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Merci, monsieur le président.
D'abord, j'aimerais vous remercier simplement de l'occasion que vous et les membres du comité nous offrez de vous rencontrer ce soir.
Comme vous l'avez dit, j'ai à mes côtés Adriaan Korstanje, directeur général, Affaires externes de Toyota Motor Manufacturing Canada de Cambridge, en Ontario, ou TMMC.
TMMC fabrique les véhicules Toyota et Lexus au Canada. Toyota Canada, société que je représente moi-même, est responsable des activités de marketing, de distribution, de ventes, d'entretien et de garantie de Toyota au Canada. Nous avons une société soeur, Services financiers Toyota, qui offre du financement d'entreprise aux concessionnaires et du financement d'achat et de location aux consommateurs.
Le sous-comité est appelé à étudier des questions qui comportent certainement des conséquences graves et profondes pour l'industrie automobile du Canada et l'économie canadienne dans son ensemble. Bien entendu, vous savez déjà que l'industrie automobile contribue de manière significative à l'économie canadienne, mais, j'ajouterais que, au cours des 45 années de présence de Toyota au Canada, nous en sommes venus à faire une contribution substantielle à l'industrie et au pays.
Au cours des quatre dernières décennies, nous avons engagé des milliards de dollars pour établir des installations de fabrication, pour embaucher et former des employés, pour créer un réseau de concessionnaires et d'entretien, et bien plus encore. Aujourd'hui, nous fournissons un emploi directement à des milliers de Canadiens et indirectement à des dizaines de milliers de Canadiens, chez nos divers fournisseurs et partenaires.
Nos investissements en immobilisations comprennent une toute nouvelle usine de fabrication ultramoderne à Woodstock, en Ontario. Au moment de son ouverture officielle en décembre dernier, cette usine est devenue la première usine de montage entièrement nouvelle à être aménagée au Canada en 20 ans. Notre contribution comprend le fait que TMMC fabrique certains des véhicules les plus populaires et les plus écoénergétiques de leurs catégories en Amérique du Nord, dont la Corolla, la Matrix, la RAV4 et la Lexus RX 350.
Ce mandat de fabrication est significatif pour deux raisons. Premièrement, ces modèles fabriqués au Canada représentent plus ou moins la moitié de nos ventes prévues au Canada cette année. De fait, on ne se tromperait pas en affirmant que celui qui n'achète pas une Toyota a de fortes chances d'acheter une voiture qui n'est pas fabriquée au Canada cette année. En second lieu, Toyota est un exportateur net de véhicules, ce qui appuie nos investissements au Canada. L'an dernier, nos usines de Cambridge et de Woodstock en Ontario ont exporté environ 70 p. 100 de leur production comparativement aux 85-p. 100 environ de la production exportée, en moyenne, par les usines canadiennes de fabricants de véhicules automobiles autres qu'asiatiques. À ce chapitre, les ventes au Canada de produits fabriqués au Canada représentent un élément majeur du succès des usines de montage Toyota.
Par ailleurs, à l'échelle mondiale, nous sommes en train de créer des technologies qui montrent le chemin que prendra l'industrie pour aider les sociétés. Nos véhicules hybrides de premier ordre en constituent l'exemple le plus visible, mais si Toyota offre le parc de véhicules de tourisme le plus écoénergétique du Canada, cela ne tient pas du tout du hasard.
Par contre, comme tout autre joueur de l'industrie automobile mondiale, Toyota est touché par le déclin sans précédent de l'économie mondiale; ce déclin est dû à l'effondrement du marché de la consommation aux États-Unis.
Nos investissements en infrastructure et en technologie représentent quelque chose de positif, mais Toyota a également pleine conscience du fait que tout commence avec le consommateur. Nous avons besoin d'un marché qui achète nos produits, purement et simplement, et pour cela, deux conditions doivent être remplies: premièrement, la confiance des consommateurs; et, deuxièmement, l'accès au crédit.
Ces questions sont particulièrement importantes dans l'immédiat. Pour parler des véhicules de tourisme, c'est 43 p. 100 des ventes totales de Toyota et de Lexus au Canada en 2008 qui se sont faites au cours des mois de mars, avril, mai et juin. En fait, si les concessionnaires et les fabricants ratent l'important marché du printemps, c'est leur année qui est ratée au Canada, simplement.
