:
Monsieur le président, bonjour.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les parlementaires, membres du Comité permanent des langues officielles, bonjour.
Pour vous présenter les conclusions de mon troisième rapport annuel, je suis accompagné aujourd'hui de Johane Tremblay, commissaire adjointe par intérim, Politique et communications, de Ghislaine Charlebois, commissaire adjointe, Assurance de la conformité, de Pascale Giguère, directrice par intérim et avocate, Affaires juridiques, et de Lise Cloutier, commissaire adjointe, Services corporatifs.
[Français]
La Loi sur les langues officielles célèbre ses 40 ans cette année. Manifestement, les parlementaires qui ont oeuvré à son élaboration menant à sa sanction royale en 1969 étaient des visionnaires.
Cet encadrement législatif était absolument nécessaire pour l'avenir du pays. Comme balises importantes, les garanties linguistiques contenues dans la Charte canadienne des droits et libertés ont appuyé la révision de la Loi sur les langues officielles. Les avantages qui en ont découlé sont nombreux sur le plan des droits de la personne, de la culture, de la mobilité de la main-d'oeuvre et de l'économie. Ils profitent à tous les Canadiens et Canadiennes, quelle que soit leur langue maternelle.
Néanmoins, le temps est venu de faire disparaître les irritants et les contradictions de la mise en oeuvre du régime linguistique canadien. Plutôt, nous devons atteindre une certaine cohérence entre les politiques, programmes et initiatives variés du gouvernement.
[Traduction]
Mon rapport de cette année vise à évaluer la distance entre le chemin parcouru et le chemin qui nous reste à parcourir dans trois domaines: l'apprentissage des deux langues officielles, la qualité des services offerts par les institutions fédérales et l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver.
Malgré l'investissement important qu'il représente pour l'avenir du pays, l'accès à l'apprentissage des deux langues officielles reste limité. En permettant aux jeunes Canadiens d'acquérir des compétences utiles sur les plans professionnel, personnel et culturel, on facilite leur mobilité professionnelle. Dans le contexte économique actuel, je trouve déplorable que les gouvernements et les établissements postsecondaires ne mettent pas suffisamment l'accent sur des programmes d'apprentissage de la langue seconde.
Bien qu'on encourage les étudiants à emprunter la voie du bilinguisme tout au long de leur parcours scolaire, les établissements postsecondaires leur offrent rarement l'occasion de poursuivre leurs études dans leur langue seconde. Après 40 ans de politique linguistique, il est grand temps d'ouvrir les derniers tronçons de cette route. Le gouvernement fédéral doit faciliter la rencontre des différents acteurs pour créer un véritable continuum d'apprentissage en langue seconde.
[Français]
Selon nos observations effectuées auprès des institutions, les services gouvernementaux sont offerts dans la langue de la minorité lorsque la demande est importante dans 75 p. 100 des cas. Bien souvent, les institutions fédérales n'offrent pas de façon active leurs services dans la langue de la minorité et les citoyens hésitent à les demander dans leur langue.
De plus, on se contente trop souvent d'offrir à la minorité linguistique une version traduite des services offerts à la majorité. Pourtant, dans un jugement important rendu le 5 février 2009 dans l'affaire Desrochers, la Cour suprême déclare que les institutions fédérales doivent tenir compte de la nature des services et des besoins spécifiques des communautés de langue officielle.
Bref, l'obligation d'offrir des services de qualité égale dans les deux langues officielles peut ne pas se traduire par des services identiques.
Finalement, l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver illustrent bien certains obstacles à l'intégration de la dualité linguistique dans notre réalité canadienne. Je continue d'être préoccupé par le fait que notre pays a des difficultés à relever de façon exemplaire les défis liés aux langues officielles dans le cadre des jeux, et ce, bien qu'on y retrouve 26 millions d'anglophones et 9 millions de francophones.
[Traduction]
Comme l'indique mon étude présentée en décembre dernier et les conclusions de la campagne de sensibilisation auprès des institutions fédérales entreprise depuis, le comité organisateur et les institutions fédérales devront faire davantage pour s'assurer que le public canadien et les visiteurs ont accès à des services dans les deux langues officielles du pays.
J'espère toujours que les jeux refléteront la dualité linguistique avant, pendant et après l'arrivée des athlètes. Il reste peu de temps pour régler les problèmes les plus pressants, notamment à l'égard de la traduction, de l'interprétation et de la signalisation. Les institutions fédérales qui ont un rôle particulier à jouer doivent réaliser que la venue de milliers de visiteurs additionnels entraînera une demande accrue de services linguistiques. Cela est particulièrement important pour ce qui est des services offerts sur les sites des jeux et des services fournis au public voyageur, notamment dans les aéroports de Vancouver et de Toronto.
L'exemple des Jeux olympiques témoigne du besoin de mieux ancrer les langues officielles au sein des institutions fédérales, en ce qui concerne non seulement les services mais également l'appui aux communautés de langue officielle et la promotion de la dualité linguistique.
[Français]
En 2010, cinq ans se seront écoulés depuis que le Parlement a bonifié la partie VII de la Loi sur les langues officielles. J'avoue que je ne suis pas très impressionné par la façon dont le gouvernement a géré la mise en oeuvre de cette partie de la loi. La réponse a été lente et minimaliste. Mon personnel et moi porterons donc une attention particulière à cet enjeu au cours de l'année 2009-2010.
Pour dynamiser la dualité linguistique au sein de la société canadienne, je tiens à inviter de nouveaux joueurs à s'engager. Comme je le décrirai lors d'une présentation subséquente, j'invite les établissements postsecondaires à établir un lien étroit entre l'offre de programmes en langue seconde et les besoins en main-d'oeuvre bilingue des employeurs, comme la fonction publique fédérale. J'invite aussi les jeunes à perfectionner leur apprentissage de la langue seconde en ciblant les occasions offertes par l'autre communauté linguistique. Finalement, j'encourage le leadership et l'engagement des dirigeants du secteur public et les gestionnaires des services publics, qui doivent être ravivés pour faire de la dualité linguistique une valeur omniprésente dans les institutions fédérales.
[Traduction]
Il faut profiter du renouvellement de la fonction publique pour faciliter la formation de futurs dirigeants déterminés à promouvoir la dualité linguistique, comme valeur, tant par leurs gestes quotidiens que par la mise en oeuvre et la gestion de programmes et de politiques linguistiques. Bien sûr, le tout devra être appuyé par un leadership soutenu de l'appareil fédéral, basé sur une vision dynamique de la dualité linguistique empreinte de respect, de dialogue et de partenariat. Pour ce faire, un engagement soutenu du gouvernement fédéral est nécessaire.
