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Je vais tâcher d'être bref. Franchement, j'aurais pu vous envoyer le texte de ce que j'ai à dire, mais en faisant le voyage de Vancouver aller-retour le même jour vous donne peut-être l'occasion de poser quelques questions auxquelles je pourrai répondre.
Premièrement, je ne suis pas musicien. Je vis du travail des musiciens. Je gère des artistes. J'ai été organisateur d'un festival, j'ai exploité une société d'enregistrement, etc. J'ai également travaillé pendant six ans pour le Conseil des Arts du Canada où j'administrais le programme d'enregistrement sonore, ce qui était l'ancien nom du programme Diversité de la musique canadienne qui a été supprimé. Je connais ce programme pour avoir exploité une société d'enregistrement et une société de distribution de disques avant mon arrivée à Ottawa et avoir produit des disques avec l'appui de ce programme que j'administrais alors, et pour avoir ensuite travaillé comme gérant d'artistes pendant les 10 dernières années, depuis que j'ai quitté mon poste au Conseil des Arts du Canada.
Pour parler franchement, je suis abasourdi qu'ils aient réussi à faire avaler cette coupure. Je la considère comme un vol à l'arraché commis en fin d'après-midi d'une chaude journée d'été. On voit bien qu'ils étaient gênés, car ils n'ont pas annoncé la décision lors de la conférence presse de Montréal. La nouvelle est sortie sur l'Internet à 16 h 30 le vendredi après-midi précédant une longue fin de semaine, ce qui n'est pas habituellement un moment où l'on annonce les bonnes nouvelles. La suppression de ce programme revient en substance à dérober aux Canadiens leur patrimoine, l'une des musiques les plus intéressantes créées de nos jours par les Canadiens. Je ne vais pas aborder les répercussions que vont ressentir les musiciens travaillant aujourd'hui car je suis sûr que mes confrères le feront. Cela va les dépouiller de la possibilité de produire de bons disques. Cela les privera de la faculté d'inspirer à d'autres la volonté de les engager, de partir en tournée, de toutes sortes de choses.
Mon souci est légèrement différent. Je pense que c'est un lieu approprié pour en parler, car je songe à cette merveilleuse maxime que j'ai entendue, qui veut que les sages Autochtones réfléchissent sur sept générations. Quelles conséquences ce que vous faites aujourd'hui aura-t-il sur la septième génération après vous? Je peux vous dire que dans sept générations, certaines des oeuvres les plus intéressantes et les plus créatives réalisées par les artistes canadiens aujourd'hui ne seront pas accessibles au public.
Une peinture dure des centaines et parfois des milliers d'années. Toute une diversité d'oeuvres d'art sont créées et préservées pour les générations futures. Or, la musique est éphémère à moins d'être enregistrée. Nous écoutons aujourd'hui des enregistrements effectués il y a un siècle, et le format a évidemment évolué du cylindre au 78 tours, etc., mais nous y avons toujours accès. Mais du fait de la suppression de ce programme, la création musicale de certains des artistes les plus talentueux de ce pays n'existera pas dans 100 ans. Elle n'existera pas l'an prochain. Elle n'existera pas dans 50 ans. En ce sens, l'impact de la suppression de ce programme sera éternel.
Vous pouvez avoir accès à des choses enregistrées sur des téléphones cellulaires et dans les studios à domicile de certains, mais le genre de bon enregistrement qui est transmis de génération en génération et participe du patrimoine culturel, du patrimoine artistique de ce pays, n'existera plus en l'absence de ce programme. Il y aura des enregistrements commerciaux, mais les artistes qui trouvaient un moyen d'expression différent, qui suivaient une voie différente — pour reprendre ce vieux cliché, qui marchaient au son d'un tambour différent — ne pourront pas préserver leur oeuvre. Voilà fondamentalement quel sera le résultat de cette suppression.
Je suis de la Colombie-Britannique, et vous savez que les arts y sont en ce moment une espèce en péril, à l'instar de la chouette tachetée, avec la réduction de 90 p. 100 des subventions provinciales aux arts. Indépendamment de cela — et c'est déjà bien assez grave — il n'y a jamais eu de programme provincial en Colombie-Britannique finançant l'enregistrement sonore. Certaines villes ont des programmes: Edmonton, Toronto, Montréal, etc., mais ces programmes n'existent pas à Vancouver ni dans aucune autre municipalité de la province. La seule façon dont les artistes de la Colombie-Britannique pouvaient obtenir la moindre subvention publique pour leur projet d'enregistrement était par le biais du Conseil des Arts ou de FACTOR. Les artistes commerciaux auront toujours accès par le biais de FACTOR et de MusicAction. De fait, ces crédits vont être augmentés avec l'argent prélevé dans ce programme. Mais les artistes qui créent des oeuvres intéressantes, dynamiques, visionnaires n'auront tout simplement accès à aucun soutien public pour leurs oeuvres. Cela amoindrit la culture canadienne.
Je pense que dans cette ville il existe un bâtiment portant le nom de Marius Barbeau, le grand folkloriste qui a su préserver un pan important de la culture canadienne, depuis la musique autochtone qu'il a enregistrée dans les années 20 jusqu'aux milliers de chansons traditionnelles québécoises. Le seul album des enregistrements de Marius Barbeau que je connaisse a été financé par le programme d'enregistrement sonore du Conseil des Arts du Canada. C'est un double album de chants religieux et de chansons traditionnelles du Québec. Je pense que c'est suffisamment parlant. Sans ce programme, le travail de Marius Barbeau ne serait accessible qu'aux visiteurs des musées qui pourront l'écouter sur de mauvais casques d'écoute.
Ainsi, une quantité énorme de choses intéressantes ne vont plus être enregistrées. Lorsque j'étais au Conseil des Arts, nous avons sorti à l'occasion du 50e anniversaire des Nations Unies un ensemble de quatre CD de grande musique canadienne, avec un financement du Conseil des Arts, qui a été distribué dans le monde entier. Presque toute cette musique provenait d'enregistrements qui avaient été effectués grâce au programme d'enregistrement sonore. Pour le 60e anniversaire des Nations Unies, cela ne sera plus possible. Il y aura une date de coupure en 2009. Après cela, tout devra être financé par les artistes eux-mêmes, ou par la banque de papa et maman, et sera enregistré dans des studios de mauvaise qualité ou ce genre de choses. Franchement, je trouve cela un crime contre l'art et la culture.
Cela ne nuit pas seulement aux artistes directement, du point de vue de leur faculté de diffuser leurs oeuvres, mais je pense que cela prive les générations futures de Canadiens de la possibilité d'écouter certains des artistes les plus créatifs et les plus visionnaires de notre époque enregistrés dans des conditions décentes. Voilà l'impact fondamental. C'est pourquoi vous devriez intervenir car je pense que votre comité, dans une certaine mesure, est le gardien de l'intérêt national pour ce qui est de la culture et du patrimoine.
