène aux Grands Lacs. Comme je le disais tout à l'heure, si on est passé de 130 millions de tonnes à 105 millions de tonnes sur le Saint-Laurent, sur la voie maritime qui mène aux Grands Lacs, on est passé de 70 millions de tonnes au début des années 1980 à 50 millions de tonnes. Encore une fois, cela est dû principalement au manque de compétitivité de la voie navigable du Saint-Laurent qui découle notamment du désengagement d'Ottawa en matière d'infrastructures maritimes au Québec, en particulier en ce qui concerne le corridor de commerce Saint-Laurent— Grands Lacs. C'est cela la dure réalité.
Le gouvernement fédéral, sous la gouverne des libéraux, a décidé de placer toutes ses billes dans le même panier, soit dans ce qui s'appelle la porte d'entrée du Pacifique, et on a oublié le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs. Les conservateurs sont en train de faire la même erreur. Ils ont ajouté l'argent qui manquait pour la porte d'entrée du Pacifique, ont décidé de créer une porte d'entrée de l'Atlantique à Halifax. Or, encore une fois, l'argent ira à Halifax et rien n'ira au corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs.
Ce n'est pas ce projet de loi, qui permet aux ports d'augmenter leurs emprunts, qui réglera le problème. En effet, l'argent qui est investi dans la porte d'entrée du Pacifique est de l'argent qui va complètement à l'extérieur de la superficie ou du territoire du port. Cela permet donc un meilleur acheminement de la marchandise, autant par rail que par route.
Il faudrait faire la même chose avec les ports qui longent le Saint-Laurent, la voie maritime et les Grands Lacs. Il faudrait donner à toutes ces portes d'entrée maritimes le même souffle, la même énergie en accordant le même investissement. Ce qu'on permet aujourd'hui, ce sont des investissements à l'intérieur du périmètre qui appartient aux administrations portuaires. On leur dit qu'elles pourront emprunter davantage et que, dorénavant, le gouvernement pourra leur accorder des subventions directes.
Or, de même que l'argent pour les portes d'entrée n'est allé qu'à la Porte d'entrée du Pacifique — cela ira maintenant à la Porte d'entrée de l'Atlantique, à Halifax — , il n'y a rien pour le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs. Si c'est la même chose qu'on veut faire avec ce projet de loi, on aura manqué notre coup.
C'est pourquoi, le seul parti en cette Chambre qui soulèvera cela, c'est le Bloc québécois. Évidemment, on est fiers d'être au Québec et fiers du Saint-Laurent qui a toujours servi de fer de lance à toute l'industrie québécoise et canadienne. Toutefois, on ne peut que constater ce grand désengagement du gouvernement du Canada dans les investissements le long du corridor Saint-Laurent—Grands Lacs.
J'aimerais faire un petit historique du corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs. Le concept de corridor est basé sur une évidence. Les ports du Saint-Laurent doivent mettre en place une stratégie commune pour faciliter le transport des marchandises le plus efficacement possible entre eux et en direction des marchés auxquels ces marchandises sont destinées. Il est également basé sur une seconde évidence. Pour obtenir leur part du trafic maritime mondial, l'heure n'est plus à la compétition entre Montréal, Québec, Sept-Îles ou les autres ports du Saint-Laurent, ou même ceux des Grands Lacs. Ce sont les ports américains qui leur font concurrence et c'est à cette concurrence qu'il faut répondre.
Le message que je veux livrer est que nous ne sommes même pas en compétition avec la côte est, la côte ouest, Halifax ou Vancouver. Comme je le disais tout à l'heure dans l'analyse que j'ai faite par rapport aux distances, il est plus court de partir de Rotterdam pour s'en venir à Montréal que de partir de Rotterdam pour s'en aller à New York. Cela veut dire que nous avons un avantage évident: nous sommes capables de desservir le centre et le coeur de l'Amérique, les États-Unis, entre autres, le Québec et, évidemment, l'Ontario. Nous sommes capables de faire cela avec ce corridor si nous travaillons un tant soit peu ensemble, si tous les ports qui longent le Saint-Laurent jusqu'aux Grands Lacs travaillent ensemble.