Pour Toyota, ces mois coïncident avec notre événement annuel « les jours étiquettes rouges ». Cette année, pour la première fois de notre histoire, nous offrons un financement sans intérêts sur nos modèles de base fabriqués au Canada de même qu'une protection de crédit gratuite sur ces mêmes modèles en cas de perte d'emploi. C'est notre effort pour stimuler l'activité économique ici au Canada et pour stimuler la confiance des consommateurs à l'égard de ces véhicules de base.
Je vous dirais aujourd'hui que la demande la plus importante que Toyota puisse faire au gouvernement canadien est la suivante: donnez l'accès au crédit dès maintenant. Le problème de l'accessibilité du crédit dépasse toute entreprise particulière. Les sources de crédit traditionnelles du financement d'achat et de location de véhicules — y compris, mais sans s'y limiter, les entités de financement des sociétés automobiles — doivent pouvoir compter sur de grosses sommes d'argent pour pouvoir faire des affaires. Cependant, les sources habituelles de ce crédit — les titres adossés à des créances, les effets de commerce, les prêts à court terme, les obligations et ainsi de suite — ne sont pas disponibles par les temps qui courent, pas même là où les activités de financement ont une bonne réputation de crédit.
Nous félicitons le gouvernement d'être intervenu pour combler ce manque au moment du dernier budget en créant un fonds de 12 milliards de dollars. Cependant, nous avons quelques réserves à ce sujet.
Premièrement, étant donné l'évolution actuelle de l'économie, nous craignons que le montant de 12 milliards de dollars, bien que substantiel, ne réponde même pas aux besoins des entités financières exploitées par les divers fabricants d'automobiles, sans compter les autres sources indépendantes de crédit.
Deuxièmement, si ces 12 milliards de dollars sont insuffisants, comment le gouvernement s'y prendra-t-il pour répartir les sommes consenties? Nous encourageons le gouvernement à établir un mécanisme pour garantir que ces fonds soient affectés aux entreprises de financement qui s'engagent à mettre l'argent dans les poches des consommateurs et non pas à celles qui visent à les utiliser pour satisfaire à leurs propres besoins d'affaires.
Troisièmement, il faut reconnaître que toutes les sources de financement de l'achat de véhicules n'ont pas une valeur égale. Certaines entreprises de financement n'ont pas aussi bonne réputation que d'autres. Si le gouvernement traite les demandeurs sur un pied d'égalité, sans prendre en considération la qualité de leur crédit, il devra inclure une prime sur l'intérêt à facturer à ceux qui se prévalent de ce fonds. Par voie de conséquence, le taux d'intérêt facturé aux consommateurs devrait être plus élevé, ce qui peut dissuader certains d'acheter ou de louer un véhicule neuf.
Enfin, ce fonds est l'occasion de rétablir la confiance des consommateurs, mais pour que ce soit efficace, il faut que l'argent soit disponible immédiatement. Comme je l'ai mentionné, la saison privilégiée pour les ventes est en cours au Canada. Nous devons libérer ces fonds immédiatement ou envisager d'autres approches à court terme pour stimuler les dépenses de consommation.
Si le gouvernement ne peut établir un marché où l'accès au crédit est disponible, il existe d'autres programmes qui peuvent être envisagés et qui, de fait, ont été proposés au comité. Les propositions en question vont de l'exemption de taxe de vente à une refonte du programme de mise au rancart, qui encourage les Canadiens à retirer de vieux véhicules de la circulation et à en acheter des neufs. Certes, chacun présente ses avantages et ses inconvénients.
Par exemple, une exemption de taxe de vente temporaire sur les véhicules neufs pourrait être mise en oeuvre rapidement. Pour cette raison, ce serait peut-être la façon la plus facile de stimuler le marché. Tout de même, c'est une mesure qui comporte des coûts durables que le gouvernement aurait à assumer en période de financement déficitaire. Par ailleurs, un programme de mise au rancart amélioré présenterait des avantages en ce qui concerne l'efficacité énergétique, la lutte contre la pollution et la sécurité, mais il faut majorer l'incitatif pécuniaire proposé pour que quelqu'un retire un vieux véhicule de la circulation. En même temps, il faut lier la taille de l'incitatif pécuniaire aux gains réalisés sur le plan environnemental. Mais il faut faire cela dans les plus brefs délais, pour que l'on puisse profiter pleinement du marché du printemps.
