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Au nom de I'Association des banquiers canadiens, de ses 50 banques membres et de leur quart de million d'employés au Canada, je tiens à vous remercier chaleureusement de m'avoir invité a m'adresser au comité, au sujet de la compétitivité de I'agriculture canadienne. Je serai bref, afin de laisser du temps aux membres de I'ABC ici présents de répondre a vos questions. Je prends toutefois un moment pour replacer dans leur contexte le secteur bancaire et ses liens avec le milieu agricole et rural.
Il va sans dire que la prospérité des milieux agricoles et celle des régions rurales du Canada sont indissociables. Bien entendu, le secteur bancaire entretient des liens étroits avec eux. Environ le tiers des succursales appartenant aux banques membres de I'ABC se trouvent dans les régions rurales et les petites villes de notre pays et, par I'intermédiaire de ces 2 100 succursales, nos membres offrent une vaste gamme de produits et de services aux agriculteurs, à leur famille, aux fournisseurs de services auxiliaires et à la collectivité rurale en général.
Aux entreprises, les banques proposent des comptes de dépôt et des comptes courants, des produits d'assurance et de placement, des conseils financiers, ainsi que des prêts d'exploitation, des prêts à terme et des prêts hypothécaires. Aux particuliers en milieu rural, les banques apportent de I'aide pour épargner en vue des études de leurs enfants et de leur propre retraite, grâce aux fonds communs de placement, à des conseils éclairés et à des comptes spéciaux; elles leur proposent des marges de crédit, des prêts ainsi que des prêts hypothécaires, tout en répondant à leurs besoins quotidiens en matière de services bancaires. En somme, les clients des zones rurales ont accès aux mêmes services — aux mêmes prix — que les clients des grandes villes canadiennes.
Il est vrai que les banques appartiennent au secteur privé et que ce sont des organisations à but lucratif qui assurent des services financiers à leurs clients, mais il est également vrai qu'elles travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement afin de mettre en place des voies d'acheminement pour un certain nombre de programmes gouvernementaux, comme le Programme de paiement anticipé, les prêts destinés aux améliorations agricoles et à la commercialisation selon la formule coopérative, de même que les comptes Agri-investissement et les prêts LCPA à venir. La collaboration s'étend aussi à un éventail plus large d'initiatives de crédit, notamment le PCE, le Programme de crédit aux entreprises.
Je traiterai dans quelques instants des services bancaires autres que le crédit, mais comme ce dernier préoccupe tout le monde ces jours-ci, c'est par lui que je commencerai.
Lorsqu'elles accordent des prêts à des ménages ou à des entreprises, les banques examinent la capacité de remboursement de l'emprunteur et prennent leurs décisions au cas par cas. Elles doivent toutefois prendre en compte également des conditions macroéconomiques, par exemple les perspectives du secteur d'activité de l'emprunteur, les perspectives économiques en général, leurs propres coûts de mobilisation des fonds, etc.
Une bonne part des prêts bancaires vont au secteur agricole: 18 p. 100 des sommes prêtées à de petites et moyennes entreprises sont destinées au secteur agricole, soit presque un dollar sur cinq. En moyenne, les montants allant aux producteurs agricoles et aux services auxiliaires sont plus élevés que dans d'autres secteurs, en raison de la forte intensité de capital et de terres que nécessite l'agriculture. D'ailleurs, la croissance des prêts bancaires a progressé en parallèle avec la croissance du secteur agricole. Entre 2001 et 2008, les banques ont accru leurs activités de prêt au Canada sensiblement au même rythme que l'augmentation de la production agricole. Le crédit bancaire a donc évolué en conformité avec le secteur et ses besoins.
En matière de financement, chaque banque se trouve en concurrence avec les autres banques, les coopératives de crédit, les caisses populaires, Financement agricole Canada, des sociétés de financement et des organismes gouvernementaux provinciaux. Globalement, à la fin de 2008, les banques avaient autorisé des prêts au secteur totalisant près de 30 milliards de dollars, sommes offertes à leurs clients. Les banques à charte ont fourni, en 2008, 39 p. 100 du crédit agricole total.
La nature du financement fourni par les banques a également son importance. En effet, elles sont les premiers fournisseurs de prêts non hypothécaires. En 2008, elles ont accaparé 51 p. 100 de ce marché, leur part atteignant presque 14,7 milliards de dollars. Comme ce type de financement est plus complexe que les prêts garantis par des biens, les banques doivent bien comprendre leurs clients et travailler de près avec eux au fil du temps. Aujourd'hui, le système bancaire canadien est reconnu dans le monde entier parce qu'il est sûr et solide, et ce, grâce à des pratiques de crédit prudentes et d'excellents principes de gestion du risque. Or,ce sont ces pratiques et ces principes que nous appliquons au crédit agricole. Et c'est aussi grâce à ces pratiques et principes que les banques canadiennes peuvent continuer d'offrir du crédit aux entreprises alors même que d'autres segments des marchés financiers se contractent. De plus, et comme le démontre l'expérience d'autres pays, non seulement une gestion du risque laxiste nuit-elle aux prêteurs, mais elle peut aussi avoir des répercussions néfastes sur les emprunteurs.
Comme je l'ai déjà souligné, les banques ne font pas que prêter de l'argent: elles établissent des relations d'affaires, et s'il y a un secteur où on peut le constater, c'est celui de l'agriculture. Grâce aux relations que nous créons avec nos clients agriculteurs et les intervenants agricoles, nous jouons un rôle de soutien important pour l'agriculture. Ces relations nous ont aidés à traverser avec nos clients les inéluctables sommets et creux qui vont de pair avec l'activités agricole.
Ces 10 dernières années, les agriculteurs ont survécu à l'ESB, à la grippe aviaire, à la sécheresse, aux inondations et font maintenant face au virus H1N1 et à l'étiquetage indiquant le pays d'origine. Lorsque surviennent ces événements incontournables, nous travaillons individuellement avec les agriculteurs, en tenant compte de leur situation personnelle, pour trouver des solutions durables qui servent leurs intérêts.
Il arrive que les banques aient des pourparlers plus difficiles avec leurs clients agriculteurs, de sorte que les agriculteurs puissent prendre la décision qui préserve le capital nécessaire à leurs activités. Le travail de l'industrie bancaire en de telles occasions témoigne de l'importance que nous accordons à ce secteur et de notre volonté à contribuer à sa viabilité et à sa compétitivité à long terme.
Si nos relations avec les agriculteurs sont solides, c'est que nous comprenons leur situation. Les banques embauchent des spécialistes professionnels en agriculture et des diplômés universitaires aptes à comprendre le secteur agricole et en font des directeurs de compte et des spécialistes qui conseillent les agriculteurs en matière de prêts, de prévisions économiques, de planification d'une entreprise agricole et de gestion agricole en général.
Directeurs de compte et spécialistes servent leurs clients en recourant à des moyens non traditionnels et à des technologies de pointes: ils se déplacent ou se servent d'ordinateurs portables pour rencontrer leurs clients afin que ceux-ci puissent consacrer plus de temps à leur entreprise et à leur famille. De plus, les banques affectent des ressources afin d'offrir des formations par l'intermédiaire de programmes comme l'école des banquiers tenue au Olds College. Il arrive souvent que ces directeurs de compte et spécialistes soient promus à des postes où ils deviennent responsables du crédit destiné au secteur agricole et de l'évaluation du risque.
Par ailleurs, nous offrons à nos clients des présentations sur la planification d'une entreprise et la planification de la relève, conçues pour le secteur agricole. Enfin, nous commanditons des événements et des groupes d'agriculteurs, par exemple la Royal Winter Fair et le groupe 4H.
Monsieur le président, je suis ici avec mon collègue Bob Funk, et un certain nombre de banquiers sont assis sur le côté. Tous ont des histoires qu'ils aimeraient raconter au comité. J'espère qu'ils auront l'occasion de le faire, car chaque banque a ses propres produits.
J'aimerais vous remercier de nous avoir donné l'occasion de vous rencontrer. J'ai essayé de rester bref, mais nous aimerions parler au sujet de certaines initiatives du secteur, comme la gamme complète des services bancaires, les nouveaux produits de crédit souple, les initiatives visant les jeunes agriculteurs, l'éducation des clients, les services bancaires itinérants et un vaste réseau de distribution.
Nous serons heureux de répondre à vos questions. Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, honorables membres du comité. Je suis heureux de m'adresser aujourd'hui au comité permanent au nom de Financement agricole Canada. Je m'appelle Greg Stewart et je suis président-directeur général de FAC. Je suis accompagné aujourd'hui par Lyndon Carlson, vice-président principal, Marketing.