Il faut pouvoir faire transiter les marchandises le plus rapidement et le plus efficacement possible. S'il faut procéder à des transferts par route ou par rail, il faut pouvoir offrir ce même service dont on est en train de doter la région de Vancouver. Il faut être capable de donner ces mêmes avantage au corridor Saint-Laurent—Grands Lacs de façon à ce que tout le marché mondial du transport maritime puisse bénéficier, entre autres, à toutes les régions du Canada, le Québec en faisant encore partie.
Pourtant, on ne peut que constater présentement qu'autant les libéraux que les conservateurs ont complètement oublié ce corridor d'envergure qu'est le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs.
Je ne veux pas toujours me répéter, mais il faut comprendre que le projet de loi déposé ici, en cette Chambre, veut d'abord favoriser les administrations portuaires en leur donnant la possibilité de faire des emprunts ou permettre au gouvernement de donner des subventions directes, ce dont il n'avait pas le droit avant. Toutefois, je redonne l'exemple du port de Montréal. Celui-ci ne fait pas d'emprunt et il n'a aucune dette. Ce n'est donc pas lui qui a demandé cela. Par contre, s'il y a des subventions, il veut en bénéficier autant que tous les autres ports au Canada.
Il est très important que le gouvernement le comprenne parce que l'objectif avoué, on ne s'en cache pas, est de donner des subventions directes à l'intérieur du périmètre administré par les corporations portuaires, soit entre autres aux portes d'entrée de l'Ouest et du Pacifique, donc dans la région de Vancouver. On en donnera également probablement à la région de la porte d'entrée des Maritimes, à Halifax, mais il faudra pouvoir répartir cet argent de façon équilibrée à travers tout le Canada. Je ne suis cependant pas sûr que ce soit la volonté du gouvernement.
On comprendra donc que le Bloc québécois sera en faveur de ce projet de loi parce qu'il considère que le corridor de commerce Saint-Laurent—Grands Lacs est parmi l'un des corridors les plus sous-utilisés de tous les corridors maritimes compte tenu de sa proximité ainsi que de sa capacité de desservir le Québec, l'Ontario et le centre et le coeur des États-Unis. On calcule qu'il est sous-utilisé, que les gouvernements précédents qui se sont succédé ici, à Ottawa, ont été négligents et qu'ils n'ont pas mis les efforts nécessaires et les investissements requis afin de favoriser ce développement. De plus, ce corridor Saint-Laurent—Grands Lacs permettra aussi le transport intermodal, qui est probablement présentement la plus grande force du corridor Saint-Laurent—Grands Lacs, soit le cabotage.
On espère pouvoir développer le cabotage et le transport intermodal. On voudrait être capables de faire la courte distance entre Montréal et les Grands Lacs et entre Montréal et Sept-Îles. On voudrait pouvoir se servir de ce vaste corridor, comme les Américains le font sur le Mississipi, et s'assurer que tous les investissements requis de la part des gouvernements permettront à toutes ces infrastructures et ces ports qui longent le Saint-Laurent et qui vont jusqu'au Grands Lacs d'avoir la capacité de développer le transport intermodal à son maximum.
Si l'objectif du gouvernement n'est pas celui-là, le Bloc québécois aura la chance de poser des questions au gouvernement et de faire comparaître ministre. Il est bien beau de déposer un projet de loi, mais s'il a été fait uniquement pour développer la porte d'entrée du Pacifique, il faut le dire. Il faut être assez honnête et le dire s'il manque de l'argent, si les ports de Vancouver et du Pacifique n'ont plus les moyens de faire des règlements d'emprunts, s'il faut investir directement et donner des subventions directes. Il faut le dire parce qu'on créera un déséquilibre entre les ports du Pacifique par rapport à ceux de l'Atlantique. On se crée nous-même de la compétition et il n'y a rien de pire.
Les libéraux et les conservateurs n'en sont toutefois pas à une erreur près dans ce domaine. On adopte des politiques au jour le jour et on essaie de régler un problème à court terme en éteignant un feu et en en allumant deux autres. C'est ce que le Bloc québécois veut éviter. On est en accord pour que l'on permette maintenant aux ports de modifier leurs régimes actuels d'emprunts, donc de permettre aux grands ports d'emprunter plus de façon à assurer leur développement. On est d'accord pour qu'il y ait des contributions financières maintenant, ce qui n'était pas permis auparavant, et qu'on puisse ainsi subventionner, par des programmes d'infrastructures, les administrations portuaires afin de les aider si jamais leur taux d'endettement est trop élevé. On ne veut toutefois pas créer un déséquilibre entre la côte ouest, la côte est et le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs.