Nous sommes venus, et c'est certainement mon cas, pour déclencher la sonnette d'alarme et dire que pour quelques dollars — et 1,4 million de dollars ne représentent pas grand-chose dans le contexte des sommes dépensées par ce gouvernement — les responsables de Patrimoine canadien ont pris une mauvaise décision. Ils ont pris la décision de détrousser l'artiste individuel, indépendant et visionnaire et de donner cet argent à l'industrie de la musique. Ce n'est pas que l'industrie de la musique n'ait pas besoin ou ne mérite pas des subventions, mais ceci est le mauvais endroit où puiser l'argent. Je pense que c'est là le véritable noeud de l'affaire. C'est la mauvaise décision. Il faut la rectifier.
Merci.
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J'ai beaucoup travaillé dans le secteur de la musique commerciale contemporaine et je passe maintenant la plus grande partie de mon temps à composer, interpréter et promouvoir des formes de musique créative. Je suis double lauréat du prix Juno, lauréat multiple du Western Canadian Music Award et triple lauréat du prix de violoniste de l'année du National Jazz Award du Canada.
En tant que musicien je me suis toujours intéressé à la progression et à l'élaboration de nouvelles formes à l'intérieur du spectre musical. Je ne me cantonne pas dans un genre musical particulier, comme le font nombre d'artistes commerciaux contemporains. Je ne me cantonne pas à un produit avéré qui me fasse vivre. Je recherche constamment plus et je crois que maintes formes musicales restent encore à découvrir. J'ai d'abord bénéficié directement d'une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée en 2000, en tant que jeune musicien en développement, avec la sortie d'un disque intitulé Zubot & Dawson: Tractor Parts. Il était financé par la subvention de musique spécialisée et le disque a été nominé pour un prix Juno. Cela m'a ouvert maintes portes. À la fin de l'année, après la sortie de ce disque, nous avons été invités à nous produire à chaque festival de folk et de jazz du pays.
L'album a retenu l'attention de la presse internationale, notamment de publications telles qu'Acoustic Guitar Magazine, qui a dit que c'était la meilleure chose qui soit arrivée à la musique acoustique depuis que David Grisman et Tony Rice ont constitué leur quintette révolutionnaire il y a 20 ans. Cet enregistrement financé par le Conseil des Arts du Canada a été porté à l'attention d'un célèbre producteur américain, Lee Townsend, connu pour son travail avec les sommités du jazz. Lee Townsend a produit notre troisième enregistrement, qui a été couronné par un prix Juno. Sans la subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée, il est fort probable que rien de tout cela ne serait arrivé.
En ce qui concerne FACTOR, cette entité aide de artistes qui vendent un certain volume de disques. Malheureusement, pour obtenir des crédits de FACTOR, il faut vendre énormément de disques. Les musiciens créatifs ne vendent pas tellement de disques au début de leur carrière. Ces dernières années, la subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée est devenue essentielle pour moi à d'autres égards. Je suis devenu producteur de disque et j'exploite une étiquette nommée Drip Audio. J'ai publié 23 enregistrements de musiciens underground issus du milieu de la musique créative de Vancouver qui se passionnent pour la musique d'improvisation. Ces enregistrements ont été salués par la presse internationale, notamment des publications telles que le New York Times et la bible du jazz, DownBeat.
Les artistes de Drip Audio se sont produits à certains des festivals de musique créative les plus prestigieux du monde, dont le Festival Moers en Allemagne, le Festival de Mulhouse en France, des festivals au Portugal et un peu partout. La musique de Drip Audio est largement retransmise sur les ondes radiophoniques, par des stations telles que BBC 6 Music, CBC Radio 2, The Signal et Espace Musique, et quantité d'autres. CBC Arts Online a qualifié Drip Audio de l'une des étiquettes musicales les plus originales du pays. Sans le soutien du Conseil des Arts, rien de cela ne serait arrivé.
Une autre avenue pour des musiciens comme moi, à laquelle je peux me raccrocher, est le métier de musicien de séance. La subvention à l'enregistrement du Conseil des Arts me permet de compter sur un certain revenu chaque année, qui n'existerait pas sans cette subvention.
L'un des récents enregistrements auquel j'ai travaillé était pour une interprète de chant guttural nommée Tanya Tagaq. Elle est devenue une sorte de sensation internationale, travaillant avec la célèbre chanteuse islandaise Björk. David Harrington, du Kronos Quartet, l'a appelé la Jimmy Hendrix des interprètes de chant guttural inuit. L'été dernier, j'ai interprété des morceaux du disque Auk/Blood de Tanya Tagaq, dont la production était soutenue par le Conseil de Arts. Nous avons exécuté cette musique à l'occasion d'une série de grands concerts au centre-ville de Los Angeles et au Lincoln Centre et au Smithsonian's National Museum of the American Indian, à New York. Le mois prochain nous présenterons cette musique au Festival international de musique exploratoire de Londres. Son album a été cité dans des publications aussi importantes que The Village Voice, The Los Angeles Times, The San Francisco Weekly, Time Out New York et beaucoup d'autres. Rien de tout cela ne serait arrivé en l'absence de la subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée du Conseil des Arts du Canada.
Je vais essayer de conclure.
La subvention pour la musique spécialisée permet à des musiciens comme moi de réaliser des enregistrements sans se sentir contraints de vendre, vendre, vendre. Cette subvention permet de se concentrer sur la création musicale au lieu d'être constamment astreint à canaliser et guider sa vision vers quelque chose qui sera accepté commercialement. Elle permet aux musiciens de continuer à chercher des sons nouveaux et à créer finalement de nouveaux genres. Elle permet de devenir réellement un musicien artiste.
La musique est comme la médecine, son existence est nécessaire sur cette planète. Elle est partout et tout autour de nous. La musique doit continuer à croître et à se développer, tout comme la science. Il faut la libérer du contrôle du monde des affaires pour qu'elle reste vivante. La subvention à l'enregistrement sonore rendait cela possible.
Merci de votre attention.
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Tout d'abord, je tiens à remercier le comité de m'avoir invité à témoigner lors de ces audiences.
Mon exposé comprendra deux parties. La première est de moi et l'autre consiste en une lettre écrite par Nick Fraser, qui est probablement l'un des meilleurs musiciens que ce pays ait jamais produit. Il a été invité à témoigner, mais n'a pu venir, étant donné qu'il était au milieu d'une session d'enregistrement. Il fait valoir d'excellents arguments.
Encore une fois, je me nomme Nilan Perera. Je suis musicien et compositeur de musique créative nouvelle et destinée à la danse moderne depuis 25 ans. J'ai pris part à de nombreux projets et ensembles et effectué des tournées à l'échelle nationale et internationale. Je siège actuellement aussi au conseil d'administration de l'Association of Improvising Musicians Toronto qui a été fondée il y a quatre ans environ.
La suppression des subventions à l'enregistrement sonore de musique spécialisée et à la distribution de musique spécialisée décidée par le Conseil des Arts m'a abasourdi lorsque j'ai appris la nouvelle. M'étant renseigné plus avant, je suis devenu indigné et ai décidé de lancer une pétition en ligne. J'ai depuis recueilli plus de 5 800 signatures sur cette pétition que je vais soumettre au comité à une date ultérieure. Je ne l'ai pas avec moi ici.
J'ai présenté des demandes à ce programme à quelques reprises au fil des ans et la plupart ont été refusées. J'ai participé à d'autres projets qui ont reçu un soutien de ce programme mais la possibilité de pouvoir réaliser un CD m'a considérablement encouragé, moi et mes collègues à travers le pays, à continuer de créer des oeuvres focalisées et d'envisager les possibilités de faire une carrière viable dans la musique.
