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Merci, monsieur le président.
Bonsoir, tout le monde. Je m'appelle David Mondragon. Je suis le président-directeur général de Ford du Canada Limitée.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de nous adresser au Sous-comité sur l'industrie de l'automobile du Canada.
Je suis accompagné ce soir par Caroline Hugues, notre directrice des relations gouvernementales, et James Rowland, gestionnaire des relations gouvernementales. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions concernant l'industrie de l'automobile au Canada du point de vue de Ford.
J'aimerais commencer par résumer brièvement l'historique et les mesures de restructuration de l'entreprise. La position de Ford n'a pas changé. Nous ne nous attendons pas à avoir accès à des prêts du gouvernement pour le secteur de l'automobile. Chez Ford, nous sommes en bonne voie de transformer notre société. En fait, peu d'entreprises ont restructuré plus rigoureusement que Ford. Étant le plus ancien fabricant d'automobiles, Ford du Canada Limitée est fière de contribuer à l'économie canadienne depuis 104 ans. Conjointement avec ses 47 000 employés, retraités et employés de concessionnaires, la société Ford s'est toujours démarquée par son travail acharné, son innovation et son engagement auprès des collectivités de partout au Canada.
Bien avant la crise économique mondiale actuelle, Ford a reconnu que son modèle d'entreprise devait être changé. Au cours des dernières années, nous avons pris des mesures pour mettre l'entreprise sur la voie d'une viabilité à long terme.
Nous avons adapté nos opérations pour répondre à la demande plus faible sur le marché en Amérique du Nord, et ces mesures ont donné lieu à des décisions difficiles en vue de réduire nos activités canadiennes ces dernières années. Nous sommes intervenus tôt pour restructurer notre entreprise, en mettant l'accent sur la création de nouveaux produits, l'économie de carburant, la qualité élevée et une sécurité inégalée. Nous allons sortir sur le marché sept nouveaux véhicules au cours des six premiers mois de l'année en cours, ce qui est plus que n'importe quel autre fabricant.
Quand il s'agit des produits, tout ce que nous faisons chez Ford vise à exceller dans quatre principaux secteurs: l'économie de carburant, la qualité, la sécurité et la technologie intelligente.
En ce qui concerne les carburants de remplacement, Ford a été l'un des premiers fabricants d'automobiles à mettre sur la route des voitures à hydrogène. Nous sommes le premier constructeur d'automobiles au monde à offrir des véhicules à moteur à combustion interne à hydrogène, et ces véhicules à hydrogène sont utilisés comme navettes ici même sur la Colline du Parlement.
Ford permet à des millions d'automobilistes d'économiser en offrant parmi les meilleures économies de carburant, sinon les meilleures, pour chaque nouveau véhicule qu'elle sortira sur le marché. Par exemple, nous allons mettre sur le marché cette année la nouvelle Ford Fusion Hybride, qui est la berline intermédiaire la plus écoénergétique dans le monde.
Aussi cette année, Ford lancera sur le marché les meilleurs moteurs EcoBoost de l'industrie, qui consomment 20 p. 100 moins d'essence et émettent jusqu'à 15 p. 100 moins de dioxyde de carbone.
Ford vendra une nouvelle voiture commerciale électrique à batterie cette année également, la Transit Connect, un modèle 2010 que nous mettrons sur le marché plus tard cette année.
Et nous avons établi un partenariat avec l'entreprise canadienne Magna International pour mettre au point une petite voiture électrique à batterie avant 2011.
D'ici 2012, Ford lancera une nouvelle génération de véhicules hybrides, d'hybrides rechargeables et de véhicules électriques à batterie.
Parlons maintenant de qualité un instant. La qualité des véhicules de Ford égale maintenant celle des voitures de Honda et de Toyota, et des tiers importants comme J.D. Power and Associates et Consumer Reports ne cessent de le reconnaître.
Ford fait aussi figure de chef de file en matière de sécurité car elle détient plus de cotes de sécurité de cinq étoiles que n'importe quel autre fabricant d'automobiles. Ford a récemment devancé Honda pour ce qui est du nombre de prix accordés par l'Insurance Institute for Highway Safety au chapitre de la sécurité.
L'année 2009 présente clairement de nombreux défis. Des entreprises et des consommateurs de partout ressentent les répercussions de la crise économique mondiale, et nous ne nous attendons pas à ce que les ventes de l'industrie de l'automobile canadienne augmentent. En fait, nous nous attendons à ce qu'elles baissent de 13 p. 100 environ cette année.
En février, les ventes de l'industrie ont reculé de 28 p. 100. Jusqu'à présent cette année, elles ont baissé de 26 p. 100 par rapport à la même période l'an dernier. Quand on considère que 20 p. 100 de toutes les ventes au détail au Canada sont liées au secteur de l'automobile, ce ralentissement aura de sérieuses répercussions connexes. Cette baisse des ventes d'automobiles signifie que 250 000 véhicules de moins seront vendus, ce qui entraînera des pertes de ventes d'environ 20 milliards de dollars et près de 3 milliards de dollars en taxes perdues en 2009. Si nous enregistrons des baisses encore plus marquées comme celles aux États-Unis, ces pertes doubleront.
La meilleure façon dont le gouvernement canadien peut venir en aide à l'industrie de l'automobile, c'est de loin par le recours à des incitatifs directs pour amener les consommateurs à se rendre à nos salles d'exposition, disposés à acheter de nouveaux véhicules. Pour ce faire, les consommateurs doivent avoir accès au crédit et à des incitatifs à l'achat de nouveaux véhicules en cette période économique difficile.
Il y a deux mesures importantes que le gouvernement peut prendre pour aider à cet égard. Même si la Facilité canadienne de crédit garanti annoncée dans le budget de 2009 aidera à fournir aux entreprises de financement automobile les fonds dont elles ont besoin pour offrir aux consommateurs des prêts et des locations et financer les stocks des concessionnaires, le montant de 12 milliards de dollars est vraisemblablement bien inférieur à ce qu'il nous faut. L'Association canadienne de financement et de location estime que les prêts et les locations d'automobiles s'élèvent à 60 milliards de dollars environ annuellement.
Les marchés du crédit sont gelés depuis plus d'un an pour les entreprises de financement automobile. En fait, la Ford Motor Credit n'a pas pu titriser des prêts sur le marché libre au Canada depuis 2006. Ces fonds sont nécessaires pour garantir de nouveaux prêts et de nouvelles locations, et cette absence de crédit se traduit par la réduction des ventes de l'industrie et des locations qui est survenue au cours de la dernière année.
Si elles ont du crédit additionnel, les entreprises de financement automobile pourront accorder plus de prêts et de locations aux consommateurs. Les titres cotés adossés à des créances offrent au gouvernement et aux contribuables des investissements de qualité qui offrent un rendement élevé. Ils peuvent être fixés à faible risque et donneront à l'industrie la flexibilité dont elle a besoin pour amasser des fonds dans ce marché du crédit difficile. Les fonds devraient s'appliquer aux prêts et aux locations d'automobiles et aux stocks des concessionnaires, et cette mesure devrait être mise en oeuvre dans les plus brefs délais.
Le ralentissement des ventes au Canada semble être de trois à six mois en retard sur les États-Unis. Cet accès au crédit nous aidera à empêcher qu'il y ait d'autres baisses. Nous devons jeter l'ancre et fortifier nos assises et, pour l'instant, ce n'est pas le cas.
La deuxième mesure que le gouvernement peut prendre, c'est d'offrir des incitatifs aux consommateurs dans le cadre d'un programme qui remettrait 3 500 $ au consommateur à l'achat d'une nouvelle voiture ou d'un nouveau camion léger. En janvier, l'Allemagne a mis en place un incitatif qui offre aux consommateurs 2 500 euros, ou l'équivalent d'environ 4 000 $ en argent canadien, pour l'achat d'une nouvelle voiture ou d'un nouveau camion léger quand ils se départissent d'une voiture vieille de neuf ans ou plus. Fait remarquable, les ventes de voitures neuves en Allemagne ont augmenté de 22 p. 100 en février grâce à la mise en place de ce programme.
Le programme fédéral de mise à la casse instauré par Environnement Canada ne donne pas de résultats, et personne ne semble l'utiliser. Cet échec est vraisemblablement attribuable au fait qu'une voiture de dix ans a une valeur de 3 500 $ environ et que l'incitatif offert n'est que de 300 $. Le gouvernement canadien devrait mettre immédiatement en place un incitatif de 3 500 $ pour l'achat de n'importe quelle nouvelle voiture ou de n'importe quel camion léger jusqu'à la fin de l'année.
Pour être admissibles à cet incitatif, les consommateurs seraient appelés à mettre à la casse un véhicule qui a dix ans ou plus. Ainsi, on veillerait à ce que les ventes soient vraiment additionnelles et que l'argent ne soit pas versé à des consommateurs qui auraient acheté un nouveau véhicule dans d'autres circonstances. Ce programme serait bénéfique pour l'environnement car une voiture de 10 ans produit de 12 à 18 fois plus d'émissions de polluants atmosphériques que les nouvelles voitures ou les nouveaux camions, et l'économie d'essence moyenne d'un véhicule acheté de nos jours est beaucoup plus grande que celle d'une voiture achetée il y a 10 ans.
L'incitatif pour les consommateurs s'impose de toute urgence pour stimuler les ventes d'automobiles, ce qui aidera à favoriser l'activité économique et la production pour tous les fabricants au Canada. Puisque la subsistance d'un Canadien sur sept dépend de l'industrie de l'automobile, inutile de vous dire à quel point il est essentiel de prendre des mesures pour stimuler l'industrie.
Nous sommes impatients de travailler avec le comité pour aider à stabiliser notre économie au Canada.
Merci de m'avoir donné l'occasion de vous rencontrer.
Caroline, J.R. et moi-même répondrons à vos questions.
