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Bonjour à tous et merci pour votre confiance.
Ce matin, nous avons l'occasion de reprendre nos travaux là où nous en étions lors de la dernière séance, c'est-à-dire que nous avons comme sujet d'étude l'impact des retards d'approbation et de décaissement sur les organismes bénéficiaires du ministère du Patrimoine canadien.
Un peu par hasard, nous avons parmi nous ce matin des représentants de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, soit Mme Marie-France Kenny et Mme Suzanne Bossé.
Alors, si c'est la volonté des membres du comité, nous pourrions les inviter à nous faire part de l'état de la situation au ministère du Patrimoine canadien en ce qui a trait au décaissement et à ses conséquences pour les organismes.
Convient-il à l'ensemble des membres du comité de procéder ainsi?
Des voix: Oui.
Le président: J'inviterais les témoins à se joindre à nous. Au terme de cet échange, s'il reste du temps, on pourra se pencher, à huis clos, sur les travaux du comité et ainsi adopter la grille-horaire pour la session parlementaire.
Au nom des membres du comité, je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter la nouvelle présidente élue de la FCFA, Mme Marie-France Kenny. Je tiens à vous assurer de la collaboration de l'ensemble des membres du comité.
Je souhaite également la bienvenue à Mme Bossé.
Madame Guay.
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Bonjour. J'aimerais vous remercier de nous avoir invitées à comparaître ce matin pour faire le suivi sur le financement des organismes au service des communautés francophones et acadiennes du Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de Suzanne Bossé, qui est notre directrice générale. Il nous fera grand plaisir de répondre à vos questions à la fin de notre présentation.
Lorsque nous avons comparu devant vous une première fois, en juin dernier — c'était ma prédécesseure, Lise Routhier-Boudreau, qui était là —, c'était pour porter à votre attention une situation que nous jugions alarmante. À ce moment-là, deux mois après le début de l'exercice financier, 75 p. 100 des organismes porte-parole provinciaux et territoriaux attendaient toujours une confirmation du montant de leur financement de programmation pour 2009-2010, et cinq de ces organismes n'avaient toujours pas reçu l'avance de 25 p. 100 qui est versée, généralement, en attendant la confirmation du financement.
Vous avez pris très au sérieux cette situation et ses impacts sur le développement de nos communautés, et vous nous avez convoquées ce matin pour vous faire rapport sur la situation trois mois après ce premier cri d'alerte que nous avons lancé.
Nous venons, ce matin, avec des données bien appuyées et éclairantes. En effet, au cours du dernier mois, nous avons développé et administré aux organismes de nos communautés un sondage afin d'en savoir plus sur la situation actuelle par rapport aux délais de financement et à leur impact. Cette fois-ci, nous avons élargi notre étude à l'ensemble du réseau des communautés francophones et acadienne, soit environ 600 organismes.
Au total, 81 organismes ont répondu à notre sondage, ce qui nous donne un échantillonnage d'environ 13,5 p. 100. Étant donné qu'on parle d'un sondage en ligne, il s'agit d'un très bon échantillonnage et d'un bon taux de réponse, d'autant plus que parmi ces organismes tant nationaux que provinciaux, territoriaux et locaux, on trouve des théâtres, des journaux communautaires, des organismes jeunesse, des centres culturels, des organismes porte-parole, et j'en passe.
De ces 81 répondants, 65 ont Patrimoine canadien comme principal bailleur de fonds, tandis que les autres ont Ressources humaines et Développement des compétences, Justice Canada ou Santé Canada comme principale source d'appui financier fédéral.
Voilà pour le profil. Maintenant, voyons la situation. Un premier constat saute aux yeux immédiatement: cinq mois après le début de l'exercice financier, 5 p. 100 des organismes n'ont reçu aucune confirmation de financement sous quelque forme que ce soit, qu'il s'agisse de programmation ou de projets. Cinq pour cent peut sembler peu comparativement à la situation en juin, mais rappelons-nous que dans ce 5 p. 100, il y a des services auxquels la population n'a pas accès, faute de ressources.