Si on ne le dit pas en cette Chambre, c'est ce que fera le Parti conservateur. C'était ce qu'avait commencé à faire le Parti libéral, soit investir dans la porte d'entrée du Pacifique. Finalement, les libéraux n'ont rien déposé. Les conservateurs se sentent un peu gênés et voudraient peut-être investir. Ils ont annoncé de l'argent pour la porte d'entrée du Pacifique, mais rien pour celles de l'Atlantique et d'Halifax.
Cela veut dire zéro, moins zéro, plus zéro pour le corridor Saint-Laurent—Grands Lacs. Ce n'est absolument rien. Cela évidemment, c'est au grand détriment de l'économie du Québec, de l'Ontario et, également, de ce qu'on peut développer en termes de commerce avec les États-Unis.
:
Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi . C'est un projet de loi attendu, dans un sens, dont on espère voir l'aboutissement.
Ce projet de loi traite des ports de tout le pays, que ce soit à Vancouver, à Montréal, à Québec, à Halifax ou à Saint-John, au Nouveau-Brunswick. Cela éveille mon intérêt, surtout que chez nous, dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, un port est en développement et cela a une importance primordiale pour les gens de cette région.
Comme on le sait, c'est probablement ma circonscription, , dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, qu'on trouve le plus haut taux de chômage. À maintes reprises, on a dit en cette Chambre que le député d' devrait parler d'autres choses que l'assurance-emploi. Eh bien, voici une occasion de faire des investissements dans un port très important, qui a été ignoré tout au long du processus, par rapport à tous les autres ports du Canada. Le député du Bloc québécois disait qu'il ne fallait pas oublier le port de Montréal. Or, ce dernier n'a pas de dettes; il a de l'argent et cela n'est donc pas un problème.
C'est toutefois le contraire pour nous: il s'agit du développement d'un port. Prenons l'exemple de Belledune, ville voisine de ma circonscription, , située directement au bout de la baie des Chaleurs. Si les gens prennent la peine de consulter une carte, ils constateront que la baie des Chaleurs est en ligne directe avec l'Europe. De plus, l'eau y est profonde et il n'y a aucune glace. On n'a donc pas besoin de brise-glace pour faire passer les bateaux en hiver. Cela n'occasionne pas de dépenses. Pourtant, le gouvernement nous facture, comme aux autres ports, les coûts pour le brise-glace, même si on n'en a même pas besoin au port de Belledune. Cela devient vraiment un handicap au développement économique de la région et de ce port.
Remontons aux sources. Qui était prospère au Canada? C'était bel et bien l'Atlantique. Ensuite, les affaires se sont déplacées plus dans l'ouest de l'Atlantique, puis vers le Québec, vers Montréal, vers Toronto, puis vers les Grands Lacs, et ainsi de suite. Or, c'est en Atlantique que le Canada a véritablement connu ses débuts. Il faut se rappeler que les Acadiens étaient les premiers à venir d'Europe. Nous avons fêté notre 400e anniversaire il y a deux ans. Cela démontre que nous avons été les premiers.
Or, dans les questions qui nous intéressent présentement, il est regrettable de voir qu'aujourd'hui l'Atlantique est oubliée, surtout le Nord-Est du Nouveau-Brunswick. Il y a pourtant un port à Saint-John et un à Halifax. Quant au nouveau port de Belledune, il présente un potentiel incroyable.
Comme je le disais, l'Europe est en ligne droite avec la baie des Chaleurs, au bout de laquelle se trouve le port de Belledune. On peut imaginer, en consultant une carte, que cette trajectoire pourrait continuer vers les États-Unis, par exemple, s'il y avait une bonne route pour s'y rendre. Pourquoi le transport naval devrait-il faire tout un détour pour aller aux États-Unis, alors que le port de Belledune, dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, est en ligne directe avec l'Europe et les États-Unis?