Au mois de juin 2008, le gouvernement a rendu publique sa « Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne ». Je m'inquiète toujours du retard accusé dans la mise en oeuvre de cette initiative, du peu d'information disponible quant à certains projets et de l'incertitude que génère la disparition de programmes dans certains domaines visés par la feuille de route 2008-2013.
L'absence d'objectifs précis rattachés à la feuille de route du gouvernement n'a rien pour nous assurer d'une mise en oeuvre optimale. Les organismes communautaires, le milieu de l'enseignement et les gouvernements provinciaux sont préoccupés, parce qu'ils n'ont pas une vision claire de l'action du gouvernement fédéral. Si les investissements engagés dans divers programmes sont certainement les bienvenus, le gouvernement gagnerait à énoncer une vision globale et des objectifs précis de ce qu'il compte accomplir.
[Français]
La vision des parlementaires de 1969 était ambitieuse, audacieuse et surtout cruciale pour l'avenir du pays. Après 40 ans, d'autres défis nous attendent. Si, à l'époque, il s'agissait d'un moyen pour rassembler les Canadiens et faire en sorte que l'État puisse les servir dans la langue officielle de leur choix, il s'agit maintenant de les aider à réaliser leur plein potentiel.
Je vous remercie de votre attention. J'aimerais prendre le temps qu'il me reste pour répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Fraser, d'être parmi nous aujourd'hui.
Après avoir lu votre rapport, j'ai l'impression que vous êtes mal à l'aise et inquiet compte tenu de l'inaction du gouvernement en ce qui a trait à ses responsabilités concernant la Loi sur les langues officielles.
Au moment de votre dernière comparution devant ce comité, vous nous avez fait part de vos inquiétudes concernant le transfert de responsabilités au Conseil du Trésor. Le comité a donc cru pertinent d'inviter le président du Conseil du Trésor à nous rencontrer. M. Toews a comparu devant le comité le 5 mai dernier. Dans ses déclarations, il a mentionné la restructuration, mais il n'avait nullement changé ses responsabilités. Il nous a indiqué ses responsabilités vis-à-vis des parties IV, V, VI et VII de la Loi sur les langues officielles. Toutefois, dans votre deuxième recommandation, qui est adressée au président du Conseil du Trésor, vous lui recommandez, entre autres, d'assumer pleinement les responsabilités que lui confère la partie VIII de la Loi sur les langues officielles, à l'égard de toutes les institutions fédérales y compris les employeurs distincts. M. Toews n'a jamais mentionné ces responsabilités relativement à cette partie de la loi. Puisque vous le mentionnez dans votre deuxième recommandation, je crois que ce doit être très important.
Croyez-vous qu'il est bien conscient de ses responsabilités relativement à cette partie de la loi? Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ces responsabilités relatives à la partie VIII?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord saluer M. Fraser et ses collègues.
Monsieur Fraser, j'ai lu votre rapport. J'ai noté 12 points, mais je sais qu'on ne pourra pas les aborder tous en cinq minutes.
J'ai travaillé à la Fédération des communautés francophones et acadienne et à la Fédération de la jeunesse canadienne-française. J'ai travaillé aussi pour l'obtention de la gestion scolaire en Saskatchewan et j'ai enseigné en milieu minoritaire. Je suis issu de ce milieu. Je suis en faveur de l'indépendance du Québec, mais c'est une question dont on reparlera plus tard, bien que ce soit un bon sujet.
J'ai remarqué que le mot « assimilation » n'était jamais utilisé. En fait, dire qu'il ne l'est jamais est peut-être un peu fort. Disons qu'il l'est très rarement. Pour ce qui est de la pérennité du fait français au Canada, voire en Amérique du Nord, je peux dire que c'est mon cheval de bataille. Ce n'est pas vrai que le Canada a fait ce qu'il fallait. Il a entre autres laissé les provinces faire des choses épouvantables. C'est pourquoi il nous faut un Québec indépendant.
Vous dites dans votre conclusion qu'on est beaucoup plus près de l'égalité. Or, j'ai l'impression qu'on est encore très loin, sinon de plus en plus loin de la pérennité du fait français. Le français perd énormément de terrain. Comme je l'ai dit dans le cadre d'un article du quotidien Le Droit, à la suite de votre rapport, le bilinguisme au Canada, c'est un concept et non une réalité. C'est ce qui fait mal.
Concernant la question de l'assimilation, vous dites ceci à la page IX de votre rapport: « [...] les pressions exercées sur les communautés de langue officielle en faveur de l’assimilation demeurent importantes. » En outre, vous dites ce qui suit à la page 55: « Les membres des communautés francophones hors Québec comptent parmi les Canadiens les plus bilingues au pays (84 p. 100 d’entre eux parlent français et anglais) ». Je préfère qu'on parle d'Acadiens ou de Franco-Canadiens plutôt que de francophones hors Québec. Dans leur cas, on parle davantage de passage à l'assimilation que de respect du fait français, à mon avis. Je ne dis pas que c'est un péché d'être bilingue. Je le suis moi-même.
J'aimerais savoir pourquoi il n'est pas question de la disparition du fait français due à l'assimilation chez les gens pour qui le français a été la langue d'usage dès le plus jeune âge. Pourquoi n'en parlez-vous pas dans votre rapport? Voudriez-vous aborder cette question dans l'avenir? Vous pourriez y consacrer ne serait-ce que trois ou quatre pages afin de démontrer qu'il y a péril en la demeure.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Fraser, j'aimerais d'abord vous remercier, vous et votre équipe, de l'appui que vous avez donné à mon projet de loi, soit le projet de loi C-232, Loi modifiant la Loi sur la Cour suprême. Vous avez dit qu'il s'agissait d'un message très fort venant d'en haut, de leadership donné à ce pays. Dans ledit pays, supposément bilingue, deux langues officielles ont été adoptées. La Loi sur les langues officielles célèbre ses 40 ans cette année.
Dans votre rapport, vous dites que les choses n'évoluent pas assez vite: soit qu'on recule soit que ça ne va pas. En réponse à une question posée à la Chambre des communes, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a maintenu que le Canada avait fait beaucoup de progrès depuis l'adoption de la Loi sur les langues officielles. On peut lire ce qui suit: « M.Moore a défendu son gouvernement, citant des passages positifs du rapport de Graham Fraser, qui mentionne que “l'avenir des communautés de langues officielles est hautement prometteur” ».