Nous sommes une société d'État financièrement autonome qui fournit des services financiers et d'affaires au secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Cette année, nous célébrons le 50e anniversaire de la société. Notre siège social est situé à Regina et nous assurons le service à la clientèle à partir de plus de 100 bureaux situés principalement dans les régions rurales du Canada. En outre, nous avons plus de 1 500 employés. Nous offrons, à prix concurrentiel, des solutions souples de financement, du capital de risque, de l'assurance, des logiciels de gestion, de l'information et la formation. Nos produits et services novateurs sont conçus sur mesure pour répondre aux besoins uniques de l'agriculture.
Au cours du dernier exercice, nous avons accordé plus de 18 000 prêts. Près de 25 p. 100 de ces prêts ont été accordés à de nouveaux clients. D'abord et avant tout au service des producteurs primaires, nous servons également les fournisseurs et les transformateurs le long de la chaîne de valeur agricole.
Nous savons de nos clients que l'un des facteurs clés pour évaluer les chances de réussite d'un producteur ou d'un agro-entrepreneur est sa capacité de gestion. Nous avons reçu des commentaires très positifs sur les programmes d'apprentissage de FAC. Plus de 25 000 personnes y ont participé au cours des deux dernières années. Notre portefeuille vient de connaître une 16e année consécutive de croissance et atteint actuellement la barre des 17 milliards de dollars. Les profits de FAC sont réinvestis en agriculture sur la forme de prêts et de services qui profiteront au secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
L'agriculture est une industrie des plus diversifiées. C'est un secteur prospère malgré la situation économique mondiale alors que d'autres éprouvent des difficultés. Il y a huit à dix mois, la disponibilité du crédit soulevait des inquiétudes. Or, nous continuons de constater une très forte concurrence pour des prêts importants et de qualité élevée dans le secteur de la gestion de l'offre et, en règle générale, les craintes concernant le resserrement du crédit ne se sont pas matérialisées. Les institutions financières du Canada ont pris les mesures nécessaires pour assurer l'accès au crédit pour les producteurs et les agro-entrepreneurs canadiens. La société a accordé des prêts à des clients de toutes les régions du pays et œuvrant dans tous les secteurs, comme en témoignent nos résultats.
Notre portefeuille a connu une croissance de 14 p. 100 au cours de l'exercice 2008-2009 et continue de croître. Les décaissements nets se sont élevés à 5,1 milliards de dollars. Notre portefeuille a augmenté dans tous les secteurs, sauf le secteur du porc. La production primaire constitue notre activité principale et représente 88 p. 100 de notre portefeuille. Le reste, soit 12 p. 100, est constitué de prêts aux agro-entreprises et aux entreprises agroalimentaires.
Nous sommes conscients que de nombreuses fermes seront transférées à la relève au cours des cinq prochaines années et que de nouveaux agriculteurs se tailleront une place dans l'industrie. En fait, en 2008-2009, FAC a décaissé près de 1,6 milliard de dollars en prêts à de jeunes agriculteurs âgés de moins de 40 ans. Cela représente plus de 30 p. 100 du total de décaissements nets au cours de la dernière année. Ces jeunes producteurs sont novateurs et avertis sur le plan de la technologie et sont susceptibles d'essayer de nouvelles choses. Cette génération constitue l'avenir de l'agriculture canadienne. Nous savons que l'intérêt et l'enthousiasme pour l'agriculture s'acquièrent à un jeune âge. C'est pourquoi nous appuyons les jeunes agriculteurs à toutes les étapes, que ce soit des agriculteurs en herbe membres des 4-H et ou des étudiants de niveau collégial et universitaire, et que nous offrons des produits et services adaptés aux besoins des agriculteurs débutants qui empruntent pour la première fois.
Dans le budget fédéral de 2007, le gouvernement a annoncé qu'il allait consolider davantage ses emprunts. Il a mandaté certaines sociétés d'État, dont FAC, d'emprunter des fonds auprès du Trésor. Notre objectif n'est pas d'accorder des prêts aux taux le plus bas ni aux taux le plus élevé, mais plutôt d'être concurrentiels et d'offrir une alternative équitable aux producteurs et aux agro-entrepreneurs. Notre stratégie n'est pas d'offrir des taux inférieurs à ceux de nos concurrents afin d'accroître notre clientèle, mais d'offrir des taux concurrentiels. Nous croyons que nos clients apprécient nos produits novateurs, nos connaissances de l'agriculture et notre service à la clientèle.
FAC appuie l'agriculture et accorde des prêts dans tous les secteurs. Nous portons également une attention particulière au plan d'affaires des clients et des entreprises auxquels nous prêtons. Avant d'accorder un prêt, FAC effectue une évaluation approfondie. Nous tenons compte des risques liés au prêt et de la capacité de l'emprunteur à rembourser le prêt. Le nombre de comptes en souffrance à FAC est très bas depuis plusieurs années. Environ un quart de un pour cent du capital non échu est actuellement en souffrance, soit un pourcentage légèrement plus faible que l'exercice précédent. Nos clients sont déterminés à respecter les ententes de remboursement de prêt, même durant les périodes difficiles. Et, lorsqu'ils ne peuvent effectuer leurs paiements, nous utilisons notre programme de soutien à la clientèle afin de les aider à traverser ces périodes difficiles.
Je ne peux certainement pas prédire l'avenir de l'agriculture canadienne, mais il y a de l'optimisme au sein de l'industrie. En janvier 2009, nous avons présenté les résultats d'une recherche de FAC menée auprès de notre groupe consultatif Vision, un groupe composé de quelque 9 000 producteurs et agro-entrepreneurs des quatre coins du pays. L'optimisme prévalait dans ce sondage malgré la situation économique actuelle. Plus de la moitié des 4 300 répondants se disent optimistes quant à l'avenir de l'agriculture, soit une hausse de 1 p. 100 par rapport à l'année dernière. Près du quart des répondants prévoient prendre de l'expansion au cours des cinq prochaines années et deux tiers des répondants croient que leur entreprise est en meilleure posture, au moment de la réalisation de l'enquête, qu'elle ne l'était il y a cinq ans. Ce sont des nouvelles très positives.
Toutefois, il n'y a pas que de bonnes nouvelles. Nous reconnaissons qu'il existe des défis de taille. Les producteurs ont ressenti les effets de la volatilité des prix des produits de base et des intrants, et ces tendances devraient se poursuivre. Le dollar canadien s'est raffermi, ce qui a eu une incidence sur les entreprises qui dépendent du marché d'exportation. De plus, la Banque mondiale prévoit une baisse du commerce mondial en 2009, ce qui ne s'était pas produit depuis plus de 25 ans.
Par contre, les taux d'intérêt sont faibles et la valeur moyenne des terres agricoles au Canada a augmenté de 5,6 p. 100 au cours du dernier trimestre de 2008, soit la troisième plus importante hausse en pourcentage depuis 1997. L'ensemble des actifs des producteurs a donc augmenté.
Nous envisageons l'exercice 2009-2010 avec optimisme quant à la croissance des recettes et nous prévoyons une amélioration des marges dans les secteurs de la culture, du lait et de la volaille, et ce, malgré l'augmentation continue des coûts de production. Pour leur part, les éleveurs de porc et de bovin continueront de lutter contre des prix inférieurs à la moyenne sur cinq ans et des coûts des intrants supérieurs à la moyenne sur cinq ans. Comme votre comité le sait bien, la récente loi sur l'étiquetage obligatoire du pays d'origine constitue un autre défi que doit relever ces secteurs.
Pour terminer, nous mesurons notre réussite à celle de nos clients. Nous sommes privilégiés, car 50 000 clients ont choisi de faire affaire avec FAC, incluant environ 4 000 nouveaux clients l'an dernier. Notre solidité financière nous permet d'investir dans des initiatives qui ont pour objectif d'aider les producteurs et les agro-entrepreneurs canadiens à être plus concurrentiels sur la scène internationale.
Je vous remercie beaucoup de votre temps et de votre attention. Lyndon et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de me donner aujourd'hui l'occasion de vous parler.
