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Merci, monsieur le président. Mesdames et messieurs,
[Français]
... je tiens à vous informer, si vous avez une copie du discours en français...
Une voix: Ils ont la version anglaise.
M. Robert Donnelly: On a apporté quelques changements à la version française du discours. On enverra la version officielle aujourd'hui ou demain matin. La version anglaise comprend tous les changements qu'on a faits au cours des deux derniers jours.
[Traduction]
Le Quebec Community Groups Network est évidemment heureux d'avoir la possibilité de s'adresser à nouveau au Comité permanent des langues officielles. Nous sommes particulièrement ravis que le comité se montre aussi généreux de son temps ce matin et que vous soyez si nombreux. C'est la première fois que le QCGN se voit offrir l'occasion de participer aux travaux du comité, et nous espérons que notre compréhension mutuelle et nos relations continueront de progresser.
Le QCGN aimerait par ailleurs profiter de l'occasion pour remercier, M. Pierre Lemieux, M. Richard Nadeau, M. Yvon Godin et sa femme, Mme Lyna Mainville, pour leur participation au lancement des célébrations de notre 15e anniversaire, il y a deux semaines à Gatineau.
Comme vous le savez, le Quebec Community Groups Network est une association à but non lucratif qui rassemble 32 organismes québécois qui appuient les communautés minoritaires de langue anglaise dans la province. Les Québécois anglophones forment l'une des deux minorités linguistiques reconnues au Canada. Ils constituent la plus importante communauté linguistique en situation minoritaire au sein d'une autre minorité linguistique au pays. En effet, ils sont environ 994 000 comparativement à 997 000 pour les francophones dans le reste du Canada.
Les Québécois anglophones entretiennent d'étroites relations avec la majorité francophone du Québec ainsi qu'avec la majorité anglophone du Canada. Les obstacles qu'ils doivent surmonter pour préserver et promouvoir leur espace et leur caractère linguistique, tout en appuyant d'autres minorités et majorités linguistiques, leur permettent de comprendre la nécessité d'adopter des approches novatrices afin de maintenir et d'améliorer les politiques en matière de langues officielles au Canada.
Certains disent encore que les communautés d'expression anglaise du Québec constituent la minorité linguistique la mieux traitée au Canada. Permettez-moi de vous donner quelques statistiques qui pourraient bien montrer le contraire.
Au Québec, le taux de conservation des effectifs d'expression anglaise, qui était de 69 p. 100 en 1971, a chuté à près de 50 p. 100 en 2001. Cette situation cause un problème de taille pour la relève des leaders et elle conduit à l'absence accrue de membres de sa communauté à la barre des grandes organisations.
Les Canadiens qui vivent au Québec et dont la première langue officielle parlée est l'anglais sont le groupe démographique le plus bilingue au pays — 66 p. 100 en 2001 — mais nombre d'entre eux, surtout les jeunes, se sentent exclus de leur propre province. Les anglophones, qui constituent 8,2 p. 100 de la population du Québec, ne représentent que 0,8 p. 100 de la fonction publique de la province. En fait, dans un rapport publié en 2007 par le Greater Montreal Community Development Initiative, le GMCDI, on révélait que les anglophones sont sous-représentés de façon chronique dans le secteur public de la grande région de Montréal. Des 65 000 fonctionnaires recensés en 2001, seulement 9 p. 100 étaient anglophones, bien que les anglophones composent 25 p. 100 de la population active. Nos jeunes, dont 85 p. 100 sont bilingues, sont beaucoup plus susceptibles d'être au chômage que leurs pairs francophones. Quant à nos personnes âgées, qui constituent le groupe le moins bilingue au pays, soit un peu plus de 30 p. 100, elles ont beaucoup de difficultés à accéder à des établissements qui fournissent une aide à la vie autonome et à des établissements de soins de longue durée dans leur langue.
Nous croyons qu'il est important de mettre l'accent sur la diversité de nos collectivités, que ce soit sur le plan de l'origine ethnique, du lieu de naissance, de la religion et de l'appartenance à une minorité visible. Cette diversité existe clairement dans la grande région de Montréal, où se trouvent plus des trois quarts de la minorité anglophone du Canada.
Enfin, il existe un sentiment croissant d'identification au sein de cette communauté, qui reflète une tendance vers l'inclusion et la reconnaissance de la diversité générationnelle, ethnique, linguistique, socio-économique et artistique.
