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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, merci de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de la souveraineté de l'Arctique.
Je m'appelle John Keating. Je suis le PDG de COM DEV International, entreprise du domaine aérospatial appartenant à des intérêts canadiens. Je crois que votre Parlement et votre comité saisissent bien l'enjeu auquel les Canadiens font face; je ne vais pas vous ennuyer avec cela.
Pour résumer, les changements climatiques et le retrait des glaces ont déjà produit un impact considérable en ouvrant le Nord aux activités de toutes sortes, conduites à la fois par des Canadiens et des étrangers. Si l'activité y est déjà accrue en ce moment, mettons qu'elle continuera à croître de façon exponentielle durant les prochaines années. Ce fait donne au Canada d'immenses possibilités, mais crée des menaces importantes à notre souveraineté et des responsabilités de gérance. Selon la formule employée par le premier ministre, « pour développer le Nord, nous devons connaître le Nord; pour protéger le Nord, nous devons contrôler le Nord. »
Nous sommes d'accord avec les témoins précédents, qui ont expliqué qu'il faut une solution « pangouvernementale, un système des systèmes », pour soutenir le développement, la souveraineté et la gérance du Nord. Le ministère de la Défense nationale contribue déjà à cette solution globale avec les projets d'acquisition de navires de patrouille extracôtiers pour l'Arctique et d'établissement d'un centre d'entraînement dans le Nord.
Ces systèmes, y compris ceux fournis par le MDN, seront tous tributaires de l'infrastructure de l'information qui offre les types de services et de données de base que nous tenons pour acquis dans le Sud comme les services de communications, de recherche et de sauvetage, de prévisions météorologiques et maritimes. Cette infrastructure de l'information est encore à peu près inexistante dans le Nord. Le Nord est simplement trop vaste, trop isolé et trop éloigné pour qu'on puisse envisager et construire un réseau d'information terrestre traditionnel.
S'il est irréaliste d'établir une infrastructure terrestre traditionnelle pour assurer la souveraineté dans l'Arctique, il est tout de même possible de mettre en oeuvre les services nécessaires à partir de l'espace, grâce aux satellites. Selon la charge utile transportée, ces satellites peuvent exécuter un certain nombre de fonctions critiques dans le Nord, y compris suivre les navires, permettre des transmissions protégées, fournir les données pour assurer des prévisions météorologiques exactes, surveiller les changements climatiques et assurer les services de recherche et de sauvetage.
La souveraineté dans le Nord est un enjeu canadien qui exige un contrôle canadien de la situation. Or, il existe une solution canadienne qui permet d'offrir une infrastructure de l'information nordique économique, fiable et rapidement déployée qui repose sur l'utilisation de petits satellites et de microsatellites modernes et économiques.
Les satellites d'antan étaient efficaces, mais habituellement très coûteux; ils pesaient plusieurs tonnes et coûtaient plus de 100 millions de dollars l'unité. Peu d'entreprises avaient la capacité de produire ces satellites, peu de clients pouvaient les acheter. Par contre, de récentes avancées technologiques ont sensiblement réduit leur taille et leurs coûts, de sorte que les microsatellites actuels peuvent peser moins de 100 kilogrammes et coûter moins de 10 millions de dollars.
Le Canada, y compris COM DEV, dont les propriétaires-exploitants sont canadiens, est un chef de file mondial dans ce domaine. L'ASC et le MDN ont mis en place des plans reposant sur le recours à une infrastructure microsatellitaire pour répondre aux besoins nationaux du Canada.
À l'aide d'un exemple, j'aimerais illustrer la capacité d'une telle mission satellite à suivre le trafic maritime à l'échelle du monde, y compris dans les régions les plus reculées de l'Arctique.
[Présentation d'un document vidéo]
M. John Keating: Cette très courte vidéo vise à montrer que nous disposons d'un système satellitaire qui permet de prendre en charge toutes ces choses-là: repérer les navires, protéger nos frontières, assurer les services de recherche et de sauvetage, surveiller les paramètres de l'environnement — toutes les fonctions que je viens de décrire pour vous, mesdames et messieurs.
C'est une solution canadienne conçue par une entreprise canadienne, une technologie très avancée qui permet de repérer les transmissions des navires. Elle fait appel à six satellites circulant sur orbite polaire, comme vous pouvez le voir ici; à plusieurs stations terrestres; à un centre de données; et à un centre d'opérations. Cela permet de jauger le trafic maritime tel qu'il se déploie dans le monde entier. C'est une possibilité qui n'existe tout simplement pas aujourd'hui. Ce que vous voyez est une simulation du parcours des satellites. L'image que vous voyez en ce moment renvoie des données réelles provenant d'un satellite réel que COM DEV a fabriqué et mis en orbite.
