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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole ce soir sur la mission du Canada en Afghanistan.
Quand j'ai été élue, en 2000, l'Afghanistan devenait un enjeu important pour la Chambre, et il l'est devenu pour moi aussi. J'ai suivi de près cette mission. J'ai toujours espéré du leadership face aux décisions qu'il fallait prendre. Les libéraux ont été les premiers à faire preuve de leadership en approuvant la mission en Afghanistan. Ensuite, notre a repris les rênes, et il fait beaucoup pour aider les Afghans.
Un député du NPD a fait un commentaire aujourd'hui, durant le débat, qui donnait l'impression que son parti était désespéré, même s'il n'a pas employé ce mot.
Je veux revenir au moment où le président Karzaï a pris la parole ici, à la Chambre. Il a remercié le Canada de sa contribution et a ajouté ceci:
[...] l'Afghanistan aujourd'hui ne ressemble en rien au pays terrifié et épuisé d'il y a cinq ans. De nos jours, l'Afghanistan a la constitution la plus progressiste de la région, ce qui permet aux Afghans de choisir leurs dirigeants pour la première fois de leur histoire dans le cadre d'élections démocratiques. Ces cinq dernières années, nos gens ont voté dans deux élections, une pour élire le président et l'autre pour le Parlement. À l'inauguration du Parlement, 27 p. 100 des députés étaient des femmes. Les trois organes de l'État ont été établis. Plus de six millions d'enfants vont à l'école et environ 40 p. 100 sont des filles. Plus de quatre millions de nos réfugiés sont rentrés chez eux. Nous avons désarmé des dizaines de milliers d'anciens combattants, et nous avons entrepris la tâche cruciale de reconstruire les institutions afghanes chargées d'assurer la sécurité, soit la police et l'armée. Nous avons aussi stabilisé la situation financière et nous constatons même une croissance économique importante. Bref, en Afghanistan, nous avons adopté la vision d'une société prospère et pluraliste que le Canada représente si bien.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Le gouvernement appuie nos militaires et comprend qu'ils vont à la guerre pour aider des pays comme l'Afghanistan, pour défendre leur population, pour y construire des ponts, pour former leurs militaires, pour aider à la reconstruction après la dévastation et pour redonner aux femmes leurs droits, et aux enfants, leur avenir.
Nos militaires et leurs collègues des autres pays sont les braves d'entre les braves. Ce sont leurs efforts et les efforts du peuple afghan que nous défendons.
En Afghanistan, le Canada fait partie de la Force internationale d'assistance à la sécurité menée par l'OTAN avec l'aval de l'ONU. Le Canada a répondu avec ses partenaires étrangers à l'appel du gouvernement démocratiquement élu d'Afghanistan. Il aide à faire de l'Afghanistan un pays stable, démocratique et autosuffisant.
M. Lee Windsor, directeur adjoint du Gregg Centre for the Study of War and Society, à l'Université du Nouveau-Brunswick, et lui-même un ancien soldat, a décrit comment des événements comme l'éclatement de la Yougoslavie ont empêché l'aide d'arriver en Afghanistan, après que les Afghans eurent fait leur part pour contrer la menace communiste pendant la guerre froide.
L'Afghanistan s'est effondré et la guerre civile s'y est installée, ce qui a permis aux talibans de s'emparer du pouvoir. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a rappelé aux Canadiens les conséquences de cet effondrement. Voici les paroles de lui que rapportait le Globe and Mail le 24 janvier 2008:
L'Afghanistan est un puissant symbole du prix à payer quand on abandonne un pays aux forces de l'anarchie. Ce seul motif justifie les efforts internationaux pour rebâtir le pays. Pour qu'il n'y ait pas de doute à ce sujet, rappelons-nous le 11 septembre 2001 et l'onde de choc que ces attentats ont envoyée dans le monde entier. Nous avons appris comment la disparition des institutions civiles d'un pays pouvait laisser un vide que des criminels et des opportunistes n'ont pas manqué pas de remplir. Plongé dans le chaos et la pauvreté, l'Afghanistan est devenu un terreau fertile pour le terrorisme.
Avant la chute des talibans en 2001, les femmes n'avaient pour ainsi dire aucun droit en Afghanistan. Parmi les droits fondamentaux de la personne qui étaient bafoués, notons que les femmes n'avaient pas droit aux soins de santé de base et qu'elles ne pouvaient pas travailler à l'extérieur de la maison, ni fréquenter l'école ou l'université. Elles n'avaient pas le droit de quitter leur maison sans être accompagnées d'un proche parent de sexe masculin. Elles n'avaient pas droit à un procès équitable et étaient exécutées pour tout crime d'ordre sexuel. Les exécutions publiques et les flagellations étaient courantes sous le régime taliban.
On ne peut pas négocier avec une organisation terroriste et avec un régime qui traite ses propres gens de cette manière.
Les choses sont bien différentes aujourd'hui. Diverses sources, dont la délégation de femmes afghanes qui est venue au Parlement la semaine dernière, ont parlé des grands progrès réalisés dans ce pays. Parmi les plus grandes réalisations, notons que les femmes représentent maintenant le quart des membres démocratiquement élus de l'assemblée nationale et que plus de deux millions de jeunes filles sont inscrites à l'école.
Comme je l'ai déjà souligné, en 2006, le président Karzaï avait expliqué combien l'aide apportée par le Canada était utile pour son pays et il nous avait remercié de tout ce que nous faisions pour eux. Il avait ensuite souligné que l'Afghanistan avait la constitution la plus progressiste de la région puisqu'on permettait aux Afghans de choisir leurs dirigeants pour la première fois de l'histoire de leur pays. Il avait parlé de la structure du gouvernement et du fait que 27 p. 100 de ses membres étaient des femmes. Il avait parlé des six millions d'enfants afghans, dont 40 p. 100 étaient des filles, qui étaient retournés à l'école et des quelque quatre millions de réfugiés qui étaient rentrés chez eux. Il avait parlé de la façon dont les Afghans avaient désarmé des milliers d'anciens combattants et entrepris la tâche essentielle de reconstruire les institutions afghanes chargées d'assurer la sécurité, soit la police et l'armée. Ils avaient également atteint une stabilité financière et une importante croissance économique. En résumé, les Afghans avaient adopté la vision d'une société prospère et pluraliste que le Canada représente si bien.
Le Canada est le principal donateur du Mécanisme de microfinancement et de soutien en Afghanistan, qui aide l'économie afghane en aidant les Afghans à créer leurs propres emplois. Les femmes afghanes prennent le contrôle de leurs vies en créant leurs propres entreprises par l'intermédiaire de ce programme. Plus de 325 000 Afghans ont pris avantage du programme. Là-dessus, 75 p. 100 sont des femmes, et 98 p. 100 des ces prêts ont été remboursés avec intérêt.
Un autre programme, Intégration des femmes aux marchés, aide les femmes à pratiquer l’horticulture et à faire pousser surtout des fruits et des légumes dans leurs jardins à domicile, afin d’améliorer le régime alimentaire de leur famille et de gagner un revenu.
En octobre dernier, on nous a présenté un projet intitulé ArteZan Designs, qui offre des cours de perfectionnement professionnel, de tissage, de production de revenus et d'alphabétisation aux femmes afghanes. On pouvait acheter des châles en soie. Les recettes sont réinvesties directement dans le projet à Kaboul.
Voilà un exemple de plus de la façon dont la présence du Canada en Afghanistan permet aux femmes de créer, de produire et de gagner de l'argent.
Le chef d'état-major de la Défense, le général Hillier, a récemment expliqué le rôle important du développement en Afghanistan. Il a dit ce qui suit:
Nous sommes en Afghanistan pour aider les Afghans. Nous ne sommes pas là pour bâtir un empire. Nous ne sommes pas là pour occuper un pays. Nous sommes là pour aider les hommes, les femmes et les enfants afghans à reconstruire leurs familles.
Le général Hillier a également fourni des précisions sur la relation entre la sécurité au pays et la sécurité en Afghanistan quand il a affirmé que nous devions fixer les conditions de stabilité là-bas avant que le climat d'instabilité ne soit exporté ici.
On me signale que mon temps de parole est écoulé, et j'en suis seulement à la moitié de mon intervention. Si j'avais eu l'attention de la Chambre, j'aurais été un peu plus rapide, mais tout le monde parlait et n'écoutait pas mes arguments importants.
Je suis heureuse d'avoir eu la possibilité de dire quelques mots ce soir à propos des changements démocratiques, du renouvellement économique et des progrès sociaux apportés à un pays en quête de liberté et de stabilité. Les Canadiens peuvent être fiers que nous ayons fait tellement de choses pour changer la vie d'un si grand nombre de personnes. C'est un héritage que nous pouvons célébrer et accepter de préserver ensemble.
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Monsieur le Président, il me fait grand plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour parler d'une question qui, de toute évidence, est très importante pour les Canadiens. Elle l'est tout particulièrement pour moi, compte tenu de l'histoire de ma famille. Je sais que vous, monsieur le Président, connaissez certains aspects de cette histoire. J'aimerais la faire connaître à la Chambre puisque je me considère très fortuné que ma famille ait pu venir au Canada.
Le Canada nous a donné un tout nouveau départ. Comme les députés le savent, au début des années 1970, peu après ma naissance en Afrique de l'Est, un dictateur radical a pris le pouvoir. Il s'appelait Idi Amin. Nous avons vécu sous ce régime incroyable durant une brève période, puis nous avons été expulsés. Heureusement, nous avons pu venir au Canada, sains et saufs, avec ce que nous pouvions transporter. Je ne m'en souviens pas beaucoup puisque j'étais un bébé à l'époque. Cependant, dans ma famille, on raconte que nous avons vécu une période très difficile, que nous avons tout perdu.
Du jour au lendemain, on nous a arraché ce que trois générations avaient bâti dans ce pays: nos familles et nos entreprises. Sans une aide extérieure, il est impossible de redresser de tels torts et de corriger une situation aussi radicale que celle qui sévissait sous le dictateur qui s'appelait Idi Amin. À l'époque, la communauté internationale s'interrogeait sur l'attitude à adopter. Devions-nous intervenir? Fallait-il expulser le dictateur?
Heureusement, le Canada a accueilli ma famille, moi-même et d'autres personnes qui se sont réfugiées au Canada. Nous avons pu recommencer à neuf. Il a fallu qu'un certain nombre de pays africains voisins de l'Ouganda interviennent et expulsent le dictateur, puis aident les Ougandais et leurs familles à entreprendre la reconstruction après le règne terrible d'Idi Amin, qui a duré de six à huit ans environ.
Sous sa dictature, l'Ouganda a beaucoup régressé. Ce pays, qui était censément le joyau de l'Afrique, est devenu l'un des plus pauvres du continent. Tout ce qu'avaient réussi à bâtir un certain nombre de familles qui collaboraient et travaillaient fort a été anéanti du jour au lendemain et, à ce jour, le pays ne s'en est pas encore tout à fait remis.
Récemment, j'ai eu la chance de me rendre avec le à la réunion des chefs du Commonwealth en Ouganda, où j'ai pu constater sur le terrain certains résultats de la participation canadienne. J'ai pu voir certaines des activités d'aide qui se déroulent par le truchement de l'ACDI et des ONG. J'ai pu constater que la stabilité retrouvée permet, lentement mais sûrement, de rétablir la situation économique et de donner de l'espoir aux gens. Encore une fois, le Canada a été une source d'espoir pour beaucoup de gens de cette région.
La raison pour laquelle j’ai voulu raconter brièvement cette histoire à la Chambre, c’est que je vois de nombreux points communs avec ce que le peuple afghan affronte aujourd’hui. Bien sûr, beaucoup d’Afghans n’ont connu que la guerre. Si on considère les 30 dernières années de l’histoire du pays, on se rend compte que la population a dû se battre pour rester en vie. Elle a dû se battre contre différents éléments qui ont imposé à beaucoup de gens d’incroyables difficultés. Pourtant, l’esprit du peuple afghan survit, de même que subsiste l’espoir de vivre dans de meilleures conditions, d’avoir une économie forte et une démocratie libre, chose que les Afghans ont jugée très importante dans leur passé récent.
Quand je parle de la visite historique de la semaine dernière, j’ai été vraiment frappé à mon retour chez moi. Comme mon collègue de l’a mentionné, nous avons trouvé incroyable d’entendre les histoires de la délégation de députées afghanes qui est venue ici.
Parmi les valeurs pour lesquelles nous combattons en Afghanistan aux côtés du peuple afghan, afin de renforcer ses capacités et de l’aider à améliorer sa qualité de vie, trois choses importantes sont souvent oubliées dans le débat sur la question de savoir si nous devons rester en Afghanistan. Ces choses sont la défense, la diplomatie et le développement, les trois D, qui sont tous également importants.
Lorsque je considère l’histoire de ma famille et ce qui s’est passé en Ouganda, toutes ces choses devaient se produire pour que le pays revienne à la normale. Ces choses se produisent encore aujourd’hui. Le travail que j’ai mentionné se poursuit toujours.
Rome ne s’est pas bâtie en une journée. Si nous examinons ce qui s’est passé ces dernières années et tout ce que le Canada et ses partenaires de la coalition ont réalisé en Afghanistan, nous ne reconnaîtrions pas le pays des talibans. En six ans seulement, les choses ont changé d’une façon radicale grâce aux efforts de la coalition en Afghanistan.
Les députés n’ont pas à me croire sur parole. Encore une fois, les femmes qui étaient ici la semaine dernière ont raconté des histoires incroyables au sujet des changements qui se sont produits. Elles peuvent aujourd’hui se montrer en public. Elles peuvent participer à l’édification du pays et aux structures de gouvernance. Par ailleurs, elles ne sont pas encore complètement à l’abri de la peur.
Cette histoire en particulier est extraordinaire. Safia Sediqi est l’une des députées en visite ici. J’ai été vraiment impressionné par sa passion et son dévouement au service de son peuple. Elle nous a dit que la tête de certaines d’entre elles avait été mise à prix. Les talibans sont au courant du travail qu’elles font et veulent les faire tuer. Elle nous a dit que ces femmes ont besoin d’être protégées dans leurs déplacements et qu’elles craignent toujours pour la vie des membres de leur famille pendant qu’elles font leur travail.
Chez nous, beaucoup de gens marchent pour se rendre à leur travail. Nous avons la liberté de le faire. Nous pouvons aller et venir à notre guise. Imaginez ces femmes dont la tête est mise à prix parce qu’elles se battent pour leurs droits et ceux de leur peuple. C’est simplement inimaginable. Non seulement cela, mais lorsque nous avons pris des photos avec les membres de la délégation, elles ont tenu à s’assurer qu’elles étaient correctement vêtues et que leur bourka leur couvrait suffisamment le visage. Si les talibans voient ces photos, ces femmes risquent l’« extermination ». L’une d’entre elles a bel et bien utilisé ce mot.
Ces femmes doivent faire face à des situations incroyables et leur courage est tout simplement remarquable. Lors de leur passage sur la Colline du Parlement, elles ont été très claires. Elles n'ont pas tari de remerciements à l'égard du Canada, surtout pour notre leadership dans cette partie du monde.
Elles ont notamment remercié le Canada parce qu'au cours des dernières années nous avons contribué à rétablir la sécurité et fait le nécessaire pour que les Afghans puissent reprendre leur vie en mains, notamment en fournissant de l'aide au développement, en aidant les filles à fréquenter l'école, en permettant la création d'écoles et de systèmes scolaires. Nous avons également contribué à développer de nouvelles infrastructures. Nos soldats ont en effet travaillé côte à côte avec les ONG responsables des infrastructures sur le terrain.
Tous ces progrès, ont-elles dit, auraient été impossibles et elles-mêmes n'auraient jamais pu devenir députées sans le leadership du Canada, des autres pays de l'OTAN, et notamment celui de l'ONU, qui a pris l'initiative de dire que le monde entier devrait s'impliquer et aider cet État voyou à se remettre sur la bonne voie.
Elles ont pris la parole devant notre caucus la semaine dernière. Une fois qu'elles eurent transmis leur message, il était impossible de retenir une larme. Ce message était tellement clair et articulé. Elles nous ont demandé de ne pas quitter l'Afghanistan maintenant car, si nous le faisions, tout s'écroulerait. En outre, les souffrances y atteindraient un paroxysme que nous pouvons à peine imaginer. C'est ce qu'elles nous ont dit. En entendant leurs récits, je voyais bien de quoi elles parlaient, parce que nous avons tout cela ici. Nous le tenons simplement pour acquis.
Cependant, ce message m'a transmis un nouveau sentiment incroyable d'espoir à l'idée de ce que nous pouvons continuer de faire là-bas. Tout au cours de son histoire, le Canada a été un pays qui s'est volontiers porté au secours d'autres peuples auxquels il insufflait un espoir de démocratie et de liberté. C'est là un exemple parfait de cette tradition historique à l'oeuvre dans certaines régions du monde où un nombre incroyable de conflits continuent de faire rage. La députée de Blackstrap a parlé de la société pluraliste dont nous sommes tellement chanceux de pouvoir bénéficier au Canada.
Aussi, je pense au progrès qui a été réalisé en Afghanistan en peu de temps. Il y a une quinzaine d’années, ma famille, comme d’autres d’ailleurs, a parrainé des réfugiés afghans à leur arrivée au Canada. De toute évidence, ils fuyaient le régime des talibans. Plusieurs d’entre eux ont travaillé avec des membres de notre famille. Ils vivent un peu partout au Canada.
Quinze ou vingt ans ont passé, ils sont maintenant établis. Ils sont fiers d’être Canadiens. Certains ont extrêmement bien réussi. Ils possèdent leur propre entreprise. D’autres sont associés en affaires et d’autres encore travaillent toujours avec mes proches, à Edmonton.
Cependant, ils ont été nombreux à pleurer devant moi quand ils ont vu l’esprit de leadership que le Canada apportait dans leur pays d’origine. Pour bon nombre d’entre eux, c’est la première fois qu’ils retournent en Afghanistan pour contribuer au renforcement des capacités. Ils m’ont dit n’avoir jamais imaginé que l’Afghanistan arriverait à changer les conditions qu’ils avaient dû fuir sous les talibans.
Ils n'avaient jamais imaginé pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Ils avaient clos le chapitre en venant au Canada. Ils espéraient pour le mieux et priaient pour que les choses changent. Ils me disent maintenant que si ce n’était du Canada et de son leadership, ils n’auraient jamais été en mesure de retourner dans leur pays, comme ils peuvent le faire aujourd’hui, pour y donner ce que le Canada nous a donné ici, soit l’expérience, le savoir et la compétence, et étant donné qu’ils ont toujours des liens et qu’ils sont toujours des citoyens canadiens, de travailler avec nos soldats, nos hommes et nos femmes sur le terrain là-bas, et de donner à l’Afghanistan, leur pays, un espoir tout neuf et une vision enthousiasmante de l’avenir.
Je pense que cela est apparu très clairement aux Canadiens depuis que nous tenons ce débat. Je voudrais rappeler à tout le monde que, grâce au leadership de nos ministres et de notre , un processus ouvert et transparent a permis de rassembler les Canadiens pour discuter de ce que nous accomplissons et manifester notre appui à nos hommes et à nos femmes qui font un dur travail sur le terrain, en Afghanistan.
Je me réjouis en pensant que cette motion sera adoptée jeudi soir, pour que nous puissions continuer à donner espoir à la population de l’Afghanistan et de toute la région, parce que cela sera tellement important à mesure que nous progresserons.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à cet important débat sur la mission canadienne en Afghanistan. Jamais nous ne sommes intervenus dans une zone de conflits et nous ne nous sommes engagés à y envoyer des soldats canadiens depuis le conflit dans l'ex-Yougoslavie et en Corée.
Nous ne voulons pas oublier pourquoi nous sommes allés en Afghanistan. Il existait, et il existe peut-être toujours là-bas, une organisation terroriste internationale qui oeuvrait avec l'appui et l'encouragement du gouvernement afghan. Les attentats de New York et de Washington y étaient reliés. Il y a également eu d'autres attentats ailleurs dans le monde.
Environ 3 000 personnes ont perdu la vie à New York, dont des Canadiens. Les Nations Unies ne pouvaient accorder l'impunité à l'Afghanistan en permettant à ce groupe de poursuivre ses activités et, de l'avis de la Chambre, du Canada et des Nations Unies, il fallait agir pour débusquer les terroristes et exiger qu'ils rendent des comptes. C'est la raison pour laquelle les Nations Unies, l'OTAN et nos cousins américains maintiennent actuellement des troupes militaires en Afghanistan.
En tant que député, j'ai eu le privilège de visiter les troupes canadiennes en Afghanistan il y a quelques années. Ce fut une expérience mémorable. J'étais fier d'y être avec un impressionnant groupe de membres des Forces armées canadiennes. Nos militaires étaient alors basés au Camp Julian, à Kaboul. J'étais présent lorsque le premier convoi est parti vers Kandahar. C'était impressionnant.