Il y a une contradiction. Presque partout dans votre rapport, vous dites ne pas être heureux de la situation alors que dans ce passage, vous dites que l'avenir est prometteur. Ça me cause un problème.
Hier soir, on a voté sur mon projet de loi, qui porte sur les juges de la Cour suprême. Aucun député conservateur n'a voté en faveur de ce projet, même pas la ministre responsable de la francophonie. Pas un seul membre du Comité des langues officielles, incluant le président, ne l'a fait, alors qu'il s'agissait d'un projet de loi émanant des députés et que dans ce cas, les gens peuvent voter sans tenir compte de la ligne de parti.
Ne voyez-vous pas que c'est pour le gouvernement actuel une façon de nous faire savoir qu'il n'est pas prêt à accepter le fait qu'il y a deux langues officielles? Dans un pays où vivent 33 millions de personnes, on ne pourrait pas trouver neuf juges bilingues?
À ce sujet, je veux clarifier une chose: je me moque carrément du fait qu'un juge de la Cour suprême soit francophone ou anglophone, en autant qu'il soit capable de lire nos lois dans les deux langues officielles du pays. Comme vous l'avez dit vous-même, la loi n'est pas traduite: elle est écrite en français et en anglais. La cour a été établie pour le citoyen. La nomination des juges ne doit pas servir à faire des petits cadeaux.
Si, sur 33 millions de Canadiens, Canadiennes, Québécois et Québécoises, on ne peut pas trouver neuf personnes capables de parler les deux langues officielles, on a un sérieux problème. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
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Monsieur le président, je tiens à féliciter le député pour son projet de loi. Il défend de façon très éloquente des principes que je défends moi-même, à savoir qu'il est important que les juges de la Cour suprême comprennent les plaidoyers, les documents et les lois canadiennes. Ces lois, comme l'a dit le député, ne sont pas traduites: elles sont écrites en anglais et en français.
Avant-hier, lors de ma conférence de presse, on m'a posé une question à ce sujet, et j'ai dit qu'une chose me frappait. Je vais ouvrir une parenthèse et répondre à la question du député en abordant les interprétations diverses de mon rapport.
La situation linguistique au Canada est complexe. Il y a des histoires à succès et des ratés. La nature même du débat politique fait que certains sont davantage portés à souligner les ratés, les défis et les problèmes que les histoires à succès. J'assume tout cela dans mon rapport, et quand je le présente, mon objectif est d'indiquer quels sont les défis à venir.
À mon avis, quand on voit de telles situations, on peut clairement parler d'incohérence. On a un système qui permet au citoyen de se faire entendre. Dans le cadre de l'actuel gouvernement, on a même amélioré ce système, cette année, de façon à garantir à l'accusé le droit de subir son procès dans la langue de son choix. Par contre, on fait une importante exception: la Cour suprême. Moi, je trouve ça incohérent.
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Encore une fois, je souhaite la bienvenue à tous nos témoins. Lorsque j'ai lu votre rapport, j'étais vraiment contente de voir que vous avez aussi porté votre attention sur les réussites. Cela m'intéresse beaucoup, parce qu'il y a un adage, en anglais et en français, qui dit que le succès ne vient jamais avant le travail, sauf dans le dictionnaire.
Nous continuons notre travail et nous espérons connaître beaucoup plus de réussites. Comme vous l'avez mentionné dans votre rapport, il y a déjà des réussites. J'aimerais vous rappeler que notre comité a tenu une réunion cette semaine. Je veux revenir sur ce qu'a dit Mme Zarac. Les membres de notre comité ne sont pas nécessairement toujours au courant de ce qui se passe sur le plan des langues officielles. J'ai écouté patiemment pendant que l'on posait des questions à notre témoin, l'ombudsman. On a répété plusieurs fois certaines questions sur les promotions à la Défense nationale. Même nos députés ne savaient pas que le 5 janvier 2009, un général indiquait dans une lettre qu'il fallait être bilingue pour obtenir une promotion. On dit que M. Toews ne connaissait pas bien son ministère, mais je vous rappelle que vous ne connaissez pas toujours tout non plus. Je veux répéter, pour M. Toews, que la partie VIII se rapporte au parties IV, V et VI. Ce n'est pas que M. Toews ne le savait pas, c'est que la partie VIII n'existe pas sans les parties IV, V et VI.
Je veux revenir aux réussites. Je veux citer quelques mots de votre rapport: « [...] au cours de la dernière année, Patrimoine canadien a mis sur pied plusieurs initiatives pour renforcer son rôle de coordination interministérielle de la partie VII [...] »
On sait que Patrimoine canadien offre maintenant des séances de formation aux analystes du Bureau du Conseil privé et du Secrétariat du Conseil du Trésor afin de les sensibiliser à l'importance de la partie VII et à la façon d'en tenir compte lors de l'examen des soumissions et des mémoires au Cabinet.
La partie VII est encore mentionnée, parce qu'il y a eu des réussites. M. Toews est au courant de ces réussites qui ont touché son ministère. Voilà comment la partie VII touche son ministère.
Patrimoine canadien met actuellement la touche finale à un outil de travail sur la partie VII, afin d'aider les ministères qui préparent un mémoire pour le Cabinet à faire une bonne analyse des répercussions possibles de leurs propositions de politiques et de programmes sur les communautés de langue officielle et sur la dualité linguistique. Ce sont des exemples de réussites au sein de Patrimoine canadien, et il y en a d'autres.
Je voudrais savoir une chose. Si vous étiez aujourd'hui ministre de Patrimoine canadien et des langues officielles, que feriez-vous de différent?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le commissaire, je vous remercie d'être présents, vous et les gens de votre bureau. J'ai la grippe, ce matin. Je serai peut-être moins en forme, mais je ferai de mon mieux.
J'aimerais revenir à ce que Mme Glover a dit. Monsieur le commissaire, vous avez mentionné qu'on vous a dit que c'était une erreur de frappe. C'est toute une erreur de frappe! Je suis convaincu que vous avez pris le temps de lire la transcription des témoignages de la réunion du comité à laquelle il a participé. Il n'était même capable de différencier, dans les parties IV, V et VI, qui était responsable de quoi dans telle ou telle section. Je pense que ce n'était pas seulement une erreur de frappe. Le ministre a probablement tout simplement oublié. Cependant, au lieu de laisser Mme Glover répondre à sa place, je pense qu'on demandera au ministre de revenir devant le comité. Il aura la chance d'expliquer lui-même s'il y a des choses qu'il ne connaît pas dans son ministère, surtout quant à ses responsabilités sur le plan des langues officielles. Après cela, on verra s'il a vraiment la volonté de s'assurer qu'il respecte les gens et ses responsabilités.