Le préambule de la Loi sur les langues officielles de 1985 énonce qu'il existe deux communautés linguistiques officielles au Canada, l'une francophone, et l'autre anglophone. Le QCGN est considéré par de nombreux ministères fédéraux comme le représentant officiel des communautés minoritaires de langue anglaise, et est reconnu comme étant l'interlocuteur officiel du ministère du Patrimoine canadien.
Sur le plan de la structure et de la représentation, certains parallèles peuvent être établis entre le QCGN et la Fédération des communautés francophones et acadienne, la FCFA, qui est l'organisme national représentant les communautés minoritaires de langue française. La FCFA, par exemple, compte parmi ses membres les 12 associations provinciales et territoriales de francophones, dont l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, l'AFO, et les 10 organismes nationaux pour la francophonie qui représentent divers secteurs d'activités, comme la Fédération de la jeunesse canadienne-française, la FJCF, et la Fédération des associations de juristes d'expression française de Common Law, la FAJEFCL. La FCFA assure « la représentation politique, la promotion et l'appui au développement » des communautés minoritaires de langue française.
Cependant, le QCGN, lui, travaille dans deux contextes. Tout d'abord, il interagit avec le gouvernement du Canada à l'échelle nationale sur les questions d'ordre stratégique et les questions relatives aux politiques; ensuite, il interagit également avec le gouvernement du Canada à l'échelle régionale ainsi qu'avec le gouvernement du Québec pour la prestation des services et des programmes et pour les politiques régionales. De toute évidence, il s'agit de deux contextes différents, à l'échelle nationale et à l'échelle régionale. Le niveau régional comprend le bureau régional du ministère du Patrimoine canadien, mais également Québec. Nous serons heureux d'en reparler plus tard, au cours de la période de questions, si vous désirez.
C'est dans cet environnement complexe que nous travaillons quotidiennement avec de nombreux intervenants, dont les priorités sont parfois contradictoires. L'épanouissement de la communauté anglophone dépend largement de son influence sur les politiques, les programmes et les initiatives.
En 2008, le QCGN a présenté un mémoire à Bernard Lord dans le cadre des consultations du gouvernement du Canada sur la dualité linguistique et les langues officielles, dans lequel nous proposions que le ministère du Patrimoine canadien repense sa façon de traiter le QCGN et, par extension, les Québécois anglophones qui constituent une minorité régionale, puisque ces derniers forment l'une des deux communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada. Nous reconnaissons ne pas être ici aujourd'hui pour aborder ce point plus en profondeur, mais nous aimerions avoir l'occasion de témoigner à nouveau devant vous pour en discuter.
Certains de nos membres trouvent que le titre du sujet d'aujourd'hui, « Impacts des retards d'approbation et de décaissement sur les organismes bénéficiaires du ministère du Patrimoine canadien », porte une connotation négative. Puisqu'il est question des impacts et des retards, il est difficile de voir le côté positif. Or, comme M. Blaney nous l'a rappelé, lorsque nous avons comparu devant vous il y a environ quatre mois, nous avions, à la fin de la séance, constaté qu'à l'évidence, il était question d'impacts et de retards. À cause de cela, nous avons peut-être fait face à une hésitation de la part de certains de nos membres lorsque nous avons recueilli des données sur la question. Les petits et les grands organismes peuvent être réticents à commenter le rendement de leur principale, et parfois de leur seule, source de financement.
Nous devons préciser, avant de présenter ces données, que le QCGN et ses membres sont très heureux et très fiers de travailler avec le ministère du Patrimoine canadien. Nous apprécions grandement tout le travail effectué par le ministère dans le but d'aider les communautés minoritaires anglophones du Canada. Toutefois, nous croyons également que les retards relatifs au financement sont le produit d'un problème systémique apolitique. Il serait possible de s'attaquer à ces problèmes rationnels dans un esprit de partisanerie multiple tout en ne gardant qu'un seul but précis en tête: la vitalité des communautés linguistiques minoritaires du Canada.
Pour recueillir les données qui vous seront présentées aujourd'hui, le QCGN a réalisé une enquête auprès de ses membres — comme l'a fait, si je comprends bien, la FCFA avant de témoigner devant vous la semaine dernière; 21 membres ont répondu à notre appel, ce qui donne un taux de participation de 65 p. 100. Souvenez-vous que les 32 membres de notre groupe ne sont pas tous financés par le ministère du Patrimoine canadien.