J'ai également siégé à quelques jurys du Conseil des Arts du Canada et du Conseil des Arts de l'Ontario et ai été impressionné par l'équité et la rigueur du processus. J'en suis toujours sorti très heureux de la manière dont les choses étaient faites et assuré de la qualité du travail qui était approuvé.
Ces programmes sont les outils premiers pour produire et distribuer de la musique artistique originale au Canada. Il n'existe tout simplement aucun autre programme qui remplisse la fonction fondamentale d'appui à la production d'un disque pouvant ensuite être lancé dans le monde par les distributeurs. C'est là la fine pointe de l'image de marque de la musique artistique canadienne, ainsi que le moyen pour nos compositeurs et musiciens créatifs de travailler. C'est aussi le principal outil de production au Canada de la recherche vivante et de développement de sons que les artistes pops dans le vent et moins dans le vent exploitent pour créer de nouvelles formes et de nouveaux sons.
Ces coupures sont la même chose que supprimer les subventions de recherche et développement aux universités et instituts de recherche pour donner l'argent à la place aux producteurs des biens qui sont dérivés et issus de la recherche-développement effectuée par ces mêmes institutions. Je ne vois pas la logique qu'il y a à supprimer un programme de toute petite taille, très efficient et hautement fructueux, qui coûte environ 2 millions de dollars et distribue quelques subventions, généralement à hauteur de 6 000 $ à 10 000 $, pour donner à la place l'argent à un programme déjà massivement financé disposant de plus de 13 millions de dollars. C'est comme supprimer l'aide alimentaire aux orphelins pour payer les cure-dents des millionnaires.
Je me suis demandé pourquoi et comment cela était arrivé et pourquoi le bénéficiaire de ces fonds, qui est FACTOR, je crois, n'aurait pu trouver cet argent auprès d'autres sources. Après tout, l'industrie du disque est motivée par le profit et je suis sûr qu'elle aurait considéré comme un bon investissement de contribuer cette somme relativement faible pour que FACTOR puisse faire le travail qu'elle souhaite.
Le soutien à ces programmes est d'importance vitale pour la création de la culture musicale canadienne au Canada. Cette culture est créée au quotidien par des artistes à travers le pays qui ont besoin de toute l'aide qu'ils peuvent trouver afin de créer des oeuvres marquées par l'originalité et la pureté, comme on peut en produire en n'étant pas soumis aux aléas du marché commercial.
Voilà ma tirade.
Je passe maintenant à la lettre de Nick, qui est adressée à M. Moore:
Je suis un artiste et, en tant que tel, une petite entreprise touchée par la suppression récente de la subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée du Conseil des Arts du Canada. Je suis musicien professionnel depuis 20 ans. Je suis lauréat du prix Juno (et deux fois finaliste), enseigne à la faculté de musique de l'Université de Toronto et j'ai bénéficié de subventions multiples du Conseil des Arts pour l'étude, la composition, l'enregistrement et le développement de carrière. Tout cela pour dire que je puis parler personnellement des effets positifs que ces subventions peuvent avoir sur la carrière d'un artiste. Avec la suppression de ce programme, vous coupez les petites entreprises de leur produit initial, le point de départ qui rend possible tous leurs autres revenus. Cette décision détruit un élément clé de l'infrastructure de la dissémination artistique dans ce pays.
Dans votre déclaration aux médias, vous avez dit que ce programme du Conseil « servait essentiellement à financer des artistes qui ne cherchent nullement à trouver une ouverture commerciale pour leur musique ». Je peux vous assurer que tel n'est pas le cas. Les artistes sont en fait les mieux placés pour trouver des débouchés commerciaux à leur musique car c'est ce qui les fait vivre. Ils sont les seuls à avoir une réelle incitation à promouvoir leur travail. Je ne connais personnellement aucun artiste qui ne s'intéresse pas aux « débouchés commerciaux », car ces débouchés représentent nos carrières.
Les entreprises (artistes) que ce programme finance sont petites mais viables et contribuent grandement à la vie financière et culturelle de ce pays. Par exemple, mettons qu'un groupe reçoive une subvention de 10 000 $ pour enregistrer un disque. Si 1 000 exemplaires du disque sont fabriqués et 600 vendus, le groupe réalise un profit de 2 000 $. Les 10 000 $ initiaux ne représentent qu'une partie de leur budget total (comme l'exigent les critères du Conseil des Arts) et sont consacrés à ce qui suit...
Ils sont consacrés aux frais d'enregistrement et servent à payer les studios et les ingénieurs et les musiciens, qui sont eux-mêmes de petites entreprises; ils sont consacrés à la conception graphique du disque et à rémunérer les concepteurs graphistes et artistes visuels qui sont de petites entreprises de leur propre chef; ils couvrent les frais de fabrication et à payer les sociétés de reproduction de CD, qui sont elles-mêmes de petites entreprises; et ils couvrent les frais de mise en marché, notamment à payer les publicistes et à acheter des annonces dans les publications, etc., etc.
Nick poursuit:
Ainsi, l'argent retourne dans l'économie (et à l'État — nous payons tous des impôts!) en faisant travailler d'autres entreprises, ce que je pensais justement être un objectif de ce gouvernement dans le « climat économique actuel », comme on se plaît à l'appeler.
Le profit de 2 000 $ peut ne pas sembler énorme (et il ne l'est pas — croyez-moi), mais je peux vous assurer que ce n'est pas une simple équation « a/b » (le profit des ventes de disque n'est pas le seul avantage de l'existence de l'enregistrement). Le produit autorise tous les autres revenus dérivés de ce projet sous forme de tournées de concerts et de représentations ici et à l'étranger.
En substance, les CD sont nos cartes de visite, en quelque sorte, et plutôt efficaces.
Nick poursuit:
Ce revenu peut être considérable. Un projet financé par le Conseil des Arts du Canada auquel j'ai participé a permis de vendre près de 5 000 exemplaires et m'a permis de gagner plus de 10 000 $ en revenu de tournées. Qui plus est, les artistes rendent possible la tenue des festivals et des séries de concerts, et ces organisations emploient d'innombrables personnes, qui ne sont pas seulement des artistes mais aussi des traiteurs, des agents de sécurité, des employés de billetterie, etc.
Il semble que ces fonds soient prélevés en vue de soutenir des activités musicales plus « commerciales ». Quelles données possède le gouvernement prouvant que les activités plus « commerciales » sont réellement plus fructueuses? Ayant siégé au jury du Programme d'enregistrement sonore de musique spécialisée, je peux affirmer qu'en raison de la concurrence intense, les bénéficiaires des subventions représentent la « crème de la crème » de la musique canadienne. Je ne puis en dire autant des projets auxquels j'ai participé et qui étaient de nature plus commerciale (et dont beaucoup étaient financés par FACTOR). La clé ici est que le succès des enregistrements de nature plus commerciale n'est pas garanti. Les enregistrements financés par FACTOR représentent peut-être une activité présentant un plafond financier plus élevé, mais leur succès n'est pas plus garanti que celui des enregistrements spécialisés. Je parierais qu'en raison du système de sélection par jury rigoureux et transparent du Conseil des Arts (que ne possède pas FACTOR), un pourcentage plus élevé des projets financés par le Conseil des Arts rencontre un succès modéré que les projets financés par FACTOR.