Il importe aussi de noter que, jusqu'à maintenant, le débat s'est limité à la question de la fabrication, ce qui ne tient pas compte du fait que la vente, la distribution et les concessions comptent pour environ la moitié des emplois dans le secteur automobile au Canada. Les incitatifs conçus pour les consommateurs permettront de vider les parcs automobiles des concessionnaires et de relancer la filière de production, apportant les ressources financières dont tout le monde a besoin dans la chaîne d'approvisionnement pour garantir la santé économique du secteur. Cela ne règle pas les problèmes de trésorerie et de certaines parties de la chaîne d'approvisionnement, par exemple les secteurs de la fabrication des véhicules et des pièces, qui dépendent des exportations aux États-Unis. Tout de même, on peut voir que, dans un marché nord-américain intégré, le Canada doit faire sa part pour résoudre les problèmes économiques qui freinent l'achat de véhicules neufs.
Nous ne pouvons perdre cela de vue: pour demeurer concurrentiel en ce qui concerne ses investissements continus au Canada, une usine de montage doit respecter les normes de qualité et de productivité les plus élevées. Or, la qualité est fondée sur la formation continue et l'amélioration des compétences, alors que la productivité repose sur les dépenses en capital pour l'équipement et l'innovation technologique. Le gouvernement peut continuer de soutenir l'effort en adoptant des incitatifs et une structure fiscale favorable qui reconnaît les réalisations en ce qui concerne la formation, la recherche et le développement et les dépenses en capital pour l'équipement et la technologie
Les conditions actuelles du marché sont temporaires, mais elles sont bien réelles. Le débat n'est pas théorique, car la situation débouche sur des conséquences pénibles pour les Canadiens. Nous ne devons pas perdre de vue que d'autres objectifs nationaux importants ont été mis de côté pendant que nous nous concentrons sur les ajustements à court terme qu'il faut apporter. Par exemple, le besoin d'aborder les questions que représentent les normes de sécurité, d'efficacité énergétique et d'émissions demeure. Le gouvernement des États-Unis s'apprête à introduire de nouvelles cibles d'économie de consommation et d'émissions des parcs automobiles pour 2011 et la période subséquente. Le Canada, bien entendu, s'est engagé à établir des normes complémentaires, mais l'industrie doit avoir le temps et les ressources nécessaires pour satisfaire à ces exigences, d'où le fait qu'il soit encore plus urgent de régler les problèmes économiques, pour que nous puissions aller de l'avant.
Il faut y entendre aussi que, dans la mesure où il est question d'envisager des incitatifs à la consommation, il faut en choisir qui alignent le marché sur les futures normes en question, qui améliorent la demande de véhicules respectant les normes les plus élevées en matière de sécurité, d'économie de carburant et de rendement environnemental; de ce fait, les fabricants pourront en arriver rapidement à de nouvelles technologies qui sont rentables pour eux.
En résumé, voici ce que fait Toyota face à la situation actuelle. Nous fabriquons une gamme complète de produits écoénergétiques de haute qualité et sécuritaires que les Canadiens veulent acheter, et nous en fabriquons un pourcentage élevé ici même au Canada. Nous avons déjà investi au Canada à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement du secteur automobile et nous continuerons à soutenir ces investissements. Nous créons des offres de prix et de financement attrayantes ainsi que des mesures pour inciter les Canadiens à acheter des véhicules neufs. Grâce aux investissements que nous faisons en recherche et en développement à l'échelle mondiale, les produits de Toyota répondent toujours aux exigences en matière de normes d'efficacité énergétique, de rendement environnemental et de sécurité, entre autres, quand elles ne les dépassent pas tout à fait.
Par ailleurs, voici nos recommandations à l'intention du sous-comité.
Se concentrer sur des programmes qui encouragent les Canadiens à acheter des véhicules neufs, car c'est une façon d'appuyer chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement du secteur automobile.
Si le gouvernement veut faciliter les activités du secteur automobile, le meilleur moyen d'y parvenir est de s'assurer de l'existence d'un marché sain pour ses produits. Or, la méthode la plus rapide et la plus efficace à ce chapitre, c'est d'assurer un accès immédiat au crédit. Une deuxième possibilité consisterait à offrir aux Canadiens une exemption de taxes de vente temporaire sur l'achat d'un véhicule neuf, mesure qui peut être mise en oeuvre rapidement et qui peut aider l'industrie à profiter des ventes pendant la période de pointe du printemps qui a cours en ce moment, période capitale.