Les données suivantes sont tirées de cette enquête. Parmi les 86 p. 100 de répondants qui ont reçu un versement anticipé de 25 p. 100 de leur financement de base de la part de Patrimoine canadien au cours de l'exercice financier 2009-2010, 80 p. 100 ont reçu ce paiement en mai 2009, c'est-a-dire avec un mois de retard, 10 p. 100 l'ont reçu en juin 2009, c'est-à-dire avec deux mois de retard, et 10 p. 100 n'avaient pas encore reçu de financement à la fin juillet. Il s'agit du fameux versement anticipé qu'on devrait en général s'attendre à recevoir au cours de la première semaine d'avril. À cause de cela, les répondants ont indiqué qu'ils éprouvaient des difficultés financières; ils doivent par exemple recourir au crédit et ils peinent à payer les factures. Ils vivent ainsi un stress très personnel. Il est difficile de ne pas se sentir frustré lorsqu'on lit une réponse comme celle-ci: « J'ai utilisé ma propre carte Visa pour payer nos dépenses en attendant la réception du financement ».
Il était également frustrant de lire que les retards entravent directement la réalisation d'importantes priorités communautaires. Le Quebec Anglophone Heritage Network a rapporté ce qui suit:
En raison des problèmes de trésorerie causés par le retard du paiement anticipé, le Quebec Anglophone Heritage Network (QAHN) a été contraint de refuser les offres du programme Jeunesse Canada au travail (JCT) qui auraient permis au QAHN d'embaucher deux étudiants cet été. Ce sera le premier été en quatre ans où le QAHN ne participera pas au programme JCT.
En date de la fin juillet, aucun des membres n'avait reçu d'approbation concernant les demandes pour 2009-2010, et, par conséquent, personne n'avait signé un accord de contribution. À cause de cela, les répondants n'ont pas reçu leur deuxième paiement. Les organismes ont indiqué qu'ils éprouvaient de graves difficultés financières, qu'ils devaient recourir au crédit et qu'ils ne pouvaient pas rembourser leurs créanciers. Des programmes ont été suspendus. Des salaires n 'ont pas été versés. Des personnes ont été licenciées, d'autres ont vu leurs heures de travail être coupées. Au moins un directeur général utilisait sa carte de crédit personnelle pour payer les dépenses de son organisme. Les partenaires et les créanciers sont devenus ouvertement amers et méfiants. Un des répondants a rapporté que le personnel de son organisme travaillait sans être rémunéré.
En ce qui a trait au financement des projets, un répondant sur six a indiqué que son projet n'était pas encore approuvé au moment de l'enquête, soit la semaine dernière. Voici ce qu'a raconté l'un des organismes interrogés:
Nous avons soumis de nombreux projets d'une durée de 10 à 12 mois qui étaient censés se dérouler d'avril ou de juin 2009 à mars 2010. Nous sommes presque arrivés au mois d'août; cela fait donc quatre mois que l'exercice financier est commencé et neuf mois que nous avons soumis certains de ces projets, mais nous n'avons toujours pas reçu les réponses. De plus, ils ont lancé un deuxième et un troisième appel de propositions de projets alors qu'ils ne nous ont même pas donné de réponse à propos du premier appel: c'est complètement absurde!
Pour savoir si vous devriez participer au deuxième appel de propositions de projets, il vous faut évidemment savoir si votre première demande a été approuvée.
La question générale dans laquelle on a demandé aux répondants s'ils avaient d'autres commentaires concernant l'impact des retards de financement a donné lieu à des messages de frustration. L'une des réponses reçues mérite d'être répétée en entier:
Voici l'impact des retards relatifs au financement:
1) Ils amènent les partenaires à mettre en doute l'intégrité et le sérieux de notre organisme et compromettent notre capacité à exécuter notre plan d'action et à atteindre nos objectifs.
2) Ils créent des difficultés économiques pour notre personnel et entraînent du ressentiment, de la peur et un découragement, ce qui a pour effet de nuire à la productivité.
3) Ils préoccupent notre conseil d'administration et notre directeur général: on consacre bien trop de temps et d'énergie à faire des pieds et des mains pour gérer le manque de fonds, ce qui fait qu'on ne peut pas se concentrer pleinement sur l'atteinte des objectifs.
4) Ils entraînent une mauvaise gestion des fonds publics: il est difficile de dépenser judicieusement lorsque les décisions doivent être prises et que les mesures doivent être mises en oeuvre dans un court délai. Chaque année, nous avons six mois de famine et six mois d'abondance. On ne peut certainement pas parler d'une gestion axée sur les résultats.