Le sondage nous enseigne également que la plupart des organismes ont reçu leur accord de contribution en juillet et en août. Certes, on est contents que ces organismes aient eu leur financement, mais on est beaucoup moins contents de l'impact des mois d'attente sur leur fonctionnement. Il faut bien comprendre que dans plusieurs cas, l'impact continue à se faire sentir jusqu'à ce jour.
Au total, 72 p. 100 des répondants ont dû avoir recours à une marge de crédit ou à un emprunt, et au moins 14 de ces organismes ont encouru, depuis avril, des frais d'intérêt de 500 $ sur ces marges. Il s'agit là d'au moins 7 000 $ qui vont aux banques et non au développement de services en français pour nos citoyens. Je tiens à souligner que ce montant de 7 000 $ est une estimation minimale. Certains organismes ont encouru plus de 1 000 $ en intérêts.
Je pense également à l'impact durable sur les ressources humaines. Dans certains cas, les employés d'un organisme ont dû assumer les dépenses sur leur carte de crédit personnelle ou en retenant leur salaire ou leur compte de dépense. Par ailleurs, 37,5 p. 100 des répondants n'ont pas pu renouveler le contrat d'un employé, tandis que 19 p. 100 déclarent avoir dû laisser aller du personnel permanent.
Je veux partager avec vous certaines des réponses. Un premier organisme nous a dit ceci:
Nous avons dû accorder une prolongation de contrat temporaire à un chargé de projet, car nous n'avions pas encore de confirmation de l'appui de Patrimoine canadien pour la suite du projet. Nous avons toutefois pris ce risque car une suspension du contrat aurait compromis l'atteinte des résultats. Nous n'avons été informés qu'en juin que Patrimoine canadien n'appuierait plus le projet. Ce projet comptait heureusement sur des partenaires financiers au niveau provincial.
Un autre organisme nous dit:
Un poste permanent et prioritaire pour le bon fonctionnement de l'association n'a pas été pourvu pendant quatre mois après le départ de l'employé. Depuis septembre, un autre poste permanent est passé de quatre jours semaine à trois jours semaine.
Enfin, un dernier nous dit:
Nous avons encouragé des congés d'été sans solde pour certains employés, des heures réduites pour les employés à temps partiel et des réductions aux contributions de l'employeur pour les bénéfices aux employés permanents.
Vous admettrez avec moi que ce ne sont pas là les conditions les plus propices à l'amélioration de la vie en français dans nos communautés.
Le sondage nous a enseigné un autre élément très important: plusieurs organismes locaux comptent sur un appui financier de leur organisme porte-parole provincial ou territorial en attendant que les fonds soient confirmés. Voilà une information à la fois éclairante et inquiétante. Elle est éclairante parce qu'elle met en évidence le rôle capital que jouent nos organismes porte-parole provinciaux et territoriaux en appui au développement de services qui rejoignent les citoyens de langue française sur le terrain. Toutefois, elle est inquiétante parce que si l'organisme porte-parole éprouve des difficultés à cause de délais de financement, c'est tout le réseau communautaire de la province ou du territoire qui est compromis.
Un dernier élément de ce sondage vous intéressera sûrement: nous avons demandé aux organismes répondants de nous dire à quelle date, dans les années passées, ils recevaient généralement leur accord de contribution et leur premier versement. Ceci nous a permis de confirmer, d'une part, que les retards sont plus accentués cette année, mais également qu'il s'agit d'un problème systémique dont on voit les symptômes d'année en année. Une chose est certaine, nos organismes ne sont pas disposés à revivre l'an prochain ce qu'ils ont vécu cette année et ce qu'ils vivent, en fait, depuis des années. Il faut que les choses changent.
Où est la solution? Nous aimerions porter à votre attention plusieurs pistes de réflexion. D'abord, en termes d'allègement du processus administratif d'examen et d'approbation des demandes, il faut se demander s'il est véritablement nécessaire que tous les projets, sans exception, passent par le bureau du ministre. Nous savons que le ministère du Patrimoine canadien examine d'autres options pour solutionner le problème. Nous l'avons toujours dit et nous le répétons: nous ne sommes pas uniquement là pour soulever les problèmes, nous voulons faire partie de la solution et nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement pour y arriver.