Enfin, assurer un suivi avec des programmes qui encouragent l'achat d'un véhicule neuf et qui permettent en même temps d'atteindre les objectifs à plus long terme du gouvernement. Par exemple, le nouveau programme de mise au rancart intégrant les idées présentées par Toyota encouragerait les choix écoresponsables et écoénergétiques tout en retirant de la circulation des véhicules plus vieux, moins sécuritaires et plus polluants.
Merci de votre attention. Nous nous ferons un plaisir, mon collègue et moi, de répondre à vos questions.
Je ne voudrais pas qu'on se trompe: plutôt que trois propositions distinctes, en vérité, c'est une seule et unique proposition sur le crédit des consommateurs et, dans la mesure où il n'est pas possible de l'adopter, il y a des solutions de rechange. Ce ne sont pas des propositions qui se combinent.
Quant à savoir ce que nous faisons en réponse au mouvement des consommateurs, ça s'apparente tout à fait à ce que nous avons fait par le passé devant toute autre contraction importante de l'économie, en remontant jusqu'à la crise du pétrole durant les années 70.
La position de Toyota, c'est que, lorsque l'économie va mal, le consommateur se tourne vers la qualité. Il recherche le prix le plus bas qui soit, le moins d'ennuis possible aussi, parmi ce qui se trouve sur le marché aujourd'hui. Il recherche donc une voiture abordable et de première qualité qui n'entraînera pas de frais d'entretien inhabituels, sans oublier qu'il recherche de bonnes économies du côté du carburant aussi.
Comme je l'ai mentionné pendant mon exposé, nous avons mobilisé très directement les ressources de notre société pour promouvoir les produits que nous fabriquons au Canada et qui s'inscrivent justement dans cette catégorie-là. Des véhicules comme la Corolla, la Matrix, le RAV4 aussi sont tous premiers de classe pour l'économie de carburant dans leur catégorie, et tous ont une très bonne cote pour ce qui est de la qualité.
Comme je l'ai dit, pour la première fois de notre histoire, nous offrons un financement sans intérêts de même qu'une protection de crédit en cas de perte d'emploi et plusieurs autres mesures conçues pour convaincre le consommateur d'acheter un véhicule neuf.
Par ailleurs, nous savons très bien que le monde va changer encore une fois. En 2011 et par la suite, tandis que nous adoptons des normes nouvelles pour l'économie de carburant et les émissions, il faut agir très rapidement et introduire des technologies nouvelles. Par exemple, à un moment donné, au printemps, nous allons présenter la troisième génération de notre technologie d'hybrides au Canada, pour un véhicule qui non seulement profite de progrès extraordinaires en efficacité énergétique et en puissance, mais qui est nettement amélioré sur le plan de la sécurité et pour d'autres aspects encore. Cette nouvelle voiture permet d'inaugurer des matériaux nouveaux sur le marché de l'automobile; on y trouve des trucs comme le toit ouvrant à énergie solaire, qui aide à ventiler la voiture sans recourir à une autre forme d'énergie externe; il y a les systèmes précollision avancés, qui « lisent » la circulation devant le véhicule et aident à éviter les collisions, et quelques innovations dans le domaine de l'interface humain-machine.
Toyota fonce donc à vive allure même si le marché est lent. Au contraire, c'est le plus rapidement possible que nous essayons d'introduire les procédés nouveaux et, fait encore plus important, étant donné le marché actuel, pour soutenir nos opérations canadiennes.
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Merci, monsieur le président.
Et merci aux témoins de venir comparaître ce soir.