Le projet de loi vise aussi à permettre aux ports d'effectuer des emprunts. Cette chose est bienvenue. Toutefois, le comité devra étudier cet objectif afin qu'on puisse les aider le plus possible.
Au cours des années précédentes, le gouvernement a tourné le visage aux ports et en a remis la responsabilité à Port Authority.
[Traduction]
Les ports ont été transférés aux collectivités et le gouvernement libéral, qui était au pouvoir à l'époque, s'en est retiré. Il n'a pas fourni l'argent nécessaire pour assurer leur entretien. Il ne s'agit pas seulement du port de Vancouver ou d'autres grands ports, par où transitent les marchandises. Il s'agit aussi des ports de pêche, de tous les petits ports. Le gouvernement n'a rien fait pendant des années.
L'an dernier, nous avons discuté de travaux qui étaient nécessaires dans le port de Miller Brook, dans ma circonscription. Il y avait eu une sécheresse cette année-là et il fallait hâler les bateaux dans le port à cause du manque d'eau. Il n'a même pas été dragué. C'était incroyable. Je n'exagère même pas quand je dis qu'il fallait hâler les bateaux dans le sable pour les amener dans le port.
Cela a eu pour résultat que les marins ont peur à l'approche d'une tempête. Que feraient-ils s'ils étaient en mer pendant la nuit mais qu'ils ne pouvaient par rentrer au port à cause de la marée basse?
Le port a été oublié pendant de nombreuses années. Il est aujourd'hui un fardeau pour la collectivité et pour les pêcheurs. C'est comme avoir une maison. Si son propriétaire ne l'entretient pas, elle finit très vite par ne plus être fonctionnelle. Il faut procéder aux travaux nécessaires pour la maintenir en bon état.
[Français]
Par exemple, quand on regarde nos petits ports pour pêcheurs, on pourrait dire que le gouvernement n'a pas mis d'accent là-dessus. Il a transféré les ports aux communautés, mais, maintenant, ils sont rendus dans un état tel qu'à la moindre tempête, on perd nos ports.
Je vais donner un exemple. Il y a quelques années, une tempête a sévi à Petit-Rocher. On aurait eu besoin d'ajouter des protections au port. On a argumenté avec les gouvernements pour mettre des protections pour s'assurer que si les vents venaient, si les grosses marées de l'automne du mois de novembre arrivaient, on n'allait pas perdre nos ports. Les gouvernements ont refusé. La tempête a été assez grosse. Une vague de 30 pieds s'est abattue au-dessus du port et cela a déplacé le port de Petit-Rocher d'un pied. La réparation du port a coûté 550 000 $, car on était en train de le perdre. Les pêcheurs n'ont pas pu pêcher. De plus, ils ont été obligés de mettre des roches pour empêcher l'eau de frapper le port une autre fois et de le briser. Cela a doublé les coûts. Alors, il faut faire les réparations quand c'est le moment de les faire et non pas attendre qu'une catastrophe arrive.
C'est la même chose au niveau de la nomination des personnes au sein des administrations portuaires. Le gouvernement veut diminuer le nombre de personnes. Le danger est que les personnes de la place ne seront pas là pour donner les recommandations dont on a besoin. Il ne s'agit pas seulement de cela, mais de prendre des décisions pour la population en général, dans les localités. Ce sont les gens à la base qui connaissent les problèmes. Ce sont eux qui devraient pouvoir prendre les décisions et faire les recommandations au gouvernement pour la réparation de nos ports, comme faire une avancée, rebâtir ou faire mieux là on pourrait faire du développement économique. C'est comme je le disais tout à l'heure pour le port de Belledune.
Je vais parler de ma circonscription. Je vais prêcher pour ma paroisse. On peut regarder les ports en mauvais état chez nous. Rapidement, je peux en nommer plusieurs. Le port de Pointe Verte en est rendu à un point où les bateaux ne peuvent même pas rentrer dans le port. C'est la même chose pour le port de Maisonnette, ou celui de l'Anse-Bleue ou de Saint-Raphaël-sur-mer.