Par contre, on ne saurait non plus négliger les problèmes qui existent au niveau de la gouvernance. En effet, la Direction générale des programmes de langues officielles et les directions régionales de Patrimoine Canadien avec lesquelles transigent plusieurs de nos organismes sont deux entités séparées qui tombent sous l'autorité de deux sous-ministres adjoints différents. Cela rend difficile d'envisager, par exemple, la création d'un comité conjoint qui regroupe le gouvernement et la FCFA pour tenter de trouver des solutions.
En terminant, je voudrais faire écho à ce que ma prédécesseure, Lise Routhier-Boudreau, a déclaré devant ce comité en juin. À cette occasion, elle a dit que les organismes et communautés sont en faveur d'une saine utilisation des fonds publics qui produisent des résultats, mais que les délais d'approbation et de versement de financement constituent clairement une entrave à l'atteinte de résultats. Je vais y faire écho en y ajoutant l'élément suivant: la nouvelle politique sur les paiements de transfert dit clairement que la gestion du risque ne doit pas devenir une approche d'évitement du risque. Permettez-moi de citer l'extrait suivant de la politique:
En appui au renforcement de la responsabilisation en matière de fonds publics et à l'obtention de meilleurs résultats pour les Canadiens, la politique exige que les paiements de transfert soient gérés en tenant compte des risques, en maintenant un bon équilibre entre le contrôle et la souplesse, et en regroupant une combinaison appropriée de bonnes pratiques de gestion, d'administration simplifiée et d'exigences claires en matière de rendement.
Or, les délais actuels et la volonté d'éviter les risques dont elle découle ont comme impact, assez ironiquement, de créer du risque. On crée du risque au niveau de la réussite des projets. On crée du risque au niveau de la survie des infrastructures communautaires et on crée un risque au niveau de la vitalité sociale et économique. Comme nous l'avons indiqué en juin, c'est un non-sens, quand on cherche à relancer l'économie canadienne, d'appliquer une approche qui a pour impact des pertes d'emplois et une fragilisation des structures communautaires.
Je vous remercie beaucoup. Je suis prête à répondre à vos questions.
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On connaît votre longue feuille de route. Vous êtes une femme d'expérience et de convictions. Vous avez toujours été impliquée dans des dossiers qui concernent les communautés. Nous sommes d'avis que la FCFA est entre bonnes mains.
Madame Bossé, bonjour. C'est toujours un plaisir de vous voir. Il faudrait aussi saluer le travail de Mme Lise Routhier-Boudreau, pour tout ce qu'elle a fait au cours des dernières années.
La situation est sérieuse. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle vous êtes ici aujourd'hui. Il y a quelques mois, on a entamé cette conversation, et cela nous a mené à en débattre aujourd'hui. Je pense que c'est sérieux, et triste aussi. Il faut encourager, et non pas décourager, les organismes qui travaillent au pays.
J'aime bien que, dans votre approche, vous fassiez l'état des lieux et que vous proposiez aussi certaines solutions. Je pense que c'est important. Il ne faut pas seulement critiquer, il faut aussi savoir comment aller de l'avant.
Vous dites que plusieurs répondants ont eu recours à des marges de crédit et que les intérêts sont absorbés par les organismes. Le gouvernement les absorbe-t-il par la suite?
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Merci, monsieur le président.
Madame Kenny, félicitations. Je dirais « vive la fransaskoisie! » que je ne serais pas dans l'erreur.
Madame Bossé, bonjour.
En juin dernier, le comité a effectivement décidé d'aller de l'avant avec cette étude extrêmement importante. D'après mon expérience, ce problème est récurrent. J'ai l'impression que, le jour où la Loi sur les langues officielles a été adoptée et qu'on a commencé à donner aux organismes des occasions de combattre l'assimilation des francophones au Canada, on a eu de la difficulté à obtenir des fonds dans des délais raisonnables pour la création de programmes exigés par le gouvernement fédéral. Il importe peu que ce fussent les libéraux ou les conservateurs qui étaient au pouvoir. C'est la structure administrative qui semble faire défaut. Je ne veux pas blâmer un gouvernement en particulier, mais c'est ainsi depuis trop longtemps. J'ai rencontré des membres du Quebec Community Group Network qui sont dans la même situation. Ce sont des anglophones du Québec.