Je veux commencer en brossant un peu le contexte, si vous le permettez, en parlant un peu du contexte mondial qui est le nôtre en ce moment. Bien entendu, comme nous le savons tous, il y a un ralentissement de l'économie mondiale qui a eu un effet significatif sur l'industrie. Quoi qu'il en soit, si nous regardons ce que des commentateurs de partout dans le monde ont écrit à propos du système du Canada, nous pouvons voir que, par exemple, dans Newsweek, il était question du Forum économique mondial, où notre système bancaire a été désigné comme étant le plus sain au monde, alors que celui des Américains, je crois, venait au 40e rang. De fait, un article d'il y a quelques semaines dans Newsweek, toujours, comportait la phrase suivante: [Traduction] « Si le président Obama recherche un gouvernement qui a agi intelligemment dans cette affaire, il ferait bien, comme nous le ferions tous, de tirer les enseignements de l'action de notre voisin du Nord. »
Dans le Daily Telegraph, de Londres, cet été, on pouvait lire: [Traduction] « Si le reste du monde s'était comporté avec une modestie et une prudence comparables, nous ne serions pas dans ce pétrin. »
Et puis, The Economist: [Traduction] « ...dans un monde qui coule, le Canada a quelque chose du bouchon... La grande inquiétude, c'est que les États-Unis emportent le Canada avec eux dans leur descente vers le fond. »
Je crois que nous voyons bien ce qui se passe de ce point de vue-là maintenant.
Tout récemment, c'est le New York Times qui faisait remarquer:
Nous n'avons pas de temps à perdre. Reconfigurer la structure bancaire américaine d'après le modèle canadien permettrait de rétablir la confiance qu'un système financier assiégé inspire aux consommateurs, ce dont on a beaucoup besoin. Pourquoi ne pas émuler les meilleurs qui soient, qui se trouvent à être nos voisins immédiats?
Il y a beaucoup de commentaires qui se font, face à ce contexte mondial-là. J'aimerais savoir ce que vous en pensez, d'après l'expérience qui est la vôtre, dans le secteur automobile. L'expérience du secteur automobile s'apparente-t-elle à celle d'autres secteurs où nous, au Canada, nous sommes vraiment plus forts, relativement à d'autres pays — particulièrement les États-Unis —, en sachant tout de même que nous ne pouvons rien faire face à ce qui se produit aux États-Unis ni à l'impact que cela peut avoir sur notre industrie à nous?
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Mr. Chairman, committee members, mesdames et messieurs, bonsoir. C'est un grand plaisir pour moi d'être parmi vous ce soir pour vous présenter Honda Canada.
[Traduction]
Merci d'inviter Honda Canada à participer à la présente audience sur la crise à laquelle est confrontée l'industrie de l'automobile au Canada.
M. Manabu Nishimae, président et directeur général de Honda Canada, souhaitait être présent ce soir, mais il ne pouvait malheureusement pas le faire, étant donné qu'il se trouve à l'étranger en ce moment. Il nous a demandé, à Louis et à moi, de le représenter. Il transmet ses salutations et vous félicite d'avoir entrepris une mission si importante, qui consiste à trouver des solutions possibles à la crise qui touche l'industrie de l'automobile au Canada.
En guise d'introduction, je présenterai rapidement un historique de Honda Canada en expliquant peut-être au sujet de notre entreprise des choses que vous n'avez jamais entendues auparavant.
Premièrement, coïncidence, demain le 11 mars, nous allons célébrer notre 40e anniversaire au Canada. Nous allons donc rentrer pour aller assister à une grande fête demain.
En 1969, au moment de son arrivée au Canada, Honda était une petite entreprise qui caressait un grand rêve. Au début, nous vendions des motocyclettes et du matériel motorisé, puis, en 1974, nous nous sommes lancés dans le domaine de l'automobile. De fait, à ceux qui se souviennent de la première Civic que nous avons lancée en 1974, je dirai que nous en avons vendu 747 au total cette année-là.
Cependant, nous avons trimé dur pour gagner la confiance des Canadiens et, au fil du temps, au fur et à mesure que notre image de marque se consolidait, nos produits ont gagné le respect du marché. Et nous avons crû. En 1986, nous avons aménagé notre première usine à Alliston, en Ontario, soit la première usine d'automobiles ouverte par une entreprise japonaise au Canada. En 1991, nous avions déjà vendu un million de véhicules au Canada et, en 1998, nous avons construit une deuxième usine de montage, à Alliston, encore une fois, en nous fondant sur la philosophie de l'entreprise, qui consiste à fabriquer les produits le plus près possible des marchés où ils sont vendus.
Fidèles à cette philosophie et forts de l'augmentation constante de nos ventes, l'an dernier, en 2008, nous avons investi dans notre troisième installation manufacturière en Ontario, une usine d'assemblage de moteurs dernier cri destinée à alimenter nos usines canadiennes en quatre cylindres économiques et peu polluants.