C'est la même chose si on regarde à Le Goulet, par exemple. Je parlais avec le maire de Le Goulet et il me disait qu'il fallait absolument que le gouvernement intervienne et les aide. Ce ne sont pas de grosses communautés. Tout à l'heure, le député du Bloc québécois disait que le port de Montréal n'avait aucune dette, qu'il n'avait pas de problème de ce côté et qu'il aimerait être traité équitablement.
Il faut faire du rattrapage. Il faut commencer à en faire pour s'assurer de pouvoir amener un certain développement économique pour ces ports, mais aussi assurer la sécurité des gens. Actuellement, les ports ne sont pas sécuritaires. À Grande-Anse, les pêcheurs restent de l'autre côté parce que lorsque la marée est basse, ils ne peuvent pas rentrer au port. Ce n'est pas sécuritaire. Les gens ne sont pas capables de rentrer au port à Miller Brook, ni à L'Anse-Bleue. Ce n'est pas sécuritaire.
Le gouvernement a des responsabilités. Il les a transférés aux gens et s'en est lavé les mains. Quand il a fait ce transfert aux communautés, il garantissait qu'il serait là pour les aider à maintenir les ports en bon état. Il voulait que les gens participent avec lui, mais il les a laissé seuls. Il les a laissé tomber et c'est regrettable.
En conclusion, nous appuierons le projet de loi s'il y a des amendements. Je suis certain que le député de en parlera plus longuement. Il aura de bonnes choses à présenter en comité pour que nous appuyions le projet de loi C-23.
:
Monsieur le Président, j'interviens dans le débat sur le projet de loi . J'aimerais d'abord remercier le député d' de son discours. Je remercie également le député d'avoir fait en sorte que je puisse intervenir dans le débat aujourd'hui. J'arrive tout juste de Windsor, et je me suis précipité à la Chambre. Il fait tempête, si bien que le voyage a été particulier.
J'aimerais faire ressortir quelques éléments importants du projet de loi C-23. En premier lieu, les raisons pour lesquelles les ports sont des actifs importants de notre infrastructure moderne et, en deuxième lieu, les liens qui existent entre les ports et les collectivités où ils sont situés.
Nous avons plusieurs grands ports tels que les ports de Vancouver, de Montréal, de Toronto et de Halifax. Ce sont des lieux historiques nationaux. Nous avons aussi de petits ports comme celui de Windsor, géré par l'Administration portuaire de Windsor, qui a joué un rôle historique, mais qui peut aussi contribuer à améliorer la prospérité des Canadiens.
Le projet de loi prévoit des changements importants. Les questions que j'ai posées au gouvernement demeurent sans réponses. Certaines de ces questions concernent l'exploitation actuelle des ports et visent les dispositions du projet de loi en matière de sécurité. D'autres concernent l'absence d'analyses structurelles des ports quant à leur façon de faire par rapport aux municipalités, par exemple, et aux ententes sur l'utilisation du territoire.
Nous avons devant nous le projet de loi , qui apporte des modifications au fonctionnement des ports. Les administrations portuaires pourront emprunter davantage de fonds. À l'heure actuelle, elles ont de la difficulté à le faire à cause des mesures archaïques en vigueur. Le projet de loi permettra aux autorités portuaires d'emprunter jusqu'à 20 p. 100 de la valeur de leurs projets d'immobilisations dans le cadre de leurs opérations. Puis, la mesure prévoit un système à deux vitesses. Les grands ports auront leur système et les petits ports auront une version peaufinée du système actuel.
Je ne sais pas encore si un système à deux vitesses permettra de tirer le meilleur parti de toutes les possibilités qui s'offriront dans l'avenir. À première vue, j'hésite à appuyer cette idée. Nous sommes impatients d'entendre les témoins qui comparaîtront devant le comité quant à savoir si les petits et les moyens ports se sentent défavorisés. C'est une question cruciale.
Quand on songe que le gouvernement est essentiellement dirigé par une seule personne, suivant un mode de gestion descendante, la même philosophie pourrait être appliquée aux ports. Les plus importants pourraient être avantagés par rapport à ceux de taille moyenne ou aux petits ports qui sont néanmoins capables d'offrir d'importantes possibilités de développement économique et qui pourraient vouloir se faire concurrence pour devenir de grands ports canadiens.