Monsieur le Président, je tiens à souligner que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Une nuit, et je ne dirai pas quelle heure il était puisque nous ne sommes pas censés dire à quelle heure les choses se produisent, mais disons au milieu de la nuit, les moteurs se sont mis à rugir, réveillant le camp en entier. Certains savaient que ce convoi devait partir. Nous avions alors le sentiment qu'en déménageant de Camp Julian, à Kaboul, vers Kandahar, cette mission représenterait un important engagement qui comporterait de graves risques. Je me souviens de m'être alors inquiété de la possibilité que ce convoi tombe dans une embuscade pendant ce parcours qu'il effectuait pour la première fois sur ce qu'on appelle, je crois, la route 1 qui relie Kaboul à Kandahar.
Au cours de mon séjour auprès des Forces canadiennes, expérience que j'ai vécue en compagnie de deux autres parlementaires et dont je suis très fier, je me suis fait trimbaler dans un véhicule Iltis et sur le dos d'un LAV-3, un véhicule blindé léger, à titre de sentinelle volante. Nous avons circulé dans Kaboul et dans les zones rurales de la région. J'étais fier d'être avec les Forces canadiennes alors que je regardais les gens et les lieux, que je respirais la poussière de l'Afghanistan et que j'essayais de comprendre ce qui se passe là-bas. Il va sans dire que la situation est complexe.
À l'instar d'autres personnes qui sont également allées en Afghanistan, j'ai certainement trouvé qu'il y a parfois des raisons d'être optimiste et qu'à d'autres moments, il y a des raisons d'être pessimiste face à l'avenir. Lorsque le président de l'Afghanistan était de passage au Canada, j'étais particulièrement optimiste quand j'ai entendu son discours. Lorsque j'étais là-bas, les obstacles au progrès, au développement économique et à la paix m'ont semblé énormes, mais avec la présence de la communauté internationale, on voit occasionnellement poindre une lueur d'espoir.
J'ai retenu deux choses en particulier de ce passage en Afghanistan. Premièrement, les Afghans sont résilients et travaillants. Cela ne fait aucun doute et c'est un motif d'optimisme. Tout le monde semblait occupé à faire quelque chose, du moins les hommes. Les femmes et les jeunes filles étaient moins visibles, souvent à la maison, mais les hommes et les jeunes garçons semblaient tous concentrés sur une tâche. Peu importe la servilité de la tâche, ils travaillaient. Les Afghans sont des gens travaillants. Ils vont rebâtir leur pays. Je suis reparti avec cette conclusion très claire.
J'ai aussi conclu que la production d'héroïne dans le Sud de l'Afghanistan, qui en elle-même, par son ampleur, sa portée, et la quantité d'argent qui est mise en cause, est une activité tellement vaste qu'elle nuira à l'évolution de la bonne gouvernance. Elle constitue essentiellement une énorme mainmise du crime organisé sur le Sud du pays. C'est un problème que l'Afghanistan et les Afghans auront à régler. Il faussera l'évolution économique, la politique et la bonne gouvernance de l'Afghanistan. Le problème n'est pas insoluble, mais il est de taille.
Je vais terminer par quelques conclusions. Bien sûr, si les attentats du 11 septembre n’avaient pas eu lieu, nous ne serions pas en Afghanistan. Ce pays continuerait d’évoluer comme il l’a toujours fait, selon la volonté des Afghans. Nous sommes toutefois là-bas, et il est probablement vrai que nous n’y serons pas toujours.
La résolution que nous avons élaborée à la Chambre semble correspondre à un consensus approximatif. La communauté internationale sera peut-être toujours présente pour aider l’Afghanistan, maintenant qu’elle y est, mais on semble avoir le sentiment qu’il doit y avoir roulement entre les alliés.
La motion à l’étude présente les mois à venir comme un engagement de trois ans. Nous espérons que les Afghans continueront d’édifier l’infrastructure de la société civile dans un cadre de sécurité et que, avec le temps, la responsabilité de la sécurité et de tout le reste sera cédée aux Afghans, ce qui serait normal.
Je tiens à rendre hommage aux Forces canadiennes présentes en Afghanistan. Je tiens à rendre hommage aux Afghans. Il semble qu’ils endurent la présence de soldats et de types armés depuis des dizaines d’années. Au cours du dernier demi-siècle environ, il y a eu les Russes, la guerre civile afghane, les talibans et maintenant les troupes de l’OTAN, et tous avaient ou ont des fusils.
Je rends hommage à la police et à l’armée afghanes, qui se développent pour pouvoir un jour assumer l’énorme tâche d’assurer la sécurité de la gouvernance civile. C’est là une tâche qui se poursuit.
Je rends hommage aux Forces canadiennes au sein de l’OTAN. On néglige souvent de parler de nos forces spéciales, la FOI 2. Je leur rends hommage ce soir. Ces forces sont au travail depuis un bon moment. On ne parle pas d’elles parce que la majeure partie de leur travail est secret. Nos équipes de reconstruction provinciale sont là-bas aussi, et je leur rends également hommage.
Enfin, je dois dire qu’il n’y aura pas de solution militaire. L’application militaire de la force est de l’ordre de la tactique. Elle doit permettre aux Afghans de développer et de rebâtir leur système de gouvernance.
Nous n’allons pas nous transformer ici en généraux de salon. La motion que nous adopterons peut-être, que nous adopterons, je l’espère, dit que nous ne nous substituerons pas aux généraux. Nous allons donner les ordres à nos forces, nous allons leur dire ce que nous attendons d’elles et nous les laisserons agir et utiliser les méthodes militaires qu’elles jugent les mieux adaptées, mais le mandat aura une fin.
Dans l’espoir qu’il y aura une rotation et que nous continuerons de contribuer au développement de l’Afghanistan avec nos alliés de l’OTAN, je souhaite que la résolution négociée par les deux côtés de la Chambre sera adoptée.
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Monsieur le Président, je commencerai aujourd'hui par souligner tout ce que nous devons aux hommes et aux femmes des Forces canadiennes qui risquent leur vie afin de créer un monde plus sûr et plus sécuritaire pour les Canadiens et pour les gens du monde entier.
Le Parti libéral continue d'appuyer les membres des Forces canadiennes postés en Afghanistan dans leurs efforts pour rétablir la paix et la stabilité dans cette région perturbée, ce qui est un noble objectif. Nous reconnaissons ce qu'ils font en ce sens. Quand nos militaires rentreront, nous leur témoignerons la reconnaissance et le respect qu'ils se seront mérités une fois de plus.
Nous n'oublierons pas nos fils et nos filles qui sont tombés au combat pour créer ce monde plus sûr et plus sécuritaire. Nous ne voulons pas défaire tout le bien qu'ils ont fait, ni aujourd'hui, ni demain. De plus, nous espérons que les familles des soldats qui ont perdu la vie sauront trouver du réconfort.
Je tiens aussi à souligner le rôle important que nos diplomates canadiens ont joué et qu'ils continuent de jouer en Afghanistan, particulièrement M. Glyn Berry qui a fait l'ultime sacrifice en notre nom et au nom des Afghans.
Il est important de comprendre que des Canadiens ont perdu la vie le 11 septembre quand des membres d'Al-Qaïda ont perpétré une attaque contre les États-Unis au World Trade Centre et que ces terroristes avaient été formés en Afghanistan. Si les forces de l'OTAN se retiraient unilatéralement, il ne fait aucun doute qu'Al-Qaïda et les taliban reviendraient immédiatement.
Nous avons aussi arrêté de présumés insurgés dans notre propre pays, comme les 16 personnes accusées de terrorisme à Toronto. Toute la planète peut être victime d'attaques terroristes, y compris le Canada. Notre participation en Afghanistan s'inscrit dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Nous sommes là-bas pour aider à éliminer des terreaux fertiles pour l'émergence du terrorisme. Nous sommes là-bas pour protéger nos deux pays et nos deux peuples, les Afghans et les Canadiens.
Le Canada s'est engagé envers la communauté internationale et ses alliés de l'OTAN. Le Canada doit honorer cet engagement. Si le Canada se retirait immédiatement de cette mission mandatée par les Nations Unies et dirigée par l'OTAN, comme le préconisent le NPD et le Bloc québécois, nous serions alors perçus comme étant peu fiables pour aider les pays dans leurs efforts pour adopter des principes démocratiques, comme la primauté du droit, les droits de la personne et l'autonomisation des femmes, y compris l'accès égal à l'éducation pour les garçons et les filles.
Un retrait immédiat n'est pas non plus réaliste. Il serait pratiquement impossible de déployer une autre force pour remplacer tout de suite le Canada, ce qui laisserait les Afghans à la merci des talibans. Nous ne pouvons pas abandonner les Afghans, car il reste trop de travail à faire.
L'opposition libérale continue d'appuyer la présence des Forces canadiennes en Afghanistan au sein de la force de l'OTAN, pendant toute la période pour laquelle le Canada s'est engagé. Il importe que le Canada joue un rôle dans l'établissement de la paix et de la sécurité à cet endroit, de manière à ce que les efforts de reconstruction puissent se poursuivre. La mission était dès le départ une mission à plusieurs dimensions reposant sur le modèle 3D, c'est-à-dire conjuguant défense, diplomatie et développement au sein d'un effort coordonné visant à instaurer la paix et la stabilité dans un État fragile.
Le peuple afghan souhaite vivre en paix et veut se bâtir un avenir prometteur, en particulier pour ses enfants. Le Canada doit l'aider à y parvenir. Je suis favorable à ce genre d'approche, qui relève d'une philosophie bien canadienne.
Cela dit, il incombe à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord et à ses pays membres de respecter le principe de la rotation. Les troupes canadiennes ont été très performantes. Elles ont accompli les tâches les plus difficiles, dans la zone de combat d'une région ensanglantée. Il est temps que d'autres partenaires prennent le relais. D'autres pays doivent faire leur part. D'autres pays doivent occuper ces positions et prendre leurs responsabilités. C'est ce que commandent la justice, l'équité et le sens du devoir.
Si on refuse d'agir ainsi, des pays membres vont refuser de telles missions à l'avenir, ce qui pourrait compromettre l'existence même de l'OTAN. Je crois sincèrement, toutefois, que nos partenaires de l'OTAN vont agir comme il se doit, et nous les en remercions.
Jusqu'à maintenant, le débat a trop souvent été teinté de partisanerie mesquine et a donné lieu à de fréquents abus de langage. Il est temps de mettre un frein à la rhétorique et de mettre un peu d'eau dans son vin. La question de l'Afghanistan devrait être au-dessus de la politique partisane. Il est temps de procéder à un changement d'orientation responsable.
Le rapport de John Manley et de son groupe d'experts indépendant a ouvert la porte à un consensus. Nous les remercions pour leur contribution au débat. Nous prenons note de leur invitation à faire preuve d'une plus grande transparence au sujet du conflit en Afghanistan, ce qui aidera les Canadiens à mieux comprendre la situation.
Nous devons continuer de nous soucier du respect du droit international. Nous devons être bien conscients que, lors du transfèrement des prisonniers afghans, aucune force armée n'a le droit de soumettre un combattant ennemi à la torture.
Comme il en est question dans le préambule de la motion dont nous sommes saisis, et je pense que nous pouvons tous nous entendre là-dessus, nous reconnaissons que le but final de la politique canadienne est de laisser l'Afghanistan aux Afghans, au sein d'un pays mieux gouverné, en paix et plus sécuritaire, et créer l'espace et les conditions voulues pour que les Afghans réussissent eux-mêmes à trouver une solution politique au conflit.
De surcroît, nous reconnaissons qu'afin d'atteindre cet objectif, il est essentiel que les responsables des organes chargés de leur sécurité, soit l'armée, la police, le système judiciaire et le système correctionnel, soient bien formés et bien équipés. Notre présence militaire aidera les Afghans à atteindre cet objectif.
La motion prévoit le maintien de notre présence à Kandahar jusqu'en juillet 2011, à condition que le gouvernement informe l'OTAN que le Canada mettra fin à sa présence à Kandahar dès juillet 2011, date à laquelle les troupes des Forces canadiennes seront redéployées à l’extérieur de Kandahar et remplacées par les forces afghanes, leur remplacement devant prendre fin en décembre 2011. J'aurais préféré que cela se fasse plus tôt, beaucoup plus tôt, mais je suis heureux qu'un mandat clair ait été établi. Je n'appuierai jamais une mission sans fin.
De surcroît, la condition prévoyant la rotation d'un groupe supplémentaire de 1 000 soldats de l'OTAN à Kandahar permettra aux Forces canadiennes d'être déployées de façon plus équilibrée et de se concentrer une fois de plus sur les priorités de la mission, nommément la formation et la reconstruction, et sur les trois D que sont la défense, la diplomatie et le développement. Ce conflit ne peut être réglé par un effort militaire exclusivement. J'ai certains doutes, cependant, et me demande si 1 000 soldats supplémentaires seront suffisants.
Les conditions selon lesquelles le gouvernement doit obtenir des hélicoptères de transport de moyen tonnage et des véhicules aériens sans pilote protégeront aussi nos forces.
La motion contient d'autres mesures prudentes, y compris la nécessité de résoudre le problème de la narco-économie qui mine les progrès réalisés en Afghanistan, la nécessité de respecter les normes internationales les plus strictes relatives à la protection des droits des prisonniers et de veiller à un plus haut niveau de transparence, de clarté et d'examen afin que tous les Canadiens puissent être assurés de l'efficacité continue des contributions du pays.
Il y a un énorme débat national au sujet de l'Afghanistan, non seulement à la Chambre mais aussi à l'échelle du pays, et il est temps d'y mettre fin tout en gardant en tête que l'avenir ne sera pas facile. À mon avis, cette motion reflète un terrain d'entente entre l'opposition officielle libérale et le gouvernement conservateur et fournit des indications claires quant à notre mandat. Le NPD et le Bloc défendent une position qui est tout simplement irréaliste dans les circonstances actuelles.
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Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir, mais aussi avec beaucoup de difficulté, que je participe à ce débat. Il n'y a pas si longtemps, un membre de ma famille élargie, le sergent Christos Karigiannis, a été tué dans l'exercice de ses fonctions. Je sais, pour l'avoir vécu, ce qu'une famille traverse en pareilles circonstances.
Lorsque le rapport Manley a été annoncé et qu'il a été présenté fin janvier, ne voulant pas avoir une opinion biaisée sur la question, j'ai envoyé à mes électeurs un questionnaire général disant que nous étions en Afghanistan depuis un certain nombre d'années. Je leur ai posé quelques questions et j'ai sollicité leurs commentaires. Pendant le temps qui m'est accordé, j'aimerais lire certains de ces commentaires et j'invite mes collègues à demander aussi l'avis de leurs électeurs, car il est très important de donner la parole aux électeurs.
J'aimerais lire ce qu'Elizabeth m'a écrit. Le message qu'elle m'a envoyé par courriel le lundi 11 février dit:
L'engagement du Canada dans la mission en Afghanistan pour apporter de l'aide et défaire les Talibans et pour d'autres questions politiques est une mission honorable. Le Canada a toujours été un pays pacifique, une terre de promesses, dont celle d'une vie meilleure, pour tous ses citoyens, mais j'ai le sentiment que cette mission place le Canada au centre d'un conflit politique qui se répercutera sur notre sécurité au Canada.
Le Canada n'a pas créé la situation qui sévit en Afghanistan et perdre des soldats dans le cadre d'une mission difficile et presque impossible, est insensé. Il ne sert à rien d'envoyer nos soldats là-bas.
Je pense aussi que les Afghans devraient être prêts à faire des changements dans leur pays. Si ce pays n'est pas prêt à faire des changements, il sera difficile pour nos soldats d'y instaurer la paix.
Oui, j'estime que les soldats canadiens devraient revenir et retourner dans leur famille, dans le pays qu'ils aiment et servent.
Je ne voudrais pas être mal comprise.
Tout ce que je veux dire, c'est que, si l'Afghanistan est prêt à faire des changements, alors oui, permettons à nos soldats d'y rester et aidons-les à atteindre l'objectif visé et à y améliorer la vie et je vous assure que moins de soldats canadiens périront dans des missions que c'est le cas en ce moment.
Le même jour, Patricia a écrit:
Je conviens de la nécessité d'apporter plus de soutien à nos troupes en Afghanistan, mais je crois que, si elles devaient se retirer en 2009, cela signerait l'arrêt de mort du peuple afghan. Nous nous sommes engagés à prêter main-forte à ce pays; nous ne pouvons pas partir tant que nous n'aurons pas accompli notre travail ou tant qu'il ne nous apparaîtra pas évident que notre contribution n'est plus utile.
Il est dommage que nous ayons été contraints de participer à une mission de combat, alors que nous sommes essentiellement des gardiens de la paix, mais je ne crois pas qu'il soit dans l'intérêt du Canada ni dans celui de l'Afghanistan de laisser tomber les Afghans. Nous devons mener à bien ce que nous avons entrepris.
Zakir a écrit ceci:
Le Canada devrait-il retirer immédiatement ses troupes d'Afghanistan? NON, ce serait capituler devant les extrémistes et donner un mauvais exemple. Nous ne pouvons nous retirer que si le gouvernement afghan est en mesure de se débrouiller seul. Nous ne pouvons réduire nos effectifs que si d'autres forces viennent prendre la relève. Si l'OTAN ne prête pas son appui, il nous faut quitter immédiatement.
Pour commencer, j'estime que l'engagement que le Canada a pris au départ à l'égard de la mission en Afghanistan à l'appui des efforts visant à faire échec aux talibans est juste et noble. La mission et la cause sont plus valables que jamais; leur importance est peut-être plus vitale aujourd'hui, alors que l'Afghanistan se retrouve une fois de plus au bord du précipice que représente le chaos, les talibans semblant reprendre de l'ascendant.
Le 11 février, R.K. a écrit ceci:
Devrions-nous fournir une aide humanitaire à l'Afghanistan? Oui.
Notre mission devrait-elle est prolongée un jour de plus? Non.
Devrions-nous retirer nos troupes? Oui.
Il nuance ensuite ses réponses.
1-L'Afghanistan n'a rien à voir avec les événements du 11 septembre; ce pays n'a commis aucun crime contre le Canada, les États-Unis ou un autre pays. Il a hérité d'Oussama, qui s'était déjà implanté là-bas avec l'aide de la CIA, si j'en crois ce que j'ai lu dans les journaux. En fait, la jirga afghane avait offert, à la suite des événements du 11 septembre, de livrer Oussama au Pakistan, à l'Égypte et à l'Arabie saoudite, ce que les États-Unis ont refusé avec arrogance, préférant se livrer jour et nuit à des bombardements en tapis et détruire ce qu'il restait de l'infrastructure et des maisons des habitants d'un des pays les plus pauvres. Rien ne prouve qu'il se trouve en Afghanistan de toute façon.
2-La guerre contre le terrorisme est en fait une cause pénale contre les auteurs des événements du 11 septembre et elle devrait se livrer devant les tribunaux, à La Haye, et non sur le champ de bataille, comme on l'a fait dans le cas du leader serbe dont j'oublie le nom. Nous devrions émettre des mandat d'arrestation à l'égard des criminels. Les États-Unis n'ont jamais demandé au tribunal international d'intervenir; ils ont créé des tribunaux illégaux et des prisons illégales à la place. Nous vivons après tout au XXIe siècle, à une époque civilisée, pas à celle de Genghis Khan, ou est-ce que je me trompe?
Le 26 janvier, Muhammad F. a écrit le courriel suivant:
Je suis d'accord pour que le Canada laisse tomber son rôle militaire au profit d'un rôle civil en Afghanistan. La force ne peut pas être une solution lorsque la majorité des habitants d'un pays appartiennent à des camps opposés. Selon moi, le problème, c'est que nous les voyons comme nous voudrions qu'ils soient et nous voulons qu'ils vivent comme nous. On peut entraîner des animaux à oublier leurs penchants naturels, mais on ne saurait parvenir à ce résultat avec des humains.
À mon humble avis, le Canada devrait encourager d'autres intervenants à négocier avec tous les principaux acteurs en Afghanistan, écouter leurs points de vue, favoriser le dialogue et aider à trouver une solution acceptable pour la majorité, que nous aimions cette majorité ou pas. Si nous accordons de la valeur à la liberté d'expression et à l'exercice des droits fondamentaux et de la démocratie, nous devrions laisser d'autres nations faire comme nous sous réserve qu'elles ne s'entendent pas au nom de l'injustice.
Le 25 janvier, Ralph a écrit ceci:
J'aime le dicton suivant: « Ventre plein n'a pas besoin d'un fusil ».
En somme, c'est mon point de vue sur les conflits en cours au Moyen-Orient. Aujourd'hui, nous combattons un « fantôme ». Nos militaires voient rarement leurs attaquants. Nous, les occidentaux, ne comprenons pas ou ne voulons pas comprendre leur mode de vie, qui est très différent du nôtre. Les chefs tribaux règnent en maîtres. Leur société ressemble à ce qu'était la société européenne il y a 800 ou 1 000 ans. Comment se battre quand on ne connaît pas vraiment l'ennemi? J'ai souvent dit qu'il coûtait moins cher de fournir du pain que de fournir des munitions pour tuer. De cette manière on se fait des amis, pas des ennemis. Nous sommes ancrés dans une façon de faire, et il sera très difficile de changer nos stratégies. Néanmoins, c'est possible.