Je m'appelle Pam Skotnitsky et je suis vice-présidente associée chargée des Affaires gouvernementales à SaskCentral, l'association professionnelle provinciale pour les caisses de crédit en Saskatchewan. Cependant, aujourd'hui, c'est à titre de présidente du sous-comité agricole du comité national des affaires législatives de la Centrale des caisses de crédit du Canada que je présente devant vous. Je suis accompagné de M. Frank Kennes, vice-président au crédit de Libro Financial Group, une caisse de crédit située dans le Sud-Ouest de l'Ontario.
Avant d'aborder la question pour laquelle nous nous présentons devant vous aujourd'hui, permettez-moi de faire quelques remarques au sujet du rôle de Credit Union Central of Canada et, de manière plus générale, de celui du système des caisses de crédit du Canada.
Canadian Central est une institution financière fédérale qui fonctionne en tant qu'association professionnelle nationale et institution financière pour le bénéfice de ses propriétaires, soit les centrales des caisses de crédit provinciales et par l'intermédiaire de celles-ci, pour le bénéfice d'environ 440 caisses de crédit affiliées réparties dans tout le Canada, à l'exception de la province de Québec. Avec plus de 1 700 sites desservant plus de cinq millions de membres, 2 400 employés et 114 milliards de dollars en actifs, les caisses de crédit sont une composante importante de l'économie canadienne.
Les caisses de crédit canadiennes sont de dimensions et de formes variées, et fonctionnent dans presque chaque collectivité, y compris les grands centres urbains. De nombreux Canadiens choisissent les caisses de crédit comme institutions de première importance pour eux. En fait, un Canadien sur trois est membre d'une caisse de crédit ou d'une caisse populaire. Nous croyons que ces chiffres reflètent les valeurs et l'engagement solides du système coopératif envers le développement économique de ses communautés, dans les bons comme dans les mauvais jours. Cet engagement est illustré par notre présence continuelle dans plus de 380 collectivités canadiennes où la caisse de crédit est la seule institution financière qui existe. Cela est également mis en évidence par le niveau élevé des dons de bienfaisance de ce système, qui a atteint près de 36 millions de dollars au cours des dernières années.
Les caisses de crédit sont d'importants prêteurs au sein de l'économie agricole canadienne et dans le Canada rural, exception faite du Québec. En fait, au cours des 15 dernières années, la part des caisses de crédit sur le marché agricole a augmenté. En se fondant sur les données les plus récentes de Statistique Canada, la dette agricole en cours s'établit à l'heure actuelle à 47,3 milliards de dollars pour l'ensemble des provinces, hormis le Québec. Cette dette provient du financement fourni par les banques à charte, à Financement agricole Canada, les caisses de crédit et les autres petits bailleurs de fonds. Au total, les caisses de crédit comptent pour environ 5,37 milliards de dollars ou 10,9 p. 100. Ce chiffre, étant passé de 5,3 p. 100 en 1993 au niveau actuel, représente une augmentation considérable. En bref, les caisses de crédit ont plus que doublé leur part dans le financement de la dette agricole au cours des 15 dernières années.
Sur une base provinciale, les systèmes des caisses de crédit du Manitoba et de la Saskatchewan sont d'importants bailleurs de la dette agricole en cours, leur part s'établissant respectivement à 25,7 et 22,8 p. 100. Le système des caisses de crédit du Manitoba a affiché une croissance remarquable au cours des 15 dernières années, avec un taux moyen de croissance annuelle de 9,8 p. 100. Dans le même ordre d'idées, le taux moyen de la croissance annuelle au Manitoba a été de 10,3 p. 100 au cours des 15 dernières années. La part de marché du système en Ontario s'établit à 5,6 p. 100. Concurremment, le système des caisses de crédit de l'Alberta finance 5,8 p. 100 de l'endettement de la province, les prêts agricoles ayant crû à un taux moyen annuel de 7,9 p. 100 au cours des 15 dernières années.
Canadian Central a passé en revue certains des témoignages récents devant ce comité et nous sommes conscients que vous avez entendu une vaste gamme de groupes formés de parties intéressées s'exprimer au sujet d'un grand nombre de questions. Cela dit, nous désirons nous concentrer sur le processus d'élaboration des politiques en relation avec l'agriculture et le secteur financier.
Au cours des dernières années, le gouvernement du Canada a de plus en plus fait appel aux institutions financières pour jouer un rôle important dans la prestation du programme agricole. Bien sûr, cela est manifeste dans les programmes de gestion du risque d'entreprise tel que l'ancien programme Compte de stabilisation du revenu net, le programme canadien de stabilisation du revenu agricole, ou PCSRA, et aujourd'hui Agrilnvest. Les institutions financières sont essentielles à la prestation de programmes de garantie de prêt telle que la LPAACFC, la Loi sur les prêts destinés aux améliorations agricoles et à la commercialisation selon la formule coopérative, et on a déjà demandé aux institutions financières d'appuyer la création d'abattoirs pour doter le Canada d'une capacité à cet égard. De plus, il existe des programmes de paiement anticipé dans lesquels les institutions financières ont un rôle à jouer.
En dernier lieu, les modifications apportées à la politique liée à la société Financement agricole Canada continuent d'avoir une influence sur la manière dont les marchés financiers évoluent en relation avec l'agriculture. Canadian Central estime que l'approfondissement des relations entre les institutions financières et Agriculture et Agroalimentaire Canada aura un potentiel positif pour les producteurs agricoles, le gouvernement canadien et les institutions financières.
Cependant, nous sommes d'opinion que les programmes et les politiques agricoles qui empiètent sur les producteurs et les institutions financières ne peuvent réussir que si ces dernières sont intégrées au processus d'élaboration de la politique aux premières heures de l'élaboration de la politique plutôt qu'à la toute fin. Nous nous préoccupons du fait qu'en l'absence d'un dialogue approprié et régulier entre les institutions financières et le gouvernement, les résultats du programme et de la politique risquent de ne pas être optimaux.
Nous pouvons démontrer cela relativement à trois aspects de la politique: les réformes récentes de la LPAACFC, le déploiement du programme Agri-investissement et les développements récents relatifs à Financement agricole Canada.
Canadian Central considère que les récents projets de réforme de la LPAACFC présentés dans le projet de loi sont le résultat d'un dialogue fructueux. Précisons que lorsque le gouvernement fédéral a annoncé que le programme de la LPAACFC allait être annulé, les caisses de crédit et les autres parties intéressées ont été assez préoccupées. Canadian Central et les autres parties intéressées ont immédiatement amorcé un dialogue avec Agriculture et Agroalimentaire Canada au sujet de ces préoccupations, et le gouvernement a rapidement rétabli le programme et a entrepris des consultations avec les parties intéressées qui visaient à réformer la mesure législative en vigueur.
Dans le cadre des consultations, Canadian Central a proposé que les limites de la garantie des prêts soient augmentées, que le programme soit ouvert aux nouveaux producteurs agricoles, que les paramètres du programme soient modifiés pour améliorer l'admissibilité des coopératives et pour aider les nouveaux producteurs agricoles et faciliter le transfert intergénérationnel des propriétés agricoles. On a constaté avec satisfaction que bon nombre des suggestions ont été intégrées au projet de loi .
À notre avis, c'est là un exemple d'un dialogue fructueux entre le gouvernement et les institutions financières qui bénéficiera, au bout du compte, à toutes les parties intéressées. La création des caisses de crédit résulte des premières phases de la réforme du programme et, il faut le reconnaître, c'est le gouvernement qui a suggéré de renforcer le programme.
Malheureusement, des discussions semblables n'ont pas eu lieu lors de l'élaboration de la politique concernant l'ancien programme canadien de stabilisation du revenu agricole et le nouveau programme Agri-investissement. Au contraire, les institutions financières ont été amenées à participer au dialogue avec le gouvernement au moment où celui-ci cherchait à leur transférer l'administration de certains éléments du programme. Cela n'a pas facilité certaines discussions et a retardé le déploiement des programmes car on a cerné des questions nécessitant une attention particulière.
Enfin, nous aimerions faire quelques observations au sujet de l'élaboration de politiques relativement à Financement agricole Canada.
Depuis que Financement agricole Canada a vu son mandat de prêteur prolongé en 2001, les caisses de crédit sont devenues de plus en plus préoccupées par la présence croissante de FAC dans le domaine du financement agricole et par la vitesse à laquelle FAC augmente sa part du marché. En fait, les caisses de crédit sont de plus en plus convaincues que Financement agricole Canada est à l'origine de la plus forte concurrence à laquelle elles font face sur le marché agricole.