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J'imagine que chez Ford, nous ne sommes pas d'accord avec les analystes. Nous estimons que nous avons de bonnes assises financières à l'heure actuelle. Nous avons plus de 24 milliards de dollars en liquidités, et nous croyons avoir les assises financières pour affronter la tempête. Nous travaillons aussi étroitement avec tous les intervenants pour essayer de trouver d'autres avenues afin de renforcer notre situation financière et, par le fait même, la société Ford du Canada.
En fait, j'ai sorti l'une de nos cartes, qui est le plan fondamental chez Ford. Il traite des quatre éléments clés, qui se trouvent sous « Un plan ».
Et je suis désolé, Robert, mais il n'est pas traduit. Nous vous en obtiendrons une copie traduite.
Il énonce que nous allons « restructurer vigoureusement pour assurer que l'entreprise soit rentable en fonction de la demande réelle actuelle et le modèle changeant ».
Le plan prévoit ensuite que le deuxième élément clé consiste à « accélérer l'élaboration de nouveaux produits que nos clients veulent et auxquels ils attachent de l'importance ». Et c'est ce qui se passe à l'heure actuelle, car nous allons mettre sur le marché sept nouvelles voitures au cours des six prochains mois. Ces nouveaux modèles sont bien accueillis par les consommateurs canadiens, et c'est évident car notre part a augmenté de 200 points de base au cours des trois derniers mois.
Nous prévoyons aussi « de financer et d'améliorer notre bilan financier ». Nous allons nous financer en cette période très difficile et nous y arriverons en prenant des décisions extrêmement ardues.
Et nous « travaillerons efficacement en équipe », la société Ford du Canada, nos détaillants et nos fournisseurs.
Certaines des mesures que nous avons prises chez Ford sont assez importantes. Nous avons réduit nos coûts de plus de cinq milliards de dollars au cours des trois dernières années. Nous sommes bien placés pour gérer nos affaires dans l'avenir. Nous avons éliminé notre capacité excédentaire, en fermant 17 usines pour aligner notre capacité de production sur la demande réelle des clients. Et nous avons apporté des ajustements à notre effectif, réduisant notre personnel à 60 000 employés au cours des trois dernières années. Depuis 2005, nous avons mis 60 000 employés à la retraite, dont 15 000 salariés et 45 000 employés rémunérés à l'heure. Nous avons réduit nos coûts en main-d'oeuvre et avons négocié des ententes favorables avec nos partenaires des TUA et des TCA. Nous avons parallèlement continué d'investir dans les technologies de pointe. Et nous sommes un chef de file en économie de carburant grâce à la qualité, à la sécurité et à la technologie qui ont vraiment distingué notre marque sur le marché.
Là encore, nous avons pris des décisions très difficiles, et ce plan a commencé il y a trois ans chez Ford. Ces mesures sont en place depuis plus de deux ans. Ce n'est donc pas quelque chose qui vient d'apparaître au moment où l'économie prend un virage à gauche et que les temps sont durs pour l'industrie. Nous avons planifié et nous avons amassé une réserve de caisse pour pouvoir affronter les temps difficiles qui nous attendent, et c'est ce que nous allons faire en tant qu'entreprise.
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D'abord et avant tout, je dirais, pour élaborer sur ce que vous avez dit, que le marché ici a essentiellement laissé tomber le prêt et le financement liés à des titres adossés à des crédits mobiliers.
C'est la première chose à régler. Nous devons desserrer les freins. Nous avons besoin que le gouvernement ouvre ces portes et ces canaux et, à vrai dire, c'est une très belle occasion d'obtenir un excellent rendement des investissements, parce que ce sont des titres adossés à des crédits mobiliers. Cela signifie que vous avez un titre de créance, mais vous avez un actif très tangible qui comporte une excellente valeur pour appuyer le titre de créance; ce n'est pas comme s'il n'y avait que du vent derrière le titre.
L'autre élément, c'est que la titrisation des crédits et le marché libre doivent appuyer les prêts, la location et la vente en gros, l'ensemble de ces trois éléments. Nous avons d'énormes difficultés. Beaucoup de concessionnaires perdent des lignes de vente en gros. Nous avons certaines entreprises importantes ayant des parcs de véhicules qui sont incapables d'obtenir du financement, qui doivent renoncer à remplacer et à renouveler leur parc parce qu'elles ne peuvent obtenir de financement sur le marché libre.
Il n'y a qu'un seul endroit qui soit bien adapté, dans mon esprit, pour aider à faciliter ces transactions, et chez nous, c'est Crédit Ford. Les sociétés filiales de crédit connaissent bien ce domaine. Nous savons comment prêter, nous savons comment financer, nous savons comment faire de la location et nous savons comment maintenir des lignes de vente en gros. C'est notre domaine d'expertise, et nous savons comment stimuler les affaires. Vous ne verrez pas la Ford Motor Company offrir des taux d'intérêt de 30 p. 100 à un client. Nous offrons un financement aux consommateurs qui est concurrentiel sur le marché, et nous sommes également mus par la concurrence dans notre secteur.
La principale victime de l'incapacité de financer des titres dans le marché est la location. La personne qui paie le prix de notre repli dans le domaine de la location... Si vous regardez la location maintenant, nous louons, en tant qu'entreprise, environ 10 p. 100 de nos véhicules; il fut un temps où la location représentait près de 50 p. 100. Chez GM et chez Chrysler, la location représente moins de 10 p. 100, alors qu'avant, la location représentait pour nous trois entre 40 et 50 p. 100. Qui paie le prix pour ce déclin? Nos consommateurs. Si les consommateurs paient un prix élevé maintenant, c'est parce qu'ils sont forcés d'acheter et de financer un véhicule parce que nous n'avons aucun moyen de soutenir la location.
Maintenant, nous louons quand même 10 p. 100 de nos véhicules, alors nous continuons de faire de la location, mais c'est très loin de la demande normale des consommateurs. Qu'arrive-t-il lorsque le consommateur doit acheter plutôt que louer? Il doit payer des taxes sur 100 p. 100 du véhicule qu'il achète. Lorsque vous louez, les taxes s'appliquent sur le paiement mensuel et si le véhicule a une valeur résiduelle de 50 p. 100 à la fin du contrat de location, cela signifie que vous n'allez payer les taxes que sur 50 p. 100 de la valeur du véhicule. Alors, nous pénalisons beaucoup de consommateurs. L'effet de cascade est beaucoup plus important, si vous voulez poser une question plus large, en termes de durée des contrats actuels par rapport à ce qu'elle était il y a seulement quelques années.
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Permettez-moi d'abord de remercier votre comité de s'intéresser à l'industrie de l'automobile et à son importance pour l'économie canadienne. Je remercie bien entendu chacun de vous de ses efforts et de son engagement à préserver un secteur très important de l'économie canadienne.
En guise d'introduction, je précise que le Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile représente environ 225 000 membres d'un bout à l'autre du Canada. Environ un quart de ces membres occupent des emplois en lien avec l'industrie de l'automobile, des emplois qui comptent énormément pour notre syndicat et qui, encore une fois, sont hautement importants.
Je tiens à dire d'emblée qu'évidemment, Jim et moi-même avons voyagé en classe économique pour venir ici aujourd'hui, et que nous avons été servis par de formidables membres des TCA qui ont pris soin de nous depuis notre départ de Toronto jusqu'à notre arrivée ici.
J'aimerais soulever quelques questions d'une importance majeure, en reconnaissant que les temps ont changé. Bien sûr, nous négocions une convention collective avec General Motors, Chrysler et Ford. Nous avons choisi General Motors pour établir ce que nous pourrions appeler les grandes lignes des sacrifices que doivent faire les travailleurs de l'automobile et d'autres intervenants, ainsi que plusieurs l'ont exigé, afin de maintenir notre avantage canadien ici, au Canada.
Je tenais à le souligner, parce que les gens me demandent pourquoi nous avons ouvert les négociations alors qu'une convention collective d'une durée de trois ans était en vigueur. Il est très clair, dans le contexte des pressions à la baisse et de la demande du gouvernement américain en ce sens, que le Syndicat international des travailleurs unis de l'automobile, ou TUA, devait, à titre d'intervenant, prendre une part active à la réouverture des négociations aux États-Unis. Nous avons donc dû examiner les TUA et nous demander quels désavantages concurrentiels pourraient résulter de leurs négociations en ce qui a trait à la position particulière du Canada. Au cours des derniers jours, nous avons négocié avec General Motors une convention collective qui servira de modèle aux entreprises Chrysler et Ford Motor. Au terme des négociations, General Motors nous a fortement souligné l'importance de maintenir notre avantage canadien en ce qui a trait aux futures décisions d'investissements de la société, ce qui est primordial.
Je tiens également à saluer, en tant qu'élément du processus de négociations, l'annonce faite en décembre par le premier ministre Harper et son homologue provincial McGuinty selon laquelle ils garantiraient au secteur automobile canadien une proportion de 20 p. 100 de ses activités comparativement aux États-Unis. Cette annonce a été très importante alors que les Américains s'efforçaient de déterminer comment ils investiraient leur argent aux États-Unis. Donc, cette annonce des premiers ministres Harper et McGuinty, selon laquelle ils fourniraient ce soutien pouvant aller jusqu'à 20 p. 100, a été déterminante. Et, bien sûr, les premiers ministres ont aussi dit à ce moment-là que les intervenants auraient à faire des sacrifices. Par la suite, le ministre Clement a également déclaré que tous les intéressés, y compris les travailleurs de l'automobile, seraient tenus de faire quelques sacrifices.
Le contenu de notre entente est très important. Selon ses dispositions, nous réalisons clairement des économies sur le plan des coûts horaires de la main-d'oeuvre active. Encore une fois, General Motors a déclaré que les coûts de notre main-d'oeuvre active étaient concurrentiels comparativement à n'importe quel autre pays du monde, et particulièrement l'Allemagne, les États-Unis et le Japon — des pays avec lesquels nous sommes en concurrence directe.