Nous devons nous faire des amis de tout un chacun. Nous ne devons pas leur dicter la façon de gouverner. Nous devrions enseigner les droits de la personne, et cela ne sera pas chose facile. Si nous gagnons la confiance des talibans et les aidons à comprendre que les droits de la personne, le droit de tous les citoyens (y compris les femmes opprimées) à la dignité et à l'équité sont des droits fondamentaux dans une société civilisée, nous pouvons gagner cette guerre sans qu'aucune autre goutte de sang ne soit versée.
Le 22 janvier, Benny a écrit ceci:
Merci de votre dur travail pour aider à résoudre la situation en Afghanistan.
Bien que je regarde les nouvelles assez souvent, il semble que les questions relatives à l'Afghanistan touchent seulement les Canadiens. Je n'ai pas remarqué d'activités de la part d'autres pays là-bas. Sommes-nous le seul pays qui nous battons là-bas? J'espère que non.
Mon sondage contenait des questions simples, telles que « Devrions-nous fournir de l'aide supplémentaire à l'Afghanistan? » Plus de 70 p. 100 des électeurs ont répondu par l'affirmative. « Devrions-nous prolonger notre mission? » Approximativement 45 p. 100 ont répondu par la négative. « Devrait-on passer d'une mission de rétablissement de la paix à une mission de maintien de la paix? » Environ 75 p. 100 des électeurs ont répondu par l'affirmative. « Devrions-nous retirer nos troupes immédiatement? » De nouveau, 45 p. 100 ont répondu par l'affirmative.
En tant que parlementaire élu pour représenter ses électeurs, je suis à l'écoute de leurs désirs. J'ai entendu la motion présentée par le gouvernement et notre motion et je suis à l'aise avec l'idée qu'elle stipule que nous devrions prolonger la mission de deux ans et solliciter la collaboration d'autres pays en leur disant que ce n'est pas seulement la guerre du Canada, mais aussi celle de l'OTAN.
C'est une guerre où nous avons besoin d'autres hommes et femmes sur le théâtre d'opérations. C'est une guerre à laquelle d'autres membres de l'OTAN devraient participer.
J'utilise le mot « guerre », car c'est la situation dans laquelle nous sommes. Je ne suis pas certain que « maintien de la paix » soit l'expression juste, car nous ne sommes pas dans une situation où les gens sont de côtés opposés et où nous tentons de maintenir la paix entre eux. Nous avons été sur l'île de Chypre pendant plus de 30 ans. Les envahisseurs turcs du Nord et les habitants de Chypre étaient divisés par une ligne verte. Les Canadiens se déplaçaient d'un bout à l'autre du pays le long de cette ligne verte, dans la zone tampon, afin de maintenir la paix entre les deux factions. Nous avons perdu beaucoup de soldats là-bas.
Dans la situation actuelle, nous ne maintenons pas la paix. Nous sommes là-bas dans le cadre d'un engagement. Pourtant, quand nous aidons à construire des écoles et des routes et que nous participons à des efforts de reconstruction, il est un peu difficile de dire aux soldats de ne pas se livrer à des combats et de revenir le lendemain s'ils voient des attaquants. C'est une situation difficile à gérer.
J'ai perdu un membre de ma famille dans ce conflit, un jeune qui n'a pas eu la chance de connaître la vie, qui a donné sa vie pour ce pays et qui n'a pas hésité quand on l'a appelé. Il ne s'est pas demandé pourquoi il y allait. Il n'a pas dit: « Je pense que les décideurs se trompent, à Ottawa. Je pense que le Canada a pris la mauvaise décision. » Il n'a pas dit non plus: « Pourquoi y allons-nous alors que d'autres pays de l'OTAN n'y vont pas? »
Les jeunes hommes et femmes des forces armées que nous avons envoyés en Afghanistan ne se demandent pas pourquoi nous les envoyons là-bas. Pourtant, à la Chambre, nous prenons des positions politiques. Peu importe que nous soyons du côté droit ou du côté gauche du Président, député néo-démocrate ou bloquiste, nous avons tous nos raisons de vouloir soit prolonger la mission, soit y mettre un terme, soit lui donner une certaine cohésion.
C'est avec beaucoup de fierté que je prends la parole sur cette question ce soir, d'abord parce que je suis député et que nous demandons à nos électeurs de nous faire part de leurs opinions, mais aussi parce que je suis allé en Afghanistan en 2003. Je n'y suis pas allé avec le gouvernement, ni avec les forces, mais de ma propre initiative. Je suis probablement l'un des seuls parlementaires à être allé à Kaboul de lui-même. J'y suis allé avec des amis. Nous avons pu rencontrer le président Karzaï. Nous avons aussi rencontré des parlementaires, dont des femmes, et nous avons vu le travail qu'ils accomplissaient. Nous avons discuté de leurs épreuves et de leurs souhaits. Leurs souhaits ne sont pas différents des nôtres. Ils veulent des lendemains meilleurs pour leurs enfants. Il veulent des lendemains meilleurs pour leurs petits-enfants. Ils souhaitent la paix. Ils veulent avoir un peu d'argent à la banque, des conditions de vie un peu meilleures, une voiture. Ils veulent une maison. Ils veulent avoir un toit.
Au début de l'engagement de l'OTAN en Afghanistan, j'ai constaté qu'une partie de Kaboul avait été reconstruite tandis que le Sud était complètement détruit. Il restait des talibans et il y en a davantage aujourd'hui. Cependant, une chose que je voudrais encourager le gouvernement et tous les députés à faire, c'est d'établir le contact avec les talibans.
En ce moment, les talibans sont des hors-la-loi et nous ne pouvons pas leur parler. C'est la prérogative du gouvernement. Cependant, si nous nous battons contre des fantômes, si nous ne les amenons pas à la table des négociations, si nous ne leur demandons pas de participer à la société, que ferons-nous? Nous pouvons continuer de couvrir le pays de bombes et de détruire.
Peut-être devrions-nous penser à établir des contacts avec les talibans. Je sais que « taliban » est un mot terrible. Imaginez un peu Oussama Ben Laden au gouvernement. Cette idée ne me plaît pas. Cependant, il y a d'autres factions des talibans avec qui nous pouvons établir des contacts et discuter, et que nous pouvons inviter à participer.
Je formulerai une autre observation et je demande à mes collègues d'y réfléchir. Lorsque des soldats meurent, nous transportons leur dépouille par avion à la base aérienne de Trenton, puis par la route des Héros où beaucoup d'hommes et de femmes, jeunes et vieux, militaires, policiers ou pompiers, s'alignent sur le parcours et agitent un drapeau. Je crois qu'il serait également indiqué de mettre le drapeau de la Tour de la Paix en berne chaque fois que nous perdons un soldat.
Puisque je suis membre du Conseil privé, comme beaucoup d'autres députés, le drapeau de la Tour de la Paix sera mis en berne lorsque je mourrai. Je me passerais de cet honneur sans aucune hésitation s'il était rendu à mon cousin qui est mort. J'étais très mécontent que le drapeau ne soit pas en berne lorsque le sergent Christos Karigiannis est décédé. Je suis très mécontent que nous n'ayons pas la force d'âme et la volonté de mettre le drapeau en berne lorsque des hommes et des femmes donnent leur vie en Afghanistan parce que nous leur avons demandé d'aller là-bas et de mettre leur vie en danger.
Une motion sur la question a été présentée à la Chambre et j'invite tous les députés à l'examiner et à l'appuyer.
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Monsieur le Président, je suis ravie de prendre la parole à la Chambre pour participer à ce qui est, selon moi, un débat très important, probablement l'un des plus importants que nous allons tenir au Parlement. On cherche à déterminer l'opportunité de prolonger la mission en Afghanistan et d'affecter des soldats canadiens à cette mission. Je suis très heureuse de prendre part aux discussions.
Je pense qu'il est essentiel de respecter le point de vue d'autrui, car il y a toute une gamme d'opinions exprimées à la Chambre et au sein de la population canadienne. Les électeurs de ma circonscription m'ont transmis toutes sortes de points de vue. Ce qui ressort le plus, c'est que les gens se préoccupent grandement de la poursuite de la mission en Afghanistan.
La motion dont nous sommes saisis ce soir, rédigée par le gouvernement en collaboration avec les libéraux, préconise le prolongement de la mission jusqu'en 2011. Il s'agit d'une motion très longue, mais la partie clé se lit comme suit: « Par conséquent, il est de l'avis de la Chambre que le Canada devrait maintenir une présence militaire à Kandahar au-delà de février 2009, jusqu'à juillet 2011 ».
Nous débattons également ce soir un amendement du Nouveau Parti démocratique, qui offre une voie et une vision différentes. C'est une voie axée sur la recherche d'une solution pacifique en Afghanistan, compte tenu que la mission n'a pas atteint ses objectifs, qu'elle n'a pas fonctionné et qu'il faut choisir une autre voie.
L'amendement du NPD qui fait aussi l'objet de ce débat à la Chambre est ainsi libellé:
Que la Chambre demande au gouvernement de commencer à préparer le retrait sécuritaire des troupes canadiennes de la mission de combat en Afghanistan sans prolonger davantage la mission;
que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait participer à un processus diplomatique robuste visant à mettre en place les conditions propices à une solution politique, sous la direction et l'autorité explicites de l'ONU, avec la participation des intervenants régionaux et locaux, et en garantissant le plein respect des droits de la personne et du droit international humanitaire; [...]
L'amendement du NPD va beaucoup plus loin, mais ce que je viens de lire donne une idée du ton général de l'approche que nous préconisons.
Ce soir, dans le débat sur ces deux visions distinctes, sur ces deux voies différentes, je veux faire une observation sur la déclaration publique du chef d'état-major des Forces armées canadiennes, le général Hillier. Je pense que nous avons tous lu dans les médias les divers commentaires qu'il a faits, notamment lorsqu'il a remis en question la pertinence du débat de ce soir et sa durée, qu'il a dit que nous donnions en quelque sorte des atouts à l'ennemi et que nous devrions limiter le débat et faire preuve de prudence. Ce point de vue m'a plutôt offensée. J'ai trouvé ces propos tous à fait déplacés.
Après avoir été élue députée, et je pense que bon nombre de collègues à la Chambre partagent ce sentiment — en fait, j'espère que nous le partageons tous —, je suis arrivée ici pour avoir des débats démocratiques, pour représenter les électeurs de ma circonscription et pour m'occuper des Canadiens ainsi que des citoyens du reste du monde. À titre de députés, nous sommes venus à la Chambre pour nous pencher sur des questions importantes, pour les examiner, pour les évaluer et pour voir quelles perspectives elles suscitent.
En ce qui me concerne, le présent débat constitue l'essence même et le coeur de ce que doit être la démocratie parlementaire. Il n'y a pas de question plus sérieuse que celle d'envoyer les troupes au combat. Il n'y a pas de question plus sérieuse que de dépenser des milliards de dollars pour une mission militaire, que de risquer des vies et d'en avoir sacrifié d'autres. J'estime essentiel de débattre cette question à la Chambre parce qu'elle concerne la politique publique et l'orientation que prend le Canada.
J'ai trouvé que les observations du chef d'état-major des forces armées étaient inopportunes et que le débat actuel était nécessaire. Nous devons le mener de façon honorable et respectueuse. Nous devons le mener dans la perspective de l'intérêt canadien que nous représentons au sein de la communauté internationale. Nous devons le tenir en ayant à l'esprit notre histoire, notre identité ainsi que les valeurs démocratiques de maintien de la paix, de diplomatie et de négociation auxquelles les Canadiens veulent nous voir souscrire.
J'aimerais revenir aux origines de la présente situation. Des députés conservateurs nous ont dit aujourd'hui et auparavant que, si nous étions en Afghanistan, c'était pour que des enfants fréquentent l'école et que des femmes aient accès à l'égalité. Voilà qui me semble un peu cocasse, compte tenu de la position qu'ils prennent ici au Canada concernant l'égalité des femmes et des compressions que nous avons subies.
Le député libéral qui a parlé avant moi a même dit que c'était grâce au gouvernement libéral que le Canada n'avait pas participé à la guerre en Irak. C'est exact, mais la décision a été prise pour tenir compte de l'opinion très majoritaire de la population. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté partout au Canada pour dire que notre pays ne devrait pas participer à la guerre au terrorisme de George Bush ou à la guerre en Irak.
Le premier ministre de l'époque, Jean Chrétien, a fini par entendre ce message. Je me souviens que nous, députés du NPD, avons été ridiculisés pour avoir déclaré à la Chambre que le Canada ne devrait pas participer à la guerre en Irak. Finalement, le premier ministre a pris ce que j'estime être la bonne décision et il a été appuyé en cela par la population canadienne.
Cependant, au même moment, une autre décision était prise, celle de nous rendre en Afghanistan et d'appuyer l'opération Enduring Freedom, comme on l'appelait à l'époque, sous le commandement des forces militaires des États-Unis. Il s'agissait clairement de la guerre de George Bush contre le terrorisme. Je me souviens des paroles célèbres qu'il a prononcées à ce moment là devant le Congrès et le peuple américain: « Vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous ». Cela remonte à 2001.
Même si, d'une part, on a pris la bonne décision au sujet de la guerre en Irak, d'autre part, le Canada, sans grand débat public, a décidé d'appuyer indirectement la guerre contre l'Irak en déployant ses forces en Afghanistan, au moment du début des bombardements. C'était il y a sept ans et, depuis, nous avons dépensé 7 milliards de dollars. Également, nous avons perdu de nombreuses vies.
Plus tard, on nous a dit que la mission prendrait fin en 2003, mais les libéraux l'ont prolongée jusqu'en 2006. Ensuite, il y a eu un vote clé au Parlement après que le gouvernement eut présenté avec raison une motion à la Chambre pour prolonger la mission jusqu'en 2009. Nous aurions pu mettre un terme à la mission à ce moment si les libéraux avaient tous voté comme il fallait. Or, comme on sait, un certain nombre de libéraux ont voté comme le gouvernement, et la mission a donc été prolongée.
Nous voici donc en train de débattre d'une quatrième prolongation de la mission en Afghanistan, cette fois jusqu'en 2011. Comme de nombreux députés l'ont déjà dit à la Chambre, nous n'avons aucune certitude que cette prolongation sera la dernière. Le gouvernement, ni personne d'autre, ne nous donne aucune garantie. Le NPD avait posé des questions au tout début de la mission, et nous posons encore les mêmes aujourd'hui.
En ce qui a trait à ces questions et aux analyses qui ont été réalisées, j'aimerais remercier la porte-parole du NPD en matière de défense, la députée de , qui a fait un travail exceptionnel de recherche et d'accès des renseignements grâce à la Loi sur l'accès à l'information dans le but de découvrir la nature exacte de cette mission et de tenter d'obtenir réponses à nos questions.
Je remercie la députée de , une ardente défenseure de la paix, du développement et des droits des femmes au Canada et dans le monde, qui a essuyé des insultes à la Chambre pour avoir osé dire la vérité sur cette mission. Je remercie également le porte-parole du NPD sur les affaires étrangères, le député d'.
Je suis très fière d'être une néo-démocrate. Nous avons analysé ce que nous croyons qui est en train de se passer. Nous avons écouté nos électeurs et les opinions émises au Canada et à l'étranger, et nous avons conclu, non pas d'un point de vue partisan, mais bien sur le plan des politiques publiques et du rôle joué par le Canada dans la communauté internationale par le passé, que le Canada n'aurait pas dû se lancer dans cette mission. Par conséquent, nous avons présenté un amendement à la motion afin de demander le retrait sécuritaire des troupes canadiennes de la mission de combat.
Il y a beaucoup d'informations disponibles sur la mission, bien que je pense qu'il reste encore à faire. En effet, je pense que même le gouvernement a reconnu que le niveau d'information est très inadéquat. La commission Manley a certainement comblé cette lacune.
Nous savons cependant que la situation en Afghanistan ne s'améliore pas. Elle empire. Nous savons qu'en décembre 2007, l'ONU a calculé qu'au cours des neufs mois précédents, les incidents violents dans le Sud avaient augmenté de 30 p. 100, causant la mort de plus de 5 000 Afghans.
C'est une grande tragédie. C'est une tragédie quand les soldats Canadiens perdent la vie. C'est une tragédie quand des civils perdent la vie et qu'il y a des dommages collatéraux, comme on les appelle. En effet, je suis persuadée que nous ne connaissons pas vraiment le nombre de toutes les pertes de vies civiles ni le nombre de mutilations, de villages bombardés. Nous n'avons pas idée de l'insécurité qui s'est installée à cause de cette mission de combat qui est menée au nom de la promotion de la démocratie.
Nous savons qu'en février 2008, le Mgén Marc Lessard des Forces canadiennes et commandant de l'OTAN dans le Sud de l'Afghanistan a déclaré que les incidents violents dans les six provinces méridionales avaient augmenté de 50 p. 100 en 2007. Nous savons également qu'en février 2008, ce qui est très récent, les statistiques de l'OTAN révélaient que les attaques menées par les insurgés avaient augmenté de 64 p. 100 au cours de la dernière année, passant d'à peu près 4 500 en 2006 à environ 7 400 en 2007.
Ces statistiques de l'OTAN montrent que les attaques menées contre les troupes occidentales et afghanes ont augmenté de près d'un tiers en 2007, pour atteindre plus de 9 000 incidents significatifs, comme on les appelle. C'est une augmentation spectaculaire.
Encore une fois, en janvier 2008, d'anciens commandants de l'OTAN en Afghanistan ont publié deux rapports indépendants qui mettaient en garde contre les risques que ce pays ne devienne un État failli.
Il est intéressant de noter que beaucoup de ces rapports proviennent de militaires qui ont déjà été sur place. Après avoir quitté le théâtre et l'environnement, lorsqu'ils rentrent au pays, qu'ils prennent leur retraite ou qu'ils occupent de nouvelles fonctions, ils livrent des analyses qui montrent que la mission est un échec. C'est ce qui se produit généralement, qu'il s'agisse de l'ambassadeur britannique en poste en Afghanistan ou d'anciens commandants de l'OTAN. La liste continue de s'allonger et les opinions commencent vraiment à s'accumuler.
Les néo-démocrates ont l'habitude d'entendre les attaques que leur adressent les conservateurs. Ces derniers nous accusent de ne pas savoir de quoi nous parlons, mais en réalité, pour tirer nos conclusions, nous nous sommes appuyés sur ce qui se passe actuellement et sur des analyses fournies par des experts militaires, des ONG et des organisations des Nations Unies.
J'aborderai brièvement un autre argument mis de l'avant dans ce débat, à savoir que nous sommes en Afghanistan pour protéger les femmes et leur donner l'égalité. Nous devons, à mon avis, nous demander sérieusement et honnêtement si c'est effectivement le cas.
Je me permets de signaler à la Chambre que Womankind Worldwide a publié un rapport sur l'évolution de la situation des femmes et des filles en Afghanistan depuis cinq ans. Selon ce rapport intitulé Taking Stock Update: Afghan Women and Girls Five Years On, la vie des Afghanes n'a guère changé. En fait, la violence contre les femmes est toujours endémique. Le nombre de femmes qui tentent de se suicider en s'immolant a augmenté de façon spectaculaire. La majorité des mariages sont encore forcés. Dans le Centre-Est du pays, où les taliban n'ont jamais rien contrôlé, une femme meurt en couche toutes les 20 minutes.
En août 2007, une analyse gouvernementale interne qui a fait l'objet d'une fuite dans La Presse contredisait le portrait dépeint par le gouvernement conservateur. Par exemple, on y disait que le nombre d'attaques contre des écoles augmentait. Il y a eu plus d'attaques dans la première moitié de 2006 que durant toute l'année 2005.
Le système de justice en Afghanistan est très fragile. La stabilité d'un système de justice est une indication très claire des principes et des pratiques démocratiques. Or, il est chancelant dans ce pays.
Les discussions et les questions qu'il y a eu à la Chambre montrent que les opinions sur la question du transfert des prisonniers sont pour le moins divergentes. Certains lancent des contestations judiciaires pour essayer d'amener le Canada à cesser le transfert des prisonniers parce que cela soulève des inquiétudes graves quant à la violation des droits fondamentaux de la personne.
En janvier 2007, Rina Amiri, de l'ONU, a dressé un portrait très sombre de la vie des femmes, ce qui a eu un effet sur notre propre comité parlementaire de la défense. Elle a dit que les mariages forcés, les meurtres commis pour l'honneur, la pauvreté extrême et le quasi-esclavage étaient monnaie courante.
J'aimerais citer une parlementaire très courageuse qui était présente à notre congrès à Québec. Malalai Joya a parcouru le Canada. C'est une jeune femme très courageuse. Elle a été élue pour siéger au Parlement de l'Afghanistan. On l'a expulsée du Parlement parce qu'elle avait osé dire que des seigneurs de guerre et des criminels étaient encore au pouvoir.
Malalai Joya a dit en 2006: « Lorsque le pays tout entier vit dans l’ombre des fusils et sous le règne des chefs de guerre, comment les femmes peuvent-elles se prévaloir des droits et libertés fondamentaux? Contrairement à la propagande que l’on retrouve dans certains médias occidentaux, les femmes et les hommes afghans ne sont pas du tout ‘libérés’ ».