Il faut prendre garde, en modifiant cette mesure législative, de ne pas trop les étrangler. Il faut qu'ils puissent rivaliser avec leurs pairs, sans être désavantagés par une telle situation. Nous voulons nous assurer que cette question sera examinée. Nous espérons que les responsables de ces ports viendront nous faire part de leur évaluation de la situation actuelle.
L'un des aspects importants mis en évidence dans le projet de loi, et il convient de se demander suivant quelle logique, est la réduction du nombre d'administrateurs au sein des conseils existants.
Ce sera notamment le cas du port de Vancouver dont le conseil compte actuellement entre sept et quatorze administrateurs. L'ancien élu municipal que je suis signale que c'est la municipalité qui a nommé ces personnes au conseil. Ces personnes agissaient à titre indépendant et rendaient compte à l'ensemble du conseil, mais une part de responsabilisation tenait au fait que celles-ci sont généralement très branchées sur la réalité de la ville et de la collectivité. Elles auraient des obligations en tant que membres du conseil d'administration.
Nous assistons ici, semble-t-il, à l'érosion progressive des conseils. On pourrait se retrouver avec des conseils composés de personnes triées sur le volet par le gouvernement, et c'est justement ce qui m'inquiète. Cela risquerait de poser des problèmes.
Un grand nombre des personnes nommées aux conseils des administrations portuaires d'un bout à l'autre du pays sont des personnes fort compétentes qui occupent ces fonctions à titre représentatif, essentiellement pour défendre les intérêts de la population. Ce qui m'inquiète, c'est qu'il est arrivé dans le passé que certains postes prennent un caractère très politique. Le gouvernement précédent était bien connu pour ce genre de chose. Le gouvernement actuel a manifesté des comportements similaires.
Chez nous, dans la région de Windsor, par exemple, le gouvernement a même renvoyé un juge très compétent dont la nomination était teintée de favoritisme libéral. Il faisait du bon travail, et nous voulions le garder, mais le gouvernement l'a renvoyé quand même en raison d'une idéologie politique qui mène tout le reste.
Nous aimerions donc qu'on revoie ce dossier. Si l'on songe réellement à faire un ménage, pour ainsi dire, dans tous ces conseils d'administration au pays, je serais très inquiet, compte tenu du fait que le gouvernement n'a pas encore proposé les mesures éthiques grandement attendues dans le domaine des nominations partisanes.
Il suffit de voir que les conservateurs ont nommé un membre non élu du Sénat au poste de ministre des Travaux publics pour comprendre qu'il n'y a rien pour les arrêter, surtout que c'est là une rupture importante par rapport au contenu de leur programme électoral. Puis, voici ce que nous constatons en regardant certaines de ces autres nominations.
Les administrateurs sont des gens très importants. Ils reflètent les décisions du conseil et ils ont de l'influence dans la collectivité.
J'aimerais maintenant passer à un des points que ce projet de loi permettra d'assouplir, c'est-à-dire la possibilité d'utiliser les terrains portuaires pour d'autres fins et peut-être même d'autres plans d'affaires. Cela pourrait à bien des égards être très profitable pour le port et pour la collectivité. J'ai toutefois demandé au ministère, et je n'ai d'ailleurs pas eu de réponse à cet égard, quelles seraient les procédures adoptées afin de traiter avec les municipalités en cause.
Comme j'ai beaucoup travaillé dans le domaine des plans fonciers, je peux vous dire que tout est intrinsèquement lié à la planification en matière de viabilité, tant pour l'environnement que pour l'équité à l'égard de l'utilisation commerciale, de détail ou résidentielle et ainsi de suite.
Lorsque j'ai examiné l'allocution du secrétaire parlementaire sur cette question, j'ai remarqué qu'il a insisté particulièrement pour dire que, avec ces ententes avec des tiers, les ports ne permettront pas la construction d'appartements en copropriété sur ces terres. Cependant, cela m'empêche pas qu'il pourrait y avoir d'autres genres d'utilisations qui pourraient entrer en conflit ou en concurrence avec des terres adjacentes, pour lesquelles des titulaires du secteur privé ou du secteur public, qu'il s'agisse des municipalités ou des provinces, ont déjà des ententes et des utilisations.