Mais l'investissement ne s'est pas arrêté là. L'an dernier, nous avons entamé la construction d'un nouveau siège social écologique à Markham, en Ontario, qui est conçu pour obtenir la certification « Or » de LEED. La nouvelle installation accueillera 700 associés. Comme vous le savez peut-être, nous avons aussi des bureaux régionaux au Canada, soit en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec et en Nouvelle-Écosse. Tous ces investissements dépassent maintenant les 2,6 milliards de dollars pour Honda au Canada. Tous ont été faits sans subvention ni aide gouvernementale directe du gouvernement, car, pour être viable, selon nous, un investissement doit se justifier lui-même financièrement sur une période donnée.
J'y reviendrai pendant mon exposé, nous croyons que les gouvernements ont un rôle important à jouer pour créer de la stabilité sur le marché, de telle sorte que des investissements du genre puissent être viables et récurrents.
Que représente Honda au Canada aujourd'hui? Honda est une entreprise mue par des Canadiens, pour des Canadiens. De fait, plus de 22 000 Canadiens travaillent directement ou indirectement pour Honda dans la fabrication, dans les bureaux de vente et les concessions de tout le pays; ils génèrent ainsi 12,5 milliards de dollars de ventes annuellement. Vous poserez peut-être la question: pourquoi un si grand nombre de personnes? C'est que Honda Canada ne distribue pas que des voitures et des camions sous les bannières Honda et Acura. Nous vendons aussi des motocyclettes, des VTT, du matériel motorisé et nautique; bientôt, il y aura aussi de petits avions d'affaires: le nouveau jet Honda, économe en carburant. Tout ce qui abrite un moteur est bon pour Honda.
Du point de vue de la production, nous avons fabriqué un peu plus de 383 000 voitures et camions légers à Alliston l'an dernier, ce qui fait de Honda Canada le troisième fabricant d'automobiles au Canada, derrière GM et Chrysler, et le deuxième fabricant de voitures de tourisme, derrière GM. Si on se fie aux annonces récentes de certains fabricants concernant leur production, il se pourrait très bien que Honda se situe au premier rang des fabricants d'automobiles au Canada l'an prochain.
Il vaut la peine de le noter aussi, le mois prochain, notre usine d'Alliston produira son cinq millionième véhicule — voilà une étape très importante pour un fabricant, quel qu'il soit, mais d'autant plus pour une entreprise comme Honda, qui est souvent étiquetée comme une entreprise étrangère, plutôt qu'un nouveau fabricant du pays.
Par ailleurs, la Civic de Honda, un des modèles produits à Alliston, est pour la 11e année d'affilée la voiture la plus vendue au Canada. Étant donné son succès, Honda Canada est fière de savoir que 45 p. 100 de l'ensemble des véhicules Honda et Acura vendus au Canada l'an dernier ont été produits au Canada même.
Derrière tous ces succès et ces chiffres, il y a l'essence même de Honda Canada, soit notre personnel et notre clientèle. C'est pourquoi nous sommes ici ce soir. Nous voulons continuer à prospérer au Canada, pour que nos associés, nos concessionnaires, nos fournisseurs et nos clients continuent de tirer les bienfaits d'un secteur automobile solide.
Nous croyons que le gouvernement peut se rendre utile à une époque difficile comme celle que nous vivons. Nous aimerions aussi traiter de certaines des mesures dont nous proposons l'adoption à cette fin. Avant de commencer, tout de même, j'aimerais expliquer brièvement ce que Honda Canada conçoit comme étant ses responsabilités en tant qu'entreprise souhaitée par les Canadiens, comme en témoigne notre énoncé de mission global.
En tant que membre responsable de la société, Honda fait tous les efforts possibles pour s'assurer que ses associés travaillent toujours dans un milieu sécuritaire et plaisant; que ses concessionnaires et ses employés continuent de profiter des investissements et du dévouement qui sont les leurs, tant pour les concessions que pour les produits; que ses fournisseurs donnent de l'expansion à leurs affaires grâce à des progrès techniques et que ses clients continuent de demeurer au centre de tout ce qui se fait au sein de l'entreprise.