Nous l'avons accueillie dans notre collectivité lorsqu'elle est venue à Vancouver il y a quelques mois. Elle a pris la parole à l'occasion de nos rassemblements contre la guerre et pour la paix. Ce fut remarquable d'entendre cette jeune femme qui a reçu des menaces de mort pour avoir osé parler.
Comme députés, nous disons parfois des choses qui ne sont pas bien accueillies. Nous prenons parfois la parole à la Chambre pour exprimer des opinions qui ne sont pas partagées par la majorité. Nous le faisons parce que nous croyons que c'est la chose à faire. Je ne crois pas qu'un de nous ait subi de menaces de mort. Personne n'a été expulsé pour avoir osé exprimer ses opinions, même si celles-ci n'étaient pas très prisées et n'étaient pas partagées par la majorité.
Malheureusement, Malalai Joya a été expulsée et elle a dû faire face à des menaces de mort à son égard et à l'égard de sa famille parce qu'elle a exprimé un point de vue différent. À mon sens, c'est très révélateur du conflit et de la crise dans ce pays.
La mission en Afghanistan coûte maintenant plus de 100 millions de dollars par mois aux Canadiens. Deux sérieuses questions s'imposent: Comment justifie-t-on le coût de cette mission? Dans quelle mesure la mission contribue-t-elle à la stabilité du gouvernement ou du pays?
Je m'inscris en faux contre ce que répètent les conservateurs. Certains croient peut-être que nous avons déployé des troupes en Afghanistan pour défendre la démocratie dans ce pays. Pour ma part, j'estime que nous avons été entraînés dans ce conflit à cause de raisons politiques, pour appuyer la guerre contre le terrorisme. Ce ne sont pas les droits des femmes et la démocratie qui sont à l'origine de la mission, mais plutôt les intérêts politiques et stratégiques qu'entretenait le gouvernement canadien de l'époque dans cette région. C'est cet aspect qui semble primer maintenant.
Je trouve très troublant que la Chambre ait perdu la possibilité de réclamer la fin de cette mission de combat. Nous avons perdu cette possibilité parce que les libéraux se rangent maintenant du côté des conservateurs. C'est très dommage. Je pense qu'il y a des motifs politiques derrière cette décision. Dans plusieurs mois et même dans plusieurs années, les gens se demanderont: Pourquoi la mission a-t-elle continué si longtemps? Pourquoi le Canada a-t-il joué ce rôle? Pourquoi le Canada n'a-t-il pas choisi le chemin de la paix?
J'aimerais terminer en citant les paroles prononcées par le chef de mon parti lors d'une conférence qu'il a donnée à l'Université d'Ottawa. Il a dit:
Je crois que le Canada pourrait et devrait être une voix pour la modération, le réalisme et la paix dans le monde.
Pour devenir cette voix, il faut adopter une nouvelle approche pour le Canada et pour la communauté internationale.
Voilà pourquoi nous avons proposé un amendement, et voilà pourquoi nous n'appuierons pas la motion concoctée par le gouvernement et les libéraux. Nous continuerons de défendre très fermement notre position, à savoir que cette mission n'est pas la bonne et qu'il faudrait retirer nos troupes de façon sécuritaire. Nous devrions nous engager dans l'autre voie, celle qui garantira la paix et la stabilité au peuple afghan.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Je suis heureux que nous débattions vraiment de cette question cette fois-ci, car la dernière fois que nous en avons été saisis, il n'y a pas vraiment eu de débat. La majorité des députés n'ont pas...
: Qu'en est-il du débat que nous avons eu lorsque les libéraux étaient au pouvoir?
: Il en reste très peu à la Chambre, mais je me souviens que le député a déjà été membre du Parti réformiste, un parti venu à Ottawa pour faire les choses différemment. Les membres de ce parti promettaient notamment de ne pas chahuter. J'apprécierais beaucoup que le député se souvienne de ses origines.
Il est bon que nous tenions ce débat et que la plupart des députés qui souhaitent se prononcer en aient l'occasion. Il est normal que les opinions soient partagées et que divers partis présentent des opinions diverses.
Avant que je n'entre dans le vif du sujet, il est important que nous prenions tous conscience du prix élevé de notre présence en Afghanistan. Soixante-dix-neuf soldats et un diplomate canadiens, de même que des milliers d'Afghans, dont des civils, ont été tués. La situation est très difficile en Afghanistan.
Je me souviens que, dans les années 1980, j'avais rencontré un moudjahiddin dans ma circonscription, Kitchener—Waterloo. Cet homme luttait alors contre l'occupation de l'Afghanistan par les Soviétiques. J'en parle parce qu'il est très important, alors que nous tentons d'aider les Afghans à instaurer une société civile, que nous soyons conscients qu'il s'agit d'un pays qui a vécu des moments et des occupations très difficiles. Il est également important que le Canada, à titre de membre de l'OTAN, soit perçu comme un pays qui aide le peuple afghan à établir une société civile.
Les soldats qui ont fait le sacrifice ultime ont rempli la mission que nous, les parlementaires et le gouvernement du moment, leur avons donnée. Que personne ne doute que tous les députés appuient nos soldats. Que nous soyons en faveur de la mission ou contre cette mission, nous appuyons tous les soldats. En reconnaissant leurs sacrifices, il est important de souligner leur service à un moment où nous pourrions subir des pertes, comme l'a clairement donné à entendre le . Pour cela, il conviendrait de mettre le drapeau en berne et de garder un moment de silence à la Chambre. Le gouvernement précédent le faisait.
C'est important parce que nous, les Canadiens, avons pleuré avec nos troupes et avec les familles éplorées. Il ne fait aucun doute que nous ne devrions pas nous retrouver dans une situation où nous tentons de garder le public à l'écart du rapatriement des dépouilles. Heureusement, on ne fait plus cela. Le prix que le Canada doit payer pour cette mission ne doit être minimisé d'aucune façon.
Lorsque nous parlons de questions liées au traitement des prisonniers en Afghanistan, il nous faut reconnaître que, en tentant d'établir une société civile et de mettre en place des institutions dans ce pays, il est important que nous ne perdions pas de vue les droits de la personne et que nous nous occupions de ces prisonniers.
Si nous appuyons les normes internationales concernant le traitement des prisonniers, il est important de respecter ces normes. Cependant, on ne doit pas se servir de ces normes pour affirmer que certains appuient les talibans plutôt que nos soldats parce qu'une chose est très claire et c'est qu'il n'y a personne à la Chambre qui n'appuie pas nos militaires.
J'ai écouté le discours prononcé plus tôt par le président du caucus conservateur. Il a parlé de son expérience en Ouganda, sous Idi Amin. Il a dit que des milliers d'Asiatiques qui s'étaient établis en Ouganda ont été expulsés du pays en raison de leur race. Il a précisé qu'il était encore un bébé lorsqu'il est devenu un réfugié de l'Ouganda. Il a parlé du prix payé par les gens qui ont été expulsés et qui étaient ostracisés en Ouganda.
Le Canada a accepté sa famille, comme beaucoup d'autres. Il a dit à quel point cela était important, comment il voit maintenant l'Ouganda et à quel point il se réjouit de l'évolution que ce pays a connue.
Beaucoup de personnes connaissent ma situation. Il y a 51 ans, je suis arrivé au Canada comme réfugié en raison de la révolution hongroise. Le 23 octobre de l'an dernier, je suis retourné en Hongrie avec une délégation de parlementaires qui était dirigée par l'actuel , qui était alors ministre des Affaires étrangères.
Je me souviens très nettement de la révolution de novembre 1956, lorsque les chars soviétiques sont entrés en Hongrie après s'être d'abord retirés. Le premier ministre de l'époque, Imre Nagi, avait appelé à l'aide, mais son appel est resté sans réponse. Résultat, 200 000 Hongrois ont fui la Hongrie. L'idée ma traversé l'esprit, lors des célébrations du 50e anniversaire auxquelles participaient des représentants de tous les pays de l'OTAN et des gens du monde entier, qu'ils étaient venus 50 ans trop tard.
Je suis très heureux du cours que suivent les choses en Hongrie et en Europe de l'Est, surtout en matière de démocratisation. La réalité est que nous ne sommes plus aux prises avec la guerre froide comme autrefois, lorsqu'un camp ou l'autre exerçait un contrôle sur des États-clients. Ce qui nous guette, c'est l'émergence d'États faillis. L'Afghanistan était un État failli. Il y a d'autres États faillis, comme le Darfour et le Zimbabwe, auxquels la communauté internationale dont nous faisons partie doit porter attention.
Notre rôle légitime en Afghanistan, qui est d'essayer d'instaurer une société civile, ne consiste pas simplement à faire quelque chose pour les habitants de ce pays. Il s'agit d'un effort collectif déployé par des pays du monde entier sous l'égide des Nations Unies, effort dirigé dans ce cas-ci par l'OTAN. Nous cherchons à prendre des mesures à l'égard d'un État failli à cause des répercussions sur la sécurité à l'échelle mondiale. Nous devons nous faire à l'idée que nous allons devoir mener de telles activités dans des États faillis.
Ma principale réserve concernant la mission en Afghanistan est le fait que le Canada ne peut pas faire le gros du travail indéfiniment. Nous sommes pris à Kandahar, et le taux de pertes est plus élevé chez les Canadiens que dans n'importe quel autre groupe. Maintenant que nous avons une meilleure idée du moment où le retrait de nos forces aura lieu, je pense que cela est très bien. Nous pouvons tous appuyer un tel calendrier. Il est également très bien que l'on mette davantage l'accent sur la diplomatie et sur le développement. J'oserais même avancer que tous les députés sont d'accord pour dire que l'on devrait mettre davantage l'accent sur le développement et sur la diplomatie.
Quand je parle de la communauté internationale et du besoin d'assurer collectivement notre sécurité respective, il est important de mentionner que nous devrons essayer d'influencer collectivement les États-Unis afin qu'ils ne fassent pas cavalier seul et qu'ils n'entreprennent pas de missions unilatérales comme ce fut le cas en Irak.
Cette mission a réellement nui à la crédibilité du Canada, des États-Unis et du reste du monde dans le cadre de notre mission en Afghanistan. Sans aucun doute, la guerre est maintenant devenue très impopulaire aux États-Unis. Elle n'a pas atteint les objectifs fixés. Tous les candidats démocrates ont affirmé qu'ils retireraient les troupes de l'Irak. Le débat porte maintenant sur la vitesse à laquelle ils effectueront le retrait.
Nous avons tiré une leçon de cela. Nous devons nous assurer que, quand nous intervenons sur la scène internationale, quand nous avons affaire à des États faillis et que nous tentons d'intégrer ces derniers à la famille de la démocratie, nous devons le faire sous l'égide des Nations Unies et conformément à nos alliances, non pas unilatéralement.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat ce soir, un débat qui rend hommage à nos soldats en Afghanistan et partout dans le monde, y compris au Canada, où ils agissent au nom de notre pays.
J'abonde dans le même sens que mon collègue de Waterloo. Tenir ce débat et reconnaître qu'il y a différents points de vue et, en même temps, reconnaître que, dans cette démocratie, un débat est nécessaire tient de l'ironie. C'est une bonne chose que nous puissions tenir le débat ici. Nous pourrions souhaiter que d'autres pays, comme l'Afghanistan, puissent aussi tenir des discussions comme celle-ci sans fusils, bombes, balles ou trahison. Nos soldats, hommes et femmes, sont là-bas, en notre nom, pour promouvoir nos valeurs nationales.
Il n'y a pas un député à la Chambre, indépendamment de son point de vue, qui n'appuie pas nos soldats. Je tiens à souligner que c'est là mon point de vue et celui de nous tous.
Ce faisant, je veux rendre hommage à ces soldats, hommes et femmes de l'armée, qui ont perdu la vie — ils sont environ 80 — et aux centaines qui ont été blessés, plus ou moins grièvement.
Je suis vice-président du Comité des anciens combattants, qui effectue en ce moment une étude des programmes offerts aux anciens combattants. Trop souvent, nous entendons des témoignages sur les répercussions tragiques du syndrome de stress post-traumatique sur la vie de ceux qui en souffrent. Il ne fait aucun doute que la mission en Afghanistan produira, hélas, son lot d'anciens combattants, parmi les militaires actuellement en poste, qui en seront atteints. Toutefois, c'est le prix à payer pour exprimer les valeurs de notre démocratie en pays étranger.
J'estime aussi que la motion — pour en donner le mérite au et au chef libéral — est le résultat de leurs efforts pour trouver un terrain d'entente qui reflète les valeurs de notre pays, et que c'est une motion canadienne, et non une motion conservatrice ou libérale.
Je me suis entretenu avec des gens qui votaient auparavant pour le NPD et qui préfèrent nettement cette approche équilibrée à celle voulant que le Canada quitte immédiatement l'Afghanistan.
Je représente la circonscription d'. Une grand partie de ma circonscription actuelle était représentée par le regretté Lester B. Pearson. Cela a fait 50 ans l'automne dernier qu'il avait reçu un prix Nobel pour ses efforts dans le domaine du maintien de la paix.
Nous n’utilisons plus très souvent l’expression « maintien de la paix », mais, en fin de compte, tout revient à cela. Même s’il y a des périodes dans lesquelles l’expression ne s’adapte pas très bien aux circonstances, peu de Canadiens ne conviendront pas avec moi qu'en définitive, c’est ce que nous essayons de réaliser.
Je connais très bien des familles de soldats tués. J’en ai dans ma circonscription, dans les petites collectivités de McKerrow et d’Espanola. Deux jeunes gens ont perdu la vie en Afghanistan dans les deux dernières années. Leurs familles ne savent que trop bien qu’il y a un grand sacrifice à consentir.
Le fait que je ne reçois pas de messages électroniques, d’appels téléphoniques et de lettres d’électeurs me disant que cette motion est une erreur m’incite à croire — je pense d’ailleurs que c’est le cas de la plupart de mes collègues ici — que nous allons dans la bonne direction.
Tôt ou tard, nous aurons des élections. Elles porteront à juste titre sur les points de vue divergents relatifs aux finances du pays, à la garde d’enfants, aux questions autochtones et ainsi de suite. Les élections ne devraient cependant pas avoir pour cause l’Afghanistan. Nous avons là des troupes et nous avons chez nous des familles qui attendent leur retour. Je crois que c’est la bonne chose à faire que de régler cette question.
Nos troupes souhaitent que nous discutions de la situation. En fin de compte, elles veulent avoir des instructions claires du Parlement du Canada. Comme notre chef l’a dit, il ne nous appartient pas, à titre de parlementaires, de faire une microgestion du travail des généraux et des commandants sur le terrain. Ce n’est pas notre rôle. Notre rôle consiste à définir l’orientation et le mandat.
Pour revenir au Comité des anciens combattants, nous avons récemment visité quatre bases militaires et avons parcouru le Canada d’ouest en est dans le cadre de notre étude sur la santé des anciens combattants. À ma connaissance, pas un seul militaire n’a contesté le débat qui se déroule. Pas un seul. Les membres des Forces canadiennes comprennent que la guerre est passée et que, comme dans le cas de nos anciens combattants de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre de Corée ou de nos missions de maintien de la paix, les efforts déployés avaient en fait pour but de préserver et de promouvoir la démocratie. C’est un honneur. Nous honorons nos militaires en tenant ce débat.
Permettez-moi de passer aux choses que notre parti veut voir à mesure que notre mission en Afghanistan progresse. Nous savions que la mission devait changer. Nous savions qu’il fallait fixer une échéance.
Nous étions également persuadés qu’il fallait aller au-delà de l’engagement militaire, du moins tel qu’il se présente aujourd’hui. L’engagement militaire devrait être axé sur la formation des forces de sécurité, sur la protection des travailleurs du développement et sur l’édification de l’infrastructure, comme les écoles, etc. À ces fins, l’engagement militaire est justifié.
Les Canadiens comprennent qu’il nous faut un solide contingent militaire dans ce village, une fois qu’il a été sécurisé, pour protéger le réseau de distribution d’eau à aménager ou à réaménager, selon le cas, et protéger l’école à construire et tous les autres projets importants pour les administrations locales.
Il nous faut donc de solides forces militaires. Quant à la dévolution ou à l’évolution de la mission de combat dans les mois à venir, nous nous en remettrons aux dirigeants militaires. Ils ont entendu notre message: il faut réduire les mesures de lutte contre l’insurrection et il faut que le rôle de combat se limite à ce qui est nécessaire pour protéger la reconstruction et le développement. Nous comprenons que ce sont les militaires qui prendront ces décisions.
Il était également très important pour nous de régler la question du transfert des prisonniers. Heureusement, les problèmes concernant cet enjeu important semblent s’être dissipés.
Nous demandons aussi à l’OTAN de consentir un effort plus considérable. D’autres États membres de l’OTAN doivent assumer davantage de responsabilités. Les Canadiens n’ont pas à faire pour toujours le travail que d’autres devraient faire avec eux. Les Canadiens le comprennent, mais ils ne veulent pas non plus que nous quittions l’Afghanistan dès demain.
Je suis profondément convaincu que, en fin de compte, nous aidons à bâtir une société civile là-bas. L’objectif semble lointain, lorsque nous entendons les terribles informations qui nous arrivent presque tous les jours de ce pays et de cette région, mais nous ne pouvons pas désespérer. Nous ne pouvons pas cesser de croire que le peuple, les individus, les familles et les collectivités veulent au fond vivre en paix. Nous ne pouvons pas régler leurs divergences de vue qui existent peut-être depuis des siècles. Ce sont les Afghans qui doivent régler ces problèmes.
Ce n’est pas notre rôle de changer les gens ni de leur dicter ce qu’il faut faire dans leurs collectivités, mais nous pouvons assurer un leadership en donnant le bon exemple. Nous pouvons donner l’exemple des résultats obtenus grâce à un travail commun pour bâtir un pays comme le nôtre, où les débats se déroulent dans une assemblée comme celle-ci, où le débat se déroule loin des balles et des bombes. Il y a parfois des débats vifs et passionnés, mais ce sont des débats de mots qui se règlent par un vote démocratique.
On a fait grand cas, comme il se doit, de la place des femmes en Afghanistan. Juste après avoir souligné au Canada la Journée internationale de la femme, il est important de nous rappeler que, même s’il y a encore des progrès à faire chez nous à cet égard, nous sommes en avance de quelques années-lumière sur des pays qui traînent de l’arrière, malheureusement, comme l’Afghanistan.
Là encore, ce n’est pas à nous qu’il appartient de changer les mœurs culturelles d’un autre pays. Elles évolueront avec le temps. Là aussi, nous offrirons un leadership en donnant l’exemple. Nous assurerons la sécurité qui favorisera une plus grande égalité, les droits des femmes et les droits de minorités non seulement en Afghanistan, mais aussi dans le monde entier.
L’Afghanistan se trouve aujourd’hui dans une situation très compliquée. Malheureusement, c’est le cas depuis des décennies, depuis des générations.
Nous appuyons nos soldats et nous souhaitons qu’ils rentrent sains et saufs lorsque la mission sera enfin terminée.
Le Parlement fonctionne bien. Il mérite des éloges, puisque nous sommes parvenus à un consensus remarquable.
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Merci, monsieur le Président.
Je veux féliciter le pour le travail qu'il a fait en compagnie de l'opposition pour rédiger une motion qui, espérons-le, sera adoptée par une vaste majorité de députés.
Nous sommes tous au courant de l'histoire tumultueuse de l'Afghanistan et des Afghans. Après des décennies de guerre et d'oppression, l'Afghanistan est aujourd'hui une démocratie émergente. Il y a eu beaucoup de progrès depuis le début de la mission mandatée par l'ONU et dirigée par l'OTAN à la demande du gouvernement de l'Afghanistan.
La démocratie et la gouvernance sont deux des aspects où des progrès ont été réalisés. L'Afghanistan a connu son lot de difficultés, en raison de sa situation géographique, au carrefour de l'Asie du Centre, de l'Ouest et du Sud. C'est pourquoi la première élection présidentielle démocratique nationale en Afghanistan, le 9 octobre 2004, est un événement si important pour l'avenir du pays.
Ce jour-là, plus de huit millions d'Afghans ont voté, dont 41 p. 100 étaient des femmes, des femmes qui, seulement quelques années auparavant, n'avaient pratiquement aucun droit. Le 3 novembre, Hamid Karzaï a été déclaré gagnant. Le 7 décembre, il a été officiellement nommé premier président élu démocratiquement de l'Afghanistan. Le président Karzaï a ensuite nommé trois femmes au sein de son conseil des ministres.
En 2005, dans le cadre d'élections nationales, les Afghans ont élu 249 représentants à la Chambre basse, la Chambre du peuple. De plus, les 34 conseils provinciaux ont élu 102 représentants à la Chambre des aînés. Il n'y a pas si longtemps, de tels événements auraient été impensables. Pourtant les Afghans, avec l'aide de leurs alliés internationaux, se sont maintenant dotés d'un gouvernement national démocratiquement élu. Depuis, l'Afghanistan a enregistré le taux de rapatriement de réfugiés le plus élevé au monde au cours des 30 dernières années.