J'aimerais revenir à la page 3 de votre allocution. On peut y lire ceci: « En 2010, cinq ans se seront écoulés [...] ». On parle de la partie VII, monsieur le commissaire. Je vais vous donner un exemple concret, et vous me direz si c'est acceptable pour les communautés et les regroupements de langue officielle.
Des groupes ont soumis des demandes de financement au gouvernement conservateur au mois de novembre. C'est un exemple typique, mais on pourrait en sortir des tonnes. Ainsi donc, ils ont fait une demande pour des fonds de fonctionnement et une demande de fonds pour des projets en novembre 2008. Les ententes se terminaient le 31 mars 2009. On est le 28 mai. On parle de deux mois après la fin des ententes. Ces organismes ont été oubliés et ils se demandent s'ils vont recevoir leur financement ou s'ils devront mettre la clé dans la porte parce que l'argent n'est pas disponible. Ils se demandent quand ils pourront réaliser différents projets — je vous parle d'éducation — dans différents collèges et universités. Croyez-vous qu'il soit acceptable que des organismes doivent maintenant vivre grâce à l'argent personnel des gestionnaires ou des membres de conseils d'administration — des bénévoles — et que, deux mois plus tard, ils ne savent même pas s'ils seront en mesure, au cours de l'année, de mettre sur pied des projets qui feront avancer la situation sur les plans de l'éducation et des langues officielles dans les milieux minoritaires, que ce soit anglais ou français?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Fraser, il me fait plaisir de vous revoir. Je ne vous demanderai pas si vous feriez mieux si vous étiez ministre, parce que je suis certaine que vous feriez mieux que ce qui se passe présentement.
J'ai devant moi un article du journal d'hier où on peut lire ce qui suit:
Les douaniers unilingues d'Ottawa n'auront pas à apprendre le français.
Les douaniers unilingues anglophones pourront continuer à accueillir les visiteurs à l'Aéroport international d'Ottawa, en autant qu'ils fassent appel à des collègues bilingues pour offrir le service en français aux voyageurs qui l'exigeront.
Ça, monsieur Fraser, c'est inacceptable aujourd'hui, surtout à Ottawa. On est censé être un pays bilingue. Or, c'est complètement faux. On n'a qu'à aller rue Sparks pour constater qu'on n'arrive pas à se faire servir en français. Je trouve cela totalement inacceptable. C'est quelque chose qu'il faut absolument examiner de près.
Dans un autre article, on dit qu'en matière de bilinguisme, les aéroports font piètre performance. Les Jeux olympiques de Vancouver s'en viennent à grand pas. On sait qu'il y a un problème et qu'on ne sera pas capable d'avoir les services dans les deux langues officielles. On a 9 millions de francophones et 26 millions d'anglophones. On devrait être capable de fournir ces services. Or, ça n'arrivera pas. Je vous le dis, on aura une grande surprise lors des Jeux olympiques de 2010, et ça ne sera pas du tout flatteur pour le Canada.
J'aimerais connaître votre opinion à ce sujet. Le fait que des douaniers n'aient pas l'obligation d'apprendre le français est vraiment inacceptable. Cela mérite une plainte. Il faut faire quelque chose pour changer cela.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci de votre présence ici aujourd'hui.
M. Godin a fait quelques commentaires au sujet des juges de la Cour suprême. J'aimerais en faire aussi. C'est évident, selon moi, que le bilinguisme est très important quand le gouvernement choisit les juges de la Cour suprême. C'es un critère tellement important que huit des neuf juges de la Cour suprême en poste aujourd'hui sont bilingues. C'est une grande réalisation, non seulement de la part de notre gouvernement, mais aussi de la part des anciens gouvernements.
[Traduction]
Mais il y a d'autres critères importants également, bien entendu, s'agissant de la nomination des juges à la Cour suprême. Par exemple, il est important que les juges de cette cour représentent les diverses régions. Je ne pense pas que les Canadiens verraient d'un bon œil que tous les juges de la Cour suprême soient originaires d'une même région, mais rien n'est prévu à cet effet dans la loi. Par exemple, il y est important également que les femmes comme les hommes soient représentés à la Cour suprême, mais on n'a pas légiféré là-dessus. Il y est également important que les juges soient bilingues, mais aucune disposition de la loi ne l'exige. Si le gouvernement devait légiférer sur tous ces points — pourcentage de femmes, régions précises de provenance des juges de la Cour suprême, tous ces critères — on peut imaginer à quel point la situation se compliquerait.
[Français]
Mais selon moi, la plus grande inquiétude est que si le projet de loi de M. Godin est adopté, on ne fait pas la promotion des deux langues officielles, parce qu'un élément critique de la Loi sur les langues officielles est que les Canadiens ont le droit d'être unilingues, francophones ou anglophones, ou d'être bilingues. C'est le choix de chacun des Canadiens. Selon M. Godin, si le meilleur candidat est bien qualifié, qu'il a beaucoup d'expérience juridique, qu'il est très compétent mais qu'il est unilingue francophone, il n'est pas acceptable.
[Traduction]
Et il en va de même pour les anglophones. Si un juge unilingue anglophone était le candidat le mieux qualifié — possédant une expérience juridique hors pair — de telles dispositions législatives le décourageraient de se porter candidat. Si ce projet de loi est adopté, il serait disqualifié aux yeux de M. Godin. C'est ce qui m'inquiète, monsieur le commissaire. Vous êtes le commissaire aux langues officielles. Que diriez-vous à des candidats unilingues francophones à la magistrature
[Français]
— les personnes unilingues francophones qui veulent devenir juges —
[Traduction]
et que direz-vous aux candidats anglophones unilingues que le gouvernement ne pourra plus accepter si cette loi est appliquée.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je ne veux pas consacrer tout mon temps à ce sujet. Le projet de loi a été adopté hier soir. Je signale toutefois, pour les fins du compte rendu, que la dernière fois qu'il a fallu nommer des juges à la Cour suprême, les quatre candidats pleinement compétents étaient bilingues. Les prochaines nominations auront lieu dans cinq ans.
Le représentant de l'Université de Toronto qui est venu témoigner il y a quelques semaines a dit qu'on devait mettre les universités au courant afin qu'elles puissent commencer à former les étudiants. Si la formation n'est pas donnée actuellement, c'est parce qu'elle n'est pas nécessaire. Dès que le message sera entendu, les universités vont faire le nécessaire.