5) Ils portent atteinte à l'image du gouvernement du Canada. Ce type de gestion donne fortement l'impression que ce que dit le gouvernement et ce qu'il fait sont deux choses différentes. Le gouvernement veut-il vraiment investir dans la vitalité de ses communautés de langue officielle en situation minoritaire, ou veut-il simplement faire croire que ce dossier lui tient à coeur? À en juger par la façon dont il se comporte, je dirais bien franchement qu'il s'en fout. Si ce n'était pas le cas, les représentants élus mettraient en place une fonction publique efficace et la laisseraient agir.
Il s'agit d'arguments solides. En toute justice, ce n'est pas le message que nous avons reçu de tous les répondants, mais de nombreux organismes voient ces problèmes du même oeil.
Puisque j'arrive à la dernière page de mon exposé, vous vous demandez probablement si nous avons des réponses et des suggestions pour vous. Nous avons en effet quelques suggestions à vous faire.
Le QCGN appuie l'objectif du Plan d'action du gouvernement du Canada de réformer l'administration des programmes de subventions et de contributions et observe que le ministère du Patrimoine canadien figure parmi les six ministères d'avant-garde. Le QCGN a été ravi de constater un allègement du fardeau lié à l'administration et à la présentation des rapports, et il attend avec impatience la mise en place intégrale du plan d'action ministériel de Patrimoine canadien, lequel inclura des normes de service.
Les normes de service établies conjointement avec le QCGN et avec les autres intervenants clés aideront beaucoup à réduire la frustration et les difficultés vécues par nos membres. Ces normes permettront aux organismes d'élaborer efficacement leur plan d'activité et permettront aux fournisseurs de services et de programmes de savoir exactement quand ils recevront du financement et qui devrait rendre des comptes s'ils n'en reçoivent pas. À notre avis, il est juste d'attribuer cette obligation de rendre compte au sous-ministre.
La gestion efficace des risques constitue également un élément important du plan d'action du gouvernement. Les organismes qui font preuve de stabilité et d'une bonne gestion et qui entretiennent depuis longtemps des relations avec le gouvernement ne devraient pas faire l'objet de la même rigueur quant aux demandes annuelles de financement de base que les organismes plus inexpérimentés ou qui présentent une demande pour la première fois. Tous les organismes devraient par contre être visés par les mêmes structures de vérification et de responsabilisation, mais un organisme qui reçoit en moyenne le même financement depuis une quinzaine d'années et qui a toujours présenté des rapports, doit tout de même recommencer à zéro chaque année, et être considéré comme un petit nouveau.
Nous tenons à répéter que certains membres se sont dit satisfaits par rapport à leur financement. De plus, nous ne croyons pas que les retards soient motivés par des raisons politiques ou attribuables à un manque d'effort ou de professionnalisme de la part des fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien. Le gouvernement est une machine complexe, nous le comprenons: des millions de dollars sont investis et dépensés dans des milliers de programmes qui visent tous le bien-être des Canadiens. Les systèmes qui exécutent cette tâche colossale doivent être conçus de manière à être efficaces et responsables, surtout lorsqu'ils ont une réputation à maintenir. Le QCGN et ses membres sont conscients de cette réalité et croient vraiment que le gouvernement du Canada a la volonté d'éliminer les défauts d'ordre structurel qui causent les retards relatifs au financement.
Merci beaucoup. Nous serons ravis d'essayer de répondre à vos questions.
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Bonjour. Nous vous remercions de nous avoir invité ce matin. Nous sommes ravis d'être ici.
J'aurais quelques mots à ajouter au rapport de M. Donnelly.
Canadien Parents for French, comme vous le savez, a été créé en 1977 et est au Québec depuis 2004. Notre mission est de favoriser l'épanouissement du français langue seconde dans les communautés en situation minoritaire au Québec. Nous avons mis sur pied un certain nombre d'initiatives et de projets au fil des années. Par exemple, mentionnons les échanges entre les écoles anglophones et francophones, et notre Concours d'art oratoire, qui remporte un franc succès auprès de la communauté anglophone. Avec un comité, nous organisons le Français pour l'avenir, une journée culturelle en français pour la communauté anglophone de la région de Montréal, et nous nous occupons de plusieurs autres projets.
Nous considérons que certaines améliorations structurelles pourraient être apportées aux mécanismes de financement pour les groupes minoritaires. Nous devons dépenser tout notre argent avant le 31 mars, avant la fin de l'exercice, ce que nous nous efforçons évidemment de faire, étant donné les circonstances. Toutefois, tout cela implique que nos comptes de banque sont à sec jusqu'à ce que nous recevions le versement suivant — qui a été effectué le 15 mai cette année. Ainsi, nous avons dû nous passer de salaire pour le mois de mai. Comme Robert l'a laissé entendre, cela a des répercussions tout à fait personnelles.