Le Canada et ses alliés collaborent avec le gouvernement afghan et avec les conseils provinciaux à la reconstruction de l'infrastructure du pays. Un environnement sûr est une condition essentielle pour permettre le développement et la reconstruction et pour aider les Afghans à établir les fondements de la stabilité.
L'Afghanistan compte actuellement 167 organismes de développement de district et plus de 19 000 conseils de développement communautaire, élus pour accorder la priorité aux projets d'infrastructure. À ce jour, plus de 16 000 des 33 000 projets d'infrastructure locaux approuvés ont été achevés.
Dans la province de Kandahar, où le Canada dirige une équipe provinciale de reconstruction, on compte plus de 530 conseils élus et plus de 630 projets achevés. Les Canadiens ont aidé à construire plus de 1 200 puits, 80 réservoirs, 500 ponceaux et 150 kilomètres de systèmes d'irrigation et de canaux.
De nombreux kilomètres de routes rurales ont été améliorés et des routes principales où la circulation est dense ont fait l'objet de travaux de pavage. Les routes sont essentielles au transport des marchandises, particulièrement pour les agriculteurs afghans. Aucun de ces projets n'aurait été possible si la province n'avait pas été capable d'assurer la sécurité.
Le système de justice est également un autre secteur important de développement. Le Canada appuie la réforme du système judiciaire afghan afin qu'il fasse la promotion des droits de la personne et qu'il accorde une meilleure protection à ses citoyens.
Le Canada a formé des procureurs, des défenseurs publics et des administrateurs de tribunaux, il a fait de la programmation en aide juridique et il a formé plus de 200 juges, notamment des femmes, et ceux qui en formeront d'autres à assumer des charges de magistrats.
Notre pays s'emploie également à renforcer la police nationale afghane pour que le gouvernement de l'Afghanistan puisse faire régner l'ordre public sur son territoire, ce qui est grandement nécessaire pour que les Afghans puissent se sentir en sécurité dans leurs collectivités.
Le Canada investit également dans une réforme policière au moyen d'une approche qui comprend le mentorat, la formation, le financement de salaires, la fourniture d'équipement et d'uniformes et la construction d'établissements policiers.
Dans la province de Kandahar seulement, le Canada a formé plus de 475 agents de la police nationale afghane. Le Canada a contribué près de 13 millions de dollars à un fonds en fiducie pour l'ordre public, qui finance une partie de leur salaire.
Toute l'aide apportée au gouvernement de l'Afghanistan vise à accroître sa capacité à gouverner et à confier l'Afghanistan aux Afghans.
Grâce à nos efforts en vue d'assurer la sécurité de son territoire et grâce à la consolidation de son gouvernement, l'Afghanistan devient apte à assumer la place qui lui revient au sein de la communauté internationale. Les nombreuses tentatives déployées par les talibans en vue d'occuper le siège de l'Afghanistan aux Nations Unies ont échoué. Le peuple afghan est maintenant représenté à l'ONU et sur la scène mondiale.
L'Afghanistan entretient maintenant des relations diplomatiques avec des dizaines d'autres pays et a signé une entente de bon voisinage avec les six nations qui l'entourent afin de garantir le respect de son indépendance et de son territoire. À mesure que nous aidons à rebâtir le gouvernement afghan et ses institutions, l'Afghanistan gagne de l'autonomie.
Toutes ces réalisations ne sont possibles que dans un environnement sûr.
J'aimerais parler de trois expériences que j'ai vécues. Je n'ai pas eu l'occasion d'aller en Afghanistan, mais, l'été dernier, j'ai passé cinq ou six jours en Alberta, au centre d'entraînement où sont formés les Canadiens qui serviront fièrement leur pays en Afghanistan.
J'ai été fort impressionné par les installations que nous mettons à la disposition des hommes et des femmes valeureux qui vont risquer leurs vies pour notre pays et pour les Afghans. J'ai été très impressionné également par les gens que j'ai côtoyés à cet endroit. C'était des réservistes en formation, qui souhaitaient aller en Afghanistan pour faire avancer les choses et représenter leur pays dans une situation très difficile. J'étais honoré d'y être. C'était pour moi une occasion d'apprendre en parlant à ces personnes et en m'informant des raisons pour lesquelles elles souhaitaient servir leur pays.
Un autre événement m'a également incité à appuyer cette motion selon laquelle nous devrions poursuivre le travail en Afghanistan jusqu'en 2011: la tenue dans ma circonscription, à l'hôtel de ville, d'un grand rassemblement d'appui à nos soldats, un de ces fameux vendredis rouges. Certains anciens combattants qui avaient servi en Afghanistan nous ont parlé du travail sur le terrain et des raisons pour lesquelles il était important pour nous de poursuivre ce travail.
Cette expérience m'a beaucoup touché. J'ai senti que pratiquement tous ceux qui étaient présents à ce très vaste rassemblement souhaitaient nous voir poursuivre le rôle que joue traditionnellement le Canada, à savoir celui d'assurer la sécurité dans diverses régions du monde. J'ai été très honoré d'être invité à ce rassemblement.
Comme avant-dernière observation, j'aimerais parler de la visite que j'ai rendue aux réservistes de ma circonscription qui s'apprêtaient à se rendre en Afghanistan. Je leur ai parlé des raisons pour lesquelles ils partaient. J'étais encore assez nouveau comme député et j'ai trouvé cette situation très émouvante et difficile. Je ne savais trop quoi leur dire, sinon les remercier. J'ai remercié toutes ces personnes qui se rendaient à l'étranger pour servir leur pays.
Enfin, comme dernière observation, je tiens à dire que le vote le plus difficile pour moi a été celui que nous avons tenu il y a environ deux ans concernant la prolongation de la mission. Aujourd'hui, compte tenu de mon expérience et de ma compréhension des raisons qui expliquent notre présence là-bas, je suis beaucoup plus à l'aise de voter dans le même sens, comme j'espère que nous allons le faire cette semaine. Je vais donc continuer à appuyer nos soldats, nos travailleurs humanitaires et nos diplomates, qui poursuivent un travail très important en Afghanistan au nom du Canada.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour contribuer au débat sur cette question importante et sur la motion dont nous sommes saisis. Je suis très fier de parler de cette motion, une motion authentiquement canadienne.
La motion prolongerait notre mission jusqu'en 2011, accroîtrait les capacités de la FIAS et équiperait mieux nos soldats. Ce n'est ni une motion libérale ni une motion conservatrice, mais une motion pour aller de l'avant et réussir cette mission difficile et exigeante.
Je voudrais féliciter le et le . Ils accomplissent un travail extraordinaire pour veiller à ce que les Canadiens jouent un rôle appréciable dans cette région du monde.
En tant que citoyen de Terre-Neuve-et-Labrador, je voudrais saisir l'occasion de féliciter le général Rick Hillier. Ma province est très fière du général. Nous sommes fiers du leadership dont il fait preuve non seulement dans le cadre de la mission, mais au sein des Forces canadiennes.
Les résidants de Terre-Neuve-et-Labrador représentent environ 1,5 p. 100 de la population de notre beau pays. Nous sommes fiers que les jeunes hommes et femmes de notre province constituent près de 10 p. 100 des Forces canadiennes.
Dans mon allocution, j'estime nécessaire de revenir aux fondements et de rappeler à la Chambre les motifs essentiels de notre présence en Afghanistan et les bienfaits d'une telle participation.
Comme on peut le lire dans le rapport Manley, « les événements qui se déroulent en Afghanistan et le rôle que jouera le Canada dans leur dénouement auront une incidence directe sur la sécurité du Canada ». C'est l'une des raisons les plus importantes de notre présence là-bas. Il faut appuyer la mission pour terminer le travail. Il faut que tout le monde sache que nos soldats, hommes et femmes, changent les choses. J'aimerais rappeler aux gens la contribution que nous apportons.
En 2001, il y avait 700 000 enfants à l'école en Afghanistan, tous des garçons. Le régime des talibans n'autorisait pas l'éducation pour les petites filles. Aujourd'hui, tout juste six ans plus tard, plus de six millions d'enfants sont inscrits à l'école et un tiers sont des filles. Ce chiffre à lui seul montre que la mission du Canada et nos soldats changent les choses en Afghanistan.
Nous tenons beaucoup de choses pour acquises au Canada. En tant que père d'une fillette de cinq ans qui a commencé à aller à la maternelle en septembre dernier, je frémis à l'idée que je pourrais vivre dans un pays où l'on me dirait que ma fille n'est pas autorisée à aller à l'école pour s'instruire non seulement à propos de son propre pays, mais du monde entier.
Je crois que, dans une certaine mesure, la Chambre et peut-être aussi une partie des Canadiens ont oublié la raison fondamentale pour laquelle le Canada est présent en Afghanistan. On oublie que ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui sont à l'origine de cette présence. Demandez à n'importe quel Canadien s'il se souvient où il était le 11 septembre 2001. C'est l'un de ces jours dans l'histoire qui est gravé à jamais dans la mémoire des gens. Tout le monde sait très bien ce qu'il faisait au moment où il a appris que des attentats avaient été commis contre les États-Unis.
Nous oublions que c'est en Afghanistan que les chefs d'Al-Qaïda ont planifié et ordonné les attentats terroristes qui ont eu lieu ce jour-là. Le Canada étant membre des Nations Unies et de l'OTAN, il a été amené à intervenir en Afghanistan. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu, dans ce cas, que le pays attaqué et ses alliés avaient le droit de se défendre. Nous avons participé aux efforts visant à instaurer la justice et la stabilité dans un pays où régnaient l'instabilité et l'injustice.
Nous savons que ce conflit est justifié et que le combat sera utile. Pourquoi abandonnerions-nous cette cause? Pourquoi mettrions-nous en danger la sécurité du Canada, de l'Afghanistan et de la communauté internationale en nous retirant de la mission avant que le travail soit terminé?
Nous savons que le travail n'est pas terminé. Nous savons que les insurgés combattus si courageusement par les Canadiens, aux côtés des Afghans, sont les mêmes individus qui avaient été abrités en Afghanistan par le régime des talibans, avant le 11 septembre. Nous sommes pratiquement sûrs que, si les talibans reprenaient le pouvoir, ils offriraient de nouveau un refuge à ces individus. Nous savons que, si nous abandonnons maintenant, les talibans reviendront et rétabliront leur régime brutal.
De grands progrès ont été réalisés sur le terrain avec l'armée et la police afghanes, et il reste encore de la formation à faire. Nous avons assisté à une hausse constante des effectifs de l'armée nationale afghane. Étant donné que l'objectif ultime consiste à remettre les commandes du pays à ces forces, nous devons nous assurer qu'elles ont une préparation adéquate. En mettant davantage l'accent sur la formation de l'armée afghane, nous allons pouvoir nous libérer du travail qui revient aux Afghans. Nous allons pouvoir rendre l'Afghanistan aux Afghans, et c'est notre but.
Nos collègues néo-démocrates veulent que nous retirions complètement nos troupes et que nous abandonnions le peuple afghan. C’est une proposition qui nie la réalité. Nous devons nous interroger sur la sincérité du NPD et sur son engagement envers ses propres principes.
À l’échelle internationale, presque tous les partis sociaux-démocrates du monde occidental appuieraient notre mission en Afghanistan. C’est le cas des partis travaillistes du Royaume-Uni et de l’Australie et des sociaux-démocrates allemands. Mais, cherchant à tout prix à gagner des voix, le NPD a sacrifié ses principes à une forme d’isolationnisme facile qui fait appel aux pires aspects de notre nature, à l’égoïsme et à la facilité.
On peut se demander où est passée la solidarité. Il n’y a pas de moyen facile de quitter l’Afghanistan. Nous sommes là pour assurer une certaine protection. Nous sommes là pour améliorer la vie des gens. Nous devons examiner les raisons pour lesquelles nous devons rester en Afghanistan jusqu’en 2011. Encore une fois, ces raisons sont liées à la sécurité et à la prévention du terrorisme parce qu’un Afghanistan sûr, qui a échappé à l’emprise des talibans, augmente la sécurité dans la région, au Canada et dans le monde.
Les efforts du Canada et de ses alliés ont assuré des gains importants, comme la tenue d’élections démocratiques et la création d’institutions démocratiques. Nous nous souvenons tous du fait que des millions d’Afghans ont pu voter il y a quelques années. La semaine dernière, une délégation de femmes parlementaires afghanes était ici, à la Chambre des communes. Quelle magnifique journée! C’était un éloquent témoignage des progrès réalisés, qui justifiait d’une certaine façon les vies sacrifiées et qui illustrait ce que le Canada a fait dans ce pays lointain.
Ces femmes n’auraient jamais pu venir à la Chambre sans l’aide et la sécurité assurées par le Canada et ses alliés ainsi que par les braves Afghans qui ont rejeté la barbarie et le terrorisme. Pour perpétuer ces gains, nous devons accroître l’effectif des troupes et leur donner un meilleur équipement. La décennie de délabrement de nos forces est révolue.
Le et le ont déployé de grands efforts auprès de nos alliés pour trouver 1 000 soldats de plus pouvant se joindre aux rangs des Canadiens à Kandahar. Avec l’adoption de cette motion, le Canada aura un mandat clair à la prochaine conférence de l’OTAN, qui se tiendra à Bucarest.
Les hélicoptères de transport moyen et les véhicules aériens sans pilote recommandés par M. Manley aideront beaucoup nos troupes à faire du bon travail. Ils contribueront aussi à la prévention des décès dus aux engins explosifs improvisés. Les hélicoptères permettront à nos soldats d’éviter les tronçons de route dangereux et les véhicules sans pilote leur donneront la possibilité de chercher les talibans et de les neutraliser avant qu’ils ne causent des dégâts importants.
Les insurgés que nos troupes combattent dans la province de Kandahar sont ceux-là mêmes qui veulent imposer un régime brutal au peuple afghan, qui veulent interdire aux filles d’aller à l’école et qui veulent empêcher les femmes d’avoir accès à des soins de santé de base.
Nous avons la possibilité de changer radicalement la vie des Afghans, qui aspirent aux mêmes choses que nous. Les Afghans veulent donner à leurs enfants un monde meilleur que celui dans lequel ils vivent.
Considérons les progrès réalisés dans les quelques années que nous avons passées là: plus de 7 millions d’enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite, dont environ 350 000 dans la province de Kandahar; plus de 400 000 personnes reçoivent de l’aide alimentaire à Kandahar et 83 p. 100 des Afghans ont maintenant accès à des soins médicaux de base.
L’économie afghane a beaucoup évolué. Le revenu par habitant a doublé entre 2004 et 2007.
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Monsieur le Président, encore une fois, je suis ravi de voir la Chambre aussi remplie et de pouvoir m'adresser à tous mes collègues.
Mon collègue du Manitoba aimerait se servir de mes notes plus tard pour son discours et je suis certain de pouvoir les mettre à sa disposition.
Benjamin Franklin a dit un jour que la définition de la folie, c'était faire la même chose à répétition et s'attendre à ce que les résultats soient différents.
J'aimerais tout d'abord parler un peu d'un ancien soldat soviétique, le sergent Nikolai Lanine, qui a servi en Afghanistan et qui vit maintenant au Canada.
Certains diront qu'il n'y a aucune ressemblance entre l'invasion de l'Afghanistan par les Soviétiques en 1980 et les efforts déployés par l'OTAN aujourd'hui pour aider à stabiliser le pays et à y faire régner la démocratie. Cependant, l'expérience de Lanine en Afghanistan a levé le voile de propagande qui brouillait son regard et il craint maintenant que nous soyons en train de faire exactement les mêmes erreurs que les Soviétiques.
Remontons dans l'histoire jusqu'en 1978. À cette époque, l'Afghanistan avait un gouvernement laïque relativement progressiste, avec des syndicats, des soins de santé, des droits pour les femmes, l'éducation pour les filles et une réforme agraire. L'armée a alors demandé à Noor Mohammed Taraki, un marxiste, de former un gouvernement. Les États-Unis, en particulier la CIA, de concert avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, ont réagi en formant des extrémistes musulmans, les moudjahidines, et Taraki a été assassiné en 1970.
Les Soviétiques ont envahi l'Afghanistan en 1980, et les États-Unis, qui cherchaient à mettre fin à l'occupation soviétique, ont armé les extrémistes musulmans, dont Ben Laden. Comme nous le savons, les Soviétiques sont partis en 1989 et les extrémistes, ou talibans, ont pu s'emparer du pouvoir.
Fait intéressant, dans les années 1990, les États-Unis ont investi de l'argent pour amener le gouvernement taliban à signer un marché avec Unicol pour la construction d'un gazoduc du bassin de la mer Caspienne jusqu'au Pakistan. Ce qui est à noter ici, c'est que, lorsqu'il était question de pétrole, le gouvernement des États-Unis était prêt à négocier avec les talibans.
Au printemps 2001, les négociations ont été rompues. Le président de l'Afghanistan, M. Karzaï, était un consultant pour Unicol pendant les négociations avortées avec les talibans. Il convient également de noter que le gouvernement actuel de M. Karzaï compte beaucoup de seigneurs de la guerre, de seigneurs de la drogue et de cadres supérieurs du secteur pétrolier, en plus d'autres agents de pays étrangers.
En 2005, les Nations Unies ont documenté des atrocités commises par l'alliance du Nord, qui avait le soutien des États-Unis, et dont beaucoup de membres servent maintenant au sein du gouvernement afghan. Human Rights Watch a compté 60 législateurs afghans qui ont des liens avec des seigneurs de la guerre, 20 qui ont encore une milice privée active et au moins 20 qui ont pris part au trafic de drogue.
Le président Karzaï lui-même a déclaré que les seigneurs de la guerre et les milices privées, qui ont un jour été vus comme les meilleurs alliés de l'Occident en Afghanistan, constituaient maintenant pour la sécurité du pays une menace encore pire que les talibans.
C'est dans cette situation que nous nous retrouvons aujourd'hui en Afghanistan. Ce n'est pas le bien contre le mal. Dans la province de Nangarhar, par exemple, en avril 2004, les femmes ne pouvaient toujours pas se présenter à la télévision et à la radio et l'opium dominait l'économie de l'Afghanistan. Le pays est en train d'être transformé en narco-État au nez et à la barbe de l'OTAN.
Un rapport d'Amnistie Internationale de 2005 révélait que la violence contre les femmes et les filles est partout. Au même moment, 70 p. 100 de la population est mal nourrie et le taux de mortalité infantile est deux fois la moyenne des pays du tiers monde.
Quoi qu'il en soit, revenons à Nikolai Lanine. Lorsqu'il était jeune, il a lu dans les journaux que l'armée soviétique était en Afghanistan pour aider à instaurer un État stable. Plus tard, il a appris que son meilleur ami faisait partie d'un groupe de soldats qui avaient été victimes d'une embuscade, sauvagement mutilés, puis exécutés. Plus tard encore, Lanine lui-même a été enrôlé et s'est retrouvé en Afghanistan en 1987.
Aujourd'hui, on trouve dans sa bibliothèque des articles de journaux soviétiques des années 1980 comme la Pravda et Izvestia, où ou peut lire ceci:
Ce mois-ci, les forces soviétiques et les forces du gouvernement afghan travaillant de concert ont réussi à mettre fin aux activités des insurgés à Kandahar.
Les objectifs de la nouvelle constitution afghane sont d'établir la paix et de garantir le respect des droits de tous les Afghans.
Lanine a dit que ces points de vue humanitaires, comparables à ceux dont nous abreuvent aujourd'hui les médias au Canada, n'étaient pas que de la propagande officielle, mais que bon nombre de citoyens soviétiques les partageaient. Plusieurs années plus tard, un ancien commandant soviétique a dit au réseau CNN ceci: « Nous nous étions donné pour tâche de faire de l'Afghanistan un pays stable et amical. » Lorsqu'il entend des politiciens faire des panégyriques, rendre des hommages militaires à nos soldats tués au combat et offrir leurs condoléances, Lanine ne peut s'empêcher de dire qu'ils les a déjà entendus.
On a dit aux Soviétiques que leur armée était en Afghanistan pour aider les Afghans à instaurer la paix et la prospérité dans leur pays, à protéger les droits des femmes et à préparer un meilleur avenir pour les enfants. En Occident, bien sûr, nos leaders et nos médias ont ridiculisé les motifs des Soviétiques comme étant de la propagande perverse. On a dit de ces motifs qu'ils relevaient d'un colonialisme flagrant, que les Soviétiques voulaient ainsi soutenir un régime pro-soviétique impopulaire, créer une zone tampon et, plus important encore, obtenir du pétrole.
À l'époque, le président Carter a annoncé que les Soviétiques avaient atteint une position stratégique qui menaçait gravement la libre circulation du pétrole du Proche-Orient. Le président Regan a qualifié les violents rebelles afghans d'« équivalent moral de nos pères fondateurs », puis leur a offert un énorme soutien secret, y compris aux premiers talibans et à Oussama ben Laden.
L'énorme soutien américain a transformé ce petit groupe disparate de mercenaires afghans en une grande force de combat moderne. Autrement dit, c'est l'Occident qui a permis au gouvernement taliban répressif de s'emparer du pouvoir lors du retrait des Soviétiques. Les États-Unis ont fait la même chose en fournissant à Saddam Hussein les armes biochimiques et chimiques dans la guerre de l'Irak contre l'Iran. Les forces soviétiques ont occupé le pays, soutenant ainsi le gouvernement, l'armée et la police afghans.