Exemple de surveillance du trafic maritime: voici le Louis S. St-Laurent dans le Nord, ici. Le système fait voir ici une information réelle, comme j'ai pu le décrire.
Voilà le Terry Fox dans les eaux de l'Extrême-Arctique. Nous pouvons voir chaque navire et avoir accès à toutes sortes de renseignements sur chaque navire, savoir d'où il vient et où il s'en va.
Voici un navire de croisière russe que nous avons repéré à l'aide de notre satellite pilote dans l'espace. Nous pouvons déterminer d'où il vient, où il s'en va, sa vitesse, sa cargaison.
Nous avons accès à tous les renseignements voulus pour l'Arctique, l'Atlantique Nord, les côtes de l'Ouest du Canada. Voici l'île de Vancouver et tout le trafic maritime autour de l'île de Vancouver.
Jusqu'à maintenant, ce sont des images qui n'avaient jamais été vues. Elles n'existaient tout simplement pas.
Voici Juneau, en Alaska.
C'est un système d'une exactitude extraordinaire. Voilà le port de Juneau, en Alaska. Nous pourrons repérer la situation des navires à plus ou moins 20 mètres près. Si quelqu'un entre donc dans nos eaux canadiennes, pollue nos eaux canadiennes, nous pouvons le repérer, jusqu'au port où il se trouve aujourd'hui.
Si vous vous intéressez à la pêche et plus particulièrement aux gens qui viennent pêcher dans nos eaux, voici une flotte de pêche, ici.
L'information ainsi relevée est intégrée à des cartes détaillées et à des informations à l'intention des utilisateurs. Nous pouvons gérer le trafic, c'est-à-dire faire en sorte que les bateaux de pêche demeurent où ils sont censés se trouver, sinon nous devons les envoyer aux bons endroits.
Si quelqu'un pollue ou s'il y a une catastrophe naturelle, nous pouvons surveiller la situation.
Nous pouvons envoyer des gens au dernier endroit auquel on aurait pensé pour mener une mission efficace de recherche et de sauvetage. Et, bien entendu, toutes nos autorités, notre marine, notre personnel de sécurité peuvent voir ce qui se passe.
C'est donc un système qui nous permet de connaître le Nord et de contrôler le Nord. C'est une petite infrastructure basée sur les microsatellites qui offrira un niveau de soutien essentiel et économique à la série de systèmes qui permettent de veiller sur la souveraineté du pays dans l'Arctique, y compris ceux que met actuellement au point le ministère de la Défense nationale.
Les services qu'ils fournissent, tels que les prévisions météorologiques, les communications et la recherche et le sauvetage, serviraient à développer l'infrastructure comme on en a tant besoin dans le Nord; ce serait une façon de contribuer au bien-être et à la qualité de vie des personnes qui vivent dans le Nord aujourd'hui même et de celles qui prévoient le développer davantage. Bref, il est question ici de bâtir un pays.
L'infrastructure satellitaire serait développée au Canada par des sociétés canadiennes parmi les premières dans le monde. Les emplois de haute technologie et de grande valeur créés chez COM DEV et ses partenaires et fournisseurs commerciaux se trouvent dans tout le Canada.
Les Canadiens sont fiers à juste titre de nos réalisations dans l'espace. Je crois que cette approche canadienne d'une solution au problème de la souveraineté dans l'Arctique, solution basée sur l'espace, serait adoptée avec raison par les Canadiens d'un océan à l'autre.
Le ministère de la Défense nationale a adopté l'utilisation de petits satellites et de microsatellites pour les missions opérationnelles spatiales telles les applications que je vous ai décrites aujourd'hui. Entre temps, l'Agence spatiale canadienne développe présentement, en consultation avec un certain nombre de ministères et d'autres parties intéressées, un plan spatial à long terme pour le Canada. Ces groupes reconnaissent tous que l'utilisation de l'espace continue à être essentielle pour le Canada, et en particulier pour ses vastes territoires éloignés de l'Arctique.
Il est primordial que ces organismes continuent d'investir dans les solutions microsatellitaires et de les promouvoir en tant que composantes urgentes et vitales de la stratégie intégrée pour le Nord du Canada.
Mesdames et messieurs, je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler de la souveraineté de l'Arctique à tous les membres du comité présents.
[Traduction]
Merci, monsieur le président, de nous avoir invités à présenter le point de vue des Inuits sur la souveraineté dans l'Arctique.
Le président du Conseil circumpolaire inuit (Canada), Duane Smith, qui sera là la semaine prochaine, est chez lui à Inuvik en ce moment. Il m'a demandé de vous dire qu'il regrette de ne pouvoir témoigner devant le comité. Il m'a demandé de le faire en son nom. Je suis sûr qu'il est ouvert à l'idée de répondre à toute question que vous allez vouloir lui transmettre plus tard par la poste, par courriel ou autrement.