Chez Honda, nous avons toujours considéré cela comme étant notre responsabilité de veiller à ce que nos enfants puissent respirer un air pur. Cela veut dire la conservation de l'environnement mondial à chacune des étapes de nos activités. C'est pourquoi Honda Canada a lancé en 2000 l'Insight — premier véhicule hybride à essence et à électricité en Amérique du Nord. Nous nous sommes assurés du fait que nos usines d'Alliston n'envoient aucun déchet à la décharge publique et que notre usine d'assemblage de moteurs emploie un aluminium fondu entièrement recyclé.
Nous étudions actuellement la manière de commercialiser au Canada la FCX Clarity, véhicule sans pollution à pile à hydrogène.
Nous sommes tout aussi fiers du fait que 1,2 million de Canadiens ont profité des programmes de bienfaisance financés par Honda Canada et la Fondation Honda Canada, qui se concentre sur des activités environnementales.
Honda continuera à s'en remettre à cette philosophie et à ces principes de base, mais l'arrivée de la récession crée quand même des inquiétudes parmi tous nos intervenants. Je sais que les représentants d'associations que vous avez accueillis hier ont traité de long en large du marché de l'automobile en Amérique du Nord; je ne vais donc pas m'engager dans des détails là-dessus. Par contre, du point de vue de Honda Canada, il suffit de dire que même si nous avons enregistré des ventes records au Canada au début de 2008, à l'exemple de celle de la majorité des autres fabricants, nos ventes ont connu une baisse substantielle au cours de la deuxième partie de l'année et au cours des deux premiers mois de 2009.
S'il est vrai que les différences de pourcentage enregistrées d'un mois à l'autre doivent être examinées à la lumière des mois records que nous avons eus l'an dernier, il importe néanmoins de savoir une chose: même une entreprise comme Honda, qui offre toutes sortes de produits et qui peut s'adapter rapidement à l'évolution de la demande des consommateurs, souffre pour de vrai. Les raisons principales du déclin rapide de nos ventes sont l'absence d'accès au crédit et la confiance défaillante des consommateurs. Nous croyons que le gouvernement peut et doit même jouer un rôle important pour agir sur ces deux facteurs-là, afin de stabiliser quelque peu le marché et, de ce fait, de rétablir un climat où les gens se sentent bien à l'idée d'acheter.
Pour ce qui est de l'accès au crédit, même si vous avez déjà entendu l'argument, permettez-moi d'expliquer de nouveau en quoi cela influe sur nos affaires. Étant donné la détérioration rapide de l'économie et l'augmentation du coût d'emprunt qui s'ensuit, Honda a dû se rajuster rapidement en resserrant le crédit accordé aux consommateurs. En même temps, nos concessionnaires ont vu monter en flèche leur coût d'activité en raison du même manque d'accès au crédit.
Nous avons trouvé cela très encourageant que, dans le plus récent budget, le gouvernement s'efforce de garantir le crédit de l'industrie au moyen de la facilité de crédit garanti de 12 milliards de dollars. Nous comptons sur la Banque de développement du Canada pour mettre cela en place rapidement. Cependant, nous aurions préféré que le gouvernement mette les fonds directement à la disposition des établissements financiers existants du secteur des équipementiers, à un taux préférentiel, pour que ces derniers puissent consolider leurs portefeuilles et, ainsi, permettre à leurs clients d'accéder à un financement plus abordable.
Comme ce sont plus de 65 p. 100 des acheteurs de Honda et d'Acura qui recherchent une forme quelconque de financement, y compris le financement-bail, en vue de se procurer leur véhicule, l'accès rapide au crédit pour les concessionnaires et les clients serait une façon importante de stimuler l'industrie canadienne à maintenir tout au moins sa production.
Quant au secteur du détail, Honda ne demande pas au gouvernement de lui fournir une aide quelconque, mais nous croyons que le gouvernement peut et doit même aider à rétablir la confiance des consommateurs. Nous recommandons des programmes ciblant directement le consommateur. De fait, nous croyons que le gouvernement dispose d'une occasion unique de créer une situation qui ne fera que des heureux, en améliorant l'actuel programme de mise au rancart pour stimuler les ventes de véhicules neufs au Canada, tout en ayant un impact positif durable sur l'environnement, par exemple en adoptant rapidement un programme fructueux et progressif de mise au rencart semblable à celui que ce sont donné la Colombie-Britannique et plusieurs pays d'Europe.