Il me semble que quelque chose ne va pas, surtout en ce qui concerne les groupes de longue date, qui ont toujours présenté leur rapport, etc. Il me semble que pour ce genre de groupes avec qui la relation est soutenue, cela devrait être automatique. Nous considérons donc nous aussi que nous devons améliorer la façon de traiter les groupes communautaires.
Pour l'instant, les étapes menant à l'approbation d'un rapport sont trop nombreuses. Le rapport doit être présenté à votre agent, qui vous pose ensuite des questions, ça passe au prochain échelon, qui a également des questions à vous poser, et ainsi de suite. Il faut parfois attendre des semaines avant que notre rapport soit finalement approuvé. Ensuite, il est transmis aux finances, qui nous posent davantage de questions. Évidemment, elles sont toutes légitimes, et je n'insinue pas que nous ne devrions pas y répondre ni rendre des comptes, bien au contraire. Nous en sommes conscients, mais le processus est trop long, et entre-temps, nous épuisons nos ressources financières.
Par exemple, le versement de 25 p. 100 du financement que nous avons reçu cette année a depuis longtemps été dépensé. Ainsi, comme on l'a dit plutôt, nous avons perdu de la crédibilité aux yeux du propriétaire de nos locaux et de nos partenaires, qui attendent que nos activités démarrent, mais en vain, puisque nous n'avons pas reçu de financement à cette fin. Je reçois des appels chaque semaine me demandant quand nous allons pouvoir démarrer, parce que nos partenaires doivent planifier leurs activités pour l'automne également, et décider s'ils vont collaborer avec nous ou pas. Malheureusement, je ne peux pas leur répondre, tant que nous n'aurons pas les fonds nécessaires pour aller de l'avant. Il en va donc de notre crédibilité.
Nous avons présenté une demande de financement pour un projet d'un an. Elle a été approuvée, mais nous n'avons toujours pas reçu le financement. Lorsque nous toucherons les fonds, nous devrons les dépenser complètement avant la fin de l'année financière. Nous devons donc maintenant dépenser en cinq mois ce que nous avions prévu pour 10 mois. Nous devons donc condenser toute l'organisation nécessaire pour dépenser les fonds avant le 31 mars, et à rendre compte. Cela pose problème pour de petits organismes comme le nôtre. Au Québec, nous n'avons qu'un employé et demi; on doit donc effectuer énormément de travail afin de mener à bien ces projets.
Par ailleurs, au cours des années précédentes, nous avions l'habitude de recevoir 50 p. 100 de notre financement entre les mois d'avril et mai. Lorsque nous n'avons reçu que 25 p. 100 cette année, cela a manifestement causé des difficultés. Il me semble qu'il va falloir que vous reveniez à la formule antécédente où nous obtenions 50 p. 100 du financement au début, ce qui nous permettrait de poursuivre nos activités. On s'attend à ce que nous fassions rapport de 50 p. 100 de nos activités à la fin du mois de septembre. Nous préparons un rapport intérimaire. Nous devons faire rapport qu'avec seulement 25 p. 100 de notre financement nous n'avons pu atteindre 50 p. 100 de notre objectif. Il est clair que cela donne une image négative de notre organisation. Si nous voulons atteindre des indicateurs de rendement, nous ne pouvons certainement pas atteindre 50 p. 100 des indicateurs de rendement avec 25 p. 100 de notre financement.
En ce qui concerne l'autre question, c'est-à-dire le fait que les dépenses de financement pour notre ligne de crédit ne soient pas payées — nous avons une petite ligne de crédit à la banque — aucune des ententes que nous avons ne prévoit le remboursement de ces dépenses. Ces dépenses sont payées à même les coûts de fonctionnement.
Par ailleurs, notre conseil d'administration limite sa capacité à se réunir — car la gouvernance c'est un problème pour nos organisations — et le fait de ne pas avoir les fonds nécessaires pour que notre conseil d'administration puisse se réunir face à face limite notre organisation.
Merci.
L'Association régionale des West Quebecers est située à Gatineau—Aylmer. C'est une organisation qui appuie la communauté anglophone en lui fournissant de l'information et en l'aidant à trouver des services en anglais. Je suis directrice générale de l'association depuis un peu plus d'un an. C'est une expérience assez nouvelle pour moi. À certains moments, nous avons eu des difficultés financières.