Je vais vous présenter un point de vue un peu différent sur la souveraineté, par rapport à ce que certains d'entre vous peuvent concevoir. Je veux insister sur la dimension internationale de la souveraineté et sur une chose que le gouvernement du Canada, et surtout votre comité à vous, devrait savoir, soit que les Inuits — qui ne vivent pas qu'au Canada — peuvent représenter un bon partenaire, bâtir une relation solide avec le Canada et faire avancer ses desseins politiques.
Comme vous le savez peut-être, la fondation du Conseil circumpolaire inuit remonte à la fin des années 1970, époque à laquelle les Inuits de quatre pays se sont réunis pour discuter de questions faisant intervenir tout à fait la notion de souveraineté, du moins tel que les Inuits la percevaient. Ils l'ont fait en partie parce que des pétrolières, à l'époque, s'installaient en Alaska sans quelque égard que ce soit pour la souveraineté des Inuits dans la partie nord de cet État. Comme vous le savez, la même chose s'est produite plus ou moins, plus tard, dans la vallée du Mackenzie et dans d'autres régions du Canada. Beaucoup de choses ont changé depuis 30 ou 35 ans, pour le mieux, d'ailleurs, comme vous le savez, monsieur le président.
Votre invitation aujourd'hui ne pouvait mieux tomber: il y a à peine deux semaines de cela, dans le nord de la Norvège, le Conseil circumpolaire inuit a produit une déclaration circumpolaire inuit sur la souveraineté dans l'Arctique. Je l'ai en main. Si le greffier pouvait me dire qu'elle a été traduite en français, je pourrais peut-être même en distribuer des exemplaires. Vous pouvez aussi la consulter sur le site Web du Conseil.
Monsieur le président, cette déclaration circumpolaire sur la souveraineté dans l'Arctique en est venue à naître pour plusieurs raisons. Premièrement, comme le témoin précédent vient de le faire remarquer, de plus en plus, l'Arctique est dans la mire des Canadiens aussi bien que de gens à l'étranger et des États, des universitaires, de l'industrie et, comme nous l'avons entendu dire aujourd'hui, de l'industrie spatiale. Comme vous le savez aussi, monsieur le président, il y a eu une réunion très importante, que...
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Comme je le disais, essentiellement, la déclaration dit que les Inuits ont le droit à l'autodétermination dans leur patrie arctique, qui s'étend de Chukotka, à l'extrême est de la Russie, jusqu'au Groenland, en passant par tout l'Alaska et l'Arctique canadien. Le droit à l'autodétermination est inscrit dans toute une série de conventions et d'instruments internationaux relatifs aux droits de la personne.
Je tiens toutefois à insister sur un fait: par cette déclaration, nous ne cherchons nullement un affrontement. La déclaration, si vous avez l'obligeance d'aller voir le dernier paragraphe, se termine comme suit:
Nous, Inuits de l'Inuit Nunaat...
... l'Inuit Nunaat, soit dit en passant, c'est le vaste territoire où habitent les Inuits...
sommes engagés envers cette Déclaration et déterminés à oeuvrer avec les États de l'Arctique et les autres États à développer des partenariats dans lesquels les droits, les rôles et les attributions des Inuits sont pleinement reconnus et font l'objet d'accommodements.
Les Inuits entendent jouer un rôle vigoureux en tant que partenaires pour l'avenir de l'Arctique. La déclaration est une façon de dire au monde entier quels sont les fondements sur lesquels s'appuient les Inuits.
La Déclaration circumpolaire inuite sur la souveraineté dans l'Arctique s'applique à toutes les activités qui se déroulent dans la patrie des Inuits. D'abord et avant tout, cela veut dire que les Inuits doivent être présents à la table de négociation lorsqu'il est question de choses comme l'action militaire dans l'Arctique. Le Conseil pose en principe qu'il faut régler les différends au moyen de la coopération et de la diplomatie, plutôt que de l'action militaire, dans la mesure du possible, et je crois que toutes les personnes ici présentes sont d'accord sur ce point.
Deuxièmement, les Inuits doivent être présents à la table lorsqu'il est question de développement économique dans l'Arctique. Comme vous le savez, il est extraordinairement important que le développement économique se fasse de manière durable. Les besoins des communautés inuites doivent être mises à l'avant-plan. D'une part, les Inuits désirent vivement se former en vue d'occuper les emplois qui seront créés dans la région et se réjouissent de la croissance qui pourrait résulter de la situation au sein des communautés inuites. D'autre part, les Inuits se préoccupent beaucoup des risques posés pour un environnement fragile: leur mode de vie et, de fait, leur santé physique, affective et spirituelle tiennent au lien qu'ils ont avec un écosystème arctique en santé.