Nous avons évidemment dû faire d'importantes et douloureuses réductions en matière de coûts hérités. Le comité doit comprendre qu'à General Motors, nous aurons 30 000 employés qui partiront à la retraite, et dorénavant moins de main-d'oeuvre active, alors il fallait traiter la question des coûts hérités. Nous sommes parvenus à réduire de manière significative les coûts hérités à venir.
Nous avons dit à ce moment-là que lorsque le gouvernement du Canada et la province de l'Ontario mettraient en place une mesure de soutien, ou recommanderaient un appui à l'industrie, nous ferions partie de la solution, et cela a été le cas. Il est extrêmement important, en ce moment, que tous les intervenants aient pu apporter leur contribution. Pour que l'industrie survive, il est capital que le gouvernement canadien apporte le soutien proportionnel nécessaire. Donc, c'est de la plus haute importance.
Avant de vous présenter Jim, j'aimerais faire quelques remarques de conclusion. Ce qui est essentiel, aujourd'hui, c'est que le gouvernement du Canada fournisse un soutien. Dans un deuxième temps, nous devrons examiner les conditions de l'entente et maintenir la place proportionnelle que nous occupons dans le secteur manufacturier ici, au Canada, en tant que condition du prêt, en nous assurant que les travailleurs de l'automobile soient aussi protégés. Encore une fois, seul le gouvernement peut le faire, aujourd'hui. Les gens devraient comprendre que tous les pays dans le monde qui ont une industrie automobile lui apportent un soutien.
Je tiens également à souligner l'importance de l'industrie automobile — GM, Ford, Chrysler, Toyota, Honda et tous les constructeurs automobiles de premier plan au Canada — pour le secteur canadien des pièces d'automobiles, qui fait face à une restructuration majeure. Je demanderais au gouvernement, au cours de ses délibérations, d'envisager d'accorder un soutien au secteur automobile.
Je voudrais maintenant vous présenter l'économiste en chef du Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile, un homme respecté d'un bout à l'autre du pays, Jim Stanford.
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Merci, monsieur, et merci à vous, Ken.
Une courte description de notre actuelle convention collective conclue hier avec General Motors a été distribuée aux membres du comité dans les deux langues officielles.
J'aimerais vous fournir rapidement des détails additionnels en ce qui concerne la façon dont nous interprétons une partie du contexte économique de la crise subie par l'industrie automobile, notre récente négociation et les décisions que le gouvernement doit prendre pour la suite des événements. Je déposerai trois rapports auprès du greffier afin qu'ils soient ultérieurement distribués au comité, en temps voulu pour son étude.
Tout d'abord, je tiens à souligner que l'un des plus grands atouts du Canada sera son avantage soutenu et manifeste sur le plan de la productivité. Notre secteur automobile est l'une des rares industries où le Canada est, de manière soutenue, plus productif que les États-Unis. Selon les données les plus récentes, le Canada profite d'un avantage d'environ 11 p. 100 par rapport aux États-Unis sur le plan de la productivité en matière de montage d'automobiles, et de 35 p. 100 par rapport au Mexique. Notre avantage en matière de productivité a été constant durant la dernière décennie; en fait, il a même légèrement augmenté ces dernières années par rapport aux États-Unis. Je pense que cela reflète la place de choix accordée par tous les participants canadiens, y compris les fabricants et le syndicat, aux technologies modernes, à l'investissement dans de nouveaux biens d'équipement, aux pratiques de travail à rendement élevé et à la santé et au bien-être des travailleurs. Ces éléments contribuent de manière importante à rendre la main-d'oeuvre productive.
Je vous laisse le soin d'y réfléchir. L'avantage sur le plan de la productivité est là, et nous aimerions en tirer parti encore davantage grâce à un investissement accru dans nos installations.
Ma seconde remarque concerne l'importance du secteur automobile pour l'économie dans son ensemble. Il ne s'agit pas simplement de porter secours aux fabricants automobiles, et cela ne se résume certainement pas à fournir une aide aux travailleurs du secteur — comme si nous avions besoin d'une sorte de charité. Il s'agit plutôt que nous décidions, en tant que pays, qu'il est nécessaire de préserver cet élément essentiel de notre base économique.
Je vais également déposer auprès de votre comité l'étude du Centre for Spatial Economics de l'Ontario, qui se penche sur les incidences secondaires de l'industrie automobile. On y indique que si les principaux fabricants automobiles nord-américains cessaient leurs activités, le prix ultime à payer, en comptant les emplois indirects au Canada, serait la perte de 600 000 emplois, dont seulement 25 000 environ seraient occupés par des membres directs des TCA. Il y a beaucoup de personnes autres que les membres des TCA dont l'avenir dépend de la présence de cette industrie ici.
D'importantes réductions de notre PIB surviendraient, et se chiffreraient à environ 65 milliards de dollars, ou 4,4 p. 100 du PIB. Cela suffirait à faire d'une récession comme celle que nous vivons quelque chose qui ressemblerait à s'y méprendre à une dépression.
Les données sur les impacts fiscaux de la crise de l'industrie automobile sont intéressantes. Si les fabricants nord-américains devaient disparaître, cela entraînerait une incidence financière nette et négative de 13 milliards de dollars sur le budget annuel du gouvernement fédéral, ce qui est considérable. Je sais que beaucoup de gens qui se disent les représentants des contribuables se plaignent du soutien apporté par le gouvernement à l'industrie automobile. Pour ma part, si je me souciais réellement des contribuables, je serais terriblement préoccupé par ce trou de 13 milliards de dollars qui apparaîtrait soudainement dans le budget fédéral, et je me demanderais comment nous pourrions le combler.
Enfin, nous déposerons de l'information supplémentaire au sujet du lien entre le commerce international et les problèmes actuels ainsi que la future relance de l'industrie. L'existence de notre industrie au Canada dépend totalement des exportations et des investissements étrangers car, bien sûr, tous les fabricants automobiles sont détenus par des intérêts étrangers. Nous nous en réjouissons. Mais nous devons tenir compte du contexte de notre commerce international et de nos relations d'investissement et, au cours de la dernière décennie, de très positif qu'il était, ce contexte est devenu fortement négatif pour notre industrie. En 1999, le Canada jouissait d'un surplus annuel de 15 milliards de dollars sur le plan des produits automobiles et du commerce avec le reste du monde dans le secteur de l'automobile. L'an dernier, ce surplus s'est changé en déficit de 14 milliards de dollars. Nous avons donc transformé une victoire en défaite en perdant ce qui était autrefois un fleuron de nos relations internationales. Le secteur représente maintenant une perte sèche importante et croissante.
Le déficit reflète aussi bien une baisse de nos exportations — principalement aux États-Unis — et un accroissement de nos importations, particulièrement d'outre-mer. En fait, en 2008, pour la première fois depuis des décennies, le Canada a enregistré un déficit commercial dans le secteur de l'automobile pour ce qui est du marché nord-américain. Nous avons toujours un léger excédent commercial avec les États-Unis, mais il est maintenant largement annulé par un déficit commercial vis-à-vis du Mexique. C'est, à mon avis, aussi bien une cause qu'une conséquence de la crise de notre industrie et de nos emplois perdus.
Nous croyons qu'il sera intéressant, étant donné la restructuration du secteur aux États-Unis et de celle réalisée en parallèle ici, au Canada, de voir quels effets cela aura sur l'emplacement de l'industrie nord-américaine et la forme qu'elle prendra. Je pense qu'ici, nous faisons face aussi bien à un risque qu'à une possibilité. Évidemment, les Américains injectent des fonds dans leur industrie, et ils relieront ces fonds à des investissements américains, à une offre américaine et à un contenu américain.
Les gouvernements canadiens en feront autant, et nous vous encourageons à maximiser les engagements à l'égard de l'industrie automobile, engagements qui seront pris en contrepartie, si l'on veut, du soutien fourni à l'industrie. J'aimerais que nous travaillions de concert avec les Américains à une entente qui pourrait aboutir sur quelque chose comme un pacte nord-américain de l'automobile, dans le cadre duquel les gouvernements de nos deux pays fourniraient une aide à leurs industries en échange d'engagements proportionnels visant un renforcement de l'industrie nord-américaine.
Nous ne pouvons tirer un trait entre nous et les États-Unis — l'industrie est complètement intégrée —, alors il est insensé de fonctionner chacun de son côté. Avec une telle entente, accompagnée d'une certaine responsabilité des pays autres que nord-américains qui consisterait à ce qu'on exige, s'ils doivent continuer à exporter ici, qu'ils ouvrent leurs marchés pour y accueillir à leur tour des produits canadiens, faute de quoi, ils devront augmenter leurs investissements en Amérique du Nord, cela pourrait avoir des effets positifs.
J'aimerais donc souligner qu'à mesure que l'industrie se remettra, la dimension du commerce international devra faire partie du tableau. C'est une chose que le Conseil du partenariat pour le secteur canadien de l'automobile et autres intervenants ont examinée, et je pense que cela doit figurer à notre ordre du jour également.
Merci beaucoup, et nous sommes impatients d'entendre vos questions et commentaires, monsieur.
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Merci, monsieur le président.
Il arrive de temps à autre que certains membres du comité se permettent des commentaires partisans, et je pense que nous y avons eu droit tout à l'heure avec l'intervention de M. Valeriote. Je vais prendre un moment pour répondre à sa question concernant le plan à long terme du Canada.
Nous avons un plan intitulé Avantage Canada qui a été mis en place il y a quelques années par notre gouvernement; c'est une vaste stratégie économique pour notre pays. Et nous avons bien sûr un plan à plus court terme, le plan d'action économique, que nous sommes en train de mettre en oeuvre.
Je vais vous citer très rapidement quelques commentaires, le premier étant tiré de Newsweek:
Si le président Obama veut s'inspirer de l'exemple d'un gouvernement efficace, il aurait beaucoup à apprendre, tout comme nous tous d'ailleurs, de nos voisins du Nord.