Le communiqué de presse affirme que « 900 000 $ seront consacrés au développement du marché numérique, dans un fonds s'adressant aux entrepreneurs et aux entreprises de musique ». Parlons clair: les artistes SONT des entrepreneurs en musique, ils SONT des entreprises, et un pourcentage extrêmement élevé d'entre eux se débrouillent parfaitement bien. Nous travaillons au « développement du marché numérique » parce que nous y sommes contraints pour survivre. Nous avons besoin de plus de soutien, et non pas de plus de bureaucratie.
Encore une fois, c'est signé Nick Fraser, et voilà qui clos mon exposé.
Merci beaucoup.
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Je ne touche personnellement pas ces subventions, mais j'offre des services de gestion à de nombreux artistes qui le font. Je n'ai pas dressé de liste, mais je me suis reporté à un article que j'ai écrit pour une publication de la C.-B. qui m'avait posé cette question, et en 2006-2007, 16 enregistrements ont été financés en Colombie-Britannique, pour un total de 164 000 $. L'année suivante, en 2007-2008, 26 subventions ont été accordées à des artistes de la C.-B., pour une valeur totale de 253 900 $. Nous parlons donc là de subventions de l'ordre de 10 000 $ à 15 000 $.
Ce que je trouve intéressant, c'est la diversité, rien qu'en Colombie-Britannique, de certains de ces projets. Les chants traditionnels des Haida Gwaii, du peuple Haida, ne vont pas être financés par FACTOR et ils ne vont pas devenir ce que l'on appelle des « tubes » sur les ondes commerciales. Il y a la musique mondiale de l'Ensemble Orchid, un groupe asiatique; des compositions très avancées de musique classique contemporaine du New Orchestra Workshop; du jazz joué par une femme nommée Jodi Proznick, qui est absolument excellente; et de la musique d'Alex Cuba, qui commence à connaître la réussite commerciale et travaille maintenant avec Nelly Furtado.
L'éventail est donc énorme, depuis ceux qui enregistrent leur musique traditionnelle, dans le cas des chanteurs Haida Gwaii, jusqu'à d'autres qui ont des aspirations commerciales. Il est faux de dire que cela s'adresse à des artistes non commerciaux. Il est juste de dire — et nous avons défini cela lorsque j'ai rédigé certaines des lignes directrices du programme lorsque j'étais au Conseil des Arts du Canada — que c'est une musique axée sur la créativité et non l'intention commerciale.
Parfois, contre toute attente, pour quelque raison, de la musique animée par la créativité et non par des motifs commerciaux devient commercialement viable. Mais peu importe. La question est l'intention de l'artiste, et c'est pourquoi il mérite un financement public, et je vous ai donné les chiffres des subventions octroyées aux artistes de la C.-B.
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Merci, messieurs, d'être venus nous rencontrer ce matin.
Je pense que nous avons une discussion réellement importante et je tiens à dire d'emblée que je ne cherche à offenser personne, ni chez FACTOR ni dans le monde de la musique commerciale. Certains de mes amis... Je constate que l'on m'a glissé les noms de ceux qui touchent de l'argent, et j'en connais beaucoup, et je n'ai aucune objection à cela. Je pense qu'il importe de considérer le rôle que joue FACTOR, le rôle que joue le Conseil des Arts du Canada dans toute cette pseudo bataille sur la façon de créer le succès.
J'ai demandé des subventions de FACTOR. Je connais des gens qui ont siégé à des jurys de FACTOR. FACTOR est une fondation privée. Elle représente tout ce que le milieu canadien de la musique estime être réellement dans le vent. Et nous savons que lorsque ces gars s'adressent à un jury, ils disent qu'il faut les financer, qu'ils vont faire un tabac qu'ils vont avoir un succès énorme. Combien de ces groupes, une fois que leur seul disque fait un bide, ne font plus jamais parler d'eux? Mais c'est ainsi que fonctionne l'industrie du disque, et il n'y a rien de mal à cela. Aussi, lorsque je vois le ministre dire que l'enveloppe supprimée servait essentiellement à financer des artistes qui ne sont nullement intéressés par une exploitation commerciale de leur musique, cela me donne l'impression que le ministre vous considère comme rien d'autre qu'une bande d'assistés sociaux.
J'aimerais vous demander, monsieur Zubot, votre maison, Drip Audio, voit ses productions jouer sur BBC, Radio 3, Radio 2“. The Village Voice parle de vos artistes, tout comme le New York Times. Nous parlons là d'artistes comme Jane Bunnett, the Mighty Popo, Alex Cuba. Ce sont des artistes de renommée internationale. Comment comparez-vous des artistes comme ceux-là et ce que vous faites avec la capacité de FACTOR à évaluer de tels artistes émergents par le prisme de l'industrie commerciale?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de comparaître aujourd'hui.
Comme avec tout autre programme, chaque fois que le gouvernement doit prendre des décisions sur l'administration d'un programme, il y aura des partisans et des détracteurs. Voilà la force de la démocratie. Les avis sont toujours partagés. Il ne fait aucun doute que sur cet enjeu, beaucoup de témoins viendront nous dire que c'était là une bonne décision du gouvernement. Évidemment, la décision prise par le gouvernement n'obéit à aucune mauvaise intention. Nous sommes chargés de tirer le meilleur parti possible des dépenses gouvernementales.
Lorsque nous avons annoncé cette prolongation quinquennale du Fonds de la musique du Canada totalisant 138 millions de dollars, nous cherchions à en tirer le meilleur parti possible. Comme vous le savez, avant cette annonce, une grande incertitude régnait dans le monde musical canadien parce que ce fonds devait expirer en mars 2010. Nous l'avons prolongé par une durée considérable et dit que, pendant cinq ans, le Fonds de la musique du Canada sera assuré et que le secteur canadien de la musique, qui est financé par ce fonds, jouira de cette certitude.
Comme vous pouviez vous y attendre, j'ai fait un peu de recherche avant votre venue. Je sais que M. Perera a reçu un très petit montant au titre du DMC, mais pas les autres ici. Ce n'est pas rare. Le Conseil des Arts du Canada dispose d'un montant relativement conséquent pour la musique spécialisée, avec 9 millions de dollars. Le DMC ne représente que 5 p. 100 de cela. Il y a 30 millions de dollars globalement pour la musique. Comme vous pouvez le voir, c'est une très petite partie de son activité. Je n'ai pas été surpris qu'aucun d'entre vous n'ait touché de subvention au titre de ce volet, car il ne représente qu'une toute petite partie de son action.
J'aimerais vous demander ce que sera la musique dans 10 ou 20 ans, car nous voulons réaliser une étude des nouveaux médias. Je pense que les choses ont pas mal évolué. La façon dont nous enregistrons, produisons, créons, change et je crois qu'elle change très rapidement. Je pense que l'inclination du ministre à consacrer des fonds aux nouveaux médias, à la sorte de mutation numérique qui est en cours et au volet international répond à notre souci d'anticiper l'avenir.