Je ne pense pas qu'il y ait de problème dans le propos de M. Lemieux. Il s'agit de savoir si le tribunal existe pour le juge ou pour les citoyens. S'agit-il de la justice à rendre aux citoyens ou de nommer un juge? Il y a des juges qui siègent dans les instances inférieures, les cours provinciales ou la cour fédérale. Qu'on ne me dise pas que cette magistrature-là n'est pas compétente pour siéger à la Cour suprême. Les juges sont nombreux au Canada et cela me donne confiance dans notre système.
[Français]
Ma question concerne Air Canada. Est-ce qu'Air Canada viole la Loi sur les langues officielles? Je veux parler de la situation qui prévaut à l'aéroport d'Ottawa présentement. Dans votre rapport, vous l'avez spécifié, vous avez même mis l'accent là-dessus. Est-ce seulement parce que vous n'êtes pas satisfait de leur manière de faire les choses, ou sentez-vous qu'il y a violation de la loi? Je sais que des journalistes ont posé des questions à savoir pourquoi les autres compagnies aériennes ne sont pas visées par cette loi. Cependant, il faut se rappeler qu'Air Canada est une compagnie qui a déjà appartenu au gouvernement, que c'était une compagnie publique. Et quand les propriétaires actuels l'ont achetée, ils sont aussi acheté l'obligation de respecter les langues officielles. Ils ont donc une obligation à cet égard.
J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet parce que je pense que c'est important. Ce problème dure toujours, et il n'a pas commencé l'année dernière.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Fraser.
Je ferai simplement un commentaire. Je viens de la province de Québec. La Loi sur les langues officielles a été créée par les libéraux en 1969, soit il y a 40 ans. Depuis ce temps, qu'y a-t-il eu? Premièrement, il y a eu l'adoption de la loi 101. Deuxièmement, il y a eu l'apparition d'un parti séparatiste qui s'oppose aux autres partis du Canada parce qu'on a de la difficulté à faire reconnaître notre langue par les autres provinces. Troisièmement, il y a eu le passage de la région de Montréal du statut de métropole du Canada à celui de métropole régionale, comme ils le disent. Quatrièmement, nous avons actuellement un taux d'immigration qui est l'un des plus bas comparativement à celui des autres provinces, même si les immigrants viennent de pays francophones. Cinquièmement, la langue française est utilisée dans les relations de travail, mais on en parle une autre le soir, parce que la culture des non-francophones en question n'en est pas une de souche, comme on l'appelle. C'est ce que je veux vous faire comprendre.
Je ne veux pas être dur envers vous, mais je veux comprendre. Plus tôt, vous avez mentionné quelque chose qui a attiré mon attention. En répondant à une question et en prononçant votre propre discours d'introduction, vous avez dit que l'assimilation était certaine. Cela veut dire deux choses. Regardez vos notes, vous l'avez dit en réponse à une question — excusez-moi, ce n'était pas dans votre discours d'introduction. Si l'assimilation est certaine, la théorie de M. Nadeau n'est-elle pas valide, en réalité, à savoir qu'on devrait se séparer du reste du Canada?
:
Il va falloir que je consulte la transcription des témoignages. Je ne crois pas avoir dit que l'assimilation était certaine dans le sens où elle est inévitable. Ce que j'ai peut-être dit, c'est qu'il est certain que l'assimilation est un phénomène qui existe. Je ne peux pas contester les chiffres.
En considérant le chemin parcouru durant les 40 dernières années, je pense qu'on est en meilleure position maintenant qu'il y a 40 ans sur le plan de la vitalité des communautés minoritaires. Maintenant, des écoles françaises et des postes de télévision et de radio en français sont accessibles partout au pays. De plus, les francophones peuvent recevoir des services trois fois sur quatre, partout au pays, lorsque les postes des employés en service sont désignés bilingues.
Ce n'est pas parfait et le niveau atteint n'est pas aussi élevé que je le souhaiterais. Soixante-quinze pour cent, ce n'est pas une note qui permet à un étudiant de recevoir une bourse. On ne reçoit pas de prix avec une note de 75 p. 100, mais ce n'est pas un échec.
Si on considère le chemin parcouru, il faut aussi se rappeler que pendant les années 1960, peu après l'adoption de la loi, les gens au Québec avaient tendance à traiter les communautés minoritaires hors Québec de dead ducks, comme le disait René Lévesque. Je m'excuse, mais ce n'est pas le cas. Une des choses qui m'ont frappé lorsque j'ai traversé le pays d'un océan à l'autre, c'est l'énergie, la vitalité et l'imagination dont font preuve ces communautés minoritaires.
Je dois aussi dire qu'il est difficile et parfois compliqué de choisir de vivre en situation minoritaire, autant pour les anglophones au Québec que pour les francophones dans une province autre que le Québec. On vit dans un monde qui change et où il y a des pressions linguistiques, et ce, partout dans le monde. Toutefois, je ne crois pas que les communautés minoritaires soient condamnées à disparaître.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Fraser, j'aimerais revenir sur ce que M. Lemieux disait plus tôt. Évidemment, je ne suis pas d'accord avec lui. Un seul juge est unilingue anglophone à la Cour suprême, et c'est un de trop. C'est ça qu'il faut comprendre. Les neuf juges devraient tous être bilingues. Ce n'est pas compliqué. On donne des services aux citoyens. Le bilinguisme n'est pas que pour la personne qui se rend à la Cour suprême. Je le répète: c'est un service aux citoyens. C'est très important.
À la page 81, vous parlez d'accords de collaboration. Le présent comité, lors de la législature précédente, avait justement déposé un rapport pour parler du recours aux mécanismes de financement. Vous avez raison. Pour l'avoir vécu, je sais que tant chez les libéraux que chez les conservateurs, on demande aux petits organismes, qui sont petits en nombre mais grands en termes d'activités, de tout mettre à des dates très précises, sinon ils sont punis. Puis, le gouvernement fédéral envoie de l'argent sept mois plus tard. C'est encore ce qui se passe et c'est inacceptable. Ce rapport est connu, vous en parlez dans votre document. Je trouve que c'est difficile pour ces communautés.