Pour illustrer cela, en excluant la part de marché du Québec aux fins de comparaison, les organismes du gouvernement fédéral, surtout Financement agricole Canada, détenaient 28,2 p. 100 de la dette agricole en cours en 2008. En 1993, ce chiffre était d'environ 9,5 p. 100. Ce chiffre a considérablement augmenté avec le temps. En fait, au cours des 15 dernières années, le taux moyen de croissance annuelle a été de 10,8 p. 100.
Aujourd'hui, nous nous retrouvons devant une situation où des caisses de crédit situées dans des collectivités locales et à plus petite échelle ont à livrer concurrence pour obtenir la clientèle des producteurs à une grande institution financière appartenant à l'État, dont les taux de financement sont bas en raison de l'appui qu'elle reçoit du gouvernement et apparemment, grâce à des critères de souscription fréquemment plus larges que ceux que les caisses de crédit peuvent accepter sans risque. Dans certaines régions, la concurrence soutenue de la part de FAC menace l'avenir des caisses de crédit.
Disons-le clairement: notre préoccupation n'est pas la concurrence en soi. Les caisses de crédit font face à la concurrence du secteur bancaire tous les jours. Nous sommes pour la concurrence et nous nous en tirons assez bien.
À notre avis, il est peu probable que le gouvernement ait envisagé une telle situation comme résultat de sa politique ou qu'il ait sciemment conçu les règles du jeu pour favoriser FAC lors de l'ébauche des réformes de la loi. Cependant, il y a eu peu de consultations, sinon aucune, avec le système des caisses de crédit ou les autres institutions financières dans la période précédant les réformes, et le processus parlementaire associé à l'adoption du projet de loi a été sérieusement tronqué.
Nous sommes d'avis qu'un tel résultat aurait pu être évité si le gouvernement canadien avait engagé un dialogue bien auparavant avec les institutions financières au sujet des réformes possibles de la Loi sur Financement agricole Canada. Un tel dialogue aurait pu être l'occasion d'explorer des pistes pour permettre à FAC, aux caisses de crédit et aux autres institutions financières de mettre en commun leurs forces et d'aider à rendre service aux producteurs agricoles de manière mutuellement avantageuse. Malheureusement, on a raté cette occasion. Bien entendu, c'est une question qui sera reprise à un moment donné par le gouvernement. Cependant, nous la soulevons ici afin de démontrer la nécessité d'établir un dialogue plus étroit entre les institutions financières et le gouvernement en ce qui concerne les problèmes agricoles lorsque des politiques sont en cours d'élaboration.
En guise de conclusion, nous tenons à vous remercier de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant le comité et nous espérons répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Il y a bien des années, FAC était un prêteur de dernier recours et, en fait, elle a obtenu une injection massive de capitaux de la part du gouvernement fédéral. À l'époque, le gouvernement a demandé que FAC devienne une société d'État autonome et qu'elle soit concurrentielle sur le marché. Selon moi, c'est exactement ce que nous avons essayé de faire depuis. Nous ne sommes pas là pour devenir le bailleur de fonds à plus faible coût. Je vais vous donner quelques faits révélateurs qui vont montrer le contraire.
Nous avons un outil personnalisé de mise en commun des prix qui nous permet de suivre toutes les activités concurrentielles. Nous avons un comité, composé aux deux tiers de représentants des banques et des caisses de crédit qui cherchent à faire transférer les clients de FAC et l'autre tiers, c'est nous qui essayons d'attirer de nouveaux clients. Dans 70 p. 100 des cas, sur les 660 millions de dollars l'année dernière, nos taux d'intérêt étaient supérieurs à ceux de nos collègues ici présents. Dans 23 p. 100 des cas, nous avons jumelé notre taux d'intérêt pour garder notre clientèle et dans seulement 7 p. 100 des cas, notre taux d'intérêt était inférieur à celui offert par les autres membres ici présents.
Nous ne pouvons pas recevoir des dépôts. Quand nous avons fait la demande d'emprunter des fonds en provenance du Trésor, auprès du gouvernement, nous n'avons pas changé le taux du prix de transfert pour notre personnel. Cela signifie donc que nous avons continué d'agir exactement comme nous l'avions fait ces dernières années pour ce qui est de l'établissement de prix pour le personnel, afin de ne pas lui donner un avantage concurrentiel injuste par rapport aux banques ou aux coopératives de crédit. Nos clients nous disent qu'ils font affaire avec FAC parce que nous comprenons le secteur agricole, parce que notre personnel est totalement dédié à ce secteur et n'est pas appelé à intervenir dans une foule de petites entreprises et parce que nous sommes là durant les bons moments comme les mauvais. On a mentionné brièvement l'industrie porcine tout à l'heure. En avril dernier, le Conseil des producteurs de porc du Manitoba nous a décerné un prix nous qualifiant d'ami de l'industrie pour avoir été là pour eux, alors qu'elle avait l'impression que les autres l'avaient abandonnée.
Nous sommes donc là pour appuyer notre clientèle et l'aider à réussir et à faire croître ses affaires; 50 000 clients ont le choix de faire affaire avec n'importe quelle institution — et nous ne sommes pas une institution à services complets —, mais ils choisissent de venir nous voir à cause des connaissances de notre personnel et de son dévouement au secteur agricole, et non pas parce que nous leur offrons le plus bas prix en ville.
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Très bien, votre temps est écoulé, monsieur Hoback.
J'ai une question avant que nous passions à notre deuxième tour. Je sais que j'ai eu une réunion avec certains d'entre vous dans une salle sur une question il y a quelques mois. Cela concernait une augmentation qui serait imposée lorsque viendrait le temps pour différents agriculteurs de renouveler leur marge de crédit, peu importe le taux préférentiel en vigueur. Et certains d'entre eux avaient négocié des ententes où ils pouvaient payer le taux préférentiel, ou le taux préférentiel plus 1 ou 0,5 p. 100, au quoi que ce soit d'autre. Mais tout à coup, on demande à un certain nombre d'entre eux d'augmenter cela de 2, 3 ou 4 p. 100, selon les circonstances.
Évidemment, j'ai entendu beaucoup de plaintes de la part de ces agriculteurs, et cela m'a troublé. Si je calculais combien d'argent j'ai payé en intérêt aux banques et aux coopératives de crédit au cours des années, cela ruinerait probablement ma journée, et c'est pourquoi je ne me donne même pas la peine de le faire. Il y a cette relation d'amour et de haine avec les banques, le gouvernement et l'assurance. Ils mettent les trois dans le même panier, mais malheureusement, nous avons besoin des trois.
De toute façon, à la réunion que j'ai eue avec certains d'entre vous, ce que j'ai constaté, c'est — et il en a été question aujourd'hui — que le coût pour emprunter de l'argent a augmenté partout dans le monde, et je le reconnais. Mais plus d'un banquier dans ma circonscription m'ont également dit qu'ils avaient reçu des ordres venant d'en haut leur disant de s'assurer de conserver le même niveau de profit. Je n'ai pas de problème avec cela; je sais que vous avez entendu cela de ma bouche.
Durant la crise de la vache folle, je me souviens qu'il y avait quelques banques qui, à mon avis, n'allaient pas faire des affaires avec certains producteurs dans un contexte difficile. J'ai soulevé la question auprès de l'Association des banquiers canadiens et les banques ont fait volte-face, ce qui est tout à leur honneur. Globalement, je n'ai pas beaucoup de plaintes sur la façon dont le système bancaire a traité les producteurs agricoles au cours de cette crise.
Mais cette fois-ci, je continue de voir ce que je pense être des taux d'intérêt majorés qui ne me semblent certainement pas tout à fait justifiés. Si vos taux d'intérêt sont plus élevés lorsque vous empruntez à l'échelle mondiale, alors vous devez refiler ça au consommateur. Mais c'est plus que cela. Comme à l'époque de la crise de la vache folle, lorsque les temps sont durs, tout le monde doit faire sa part et, à dire vrai, je ne vois pas les établissements bancaires et les établissements de crédit faire cela maintenant.
Est-ce que quelqu'un voudrait commenter mes propos?
Monsieur Wrobel.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
M. Easter a parlé de certains des chiffres concernant la situation financière de l'industrie, qu'il s'agisse du niveau d'endettement plus élevé ou de la pénurie de liquidités, surtout pour les producteurs de porcs et de boeuf. Je pense que l'autre chose que vous voyez dans ce genre de situation, comme on l'a dit, c'est que certaines banques deviennent plutôt frileuses lorsqu'il s'agit d'accorder des prêts. Je pense également que beaucoup de jeunes agriculteurs potentiels commencent à regarder cette situation et se demandent s'ils veulent vraiment s'engager dans cette activité.