L'Association régionale des West Quebecers, en appuyant la communauté anglophone, fournit ce que nous appelons un centre d'information à cette communauté minoritaire au Québec, particulièrement dans notre région. Nous le faisons grâce à notre site Web qui a été amélioré considérablement depuis mon arrivée il y a un an. Nous avons également un bulletin trimestriel et des bulletins électroniques bimensuels qui sont envoyés à tous nos membres de l'Outaouais. Nous les mettons par ailleurs à la disposition du grand public. Les gens peuvent ainsi se renseigner sur les activités qui se déroulent dans le domaine de la culture, du patrimoine, de l'éducation et des possibilités pour les jeunes. Nous y présentons par ailleurs les activités qui se déroulent dans la ville de Gatineau et les possibilités qu'on y retrouve.
Nous recevons notre financement de base de Patrimoine canadien. Nos rapports avec Patrimoine canadien et ses représentants sont extrêmement positifs. Je suis assez nouvelle dans ce programme, et ils nous ont beaucoup aidés, nous ont donné beaucoup d'information et ont fait preuve d'une grande patience pour m'expliquer ce qu'il faut faire, quand il faut le faire et pourquoi le faire. Nous leur en sommes extrêmement reconnaissants.
À l'occasion nous rencontrons certains problèmes. Habituellement c'est le même genre de problèmes que ceux qu'a mentionnés Lawrence dePoe. Nous sommes une petite organisation. Nous ne sommes que deux personnes. Nous tentons d'entreprendre de nouveaux projets pour desservir la collectivité tout en continuant de nous acquitter de nos responsabilités en matière de reddition de comptes, de nous assurer que nous faisons ce que nous disons que nous allons faire et d'envoyer des propositions pour notre financement de base pour l'année suivante. C'est tout un défi sur le plan du temps et de l'efficacité. Pour moi, la directrice générale, les mois de septembre, octobre et novembre sont presque entièrement consacrés à la préparation de rapports et de demandes de financement pour le programme de financement de base de l'année suivante. Pour cette raison, nous n'avons pas toujours la possibilité d'envisager les projets à plus long terme et d'essayer d'obtenir du financement pour ces derniers.
Cette année, nous nous sommes retrouvés dans deux situations difficiles: tout d'abord au début de notre exercice, c'est-à-dire le 1er avril, et ensuite à ce moment-ci, soit au début de la deuxième période de six mois. C'est à ces moments-là que nous recevons généralement notre financement. S'il y a un retard, nous devons remettre à plus tard certains projets. D'aucuns pourraient être obligés de puiser dans leurs poches pour nous aider.
Comme nous sommes un organisme sans but lucratif, nous ne pouvons avoir de ligne de crédit; nous avons tenté d'en obtenir une. Tout au mieux, nous avons réussi à obtenir une carte de crédit de notre banque avec un crédit maximum de 5 000 $. Cela ne nous permet pas d'aller bien loin entre les chèques de financement, s'ils arrivent en retard.
Cela nous aide donc à faire preuve de créativité et à trouver des moyens pour nous de faire des choses différemment à l'avenir afin que nous ayons une sorte de coussin de sécurité et que nous ne soyons pas obligés d'être en mode de panique constamment lorsque nous arrivons à la fin d'un montant particulier de financement.
La raison pour laquelle nous ne pouvons pas obtenir de ligne de crédit c'est que nous devons fournir à la banque un bien affecté en garantie. C'est quelque chose que nous n'avons pas en tant qu'organisme sans but lucratif. Nous ne sommes pas propriétaires d'un immeuble, nous sommes locataires.
Encore une fois, cela nous met dans une position où nous devons trouver d'autres solutions pour satisfaire aux exigences de la banque ou faire quelque chose par nous-mêmes et trouver chaque année une sorte de bien nanti en faisant preuve d'ingéniosité et en étant efficaces et efficients dans ce que nous faisons. Pour faire cela, nous devons acquérir d'autres fonds. Je ne veux pas parler de fonds du gouvernement; nous devons faire une campagne de levée de fonds de notre côté. Encore une fois, cela demande du temps et des gens pour faire tout cela.
Nous avons également eu le problème de factures non payées, ce qui veut dire que nos créditeurs aussi avaient des problèmes. Nous donnions l'impression d'être encore moins compétents parce que nous ne pouvions pas payer nos factures de sorte que nous avons perdu de la crédibilité.
La seule raison pour laquelle nous ne nous sommes pas retrouvés exactement dans la même position que le CPF, c'est que nous avions un petit montant de fonds que nous avions demandé pour un autre projet. Ce financement est arrivé. Bien qu'il fasse l'objet d'un rapport séparé, le montant n'est pas déposé dans le même compte bancaire. Ce n'est que pour cette raison que nous avons réussi à naviguer à travers nos problèmes de financement. Pour être exactement précis, si notre chèque avait été retardé d'un jour, nous n'aurions pas été en mesure de couvrir les chèques de paie pour les membres de notre personnel.