Comme l'OTAN le fait depuis 2002, elles ont lancé des opérations anti-insurrectionnelles appuyées fortement par des bombardements, des missions de recherche et de destruction et des raids dans les domiciles afin d'éradiquer les terroristes. Toutefois, comme c'est le cas depuis quelques années, les opérations de combat plus ou moins réussies ont commencé à convertir nombre d'Afghans ordinaires en ennemis. Le processus de reconstruction a pris du plomb dans l'aile et les opérations de destruction ont monté en flèche.
Lorsque Lanine est arrivé, les Soviétiques choisissaient leurs batailles plus soigneusement, tentant avant tout de ne pas envenimer la situation. Son unité a mené surtout des opérations anti-insurrectionnelles sur les routes de ravitaillement. Lorsqu'elle ne se battait pas, l'unité de Lanine livrait de la nourriture, du bois de chauffage, des vêtements, des manuels scolaires et d'autres fournitures aux Afghans ordinaires. Elle a construit des lignes de transport d'électricité, protégé les médecins soviétiques qui travaillaient dans les villages et prêté des camions pour la construction de maisons.
Lanine a souligné que tout cela n'avait malheureusement eu pour effet que de créer une grande méfiance et de changer les allégeances, et que pour des raisons semblables, une coalition de 160 organismes de secours internationaux avaient demandé que l'OTAN fasse pratiquement disparaître toutes les équipes de reconstruction provinciale. Comme l'a expliqué Lanine, le maintien de la stabilité dans de telles conditions ne correspondait plus qu'à une série d'escarmouches intermittentes mais sans fin, ce qui est un peu la situation que vit actuellement l'OTAN.
Lanine a été affecté aux lance-grenades ayant un rayon d'action de deux kilomètres. Il a affirmé qu'il ne savait souvent pas sur qui il tirait ou même s'il avait atteint qui que ce soit. À mesure que l'endoctrinement pâlissait, les pensées philosophiques prenaient de l'ampleur. Il a commencé à se demander qui ce kamikaze tentait d'attaquer et s'il s'agissait des soldats canadiens de Kandahar. Il a affirmé que nous ne voyions pas cet aspect et que c'était la même chose dans les médias soviétiques.
Il a dit qu'ils tenaient pour acquis que toute personne qui leur offrait une résistance était nécessairement mauvaise. Lanine a commencé à se rendre compte que tous n'étaient pas des fanatiques politiques. Ils n'étaient que des gens ordinaires qui, pour plusieurs, avaient perdu des membres de leur famille. Les inscriptions de son journal démontrent qu'il était de plus ne plus assailli par des doutes moraux après que son unité eut accidentellement lancé une attaque au mortier dans une noce afghane, un accident tragique similaire à une frappe aérienne américaine survenue en 2002. Il a commencé à avoir de la sympathie pour tous les Afghans, à ne les considérer que comme des humains comme lui, qui étaient confrontés à des situations difficiles et confuses.
Selon les estimations, quelque 15 000 Soviétiques et 1,5 million d'Afghans auraient été tués pendant l'occupation. Le tiers des Afghans étaient des réfugiés. Toutefois, Lanine a encore une fois tiré une leçon du retrait des troupes. Une fois que les troupes soviétiques se furent retirées, au lieu de lancer une opération de désarmement coordonnée et de demander la présence de gardiens de la paix indépendants, les deux superpuissances ont laissé les seigneurs de la guerre régler leurs différends au prix de victimes dans la population civile.
Pour lui, cela illustrait bien le fait que, en dépit des nobles intentions dont se drapaient aussi bien les Occidentaux que les Soviétiques, ni les uns, ni les autres, ne se souciaient vraiment de la population afghane.
Je ne veux pas dire par là que la même situation prévaut aujourd'hui. Je dis tout simplement, et c'est ce que nous tentons de souligner, qu'il existe peut-être un meilleur moyen d'apporter la paix à cette région que de maintenir tout simplement l'effort de guerre, qui risque de durer indéfiniment.
Lanine est bouleversé de voir que l'histoire se répète. Même si l'intervention soviétique était à une échelle beaucoup plus vaste, elle n'était pas si différente de celle de l'OTAN aujourd'hui. Selon lui, dans un cas comme dans l'autre, il s'agissait d'actes d'agression par lesquels des armées étrangères tentaient d'obliger un pays à se conformer à leur vision de ce qu'il devrait être. Une telle comparaison n'échappe pas à des observateurs afghans comme la Revolutionary Association of the Women of Afghanistan.
Le parallélisme le plus évident, ajoute-t-il, est le plus insidieux: celui de la propagande. Il signale, par exemple, l'absence de rapports gouvernementaux sur les blessés canadiens. Après le 11 septembre 2001, il a pu constater l'hypocrisie grandissante d'une propagande tonitruante qui, cette fois, présentait ben Laden, les talibans et l'État failli de l'Afghanistan comme de purs agents tyranniques de destruction.
Voici ce qu'il déclare:
Personne ne se penchait sérieusement sur les origines de l'ensemble du militantisme musulman en Afghanistan. Les erreurs de mémoire m'ont beaucoup troublé. Je ne m'attendais pas à cela. Je n'arrivais pas à croire à quel point une société supposément démocratique pouvait dériver vers l'acceptation sans réserve de la guerre.
« Je ne sais pas ce que nous devons faire au juste, » commente Lanine. « Je sais seulement que ce que nous faisons maintenant a déjà été tenté et n'a pas fonctionné. Les gens se sentent-ils mieux d'être bombardés par l'OTAN que de l'avoir été par les Soviétiques? »
Dans leur nouveau livre intitulé Bleeding Afghanistan: Washington, Warlords, and the Propaganda of Silence, Sonali Kolhatkar et James Ingalls présentent quantité de faits qui vont à l'encontre de bon nombre d'idées reçues au sujet des répercussions de ce que nous faisons. Ils donnent des descriptions détaillées concernant des d'élections de pacotille, un gouvernement truffé de chefs de guerre avérés, des reculs accablants en matière de droits des femmes, des milices privées et religieuses légalisées, des massacres de civils et des activités de reconstruction paralysées, toutes des situations qui avivent l'insatisfaction de la population.
Les pays de l'OTAN, y compris le Canada demandent une augmentation des effectifs de combat. Pourtant, les Soviétiques, qui faisaient appel à six fois plus de soldats que l'OTAN, ne disaient pas moins devoir combattre une pieuvre d'une seule main. Selon Kolhatkar et Ingalls, nous devrions faire ce que souhaitent la plupart des Afghans, selon les sondages, à savoir déployer des casques bleus relevant de l'ONU, cesser les combats de traque, rémunérer suffisamment l'armée afghane et canaliser le financement de la reconstruction dans des initiatives de base animées par des Afghans qui donneraient des emplois aux Afghans pauvres, au lieu de dépenser l'argent en passant des marchés multinationaux.
Prenons quelques instants pour remettre tout ceci en contexte. Cessons les beaux discours, prenons du recul et regardons ce qui s'est passé.
Selon un article paru dans la revue Maclean's, c'est notre chef d'état-major actuel, le général Rick Hillier, qui, en 2005, a convaincu le d'assumer un rôle de combat en Afghanistan. Il voulait que le Canada prouve aux États-Unis et au reste du monde ce qu'il était capable de faire. Si je ne me trompe, c'est la principale raison qu'il a donnée pour convaincre notre gouvernement de mener une mission de recherche et de destruction à Kandahar, ce qu'il a d'ailleurs réussi à faire.
Je ne pense pas que les membres des Forces canadiennes aient besoin de faire leurs preuves. Ayant moi-même servi dans les forces armées, je vois et j'ai vu de mes propres yeux le dévouement et le professionnalisme de nos hommes et de nos femmes en uniforme. Nous n'avons pas besoin de participer à un type de combat particulier pour prouver à quel point nous sommes bons.
En 1990, j'ai eu la chance d'accompagner la Marine royale du Canada à Vladivostok à titre d'interprète du capitaine de frégate du NCSM Provider. C'est là que j'ai remarqué le respect que nos anciens ennemis avaient pour le professionnalisme de nos forces armées. J'aimerais réitérer que nous n'avons pas besoin de faire la guerre pour faire nos preuves. Nous saurons quoi faire lorsqu'il y aura un vrai besoin, le cas échéant.
C'est à nous, parlementaires, de prendre la bonne décision et de ne pas envoyer nos jeunes à la guerre à moins que ce soit absolument nécessaire et de ne pas le faire à titre de simple témoignage de notre appui pour la politique américaine. Il est absolument indispensable qu'un processus de paix soit amorcé en Afghanistan alors que nous manifestons notre intention de partir. Rappelons-nous que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Nous devons pousser l'OTAN et les autres principaux intervenants dans la région à entamer des discussions en vue d'un cessez-le-feu et d'un accord de paix.
Dans le débat sur l'avenir de l'Afghanistan, d'autres personnes demandent également une nouvelle approche. Le président Karzaï, les parlementaires afghans et les groupes d'aide ont tous parlé de la nécessité d'entamer un dialogue, qui amènera une paix durable. De plus, 65 p. 100 des Afghans affirment que le désarmement est l'étape la plus importante pour accroître la sécurité en Afghanistan. C'est une étape importante en vue de l'obtention d'une trêve.
Cette vision de paix doit être réalisée par les Nations Unies dont le mandat explicite est de préserver et promouvoir la paix et la sécurité internationales.
Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont réussi au Timor-Oriental, au Cambodge et au Mozambique. Au Timor-Oriental, avec l'aide des Nations Unies, les Timorais ont été en mesure de surmonter des obstacles incroyables afin de créer un État largement stable et prospère.
Beaucoup ont critiqué cette approche comme trop idéaliste, et j'ai entendu ces observations de l'autre côté aujourd'hui, et affirment qu'une forte présence militaire est nécessaire avant que l'on puisse entamer un processus de paix et de réconciliation.
Toutefois, comme je l'ai demandé auparavant, de quelle puissance militaire avons-nous besoin et jusqu'où devons-nous aller avant de pouvoir assurer la stabilité et la paix dans la région? Ne serait-il pas mieux d'entamer un processus dans le cadre duquel nous pouvons fournir des mesures incitatives pour convaincre les groupes, les seigneurs de guerre et les gens qui ne sont peut-être pas des fanatiques extrêmes de déposer leurs armes et demander aux Nations Unies de trouver un moyen de réconcilier toutes les factions belligérantes?
Il faut se rappeler que ce n'est pas une situation claire et nette. Ce qui est fallacieux dans l'argument selon lequel nous avons besoin d'une forte présence militaire est qu'il faudra toujours une forte présence militaire externe qui sera constamment en guerre avec l'autre côté. Cela n'a pas fonctionné avec 100 000 soldats soviétiques, et cela ne fonctionnera pas de nos jours avec l'OTAN. Cette situation n'apporte pas la stabilité. La seule façon d'assurer la stabilité est de mettre en place un processus de paix qui permettra la fin graduelle des combats. Ce n'est qu'à ce moment-là que la véritable reconstruction commencera.
Les Afghans devront construire leur avenir eux-mêmes, avec l'aide des autres, et non pas avec l'ingérence des autres. Le Canada a une occasion en or de favoriser un tel déroulement. Qu'est-ce qui empêche notre — maintenant que nous sommes en Afghanistan, que nous discutons de notre rôle là-bas — d'inviter les autres pays de l'OTAN, les pays de la région, les talibans et d'autres à essayer d'amorcer un dialogue et un processus de paix? Cela s'est fait au Vietnam. Nous avons réussi en Irlande du Nord. Nous avons négocié avec les terroristes, et maintenant c'est la paix. Qu'est-ce qui nous empêche d'au moins commencer ce processus?
Pendant que je parle, je dois composer avec une idée très désagréable qui me revient sans cesse.
Premièrement, est-ce que les États-Unis, par exemple, veulent vraiment voir le conflit en Afghanistan se résoudre pacifiquement, ou préfèrent-ils une victoire militaire qui avantagerait leurs intérêts? Si c'est le cas, pourquoi sommes-nous en train de nous battre aux côtés des Américains?
Deuxièmement, les États-Unis permettront-ils jamais au gouvernement afghan d'exercer le pouvoir, si ce n'est pas dans l'intérêt supérieur de leur politique étrangère? Si, de fait, les États-Unis voient l'Afghanistan comme un lien vital dans un contexte géopolitique conçu pour assurer la présence américaine dans la région, serait-ce la seule raison qui les amène dans ce pays, comme c'est le cas en Irak? Si c'est la seule raison, c'est une bonne raison pour que le Canada se retire de l'Afghanistan et fasse savoir que nous ne participerons qu'à une mission de maintien de la paix menée par l'ONU.
Nous avons aujourd'hui une chance, au Parlement, de changer le cours de l'histoire pour nos militaires canadiens et pour nos concitoyens. Nous avons une chance, puisque nous sommes présents en Afghanistan, de négocier un traité de paix et d'amorcer la discussion entre tous les intéressés, tout en négociant un retrait graduel. Cela vaut la peine d'essayer. Parler ne fait jamais de mal. Nous pouvons changer les choses, et nous devrions essayer.
:
Monsieur le Président, cela me fait extrêmement plaisir, malgré le sujet, de prendre la parole ce soir. Il s'agit effectivement d'un sujet d'une très grande importance, et pour le Canada et pour l'Afghanistan. Il y a des questions, comme on l'a vu plus tôt, qui indiquent que l'idée des gens est déjà faite. J'espère néanmoins pouvoir ce soir apporter un certain éclairage sur la raison d'être de la position du Nouveau Parti démocratique, qui vise tout simplement à mettre fin à cette guerre de combats dans le Sud de l'Afghanistan et à entreprendre un processus compréhensif pour la paix.
En commençant, je vais me permettre de clarifier une chose qui est assez importante pour beaucoup de gens au Québec. Je ne pensais pas que j'aurais eu l'occasion de le faire, parce que les choses étaient en train de se clarifier, mais aujourd'hui, un certain nombre de collègues du Bloc québécois, pour des raisons qui leur sont propres, ont choisi délibérément de tenter d'obscurcir davantage une situation concernant les votes des uns et des autres.
À l'aide de preuves textuelles à l'appui, je vais expliquer les différences entre les votes du Bloc québécois au cours des dernières années et les votes du Nouveau Parti démocratique.
Commençons par le 24 avril 2007. Pour les gens que la chose intéresse, il s'agit d'un vote tenu ici, à la Chambre. On remarquera que tous les bloquistes présents en Chambre, sans exception, ont voté en faveur d'une motion qui confirmait la poursuite de la mission en Afghanistan jusqu'en février 2009. Évidemment, puisque le Nouveau Parti démocratique avait résolu, depuis le mois de septembre 2006, de mettre fin à la guerre de combats dans le Sud de l'Afghanistan, on ne pouvait pas appuyer une motion qui visait la poursuite de la mission jusqu'en 2009. Toutefois, le Bloc québécois était favorable à la poursuite de la guerre dans le Sud de l'Afghanistan jusqu'au mois de février 2009, à tout le moins.
Je dis « à tout le moins », parce que le porte-parole du Bloc québécois en matière de défense nationale a déclaré au journal Le Soleil que le Bloc était prêt à accepter une prolongation de la mission en Afghanistan au-delà de février 2009. Cela a été rapporté par ledit journal le 24 mai 2007.
Les gens intéressés peuvent vérifier mes propos en ligne. La motion en question, dont on a débattu, datait du 19 avril 2007, mais le vote ici, à la Chambre, a eu lieu le mardi 24 avril. On peut voir les noms de tous les députés bloquistes. En commençant par leur chef, tous les députés bloquistes ont voté pour la guerre. C'est clair, net et précis. Il n'y a pas d'ambiguïté possible sur cette question.
Ensuite, quelques jours après, soit le 30 avril 2007, on votait cette fois-ci sur une motion du Nouveau Parti démocratique. Tous les députés bloquistes présents ont alors voté de concert avec les conservateurs afin de rejeter une motion du Nouveau Parti démocratique qui aurait avisé immédiatement l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN, de notre intention de nous retirer de la mission en Afghanistan. Si l'on veut, on peut même se référer aux différents discours adressés à la Chambre. Or, je vais me permettre de citer le même porte-parole du Bloc québécois en matière de défense, qui parlait au nom du Bloc québécois. Lors du débat à ce sujet, il a dit: « Naturellement, je dois dire à mes amis du NPD — au moins, on est des amis (c'est l'auteur qui souligne) — qu'aujourd'hui, on ne pourra pas appuyer leur motion.
Il y a donc deux choses. Lorsqu'il y a une motion pour continuer la guerre, le Bloc vote en masse — en bloc — en sa faveur. Lorsqu'il y a une motion du Nouveau Parti démocratique pour retirer les troupes, le Bloc vote contre la motion.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la raison pour laquelle j'ai dû faire ce petit rappel historique ce soir — même si cela n'était pas là mon intention lors de la préparation de mon intervention —, c'est que certains députés du Bloc ont tenté de faire dire des choses à ces deux événements historiques dûment inscrits dans les registres du Parlement et facilement accessibles en ligne pour les gens que cela peut intéresser. De fait, j'ai trouvé incroyable d'entendre certains députés bloquistes dire que si l'on était maintenant en Afghanistan jusqu'en 2011, c'était parce que nous n'avions pas appuyé, en 2007, la motion qui visait à poursuivre la guerre seulement jusqu'en février 2009.
Comme si cela aurait changé quoi que ce soit. Nous étions contre la guerre. C'est un principe. Au mois de septembre 2006, la toute première activité du Nouveau Parti démocratique à laquelle j'ai assisté après avoir quitté le gouvernement du Québec, c'était une grande réunion à Québec où cette prise de position controversée mais claire du NPD a été adoptée.
Je sais que les bloquistes n'aiment pas les choses qui sont claires. Ils préfèrent essayer de tourner autour du pot et de se donner une sorte d'image de marque qui les fera peut-être passer pour autre chose. Cependant, la vérité, la simple vérité, c'est que confrontés à notre proposition au regard de la fin de la mission et du retrait de nos troupes, ils ont dit: non; et confrontés à une motion qui visait la poursuite de la guerre, ils ont dit: oui.
Comme je le mentionnais plus tôt, ils tentent maintenant de dire que si seulement nous avions voté pour la fin de la guerre en février 2009, on ne serait pas en train de la continuer aujourd'hui. Quelle naïveté! Comme si les conservateurs qui ont l'idée fixe de continuer cette guerre seraient impressionnés aujourd'hui par un vote tenu en 2007, selon lequel la mission prendrait fin en février 2009. C'est absurde!
La seule manière de traiter de cela, c'est par des positions claires. Même si je ne conviens pas du tout de la position du gouvernement conservateur, au moins, cette position est claire. On peut être pour ou contre cette position, mais elle existe.
La position du NPD a aussi, j'ose le dire, le mérite d'être claire. Nous sommes contre la guerre en Afghanistan. Nous sommes pour un processus complet de paix. Nous croyons que l'OTAN, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, a été créée pour faire la guerre. Elle ne peut pas être en mission de paix. Ce n'est pas son mandat.
Si l'on revient sur les tragiques évènements du 11 septembre, on constate la création d'une mission par les Américains qui s'appelait Operation Enduring Freedom. En vertu de cette opération, on s'est livré justement à une attaque en Afghanistan. Le Canada a pris part à l'opération dès les premiers moments de cette attaque. Dans notre cas, cela date du début de 2003, au moment même, je le rappelle, où l'on était en train de dire non à l'Irak. Presque en guise de cadeau de consolation pour les Américains, car on avait osé dire non à la guerre en Irak, on a décidé d'engager nos troupes dans cette mission de combat dans le Sud de l'Afghanistan. Il y a cinq ans de cela.
On est en train de s'engager pour trois années supplémentaires. À terme, il s'agira d'une période plus longue que notre implication lors de la Seconde Guerre mondiale. On était là du début, le 1er septembre 1939, jusqu'à la fin de la guerre en Europe le 8 mai 1945 — ou encore en août 1945, pour ce qui de la guerre dans le Pacifique. Le Canada a été là tout au long de cette guerre. La guerre en Afghanistan sera plus longue encore. Quel en sera le résultat? Selon tous les experts, qu'ils soient à Sandhurst, en Angleterre, ou aux États-Unis, la guerre ne peut pas être gagnée dans les conditions actuelles.
J'ai entendu des gens échanger plus tôt avec mon collègue sur l'à-propos de comparer ou non notre implication actuelle avec ce qu'on fait les Soviétiques. Néanmoins, je me permets de les informer que, depuis l'invasion de l'ex-Union soviétique en décembre 1979, ce pauvre pays — et j'utilise le terme sciemment, car il s'agit d'un des pays les plus pauvres du monde — a connu presque inlassablement et continuellement la guerre. Et nous sommes en train d'ajouter plus de violence, plus de conflits, mais pas plus de sécurité, peu importe ce que peuvent croire certaines personnes qui ont déjà parlé ce soir. C'est faux de prétendre qu'il y a plus de sécurité grâce à notre intervention en Afghanistan.