Ma question est la suivante: pouvons-nous avoir un meilleur environnement, surtout pour les jeunes agriculteurs, pour se lancer dans le domaine de l'agriculture?
Je me souviens d'un programme que nous avions auparavant et qui s'appelait CSRN. Je pensais qu'il s'agissait d'un très bon programme dans lequel participaient les banques, les agriculteurs et les gouvernements provinciaux et fédéral. C'était comme un petit pécule. Tout le monde y contribuait, en retirait quelque chose et le taux d'intérêt était intéressant. Je pensais que c'était un bon programme où vous aviez un peu de partenariat.
De plus, vous voyez maintenant en Europe et dans d'autres pays ce qu'on appelle, je pense, une hypothèque perpétuelle. Par exemple, pour un jeune agriculteur qui arrive, c'est une exploitation de 1 ou 2 millions de dollars. D'après ce que je crois comprendre, c'est que l'hypothèque suit la ferme; et là où vous avez les gouvernements, les banques et les jeunes agriculteurs qui collaborent ensemble, la pression n'est pas aussi forte. Cela n'est pas seulement dans l'intérêt du jeune agriculteur que cette ferme soit viable, mais c'est également dans l'intérêt de la communauté agricole et des gouvernements.
J'aimerais avoir des commentaires sur le programme CSRN que nous avions, mais également, pour l'avenir, y a-t-il d'autres choses qui existent pour encourager un meilleur arrangement financier pour les jeunes gens qui se lancent dans le domaine de l'agriculture?
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Monsieur le président, distingués membres du comité, merci beaucoup de l'occasion qui m'est donnée de faire cet exposé.
Bien que je sois ici à titre personnel, il est vraiment important que vous sachiez que je suis également ici pour représenter les producteurs pépiniéristes qui sont dans une situation semblable partout au Canada. J'aimerais consacrer les 10 prochaines minutes à faire en sorte que vous me connaissiez en corrigeant un cas d'erreur sur la personne et à vous expliquer comment cette erreur sur la personne a affecté la compétitivité des producteurs agricoles partout au Canada.
D'abord et avant tout, je suis une agricultrice et je suis ici pour représenter d'autres pépinières agricoles.
Un petit contexte historique s'impose. Au début des années 1980, la pépinière pour laquelle je travaille maintenant a obtenu le droit d'élargir son marché au-delà de la production de semis d'arbres à fruits greffés destinés aux exploitants de vergers en fournissant des arbres à la province de la Colombie-Britannique pour son programme de reboisement. Dans le mémoire que je vous ai remis, vous trouverai un article écrit en 1981 expliquant qu'en vertu de la Forestry Act, un certain nombres de pépinières ont été créées, en 1980, « toutes par des entreprises forestières sauf une exception notable: World Silviculture ltée, la première pépinière de semis entièrement indépendante de la province, créée l'an dernier par Oliver Nurseries (1975) Ltd. dans le sud de l'Okanagan ». Cet article fait référence à notre pépinière. Bien que son nom ait changé légèrement, la pépinière demeure la propriété de la même famille.
Le propriétaire, M. Ron Powell, a dû livrer une dure bataille pour obtenir le droit qu'une pépinière agricole ait accès à ce marché. Mais le fait d'aller chercher ce marché pour les semis nous a permis de devenir un employeur agricole stable pour environ 60 employés à temps plein dans la petite collectivité rurale d'Oliver dont la population s'élève à environ 4 000 personnes.
Il n'a jamais été question à cette époque que le fait d'aller chercher ce marché signifiait que nous devions abandonner notre état d'agriculteurs. En fait, notre pépinière demeure l'une des sept pépinières agricoles seulement au Canada à avoir obtenu la certification en vertu du Programme canadien de certification des pépinières administré par l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Nous avons survécu à la concurrence des pépinières des entreprises forestières qui peuvent déduire leurs pertes et leurs dépenses de leurs revenus forestiers. Nous avons survécu à la concurrence des pépinières provinciales privatisées qui, à titre de fiducies de revenu cotées en bourse, peuvent réduire le plus possibles leurs impôts et lever des capitaux à la bourse. Nous avons survécu malgré les hauts et les bas de ce secteur d'activité et nous avons réussi à étendre nos activités aux États-Unis.
Les pratiques anticoncurrentielles appliquées en vertu des programmes de stabilisation du sont discriminatoires à notre égard, non pas à cause du produit que nous faisons pousser, mais à cause des gens à qui nous le vendons. Cela a compromis notre succès à long terme à titre de producteur agricole primaire indépendant qui exploite ce marché. Il se pourrait que nous ne survivions pas.
Au cours des ans, certaines pépinières indépendantes ont eu modestement recours au CSRN, mais leur admissibilité n'a jamais été remise en question. En 2002 et 2003, une série d'événements ont exercé une certaine pression financière sur ces pépinières agricoles. Certaines ont eu droit à des paiements en vertu du PCSRA, et certaines se sont vu refuser des paiements en vertu de ce même programme. Mais en 2006, on nous a réclamé le remboursement de ces paiements parce que nous n'étions pas une activité agricole aux termes de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Nous avons été très rapidement en mesure de corriger ce malentendu et nous avons démontré que nous étions distincts et indépendants des pépinières des compagnies forestières. Lorsque nous l'avons fait, le ministère de l'Agriculture de la Colombie-Britannique n'a pas tardé à nous offrir ses excuses et a reconnu qu'il avait tout simplement oublié l'existence des pépinières agricoles entièrement indépendantes.
La province a changé sa position et a appuyé notre admissibilité au PCSRA. Mais la raison officielle de notre exclusion a changé. Reconnaissant que nous avions été mal identifiés comme une ramification d'une entité forestière, mais ne voulant pas corriger cette erreur sur la personne, on nous disait maintenant que nous étions exclus parce que nous exploitions un marché qui n'était pas de nature agricole simplement parce que le produit agricole primaire que nous produisons est vendu à quelqu'un qui l'utilise ou pourrait l'utiliser pour le reboisement. Je vous ai fourni une citation du qui dit exactement cela.
On nous a également dit que si nous vendions le même produit, qui pousse côte à côte dans une serre, à n'importe qui d'autre, nous serions admissibles. Et effectivement, nos concurrents, qui vendent dans un marché différent, sont admissibles.
Notre organisme professionnel, la Canadian Nursery Landscape Association, et d'autres groupes qui ont également signé des lettres d'appui dans ce document ont rapidement vu comment cette mesure qui crée un précédent les affecterait si elle était mise en application. Imaginez la surprise des producteurs d'oléagineux de la Saskatchewan et des fournisseurs de biomasse agricole en Ontario et dans d'autres provinces lorsqu'ils ont découvert que bien qu'on les ait encouragés à vendre leurs produits dans les marchés de la bioénergie, un précédent a été créé qui met en péril leur admissibilité aux programmes de stabilisation du revenu agricole, parce que les choix relatifs aux marchés non traditionnels sont maintenant devenus un facteur dans la détermination de l'admissibilité aux programmes de stabilisation du revenu agricole.
Tous les organismes qui nous appuient reconnaissent que ce précédent contrevient aux alinéas 4(2)a) and 4(2)b) de la Loi sur la protection du revenu agricole et ne respecte pas la politique et les principes d'Agriculture Canada qui établissent que les entités agricoles ne devraient pas être exclues de l'admissibilité en vertu de la loi en raison des options de marché, mais qu'elles doivent être encouragées à le faire en vertu du programme pour diversifier le marché. J'ai également fourni des extraits de ces textes législatifs.
Toute personne raisonnable peut voir que le fait d'exclure les producteurs agricoles primaires uniquement et exclusivement en raison de leur marché est incohérent, que cette pratique contrevient aux principes de la Loi sur la protection du revenu agricole et qu'elle est anticoncurrentielle dans son préjugé à l'égard du marché.
De plus, dans le cadre des accords de mise en oeuvre, le gouvernement du Canada et les provinces se sont entendus — et cela est indiqué clairement dans les accords de mise en oeuvre — pour dire que toutes les dispositions de l'accord qui ne sont pas conformes aux lois fédérales ou provinciales n'entreront pas en vigueur tant que des modifications n'auront pas été apportées aux lois en question. Or, il n'y a pas eu de telles modifications.