Si aucun processus n'est mis en place pour permettre à la municipalité d'examiner son plan officiel afin de l'approuver en conséquence, il pourrait être contourné. Cela serait mauvais pour l'environnement et pour la planification. J'ai certes déjà été témoin de cette situation à quelques reprises. Les utilisateurs des terres municipales ou des terres domaniales ont, en fait, contourné les processus municipaux en Ontario, car les municipalités ne sont pas obligées de passer par ce processus. Ainsi, les principaux intéressés s'entendent pratiquement pour ne pas passer par les étapes de consultation sur la planification. Ils évitent ainsi de se présenter devant la Commission des affaires municipales de l'Ontario et ainsi de suite.
Nous voulons, entre autres, que cet élément soit défini très clairement pour que les gens de la localité et de la région qui siègent à cette commission comprennent parfaitement le processus d'approbation des ententes conclues avec des tiers au sujet de l'utilisation de leurs terres.
Le gouvernement encourage tellement ce processus que les ports peuvent en fait passer à un autre niveau de développement, tout en maintenant, s'ils ont des terres excédentaires, des activités économiques sur les terres pour les aider. En outre, cela leur permet de contrôler ces terres, de sorte que, s'ils ont besoin de les utiliser à l'avenir, ils en auront le contrôle.
Comme j'habite Windsor-Ouest, j'estime qu'il s'agit là d'un principe judicieux. Nous avons le poste frontalier terrestre le plus fréquenté en Amérique du Nord et, en ce qui concerne les camions, le plus fréquenté au monde. Chaque jour, 10 000 camions traversent la frontière.
Nous avons constaté un manque de planification parce que le pont qu'il y a là est un pont privé. Il est encore un pont privé et le gouvernement n'en a pas tiré profit en ce sens qu'il n'a pas convenablement planifié les environs de ce pont. Il est maintenant enclavé si on peut dire et, même si de vastes terrains étaient acquis, il serait impossible de relever les défis que posent aujourd'hui la sécurité et le commerce, notamment en raison des normes imposées par les États-Unis.
En dépit des platitudes du , et peu importe à quelle fréquence il rencontre les Américains et travaille avec eux, ce qui se passe sur le terrain, c'est que le département de la Sécurité intérieure des États-Unis et d'autres agences également imposent de nouvelles procédures, de nouveaux services et de nouveaux obstacles à nos échanges commerciaux.
Je crois donc que l'idée que le port conserve les terrains pour un usage futur est sage, mais les conditions et les règles applicables sont aussi très importantes.
Je n'ai abordé ce soir que quelques éléments du dossier et je n'ai qu'une minute pour conclure. Je dirai que les néo-démocrates souhaitent un port moderne où la sécurité sera bien assurée. En ce moment, moins de 3 p. 100 du fret qui entre au Canada est vérifié. Il y a là un risque énorme pour la sécurité et le gouvernement l'a négligé. Il faut que les choses changent.
Je terminerai en disant que nous examinerons le projet de loi en comité afin d'y proposer des améliorations, mais il faut penser autant à l'aspect local qu'à l'aspect national parce que c'est le moyen d'obtenir le maximum d'efficacité.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir de participer à ce débat. C'est certainement une question d'importance pour ma région du pays, la province de la Colombie-Britannique, qui a un port très important, l'un des plus occupés en Amérique du Nord. Aujourd'hui, nous discutons des modifications proposées à la Loi maritime du Canada.
Je veux faire porter mes observations sur l'importance du transport et des chaînes d'approvisionnement. Ces aspects du commerce ont une importance critique si l'on veut faire en sorte que le Canada demeure concurrentiel et jouisse d'une économie dynamique et vigoureuse.
Je veux aussi parler du commerce mondial en général, et de l'importance pour nous, Canadiens, de commencer à chercher des possibilités de commercer avec les économies émergentes du monde et à accroître nos échanges commerciaux avec les principaux partenaires que nous avons déjà.
Le commerce, mondial ou local, change rapidement, et le transport est un des aspects critiques, peut-être le plus fondamental, d'une relation commerciale fructueuse. J'en surprendrai peut-être beaucoup en disant que le coût du transport des biens et des produits de base dans le monde diminue. Il n'augmente pas, malgré la forte augmentation des dépenses de carburant. La technologie est plus moderne et le coût des produits de base est plus élevé, ce qui exige bien sûr un plus gros investissement dans l'équipement. Il demeure que le coût du transport a fortement diminué dans les dernières décennies.