Honda Canada appuie sans réserve ces concepts-là, qui prévoient pour les clients des incitatifs financiers progressifs fondés sur l'idée de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport au véhicule précédent qu'ils possédaient. Outre le programme en question, nous croyons que le gouvernement devrait aussi envisager d'adopter d'autres mesures de stimulation économique à l'intention des clients, par exemple accorder une exemption ou une réduction opportune de la taxe de vente dans le cas de l'achat d'un véhicule neuf; permettre de retirer des REER sans pénalité dans le cas de l'achat d'une voiture, un peu comme pour le programme d'accès à la propriété; ou réduire tous les tarifs d'importation de 6,1 p. 100 à 2,5 p. 100 pour les harmoniser avec les tarifs américains, ce qui ferait diminuer d'autant le coût de tous les véhicules importés.
Dans le même ordre d'idées, nous croyons qu'il faut exercer un contrôle serré sur les sommes d'argent versées pour stimuler l'économie, afin de vérifier si elles servent vraiment à ce pourquoi elles étaient prévues. Nous nous soucions de ce que l'argent du contribuable assigné à une fin particulière soit détourné vers le financement des prêts des clients ou quelque autre incitatif semblable, car cela introduit une concurrence déloyale face aux entreprises qui ne demandent pas d'aide gouvernementale.
Pour assurer que nos investissements demeurent toujours profitables et que nous sommes en mesure de générer de nouveaux investissements à l'avenir, il est capital que notre gouvernement assure l'égalité des chances pour toutes les entreprises en ce qui concerne les politiques et programmes touchant les décisions des consommateurs en matière d'achat.
Permettez-moi de clore mon exposé en vous remerciant au nom des 5 000 associés directs de Honda Canada que je représente ici ce soir. Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé et j'ai bon espoir que vous allez créer un environnement où nous pouvons tous continuer à croître, à investir et à fournir des emplois durables.
[Français]
Merci beaucoup de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'avoir pris le temps de venir ici ce soir.
J'aimerais revenir à quelques éléments de contexte, si vous le permettez. Je ne vais pas lire toutes les citations que j'ai lues lorsque les gens de Toyota étaient ici, mais je veux simplement souligner deux ou trois choses.
Avantage Canada, notre plan en 2006-2007... nous avons fait plusieurs choses à cet égard, et l'une de ces choses, ça a été des réductions fiscales sur tous les plans, notamment une réduction de la TPS de 2 p. 100 sur deux ou trois ans, ce qui équivaut à environ 600 $ sur le prix d'achat d'un véhicule de 30 000 $. Nous avons aussi commencé à réduire l'impôt des sociétés, qui était de 22 p. 100 et qui sera ramené à 15 p. 100 d'ici 2012. Cette mesure va nous doter du climat fiscal le plus concurrentiel du G-7. Il s'agit de mesures importantes.
Si on jette un coup d'oeil sur les chiffres pour le G-8, par exemple, tous les autres pays du G-8 ont eu des déficits au cours des trois dernières années. Le Canada est le seul pays à avoir un surplus pour l'une ou l'autre de ces années, et nous avons eu un surplus pour chacune de ces trois années. D'après le Forum économique mondial, nous avons le système bancaire le plus stable du monde. Je pense que le Royaume-Uni venait au 44e rang, et les États-Unis, au 40e. Le FMI et l'OCDE disent que nous allons sortir de la crise plus rapidement et plus fort que les autres pays.
Je vais lire une citation tirée du Telegraph qui résume les autres: « Si le reste du monde avait été aussi modeste et prudent, nous ne serions peut-être pas dans le pétrin. »
Parlant des mesures que le Canada a prises avant ça, je pense qu'il est important que nous ne perdions pas de vue le long terme lorsque nous parlons de mesures à court terme, surtout lorsque nous parlons d'une société qui se trouve dans une situation assez stable sur le plan financier comparativement aux autres.
Premièrement, êtes-vous d'accord avec moi lorsque je dis que la situation du Canada est assez stable sur le plan financier comparativement aux autres pays?
Deuxièmement — et c'est une partie importante de l'équation dont nous n'avons pas beaucoup parlé —: quelles sont selon vous les perspectives à long terme du secteur de l'automobile canadien, une fois que la demande rebondira aux États-Unis?