Laissez-moi vous donner un exemple des répercussions immédiates de cette violation de la loi. Il y a deux ans, la production de semis en Colombie-Britannique seulement était de 270 millions de semis. Cette année, elle est de 185 millions et l'an prochain, on s'attend qu'elle sera de 139 millions. Bien que nous nous attendions à ce que les affaires reprennent au cours des prochaines années, la situation est assez semblable partout au Canada. Si ces demandes de remboursement et l'absence d'admissibilité à la stabilisation du revenu vont de l'avant en même temps que nos entreprises doivent faire face à la situation économique la plus difficile que nous ayons jamais affrontée, les pépinières vont disparaître — des pépinières ont disparu —, des emplois seront perdus et de petites collectivités agricoles vont souffrir.
Et je veux que ce soit parfaitement clair: nous n'avons pas accès aux fonds de diversification de l'économie des collectivités forestières. Nous n'avons pas de revenus forestiers dont nous pouvons soustraire nos pertes. Nous ne sommes pas une fiducie des revenu cotée en bourse. Nous sommes des agriculteurs et nous produisons nos déclarations d'impôt en tant qu'exploitations agricoles. Nous vendons nos produits à la ferme. Nos entreprises sont situées sur des terres réservées à l'agriculture, et non pas sur des terres publiques ou des terres forestières privées exploitées sous licence.
Je vous demande de nous aider à corriger cette injustice résultant de cette erreur sur la personne et de reconnaître nos droits légitimes en tant qu'agriculteurs. J'en appelle à votre raison et je vous demande d'agir, en tant que comité, pour défendre les politiques et les principes législatifs fédéraux et d'appuyer notre accès aux programmes de stabilisation du revenu agricole, le tout fondé sur notre légitimité en tant que producteurs primaires indépendants.
Et c'est avec un sentiment d'extrême urgence — je dois insister là-dessus — que je vous demande d'intervenir pour faire en sorte que toutes les demandes de remboursement de ces fonds soient retirées immédiatement. Je vous demande d'imaginer comment diable un programme qui prétend défendre la communauté agricole et les agriculteurs peut soutenir cette violation injuste et anticoncurrentielle de la loi, des principes et de la politique du gouvernement fédéral et lui permettre d'agir comme un instrument de notre perte.
À mon humble avis d'agricultrice, c'est une question de confiance et d'honneur.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de l'occasion qui m'est donnée de vous parler de questions de la plus haute importance pour la plupart des agriculteurs au Canada. Comme nous l'avons vu, particulièrement au cours de la dernière année, la position concurrentiel des agriculteurs canadiens comparativement à celle d'autres agriculteurs dans le monde avec qui ils doivent concurrencer pour vendre leurs produits s'est détériorée considérablement.
Avant de parler des détails de ces questions, je veux que vous sachiez que j'ai ici deux documents que j'aimerais déposer auprès de la greffière. J'espère que vous prendrez le temps de les lire. Ils sont plus complets que ce que je pourrai vous dire dans le peu de temps dont je dispose ici.
Je veux aussi vous parler un peu de la situation des engrais, question qui, je le sais, vous intéresse tous beaucoup, et vous dire pourquoi nous voyons un manque de compétitivité dans ce domaine. Mais je veux consacrer la plus grande partie de mon temps à vous parler du processus d'homologation des produits génériques dans le domaine de la protection des cultures, qui est une autre dépense énorme pour les producteurs de grains au Canada et une question que nous connaissons un peu et où nous sommes actifs sur le marché depuis un certain temps.
Certains d'entre vous ne connaissez peut-être pas beaucoup notre organisme, mais simplement pour vous donner une idée, nous négocions pour les agriculteurs à la grandeur du Canada. Nous sommes un organisme national qui accepte des membres et avec nos membres, nous travaillons au nom des agriculteurs pour rendre les règles du jeu équitables sur le marché. Généralement, le marché agricole se caractérise par de nombreuses grandes sociétés qui vendent leurs biens et services et qui achètent les biens et services des agriculteurs. Évidemment, nous avons des dizaines de milliers d'agriculteurs et seulement une poignée de ces sociétés. Et évidemment, un tout petit peu de théorie économique vous dira que ce marché est déséquilibré. Ce que nous essayons de faire, c'est d'équilibrer le marché.
Il est intéressant de constater que là où le gouvernement, y compris certaines agences, jouent un rôle, cela a contribué à ce déséquilibre du marché. Lorsque je parlerai de la protection des cultures et de l'homologation des produits génériques, vous aurez, je pense, une occasion historique d'infléchir l'orientation que nous prendrons dans tout ce domaine de la concurrence.
Inutile de dire que nous incarnons le mot « concurrence ». C'est notre travail. C'est notre mission que de rendre le marché plus concurrentiel et de rendre les agriculteurs canadiens plus concurrentiels par rapport à leurs voisins du sud et aux agriculteurs d'ailleurs dans le monde.
Les trois agences du gouvernement — l'ARLA, Financement agricole Canada et, évidemment, le Bureau de la concurrence — sont là et contribuent à faire de ce marché un marché plus équitable. L'une des raisons pour lesquelles nous existons aujourd'hui, c'est que nous ne pensons pas qu'elles ont fait leur travail du mieux qu'elles auraient pu le faire.
Pour parler maintenant de la question des engrais, je me souviens qu'il y a 20 ans, au moment où Veridian voulait fusionner avec Cominco et aurait ainsi détenu environ 60 p. 100 du marché, le Bureau de la concurrence avait estimé que de nouveaux joueurs viendraient sur le marché et que tout irait bien. Cela fait 20 ans que le Bureau de la concurrence m'a posé cette question et je lui ai répondu que ce n'était pas de cette façon que le marché fonctionnait et qu'effectivement, nous aurions des prix qui correspondent à ce que le marché peut supporter. Et la plupart d'entre vous savez que c'est ce qui arrive aujourd'hui; c'est le NOLA, plus le transport, plus une prime de risque. Et lorsque vous vous rapprochez de la période des semences, et qu'évidemment, vous ne pouvez pas utiliser la logistique pour amener le produit sur le marché, très souvent, vous allez avoir des prix qui sont encore plus élevés.
Lorsque nous sommes un pays exportateur et que nous avons une surcapacité dans l'Ouest du Canada, comment se fait-il que nos coûts soient beaucoup plus élevés que ceux des agriculteurs américains ou d'autres agriculteurs dans le monde? Nous sommes l'endroit le plus éloigné de la côte, alors, ils ont un avantage concurrentiel naturel pour fixer le prix que le marché pourra supporter. Nous devrions avoir certains des engrais les moins coûteux. Et nous présentons nos offres, mais ils ne réagissent pas. En fait, nous devons faire venir de l'engrais de Russie et du Moyen-Orient alors que nous avons le produit auquel nous pouvons avoir accès ici. Nous pouvons le faire venir par bateau, par train, par camion et quand même rivaliser sur le plan des prix et créer le marché dont les agriculteurs ont besoin pour pouvoir livrer concurrence.
Alors, on nous a posé la question il y a 20 ans. Évidemment, Veridian a fusionné avec Cominco pour devenir Agrium. Tout récemment, nous avons vu une demande — et nous avons été interviewé sur cette question également — par Agrium et CF Industries. Nous disons: « Trop tard, les amis; le chat est sorti du sac. Cela ne fait plus rien maintenant. » Le prix du marché est encore celui que le marché peut supporter, et il est fondé sur le NOLA plus le transport. Et il n'y a pas grand-chose que nous puissions y faire, à moins que vous voulez que le gouvernement se mette à produire des engrais au nom des agriculteurs.
Mais il y a des marges considérables dans les engrais. Nous voyons les coûts de production par rapport au prix du marché qui sont presque le double de ce qu'ils devraient être si vous aviez une industrie véritablement concurrentielle et que les prix se rapprochaient davantage du coût de production.
À mon avis, il n'y a pas grand-chose que vous puissiez faire dans le cas des engrais. Nous faisons ce que nous pouvons. Nous avons fait venir quatre cargaisons de navires à Montréal. Nous avons fait venir le produit à Churchill. Nous avons probablement économisé entre 100 et 150 $ la tonne, dans bien des cas, sur les engrais azotés. C'est le mieux que nous puissions faire. Je ne connais pas les réponses, mais à l'heure actuelle, vraiment, le mal est déjà fait.