On connaît la situation. On sait combien elle est néfaste. On connaît l'histoire: vous n'avez que des pinottes pour combattre l'assimilation mise en avant par des gouvernements provinciaux pendant des décennies sous les auspices bien malveillants du gouvernement fédéral. Sachant cela, on demande aux communautés de se prendre en main, d'être responsables, d'être redevables et d'assumer toutes les responsabilités que le gouvernement ne prend pas dans ce contexte. Ce n'est pas mauvais que ce soit vous qui preniez les choses en main, parce que vous connaissez beaucoup plus la situation sur le terrain.
On cherche des solutions. Pourriez-vous nous dire de quelle façon vous verriez le fait qu'on ne soit pas obligé de passer par le ministre pour avoir l'autorisation d'émettre le chèque? Bien souvent, c'est sur le bureau, et il y a bien d'autres choses avant. Le ministère du Patrimoine canadien, c'est vaste, c'est très large. Il y avait énormément de dossiers, à l'époque. De quelle façon le fait de ne pas passer en tout temps par le ministre améliorerait-il la situation?
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Premièrement, la plupart des demandes sont soumises aux régions, dans le cas des provinces et des territoires. Les employés du ministère du Patrimoine canadien qui sont là connaissent les organismes en place et travaillent avec eux.
Il y a effectivement des organismes qui posent un plus grand risque. La plupart de ces organismes ont un important historique. Certaines améliorations ont été apportées en ce qui concerne les demandes pluriannuelles. Aux demandes accordées, le financement est assuré. Cette année, ces demandes sont arrivées à échéance, et on a dû soumettre d'autres demandes qui ont dû être épluchées encore une fois, d'où les retards. On comprend que ces demandes pluriannuelles ne sont accordées qu'aux organismes qui ont fait leurs preuves et qui sont stables. On demanderait un processus allégé, justement, pour les organismes.
Il y a une lourdeur administrative entourant la soumission de la demande et son évaluation. De fait, cette demande est souvent soumise au ministère du Patrimoine canadien, qui la soumet à son tour à un comité de gestion. Celui-ci fait une recommandation au ministère du Patrimoine canadien qui l'approuve avant de l'envoyer à Ottawa, où tout est acheminé au bureau du ministre. Il faudrait revoir la structure de fonctionnement, toute la lourdeur administrative des cartables — on parle sérieusement de cartables pour des demandes de financement. Il faudrait pouvoir permettre à nos gens en région d'approuver le tout, plutôt que d'envoyer tout cela ici.
Lorsqu'un bureau de ministre doit approuver des centaines sinon des milliers de cartables, il est alors question d'un travail de longue haleine.
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Bonjour et félicitations, madame Kenny. C'est bon de voir votre enthousiasme. Veuillez transmettre mes félicitations à Mme Lise Routhier-Boudreau, qui a fait du très bon travail.
Depuis mon élection, je comprends un peu plus ce que j'entendais dans ma communauté, étant donné que je demeure depuis longtemps dans une communauté en situation minoritaire. Depuis des années, comme M. Nadeau l'a dit, cette situation existe; elle est récurrente. Ça prend beaucoup de temps à recevoir l'argent.
Alors, nous sommes ici pour vous aider, et vous êtes là pour nous aider à comprendre comment on peut progresser. C'est ce qui m'intéresse. J'ai bien apprécié que vous mentionniez des solutions et je vous en remercie à l'avance.
Personnellement, j'étais tellement heureuse de constater que le gouvernement avait accordé un montant sans précédent dans la Feuille de route pour les communautés. C'est une avance, mais comment avoir accès à l'argent? Je sais que cette année, comme vous l'avez dit, c'était très différent, et ce, parce que le Conseil du Trésor a eu à renouveler et à examiner tous les dossiers pour le 1er avril 2009, ce qui voulait dire un cycle complet de renouvellement. Alors, je sais que c'était vraiment un défi, cette année.