Troisièmement, les Inuits souhaitent participer aux recherches scientifiques qui se font dans l'Arctique. Les Inuits sont des observateurs attentifs de l'environnement; ils peuvent mettre à profit un trésor de connaissances traditionnelles. Souvent, les Inuits entretiennent par ailleurs des réserves quant aux méthodes de recherche qui sont employées. Il faut tenir compte de ces réserves.
Vous le remarquerez, la déclaration comporte une disposition selon laquelle la souveraineté commence chez soi. De même, pour qu'un peuple en arrive à être souverain et fort, il faut régler les questions économiques et sociales, y compris les questions linguistiques, qui le touchent. Vous le lirez, la déclaration réitère les droits qui sont conférés aux Inuits en droit international. En même temps, il est question des droits acquis au sein des États et des territoires à l'intérieur des États en question. Cependant, il est d'abord et avant tout question du fait que les Inuits doivent être représentés.
Comme bon nombre d'entre vous le savez, les Inuits n'étaient pas présents à la table de négociation lorsque les cinq ministres des Affaires étrangères — le groupe baptisé oceans five — ont discuté de la question de la souveraineté au Groenland en mai 2008. Comme vous le savez, monsieur le président, le Canada avait délégué là le ministre des Ressources naturelles. Il y avait aussi les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de la Norvège, des États-Unis et, également, du Danemark. Je recommanderais vivement que le ministère de la Défense nationale accepte l'invitation lancée par le CCI et tous les leaders inuits dans la déclaration, soit de discuter, de cultiver les relations.
Quelqu'un a parlé tout à l'heure de menaces planant sur l'Arctique. Je dirais, d'après l'expérience que j'ai au Conseil de l'Arctique, que c'est là un champ d'action où il y a beaucoup de coopération et beaucoup de bonne volonté, même parmi ceux qui plantent des drapeaux au pôle Nord.
L'île de Hans est souvent citée — soit pour faire une blague, soit pour évoquer quelque chose de très sérieux —, nos ministres à nous y ont même mis le pied. Les Inuits du Groenland l'ont souvent dit, à l'instar des Inuits du Canada: laissez-nous le soin de régler ces disputes-là. Il n'y aura pas beaucoup de discussions.
Il y a beaucoup d'harmonie dans l'Arctique; prenons cela comme point de départ. Nous en voyons au Conseil de l'Arctique, par exemple. Malheureusement, les organisateurs des discussions sur la question de la souveraineté au Groenland n'ont pas recouru au Conseil de l'Arctique; du moins ils n'ont pas invité les Inuits à y participer; comme ils le font et comme ils l'ont fait dans le passé en ce qui concerne le Conseil de l'Arctique. Si toutefois nous continuons à solliciter la participation des Inuits à ces affaires, qu'il s'agisse de la mise au point de techniques dans l'industrie de l'espace, d'études universitaires, de tourisme ou, fait encore plus important, de politiques gouvernementales... prenez au mot ce que disent les Inuits — les Inuits des quatre pays, y compris les Inuits du Canada — dans cette déclaration.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, c'est un honneur pour moi de pouvoir vous adresser la parole aujourd'hui.
Le Comité permanent de la défense nationale a pour responsabilité de bien orienter la défense et la planification stratégique du pays — tâche redoutable, compte tenu de l'évolution rapide des affaires mondiales et continentales.
On m'a demandé de traiter en particulier de questions touchant la souveraineté dans l'Arctique et de ce que doit faire le Canada pour défendre le Grand Nord. Comme je suis historien, je me sens obligé de vous dire que le Canada, depuis la Confédération jusqu'à présent, hésite à déterminer sa stratégie à long terme dans la région en question. De façon générale, notre pays a réagi aux défis et menaces extérieurs pour sa souveraineté, plutôt que de préparer ses propres plans pour l'intégration de la région. Depuis la ruée vers l'or dans le Klondike jusqu'à la guerre froide, en passant par la militarisation du nord durant la Seconde Guerre mondiale, la politique canadienne est essentiellement réactive. Ce sont les menaces provenant d'étrangers, plutôt que des priorités nationales ou régionales, qui ont poussé le pays à agir. Comme la situation actuelle le donne à penser encore une fois, l'intérêt épisodique porté à la région et l'absence d'engagements soutenus n'ont pas bien servi le Nord ni même le Canada.
Comme le comité permanent le sait très bien, la situation dans l'Arctique a considérablement évolué. La région de l'Arctique présente des limites géographiques jugées incertaines, de même que la perspective de découvertes importantes en ce qui concerne les ressources naturelles. La fonte des glaces y a ouvert la voie à la navigation. De plus en plus, la région suscite l'intérêt des pays, dont le Japon, la Chine et les membres de l'Union européenne, qui ont exprimé, sinon réitéré leur intérêt pour les affaires de l'Arctique. La réacquisition d'un certain pouvoir d'agir chez certains peuples autochtones, particulièrement les Inuits, est devenue un facteur important de la donne politique dans le Nord.