Cependant, en ce qui concerne les produits génériques, nous avons l'occasion de faire une différence en termes de protection des cultures. Cela constitue évidemment la deuxième dépense en importance des agriculteurs aujourd'hui. Nous sommes dans une situation unique. Nous avons des règlements qui sont rédigés pour déterminer comment le processus d'homologation des produits génériques se fait au Canada. Je sais que l'ARLA attends et aimerait que quelque chose vienne du présent comité, parce qu'elle a fait l'objet d'un lobby assez intense par d'autres intérêts dans le secteur — et non pas par les agriculteurs, bien que nous essayions de faire un peu de cela.
Essentiellement, lorsqu'un produit n'est plus protégés par le brevet, un compétiteur devrait être autorisé à venir immédiatement sur le marché pour essayer de créer cette compétition. En août dernier, un projet de document provenant de l'ARLA indiquait qu'une fois qu'un produit sortait du marché et que le produit générique avait franchi avec succès les questions de santé et d'environnement auprès de l'ARLA, il pouvait entrer sur le marché immédiatement. En passant, c'est ce qui arrive aux États-Unis. Le fabricant de produits génériques peut offrir de payer et il est sur le marché dès le lendemain. L'offre de payer en ce qui concerne la compensation pour l'utilisation des données est toujours valable, parce que durant la durée de vie de l'homologation, il y a des données qui peuvent être nécessaires et, évidemment, ceux qui ont produit ces données devraient être compensés.
Cependant, l'ARLA laisse entendre qu'il pourrait peut-être y avoir un délai de 120 jours pour permettre à l'innovateur de négocier avec le fabricant de produits génériques et ensuite, si cela ne fonctionne pas, une autre période de 120 jours pour permettre un processus d'arbitrage obligatoire. En passant, il s'agit d'un processus d'arbitrage limité dans le temps, ce qui est une bonne politique qui pourrait être incorporée dans le règlement.
Le problème, c'est que les produits de protection des cultures sont saisonniers, et 120 jours peuvent signifier une saison complète. Prenez les graminicides; si vous connaissez Horizon ou Puma, le brevet sur ces produits tire à sa fin. La plupart des produits chimiques qui existent aujourd'hui verront leur brevet expirer prochainement, en passant, ou leur brevet est déjà expiré à l'heure actuelle. Et 120 jours peuvent signifier une année complète, ce qui, littéralement, représente des dizaines de millions de dollars.
Le comité a l'occasion d'exercer une certaine pression sur l'ARLA pour qu'elle dise comment et pourquoi les produits génériques devraient être en mesure d'arriver sur le marché immédiatement. On a laissé entendre qu'il pourrait y avoir un terrain intermédiaire. Nous proposons un peu de cela, mais nous avons besoin d'une certaine aide. Nous avons besoin de votre aide immédiatement. Elle espère en faire un règlement très prochainement. Je vous prie de vous renseigner sur ces questions et de voir ce qui peut être fait; parlez à vos amis à Santé Canada et à l'ARLA.
En terminant, monsieur le président, j'aimerais parler d'une étude qui a été effectuée par le campus de Ridgetown de l'Université de Guelph. Elle vient juste d'être publiée. Elle fait partie des documents que je vais déposer auprès de la greffière. On y compare l'Ontario et les États-Unis et vous verrez les écarts énormes qu'il y a dans les coûts des intrants de base — engrais, produits chimiques, semences, carburant. Qu'est-ce qui explique cela? Cela ne devrait pas exister. Regardez cette étude et, espérons-le, cela vous inspirera pour voir ce que l'on doit faire dans ce domaine.
Je veux terminer par la question du Bureau de la concurrence. Ce qui m'inquiète vraiment, c'est lorsqu'on regarde ce qui constitue le véritable moteur de l'économie du Canada, ce sont les petites et moyennes entreprises. Elles sont le coeur. Elles constituent le moteur qui permet à l'économie de croître.
Aussi loin que je me souvienne, le Bureau de la concurrence a toujours favorisé, dans ses décisions, la grande entreprise par rapport à la petite entreprise. Il y a des raisons logiques qui expliquent pourquoi elle le fait. Nous voulons que nos grandes entreprises d'ici soient en mesure de concurrencer les autres grandes entreprises dans le monde. Malheureusement, lorsqu'ils font cela, et ils ont créé cela de telle manière qu'ils ont un contrôle sur une si grande partie du marché qu'ils peuvent imposer le prix que le marché peut supporter, ce qui affecte la compétitivité des petites et moyennes entreprises, y compris les agriculteurs, et cela nous rend moins concurrentiels dans le monde. Il faut faire cesser cela.
Au Canada, le bureau de la concurrence devrait avoir les mêmes pouvoirs coercitifs qu'aux États-Unis. Prenons les mesures qui s'imposent pour rendre notre économie concurrentielle, ce qui nous profitera encore beaucoup plus sur la scène internationale. Nos agriculteurs sont parmi les meilleurs au monde. Il faut leur donner les moyens dont ils ont besoin. C'est à ce titre que vous pouvez leur être utiles.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de cette invitation à cette séance du comité.
J'aimerais d'abord présenter brièvement Pampev inc. Il s'agit d'une société agricole fondée en 1980 à Québec, dont le produit principal est le semis destiné au reboisement.
Je voudrais profiter de ces quelques minutes pour porter à votre attention une situation préjudiciable aux producteurs de semis destinés au reboisement, exclus depuis 2003 du PCSRA et, tout récemment, des programmes Agri-investissement et Agri-stabilité. Cette situation conduit à un dysfonctionnement sur le plan de la position concurrentielle et de la compétitivité des producteurs entre eux, entre leurs produits et d'autres produits similaires.
En 2004-2005, après avoir fait une demande pour des mesures compensatoires en vertu du PCSRA, après avoir franchi les étapes administratives pour certaines, reçu des chèques pour d'autres, certaines pépinières se sont vues exclure du programme, refuser leur demande, demander de retourner les chèques et de rembourser des montants versés. Nous croyons que d'autres ont reçu les montants demandés et n'ont pas été inquiétées depuis, tout en recevant les montants prévus aux programmes subséquents, et ce, jusqu'à tout récemment, en 2009.
La première justification de l'exclusion de ces programmes provient du paragraphe 4.3.4 des lignes directrices du programme, intitulé « Ventes de bois et production d'arbres ». On y trouve les mots suivants: « aux fins de reboisement ».
De plus, on trouve dans des documents de l'Agence du revenu du Canada — le Guide du revenu d'agriculture et les programmes Agri-stabilité et Agri-investissement qui porte le numéro RC4060, le Guide harmonisé des revenus d'agriculture et des programmes Agri-stabilité et Agri-investissement - Guide et formulaires conjoints qui porte le numéro RC4408 et Revenus d'agriculture qui porte le numéro T4003 — le même texte, mot pour mot, que dans les lignes directrices. Dans un paragraphe, il est fait mention des boisés. Une pépinière n'est pas un boisé. Les semis sont généralement cultivés sous serres, entretenus, fertilisés, irrigués, suivis pour leur croissance, leur santé et leur qualité. Ces mêmes infrastructures de production se retrouvent chez des producteurs maraîchers, ornementaux ou horticoles, par exemple.
Un semis peut même être vendu soit pour le reboisement, l'afforestation, la renaturalisation de sols, la prévention de l'érosion, les brise-vent, l'énergie, l'éducation, l'ornemental ou même les cadeaux promotionnels. Souvent, le pépiniériste ne sait pas à quoi sont destinés ses produits. Le client peut en disposer à sa guise.
Les mêmes documents conjoints de l'Agence du revenu du Canada et du programme CSRN en 2001 et 2002 ne font pas mention d'une quelconque exclusion. Ce n'est qu'en 2007, dans les documents de l'Agence du revenu du Canada, « Guide du revenu d'agriculture et les programmes Agri-stabilité et Agri-investissement - Guide et formulaires conjoints 2007», que la mention « Arbres et des semis destinés au reboisement » paraît et fait partie des éléments non admissibles au programme. C'est intéressant, parce qu'on a rajouté le mot « semis ». Une définition d'un semis est un jeune plant provenant de la germination d'une graine, dont le diamètre, à la hauteur de poitrine, est d'au plus 1 cm, et la hauteur d'au plus 1,5 m. Le mot « arbre » est généralement employé pour des sujet de plus fort calibre. Auparavant, seul le mot « arbre » était utilisé. On parle de semis provenant de graines, mais souvent, un produit destiné au reboisement peut aussi venir de boutures, de boutures de racines, de bouts de branches ou même de culture de tissus. C'est une autre injustice créée par l'utilisation du mot « semis ». On peut faire une analogie: lorsque les produits d'aquaculture ont été exclus, on n'a pas exclu le saumon pour garder la truite, on n'a pas exclu les alevins par rapport aux poissons matures. En ce qui a trait aux poissons destinés au marché du frais, il n'y a pas eu de différence avec ceux qui étaient destinés au marché de la transformation, qu'il s'agisse des fumoirs, des tartinades ou même des gélules d'oméga 3 et des poissons pour l'ensemencement des plans d'eau, des lacs et des rivières. Il n'y a pas eu de différence.