Encore une fois, c'est le genre de situations dans lesquelles nous nous retrouvons. En même temps, je veux qu'il soit très clair que Patrimoine canadien et les experts-conseils avec lesquels nous travaillons nous ont très bien appuyés. Cela semble être une situation qui échappe tout à fait à leur contrôle.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant notre comité aujourd'hui.
Je comprends quels sont les défis que vous avez à relever. Il y a 12 ans, je faisais partie d'un groupe de trois personnes qui, sans argent ni ressources, comme bon nombre d'autres groupes représentés par vos organisations, a lancé un organisme sans but lucratif sous l'appellation Historica-Dominion Institute. À l'époque, nous n'avions vraiment rien. Je me souviens d'avoir emprunté l'ordinateur de quelqu'un. Durant notre première année, nous avons reçu, je crois, une subvention d'environ 60 000 $. Notre budget était très restreint. Je comprends donc fort bien les défis qu'ont à relever vos organisations. Nous avions les mêmes défis.
Bien que cela ne s'applique peut-être pas dans votre cas, nous avons constaté rapidement qu'il nous fallait diversifier nos sources de financement. Également, la gestion des flux de trésorerie était très exigeante. Durant les premières années, nous ne pouvions obtenir de crédit; Mme Stronach a parlé de cet aspect d'ailleurs. Nous n'avions pas de marge de crédit ni de cartes de crédit, rien du tout, et justement pour les mêmes raisons que celles dont vous avez parlé. Il était difficile d'obtenir du crédit et de gérer les flux de trésorerie.
C'est seulement après quatre ans environ que nous avons été en mesure de négocier une marge de crédit avec la banque. Également, nous avons sollicité deux autres sources de financement. D'une part, il s'agissait du secteur des entreprises et du secteur privé. Il est bien certain que nous avons eu des difficultés à obtenir ce financement.
Nous avons utilisé ces apports pour gérer nos flux de trésorerie. Le secteur privé n'a pas ces accords de contribution assez lourds qui caractérisent le gouvernement du Canada, étant donné que ce ne sont pas des fonds publics. Nous avons donc utilisé le financement du secteur privé pour atténuer les fluctuations de nos flux de trésorerie.
Nous avons également, avec un succès mitigé, il faut le dire, ce qui ne sera peut-être pas votre cas, cherché à faire participer davantage nos membres au soutien de notre organisme sans but lucratif.
Ce sont là quelques idées.
Parmi les défis à relever dans vos rapports avec le gouvernement, il faut dire que le Conseil du Trésor établit et approuve des conditions pour chaque programme du gouvernement du Canada. Depuis plusieurs années, ces conditions sont très rigoureuses et les fonctionnaires les font respecter à la lettre, pour des raisons évidentes. Cette situation n'est pas particulière au programme qui vous intéresse, ni à Patrimoine Canada. Elle reflète la pratique de l'ensemble du gouvernement. Je ne crois pas que l'approbation du financement donne lieu à des manoeuvres quelconques.
Vous avez certainement raison de faire cas du problème. Il se peut que l'on trouve des solutions.
Le gouvernement a notamment, dans le cadre du financement de programmes et des contributions, consenti des avances au début de l'exercice financier, avant l'approbation officielle d'une demande, aux organisations qui présentaient peu de risque afin de leur permettre de poursuivre les programmes entamés. Cela permet à une organisation de franchir le premier trimestre. Cela n'est pas très utile si l'organisation n'obtient pas les autres 75 p. 100 du financement avant septembre mais, à tout le moins, on obtient dès le départ un financement pour les trois premiers mois. Il reste deux mois au cours desquels vous devez trouver des solutions pour gérer les flux de trésorerie.
Voilà donc certaines idées.
Je me suis dit également que l'organisation-cadre pourrait faciliter l'obtention d'une marge de crédit pour certaines des organisations membres. Sait-on jamais?
Nous sommes disposés à accueillir toute proposition utile que vous pourriez faire au gouvernement.
Je souhaite à nouveau la bienvenue à ceux parmi vous qui ont déjà comparu. Je suis contente de vous revoir.