Je cite maintenant le Daily Telegraph, à Londres:
Si le reste de la planète s'était comporté de façon aussi modeste et prudente, nous ne serions peut-être pas dans un tel pétrin.
Voici ce qu'on pourrait lire dans la revue The Economist:
... dans une économie qui s'en va à la dérive, le Canada se maintient à flot... On craint surtout de voir le Canada sombrer dans le tourbillon créé par la récession aux États-Unis.
On peut y lire ensuite:
M. Harper a indiqué à juste titre que son gouvernement avait pris des mesures prudentes pour aider le Canada à survivre à une tempête inévitable...
Et je peux même ajouter ce que le président Obama lui-même a déclaré il y a quelques semaines:
Selon moi, il convient notamment de retenir qu'au milieu de cette terrible crise économique , le Canada a su démontrer qu'il était un gestionnaire efficace du système financier et de l'économie et qu'il a souvent mieux fait à ce chapitre que les États-Unis.
Je voulais simplement répondre à ce que disais M. Valeriote.
J'ai maintenant quelques questions.
Il va sans dire qu'il est beaucoup question de restructuration et il ne fait aucun doute que les TCA auront voix au chapitre tout au long de ce processus.
Monsieur Stanford, peut-être pourriez-vous nous fournir certains éclaircissements. Selon un exposé que vous avez présenté en 2004, si je ne m'abuse, les congés payés — c'est-à-dire le temps pendant lequel les employés sont rénumérés sans travailler — ont coûté aux trois grands de l'automobile 10 $ l'heure par travailleur en production. Cela comprenait les congés réguliers ainsi que ce qu'on appelle les congés spéciaux. Est-ce que cette estimation est encore valable?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonsoir, mesdames et messieurs. Merci de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Pour vous mettre en contexte, l'ACCV représente les plus grands constructeurs de véhicules légers et lourds au Canada depuis plus de 80 ans, et Chrysler, Ford, General Motors et Navistar Corporation comptent au nombre de ses membres.
Nos sociétés membres exercent leurs activités dans pratiquement tous les provinces et territoires du Canada. Ensemble, nous avons 45 installations canadiennes, que ce soit des usines de montage de véhicules ou de fabrication de pièces, des sièges sociaux, des points de vente ou des centres de distribution, et plus de la moitié du nouveau réseau de concessionnaires canadiens, qui représente 1 750 concessionnaires dans presque toutes les villes du pays. Chrysler, Ford et General Motors sont actuellement les seuls constructeurs automobiles dotés d'importants centres et programmes de recherche et de développement au pays. Mais d'abord et avant tout, ils emploient directement quelque 35 000 personnes et soutiennent plus de 50 000 retraités.
Nous avons des milliers de fournisseurs et de partenaires commerciaux partout au Canada, en commençant notamment par la fabrication du caoutchouc en Nouvelle-Écosse, les ressources minières et les matériaux légers au Québec, l'acier, les produits chimiques et la haute technologie en Ontario, jusqu'aux produits pétrochimiques en Alberta. Nous avons visiblement une portée nationale.
Sur les 30 milliards de dollars qu'elles dépensent annuellement pour l'achat de pièces, ces entreprises achètent pour 24 milliards de dollars à des fournisseurs canadiens de premier niveau. Cela constitue 80 p. 100.
Au cours des cinq dernières années, ces sociétés ont, ensemble, injecté 8 milliards de dollars dans leurs usines de fabrication afin qu'elles deviennent les plus flexibles, efficientes et écologiques au monde. Cet investissement représente plus de 80 p. 100 des investissements majeurs dans le secteur de l'automobile du Canada au cours de cette période. Si vous prenez le total des investissements dans ce secteur, c'est-à-dire 10 milliards de dollars, cela équivaut à un rendement de plus ou moins 10 p. 100 sur les investissements effectués par les gouvernements dans le cadre de leurs initiatives visant à appuyer l'industrie automobile, telles que le Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile. L'investissement du gouvernement a été un facteur absolument déterminant dans l'obtention de nouveaux mandats de production, lesquels font partie des efforts déployés par ces entreprises pour restructurer leurs activités et soutenir la concurrence.
Toutefois, à l'heure actuelle, l'industrie automobile du Canada, comme celle d'autres pays, est frappée de plein fouet par la crise économique mondiale. Les ventes sont tombées à leur niveau le plus bas depuis presque 40 ans. Le recul sans précédent des ventes de voitures n'est pas un phénomène nord-américain, et ne touche pas uniquement les compagnies nord-américaines. En janvier dernier, mois auquel remontent les dernières statistiques, les ventes en France s'étaient effondrées de 8 p. 100 depuis l'an dernier. En Corée, les ventes ont chuté de 24 p. 100, au Japon de 28 p. 100, en Italie de 33 p. 100, en Suède de 34 p. 100, au Royaume-Uni de 35 p. 100, et en Espagne de 42 p. 100. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une récession mondiale.
Comme vous le savez sans doute, pour survivre à cette crise, tous les constructeurs, de partout dans le monde, prennent des mesures immédiates, et parfois même drastiques, qui se traduisent par la réduction de leur production, la suppression d'emplois et l'abaissement des coûts de la main-d'oeuvre.
Au Canada, toute la chaîne de valeur est touchée. Tous les concessionnaires, peu importe la marque ou le modèle, à quelques exceptions près, ont enregistré une baisse catastrophique de leurs ventes et de leurs profits. Il en est de même pour les fournisseurs de pièces. En raison de ce déclin, les fabricants ont réduit leur production de presque 60 p. 100 jusqu'à présent en 2009. Si on maintient ce rythme, au Canada, en 2009, on n'aura produit que 900 000 véhicules — ce qui représente 1,6 million de voitures de moins par rapport à il y a deux ans.
Devant cette réalité et compte tenu de l'importance cruciale de l'industrie automobile nationale pour les économies locales, pratiquement tous les gouvernements de partout dans le monde, notamment les États-Unis, l'Allemagne, la France et le Japon, prennent des mesures complémentaires, si je puis m'exprimer ainsi, pour venir en aide à leur industrie respective, en offrant divers appuis aux constructeurs, aux concessionnaires, aux fabricants de pièces et aux consommateurs. Encore une fois, il faut intervenir dans toute la chaîne de valeur.
Le gouvernement canadien joue assurément un rôle clé en fournissant des liquidités d'urgence, en consentant davantage de crédit aux fournisseurs, par l'entremise de la BDC et d'EDC, et en établissant la Facilité canadienne de crédit garanti. Ces mesures de soutien sont importantes et très bien accueillies.
Il est essentiel qu'elles soient mises en place le plus tôt possible pour être efficaces et que les politiques gouvernementales continuent d'appuyer l'industrie afin que celle-ci demeure concurrentielle à l'échelle internationale. C'est particulièrement important dans trois domaines cruciaux. On doit accorder un appui continu proportionnel à celui offert aux États-Unis, assurer la disponibilité du crédit et rétablir la confiance des consommateurs dans le but de faire augmenter les ventes de véhicules.
Il faut à tout prix mettre en place et maintenir des mécanismes de soutien qui permettront de soutenir la concurrence mondiale et, surtout, qui s'apparentent à ceux des États-Unis, si nous voulons obtenir une production proportionnelle.
Compte tenu de l'étroite intégration entre l'économie du Canada et celle des États-Unis, il est essentiel que le gouvernement canadien respecte son engagement visant à adopter des règles en matière d'efficacité énergétique des véhicules à l'instar des normes nationales américaines élaborées par la National Highway Traffic Safety Administration.
Le gouvernement américain estime que ces règles coûteront aux fabricants quelques 115 milliards de dollars. Pour éviter que cela se répercute sur le prix que paient les consommateurs, ce coût doit être amorti sur la plus grande flotte de véhicules possible afin de créer les économies d'échelle nécessaires. Si nous adoptons une solution qui ne s'applique qu'au Canada, cela coûtera beaucoup plus cher aux fabricants ainsi qu'aux consommateurs.
Devant la difficulté d'atteindre les nouveaux objectifs, le gouvernement américain, en vertu de sa Loi sur l'énergie, a créé une caisse de prêts remboursables de 25 milliards de dollars pour contribuer à la recherche et au développement de technologies et de véhicules peu énergivores. Nous prévoyons que cette somme sera doublée très bientôt.
Par ailleurs, j'estime qu'il est urgent que le gouvernement mette en oeuvre les mesures qu'il a annoncées dans son budget et qu'il étende son soutien aux consommateurs dans le cadre de son futur plan de relance. Des mécanismes tels que la Facilité canadienne de crédit garanti sont essentiels pour permettre aux compagnies financières d'accorder des prêts aux entreprises ainsi qu'aux consommateurs qui achètent au détail, et ceux-ci doivent être mis en place le plus tôt possible.
De plus, pour atténuer l'effondrement des ventes dans le secteur de l'automobile, le gouvernement devrait présenter un plan de relance qui vise directement les consommateurs afin de leur redonner confiance. Plusieurs autres pays ont adopté diverses mesures destinées à rétablir la confiance des consommateurs et à stimuler la vente de véhicules, notamment les congés fiscaux et les programmes de renouvellement de la flotte, également connus sous le nom de programmes de mise à la casse.
La prise de mesures audacieuses, très simples et directes a permis de freiner le déclin des ventes de nouveaux véhicules. L'Allemagne en est probablement le meilleur exemple, puisque son programme de mise à la ferraille de véhicules permettra de vendre 200 000 voitures de plus en 2009, selon les estimations. Cela représente une hausse de près de 10 p. 100. Seulement en février, on a enregistré une augmentation de 21 p. 100.
Parallèlement à ce programme, l'Allemagne s'est employée à mettre fin au gel du crédit auquel nous faisons face. La combinaison de ces deux initiatives s'est révélée très fructueuse.