Cela va plus loin aussi. En première page des lignes directrices, il est mentionné que lorsque des différences existent entre ce document et le texte de la Partie II ou de l'Annexe A de l'Accord fédéral-provincial-territorial sur une politique agricole, alimentaire et des produits agro-industriels — de mise en oeuvre —, les textes de l'accord ont prépondérance. Dans les textes de l'accord, aucune exclusion n'est spécifiée.
Les producteurs de semis se conforment en tous points aux exigences quant à l'admissibilité du participant et à la définition de revenu agricole.
Dans un manuel du PCSRA en vigueur depuis le 1er janvier 2003, et dans ceux des années subséquentes, la seule exclusion est au point 10.8, qui dit que: « Les revenus et dépenses relatifs à la vente de bois ne sont pas admissibles. », ou encore que: « Les revenus provenant de ventes de bois ou d'activités agricoles menées à l'extérieur du Canada ne sont pas admissibles [...] ».
En aval et en amont des lignes directrices, on n'a pas la même interprétation des textes.
Tout au long des recherches que nous avons effectuées pour comprendre quand et comment nous avons été exclus, aucune évidence n'est venue nous confirmer la légalité de cette exclusion. En vertu de quel article de l'Accord-cadre fédéral-provincial-territorial une exclusion de cette nature peut-elle être décidée? Est-ce que la Loi sur la protection du revenu agricole de 1991 est respectée par l'accord, par les lignes directrices, en ce qui concerne les produits agricoles visés et les critères d'admissibilité? Dans cette loi, on note à l'alinéa 5(1)b), portant sur la teneur de l'accord, que l'accord doit prévoir les produits visés et les critères de leur admissibilité. Dans l'accord, aucune restriction n'est faite pour les semis — ni dans les lignes directrices, d'ailleurs.
Que s'est-il passé depuis la réunion de ce comité, le 7 novembre 2006, au cours de laquelle M. Danny Foster est venu confirmer que, dans le cas spécifique de producteurs de semis pour le reboisement, la condition d'admissibilité au programme était qu'il s'agisse de revenus agricoles tels que définis par l'Agence du revenu du Canada? Que s'est-il passé? On a vu paraître un nouvel élément dans le texte du manuel en vigueur le 1er janvier 2007, pour l'année 2006, et je lis, au point 8.10: « Tree production for the purposes of reforestation is not allowable under the Program. » Par contre, le point 8.9, qui était là auparavant, demeure: « Income and expenses related to wood sales are considered non-allowable. » Il est intéressant de voir que, maintenant, on fait une distinction entre ces deux produits; elle n'était pas faite auparavant.
Dans le Guide du revenu d'agriculture et les programmes Agri-stabilité et Agri-investissement - Guide et formulaires conjoints, publié par l'Agence du revenu du Canada pour l'année 2007, on lit ceci à la page 19, dans le paragraphe des éléments non admissibles: « Arbres et semis destinés au reboisement ».
Monsieur le président, nous espérons seulement que notre présence devant ce comité ne contribuera pas à bloquer davantage nos démarches, mais bien à régler une situation où la compétitivité et la survie de certaines entreprises agricoles sont menacées.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de l'attention que vous avez portée à ces propos.
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Oui. Notre organisation fait un peu plus qu'acheter pour le compte des agriculteurs. Nous disposons de nombreux moyens pour rendre le marché concurrentiel. Le regroupement d'entreprises — il ne s'agit pas uniquement de Farmers of North America — fait beaucoup plus que simplement négocier pour le compte des agriculteurs.
À nos débuts, nous ne pouvions pas permettre à nos membres d'être concurrentiels. Nous avons donc dû recruter et créer des coentreprises pour obtenir des produits pour le compte de nos membres. Nous avons envoyé nos appels de soumissions. En fait, nous avons fait la une du The Western Producer. En 2002, nous avons lancé un appel de soumissions pour un million de litres à des distributeurs, détaillants et fabricants sans obtenir une seule soumission. Le Bureau de la concurrence a été saisi de l'affaire et il a établi que les fournisseurs n'étaient pas tenus de présenter une soumission s'ils ne souhaitaient pas.
Farmers of North America a donc dû faire preuve de passablement de créativité. Au fond, nous sommes une entreprise sans but lucratif dont mon frère et moi sommes propriétaires. Les frais d'adhésion s'élèvent à 600 $ et sont renouvelables annuellement. Les agriculteurs de l'ensemble du pays peuvent devenir membres. Les frais d'adhésion étant renouvelables, les membres exercent donc en quelque sorte un droit de vote. Si notre organisation leur est profitable, ils renouvellent leur adhésion.
Nous sommes dotés d'un conseil consultatif composé de membres provenant de toutes les régions du Canada. Le conseil consultatif propose des mesures à l'organisation et formule des recommandations pour améliorer son fonctionnement.
Nous représentons à peu près 8 000 agriculteurs de l'ensemble du pays, ce qui équivaut à environ 15 million d'acres de terres productives. Nous ne nous occupons pas uniquement de fournitures agricoles. Nos membres nous ont demandé de nous lancer dans la commercialisation des grains. En passant, nous avons assisté à un congrès qui s'est tenu à Los Angeles sur les ingrédients alimentaires, de samedi à lundi derniers, et j'ai pris un vol de nuit pour être présent parmi vous aujourd'hui. Nous essayons notamment de trouver le moyen d'intégrer les lentilles, les pois chiches et les pois à des produits, et de les vendre comme ingrédients. Nous essayons de faire avancer nos membres dans la chaîne alimentaire. Nous savons donc une division alimentaire.
Nous travaillons dans le secteur des engrais. Dans le domaine de la protection des récoltes, nous avons une division qui s'emploie à obtenir les homologations nécessaires pour que nous puissions de nouveau importer des produits génériques pour livrer concurrence aux produits dont nous disposons déjà au Canada. Nous avons réussi à obtenir de l'ARLA les homologations nécessaires, ce qui n'est pas une mince tâche.
En outre, nous représentons également les céréaliculteurs et les éleveurs d'animaux de ferme...
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être parmi nous aujourd'hui.
Il est clair que le Bureau de la concurrence ne fait absolument rien dans le secteur agricole concernant les intrants agricoles. Il y a une expression dans le monde agricole que je pourrais utiliser pour dire à quel point c'est vain, mais je n'ose pas l'utiliser en contexte si officiel.
J'aimerais que nous parlions de votre domaine, monsieur Mann, les produits génériques. Je vais toutefois commencer par une observation sur les engrais.
Je crois vous avoir entendu dire que vous aviez fait venir quatre chargements de bateau d'engrais. Il y a des gens dans mon coin qui en importent aussi, surtout du triple-16 de Russie. À titre d'information, un cultivateur de pommes de terre qui a un champ de 400 acres économiserait 60 000 $ en achetant cet engrais directement plutôt que des entreprises commerciales — et il n'y en a que deux grandes par chez nous. Seulement pour le triple-16, qui vient surtout de Russie. La somme est astronomique. Quelqu'un, quelque part, fait de l'argent dans ce système.
Les entreprises qui vendent de l'engrais l'ont payé cher et veulent refiler la facture à prix fort aux agriculteurs. Je le comprends, mais les agriculteurs ne jouissent d'aucune protection contre cela. Il ne fait aucun doute que sur le marché, d'après ce que nous disent les producteurs, il y a beaucoup de pression: si l'on n'achète pas son engrais d'une des entreprises habituelles, on risque de ne pas avoir de marché pour ses produits en bout de ligne, dans ce secteur. Il faudra y regarder de plus près.
Vous avez parlé, au début, des produits génériques. Je crois que vous avez fait des propositions détaillées à l'ARLA sur l'homologation de produits génériques. Vous avez mentionné dans votre témoignage que selon les règles actuelles, nous ne pouvons pas avoir accès aux produits génériques aussi vite qu'aux États-Unis. Pouvez-vous vous expliquer? En gros, que notre comité devrait-il recommander à l'ARLA au sujet des produits génériques pour harmoniser nos règles à celles des États-Unis?