Je sais que c'est là un exemple américain, mais je regardais la télévision, et il y avait un certain Adam Young à la tête d'un groupe appelé Owl City. En fait, il en est le seul membre. Il produisait de la musique dans sa chambre, sur son ordinateur, et il a maintenant un tube appelé « Fireflies ». C'était juste des choses qu'il jouait sur son ordinateur et créait sans réelle intention de devenir une vedette commerciale. Cela a été affiché sur YouTube et est devenu populaire.
Est-il possible que nous regardions l'avenir? Diriez-vous qu'il est possible que dans 10 ou 20 ans le changement intervenu montrera que nous anticipions en fait l'avenir et avions prévu les changements, sachant que la plus grande partie du Fonds de la musique du Canada et du soutien du Conseil des Arts du Canada n'a jamais rien eu à voir avec le DMC?
Monsieur Cristall.
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Si je pouvais prédire ce qui va se passer dans le domaine musical dans 10 ou 20 ans avec la moindre fiabilité, je serais beaucoup plus riche que je ne le suis. Nul dans le monde de la musique ne sait ce qui va se passer, sauf pour une chose. Nous savons que les artistes vont créer de la musique, enregistrer de la musique et disséminer les enregistrements de cette musique. Cela, nous en sommes certains. L'incertitude c'est le format qu'elle revêtira et le mode de sa dissémination.
Nous savons aussi que l'essentiel de la musique ne sera pas enregistré dans les chambres à coucher, sur l'ordinateur des gens, même si il y en a quelques exemples. Je me souviens d'une Américaine avec qui j'ai travaillé, Michelle Shocked, dont le premier enregistrement est devenu un tube sur un Sony Walkman lors d'un festival folk au Texas. D'accord, mais la plupart des artistes ont besoin d'un studio. C'est là où se fait le travail, et cela ne va pas changer. Si cela va changer, vous verrez que de nombreux affiliés de FACTOR vont faire faillite.
En ce qui concerne le Conseil des Arts du Canada, celui-ci a un gros budget, mais il n'y a rien pour l'enregistrement sonore. Voilà ce que nous sommes venus dire; nous ne sommes pas venus dire que toutes sortes de grandes choses ne vont pas être financées, sur le plan des commandes, des tournées, de l'exécution.
Ce n'était pas un programme du Conseil des Arts. C'était un programme de Patrimoine Canada administré par le Conseil des Arts. Voilà pourquoi cela fait mal, et voilà, franchement, pourquoi je pense que vous avez commis une erreur en supprimant le mauvais programme. Vous auriez dû prendre l'argent ailleurs.
C'est réellement tout ce que je puis dire, sauf que si vous pensez pouvoir prédire l'avenir, nous devrions avoir une longue conversation sur la création d'un cabinet d'expertise-conseil.
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Bonjour. Au cours des 10 prochaines minutes, je ne vais parler que de faits et ne ferai aucune figure de style.
Je m'appelle Erick Dorion, j'ai 34 ans et j'habite à Québec. Je suis créateur et je vis de mon art depuis six ans. Je suis un artiste audio, un musicien. Je suis également commissaire audio et artiste en installation. Mon travail a été présenté en Belgique, en France, en Espagne, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, au Mexique, à Cuba, en Australie, aux États-Unis, au Japon et dans les festivals les plus importants au Canada. J'ai été en résidence de création pendant deux mois en Espagne au printemps dernier et pendant un mois au Mexique en novembre. Ma carrière commence donc à être bien établie. J'en suis bien content.
Je vais maintenant vous faire part de mon parcours, ce qui va vous donner une idée de la raison pour laquelle j'ai fait toutes ces activités. En 1999, j'ai décidé de transformer mon passe-temps, qui était de créer, et d'en faire une profession. En 2002, il s'est passé quelque chose d'assez particulier. J'ai pu obtenir une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée et j'ai enregistré des pièces dans un studio professionnel. Elles ont été réalisées de façon professionnelle et ont pu être présentées à une compagnie qui a accepté de produire le disque. Il s'agissait d'une petite édition de 1 000 copies.
Toutefois, ce disque m'a permis de bénéficier de critiques dans plus de 15 pays, de me faire connaître et de participer à des festivals importants. Ce premier disque a été financé par le Conseil des Arts du Canada, qui m'a accordé une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée. Il s'agissait de 4 500 $, grosso modo. Je n'ai pas touché un sou de ce montant; tout était consacré à la production. Grâce à ce montant de 4 500 $, j'ai facilement pu vivre pendant quatre ans puisque j'ai été invité un peu partout dans le monde et que j'ai obtenu des contrats.
Par la suite, ces contrats m'ont permis de faire des spectacles et m'ont amené à me faire connaître par d'autres personnes. Du coup, ma carrière a commencé à se développer et à rayonner de façon plus importante. En 2004, j'ai produit un deuxième album. Celui-ci a également bénéficié d'une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée. J'ai bénéficié du même montant d'argent à peu de choses près. Cette-fois, une station de radio australienne a écouté mon disque. Par la suite, elle l'a proposé à deux festivals. J'ai donc été invité à deux festivals très importants en Australie. On m'a donc payé mon billet d'avion. J'ai pu vivre trois semaines en Australie, toutes dépenses payées, et bien sûr, j'ai obtenu un cachet. Tout cela découlait directement du fait que j'avais envoyé un disque à cette station de radio, disque qui avait été enregistré et produit de façon professionnelle. Par la suite, j'ai été invité en France et un peu partout. C'est un bref aperçu de mon parcours de travail.
Dernièrement, j'ai obtenu une subvention pour l'enregistrement et la production d'un CD double ainsi que d'un DVD Audio Surround, à titre de commissaire pour un organisme qui s'appelle Avatar, à Québec. On ne parle donc plus seulement de CD, mais aussi de DVD audio. Peut-être que dans cinq ou dix ans, on parlera d'autres types d'enregistrement. L'important n'est pas la publication proprement dite, mais l'enregistrement et la façon de la diffuser. L'art audio, comme son nom l'indique, est un type d'art où l'on travaille véritablement sur la qualité sonore. Il est donc très important d'avoir une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée parce que c'est la qualité qui compte, que ce soit sur vinyle ou sur cassette.
Je souligne quelques autres faits qui concernent les artistes qui travaillent dans ma sphère de création. En 1998, un artiste de Toronto, Michael Snow, un artiste multidisciplinaire de réputation internationale, a obtenu le prix du Gouverneur général. Il y a quelques années, il a pu enregistrer un triple album de son travail au piano, une première dans la carrière de cet artiste qui comptait 60 ans de pratique artistique. Il a été publié par Ohm Éditions.
Il a également obtenu une subvention à l'enregistrement sonore de musique spécialisée.
À l'autre extrémité de la sphère, l'an passé, Nicolas Bernier, qui est âgé de 34 ans, a reçu une subvention pour son enregistrement intitulé Les arbres. Cet album a obtenu une mention du très prestigieux prix Ars Electronica, en Autriche. Du coup, les ventes de son album sont passées de 10 ou 12 copies à 500 copies, et ce, en l'espace de quelques semaines. Il s'agit, bien sûr, d'un festival très important. Tout cela aurait été impossible sans la subvention.