En même temps, comme la population canadienne est de plus en plus urbaine et concentrée dans le Sud, de sorte que très peu de Canadiens ont affaire personnellement au Grand Nord, les liens nationaux avec l'Arctique se sont relâchés. Je ne suis pas sûr que les idées souvent romantiques qui circulent depuis des décennies à propos du Canada en tant que pays nordique suscitent encore l'adhésion des Canadiens.
Si je comprends bien, vous souhaitez déterminer si les Forces canadiennes sont équipées et entraînées comme il faut pour relever le défi qui se présente, soit de protéger et d'affirmer la souveraineté nationale du Canada dans la région. Permettez-moi de faire valoir quelques idées que je nourris à propos de cette question tout à fait capitale.
Comme elle le font ailleurs, les Forces canadiennes y font un travail admirable avec des ressources limitées, sans disposer de l'éventail complet de matériel et de technologies nouvelles qui seraient nécessaires. Le comité sera d'accord sur ce point, j'en suis sûr: le pays ne peut demander aux hommes et aux femmes des Forces canadiennes de s'attaquer à des missions d'envergure sans être équipés et préparés adéquatement.
En ce moment, dans le Nord, le Canada ne dispose pas des moyens scientifiques nécessaires pour appuyer une présence militaire soutenue dans la région et pour saisir l'impact régional des changements environnementaux prévus. Or, le regard scientifique constitue un élément capital de la défense régionale.
En particulier, il faut une capacité de communication et de surveillance convenable dans l'Arctique, que cela prenne la forme de réseaux électroniques, comme ceux que nous avons vus il y a quelques minutes, de bases régionales, de capacités sous-marines, de brise-glace rattachés à la marine ou à la garde côtière ou d'un réseau étendu de Rangers canadiens. En termes simples, le Canada doit savoir ce qui se passe dans le Nord.
Les premières nations du Nord canadien, dont les Inuits, ont un rôle capital à jouer pour affirmer la souveraineté du Canada dans la région. La mise en oeuvre d'ententes sur les revendications territoriales est essentielle pour défendre l'intérêt du Canada dans la région. Les Canadiens autochtones sont des partenaires essentiels dans le Nord; leurs liens circumpolaires se sont révélés importants quand il s'est agi de présenter le Canada comme étant un pays de l'Arctique aux yeux du monde.
Il est essentiel que les investissements faits dans la défense et la protection de la souveraineté ne soient pas envisagés à part des autres engagements nationaux dans la région. Le fait de coordonner l'aménagement des installations militaires et la mise au point de l'infrastructure nécessaire au développement de la collectivité et du Nord peut aplanir les difficultés pressantes sur le plan social, économique et autre, tout en consolidant les fondements à long terme de la défense nationale.
Par ailleurs, le Canada tend à aborder les questions entourant la souveraineté dans l'Arctique à partir des menaces et des défis qui s'y présentent en ce moment. Or, il est très risqué d'adopter une telle approche de nos jours. Le rythme du changement dans l'Arctique est sans précédent. Les préparatifs de la défense des intérêts du Canada doivent prendre pour référence non pas le Nord d'aujourd'hui, mais plutôt le Nord qu'il y aura dans 10, 20 ou 30 ans, une époque où il pourra y avoir des conflits à propos des réserves de pétrole et de gaz naturel, des préoccupations intenses au sujet de l'environnement, des conflits de plus en plus importants concernant les frontières géographiques de l'Arctique ainsi que des problèmes et des menaces dont on saisit mal les contours pour l'instant.
De même, les Canadiens ont tendance à associer les défis du Nord d’abord et avant tout aux îles de l’Arctique, lieux de nombreux litiges en ce moment. À mes yeux, il importe que le pays adopte une définition plus large du Nord, qui engloberait toute la zone située entre le Yukon et le Labrador et qui reconnaîtrait les intérêts communs à l’ensemble de ces vastes étendues du Canada. Il nous faut un plan de défense du Nord qui comporte un volet Arctique digne de ce nom, et non pas simplement une stratégie sur la souveraineté dans l’Arctique.
Enfin – et c’est peut-être le point le plus important --, le moment est venu de rompre avec l’habitude historique que nous avons au Canada d’aborder comme des questions à court terme la souveraineté dans l’Arctique et la défense du Nord. Le Canada compte de vastes territoires dans le Nord et l’Arctique. Or, il a pour responsabilité de protéger les territoires en question et leurs habitants, et d’affirmer sa souveraineté sur toute la région. Sous certains aspects, l’incertitude qui caractérise la situation aujourd’hui est vraiment inquiétante. Le Canada pourrait quand même en tirer un avantage national de taille, dans la mesure où il relève correctement le défi de la souveraineté et assoit sur une approche viable et durable la défense de ses intérêts dans le Grand Nord.