Mises à part les retombées économiques immédiates qu'elles génèrent, ces initiatives sont triplement profitables en ce sens que les nouveaux véhicules sont plus propres — c'est-à-dire de 12 à 18 fois moins polluants —, plus éconergétiques et sécuritaires en raison des systèmes de sécurité plus perfectionnés que nous y intégrons.
En plus de devoir s'attaquer aux questions prioritaires à court terme visant à assurer la stabilité de l'industrie automobile au Canada, les gouvernements doivent continuer de collaborer de façon constructive avec l'industrie sur un éventail de questions commerciales et réglementaires.
Tout d'abord, les règlements sur la protection de l'environnement et la sécurité doivent être entièrement harmonisés avec les normes fédérales américaines. L'adoption de règles différentes au Canada ne fait qu'ajouter des coûts inutiles — et dans certains cas, les fabricants doivent payer des centaines de millions de dollars de plus pour pouvoir observer ces règles —, limiter les produits qui seraient autrement achetés sur le marché canadien et augmenter le prix payé par les consommateurs pour ces voitures.
Ensuite, il est important de maintenir les investissements dans ce secteur afin que nous puissions demeurer concurrentiels à l'échelle mondiale. Je parle ici du Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile qui, en effet, est à l'origine de plusieurs nouveaux mandats de production. Il faudrait pouvoir compter sur un financement à long terme.
Ensuite, il faut simplifier la réglementation qui régit les frontières afin de réduire la congestion et les retards, particulièrement à la frontière canado-américaine, et opter pour une approche coordonnée avec les États-Unis. Les procédures en matière de douanes et les coûts de transaction entrent également en ligne de compte.
Nos croyons au libre-échange, pourvu qu'il soit équitable. Les accords de libre-échange et de commerce international équitable permettent aux producteurs canadiens de concurrencer à armes égales et d'éliminer le protectionnisme dans les marchés étrangers, en s'attaquant particulièrement aux obstacles réglementaires et non tarifaires. L'exemple le plus marquant est évidemment les mesures non tarifaires du marché de l'automobile coréen qui empêchent les entreprises canadiennes de réaliser leur plein potentiel d'exportation. Le Canada devrait conclure des accords commerciaux qui privilégient les fabricants canadiens et reconnaissent notre histoire en vertu de l'ALENA. Les négociations actuelles d'un accord de libre-échange entre le Canada et la Corée ne permettent pas d'atteindre ces objectifs. Il ne s'agit pas du bon moment ni du bon accord à signer.
Nous devons également éliminer les fardeaux réglementaires et financiers inutiles qui pèsent sur les fabricants et les consommateurs, notamment l'écoprélèvement sur les véhicules énergivores proposé par le gouvernement fédéral.
En terminant, ce sont les facteurs que nous vous prions d'examiner à long terme.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Merci beaucoup, monsieur le président, et mesdames et messieurs les députés.
Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de me prononcer, au nom de l'Association des fabricants internationaux d'automobiles du Canada, sur la situation actuelle de l'industrie automobile.
Pour bien vous situer, l'AFIAC est l'association commerciale canadienne qui représente les intérêts canadiens de 14 fabricants internationaux d'automobiles qui distribuent, commercialisent et fabriquent des véhicules au Canada.
En 2008, les membres de l'AFIAC ont vendu plus de 839 000 nouveaux véhicules au Canada, ce qui représente 51,2 p. 100 du marché des nouveaux véhicules au Canada. C'est d'ailleurs la première fois que les membres de l'AFIAC comptaient pour plus de la moitié du marché canadien.
Les ventes de nos membres ont connu une croissance, mais leur investissement canadien a lui aussi augmenté. Les membres de l'AFIAC ont investi plus de 8 milliards de dollars dans les installations de fabrication seulement. La production annuelle en 2008 s'est élevée à 796 000 nouveaux véhicules, ou 38 p. 100, sur les 2,078 millions de véhicules produits par les trois sociétés membres ayant des installations de production au Canada.
Bien que la majorité, soit 75 p. 100, des véhicules construits par nos sociétés membres soient exportés presque exclusivement vers les États-Unis, chacune de ces sociétés vend davantage de véhicules qu'elle construit au Canada à des Canadiens. Ainsi, 48 p. 100 des véhicules de marque Honda et Acura vendus au Canada ont été produits chez Honda of Canada Manufacturing, et 37 p. 100 des véhicules Toyota et Lexus vendus au Canada ont été construits chez Toyota Motor Manufacturing Canada. De plus, 3 p. 100 des modèles de marque Suzuki vendus au Canada ont été fabriqués à l'usine CAMI, et bien que je n'en aie pas parlé plus tôt, 1 p. 100 des véhicules de marque Volkswagen vendus au Canada ont, en fait, été construits à l'usine Chrysler, établie à Windsor. Par ailleurs, comparativement aux autres sociétés qui produisent au Canada, le pourcentage de production de ces trois sociétés est plus élevé au Canada: Honda a presque 27 p. 100 de sa production ici, Toyota 26,3 p. 100, et CAMI 100 p. 100.
Bien que nombreux soient ceux qui considéreraient les membres de l'AFIAC comme des importateurs dans le contexte de l'ALENA, 50 p. 100 des ventes des membres de l'AFIAC au Canada en 2008 ont été effectuées dans la région de l'ALENA. Lorsque l'usine Kia de 1,2 milliard de dollars, implantée en Georgie, sera pleinement opérationnelle en 2009, Porsche et Jaguar/Land Rover seront les deux seuls de nos 14 membres à ne pas produire de véhicules dans la région de l'ALENA.
Le rapport entre la production et les ventes en Amérique du Nord confirme que la pénétration des importations n'a pas augmenté. Depuis 1990, le ratio production-ventes est passé de 78 à 93 p. 100. La plupart du temps, il tournait autour de 80 p. 100. En 2008, le ratio se situait à 80 p. 100. Même si davantage de consommateurs achètent les produits de nos membres, bon nombre de ces produits sont également fabriqués en Amérique du Nord, ce qui fait en sorte de créer des emplois dans les usines d'assemblage et de fabrication de pièces d'automobile.
Comme Mark l'a dit dans sa déclaration, vous n'êtes pas sans savoir que la situation a changé considérablement dans le secteur de l'automobile au Canada ces huit derniers mois, et même jusqu'à la semaine dernière. Bien que les médias parlent davantage de GM et de Chrysler, sachez que les ventes de Honda Canada ont chuté de 42 p. 100 en février et de 39 p. 100 jusqu'ici cette année. Les ventes de Toyota Canada ont reculé de presque 26 p. 100 en février, ou de 15,5 p. 100 à ce jour cette année. En fait, les ventes de seulement 5 de nos 14 membres ont augmenté au cours de l'année 2008. Dans l'ensemble, les ventes de nos membres ont diminué de 15 p. 100 jusqu'à maintenant cette année.
Le Canada et les États-Unis ne sont pas des cas isolés, comme Mark l'a indiqué précédemment. Au Canada, de janvier à décembre l'an dernier, la confiance des consommateurs a plongé de presque 30 points lorsque le Canada est entré dans une période de récession qui avait déjà frappé l'économie américaine à la fin de 2007. La récession aux États-Unis est en grande partie à l'origine de la diminution de la production au Canada de presque 20 p. 100 par rapport au niveau de 2007, puisque 75 p. 100 de la production de nos membres est exportée vers les États-Unis. Et ce nombre est encore plus élevé pour les trois géants de l'automobile à Détroit.
Plus l'incertitude à l'égard de l'économie et de la précarité des emplois grandit, plus les consommateurs hésitent à faire des gros achats. Cela s'est évidemment reflété dans le secteur de l'automobile. Malgré le fait que nos ventes n'aient diminué l'an dernier que de 1,1 p. 100 par rapport à 2007, ce qui représente le nombre de ventes le troisième en importance, les ventes ont été marquées par deux différentes tendances. À la fin du premier trimestre l'an dernier, les ventes avaient augmenté de 7,3 p. 100 et se dirigeaient tout droit vers un record de tous les temps. Vers la fin du deuxième trimestre, les ventes s'étaient accrues de seulement 2,4 p. 100 par rapport à 2007 et, comme je l'ai dit plus tôt, à la fin de l'année, elles avaient chuté de 1,1 p. 100. Il faut donc s'attarder à ces tendances et non pas à la légère diminution des ventes.
Aussitôt que la récession s'est implantée, la tendance à la baisse en a fait autant. Mark a déjà parlé de l'effondrement sans précédent des ventes en janvier et février. Les ventes se chiffrent actuellement à 1,3 million de véhicules, ce qui représenterait un recul de 20 p. 100. La plupart des analystes semblent croire que la tendance ne se maintiendra pas, mais tout de même, on estime que les ventes afficheront une baisse entre 13 et 15 p. 100.
Le recul des ventes sera très difficile pour les 3 500 nouveaux concessionnaires de voitures au Canada, qui ressentent également l'incidence du resserrement du crédit. À ce chapitre, nous tenons à féliciter le gouvernement pour la Facilité canadienne de crédit garanti, dotée d'un fonds de 12 milliards de dollars, qu'il a annoncée dans son dernier budget. Nous estimons qu'il est essentiel d'assurer la disponibilité du crédit, mais encore faut-il que cette facilité soit établie rapidement.
En outre, au cours d'une séance de consultation commanditée par l'Institut C.D. Howe et tenue vendredi dernier, on craignait que la somme de 12 milliards de dollars ne soit pas suffisante. Si c'est le cas, nous espérons que le gouvernement envisagera de mettre des fonds supplémentaires à notre disposition. Cela dit, comme Mark l'a indiqué précédemment, le fait de faciliter l'accès au crédit ne signifie pas nécessairement que les consommateurs recommenceront à acheter des produits. À notre avis, il faut mettre en place d'autres mesures incitatives à cet effet.