Maintenant, avec l'appui du ministre Moore, on s'attend à ce qu'il y ait des ententes pluriannuelles, telles que demandées. Nous y travaillons. D'ailleurs, le ministre Moore l'a déjà fait dans le domaine de la culture, etc., mais il y a aussi eu de nouveaux fonds, comme la vitrine musicale, la traduction, etc. C'est bien, mais il va falloir qu'on discute sérieusement avec les fonctionnaires et les ministères afin de trouver des solutions, comme vous le disiez.
J'aimerais savoir quelle est la situation au sein de vos organismes et quelles sont vos relations avec les personnes qui travaillent en région. Avez-vous de bonnes relations?
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En Saskatchewan, par exemple, un comité de gestion reçoit les demandes de financement qui ont déjà subi une première analyse de Patrimoine Canadien. Ce comité de gestion est formé de membres de la communauté, donc de députés de l'Assemblée communautaire fransaskoise. Il s'agit d'un sous-comité qui siège et qui fera ses recommandations à Patrimoine canadien.
À Terre-Neuve, jusqu'à cette année, un comité de gens bilingues et francophones qui n'étaient pas actifs dans la communauté et qui n'avaient le droit de siéger à aucun autre organisme ou comité décidait pour la communauté comment investir l'argent ou le financement. De plus, il ne posait pas de questions à la communauté, il recevait les demandes.
Pour avoir évalué des demandes, alors que j'étais à l'ACF, je peux vous dire que des questions se posent pour toutes les demandes. Il y avait donc des tribunes publiques.
Il est un peu difficile d'accepter qu'un groupe de personnes, qui ne sont pas actives dans la communauté et qui ne connaissent pas vraiment la communauté, décide sans même poser de questions aux gens qui soumettent les projets afin d'obtenir des précisions ou des clarifications, et recommande à Patrimoine canadien qui devrait recevoir du financement.
On a dit, à Terre-Neuve, que cela ne se ferait pas autrement et que c'était ainsi partout, alors que ce n'était pas le cas. On a eu ces discussions avec Patrimoine canadien, bien entendu. On nous assure qu'on aura cette flexibilité.
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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames Bossé et Kenny. Madame Kenny, je vous félicite pour votre nouveau poste.
Vous avez dit que Patrimoine canadien semble être à l'écoute. Être à l'écoute est une chose, mais il faut qu'il y ait des résultats. Les gens de ce ministère ont beau dire qu'il y a une lourdeur administrative, mais ce ne sont quand même pas les députés qui ont écrit la brique de documents que vous devez remplir. Ce sont les gens du ministère qui doivent exercer un certain leadership pour diminuer cette lourdeur administrative. Ils se lamentent un peu en disant que c'est compliqué, mais c'est eux qui devraient travailler en vue d'alléger le processus.
Vous devez préparer plusieurs documents et ce sont souvent des bénévoles qui doivent le faire. Certains organismes ont peut-être un peu plus d'employés, mais d'autres n'en ont pas. Ce sont donc des bénévoles qui doivent remplir cette brique de documents, et le fait de s'attendre à ne pas recevoir de financement doit empirer les choses pour eux.
Je parlais d'atteindre des résultats. Vous avez dit que certains organismes ne sont pas en mesure de livrer des services à la population. Trois problèmes ont été mentionnés. D'abord, il y a le temps qu'un organisme doit attendre pour savoir s'il va recevoir du financement. Ensuite, il y a la perte des employés qui est attribuable à ce délai. Enfin, il est normal que les services ne soient pas livrés, quand les organismes n'ont pas eu de nouvelles de la part du gouvernement depuis six mois ou plus.
En plus de tous ces problèmes, lorsqu'un organisme n'est pas en mesure de recevoir une acceptation, surtout quand elle retarde de six mois et qu'il n'en reste que cinq ou six d'ici la fin de l'année, au moment où il apprend qu'il a obtenu son financement et qu'il le reçoit, il devra peut-être embaucher des gens pour compenser la perte d'employés qu'il aura subie et il ne pourra jamais d'offrir l'aide ou le programme à la population.