J’espère que mes observations auront quelque utilité pour le comité permanent. Vous faites face à un défi important, soit d’aider à définir une approche viable et durable de la souveraineté dans l’Arctique et la défense du Nord.
Les gouvernements qui se sont succédé au Canada se sont souvent débattus avec cette question-là, au fil des ans. Je vous souhaite la meilleure des chances.
Merci, monsieur le président.
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D'abord, je dirais que je me soucie beaucoup, personnellement, de ce que vous avez décrit comme étant une histoire d'amour. Je crois que les idées que nous entretenons sur le Nord ont toujours été romantiques et mythologiques. Très rares sont les Canadiens qui se rendent dans le Nord; par exemple, les Canadiens qui se rendent au Yukon sont nettement moins nombreux que les Canadiens qui se rendent en Floride. Nous n'avons pas adopté le Nord dans ce sens concret-là.
Si vous me demandez ce que nous devrions faire, je vous dirai que, parfois, je crois que les gens se font une idée erronée du Yukon, avec ses 250 000 habitants, et des Territoires du Nord-Ouest, avec ses 500 000 à 600 000 habitants. À mon avis, ce sont des territoires qui ne peuvent soutenir le genre d'activités qui est envisagé, sinon, assurément, ce ne serait pas avantageux à long terme. Je crois qu'il nous faut une certaine stabilité. Il faut une certaine stabilité de la population, il nous faut une mise en valeur soutenue et bien planifiée des ressources naturelles, plutôt qu'une exploitation intense et rapide — le fait de prélever le plus rapidement possible le meilleur de nos ressources.
À mon avis, nous devons savoir que nous comprenons la région entière, que nous sommes présents dans l'ensemble du Nord. Encore une fois, je ne veux pas dire qu'il faudrait une base militaire avec 10 000 soldats à l'île d'Ellesmere. Ce sont là des idées peu pratiques et très coûteuses.
J'ai été élevé au Yukon. Quand j'y suis arrivé, il y avait une base des forces aériennes à Whitehorse. De fait, cela a eu pour effet de stabiliser la population. De ce fait, il y avait plus de magasins, plus d'entreprises, plus d'activités. Puis, la base a été fermée et, pendant longtemps, la défense canadienne n'avait pratiquement aucune présence au Yukon, et le Yukon en a souffert. Je vous conseillerais de commencer à penser à la façon dont il faut planifier les dépenses militaires — faut-il que ce soit une station permanente, une base des forces aériennes, un élément d'infrastructure comme un satellite ou je ne sais quoi encore — élément que vous allez combiner non seulement à la partie militaire de l'équation, mais aussi avec les autres parties. Construire une route, aménager un terrain d'aviation ou un réseau de communications essentiel, c'est construire quelque chose de solide pour améliorer le Nord.
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Merci de poser cette question-là.
On peut le voir de deux façons.
D'abord, il y a l'expansion du Conseil de l'Arctique sur le plan international. Je crois que le Conseil de l'Arctique doit en faire plus. Nous en sommes très heureux; nous en sommes très fiers. C'est le premier organisme international où les Inuits et autres peuples autochtones ont une place aux côtés des autres intervenants, peut-être le seul aussi. Comme vous le savez, j'étais moi-même à Tromsø il y a deux semaines de cela. Le président de la CCI, Duane Smith, d'Inuvik, y était aussi aux côtés du ministre Cannon et de sept autres ministres.
Ce qu'il y a de malheureux avec le Conseil de l'Arctique — et il y a tant de bonnes choses à dire au sujet de cet organisme —, c'est qu'il devrait y avoir davantage de questions sur la table.
J'étais là aussi en 1994, en 1996, au moment des négociations sur la création du Conseil de l'Arctique. Dès lors, les États-Unis d'Amérique ont fait valoir que s'il était question de mammifères marins, ils n'embarquaient pas. Le Marine Mammals Protection Act, qui, comme vous le savez tous, ne passerait pas la rampe à l'OMC de quelque façon... n'est pas sur la table. Je dois féliciter le ministre d'avoir soulevé la question des peaux de phoque à Tromsø, il y a deux semaines, la question de l'interdiction en Europe. C'était sa prérogative en tant que ministre, mais il faut dire que, dans les groupes de travail, nous ne pouvons même pas nous pencher sur la question des peaux de phoque. Les États-Unis — et aussi le Canada et la Russie, jusqu'à un certain point — ne voulaient pas non plus qu'il soit question des affaires militaires à la table. Je crois que c'est malheureux.