Je ne vais pas m'attarder sur le programme de mise à la casse puisque Mark en a déjà parlé dans sa déclaration, si ce n'est pour dire que nous appuyons un programme amélioré dans ce sens. Nous croyons savoir que le programme de mise à la ferraille avait été conçu au départ dans une optique environnementale, et n'avait aucun lien direct avec l'industrie automobile. Cependant, nous sommes d'avis qu'un programme amélioré, dans le cadre du plan de relance économique, est important et doit être mis sur pied. Nous sommes en faveur de l'établissement d'un programme de mise à la casse de 300 millions de dollars visant à retirer de la circulation 100 000 véhicules de modèles 1998 ou antérieurs au cours d'une période d'un an. Les consommateurs seraient ainsi forcés de retourner chez les concessionnaires. Cela aurait pour effet de faire grimper les ventes de voitures et d'être plus avantageux sur les plans de la sécurité et de l'environnement.
Compte tenu de la durée de vie de neuf ans des nouveaux véhicules et de la réglementation de la consommation de carburant au Canada, un programme de mise à la ferraille de véhicules, semblable à celui créé en Colombie-Britannique, qui est une forme d'incitatif axé sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre sur une période de deux ans, permettrait au gouvernement de réduire considérablement ses émissions.
Même si les programmes de mise à la casse de véhicules vont certainement inciter les consommateurs à se rendre chez les concessionnaires, venant ainsi en aide à l'industrie du détail au Canada, la hausse des ventes au Canada n'aura pas réellement d'incidence sur la production des six constructeurs canadiens. C'est la même chose pour les fabricants de pièces. La production a diminué de 20 p. 100 l'an dernier en raison de la récession aux États-Unis. Il est évident qu'en Amérique du nord, nous devrons couper dans la production et ailleurs pour nous ajuster aux nouvelles ventes américaines.
La moyenne des ventes désaisonnalisée de 16,8 millions de dollars au cours de la dernière décennie n'est pas très réaliste et nous ne sommes pas prêts de la revoir. Ces prévisions étaient fondées sur un accès facile au crédit, des niveaux élevés de liquidité et des généreuses mesures incitatives de la part des constructeurs automobiles, combinées à une économie croissante, une grande confiance des consommateurs et un taux de chômage relativement bas.
Depuis la fin de 2007, l'économie américaine est en crise. La confiance des consommateurs est tombée à zéro et les pertes d'emploi sont de plus en plus nombreuses, se chiffrant à 651 000 aux États-Unis seulement au cours du mois dernier.
La capacité de production en Amérique du Nord tourne autour de 17 millions de véhicules, ce qui signifie qu'à l'heure actuelle, il y a une capacité excédentaire d'environ 7 millions de véhicules, soit près de 28 usines d'assemblage d'automobiles en Amérique du Nord. Le recul catastrophique des ventes a forcé tous les fabricants à diminuer leur production. La plupart des analystes indiquent qu'il faudra plusieurs années avant que la situation revienne à la normale.
Une étude menée par le Conference Board du Canada en décembre 2008 a indiqué que les profits des fabricants de pièces canadiens avaient chuté de 1 milliard de dollars l'an dernier et qu'en 2008-2009, 10 800 pertes d'emploi s'ajouteraient aux 12 008 autres emplois déjà perdus en 2007. J'imagine que M. Fedchun a dressé un portrait encore plus sombre et plus exact de la situation lorsqu'il a comparu devant le comité, alors je ne m'éterniserai pas là-dessus.
Par ailleurs, nous sommes d'avis que le gouvernement canadien devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver notre assise manufacturière, étant donné que beaucoup de fabricants de pièces automobiles au Canada sont des innovateurs mondiaux en matière de composantes automobiles et d'assemblages.
Pour ce qui est de l'affectation des fonds publics et de l'aide à l'industrie automobile, on ne s'attend pas à ce que les ventes des fabricants de pièces et d'assembleurs de véhicules augmentent, comme je l'ai dit plus tôt, à moins qu'il y ait une flambée de ventes aux États-Unis. Il est important que l'aide accordée au secteur de l'automobile soit équitable pour tous ceux qui en ont besoin, y compris les fabricants de pièces et les concessionnaires. De plus, cette aide ne devrait pas procurer un avantage concurrentiel aux entreprises qui en bénéficient. Pour cette raison, il est primordial de mettre en place un processus transparent pour la demande et l'utilisation de ce financement ainsi qu'une structure de responsabilisation afin de veiller à ce que cette aide soit utilisée à bon escient.
En terminant, à mesure que la situation économique se détériorera, les sentiments protectionnistes seront de plus en plus forts, et c'est pourquoi nous croyons que le gouvernement devrait s'engager à l'égard des fabricants à maintenir un marché de l'automobile ouvert.
J'aurais encore des choses à dire, mais je vais m'arrêter ici pour l'instant.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les députés.
Je ne vais pas aborder beaucoup de sujets.
Mazda Canada est établie à Toronto. Nous avons des bureaux à Montréal et à Vancouver, puis un entrepôt à Toronto. Nous comptons 164 concessionnaires partout au pays et nous employons directement plus de 6 000 personnes.
Nous avons beaucoup parlé de cette industrie en régression, mais à mon avis, ce qui est le plus inquiétant en ce moment, c'est la vitesse à laquelle cette industrie s'effrite. Aux États-Unis, vous vous rappellerez que le déclin a commencé en décembre 2007 à un demi pour cent. Sept mois plus tard, on avait une diminution de 25 p. 100. Au Canada, nous avons commencé à en subir les contrecoups en novembre, puis nos ventes ont chuté de 28 p. 100 en quatre mois.
Aux États-Unis, les ventes ont reculé de 41 p. 100 et, à mon avis, si nous ne prenons pas des mesures rapidement, il est possible que nos ventes fléchissent autant. Certains de nos membres ont déjà atteint ce niveau.
Une autre tendance qui nous inquiète est celle du crédit, qui contribue à la précipitation de ce déclin. Les coûts du financement, malgré tout ce que nous avons rapporté aux banques, ne cessent d'augmenter. À l'heure actuelle, les fonds que nous obtenons pour financer nos consommateurs, au cours du dernier mois, ont augmenté de 50 points de base. Les coûts du financement lié à la location se sont accrus de presque 100 points de base ces 30 derniers jours.
N'empêche que ces tendances n'ont pas encore touché l'industrie. Elles ne se sont pas encore répercutées sur les consommateurs; par conséquent, nous craignons de devoir faire face à des difficultés plus nombreuses à mesure que le coût du crédit augmentera, et ce, dans un avenir très rapproché.
La question de la location nous préoccupe particulièrement. Si vous jetez un coup d'oeil aux tendances, l'an dernier, 43 p. 100 de nos transactions au Canada étaient des locations. Autrement dit, quarante-trois pour cent de nos voitures étaient louées. Aujourd'hui, on parle de 19 p. 100. Cela représente une réduction de 24 points dans le nombre de locations. Si vous calculez cela sur une base annuelle par rapport au nombre de ventes de voitures, cela représente plus de 390 000 ventes. Notre industrie n'est donc pas si mal en point.
Il existe une corrélation entre la réduction du nombre de locations et le déclin de notre industrie. Non, il ne s'agit pas du seul problème, mais c'est un problème dont doit tenir compte le gouvernement, dans le cadre de la Facilité canadienne de crédit garanti, en misant sur la titrisation et en garantissant l'existence de plusieurs options concurrentielles pour assurer la survie de l'industrie de la location. En louant un véhicule, les consommateurs ont la possibilité d'avoir des mensualités moins élevées. Si on leur enlève cette option, ils n'auront d'autre choix que de se faire financer sur 10 ou 12 ans, ce qui n'a aucun sens.
Pour Mazda, c'est particulièrement important dans la province de Québec. La location compte pour 50 p. 100. Toutefois, étant donné qu'il y a très peu d'options disponibles et que les taux sont de plus en plus élevés, les consommateurs ont moins accès à cette option. De toute évidence, on vous dira qu'il est possible d'obtenir du crédit, mais à quel prix? Comme les coûts du financement montent en flèche et que les options de location disparaissent, le nombre de consommateurs que nous attirons dans nos salles de montre est à la baisse. C'est donc toute notre industrie qui est en régression.
À notre avis, il faut à tout prix veiller à la disponibilité du crédit, également en ce qui a trait à la location, puisque ce secteur constituait une part importante de notre industrie il y a moins d'un an.
Enfin, je représente de nombreux concessionnaires partout au pays qui souffrent de la situation actuelle du financement et du resserrement du crédit. Pour l'instant, certains concessionnaires plus chanceux disposent de lignes de crédit. Les concessionnaires n'achètent pas les voitures exposées dans la salle de montre; ils les financent. Leurs taux augmentent forcément. D'après leur plan de financement, les taux de nos concessionnaires ont augmenté de 50 points de base ces deux derniers mois. Cela signifie que chaque voiture leur coûte plus cher à conserver. Combiné aux dépenses supplémentaires de financement, cela se traduit par des prix plus élevés pour les consommateurs, ce qui rend nos voitures moins abordables et, par le fait même, attire moins de consommateurs dans nos salles de montre.
Les concessionnaires doivent absolument avoir accès à plusieurs possibilités de crédit, par l'intermédiaire de nos systèmes bancaires, afin d'offrir un financement concurrentiel à nos consommateurs qui nous permettent d'exploiter nos entreprises.
Contrairement aux États-Unis, au Canada, pour ce qui est de Mazda, il n'y a pas de groupes de concessionnaires qui forment une grande entreprise. Nous avons plutôt des entreprises familiales, de petites entreprises, dont bon nombre appartiennent à des gens de la deuxième ou de la troisième génération qui en ont hérité et qui essaient d'assurer leur survie.