De nos jours, les entreprises du monde entier assurent leur production dans leur propre pays mais en confient également une partie à des tiers installés à l'étranger. Elles peuvent aussi former des alliances stratégiques et des coentreprises dans le monde entier. C'est ce qu'on appelle les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Essentiellement, une entreprise qui produit un certain bien peut avoir fait faire des travaux de recherche et de développement dans un certain pays, fait fabriquer des pièces dans deux autres pays et avoir assemblé le produit final dans un quatrième. Tous les établissements de production en cause doivent travailler ensemble efficacement, et le transport devient d'autant plus critique.
Il y a un autre facteur critique au Canada. Le marché de la région de l'Asie-Pacifique est devenu le nouveau centre névralgique du commerce mondial. Le commerce transpacifique, en particulier le marché des conteneurs, augmente tellement rapidement que la côte Ouest de l'Amérique du Nord, et surtout le port de Vancouver, a des problèmes de capacité.
Bref, cela signifie que nous accumulons les arriérés dans le traitement des demandes commerciales des pays du littoral du Pacifique, et que notre service se détériore. C'est vrai non seulement pour la côte Ouest du Canada, mais partout dans notre grand pays. Nous avons de nombreux ports importants.
Plusieurs raisons viennent expliquer ces problèmes de capacité, et j'en soulignerai trois. Tout d'abord, l'horrible vérité est que les précédents gouvernements fédéraux ont consacré très peu d'efforts et d'argent à l'expansion de notre réseau national de transport. C'est pourquoi nous nous retrouvons avec une infrastructure nationale vieillissante qui ne favorise pas du tout la concurrence au XXIe siècle. C'est pourquoi, récemment, notre gouvernement conservateur a fait le plus important investissement des 50 dernières années dans l'infrastructure canadienne.
Nous avons prévu un total de 33 milliards de dollars pour le Fonds Chantiers Canada, qui servira à financer les projets d'infrastructure nationale essentiels au cours des sept prochaines années. C'est enthousiasmant parce que ce fonds permettra d'améliorer l'infrastructure, et surtout celle des transports, dans l'ensemble du pays. Il sera aussi avantageux pour ma province, la Colombie-Britannique, et pour la Porte de l'Asie-Pacifique. J'ai été très heureux d'apprendre que le gouvernement a investi 1 milliard de dollars pour améliorer l'infrastructure de la Colombie-Britannique, de manière à ce qu'elle puisse tirer profit de la porte d'entrée.
L'autre raison qui explique les problèmes de capacité est la détérioration constante des services ferroviaires et du transport de marchandises. Depuis de nombreuses années maintenant, presque tout le monde qui compte sur le transport ferroviaire de marchandises se plaint amèrement de la qualité et du niveau de service. Pour régler ce problème, nous avons récemment présenté le projet de loi C-8 qui propose une nouvelle façon plus efficace pour les expéditeurs de résoudre leurs différends en matière de service et de droits accessoires.
Une troisième raison pour laquelle le Canada commence à éprouver des difficultés au niveau de ses portes d'entrée et de ses corridors commerciaux est que les principaux ports du pays n'ont pas la flexibilité juridique nécessaire pour pouvoir s'adapter aux environnements en constant changement, notamment les environnements économique et commercial. C'est là que le projet de loi entre en jeu.
Ce projet de loi accorderait aux installations portuaires de la porte d'entrée des pouvoirs supplémentaires sur leurs propres terres, ainsi qu'un plus grand pouvoir en matière de location. Il accroîtrait aussi le pouvoir d'emprunt des administrations portuaires afin qu'elles puissent s'adapter plus rapidement aux besoins changeants de leurs clients. C'est une mesure essentielle parce que nous sommes dans un marché mondial hautement concurrentiel.
Nous avons certains avantages stratégiques en Colombie-Britannique et au Canada en général qui nous permettent de surmonter ces problèmes, mais il faut que nous en profitions et la seule façon de le faire est de veiller à la modernité de notre infrastructure.