Je veux vous faire part de quelque chose parce que ça touche ma circonscription. Je lève mon chapeau à Mme Marie Lemay et aux intervenants de la CCN. Cependant, j'aimerais attirer votre attention sur M. Russell Mills, qui est le président du conseil d'administration. On l'a choisi en nous promettant qu'il deviendrait bilingue. Or, il ne l'est pas. C'est une tache sur le fait français dans la région, tant à Gatineau que chez les Franco-Ontariens.
Le ministre Lawrence Cannon devrait encore avoir entre les mains le dossier de la CCN. Je ne sais pas si c'est lui qui a nommé M. Mills, mais c'est lui qui l'a présenté. Quoi qu'il en soit, c'est inacceptable, surtout que cet organisme a beaucoup trop de pouvoir par rapport aux municipalités de la région. Qu'une personne d'un conseil d'administration formé de gens provenant d'un peu partout au Canada vienne dire à Gatineau ou à Ottawa quoi faire... On nous dit que c'est un partenariat, mais en fait, c'est parce qu'ils ont l'argent et qu'ils tiennent le gros bout du bâton. À mon humble avis, il faudrait que ce soit souligné. Russell Mills, c'est à toi que je parle.
Vous avez parlé de l'aéroport d'Ottawa et de la question des tiers. Je veux aussi vous parler du Festival canadien des tulipes qui se déroule à Ottawa. Les responsables de ce festival nous disent qu'ils ne sont pas obligés de donner des services en français. Pourtant, c'est un tiers de la CCN. Je ne blâme pas la CCN de fournir des platebandes de tulipes, mais je la pointe du doigt. Cela a été un dossier important. Il faut absolument dire à ces organismes qu'il est tout à fait inacceptable que les responsables du Festival canadien des tulipes ne pensent pas être obligés de fournir des services en français, qu'il leur suffit d'en fournir par pitié, parce qu'on est dans le décor.
Je vais terminer en parlant de la situation des langues officielles aux aéroports de Vancouver et de Toronto en regard des Jeux olympiques de Vancouver. Monsieur le commissaire, il s'agit d'une activité internationale. On va recevoir à Vancouver des francophones de tous les pays du monde et des personnes provenant de différentes régions canadiennes. Si la situation des langues officielles n'est pas acceptable lors des jeux, vous pouvez imaginer ce que vivent les francophones en temps normal. Ces conditions sont tout aussi inacceptables.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir cette occasion de présenter les résultats préliminaires de notre étude sur le possibilités d'apprentissage en langue seconde dans les universités canadiennes. Cette question m'a toujours grandement intéressé et je pense qu'elle revêt aussi une grande importance pour les Canadiens.
Je suis accompagné aujourd'hui de Carsten Quell, directeur, Politiques et recherche, de Mylène Thériault, chef d'équipe, Politiques et recherche, et de Mark Goldenberg, le consultant qui collabore étroitement avec le personnel de mon bureau pour cette étude.
[Traduction]
Bien que nous connaissions déjà très bien la situation et que nous disposions d'une grande quantité de données sur l'apprentissage de la langue seconde au primaire et au secondaire, je crois que cette composante essentielle est indispensable afin que les Canadiens et les Canadiennes aient accès à un véritable continuum d'apprentissage de la langue seconde. Mon rapport annuel comprend certaines recommandations, entre autres celle faite au ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles de mettre en œuvre rapidement les engagements annoncés dans la « Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne ». Une telle mesure aurait pour but de soutenir l'apprentissage de la seconde langue officielle en réunissant tous les partenaires concernés.
La connaissance de nos deux langues officielles est primordiale pour l'épanouissement de notre jeunesse, surtout si l'on tient compte de l'économie mondiale du savoir et de l'intensification de la concurrence internationale. De plus, la connaissance du français et de l'anglais par un plus grand nombre de Canadiens témoignerait également du sérieux qu'attache le Canada à la promotion de la dualité linguistique et favoriserait le bon fonctionnement de notre pays dans de multiples secteurs. Dans le contexte du renouvellement de la fonction publique, il est essentiel que notre gouvernement dispose d'un plus vaste bassin de recrues bilingues.
[Français]
Aujourd'hui, je vous livre le premières constatations de l'étude majeure que nous entreprenons. Dans le cadre de cette étude, nous avons procédé à un vaste sondage sur les cours et programmes en langue seconde actuellement offerts dans les universités canadiennes.
Les universités offrent en général un bon accès aux cours de langue seconde. Cependant, les possibilités pour les étudiants de faire leurs études dans la langue seconde sont plutôt limitées.
Nous avons constaté qu'en général, les étudiants ont facilement accès aux cours et programmes réguliers d'apprentissage de la langue seconde. Cependant, ils ont relativement peu de possibilités de le faire de façon plus intensive, par exemple en suivant certains cours de leur programme dans leur langue seconde. Seulement un nombre très limité de cours dans une gamme très restreinte de matières sont offerts dans la langue seconde.
[Traduction]
Très peu d'universités ont une politique ou des exigences en matière de langue seconde. Celles qui existent sont plutôt minimales et s'appliquent uniquement à de rares cours offerts dans une langue autre que le français au Québec et autre que l'anglais ailleurs au pays.
Par ailleurs, il existe peu de véritable collaboration entre les établissements anglophones et francophones du Canada qui permettrait aux étudiants d'avoir plus d'occasions d'être exposés à la langue seconde. Beaucoup d'universités canadiennes offrent ou facilitent des occasions d'échange avec d'autres pays, mais les occasions d'échange entre établissements situés au Canada sont très limitées.
Voici une constatation qui pourrait vous intéresser: seuls quelques programmes d'administration publique offerts au Canada comportent des cours dans l'autre langue, des exigences linguistiques ou des activités intégrées de type échange.
[Français]
Qu'est-ce qui marche? Comment améliorer l'apprentissage en langue seconde à l'université?
Les étudiants estiment que le professeur est le facteur le plus important et que les classes plus petites favorisent plus d'interactions dans la langue seconde. D'après eux, des cours de langue seconde plus étoffés — à contenu précis ou de nature culturelle — rendent l'apprentissage plus exaltant. Ils trouvent qu'il serait à leur avantage de prendre au moins quelques cours dans leur domaine dans la langue seconde afin d'approfondir leur connaissance de celle-ci.
Les spécialistes de l'apprentissage linguistique s'entendent tous sur l'efficacité de l'apprentissage fondé sur le contenu. Ils sont aussi d'avis qu'il faut offrir une gamme de mesures de soutien à l'apprentissage adaptées aux situations particulières ainsi qu'aux besoins des établissements et des étudiants. Ils nous ont affirmé que la reconnaissance et l'accréditation sont des facteurs importants de motivation pour les étudiants et que des possibilités d'apprentissage en langue seconde doivent être offertes dès le début des études universitaires.