Le gouvernement vous envoie de l'argent et il vous dit par la suite que le 31 décembre est arrivé et de ne pas oublier de le lui redonner. C'est comme s'il vous demandait, maintenant qu'il vous a versé de l'argent, de ne plus le « tanner », mais de ne pas oublier de le lui redonner. Cela paraît bien dans les chiffres que telle somme a été versée, mais il serait intéressant de voir, dans les états financiers du gouvernement, la colonne des montants d'argent qui ont dû être retournés par les organismes à cause des délais d'acceptation du financement et du fait que ce dernier n'ait pas encore été approuvé six mois plus tard. Il y a plusieurs autres facteurs, dont le fait que cela reste sur le bureau du ministre. Je ne peux pas croire que le ministre évalue chaque dossier de demande.
J'ai travaillé à la Banque de développement du Canada, où j'étais responsable de faire l'évaluation d'un dossier de financement et de le soumettre à mon supérieur pour approbation finale. Ce dossier n'était pas envoyé au président de la Banque de développement du Canada. La hiérarchie était ainsi faite qu'une décision était prise avant, pour des raisons d'efficacité.
Si c'est le ministre qui doit accomplir d'autres tâches et passer les dossiers en revue, jamais il ne sera en mesure de bien livrer la marchandise. Il peut peut-être en revoir quelque-uns, mais il ne faut pas croire que le ministre de Patrimoine canadien, dans un avion entre Ottawa et Vancouver, examine son cartable de dossiers et qu'il décide d'approuver l'un d'eux cette semaine parce qu'il lui semble avoir du sens. Qu'en serait-il alors des autres dossiers?
Je ne vous donne pas l'occasion de commenter, mais je reviens sur ce que j'ai dit. C'est un réel problème que des organismes n'aient pas encore commencé à livrer des services aux citoyens en raison des délais d'acceptation, de la perte d'employés et de la non-approbation de leur financement après six mois. Cela veut dire que même s'ils le veulent, ils ne peuvent pas remplir leur mandat. Est-ce vrai?
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Bonjour, mesdames Kenny et Bossé.
Madame Bossé, on s'est déjà rencontrés à plusieurs reprises. Vous faites partie de nos témoins favoris.
Un peu plus tôt, M. D'Amours a décrit trois choses. Vous en aviez déjà parlé lors de la session précédente. D'ailleurs, c'est de là qu'est venue votre demande d'aujourd'hui. Vous aviez dit que quelque chose ne fonctionnait pas. Naturellement, on essaie de trouver une solution. Tout à l'heure, Mme Kenny a dit que tout n'était pas mauvais, que certaines actions sont bonnes. On comprend que vous êtes placée entre l'arbre et l'écorce. Vous ne voulez pas trop nous critiquer ou nous dire que nous sommes gentils, nous comprenons cela.
Je me pose des questions relativement à la machine. Comme le disait M. D'Amours, le ministre ne peut pas lire ces cartables tous les jours. Lorsque vous avez parlé de l'épaisseur des cartables, vous avez fait un signe qui indiquait environ un pied de hauteur, peut-être même plus. Dire que le ministre serait responsable est complètement irresponsable. Il ne peut pas les lire tout seul, il a besoin d'aide. On parle des sous-ministres. Même si les sous-ministres étaient nombreux, compte tenu du nombre de cartables qu'ils recevraient, ils ne pourraient pas tous les lire. Il faut donc descendre plus bas.
Je veux savoir quel genre de contact vous avez avec les gens qui sont plus bas, ceux avec qui vous parlez depuis quelques années et que vous appelez par leur prénom. Vous disent-ils que c'est ainsi parce que la machine bloque? Il est facile pour un fonctionnaire de dire que c'est son patron. C'est ce que l'on entend le plus régulièrement. Une fois que vous avez rempli votre demande — et Dieu sait qu'elle est volumineuse —, elle se retrouve entre les mains d'un fonctionnaire. Cela bloque-t-il à la première étape? J'essaie de comprendre votre situation. Je veux savoir à qui je dois parler. Comprenez-vous ce que je veux dire? C'est là le problème.