Étant donné que l'industrie s'effrite, il est de plus en plus difficile d'obtenir du crédit pour acheter des voitures de l'usine et de les financer, d'achever les projets de construction ou d'ajouter une aire de service supplémentaire. Quand je parle du resserrement du crédit, je veux m'assurer que nous gardons à l'esprit les besoins de nos concessionnaires — non seulement de Mazda, mais aussi de tous les constructeurs — et les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Je ne vais pas m'entretenir davantage de la question, si ce n'est pour dire que je suis reconnaissant des mesures qui ont été prises jusqu'à maintenant et des efforts que vous avez déployés pour nous faire comparaître ce soir. Je suis conscient que vous devez travailler très tard.
Cependant, l'industrie s'enfonce dans la mauvaise direction à un rythme effréné. Si nous prenons des mesures adéquates sans tarder, je crois que nous pourrons renverser la vapeur. L'industrie est malade, mais elle n'est pas en phase terminale.
Je vous remercie de votre temps.
:
Monsieur le président, merci de m'avoir invité à prendre part à cette audience sur l'industrie automobile au Canada.
Permettez-moi d'abord de vous parler brièvement de notre association. JAMA Canada a été établi en 1984 et a reçu le mandat de mieux faire comprendre les enjeux commerciaux et économiques au sein du secteur automobile, ainsi que de favoriser des relations plus étroites entre le Canada et le Japon. À l'heure actuelle, notre association compte huit membres; quatre d'entre eux fabriquent des véhicules au Canada: Honda, Toyota, Suzuki et Hino. Sept de nos membres possèdent des usines affiliées aux États-Unis ou au Mexique.
Les activités de fabrication menées au Canada représentent environ le tiers de la production totale de véhicules légers au pays. En 1984, tous les véhicules vendus par nos membres étaient fabriqués au Japon. Aujourd'hui, trois véhicules sur cinq vendus au Canada par nos membres sont fabriqués en Amérique du Nord. De plus, le Canada demeure chaque année un exportateur net de véhicules légers depuis 1993. En 2008, deux fois plus de véhicules ont été exportés du Canada qu'importés du Japon.
Au cours des prochains mois, la production canadienne de nos membres dépassera la marque des 10 millions d'unités. Je note que l'usine Honda d'Alliston va souligner la production de son cinq millionième véhicule en 2009. On a investi plus de 9 milliards de dollars dans la fabrication de véhicules, notamment pour la nouvelle usine Toyota à Woodstock, l'usine de fabrication de moteurs quatre cylindres de Honda à Alliston, ainsi que l'usine de fabrication de camions Hino à Woodstock également. L'an dernier, on a produit quelque 682 000 véhicules légers au Canada, de même que 1 230 camions de poids moyen, et près de 74 p. 100 de cette production ont été exportés; 94 p. 100 sont allés aux États-Unis et le reste à plusieurs autres pays.
Comparativement aux trois grands constructeurs de Détroit, Honda et Toyota consacrent un grand pourcentage de leur production canadienne au marché intérieur, puisque les petits véhicules comme la Civic et la Corolla sont parmi les plus populaires auprès des consommateurs canadiens. Par ailleurs, 65 fabricants de pièces d'automobile, d'équipement et d'outillage adaptés aux véhicules japonais se sont installés au Canada. Ces entreprises emploient plus de 16 000 personnes. L'industrie emploie directement et indirectement plus de 70 000 personnes au Canada, incluant les concessionnaires, de même qu'environ 29 000 personnes dans le secteur de la fabrication de véhicules et de pièces d'automobile. Je crois que vous avez reçu une copie de la carte que j'ai distribuée, qui montre toutes les usines de fabrication de véhicules et de pièces d'automobile actuellement en opération au Canada.
De notre point de vue, en plus de subir la crise mondiale actuelle, l'industrie de l'automobile doit composer avec des difficultés d'ordre structurel et cyclique. Malgré l'effondrement de la demande au cours des deux derniers mois de l'année, nos membres ont enregistré des ventes records en 2008. Toutefois, comme d'autres l'ont souligné, on constatait une diminution de 20 p. 100 dans les ventes combinées à la fin février. Avec la récession qui fait rage, nos membres se disent inquiets devant la diminution de la demande, le manque de confiance des consommateurs et l'accès difficile au crédit. L'année 2009 pourrait très bien s'avérer une année de grands changements pour l'industrie canadienne et mondiale de l'automobile.
Même si l'industrie canadienne de l'automobile a dû s'adapter face à différents facteurs convergents au cours des dernières années (instabilité du dollar, prix du pétrole et des autres produits de base, variation dans la demande du consommateur), elle est véritablement entrée dans une ère de restructuration il y a 30 ans lors de la première crise du pétrole, en 1973, puis dans les années qui ont suivi, avec la montée de la mondialisation. Pour les fabricants automobiles japonais au Canada, cette période de changement continu a été remarquable, en ce sens qu'elle a favorisé un investissement accru dans la production locale et stimulé l'exportation aux États-Unis. Comme vous l'avez souvent entendu, l'industrie canadienne de l'automobile est grandement intégrée en Amérique du Nord. Cela a permis au Canada de jouer dans la cour des grands, produisant presque le double de ce que nous consommons et exportant une importante part de la production locale. Dans ce marché intérieur relativement petit, il est primordial d'accéder au marché des États-Unis afin de soutenir ce niveau de production et d'exportation.
Il apparaît évident que cette baisse cyclique qui a commencé l'an dernier aux États-Unis a mis en péril la production canadienne. Il est par ailleurs important de récupérer les consommateurs américains pour raviver la production au Canada. Entre-temps, l'intervention des gouvernements demeure critique pour restaurer la confiance des consommateurs, ainsi que créer un environnement positif et concurrentiel pour le commerce de l'investissement, notamment en maintenant les frontières ouvertes, sécuritaires et favorables au commerce; en apportant des améliorations à l'infrastructure, y compris les points frontaliers; en établissant de solides politiques fiscales et financières, et en appuyant l'innovation par l'entremise de remises d'impôt pour la recherche et le développement.
À cet égard, nous sommes encouragés par les mesures prises par le gouvernement fédéral dans son dernier budget, mesures qui visent à sécuriser le crédit pour les concessionnaires grâce à la Facilité canadienne de crédit garanti de 12 milliards de dollars, à favoriser l'accès au crédit pour les fournisseurs, de même qu'à prolonger la déduction pour amortissement temporaire pour les investissements dans la machinerie et les appareils de production.
Nous ignorons encore si ces mesures inciteront les consommateurs à dépenser de nouveau. Il pourrait être nécessaire d'offrir un incitatif qui soit davantage axé sur le consommateur, comme un programme de mise à la ferraille, que d'autres ont déjà proposé.
Pour ce qui est du soutien financier du gouvernement fédéral et du gouvernement de l'Ontario, nous craignons que les fonds offerts à General Motors et à Chrysler ne servent pas à maintenir la proportion actuelle du Canada dans la production de l'Amérique du Nord, mais bien à désavantager les joueurs du marché qui ne sollicitent pas de prêts ni d'aide au crédit en ce moment, comme les membres de JAMA Canada.
Vu la nature hautement intégrée de l'industrie, JAMA Canada appuie pleinement la position de l'Association des fabricants internationaux d'automobiles du Canada et de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules, c'est-à-dire qu'il faut établir une norme dominante en Amérique du Nord concernant le rendement énergétique, la sécurité des véhicules et les émissions carboniques.
Nous avons par ailleurs des réserves à l'égard de l'établissement d'une zone de libre-échange avec la Corée et des négociations éventuelles avec les États-Unis. Cependant, comme le temps nous presse, je vais transmettre au comité notre exposé de position quand il sera prêt dans les deux langues officielles.
Je vous remercie de m'avoir permis de participer à cette discussion. Je suis disposé à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour aux membres du comité.
Au nom de l'Association canadienne des fabriqueurs de moules, et en ma qualité de vice-président, je tiens à vous remercier. Nous sommes heureux que votre comité nous permette de donner notre point de vue sur l'état actuel de l'industrie de l'outillage automobile au Canada, et nous vous en remercions.
Je ne surprendrai personne en disant que l'industrie de l'outillage est en crise. Toutefois, certains ignorent peut-être que nous sommes aux prises avec cette situation depuis plusieurs années; elle n'est pas seulement attribuable à la crise financière actuelle. Dans les faits, le reste du Canada traverse maintenant les difficultés que nous traversons depuis quelques années déjà.
Si notre industrie est en péril, c'est d'abord en raison des modalités de paiement inéquitables des trois grands constructeurs de Détroit (les modalités du PPAP), les plus importants clients des entreprises d'outillage. Le fabricant d'automobiles établit un programme de production avec le fournisseur de premier niveau de son choix, qui à son tour commande les outils nécessaires à un outilleur. On fabrique alors l'outil commandé, et les pièces qui sont produites à l'aide de cet outil doivent être approuvées par le fabricant d'automobiles. Le fabricant paie ensuite l'outil ou le moule au fournisseur de premier niveau. Il faut entre 18 et 48 mois pour obtenir les fonds, selon le PPAP ou les délais de traitement. Pendant ce temps, les outilleurs ne reçoivent pas un sou pour leur travail.
Malheureusement, en raison des pressions exercées par les trois géants de Détroit qui veulent toujours réduire leurs coûts, beaucoup de fabricants de moules et de fournisseurs de premier niveau ont éprouvé des difficultés financières et ont choisi de ne pas payer les outilleurs et/ou d'invoquer le chapitre 11, retenant les fonds encore une fois.
Nous croyons donc qu'il faut changer ce modèle de paiement et nous demandons qu'une portion des prêts consentis par notre gouvernement soit consacrée aux entreprises d'outillage, pas comme un prêt qu'elles devront rembourser, mais comme paiement pour le travail qu'elles ont déjà accompli pour les fabricants d'automobiles.