[Traduction]
Les professeurs et administrateurs d'universités qui s'occupent des programmes en langue seconde disent que le leadership et l'engagement des échelons supérieurs sont indispensables et que l'université doit indiquer clairement qu'elles valorisent l'apprentissage de la langue seconde. Cela exige de la planification, de la coordination, de l'organisation et des négociations avec d'autres facultés et établissements. Cela signifie également des coûts additionnels pour les universités et les facultés, coûts dont ne tient pas suffisamment compte la formule de financement par tête. Étudiants, professeurs, administrateurs, experts, représentants gouvernementaux, tous s'entendent pour dire que les occasions concrètes d'utiliser la langue seconde, les échanges et les autres possibilités d'interaction avec des gens qui parlent cette langue sont d'une importance capitale. On ne peut pas apprendre parfaitement une autre langue simplement en suivant un cours.
Enfin, nous savons qu'il existe quelques initiatives intéressantes, bonnes pratiques, modèles et approches possibles qui sont efficaces et peuvent nous montrer la voie à suivre. Citons par exemple le savoir-faire et l'expérience d'établissements bilingues comme l'Université d'Ottawa et le Collège Glendon de l'Université York, les efforts déployés par le Campus Saint-Jean et le Collège universitaire de Saint-Boniface pour attirer des étudiants anglophones et leur offrir une expérience d'apprentissage du genre « immersion », les formules de cours de langue seconde adaptés à des disciplines particulières, comme l'anglais des affaires à l'Université de Montréal et le français des affaires ou le français juridique à l'Université Western Ontario, le Bureau des affaires francophones et francophiles de l'Université Simon Fraser, le programme d'immersion d'un semestre à Saint-Pierre-et-Miquelon de l'Université Memorial, et bien d'autres encore.
Et maintenant, où allons-nous?
[Français]
Nous savons qu'un plus grand nombre de possibilités d'apprentissage en langue seconde à l'université, ainsi que des possibilités de meilleure qualité, sont importantes — pour les jeunes et pour le Canada. Nous savons que les occasions d'être exposé de façon intensive à la langue seconde sont limitées. Nous savons que les besoins et la demande dans ce domaine augmentent de plus en plus. Nous savons ce qui rendrait nos étudiants plus compétents.
Notre étude fait ressortir certaines grandes avenues possibles d'intervention: nous devons offrir davantage de possibilités d'apprentissage intensif en langue seconde; nous devons mieux utiliser le potentiel des établissements qui enseignent dans l'autre langue officielle par la collaboration, les partenariats et le recours à la technologie; nous devons offrir aux étudiants plus d'échanges et de possibilités concrètes d'utiliser leur langue seconde au Canada; enfin, nous devons revoir les politiques et les exigences en matière de langue seconde et la manière dont elles peuvent servir à améliorer l'apprentissage en langue seconde à l'université.
[Traduction]
Le rapport final, avec ses recommandations, sera rendu public à l'automne. Pour aller de l'avant dans ces domaines et dans d'autres, il faudra l'engagement et la collaboration de toutes les parties intéressées — universités, organismes à vocation éducative, gouvernement et autres.
Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le commissaire.
Un peu plus tôt, vous avez dit, et je cite:
Les professeurs et administrateurs d'universités qui s'occupent des programmes en langue seconde disent que le leadership et l'engagement des échelons supérieurs sont indispensables;
« Leadership » est le mot clé. C'est vrai pour une université ou une institution d'enseignement postsecondaire. Par ailleurs, je crois aussi que le gouvernement fédéral devrait donner le ton. Les vrais leaders ne peuvent pas être seulement les universités, mais aussi le gouvernement fédéral. Si le gouvernement fédéral donne le ton par ses programmes liés à la fonction publique, par exemple, il y aura automatiquement un mouvement au sein des universités.
Vous avez indiqué qu'il pourrait y avoir un coût additionnel, mais il pourrait aussi y avoir une occasion d'affaires pour ces universités. S'il y a une certaine obligation ou si le gouvernement fédéral assume un leadership certain en affirmant que le bilinguisme est de mise... On sait que des universités ou des institutions d'enseignement postsecondaire ont déjà pris les devants, sont déjà avancées sur le plan de l'offre d'une formation dans la langue seconde.
Si ces institutions en sont déjà là, elles vont certainement voir une occasion grandissante, une occasion d'affaires, c'est-à-dire l'occasion de pouvoir attirer des étudiants supplémentaires. Cela étant dit, il est bien de déclarer que le leadership aux échelons supérieurs des collèges et universités est important. Ne croyez-vous pas que si on assurait le leadership du gouvernement fédéral dans ce dossier, cela assurerait une grande partie du leadership nécessaire pour donner des outils, ou pour fournir la petite poussée dont ont besoin les universités pour qu'elles offrent de l'enseignement dans la langue seconde de façon plus proactive?
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Monsieur Fraser, j'aimerais vous entretenir de trois sujets.
D'abord, êtes-vous d'accord pour dire que c'est d'abord au primaire et au secondaire qu'il faut encourager l'apprentissage de la langue seconde? Concernant la question qui nous intéresse présentement, soit celle d'exiger le bilinguisme dans la fonction publique, et ce, dès lors qu'on embauche des gens, ne faudrait-il pas offrir une formation plus substantielle qui vaille plus que le programme de core French forcé?
On sait que ça relève des compétences provinciales et des commissions scolaires. Ces dernières abolissent des programmes et en créent. Parfois, les autorités provinciales les laissent faire. Je parle surtout des provinces anglaises.
Ensuite, je vous lance une question comme ça. Êtes-vous d'accord avec moi lorsque je dis que les étudiants dont l'anglais est la langue première devraient s'inscrire dans des programmes offerts en français langue première par des universités dont le milieu est majoritairement francophone, afin qu'ils puissent apprendre le français, l'améliorer et oeuvrer dans cette langue?
Dernièrement, si le bilinguisme parfait était un critère à l'emploi au sein de la fonction publique fédérale, ne serait-ce pas un incitatif pour les universités? Celles-ci pourraient exiger des étudiants qui veulent travailler dans la fonction publique qu'ils suivent des programmes en anglais et en français, afin qu'ils soient en mesure de fonctionner dans ce système.
À vous l'honneur.
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Je vais d'abord répondre à votre dernière question. Je ne suis pas prêt à faire du bilinguisme un critère essentiel à l'emploi dans la fonction publique avant d'avoir la garantie que tout Canadien pourra avoir un accès équitable à une formation de qualité en langue seconde.