J'aimerais faire porter mon attention sur un aspect sur lequel M. Donnely est revenu constamment, à savoir qu'il existe une grande frustration. Je peux vous assurer que nous tous ici, quelle que soit notre allégeance, comprenons que la situation est frustrante et compatissons avec vous. Je dois vous dire que, à titre de nouvelle députée — je suis ici depuis presque un an — j'ai mon lot de frustrations. Je suis passablement étonnée de la manière dont évoluent ou n'évoluent pas les choses dans cette vaste organisation et au Parlement comme tel.
J'avais bon espoir, lorsque nous nous sommes penchés sur ces questions, que nous passerions un temps considérable à trouver des solutions. Malheureusement, nous n'avons pas rencontré jusqu'à maintenant les personnes qui pourraient changer les choses. Nous espérons pouvoir le faire au cours de nos prochaines réunions.
Je crois comprendre que certains des problèmes sont récurrents et nous sont soumis année après année. J'ai été membre de nombreuses organisations sans but lucratif en milieu minoritaire qui ont exprimé leurs frustrations durant dix ou quinze ans. Je suis attristée de constater que les progrès ont été minces. Je dois dire cependant qu'il me semble que certaines solutions provisoires ont fini par devenir quasi permanentes et doivent être revues. Tout en me réjouissant de vous revoir, je veux parler de choses concrètes. J'aimerais vous entendre confirmer ce message que nous entendons depuis des années et que vous nous avez transmis encore aujourd'hui. Veuillez donc être indulgents à mon égard.
Ces problèmes reviennent année après année, nous avez-vous dit, mais, selon vous, ils ne sont pas politiques. Même si certains partis ici présents tentent de leur donner une allure partisane, je vous ai entendu dire que ce n'était pas des problèmes de nature politique et que vous n'étiez pas d'avis que les fonctionnaires se traînaient les pieds. Je vous remercie de ces commentaires.
Vous nous avez dit que le processus de rédaction de rapports et de formulation de demandes prenait beaucoup de temps. Il nous faut donc nous interroger sur les façons de simplifier les choses. C'est ce que nous avons compris.
Également, les retards dans l'approbation des programmes vous empêchent d'obtenir du crédit. C'est ce que nous avons compris également.
Et vous nous avez dit également que le retard dans la réception du chèque après confirmation compromet votre crédibilité auprès de personnes comme votre locateur. C'est bien ce que nous ont dit M. dePoe et d'autre intervenants. De plus, les frais d'intérêt ne sont pas couverts.
Puis, lorsque vous avez reçu votre confirmation et votre chèque, la période de dépenses est écourtée. Il est donc difficile pour vous de respecter l'échéance de mars après laquelle vous devez rembourser tout excédent. Nous avons compris cela également.
J'ai également compris que vous estimez que certaines propositions sont valables, comme celles de conclure des ententes visant plusieurs années. Voilà qui est excellent.
J'ai également pris connaissance, monsieur Donnely, des propositions que vous avez formulées dans votre rapport, et je vous en suis reconnaissante.
Je ne voudrais cependant pas que les membres du comité quittent cette table sans tenir compte de ce que vous avez dit très clairement, à savoir que nous devons travailler ensemble et que le problème n'est pas d'ordre politique mais systémique. J'espère donc que vous allez surveiller nos initiatives à l'égard des personnes qui auront un rôle direct à jouer dans la prise de décisions visant à améliorer les choses. Si vous avez d'autres propositions, je vous prie de communiquer avec nous à tout moment. Je me réjouis de vous entendre dire que vous êtes en mesure d'établir des rapports avec le ministère du Patrimoine canadien et que vos rapports avec les représentants de ce ministère sont excellents. Nous espérons que cela se poursuivra.
J'espère que nous accueillerons des témoins lors de la prochaine réunion. J'espère également que, s'il nous faut plus de temps, nous en aurons puisque, en définitive, il est très important de nous atteler à la tâche pour améliorer l'efficacité.
J'estime que certaines réalités comme le scandale des commandites et les recommandations de l'enquête du juge Gomery nous ont obligés à mieux rendre des comptes, à faire preuve d'une plus grande transparence, ce qui explique peut-être la complexité de la mécanique. Pourtant, nous devons trouver des façons d'être plus efficaces et je vous remercie donc de vos propositions.
Je ne vais pas poser d'autres questions, car comme je l'ai dit, j'entends parler de cela depuis plus de 15 ans. Je veux seulement aller au fond des choses et c'est pourquoi il me tarde de discuter avec les gens qui se trouvent dans le système pour bien faire les choses dans le but de pouvoir vous aider. Alors s'il vous plaît, soyez patients. Tout le monde est concerné, et nous voulons tous vous aider.