Cette subvention donne la chance à des artistes ayant des pratiques artistiques parallèles ou mal connues de se faire connaître d'un plus large public, du moins d'un public international. Cela donne aussi la chance à de jeunes artistes de se faire connaître. Le jeune artiste peut obtenir de l'argent pour faire un enregistrement de qualité et le présenter à des compagnies de disques, ce qui est très important.
Pour ma part, mon premier CD a encore des retombées financières, et ce, après 10 ans.
Je vous remercie.
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Je me nomme Andrea Menard.
Je suis une actrice et chanteuse métisse de la Saskatchewan et probablement aucun d'entre vous ne m'a entendu à la radio, malheureusement, à moins que vous écoutiez CBC, mais je connais la réussite. Je suis une personne qui a suivi son coeur, développé ses idées propres. La subvention pour musique spécialisée du Conseil canadien des Arts a été le point de départ de ma carrière d'enregistrement et, à bien des égards, de ma carrière en général.
Mon premier CD de femme métisse, The Velvet Devil, était la musique d'un one-woman show. C'est un mélange de jazz et de musique traditionnelle, alors où sur terre aurais-je pu m'adresser pour une aide à l'enregistrement de chants traditionnels autochtones et de jazz dans un même album? Il n'y a pas beaucoup d'endroits où j'aurais pu aller. Je me suis adressée au Conseil des Arts du Canada parce qu'il était là. J'ai été financée par d'autres depuis — par le Saskatchewan Arts Board et par FACTOR — mais le Conseil des Arts était mon point focal, le déclencheur d'autres financements.
Je connais la réussite. Vous ne m'avez peut-être pas entendu à la radio, mais j'ai du succès grâce à ce CD. J'ai mon nom sur trois CD. J'ai pu prendre ce CD et faire connaître ma musique, présenter ma pièce à travers le pays et en faire un film, et tout cela a démarré parce que j'avais un CD en main. Il a suffit d'une subvention de musique spécialisée de 18 700 $ pour déclencher cela. C'est cela qui a tout déclenché. Ce n'est qu'une pitance, mais elle a fait ma carrière. Elle m'a permis de remettre un exemplaire physique à quiconque en avait besoin, partout où j'allais. Peut-être, aujourd'hui, pourrais-je l'acheminer par courriel, mais à l'époque, en 2000, ce n'était pas possible. J'avais un exemplaire physique que je pouvais emmener avec moi dans le monde.
À partir de ce tout premier CD, j'ai été nominée pour un Western Canadian Music Award. J'ai été nominée pour un Canadian Aboriginal Music Award, ou plusieurs d'entre eux, et j'ai été nominée pour un Indian Summer Music Award. Ce sont toutes là des cérémonies de remise de prix dont le monde musical grand public, la musique de CHUM, n'a probablement même jamais entendu parler. Ce sont là des manifestations importantes dans ma collectivité, mais même dans mon milieu, si l'on considère les catégories de musique, et même la catégorie autochtone, je ne cadre même pas parfois avec ma propre catégorie.
Encore une fois, c'est de la musique spécialisée que moi, l'artiste, je viens et c'est ce qui est dans mon coeur et que je veux transmettre. Comme autochtone, je suis Métisse. Je suis artiste de jazz; en pays autochtone, c'est de l'excentricité. Cela ne colle pas. Qu'est-ce cela? Quelle est cette musique? Même les membres de ma famille se demandent: « Quelle est cette musique? » Je suis spécialisée même à l'intérieur du monde autochtone, et je ne m'inscris pas non plus tout à fait dans le monde du jazz. Je n'ai ma place nulle part, mais mon coeur et ma musique sont importants dans le paysage de la musique canadienne. Ma voix manquerait. S'il n'y avait pas un lieu où je puisse m'adresser pour un financement, il vous manquerait une voix très importante.
Encore une fois, j'ai de la chance, j'ai réussi. Vous ne m'avez peut-être pas entendue à la radio, mais peut-être un jour le pourrez-vous. J'ai un plan pour faire connaître ma musique. Je poursuis un but commercial. Je ne fais pas de musique seulement pour le plaisir; j'ai des plans. C'est mon travail. C'est ma raison d'être.
Même dans mon propre monde, je dois... Je ne peux pas mettre un air de flûte simplement parce que je suis Autochtone, car quelqu'un dans un jury dira: « Eh bien, ce n'est pas suffisamment autochtone » ou bien que je chante du jazz. Eh bien, vous avez raison, et je ne joue pas d'instrument. Je ne suis pas si bonne — je ne suis pas Jesse Zubot — mais je chante d'une manière qui me fait classer comme chanteuse de jazz. J'ai une voix originale et il faut un endroit qui puisse m'accueillir. Je connais la réussite aujourd'hui parce que FACTOR a reconnu mon travail, mais c'est parce que j'avais un endroit où m'adresser d'abord. Je suis devenue établie: « Oh, elle a du succès; elle a eu de l'argent du Conseil des Arts du Canada ». C'est un gage d'approbation.
Je suis un modèle de rôle visible et j'ai eu de la chance. Je chante en anglais. Je ne chante pas en cri. J'ai une voix qui enjambe les deux cultures, qui enjambe les deux langues. J'ai du français, du cri et du michif sur mes albums. Je crée ce que je veux et il importe qu'il en reste toujours ainsi. Je ne veux jamais, jamais, créer une chanson pour la radio grand public. Oui, je gagnerais peut-être alors de l'argent, mais je ne sais pas faire cela et ne le ferai pas. J'ai une voix qui est unique et il faut la laisser être ce qu'elle est. Il faut la laisser tranquille pour que je puisse créer. Mais j'ai aussi besoin de financement.
Alors, où quelqu'un du milieu de la Saskatchewan, une fille des bois comme moi peut-elle... J'ai besoin d'un point focal et la disparition de cette subvention est un crime. C'est une honte, car jamais je ne me serais adressée en premier lieu à FACTOR. C'était le point focal. C'était la subvention dont je savais que j'avais une chance de l'obtenir, car elle me permettait de montrer ma bizarrerie — car je suis bizarre, mais magnifiquement bizarre. Tous les artistes comme moi financés dans cette catégorie sont bizarres et merveilleux et importants. Mais grâce à cette première subvention de 18 000 $ que j'ai reçue, j'ai pu lancer ma carrière. Cela a suffit à me faire avancer et 1,4 million de dollars représentent beaucoup de subventions de 18 000 $. Et pour les gens qui cherchent de l'aide pour la première fois, qui n'ont jamais obtenu de subvention, qui ne savent pas où s'adresser, cela leur donne un point focal. Et 18 000 $ distribués à quantité d'artistes, c'est absolument précieux, et il n'aurait jamais fallu couper cela.
Merci.
Je vais faire lecture d'un petit texte pour être sûr de ne rien oublier. Je suis également artiste et producteur, mais aussi associé d'une maison de disque, une étiquette canadienne indépendante. Je peux peut-être mettre en lumière un autre volet de l'argumentation en faveur du maintien des programmes de diversité du conseil. Je parlerai principalement du programme de musique spécialisée.