Nous croyons que le gouvernement doit se servir de son influence pour faire changer les choses, parce que ces modalités de paiement favorisent injustement les fabricants d'automobiles; et ces derniers ne sont pas prêts d'abandonner cette stratégie, puisqu'elle leur donne la possibilité d'envoyer valser les outilleurs et de rayer les coûts de leur bilan financier. Il faut mettre un frein à cette stratégie de paiement pour la viabilité future des petites et moyennes entreprises, qui ne peuvent pas se permettre de financer les trois géants de Détroit. Nous croyons que le moment est bien choisi pour intervenir, car une initiative semblable a été lancée par les outilleurs américains, laquelle est envisagée sérieusement par leurs représentants élus.
Les fabricants de moules, d'outils et de matrices doivent être considérés comme un secteur indépendant de l'industrie automobile. Vu sa présence sur le marché, nous sommes d'importants fournisseurs de l'industrie automobile. Nous pourrions par contre développer un secteur robuste fournissant des industries autres que celle de l'automobile, par exemple dans le domaine de l'aérospatiale, de la médecine, de l'énergie éolienne, de l'énergie solaire, des piles à combustible, du nucléaire et des produits ménagers. Mais nous devons d'abord être payés pour le travail que nous avons fait, de façon à ce que nous puissions réinvestir dans de nouvelles technologies afin de saisir de nouvelles occasions d'affaires.
À l'heure actuelle, différentes contraintes financières freinent notre expansion. Le secteur de l'automobile doit actuellement beaucoup d'argent à la plupart des outilleurs. Les banques associent les fabricants d'outillage aux difficultés qu'éprouvent l'industrie de l'automobile et leur limitent ainsi l'accès au crédit.
Bien des banques refuseront d'assurer les comptes recevables d'un client qui n'est pas couvert par l'assurance d'Exportation et développement Canada. À l'heure actuelle, EDC ne veut pas assurer les trois géants de Détroit et la plupart de leurs fournisseurs, ce qui pousse les outilleurs à décliner le travail qu'offrent ces derniers.
Par exemple, Chrysler, qui demande des prêts au gouvernement canadien, ne peut pas obtenir la couverture d'EDC et a annoncé récemment qu'elle investirait environ 500 millions de dollars dans la fabrication d'outils pour la production de nouveaux modèles, mais, vu la situation actuelle, la plupart des outilleurs canadiens ne seront pas en position de présenter une soumission.
Cette situation pourrait bien engendrer le scénario suivant: le gouvernement canadien consentirait des prêts à Chrysler; Exportation et développement Canada, une société d'État, refuserait toujours d'assurer les comptes recevables des outilleurs canadiens pour Chrysler; les banques canadiennes refuseraient de consentir des comptes sur marge à Chrysler sans la couverture d'EDC; les fabricants de moules, d'outils et de matrices devraient alors refuser le travail offert par Chrysler; Chrysler serait forcé de commander ses outils aux États-Unis ou à un autre pays, où on doit verser des paiements progressifs, payant ainsi des entreprises étrangères avec les fonds des contribuables canadiens; les entreprises canadiennes seraient forcées de réduire leurs effectifs ou de fermer boutique, et elles devraient aussi puiser des fonds dans leurs comptes-clients assurés par EDC, une deuxième pige dans l'argent des contribuables.
Nous vous prions donc respectueusement d'envisager la solution suivante: réserver une partie des prêts consentis pour rembourser les fournisseurs essentiels, et désigner les fabricants de moules, d'outils et de matrices comme tel.
Il faut mettre un terme au régime de paiement du PPAP. Si les fabricants automobiles peuvent verser des paiements progressifs à leurs fournisseurs chinois, ils peuvent aussi le faire pour leurs fournisseurs canadiens.
EDC doit accroître sa couverture de crédit des trois géants de Détroit parallèlement à la stratégie de prêt. Étant une société d'État, qu'EDC refuse d'assurer les comptes-clients des trois grands de Détroit ne cadre pas avec la stratégie du gouvernement de fournir des fonds à ces constructeurs.
L'industrie fait sa part en participant à différentes organisations, comme l'Association canadienne des fabriqueurs de moules. Notre association fait la promotion des outilleurs du pays par différents moyens. Nous avons notamment organisé récemment une foire commerciale et participé à différents salons professionnels aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne, où nous distribuons des revues spécialisées, rencontrons des représentants de différents pays et obtenons des pistes sur les acheteurs potentiels que nous transmettons à nos membres. Nous travaillons également avec des députés fédéraux et provinciaux, par exemple avec le gouvernement de l'Ontario, qui a récemment organisé un sommet intitulé « Powering the Future », qui a connu un énorme succès. L'événement, tenu au nouveau casino de Windsor, a en effet attiré plus de 800 personnes. Nous collaborons aussi avec des organismes comme la Commission de développement du comté de Windsor—Essex, ainsi qu'avec nos délégués commerciaux et nos ambassadeurs pour présenter des soumissions dans le cadre de projets entrepris à l'étranger, car c'est surtout l'exportation qui fait rouler les entreprises d'outillage. Je souligne par ailleurs que nous entretenons des liens étroits avec nos universités et collèges locaux.
En conclusion, je répète que nous ne sommes pas venus ici pour vous réclamer des prêts. Nous voulons seulement être payés pour les services que nous avons déjà rendus aux fabricants de véhicules. Nous souhaitons également un retour à des pratiques équitables en matière de paiement, de façon à ce que nous puissions investir notre propre argent dans notre avenir. Les propriétaires canadiens de petites et moyennes entreprises sont des gens d'affaires fonceurs, innovateurs et parfois audacieux qui ont la volonté et la fougue de survivre et de prospérer, comme en fait foi la foule qu'a attirée le sommet « Powering the Future », qui faisait la promotion de nouvelles voies commerciales pour les fabricants. Le fait que la plupart de nos membres tiennent toujours le coup malgré les défis formidables auxquels ils sont confrontés actuellement le démontre bien également.
Merci de nous avoir permis d'exprimer notre point de vue.
Ma question s'adresse à M. Nantais.
J'aimerais d'abord remercier tous nos témoins d'avoir pris le temps de venir parler au comité, malgré leur horaire sans doute très chargé.
Pour nous remettre en contexte, nous savons que le gouvernement examine des propositions présentées par General Motors et Chrysler, et la décision doit être rendue d'ici la fin du mois. Parallèlement, M. Michael Ignatieff a créé ce comité, car il était important selon lui que l'on examine d'autres avenues pour déterminer si l'industrie pouvait contribuer d'une façon ou d'une autre à trouver une solution.
Cela dit, je vous ramène à l'an dernier. Je regarde ce qui se passait dans cette industrie, d'après ce que j'en comprends, avant mon élection au Parlement. Je vois que l'industrie avait déjà commencé à décliner. J'ai constaté dans les documents fournis par General Motors que l'entreprise employait 20 000 personnes en 2005 au Canada, et que ce nombre n'a cessé de diminuer pour arriver entre 8 000 et 9 000 employés cette dernière année, et on s'attend à ce que ce nombre baisse encore à 8 000 d'ici le milieu de 2009.
Monsieur Nantais, je suis curieux de savoir si les trois grands constructeurs de Detroit ont présenté, au cours de cette période, des propositions au gouvernement canadien qui auraient pu ou qui auraient dû mener à une politique nationale sur le secteur automobile pour remédier à la situation -- pas seulement une politique nationale, mais une politique nord-américaine, vu la nature intégrée de l'industrie américaine et de l'industrie canadienne. Si je vous pose la question, c'est que j'ai entre les mains un document qui a été soumis en octobre 2007 par l'Association canadienne des constructeurs de véhicules, et qui montre que beaucoup des points dont on discute aujourd'hui avaient déjà été soulevés en 2007.
Pourriez-vous nous parler de ce qui avait été présenté et des questions qui avaient été posées à ce moment-là? Lesquelles sont demeurées en suspend? Et à votre avis, devrions-nous établir une politique nationale sur le secteur automobile, et si oui, que devrait-elle inclure?
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C'est très important. La situation dans laquelle se trouvent actuellement les équipementiers perdure depuis très longtemps. Le processus d'approbation des pièces de production existe depuis plusieurs années déjà. Mais miser à 100 p. 100 sur le paiement... On en est arrivé à un point, avec les trois grands de l'automobile qui se tournent vers leurs fournisseurs pour leur demander des restitutions et des coupures de coûts, et cela ne concerne pas que les fabricants de moules, il y a aussi les fournisseurs de premier niveau qui prennent une grande part des profits dans le système.
Combinez cela avec un système de paiement très punitif. Un fournisseur de niveau un, par exemple, pourrait produire des pièces d'un outil provisoire de type A, fournir ces pièces vendables ou approuvées pour être installées sur une automobile et n'être payé qu'après 30 jours, alors que l'outil n'est techniquement pas approuvé pour le paiement, de sorte qu'on n'aurait pas à payer pour cet outil.
Les équipementiers sont, par définition, des entreprises exportatrices, mais pour qu'ils puissent conserver leur avantage compétitif... La nouvelle machinerie coûte très cher. Une machine de cinq ans, qu'on utilise 500 ou 5 000 heures par année, a une technologie dépassée, et il faut la remplacer.
Des compagnies entreront dans le jeu. Si vous voulez faire partie des trois grands, vos niveaux de compétences et le type de machinerie que vous utilisez seront évalués. Cela fait partie des règles pour obtenir l'approbation de travailler pour elles, même si elles ne vous paieront pas pour que vous achetiez la technologie nécessaire pour devenir un fournisseur agréé.
Au bout du compte, elles seront désavantagées sur le plan des coûts. Quoi que vous fassiez, si vous devez attendre le paiement pendant deux ans, vous devrez vous tourner vers la banque. Si vous voulez livrer concurrence à un équipementier chinois, par exemple, qui est payé au prorata des travaux, cela suffit à créer un désavantage sur les plan des coûts puisque vous ne disposez pas d'argent frais. Dans certains cas, on a reporté des sommes, avec ce système de paiement, depuis 1995. Vous avez entendu le président de Ford Canada vous dire plus tôt que c'est difficile, depuis octobre, de trouver des liquidités. Nous fonctionnons ainsi depuis les années 1990.