Il y a toujours des voix pour dire de telles choses lorsqu'il y a une guerre. On ne va pas commencer à dire qu'on ne croit pas qu'il y a une bonne cause. Évidemment, on a réussi à se convaincre, parce qu'on est de bonnes personnes, qu'il doit y avoir une cause noble pour justifier notre présence en Afghanistan. Cependant, il n'en est rien. Notre présence en Afghanistan n'a rien à voir avec nos propres intérêts stratégiques. Notre présence en Afghanistan a tout à voir avec ce que l'ex-ministre conservateur de la Défense a au moins honnêtement dit, soit que c'était la rétribution pour l'attaque contre les Américains le 11 septembre 2001.
Il y a un tout petit problème avec cela: c'est que 19 des 20 pirates de l'air étaient des gens d'Arabie Saoudite, et non des Afghans. On nous dira qu'il y avait des bases d'entraînement pour Al-Qaïda et même que Ben Laden était dans les montagnes au-dessus, et ainsi de suite. Est-ce une raison pour maintenir notre présence militaire là-bas sans faire un effort continu pour une paix basée sur une structure compréhensive?
À l'heure actuelle, déjà 79 jeunes Canadiens sont revenus en cercueil de l'Afghanistan. Et combien d'autres souffriront du syndrome post-traumatique? Combien de bombes à retardement sommes-nous en train de créer pour les années à venir?
C'est un lourd prix à payer pour une implication dans une mission qui, au début, était en fait une tentative de l'OTAN pour soutenir le gouvernement en place. Par la suite, cela s'est transformé, avec le processus de Bonn, en une tentative pour impliquer non seulement l'OTAN, mais plusieurs autres pays sous forme d'une force internationale de sécurité et d'intervention, mais en jouant à cache-cache, comme un enfant qui se cache les yeux et qui pense que tout vient de disparaître. On a fait le processus de Bonn sans y inclure les talibans.
J'entends les railleries des députés du gouvernement qui disent qu'on ne peut pas négocier avec des gens qui s'y prennent de cette manière dans un conflit et qui utilisent la terreur et des stratagèmes du genre.
Toutefois, la réalité est que le Canada, en raison de son historique et de sa fierté à travailler pour la paix, a réussi à plusieurs reprises alors que les gens pensaient que c'était impossible. John de Chastelain, en Irlande du Nord, en est le plus récent exemple. Il ne faut pas lire dans mes mots la moindre manière d'excuser les tactiques de l'IRA en Irlande du Nord, mais la réalité est que c'étaient des gestes terroristes et on affirmait haut et fort qu'on ne négocierait jamais avec des terroristes. Or, c'est seulement quand on a accepté, en Irlande du Nord, de réunir tout le monde autour d'une même table qu'on a réussi.
Quelles images c'était de voir d'anciens chefs de l'IRA, aujourd'hui dûment élus dans un Parlement de l'Irlande du Nord, à la même table que le révérend Ian Paisley. C'était une image que personne n'aurait cru possible il y a une vingtaine d'années. Et pourtant, ce Parlement fonctionne. On a réussi, dans un lieu où il y avait la guerre, à traiter avec l'ensemble des forces en présence et à instaurer la paix. C'est le Canada qui a utilisé la force de son expérience et de sa crédibilité en matière de maintien et de contrôle de la paix pour imposer un système où l'IRA allait retirer ses armes. Et cela a fonctionné.
Certains de mes collègues croient sincèrement — je les ai entendus le dire tout à l'heure — que si le Canada n'était plus en Afghanistan aujourd'hui, la situation redeviendrait comme avant pour ce qui est des écoles et ainsi de suite. Il ne faut pas comprendre que le NPD est en train de dire qu'il ne veut pas continuer à travailler. On évoque tout simplement une simple réalité, soit que l'OTAN a été créée pour faire la guerre. On ne peut pas se placer dans une situation de conflit d'intérêts. On est en train de promouvoir la paix en utilisant une arme de guerre. C'est ce qu'on est en train de faire lorsqu'on dit cela, et cela ne fonctionne pas. C'est un paradoxe.
Un autre paradoxe se retrouve dans les motions devant nous, et il vaudrait la peine de s'y attarder quelques instants. Pour les gens qui s'intéressent à la chose, on trouvera aujourd'hui dans les documents en ligne de la Chambre des communes la motion dont il est question ce soir et l'amendement du Nouveau Parti démocratique. Pourquoi rendre cela simple alors que cela peut être compliqué? La motion couvre 4 pages complètes, alors que la modification du NPD s'en tient à trois paragraphes.
Dans la motion, on trouve beaucoup de références historiques à notre engagement en Afghanistan. Le gouvernement conservateur s'amuse aux dépends des libéraux pour prouver que même si les libéraux aiment bien parler contre la guerre, ils y ont été favorables à chaque étape. On fait bien de faire ce bref rappel historique.
Même si ce que j'ai dit tout à l'heure est vrai, à savoir que les conservateurs ont une position claire avec laquelle on est en désaccord et que le NPD a une position claire avec laquelle les gens peuvent être d'accord ou non, les libéraux, comme d'habitude, c'est du manger mou, du blanc-manger. C'est n'importe quoi. Pour eux, c'est de faire la guerre peut-être les mardis matins, mais pas les jeudis après-midi. On entraînera les troupes afghanes et si une guerre éclate, on sera là. Il faut lire les quatre pages. J'invite les gens à aller en ligne pour les consulter, cela vaut vraiment la peine. C'est tortueux. On parle des modifications et on dit qu'on continuera jusqu'en 2011, mais on essaiera de faire en sorte qu'il y ait des conditions. Les conditions sont tirées largement du rapport Manley.
Voici un deuxième paradoxe. En s'appuyant sur le rapport Manley, les conservateurs ont toujours dit qu'ils s'opposaient au NPD et aux autres qui osent parler pour la paix. Il y a vraiment deux voies. Il n'y a pas 36 manières de s'y prendre: on continue avec la guerre ou on travaille pour la paix. Au NPD, on préfère utiliser l'expérience, l'expertise et la crédibilité du Canada pour travailler pour la paix. On laissera toutefois les conservateurs expliquer leur désir de poursuivre la guerre.
Le NPD dit que cela n'a pas fonctionné et que, dans ces conditions, le Canada devrait se retirer. Les conservateurs nous disent que c'est honteux. Ils nous parlent des écoles et des gens. Ils nous disent que notre position voulant que l'on se retire étant donné les conditions est irresponsable. C'est ce que l'on a entendu ce soir de la part de plusieurs personnes qui sont intervenues.
Pourtant, que retrouve-t-on verbatim dans la motion du gouvernement conservateur appuyé par le manger mou, soit le Parti libéral? Elle nous dit ceci:
Que, en vertu de ce mandat, ce prolongement de la présence militaire du Canada en Afghanistan soit approuvé par la Chambre à la condition expresse que:
C'est là où les conservateurs deviennent durs: ils mettent une condition. Ils veulent continuer la guerre pour trois autres années. Combien d'autres jeunes Canadiens reviendront dans un cercueil et combien d'autres seront blessés ou auront des séquelles psychologiques? On a tout de même des conditions pour montrer qu'on est tough. La motion dit ceci:
a) l’OTAN assure la rotation d’un groupement tactique d’environ 1000 soldats à Kandahar, troupes qui devront être opérationnelles au plus tard en février 2009;
Il y a une légère différence entre les versions française et anglaise. Dans la version anglaise, on mentionne: « (operational no later than February 2009) ». La différence dans la rédaction risque d'être très pertinente un jour puisque la version anglaise est péremptoire. Elle décrit une obligation de résultat. Si on n'a pas les mille soldats, on se retire.
Les même gens qui disent que le NPD est irresponsable de parler du retrait de nos troupes vu les conditions actuelles posent donc une condition exigeant l'ajout de 1000 soldats à défaut de quoi, on se retire. Voilà le deuxième paradoxe des conservateurs. Ils osent dire que c'est irresponsable d'évoquer la possibilité du retrait de nos troupes en février 2009. En toutes lettres, on voit écrit ici le retrait de nos troupes en février 2009 si leur condition exigeant 1000 soldats additionnels n'est pas rencontrée. Par enchantement, ils iront prochainement à Bucarest, en Roumanie, et réussiront à parler et sans doute à avoir 1000 soldats. Si jamais ils ne les obtenaient pas, ils seraient obligés, selon les termes de leur propre motion, de retirer nos troupes.
La deuxième condition vaut aussi pour février 2009. On parle de l'utilisation d'hélicoptères de transport de moyen tonnage ainsi que des véhicules aériens sans pilote pour faire de la surveillance aérienne.
De paradoxe en paradoxe, on réalise l'échec. Lorsqu'on voit que l'on dépense dix fois plus pour l'aspect militaire que pour la reconstruction, on constate pour ce qui est de tout argument ou velléité de nous convaincre que cette mission vise la paix ou la reconstruction, les masques tombent. On se rend immédiatement compte que ce n'est pas le cas.
Il s'agit d'une guerre de combat. Le traitement des prisonniers en Afghanistan est aussi un gros problème. J'aurai sans doute l'occasion d'élaborer dans les réponses aux questions.
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Monsieur le Président, quelle joie de voir tous ces députés réunis ici à cette heure.
J'aimerais d'abord poser quelques questions aux ministériels. Je l'ai déjà fait avant le souper, mais je crois que je les ai un peu pressés à la fin de mon exposé. Je serais ravi si le pouvait me fournir quelques réponses avant la fin de mon exposé de 20 minutes ou encore pendant la période des questions et observations.
Il est très clair que les conservateurs sont en faveur de la mission, bien sûr, ainsi que de la motion. Presque tout le monde essaie actuellement de collaborer pour arriver à une entente pendant cette législature, mais, comme tout le monde le sait, il manque encore des réponses à quelques questions. Ce serait plus simple et plus facile.
Je vais répéter ces questions, de façon à ce que le gouvernement sache de quoi il s'agit. Les réponses sont peut-être même déjà en cours d'élaboration. Si c'est le cas, le ministre pourrait nous l'indiquer clairement et je ne serais pas aussi inquiet.
Premièrement, à quel moment au juste le gouvernement avisera-t-il l'OTAN de la date butoir de 2011? C'est ce dont nous avons convenu, mais quand l'OTAN l'apprendra-t-elle, de façon à pouvoir planifier la suite des choses, ce qui est l'un des éléments clés de ce que nous proposons ici?
Deuxièmement, pourquoi a-t-il décidé de faire passer cette date de février à juillet 2011? Il ne s'agit que de quelques mois de plus, ce qui n'est pas très grave. Pourtant, ces quelques mois représentent des millions de dollars qui pourraient être dépensés par le Canada ou par un autre allié de l'OTAN qui prendrait notre place. Pourquoi alors ce changement de quelques mois qui aura un impact important pour le contribuable canadien? Ce détail ne change pas la mission, mais il y a sûrement une explication logique. Nous voulons simplement la connaître.
Troisièmement, j'espère qu'il y a également une explication logique au fait que le gouvernement a décidé qu'il fallait 1 000 soldats supplémentaires dans la région. Encore une fois, il ne s'agit pas simplement de choisir un chiffre un hasard. Nous sommes en train de débattre d'un enjeu sérieux et important. Il nous faut une analyse très détaillée. Nous aimerions que le gouvernement nous dise pourquoi ce nombre de 1 000 a-t-il été choisi? S'il y a effectivement une raison, mais qu'il lui est impossible de nous fournir une réponse précise, c'est acceptable, mais, pour le moment, il n'a aucune explication à nous offrir. Je suis persuadé que les réponses sont en cours d'élaboration de façon à ce que nous puissions finaliser ce travail de collaboration.
Quatrièmement, quel était l'échéancier concernant l'affectation de nouvelles troupes et de matériel? Autrement dit, à quel moment pourrons-nous dire que la condition n'a pas été respectée? La motion contient une condition. Nous aimerions bien sûr recevoir des renforts et du matériel, mais quelle est la date limite? Quand ces troupes et ce matériel doivent-ils arriver en Afghanistan? Encore une fois, quand allons-nous en informer l'OTAN afin qu'il soit possible d'établir un plan rationnel?
Cinquièmement et finalement, que fait le Canada pour s'assurer que le traitement des prisonniers respecte ses obligations internationales? Nous avons posé cette question auparavant. Elle n'est pas compliquée. Espérons qu'il existe un bon plan. Je sais que le gouvernement a déjà éprouvé de sérieux problèmes dans ce domaine, mais je suis persuadé qu'il travaille à un plan.
Par souci de clarté, je vais répéter ces questions une fois de plus. Premièrement, à quel moment le gouvernement avisera-t-il l'OTAN de la date butoir de 2011? Deuxièmement, pourquoi a-t-il décidé de faire passer cette date de février à juillet 2011? Troisièmement, comment a-t-il déterminé qu'il fallait exactement 1 000 soldats supplémentaires? Quatrièmement, quel délai a-t-il imposé relativement à cette demande de troupes fraîches et de matériel, et quand pourrons-nous juger que ces conditions n'ont pas été respectées? Finalement, que fait le Canada pour s'assurer que nous respectons nos obligations internationales en ce qui concerne les prisonniers?
Comme je l'ai déjà dit, j'ai rendu visite à nos troupes en Afghanistan. Je tenais à m'assurer qu'elles disposaient de tout ce dont elles avaient besoin. Nous étions bien entendu tous très fiers de leur travail. Les soldats à qui j'ai parlé étaient eux aussi très fiers de la mission qu'ils entreprenaient à ce moment et de ce qu'ils faisaient pour venir en aide à des gens qui en avaient besoin. Je suis bien entendu membre de la Légion, et je manifeste souvent mon appui.
Je suis également fier de l'aide que le Canada apporte à l'Afghanistan et à de nombreux autres pays. Nous avons rendu visite à une équipe provinciale de reconstruction. Il ne faut pas se leurrer: dans les zones dangereuses, nous avons parfois besoin de protection pour parvenir à offrir de l'aide.
L'endroit que nous avons visité ressemblait à un ancien fort de l'Ouest protégé par l'armée, mais, dans cette collectivité, les enfants allaient de nouveau à l'école. Les filles allaient à l'école. De l'aide était fournie. Toutefois, elle n'aurait pas pu être fournie s'il n'y avait pas eu de protection là-bas. En effet, à l'endroit même où nous avions atterri, le président a été la cible d'un attentat quelques mois plus tard au moment où son appareil se posait. C'est dangereux et, parfois, nous avons besoin de mesures de sécurité.
Avant de poursuivre, je dois apporter une correction à l'intervention que j'ai faite avant le souper. J'ai dit que les talibans avaient attaqué le World Trade Center. Ce n'était pas réellement eux. C'était Al-Qaïda, mais le gouvernement dirigé par les talibans avait permis à cette organisation de mettre en place ses camps terroristes.
Au cours des dernières années, comme les députés le savent, nous avons reçu avec fierté un autre mandat des Nations Unies, à savoir la responsabilité de protéger. Tous les Canadiens et tous les parlementaires ici devraient s'en réjouir, car cela signifie essentiellement que les Nations Unies peuvent intervenir dans un pays qui ne défend pas ses propres citoyens.
Cela améliorera certainement le mandat des Nations Unies de façon très importante, car nous avons des situations dans le monde aujourd'hui où des dictatures et des gouvernements totalitaires massacrent, violent, déplacent ou forcent à travailler leurs propres citoyens, sans déployer aucun effort pour les protéger. Les alliés, les amis de ces régimes peuvent dire au monde que les Nations Unies ne peuvent pas intervenir, en alléguant qu'elles peuvent seulement le faire en cas d'instabilité ou de trouble international, et non régional, et qu'il ne s'agit en l'occurrence que de problèmes nationaux. Il y a des pays qui tiennent ces propos de nos jours.
S'agissant de la responsabilité de protéger, rappelons que ces pays ne protègent pas leurs propres citoyens. Dans les exemples que vient de donner le ministre, exemples où les talibans, des agents du gouvernement ou des personnes autorisées à mener des opérations dans ces secteurs se livrent à des massacres ou à des viols, où des enseignants sont assassinés parce qu'ils enseignent à des filles, où des parlementaires sont assassinés, comme cela a été mentionné cet après-midi, personne évidemment ne dirait que le gouvernement assure la protection de ses citoyens. On s'entendrait pour dire qu'une intervention internationale est manifestement nécessaire dans pareilles circonstances, qu'elle se justifie légalement et que l'opposition à un tel objectif serait rare dans le monde civilisé.
Comme nous l'avons appris de l'épouse de l'ambassadeur de l'Afghanistan au Canada, les femmes n'étaient pas autorisées à travailler sous le régime des talibans. Elles ne pouvaient pas aller à l'école et faire des études. Elles ne pouvaient pas être traitées par un médecin du sexe opposé. Elles étaient essentiellement des non-citoyennes, sans droits ni représentation.
Toutes ces choses que je viens de décrire et que d'autres ont décrites sont, bien sûr, tout à fait contraires aux valeurs canadiennes. C'est pourquoi l'OTAN et les Nations Unies sont en faveur de gestes visant à venir en aide à la population afghane.
Je n'en croyais pas mes oreilles quand j'ai entendu un député affirmer que notre présence en Afghanistan ne sert pas les intérêts stratégiques du Canada. À mon avis, cela ne peut pas être vrai. La défense des droits de la personne ne sert-elle pas les intérêts stratégiques du Canada?
Le fait de permettre aux filles de retourner à l'école ne sert-il pas les intérêts stratégiques du Canada? La protection des gens qui nourrissent les enfants pauvres ne sert-elle pas les intérêts stratégiques du Canada? Les efforts visant à faire reconnaître les droits des femmes à l'égalité ne servent-ils pas les intérêts stratégiques du Canada? Les efforts déployés en vue d'instaurer la démocratie et de donner la liberté de choisir à des gens qui vivent sous la houlette d'une terrible dictature religieuse zélote ne servent-ils pas les intérêts stratégiques du Canada? Je crois que oui.
J'aimerais consacrer le reste de mon intervention à un plaidoyer en faveur d'une répartition plus équilibrée des ressources canadiennes entre les trois éléments que sont la défense, le développement et la diplomatie, comme l'a proposé le Centre d'étude et de coopération internationale, en mentionnant quelques domaines dans lesquels la diplomatie canadienne pourrait être intensifiée et se révéler très utile.
Les députés se souviendront qu'avant le souper, je parlais de la grande pauvreté des Afghans. Je parlais de leurs cabanes aux planchers en terre battue. La température y était aussi froide que celle que nous avons ici pendant nos hivers. Il y avait de la neige, mais pas un seul morceau de bois pour faire du feu. C'est un désert. Dans plusieurs secteurs il n'y a même pas un arbre. Difficile de trouver du bois pour chauffer.
Ces gens ne seraient certainement pas enclins à choisir un gouvernement sur la base de discussions purement politiques ou philosophiques. Ils sont en mode survie. Ils ne voteront pas selon les vues politiques des talibans ou des démocrates. Ils voteront en faveur de celui qui leur promettra de mettre de la nourriture sur leur table, de les garder au chaud en hiver, de les aider à nourrir leurs enfants et de leur permettre de survivre et d'améliorer un tout petit peu leur terrible existence.
Ce n'est pas facile. Cela coûte extrêmement cher. Comme nous le savons, nous avons dépensé des centaines de millions de dollars pour tenter d'éradiquer la pauvreté au Canada et nous n'avons pas entièrement réussi. Ce n'est pas une mince tâche.
Convertir la main-d'oeuvre est également une entreprise très onéreuse. Au Canada, bien sûr, certains espèrent depuis des années que nous pourrons offrir aux producteurs de tabac et aux travailleurs de l'amiante des emplois aussi lucratifs que ceux qu'ils occupaient précédemment. Il ne s'agit là que d'un faible pourcentage de la main-d'oeuvre, mais nous n'avons pas encore réussi à le faire. Cela pourrait être très onéreux.
Imaginons un peu maintenant que nous devions convertir tout un pan de la main-d'oeuvre canadienne. C'est presque inconcevable pour nous. Toutefois, en Afghanistan, il y a tellement de personnes qui n'occupent pas un emploi productif. Je le répète, c'est un objectif admirable, mais il faut tout de même tenir compte des contraintes économiques.
Le problème, c'est que nous ne pouvons pas avancer suffisamment dans ces dossiers en ne consacrant qu'un dixième de nos ressources au développement et le reste à la défense. Si nous voulons obtenir des résultats concrets, nous devons consacrer davantage de ressources au secteur du développement.
Bien que j'en aie grandement vanté les mérites, je reconnais que la seule force ne peut suffire à tout résoudre. Je suis persuadé que tous mes collègues savent bien que nous ne pouvons user de violence pour forcer une personne à voter pour nous, comme nous ne pouvons convaincre qui que ce soit par la force afin d'en arriver à la solution pacifique finale à long terme dont nous avons besoin.