Notre maison de disques, Borealis Record, a été fondée en 1996 dans le but de combler un vide qui existait dans le secteur canadien de l'enregistrement, à savoir une société qui fabriquerait et distribuerait un catalogue d'artistes folk et roots exclusivement canadiens. Une telle maison n'existait pas alors, en dépit d'un nombre croissant de musiciens et d'auteurs compositeurs. Ils gagnaient leur vie tant que bien que mal en jouant et enregistrant leurs oeuvres. Notre objectif est double. Il était et reste double. Il s'agit de donner à ces musiciens un débouché pour leurs enregistrements, tout en négociant des contrats d'artistes équitables permettant aux créateurs de cette musique d'en rester propriétaire et d'en garder la maîtrise. Autrement dit, nous ne pratiquons pas l'édition comme le font beaucoup d'autres maisons de disque.
En sus de nos obligations contractuelles d'organiser des tournées, nous aidons également nos artistes à trouver d'autres types de représentants, tels que des agents, des gérants, des contacts outre-mer, etc. Jusqu'à présent, nous avons dans notre catalogue une cinquantaine d'artistes et une centaine de disques.
Je voulais simplement faire ressortir cela car nous avons commencé à travailler de cette façon au milieu des années 90, et nous avons été un peu un modèle pour d'autres sociétés créées depuis — sans vouloir nous vanter, mais c'est la réalité.
L'artiste nous confie un disque original fini pour une période convenue, habituellement cinq ans. Nous fabriquons les disques et les distribuons à l'échelle mondiale sous forme tant physique que numérique — par exemple, iTunes ou Amazon.com, ainsi que des magasins de disque partout dans le monde. Nous envoyons des exemplaires promotionnels à quelque 900 points media au Canada, aux États-Unis. en Grande-Bretagne, en Europe, au Japan, en Australie en Nouvelle-Zélande. Nous faisons de la promotion et passons des annonces publicitaires pour nos disques dans les territoires précités et appuyons les tournées avec de la publicité et d'autres annonces dans les localités où des représentations ont lieu.
Contrairement à la plupart des maisons de disques, nous ne prélevons pas une partie des droits d'auteur des artistes. Nous considérons que ces redevances appartiennent à l'artiste ou au créateur. Nous nous y retrouvons parce que nous n'absorbons pas le coût des enregistrements. Autrement dit, nous ne payons pas le studio, les musiciens, etc. Nous prenons sous licence un produit fini d'un artiste ou d'un groupe.
Selon les modalités convenues, selon le nombre de musiciens, selon le studio, les enregistrements peuvent coûter de 10 000 $ à 15 000 $, voire 20 000 $ à 25 000 $ pour un enregistrement de style folk-roots, comme ces artistes pourront vous le confirmer. Si nous avions dû absorber ces frais, notre société aurait coulé il y a 10 ans, fatalement. Cela n'aurait tout simplement pas pu marcher.
Le style folk-roots recouvre des musiques très diverses. C'est un éternel débat: Qu'est-ce que la musique folk? Je ne chercherai même pas un début de définition. La musique dans nos catalogues va des airs de violon traditionnels de Terre-Neuve, du Cap-Breton et du Québec jusqu'à des chanteurs compositeurs de tout le pays, la musique des Balkans, etc. C'est un éventail de musique très ouvert.
Une chose que je puis dire de la musique folk et roots c'est que, d'une façon ou d'une autre, elle représente diverses traditions culturelles à travers le pays. Ce ne sont pas les chansonnettes d'amour passe-partout que vous entendez à la radio populaire, et c'est pourquoi nous ne passons pas sur les radios populaires. C'est pourquoi aucun d'entre nous ici ne passe à la radio populaire. C'est pourquoi nous ne composons pas de musique pop, qui est essentiellement fabriquée en série. Il existe des formules pour les fabriquer. Il y a moyen de créer un son ressemblant au dernier album de Britney Spears, et peut-être aurez-vous alors une chance de passer sur CHUM, ou quelle que soit la station à la mode ces jours-ci.
Ce n'est pas de la musique jetable, c'est ce qu'il importe de faire remarquer. C'est ce que comprend le Conseil des Arts du Canada: il ne s'occupe pas de musique jetable.
Le programme d'enregistrement sonore de musique spécialisée n'est assorti d'aucun critère disant que cette musique doit plaire à un auditoire de masse. Au lieu de cela, la musique est jugée en fonction de son mérite artistique inhérent, d'un budget réaliste et de la capacité de l'équipe de production à réaliser un produit professionnel. Et enfin, les membres du jury sont des personnes connues et respectées dans leur domaine musical propre. Je suis sûr que Gary Cristall vous a expliqué tout cela avant moi.
À nos yeux, en transférant le financement de la musique spécialisée à FACTOR et MUSICACTION, le risque est grand que les critères soient modifiés pour répondre aux besoins des grosses sociétés médiatiques commerciales et du monde de la musique pop. Après tout, tant FACTOR que MUSICACTION sont largement financés par les sociétés de radiodiffusion privées. Il n'y a pas de mal à cela, mais c'est la réalité. J'ai siégé à des jurys de FACTOR, et il y est entendu implicitement que nous devons tenir compte de la viabilité commerciale du projet. C'est compréhensible, étant donné que le programme FACTOR est considéré comme un prêt, et non comme une subvention. Par conséquent, il fonctionne comme un système de prêts, où l'on veut récupérer un dollar sur chaque disque vendu, et donc on s'inscrit dans un système de marché, etc.
Et sachez bien que je ne déteste pas la musique populaire. J'apprécie beaucoup de chansons pop. Cependant, de nos jours, ce n'est plus le même modèle commercial que celui que nous a donné Gordon Lightfoot, Joni Mitchell ou Neil Young. Aujourd'hui, le monde de la musique pop est à toutes fins utiles géré par des comptables et non des artistes et des gens de répertoire. Il fonctionne comme une usine fabriquant des pièces de série. La probabilité qu'une musique nouvelle moins accessible soit produite par ces conglomérats est plutôt mince.
L'industrie canadienne de l'enregistrement sonore est dominée par les quatre maisons de disques multinationales, qui contrôlent de 80 à 90 p. 100 du marché canadien de la musique. Ce sont ces maisons qui alimentent les radios commerciales. Pour leur part, des maisons sous contrôle canadien publient environ 90 p. 100 des disques à contenu canadien, alors que les sociétés sous contrôle étrangères publient environ 10 p. 100 de contenu canadien. Je pense que c'est là une réalité importante que tout le monde doit connaître.
Selon le ministère du Patrimoine canadien, les trois principaux objectifs de la politique canadienne de l'enregistrement sonore sont:
Rehausser l'accès des Canadiens et Canadiennes à un vaste choix d'oeuvres musicales canadiennes par l'entremise de médias traditionnels et nouveaux;
Rehausser les possibilités offertes aux musiciens et musiciennes et aux entrepreneurs culturels canadiens afin d'apporter une contribution durable et significative à l'expression culturelle canadienne; et
Faire en sorte que les musiciens et musiciennes et les entrepreneurs de la musique canadiens aient les habiletés, le savoir-faire et les moyens nécessaires pour réussir dans un environnement de mondialisation et de numérisation.