Je ne parle pas seulement des provinces anglophones. Selon la Commission de la fonction publique du Canada, pour la première fois, il y a maintenant une augmentation des besoins de formation en anglais pour les nouveaux fonctionnaires francophones qui entrent dans la fonction publique et qui ne possèdent pas de compétences linguistiques en anglais. C'est donc valable pour les deux côtés de la frontière linguistique.
Apprendre une langue en bas âge est certainement plus facile. Toutefois, ça prend une certaine série d'éléments incitatifs. Je pense que le gouvernement fédéral peut être un incitateur auprès des universités et leur transmettre le message. Si l'apprentissage de la deuxième langue est valorisé par les universités, ça va inciter les étudiants du niveau secondaire à l'apprendre aussi.
J'ai une autre chose à dire. Je parle souvent d'incohérence. Le fait que les universités ne fassent pas souvent de distinction entre les étudiants qui ont suivi le programme de français de base et ceux qui ont suivi le programme d'immersion, exception faite pour les programmes particuliers cités ici, est un élément d'incohérence; on ne tient compte que des notes. J'ai parlé à des étudiants du secondaire que leurs enseignants avaient encouragés à choisir l'examen du programme de core french plutôt que celui du programme d'immersion parce qu'il est plus facile.
[Traduction]
Vous réussirez haut la main.
[Français]
Les universités qui ne font pas de distinction entre un programme de qualité et un programme moins exigeant encouragent donc la médiocrité.
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Merci, monsieur le président.
On est en train de faire une étude sur le bilinguisme au postsecondaire. Le commentaire que l'on reçoit des représentants des universités est qu'il est pour ainsi dire déjà trop tard, lorsque les étudiants atteignent ce palier. À moins que je ne les aie mal compris —on verra lors de la rédaction du rapport —, mon impression est qu'il faut que l'apprentissage commence plus tôt. On n'est pas prêt à dire à quelqu'un qu'il doit être bilingue du jour au lendemain sinon il n'aura pas de travail, car il faut donner aux gens la chance d'apprendre. Vous avez parlé d'encouragement.
Premièrement, le gouvernement ne pourrait-il pas offrir aux jeunes qui veulent apprendre une autre langue de payer une partie de leurs études universitaires en retour? Ce serait un encouragement.
Deuxièmement, il faudrait, s'ils prennent un cours de langue à l'université, qu'ils obtiennent des crédits. Si les crédits comptent pour l'obtention d'un diplôme, c'est intéressant de s'inscrire à un cours de langue, mais si le cours de langue n'est pas crédité, ça n'en vaut pas la peine.
Troisièmement, le gouvernement devrait faire la promotion du bilinguisme et dire aux gens qui ont l'intention de travailler dans la fonction publique que c'est la direction à prendre et que ça fonctionne de cette façon.
J'ai été très déçu d'une décision du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Vous me direz peut-être que c'est de compétence provinciale, mais vous vous êtes donné la peine d'inclure cet élément dans votre rapport, alors vous vous y intéressez vous-même. C'était la première fois que je voyais pareille réaction dans ma province, ou ailleurs au pays. Trois cent cinquante personnes anglophones ont manifesté devant la législature à Fredericton pour dire que leurs droits sont brimés et qu'elles veulent que leurs enfants apprennent la langue seconde. Il y a des pays où on apprend jusqu'à six langues, où ce n'est pas du tout un obstacle. Apprendre trois ou quatre langues, c'est une beauté, un bénéfice, un cadeau. Je suis heureux de parler deux langues, même si je ne les parle pas parfaitement ni l'une ni l'autre, monsieur le commissaire, mais ça ne me dérange pas car je suis capable de communiquer avec les gens.
Alors, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a effectué un grand recul. Je suis entièrement contre la décision — je l'ai dit publiquement — d'éliminer l'immersion précoce et de l'offrir à compter de la sixième année seulement. Je pense que le gouvernement ne comprend pas l'importance du bilinguisme chez le plus gros employeur du pays. Et je crois qu'on ne devrait pas apprendre une deuxième langue au travail; c'est à l'école qu'on doit l'apprendre. On a des écoles, des universités où apprendre. C'est là que l'apprentissage se fait, pas après avoir obtenu un emploi.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Fraser, pour votre rapport préliminaire.
[Traduction]
Nous vous en sommes extrêmement reconnaissants. J'aurais une suggestion, puis une question.
Je vous propose d'expliciter davantage, dans votre rapport final, la nécessité pour le gouvernement du Canada d'avoir accès à des diplômés bilingues des universités canadiennes. Vous ne semblez pas en parler dans votre rapport. Celui-ci comprend bien une rubrique « Le besoin et la demande », où il serait bon de signaler que nous avons besoin d'un grand nombre de diplômés bilingues des universités canadiennes. Il ne faut pas que des mesures dissuasives, mais aussi incitatives.
Nous sommes le plus important employeur du pays. Nous faisons travailler 260 000 fonctionnaires et, si vous ajoutez à ce nombre les forces canadiennes, les sociétés d'État et les organismes fédéraux, il dépasse largement les 400 000. Nous sommes l'employeur le plus important. La fonction publique embauche à elle seule 10 000 personnes chaque année, soit l'équivalent de l'effectif de General Motors. En fait, notre embauche annuelle dépasse la masse salariale de General Motors. Au cours de la prochaine décennie, nous allons probablement recruter près de 100 000 nouveaux fonctionnaires. Il est question ici de bons emplois, bien rémunérés, qui offrent la stabilité que seul le gouvernement peut garantir, et qui comprennent des régimes de pension à prestations déterminées, ce qui est manifestement tout un avantage ces temps-ci. Pourtant, nous n'arrivons pas à recruter suffisamment de diplômés des universités canadiennes. Je pense qu'il faut véritablement insister davantage là-dessus dans le rapport final, pour faire comprendre aux universités et aux jeunes Canadiens que nous sommes un employeur qui a besoin de diplômés universitaires maîtrisant les deux langues officielles.
Voilà le commentaire que j'avais à formuler.
Maintenant, je sais que vous n'avez pas terminé votre rapport, mais pourriez-vous nous suggérer une ou deux mesures que notre gouvernement pourrait prendre pour inciter les universités et les collèges du Canada à produire un plus grand nombre de diplômés bilingues? Quelles seraient les deux principales initiatives que pourrait entreprendre le gouvernement pour y arriver?