Ce n'est pas un organe décisionnel, mais je crois qu'il faudrait pouvoir discuter de ce genre de questions. Si vous voulez savoir ce que les Inuits pensent à propos de telle ou telle question, demandez-leur. Les Inuits ont un droit constitutionnel. Dans les quatre pays, on a affaire à un degré de constitutionnalité différent, mais cela... Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps. Améliorons le Conseil de l'Arctique en tant qu'institution.
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Vous avez posé de bien grandes questions.
L'avenir, je n'en suis pas très sûr, mais j'ai une attitude positive à son sujet.
Pour revenir à ce que vous avez dit plus tôt, à titre de rappel pour les personnes présentes, je crois que vous cherchez à invoquer, par exemple, ce qui est arrivé au Groenland: l'autonomie acquise en 1979. Le 21 juin, l'autonomie gouvernementale s'étendra encore, fruit des négociations très pacifiques qui ont eu lieu avec l'ancien colonisateur, le Danemark. Je crois que de nombreux responsables canadiens seront invités à participer à l'événement ce jour-là, jour très important. Il est question de bien d'autres affaires, par exemple les ressources naturelles.
La plupart des membres du comité et des députés savent qu'il existe quatre régions visées par les revendications territoriales des Inuits. Le dernier cas à avoir été réglé est celui du Nunatsiavut du Labrador.
En Alaska, nous en sommes venus à un arrangement semblable. Leurs droits ou leur souveraineté, comme on les appelle, ne sont pas aussi avancés dans de nombreux cas.
En Russie, il n'y a pas grand-chose qui se passe à part les réformes administratives.
Pour répondre à votre question, je crois que vous êtes en train d'évoquer les pouvoirs régionaux, la décentralisation régionale qui a lieu en ce moment. Comment faire entendre son point de vue sur le plan international et aussi sur le plan national?
C'est bien cela?
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Les membres du conseil du Conseil circumpolaire inuit, par exemple, représentent des organismes régionaux. Le président du Nunatsiavut siège au conseil d'administration du CCI, tout comme la Nunavut Tunngavik Inc., et le président de l'Inuvialuit Regional Corporation et ainsi de suite. Ces gens-là donnent des instructions précises au Conseil circumpolaire inuit. Ça demeure une des façons dont le Conseil de l'Arctique fonctionne; le CCI présente donc cette possibilité de se faire entendre.
Il y a un deuxième élément qui revêt un caractère national. C'est ce qu'on appelle le Comité consultatif du Conseil de l'Arctique du Canada, qui compte des représentants des territoires, des Inuits aussi, des représentants de divers ministères également. Il est question d'en faire un conseil de l'Arctique plus canadien, plus consistant pour ainsi dire, et non seulement un comité consultatif. Certaines discussions portent sur cette possibilité-là.
Dans le passé, les administrations locales et régionales ont essayé d'en arriver à une communion internationale des idées par l'entremise du Forum nordique. À mon avis à moi, cela n'a pas été très fructueux. Les Territoires du Nord-Ouest se sont retirés, mais je crois que, de plus en plus, il faut des tribunes comme celle-là.
Exprimer les points de vue régionaux dans le cadre d'un organisme international comme le Conseil de l'Arctique peut être délicat. Selon moi, il y aura d'autres États membres qui ne voudront pas, par exemple, que quatre ou cinq représentants du Canada viennent prendre la parole à une réunion internationale.
Tout de même, je crois qu'il faut pousser davantage dans ce sens au nouveau comité consultatif dont je vous parlais, qui deviendra peut-être une sorte de mini-conseil de l'Arctique pour le Canada.
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Voilà une question très intéressante.
Nous allons probablement aborder l'affaire comme nous le faisons toujours avec les Américains: nous allons nous quereller en public, mais régler la question tranquillement derrière des portes closes. Nous avons tendance à nous camper sur nos positions: le Canada doit dire certaines choses; les États-Unis doivent dire certaines choses aussi. Puis, derrière des portes closes, on tord des bras et on règle des problèmes, par exemple en permettant à certains navires de transiter par le passage Nord-Ouest.
Je suis parfaitement d'accord avec vous: en ce moment, cette question est plus importante que celle du passage du Nord-Ouest. À qui reviennent les droits de forage dans la mer de Beaufort, par exemple? Ce sont là des questions qui sont vraiment, vraiment importantes. La question des droits de pêche se présente en ce moment.
Il y avait une chose à laquelle on s'attendait, je crois — et c'était certainement le cas parmi les universitaires que je fréquente: tant que Bush serait président, nous aurions droit à une approche assez dure, mais, si Obama était élu, ce serait moins antagoniste. Je ne crois pas que ce sera le cas. De fait, je crois que les Américains se soucient vraiment de défendre leurs intérêts dans la région.
Les États-Unis et le Canada se tapent donc sur les nerfs de temps à autre, sur toute une série de questions. Nous avons tendance à régler ces questions de façon relativement tranquille, derrière des portes closes, et je soupçonne que ce sera là aussi un élément de la solution, dans le cas qui nous occupe.