Je ne vois pas du tout en quoi les deux premiers de ces objectifs pourront être facilement remplis en transférant ce programme à FACTOR et MUSICACTION. J'estime que la suppression de ce programme du conseil mettra en péril l'accès à un vaste choix de voix et de traditions canadiennes et la capacité des artistes à apporter une contribution durable à l'expression culturelle canadienne, soit par eux-mêmes soit par le biais de sociétés comme la nôtre.
Au bout du compte, je pense que c'est un choix entre soutenir notre identité culturelle par l'intermédiaire de la musique et accroître les fonds versés à des intérêts commerciaux ayant le profit pour seul souci. Voilà la partie qui me fait peur.
Donc, pour conclure, je dirais que la prochaine fois que vous mettrez la main au portefeuille et en tirerez un billet de 20 $, vous pourrez lire au dos ces paroles de Gabrielle Roy: « Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes sans les arts? »
Merci.
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Je vais d'abord faire un bref commentaire à l'intention de Mme Menard.
Vous serez peut-être heureuse d'entendre qu'au Québec, il y a un groupe qui s'appelle La Bottine Souriante et qui fait de la musique traditionnelle québécoise. Ces dernières années, il a pris une tangente plus « jazzée ». C'est très populaire et ça passe à la radio commerciale, même si ce n'est pas tous les jours. Depuis 30 ans, il a vendu de nombreux disques, peut-être une vingtaine, une dizaine certainement. Je suis certaine qu'il n'est plus admissible à ce programme. Cela peut peut-être vous encourager pour la suite des choses.
Bien sûr, vous avez tous répondu à la question de savoir si vous avez déjà reçu des subventions —, notamment M. Dorion et vous, monsieur Garrett. Vous nous avez expliqué, si j'ai bien compris, que cela avait lancé votre carrière et vous avait permis d'obtenir le succès que vous avez connu par la suite.
Que serait-il arrivé si vous n'aviez pas reçu cette subvention? Quelles solutions le gouvernement devrait-il adopter dès maintenant?
Je veux remercier tous les témoins de vraiment insister sur le fait que le rôle de ce fonds est contraire à l'affirmation du ministre lorsqu'il a dit que ce fonds servait à des gens qui « ne sont nullement intéressés à exploiter la moindre possibilité commerciale ». Je vois d'après ce que vous dites qu'il y a là un point de divergence évident.
Ensuite nous avons la question de la consultation. J'ai lu l'évaluation sommaire du Fonds de la musique du Canada et il y a certainement eu consultation. Ce qui m'a surpris, c'est l'orientation suivie à partir de là, consistant à prendre l'argent et à le confier à FACTOR, car je n'ai certainement vu nulle part cette recommandation dans le document. L'évaluation sommaire a été faite en octobre 2007. Elle est disponible sur le site Internet de Patrimoine Canada. À la page 155, on nomme le groupe d'experts qui a fait les recommandations. Il comprend Rob Braide, vice-président de CHUM FM, qui appartient à Astral Media; David Kusek, de Berklee Media, de Boston, Massachusetts; Pierre Rodrigue, d'Astral Media Radio, Montréal.
Donc, deux des trois représentent Astral Media dans un même marché média. Est-ce que parmi vous il y en a qui travaillent avec eux régulièrement? Savez-vous pourquoi la société jouit d'un rôle aussi prépondérant, 66 p. 100 des conseils d'évaluation étant donnés par deux hommes représentant la même société dans la même ville?
Merci beaucoup, monsieur le président. Merci infiniment.
J'ai été un peu catastrophé à la suite de ce que j'ai entendu aujourd'hui de la part des six personnes qui sont venues nous parler. J'ai la très nette impression que la coupe de ce programme est en quelque sorte, pour les gens qui en profitaient, une manière de tuer l'avenir.
Je suis convaincu que si on soutient simplement ce qui est connu aujourd'hui, ce qui se fait aujourd'hui et ce qui est rentable aujourd'hui, on ne produira jamais rien de nouveau, et c'est l'avenir qu'on remet en question.
L'histoire est pleine de cas comme cela, partout: Marconi, Wernher von Braun, ce sont tous des gens dont les coûts des travaux ont été calculés comme il le faut. On a parlé ce matin du fait que Van Gogh n'avait jamais rien vendu de son vivant, et pourtant, aujourd'hui, les oeuvres de cet artiste sont les plus chères dans le monde.
La Tour Eiffel, dont la construction a été décriée par tous à l'époque, est aujourd'hui le symbole de la France. Le Cirque du Soleil, qui a reçu une subvention de 1 million de dollars — subvention donnée à un clown par René Lévesque à l'époque, pour une affaire complètement imbécile — est aujourd'hui le plus grand cirque du monde.
Si on coupe ce qui est nouveau et ce qui n'est pas rentable immédiatement, c'est cela qu'on coupe. Qu'en pensez-vous exactement?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame et messieurs les témoins, de vous vouer à votre travail et de rendre le Canada culturellement plus divers. Je pense que votre contribution aux arts et à la culture canadiens est considérable et nous l'apprécions.
Le ton de certains de vos commentaires me surprend. J'ai assisté à la remise des prix des Canadian Country Music Awards fin août et Heather Ostertag, qui est la directrice de FACTOR, s'est vue décerner un prix d'excellence pour l'ensemble de ses réalisations au service des artistes. Nous avons assisté un peu à une séance de dénigrement de FACTOR de la part de nos deux premiers groupes.
Je pense que FACTOR fait un bon travail et je suis fier de nombre des investissements qu'elle réalise. Les 138 millions de dollars que nous mettons dans le Fonds de la musique du Canada, qui est un prolongement et un supplément du programme, et les 31 millions de dollars supplémentaires, puisque nous faisons passer les crédits du Conseil des Arts du Canada de 150 à 181 millions de dollars, lui permet de porter à 9 millions de dollars son aide à la musique spécialisée, dont vous avez été nombreux à parler avec passion.
Peut-être que ce que nous voyons est-il une réaction viscérale due à une méconnaissance de l'état des choses. Je ne pense pas que ce que vous annoncez va se produire. Je dirais que cela ne se produit pas ou ne se produira pas. Nous nous sommes contentés de simplifier et d'affiner le programme.
Nous allons entendre beaucoup de témoins. J'ai dit plus tôt que, contrairement à d'autres industries, il n'y a pas d'avis unanime dans l'industrie de la musique sur ce qu'il faut faire pour la renforcer, et nous entendrons des avis divergents.
Je vous recommande à tous de jeter un coup d'oeil sur ce que le gouvernement a fait. Nous avons consacré énormément d'argent à cet effet et pris des engagements substantiels avec les investissements que nous avons effectués dans le Conseil des Arts et dans FACTOR. Je suis impatient d'entendre ici FACTOR, car je tiens à ce qu'elle défende son action.
Je suis sûr que vous n'avez nullement l'intention d'offenser qui que ce soit, mais je ne crois pas qu'il existe de musique jetable. Je ne crois pas qu'il existe un genre de musique que je n'aime pas. Je crois que certains des plus grands groupes pop vont transcender les générations, un peu comme les Beatles, qui sont incontestablement un groupe pop. Leur musique va résonner pendant des centaines d'années. Je pense qu'il est difficile de dire ce qui est jetable et ce qui ne l'est pas.
Je tiens à remercier chacun d'entre vous de votre témoignage aujourd'hui.