Nombre de députés le savent, la situation en Birmanie me rend furieux, comme c'est le cas pour nous tous, d'ailleurs. Tout ce qu'on veut, c'est intervenir immédiatement par la force.Toutefois, dans son livre Aung San Suu Kyi, le leader démocratiquement élu de la Birmanie et la lauréate du prix Nobel de la paix qui est détenue à domicile, ce qui est absurde, car elle milite non pas en faveur de la force qu'on est impatients d'imposer, mais bien en faveur d'une solution pacifique, dit que le recours à la force indique que la solution, la façon de régler un problème, appartient à celui qui a la plus grande armée. Si le gouvernement changeait, l'opposition devrait donc tout simplement avoir une force militaire plus grande, et ce n'est pas la solution que préconise cette femme.
J'aimerais aborder la question de la rotation. Lorsqu'elles font leur long périple migratoire, les bernaches vivent des conditions exténuantes et éprouvantes sur des milliers de milles. Elles subissent des blessures. L'oiseau qui joue le rôle le plus difficile est celui qui dirige la formation en V, celui qui repère la voie et qui imprime la direction. Dans une formation de bernaches, cette position est interchangeable. L'oiseau à la tête cède sa place à un autre qui est derrière. Les outardes occupent cette place à tour de rôle, luttant sans relâche contre les éléments. Elles partagent la position de tête.
L'OTAN a la même philosophie, à savoir que différents pays occuperont la première ligne et échangeront cette position à tour de rôle au sein de l'équipe qui travaille à la réalisation d'un objectif commun.
Comme les députés le savent, un très grand nombre de Canadiens croient qu'il est temps de laisser à d'autres la position de tête, la ligne de front. Il est temps que nos alliés de l'OTAN jouent ce rôle à leur tour, de manière à ce que nos militaires puissent avoir un peu de répit et faire le travail de développement qui gagnera le coeur et l'esprit de ceux et celles qui auront à bâtir leur démocratie.
Nos militaires doivent former les Afghans, qui ont leur avenir entre les mains. La solution repose dans la formation de leurs forces de police et de sécurité par nos militaires. Le Canada est un remarquable modèle d'autonome gouvernementale. La réussite sera un fait avéré lorsque les Afghans prendront leur destinée en mains.
Ce n'est pas que le Canada manque de défis à relever dans le monde. Quand la guerre en Afghanistan sera réglée, que les Afghans auront repris le contrôle de leur vie, qu'ils pourront se défendre et assurer la subsistance des leurs, nous aurons toutes sortes d'autres défis à relever partout dans le monde. Nous pourrons nous montrer généreux en prêtant nos forces armées, en aidant financièrement, en distribuant des vivres et en apportant de l'aide humanitaire. Il y a des endroits comme la Birmanie, le Darfour et le Congo qui ont besoin d'aide. Il existe une multitude de problèmes en Afrique qui appellent ce genre d'interventions. Il y aura toujours du travail à faire.
Je veux terminer en disant pourquoi je pense que la solution que les libéraux ont défendue si ardemment est acceptée par tant de gens. Premièrement, le gouvernement semblait à l'origine se trouver pris dans une guerre qui ne se terminerait jamais, sans aucune date de retrait prévue. Les conservateurs ont décidé de viser 2011 et d'envisager ce qu'on pourrait faire à ce moment-là. C'était une manière d'aborder la situation, mais je ne crois pas que c'était acceptable pour les Canadiens.
Je pense qu'il faut dire très clairement aux Canadiens que les libéraux ont réclamé et obtenu une date de retrait, soit 2011. En fait, l'engagement militaire et les combats que la population désapprouve se termineront en 2009. Cela n'est pas changé. Cela ne se produira plus par la suite, malgré ce que nous avons entendu plus tôt ce soir.
Je pense que nous avons trouvé une solution très positive. Les Canadiens s'occuperont, dans une large mesure, de la formation et du développement nécessaires pour atteindre l'objectif. Ce sera un effort équilibré, dans l'ensemble, sur lequel nous sommes tous d'accord, je pense.
Le président Kennedy a un jour fixé l'objectif d'envoyer quelqu'un sur la lune avant la fin de la décennie. Je pense que c'est ce qui a fait que les États-Unis ont réussi. Une date précise avait été fixée. Les gens ont travaillé beaucoup plus fort parce qu'ils visaient cet objectif précis.
Cela inspirera nos alliés de l'OTAN dans la formulation d'un plan afin que des innocents ne soient pas laissés sans protection à une époque où ils sont fragiles, alors qu'ils sont sur le point d'arriver à se prendre en mains. En ce sens, je pense que l'objectif que nous visons tous, soit l'établissement pour le peuple afghan d'une démocratie libre, autonome et capable de se protéger et de se renouveler, sera à notre portée.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je tiens tout d'abord à féliciter le , le et son , le et son , de même que la Chambre, des grands progrès réalisés par notre gouvernement depuis la création du groupe d'experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan.
Dans son rapport du 22 janvier, le groupe indépendant a souligné la nécessité pour le Canada de continuer à assumer sa responsabilité en matière de sécurité à Kandahar au-delà de février 2009, en mettant de plus en plus l'accent sur la formation des forces de sécurité nationale afghanes. Depuis que ces recommandations ont été faites, notre gouvernement a réalisé un consensus bipartite et a pris des mesures pour obtenir les 1 000 soldats nécessaires. Je m'attends à ce que le Canada défende sa position de façon énergique lors de la conférence de l'OTAN qui aura lieu bientôt.
Je suis fier de prendre la parole devant la Chambre ce soir pour appuyer une motion qui reflète directement les recommandations du groupe d'experts Manley et qui garantira la réussite de la mission canadienne en Afghanistan.
Je suis fier de constater que la Chambre reconnaît la nécessité de respecter nos obligations, tant à l'égard d'autres pays qu'à l'égard de la population afghane et de nos hommes et femmes en uniforme.
Notre gouvernement comprend l'importance de la mission afghane pour le respect de nos obligations et pour la défense de la réputation internationale du Canada. Cette mission a placé le Canada au premier rang en matière de diplomatie internationale et de renforcement des capacités, comme peu de nos missions récentes ont pu le faire, et elle a eu véritablement une envergure internationale.
Le Canada est en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité, qui est dirigée par l'OTAN et sanctionnée par les Nations Unies. Cette force compte quelque 43 250 soldats provenant de 38 pays, comme la Jordanie, la Suisse, Singapour, le Royaume-Uni, l'Australie, les États-Unis et la Roumanie. Nous sommes disposés à remplir nos obligations internationales, mais nous estimons qu'il est nécessaire de partager le fardeau avec nos alliés.
Le rapport Manley a proposé que notre engagement à rester en Afghanistan au-delà de 2009 soit rendu conditionnel à l'affectation d'un groupement tactique d'environ 1 000 soldats à Kandahar par nos alliés. Nous appuyons entièrement cette recommandation et nous estimons que cet accroissement des effectifs est nécessaire pour améliorer l'efficacité sur le terrain.
Le et d'autres députés clés du gouvernement s'emploient activement à obtenir des renforts à Kandahar. J'estime que nos alliés comprennent que certains de nos partenaires devront affecter davantage de troupes à Kandahar et ailleurs pour garantir la réussite de la mission de l'OTAN.
La réunion des ministres des Affaires étrangères qui a eu lieu à Bruxelles la semaine dernière était une étape essentielle en vue de l'établissement d'un partenariat à Kandahar et nous avons hâte au sommet de Bucarest, prévu le mois prochain, où d'autres progrès seront accomplis.
Notre engagement envers la communauté internationale est central, mais c'est plus qu'un engagement envers nos alliés. N'oublions pas pourquoi nous avons décidé de participer à la mission en Afghanistan. Cela fait des années que ce pays est déchiré par des conflits, la destruction et la pauvreté. L'alliance internationale détermine les conditions qui permettront à l'Afghanistan de jouir d'une paix et d'une sécurité durables.
La semaine dernière, nous avons eu l'honneur d'accueillir la visite officielle de six parlementaires afghanes au Canada. La Chambre accueille de nombreux visiteurs distingués, mais la différence avec ces dignitaires-là est que leur visite n'aurait pas été possible il y a quelques années à peine. Aujourd'hui, des femmes afghanes font partie d'un gouvernement représentatif et démocratique. Plus d'Afghans que jamais ont accès aux soins de santé et à l'éducation.
La Force internationale d'assistance à la sécurité aide à l'établissement d'un environnement plus sûr et plus stable favorable à la construction de routes, d'hôpitaux et d'écoles et à d'autres efforts de développement. Les avantages sont encourageants, mais les Afghans ont besoin d'une aide supplémentaire pour consolider ces progrès et les faire profiter à une plus grande part de la population.
Le rôle que joue le Canada dans tout cela n'est pas négligeable. Nos soldats sont dans une région où beaucoup de progrès ont été faits mais où il faut en faire plus pour assurer la sécurité, la stabilité et une meilleure qualité de vie. Le retrait des soldats canadiens de l'Afghanistan en 2009 ou, pire encore, maintenant, comme l'ont suggéré des députés d'en face, serait une solution facile face à l'adversité. Ce n'est pas la façon canadienne de faire les choses. Imaginez donc si nous nous étions retirés de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, si nous avions abandonné sur la plage Juno, lors de la bataille d'Angleterre ou sur la crête de Vimy!
Notre gouvernement estime que nous ne pouvons abandonner les Afghans, et nous ne les abandonnerons pas.
Notre troisième obligation fondamentale est envers les hommes et femmes en uniforme qui croient en cette mission. Les politiciens des deux partis leur ont demandé, en 2001, de prendre part à cette mission difficile mais extrêmement importante.
Depuis le premier déploiement majeur, au début de 2002, plus de 15 000 soldats canadiens ont foulé le sol afghan. Chaque jour, des Canadiens et des Canadiennes mettent leur vie en péril pour nous. Ils croient en la mission et en ce qu'ils apportent au peuple afghan, tout comme notre gouvernement. C'est pourquoi nous avons pris des mesures concrètes pour appuyer nos troupes.
Le a annoncé le mois dernier que le gouvernement avait décidé de mettre de côté un financement stable et prévisible pour les Forces canadiennes en faisant passer de 1,5 p. 100 à 2 p. 100 l'augmentation annuelle automatique des dépenses consacrées à la défense. Conjugué à de l'équipement neuf et modernisé, ce financement améliorera l'efficacité et la sécurité générales de nos troupes.
Mais soutenir nos troupes ne se limite pas à leur fournir du financement et de l'équipement. Il faut aussi leur donner la possibilité de continuer leur important travail à l'abri de l'ingérence de tierces parties.
Je félicite le Parti libéral d'avoir respecté les décisions opérationnelles de nos dirigeants militaires en Afghanistan, car ils sont les mieux placés pour comprendre les besoins et les tactiques qui garantiront notre succès. Notre gouvernement a toujours fermement défendu ce type d'indépendance et nous croyons que les décisions opérationnelles devraient être laissées entre les mains des commandants canadiens en campagne en Afghanistan.
La mission militaire n'est évidemment qu'un volet de la stratégie des trois D. Nos gains sur les plans de la diplomatie et du développement ont aussi été nombreux. Par exemple, l'aide du Canada a favorisé l'acquisition de compétences à la Cour suprême, au bureau du procureur général et à celui du . Notre aide a notamment contribué à la formation des juges, des procureurs, des défenseurs publics et des administrateurs de tribunaux, ainsi qu'à l'établissement d'un programme d'aide juridique.
Le Canada s'emploie à renforcer les capacités de la police nationale afghane et à améliorer le système carcéral. Nous voulons que le nouvel Afghanistan puisse efficacement maintenir l'ordre au sein de la population et puisse ramener la loi et l'ordre au pays et que les gens se sentent en sécurité dans leurs localités. Récemment, un million de dollars a été investi pour moderniser les installations carcérales.
Au début de 2007, le Canada a annoncé une contribution de 20 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour l’ordre public en Afghanistan, qui aide à payer les salaires de la police nationale afghane. La contribution totale du Canada à ce fonds est de l'ordre de 30 millions de dollars et ce montant a payé le salaire de près de 65 000 agents et membres du personnel de la police nationale afghane. Le Canada a injecté plus de 50 millions de dollars dans le Programme de solidarité nationale, près de 20 000 conseils de développement communautaire ont été élus à l'échelle du pays et plus de 30 000 projets ont été approuvés par ces conseils jusqu'à présent.
Ce ne sont là que quelques gains réalisés au cours des six dernières années. Je suis sûr qu'avec les efforts supplémentaires et grâce à l'adoption de cette motion, l'Afghanistan en verra beaucoup d'autres.
Nous ne pouvons passer sous silence les nombreux progrès concernant les femmes. Celles-ci peuvent maintenant accéder à des soins de santé, s'instruire, voter et, comme nous l'avons vu la semaine dernière, siéger au Parlement. C'est pour ce genre de gains que nous voulons rester. C'est pour ce genre de gains que nous voulons lutter.
J'ai trois filles et j'aimerais que les femmes de partout au monde, en particulier en Afghanistan, jouissent des mêmes possibilités, droits et privilèges que mes filles.
J'aimerais féliciter la Chambre encore une fois d'être parvenue à un consensus bipartite quant à l'avenir de la mission. Nous avons reconnu que nous ne pouvions pas et que nous n'allions pas abandonner nos obligations. La mission en Afghanistan est importante vu la réputation et les obligations internationales du Canada et compte tenu des engagements que nous avons pris à l'égard de la population afghane et, évidemment, de nos soldats.
Je prie tous les députés de voter en faveur de cette mission qui améliorera la cohérence et l'efficacité des efforts du Canada.
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Monsieur le Président, je suis fier d'intervenir en faveur de la motion. J'estime que c'est vraiment la concrétisation de l'engagement que le gouvernement a pris à l'égard de la communauté internationale d'aider les gens qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie. Par surcroît, elle illustre le fait que le gouvernement est disposé à relever de nouveaux défis.
Le rapport Manley indiquait entre autres qu'il fallait améliorer la communication avec les Canadiens au sujet de la mission en Afghanistan. Comme le l'a indiqué, il ne sera jamais facile d'informer les Canadiens au sujet d'une question qui porte entre autres sur le sacrifice de nos braves soldats. Quoi qu'il en soit, l'ouverture et une meilleure communication sont des éléments importants. Les Canadiens méritent de comprendre pourquoi nous faisons les sacrifices qu'exige de nous le fait d'être de bons citoyens du monde et, à certains égards, c'est vraiment une question de respect envers les citoyens canadiens.
C'est également une question de respect envers nos soldats, notamment les braves Canadiens en uniforme qui ne sont pas rentrés d'Afghanistan. J'aimerais faire mention de deux de ces soldats en particulier.
Le soldat Richard Green a été tué en Afghanistan le 17 avril 2002. Il avait 21 ans et faisait partie du 3e bataillon du régiment Princess Patricia Canadian Light Infantry. Il a grandi à Hubbards, une localité de ma circonscription, South Shore—St. Margaret's.
L'autre soldat à qui j'aimerais rendre hommage aujourd'hui est le caporal Paul Davis, qui était âgé de 28 ans. Il était originaire de Bridgewater, en Nouvelle-Écosse, et il est mort à Kandahar le 2 mars 2006.
On ne peut pas, à mon avis, prononcer à la légère le nom des soldats qui ne sont pas rentrés de leur mission en Afghanistan. J'ai dit qu'il faut le faire avec respect, et je le pensais vraiment. C'est donc avec respect que je mentionne ces deux noms. Quand on parle d'une partie du message du gouvernement, de notre rôle en Afghanistan et des missions que l'on confie à nos militaires, hommes et femmes, il faut utiliser le mot « respect ». Dans une partie du débat ce soir, il faut également parler de respect, respect envers cette institution qui est la nôtre, respect de la primauté du droit, respect de votre fonction, monsieur le Président, respect envers les autres députés, respect envers les autres personnes concernées par ce débat et, surtout, respect des points de vue différents.
Il est extrêmement important, en outre, de respecter la vérité tout en se respectant les uns les autres et en respectant les règles régissant nos débats. Nous sommes des députés. Il arrive que la ligne de démarcation se brouille, qu'on s'en approche dangereusement et même qu'on la franchisse. Il est cependant inexcusable que des députés sensés, intelligents et respectueux disent des faussetés à la Chambre. C'est pourtant ce qui s'est produit ce soir, lorsque le député d' nous expliquait que l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord n'est pas une organisation de défense.
Je vais prendre un instant pour préciser, à l'intention du grand public qui a peut-être entendu les propos du député et cru qu'il disait vrai, que le Traité de l'Atlantique Nord dit ceci:
Les États parties au présent Traité, réaffirmant leur foi dans les buts et les principes de la Charte des Nations Unies et leur désir de vivre en paix avec tous les peuples et tous les gouvernements.
Il s'agit d'une organisation de défense ayant des visées pacifiques et qui ne menace de recourir à la force qu'en tout dernier recours. L'article dit ceci:
Les parties s'engagent, ainsi qu'il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s'abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l'emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies.
C'est très clair. Je ne crois pas que cela soit remis en question. Je ne vois pas comment on pourrait donner une autre interprétation de cette charte.
Je ne m'étendrai pas trop sur le sujet, mais voici ce que stipule l'article 2:
Les parties contribueront au développement de relations internationales pacifiques et amicales en renforçant leurs libres institutions, en assurant une meilleure compréhension des principes sur lesquels ces institutions sont fondées et en développant les conditions propres à assurer la stabilité et le bien-être. Elles s'efforceront d'éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques internationales et encourageront la collaboration économique entre chacune d'entre elles ou entre toutes.
Je crois vraiment qu'il n'y a rien à ajouter. Je ne crois pas qu'il y ait matière à soutenir que l'OTAN est une force agressive qui veut résolument mettre à feu et à sang l'Afghanistan et d'autres pays du monde.
Avant de poursuivre mon discours, j'aimerais faire un autre commentaire à propos du débat. Un de mes collègues a parlé plus tôt des grands rassemblements d'appui aux troupes.
Comme vous le savez, monsieur le Président, le Canada atlantique compte de bien des façons un nombre disproportionné de soldats en service. Nous sommes très fiers de ces Canadiens de l'Atlantique. Ces hommes et femmes, jeunes et moins jeunes aussi, ont trouvé de bonnes carrières dans l'armée et ils ont donné le meilleur d'eux-mêmes dans ces carrières.
Je me suis rendu à Shelburne, en compagnie du , pour un rassemblement avec les militaires. C'était une journée froide de novembre. Il pleuvait et il neigeait. Nous avons marché quelques coins de rue avec un bon groupe par ce temps peu clément. Nous n'avions cependant pas aussi froid que le corps de cornemuses et tambours de la GRC, dont les membres étaient vêtus de leurs kilts. Nous avons fini par nous rendre à la caserne de pompiers.
Plus de 600 personnes se sont entassées dans cette caserne. Neuf anciens combattants du comté de Shelburne qui ont servi en Afghanistan se trouvaient sur la scène avec nous, mais d'autres militaires de la région se trouvaient en Afghanistan ou en transit dans les deux directions. Cela témoigne bien de la représentation des Canadiens de l'Atlantique chez nos militaires.
La motion dont nous discutons aujourd'hui nous aidera à mieux communiquer aux Canadiens les progrès réalisés en Afghanistan et les mesures à prendre pour relever les défis. En fait, le gouvernement a pris l'audacieuse initiative de demander l'avis d'un groupe d'experts indépendant et non partisan sur le rôle futur du Canada en Afghanistan.
Qui l'eût cru? Nous le disons sur un ton un peu ironique, mais bien sincèrement, qui aurait cru qu'un gouvernement pouvait former un groupe d'experts indépendant pour étudier une question aussi cruciale pour le pays, puis qu'il pouvait se montrer disposé à écouter les recommandations de ce groupe?
Je suis stupéfait que tous les partis représentés à la Chambre ne soient pas d'accord avec les conclusions du groupe d'experts indépendant. Le groupe Manley doit être félicité en particulier pour avoir établi magistralement le fondement stratégique et moral de la présence canadienne en Afghanistan. Par surcroît, M. Manley et ses collègues ont défini une voie à suivre pour obtenir le résultat escompté, et le gouvernement a pleinement accepté d'emprunter cette voie.
Je suis personnellement reconnaissant envers ces gens pour leur travail et j'ai hâte que nous puissions en cueillir les fruits. Le gouvernement a donné au groupe d'experts le mandat de produire un rapport public. Il ne s'agit pas d'un rapport secret que seuls le , quelques proches collaborateurs personnels et le peuvent consulter. C'est un rapport public que tous les députés ont pu lire en prévision du débat de ce soir et de celui de demain soir. Les médias en ont beaucoup parlé et des experts de tout le pays en ont expliqué le contenu.
Il me reste une minute, et je ne sais pas ce que je vais en faire. Une minute, c'est très peu dans cette enceinte. Toutefois, je vais terminer en disant que, selon moi, ce débat a été bon pour le pays et que les Canadiens ont réagi favorablement aux conclusions du rapport. Voilà pourquoi nous discutons actuellement de cette motion, qui a pour but de mettre en oeuvre bon nombre de recommandations du rapport.
C'est une question difficile pour bien des gens. Il n'y a pas de moment où les députés prennent leur travail plus au sérieux que lorsqu'ils doivent se prononcer sur la prolongation de la mission en Afghanistan, comme nous allons le faire encore une fois.
Notre gouvernement a été le premier gouvernement à permettre un débat complet et ouvert sur cette question, ce qui constitue une victoire pour la démocratie.