Comme vous le savez bien — et vous en avez peut-être déjà parlé, les Américains ont soulevé la question du contrôle des pêches, une affaire qui pourrait bientôt éclater, à mon avis.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir pour moi de me retrouver parmi vous, du moins à l'occasion de cette réunion particulière.
Je veux revenir à la citation que vous avez donnée: « Pour développer le Nord, nous devons connaître le Nord. Pour protéger le Nord, nous devons contrôler le Nord. » Je suis sûr qu'elle n'a pas été établie du point de vue inuit, cette citation-là.
Premièrement, s'il est question de développer le Nord, il est presque certain que c'est une région plus ou moins primitive, n'est-ce pas? Deuxièmement, « Nous devons connaître le Nord »: eh bien, il y a 40 000 Canadiens qui connaissent très bien le Nord, ce sont les Inuits du Nord, et nous ne semblons pas les inclure dans notre stratégie.
« Pour protéger le Nord, nous devons contrôler le Nord »: sur ce point, je voudrais seulement poser une question à M. Coates et à M. Reimer. Je viens de lire le rapport du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans à propos de la garde côtière. La critique semble être formulée dans l'ensemble du document: on a fait fi des Inuits pour l'élaboration de la stratégie et peut-être maintenant la mise en oeuvre de la stratégie. Nous avons conclu des ententes exécutoires avec les Inuits, depuis le Labrador jusqu'au Yukon, les accords sur les revendications territoriales.
Il y aura cette semaine une conférence, ici même à Ottawa, de fait, et qui commence aujourd'hui. Cette conférence porte sur les problèmes touchant la mise en oeuvre des accords sur les revendications territoriales. À votre avis, si les accords sur les revendications territoriales — c'est inscrit dans la Constitution du Canada — étaient mis en oeuvre correctement, est-ce que cela aurait pour effet d'accroître notre souveraineté d'un point de vue juridique? Deuxièmement, si nous renforçons l'autodétermination — c'est une sorte d'oxymoron —, mais si les Inuits avaient les outils nécessaires à l'autodétermination, cela n'aurait-il pas un effet favorable du point de vue de la souveraineté?
J'ai juste une autre question à poser. Nous avons beaucoup d'atouts dans le Nord — je suis d'accord, monsieur Coates, il faudrait inclure le Labrador et aussi le Yukon. Il y a une base, par exemple — 90 millions de dollars y sont investis tous les ans — et il y a 68 membres de la force régulière qui sont rattachés à cette base-là. Étant donné le degré d'urgence de la situation, le ministère de la Défense nationale et les autres organismes ne devraient-ils pas scruter à la loupe les atouts que nous avons et déterminer la meilleure façon de les utiliser pour développer notre souveraineté dans l'Arctique et mettre au point toute la politique relative à cette question particulière?
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Merci beaucoup de poser toute une série de questions stimulantes.
Nous devrions bel et bien examiner les atouts que nous avons déjà. Nous avons des installations disséminées dans la région. Il est intéressant de savoir que la Fédération canadienne des municipalités s'intéresse vivement à cette question-là, justement. Son point de vue, c'est qu'il y a les ressources dont on dispose et les besoins qui se présentent, et s'il était possible de conjuguer cela à une décision sur la question actuelle de la souveraineté, tout le monde en tirerait peut-être parti. Ce serait excellent.
Pour ce qui est de mettre en oeuvre les accords sur les revendications territoriales, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Ce sont des accords dont la mise en oeuvre est très compliquée. Nous n'en avons pas fait autant qu'il aurait fallu pour régler cela. Il y a toutes sortes de questions complexes qui entrent en jeu. Lorsqu'elles seront mises en oeuvre, nous aurons affaire à un monde très différent et beaucoup plus positif, étant donné que l'engagement et l'entendement autochtones seront intégrés au point de vue canadien. Le processus de règlement des revendications territoriales est une voie que bien des Autochtones ont choisie pour s'engager d'une façon bien réelle et importante au Canada. Je crois que c'est une chose utile.
Nous profitons des connaissances autochtones dans le Nord par l'entremise des Rangers canadiens, comme vous le savez, j'en suis sûr. L'aptitude remarquable des Rangers — ce sont nos yeux et nos oreilles dans le Nord, c'est par eux que nous accédons à ces régions — représente quelque chose de vraiment profond.
Il y a un débat très difficile et extrêmement important qui se fait et qui oppose la science occidentale et le savoir autochtone. C'est un débat qui dérape parfois, mais il y a un apprentissage énorme qui s'est fait des deux côtés et, là où nous nous sommes ouverts à l'idée de travailler avec les Autochtones, nous avons beaucoup appris. De grandes trouvailles peuvent se faire de ce côté-là aussi.
Merci.